INTRODUCTION GENERALE
Dans le cadre de l'élaboration de notre projet de fin
d'études en architecture et urbanisme, nous nous sommes
intéressés à des aspects de l'architecture
écologique, du développement durable et de la morphologie du
tissu urbain de la ville de Nkongsamba, en y intégrant un
matériau mal connu mais pourtant présent dans notre
environnement, le bambou.
1. Présentation du sujet
Notre travail de recherche s'inscrit comme une
réflexion sur la revitalisation du tissu urbain de la ville de
Nkongsamba. Il aboutit à la proposition d'une
rénovation du quartier de l'ancienne gare marchandise
aujourd'hui désaffectée, pourtant lieu
stratégique, de mémoire et de rafraichissement de ladite ville.
C'est une recherche qui révèle le caractère
sensibilisateur de l'éco-architecture, et son implication dans la
résolution de certains problèmes, aussi bien environnementaux que
sociologiques. Cette étude a pour objectif de présenter les
propriétés et prouesses du bambou, appliquées dans le
traitement de quelques ambiguïtés liées à l'habitat,
dans une logique de développement urbain durable. C'est aussi une
recherche de solutions passives de remédiation au problème de
perte de vitalité, constatée dans cette ville, au regard de son
caractère quasi morbide et peu attrayant, car manquant
d'attractivité pour les riverains et étrangers. En outre, cette
recherche est de prime à bord une analyse de certains problèmes
précis du tissu urbain de la ville de Nkongsamba, ensuite se
présente comme une esquisse de solutions aux besoins d'espaces viables,
sollicités et sollicitables, tant bien sur le plan social que celui de
la préservation environnementale, au travers des constructions et
aménagements novateurs, durables et surtout en harmonie avec la
nature.
Notre travail est axé sur trois principaux piliers
à savoir : le pilier éducationnel, le pilier écologique,
et, le pilier urbanistique. Ainsi, en plus de son côté
sensibilisateur et novateur, il vise la proposition et production
d'aménagements urbains inspirés de la nature, par culture,
récolte et assemblage au moyen de l'architecture. En parlant de culture,
récolte et utilisation en architecture, il s'agit d'édifices
conçus et construits sur la base de la production agricole du
matériau principal ou phare desdites constructions (le bambou). C'est
donc la proposition d'ou-vrages `'verts» tel que
le soutien John Hardy (2015)1 ou
`'circulaires» comme le réitère
1 John Hardy (2015), architecte et
fondateur de la Green School de Bali en
Indonésie.
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Vincent Callebaut (Février
2015)2. Tout ceci pouvant être appliqué dans la
revitalisation urbaine intégrée d'un tissu situé en plein
coeur de la ville, au travers des sources d'énergie, le design, l'usage
et l'emploi de certains matériaux, combinés à d'autres
moyens.
2. Motivations du choix du projet
Plusieurs raisons nous ont inspiré pour
l'élaboration de ce travail de recherche, qui pourrait se
présenter comme complexe en raison de son étendue et les
thèmes qui y sont développés.
2.1.Motivation personnelle
C'est en raison d'un intérêt très
poussé sur la protection de l'environnement, les problèmes de
logements, l'importance accordée aux espaces verts en milieu urbain, et
les politiques actuelles de gestion du territoire, que nous avons
orienté le choix de notre travail. C'est aussi à la
lumière des travaux sur l'architecture écologique, concept
développé et illustré par des architectes tels que :
Hassan Fathy, Francis Kéré, Ken Yeang,
Vincent Callebaut, Simon Velez, etc, que nous avons
orienté notre projet de recherche. Toutefois, nous avons opté
pour une étude approfondie dans le domaine de l'urbanisme durable, par
le biais des méthodes et stratégies conceptuelles, puis
structurelles des édifices urbains, portant ainsi un
intérêt particulier sur le développement durable. C'est
encore et surtout pour nous l'occasion de présenter l'impact et les
enjeux d'une architecture écologique appliquée à la
revitalisation de nos milieux urbains, en encourageant la prise en compte des
paramètres écologiques, bioclimatiques, et structurels dans nos
conceptions architecturales et urbanistiques. Tout cela, pour améliorer
la qualité de vie des populations, et proposer une architecture
expérimentale et prospective.
2.2.Motivation professionnelle
Arrivés en fin de formation, l'un des désirs les
plus profonds pour le diplômé étant de trouver un emploi en
relation avec ce qu'il aime afin d'allier travail et passion, la motivation qui
soutient cette recherche scientifique est celle de travailler sur un
thème fécond jumelant architecture et urbanisme, afin de
résoudre les problèmes de l'heure dans le monde, à savoir
le réchauffement climatique, les crises de logements décents,
l'identité des milieux urbains et autres problèmes
infrastructurels, au regard de la démographie grandissante et la
croissance urbaine, tout en y intégrant un matériau innovant de
par son utilisation dans la construction : le Bambou.
2.3.Motivation scientifique
2 Vincent Callebaut
(Février 2015, architecte précurseur de l'architecture
écologique)
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Sur le plan théorique,
Nous voulons contribuer à la recherche pour ce qui est
des nouvelles modalités et normes de construction en y intégrant
les volets durables, vernaculaires ou locaux, au regard des tendances
d'évolution architecturales actuelles et les accords de partenariat
entre le Cameroun et la chine, sur la question de l'utilisation du bambou et
son ampliation dans l'architecture par la mise sur pied d'une filière de
production de ce matériau à réétudier pour
insuffler un nouvel esprit à la construction au Cameroun.
Sur le plan pratique,
D'autre part, nous voulons aussi, grâce à notre
travail de recherche, contribuer une meilleure appréhension du
territoire, tout en repensant l'habitat dans nos villes. Il s'agit enfin de
trouver des moyens de restructuration des milieux, et insertion des villes au
niveau de la scène internationale, du fait de leur identité
architecturale, artistique et culturelle. Des édifices et construction
en harmonie avec la nature du fait de leur mode de conception et construction,
dans un souci de valorisation des matériaux locaux en limitant leur
consommation énergétique.
2.4.Motivation sociale
Notre thème de recherche présente quelques
intérêts sur l'aspect social dans la mesure où, il traite
des problèmes de l'habitat, de chômage, d'accessibilité au
logement décent, de bien-être des populations face à la
promiscuité et insalubrité, etc. En parlant de revalorisation du
tissu urbain, l'organisation de la trame urbaine, la proximité des
services, la socialisation, sont autant d'autres paramètres à
prendre en compte pour l'épanouissement des populations. Notre travail
met aussi en lumière la problématique de logement décent
en milieu urbain pour toutes les strates sociales en les sensibilisant sur
l'emploi des matériaux vernaculaires dans la construction, et une
présentation des retombées d'une telle architecture sur la
qualité de vie des populations qui se verra rehaussée et
améliorée, tout en stabilisant le volet environnemental et
économique.
2.5 Motivation environnementale
Notre travail se penche aussi sur les problèmes de
salubrité du paysage urbain, du fait de la végétation mal
entretenue, quasi inexistante ou encore intempestive, que présente
actuellement les villes des pays du sud. La notion d'espaces verts
n'étant encore qu'en phase primaire d'ap-préhension, le paysage
se voit délaissé à une évolution anarchique et
insalubre. Pourtant, ces
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mêmes espaces associés aux théories et
principes de développement durable, deviendraient attractifs et
rafraichissants pour le tissu urbain et les populations y résidant.
Notre approche de revitalisation urbaine prône ainsi une vulgarisation
des espaces verts, par une meilleure intégration de ces derniers dans la
composition urbaine, qui rafraichirait le paysage urbain tout en favorisant la
protection de la couche d'ozone, objectif du millénaire.
3. Intérêt de la recherche
L'intention majeure de notre travail de recherche est de
participer à la rénovation du tissu urbain de la ville de
Nkongsamba, tout en mettant l'accent sur les matériaux
écologiques de construction, surtout les plus récents à
l'instar du bambou. Cette recherche vise la conception d'un projet
architectural et urbain innovant, aux formes inspirées de la nature et
des principes du développement durable. Il s'agit de ce fait, d'apporter
des esquisses de solutions aux problèmes urbains de la ville de
Nkongsamba, par le biais d'une éco-architecture, sensibilisatrice sur la
protection de l'environnement et le développement durable. Servant aussi
d'élément interpellateur aux acteurs de la conception
architecturale, de la planification de l'espace urbain et de
l'amélioration du cadre de vie des résidents et usagers, notre
travail actuel est une approche de conscientisation sur la prise en compte des
mesures écologiques dans les conceptions architecturales et urbaines,
après analyse des différents indicateurs et paramètres du
milieu en cause. Ainsi notre travail portera un intérêt sur
l'accessibilité à un logement décent, le moyen
d'amé-liorer les théories conceptuelles sur les volets
architecturaux et urbanistiques, la vulgarisation des espaces verts et publics
en milieu urbain, dans une optique de revalorisation et rafraichis-sement du
tissu urbain des villes du Cameroun en général et de Nkongsamba
en particulier.
4. Problématique
4.1 Problème de recherche
La ville de Nkongsamba, dans le département du Moungo,
région du Littoral au Cameroun, a su faire parler d'elle entre les
années 1904 et 1960. Ceci fut possible grâce à l'existence
d'un chemin de fer et un vaste potentiel agricole dont la
spécialité était le café robusta, mais aussi et
surtout, grâce à la mise sur pied d'un véritable pôle
d'administration territoriale, la transformant en agglomération urbaine.
Aujourd'hui, la ville de Nkongsamba se présente comme un vestige du
passé, de par son aspect rustique, délabré, et
abandonné à son propre sort. Pourtant, ce vestige du passé
essaye tant bien que mal de reprendre vie, au regard des politiques de
décentralisation dernièrement ajustées.
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La population essentiellement jeune et en pleine forme, comme
le signale la pyramide des âges3, les établissements
universitaires, s'y trouvant et l'étalement urbain dernièrement
constaté sur le continent africain4, etc. En effet, notons
que les villes actuelles connaissent un certain nombre de problèmes
communs liés à la croissance urbaine et de la population, ce qui
engendre par la suite des contraintes de développement et
d'accessibilité des citadins aux services de proximité et
commodités fondamentales énoncées par la charte
d'Athènes, lors du C.I.A.M.5 Pour le cas qui nous incombe, il
s'agit de résoudre les problèmes d'accessibilité au
logement décent, de promiscuité et d'insalubrité du
paysage urbain, par une architecture qualifiée d'éco-logique, en
y associant les théories de l'urbanisme durable, pour enclencher un
processus de revitalisation urbaine intégrée, assortie à
l'usage par implémentation des matériaux peu connus tel que le
bambou, sur un site historique de la ville.
De manière spécifique, le tissu urbain de
l'ancienne gare ferroviaire de la ville de Nkong-samba est
délabré, insalubre et désorganisé. L'habitat y est
précaire, anarchique et la promiscuité règne sur les
habitants. Pourtant un site historique et patrimonial tel que celui-là
devrait être la fierté de l'ancienne 3ème ville
du Cameroun et sa prise en charge devait être une priorité pour la
localité. Hors la végétation intempestive, les inondations
du fait de la perméabilité du sol, et la vétusté
des édifices environnants, en font un site dépourvu
d'esthétique et quasi dé-goutant pour la vue. Ce faisant, nous
nous intéresserons donc à la rénovation de ce tissu
urbain, considéré comme un site emblématique de la ville
aux sept villages, ainsi qu'à l'apport de l'éco architecture dans
son processus de régénération et développement des
activités génératrices de revenus et socialisantes, au
travers de la valorisation des matériaux écologiques et
décoratifs mal connus comme le bambou, dans une optique d'accroitre son
développement durable, son assainissement et enfin, son étreinte
touristique par mise en valeur de son potentiel naturel et environnemental.
4.2 Questions de recherche
Ainsi la problématique de notre recherche s'appuie
essentiellement sur cette interrogation :
Comment concevoir la rénovation du quartier de
la gare ferroviaire de Nkongsamba tout en valorisant son potentiel
écologique et culturel ?
3 BUCREP, Rapport diagnostic,
Communauté urbaine de NKONGSAMBA, Février 2013.
4 Etalement urbain en Afrique, d'un collectif
d'auteurs sous la direction d'Emil TCHAWE, Editions Harmattan Cameroun
5 Congrès International de l'Architecture
Moderne.
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A partir de cette question, principale, nous avons trois
questions spécifiques qui en découlent :
1) Quel est l'état des lieux de la ville de Nkongsamba,
pour ce qui est de son aménagement et développement
infrastructurel ?
2) Quels sont les atouts écologiques, naturels et
environnementaux pouvant être valorisés dans la rénovation
de l'ancienne gare ferroviaire de la ville de Nkongsamba ?
4.3 Hypothèses de recherche
Afin de mieux cerner le thème de notre recherche, puis
faire une analyse conséquente et utile pour le cadre socio -
environnemental, nous avons énoncé certaines hypothèses
dont la principale est la suivante :
a) Hypothèse principale
L'architecture écologique adossée sur
le concept du développement durable, donne des opportunités de
rénovation du quartier de la gare de Nkongsamba en mettant en exergue
premièrement, son potentiel environnemental, puis l'aspect novateur et
éco responsable des matériaux inexplorés tels que le
bambou, et enfin l'épanouissement et la socialisation des populations
par amélioration de leur qualité de vie.
b) Hypothèses
spécifiques
De cette hypothèse, et à partir des questions
posées précédemment, nous pouvons formuler les
hypothèses de second ordre suivantes :
1) Le tissu urbain de la ville de Nkongsamba présente
d'abord un état des lieux de ville obsolète et en
désarticulation avec son potentiel naturel et environnemental
2) L'usage du bambou dans la rénovation du tissu
urbain du quartier gare ferroviaire de Nkongsamba, relève de
l'architecture écologique adossée sur le concept de
développement durable des villes en Afrique et dans le monde.
3) Le Bambou, matériau écologique et novateur
présente des propriétés des plus intéressantes, qui
lui confère le statut de matériau durable, aussi bien en
structure que sur d'autres plans. Ce faisant, la contribution de l'architecture
de Bambou est non seulement de permettre la construction des édifices
solides, durables, bioclimatiques et respectueux de l'environnement, mais aussi
d'assurer l'esthétique, confort et la décoration.
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A) CADRE THEORIQUE
Pour un meilleur aboutissement de notre travail de recherche,
ainsi que pour l'élaboration d'une analyse harmonieuse des
différents domaines qui ont retenus notre attention, nous avons pris en
compte quelques théories de l'aménagement de l'espace, du
développement durable et de l'habitat, pour vérifier certaines de
nos déductions en relation avec nos hypothèses. C'est donc
à la lumière de certains travaux et réflexions ,
architecturales et urbanistiques que nous avons proposé un modèle
de quartier écologique limitant l'étalement urbain, favorisant
l'épa-nouissement des populations, ainsi que l'accroissement des
activités socialisantes et génératrices de revenus, dans
une logique de développement durable efficient des milieux urbains. Il
s'agit entre autre des théories énoncées par quelques
auteurs dans les différents domaines d'im-plication de notre travail de
recherche:
-Les jardins suspendus et les terrasses
végétalisées, stratégies de l'architecture
écologique.
Vincent Callebaut, avec son projet
de construction d'un immeuble multifonctionnel : L'agora Garden, dans lequel il
illustre et présente les fondements de l'architecture écologique.
Le projet se présente comme étant un immeuble résidentiel
au coeur de la ville de Taipei à Taiwan. Il s'agit d'un édifice
complètement autonome en énergie, dont la structure prend la
forme de la double hélice droite de la molécule d'ADN. Les
terrasses sont des espaces végétalisés, ou il est possible
de retrouver des jardins et potagers, mais ces espaces verts sont aussi des
régulateurs de température du bâtiment. Les échanges
d'air sont fréquents et les dépenses énergétiques
sont restreintes. Tout comme Vincent Callebaut, Ken Yeang
est un architecte orienté vers l'écolo-gie. Les
principes et stratégies architecturales employés par Callebaut se
retrouvent aussi dans la Tour Solaris de Yeang,
à la différence qu'elle possède de plus larges terrasses
et un grand atrium central pour la ventilation, l'éclairage et la
ballade architecturale.
Figure 1: Vincent Callebaut. Projet Agora Garden Figure 2:
Ken Yeang. Tour Solaris
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-Le développement socio-économique via la
perma-culture et les énergies renouvelables.
Le père Godfrey Nzamujo, qui fonda l'ONG Songhaï
au Bénin, qui est un centre de formation, production et recherche en
agriculture durable. Ce mouvement vise à élever le niveau de vie
des populations en Afrique pour un développement social et
économique, en utilisant les ressources locales, les méthodes
traditionnelles et modernes, par une rationalisation, traduite ici par un
recyclage permanent et continu, de sorte que rien ne se perde, mais se conserve
toujours. De plus l'intégration des énergies renouvelables est
primordiale dans la mesure où ce mouvement prône le
développement socio-économique, mais aussi la protection
environnementale et l'utilisation des ressources locales (naturelles).
-Approches vernaculaire, participative et auto
constructive de l'architecture écologique
Autre théorie que nous avons
expérimentée, celle de l'architecture vernaculaire et
participative de Francis Kéré, dans son
projet de l'école primaire de Gando, au
Burkina Faso. L'idée majeure développée ici est apprendre
à être autonome. L'architecte contextualise dès lors les
modes de construction traditionnels, et invente une architecture dont la
simplicité, la générosité et
l'élégance expriment une grande modernité. Il
présente ainsi le métier d'architecte comme une profession
reposant sur quelques principes : humilité, altruisme, invention et
pensée critique. D'autre part, nous avons aussi John
Hardy, qui nous présente la première école
100 % verte à Bali, en Indonésie. Construite en 2015, cette
école prône le développement local, par la culture d'un
matériau écologique très prisé, d'une
résistance par unité de masse et supérieure à
l'acier, avec une croissance rapide qui nous produit du bois exploitable
dès la 3ème année. Le bambou se présente
donc comme une ressource vraiment intéressante dans la mesure où
il est caractéristique de l'architecture écologique et
vernaculaire. C'est aussi un moyen de préserver l'environnement tout en
y intégrant des constructions solides, durables et esthétiques.
C'est ce que nous réitère Elora Hardy,
architecte, avec son projet de construction d'un immeuble
résidentiel de six étages, entièrement en bambou, à
Bali en Indonésie. Aidée de la fondation IBUKU, dont elle est
fondatrice, elle démontre les prouesses du Bambou dans la construction,
par une combinaison des différentes parties de la plante,
traitées individuellement puis mise ensemble afin de bâtir un
édifice architectural novateur et respectueux de l'environnement. Pour
ce qui est de l'architecture participative, nous pouvons en avoir une autre
appréhension, car elle peut tout aussi aboutir à la
création d'emplois et apprentissage des techniques constructives. Cela
nous est présenté par L'architecte Shigeru Ban,
dans son projet du pavillon Forest
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Park en Colombie, où il démontre la
malléabilité du bambou, par des ouvrages et édifices
réalisés quasiment à la main uniquement, grâce
à un tissage minutieux des fibres de bambou par les artisans.
Grâce à cette approche, la génération des emplois
est impressionnante, dans la mesure où elle mobilise une quantité
intéressante de personnes aptes à apprendre, enseigner et
appliquer des techniques traditionnelles de construction dans un monde à
l'ère des nouvelles technologies.
- Architecture végétarienne et
structurelle : l'implication du bambou dans l'attractivité du territoire
et efficacité économique.
Simon Vélez, l'ami du bambou travaille le bambou depuis
plus d'une vingtaine d'années. Il construit des ponts, des toitures
suspendues, des pavillons, des stades, des immeubles, et plus surprenant encore
une cathédrale en Amérique Latine. L'homme fait taire tous les
préjugés autour du bambou. Ce matériau, on pourrait le
penser instable, il est raide comme la justice. On l'imagine susceptible de
plier, il est aussi solide que l'acier. Pourquoi l'a-t-on si longtemps
laissé de côté ? On s'est rué avec
frénésie sur le tout béton et nous pensons aujourd'hui
à faire marche arrière. Lors d'une exposition au Domaine de
Boisbuchet en métropole où étaient
présentées quelques-unes de ses oeuvres, Simon Vélez avait
écrit cette petite phrase pleine de bon sens : « Aujourd'hui,
l'architecture suit un régime carnivore très mauvais pour la
santé. La nature a besoin de retrouver un régime plus
équilibré, plus végétarien. » L'enjeu est
clairement de s'orienter vers « une architecture
végétarienne. Pour sa part l'architecte Vo Trong
Nghia, pour répondre à la commande de son client,
un espace de rencontre pour la communauté, ne s'est pas contenté
d'une simple réponse. Il s'est laissé entraîner par
l'esprit du lieu et a construit avec l'aide d'une vingtaine de fermiers un
dôme en bambou et en chaume. Son but était d'enseigner à la
population locale comment réaliser un édifice de grande taille,
pouvant pallier le manque d'infrastructures dans cette région propice
aux inondations. Nghia réalise lui-même sans ingénieurs les
dessins techniques de sa structure : 48 modules en formes d'arc créant
un dôme de 10 m de hauteur et de 17 m de diamètre. C'est de
façon expérimentale que l'architecte et son équipe
assemblent la cinquantaine de modules constituant le dôme, tout en
assumant les erreurs de calcul et de modifications de plans au cours de la
construction. Parce que chaque canne est différente, et que le
diamètre de chacune évolue entre sa base et son sommet, les
calculs structurels sont approximatifs, explique l'architecte. Pour favoriser
une climatisation de l'intérieur, Vo Trong Nghia positionne son
dôme au milieu d'un lac artificiel. Alors que l'air extérieur,
rafraîchi par l'étendue d'eau, pénètre par les
fenêtres ouvertes, l'air chaud s'échappe de l'inté-rieur
par l'oculus au sommet. Ce système éprouvé fait descendre
la température à 25°C alors
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qu'il fait 35°C à l'extérieur, rapporte
l'architecte. Suite à cette présentation de l'architecture
végétarienne de Simon vélez et l'aspect structurel du
bambou développé par Vo trong nghia, nous parlerons d'une autre
théorie architecturale, celle de Kengo Kuma (synthèse
orient-occident) toujours par le biais du matériau bambou. Par contre,
Kengo Kuma un autre architecte ayant travaillé
sur le matériau bambou, réalise une
synthèse orient et occident, invention et tradition, son architecture ne
souhaite pas produire d'objet mais donner un sens à la construction et
la fondre le plus possible dans son environnement. La maison de bambou de Kengo
Kuma près de Pékin exprime la synthèse entre
l'architecture et le paysage, entre l'intervention humaine et le travail de la
nature. Faite de bambou, matériau de construction local et traditionnel,
de papier de riz, d'ardoise et de verre, la Great (Bamboo) Wall House
séduit par sa poésie et par la finesse de son expression. En
façade les tiges de bambous se dressent, parallèles et
espacées de manière variable, filtrant la vue ou l'offrant plus
largement selon les endroits, faisant varier l'ambiance lumineuse
intérieure. L'intérieur se trouve ainsi tour à tour plus
protégé, ouvert par endroits comme « tamisé » ou
s'offre complètement au paysage en un jeu de lumières et d'ombres
qui assument le rôle de matériaux proprement dits.
La théorie du « New Urbanism
», à travers le CNU, constituant un nouveau mode de
conception des villes actuelles au travers du Congress for the New
Urbanism (CNU) fondé aux États-Unis en 1993 par un
groupe d'architectes, dont Peter Katz l'actuel directeur exécutif. Leur
préoccupation principale est de concevoir aux échelles du
bâtiment, du quartier et de la région, des projets qui mettent de
l'avant la qualité de vie et la protection de l'environnement
(Steuteville, 2001). Ils préconisent un retour à un urbanisme
esthétiquement plus « traditionnel » qui répond mieux
aux enjeux de mixité sociale, de convivialité, de transports
alternatifs, de qualité architecturale et de densité. À
cela, s'ajoute, sans encore clairement s'intégrer, l'enjeu de
l'énergie renouvelable.
4.4 Objectifs de recherche
Notre travail de recherche est une réflexion sur divers
problèmes de conceptions architecturales, aménagements urbains
qui regroupe les fondements et applications du développement durable.
Toutefois, il traite aussi des problèmes englobant les constructions et
aménagements de l'homme face à la nature, pour l'atteinte d'une
harmonie entre les différents paramètres et con-
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traintes existants. Ce faisant, les objectifs de notre travail
peuvent s'énoncer suivant deux principales dimensions à savoir,
les objectifs théoriques de la recherche et les objectifs de notre
projet architectural. En outre, l'objectif principal de notre travail se
présente comme :
Concevoir un projet de rénovation urbaine, du
quartier de l'ancienne gare ferroviaire dans la ville de Nkongsamba à
partir de l'architecture écologique, sous tendue par le matériau
bambou.
Objectifs théoriques et
pratiques
1) Analyser le paysage urbain et l'état des lieux du
tissu urbain de l'ancienne gare ferroviaire de la ville de Nkongsamba,
comprendre son fonctionnement général, puis analyser et ressortir
quelques limites de la projection urbaine PDU 2028. Etudier quelques
théories et stratégies du développement durable ainsi que
leur rapport avec les nouveaux matériaux écologiques peu connus
tels que le bambou structurel. Cette analyse nous permettra donc de concevoir
un projet architectural et urbain dans la ville de Nkong-samba, comme cas
pratique, visant à rehausser les enjeux environnementaux et sociaux en
son sein, en y introduisant les fonctions primaires de la ville : habiter,
travailler, circuler et se recréer.
2) Etudier les atouts écologiques, environnementaux et
naturels valorisables dans la rénovation urbaine du quartier gare
ferroviaire de la ville de Nkongsamba et faire des études analytiques
des cas nationaux et internationaux pouvant servir de sources d'inspiration
pour la revitalisation de ce tissu urbain . Nous comptons par la suite proposer
un projet urbain apportant un espace public végétalisé
dans la ville et y développer la notion de conservation d'espaces verts
et lieux historiques, qui constituent le patrimoine architectural. Proposer une
multifonctionnalité de l'espace, par la diversification des
équipements urbains offerts dans le programme urbain
élaboré.
3) Optimiser l'usage du bambou dans la rénovation du
quartier de la gare ferroviaire à Nkongsamba et étudier la
contribution de l'architecture, de l'urbanisme, et du bambou structurel dans la
résolution des problèmes actuels de la dite cité, par une
restructuration urbaine intégrée, afin de s'inscrire dans la
mouvance de développement durable et meilleure planification de l'espace
urbain. De ce qui précède, nous voulons imaginer un
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projet urbain futuriste et novateur, sensibilisateur et
compréhensible par tous, professionnels, usagers et investisseurs en
prévoyant l'usage des matériaux inédits ainsi que des
énergies renouvelables pour une réduction considérable de
la consommation énergétique en renforçant le
caractère passif des constructions. En outre, il est question de
réaménager le quartier de la Gare de Nkongsamba, en y
intégrant les volets touristique, récréatif, festif et
économique à partir des constructions axées sur le
fonctionnalisme et quelques atouts des éco-quartiers, dans une
contextualisation optimisée.
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PREMIERE PARTIE : CONTEXTE THEORICO-EMPIRIQUE DE
L'ECO ARCHI-
TECTURE ET LA RENOVATION URBAINE.
Notre étude portant sur un projet de rénovation
urbaine, particulièrement sur le site de l'ancienne gare marchandise de
la ville de Nkongsamba, il est essentiel de prime à bord de
délimiter le champ d'application de notre démarche. Pour se
faire, nous avons optez premièrement pour une approche conceptuelle,
définissant le champ sémantique et lexical de notre travail,
associé au contexte théorique. Ensuite, nous y faisons une
analyse des différents concepts et mots clés susceptibles d'avoir
une notoriété tout au long de notre recherche, puis nous allons y
rajouter la revue de la littérature sur l'éco-architecture, le
développement durable et la revitalisation urbaine.
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