La formation initiale des professeurs de français du post-primaire: les enjeux pour un enseignement apprentissage de qualitépar Didier DA Université Norbert Zongo de Koudougou - Inspecteur de l'enseignement secondaire 2018 |
I.1. La formation initiale des enseignants en EuropeLe choix porte sur deux pays de ce continent, à savoir la France et la Belgique du fait qu'ils sont des pays francophones. I.1.1. La formation des enseignants en FranceEn France, la réforme de 2010 a vu les Écoles Supérieures du Professorat et de l'Éducation (ESPE) remplacés les Instituts Universitaires de Formation des Maitres (IUFM) qui avaient en charge la formation des enseignants depuis 1990. En effet, depuis 2013, les futurs enseignants du premier et second degré sont formés dans des ESPE. Ces écoles ont rétabli la professionnalisation de la formation. Désormais, les étudiants passent le concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) pour le premier degré, ou le CAPES pour le second degré en fin de Master1. Donc pour devenir enseignant en France, il faut intégrer une ESPE en master 1 de Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF). Les étudiants consacrent la première année de leur master à la préparation du concours, qu'ils passent en fin de Master 1. Le Master 2 se déroule quant à lui à mi-temps : les étudiants poursuivent leur formation dans les ESPE et enseignent en classe. Les stagiaires ne reçoivent alors plus seulement une formation disciplinaire mais également des enseignements de didactique et de pédagogie. Le passage des IUFM aux ESPE a entraîné une évolution majeure. Cette réforme liée à la formation initiale des enseignants a pour objectif selon Vincent Peillon5, « de professionnaliser la formation et d'enseigner davantage la pédagogie et la didactique ». Le leitmotiv des ESPE est selon Jacques Ginestié6 de montrer que « l'enseignement est un métier qui s'apprend » et qu'il « ne suffit pas d'être bon en lettres pour enseigner le français ou d'être bon pédagogue pour être un bon prof. » Le concours de recrutement des futurs enseignants à former à partir du Master 1 témoigne de l'intérêt accordé au métier d'enseignant. Les savoirs et connaissances académiques d'un certain niveau constituent un atout pour l'étudiant qui doit intégrer d'autres savoirs dans le cadre de sa formation à son futur métier. I.1.2. La formation des enseignants en BelgiqueEn Belgique, la formation professionnelle initiale des enseignants échoit aux Hautes Écoles et aux Universités. À l'université, deux voies existent pour devenir enseignant dans le 5 Ministre de l'Éducation nationale sous François Hollande du 16 mai 2012 au 31 mars 2014. www.lefigaro.fr du 1er Juillet 2013 p. 11 consulté le 22 Avril 2018 à 15h 41 mn 6 Directeur de l'ESPE de l'université d'Aix-Marseille. https://www.letudiant.fr/educpros/entretiens/itv-ginestie.html consulté le 22Avril 2018 à 16h01mn 15 secondaire supérieur. La première consiste d'une part à obtenir un baccalauréat plus 3 ans suivi d'un master disciplinaire (2 ans) et, ensuite, d'une année supplémentaire pour obtenir l'agrégation de l'enseignement secondaire supérieur. La seconde voie consiste à faire un baccalauréat plus 3 ans à l'université, suivi d'un master à finalité didactique (2 ans) correspondant à deux années d'études et de formation pédagogique. De manière commune à l'ensemble des établissements, la formation pédagogique des enseignants à l'université comprend quatre axes : les connaissances socioculturelles, les connaissances pédagogiques assorties d'une démarche scientifique et d'attitudes de recherche, les connaissances socioaffectives et relationnelles et, enfin, le savoir-faire. Cependant, en Mai 2017, la Belgique s'est engagée dans une réforme du système de formation des enseignants qui sera mis en vigueur en 2019. La formation des enseignants du primaire, du maternel et du secondaire inférieur passera de 3 à 4 ans. Les premiers diplômés de ce nouveau système devraient sortir en 2023. Selon Toni Pelosato7, cette réforme est « un changement complet de la formation depuis la première année. On va travailler en co-diplomation entre universités et hautes écoles dès la première année, en revoyant en profondeur le cursus, pour permettre aux étudiants d'être mieux outillés pour faire face aux difficultés qu'ils peuvent rencontrer ", car, ajoute-t-il, « La formation des enseignants se veut davantage professionnalisante et a pour but de former un enseignant développant une identité professionnelle forte et capable de s'adapter aux nouveaux défis de transformation de l'école». Il sera également possible pour les candidats à l'enseignement de suivre une 5e année d'étude sous la forme d'un master de spécialisation en enseignement. Pour Joseph Thonon8, « l'intérêt de cette 4e année est d'améliorer le système éducatif, qui, à l'heure actuelle, est très inégalitaire, notamment dans la didactique des disciplines ("apprendre à apprendre"), et la gestion du groupe ". Le souci de s'engager vers la qualité et la performance du système éducatif belge est perceptible dès le niveau de recrutement des étudiants, et c'est le même constat qui se dégage aussi de la réforme annoncée qui ajoute 1 an à la formation. |
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