La mise en place d'un SIG-web des mouvements de terrain région Mogods et Hedilpar Chiheb Rhili Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités Manouba - Mastère spécialisé En Géomatique des Informations pour le Développement Durable (GEOID) 2020 |
ConclusionL'évaluation correcte et la bonne connaissance des facteurs naturels et anthropiques qui contribuent au déclenchement des mouvements de terrain a pour but la compréhension et la prévision des natures des mouvements, des mécanismes de rupture et des surfaces de glissement. Il est donc nécessaire de générer ces facteurs dans une base de données sous SIG afin de déterminer et délimiter les surfaces favorables à la production du mouvement. La démarche adoptée pour la création de cette base et la cartographie des zones à risques des mouvements de terrain sera présentée par la suite dans le chapitre suivant. Rhili Chiheb 25 Chapitre 2 : Cartographie du risque des mouvements deterrain I. Vulnérabilité, Aléa, Risque
Il s`agit de la probabilité d`occurrence d`événements nuisibles ou de pertes prévisibles (morts, blessés, biens, moyens de subsistance, rupture de l`activité économique, dommage causés à l`environnement) suite à des interactions entre des aléas naturels ou anthropiques et des conditions de vulnérabilité Les risques sont des phénomènes complexes. Une meilleure étude des risques améliore leur compréhension et permet d'anticiper les mesures de sécurité à mettre en place pour les prévenir. (BOUBCHIR.A, 2007) ? Il est préférable de définir le risque d'une façon plus générale «Risque = F (aléa, vulnérabilité) », où F est une relation qui dépend de problèmes analysés, et en représentant l'aléa et la vulnérabilité. (BOUBCHIR.A, 2007) Susceptibilité Risque Vulnérabilité Elaboration personnelle Figure 19:Risque = F (Susceptibilité, vulnérabilité) II. SIG et la cartographie des risques de mouvements de terrain 1. Introduction Les SIG sont de plus en plus utilisés pour évaluer la susceptibilité aux mouvements de terrain (YANNICK.T et al. ,2008). Cet outil permet de combiner différents facteurs de prédisposition représentés par des cartes thématiques. Pour la cartographie du risque «mouvements de terrain », il est nécessaire d'évaluer le niveau d'aléa et les enjeux humains ou la vulnérabilité des éléments exposés (MATE/METL, 1999). Un aléa est défini par une intensité, une probabilité d'occurrence spatiale et temporelle qui dépendent de facteurs de prédisposition et de facteurs déclenchant (YANNICK.T et al. ,2008). Avant d'évaluer l'aléa, il faut d'abord apprécier la susceptibilité des terrains à un type de mouvements donné, c'est à dire la possibilité qu'un mouvement se produise dans une zone particulière sur la base de conditions environnementales locales. La figure ci-dessous représente la méthodologie adoptée pour la cartographie du risque des mouvements de terrain : Rhili Chiheb 26 Rhili Chiheb 27
Base de données indexées pour la carte de susceptibilité
Rhili Chiheb 28 2. Elaboration de la carte de susceptibilité 2.1. Les différentes approches de modélisation de la susceptibilité des terrains 2.1.1. L'approche qualitative L'approche qualitative (ou directe) privilégie l'avis de l'expert et sa connaissance des phénomènes et du terrain. Ce type d'analyse peut donner des résultats différents selon la personne qui cartographie (YANNICK.T et al. ,2008). Deux méthodes peuvent être distinguées : ? la méthode experte, dans laquelle le scientifique évalue intuitivement et directement les relations entre les mouvements de terrain observés et les différents facteurs de prédisposition. (YANNICK.T et al. ,2008). ? la méthode de combinaison qualitative indexée, dans laquelle le scientifique hiérarchise chaque classe des facteurs de prédisposition suivant sa connaissance avant de les pondérer et de les combiner (YANNICK.T et al. ,2008). 2.1.2. L'approche quantitative L'approche quantitative (ou indirecte) est fondée sur des règles de calcul statistiques et sur le concept d'unités homogènes .Ces méthodes sont considérées objectives et règlent la subjectivité de la subjectivité de l'expert .C'est à dire que des relations mathématiques entre les mouvements de terrain observés et les facteurs de prédisposition sont définis, afin d'évaluer quantitativement la probabilité de rupture pour les zones sans mouvement de terrain. L'utilisation de ces méthodes suppose trois conditions :
Deux méthodes peuvent être distinguées : L'analyse bivariée dans laquelle chaque classe de facteurs (géologie, occupation du sol, topographie) est combinée avec la carte d'inventaire des mouvements de terrain puis pondérée suivant la densité des mouvements de terrain. L'analyse multi-variée, dans laquelle chaque facteur de prédisposition est combiné en unité de versant. La présence ou l'absence de mouvements de terrain est déterminée dans chaque unité. La matrice résultante est analysée par des méthodes de régressions multiples ou des analyses discriminantes (YANNICK.T et al. ,2008). ? On utilise l'approche qualitative pour la cartographie de la susceptibilité aux mouvements de terrain.
Figure 21 : Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain selon la pente Chaque roche des couches géologiques est caractérisée par plusieurs paramètres : la composition minéralogique, la texture, la structure, le poids volumique, la porosité... Ce facteur contrôle d'une façon directe le type des mouvements. Généralement, les glissements de terrain se produisent dans les argiles et les marnes. Les coulées de boue se produisent dans les argiles, alluvions (Figure 22). Figure 22: Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain selon la lithologie Données GEOMAG + Elaboration personnelle Rhili Chiheb 30
Figure 23: Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain selon la pluviométrie Données GEOMAG + Elaboration personnelle Rhili Chiheb 31 Cette carte a été préparée en appliquant l'outil de la susceptibilité forte h fill f Rhili Chiheb 32 Figure 24 : Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain selon la distance par rapport aux réseaux hydrographique Données GEOMAG + Elaboration personnelle
Rhili Chiheb 33 Figure 25: Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain selon la distance par rapport aux failles Données GEOMAG + Elaboration personnelle La carte d'exposition est constituée par neuf classes de direction des pentes : Nord, Nord-Est, Est, Sud-Est, Sud, Sud-Ouest, Ouest, Nord-Ouest et les terrains Plats On a effectué la pondération suivante (figure 25) : ? Plat (Poids 1) ? E, SE, S (Poids 2) ? N, NE, SO, O, NO (Poids 3) Figure 26 : Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain selon l'exposition Données GEOMAG + Elaboration personnelle Rhili Chiheb 34 X X X = Carte de susceptibilité combinée (final) X X Figure 27: Combinaison des cartes de susceptibilité aux mvt de terrain Elaboration personnelle Rhili Chiheb 35 Rhili Chiheb 36 Figure 28: Carte de la susceptibilité aux mouvements de terrain Données GEOMAG + Elaboration personnelle Rhili Chiheb 37 La carte de susceptibilité combinée : La carte susceptibilité a été réalisée suite à la combinaison des six facteurs (exposition, pente, distance par rapport aux failles, pluviométrie, lithologie, distance par rapport aux réseaux hydrographiques).La carte (figure 28) présente quatre classes susceptibilité suivant : - Des zones stables de point de vue susceptibilité sont visibles dans les zones à dominance lithologique rigide et consistante, de faible pente où la fracturation est quasi absente, et un réseau hydrographique peu développé ainsi un taux de précipitation faible. - Des surfaces à susceptibilité moyenne couvrent la majorité de la zone d'études caractérisées par l'abondance des lithologies tendres et friables telles que les sables et les argiles, les alluvions. Avec une précipitation moyenne qui déclenche les mouvements de terrain.et un réseau hydrographique quasi développé - La classe des zones les plus susceptibles (forte), elle est développée sur les zones à forte pente, intensément fracturées. Dans ces zones la lithologie et la topographie sont les principaux facteurs contrôlant la nature des mouvements de terrain. On assiste à des écroulements et des éboulements au niveau des secteurs à forte pente et à lithologie consistante (calcaire et grès) intensément fracturée, tandis qu'au niveau des alternances marno-calcaires ou marno-gréseuses, des marnes et des argiles, des glissements rotationnels. On peut assister à des zones d'affaissements et des effondrements suite à la dissolution des évaporites et des dolomies au niveau de la zone des diapirs caractérisés par l'abondance des affleurements triasiques. 3. Elaboration de la carte de vulnérabilité 3.1. Répartition spatiale des enjeux Pour analyser la distribution spatiale des enjeux, nous avons choisi d'opérer une classification supervisée de l'image satellite Sentinel-2 pour produire une carte de l'occupation du sol, qui regroupe les différentes classes d'enjeux. Elle représente des informations à la fois sur l'occupation du sol et sur l'utilisation du sol. 3.2. Carte d'occupation du sol Lors de la réalisation de ce travail, on a utilisé une image optique issue du satellite Sentinel-2 acquise le 03/06/2019. Il existe une variété d'approches prise pour faire une classification numérique mais, on a choisi la classification supervisée en appliquant la méthode du maximum de vrais semblance effectué à l'aide du logiciel `Envi 4.7'. Au niveau de cette carte cinq principales classes d'enjeux ont été ressorties comme la montre la figure 29. Rhili Chiheb 38 Figure 29: Carte d'occupation du sols des Mogods-Hedil
3.3. Pondération des facteurs pour l'élaboration de la carte de vulnérabilité. La répartition spatiale des enjeux déjà obtenue (fig.29) sera reclassée en fonction du potentiel de dommage ou de perturbation des enjeux suite à la déstabilisation des terrains (glissement, Chute de blocs, coulée de boue...) avec des classes de valeurs allant de 1 à 3 afin de produire la carte de vulnérabilité souhaitée (HADDAD.R, 2018). (fig.30). c Le tissu urbain, correspond à des lieux d'habitation permanent (immeuble, maison individuelle) ou non permanent (lieu d'activité commerciale, industrielle), à des infrastructures de réseau. Il représente les zones d'enjeux maximal donc, on leur attribue l'indice de vulnérabilité le plus important 3. c Les forêts présentent un intérêt socio-économique (lieu de pâturage, production du bois conservation des eaux et des sols...) pour cela on l'attribue l'indice 2. c Les plans d'eaux représentent les barrages, les sebkhas et les lacs. Ce sont des zones à fort intérêt pour l'homme vu qu'il représente des ressources en eaux potables ou bien des écosystèmes qui préservent la biodiversité. Un indice de vulnérabilité 2 a été attribué à cette classe. c L'indice 2 a été accordé aux sols agricoles vu leur importances socio-économique. c Les sols nus sont des zones non exploitées par l'homme. On attribue l'indice 1 vu qu'ils ne présentent pas d'intérêt. Ces indices sont récapitulés dans le tableau ci-dessous :
Tableau 3 :Distribution des indices de vulnérabilité selon le type d'occupation du sol Elaboration personnelle c Ces résultats ont été présentés sur la carte de vulnérabilité (fig.30). Rhili Chiheb 39 Poids 1 2 3 Rhili Chiheb 40
41 4. Elaboration de la carte du risque aux mouvements de terrain La cartographie de risque des mouvements de terrain des Mogods et Hedil est produite suite à la multiplication de la carte de la vulnérabilité et la carte de la susceptibilité (Risque = Aléas x Vulnérabilité). Chaque type de mouvement dépend à des facteurs de causalité (décrit dans la première partie ; chapitre typologie des mouvements de terrain et facteurs causaux), on s'intéresse principalement à la lithologie qui est le facteur qui nous permet la distinction entre les différents type de mouvement, c'est pour cela on a intégré la lithologie dans la carte du risque. > Les glissements de terrain : généralement elle se produit dans les roches fragiles (tendre) tels que les argiles. > Les chutes de blocs : se produit dans les roche dur tels que les calcaires, les grés... > Les coulées de boue : aussi elles sont produites dans les roches fragiles. Ainsi, on a distingué différentes intensités des risques représenté dans la figure 31 c Risque faible Phénomènes dont le coût des solutions techniques pour la prévention serait supportable financièrement par un propriétaire individuel. Généralement sont des zones stables de point de vue lithologique à faible pente non affectée par des failles, Ces zones sont les moins peuplées voir une activité humaine nulle vu la rigidité de ces substratums non utiles pour l'installation des agglomérations ni pour les activités agricoles. c Risque moyen Phénomènes d'ampleur réduite dont le coût des solutions techniques pouvant être mis en place pourra être supportable financièrement par un groupe restreint de propriétaires (immeubles collectifs, petit lotissement, ...). Elles occupent les surfaces à activité humaine réduite, même si on assiste à des mouvements de terrain leur conséquence socio-économique sera limitée tels que les glissements qui affectent chaque saison, les terres agricoles, les forêts et les berges des barrages sans produire des menaces importantes sur les propriétés et les vies humaines (HADDAD.R, 2018). c Risque fort Phénomènes intéressant une aire géographique débordant largement du cadre parcellaire. Les solutions techniques pouvant être mises en oeuvre pour s'en protéger seront techniquement difficile à réaliser et/ou auront un coût très important. Phénomènes de grande ampleur dans laquelle qu'aucune solution technique permettant de s'en prémunir. Tels que ; - Les phénomènes actifs mettant en mouvement un volume de terrain très important - Les coulées de boue importante, ...
|
|