3. ENSEIGNEMENT DES JEUNES JOUEURS VERS LE HAUT NIVEAU
Le tennis français est souvent reproché de ne
pas avoir de champion évoluant durablement dans les meilleurs joueurs
mondiaux, contrairement au football avec l'équipe de France
récemment championne du monde, au handball ou bien encore au judo avec
Teddy Riner. Ce constat récurrent est surtout défini comme un
manque de joueurs qui gagnent des titres majeurs de Grand Chelem, les derniers
en date étant Marion Bartoli (Wimbledon 2013) chez les femmes et Yannick
Noah (Roland-Garros 1986) chez les hommes. Ce manque de champions de tennis
français a un impact sur l'attractivité du tennis en France.
D'après Margaret Hureau60, présidente du Tennis Club
d'Annecy le Vieux (1100 licenciés), «en tant que club, on est en
concurrence avec tous les autres sports autour de nous. Je pense que le fait de
ne pas avoir de champion français qui gagne des Grand Chelem a un impact
sur notre sport. On a gagné la Coupe Davis certes, mais il faut des
joueurs qu'on voit
60 INTERVIEW 8 - Margaret HUREAU
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régulièrement sur la fin des tournois pour que
les jeunes joueurs, notamment, puissent s'identifier». Cette absence
champion, titré au plus haut niveau a un impact sur la consommation du
tennis en France.
Pour pallier ce problème, développer la
formation des jeunes joueurs en pôle compétition est devenu une
priorité pour la FFT depuis 2017. Avoir des joueurs capables de gagner
des Grand Chelem passe par une formation efficace dès le plus jeune
âge. Selon Bernard Giudicelli, «la première étape a
été de comprendre pourquoi depuis de nombreuses années,
les Français ne gagnent pas. Il y a un virage que notre
Fédération n'a pas su prendre au cours des années 2000,
qui a été le développement, la professionnalisation de
plus en plus précoce des parcours».
La première étape a été de
renouveler le système mis en place dans le passé pour mieux
privilégier l'enfant, «on a arrêté le système
qui voulait une seule manière d'arriver à haut niveau,
c'est-à-dire aller déraciner les enfants dès l'âge
de 12 ans pour aller dans des pôles France. Désormais, le centre,
c'est l'enfant, c'est la famille qui décide la structure qui est la plus
adaptée après avoir entendu les conseils qui lui sont
donnés». Il a été remarqué que beaucoup de
jeunes joueurs abandonnaient lors de la première année
d'entrée dans ces pôles à cause de l'éloignement de
l'environnement familial ainsi que de responsabilités trop
prématurées. Par ailleurs, ces pôles n'étaient plus
adaptés à la société actuelle. Les jeunes ont moins
tendance à partir en internat comme c'était le cas dans le
passé.
Dans ce développement de la formation des jeunes en
pôle compétition, le rôle des parents est devenu plus
important pour préserver le développement des joueurs sur le long
terme, «le rôle éducatif et affectif des parents est capital.
Si entre 12 ans et 16 ans il n'y a pas une présence affective forte, des
sentiments de sécurité et d'accompagnement dans le
développement du jeune joueur de tennis et bien naturellement l'enfant
va se protéger. Ce n'est que vers l'âge de 19-20 ans qu'il va
avoir un effet «ouverture de tiroir» et tout le mal-être qu'il
pouvait avoir peut ressortir. Donc cette phase-là de consolidation de la
vie affective entre 12 et 16 ans par la famille est essentielle pour qu'un
jeune joueur de tennis puisse évoluer dans des bonnes
conditions».
Améliorer les conditions de formation des jeunes
joueurs se dirigeant vers le haut-niveau en préservant leur
développement psychologique lors de l'adolescence est un premier
objectif. Le deuxième consiste à les préparer à la
concurrence internationale. Pour Bernard Giudicelli, «ce qui est
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ressorti lors d'un diagnostic que nous avons fait, c'est qu'on
avait des jeunes qui étaient de bon technicien, qui avaient même
une technique au-dessus de la moyenne mais qui avait du mal à rivaliser
avec les opposants à l'international. Cette culture de rivalité
est devenue un enjeu majeur». Par l'amélioration des conditions
d'apprentissage et une formation axée vers la compétition
internationale, la FFT souhaite pallier ce manque de figures d'identifications
chez les joueurs professionnels français.
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