MÉMOIRE DE
RECHERCHE
APPLIQUÉE
La baisse du nombre de licenciés de tennis en France
"Comment la Fédération Française
de Tennis fait-elle pour surmonter la baisse de son nombre de
licenciés 1"
LUCILE POTHIER
M5c2 Marketing & Management du Sport
Promotion 2020
INSEEC U. CAMPUS CHAMBÉRY - SAVOIE
u
INSEEC U.
INSEEC U.
SPORT
M
TEN
FEDERATION FRANÇAISE
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Ce mémoire marque la fin de mes deux années de
Master spécialisé en Marketing et Management du Sport, mais
également mon dernier challenge avant mes débuts dans la vie
active. Je souhaite avant tout remercier toutes les personnes qui sont
intervenues et qui m'ont accompagné lors de mes deux années
d'alternance ainsi que dans la rédaction de ce mémoire.
Je voudrais dans un premier temps remercier mon directeur de
programme et de mémoire, Julian DUPRAZ, pour ses conseils et le partage
de ses nombreuses expériences dans le domaine du sport durant toute la
durée de ce Master, qui ont grandement contribué à
développer mes connaissances.
Je souhaite adresser ma reconnaissance à tous les
intervenants et professeurs à l'INSEEC U. Sport de Chambéry, pour
leur savoir-faire et leurs conseils qui m'ont conforté dans mon choix de
continuer dans l'environnement du sport après mes études.
Je remercie mon tuteur de mémoire, Nicolas BEAUNE, pour
avoir accepté de m'accompagner dans ce travail de recherche. Je le
remercie pour sa disponibilité, ses précieux conseils et son
soutien tout au long de la réalisation de ce mémoire.
Je tiens également à remercier toutes les
personnes qui ont pris le temps de répondre à mes entretiens et
de partager avec moi leurs expertises. Ces conseils m'ont permis de mener
à bien ma réflexion.
J'adresse des remerciements particuliers à mon tuteur
d'alternance depuis deux ans, Antoine OUI, pour sa confiance, ses conseils, les
responsabilités qu'il m'a confiées et surtout pour le partage de
ses nombreuses connaissances dans le marketing produit tout au long de mon
alternance.
Enfin, je tiens à remercier mes proches pour leur
soutien et leurs encouragements tout au long de ce travail ainsi que durant ces
deux années de Master.
TEN
FEDERATION FRANÇAISE
6
La Fédération Française de Tennis (FFT)
est la deuxième fédération sportive ainsi que la
première fédération des sports individuels en France.
Cependant, après avoir connu une période faste dans les
années quatre-vingt, la FFT rencontre des difficultés à se
renouveler. En effet, malgré une période d'amélioration
entre 2000 et 2012, le nombre de licenciés de tennis continue de baisser
chaque année, passant même sous la barre significative du million
de licenciés. Ce travail de recherche a pour but de mettre en valeur
comment la FFT fait pour surmonter la baisse de son nombre de
licenciés.
Cette étude traite tout d'abord l'évolution des
modes de consommations du sport en France. Le marché actuel des sports
et des loisirs fait face à une forte concurrence avec l'émergence
de nombreuses nouvelles pratiques sportives. Les acteurs du sport, notamment
les fédérations sportives, sont obligés de se diversifier
pour répondre aux mutations dans l'offre et la demande de pratique
sportive. Pour mettre en valeur la pertinence de la problématique, une
analyse complète est menée sur le fonctionnement de la FFT ainsi
que la situation avec ses licenciés. À partir de cela, il a
été constaté que la FFT avait des difficultés
à fidéliser et attirer des licenciés. En effet, le tennis
est un sport très technique qui peut être difficile à
apprendre. Ce sport reflète également une image d'une pratique
très axée sur la compétition qui ne répond plus aux
attentes des pratiquants.
Suite à ce constat, l'étude se penche sur les
actions que la FFT entreprend pour surmonter cette baisse. Elle est
alimentée d'entretiens individuels réalisés auprès
d'acteurs majeurs évoluant au sein de la FFT. Ces retours
d'expériences permettent une analyse détaillée des axes de
développement et des stratégies que la FFT déploient au
sein de son réseau fédéral et de ses clubs. Un des axes
majeurs de développement est consacré à rendre la pratique
du tennis plus accessible à tous les publics. Par ailleurs, la FFT met
en place des stratégies de communication et marketing pour
étendre sa visibilité et faciliter le fonctionnement de ses
clubs. Enfin, la FFT s'engage sur plusieurs autres axes de développement
: la diversification de ses offres d'activités, de ses infrastructures
au sein des clubs et la tenue d'événements majeurs pour
promouvoir le tennis.
À la fin de cette recherche, plusieurs recommandations
sont exposées afin d'apporter diverses solutions que la FFT ainsi que
ses clubs peuvent mettre en place pour assurer un développement
pérenne du tennis.
8
The French Tennis Federation (FFT in French) is the second
sports federation as well as the first federation of individual sports in
France. However, after a prosperous period in the eighties, the FFT is
experiencing difficulties in renewing itself. Indeed, despite a period of
improvement between 2000 and 2012, the number of licensed tennis players
continues to fall each year, even falling below the significant threshold of
one million licensees. The purpose of this research work is to highlight how
the FFT is overcoming the decline in the number of its licensed players.
First of all, this study deals with the evolution of the ways
of consumption of sport in France. The current sports and leisure market are
facing strong competition with the emergence of many new sports. Sports
players, particularly sports federations, must diversify their activities to
respond to changes in the supply and demand of the practice of sports. To
highlight the relevance of the issue, a comprehensive analysis is conducted on
the functioning of the FFT as well as the situation with its licensed players.
From this, it was found that the FFT had difficulties in retaining and
attracting licensees. Indeed, tennis is a very technical sport which can be
difficult to learn. This sport also reflects an image of a very
competition-oriented practice that no longer satisfies the expectations of
people.
Following this finding, the study examines the actions that
the FFT is taking to overcome this decline. It is based on individual
interviews conducted with major players of the FFT. This feedback enables a
detailed analysis of the areas of development and strategies that the FFT
deploys within its federal network and its clubs. One of the major areas of
development is devoted to making tennis more accessible to all audience. In
addition, the FFT implements communication and marketing strategies to extend
its visibility and facilitate the operation of its clubs. Finally, the FFT is
committed to several other areas of development: the diversification of its
range of activities, its infrastructures within the clubs and the holding of
major events to promote tennis.
Finally, at the end of this research, several recommendations
are exposed in order to provide various solutions that the FFT as well as its
clubs can establish to ensure the sustainable development of tennis.
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FEDERATION FRANÇAISE
10
De nombreuses recommandations peuvent être
implantées au sein de la FFT et de ses clubs affiliés pour
fidéliser et attirer des licenciés. Elles viennent enrichir les
initiatives développées au sein de la FFT.
Ces recommandations sont présentées sous formes
stratégiques et opérationnelles. Les recommandations
stratégiques sont des initiatives qui peuvent être
réalisées sur le long terme, entre trois et cinq ans, tandis que
les recommandations opérationnelles sont destinées à se
dérouler à court terme, entre six mois et deux ans.
Les recommandations stratégiques
Au niveau fédéral, deux recommandations
stratégiques majeures sont exposées : réformer le
rôle des enseignants de tennis ainsi que proposer plus de formations aux
dirigeants des clubs de tennis. Pour répondre aux nouvelles attentes des
pratiquants, la position des enseignants doit évoluer au sein des clubs.
Cette position ne peut plus se limiter uniquement à l'apprentissage du
tennis, mais doit évoluer vers un rôle d'animateur pour contribuer
au développement de la vie des clubs. Par ailleurs, la gestion d'un club
demande davantage de compétences diverses ce qui entraîne une
baisse de la participation des bénévoles dans ces fonctions
dirigeantes. Cette recommandation vise à proposer plus de formations aux
dirigeants des clubs de tennis pour faciliter leurs démarches et les
guider dans le rôle difficile de manager d'équipe.
Par ailleurs, ces recommandations stratégiques se
focalisent également sur le développement des clubs de tennis.
Les clubs doivent de se tourner vers une organisation interne plus
structurée pour assurer les nouveaux enjeux auxquels ils font face. De
plus, pour fidéliser et attirer des licenciés, les clubs ont
besoin de diversifier leurs offres. Afin de se différencier d'une
concurrence intense entre le secteur associatif et marchand, les clubs doivent
développer leurs infrastructures ainsi que leurs prestations. Enfin,
pour accroître leurs ressources financières et implanter de
nouveaux projets sportifs conséquents, la mutualisation des clubs de
tennis entre eux, ou avec des associations sportives, peut devenir une solution
pour pérenniser leurs activités.
11
Les recommandations opérationnelles
Pour répondre à l'émergence des nouveaux
modes de consommations du sport, la FFT doit réformer ses licences
à court terme. Les pratiquants s'éloignent de la pratique en
compétition au profit d'une pratique loisir. La licence classique de
club qui donne accès à la compétition ne correspond plus
aux attentes. Par ailleurs, afin de revaloriser son image et promouvoir ses
nouvelles pratiques plus accessibles, la FFT pourrait déployer son
«FFT roadshow» à travers la France. Cette opération de
marketing événementiel attrayante qui permet de se rapprocher au
plus près du grand public.
Enfin, ces recommandations se concentrent sur
l'intérêt pour les clubs de créer des communautés
ainsi que de multiplier les points de contact au sein de leurs cibles pour
fidéliser leurs adhérents et attirer de nouveaux
licenciés.
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FEDERATION FRANÇAISE
13
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 3
RÉSUMÉ 5
SUMMARY 7
SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS 9
INTRODUCTION 17
PARTIE 1 - ÉTAT DES LIEUX 21
I. LE SPORT EN FRANCE 22
A. MUTATIONS DANS LA PRATIQUE SPORTIVE DES FRANÇAIS 22
B. ÉVOLUTION DU NOMBRE DE LICENCIÉS DANS LES
FÉDÉRATIONS SPORTIVES FRANÇAISES 26
II. LA
FÉDÉRATION FRANÇAISE DE TENNIS, UNE
FÉDÉRATION CENTENAIRE 28
A. SON HISTOIRE 28
B. SON RÔLE 29
III. LES LICENCIÉS 30
A. LES TYPES DE LICENCES PROPOSÉES 30
B. RÉTROSPECTIVE DU NOMBRE DE LICENCIÉS 32
C. LA RÉPARTITION HOMMES/FEMMES 34
D. LA RÉPARTITION JEUNES/ADULTES 36
E. LE TENNIS COMPÉTITION VERSUS LOISIR 39
IV. LES CLUBS 42
A. LA RÉPARTITION DES CLUBS EN FRANCE 42
B. LES INFRASTRUCTURES ACCESSIBLES 44
V. LES JOUEURS DE TENNIS PROFESSIONNELS FRANÇAIS
47
A. LES MEILLEURS JOUEURS FRANÇAIS FACE AUX MEILLEURS
JOUEURS INTERNATIONAUX 47
1. Hommes 47
2. Femmes 48
VI. LES NOUVELLES PRATIQUES 48
A. LE BEACH TENNIS 48
B. LE PADEL 49
PARTIE 2 - ÉTUDE EMPIRIQUE 53
I. DÉVELOPPEMENT DE LA PRATIQUE 55
A. JEUNES 56
1. GALAXIE TENNIS 56
a. Évolution des méthodes d'apprentissage et
d'enseignement 56
b. Compétition 59
c. Classements 60
|
B.
C.
|
2. TENNIS SCOLAIRE
3. ENSEIGNEMENT DES JEUNES JOUEURS VERS LE HAUT NIVEAU
ADULTES
1. TENNIS SANTÉ
2. CARDIO TENNIS
AUTRES CIBLES
1. TENNIS FEMININ
|
60 62 64 64
66
67
67
|
|
|
a. Mise en place de référents dans les clubs
|
70
|
|
|
b. Nouveaux formats de compétition
|
70
|
|
|
i. TMC
|
70
|
|
|
ii. Raquettes FFT
|
72
|
|
|
iii. Compétitions adaptées pour les jeunes filles
|
73
|
|
|
c. Animations diverses
|
73
|
|
|
d. Entraînements plus adaptés
|
74
|
II.
|
|
DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES STRATÉGIES DE
COMMUNICATION ET MARKETING
|
76
|
|
A.
|
STRATÉGIE DIGITALE
|
78
|
|
|
1. TEN'UP
|
78
|
|
|
a. Fournir plus de visibilité aux clubs par une promotion
des offres plus efficace
|
79
|
|
|
b. Faciliter et améliorer l'expérience des
pratiquants dans la pratique du tennis
|
80
|
|
|
c. Un outil digital qui divise
|
80
|
|
|
2. FFT TV
|
82
|
|
|
3. SITES INTERNET ET RÉSEAUX SOCIAUX DES CLUBS
|
84
|
|
B.
|
OPTIMISATION DE LA GESTION DES CLUBS
|
87
|
|
|
1. ADOC
|
87
|
|
C.
|
STRATÉGIE DE SPONSORING
|
88
|
III.
|
|
AUTRES AXES DE DÉVELOPPEMENT
|
92
|
|
A.
|
FACILITER L'ACCÈS À LA COMPÉTITION
|
93
|
|
|
1. LES NOUVEAUX FORMATS DE COMPÉTITIONS
|
94
|
|
|
a. LA COMPÉTITION LIBRE
|
94
|
|
|
i. Jeunes
|
95
|
|
|
ii. Adultes
|
96
|
|
|
2. LES NOUVELLES RÈGLES DE JEU
|
98
|
|
B.
|
DIVERSIFICATION DES OFFRES
|
100
|
|
|
1. NOUVELLES LICENCES
|
100
|
|
|
2. DEVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DES CLUBS
|
101
|
|
|
3. NOUVELLES PRATIQUES
|
104
|
|
|
a. E-TENNIS
|
104
|
|
|
|
14
|
b.
15
PADEL 105
c. BEACH TENNIS 108
C. ORGANISATION D'ÉVÉNEMENTS NATIONAUX ET
INTERNATIONAUX 109
1. ROLAND-GARROS 110
2. FÊTE DU TENNIS 111
PARTIE 3 - RECOMMANDATIONS 113
I. LES RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES
114
A. PARTIE FÉDÉRALE 114
1. RÉFORMER LE RÔLE DES ENSEIGNANTS DE TENNIS
114
2. PROPOSER PLUS DE FORMATIONS POUR LES DIRIGEANTS 116
a. FACILITER LES DÉMARCHES DES DIRIGEANTS 117
b. MEILLEURE IMPLICATION ET MOTIVATION DES ÉQUIPES 118
B. PARTIE CLUBS 119
1. ORGANISATION INTERNE PLUS STRUCTURÉE 119
2. DIVERSIFICATION 120
a. INFRASTRUCTURES 121
b. DÉVELOPPER DAVANTAGE DE PRESTATIONS 122
i. Animations 122
ii. Nouvelles formules d'entraînements 123
3. MUTUALISATION 124
a. CLUBS DE TENNIS 124
b. ASSOCIATIONS SPORTIVES 125
II. LES RECOMMANDATIONS OPÉRATIONNELLES
126
A. PARTIE FÉDÉRALE 126
1. RÉFORME DES LICENCES 126
2. FFT ROADSHOW 128
B. PARTIE CLUBS 130
1. CRÉATION DE COMMUNAUTÉS 130
2. MULTIPLIER LES POINTS DE CONTACTS AU SEIN DES CIBLES 130
CONCLUSION 132
INTERVIEWS 138
INTERVIEW 1 - Bernard GIUDICELLI 139
INTERVIEW 2 - Lionel MALTESE 145
INTERVIEW 3 - Gilles MORETTON 149
INTERVIEW 4 - Éric LARGERON 153
INTERVIEW 5 - Julien ISARD 162
16
INTERVIEW 6 - Yann BANKHALTER 175
INTERVIEW 7 - Jean-Martial ANDRE 183
INTERVIEW 8 - Margaret HUREAU 188
INTERVIEW 9 - Sébastien CURTILLET 196
INTERVIEW 10 - Yannick DUC 201
INTERVIEW 11 - Robin GAILLARDET 205
INTERVIEW 12 - Valérie GESTAS 214
INTERVIEW 13 - Romain COTTAREL 220
INTERVIEW 14 - Yann CACHEUX 227
BIBLIOGRAPHIE 231
TEN
FEDERATION FRANÇAISE
18
Passionnée par le tennis depuis l'âge de quatre
ans, ce sport a toujours fait partie de ma vie. D'abord joueuse de club, puis
joueuse de haut niveau pendant quelques années, le choix de ce sujet n'a
pas été anodin. Après avoir obtenu le Baccalauréat,
je suis partie aux États-Unis pendant quatre années pour joueur
au tennis dans une université en Division 1, tout en poursuivant des
études en marketing. Cette expérience à l'étranger
m'a permis d'acquérir un autre regard sur la pratique du tennis dans un
autre pays. De retour en France, j'ai débuté une alternance en
tant qu'assistante chef de produit tennis, chez Wilson Sporting Goods, un
équipementier sportif américain, leader sur le marché du
tennis dans le monde. Mes missions principales consistent à identifier
les besoins et les attentes des pratiquants de tennis en termes
d'équipements en France. Pour mieux comprendre leurs comportements, il
faut avant tout s'interroger sur comment ces pratiquants consomment le tennis
aujourd'hui. Le marché du sport a fortement évolué ces
dernières années. Les pratiques sportives se diversifient et les
pratiquants consomment le sport différemment. Ces évolutions sur
le marché me poussent à m'interroger quotidiennement sur :
comment le tennis se positionne-t-il sur ce marché en pleine mutation ?
Souhaitant à terme travailler dans le milieu du tennis en France, j'ai
souhaité m'intéresser plus profondément à cet
environnement. Les diverses recherches réalisées lors de ce
mémoire de recherche appliquée ont été
menées dans le but de développer mes compétences sur la
situation du tennis en France et d'aller au-delà de mon
expérience en tant que joueuse de tennis.
Depuis la fin des années quatre-vingt-dix, le
marché du sport en France est en pleine mutation. De nombreux sports
libres se sont développés naturellement, loin du secteur
associatif. Par ailleurs, les modes de consommations ont évolué.
En effet, les Français sont davantage à la recherche de pratiques
sportives pour préserver leur santé et bien-être. De
nouvelles attentes émergent également. Ils ne recherchent plus
forcément à pratiquer un sport pour faire de la
compétition. Ils ont tendance à s'éloigner petit à
petit des pratiques qui se déroulent au sein des clubs associatifs
affiliées aux fédérations sportives nationales pour se
tourner davantage vers des sports qui se pratiquent dans la nature, moins
contraignants et sans engagement annuel. Ces nouveaux comportements sont aussi
liés à une image parfois trop vieillissante de certaines
associations sportives. Face à ces changements, un véritable
décalage entre l'offre et la demande des pratiques sportives est apparu
en France. Avec l'émergence des nouvelles pratiques sportives, la
concurrence entre les acteurs du secteur associatif et marchand sur le
marché du sport est de plus en plus forte. Ces acteurs doivent
s'adapter, adopter de nouvelles stratégies et se diversifier pour se
démarquer.
19
Parmi ces acteurs, la Fédération
Française de Tennis (FFT) est fortement concernée par ces
mutations sur le marché du sport. Le tennis a été un sport
tendance dans les années quatre-vingt, notamment durant les
années Yannick Noah. Cependant, depuis plusieurs années, la FFT
voit son nombre de terrains et de clubs diminuer progressivement chaque
année. La pratique du tennis reste répandue en France, il est
estimé qu'il existe entre trois à quatre millions de pratiquants,
mais la FFT peine à fidéliser ses licenciés. En effet,
depuis 2012, le nombre de licenciés baisse progressivement.
En effet, la FFT rencontre des difficultés à
répondre aux nouvelles attentes des pratiquants. Plusieurs freins au
développement du tennis peuvent être identifiés : un
apprentissage exigeant, une image élitiste ainsi que plusieurs
contraintes liées à sa pratique (nécessité de
trouver un partenaire, disponibilité des terrains, disposer du
matériel nécessaire, etc.). Malgré ces limites, la FFT
reste tout de même la deuxième fédération
derrière celle de football ainsi que la première
fédération de sport individuel en France. Cependant, elle est
l'une des seules fédérations de sport individuel qui affiche un
nombre de licenciés en baisse depuis les années 2000. Face
à ce constat, plusieurs questions surgissent : pourquoi la FFT perd ses
licenciés ? Quelles sont les raisons ? Le passage significatif sous la
barre symbolique du million de licenciés en 2018 est
révélateur d'un sport qui peine à se renouveler. Face
à ces évolutions sur le marché, la FFT doit
fidéliser ses licenciés ainsi que reconquérir et attirer
de nouveaux licenciés. Le développement de sa pratique et de ses
offres devient des facteurs clés pour répondre à ces
nouvelles attentes et inverser la tendance. Partant de ces différentes
observations, ce mémoire s'articulera autour de la problématique
suivante :
"Comment la Fédération Française
de Tennis fait-elle pour surmonter la baisse de son nombre de licenciés
?"
Afin de répondre à cette problématique,
diverses ressources internet, documentaires, études, rapports et
vidéos ont été utilisées. Par ailleurs, cette
étude se compose de plusieurs interviews réalisées
auprès d'acteurs majeurs de la Fédération Française
de Tennis.
Ce mémoire de recherche appliquée est
constitué de trois grandes parties. Dans un premier temps, un
état des lieux détaillé est mené sur les tendances
du marché du sport en France, le fonctionnement ainsi que les diverses
offres de la Fédération Française de Tennis. Cette partie
se compose également d'une étude approfondie sur la situation du
nombre de licenciés de tennis.
20
À la suite de cet état des lieux, une
étude empirique est établie sur les diverses actions
menées par la FFT pour surmonter la baisse de son nombre de
licenciés. Tout d'abord, il est observé que la FFT se focalise
sur le développement de la pratique du tennis chez les jeunes et les
adultes, notamment chez les femmes. Dans un second temps, la FFT déploie
de nouvelles stratégies de communication et de marketing pour
améliorer l'attractivité de la pratique du tennis et optimiser le
fonctionnement des clubs. Dans un troisième temps, la FFT se concentre
sur d'autres axes de développement, notamment sur des initiatives pour
faciliter l'accès à la compétition, diversifier les offres
au sein des clubs et davantage promouvoir le tennis via des
événements majeurs.
Enfin, diverses recommandations stratégiques et
opérationnelles sont présentées afin d'apporter d'autres
leviers de développement pérennes à la FFT pour surmonter
la baisse de son nombre de licenciés.
22
Afin de mieux comprendre l'intérêt de la
problématique, cet état des lieux débute par un
aperçu de la situation globale du sport en France puis se focalise sur
la Fédération Française de Tennis afin de mieux comprendre
son fonctionnement et son environnement.
I. LE SPORT EN FRANCE
A. MUTATIONS DANS LA PRATIQUE SPORTIVE DES
FRANÇAIS
Depuis quelques années, la demande et l'offre
des pratiques sportives en France font face à des profondes mutations.
En effet, les Français consomment le sport différemment. Ils sont
davantage à la recherche de pratiques sportives pour préserver
leur santé et bien-être. Ils ne pratiquent plus forcément
en club, mais en pleine nature, chez soi ou même sur
ordonnance1. Ces changements des modes de consommation dans la
pratique sportive s'identifient sous plusieurs tendances.
Tout d'abord, la première tendance concerne des
modes de consommations du sport qui évoluent. Les pratiquants ne font
plus de sport pour faire de la compétition mais plutôt en loisir.
Dans une étude récente menée par le Centre de Droit et
d'Économie du Sport (CDES) démontre "la demande de
pratique en compétition diminue au profit d'autres types de
pratiques plus conviviales. Environ 54 % des pratiquants sont amateurs, 24 %
occasionnels, 11 % compétiteurs2». On
remarque un éloignement de la pratique compétitive au profit
d'une pratique loisir. Les pratiquants ne cherchent plus à faire du
sport de manière intensive, mais pour rester en forme et
préserver leur santé. Ce phénomène a notamment
été accentué par l'arrivée du culte de la minceur
où l'importance sanitaire de la pratique du sport a largement
contribué à l'évolution de la demande des
pratiquants.
Par ailleurs, de plus en plus de sports se
développent et deviennent accessibles au grand public. Cette
évolution est notamment liée à la démocratisation
du sport, mais aussi à plusieurs facteurs économique, social,
politique et culturel. En effet, le sport n'est plus accessible
uniquement
1 Gimbert, V. (2018).
Activité physique et pratique sportive pour toutes et tous
: France Stratégie. Consulté à l'adresse
https://www.strategie.gouv.fr/publications/activite-physique-pratique-sportive-toutes
2 Centre de Droit et d'Economie du Sport.
(2016). Diagnostic sur le décalage entre l'offre et la demande de
pratique sportive en France. Consulté à
l'adresse
http://www.cdes.fr/expertise/economie-sport/nos-r-f-rences/diagnostic-sur-d-calage-entre-loffre-et-demande-pratique
23
aux groupes sociaux les plus aisés. Les seniors peuvent
pratiquer du sport plus longtemps grâce à l'allongement de la
durée de vie. Il faut également prendre en compte que la pratique
sportive s'est amplement féminisée. On observe ainsi un
véritable phénomène de massification des pratiques
sportives qui se traduit par une augmentation du nombre de licences
délivrées mais aussi par le nombre de Français qui
déclarent pratiquer du sport3. Selon une étude
menée en 2018 par l'Institut National de la Jeunesse et de
l'Éducation Populaire, "66 % des Français de plus de 15 ans (soit
un peu plus de 36 millions) ont eu une pratique sportive au cours des 12
derniers mois4".
De plus, l'offre de pratique s'élargit et se diversifie
davantage pour répondre à la demande des pratiquants. De nombreux
sports se pratiquant en dehors des structures associatives ont
émergé et se sont fortement développés. Il s'agit
des sports de glisse tels que le surf, le roller, les sports en nature comme la
randonnée ou la marche. Aujourd'hui, les sports les plus
pratiqués en France sont la course et la marche (40 %), les
activités de la forme et de gymnastique (22 %), les sports aquatiques et
nautiques (20 %) et les sports de cycle ou motorisés (18 %)
3 Centre de Droit et d'Economie du Sport. (2016).
Diagnostic sur le décalage entre l'offre et la demande de
pratique sportive en France. Consulté à
l'adresse
http://www.cdes.fr/expertise/economie-sport/nos-r-f-rences/diagnostic-sur-d-calage-entre-loffre-et-demande-pratique
4 Croutte, Müller, & Hoibian. (2019). INJEP
- Baromètre national des pratiques sportives 2018
(2019/01). Consulté à l'adresse
https://injep.fr/publication/barometre-national-des-pratiques-sportives-2018/
24
Les pratiquants s'éloignent des activités
sportives qui se pratiquent dans un cadre fédéral. Ils ont
tendance à privilégier des sports qui peuvent se pratiquer en
autonomie, sans contraintes et sans encadrements. La notion du temps prend de
l'ampleur dans notre société actuelle et se transpose dans le
sport. La pratique en autonomie correspond mieux à ces nouveaux modes de
vie, "près de la moitié des sportifs (49 %) pratiquent leur
activité principale "seuls". Les pratiques autonomes sont
privilégiées par rapport à celles qui s'exercent dans un
club ou une structure commerciale. 24 % des pratiquants font du sport dans un
club ou une association, 8 % dans une structure commerciale alors que 61%
optent pour une pratique plus autonome".
25
La pratique en autonomie est privilégiée pour
deux raisons : sa flexibilité et son coût. Le pratiquant autonome
peut évoluer à son rythme et sans contrainte d'horaires,
c'est-à-dire loin des entraînements encadrés. La pratique
est également moins chère car aucunes licences ou cotisations n'a
besoin d'être payées5.
La demande évolue et se diversifie constamment au fil
des années. L'offre se retrouve donc également impactée.
Une autre tendance significative dans les mutations des pratiques sportives est
que le contexte concurrentiel a fortement évolué et devient de
plus en plus intense. Selon le Centre de Droit et d'Économie du Sport,
il y a une concurrence intense entre les fédérations
fédérales qui redoublent d'ingéniosité pour attirer
des licenciés, mais aussi avec le secteur marchand. En effet, les salles
de sport et les entraîneurs de fitness qui proposent des séances
de coaching privées ne cessent d'accroître. L'apparition de ces
salles de sport représente une vraie menace pour le secteur associatif.
Elles proposent des équipements modernes avec des horaires
extrêmement flexibles. Les associations sportives se retrouvent en
difficulté avec des infrastructures vieillissantes qui dépendent
des municipalités. D'autres sont en manque d'infrastructures, ce qui
représente un frein pour leur développement. De plus, certaines
structures n'ont pas les ressources humaines nécessaires pour être
ouvertes toute la journée et tous les jours comme certaines salles de
sport proposent à leurs membres. Par ailleurs, l'évolution des
politiques publiques, notamment la diminution des financements publics pour les
associations sportives, devient une difficulté réelle pour la
pérennité de beaucoup de structures associatives6.
L'émergence d'une concurrence directe et indirecte
impacte fortement les associations sportives traditionnelles. Ces mutations des
modes de consommation du sport obligent les fédérations à
développer leurs pratiques. La diversification de leurs offres devient
nécessaire pour faire face à la concurrence mais aussi pour
éviter de creuser davantage le décalage entre ce que les
fédérations proposent et les attentes des pratiquants. La demande
sportive évolue vers une pratique sportive non-compétitive,
axée sur la santé, et les offres d'activités sportives se
diversifient en permanence.
5 Croutte P., Y., Müller J. (2018).
Baromètre national des pratiques sportives.
Baromètre réalisé pour l'INJEP et le ministère des
sports. Consulté à l'adresse
https://injep.fr/wp-content/uploads/2019/01/Rapport2019-01Barometresport2018.pdf
6 Centre de Droit et d'Économie du Sport. (2016).
Diagnostic sur le décalage entre l'offre et la demande de
pratique sportive en France. Consulté à
l'adresse
http://www.cdes.fr/expertise/economie-sport/nos-r-f-rences/diagnostic-sur-d-calage-entre-loffre-et-demande-pratique
26
B. ÉVOLUTION DU NOMBRE DE LICENCIÉS DANS
LES FÉDÉRATIONS SPORTIVES FRANÇAISES
Le nombre de licenciés au sein des
fédérations sportives françaises est en constante
augmentation. Depuis 1950, le nombre de licences délivrées a
fortement augmenté, passant d'environ 3 millions à 18,4 millions
en 20187. Les fédérations françaises qui
comptent le plus de licenciés sont le football avec environ 2,1 millions
de licenciés (11 %), le tennis avec 985 551 licenciés (5 %) et
l'équitation avec 628 262 licenciés (4 %).
Le nombre de licences délivrées augmentent, mais
il faut rester conscient que le nombre de pratiquants en dehors des
fédérations sportives évolue également. En 2018,
selon le baromètre national des pratiques sportives, environ un
pratiquant sur quatre, soit 21 %, est licencié dans une
fédération sportive8.
7 INJEP-MEDES. (2018). Recensement des licences
sportives 2018, réalisé auprès des
fédérations sportives agréées par le
Ministère des Sports. Consulté à l'adresse
https://injep.fr/donnee/tableaux-statistiques-relatifs-au-recensement-des-licences-sportives-de-2018/
8 Croutte, Müller, & Hoibian. (2019). INJEP -
Baromètre national des pratiques sportives 2018 (2019/01).
Consulté à l'adresse
https://injep.fr/publication/barometre-national-des-pratiques-sportives-2018/
27
La Fédération Française de Tennis (FFT)
est une fédération unisport olympique agréée. Au
cours de cette étude, il est important d'analyser l'évolution du
nombre de licenciés face à d'autres sports individuels,
étant donné que le tennis est un sport individuel. Au niveau des
Fédérations Françaises de sports individuels, la FFT se
situe en première position devant la Fédération
d'équitation et la Fédération de judo.
Cependant, si l'on prend en compte l'évolution du
nombre de licences délivrées dans les fédérations
sportives de sports individuels, la Fédération Française
de Tennis est une des seules fédérations qui fait face à
une baisse de son nombre de licenciés (-6 %) depuis 2000.
28
II. LA FÉDÉRATION
FRANÇAISE DE TENNIS, UNE FÉDÉRATION CENTENAIRE A. SON
HISTOIRE
La Fédération Française de Tennis,
prénommée à l'époque "Commission de Lawn Tennis
Club", a été créé en 1888 sous la direction de
l'Union des Sociétés Françaises de Sports
Athlétiques (USFSA). En 1920, suite à la cessation de l'USFSA, la
commission deviendra la Fédération Française de Lawn
Tennis. Ce n'est seulement en 1976 que la Fédération abandonnera
le terme "lawn" et prendra ainsi son nom actuel de Fédération
Française de Tennis9. Son siège social se trouve
aujourd'hui dans le stade de Roland-Garros à Paris.
En 2017, Bernard Giudicelli devient le nouveau
président de la Fédération Française de Tennis pour
une durée de quatre ans. Dès 2017, il met en oeuvre son nouveau
projet fédéral «Agir et Gagner". Ce programme vise
principalement à redynamiser la pratique du tennis. Il s'organise autour
de plusieurs axes de développement10 :
· Passer la formation de sportifs de haut niveau
à la formation de champions capables de gagner des titres majeurs
· Soutenir les clubs qui sont l'unité de la
Fédération, où le tennis commence et grandit
· Redonner au tennis toute son attractivité
· Apporter des outils et la culture marketing aux clubs
pour attirer et fidéliser de nouveaux licenciés
· Développer Roland-Garros "pour avoir un tournoi
le plus performant possible afin de dégager des profits pour financer le
développement du tennis français11"
9 Fédération Française de Tennis.
(s. d.). Présentation générale de la FFT.
Consulté le 5 janvier 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/la-federation/decouvrir/presentation-generale-de-la-fft
10 Fédération Française de
Tennis. (2017). Projet Sportif 2017-2020 : Agir et Gagner ! Consulté
à l'adresse
https://www.fft.fr/la-federation/decouvrir/presentation-generale-de-la-fft
11 INTERVIEW 1 - Bernard GIUDICELLI
29
B. SON RÔLE
La FFT est une association à but non lucratif,
régie par la loi de 1901. Elle est détentrice d'une
délégation ministérielle. Elle est également
reconnue par la Fédération Internationale de tennis (ITF).
Le rôle principal de la FFT est "de promouvoir,
organiser et développer la pratique du tennis, du beach tennis, du
padel, du paratennis et de la courte paume en France". Concernant la pratique
dans les clubs, elle accompagne le développement et
l'amélioration de l'enseignement, de l'entraînement, de la
compétition individuelle et par équipes. La promotion et le
développement de ces différents sports de raquette passent par la
coordination et le rassemblement des clubs de tennis affiliés à
la FFT. La FFT gère également l'engagement des équipes de
France qui sont très médiatisées dans les grandes
compétitions internationales, la Coupe Davis, la Fed Cup et les Jeux
olympiques12.
La FFT pilote une politique de développement
fédérale qu'elle déploie à ses dix-huit Ligues
régionales. Les Ligues, en collaboration avec leurs Comités
départementaux, adaptent et assurent la mise en place de cette politique
fédérale en fonction de leurs territoires. Elles accompagnent les
clubs dans leurs zones d'action dans le développement des multiples
pratiques sportives de la FFT13.
Par ailleurs, la FFT se distingue par l'organisation de deux
grands événements internationaux tels que Roland-Garros, un des
quatre Grand Chelem qui se déroulent dans le monde, ainsi que le Rolex
Paris Master qui se déroule à l'AccorHotel Arena14.
Roland-Garros est un vrai levier de développement pour
le tennis français. En 2019, le chiffre d'affaires de Roland-Garros
s'élevait à 260 millions d'euros. D'après Lionel Maltese,
membre du comité exécutif de la FFT en charge du
développement économique, «si Roland Garros n'existait pas,
80 % des
12Fédération Française de
Tennis. (s. d.). Présentation générale de la FFT.
Consulté le 5 janvier 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/la-federation/decouvrir/presentation-generale-de-la-fft
13Fédération française de tennis.
(s. d.). Les ligues et les comités départementaux.
Consulté le 8 janvier 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/les-ligues-et-les-comites-departementaux
14 Fédération Française de Tennis. (s.
d.). Présentation générale de la FFT.
Consulté le 5 janvier 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/la-federation/decouvrir/presentation-generale-de-la-fft
30
produits de la FFT n'existeraient pas15". En effet,
Roland-Garros est indispensable au fonctionnement économique et social
du tennis français. Selon Lionel Ollinger, président de la Ligue
Grand-Est «c'est du budget de Roland-Garros que provient la Dotation
Fédérale Globale (DFG), autrement dit la subvention poumon des
Ligues régionales. La DFG représente environ 50 % de leur budget
en moyenne. Elle est donc inhérente à leur
survie16".
En 2019, le poids financier de la Fédération
Française de Tennis s'élevait à 325 millions d'euros pour
309 millions d'euros de charges. Ce résultat financier est en constante
amélioration depuis 201717.
III. LES LICENCIÉS
A. LES TYPES DE LICENCES PROPOSÉES
Afin de mieux cerner les enjeux d'une licence sportive, il est
important de revoir de quoi il s'agit. La licence sportive permet au sein d'une
fédération sportive d'avoir accès à la
totalité ou une partie des différentes activités sportives
et à la vie associative. Le licencié sera couvert par l'assurance
de la fédération en cas de dommages ou blessures lors de
l'activité. La licence est délivrée par la
fédération sportive ou par un club affilié en son nom. En
fonction des fédérations, il est possible d'avoir plusieurs types
de licences : la licence "compétition" qui permet d'accéder aux
compétitions organisées par la fédération, la
licence "loisir" qui permet de participer aux différentes
activités en dehors de la compétition puis la licence "dirigeant"
qui ne donne pas le droit à la pratique sportive18. La
Fédération Française de Tennis met à disposition de
ses pratiquants quatre types de licences19:
1. Licence Club
15 Observatoire du Sport Business. (2020, avril 2).
Sauver le soldat Roland Garros [Fichier vidéo]. Consulté
à l'adresse
https://www.youtube.com/watch?v=1kIhqYURdo&feature=youtu.be
16 Rech, A. (2020, avril 7). Pourquoi maintenir Roland-Garros est
capital pour le tennis français. Consulté le 15 avril 2020,
à l'adresse
https://rmcsport.bfmtv.com/tennis/pourquoi-maintenir-roland-garros-est-capital-pour-le-tennis-francais-1890693.html
17 Observatoire du Sport Business. (2020, avril 2). Sauver
le soldat Roland Garros [Fichier vidéo]. Consulté à
l'adresse
https://www.youtube.com/watch?v=1kIhqYURdo&feature=youtu.be
18
Service-public.fr. (2018,
novembre 5). Licence sportive (licence compétition ou loisir)
Consulté le 6 janvier 2020, à l'adresse
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1029
19 Fédération française de
tennis. (s. d.). Toutes les licences. Consulté le 10 janvier 2020,
à l'adresse
https://www.fft.fr/se-licencier/toutes-les-licences
31
La licence Club représente environ 95 % des licences
délivrées par la FFT. Au prix de 29 euros pour les adultes et 20
euros pour les jeunes (moins de 18 ans), cette licence permet d'avoir
accès à tous les avantages des clubs FFT comme les
infrastructures, l'enseignement ainsi qu'une assurance spécifique lors
de la pratique du tennis en France et à l'étranger. Elle permet
également de participer à des compétitions individuelles
ou par équipes et d'obtenir un classement officiel. Cette licence est la
seule donnant accès à une réservation prioritaire à
la billetterie de Roland-Garros, du Rolex Paris Masters ainsi que des
compétitions des équipes de France de la Coupe Davis et Fed
Cup.
2. Licence Web
Cette licence est destinée aux personnes qui ne
souhaitent pas être affiliées à un club, mais qui
souhaitent tout de même participer à des compétitions et
donc d'avoir un classement officiel. Cependant, cette licence ne permet pas de
faire de compétition par équipes au sein d'un club. Au prix de 34
euros, elle ne prend pas en charge les coûts d'inscriptions aux tournois.
Elle est accessible uniquement aux personnes majeures et donne accès
à une assurance spécifique liée à la pratique du
tennis.
3. Licence Découverte
La licence Découverte, accessible pour 3 euros et
à toute personne de 15 ans ou plus, offre une possibilité aux
pratiquants d'être licenciés et de découvrir le tennis, le
padel et le beach tennis sur une période de 3 mois, non-renouvelable.
Pour avoir accès à cette licence, le pratiquant ne doit pas avoir
eu une licence de tennis depuis 3 ans au moins. Elle donne accès aux
services et infrastructures des clubs ainsi qu'à une assurance
spécifique liée à la pratique du tennis. Un certificat
médical n'est pas nécessaire pour obtenir cette licence.
4. Licence Scolaire
La licence Scolaire est disponible aux enfants de 15 ans et
moins non licenciés participant à un cycle tennis dans le cadre
d'activités scolaires ou périscolaires au sein d'un club. Elle
est valable 3 mois et coûte 3 euros.
Les licences Découverte et Scolaire ne donnent pas
accès aux différentes compétitions proposées par la
FFT.
32
B. RÉTROSPECTIVE DU NOMBRE DE
LICENCIÉS
L'évolution du nombre de licenciés de la
Fédération Française de Tennis s'analyse sous quatre
périodes distinctes.
Tout d'abord, la FFT a vécu une véritable
expansion de son nombre de licenciés dans les années 1980. En
effet, suite à la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros en
1983, plusieurs opérations fédérales ont été
mises en place dans le but de démocratiser la pratique du tennis en
France. En 1985, la construction d'environ 4 000 clubs tennis et 12 700 courts
a fait exploser le nombre de joueurs de tennis atteignant plus de 1,3 millions
de licenciés20. L'ascension du tennis en France a aussi
été favorisée par le début de la diffusion du
tennis à la télévision notamment avec Roland-Garros. Selon
Gilles Moretton, président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes,
«l'engouement pour le tennis était fort, c'était le sport
à la mode, le sport tendance de l'époque. Les pratiquants
étaient attirés par les clubs de tennis21". La FFT a
donc su tirer profit de ces années fastes du tennis en France.
20 Fédération Française de
Tennis. (2018). Dossier des statistiques fédérales à
l'issue de l'année sportive 2018. Consulté à
l'adresse
https://www.fft.fr/file/9891/download?token=bhks9m
21 INTERVIEW 3 - Gilles MORETTON
33
Cependant, entre 1986 et 1999, le nombre de licenciés a
commencé à diminuer progressivement pour atteindre une baisse de
27 % de son nombre de licenciés. Durant cette période, de
nouvelles pratiques sportives plus libres se sont développées. En
effet, la génération glisse s'est développée et
plusieurs mutations dans la demande et l'offre de la pratique sportive ont
émergé22. Ces nouveaux sports suscitent un
véritable engouement chez les pratiquants parce qu'ils peuvent se
pratiquer en autonomie, libre de toutes contraintes. Ces évolutions dans
les pratiques sportives répondaient ont amené les pratiquants
à consommer le sport d'une autre façon. Les pratiquants
étaient libres de pratiquer dans les lieux qu'ils souhaitaient, loin des
clubs et du système de licence des fédérations
sportives.
Néanmoins, entre 2000 et 2012, le nombre de
licenciés au sein de la FFT a augmenté de 8,23 %. Cette
évolution s'explique en partie par la mise en place d'une
opération fédérale «Pass Tennis» dont le but a
été de promouvoir le tennis au grand public et de faciliter
l'accès aux clubs en proposant une licence à prix réduit,
voire même gratuite23. Par ailleurs, durant cette
période, la FFT a développé plusieurs initiatives
pédagogiques et marketing autour du tennis évolutif et le
mini-tennis24. L'enjeu de la FFT était de faciliter
l'apprentissage du tennis avec du matériel plus adapté pour les
enfants comme des balles plus légères, des raquettes plus
petites, etc.
Enfin, cette dernière phase se traduit par une baisse
d'environ 11 % du nombre de licenciés depuis 2012. Cette diminution est
davantage significative et alarmante pour la FFT, car le nombre de
licenciés n'était plus passé sous la barre du million de
licenciés depuis 1985. Cependant, depuis 2019, d'après une
analyse plus poussée des statistiques de la FFT, la baisse du nombre de
licenciés tend à se stabiliser. En effet, en 2019, la FFT a perdu
seulement 6 000 licenciés contre 22 000 en moyenne par an depuis
201225. Ces données sont importantes à prendre en
compte pour la suite de cette étude. Les différentes origines de
cette baisse sont identifiées dans la partie suivante.
22 Durieux, L. (2007). Les sports de glisse
(Chiron éd.). Consulté à l'adresse
https://fr.calameo.com/read/0000071084f279bbfb5c1
23 Rager, A. (2015, septembre 20). Dopez le nombre
de licenciés de votre club avec le Pass Tennis. Consulté le 27
avril 2020, à l'adresse
http://tennis-club.org/le-coin-du-dirigeant/gestion-sportive/nombre-licencies-club-pass-tennis/
24 Zebbar, N. (2019, février 13). Le
marché du tennis et ses pratiquants. Consulté le 8 janvier 2020,
à l'adresse
https://padelmagazine.fr/le-marche-du-tennis-et-ses-pratiquants/
25 Fédération Française de Tennis.
(2018). Dossier des statistiques fédérales à l'issue
de l'année sportive 2018. Consulté à l'adresse
https://www.fft.fr/file/9891/download?token=bhks9m
Dans cette rétrospective du nombre de licenciés
au sein de la FFT, il est important de prendre en compte les pratiquants de
tennis qui ne sont pas licenciés. En effet, d'après Julien Isard,
chargé de développement du tennis à la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes, «selon une étude géomarketing
réalisée en 2019, il y a seulement 30 % du nombre de pratiquants
de tennis qui sont licenciés à la FFT. 70 % pratiquent le tennis
sur des terrains non affiliés qui sont accessibles gratuitement. Ils se
trouvent dans des universités, des campings, dans les communes sur des
courts municipaux. Il y aurait environ 3 à 4 millions de ces pratiquants
non licenciés26". Le nombre de licenciés est en baisse
mais le nombre de pratiquants non licenciés reste considérable.
L'enjeu de la FFT est de mieux pénétrer ce marché afin
d'attirer ces types de pratiquants dans les clubs affiliés.
La suite de cette étude se concentre sur les deux
dernières phases dans l'évolution du nombre de licenciés,
de 2000 à 2018. Ces deux phases sont déterminantes sur les
actions entreprises par la FFT pour faire face à la baisse de son nombre
de licenciés.
C. LA RÉPARTITION HOMMES/FEMMES
Depuis l'apparition du tennis en France, les hommes ont
toujours été plus nombreux à être licenciés
au tennis que les femmes. En effet, en 2000, il y avait 66 % d'hommes
licenciés contre 34 % de femmes. En 2018, l'écart s'est davantage
creusé passant à 71 % d'hommes (34 % hommes, 37 % garçons)
pour 29 % de femmes (14 % femmes, 15 % filles). Les statistiques des licences
de la FFT en 2000 ne permettent pas de distinguer la répartition entre
les hommes, femmes, garçons et filles.
34
26 INTERVIEW 5 - Julien ISARD
35
Afin de mieux comprendre les raisons d'abandon des
licenciés, la Fédération Française de Tennis en
collaboration avec l'Institut Régional de Développement du Sport
(IRDS), ont mené une enquête nationale en 2010. Cette étude
a permis de récolter 5 145 réponses de licenciés actuels
et d'anciens licenciés. Les résultats de l'étude ont
démontré deux périodes critiques chez les femmes et les
filles : la pratique en école de tennis souligne peut-être un
encadrement mal adapté (5-15 ans) et
36
la tranche d'âge 28-38 ans pour lesquels les contraintes
familiales sont plus fortes27. D'autres statistiques datant de 2017,
permettent de confirmer cette tendance, notamment chez les jeunes filles. Selon
Yannick Cochennec, ancien rédacteur en chef adjoint de Tennis Magazine,
«les écoles de tennis perdraient chaque année près de
40 % de leurs jeunes filles, contre "seulement" 30 % de leurs jeunes
garçons. Une perte compensée en partie par l'afflux de nouveaux
licenciés28». Le public féminin est un segment
difficile à séduire pour la FFT.
D. LA RÉPARTITION JEUNES/ADULTES
Par ailleurs, l'analyse de la répartition des
licenciés jeunes et adultes permet d'observer un rajeunissement des
licenciés. En 2000, il y avait 50,9 % de licenciés adultes pour
49,1 % de licenciés jeunes. En 2018, la tendance s'est inversée
avec 51,6 % des licenciés jeunes pour 48,4 % licenciés
adultes29.
27 Institut Régional de Développement du Sport.
(2010). Les raisons de l'abandon, et les motivations de la pratique du
tennis en France. Consulté à l'adresse
https://www.irds-idf.fr/fileadmin/DataStorageKit/IRDS/Publications/collaboration/plaquettetennis.pdf
28 Cochennec, Y. (2018, janvier 26). Le tennis a
bien du mal à susciter des vocations chez les jeunes filles.
Consulté le 15 février 2020, à l'adresse
http://www.slate.fr/story/156865/sport-tennis-jeunes-filles-adolescentes-entrainement-competition
29 Fédération Française de Tennis. (2018).
Dossier des statistiques fédérales à l'issue de
l'année sportive 2018. Consulté à l'adresse
https://www.fft.fr/file/9891/download?token=bhks9m
Cette inversion est en partie liée à une baisse
significative du nombre de licenciés chez les adultes. Chez les jeunes,
il est important de prendre en considération les actions que la FFT a
mises en place pour développer et rendre plus accessible la pratique du
tennis pour cette catégorie. En effet, l'apparition d'un matériel
plus adapté a facilité l'accès chez les jeunes. De plus,
cette inversion est aussi synonyme de difficultés financières
pour les clubs puisque la licence et les cotisations chez les adultes sont plus
élevées que chez les jeunes.
D'après l'enquête de l'IRDS, les principales
raisons d'abandon des adultes sont liées au coût et l'accès
de la pratique, "au tennis les difficultés pour accéder aux
terrains sont multiples : le manque de créneaux horaires, la recherche
de partenaires, le manque de courts, le système de réservation
insatisfaisant, etc. Au sujet des installations, la demande pour des courts
couverts prédomine (38 %) ainsi que la diversité des
revêtements (32 %)30. Le tennis est également une
discipline trop onéreuse. Près de la moitié des
licenciés actuels estiment que le tennis n'est pas accessible
financièrement au plus grand nombre. Les anciens licenciés
expriment que la rentabilité entre leur fréquence de jeu et le
prix acquitté les ont amenés à ne pas renouveler leur
adhésion".
37
30 Institut Régional de Développement du Sport.
(2010). Les raisons de l'abandon, et les motivations de la pratique du
tennis en France. Consulté à l'adresse
https://www.irds-idf.fr/fileadmin/DataStorageKit/IRDS/Publications/collaboration/plaquettetennis.pdf
Même si le tennis se rajeunit, le nombre de
licenciés jeunes diminuent tout de même. Les adolescents,
âgés entre 14 et 16 ans, sont les plus touchés notamment
avec une baisse d'environ de 6 %. Chez les adultes, le taux d'abandon est plus
important chez les jeunes adultes de 18 à 40 ans avec une baisse
d'environ de 7 %. De plus, la catégorie jeune des moins de 10 ans a
nettement été impactée par le changement de rythme
scolaire qui est passé de quatre jours à quatre jours et demi
chez les plus jeunes. Il a été difficile pour certains clubs de
tennis de rattraper cette perte lorsque certaines communes sont
repassées à quatre jours31.
31 Leasey, J.-D. (2013, novembre 2). La réforme
des rythmes scolaires met le sport à rude épreuve.
Consulté le 10 mars 2020, à l'adresse
https://www.banquedesterritoires.fr/la-reforme-des-rythmes-scolaires-met-le-sport-rude-epreuve
38
39
E. LE TENNIS COMPÉTITION VERSUS LOISIR
Pour mieux comprendre la pratique du tennis en
compétition et loisir, il est important d'identifier les
différents profils des pratiquants de tennis. Selon l'enquête
«Le tennis et moi» menée par l'Union Sport et Cycle en 2017, 6
profils de pratiquants licenciés sont
caractérisés32 :
32 Union Sport & Cycle. (2017). Etude : Le Tennis et
Moi. Consulté à l'adresse
https://www.unionsportcycle.com/etudes
1) L'heureux compétiteur, 23 % des
licenciés. Ce sont des joueurs âgés entre 45 et 54 ans qui
jouent au tennis par passion, pour participer à des compétitions,
s'amuser et faire des rencontres.
2) L'acharné, 18 % des
licenciés. Ce profil de joueur correspond à deux
catégories d'âge, les 1824 ans et les 45-54 ans. Le tennis est
pour eux une véritable passion. Ils sont en recherche permanente de
performance et jouent au tennis au minimum trois fois par semaine.
3) Les balles vertes, 17 % des
licenciés. Il s'agit principalement de femmes et de jeunes pratiquants
qui jouent au tennis pour se détendre et entretenir leur
santé.
4) Le tennisman 2.0, 17 % des
licenciés. Ce sont généralement des jeunes de 18-24 ans
qui pratiquent régulièrement le tennis. Ils chercher à
rencontrer de nouveaux joueurs et améliorer leur niveau en utilisant des
objets connectés.
5) Le corporate, 14 % des licenciés.
Il s'agit de joueurs sans motivations particulières qui jouent de
manière occasionnelle avec des collègues de travail. Ils jouent
en compétition également.
6) Le Vivement Dimanche, 11 % des
licenciés. Appartenant à la catégorie 55 ans et plus, ils
ne font pas de compétitions et ne cherchent pas à se
dépasser dans le tennis. Ils pratiquent le tennis depuis plusieurs
années et jouent une fois par semaine.
40
En 2018, la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis a
également établi onze nouveaux types de profils de joueurs pour
mieux identifier les pratiquants et permettre aux clubs de développer
des offres plus adaptées pour chaque public.
41
Le tennis en compétition s'est largement
développé depuis 2000. Effectivement, le nombre de tournoi
proposés dans l'année a doublé passant de 9 622 à
18 588. Il y a également une augmentation de 54 % du nombre de
licenciés classés. Cette augmentation montre que de plus en plus
de licenciés se tournent vers le tennis en compétition. Les
compétiteurs jouent davantage de matchs, passant d'environ 9,36 matchs
à 10,41 matchs par an. Selon les statistiques de la FFT, environ 44 %
des licenciés jouent en compétition contre 56 % qui pratiquent le
tennis uniquement en loisir33.
La majorité des pratiquants de tennis sont en loisir,
pourtant, il s'agit d'un public dont la FFT a du mal à fidéliser.
En effet, le nombre de compétiteurs augmentent mais le nombre de
licenciés continue de diminuer, ce qui prouve que le segment loisir est
concerné. D'après Julien Isard, «entre 2018 et 2019, presque
un nouveau licencié adulte sur deux n'a pas renouvelé sa licence
en 2020. Sur 60 % des 18-35 ans qui ont abandonné, 50 % étaient
des non classés». Selon l'enquête de l'IRDS, l'abandon des
joueurs en loisir est dû à plusieurs raisons, "le début de
l'âge adulte ne semble pas propice à la pratique du tennis (45 %
de taux d'abandon). Il s'agit généralement d'une période
d'instabilité marquée par de nombreux changements de vie (choix
d'études ou d'orientations professionnelles, mobilité
géographique...). Le non-renouvellement des adhésions est
également plus
33 Fédération Française de Tennis. (2018).
Dossier des statistiques fédérales à l'issue de
l'année sportive 2018. Consulté à l'adresse
https://www.fft.fr/file/9891/download?token=bhks9m
élevé chez les femmes (38 %). Il apparaît
que la moitié des arrêts interviennent à l'issue de la
première année d'inscription, c'est-à-dire lors de la
séquence de découverte de l'activité. Cet échec
peut être le fruit d'un décalage entre l'image que le novice a de
l'activité tennis et la réalité de la pratique, mais il
est sans doute aussi le reflet d'un problème de prise en charge des
débutants dans les clubs de tennis". La population des
compétiteurs reste très importante, car c'est l'origine de la
pratique du tennis, un sport de duel. Cependant, la population loisir reste
dominante, il faut réussir à davantage les fidéliser.
IV. LES CLUBS
A. LA RÉPARTITION DES CLUBS EN FRANCE
En 2018, la FFT compte 7 650 clubs
affiliés34 mais ce nombre est en baisse. En effet, en 2000,
il y avait 9 130 clubs affiliés. Cette diminution reste lente mais elle
est non négligeable. Selon Nicolas Faydide, fondateur de l'application
Les Déchaînés, «un club qui disparaît, c'est en
général une agglomération de petite ou moyenne taille qui
se prive d'un service sportif, d'un lieu de rencontre et d'un moyen de
créer du lien social35«. Les clubs de tennis
représentent le coeur d'activité de la pratique du tennis, ils
sont indispensables à la FFT. Ils sont également
indépendants de la FFT. Elle déploie ses initiatives
fédérales, mais les clubs sont libres de les appliquer selon
leurs projets sportifs et leurs structures. En 2018, la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes comptait le plus de clubs de tennis.
34 Fédération Française de
Tennis. (2018). Do 2018. Consulté à
l'adresse
https://www.fft.fr/file/9891/download?toke
42
35 SPORTéco. (Janvier, 2019). Le tennis : un s
43
La FFT a établi une nouvelle catégorisation de
ses clubs en fonction de leur nombre de licenciés. Selon Bernard
Giudicelli, «la FFT n'est pas structurée par 7 650 clubs, mais par
des catégories de clubs. Il est évident que la gestion d'un club
de 1 000 licenciés n'est pas la même qu'un club de 50
licenciés et moins. Il s'agit d'une entreprise avec des salariés,
des comptables, etc.»
Répartitions des clubs par taille en 2018 (en
fonction du nombre de licenciés)
44
1000 licenciés et plus
|
500 à
999 licenciés
|
200 à
499 licenciés
|
100 à
199
licenciés
|
50 à 99 licenciés
|
10 à 49 licenciés
|
5 à 9 licenciés
|
0 à 4 licenciés
|
Total
|
40
|
229
|
1 209
|
1 677
|
1 722
|
1 969
|
363
|
441
|
7 650
|
1 %
|
3 %
|
16 %
|
22 %
|
23 %
|
26 %
|
5 %
|
6 %
|
100 %
|
Les clubs de 10 à 199 licenciés
représentent la majorité (83 %) des clubs de tennis en France.
Les clubs de 1 000 licenciés et plus représentent seulement 1 %
du nombre total de clubs.
B. LES INFRASTRUCTURES ACCESSIBLES
Le nombre de terrains de tennis disponibles en France a
diminué de 4,32 % depuis 2000. En 2018, 31 687 terrains ont
été comptabilisés36. Ces terrains correspondent
seulement à ceux répertoriés dans les clubs
affiliés à la FFT. D'autres terrains non
répertoriés existent notamment dans les communes avec les
terrains municipaux, mais également dans les campings et les
universités.
36 Fédération Française de Tennis. (2018).
Dossier des statistiques fédérales à l'issue de
l'année sportive 2018. Consulté à l'adresse
https://www.fft.fr/file/9891/download?token=bhks9m
D'après un recensement national des équipements
sportifs par le ministère des Sports en 2011, 13 % de terrains de tennis
sont couverts en France37. Cependant, il faut également
prendre en compte que certains clubs de tennis utilisent des gymnases
multisports ou des salles polyvalentes pour pratiquer en intérieur.
45
37 Ministère des Sports. (2011). Atlas des
équipements sportifs français par grandes catégories.
Consulté à l'adresse
http://www.sports.gouv.fr/Atlasdesequipementssportifsfrancais/files/docs/all.pdf
46
Cours de tennis couverts
Courts de tennis découverts
47
V. LES JOUEURS DE TENNIS PROFESSIONNELS
FRANÇAIS
A. LES MEILLEURS JOUEURS FRANÇAIS FACE AUX
MEILLEURS JOUEURS INTERNATIONAUX
Les joueurs et joueuses français ne gagnent pas ou de
façon très épisodique les titres majeurs du Grand Chelem.
Chez les hommes, le dernier Français à avoir gagné un
titre de Grand Chelem est Yannick Noah lors de Roland-Garros en 1983. Chez les
femmes, il s'agit de Marion Bartoli en 2013 à Wimbledon. Selon
Blanchard, la France est une nation en difficulté à
l'international, «les États-Unis dominent le classement du nombre
de titres par pays durant l'ère Open avec 52 titres, la Suède et
l'Espagne sont secondes avec 25 titres. La Suisse complète le podium
avec 23 titres38». Pour mieux analyser la situation du tennis
français en termes de joueurs professionnels, il est important
d'observer le classement des dix meilleurs joueurs et joueuses
françaises au niveau international39.
1. Hommes
Classement mondial des 10 meilleurs joueurs
français au 16 mars 202040
*Classements français basés sur les
résultats de 2019. Classements mondiaux basés sur les
résultats depuis le début de l'année 2020.
38 Blanchard, B. (2019, août 9). Cinq
raisons du mal-être français en tournois du Grand Chelem.
Consulté le 2 mai 2020,
https://sport24.lefigaro.fr/tennis/us-open/actualites/le-mal-etre-francais-en-grand-chelem-en-5-points-972741
39 Fédération française de tennis. (2020).
Les meilleurs joueurs français. Consulté le 22 mars 2020,
à l'adresse
https://www.fft.fr/competition/tennis/le-classement/les-meilleurs-joueurs-francais
40 Rankings | Singles | ATP Tour | Tennis. (s. d.).
Consulté le 10 mai 2020, à l'adresse
https://www.atptour.com/en/rankings/singles
48
2. Femmes
Classement mondial des 10 meilleures joueuses
françaises au 16 mars 202041
*Classements français basés sur les
résultats de 2019. Classements mondiaux basés sur les
résultats depuis le début de l'année 2020.
VI. LES NOUVELLES PRATIQUES
A. LE BEACH TENNIS
Le beach tennis s'est développé en Italie en
1978 émigré dans d'autres pays tels que l'Espagne, le
Brésil, le Japon et les États-Unis. En France, ce sport s'est
d'abord développé à la Réunion dans les
années 2000 puis en métropole depuis 2010. Les États-Unis
et l'Italie sont les meilleures nations mondiales en termes de
compétition, la France est en quatrième position. Il y a environ
dix millions de joueurs de beach tennis dans le monde42.
Le beach tennis est un sport de raquette qui se pratique sur
un terrain en sable aux dimensions d'un terrain de beach-volley avec un filet
à 1,70 mètres du sol. Le beach tennis se joue en simple et en
41 WTA Singles Rankings Page. (s. d.). Consulté
le 10 mai 2020, à l'adresse
https://www.wtatennis.com/rankings/singles
42Fédération française de tennis.
(s. d.). Découvrir le beach tennis. Consulté le 12 février
2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/jouer/le-beach-tennis/decouvrir-le-beach-tennis
49
double, principalement à l'extérieur sur les
plages, mais peut également être pratiqué dans des
structures couvertes. Les raquettes de beach tennis sont sans cordage. Il est
possible d'acheter un kit de beach tennis pour construire son propre terrain.
Le comptage de points est similaire au tennis.
La Fédération Internationale de Tennis (ITF) a
établi les règles du beach en 2006. Aujourd'hui, elle dirige les
fédérations nationales de tennis qui organise cette
pratique43.
Le beach tennis a été intégré
à la FFT en 2008 devenant ainsi un nouvel axe de développement
pour la FFT. Une licence spécifique beach tennis n'a pas
été créée afin de simplifier les démarches
du système de licences et ainsi favoriser le développement de la
pratique. Une seule licence FFT existe, regroupant le tennis, le beach tennis
et le padel.
Selon Maxime Lahondès, président de la
Commission fédérale de beach tennis, «les chiffres des
pratiquants ne sont pas faciles à obtenir, car il existe une seule
licence FFT. Cependant, on connaît le nombre de personnes classées
en 2019 : 3 000 hommes, 2 000 femmes et environ 500 jeunes, même si le
nombre de joueurs loisirs est bien plus important. Le beach tennis a connu une
belle progression, mais depuis deux ans, elle est stable44".
Au niveau des infrastructures, 120 clubs sont affiliés
dont 96 clubs qui disposent d'un équipement fixe de beach tennis. Il y a
181 terrains permanents de beach tennis dans ces structures fixes. Deux
terrains en moyenne par structure sont nécessaires pour assurer le
développement de l'activité et faciliter l'organisation des
animations et des tournois45.
B. LE PADEL
43 Ligue Ile de France de Tennis. (2019, avril 23). Beach
Tennis. Consulté le 15 mars 2020, à l'adresse
https://tennis-idf.fr/beach-tennis/
44 Fédération Française de Tennis. (2019,
mai 17). La France fait partie des 4 meilleures nations de beach
tennis. Consulté le 15 mars 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/actualites/la-france-fait-partie-des-4-meilleures-nations-de-beach-tennis
45 Magazine Officiel de la Fédération
Française de Tennis. (Mars, 2020). Tennis Info. Numéro 519, page
25.
50
Le padel a été créé en 1969 par
Enrique Corcuera un homme d'affaire Mexicain. Le padel est un sport
dérivé du squash et du tennis. Il se joue en double,
c'est-à-dire deux équipes de deux joueurs. Les balles sont les
mêmes qu'au tennis, les raquettes sont plus petites, sans cordage. Le
système de comptage des points est identique au tennis. Le padel se
pratique sur un terrain plus petit qui mesure 20 mètres de long pour 10
mètres de large avec un filet au milieu du terrain. Le terrain est
délimité par des vitres en verre
spécifique46.
Le padel s'est ensuite développé en Argentine,
puis en Espagne. Il y a environ dix millions de joueurs dans le monde, la
majorité se trouvant dans les pays hispaniques. En Espagne, le padel
rencontre un véritable engouement avec environ trois à quatre
millions de pratiquants. C'est le troisième sport le plus
pratiqué en Espagne derrière le football et le basket-ball. En
2017, le nombre de licenciés en padel avait pratiquement
dépassé le nombre de licenciés en tennis47.
46 Decathlon. (2018, septembre 13). Qu'est-ce
que le padel ? Consulté le 26 mars 2020, à l'adresse
https://www.artengo.fr/conseils/quest-ce-que-le-padel-tp50844
47 Taupin, R. (s. d.). Padelonomics - Espagne, Padel vs
Tennis. Consulté le 26 mars 2020, à l'adresse
https://www.padelonomics.com/les-chiffres-du-padel/espagne-padel-vs-tennis
51
En France, le padel rattaché à la FFT depuis
2014, est en pleine émergence. Entre 2015 et 2019, le nombre de
licenciés est passé de 680 à 9 20848.
À noter qu'un licencié de padel est
considéré par la FFT comme un joueur ayant participé au
moins une fois à un tournoi de padel. Il y a beaucoup de pratiquants
occasionnels ne pratiquant pas le padel en compétition49.
Comme pour le beach tennis, il est difficile de déterminer le nombre
exact de pratiquants parce qu'une seule licence est utilisée. Cependant,
la Fédération Française de Tennis estime que le padel
compte plus de 50 000 participants, licenciés et non licenciés
confondus50.
Au niveau des infrastructures, l'évolution est
également très impressionnante, preuve de l'émergence
rapide du padel en France. Entre 2014 et 2019, le nombre de terrains de padel a
été multiplié par 7, passant de 107 à 767 terrains.
Le nombre de clubs créés a également explosé,
passant de 50 à 355 clubs51.
48 Taupin, R. (s. d.). Padelonomics - Licenciés padel
janvier 2020. Consulté le 26 mars 2020, à l'adresse
https://www.padelonomics.com/les-chiffres-du-padel/licenci%C3%A9s-padel-janvier-2020
49 Binisti, F. (2017, mai 15). La Fédération
Française de Tennis et le padel. Consulté le 26 mars 2020,
à l'adresse
https://padelmagazine.fr/la-federation-francaise-de-tennis-et-le-padel/
50 Fédération française de
tennis. (s. d.). Découvrir le padel. Consulté le 26 mars
2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/jouer/le-padel/decouvrir-le-padel
51 Taupin, R. (s. d.). Padelonomics - Chiffres du padel -
janvier 2020. Consulté le 26 mars 2020, à l'adresse
https://www.padelonomics.com/les-chiffres-du-padel/chiffres-du-padel-janvier-2020
52
Nombre de terrains de padel
créés
Nombre de clubs créés
54
Pour donner suite à cet état des lieux qui a
révélé les difficultés rencontrées par la
FFT pour fidéliser et attirer de nouveaux licenciés,
l'étude ci-dessous montrera les diverses actions mises en place pour
remédier à l'érosion du nombre de licenciés.
56
Face à la baisse de son nombre de licenciés, un
des enjeux principaux de la FFT est de développer la pratique du tennis
chez les jeunes et les adultes afin de fidéliser davantage ses
licenciés et de rendre le tennis plus accessible à tous les
publics. Selon Julien Isard, chargé de développement du tennis
à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis, «on
véhicule l'image d'un sport très axé vers la
compétition, élitiste et pas forcément très
accessible techniquement. Tout l'enjeu est d'arriver à changer l'image
de notre sport en développant notre pratique et en faisant comprendre
que le tennis est un sport accessible». L'enjeu pour la FFT est de
fidéliser, conquérir, voire même reconquérir les
publics pour lesquels elle rencontre le plus de difficultés. Pour
développer la pratique du tennis, la FFT créée chez les
jeunes et les adultes des offres plus adaptées pour apprendre et
pratiquer le tennis.
A. JEUNES
1. GALAXIE TENNIS
La Galaxie Tennis a été mise en place en 2015
par la FFT pour répondre à une perte de licenciés chez les
plus jeunes entre 2011 et 2015. En effet, la Galaxie Tennis vise à
améliorer la fidélisation du public jeune qui fait face à
un nombre d'abandons conséquents dans les écoles de tennis chaque
année. D'après Lionel Maltese, en charge du développement
économique de la FFT, «cette nouvelle réforme est à
l'origine d'une étude qui a été menée au sein de la
FFT. En effet, on a analysé qu'environ 60 % des jeunes quittent nos
écoles de tennis chaque année52». Cette
réforme sportive sert à développer la pratique chez les
jeunes joueurs de 12 ans et moins évoluant en école de tennis. Le
but est de préserver l'apprentissage des enfants en les faisant jouer en
compétition de manière ludique et formatrice. C'est
également d'apporter des nouvelles méthodes d'enseignement.
a. Évolution des méthodes d'apprentissage
et d'enseignement
Ce programme d'apprentissage vise à favoriser le
plaisir et le jeu, «on a cherché à améliorer
l'apprentissage. La plateforme Galaxie qui permet aux écoles de tennis,
appelées les galaxies, de pouvoir avoir un suivi et un apprentissage le
plus ludique et performant possible des jeunes de moins
52 INTERVIEW 2 - Lionel MALTESE
57
de 12 ans. Un apprentissage technique et tactique plus facile
et un enseignement plus adapté sont des critères
d'attractivité d'une activité sportive», d'après
Lionel Maltese.
La Galaxie Tennis classifie les jeunes selon cinq couleurs en
fonction de leur niveau et leur âge. Chaque couleur possède des
caractéristiques adaptées à l'apprentissage des jeunes.
D'après Sébastien Curtillet53, président du
Tennis Club du Nivolet, «du point de vue gestion de club, la Galaxie
Tennis a surtout comme intérêt de permettre à un jeune qui
débute le tennis de trouver un entraînement adapté à
son niveau quel que soit son âge dans un club. Les enfants sont
répartis sur cinq niveaux différents : blanc, violet, rouge,
orange et vert. Chacun de ces niveaux correspond à une dimension
spécifique du terrain, des tailles de balles et de raquettes».
La Galaxie Tennis permet également d'apporter un
contenu pédagogique différent pour les enseignants et de
rivaliser avec d'autres sports plus accessibles pour les jeunes, d'après
Valérie Gestas54, entraîneuse titulaire du DES JEPS (Diplôme
d'Etat Supérieur de la Jeunesse, de l'Education Populaire et du Sport)
au Tennis Club d'Annecy-le-Vieux (1 100 licenciés), «on essaie de
mettre en place des activités plus ludiques et moins techniques. Il y a
un apport technique, mais très vite, on va faire des formes
jouées avec un décompte de points pour que les enfants soient
dans le jeu. Il s'agit d'une
53 INTERVIEW 9 - Sébastien
CURTILLET
54 INTERVIEW 12 - Valérie GESTAS
58
approche plus progressive. On évite d'être dans
les anciennes méthodes d'apprentissages comme faire du panier, le
positionnement, le coup droit avec la boucle, etc. La Galaxie Tennis est un
format de jeu qui identifie bien le niveau de jeu des enfants. L'enfant
s'installe dans un cadre qui lui est propre, sans brûler des
étapes. C'est aussi une source de motivation pour nous parce qu'on
fidélise davantage les enfants à travers ce format. Voir un
enfant partir parce qu'il ne prend pas du plaisir, c'est toujours un moment
difficile en tant qu'entraîneur».
Les nouvelles dimensions de terrains et l'adaptation du
matériel favorisent les échanges de balles entre les enfants sur
le terrain. C'est aussi un moyen de donner chez les enfants l'impression
d'être dans le jeu, l'amusement, et de réussir plus rapidement.
Pour Robin Gaillardet55, directeur sportif au Tennis Club de Pringy
(473 licenciés), «la mise en place de la Galaxie Tennis a
apporté énormément à l'enseignement. Maintenant
qu'un joueur soit débutant ou un peu perfectionné, il est capable
de faire des échanges grâce à l'évolution des balles
et des dimensions de terrain. Il y a quelques années, l'apprentissage du
tennis c'était avec des balles dures, des raquettes beaucoup trop
grandes et sur un grand terrain. Maintenant, le matériel est beaucoup
plus adapté. Cela permet d'être beaucoup plus progressif mais
surtout productif, on peut travailler sûr plein de choses lors de
l'apprentissage. On est beaucoup plus dans l'échange et donc plus
rapidement dans la réussite».
La Galaxie Tennis continue de s'adapter aux besoins des
enfants pour préserver leur progression dans les différentes
catégories, précise Gaillardet, «à partir de cette
année, si un enfant gagne un match en balles orange, il passe
directement en balles vertes. Si un jeune en balles vertes remporte douze
matchs, il passe directement en balles dures. C'est une directive efficace
parce que beaucoup d'entraîneurs n'effectuaient pas le changement des
niveaux de leurs joueurs. Par exemple, en balle rouge, il y avait des enfants
de 10 ans qui étaient deux fois plus grands que les plus petits. Les
matchs étaient très déséquilibrés. Cela a
permis de mieux identifier et niveler les niveaux des enfants». Donner
confiance aux jeunes représente un critère déterminant
dans leur fidélisation.
Les jeunes sont évalués en fonction de plusieurs
critères définis en amont pour passer d'un niveau à un
autre, «on organise des journées "Jeu et Matchs" pendant lesquelles
les enfants jouent en matchs contre d'autres enfants du même niveau.
Cette journée nous permet d'évaluer les enfants
55 INTERVIEW 11 - Robin GAILLARDET
59
selon quatre critères : la tactique, la technique,
l'arbitrage et le comportement. En fonction de ces critères, nous
pouvons choisir si un enfant peut changer de niveau ou non»,
d'après Valérie Gestas.
Par ailleurs, les enfants disposent également d'un
suivi régulier de leur progression au sein des niveaux, témoigne
Gestas, «la FFT a mis en place un passeport. Il s'agit un document qui
retrace l'évolution des enfants du premier au dernier niveau de la
Galaxie Tennis. C'est intéressant, car les enfants peuvent voir
où ils se situent et quels sont les objectifs à atteindre. La FFT
donne aussi des poignets éponges, très utilisés chez les
joueurs de tennis, aux couleurs de leur niveau afin qu'ils puissent mieux
s'identifier à leur niveau».
b. Compétition
Dans tous les sports, la compétition est rapidement
enseignée chez les plus jeunes. Au tennis, il a souvent
été reproché que le système de classement
individuel provoquait trop de pression et de rivalité chez les jeunes,
devenant un facteur majeur d'abandon. Avec la Galaxie Tennis, la FFT a
entièrement revu ses formats de compétition pour cette
catégorie de jeunes joueurs afin de limiter leur abandon.
La compétition agit positivement sur la
fidélisation des joueurs. Cependant, l'offre de compétition pour
les jeunes licenciés de 12 ans et moins n'était pas assez
développée. Selon le guide de la réforme du Galaxie Tennis
établit par la FFT en 2015, «75 % des jeunes licenciés de
tennis de 12 ans et moins ne jouent aucun match56». Conserver
la compétition chez les jeunes est important notamment pour
répondre aux attentes des jeunes qui demandent souvent de faire des
matchs dès le début. Pour Robin Gaillardet, «un enfant,
quand il fait du football, il fait très vite un match avec son
équipe. Au tennis, il faut maintenir cet esprit de compétition
car c'est l'essence même de notre sport. Le côté duel est
important. Si un enfant échoue, je ne vois pas trop
d'inconvénients parce qu'en soit la compétition apporte des
valeurs de vie et de l'expérience».
Les compétitions sont organisées
différemment afin de sortir du modèle traditionnel des
compétitions de tennis et pour répondre à une tendance
sociétale où la notion du temps est considérable.
Valérie Gestas explique que «les matchs sont plus courts et se
déroulent en général sur
56 Fédération Française de
Tennis. (2014). Réforme des moins de 12 ans : Guide à
l'attention des Présidents et Enseignants de clubs. Consulté
le 6 janvier 2020 à l'adresse
http://www.club3.fft.fr/tcbaillynoisy/wp-
content/uploads/2014/10/reformedesmoinsde12ansguidedupresidentetdelenseignantdeclub.pdf
60
une journée. C'est un critère important chez les
parents parce qu'ils peuvent mieux organiser leurs calendriers».
c. Classements
De plus, le système de classement traditionnel
présent chez les adultes n'est plus utilisé chez les jeunes de
moins de 12 ans, «la FFT a mis en place des nouveaux classements
adaptés pour les jeunes. Il fallait réduire la pression que les
jeunes subissaient avec l'ancien système de classement. Avant, les
jeunes entraient directement dans la compétition et dans cet état
d'esprit de comparaison avec les autres. C'était un facteur d'abandon.
Ils ne jouaient plus pour eux, mais pour être le mieux classé. Les
jeunes étaient trop amenés à se focaliser sur le
résultat et non la manière d'y arriver», selon Robin
Gaillardet.
La Tennis Galaxie classe désormais les jeunes selon
leurs âges, d'après Valérie Gestas, «la
compétition est maintenant passée à âge réel
pour limiter les inégalités ressenties chez les enfants
nés en fin d'année. Avant l'âge de 8 ans, les
compétitions ne sont pas homologuées. C'est important d'initier
les enfants le plus tôt à la compétition, de manière
progressive bien sûr, afin de leur enseigner plusieurs valeurs telles que
la concentration, la confiance en soi, le respect des autres, etc. Le fait de
ne pas homologuer ces matchs permet de réduire la pression du
classement. À partir de 8 ans jusqu'à 10 ans, âge
réel, les enfants participent à des compétitions
homologuées. Après 11 ans, les joueurs peuvent participer aux
compétitions traditionnelles par catégories d'âge».
La Galaxie Tennis est une réforme majeure dans la
pratique du tennis chez les jeunes licenciés. Avec une formation plus
adaptée, une participation progressive aux compétitions et des
classements ajustés, la FFT cherche à répondre à un
enjeu majeur de fidélisation de ses jeunes licenciés.
2. TENNIS SCOLAIRE
Dans cette même logique de volonté de
fidélisation des jeunes, depuis quelques années, la FFT
développe davantage sa présence dans les écoles. En 1994,
une convention entre le ministère de l'Éducation nationale et la
FFT a été signée pour permettre aux jeunes de
découvrir le tennis au sein de leurs écoles. La FFT, l'UNSS,
l'USEP et le ministère de l'Éducation nationale et de la
Recherche ont renouvelé cette convention en 2010. Cette nouvelle
convention élargit la pratique du tennis à tous les
61
niveaux d'enseignements, des écoles primaires aux
lycées. La FFT s'implique dans le milieu scolaire afin de faire
découvrir le tennis sous un angle différent. Selon des
statistiques de la FFT, le tennis scolaire en France, ce sont «4 494
classes concernées soit environ 135 000 élèves et 1 606
clubs intervenant dans le temps scolaire ou périscolaire à
l'école primaire57».
Le tennis à l'école s'adapte en fonction des
besoins des écoles, d'après Éric Largeron58,
secrétaire général de la Ligue Occitanie de tennis,
«le tennis à l'école peut s'organiser selon trois formes :
au sein des infrastructures scolaires avec un entraîneur de tennis qui
installent du matériel de tennis, dans les clubs à
proximité des écoles ou bien du matériel est fourni par la
FFT ou l'UNSS. Ces heures s'inscrivent dans le programme que les écoles
ont dans la semaine pour la motricité, la vision dans l'espace,
etc.». Le tennis scolaire permet d'attirer des jeunes pratiquants en leur
faisant essayer une nouvelle activité sportive tout en répondant
aux critères pédagogiques sportifs requis au sein de la
scolarité.
Le tennis scolaire propose différentes activités
en fonction des établissements scolaires, «à l'école
les élèves pratiquent le tennis évolutif, au
collège il s'agit du 6/3 tennis puis au lycée la FFT a
implanté le beach tennis. Le tennis évolutif se joue avec du
matériel adapté, notamment les balles et les raquettes, sur des
terrains réduits. Le 6/3 tennis c'est également du
matériel adapté, mais les élèves jouent sur un
terrain de badminton où le filet est baissé permettant ainsi
d'être facilement mis en place dans un gymnase par les enseignants.
L'objectif n'est pas de faire comme dans les écoles de tennis de nos
clubs. Ces deux activités permettent d'aborder tous les coups du tennis
tout en favorisant les échanges, donc le plaisir de jouer».
À la fin du cycle, un diplôme prénommé
«Class'tennis» est remis aux élèves, permettant ainsi
aux enfants qui le souhaitent de continuer la pratique du tennis dans un
club59. Le tennis à l'école permet de créer un
lien entre le milieu scolaire et le milieu sportif donnant ainsi un
accès facilité à la pratique du tennis pour le grand
public.
Par ailleurs, en 2019, la FFT a lancé une nouvelle
opération au sein des écoles pour développer la pratique.
D'après Bernard Giudicelli, «nous avons souhaité davantage
développer la pratique dans le scolaire en lançant
l'opération "De la cour aux courts», comme de la cour
d'école aux courts de tennis. Elle a été conduite de
façon différente de tout ce qu'on a fait par le passé avec
le système
57 Fédération Française de
Tennis. (s. d.). Le tennis à l'école. Consulté le
13 janvier 2020 à l'adresse
https://www.fft.fr/jouer/le-tennis/le-tennis-partout/le-tennis-lecole
58 INTERVIEW 4 - Éric LARGERON
59 Ligue Auvergne Rhône Alpes de tennis. (s. d.).
Tennis Scolaire. Consulté le 22 février 2020 à
l'adresse
https://ligueauvergnerhonealpestennis.com/tous-les-tennis/tennis-scolaire.html
62
scolaire. Nous avons conduit une expérimentation en
trois étapes. Aujourd'hui, il y a plus de 300 écoles primaires
qui ont participé à cette opération. Elle a permis
d'élaborer des outils pédagogiques, du contenu, des
séquences pédagogiques et des séquences
situationnelles».
Cette nouvelle opération est différente des
opérations déjà menées entre la FFT et les
écoles, «l'opération de la cour aux courts n'est pas une
opération entre les clubs et les écoles. C'est une
opération dans le système scolaire, sur le
périmètre de l'école et notamment dans la cour de
l'école. C'est pour que le jeu de raquette devienne un jeu de cour
d'école et que des enfants découvrent le plaisir la main donc le
plaisir du geste. À partir de la rentrée 2020, environ 200
classes pilotes vont être mises en place sur tout le territoire. Pour la
saison 2022, il y aura une généralisation sur la base du
volontariat des écoles. » Cette opération vise à
développer une nouvelle forme de pratique du tennis, plus
récréative, via un jeu dans les cours d'école qui permet
de jouer au tennis en sécurité et en autonomie comme lorsqu'un
enfant joue au foot avec un ballon.
La FFT développe le tennis à l'école afin
de faire découvrir cette activité au plus grand nombre d'enfants,
de créer un levier pour attirer plus de jeunes joueurs dans les clubs,
mais surtout de préserver la santé en luttant contre la
sédentarité de plus en plus fréquente chez les enfants.
3. ENSEIGNEMENT DES JEUNES JOUEURS VERS LE HAUT NIVEAU
Le tennis français est souvent reproché de ne
pas avoir de champion évoluant durablement dans les meilleurs joueurs
mondiaux, contrairement au football avec l'équipe de France
récemment championne du monde, au handball ou bien encore au judo avec
Teddy Riner. Ce constat récurrent est surtout défini comme un
manque de joueurs qui gagnent des titres majeurs de Grand Chelem, les derniers
en date étant Marion Bartoli (Wimbledon 2013) chez les femmes et Yannick
Noah (Roland-Garros 1986) chez les hommes. Ce manque de champions de tennis
français a un impact sur l'attractivité du tennis en France.
D'après Margaret Hureau60, présidente du Tennis Club
d'Annecy le Vieux (1100 licenciés), «en tant que club, on est en
concurrence avec tous les autres sports autour de nous. Je pense que le fait de
ne pas avoir de champion français qui gagne des Grand Chelem a un impact
sur notre sport. On a gagné la Coupe Davis certes, mais il faut des
joueurs qu'on voit
60 INTERVIEW 8 - Margaret HUREAU
63
régulièrement sur la fin des tournois pour que
les jeunes joueurs, notamment, puissent s'identifier». Cette absence
champion, titré au plus haut niveau a un impact sur la consommation du
tennis en France.
Pour pallier ce problème, développer la
formation des jeunes joueurs en pôle compétition est devenu une
priorité pour la FFT depuis 2017. Avoir des joueurs capables de gagner
des Grand Chelem passe par une formation efficace dès le plus jeune
âge. Selon Bernard Giudicelli, «la première étape a
été de comprendre pourquoi depuis de nombreuses années,
les Français ne gagnent pas. Il y a un virage que notre
Fédération n'a pas su prendre au cours des années 2000,
qui a été le développement, la professionnalisation de
plus en plus précoce des parcours».
La première étape a été de
renouveler le système mis en place dans le passé pour mieux
privilégier l'enfant, «on a arrêté le système
qui voulait une seule manière d'arriver à haut niveau,
c'est-à-dire aller déraciner les enfants dès l'âge
de 12 ans pour aller dans des pôles France. Désormais, le centre,
c'est l'enfant, c'est la famille qui décide la structure qui est la plus
adaptée après avoir entendu les conseils qui lui sont
donnés». Il a été remarqué que beaucoup de
jeunes joueurs abandonnaient lors de la première année
d'entrée dans ces pôles à cause de l'éloignement de
l'environnement familial ainsi que de responsabilités trop
prématurées. Par ailleurs, ces pôles n'étaient plus
adaptés à la société actuelle. Les jeunes ont moins
tendance à partir en internat comme c'était le cas dans le
passé.
Dans ce développement de la formation des jeunes en
pôle compétition, le rôle des parents est devenu plus
important pour préserver le développement des joueurs sur le long
terme, «le rôle éducatif et affectif des parents est capital.
Si entre 12 ans et 16 ans il n'y a pas une présence affective forte, des
sentiments de sécurité et d'accompagnement dans le
développement du jeune joueur de tennis et bien naturellement l'enfant
va se protéger. Ce n'est que vers l'âge de 19-20 ans qu'il va
avoir un effet «ouverture de tiroir» et tout le mal-être qu'il
pouvait avoir peut ressortir. Donc cette phase-là de consolidation de la
vie affective entre 12 et 16 ans par la famille est essentielle pour qu'un
jeune joueur de tennis puisse évoluer dans des bonnes
conditions».
Améliorer les conditions de formation des jeunes
joueurs se dirigeant vers le haut-niveau en préservant leur
développement psychologique lors de l'adolescence est un premier
objectif. Le deuxième consiste à les préparer à la
concurrence internationale. Pour Bernard Giudicelli, «ce qui est
64
ressorti lors d'un diagnostic que nous avons fait, c'est qu'on
avait des jeunes qui étaient de bon technicien, qui avaient même
une technique au-dessus de la moyenne mais qui avait du mal à rivaliser
avec les opposants à l'international. Cette culture de rivalité
est devenue un enjeu majeur». Par l'amélioration des conditions
d'apprentissage et une formation axée vers la compétition
internationale, la FFT souhaite pallier ce manque de figures d'identifications
chez les joueurs professionnels français.
B. ADULTES
1. TENNIS SANTÉ
Le Tennis Santé est une nouvelle pratique qui a
été développée en 2018 par la FFT. Le
développement de ce programme a eu pour objectif de combiner le
médical et le sport. Le Tennis Santé s'adresse à un public
qui est éloigné de la pratique sportive. Cette pratique vise
à accueillir des jeunes et des adultes hospitalisés ou essayant
de soigner une pathologie quelconque. Grâce à l'utilisation d'un
équipement approprié et d'une formation spécifique, le
tennis santé fournit des séances de sport santés
adaptées pour lutter contre un vieillissement précaire ou bien
pour traiter d'autres maladies, telles que l'hypertension artérielle, la
dépression ou le diabète. Selon Julien Isard, «on essaie de
montrer que le tennis est axé sur la santé et le bien-être.
Le tennis est un sport qui est maintenant reconnu par le ministère de la
Santé comme un sport santé bien-être. En effet, depuis
2016, une loi autorise les médecins à prescrire du sport sur
ordonnance. Au lieu de prescrire un médicament, on prescrit du sport. Le
tennis apporte vraiment des bien faits et on sait qu'aujourd'hui en France les
notions de santé et bien-être ont pris énormément de
place».
En effet, la santé et le bien-être sont devenus
des préoccupations majeures dans notre société actuelle,
de nombreuses études montrent que le sport aide à lutter contre
des maladies. Lors d'un rassemblement pour introduire le tennis comme sport
santé bien-être, les médecins de la FFT ont mis en avant
les bénéfices de cette pratique. D'après Bernard
Montalvan, médecin à la FFT, «c'est un outil
thérapeutique pour rester en forme, et même prendre en charge
certaines thérapies. C'est un élan national, quand les choses
deviennent une évidence tout le monde s'y met. Le sport a aidé
beaucoup de malades à surmonter et à mieux supporter la
chimiothérapie. Pour le cancer, il y a 50 % de récidive en moins
en fonction de l'activité sportive pratiquée. Les
résultats sont indéniables : le sport maintenant est une source
de soin». Anne Girs, médecin coordonnateur national à la
FFT, explique
65
pourquoi le tennis est apparu comme un sport évident
«on a découvert que notre discipline avait des atouts absolument
incroyables, par son côté ludique et modulable, mais aussi des
atouts physiologiques. Dans le ludique, on ne pousse pas le coeur au maximum.
Le risque cardiovasculaire est très faible avec des effets
bénéfiques certains. Pour le diabète, on a besoin
d'activité à intensité modérée, qui se fait
en aérobic et qui ne pousse pas l'organisme à son extrême.
De ce point de vue, le tennis a des atouts clés. Les clubs travaillent
beaucoup avec les associations et les hôpitaux à
proximité61».
Le Tennis Santé a l'atout d'être modulable, avec
des équipements adaptés, et propose des exercices simples et
adaptés à la pathologie de chacun. Julien Isard explique que
l'intention est de s'éloigner d'une pratique du tennis très
encadrée et compliquée, «on essaie de faire prendre
conscience aux gens qu'on peut prendre du plaisir sur la pratique du tennis
dès les premières séances avec du matériel
pédagogique et des terrains aux dimensions plus adaptées. Le
Tennis Santé propose des exercices avec des mouvements pour travailler
sur l'assouplissement des muscles et la coordination».
Cette pratique va au-delà du sport même. Des
moments de cohésion sociale et d'échanges sont également
proposés. C'est un moyen de réduire l'isolement et d'apporter de
la convivialité. Selon Michael Ooghe, enseignant du programme Tennis
Santé, «les gens sont contents de venir et de sortir de leur
environnement parfois difficile. C'est plus intéressant de se retrouver
dans une ambiance sportive et non dans un hôpital. Cela leur apporte
énormément de bien et ils se sentent bien dans leur peau. Pour
moi, c'est une satisfaction personnelle parce que je leur apporte des choses
qui facilitent leur vie. Il y a un côté social aussi où ils
peuvent parler entre eux62».
Pour Yann Banhalter, responsable marketing à la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes de tennis, le Tennis Santé représente
une opportunité pour les clubs de s'étendre sur leurs territoires
et de se tourner vers les entreprises, "on travaille très peu avec les
entreprises sur les problématiques de la santé. Quand on pense au
tennis, on n'établit pas forcément tout de suite le lien avec la
santé. Le tennis est plutôt vu comme un sport où on se fait
mal au dos ou aux genoux. Alors qu'en fait, il s'agit
61 yoka. Innovation. (2019, mai 29). Ligue Ile de
France de Tennis : Le Sport Santé Bien-Être [Fichier
vidéo]. Consulté à l'adresse
https://www.youtube.com/watch?v=AKGzR3-kvL0
62 Fédération Française de Tennis. (2020b,
janvier 22). Le Programme Tennis Santé | FFT [Fichier
vidéo]. Consulté à l'adresse
https://www.youtube.com/watch?v=8AlTaP0W3zg
66
d'un sport bon pour le cardio et pour plein d'autres choses.
Le Tennis Santé consiste à travailler avec les clubs et les
enseignants sur du contenu à proposer et sur comment développer
son réseau. Pour faire du Tennis Santé, il faut s'implanter d'un
point de vue local, travailler avec des associations spécifiques, des
hôpitaux et les comités départementaux pour
développer le réseau. Une fois qu'il y a une offre bien
établie et que l'enseignant est formé, il faut développer
son réseau, puis voir des entreprises"63.
En développant la pratique du tennis par le tennis
santé, la FFT souhaite donner l'image d'un sport qui peut être
source de bien-être. Cette nouvelle pratique répond à un
enjeu national de santé publique. Cette démarche s'inscrit
également dans une optique de rendre le tennis accessible au grand
public.
2. CARDIO TENNIS
Les clubs affiliés à la FFT proposent
également des séances de cardio tennis ou également
appelé tennis fitness. La cardio est une nouvelle offre de pratique
dérivée du tennis et destinée aux adhérents dans un
club. Lors de ces séances, les personnes utilisent du matériel de
tennis et travaillent sur de la préparation physique, «ce sont des
séances d'une heure avec un mix de tennis au panier, de
motricité, de renforcement musculaire et de cardio. Il est possible de
mélanger les niveaux parce qu'il n'y a pas de face-à-face entre
les pratiquants. Chacun le fait en fonction de son niveau. C'est une offre qui
est en train de fortement émerger au sein des clubs. Elle est facile
à mettre en place et c'est proposer quelque chose de nouveau»,
d'après Julien Isard.
Avec les changements de modes de consommation, les clubs ont
besoin de s'adapter et de répondre à ce que les pratiquants
demandent afin de les fidéliser. Pour Robin Gaillardet «il y a les
formes de pratiques qu'il faudrait adapter notamment tout ce qui est du
côté fitness et de la forme physique. Ce sont des attributs
très important et convoité. Il faut qu'on arrive dans le tennis
à faire ressortir ce côté-là. C'est ce que beaucoup
de pratiquants tennis loisir demande. Leur objectif est de venir non pas pour
progresser au tennis, mais plus pour se défouler. Trop longtemps, on est
resté sur une approche plutôt technique gestuel et tactique alors
que ce n'est plus ce que les gens demandent».
63 INTERVIEW 6 - Yann BANKHALTER
67
Il ne faut pas oublier que la population loisir au sein des
licenciés est majoritaire. Cette nouvelle offre l'opportunité aux
clubs de davantage séduire ce segment qui est difficile à
fidéliser.
Dans ce même type d'activité, la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes a mis en place le "Tennis Move". C'est un produit
qui vise à développer la pratique en liant l'activité du
tennis à une activité physique dans une ambiance avec de la
musique. Cette activité est accessible et ouverte à tout le monde
toute l'année. Ce type d'activité rejoint le même
fonctionnement des cours de zumba que l'on peut retrouver dans les salles de
sports.
Avec ces nouvelles activités, la FFT souhaite attirer
des nouveaux membres en répondant à des tendances de la
société actuelle. L'objectif principal du tennis santé
également est d'aider des personnes à soigner leurs pathologies
via la pratique du tennis. Le cardio tennis et le "Tennis Move" apportent des
contenus supplémentaires dans les clubs tout en restant dans la pratique
du tennis. Par ailleurs, ces nouvelles pratiques s'inscrivent dans une
volonté de vouloir projeter une image différente du tennis mais
aussi des clubs en les rendant plus ouverts et accessibles à tout le
monde. C'est une opportunité pour les clubs d'améliorer le taux
d'occupation de leurs terrains et de proposer des activités
supplémentaires en diversifiant leurs offres.
C. AUTRES CIBLES
1. TENNIS FEMININ
Le public féminin représente 30 % du nombre
total de licenciés de la FFT. Ce ratio reste proche de la
répartition moyenne dans le sport en France. En 2014, au niveau
national, la part hommes/femmes des licences sportives des
fédérations sportives est supérieure chez les hommes avec
environ 63 % de licences hommes pour 37 % de licences femmes64.
64 Sport Éducation Mixités Citoyenneté
(SEMC). (2014). Les chiffres-clés de la féminisation du sport
en France. Consulté à l'adresse
https://eps.enseigne.ac-lyon.fr/spip/IMG/pdf/sportfacmininenchiffre.pdf
68
Si on analyse le nombre des licences féminines dans les
fédérations sportives en 2017, le tennis reste quand même
le deuxième sport derrière l'équitation. À
l'inverse des sports principaux en France comme le football et le judo qui ont
un taux de licence féminine inférieur à 20
%65.
65 Delmas, A. (2018, octobre 10). En France, seuls 38% des
licenciés sportifs sont des licenciées. Consulté le 13 mai
2020, à l'adresse
https://www.liberation.fr/france/2018/10/10/en-france-seuls-38-des-licencies-sportifs-sont-des-licenciees1684144
69
Cependant, il est important de remarquer qu'entre 2004 et
2014, le nombre de licences délivrées aux femmes est en constante
augmentation, passant de 34,1 % à 37,3 %. Néanmoins, au tennis,
la part des femmes a diminué de 3,4 % sur la même
période.
Afin de redynamiser et d'attirer ce public peu présent,
le tennis féminin est devenu une priorité de développement
pour la FFT par la mise en place de nombreuses actions au sein des clubs et au
niveau des compétitions.
La FFT a instauré des aides pour aider les clubs
à développer ce segment. Selon Éric Largeron «chaque
Ligue a des aides et des subventions pour les clubs qui font des actions sur
des thèmes prioritaires préalablement établies par la FFT.
Le tennis féminin fait partie d'une des actions prioritaires. Il y a
beaucoup de choses mises en place comme des journées d'animations, des
cours adultes gratuits où la FFT paie l'entraîneur. Le tennis
féminin est une priorité de développement justement pour
essayer d'attirer des femmes, mais surtout éviter que trop d'entre elles
arrêtent le tennis». D'après Jean-Martial
André66, président du Comité de Savoie de
tennis, les comités ont établi des commissions
spécifiquement dédiées au tennis féminin «cela
fait quelques années que nous travaillons sur le tennis féminin.
On relaie les actions fédérales. Il y a une commission tennis
féminin au sein du Comité de Savoie qui a pour vocation de
développer la pratique et de toucher tous les publics. Elle a pour but
d'arriver à fidéliser les femmes parce que c'est une population
volatile».
66 INTERVIEW 7 - Jean-Martial ANDRE
a. 70
Mise en place de référents dans les
clubs
Une des premières actions a été de
déployer des référents tennis féminin au sein des
clubs afin d'être au coeur de l'activité des clubs et au plus
proche du public féminin. Ces référents sont suivis et
accompagnés par les conseillers en développement voire parfois
les conseillers sportifs des comités. Selon André, «le
référent est un relai au sein du club parce qu'il s'occupe de
veiller à la convivialité, aux échanges et aux
entraînements dans les clubs pour les femmes. L'objectif a
été de tisser un maillage de référents, de les
réunir et de créer des animations pour apporter des moments de
convivialité pour les femmes. Ce n'est pas quelqu'un qui va
systématiquement coordonner et animer quelque chose car cela peut
également être assuré par les entraîneurs».
b. Nouveaux formats de compétition i.
TMC
La création de nouveaux formats de compétition
ont aussi fait partie des axes de développement du tennis féminin
en France. Les tournois sous forme de TMC (Tournoi Multi-Chance) sont de plus
en plus proposés pour les femmes. Le TMC est un format de
compétition présent depuis plusieurs années, notamment
chez les catégories seniors et chez les jeunes. Le TMC regroupe
plusieurs caractéristiques qui correspondent beaucoup au public
féminin pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, par l'offre des TMC, la FFT essaie de s'adapter
aux demandes du marché. Selon André, «il s'agit d'une
parallèle un peu commerciale, mais il faut adapter des produits qui
intéressent les clients, surtout pour des gens actifs où
aujourd'hui la notion du temps est importante. Le tennis est un sport où
il faut s'accrocher quand on veut faire de la compétition». Le TMC
limite les plus grosses contraintes temporelles que les tournois traditionnels
rencontrent au niveau de leur format. En effet, les tournois traditionnels ont
un inconvénient majeur : il y a toujours des incertitudes sur la date et
les horaires des matchs. Les convocations des joueurs dépendent de leurs
classements, du nombre d'inscrits, du nombre de terrains disponibles et du
niveau du tournoi. Pour Julien Isard, «la contrainte du tennis, c'est
qu'on ne sait jamais quand on va jouer et quand on va finir les matchs. On se
base uniquement sur une estimation». Les tournois traditionnels se
déroulent en général sur deux à trois semaines
où chaque joueur entre dans un tableau en fonction de son classement.
Les joueurs en quatrième série sont les premiers à
débuter dans les tournois et les matchs se déroulent les soirs de
semaine ainsi que les week-ends. La particularité du tennis est que le
format des matchs ne permet
71
pas de savoir quand un match va se terminer. Les dates et
horaires des convocations lors d'un tournoi traditionnel varient
énormément d'un tournoi à un autre en fonction du nombre
de participants inscrit ainsi que de leurs classements.
Les TMC remédient à cette situation par la
planification de matchs sur uniquement une ou deux journées durant
lesquels les participants auront plusieurs matchs dans un format réduit.
En tournoi traditionnel, c'est une élimination directe, ce qui est assez
démotivant pour toute personne qui perd lord du premier match. Tandis
que lors des TMC, les joueurs ou joueuses sont garanties de jouer un certain
nombre de matchs peu importe leurs résultats. Les joueuses connaissent
parfaitement à l'avance l'ensemble des conditions du tournoi, pour
Isard, «le TMC permet d'être identifié dans un calendrier
familial. Parfois les convocations en tournoi traditionnel sont la veille. On a
besoin d'avoir une certaine visibilité et ce format-là plait
beaucoup aux femmes tout simplement pour des raisons professionnelles et de vie
familiale». Il facilite l'organisation de l'emploi du temps des joueuses.
C'est un format de compétition qui présente ainsi de nombreux
avantages face à une compétition dite traditionnelle.
Par ailleurs, la participation des femmes en tournoi est un
cercle vicieux. Les femmes fuient les tournois à cause de leur
organisation, mais également par manque de pratiquantes et donc
d'homogénéité de l'adversité. En effet, selon Robin
Gaillardet, «lorsque les femmes et les filles s'inscrivent dans un
tournoi, une joueuse en troisième série va faire un premier tour
contre une quatrième série puis va directement jouer en
troisième ou seconde série. Elles se demandent quel est
l'intérêt de faire des tournois. Elles paient 19 euros
d'inscription, sans compter les frais de déplacement, pour jouer un
match puis perdre le deuxième match où la différence de
niveau est trop importante. Il n'y a aucun plaisir des deux côtés
et rien de motivant à faire des tournois».
Le TMC possède un autre avantage. Il contribue au
développement de la convivialité entre les joueuses et renforce
le sentiment d'appartenance à une communauté, «les TMC
créés des groupes de joueuses. Elles font des matchs contre des
joueuses de leur niveau et ont la garantie de faire deux ou trois matchs. Il y
a même parfois un repas offert avec des petites animations autour. Il
s'agit d'un format de compétition conviviale qui convient tout à
fait au public féminin. On reste dans la démarche commerciale
où les joueurs paient, mais il y a un bon rapport
qualité-prix».
72
Cependant, le TMC représente une contrainte
financière pour les clubs comparé à un tournoi
traditionnel. Julien Isard met en avant cette contrainte, «les TMC sont
faciles à organiser pour les clubs et les participantes qui en font sont
plutôt contentes. Cependant, un TMC compte entre huit à seize
joueuses, alors qu'un tournoi compte environ 300 joueurs dont 40 joueuses. Il
faudrait faire beaucoup de TMC pour pouvoir toucher autant de personnes».
L'offre de TMC au sein des clubs essaie de répondre aux problèmes
d'un féminin qui a tendance à déserter les tournois
traditionnels. Ce nouveau format de compétition vise à condenser
la durée de la compétition, le nombre de matchs, réduire
les écarts de niveaux et renforcer un esprit de communauté entre
les joueuses.
ii. Raquettes FFT
Les «Raquettes FFT» est une compétition par
équipe, non homologuée, destinée uniquement aux femmes de
15 ans et plus, non classées jusqu'à 30/4. La première
édition s'est déroulée en 2017. Des phases en Club peuvent
être organisées afin de faire participer des joueuses qui ne sont
pas licenciées à la FFT67. À une certaine phase
de la compétition, ces joueuses devront cependant acquérir une
licence. L'objectif de cette épreuve est d'initier les joueuses à
se lancer dans la compétition dans une ambiance conviviale au sein d'une
équipe. Les équipes sont constituées de cinq joueuses. Les
matchs ont un format plus court et des balles adaptées sont
utilisées. Plusieurs étapes sont organisées,
commençant dans les clubs, puis dans les comités, la ligue et
enfin une finale nationale est organisée. Ce format permet aux femmes
qui débutent de se sentir à l'aise à faire de la
compétition. Selon Éric Largeron, secrétaire
général de la Ligue Occitanie de Tennis, cette compétition
a encore besoin de se développer pour attirer davantage de femmes,
«lorsque les femmes font de la compétition, c'est essentiellement
lors des matchs par équipes entre amies. Ce format correspond bien
à la demande. Le but est vraiment de créer une dynamique au sein
des clubs et de proposer une formule conviviale qui plaît aux femmes. Il
faut encore développer cette compétition parce que toutes les
femmes qui ont participé à ces compétitions ont
été ravies, mais elles n'ont pas été beaucoup
à participer».
67 Fédération Française de Tennis. (s. d.).
Raquettes FFT. Consulté le 4 mai 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/competition/tennis/dames/raquettes-fft
73
iii. Compétitions adaptées pour les jeunes
filles
Il a été analysé dans l'état des
lieux que 40 % des jeunes filles abandonnent les écoles de tennis chaque
année. Une des causes d'abandon est due au manque de filles. En effet,
la plupart des filles se retrouvent souvent à s'entraîner en
majorité avec des garçons. Dans cette tranche d'âge, la
présence de joueuses du même genre peut être une source de
motivation déterminante dans le choix de continuer la pratique ou non.
Ce manque de joueuse se ressent également lors des compétitions.
Robin Gaillardet, directeur sportif au Tennis Club de Pringy, explique que
plusieurs initiatives ont été entreprises par la FFT et les
comités départementaux pour permettre aux jeunes filles de se
retrouver entre elles lors des compétitions, « le «Circuit des
Petites Étoiles» a été instauré en
Haute-Savoie, puis les Raquettes Ado FFT au niveau national. Il s'agit d'une
belle opportunité de faire jouer les petites filles entre elles parce
que souvent elles ont l'habitude de jouer uniquement avec des garçons.
Le côté convivial est très important chez les filles».
Les Raquettes Ados FFT, dupliquée des Raquettes FFT adultes, ont
également été développées en 2020 pour les
adolescentes âgées de 11 à 16 ans, non classées
jusqu'à 30/4. Les objectifs de cette compétition sont les
mêmes que chez les adultes, c'est-à-dire de promouvoir l'esprit
d'équipe, une ambiance sportive, amicale, dynamiser la vie des clubs et
initier les joueuses à jouer au tennis par la
compétition68.
c. Animations diverses
Par ailleurs, afin de fidéliser davantage les joueuses
au sein des clubs, plusieurs animations sont organisées dans le but de
réunir plusieurs joueuses entre elles, du même club ou non.
L'objectif de ces animations est de rassembler les joueuses entre-elles dans
les clubs pour développer des communautés. D'après
Jean-Martial André, président du Comité de Savoie de
Tennis, «dans le cadre du développement du tennis féminin,
on travaille sur divers événements pour faire en sorte de les
amener vers la pratique du tennis et les fidéliser».
Le Comité de Savoie de Tennis est à l'initiative
de plusieurs événements visant à promouvoir la pratique du
tennis au public féminin. Jean-Martial André présente ces
diverses animations : «une journée «Tennis
Féminin» est organisée reflétant un moment de jeu,
d'échange et de partage entre chaque participante. Cette journée
est un point culminant de la saison tennistique car elle rassemble
68 Fédération Française de Tennis. (s.
d.). Les « Raquettes Ados FFT » arrivent! Consulté le
4 mai 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/actualites/les-raquettes-ados-fft-arrivent
74
tous les référents tennis féminin et des
pratiquantes de plusieurs clubs. Il faut que les joueuses se sentent bien. Il y
a des rassemblements de petites filles adaptés au niveau de jeu. Dans
les clubs, on a aussi mis en place du "marrainage" entre jeunes filles et
compétitrices, peu importe le niveau. C'est important d'avoir des
exemples, des modèles. Les enfants s'identifient tous à un
sportif ou autres. On a également l'événement "Viens jouer
avec ta copine", qui consiste à donner la possibilité à
une jeune joueuse de club d'inviter une amie pour jouer, même si elle
n'est pas licenciée à la FFT. Ce sont plein d'opérations
événementielles. Le but est de faire jouer et échanger les
joueuses entre elles".
De plus, une «Nocturne du tennis féminin
savoyarde" a également été organisée,
d'après Karine Logut, responsable de la commission du tennis
féminin au Comité de Savoie, «l'objectif est de rassembler
les joueuses de tous les clubs de Savoie à la fin de l'année,
qu'elles soient compétitrices ou loisir. C'est un
événement qui clôture toute la saison tennistique. Le but
est de les rassembler dans un temps de convivialité autour du sport avec
des activités tennistiques et leur faire découvrir un autre
tennis que celui des clubs. Puis, on propose des moments un peu plus de
relaxation et de soins de beauté. Par ces types d'animations, on essaie
de promouvoir le tennis féminin au sein de plusieurs clubs en
Savoie69". Ces types d'événements ne se
développent pas uniquement en Savoie mais dans la France entière.
Le tennis féminin est devenu un véritable enjeu pour la FFT, mais
aussi pour les clubs.
d. Entraînements plus adaptés
Le développement du tennis féminin passe
également par une adaptation des entraînements au sein des clubs.
D'après Sébastien Curtillet, président du Tennis Club du
Nivolet, «le public féminin est assez compliqué à
cerner, il pratique peu la compétition, mais il est très assidu
aux entraînements. Pour attirer ce public nous avons ouvert plus de
créneaux dédiés uniquement aux femmes, jeunes filles et
adolescentes sur la semaine».
Pour répondre aux attentes du public féminin,
les méthodes d'entraînement sont plus adaptées. L'ambiance,
le relationnel et la mise confiance des joueuses sont devenues des
critères plus importants, et vont au-delà même de
l'enseignement technique. Ces nouvelles méthodes sont
déterminantes pour pérenniser la pratique du tennis chez les
femmes. Pour Valérie Gestas, joueuse et
69 Savoie News. (2019, juillet 4). Barberaz : Nocturne de
Tennis Féminin Savoyard [Fichier vidéo]. Consulté
à l'adresse
https://www.youtube.com/watch?v=NGuz3mPB5PE
75
entraîneuse depuis plusieurs années au Tennis
Club d'Annecy-le-Vieux, «en général les filles sont moins
attirées vers la compétition que les garçons. Au
départ, ce sont les parents qui inscrivent les jeunes filles. Puis,
elles restent pour les liens d'amitié créés avec leurs
partenaires d'entraînement. En tant qu'entraîneur, notre but est de
réussir à faire aimer l'activité, en plus des partenaires
qu'elles ont à l'entraînement. On cherche à être dans
le ludique et l'amusement. Il faut envoyer une image positive d'elles, pour
leur donner confiance. On évolue vers de la psychologie».
Par le développement de la pratique du tennis chez les
jeunes et les adultes, notamment les femmes, la FFT cherche à toucher
tous les publics en rendant le tennis plus accessible. Les approches sont de
plus en plus ciblées en fonction des publics. Toutes ces actions de
développement sont réalisées dans le but de modifier
l'image d'une pratique souvent perçue comme trop difficile,
élitiste et axée uniquement vers la compétition.
DÉVELOPPEMENT DE
NOUVE1*.ES STRATÉGIES
DE COMMUNICATION ET
MARKETING
77
Les modes de vie et de consommation des Français
évoluent et se diversifient de plus en plus. L'apparition des nouvelles
technologies oblige les acteurs du sport à s'adapter et à innover
pour répondre à ces changements de comportement. Il a
été observé précédemment dans cette
recherche que la demande des pratiquants dans le sport évolue comme dans
la société. Cependant, les offres des associations sportives
tendent à se retrouver en difficulté face à ces
évolutions. La FFT cherche à développer une culture
marketing au sein de sa fédération et de ses clubs pour mieux
répondre à ces nouvelles tendances. C'est également dans
l'optique de fidéliser et d'attirer des nouveaux licenciés.
L'enjeu majeur est de faire adopter aux clubs de nouvelles
stratégies de communication et marketing adaptée à leurs
tailles et leurs positionnements sur leur territoire70. Selon
Bernard Giudicelli, «développer la culture marketing pour aider les
clubs était essentiel. Nous avons instauré une prise de
conscience que notre FFT était structurée par plusieurs
catégories de clubs au fonctionnement différents». Apporter
la culture marketing aux clubs est un principe qui consiste à mieux
analyser les besoins et demandes des pratiquants pour développer une
offre de pratique la plus attrayante possible, "nous avons d'abord
sensibilisé nos moyens d'actions qui sont les ligues et les
comités départementaux. Pour instaurer une culture marketing, il
faut d'abord bien identifier le marché et la zone de chalandise. Il faut
offrir aux adhérents des activités qui correspondent aux attentes
dans la pratique sportive d'aujourd'hui», explique le président de
la fédération. Par ailleurs, selon Jérémy Botton,
ex-directeur général de la FFT, »les clubs doivent se
réformer et avoir une approche marketing et consumériste pour
proposer à leurs clients un réel service. Les Français
n'ont jamais autant pratiqué le sport. En revanche, les clubs ont du mal
à proposer une offre de service différente. Je suis
persuadé qu'il faut aider les clubs à entrer dans cette
démarche commerciale71».
Ces stratégies se développent fortement depuis
deux ans, mais la capacité des Ligues est limitée par un manque
de connaissance sur ces sujets. Selon Éric Largeron, secrétaire
général de la Ligue Occitanie de Tennis, «pour l'instant,
nous ne sommes pas suffisamment compétents pour pouvoir bien expliquer
aux clubs la culture marketing et leur faire adopter le principe. On a besoin
de créer plus de formation au sein des Ligues pour pouvoir
développer ces outils marketing plus facilement».
70 Fédération Française de
Tennis. (2017). Projet Sportif 2017-2020 : Agir et Gagner !
Consulté à l'adresse
https://www.fft.fr/la-federation/decouvrir/presentation-generale-de-la-fft
71 SPORTéco. (Janvier, 2019). Le tennis : un sport comme
les autres. Numéro 746.
78
A. STRATÉGIE DIGITALE
Pour apporter de la valeur ajoutée à la pratique
du tennis et aux clubs, la FFT mène une véritable transformation
digitale. La digitalisation du tennis est un axe majeur de
développement. Cette transformation digitale a débuté par
le développement du nouveau site Internet de la FFT, «un nouveau
site
fft.fr à l'image de la
fédération : responsive (contenu accessible sur n'importe quels
appareils mobiles), moderne et actuel», selon Dorothée De Suremain,
chef de projet digital à la FFT72.
La digitalisation des moyens pour accéder à la
pratique du tennis était devenue une nécessité pour
s'adapter aux pratiquants, «le nouveau public du tennis est un public
connecté. Il faut donc utiliser et développer tous les outils du
numérique, sans pour autant oublier et négliger la bonne vieille
affiche», d'après Sébastien Curtillet. Restaurer
l'attractivité du tennis par le biais d'innovations représente un
enjeu majeur de la FFT.
1. TEN'UP
TEN'UP est une nouvelle plateforme digitale, mise en place en
avril 2019, qui comporte une application mobile et un site internet.
72 Fédération Française de Tennis. (2019,
mai 6). États Généraux des Clubs 2019 : retour sur
l'événement | FFT [Fichier vidéo]. Consulté
à l'adresse
https://www.youtube.com/watch?v=QbMidlrehm0
79
Elle est consacrée à faciliter la pratique du
tennis, du padel et du beach tennis dans les clubs affiliés à la
FFT. Elle sert également à mieux promouvoir les offres et
services des clubs. En développant TEN'UP, la volonté
était de créer une nouvelle marque, celle de la FFT.
Avec l'arrivée de cet outil, la FFT a entamé une
vraie transformation digitale dans son fonctionnement. Pour Bernard Giudicelli,
l'objectif est de devenir une Fédération connectée :
«80 % des licenciés pourront voir l'offre sportive de leur club sur
TEN'UP». Par l'innovation et la modernisation de ses outils, la FFT
souhaite également ouvrir et rendre plus visibles ses clubs au grand
public pour séduire de nouveaux pratiquants. Avec l'évolution des
modes de consommation, pour Lionel Maltese, en charge du développement
économique de la FFT, «TEN'UP est outil logique à mettre en
place. Aujourd'hui, il y a plus de 250 000 personnes connectées à
TEN'UP. Il s'agit d'une application gratuite, offerte par la FFT. Une
deuxième version devrait sortir prochainement. Elle permettra d'avoir
une approche plus phygitale du tennis, c'est-à-dire à la fois sur
le digital pour trouver un partenaire ou un tournoi, et en physique avec les
clubs».
a. Fournir plus de visibilité aux clubs par une
promotion des offres plus efficace
Le premier objectif de TEN'UP est de rendre les clubs plus
visibles aux licenciés mais aussi aux pratiquants qui ne sont pas
licenciés. Les joueurs qui possèdent cette application peuvent
voir les clubs disponibles autour d'eux grâce à un système
de géolocalisation. Ils ont également accès aux offres que
les clubs proposent. Derrière TEN'UP, la FFT exprime »sa
volonté de développer une offre digitalisée à la
carte pour sortir de la routine de la simple cotisation
annuelle73». Selon Robin Gaillardet, directeur sportif au
Tennis Club de Pringy, cette nouvelle application sert à «rejoindre
ce côté nouvelle consommation. Si demain je décide d'aller
jouer dans un autre club, je peux directement avoir accès à leur
planning de réservation et réserver un terrain. Je peux
également m'inscrire à des tournois et payer directement en ligne
si je suis licenciée. J'ai accès à un palmarès
détaillé et je peux même chercher des partenaires. Avant
cela n'existait pas. On a aussi des services internes au club où les
gens peuvent acheter leur cotisation ou leur séance individuelle en
ligne. Tout ce qui est produit, comme les boîtes de balle par exemple,
ils peuvent également l'acheter en ligne. On tend à faciliter
l'accès aux
73 SPORTéco. (Janvier, 2019). Le tennis : un sport comme
les autres. Numéro 746.
80
clubs par cet outil digital». Avec TEN'UP, la FFT cherche
à s'adapter face aux nouvelles tendances sociétales où en
quelques clics, il est possible d'accéder à un produit ou un
service souhaité.
b. Faciliter et améliorer l'expérience des
pratiquants dans la pratique du
tennis
De plus, lorsqu'on analyse l'évolution des habitudes
de consommation dans le marché du sport, les pratiquants tendent
à se tourner vers des sports non-contraignants et libres. Le tennis est
un sport qui ne peut pas satisfaire cette demande car sa pratique est
liée à ses équipements. Yann Bankhalter, responsable
marketing à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de tennis, anciennement
conseiller en développement, indique que l'intention de la FFT avec
TEN'UP est de rendre le tennis plus accessible à tous, «on ne peut
pas jouer au tennis dans un jardin. Il faut détenir les clés du
court et un partenaire disponible. Cet outil a été mis en place
pour faciliter l'accès à la pratique du tennis. Jouer au tennis
doit être facile. C'est aussi pour développer
l'attractivité de nos clubs». Le tennis est aussi vu comme
étant fermé et inaccessible lorsqu'une personne n'est pas membre
d'un club. Il s'agit d'un véritable frein au développement de la
pratique. TEN'UP cherche à développer l'accessibilité des
clubs en fournissant une expérience nouvelle aux consommateurs de
tennis, «on ne parle plus de licenciés, mais de pratiquants. Un
pratiquant lambda peut aller réserver un terrain dans un club
affilié sans forcément être licencié. La FFT est en
train de sortir du système unique des licences et donne à
présent la possibilité à n'importe quel pratiquant de
jouer dans un club. L'objectif est qu'une personne non licenciée puisse
consommer du tennis dans un club affilié facilement», explique Yann
Bankhalter.
c. Un outil digital qui divise
Malgré la volonté de moderniser les
démarches et répondre aux nouvelles attentes des pratiquants,
TEN'UP est un outil qui divise encore certains acteurs de
l'écosystème du tennis. En effet, pour Yann Bankhalter, il faut
que les clubs soient prêts à implanter ce système et
surtout le développer, «le problème lorsqu'on fait le tour
des clubs de tennis de petites et moyennes tailles, si l'enseignant n'est pas
là, le club est fermé. Quand quelqu'un qui ne connaît le
tennis et arrive dans un club fermé, on reflète une image
d'inaccessibilité et on perd un licencié potentiel». TEN'UP
donne la possibilité à n'importe qui de réserver un
terrain dans n'importe quel club. Cependant, dans la plupart des clubs, les
courts ne sont pas en accès libre. La présence d'une personne au
sein du club pour ouvrir l'accès
81
aux terrains est nécessaire. Une personne peut
réserver un terrain via TEN'UP, mais cela ne garantit pas qu'il aura
accès aux courts de tennis.
Par ailleurs, la digitalisation du tennis est une solution
nécessaire pour contrer une certaine «ubérisation de la
pratique«. Ce terme fait référence à l'utilisation du
modèle utilisé par l'entreprise Uber, c'est-à-dire que
«les technologies numériques viennent bouleverser les associations
en proposant directement aux usagers des offres sportives adaptées
à leurs attentes et/ou moins chères. Une plateforme pourrait se
positionner comme intermédiaire global entre tous les acteurs du sport
et menacerait de supplanter les fédérations en apportant aux
clubs une plus grande capacité à toucher de nouveaux publics et
de nouveaux services pour assurer leur
développement74«.
Néanmoins, la digitalisation est certes
nécessaire, mais TEN'UP est considéré comme un risque pour
la vie des clubs. En effet, ils doivent avant tout rester un lieu de loisir,
d'échange et de partage. Selon la présidente du Tennis Club
d'Annecy-le-Vieux, Margaret Hureau, «pour moi, TEN'UP n'est pas un outil
qui contribue à la convivialité des clubs. On l'utilise, mais on
préfère garder des hôtesses à l'accueil, car elles
ont un impact positif sur la convivialité de notre club. Avec TEN'UP,
plus personne n'est obligé de passer par le club-house, alors c'est le
noyau d'un club. Pour les adhérents qu'on connaît et qui
réservent sur TEN'UP, ce n'est pas un problème. En revanche, les
joueurs qu'on ne connaît pas, ils vont directement sur un terrain sans
avoir d'échanges avec nous. Le but est de rencontrer des nouveaux
joueurs pour justement essayer de les fidéliser et leur proposer des
offres intéressantes». TEN'UP facilite l'accès aux clubs aux
joueurs déjà licenciés mais pas pour ceux que la FFT
cherche justement à attirer, «il y a un système de recherche
de partenaires, mais quand on est un nouveau joueur et qu'on ne connaît
personne, ce n'est pas évident de demander à un inconnu de venir
jouer avec soi. On met en quelques sortes des barrières pour le
développement du club. C'est un outil à double tranchant».
TEN'UP est un outil difficile à implanter équitablement dans
l'ensemble des clubs. Ils ne fonctionnent pas tous pareil due à leurs
tailles. Pour certains clubs, l'outil permet de réduire des tâches
comme maintenir un planning de réservation à distance. Pour
d'autres, il nuit aux systèmes déjà mis en place.
TEN'UP rencontre également encore des bugs qui ont un
effet inverse sur ce que l'outil essaie de promouvoir, «il arrive parfois
que la liaison entre l'outil et la réservation au sein du club ne se
fasse
74 Olbia Conseil. (2017). Fédérations et
associations sportives: vers un nouveau modèle de développement ?
(Débat n°5). Consulté à l'adresse
https://sportapres2017.files.wordpress.com/2017/01/sport-apres2017-debat5.pdf
82
pas correctement. TEN'UP affiche des terrains disponibles,
alors que tous les terrains sont occupés. Cela engendre une image
défavorable de notre club si les personnes arrivent et ne peuvent pas
jouer».
La stratégie digitale mise en place par la FFT
était nécessaire, mais son développement à l'avenir
doit être régulé. D'après Gilles Moretton,
président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis, «il
faut remettre la digitalisation à sa place. On ne remplacera jamais
l'humain. Il faut même s'en méfier car le tennis est fait de
contact. L'humain doit rester la priorité dans nos clubs. Il s'agit d'un
outil performant et efficace, mais attention à ne pas délaisser
entièrement l'humain pour le digital au risque de perdre
l'authenticité de notre sport».
TEN'UP représente un outil digital performant,
développé pour redynamiser la pratique du tennis. C'est un atout
majeur pour améliorer la visibilité des clubs affiliés et
mieux mettre en avant leurs offres proposées. Cependant, TEN'UP
possède encore certaines failles. Cette plateforme risque de nuire au
développement de la pratique à cause d'un fonctionnement qui
privilégie un service dans les clubs plus quantitatif que qualitatif.
2. FFT TV
Mise en ligne le 2 avril 2020, la FFT TV est une plateforme de
vidéos 100 % tennis développée par la FFT.
83
Par cette plateforme digitale, la FFT cherche à innover
et poursuivre sa transformation digitale dans le but de «promouvoir le
tennis et ses disciplines associées, donner l'envie de jouer au plus
grand nombre et de partager le plaisir du «vivre et jouer» ensemble
dans les clubs75». Ce type de média aide à la
diffusion de la culture du tennis en France.
Pour Bernard Giudicelli, cette plateforme «est la vitrine
des clubs. Il s'agit de montrer ce que les autres chaînes ne montrent
pas.» Au niveau de la médiatisation du tennis en France,
«chaque tournoi est indépendant donc chacun est à la
recherche de ses propres recettes. Le marché de la retransmission est
très fragmenté. Le tennis est très peu diffusé sur
les chaînes gratuites en dehors de Roland-Garros. Le but de la FFT TV est
de mettre le tennis en avant en France par une diffusion de ce sport plus
accessible», selon le président de la FFT. Cette plateforme
vidéo est accessible pour tout le monde. Elle est gratuite et disponible
en ligne via un portable, une tablette ou un ordinateur.
Lionel Maltese, en charge du développement
économique de la FFT, explique que cette idée de plateforme
vidéo vient de la Fédération Italienne de Tennis. En
effet, «les italiens ont créé une chaîne de
télévision de tennis appelée "Super Tennis". Cette
chaîne possède des droits. Ils diffusent beaucoup de matchs, mais
ils ont surtout réussi à développer un lien entre la
pratique du tennis et la chaîne. La FFT TV est plus comme « le
Netflix du tennis français ». On ne diffusera pas en direct tous
les matchs l'ATP (Association of Tennis Professionals) et de la WTA (Women
Tennis Association) parce
75 Fédération Française de Tennis. (2020,
avril 6). FFT TV, 100% tennis. Consulté le 6
avril 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/actualites/fft-tv-100-tennis
84
que les droits sont chers. Une production sera
internalisée à la FFT afin d'avoir du direct sur un certain
nombre de compétitions uniquement au niveau national».
La FFT TV proposera quatre types de contenu :
l Un contenu sur la vie sportive des clubs, leurs
fonctionnements, des reportages sur les expériences qui sont conduits
dans certains clubs et des contenus pédagogiques sur comment
gérer son club.
l Un contenu dédié à la pratique et
à la technicité pour les diplômés d'État et
les joueurs. Les meilleurs joueurs français vont aider les spectateurs
en leur donnant des conseils de jeu.
l Un contenu sur les émissions de type débat,
échange sur des sujets légers ou des sujets plus
compliqués notamment sur un sujet qui a beaucoup été
évoqué récemment, les violences sexuelles dans le sport.
Dans ce contenu, il y aura aussi un magazine qui intégrera tout ce qui
est "Behind the Scene", afin d'avoir des contenus plus inside, avec les
coulisses de Roland-Garros, des équipes de France, des tournois et des
meilleurs joueurs français.
l Puis un contenu avec la diffusion en live des
compétitions amateurs, des très bons tournois jeunes comme les
Petits As, les championnats de France et d'autres tournois qui se
déroulent en France comme Bercy, l'Open 13 et l'Open de Lyon.
3. SITES INTERNET ET RÉSEAUX SOCIAUX DES CLUBS
Les sites internet sont devenus essentiels au
développement de la notoriété et la visibilité
d'une marque. Ils sont déterminants dans les choix des consommateurs.
Ils jouent également un rôle important dans la communication des
prestations offertes des marques ou bien des clubs. Une culture marketing est
surtout inculquée aux clubs de tennis pour changer l'image du tennis,
mais aussi améliorer leur visibilité dans un environnement
très concurrentiel. Selon Julien Isard, chargé de
développement du tennis à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes du
Tennis, le constat est sans appel, beaucoup de clubs de tennis sont en retard
dans le développement de leurs sites internet, «concernant la
visibilité sur Internet, on a réalisé une étude sur
les sites Internet des clubs. Cet axe n'est pas du tout développé
dans les petits clubs mais aussi dans les grands clubs«. Pour Yann
Bankhalter, responsable marketing à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes
de Tennis, les clubs reflètent une image d'un sport
85
vieillissant «si on se dirige sur les sites Internet des
clubs, ils ne sont pas modernes. Certains n'ont pas été mis
à jour depuis 10 ans, ils ne font pas du tout professionnels».
Développer des sites internet pour un club qui ne
possèdent pas de compétences dans ce domaine est un frein majeur
au développement de la stratégie digitale des clubs. Selon
Jean-Martial André, président du Comité de Savoie de
Tennis, depuis septembre 2018, la FFT a fait évoluer son outil de
gestion de contenu des sites internet des clubs. Le CMS ONE2R (Content
Management System) est un outil gratuit, qui permet aux clubs de
«gérer leurs propres sites internet d'une manière simple et
efficace.
|
Une charte graphique fédérale est fournie et les
clubs n'ont plus qu'à ajouter le contenu qu'ils souhaitent sur leur site
internet. Aucun autre logiciel spécifique n'est nécessaire. Ces
sites sont également responsive (consultables sur les appareils
mobiles). Les partenaires peuvent aussi être mis en avant ainsi que les
réseaux sociaux d'un club.» L'amélioration de cet outil vise
à donner aux clubs la possibilité d'avoir un modèle
prédéfini dans lequel ils sont libres d'ajouter le contenu qu'ils
désirent.
|
Pour davantage développer ce pilier essentiel de la
stratégie digitale de la FFT, les Ligues accompagnent également
les clubs par la mise en place de partenariat avec des entreprises
spécialisées dans le domaine. Pour Julien Isard, l'objectif est
de rendre les clubs plus attractifs vers l'extérieur en leur fournissant
des outils simples et les moins contraignants possibles, «on a
signé un partenariat avec une entreprise qui fait de la création
de sites Internet puis on a constitué une offre pour les clubs. On
propose des sites clés en mains, haut de gamme, mais en essayant
d'être accessible
|
|
76 INTERVIEW 10 - Yannick DUC
|
86
financièrement pour les clubs pour avoir des sites
Internet entièrement développés. Ce partenariat permet
d'offrir l'opportunité aux clubs d'avoir des sites performants, modernes
et beaucoup plus attractifs».
D'autre part, les clubs essaient de développer leur
présence sur les réseaux sociaux. Ils cherchent à
augmenter leur notoriété, créer de l'engagement et
générer des nouvelles visites qui pourraient potentiellement
devenir de futurs licenciés. Pour Robin Gaillardet, l'activité de
son club sur les réseaux sociaux a généré beaucoup
de prospects, «nous avons des bons retours des adhérents, mais
également des personnes externes au club. Souvent, on dit que notre club
bouge parce qu'il est très actif sur les réseaux sociaux. C'est
un moyen de se faire connaître et d'être transparent sur la vie du
club.» Ils ont également mis en place une stratégie
d'inbound marketing. Cette stratégie vise à attirer des clients
potentiels en créant, par exemple, des contenus pertinents sur les
réseaux sociaux, au lieu de les attirer via de la publicité
traditionnelle, «on essaie de mettre des petits défis internes,
mais aussi externes au club, pour élire un adhérent chaque mois
ou bien faire gagner un mois d'adhésion au sein du club ou une
leçon de tennis avec un enseignement.»
Pour Yannick DUC76, président du Tennis Club
de Mouxy (189 licenciés), la digitalisation est devenue une
priorité dans son club, «il y a des bénévoles dans
notre club très compétents dans ce domaine, il faut en profiter.
Ils dynamisent la communication de notre club via les réseaux sociaux et
notre site Internet. On a beaucoup d'adhérents qui ont choisi notre
club, parce que justement c'était vivant sur les réseaux sociaux.
Ils étaient aussi au courant des animations organisées. Le fait
d'avoir des informations à jour sur notre club les a confortés
dans leurs choix.» Des sites internet modernes et une présence
active sur les réseaux sociaux permet de développer un
marché de prospection et d'attirer des clients, autrement dit de
nouveaux licenciés potentiels au sein des clubs.
Se développer en digital est un enjeu majeur pour les
marques, mais aussi les clubs, dans la société actuelle.
Déployer une stratégie digitale au sein de la FFT était
devenue une nécessité. Les outils digitaux permettent
d'améliorer la visibilité des clubs sportifs, et surtout mieux
adapter le sport à la vie moderne. Via la mise en place de diverses
stratégies digitales, la FFT et ses clubs cherchent à
développer l'attractivité du tennis et à se
différencier des autres sports.
87
B. OPTIMISATION DE LA GESTION DES CLUBS
1. ADOC
Depuis plusieurs années, la FFT a
développé un outil appelé ADOC (Aide au
Développement et à l'Organisation des Clubs). En 2018, cet outil
a été entièrement mis à jour pour mieux
répondre aux attentes des clubs. ADOC est un «outil modulaire,
évolutif, pérenne et adapté à tous les clubs. Son
objectif est d'améliorer la gestion des clubs et du suivi des projets.
ADOC répond aux attentes identifiées des dirigeants des clubs
affiliées FFT et de leurs adhérents77». Les
offres présentes sur TEN'UP proviennent d'ADOC. Afin d'accompagner les
clubs au mieux, plusieurs fonctionnalités ont été
intégrées. D'après Julien Isard, «ADOC permet de
construire l'offre des clubs qui ensuite se retrouve sur TEN'UP. Via ADOC, les
clubs peuvent gérer les cotisations, les licences, organiser la
réservation des terrains en ligne, cibler la communication avec les
adhérents, homologuer les tournois ainsi que saisir les résultats
des matchs. C'est un vrai gain de temps pour les dirigeants. Les clubs peuvent
aussi gérer leur gestion financière de club en ajoutant le
paiement en ligne des cotisations, des tournois et des stages". ADOC est un
outil complet qui contribue au développement et à l'organisation
des clubs. Il vise à alléger et mutualiser les démarches
administratives des dirigeants.
Par ailleurs, ADOC permet d'avoir accès à des
indicateurs clés de performance pour les clubs, «cet outil nous
permet de tout savoir des licenciés des clubs. On peut connaître
combien de fois ils ont réservé un terrain par mois, s'ils ont
acheté des prestations au sein du club, mais aussi d'évaluer la
performance du club en analysant le taux d'occupation des courts et les
formules de cotisations les plus consommées. Les clubs doivent prendre
conscience de la base de données qu'ils ont et mieux l'utiliser. Ces
indicateurs doivent les mener à mieux structurer leurs démarches
de projet de club», explique Julien Isard.
L'outil de gestion ADOC subvient au développement des
clubs en proposant des fonctionnalités qui préserve leurs
fonctionnements. Elles permettent aussi d'étudier l'efficacité
des offres proposées au sein des clubs. Un club qui évolue
efficacement est source de satisfaction élevée chez les
adhérents et donc aussi significatif de fidélisation.
77 Ligue Auvergne Rhône Alpes. (s. d.).
Développement - ADOC. Consulté le 6 mai 2020, à
l'adresse
https://ligueauvergnerhonealpestennis.com/developpement/applications-federales/adoc.html
88
C. STRATÉGIE DE SPONSORING
Les subventions pour les associations sportives ne cessent de
diminuer d'année en année. En effet, en 2018, "le
ministère des Sports a annoncé que le budget destiné aux
sports devrait être diminué de 7 % en 2018 et de 6 % en
201978». Cette réduction de budget n'est pas sans
conséquence pour le fonctionnement des associations sportives. Selon une
enquête menée sur la nature des financements des associations
sportives par le Centre économique de la Sorbonne, en 2011-2012, les
cotisations s'élevaient à 40,9 %, les recettes d'activités
publiques et privées à 39 %, les subventions publiques à
14,6 % et le mécénat, et dons, à 5,4 %79. Les
associations sportives doivent donc chercher à diversifier leurs modes
de financement pour assurer une pérennité financière de
leurs structures.
78 Casabianca, P. (2018, septembre 23). Les clubs
de sports inquiets de la baisse des subventions. Consulté le 6 mai
2020,
https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/clubs-sports-inquiets-baisse-subventions-1546278.html
79 Olbia Conseil. (2017).
Fédérations et associations sportives : vers un nouveau
modèle de développement ? (Débat n°5).
https://sportapres2017.files.wordpress.com/2017/01/sport-apres2017-debat5.pdf
89
La FFT, par l'intermédiaire de ses ligues et
comités départementaux, accompagne les démarches marketing
des clubs affiliés afin de leur apporter de nouvelles ressources
financières. Selon Jean-Martial André, président du
Comité de Savoie de Tennis, impliquer les acteurs privés avec du
sponsoring et du mécénat dans les clubs de tennis devient
nécessaire pour faire face à la diminution des ressources
publiques. Par exemple, "38 clubs en Savoie ont fait part qu'ils doivent
compléter les subventions publiques par du sponsoring ou du
mécénat parce qu'elles sont insuffisantes aux exigences des
projets».
Pour mettre en place efficacement cette stratégie de
sponsoring dans les clubs, le Comité de Savoie a mis en place des
formations pour les clubs, «en 2018, on a lancé une sensibilisation
à l'approche du sponsoring et des partenariats au sein des clubs. Former
les clubs était essentiel pour approfondir leurs connaissances et les
aider à mieux appréhender cette stratégie de sponsoring.
Certains dirigeants n'ont pas de connaissances sur ce sujet ou alors ils
connaissent très peu le fonctionnement du sponsoring. Il s'agit d'un
enjeu considérable, il ne fallait pas le négliger.» Les
clubs de tennis commencent également à utiliser le financement
participatif (ou crowdfunding), «c'est une alternative intéressante
pour financer une partie d'un projet bien défini du club, notamment la
partie développement et promotion de l'activité. Les clubs
utilisent beaucoup le financement participatif pour développer le
padel».
Le sponsoring se définit comme un soutien financier ou
matériel apporté par une entreprise en échange de
différentes formes d'actions ou de visibilité. C'est une
opération de communication à des fins commerciales. Le
mécénat se différencie du sponsoring (ou parrainage) par
l'absence de compensation directe lorsqu'un soutien matériel est
apporté. Le mécénat est considéré
fiscalement comme un don. Le mécène bénéficie
d'avantages fiscaux comme une réduction d'impôts à
l'inverse du sponsoring. Le financement participatif consiste à
collecter des fonds pour financer un projet. Ces collectes sont
organisées sur des plateformes en ligne où les personnes peuvent
participer80.
Entre fin 2019 et début 2020, le Comité de
Savoie de tennis, avec l'aide de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de tennis,
a construit un kit méthodologique pour guider les clubs. L'enjeu de
cette formation est d'accompagner les clubs, d'après Jean-Martial
André, sur «comment générer de
80
Assistant-Juridique.fr.
(2020, mai 6). De quels subventions et financements les associations
sportives peuvent-elles bénéficier ? Consulté le 7
mai 2020, à l'adresse
https://www.assistant-juridique.fr/subventionssport.jsp
90
nouvelles ressources financières dans les clubs. Sur
trois modules, le premier était une présentation de la
démarche et un état des lieux des différentes sources de
financement privés. Le deuxième était sur comment
construire une offre de partenariat/mécénat et enfin le dernier
module concernait la réalisation d'une prospection efficace pour
fidéliser les partenaires».
Le Comité de Savoie et la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes se sont beaucoup appuyés sur un outil
géomarketing afin de développer leurs formations, «cet outil
permet d'avoir accès à des données
sociodémographiques et de voir la répartition des
licenciés par secteurs dans la région. On donne à chaque
club dans sa zone de chalandise quels sont ses potentiels, quel est son public,
les pratiquants, où sont les licenciés. Ce sont des
données marketing qui servent à la culture du club»,
explique le président du Comité de Savoie.
Ces formations ont pour but de mieux préparer les
clubs, «ils ne peuvent pas aller se vendre sans être
préparés. Le message global est de dire aux clubs qu'il faut
arriver avec une offre, mais aussi un état des lieux de l'environnement
du club et de ce qu'il représente. Si un club indique sa zone de
chalandise, son rayonnement sur la ville, son pourcentage de licenciés,
les profils des adhérents comme les catégories
socio-professionnelles, il y a plus de chances de créer une relation sur
le long terme entre un club et une entreprise. Il faut vraiment établir
un ciblage de qualité pour éviter de perdre du temps. Il faut
également faire valoir la création d'un fichier de partenaires
potentiels». Par ces formations, l'objectif est de structurer au mieux la
démarche des clubs.
Ces démarches peuvent paraître évidentes
pour une entreprise, mais une association sportive ne dispose pas toujours des
ressources humaines nécessaires pour constituer ce type de
démarche. Selon Jean-Martial André, l'enjeu à travers ces
formations est de construire un rapport gagnant-gagnant entre les deux
entités, «l'approche est d'avoir un produit packagé qui
permet de répondre à un commerçant ou à une
entreprise qui veut gagner en notoriété, trouver de nouveaux
clients ou même fidéliser ses collaborateurs. La dernière
étape pour le club consiste à être en capacité
d'aller vendre le club. C'est toujours là où on fait le grand
écart parce qu'on est dans un cadre associatif où on est en train
d'expliquer une démarche commerciale qui n'est pas simple. C'est un
accompagnement qui est nécessaire».
91
Pour mettre en place une stratégie de sponsoring au
sein des clubs, il faut réussir à ouvrir les esprits des clubs en
les informant sur d'autres opportunités de développement.
Néanmoins, chaque club à son propre fonctionnement en fonction de
sa taille et de ses contraintes, par exemple avec la disponibilité ou
non de bénévoles. Pour le président du Comité de
Savoie, «souvent certains clubs n'ont pas d'objectifs précis sur le
long terme. Ils ont 50 licenciés et souhaitent continuer sur le
même rythme. Mais s'il s'agit d'un club avec des salariés, il faut
être dans une logique d'entreprise. Avec la crise sanitaire, certains
clubs vont peut-être recréer un projet associatif dans lequel ils
vont devoir établir une stratégie de sponsoring pour assurer leur
stabilité financière. C'est un volet très important dans
la vie d'un club». À terme, les clubs de tennis devront se tourner
de plus en plus vers ce mode de financement privé pour faire face
à la diminution des subventions publiques, «mais le
côté finance au sein d'une association sportive reste toujours
délicat à évoquer».
Ces formations sur le sponsoring continuent de se
développer dans d'autres Ligues afin de mieux accompagner les clubs dans
leurs développements. Guider les clubs dans ces démarches est
nécessaire parce que les entreprises sont déjà bien
formées dans ces domaines. Mieux maîtriser les financements
privés et comprendre leurs enjeux est une issue pour préserver la
stabilité financière des clubs de tennis. Une situation
financière équilibrée des clubs permet de mettre en place
des moyens pour développer la pratique, mais aussi pour continuer
à diversifier leurs offres pour répondre aux besoins des
adhérents.
AUTRES AXES DE
-
TEN
FEDERATION FRANÇAISE
93
A. FACILITER L'ACCÈS À LA
COMPÉTITION
Faciliter l'accès à la compétition est un
plan d'action instauré par la FFT dans son projet sportif «Agir et
Gagner» en 2017. Nous avons pu voir, dans la partie sur le
développement de la pratique pour le public féminin, que les
formats de tournois et de matchs traditionnels ne correspondent plus aux
tendances de la société actuelle. Le manque de visibilité
sur les jours et les horaires des matchs n'incite pas les joueurs à
s'inscrire en compétition. Cependant, la compétition est un
facteur de fidélisation des licenciés. Selon Lionel Maltese, en
charge du développement économique à la FFT, des nouveaux
formats de compétitions ont été créés pour
adapter la compétition à la vie moderne, »la FFT
considère dans sa globalité que la compétition impacte
positivement la fidélisation dans les clubs. Dans cette dynamique, on a
instauré le système de matchs libres. Le fait de pouvoir faire
des matchs libres chez les non classés, les quatrièmes
séries et les jeunes dans les clubs, et de les officialiser, permet de
créer une dynamique compétitive. Cela a un impact sur la
fidélisation des pratiquants et donc la conquête de
pratiquants».
Par ailleurs, pour faciliter l'accès à la
compétition, un système de classement mensuel a été
introduit en décembre 2017. Les classements intermédiaires des
joueurs de plus de 11 ans sont devenus mensuels, au lieu de seulement trois
fois dans l'année. Cette réforme permet de mieux
représenter le niveau réel des joueurs et donc de dynamiser la
compétition. En effet, trop de joueurs se trouvaient confrontés
à des écarts entre le niveau et le classement de certains
joueurs. Ces joueurs se retrouvaient à faire de nombreux matchs
d'affilés en tournoi lorsqu'il reprenait la compétition. En
outre, l'écart entre le classement et le niveau réel (bien
meilleur), mène à des matchs sans aucun intérêt pour
l'adversaire. En plus de cette initiative, la FFT facilite l'accès
à la compétition en instaurant des nouveaux formats de
compétition chez les jeunes et les adultes ainsi que de nouvelles
règles de jeu.
94
1. LES NOUVEAUX FORMATS DE COMPÉTITIONS a. LA
COMPÉTITION LIBRE
La compétition a toujours fait partie intégrante
du tennis. Elle est l'essence même du tennis. Le tennis est un sport de
duel où jouer sous forme comptée est souvent vite
utilisée. Mais la FFT s'est rendu compte que trop se concentrer sur la
compétition met des barrières au développement de la
pratique du tennis en France. En effet, selon Bernard Giudicelli,
président de la FFT, «le tennis a connu une phase de
démocratisation importante, mais à cause d'une compétition
trop codifiée et restreinte, des schémas à l'ancienne sont
revenus. Donc, on a voulu libéraliser la pratique pour notre plus grosse
part de marché de licenciés, puisque si on combine les jeunes et
les adultes, les non classés et quatrième série
représentent environ 75 % des licenciés».
La compétition libre a été
créée pour répondre au mieux aux attentes des joueurs.
Elle permet aux joueurs non classés et quatrième série,
adultes et jeunes confondus, d'accéder à la compétition
officielle plus facilement, sans contrainte et dans leurs clubs. Plusieurs
critères distinguent la compétition libre de la
compétition traditionnelle. Tout d'abord, pour les clubs, il n'y a pas
besoin d'avoir un juge-arbitre présent durant les matchs. Les
résultats sont renseignés via ADOC par l'entraîneur ou le
président du club. Puis, pour les joueurs, les matchs se
déroulent dans leur club, aucun déplacement n'est
nécessaire. Ils ont accès plus facile à la
compétition et peuvent jouer contre des personnes qu'ils
fréquentent81. Selon Julien Isard, en charge du
développement du tennis à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de
Tennis, la compétition libre prend deux formes : la compétition
libre individuelle ou organisée. «La compétition libre
individuelle est lorsque deux personnes jouent leur match entre elles et
homologuent le match ensuite en demandant à une personne du club de
rentrer le résultat sur ADOC. La compétition libre
organisée est lorsque le club organise des moments banalisés
où les courts sont réservés pour faire ces matchs. Les
clubs organisent souvent une animation à la fin de cette
journée».
Le choix du format de la compétition libre s'est fait
pour plusieurs raisons. Ce format de compétition répond à
la répartition inégale de l'offre de tournois présente
dans certaines régions et réduit aussi les contraintes
temporelles liées à la compétition traditionnelle. Eric
Largeron, secrétaire
81 Fédération Française de Tennis.
(2019). Le Match Libre. Consulté à l'adresse
https://ligue.fft.fr/bfc-tennis/pdf/politique-sportive-jeunes/matchs-competition-libre.pdf
95
général de la Ligue Occitanie de Tennis, expose
l'origine de ce format de compétition et les raisons pourquoi la FFT a
décidé de le mettre en place, «les joueurs de golf
pratiquent de l'auto-compétition, c'est-à-dire qu'ils font leurs
parcours seuls et le résultat compte pour leurs classements. On s'est
inspiré de ce fonctionnement. Le but est que le match de tennis contre
un ami se transforme en match officiel et homologué. L'offre de tournois
dans certains départements n'est pas forcément adaptée,
elle parfois inférieure à la demande. De plus, quand un joueur
s'inscrit à un tournoi, il doit payer une inscription et se
déplacer parfois assez loin. Pour les clubs, quand un tournoi est
organisé, il faut avoir des créneaux pour utiliser les terrains,
au détriment des adhérents ou de l'école de tennis.
L'idée est de rendre la compétition plus attrayante et
d'alléger les contraintes pour les joueurs et les clubs.»
Le format de compétition libre vise également
à enlever ces barrières qui peuvent être ressenties
lorsqu'un joueur veut faire une compétition officielle, mais c'est aussi
répondre aux nouvelles attentes des pratiquants de tennis. Selon Julien
Isard, «on se rend compte que pour les nouveaux pratiquants, il est
difficile de les motiver à s'inscrire à un tournoi. Ils se
dévalorisent de peur de ne pas être à la hauteur et ne
veulent pas forcément se déplacer pour jouer dans un autre club.
On avait du mal à les amener à la compétition, alors
qu'elle a tendance à fidéliser les joueurs. Avec la
compétition libre, on se rapproche de cette pratique libre qui est au
coeur des nouveaux modes de consommation du sport. Faire un match de
compétition contre un ami devrait devenir aussi simple que d'aller
courir». En développant la compétition libre chez les jeunes
et les adultes, l'objectif «n'est pas de développer la
compétition à outrance. Les clubs sont saturés et la
compétition traditionnelle n'est pas faite pour tout le monde. C'est
inenvisageable de se tourner uniquement à 100 % sur la
compétition car on risquerait d'avoir un manque de terrains disponibles
pour les loisirs dans les clubs. Il ne faut pas retomber dans cette image qui
donnait l'impression que la FFT se focalisait uniquement sur la
compétition aux dépens de la pratique loisir». La
compétition libre vise aussi à développer la
fréquence de jeu en dehors des entraînements pour augmenter le
taux d'occupation des courts dans les clubs.
j. Jeunes
La compétition libre a d'abord été
implantée chez les jeunes en 2019. Cette démarche a
été entreprise pour permettre aux jeunes de moins de 18 ans
d'accéder plus facilement à la compétition officielle.
Pour les joueurs de moins de 12 ans, cette compétition est
préconisée et vient accompagner les matchs de la Galaxie Tennis.
Via cette compétition, les jeunes évoluent dans un environnement
qui
96
leur est familier : leur club. Ils font des matchs dans des
formats simplifiés entre amis, ce qui leur enlève la pression du
résultat. Un autre avantage de cette formule est que les parents n'ont
plus besoin de se déplacer loin du club de l'enfant pour les faire jouer
en match. Enfin, faire des matchs est un moyen de fidéliser les jeunes
et de les faire progresser. D'après Bernard Giudicelli, la
compétition libre chez les jeunes est un succès, «cette
compétition est en place depuis février 2019. Entre
février et août 2019, il y a eu 10 000 matchs libres joués.
Entre septembre 2019 et fin février 2020, le nombre de matchs libres
joués est passé à 50 000. Le succès est
fulgurant», déclare le président de la FFT.
De plus, la compétition libre chez les jeunes est aussi
un moyen de faire face à la concurrence des sports collectifs. En effet,
selon Eric Largeron, les jeunes qui jouent au tennis ne font pas souvent des
matchs à l'inverse des autres sports, «quand ils débutent le
tennis, les jeunes demandent tout de suite de jouer en compétition et de
faire des matchs. Un enfant, quand il fait du football ou du rugby, très
vite joue en match avec son équipe. Au tennis, il n'y a pas
forcément cette possibilité de faire un match dans un tournoi. La
compétition libre est une bonne chose pour cette raison. Elle permet de
leur faire goûter à la compétition tout en restant dans une
certaine zone de confort (club et adversaire connus, etc.). On n'arrivait pas
à fidéliser nos jeunes licenciés car trop peu faisaient de
la compétition».
ii. Adultes
À la suite du succès chez les jeunes, le format
de compétition libre s'est également développé chez
les adultes. Elle a été mise en place en avril 2020, mais aucun
match n'a encore été joué à cause de la crise
sanitaire mondiale du coronavirus. La compétition libre chez les adultes
est accessible uniquement pour les non classés et les quatrièmes
séries. La FFT a observé que ces deux catégories d'adultes
participent très peu aux compétitions traditionnelles. En effet,
selon une étude réalisée par Kantar (entreprise
spécialisée dans les études de marché) pour la FFT
en 2019, «sur 4 275 licenciés interrogés, 77 % des adultes
non classés ou quatrièmes séries ne participent peu ou pas
à la compétition traditionnelle. Parmi les licenciés, 68 %
se considèrent comme des joueurs loisirs et 82 % apprécient de
pouvoir compter les points82». Ces données
récentes montrent une opportunité non-négligeable pour la
FFT de fidéliser ces licenciés qui ont souvent tendance à
ne pas renouveler leurs
82 Fédération française de tennis. (2019,
décembre 17). Matchs libres adultes : on ouvre !
Consulté le 3 avril 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/actualites/matchs-libres-adultes-ouvre
97
licences. La compétition libre semble répondre
à ces attentes : pouvoir jouer un match en comptant les points tout en
restant dans une ambiance loisir, dans son club.
Ce format chez les adultes réduit surtout les
contraintes créées entre activité professionnelle et les
compétitions traditionnelles. D'après Bernard Giudicelli,
«pour les joueurs adultes non classés et quatrièmes
séries, le seul moyen de pouvoir se classer est participer à des
tournois ou des matchs par équipes. Pour autant, lorsqu'ils jouent en
loisir, ils ont l'habitude de faire des matchs selon les règles. C'est
un format qui libéralise la compétition. Via l'application
TEN'UP, les joueurs peuvent se défier, jouer un match et l'enregistrer
sur TEN'UP, cela comptera pour leur classement». Pour Éric
Largeron, les avantages sont les mêmes que chez les jeunes. Elle
répond aussi aux difficultés rencontrées lorsqu'il faut
allier travail et compétition de tennis, «certaines personnes n'ont
pas forcément le réflexe tournoi. Si elles gagnent un match,
elles sont peut-être incapables de se libérer deux jours
après, à une heure spécifique, pour affronter un autre
adversaire. C'est difficile de faire de la compétition au tennis surtout
quand on ne connaît pas l'horaire de fin d'un match et que l'on travaille
le lendemain matin».
Cependant, il évoque la crainte que ce format de
compétition entraîne un effet de cannibalisation sur les tournois
traditionnels adultes. En effet, «on pense que les tableaux des non
classés et quatrièmes séries risquent de se vider dans les
tournois traditionnels. On craint une désaffection sur le long terme.
Quand les personnes vont comprendre qu'il est possible de jouer contre une
autre personne de son club sur une partie d'une heure gratuitement et d'avoir
un résultat homologué, cette situation peut remplacer un tournoi.
On craint aussi que la compétition libre vide les matchs par
équipes. En effet, les quatrièmes séries doivent souvent
se libérer le week-end pour jouer des simples et doubles. On
s'inquiète aussi au niveau des abus car il n'y a pas de contrôles
lors de la rentrée des résultats. Les gens ne vont pas
forcément jouer le match en entier. Il faut essayer, on adaptera en
fonction des résultats».
Par ces nouveaux formats de compétitions libres chez
les jeunes et les adultes, la FFT cherche à faciliter l'accès
à la compétition en réduisant les contraintes des formats
de compétition traditionnelle afin de fidéliser ses pratiquants.
Ce format plus attractif vise à préserver l'esprit de
compétition et la convivialité dans les clubs.
98
2. LES NOUVELLES RÈGLES DE JEU
Il a été observé dans les parties
précédentes que les matchs de tennis ont la particularité
de ne jamais commencer et finir à une heure définie. En effet, la
durée d'un match n'est jamais connue à l'avance, contrairement
à d'autres sports, car le système de comptage de point au tennis
ne le permet pas. La volonté de la FFT est de proposer une autre
solution pour correspondre aux nouveaux comportements des pratiquants. Avec un
rythme de vie de plus en plus intense en dehors du sport, les joueurs de tennis
n'ont plus le temps de passer plus de trois heures sur un terrain pour faire un
match. Pour faire face à ces nouvelles attentes, la FFT a
instauré deux nouvelles règles lors des matchs : le «super
tie-break» en remplacement du troisième set et un format de
«no-ad» lors des doubles. Le «no-ad» supprime les points
«égalité» et «avantage service/dehors» qui
peuvent parfois rallonger la durée du match assez significativement.
Selon Bernard Giudicelli, «depuis quatre ans nous avons
codifié un certain nombre de formats de jeu pour qu'ils puissent
s'adapter à la demande des joueurs mais aussi des clubs. C'est aussi une
volonté de réduire la durée des matchs et de
répondre à des attentes de joueurs qui n'ont plus
forcément envie de passer trois heures sur un court. Le choix existe,
après c'est à l'organisateur du tournoi d'appliquer ces
règles ou non».
D'après Margaret Hureau, présidente du Tennis
Club d'Annecy-le-Vieux, ce changement de règle de jeu était
nécessaire, «par rapport à d'autres sports, on ne s'est pas
assez vite adapté. Par exemple, au volley-ball, ils ont raccourci et
changé leurs formats de jeu. Au tennis, on a changé le format de
jeu, mais est-ce qu'on ne prend pas le train un peu trop tard ? Maintenant les
habitudes des pratiquants ont changé. Ils sont impatients, il faut que
tout avance vite. On s'adapte aux nouvelles demandes du coup on a changé
les formats de jeu notamment avec les TMC, les no-ad et le super tie-break dans
le troisième set».
Dans son club, ils ont décidé d'adopté ce
format de super tie-break pour faciliter l'organisation des tournois car les
matchs sont moins longs. Cependant, beaucoup de pratiquants restent
réticents à ce nouveau format de jeu, «il y a beaucoup
d'avis divisés. Certains disent que les super tie-breaks font
disparaître l'authenticité des matchs de tennis et
réduisent la dépense physique. Cependant, en réduisant le
format des matchs, il est possible maintenant d'organiser deux matchs dans la
journée.
99
Deux matchs dans une journée c'est déjà
très physique. Avec l'utilisation du super tie-break, on réduit
considérablement la durée des matchs même si certains
continuent de durer plus de deux heures. Je ne pense pas que ce nouveau format
enlève le côté atypique des matchs de tennis où on
ne sait jamais à quelle heure on va finir, il le réduit
juste».
Cette nouvelle règle a été
appliquée à la suite de plusieurs années de
réflexions dues notamment à une augmentation des nombres de
forfaits lors des tournois. Selon Lou Adler, fondatrice de l'application WO
Tennis (une application destinée à mettre en relation les
compétiteurs entre eux pour se faire remplacer en tournoi, dans le
même esprit que sur le marché des courses à pied avec la
possibilité de reprendre un dossard en cas de forfait), «le taux
moyen de forfait par tournois est passé à 10 % alors qu'avant il
était de 5 %83».
Margaret Hureau a remarqué ces changements lors des
tournois de son club, «beaucoup de joueurs déclarent forfait en
tournoi parce qu'ils ne peuvent pas jouer plusieurs fois dans la semaine ou ils
ont trop d'incertitude sur la durée des matchs. Cela ne colle pas avec
leur travail ou leur vie familiale. Les nouvelles règles sont des bonnes
solutions face à ces problèmes. Après, c'est comme les
règles d'un jeu de société. À l'inscription, les
joueurs sont au courant du format des matchs. S'ils ne sont pas d'accord, rien
ne les oblige à s'inscrire. Dans une société qui change,
où le temps est précieux, ils peuvent davantage anticiper leurs
activités avec ces règles». Les règles de jeu doivent
évoluer sur le long terme pour assurer la pérennité des
compétitions de tennis, «il faut prendre des décisions pour
que le tennis soit plus condensé, il faut le raccourcir. C'est la
société qui veut ça, le sport doit être plus
dynamique. Même à la télévision, c'est difficile
à gérer pour les multiples acteurs lorsqu'un match en cinq sets
dure quatre heures».
Afin d'attirer de nouveaux pratiquants vers la
compétition et de fidéliser les compétiteurs, la FFT
développe de nouveaux formats de compétitions et des nouvelles
règles pour réagir et de s'adapter aux nouvelles attentes.
83 SPORTéco. (Janvier, 2019). Le tennis : un sport comme
les autres. Numéro 746.
100
B. DIVERSIFICATION DES OFFRES
Pour faire face à la concurrence accrue des autres
pratiques sportives ainsi que des structures privées, la FFT et ses
clubs se diversifient en proposant des nouveaux services, mais également
de nouvelles pratiques similaires au tennis. La diversification des offres
répond à une volonté de fidéliser les membres
existants et d'attirer des nouveaux licenciés. Cette diversification
vise aussi à se différencier des autres sports et de
répondre aux nouvelles attentes. Cela permet également d'obtenir
d'autres ressources financières pour sécuriser l'avenir des
clubs.
1. NOUVELLES LICENCES
En 2017, la FFT a introduit trois nouvelles licences :
Découverte, Scolaire et Web. Ces nouvelles licences visent à
proposer des offres sportives plus adaptées à tous les publics.
Le but est de recruter de nouveaux pratiquants mais aussi reconquérir
des pratiquants qui sont plus dans des clubs affiliés à la
FFT.
Selon Éric Largeron, secrétaire
général de la Ligue Occitanie de Tennis, la licence
Découverte et la licence Scolaire sont «des licences d'appels. La
licence Découverte a pour objectif d'ouvrir facilement l'accès au
club à de nouveaux pratiquants ou à ceux qui jouent
occasionnellement sans avoir de licence. Cette licence leur permet de jouer au
tennis, au padel ou au beach tennis sur une période de trois mois et
d'accéder aux services des clubs pour un prix dérisoire de 3
euros. On essaie de s'éloigner du système d'engagement sur un an
qui ne répond plus à ce que les pratiquants recherchent. La
licence Scolaire offre l'opportunité aux enfants de revenir plus
facilement dans les clubs après leur cycle de pratique avec leurs
écoles». Ces licences sont considérées comme des
offres d'essais pour les pratiquants pour leur donner envie de revenir dans les
clubs après. Si les pratiquants reviennent dans un club à l'issue
de cette période d'essai, ils pourront bénéficier d'un
tarif préférentiel sur la licence club.
La FFT a également développé une licence
Web «pour attirer des joueurs qui n'étaient pas inscrits dans un
club, ou qui ne voulaient plus être dans un club, mais qui étaient
intéressés pour faire des tournois. Cette licence
intéresse seulement quelques joueurs. Elle est légèrement
plus chère que la licence classique. Les joueurs ont juste besoin de
fournir un certificat les autorisant à la pratique du
101
tennis lors de leur inscription sur Internet, et ils sont
prêts pour faire de la compétition. En proportion du nombre de
licences, la licence Web ne représente pas grand-chose», explique
Éric Largeron.
Le système des licences au sein des associations
sportives est souvent remis en question. La licence classique, qui donne
accès à la compétition, ne serait-elle pas devenue
obsolète ? En effet, elle peut être considérée comme
un frein au développement de la pratique parce qu'elle ne répond
plus aux nouvelles attentes des publics. De nombreuses
fédérations sportives se tournent vers la diversification des
licences. Du côté de la FFT, ces trois nouvelles licences sont des
offres plus ciblées, adaptées et moins contraignantes pour
pratiquer le tennis. Cependant, ces licences présentent encore des
limites. Selon Eric Largeron, «les licences Découverte et Scolaire
ne présentent pas suffisamment de caractéristiques qui les
distinguent. Seulement l'assurance de la FFT est proposée. Aujourd'hui,
tout le monde a une assurance en dehors de sa pratique sportive. La licence
Découverte est une bonne intention parce qu'on essaie d'enlever
certaines contraintes, surtout un engagement sur une année, mais les
détenteurs de cette licence n'ont pas accès aux tournois. Il
faudrait quand même leur laisser la possibilité de faire quelques
matchs pour se classer. C'est une option qui pourrait les inciter à
vouloir continuer, et par la suite, prendre une adhésion à
l'année au sein d'un club».
2. DEVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES DES CLUBS
Pour faire face à la concurrence accrue des salles de
sport et des autres sports qui disposent d'équipements modernes, la FFT
a développé un projet national d'aide au développement des
clubs et de la pratique. Comme le précise Julien Isard, chargé de
développement à la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis,
«on travaille énormément sur l'équipement des clubs,
c'est très important. La FFT, les ligues régionales et les
comités départementaux travaillent très étroitement
avec les collectivités locales, les municipalités et les
régions. Ce n'est pas facile de développer la pratique au sein
d'un club de tennis sans terrains couverts, même s'il y a des terrains
extérieurs, des bons enseignants et des dirigeants motivés. En
effet, si par exemple à côté il y a un club de football
avec des infrastructures magnifiques, un gymnase flambant neuf et
chauffé pour le handball et le basket-ball, et une salle de sport
privée avec des équipements récents, la concurrence est
très difficile. On travaille aussi beaucoup pour enlever les terrains en
bétons poreux pour mettre de la terre battue artificielle, plus
confortable pour le jeu et plus accessible toute l'année» (il
s'agit d'une surface qui absorbe davantage l'eau donc utilisable même
durant l'hiver). Cette aide au développement des clubs et de la pratique
permet de répondre aux principales raisons d'abandons chez les adultes
que nous avons observées
102
dans l'état des lieux de cette étude. En effet,
en 2010, selon l'enquête menée par l'IRDS sur les raisons
d'abandon du tennis chez les adultes, la demande pour les courts couverts
prédominait (38 %) ainsi que la diversité des revêtements
(32 %)84.
Les équipements sont souvent une préoccupation
majeure au sein des clubs. Certains clubs de tennis ne disposent pas assez de
terrains ce qui entraîne une saturation du taux d'occupation des courts.
D'autres se retrouvent face à un manque crucial de courts couverts. Il a
été remarqué dans l'état des lieux que seulement 13
% des terrains de tennis sont couverts. C'est une situation négative
pour la pratique du tennis. Certains joueurs se retrouvent dans
l'incapacité de pratiquer du tennis durant toute l'année, ce qui
entraîne un risque qu'ils privilégient une autre activité
sportive, plus accessible. L'équipement des clubs est un facteur
déterminant dans la fidélisation des licenciés et la FFT
accompagne ses clubs pour remédier à cela.
Dans ce projet national d'aide au développement des
clubs et de de la pratique, la FFT investi beaucoup dans l'expansion des clubs,
«500 clubs par an sont aidés et accompagnés par la FFT et
les collectivités locales. Ils sont principalement accompagnés
dans la rénovation ou le développement de leurs infrastructures
sportives telles que les courts, l'installation d'éclairages, la
création ou l'amélioration des club-houses, etc. En 2017, 1,7
million d'euros étaient investis, aujourd'hui on est à peu
près à 7 millions d'investissement par an. Améliorer les
infrastructures des clubs crée une dynamique importante parce qu'il y a
une forte corrélation entre la qualité des infrastructures, le
développement de la pratique et l'attractivité du sport»,
explique Lionel Maltese, en charge du développement économique de
la FFT.
Ces investissements sont primordiaux pour renforcer la
dynamique de développement des clubs. Selon Yannick Duc,
président du Tennis Club de Mouxy (189 licenciés), l'ajout d'un
troisième court ainsi que l'éclairage ont été
bénéfique dans son club sur plusieurs aspects, «on a pu
élargir notre offre d'entraînements en proposant plus de
créneaux aux joueurs. Un court en plus permet d'entraîner quatre
à six joueurs et de laisser un terrain pour les adhérents ou pour
une location. C'est également une opportunité pour nous d'avoir
un tournoi où on peut programmer plus de matchs donc accepter plus
d'inscriptions. Le tournoi du club représente des retombées
financières primordiales».
84 Institut Régional de Développement du Sport.
(2010). Les raisons de l'abandon, et les motivations de la pratique du
tennis en France. Consulté à l'adresse
https://www.irds-idf.fr/fileadmin/DataStorageKit/IRDS/Publications/collaboration/plaquettetennis.pdf
103
Par ailleurs, comme beaucoup d'associations sportives, les
clubs de tennis se retrouvent face une contrainte de flexibilité au
niveau de ses horaires d'ouvertures pour accéder aux terrains. Beaucoup
de clubs ne possèdent pas les ressources financières pour
disposer d'une personne présente en permanence qui garantit
l'accès aux courts. Si une personne n'est ni licenciée, ni
adhérente au club, elle ne dispose pas de clés ou bien de badges
pour accéder aux terrains. Si une permanence n'est pas assurée
pour accueillir ce type de joueurs, alors c'est une perte potentielle de
location de terrains pour les clubs voire même d'un futur
adhérent.
Romain Cottarel85, entraîneur titulaire du DE
JEPS au sein des club de tennis de Drumettaz-Clarafond (100 licenciés)
et du Bourget-du-Lac (85 licenciés), explique l'importance pour les
petits clubs de développer leurs infrastructures pour faciliter
l'accès aux terrains et surtout pour attirer de nouveaux pratiquants :
«refaire nos courts de tennis en 2018 a fait doubler notre effectif
d'adhérents dès la rentrée de septembre 2019. Nous avons
aussi mis en place un système de réservation en ligne avec des
codes d'accès pour rentrer sur les terrains. Les personnes
reçoivent ces codes par message ou email. Ils ont également
accès aux vestiaires et l'éclairage se met également en
route, si besoin, pendant le créneau réservé. On n'avait
pas de permanence parce qu'on ne pouvait pas embaucher quelqu'un à
l'année en tant que salarié. Ce système permet de faire
une rentrée financière supplémentaire parce qu'on ne
manque plus de locations de terrains. On avait besoin de redynamiser le club.
Après ce système de code d'accès a coûté
entre 8 000 et 15 000 euros, cela reste un investissement conséquent,
surtout pour un petit club».
De plus, développer les infrastructures des clubs en
les rendant plus ouvertes est aussi un objectif pour redonner une image plus
accessible de la pratique du tennis. D'après Gilles Moretton,
président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis,
«aujourd'hui, l'image qu'on reflète de nos clubs est la suivante :
quand vous êtes membres du club, les portes vous sont ouvertes. Mais si
vous ne l'êtes pas et que vous souhaitez tout de même jouer,
l'accès vous sera refusé. Il y a comme une présence de
barbelés ou de mur qui vous indique si vous êtes «in or
out». C'est une caricature, mais ces barrières de club doivent
tomber pour rendre notre sport plus accessible». Ainsi, la FFT investi
beaucoup dans le développement des clubs pour faire face à la
concurrence, permettre aux clubs de diversifier leurs offres, être plus
attractifs et surtout plus accessibles.
85 INTERVIEW 13 - Romain COTTAREL
104
3. NOUVELLES PRATIQUES
Pour diversifier les offres afin de fidéliser
et attirer de nouveaux licenciés, la FFT, à travers ses clubs,
mise sur le développement et l'implantation de nouvelles pratiques dans
son giron fédéral.
a. E-TENNIS
Développé à partir de 2010 en
France, l'esport, contraction du terme anglais «electronic sport»
signifiant sport électronique, est un phénomène qui
connaît une ascension fulgurante dans le monde. En France, «le
nombre de spectateurs de compétition d'esport était de 1,4
million en 2016. Cette pratique s'est notamment développée
grâce à FIFA, un jeu vidéo de
football86.
Face à cette industrie en plein essor, la FFT,
dans une stratégie de diversification et d'innovation, a lancé la
première édition de ses championnats de France e-tennis en 2020.
Le vainqueur de ce championnat représentera la France aux Roland-Garros
eseries by BNP PARIBAS87. Les RG eSeries by BNP Paribas est la
version du tournoi de Roland-Garros mais en version esport. Cette
compétition se déroule dans le monde entier via le jeu
vidéo «Tennis World Tour» où les matchs en ligne se
font sur un terrain aux couleurs du tournoi parisien. Roland-Garros «est
le premier tournoi du Grand Chelem à proposer ce type de
compétition depuis 201888».
Pour Éric Largeron, secrétaire
général de la Ligue Occitanie de Tennis, il s'agit d'une
idée innovante. Cependant, le fonctionnement choisi risque de limiter le
développement de cette nouvelle pratique, «les qualifications se
sont déroulées pendant le tournoi jeune international des Petits
As à Tarbes, mais il n'y a eu aucune inscription. Des consoles de jeu
étaient installées sur place pendant le tournoi et les gens
pouvaient jouer les uns contre les autres, comme un tournoi avec des
qualifications. Le e-tennis est difficile à implanter parce que, dans le
esport, les gens jouent depuis chez eux, non dans un lieu où ils doivent
se déplacer. C'est un milieu avec des gros rendez-vous, des forums
importants
86 Institut de l'Internet et du Multimédia. (2018,
avril 3). L'E-sport : un phénomène mondial en pleine
effervescence. Consulté le 8 mai 2020, à
l'adresse
https://www.iim.fr/e-sport-phenomene-mondial/
87 Fédération
française de tennis. Championnats de France e-tennis,
première ! (2020, février 6). Consulté le 23
mars 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/actualites/championnats-de-france-e-tennis-premiere
88 Site officiel du Tournoi de Roland-Garros. (2018,
mars 28). Roland-Garros : et maintenant le tournoi e-Sport !
Consulté le 23 mars 2020, à l'adresse
https://www.rolandgarros.com/fr-fr/article/roland-garros-e-sport-jeux-video-gaming-e-series-by-bnp-paribas
105
sur les jeux vidéo, mais souvent ce sont des jeux de
guerres et de stratégies. Le football s'adapte plutôt bien, mais
le tennis moins. C'est un sport trop monotone, le jeu n'accroche pas
forcément». Le lancement du e-tennis vise à diversifier la
pratique du tennis et d'attirer un public différent. Cependant, cette
compétition a été annulée à cause de la
crise sanitaire mondiale du coronavirus.
b. PADEL
Depuis que la FFT a intégré le padel dans ses
statuts en 2014, ce sport est devenu un véritable enjeu pour la
Fédération. Le padel rencontre un fort succès dans le
monde, notamment en Espagne et Argentine, avec plus de 10 millions de
pratiquants. La FFT a repris le développement du padel sous son giron
fédéral pour plusieurs motifs. D'après Éric
Largeron, l'émergence fulgurante du padel en Espagne et sa ressemblance
avec le tennis ont été des facteurs non négligeables,
«le padel est en train de connaître une expansion fulgurante car il
s'agit d'un nouveau sport. Si la FFT ne reprenait pas le développement
du padel, la Fédération qui allait se mettre en place risquait de
prendre le dessus sur le tennis, comme en Espagne. Quand une
municipalité, ou un club, décide de construire un court de padel,
en général il décide de le placer dans un lieu
stratégique pour le club. Si une autre Fédération
était en charge du padel, le tennis n'aurait pas eu son mot à
dire là-dessus. Une mairie peut très bien décider
d'utiliser deux terrains couverts de tennis pour faire quatre terrains de padel
couverts. On a préféré que le padel reste dans le giron
fédéral pour pouvoir maîtriser le développement de
ce sport». Afin de promouvoir davantage le padel, la FFT a lancé en
2019 son FFT Padel Tour. Ce circuit est composé de sept étapes
rassemblant les meilleurs joueurs de la discipline. Durant certaines
étapes, des courts de padel ont été construit sur des
places publiques dans les centres-villes pour faire découvrir ce sport
au grand public à travers des animations et des
initiations89.
Le padel a besoin des clubs de tennis pour mieux se
développer. Les structures privées, nécessairement
couvertes pour des soucis de rentabilité, ont du mal à se
développer et perdurer à cause de la location des locaux souvent
très coûteuse. Il arrive que certains terrains de padel se
développent également dans des structures couvertes multisport.
Selon Bernard Giudicelli, président de la FFT, le padel n'est pas
perçu comme un frein au développement du tennis, «les
premières analyses et études que nous faisons montrent que le
padel se développe plus facilement que lorsqu'il
89 Fédération française de tennis. (2019,
mars 27). Lancement du FFT Padel Tour 2019. Consulté le 10 mai
2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/actualites/lancement-du-fft-padel-tour-2019
106
est couplé ou adossé à des installations
de tennis. Dans les clubs où des terrains de padel ont été
construits, c'est une totale cohabitation. Il n'existe pas de rivalités
entre les joueurs de padel et de tennis. Il y a même une certaine
mixité». Pour Romain Cottarel, entraîneur dans deux clubs
d'environ 100 licenciés, il faut donner toutes les chances au padel de
s'épanouir, «ce sport ne fera pas mal au tennis. C'est un moyen
pour faire venir un nouveau public et que les clubs puissent plus ou moins
subvenir à leur équilibre financier sur l'année.
Même si ce public ne comprend pas des joueurs tennis, ce sont toujours
des licences et des adhésions qui sont faites. Et puis le club propose
une autre activité». Pour certains clubs, construire un terrain de
padel offre plus d'opportunités de développement que construire
un terrain de tennis. Romain Cottarel partage son expérience sur cette
opportunité, «construire un nouveau court de tennis au Tennis Club
du Bourget-du-Lac n'aurait pas forcément fait une grande rentrée
d'argent pour le club. C'est juste une location supplémentaire.
Cependant, avec deux terrains de padel, on a plus de chances d'attirer une
autre clientèle». Les terrains de padel étant plus petit que
ceux de tennis, il est possible de construire deux courts de padel sur un
terrain de tennis. C'est un critère important à prendre en
compte, car il s'agit d'un investissement moins élevé pour
certains clubs. Un terrain de padel coûte en moyenne entre 19 000 et 25
000 euros90 alors qu'un terrain de tennis coûte entre 30 000
à 60 000 euros91. Ces prix varient en fonction du
terrassement des sols et du revêtement de terrain choisi.
Le padel qui permet aux clubs de diversifier leur offre. Par
rapport au tennis, le padel est un sport de raquette beaucoup plus accessible
techniquement et plus ludique dès les premiers échanges. Selon
Julien Isard, chargé du développement à la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis, diversifier l'offre des clubs de tennis
est important, «le padel est un moyen pour attirer des nouveaux
pratiquants. Une personne qui joue avec des raquettes de plage au bord de la
mer peut jouer au padel. C'est un véritable atout qu'on souhaite
développer pour attirer des pratiquants pour qui le niveau technique
requis pour le tennis fait peur». Le padel plaît pour sa
facilité d'apprentissage et son format de compétition, «on
retrouve tout ce qu'on ne trouve pas dans le tennis : abordable, convivial,
plus de proximité entre les joueurs et techniquement moins exigeant que
le tennis. C'est un sport ludique, où on s'amuse très vite,
contrairement au tennis où il y a toujours cette difficulté
d'apprentissage notamment du service et des effets. En compétition, les
tournois se déroulent sur un jour voire un
90 Vw Sports. (2018, janvier 15). Construire un
terrain de padel : quels tarifs ? quel entretien ? Consulté le 10
mai 2020, à l'adresse
https://www.vwsports.fr/construire-terrain-de-padel/
91
Travaux.com. (s. d.). Prix de la
construction d'un court de tennis. Consulté le 10 mai 2020,
à l'adresse
https://www.travaux.com/construction-renovation-maison/guide-des-prix/prix-de-construction-dun-court-de-tennis
107
week-end maximum. Le padel offre plus de possibilités
et de disponibilités», explique Robin Gaillardet, directeur sportif
au Tennis Club de Pringy.
Par ailleurs, le développement et l'implantation du
padel au sein des clubs permettent d'augmenter le nombre d'adhésions,
mais aussi de réduire le taux d'abandon des joueurs de tennis. Selon
Yann Cacheux92, responsable de la commission sportive du Tennis Club
de Chambéry (364 licenciés) où deux terrains de padel ont
été construits en 2019, «l'arrivée du padel à
Chambéry a particulièrement attiré des joueurs de tennis
des alentours. Cette nouvelle activité a surtout permis d'augmenter le
nombre d'adhésions au club. Pour le moment, ce sont les joueurs de
tennis qui sont les principaux utilisateurs de ces terrains. Cela évite
en quelque sorte que les joueurs de tennis lassés du tennis abandonnent
totalement. Beaucoup se sont mis à jouer au padel».
De plus, pour que le padel se développe durablement au
sein des clubs, il faut créer de nombreuses animations pour sensibiliser
et faire découvrir ce nouveau sport. Yann Cacheux explique pourquoi :
«avant d'investir dans deux terrains de padel, nous avons beaucoup
étudié les autres clubs qui avaient construits des terrains de
padel. Pour certains d'entre eux, le padel ne s'est pas développé
autant qu'ils espéraient. Très peu ont proposé des
animations pour faire découvrir ce sport. De notre côté,
nous avons formé nos deux entraîneurs pour qu'ils puissent donner
des cours. Nous mettons en place des séances à thèmes pour
que chacun puisse progresser à son rythme et recevoir des conseils. Nous
proposons également des tournois pour faire connaître la
compétition aux joueurs de tennis qui aiment déjà cela.
Nous voulions aussi participer aux rencontres par équipes parce qu'il
s'agit d'une compétition qui a tendance à fidéliser dans
le tennis, mais malheureusement ces épreuves ont été
annulées avec le coronavirus».
Par ailleurs, lorsque Yann Bankhalter était conseiller
en développement au sein du Comité de Savoie, il a beaucoup
étudié le sujet de l'arrivée du padel dans les clubs de
tennis, notamment en Savoie. Il explique que les clubs ont besoin de
déployer plusieurs moyens pour réussir à développer
cette nouvelle pratique efficacement, «le padel c'est très bien,
mais est-ce que les clubs sont suffisamment outillés pour diversifier
leurs offres ? Si on regarde le padel en tant que tel : un joueur vient essayer
une fois, il paie sa location, mais il ne deviendra pas licencié. Avec
ce schéma, on répond à la problématique
financière des clubs, mais on ne répond pas à la
problématique du nombre de
92 INTERVIEW 14 - Yann CACHEUX
108
licenciés. Il faut que les clubs soient adaptés
à proposer des offres, de l'enseignement, des animations et des
prestations».
Le padel est devenu un levier de développement
considérable pour la FFT. Plus ludique et accessible au grand public que
le tennis, c'est aussi une retombée financière
supplémentaire pour les clubs. Ce sport permet redynamiser les clubs,
avec des investissements moins élevés, et d'apporter une nouvelle
offre de pratique pour les adhérents. La diversification des offres au
sein des clubs de tennis est essentielle pour répondre aux nouvelles
attentes des pratiquants. Cependant, l'implantation du padel dans les clubs ne
peut se faire par lui-même. Les clubs doivent établir un projet
sportif complet pour proposer des offres qualitatives.
c. BEACH TENNIS
Le beach tennis, très similaire au tennis, est une
pratique que la FFT essaie de davantage développer dans ses clubs. Cette
discipline est un véritable outil de développement et
diversification pour les clubs. Les terrains de beach tennis peuvent être
facilement implantés dans les clubs. En effet, comme au padel, sur un
terrain de tennis, deux terrains de beach tennis peuvent être construits.
C'est un projet qui est financièrement abordable pour les clubs. Si les
clubs décident d'utiliser un terrain, qui est par exemple
abandonné, alors les travaux consistent uniquement à
délimiter le terrain et à rajouter du sable. Fabienne Sauquet,
présidente du Tennis Club des Coqs Rouge (qui dispose de six terrains de
beach tennis), évoque que «la construction de quatre terrains de
beach tennis n'a coûté que 36 000 euros à son
club93».
Par ailleurs, cette discipline touche un large public car elle
est plus accessible que le tennis, notamment au niveau de sa technicité
et de son coût. Les joueurs ont seulement besoin de raquette et des
balles, la pratique se fait pieds nus. Elle touche également un public
qui difficile à fidéliser pour la FFT : les jeunes de 12 à
18 ans. D'ailleurs, il a été vu précédemment dans
cette étude, que le beach tennis a été instauré
dans les programmes d'EPS dans les lycées. De plus, avec sa surface de
jeu, cette activité est moins traumatisante pour le corps. Les
entraîneurs peuvent l'utiliser pour développer la
préparation physique et proposer des séances de tennis cardio. Le
beach tennis répond aux nouvelles
93 Magazine Officiel de la Fédération
Française de Tennis. (Mars, 2020). Tennis Info : Open d'Australie, les
juniors français au top. Numéro 519.
109
attentes des pratiques sportives pour son côté
convivial. De nombreuses animations peuvent être mises en place,
notamment des tournois, des entraînements, voire même des stages
avec des entreprises. D'après Fabienne Sauquet, «le beach tennis a
beaucoup d'avantages pour la fidélisation. Les adhérents
bénéficient d'une nouvelle activité et les enfants de
l'école de tennis peuvent découvrir une nouvelle discipline. Pour
le développement du club, on peut proposer aux personnes
extérieures au club une cotisation annuelle dédiée
uniquement à la pratique du beach tennis et moins onéreuse que
celle du tennis».
Cette discipline s'est fortement développée
à la Réunion depuis 2010. Elle se développe plus lentement
en métropole. D'après Éric Largeron, le
développement du beach tennis n'est pas aussi rapide que le padel pour
plusieurs raisons, «si les clubs n'ont pas d'équipements fixes, il
faut monter son propre terrain. Il y a toute une préparation avant de
pouvoir jouer : tirer des lignes, mettre le filet, etc. Après avoir
joué, il faut ranger l'équipement. Cette particularité
n'attire pas forcément beaucoup de joueurs car c'est contraignant. Par
ailleurs, dans certaines régions, le beach tennis ne peut pas se jouer
toute l'année. Cette activité reste essentiellement estivale ce
qui limite son développement».
Ainsi, le beach tennis est également une pratique qui
aide à redynamiser les clubs de tennis. Cette diversification de l'offre
est un vrai enjeu pour la FFT afin de lutter contre la concurrence, mais
surtout pour attirer d'autres types de licenciés que le
Fédération n'arrive pas forcément à
conquérir avec le tennis.
C. ORGANISATION D'ÉVÉNEMENTS NATIONAUX ET
INTERNATIONAUX
Les événements sportifs sont de
véritables leviers de visibilités, d'actions et d'influence pour
les sports concernés. Ils constituent la vitrine médiatique du
sport. La FFT organise plusieurs événements durant l'année
pour promouvoir la pratique du tennis mais aussi pour développer son
fonctionnement. L'enjeu est de sensibiliser tous les types de public. Ces
multiples événements se déroulent sous plusieurs formes :
d'une journée portes ouvertes de ses clubs au niveau national à
un tournoi international réunissant les meilleurs joueurs du monde et
des milliers de spectateurs.
110
1. ROLAND-GARROS
Pour promouvoir la pratique du tennis en France, la FFT
dispose d'un atout majeur : Roland-Garros. Ce tournoi de Grand Chelem est une
vitrine considérable pour le tennis en France. En 2019, Roland-Garros
représentait 520 000 spectateurs sur deux semaines, un tournoi à
guichets fermés et un chiffre d'affaires de 260 millions d'euros. Pour
rester sur le devant de la scène internationale et répondre
à la concurrence des trois autres tournois de Grand Chelem,
Roland-Garros s'est modernisé : inauguration du nouveau court
Simonne-Matthieu en 2019, agrandissement de plusieurs courts annexes, mise en
place d'éclairage sur les quatre plus grand courts, création de
la place des Mousquetaires ainsi que l'agrandissement et l'ajout d'un toit sur
le court central Philippe Chatrier pour l'édition de 2020. 380 millions
d'euros ont été investis dans ce nouveau stade, financé
à 100 % par la FFT94.
Roland-Garros est un grand événement sportif qui
permet de mettre en valeur le tennis en France, mais aussi de développer
la pratique dans les clubs. D'après Bernard Giudicelli, président
de la FFT, «lorsque nous avons mis en place notre projet
fédéral "Agir et Gagner", un des objectifs majeurs était
d'avoir Roland-Garros qui soit le plus performant possible afin de
dégager des moyens pour financer le développement du tennis
professionnel et amateur». En effet, Lionel Maltese, en charge du
développement économique de la FFT, démontre que «80
% des produits de la FFT proviennent de Roland-Garros, sachant que le
réseau fédéral pèse environ 100 millions d'euros
aujourd'hui. Si Roland-Garros n'a pas lieu, c'est un véritable manque
à gagner pour le financement de tout le tennis français. La FFT
pourrait tout investir dans Roland-Garros et choisir de ne pas investir dans
ses clubs. C'est ce que font d'autres Grand Chelem et d'autres grands
événements. Cela représente énormément
d'emplois, plus de 1 800. Roland-Garros est la vitalité sociale et
économique du tennis français.»
Cet événement majeur est un vrai levier de
développement pour le tennis français. Ce tournoi aide au
développement des clubs notamment grâce à son
attractivité, sa visibilité et sa médiatisation. En effet,
selon Julien Isard, lors de Roland-Garros le taux de nouveaux licenciés
dans les clubs augmente, «c'est une vraie vitrine. On observe une
augmentation de la fréquentation dans les clubs pendant cette
période-là parce que les gens voient Roland-Garros à la
télévision et souhaitent jouer».
94 Le site officiel du Tournoi de Roland-Garros. (2019, juin
9). 520 000 spectateurs, « un record de fréquentation » -
Roland-Garros.Consulté le 9 mai 2020, à l'adresse
https://www.rolandgarros.com/fr-fr/article/2019-conference-presse-bilan
111
Il faut s'appuyer sur cette manifestation sportive ainsi que
les autres tournois qui se déroulent en France pour promouvoir davantage
la pratique du tennis. Pour Sébastien Curtillet, président du
Tennis Club du Nivolet, «il n'y a rien de mieux que de voir de bons
joueurs pour avoir envie de jouer. C'est grâce à eux aussi que les
jeunes des écoles de tennis entrent dans la compétition et
veulent les imiter. Ils servent d'exemple et ont un rôle
d'identification».
Par ailleurs, en plus des événements
fédéraux tels que Roland-Garros et le Rolex Paris Master. La FFT
dispose d'un réseau de tournoi très dense : des
compétitions amateures pour jeunes et seniors, des tournois
professionnels ATP, WTA, ITF, Challenger et Futures. Selon Lionel Maltese, ces
nombreux événements aident à promouvoir le tennis dans la
France entière, «ce réseau de tournois irrigue quasiment
tout le territoire français. Ce maillage événementiel fait
qu'il y a beaucoup de joueurs Français qui jouent. C'est une belle
vitrine du tennis français. Les gens ont plusieurs opportunités
pour assister à des tournois en France et regarder du tennis autre
qu'à la télévision».
2. FÊTE DU TENNIS
La Fête du Tennis est un événement qui a
été créé par la FFT en 2016. Cet
événement se déroule lors du week-end des finales de
Roland-Garros. C'est une opération nationale durant laquelle les clubs
affiliés à la FFT ouvrent leurs portes au grand public pour faire
découvrir gratuitement la pratique du tennis, du padel et du beach
tennis. Plusieurs animations conviviales sont également
proposées. En 2019, 1 500 clubs ont organisé cet
événement, 72 500 personnes ont visité les clubs et 5 000
licences supplémentaires ont été
générées95.
Selon Yannick DUC, président du Tennis Club de Mouxy
(189 licenciés), ce type d'opération événementielle
permet de faire tomber les a priori sur l'accessibilité et le coût
de la pratique du tennis, «c'est une opportunité pour faire
découvrir notre club, son ambiance, et le tennis à tous les types
de public. Le tennis est un sport qui peut faire «peur», notamment
sur les idées qu'on se fait de son coût, mais aussi pour ses
difficultés d'apprentissage. La FFT et les comités
départementaux nous
95 Fédération française de tennis. (2019,
avril 18). En bref: Fête du tennis: soyez de la partie!
Consulté le 8 mai 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/en-bref-fete-du-tennis-soyez-de-la-partie
112
accompagne dans l'organisation de cette opération, ils
nous envoient des flyers, des affiches pour communiquer sur cet
événement».
D'après Margaret Hureau, la Fête du Tennis permet
de promouvoir le tennis en France. Cependant, il s'agit aussi d'une contrainte
pour les clubs au niveau de son organisation, «c'est une bonne initiative
parce que les gens surfent sur la vague générée par
Roland-Garros, cela crée de l'envie. Néanmoins, pendant ce
week-end, on a aussi les matchs par équipes qui monopolisent les
terrains. La FFT a la volonté de faire bouger le tennis, mais il y a une
contrainte de calendrier avec les clubs. On ne peut pas supprimer les matchs
par équipes, c'est une compétition énormément
appréciée par les licenciés. Les matchs par équipes
créés et nourrissent ce sentiment d'appartenance à un
club. La Fête du Tennis apporte de la visibilité aux clubs, mais
la FFT devrait ajuster davantage le calendrier des opérations
événementielles au sein des clubs».
L'organisation de ces genres d'événements tend
à faire découvrir le tennis et autres activités
proposées par les clubs affiliés de la FFT au grand public. La
FFT organise et accompagne plusieurs autres événements durant
l'année pour promouvoir le tennis et mettre en avant ses actions. Par
exemple avec «Opération Balles Jaune», qui consiste à
recycler les balles de tennis dans une démarche de développement
durable, ou bien l'opération«Fête le Mur», avec comme
ambassadeur Yannick Noah, qui permet aux enfants des quartiers
défavorisés de lutter contre l'exclusion et d'avoir accès
à la pratique du tennis. Ces types d'opérations permet de
communiquer sur les clubs, d'attirer des nouveaux publics, les sensibiliser et
susciter de l'intérêt pour la pratique du tennis en club.
RECOMMANDATIO
PARTIE 3
TEN
FEDERATION FRANÇAISE
114
Les raisons d'abandons des licenciés de la FFT varient
selon plusieurs facteurs démographiques : le sexe, l'âge, le club
et l'ancienneté dans la pratique. Afin de fournir d'autres
éléments de réponses à la problématique, qui
est la suivante "Comment la FFT fait-elle pour surmonter la baisse de son
nombre de licenciés ?", plusieurs recommandations pourront être
établies à long et court terme au sein de la FFT et de ses clubs
affiliés. Ces recommandations viennent enrichir les initiatives mises en
place par la FFT évoquées précédemment dans cette
étude.
I. LES RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES
A. PARTIE FÉDÉRALE
1. RÉFORMER LE RÔLE DES ENSEIGNANTS DE
TENNIS
L'entraîneur joue un rôle fondamental dans le
fonctionnement des clubs sportif. Il encadre les joueurs au sein des clubs pour
les faire progresser en fonction de leurs objectifs. Il participe
également à la vie et la gestion du club dans lequel il est
employé.
Au sein de la FFT, il y a quatre statuts d'enseignants de tennis,
dont trois qui sont rémunérés96 :
1. Le professeur de tennis qui dispose le DES JEPS
(Diplôme d'État Supérieur de la Jeunesse, de
l'Éducation Populaire et du Sports). Cette qualification permet de
devenir formateur d'enseignants de tennis, directeur sportif et
entraîneur de joueurs en niveau régional.
2. Le moniteur de tennis qui possède le DE JEPS
(Diplôme d'État de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et
du Sports). Il peut enseigner tous les niveaux.
3. L'éducateur de tennis. Il est titulaire d'un
Certificat de Qualification Professionnelle d'Éducateur de Tennis (CQP
ET). Il s'occupe de l'initiation du tennis dans les clubs.
4. L'initiateur fédéral qui enseigne
bénévolement les jeunes âgés de moins de 18 ans.
96 Fédération française de tennis. (s. d.).
Devenir enseignant. Consulté le 5 mai 2020, à l'adresse
https://www.fft.fr/enseigner/devenir-enseignant
115
Ces différentes certifications sont obtenues
après un certain nombre d'heures d'enseignement et de formation. Il
existe deux manières d'enseigner le tennis : en tant
qu'indépendant ou en tant que salarié dans un club.
Avec les nouvelles attentes des pratiquants et le
développement des nouvelles pratiques au sein de la FFT, réformer
le métier de professeur de tennis est une nécessité pour
relancer et dynamiser le nombre de licenciés de tennis.
Lors de l'analyse du développement de la pratique au
début de cette étude, notamment sur le tennis féminin, il
a été observé que les pratiquants sont de plus en plus
à la recherche d'une activité loisir et conviviale. Sur
l'ensemble des licenciés, la population loisir (56 %) est
supérieure à celle qui pratique de la compétition. Dans un
club, en volume, il y a plus de pratiquants loisirs que de compétiteur.
Il est certain que la FFT doit travailler sur le développement du tennis
loisir. Pour cela, le métier d'entraîneur de tennis doit
évoluer, notamment sur le rôle d'animateur. Il faut tout de
même préserver la compétition parce qu'il s'agit du coeur
du métier d'entraîneur. Cependant, il faut adapter ce
métier au segment loisir qui rencontre des difficultés à
être fidélisé et attiré.
Les pratiquants sont plus à la recherche
d'entraînements pour être dans une ambiance conviviale que pour
faire de la performance. Valérie Gestas, entraîneuse au Tennis
Club d'Annecy-le-Vieux, a expliqué que les méthodes
d'enseignements doivent évoluer. Elles doivent être dans la
psychologie et l'encouragement des joueurs et s'éloigner des pratiques
ancestrales du panier où l'enseignant distribue les balles à son
élève et parle uniquement de technique.
Le rôle majeur de l'entraîneur est d'enseigner le
tennis, mais cela va parfois au-delà de la pratique même du
tennis. Un gros club de tennis attirera constamment des pratiquants par ses
infrastructures. Les petits et moyens clubs sont dépendants des
entraîneurs. Ils assurent un rôle important dans le dynamisme au
sein de ces clubs. L'enseignant est vu comme une sorte de modèle. Les
jeunes s'identifient beaucoup plus aux entraîneurs des petits clubs. Dans
les gros clubs, l'entraîneur à tendance à changer d'une
année sur l'autre. Par cette figure d'identification, les joueurs
s'identifient indirectement à leur club. Il faut établir de
l'affect pour fidéliser. Dans les grands clubs, il faut créer de
la stabilité afin que les élèves puissent avoir les
mêmes enseignants pendant plusieurs années pour justement
développer cet affect et établir une relation de confiance.
116
Dans cette réforme, les formations des enseignants
doivent plus privilégier les qualités humaines de l'enseignant.
L'entraîneur de tennis doit en quelque sorte devenir animateur et
apprendre à mieux communiquer avec ses élèves. Le contact
humain est devenu un critère aussi important que l'enseignement du
sport. Dans cette formation, l'idée est de transposer le rôle de
G.O (Gentil Organisateurs), qu'on retrouve dans les clubs Med, dans les
métiers du professeur de tennis. Ils portent les valeurs du Club Med en
diffusant de la bonne humeur, de la convivialité et créé
des liens en personnalisant les services offerts aux individus.
Par ailleurs, plusieurs typologies d'enseignants de tennis
devraient être établies, similaire à ce qu'on peut
retrouver dans les universités. En effet, dans les écoles, il y a
plusieurs types de professeurs. Il peut avoir les enseignants-chercheurs, les
intervenants qui enseignent sur leur milieu professionnel, les professeurs qui
pilotent les formations et recrutent des étudiants. Dans les clubs, une
typologie d'entraîneurs pourrait être établie en fonction de
la taille et des besoins des clubs. Le club est aussi un lieu avec plusieurs
activités, il n'y a pas que du tennis. On peut retrouver de la
compétition, du loisir, l'école de tennis, des animations, de la
préparation physique, de la compétition libre, du tennis
santé ou de la restauration. Le coeur de l'activité est le
tennis, mais finalement beaucoup de cibles se mélangent. L'enseignant se
retrouve un peu comme rôle de manager de tennis, mais qui dépasse
la pratique même.
Aujourd'hui, l'enseignant de tennis occupe une place en
quelque sorte monolithique, car il ne gère qu'une seule activité,
il s'occupe des entraînements de tennis. Les formations ont besoin
d'évoluer pour apporter des nouvelles compétences aux
entraîneurs. Il faut les préparer à répondre aux
multiples activités dans les clubs. Par ailleurs, pour rivaliser face
à la concurrence des sports libres, les entraîneurs doivent
être en capacité de répondre aux nouvelles attentes des
pratiquants en offrant plus de possibilités aux pratiquants de pratiquer
le tennis avec moins de contraintes.
2. PROPOSER PLUS DE FORMATIONS POUR LES DIRIGEANTS
Le sport est le secteur qui comprend le plus de
bénévoles. Il représente 23,8 % des participations
bénévoles, soit 5,7 millions sur un total de 17,2 millions. Ils
sont une ressource primordiale dans le fonctionnement des associations
sportives. La participation des bénévoles dans le sport a
augmenté de 7,1 % entre 2006 et 2011. Cependant, les
bénévoles ne se mobilisent plus de la
117
même façon. Ils sont plus impliqués dans
des missions à caractère plus ponctuelles, comme des
événements, plutôt que dans la durée avec des
fonctions dirigeantes. En effet, il devient de plus en plus difficile de
trouver des bénévoles qui veulent diriger une association. La
gestion des clubs est devenue plus complexe, plusieurs compétences
transversales sont maintenant nécessaires. On peut évoquer une
crise du bénévolat dans ce contexte-là97. Pour
accompagner et soutenir les dirigeants dans ce rôle aux
responsabilités diverses, il faut leur apporter davantage de formations
et d'accompagnement pour qu'ils puissent pérenniser leur activité
au sein des clubs.
a. FACILITER LES DÉMARCHES DES DIRIGEANTS
Les bénévoles qui souhaitent devenir dirigeant
d'une association sportive sont devenus rares. La gestion d'un club est devenue
de plus en plus compliquée. De nombreuses démarches
administratives ainsi que des compétences sont demandées. Les
ligues régionales et les comités départementaux ont un
rôle déterminant dans l'aide au développement des clubs et
dans l'accompagnement des dirigeants.
Il a été observé que la FFT aide à
l'optimisation de la gestion des clubs en développant l'outil ADOC pour
faciliter leurs démarches administratives. Par ailleurs, les clubs ont
besoin de développer leurs infrastructures pour élargir leurs
offres et faire face à la concurrence. La FFT fournit une aide à
certains clubs, mais beaucoup dépendent des subventions obtenues par les
collectivités locales pour développer leurs infrastructures.
Faire une demande de subventions est une démarche complexe et qui prend
du temps. Les comités directeurs des clubs ne détiennent pas
forcément les compétences requises pour remplir une demande de
subvention. Il devient ainsi complexe pour les clubs d'obtenir des aides
suffisantes pour améliorer leurs structures. Pour cela, il est important
que la FFT, à travers ses ligues et comités, propose plus de
formations pour aider les dirigeants à répondre à ces
démarches.
Par ailleurs, certains comités départementaux,
proposent des formations pour aider les clubs à développer des
stratégies de sponsoring. De nouvelles sources de financements sont
nécessaires afin de faire face à la réduction des
financements publics. Pour guider les clubs à se diriger vers le
97 Olbia Conseil. (2017).
Fédérations et associations sportives: vers un nouveau
modèle de développement ? (Débat n°5).
Consulté à l'adresse
https://sportapres2017.files.wordpress.com/2017/01/sport-apres2017-debat5.pdf
118
sponsoring et le mécénat, il faut continuer
à fournir des formations pour mieux développer cette
stratégie encore trop méconnue des associations sportives.
Avec l'augmentation des compétences requises et
démarches administratives, les dirigeants n'ont plus forcément la
volonté et les capacités de gérer un club. Il est
important de continuer à multiplier les offres de formations pour
attirer, fidéliser et optimiser les compétences des dirigeants
des clubs de tennis.
b. MEILLEURE IMPLICATION ET MOTIVATION DES
ÉQUIPES
La FFT met en place de nombreuses initiatives pour
fidéliser et attirer des licenciés. Cependant, pour pouvoir les
mettre en place, les dirigeants doivent motiver et impliquer leurs
équipes. Avec l'émergence des multiples enjeux et besoins au sein
des clubs, le dirigeant se retrouve dans une position de manager, comme dans
une entreprise. Être un bon manager n'est pas facile. Ces dirigeants
bénévoles ne sont pas forcément habilités à
manager des personnes. Pour motiver leurs équipes efficacement, ils ont
besoin d'être formés continuellement pour mieux maîtriser le
management. Il faut développer des actions pour attirer les
bénévoles, car ils viennent moins naturellement. Par ailleurs, il
est important de former l'ensemble des bénévoles des clubs pour
les valoriser et les fidéliser. Pour cela, l'équipe
entière doit être impliquée dans le projet sportif du club.
Pour que les bénévoles s'impliquent plus, il faut leur donner des
missions, de la valeur à ce qu'ils font et les responsabiliser.
En plus de motiver l'équipe bénévole du
club, les dirigeants doivent aussi réussir à motiver leurs
enseignants de tennis. Aujourd'hui, la plupart des clubs de tennis qui
fonctionnent sont des clubs qui dispose d'une équipe pédagogique
compétente, impliquée et motivée. Pour être
compétente, il faut que l'équipe enseignante soit formée.
La formation rejoint la réforme des enseignants expliquée
précédemment. Mais pour que les enseignants soient
impliqués et motivés, les dirigeants ont besoin de les
responsabiliser et les valoriser. C'est une méthode qui rejoint le
système de suivi d'objectifs et de feedback que l'on peut retrouver dans
les grandes entreprises avec leurs employés. Il faut aussi
rémunérer convenablement les enseignants. Les entraîneurs
de tennis ont des conditions de travail exigeantes, surtout lorsqu'un
entraîneur est tout seul dans un petit club. Ils entraînent tous
les soirs, ils s'occupent des animations ou font du suivi en compétition
pendant le week-end, et ils organisent des stages pendant les vacances
scolaires. Le turnover chez les entraîneurs est important parce qu'au
119
bout de quelques années, ils sont
démotivés et isolés dans leur travail. Former les
dirigeants à mieux manager leurs équipes permettrait de mieux
valoriser et fidéliser les équipes au sein des clubs.
Par ailleurs, les enseignants peuvent enseigner le tennis soit
en tant qu'indépendant ou en tant que salarié dans un club. Pour
la FFT et les ligues, l'objectif est d'essayer de salarier les enseignants de
tennis. En les salariant, ils auront des objectifs définis et ils
pourront développer l'activité fédérale,
développer le club et augmenter le nombre de licenciés.
Lorsqu'ils sont indépendants, dans leur intérêt personnel,
ils vont plus développer leurs propres activités que celles du
club.
Pour salarier, motiver et valoriser les équipes, il
faut que des activités soient mises en place au sein de clubs pour
apporter de nouvelles ressources financières. Pour avoir plus de
retombées financières, il faut fidéliser, attirer de
nouveaux licenciés et développer le sponsoring. Tout est
étroitement lié, c'est pour cela que les formations, pour
investir sur l'humain, sont nécessaires. Elles subviennent au
fonctionnement des clubs de tennis, le coeur d'activité de la
pratique.
B. PARTIE CLUBS
Les recommandations suivantes sont destinées aux clubs.
Elles regroupent un ensemble d'actions assez vastes afin de pouvoir les
implanter dans chaque catégorie de clubs.
1. ORGANISATION INTERNE PLUS STRUCTURÉE
La majorité des clubs affiliés à la FFT
ont entre 10 et 200 licenciés, avec notamment 26 % d'entre eux qui
disposent entre 10 et 49 licenciés. Certains de ces petits clubs ont
encore un fonctionnement peu structuré en termes de ressources humaines
et de trésorerie. La structure interne des clubs a besoin de devenir
plus claire et transparente pour se développer efficacement. Les clubs
ont maintenant beaucoup d'enjeux pour développer la pratique et attirer
des licenciés. Dans le passé, les clubs pouvaient fonctionner
avec un seul dirigeant qui avait tendance à tout prendre en charge.
Aujourd'hui, ce n'est plus possible, car les adhérents ont des
motivations et des besoins multiples.
Pour répondre à toutes ces demandes, les
services au sein des clubs ont besoin de se multiplier. Ce n'est plus possible
pour une seule personne de s'occuper d'une association sportive.
120
Pour avoir un fonctionnement plus fluide et pérenne,
les clubs doivent s'éloigner d'une organisation hiérarchique,
couramment appelée pyramidale, et se rapprocher d'une organisation dite
en holacratie, un modèle plus souple donnant plus d'autonomie aux
membres des comités directeurs des clubs. Ce modèle permet
d'impliquer davantage les personnes dans le fonctionnement des clubs tout en
évitant de surcharger les bénévoles, qui se font rares.
Des clubs ont déjà instauré ce fonctionnement en
désignant plusieurs responsables pour gérer les animations, la
compétition, les subventions et la trésorerie. Ainsi, un club
sain permet de refléter une image saine à l'extérieur pour
les adhérents. Il faut que les clubs se tournent vers un système
de ressources humaines plus professionnalisées pour assurer leur
développement.
Par ailleurs, cette structuration plus professionnelle doit
passer par une transformation dans la gestion des clubs. La trésorerie
dans les clubs est toujours un sujet délicat à aborder. Avec la
baisse des financements publiques, les clubs vont devoir se tourner vers un le
sponsoring et le mécénat. Cependant, les clubs ont besoin de
commencer à se structurer comme une entreprise. Pour mettre en place ces
stratégies de sponsoring, il faut que les clubs régularisent
davantage leurs démarches notamment vis-à-vis des contrats de
travail des entraîneurs des clubs. Il faut intégrer la notion
d'employés rémunérés. Les entraîneurs sont
devenus des professionnels de l'apprentissage du tennis.
Afin de mieux développer la pratique, établir
les nouvelles stratégies de communication et marketing ainsi que les
autres axes de développement évoqués dans cette
étude, les clubs doivent être davantage structurés.
2. DIVERSIFICATION
Les clubs ont besoin de diversifier leurs activités
sportives pour se redynamiser et continuer à se développer. Pour
répondre aux nouvelles attentes des adhérents et se
différencier de la concurrence, les clubs doivent élargir leurs
offres auprès des licenciés. Diversifier les activités est
également synonyme de nouvelles ressources financières pour les
clubs. Pour cela, les clubs doivent innover leurs infrastructures et leurs
prestations.
121
a. INFRASTRUCTURES
Les clubs de tennis font face à une concurrence accrue
des salles de sports qui disposent d'infrastructures modernes. À
l'inverse, les clubs de tennis se retrouvent parfois sans club house ou bien
ses infrastructures sont vieillissantes, voire insuffisantes. Les clubs ont
besoin de développer et moderniser leurs infrastructures afin de les
rendre plus fonctionnelles et attractives.
L'autre problème rencontré par les clubs de
tennis est l'accessibilité, notamment au niveau de la flexibilité
des horaires d'ouverture. La plupart de ces clubs n'ont pas de salariés
à plein temps et ne disposent pas forcément de club-house. C'est
un véritable frein pour leur attractivité et leur
développement. La plupart des salles de sports sont ouvertes tous les
jours avec des plages horaires d'ouverture très large. Ce fonctionnement
permet aux adhérents de venir librement et quand ils souhaitent.
À l'inverse, les clubs de tennis sont souvent dépendants de leurs
entraîneurs, ou bien de bénévoles qui viennent faire des
permanences, pour assurer l'ouverture des courts aux personnes qui ne sont pas
membres. Ces personnes doivent alors se baser sur ces créneaux pour
pouvoir venir pratiquer. Ces modes de fonctionnement repoussent de plus en plus
les pratiquants.
Le développement de nouvelles infrastructures passe par
la création de nouveaux courts avec différentes surfaces pour
améliorer le confort de jeu. La construction de courts couverts est
aussi nécessaire afin de permettre aux adhérents de pratiquer le
tennis toute l'année. Les clubs peuvent se différencier
également par la modernisation de leurs clubs-houses qui sont le noyau
des clubs où les adhérents aiment se retrouver.
Par la mise en place d'un système de réservation
à distance via internet similaire au Tennis Club du Bourget du Lac, les
clubs peuvent répondre à ces problèmes de
flexibilité horaire. Ce système offre plus de flexibilité
et rend les clubs plus accessibles, surtout pour les joueurs
non-licenciés. Il s'agit également d'un moyen pour les clubs
d'assurer une retombée financière, car ils ne manqueront aucune
location de terrains. Le développement du padel et du beach tennis sont
aussi des activités à implanter dans les clubs pour
développer leurs attractivités. Ce sont des sports plus ludiques
et accessibles aux débutants. Ils contribuent aussi à la
convivialité dans les clubs. La diversification des infrastructures
rejoint l'initiative prise par la FFT avec son aide au développement des
clubs.
122
b. DÉVELOPPER DAVANTAGE DE PRESTATIONS
Pour dynamiser les clubs et les rendre plus attractifs, il
faut développer plus de prestations pour répondre aux nouvelles
attentes. Ces prestations peuvent être liées à la pratique
du tennis ou d'autres activités physiques, mais également se
rapprocher des prestations à caractères commerciales.
i. Animations
Aujourd'hui, beaucoup de pratiquants non-licenciés
jouent sur des terrains non affiliés à la FFT. Pour les attirer
dans les clubs affiliés à la FFT, il faut créer de la
valeur ajoutée dans les clubs sinon ils n'ont aucune motivation à
venir pratiquer le tennis dans un club. Afin d'attirer davantage de
licenciés, les clubs de tennis doivent se différencier en
proposant plus de prestations. Elles doivent évoluer au-delà de
l'offre d'entraînement classique qui ne suffit plus. Les pratiquants
viennent consommer des produits. En effet, la personne lambda qui vient dans un
club uniquement pour jouer au tennis est de plus en plus rare. Les pratiquants
recherchent en premier une prestation, comme la qualité et les
méthodes d'enseignement, ou bien la convivialité. Les prestations
ont besoin d'évoluer pour fidéliser les licenciés.
Pour dynamiser la vie dans les clubs, beaucoup de clubs de
tennis proposent des stages de tennis pendant les vacances scolaires. Ils
proposent aussi des activités qui n'ont pas de rapport avec le tennis
comme des sorties raquettes pendant l'hiver. C'est un moyen d'aller à la
rencontre des personnes au-delà du cadre de tennis et de partager des
moments avec eux. Ces prestations en dehors des clubs de tennis sont aussi des
opportunités pour permettre aux adhérents de se rencontrer et de
peut-être devenir des potentiels partenaires pour jouer.
Concernant les animations tennis, les clubs devraient
également proposer des rendez-vous prédéfinis lors de la
prise d'adhésion au début de la saison sportive. Par exemple,
durant l'année, un club pourrait s'engager à proposer trois
événements différents durant lesquels des boissons et une
partie restauration sont offertes. Cette démarche permet de rassembler
les joueurs entre eux, peu importe leurs niveaux, et de contribuer à la
convivialité des clubs. Par ailleurs, certains clubs ont
l'opportunité de développer d'autres activités en dehors
du tennis comme de la restauration ou des
123
espaces pour organiser des séminaires pour les
entreprises. Les clubs travaillent très peu avec les entreprises. C'est
un segment qui pourrait être davantage développé.
ii. Nouvelles formules d'entraînements
Les entraînements font partie intégrante des
clubs. C'est l'activité principale proposée dans les clubs. Le
fonctionnement des entraînements chez les jeunes doit sortir du
schéma classique. La Galaxie Tennis a permis aux jeunes de moins de 12
ans d'accéder plus facilement au tennis. La mise en place des niveaux
pour les faire évoluer progressivement et favoriser le jeu a permis de
réduire la pression du résultat qui représentait un
facteur d'abandon assez important. Cependant, dans l'état des lieux de
cette étude, il a été remarqué que durant
l'adolescence, de 12 à 18 ans, beaucoup de joueurs abandonnent. Il y a
un manque d'offres proposées pour cette catégorie. La FFT met
beaucoup d'initiatives en place pour essayer d'inciter les jeunes à la
compétition, notamment les matchs par équipes et la
compétition libre. Ces démarches fidélisent, mais ce n'est
pas toujours ce que les jeunes recherchent. L'enjeu pour les clubs est de
réussir à fidéliser cette catégorie d'adolescents,
car beaucoup trop d'entre eux abandonnent. Il faut bien sûr prendre en
considération que ces abandons sont aussi liés aux changements de
comportements rencontrées lors de la puberté. Pour cela, dans les
écoles de tennis des clubs, il faut créer une autre école
de tennis. Cette école de tennis doit proposer des contenus
pédagogiques différents et diffuser d'autres valeurs. De mon
expérience d'enseignement dans une école de tennis, beaucoup de
jeunes ne venaient pas aux entraînements lorsqu'une journée
était dédiée aux matchs.
Par ailleurs, l'enseignement du tennis par les jeunes est
aussi une autre méthode qui permet de fidéliser les jeunes dans
les clubs. La FFT a développé une formation afin de devenir
titulaire d'un Certificat de Qualification Professionnelle d'Éducateur
de Tennis (CQP ET) pour initier le tennis à tous les publics. Cette
formation devrait être davantage proposées aux jeunes dans les
clubs, qui ont un niveau tennistique qui le permet, pour les inciter à
rentrer dans l'équipe bénévole du club par l'animation et
l'enseignement. C'est une démarche efficace pour encourager le
bénévolat des jeunes. Si les jeunes se retrouvent à
enseigner dans les écoles de tennis, cela permet d'apporter plus de
proximité avec les élèves et de les fidéliser
davantage par l'effet de figure d'identification. Impliquer les jeunes dans
l'enseignement provoque un double effet. En effet, les jeunes qui enseignent
sont plus impliqués dans leur club parce qu'ils contribuent directement
à la progression des joueurs de l'école
124
de tennis. Par ailleurs, les jeunes qui s'entraînent se
sentent plus proche de leur entraîneur et souvent cherchent à
prendre exemple sur eux et leur niveau au tennis.
Ainsi, pour diversifier leurs offres, les clubs doivent
également développer davantage de prestations à travers
des animations et des nouvelles formules d'entraînements pour
répondre aux nouvelles attentes et fidéliser leurs
licenciés.
3. MUTUALISATION
La mutualisation, ou la fusion, entre deux associations
sportives se traduit par une mise en commun des infrastructures, des
équipements, des services, des compétences, de la gestion
financière et des ressources humaines. Parfois, cette mutualisation se
limite seulement à une gestion commune des infrastructures. Il s'agit
d'une démarche qui contribue à leur développement.
a. CLUBS DE TENNIS
La mutualisation entre deux clubs de tennis est une solution
pour avoir plus de moyens dans le développement des clubs et de pouvoir
dans l'implantation de nouveaux projets. Cette mutualisation peut être
délicate à instaurer vis-à-vis de la rivalité qui
peut exister entre deux clubs sur un même territoire. En effet, il y a
souvent une concurrence dans les démarches pour obtenir des financements
publics auprès des collectivités locales, pour accéder
à des équipements et aussi pour attirer des nouveaux
licenciés. Mutualiser deux clubs de tennis est un mode de fonctionnement
complexe à instaurer, mais qui contribue au développement la
pratique du tennis.
La majorité des clubs de tennis en France sont des
petites structures. Mutualiser deux clubs de tennis comporte plusieurs
bénéfices. Tout d'abord, ce sont des ressources
financières plus importantes. Mutualiser deux clubs est une solution
pour répondre à ce problème et apporter un poids financier
plus important pour développer des projets sportifs. En effet, la
mutualisation est synonyme de plus de licenciés donc plus de poids et de
légitimité dans la décision politique des
municipalités. Un club de 300 licenciés aura plus d'influence
pour obtenir des financements pour un projet, qu'un club qui n'a que 100
licenciés. Lors de l'analyse de la situation des infrastructures des
clubs de tennis en
125
France, le constat a été le suivant : un manque
de courts couverts pour pratiquer toute la saison. Le manque d'infrastructures
est évidemment un frein pour le développement du tennis. Mais il
est difficile pour certains clubs de construire des courts couverts notamment
à cause de contraintes financières, mais aussi par manque de
place. Les espaces pour construire des infrastructures sportives deviennent de
plus en plus limités surtout dans les villes. En fusionnant deux clubs,
cela offre l'opportunité d'avoir plus d'espace disponible et un poids
financier plus conséquent.
De plus, c'est aussi un moyen de fidéliser et d'attirer
plus de pratiquants parce que le club élargira ses offres. La
diversification des offres d'activités sportives est un moyen pour
répondre aux nouvelles attentes des pratiquants observées
précédemment dans cette étude. La mutualisation de deux
clubs est aussi une opportunité pour les adhérents de trouver
plus de partenaires pour jouer. Par ailleurs, la fusion permet à des
petits clubs de déployer leur offre de compétition en
accédant aux compétitions par équipes, jusqu'alors
impossibles par manque de joueurs. Les matchs par équipes tendent
à fidéliser les participants.
La mutualisation entre deux clubs de tennis est un nouveau
modèle d'organisation et de fonctionnement complexe à mettre en
place dans les associations sportives. C'est une démarche qui doit
être progressive. La fusion entraîne une perte d'identité
des deux clubs et peut impacter le sentiment d'appartenance des
adhérents également. Pour que ce mode de fonctionnement soit
pérenne dans le temps, il faut que des projets sportifs soit
établis. Un club sans projet est un club qui végète et
donc perd ses adhérents. Pour ralentir et inverser la courbe du nombre
de licenciés, les clubs ont besoin d'élargir leurs offres
auprès des licenciés. Pour cela, les clubs doivent se doter de
moyens plus importants, notamment en structures. Pour arriver à ces
objectifs, la mutualisation entre deux clubs est une solution.
b. ASSOCIATIONS SPORTIVES
Les pratiquants consomment le sport en mode zapping et ne sont
plus impliqués dans un seul sport. Ils recherchent plusieurs pratiques
sportives pour se maintenir en forme et préserver leur santé. Les
salles de sports proposent plusieurs activités au sein même de
leurs structures. Les pratiquants sont libres de choisir entre de la
musculation, des cours de pilates, de zumba ou de yoga. Cette diversité
d'offres séduit beaucoup les pratiquants. Proposer une adhésion
multisports commune entre
126
différents clubs de sports rejoint le modèle des
salles de sports. C'est un moyen de fidéliser les pratiquants parce
qu'ils seront moins contraints d'abandonner une pratique pour une autre. Cela
réduit également les coûts pour les pratiquants lorsqu'ils
pratiquent plusieurs activités sportives dans différents clubs.
Il faut davantage développer le travail en réseau entre les
associations sportives.
Pour mutualiser les différentes associations sportives
entre-elles, les clubs, tous sports confondus, devraient se rassembler et
proposer des adhésions multisports communes tout en conservant la
possibilité d'une adhésion unique. La mutualisation des
associations sportives vise à offrir plus de possibilités aux
pratiquants pour participer à diverses activités sportives et
laisser le choix à ceux qui ne sont pas intéressés. Cette
adhésion permettrait à ceux qui la détiennent de se rendre
dans plusieurs clubs, qui auront établi un partenariat ensemble, pour
pratiquer où ils le souhaitent. De nombreuses associations sportives
proposent des stages multisports aux jeunes pour leur faire découvrir
deux pratiques différentes. Ce modèle pourrait être
intéressant à dupliquer sous forme d'adhésion à
l'année. Il faut arriver à apporter des solutions aux clubs pour
qu'ils puissent proposer des offres variées, fidéliser et
recruter des nouveaux licenciés.
II. LES RECOMMANDATIONS OPÉRATIONNELLES A.
PARTIE FÉDÉRALE
1. RÉFORME DES LICENCES
A court terme, la FFT doit réformer ses licences pour
avoir des offres plus adaptées aux nouvelles attentes. Ce constat est
souvent ressorti lors des recherches et interviews menées pour cette
étude. La majorité des licenciés sont des loisirs,
pourtant aucune licence n'est destinée à ce public. Les
pratiquants ne consomment plus le sport de la même manière. Ils ne
sont plus forcément intéressés par la licence classique
qui fournit l'accès à la compétition. Il a
été remarqué, au cours de l'état des lieux et
l'étude empirique, que la pratique ne consiste plus à prendre une
licence et rester dans un club pendant plusieurs années. Les pratiquants
consomment le sport en mode zapping. Les pratiques se diversifient incitant les
pratiquants à être plus volatile d'un sport à l'autre.
127
Il faut analyser les offres de licences de la FFT pour mieux
cerner que rien ne distingue clairement les prestations offertes dans la
licence Club, la licence Web et Découverte. La seule distinction est un
accès ou non à la compétition, une assurance et un
accès prioritaire à la billetterie de Roland-Garros et du Paris
Master. Suite à l'analyse des licences et des services qu'elles
proposent, la question suivante peut se poser : pour un joueur loisir, qui ne
cherche pas à faire de la compétition, quel contenu pourrait
l'attirer au sein d'une fédération comme la FFT ? Le nombre de
compétiteurs augmentent, cependant, le nombre de licenciés
continue de baisser. Cette analyse confirme que le segment loisir a besoin
d'être davantage développé. Dans la partie sur la
réforme des métiers des enseignants, il a été
analysé que le tennis loisir a besoin de se développer.
Cependant, pour développer cette pratique, il faut que l'offre
d'entrée soit adaptée, c'est-à-dire la licence. De plus,
la licence Club est la même pour tous les pratiquants qui la
possède. Son prix est identique pour tous et garantit les mêmes
services. Pourtant, les joueurs qui pratiquent de la compétition
consomment davantage les services de la FFT. En effet, ils ont accès
à des tournois et un système de classement spécifique est
mis en place pour eux, tandis que certains pratiquent le tennis uniquement deux
ou trois fois dans l'année en loisir. La FFT peut endiguer la baisse de
son nombre de licenciés, mais il faut développer une
réflexion au niveau du produit de la licence en tant que tel.
Créer de nouvelles licences permettrait d'apporter plus
de valeur ajoutée entre les différentes offres de licences mais
aussi pour se différencier des offres des autres sports. La FFT à
l'opportunité de mieux pénétrer le marché des
pratiquants qui jouent au tennis en dehors des clubs sur des terrains non
affiliés (estimé avec environ trois à quatre millions de
joueurs). Pourquoi ces joueurs ne viennent pas dans les clubs affiliés
à la FFT ? Il n'y a pas de réponse exacte, mais une des raisons
est peut-être que l'offre n'est pas assez attractive pour leur donner
envie de venir jouer dans ses clubs. Créer de la valeur ajoutée
dans l'offre de licences permettrait de rendre les clubs plus attractifs.
Les licences permettent aux fédérations de
développer leurs activités. Il faut également arriver
à mieux valoriser ce que les licences offrent aux clubs. Elles offrent
la gratuité des services comme l'outil de gestion ADOC, des formations
offertes par les comités et des conseillers pour développer la
pratique dans les clubs. À travers cette réforme des licences, il
faut considérer le modèle économique spécial de la
FFT, qui dépend à 80 % de Roland-Garros.
Pour implanter cette réforme, il faut développer
des licences «à la carte» avec une licence compétition
et une licence loisir. L'objectif est surtout d'apporter plus de clarté
et de distinction entre les licences. En effet, est-ce qu'on peut
considérer les enfants qui possèdent la licence Scolaire
actuelle
128
comme des vrais licenciés ? Les enfants jouent au
tennis pendant leur cursus scolaire mais la plupart ne fréquentent pas
les clubs le reste de l'année. Cette distinction entre les deux licences
permettrait aussi d'avoir un rayonnement plus large des publics.
L'idée est d'imiter le fonctionnement des salles de
sports qui propose plusieurs types d'abonnements à l'année en
fonction des profils des pratiquants. Par exemple, certains ont accès
aux activités annexes de la salle comme la zumba, le renforcement
musculaire, etc., d'autres ont accès seulement aux équipements
pour faire du sport en autonomie. Il faudra établir les personas des
licenciés de la FFT. La majorité des licenciés de la FFT
pratique le tennis en loisir. Lorsqu'on regarde les licences, il n'y a pas
d'offre spécifique pour les pratiquants loisirs à l'année.
Il faut que cette licence loisir soit attractive pour les joueurs qui jouent
seulement quelques fois dans l'année. Avec une licence loisir, les
joueurs pourront rentabiliser leur adhésion dans les clubs et
améliorer leur expérience en tant que licencié. Bien
sûr, pour que cette licence loisir soit attractive, les clubs doivent
également développer la pratique loisir. L'intérêt
est de fidéliser les pratiquants, mais aussi de d'attirer de nouveaux
pratiquants. Pour cela, il faut limiter les contraintes et tendre vers un
modèle plus souple et adapté. Au niveau du coût, la licence
loisir sera moins chère pour les pratiquants parce qu'elle consommera
moins les services de la FFT. Cela risque d'occasionner un manque à
gagner financièrement pour la FFT. Cette perte pourra être
compensée, car la licence loisir représente un levier potentiel
pour fidéliser davantage de licenciés et en attirer des
nouveaux.
2. FFT ROADSHOW
Le roadshow est une méthode de communication
promotionnelle en marketing. C'est une opération
événementielle qui vise à faire une tournée
promotionnelle et rencontrer directement les cibles visées sur un
territoire déterminé. Cette méthode est souvent
utilisée pour faire découvrir des nouveaux produits,
développer la notoriété ou bien valoriser l'image d'une
marque98. Cette opération peut être également
couplée avec du street marketing.
Cette méthode contribue à l'amélioration
de l'expérience des consommateurs. Cela permet aussi de se distinguer de
la concurrence. L'expérience client est un concept qui prend de plus en
plus
98 Bathelot, B. (2016, novembre 20). Roadshow -
Définitions Marketing. Consulté le 12 mai 2020, à
l'adresse
https://www.definitions-marketing.com/definition/roadshow/
129
d'importance pour établir une relation sur le long
terme avec les clients. Elle impacte beaucoup le comportement d'un client. Si
l'expérience client n'est pas assurée, alors il y a de faible
chance que le client achète ou consomme un produit donné. Le
roadshow contribue également aux relations publiques, développe
la notoriété, la perception et l'influence d'une marque, d'un
club voire même d'une fédération. L'idée est
d'intégrer la méthode du roadshow au sein de la FFT pour
améliorer sa visibilité, valoriser la pratique du tennis et donc
d'attirer des nouveaux licenciés. Cette méthode viendrait
compléter la «Fête du Tennis» déjà
proposé par la FFT. En vue des Jeux olympiques en 2024, le roadshow
représente une opportunité pour davantage promouvoir les offres
de la FFT en France, notamment sur les nouvelles activités
développées dans ses clubs. C'est aussi un moyen pour
reconquérir des pratiquants qui ont abandonné à cause de
la difficulté de la pratique du tennis.
Le «FFT roadshow» peut se développer en
créant un bus électrique qui se déplace de villes en
villes pour promouvoir le tennis. Les pratiquants ont du mal à venir
dans les clubs, souvent à cause d'une image des clubs qui sont
inaccessibles. Le FFT roadshow permet d'aller directement leur rencontre. Il
sera difficile de se rendre dans chacun des 7 650 clubs. Cependant, si les
autorisations le permettent, le FFT roadshow pourrait s'organiser sur les
places publiques des centres-villes. C'est une solution pour centraliser
l'événement et permettre aux plusieurs clubs d'une même
ville d'être présents pour mettre en avant leur activité.
La FFT développe de nombre activités, mais il faut les promouvoir
à travers des initiations et des animations. L'objectif de cet
événement est de revaloriser l'image du tennis, trop souvent
perçu comme inaccessible, et de promouvoir ce sport sous un autre aspect
en étant au plus proche des consommateurs.
130
B. PARTIE CLUBS
1. CRÉATION DE COMMUNAUTÉS
La création de communautés se fait
généralement en ligne via les réseaux sociaux ou des sites
internet. Les communautés visent à rassembler plusieurs personnes
qui partagent un partage un intérêt commun. Souvent il s'agit d'un
lieu d'échange et de partage d'expérience.
Un autre moyen de fidéliser les licenciés dans
les clubs est de créer un sentiment d'appartenance. Pour cela, il faut
créer une ambiance conviviale en innovant et dynamisant la communication
dans les clubs. Il faut que les clubs deviennent de véritables lieux de
vie et d'échanges. Les outils digitaux vont contribuer au taux de
remplissage des terrains, cependant les clubs doivent continuer à animer
leurs communautés.
Afin de développer ces communautés, il est
possible de créer des groupes en ligne via Facebook ou WhatsApp. Pour
toucher les licenciés plus jeunes, il est conseillé d'utiliser
Instagram et TikTok. Une personne bénévole du club, un
ambassadeur/ambassadrice, pourra être désignée afin
d'implanter et animer ses groupes. Pour assurer une cohérence dans les
publications et engager la communauté régulièrement, il
faudra assurer un rétroplanning. Ces communautés permettront aux
adhérents d'échanger entre eux, voire même de trouver des
partenaires pour jouer au tennis. Par ailleurs, des rendez-vous pourraient
être mis en place sur des matinées ou soirées pour
regrouper plusieurs types de joueurs du club : un adulte loisir, une
mère d'un enfant de l'école de tennis, un compétiteur, un
senior, etc. Dans ces rendez-vous, ils pourront échanger sur la
situation du club et des entraînements. Il faut les faire participer dans
les prises de décision des axes de développement des clubs. Les
clubs pourront ainsi instaurer des actions qui correspondent aux besoins des
adhérents.
2. MULTIPLIER LES POINTS DE CONTACTS AU SEIN DES
CIBLES
Pour fidéliser et potentiellement attirer des nouveaux
licenciés au sein des clubs, il faut multiplier les points de contacts
au sein des cibles. Pour cela, il est important d'identifier plusieurs cibles
potentielles au sein des clubs. Dans cette démarche, la famille
représente une cible idéale. Si un enfant est en école de
tennis, il faut essayer de proposer une offre pour les autres membres de la
131
famille, comme la mère ou le père. Si seulement
un enfant joue au tennis dans la famille, la probabilité qu'il
arrête est plus probable que si plusieurs autres membres de sa famille
jouent au tennis. En effet, l'effet de fidélisation sera plus important,
car ils vont revenir jouer entre eux en dehors des entraînements et vont
possiblement participer à des animations ensemble. La création
d'un effet de groupe peut engendrer un taux de fidélisation plus
important.
Pour construire des offres adaptées pour la famille,
les clubs peuvent proposer des offres découvertes aux parents lors de la
prise de licence au début de la saison sportive. De plus, pour faciliter
cette démarche, des entraînements peuvent être
proposés en même temps que leurs enfants. Par exemple, lorsqu'un
jeune s'entraîne à l'école de tennis, sa mère peut
avoir accès un entraînement de tennis ou à du tennis cardio
en même temps.
TEN
FeD RATION FRANÇAISE
133
Pour rivaliser face à l'émergence et la
diversification des nouvelles pratiques sportives en France, le
développement de nouvelles mesures pour faciliter l'accessibilité
et l'attractivité de tennis est devenu indispensable pour la FFT.
L'étude avait pour but répondre à la problématique
suivante : «Comment la FFT fait-elle pour surmonter la baisse de son
nombre de licenciés ?". Cette analyse a donc cherché à
mieux comprendre les actions entreprises par la FFT pour faire face à
cette baisse.
En conclusion, le tennis est un sport qui malgré tout
reste encore beaucoup pratiqué en France, mais souvent en dehors du
cadre fédéral. En effet, la FFT rencontre des difficultés
à fidéliser et attirer des licenciés. Depuis 2012, son
nombre de licenciés diminue progressivement, passant même en
dessous du million de licenciés. Cette diminution est liée
à plusieurs causes. Tout d'abord, les modes de consommations du sport
ont évolué en France. Les pratiquants ont des nouvelles attentes
et veulent consommer le sport différemment. Par ailleurs, les offres de
pratiques sportives se sont multipliées, accentuant la concurrence entre
les différents acteurs. Le bilan dressé lors de l'état des
lieux a permis de mettre en lumière l'abandon du tennis par plusieurs
publics. Ces abandons étaient notamment liés à une
mauvaise adaptation de l'offre par rapport à leurs attentes. Ainsi,
trois axes de réflexions ont été menés afin de
mettre en avant ce que la FFT entreprend pour réduire le taux d'abandon
et répondre aux nouvelles attentes.
Dans un premier temps, il a été observé
qu'un des axes majeurs de développement de la FFT est de faciliter
l'accès au tennis en proposant des offres adaptées à tous
les publics. Pour développer la pratique chez les jeunes, la FFT a
développé la Galaxie Tennis. Il s'agit d'un programme qui vise
à faciliter l'apprentissage du tennis avec des méthodes
d'enseignement et des équipements plus adaptés. Ce programme a
également pour objectif de mener les enfants vers la compétition
en les préservant de la pression que les résultats peuvent
engendrer sur leurs motivations à pratiquer le tennis. Selon les
interviews menées, cette réforme a été bien
reçue et perçue par l'ensemble des acteurs du tennis.
Par ailleurs, la FFT poursuit son implantation dans les
écoles via l'action "de la cour aux courts". Ce programme permet de
faire découvrir la pratique du tennis sous différentes formes,
adaptées en fonction du niveau d'enseignement des enfants. Cette action
est encore en train d'être mise en place au sein des écoles, il
est encore trop tôt pour en dresser un bilan.
134
La FFT se concentre également sur le
développement d'autres offres de pratiques pour les adultes. Elle se
penche notamment sur les enjeux de santé publique et du bien-être
en proposant deux types d'activités : le Tennis Santé et le
Cardio Tennis. Le Tennis Santé est une offre sportive destinée
à mettre en valeur les bienfaits que le tennis peut apporter à
des personnes atteintes de maladies chroniques. Grâce à des
équipements spécialisés, l'activité peut être
adaptée aux caractéristiques médicales de chaque personne.
Le Cardio Tennis représente quant à elle une activité
proposée au sein des clubs qui mélange du fitness et du tennis.
Ces nouvelles offres de pratique du tennis s'inscrivent aussi dans un plan
d'action plus vaste qui consiste à développer le tennis pour les
femmes. En effet, ce public a encore du mal à être satisfait par
la pratique et fidélisé au sein des clubs.
Dans un second temps, la FFT déploie de nouvelles
stratégies de communication et de marketing pour répondre aux
nouveaux modes de consommations des pratiquants et faciliter les
démarches des clubs. La FFT a entamé une véritable
transformation digitale en créant une nouvelle plateforme appelée
TEN'UP, disponible pour les licenciés, mais également les
non-licenciés. Ce nouvel outil a été
développé afin de faciliter la pratique dans les clubs.
Grâce à un système de réservation en ligne à
distance, il permet aux clubs affiliés à la FFT de promouvoir
leurs offres et services.
Par ailleurs, la FFT a mis en place la FFT TV, une nouvelle
plateforme de vidéos en ligne 100 % tennis, accessible à tout le
monde gratuitement, pour promouvoir tous les aspects du tennis en France sous
différents angles. Cette nouvelle stratégie digitale vise
à développer la visibilité des clubs, les rendre plus
attractifs et améliorer l'expérience des pratiquants dans la
pratique du tennis. Cette transformation passe également par la
création de l'outil CMS ONE2R afin de permettre aux clubs de
créer et de gérer leurs sites Internet. Le développement
de la présence des clubs sur les réseaux sociaux est aussi devenu
un enjeu majeur.
Les dernières mises à jour de l'outil de gestion
des clubs, ADOC, permettent aux clubs d'avoir désormais une organisation
plus efficace de leurs offres avec notamment le paiement en ligne des
licenciés via TEN'UP. Ces nouveautés s'inscrivent dans une
volonté de faciliter la gestion des clubs et réduire les
démarches administratives. De plus, suite à la baisse des
financements publiques, certains comités départementaux
commencent à proposer des formations pour soutenir les clubs à
développer leurs stratégies de sponsoring. Elles ont pour but
d'aider à obtenir des nouvelles sources de financement pour assurer la
stabilité financière des clubs.
135
Ensuite, pour fidéliser et attirer de nouveaux
licenciés, la FFT se concentre également sur plusieurs autres
axes de développement. Elle cherche notamment à faciliter
l'accès à la compétition en instaurant des nouveaux
formats de compétition et de nouvelles règles de jeu. La
compétition représente une épreuve sportive qui a tendance
à fidéliser les pratiquants. Cependant, les débutants
présentaient des réticences à participer aux
compétitions. Par ailleurs, le format très contraignant ne
répond plus aux rythmes de vie des participants. La FFT a alors
développé la compétition libre, en premier chez les
jeunes, puis elle a été transposée chez les adultes suite
au succès rencontré chez les jeunes. Des nouvelles règles
de jeu ont également été instaurées lors des
épreuves de double et de simple, avec un super tie-break au
troisième set, afin de réduire la durée des matchs.
L'objectif est de répondre à un public pour qui la notion du
temps est devenue une condition déterminante à leur participation
aux compétitions.
Par ailleurs, la FFT poursuit le développement d'autres
actions comme :
· La diversification des offres au sein de la FFT et des
clubs, nécessaire pour faire face à la concurrence. Pour cela, la
FFT propose maintenant trois autres types de licences en plus de la licence
classique de club. Deux d'entre-elles sont moins chère et permettent
d'accéder à tous les services d'un club affilié à
la FFT pendant une durée limitée. Tandis que la dernière
licence permet de participer à des compétitions sans être
référencé dans un club.
· L'amélioration des infrastructures parfois
vieillissantes. Certains clubs se retrouvent même face à un manque
d'équipement. Pour les aider, la FFT mis en place une aide au
développement des clubs en distribuant des subventions pour les
accompagner dans la construction de nouvelles infrastructures.
La FFT mise également beaucoup sur le
développement de nouvelles pratiques qui se rapprochent du tennis et qui
sont plus ludiques. Le e-tennis est un moyen d'attirer un autre public, mais
surtout de suivre une tendance où les jeux vidéo prennent de plus
en plus d'importance. Puis, depuis son affiliation en 2014, le padel est un
enjeu de développement majeur pour la FFT. Ce sport très
similaire au tennis, cette pratique vise un conquérir ou
reconquérir un public qui s'est éloigné du tennis. Le
padel est un sport très ludique et convivial, qui représente une
opportunité pour les clubs de se développer et d'apporter une
offre différente à leurs adhérents ainsi qu'aux
non-licenciés. La FFT mise aussi beaucoup sur le développement du
beach tennis, qui dispose de caractéristiques similaires au padel au
niveau de sa convivialité.
136
Enfin, la FFT organise plusieurs événements
nationaux et internationaux pour promouvoir le tennis, mais aussi
accroître sa visibilité. L'événement international
majeur que la FFT organise est Roland-Garros. Roland-Garros est un atout majeur
pour la FFT et représente une vitrine considérable pour le tennis
en France. Ces dernières années la FFT a beaucoup investi pour
continuer de moderniser et d'organiser cet événement d'une telle
envergure. C'est un levier de développement très important pour
le tennis français puisque 80 % des recettes de Roland-Garros sont
investies dans le réseau fédéral et dans les clubs. Au
niveau national, la FFT organise chaque année dans ses clubs la
Fête du Tennis. Cet événement vise à ouvrir tous ses
clubs durant la dernière semaine de Roland-Garros afin de faire
découvrir gratuitement la pratique du tennis au grand public.
En résumé, de nombreuses actions sont
développées et implantées par la FFT afin de d'inverser la
tendance avec son nombre de licenciés. Il sera intéressant de
suivre l'évolution de ce chiffre lors des prochaines années pour
vérifier l'efficacité de ces mesures. Le monde du sport, et
particulièrement du tennis, est en perpétuel évolution. Ce
pourquoi il est important de constamment s'adapter à la demande. C'est
dans cette optique que plusieurs recommandations ont été
dressées, pouvant s'adapter à la FFT mais également aux
clubs.
Nous avons présenté, en fin de cette
étude, de nombreuses recommandations pouvant s'adapter à la FFT
ainsi que dans les clubs. Présentées en deux parties,
stratégiques (long terme) et opérationnelles (court terme),
certaines paraissent indispensables à mettre en place et d'autres sont
complémentaires aux actions déjà développées
par la FFT. Réformer le rôle des enseignants de tennis et proposer
davantage de formations pour les dirigeants vont aider au développement
de la pratique dans les clubs. Ces démarches peuvent être
accompagnées par une organisation plus structurée dans les clubs,
une diversification des infrastructures et des prestations ainsi que la
mutualisation des clubs entre eux. Par ailleurs, sur le court terme, une
réforme des licences semblait évidente pour répondre aux
nouvelles attentes des pratiquants. Pour davantage promouvoir le tennis et
être au plus proche des pratiquants, un FFT roadshow est une solution
pour la FFT également. Enfin, deux actions peuvent être prises par
les clubs afin de fidéliser leurs licenciés et en attirer des
nouveaux : créer des communautés et multiplier les points de
contacts au sein des cibles. Il reste ainsi des solutions pour rendre le tennis
encore plus accessible et attractif au sein d'une fédération.
Mais une question se pose : avec l'arrivée d'une nouvelle
présidence à la Fédération Française de
Tennis en décembre 2020, va-t-elle poursuivre la même politique de
développement du tennis en France ?
137
Les recherches et les réflexions menées au cours
de ce mémoire m'ont apporté des connaissances plus approfondies
sur les actions mises en place par la FFT pour développer le tennis en
France. Cela m'a permis d'aller au-delà de la vision que je pouvais
avoir en tant que joueuse. C'était l'objectif recherché. Cette
analyse détaillée m'a fourni des compétences
supplémentaires sur une problématique à laquelle
j'espère être confrontée au cours de ma future
carrière professionnelle. Cela me permettra d'anticiper les actions et
de pouvoir être proactif dans mon travail. Par ailleurs, le travail
mené pour ce mémoire était un défi enrichissant par
la mise en oeuvre directe des compétence acquises au cours de mes
années d'études.
TEN
FEDERATION FRANÇAISE
NIS
139
Cette partie a été construite autour
d'interviews réalisées auprès des acteurs majeurs de la
Fédération Française de Tennis. Le but a été
d'aller à la rencontre de personnes évoluant à tous les
niveaux de la FFT, du président de la FFT, de Ligue, de clubs pour aller
jusqu'au terrain avec des entraîneurs qui évoluent dans des
structures plus ou moins grandes.
INTERVIEW 1 - Bernard GIUDICELLI
Président Fédération
Française de Tennis
Interview téléphonique réalisée
le 27 mars 2020
1. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez
en place au sein de la FFT pour fidéliser et attirer des
licenciés ?
Tout d'abord, nous avons mis en place de notre projet
fédéral qui s'appelle "Agir et Gagner" dès 2017. Agir veut
dire transformer. Puis nous avons fixé plusieurs grands objectifs. Le
premier était effectivement de gagner des pratiquants, des
licenciés, mais surtout de faire en sorte que plus de gens jouent au
tennis Deuxièmement, c'était de gagner des titres majeurs chez
les adultes ainsi que chez les juniors. Puis, d'avoir Roland-Garros qui soit le
plus performant possible pour dégager des moyens pour financer le
développement du tennis. Enfin, c'était de gagner en
compétences. Faire en sorte qu'à tous les niveaux de la FFT,
d'abord dans les clubs, pour que les bénévoles gagnent en
compétences, puis nos collaborateurs dans les départements, dans
les ligues et bien sûr au niveau des collaborateurs au niveau du
siège de la Fédération. Le fait d'arrêter de perdre
des licenciés était une des motivations majeures.
Par ailleurs, il a fallu comprendre les raisons pourquoi
depuis de nombreuses années, les Français ne gagnent pas. Les
personnes qui jouent au tennis pour la France ne gagne pas, ou de façon
très épisodique, les titres majeurs du Grand Chelem. Il y a un
virage que notre Fédération n'a pas su prendre au cours des
années 2000, qui a été le développement, la
professionnalisation de plus en plus précoce des parcours.
Désormais les joueurs rentrent dans le professionnalisme de plus en plus
tôt et les marques sont elles-mêmes présentent très
tôt sur le circuit des jeunes, pour pouvoir recruter et ensuite
fidéliser des joueurs qui peuvent demain devenir des champions et faire
vendre leurs produits.
La première action que nous avons mise en place est de
rompre et arrêter ce système qui voulait une seule manière
d'arriver à haut niveau, c'est-à-dire aller dans des pôles
France, se déraciner à 12 ans
140
pour aller dans des centres. Désormais, le centre, est
l'enfant. C'est la famille qui décide la structure qui est la plus
adaptée, après avoir entendu les conseils qui lui sont
donnés. L'autre action de ce dispositif se base sur la formation de
joueurs qui sont capables de rivaliser à l'international dès le
plus jeune âge. Le diagnostic que nous avons fait a montré qu'on
avait des jeunes qui étaient de bon technicien, qui avaient même
une technique au-dessus de la moyenne, mais qui n'arrivaient pas, qui avait du
mal à rivaliser avec les opposants. La culture de la rivalité est
devenue un enjeu majeur. Voilà l'élément essentiel,
désormais quand on dit qu'on veut passer de la formation de joueurs de
haut niveau à la formation de joueurs, joueuses capables d'aller gagner
des titres majeurs, il s'agit de ce principe-là. Il faut faire partie
des meilleurs mondiaux quand on a 12 ans, puis rester quand on a 14 ans, 16
ans, et puis rester quand on arrive sur le circuit professionnel, ce sont
exactement les chemins qu'ont emprunté les meilleurs joueurs du monde
aujourd'hui.
Autre élément qui est très important,
dans la construction, dans la personnalité d'un être humain, il y
a la phase de l'enfance où tout est jeu, où l'enfant n'est pas
capable de nommer les émotions qu'il ressent, il est dans l'amusement.
Et lorsqu'arrive l'âge de l'adolescence à partir de la
puberté, pour les filles qui est beaucoup plus précoce d'ailleurs
que chez les garçons, on commence à se construire un registre
lexical, on commence à mettre des mots sur ce qu'on ressent, des
émotions. Et le premier vecteur d'apprentissage de l'émotion est
la vie familiale. Il y a le rôle éducatif et affectif des parents.
Ce rôle affectif est capital. S'il n'y a pas entre 12 ans et 16 ans cette
présence affective forte, les sentiments de sécurité,
d'accompagnement, quelles que soient les étapes de la vie et bien
naturellement l'enfant va se protéger. Le cerveau va éviter
d'aller essayer de mettre des mots sur des choses qui peuvent être
douloureuses. Ce n'est qu'à l'âge adulte, entre 18 et 20 ans,
quand les mots vont être utilisés par d'autres, cela va avoir un
effet ouverture de tiroir et il y a tout le mal être qui peut ressortir.
Donc cette phase-là de consolidation de la vie affective entre 12 et 16
ans par la famille, elle est essentielle.
Par ailleurs, nous avons souhaité davantage
développer la pratique dans le scolaire en lançant
l'opération Tennis Cool. Maintenant cette opération s'appelle "de
la cour, comme la cour d'école, aux courts de tennis", "De la cour aux
courts". Elle a été conduite de façon différente de
tout ce qu'on a fait par le passé avec le système scolaire. Nous
avons d'abord conduit une expérimentation en trois étapes.
D'abord avec quatre classes, ensuite avec une vingtaine de classes, puis 180
classes dans le département du Val d'Oise et ensuite dans l'Île de
France.
Aujourd'hui, il y a plus de 300 écoles primaires qui
ont participé à cette opération. Ce qui a permis
d'élaborer des outils pédagogiques, du contenu, des
séquences pédagogiques, des séquences situationnelles.
À partir de la rentrée 2020, il va avoir des classes pilotes qui
vont être mises en place
141
sur tout le territoire, à peu près 200 classes
pilotes, pour la saison 2020-2021. Et pour la saison 2022, il y aura une
généralisation sur la base du volontariat des écoles.
L'opération "de la cour aux courts" n'est pas une opération entre
les clubs et des écoles. Il s'agit d'une opération dans le
système scolaire, sur le périmètre de l'école et
notamment de la cour de l'école afin que le jeu de raquette devienne un
jeu de cour d'école et que les enfants découvrent le plaisir
qu'on appelle au tennis, le plaisir de la main, donc le plaisir du geste.
2. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Développer la culture marketing et digitale pour aider
les clubs étaient des actions nécessaires à entreprendre.
Déjà ce qui a été mis en place est la prise de
conscience que notre FFT n'était pas structurée par 7500 clubs,
mais par des catégories de clubs.
Nous avons produit, ce que nous appelons désormais,
une matrice fédérale. Qu'est-ce que la matrice ? Elle permet de
donner naissance à des projets. Chaque club devrait avoir un projet
sportif, certains le formalisent plus que d'autres. Mais il y a une
différence lorsqu'on est un petit club, un club moyen ou un grand club
dans la nature du projet.
Le principe d'amener la culture marketing est
d'élaborer une offre de pratique pour tous les acteurs du club de
façon que cette offre de pratique corresponde à la demande des
pratiquants et qu'elle corresponde aussi aux capacités de mise en oeuvre
par le club lui-même. D'abord, nous avons sensibilisé nos moyens
d'actions qui sont les ligues et les comités départementaux.
Nous les avons sensibilisés à l'occasion de
congrès inter régionaux. Pour vous donner un chiffre qui est
parlant : il y a 6% des licenciés de la fédération qui
sont dans des clubs de 50 licenciés et moins, et il y a 6% des
licenciés qui sont dans des clubs où il y a plus de 1000
adhérents, mais il y a 2800 clubs de 50 licenciés et moins
à comparer aux 43 clubs de plus de 1000 licenciés. Il est quand
même assez évident qu'on ne gère pas un club où il y
a plus de 1000 licenciés comme on gère un club de 50
licenciés et moins. C'est une entreprise avec des salariés, des
experts-comptables, etc.
La culture marketing, est d'abord bien identifier son
marché, sa zone de chalandise, son territoire et offrir aux
adhérents, aux utilisateurs des installations sportives, des
activités qui correspondent aux attentes dans la pratique sportive
d'aujourd'hui. On a commencé avec l'arrivée de TEN'UP, on
souhaite
142
devenir une Fédération connectée. 80 %
des licenciés de la FFT pourront voir l'offre sportive de leur club sur
cet outil.
Nous allons également mettre en place l'outil FFT TV,
qui sera mis en ligne le 2 avril 2020. Au niveau de la médiatisation du
tennis en France, il est évident que la fragmentation du circuit
professionnel et notamment le fait que chaque tournoi est indépendant
donc chacun d'entre eux sont à la recherche de leurs propres recettes.
Cela nourrit un marché de la retransmission qui est fragmenté.
Certains diffusent Roland-Garros en clair, certains le diffuse en payant,
d'autres ne le diffuse pas du tout. Pour ce qui est de la France, en dehors du
tournoi de Roland-Garros qui lui est pratiquement à plus de 80% en
accès libre, et bien si on veut regarder le tournoi de Wimbledon, il
faut payer et pareil pour les autres grands tournois.
Le but de la FFT TV est d'être une plateforme qui dans
un premier temps est la vitrine des clubs. Il s'agit de montrer ce que les
autres chaînes ne montrent pas à propos des clubs comme la vie
sportive, éducative et les expériences qui sont conduites. Puis,
montrer des séquences avec des objectifs de pratique et de niveau de
jeu. Nos champions Français vont aider les spectateurs de la
chaîne en leur donnant des conseils techniques et tactiques. Il y aura
également une émission de type débat, échange sur
des sujets légers ou des sujets plus compliqués et plus lourd en
communication notamment un sujet qui a beaucoup été
évoqué récemment, les violences sexuelles dans le sport.
Comment on aborde le sujet, comment on prévient ce type de vice. Enfin,
il y aura la diffusion des tournois de jeunes et les tournois Futures.
Bien sûr, il y aura une audience qui sera sans doute
beaucoup plus réduite des audiences qu'on a habituellement avec
Roland-Garros. Mais certains tournois de jeunes pourront regrouper 4 000, 5
000, 6 000 personnes pour regarder un des meilleurs joueurs Français
jouer.
3. Pour faciliter l'accès à la
compétition, la FFT a mis en place un système de
compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi
consiste cette initiative ?
La compétition libre répond à des
attentes qu'on a analysé chez les joueurs. Elle est un énorme
succès chez les jeunes. Cette compétition est en place depuis
février 2019 et pour donner un chiffre, entre février et
août 2019, il y a eu 10 000 matchs libres et entre septembre 2019 et fin
février 2020, il y a eu 50 000 matchs libres. Le succès est
fulgurant.
143
Cette compétition est destinée chez les adultes
aux non-classés et quatrième série. Ils
représentent plus des trois-quarts des joueurs des clubs. Le seul moyen
de pouvoir se classer est de participer à des tournois ou des matchs par
équipes. Il y a des gens qui travaillent, qui ne peuvent pas être
assujetti à des convocations de juges arbitres, mais qui pour autant
quand ils jouaient ce qu'on appelle du jeu en loisir, avait l'habitude de faire
des matchs selon les règles. Ce format libéralise la
compétition.
Le tennis a connu une phase de démocratisation
importante, mais à cause d'une compétition trop codifiée,
restreinte, on voyait revenir des schémas à l'ancienne où
finalement certains jeunes joueurs devenaient très bons uniquement en
grande partie parce que leurs parents jouaient. Donc on a voulu
libéraliser la pratique. On le fait à peu près pour 90 %
des licenciés puisque si on ajoute les jeunes et les adultes, les
non-classés et quatrième série représentent
à peu près 90 % des licenciés. Pour les jeunes, il faut
qu'une personne du club, un entraîneur ou un président, soit
présent. Cependant, pour les adultes, via l'application TEN'UP, les
joueurs peuvent se défier, jouer le match et l'enregistrer sur TEN'UP.
Ces matchs compteront pour leur classement.
Concernant les nouveaux formats de jeu, je ne soutiens pas
tellement le super tie-break parce que je considère que le
troisième set, Il s'agit du match dans le match. Ce format accroît
la loterie en quelque sorte. Nous avons depuis quatre ans codifié un
certain nombre de formats de jeu pour le format puisse s'adapter. Par exemple,
sur les matchs de joueurs plus âgés, les seniors+, l'an dernier il
y a eu cette décision de remplacer le troisième set par un super
tie-break. Les résultats ont été assez négatifs de
la part des joueurs. On a mené une enquête auprès de tous
les joueurs qui ont joué en équipe Séniors+ en 2019, on a
vu que 54 % des joueurs étaient défavorables au super tie-break.
Il s'agit d'une majorité qui est très faible, mais qui reste
parlante pour autant. En double, ce format est accepté. Cependant, en
simple, les joueurs veulent jouer un match complet. On a décidé
de modifier le règlement pour l'année prochaine et de nouveau
laisser le troisième set normal. C'est sans doute aussi une
volonté de réduire la durée des matchs et de pouvoir en
faire plus dans une journée mais peut-être aussi pour
répondre à des attentes de joueurs qui n'ont plus
forcément envie de passer trois heures sur un court. À partir du
moment où on libéralise la compétition et qu'on sait qu'il
peut avoir soit un tournoi traditionnel, soit un TMC (Tournoi Multi Chance) qui
joue selon ces règles-là, à partir du moment, où en
tant que joueur, on s'engage dans ces tournois, cela veut dire qu'on accepte
leurs formats. Le choix existe après l'organisateur du tournoi
détermine s'il veut les appliquer ou non.
144
4. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée
des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?
Le padel est un sport qui a connu une croissance rapide dans
des pays où la météo est plutôt clémente
comme en Espagne et Amérique du Sud. Les premières analyses et
études que nous faisons montre que le padel ne se développe
vraiment que lorsqu'il est couplé ou adossé à des
installations de tennis.
Il s'agit d'un sport qui est très ludique, où
on s'amuse très vite, contrairement au tennis où il y a toujours
cette difficulté d'apprentissage notamment du service. Au padel on n'a
pas de contrainte de service, on effectue le service par le bas et on y joue
très vite. En tout cas dans les clubs où les installations ont
été construites, le tennis et le padel sont en totale
cohabitation. Il n'existe pas de rivalités entre les joueurs de padel et
de tennis. Il y a même une certaine mixité. On peut dire que le
padel à un bel avenir pour notre Fédération.
145
INTERVIEW 2 - Lionel MALTESE
Membre du Comité Exécutif de la
Fédération Française de Tennis en charge de son
développement économique
Interview téléphonique réalisée
le 31 mars 2020
1. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez
en place au sein de la FFT pour fidéliser et attirer des
licenciés ?
Le nombre de licenciés a augmenté de nouveau.
En tout cas, il s'est stabilisé date à date par rapport à
l'année dernière. Plusieurs actions ont été mises
en place pour développer la pratique. La FFT considère dans sa
globalité le fait de jouer en match, faire des matchs, de savoir
matcher, cela permet de fidéliser. Dans cette dynamique-là, il y
a deux initiatives majeures. Tout d'abord, on a développé la
plateforme Galaxie qui permet aux écoles de tennis, appelées les
Galaxies, de pouvoir avoir un suivi et un apprentissage le plus ludique et
performant possible des jeunes de moins de 12 ans. Un apprentissage technique
et tactique plus facile et un enseignement plus adapté sont des
critères d'attractivité d'une activité sportive. Une
deuxième version devrait sortir début 2021. Par ailleurs, on a
instauré le système de matchs libres. Le fait de pouvoir faire
des matchs libres pour des non-classés, quatrième série et
des jeunes dans les clubs et de les officialiser et cela permet de créer
une dynamique compétitive. Cela un impact clair sur la
fidélisation des pratiquants et donc la conquête de pratiquants.
Cette nouvelle réforme est à l'origine d'une étude qui a
été menée au sein de la FFT. En effet, on a analysé
qu'environ 30 % des garçons et 40 % des filles abandonnaient et
quittaient l'école de tennis chaque année. Ce sont deux actions
sportives avant tout.
Par ailleurs, une réforme de la licence est une
initiative qui devra être prise. Une étude a été
faite, il y a une prise de position de la FFT qui considère à
juste titre en fait que sur le million de licenciés, il y a 433 000
compétiteurs. Dans les compétiteurs, la majorité sont des
jeunes. Pour les adultes, ce sont les non classés et quatrième
série. Il s'avère que quasiment 90 % de la population connue
(parce qu'il y a pas mal de joueurs qui ne sont pas licenciés) de
joueurs de tennis sont plutôt des non-compétiteurs. La
création de valeur pour le pratiquant de tennis en compétition
est bien plus importante puisqu'il a accès à des
compétitions, à un classement, à des championnats par
équipes et beaucoup d'informations sur son palmarès. Alors que le
loisir vient juste jouer dans son club, sans matcher, sans
146
faire de compétition. Au final, il paie une licence
uniquement pour son assurance. La question : qu'est-ce qu'il y a
l'intérieur de la licence et comment travailler sur la population loisir
?
Sur cet axe de la population loisir, il y a un gros travail
qui est mis en place sur la réforme du métier de professeur de
tennis qui est à mon avis l'action majoritaire pour relancer, ou pour
dynamiser le nombre de pratiquant. Les diplômés d'état qui
sont à peu près 6000 enseignants professionnels en France pour
7500 clubs environ. Il y a eu la création d'un CFA (Centre de Formation
Agrée) qui remet petit à petit à plat tous les
métiers qui touchent au tennis et notamment le métier
d'entraineur, de diplômé d'état, notamment sur le
rôle d'animateur. Il y a vraiment une grosse action sur la réforme
des métiers.
Il y a une volonté de revoir la formation des
dirigeants et optimiser leurs compétences pour pouvoir promouvoir la
pratique dans les clubs.
Une autre action qui se mesure facilement est
l'investissement immobilier. 500 clubs par an sont aidés,
accompagnés par la FFT et par les collectivités qui cofinance
pour la plupart, pour rénover ou développer leurs infrastructures
sportives comme les courts, la terre-battue, les différentes surfaces,
l'éclairage, etc. En 2017, 1,7 millions d'euros qui étaient
investis. Aujourd'hui on est à peu près à 7 millions
d'euros d'investissement par an. Cela fait à peu près 500 clubs
depuis 2017 qui ont pu développer des améliorations de leurs
infrastructures qui crée quand même une dynamique forte parce
qu'il y a une corrélation forte entre la qualité
d'infrastructures et le développement de la pratique.
On développe les événements aussi.
Principalement les événements fédéraux avec
Roland-Garros et le Rolex Paris Master, mais aussi un réseau de tournois
assez denses, jeunes, moins jeunes, tournoi de très bon niveau avec
l'ATP, WTA, Challenger et ITF. Ce réseau de tournois de très haut
niveau qui irrigue quasiment tout le territoire, peut-être un peu moins
le Sud-ouest où il n'y a pas de très grandes manifestations. Il y
a un maillage événementiel qui fait qu'il y a beaucoup de joueurs
Français qui jouent. Il s'agit une belle vitrine du tennis
français et les personnes ont plusieurs opportunités de regarder
du tennis.
Le lancement d'une chaîne de télévision
à l'image de qu'a fait la Fédération Italienne de tennis.
Les Italiens ont créé une chaîne de
télévision de tennis qui s'appelle "Super Tennis" et qui
possède des
·
droits. Sur cette chaîne il y a beaucoup de matchs, mais
ils ont réussi à développer un lien entre la pratique du
tennis et la chaîne. Nous, on va lancer une chaîne de tennis,
quelque chose comme le Netflix du tennis français avec de l'OTT, du
replay et du direct. Sans acheter du direct parce que ces
droits sont chers. La FFT TV aura quatre contenus
:
147
Un contenu dédié à la pratique, à
la technicité, à la technique pour les diplômés
d'État et les joueurs.
· Un contenu plutôt corporate sur les clubs et le
fonctionnement des clubs. Tout ce qui concerne la vie des clubs, reportages
sur des clubs, des contenus pédagogiques sur comment gérer son
club.
· Un magazine qui intégrera tout ce qui est
"Behind the Scene", ce qu'il se passe en coulisse de Roland-Garros, des
équipes de France, des tournois, des joueurs français qui
permettra d'avoir plus de contenu inside.
· Du live avec du streaming sur des compétitions
amateures, les très bons tournois jeunes comme les Petits As, le tournoi
du Pont des Générations, les championnats de France, les finales
d'autres tournois.
Une production internalisée à la
Fédération va permettre d'avoir du live sur un certain
nombre de compétitions de niveau national. Peut-être
des qualifications sur les tournois qui ne sont pas diffusées, parce que
celles de Roland-Garros sont diffusées sur Eurosport, chaîne
payante, puis diffuser d'autres tournoi comme Bercy, l'Open 13 et l'Open de
Lyon.
2. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau
national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur
?
TEN'UP est un outil logique devait être mis en place,
surtout avec l'évolution de nos modes de consommations, mais je ne
comprends pas pourquoi cela n'a pas été fait avant.
Cette application a été mise en place
l'année dernière en avril 2019. Elle va avoir une deuxième
version qui permettra d'avoir une approche un peu plus phygitale du tennis
c'est-à-dire à la fois sur le digital pour trouver un partenaire,
un tournoi, pour avoir des informations, pouvoir avoir une plateforme de marque
collective. Aujourd'hui, il y a plus de 250 000 personnes qui sont
connectés à TEN'UP,
148
l'application est gratuite et offerte par la FFT et qui permet
aussi aux clubs de pouvoir communiquer avec les différents clients,
c'est-à-dire les adhérents ou voir les joueurs de tennis dans les
clubs, ceux qui viennent faire des tournois, les touristes et ceux qui viennent
de manière particulière.
Après, il y a des actions classiques : la
publicité, des actions de communication, etc. Ce qu'il y a pour
l'instant d'impactant, je dirais à court terme, c'est le fait de
créer, rénover les courts de tennis et de proposer des outils
comme la plateforme de marque TEN'UP ou le système d'information pour
les clubs. Cela touche le plus leur quotidien, surtout au niveau du
relationnel, mais surtout, c'est l'amélioration de leurs installations
qui est primordiale.
Je suis en train de faire un article car je suis chercheur
dans la vie, en dehors de mon rôle à la FFT et de mon rôle
de professionnel dans le milieu du sport, j'enseigne et je fais de la
recherche. Je suis en train de réfléchir aux compétences
nécessaires pour les professeurs de tennis qui ne se limite pas juste
à la base, à la balle de tennis en fait. Il y a vraiment le fait
d'animer un club qui reste globalement. Bien sûr même si la
compétition, c'est très important, mais si votre sujet est
axé sur la volumétrie, la volumétrie va plus être
sur le loisir. Quelle est la valeur ajoutée d'être un
licencié à la FFT en faisant que du loisir ? Quels sont les
avantages du "client" en faisant du loisir ? Sur la compétition, il y a
beaucoup de choses mises en place, mais sur le loisir, appartenir à
cette fédération, à part être adhérent au
club, peu d'initiatives existent alors que le loisir représente quand
même 90 % de la population des licenciés de la FFT.
Je pense qu'il devrait avoir une typologie. Un peu comme les
professeurs, vous avez des professeurs qui sont plutôt chercheurs donc
ils vont aller faire de la recherche, ils ne vont pas donner trop de cours,
mais ils vont être des savants ou des experts sur des domaines. D'autres
professeurs sont plutôt des professionnels, des gens qui ont fait les
bonnes études et qui après vont appliquer dans les entreprises.
Puis les professeurs qui sont des très bons animateurs, qui ont un bon
réseau, qui pilote des formations, qui recrutent des étudiants,
qui accueille les étudiants. Et puis vous avez des professionnels
savants, c'est-à-dire des gens qui ont eu un très bon niveau
technique et qui continue à l'appliquer, des professionnels
académiques.
En général, il y a un attelage dirigeant et
entraîneur, mais clairement aujourd'hui ce qui fait l'attractivité
d'une organisation associative, c'est son entraîneur.
149
INTERVIEW 3 - Gilles MORETTON
Président de la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis Interview
téléphonique réalisée le 3 avril 2020
1. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en
place au sein de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes pour fidéliser et
attirer des licenciés ?
Le problème de la baisse des licenciés est un
faux problème. Ce n'est pas le problème majeur. Le
problème majeur est plus dans la façon dont les gens aujourd'hui
consomment le sport en général.
La licence, qui est quelque chose d'institutionnel et qui
existe depuis toujours, n'est plus forcément adaptée aux modes de
consommation. On a vécu une période faste du tennis dans les
années 1980, 1990 où le tennis était le sport à la
mode, le sport tendance où les gens allaient dans les clubs, faisaient
des stages de tennis. On avait des appels entrants dans les clubs, il y avait
presque la queue et on avait 1,4 millions de licenciés. Le concept de la
pratique du sport dans ces années était : je pratique le sport
dans un club affilié à une fédération avec une
licence.
Dans les années 1990, est apparue une nouvelle
génération qu'on appelle dans le marketing sportif la
génération de "glisse". Cette génération de glisse
est née avec le roller, le skate. Mais en fait elle correspondait
à une façon de consommer le sport toute nouvelle et
différente. C'était, "je pratique du sport où je veux,
quand je veux, avec même parfois mes propres règles". Les
pratiquants créent leurs propres règles. Tout cela c'était
hors cadre clubs, licences, fédérations. En même temps est
apparue la génération "zapping", c'est-à-dire que les gens
sont amenés à consommer, à picorer des activités
à droite, à gauche. Pendant deux mois, je vais dans une salle de
gym, pendant deux mois, je vais faire du ski, ensuite, je vais faire du tennis
et autre chose. La façon de consommer du sport est devenue très
différente.
Et nous, pour revenir sur la baisse du nombre de
licenciés, toute cette période-là pour arriver
jusqu'à maintenant, 2020, le tennis n'est plus d'abord le sport tendance
et le sport à la mode. Le tennis a pris sa place, et une très
belle place puisqu'on est le deuxième sport en France en termes de
licenciés. Mais est-ce que la licence aujourd'hui est la
référence dans la mesure où les études montrent
qu'il y a
150
environ 3 millions, 4 millions de pratiquants de tennis, sans
qu'on tout soit exact, mais il y a énormément de courts de tennis
qui sont non affiliés à la FFT, qui se situent dans des campings,
dans des universités, dans les communes avec les courts municipaux
où on va jouer gratuitement.
Donc la vraie réflexion par rapport à cette
problématique, il faut absolument réfléchir sur la
licence. La licence n'a quasiment pas bougé. Alors qu'il y avait eu dans
des études des résultats qui montraient l'inverse. On
était parti d'un verbatim sur les demandes qui pouvaient émaner
des pratiquants, des présidents de clubs, des non-licenciés qui
jouaient au tennis. Ce verbatim n'a pas été respecté, n'a
pas été pris en compte et donc on a abouti en fin 2019 a une
non-réforme. La licence n'a pas été réformée
alors que je pense pour surmonter la baisse du nombre de licenciés, il
faut réformer la licence.
À mon avis le problème est assez vaste, beaucoup
plus vaste parce que cela touche la licence, mais touche aussi la façon
dont les gens aujourd'hui consomment et pratique le sport. On est dans un
phénomène qui est beaucoup plus large, qui est sociétal.
On a eu le siècle dernier qui a été le siècle de
l'industrialisation et là, on vient de rentrer dans un siècle
nouveau, on va au contraire s'éloigner de l'industrialisation parce que
maintenant on a tous les outils. Les gens maintenant sont aussi sur une notion
de partage, on a BlaBlaCar, Airbnb. Il y a des tas de choses qui font que le
phénomène qui est en train de se passer va nous emmener à
reconsidérer aussi plein de choses dans notre façon de vivre.
Et nos clubs de tennis, alors j'en viens à la licence
et à nos clubs, la réforme elle est très large, elle va
porter sur la licence, mais elle va reporter aussi sur l'existence même
de nos clubs. Le principe d'un club, c'est qu'il est fermé. Un club veut
dire vous êtes membres ou vous n'êtes pas membre. Aujourd'hui, nos
clubs de tennis et bien ils sont réservés et les autres, ils
n'ont pas le droit de rentrer. Il y a même des gens qui aimeraient
peut-être pratiquer le tennis, mais je ne suis pas membre, je n'ai pas le
droit d'aller dans un club.
Aujourd'hui, l'image, la caricature qu'on pourrait avoir :
autour d'un club, il y a des barrières, des barbelés. Il s'agit
d'une caricature mais vous êtes "in or out". Quand vous êtes membre
vous pouvez aller dans le club. Mais sans être un membre, même si
vous êtes un petit peu attiré, la réponse est "je ne suis
pas membre, je n'ai pas le droit d'y aller". La réforme
générale, elle est peut-être sur le fait que ces
barrières de club doivent tomber. Parce que cela caractérise
quelqu'un qui est dans un club et quelqu'un qui n'est pas membre. Et là
c'est la licence, le fait d'être membre, mais membre cela veut dire
automatiquement une licence. Et donc, aujourd'hui, on ne différencie pas
la licence du
151
compétiteur et du non-compétiteur. Je pense
qu'il s'agit de la société qui change et que la façon de
consommer le sport qui va nous amener à faire des modifications. Ces
modifications vont porter sur la licence, mais pas seulement.
Je pense qu'il y a une énorme réforme à
faire dans la façon dont on forme les enseignants. Effectivement, la
première qualité qu'on demande aujourd'hui à un enseignant
est l'humain, il faut aimer les individus. Si on a quelqu'un qui est
introverti, qui a du mal à communiquer cela va être
compliqué. La première qualité est l'humain et la passion.
Dans les critères de formation, il s'agit d'un élément
très fort.
On a maintenant les CQP AT (Certificat de Qualification
Professionnelle Animation Tennis) et CQP ET (Certificat de Qualification
Professionnelle Enseignant Tennis). Des formations sont faites, il y en
très peu malheureusement pour l'instant, mais cela existe pour des gens
qui voudraient jouer ce rôle de G.O, des organisateurs comme au Club Med,
dans un club. Cela est indispensable. C'est un rôle d'animation mais qui
doit faire partir de la formation de l'enseignant. Je vais exagérer mais
l'enseignement du coup droit et du revers vient après. Première
qualité, c'est l'humain. Deuxième qualité, c'est aimer les
autres, être capable de jouer ce rôle dans un club. Après,
bien évidemment, il faut apprendre le coup droit et le revers, mais cela
vient derrière. Et en matière de formation, il y a effectivement
un certain nombre de choses qu'il faut revoir. On est pareil sur un
modèle très ancien de formation avec le besoin d'évaluer
le formateur. Il y a tout un programme. Il y a un combat aujourd'hui qui se
mène entre le ministère des Sports et la FFT. Les
fédérations veulent récupérer la formation et le
diplôme. Il ne faut pas oublier que les diplômes d'enseignants sont
des diplômes d'État, c'est sous la coupe du ministère de la
Jeunesse et des Sports mais que les fédérations voudraient en
fonction de leurs sports faire évoluer le diplôme. La
volonté est de ne plus avoir un diplôme d'État, mais un
diplôme fédéral. Il y a un match en ce moment entre les
fédérations sportives et le ministère pour
récupérer le contenu et puis adapter justement le contenu et dont
l'animation fait partie.
2. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au niveau
national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce secteur
?
Il faut remettre la digitalisation à sa place, il
s'agit d'un outil. On ne remplacera jamais l'humain. Et le tort qu'on a, il
faut même s'en méfier : le tennis était fait de contact.
J'arrive dans un club, je n'ai pas de partenaires, les clubs qui peuvent se le
permettre ont une personne, c'est un "go between", un
152
intermédiaire qui met en relation des gens qui
cherchent des partenaires. L'humain doit rester la priorité dans nos
clubs. L'outil TEN'UP aujourd'hui est une catastrophe. On peut le prendre sous
un angle pratique et on peut le prendre sous un angle où on
enlève toute relation humaine. Je réserve un court sur mon
téléphone, je vais jouer, je ne vois plus personnes et je m'en
vais. C'est la mort de l'esprit de club tel qu'on l'envisageait. Aujourd'hui,
sur des grands clubs qui ont la chance d'avoir un salarié ou une
personne, ou un club house avec un bar avec un gérant, cela marche bien.
La moyenne de nos clubs en Rhône-Alpes ce sont 110 licenciés. Mais
dans mon club, on est 200 licenciés, on n'a pas de personnel permanent
donc on arrive dans le club, il n'y a personne, je réserve, et je m'en
vais. Je n'ai vu personnes, je n'ai parlé qu'avec mon adversaire avec
lequel j'ai réservé. C'est quelque chose dont nous, on doit se
méfier. Il s'agit d'un outil performant et efficace, mais attention de
ne pas délaisser l'humain pour le digital.
153
INTERVIEW 4 - Éric LARGERON
Secrétaire Général de la Ligue
Occitanie de Tennis Interview téléphonique
réalisée le 27 mars 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
J'ai été secrétaire
général de mon club en 1981 à 19 ans. Ensuite, je suis
passé par la commission d'arbitrage de 1990 à 1995, puis à
la commission sportive de 1996 à 2000. À partir de 2000 j'ai
été président d'un club, dans le comité de
l'Hérault. Ensuite de 2008 à 2017, j'ai été
président de la Ligue Languedoc-Roussillon. Quand on a fusionné
avec la région du Midi-Pyrénées pour faire Occitanie, je
suis devenu secrétaire générale de cette nouvelle
ligue.
2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la
baisse du nombre de licenciés ? Quel a été le constat ? Si
oui, comment l'expliquez-vous ?
J'ai été un petit joueur de club, mais je
connais bien le fonctionnement des clubs. J'ai vécu la grosse expansion
du tennis du début des années 1980, à 1990. À la
suite de la victoire de Yannick Noah, il y a eu des opérations
fédérales comme la construction des 5000 courts qui ont fait
exploser le tennis en France avec un nombre de licences qui a
dépassé 1,3 millions. Ensuite, la licence a augmenté un
petit peu, les charges des clubs aussi, et puis les propositions de loisirs
dans d'autres clubs étaient plus importantes.
Je me suis aperçu d'une érosion, tout d'abord
chez les adultes, assez tôt, au milieu des années 2000, entre 2005
et 2010. Et ensuite, il y a également eu l'érosion des jeunes
aussi par l'avènement de tout ce qui est vidéo et
téléphone. Puis il y a eu toutes les nouvelles propositions de
sports et autres activités.
Le gros boom négatif a été le passage des
rythmes scolaires à quatre jours et demi d'école au lieu de
quatre jours pour les enfants. Il y a eu un saut, plus la conjoncture qui
n'était pas forcément très positive. Je dirais que notre
sport est un petit peu vieillissant. Oui, la baisse se ressent. Une
érosion chez les adultes, plus marquée chez les dames, et ce
contre coup chez les enfants avec les rythmes
154
scolaires parce que quand on est repassé à 4
jours pour la plupart des communes, on n'a pas forcément beaucoup
rattrapé.
Depuis deux ans, cependant, la baisse de licenciés va
mieux. L'année dernière on a gagné entre 1 à 2 %
par rapport à l'année d'avant. C'est la deuxième saison
où on a enrayé la baisse continuelle du nombre de
licenciés.
3. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez
en place au sein de la Ligue Occitanie pour fidéliser et attirer des
licenciés ?
Les actions qui ont été mises en place, est
surtout de jouer sur le prix de la licence. J'étais
vice-président de la FFT à l'époque de 2013 à 2017,
et j'ai fait partie du groupe qui réfléchissait sur les prix de
licences, des licences moins chères. On n'a jamais bien abouti sur ce
projet.
On était allé sur des licences scolaires
beaucoup moins chères. Après, il y a eu la sortie de la licence
Découverte. La licence Scolaire est aussi pour faire du chiffre. La
licence Découverte est une possibilité offerte aux personnes
d'être licenciées alors qu'elles ne prennent pas de cotisation,
mais qui prennent des cours ou jouent au tennis seulement au mois de mai ou
juin. Elle est valable trois mois. Ce sont des licences d'appel. La licence
Découverte est apparue pour ouvrir les clubs facilement à de
nouveaux pratiquants ou pour ceux qui jouent occasionnellement, mais qui n'ont
jamais pris de licences. Cette licence leur permet de prendre des cours ou
jouer au tennis, au padel ou au beach tennis sur une période de trois
mois pour un prix dérisoire de 3 euros. La licence Découverte est
vraiment pour faciliter l'accès à la pratique du tennis en
évitant de faire peur aux pratiquants avec un engagement sur un an. La
licence Scolaire est pour offrir une assurance aux enfants lorsqu'ils
pratiquent avec leurs écoles. L'objectif est de les faire revenir plus
facilement dans les clubs après leur cycle de pratique.
À l'époque, il y a eu une opération
appelée "Pass Tennis". Elle était constituée de licences
gratuites entre 2000 et 2013. Il n'y a pas eu de résultat
particulièrement positif. En pourcentage par rapport au million de
licenciés cela ne représentait vraiment pas grand-chose, mais
permettait à certains de pouvoir arrondir un peu, de ne pas afficher
qu'ils étaient bas au niveau des licences.
155
Le reproche que je fais aux deux nouvelles licences
Découverte et Scolaire : rien ne les distingue. Il n'y a seulement
qu'une assurance proposée. Par exemple, les personnes n'ont pas le droit
de faire de compétitions. Il s'agit d'un frein majeur parce qu'on se met
au tennis au mois de mai, on veut faire un ou deux tournois pour se classer et
puis après cela peut enchaîner sur quelque chose comme une
adhésion à l'année au sein d'un club. Si avec une licence
découverte, la compétition n'est pas autorisée, cela
n'intéresse pas.
Il y a eu également l'instauration de la licence Web.
La FFT espérait récupérer des licenciés qui
n'étaient pas inscrit dans des clubs, mais qui étaient
intéressés que pour faire des tournois. Cette licence
intéresse quelques joueurs. Elle est légèrement plus
chère que la licence classique. En pourcentage, c'est également
très faible, cela ne représente pas grand-chose.
Dans les élections 2017, il y avait trois listes. La
liste qui a été choisie s'est démarquée sur trois
grands thèmes. Tout d'abord les classements avec la sortie du classement
mensuel. Pour les plus petits, l'arrêt de l'âge réel, parce
qu'il était mis en place une usine à gaz avec l'âge
réel avec le Tennis Galaxie qui allaient. Les enfants jouaient contre
des enfants strictement de leurs âges et non pas de leurs
catégories d'âges. C'était un des gros aspects de campagne.
Et, de changer les missions de la DTN (Direction Technique Nationale) pour
aller plus vers les projets individuels. Les mises en place
fédérales, les raquettes FFT, ils devaient avoir les raquettes
FFT Ados, ce sont des actions fédérales qui ont plus ou moins de
succès, mais qui sont bien et qui permettent aux gens de pouvoir
adhérer au tennis. Les actions en elles-mêmes sont bien.
Il y a également le projet "de la cour aux courts" au
niveau scolaire. A peu près le même projet est mis en place depuis
longtemps. Soit les clubs vont dans les cours de récréations et
installent du matériel tennis et font jouer une classe, soit la classe
vient dans un club pour faire du tennis. Cela est inscrit dans le programme des
heures qu'ils ont dans la semaine pour la motricité, la vision dans
l'espace, etc. Une convention est signée avec l'Éducation
Nationale et l'UNSS pour justement encourager cette action et le faire savoir.
L'objectif n'est pas de faire comme dans les écoles de tennis de nos
clubs. Le tennis à l'école peut s'organiser selon trois formes :
au sein des infrastructures scolaires avec un entraîneur de tennis qui
installe du matériel de tennis, dans les clubs à proximité
des écoles ou bien du matériel est fourni par la FFT ou
l'UNSS.
À l'école les élèves pratiquent le
tennis évolutif, au collège, le 6/3 tennis puis au lycée
la FFT a développé le beach tennis lycée. Le tennis
évolutif correspond à du matériel adapté, notamment
les
156
balles et les raquettes, qui se joue sur des terrains plus ou
moins réduit. Le 6/3 tennis propose un matériel adapté
avec des raquettes plus petites et des balles en mousses ce qui permet de faire
des échanges. Cela se joue sur un terrain de badminton où le
filet est baissé, permettant ainsi d'être facilement mis en place
dans un gymnase par les enseignants. Ces deux activités permettent
d'aborder tous les coups du tennis tout en favorisant les échanges, donc
le plaisir de jouer.
Il y a quelque chose qui à mon avis ne marchera pas :
le e-tennis, le tennis sur console. Il y a un Championnat de France qui devait
être mis en place en 2020. Les qualifications se sont
déroulées pendant le tournoi de Tarbes, il n'y a pas eu
d'inscrit. Ils installent des consoles sur un lieu et les gens viennent jouer
les uns contre les autres avec des qualifications comme un petit tournoi. Au
lieu d'avoir la raquette en main, ils ont les manettes. Cette idée ne
marche pas parce que les gens jouent de chez eux. Il y a certes des gros
rendez-vous comme les gros forums sur des jeux vidéo, mais ce sont
souvent des jeux de guerres et des jeux de stratégie. Le foot s'adapte,
mais le tennis moins, il s'agit d'un style de jeu trop monotone, cela
n'accroche pas forcément.
4. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Pour l'instant, on n'est pas suffisamment compétent
pour pouvoir bien expliquer aux clubs la culture marketing et leur faire
adopter le principe. On a besoin d'apporter plus de formation au sein des
Ligues pour pouvoir développer ces outils plus facilement au sein des
comités et des clubs. Puis certains clubs ne cherchent pas
forcément à se développer. Ils ont déjà une
activité qui leur suffise. Par exemple ils ont 200 membres, ils restent
sur 200. Ils tournent bien, ils ont le nombre de terrains correspondant, les
équipes correspondantes et ils vivent comme cela. C'est vrai qu'on
pousse les clubs à en faire plus, à se développer
davantage, mais parfois, ils se contentent de ce qu'ils ont. Ils ont un
équilibre financier, un équilibre au niveau de leurs
adhérents et ils ont du monde dans leurs tournois, ce qui leur permet
d'avoir un peu de retombées financières. Ils font des animations
pour gagner un peu d'argent, ils fonctionnent comme cela. Si effectivement
l'activité, donc le nombre d'adhérents, baisse trop, là
ils seront plus en difficulté économique. Souvent, la plupart des
clubs mettent des choses en place pour maintenir leurs effectifs et non pas
pour attirer de nouveaux pratiquants.
Le problème politique qu'il y a souvent à la FFT
est qu'on lance une idée et elle est lancée même si elle
n'est pas parfaite, même si elle reste totalement perfectible. Cela a
été le cas et l'inconvénient de
157
l'application TEN'UP. TEN'UP a été
annoncé comme sortant le 26 avril 2019. L'application est sortie
à cette date alors qu'il y avait des bugs et des choses qui ne
marchaient pas. Il s'agit d'un bon outil. Cela remplace l'ancien espace du
licencié. Il est beaucoup plus dynamique.
Cependant, il y a des petites imperfections. Par exemple, il
n'y a pas de possibilité de communauté, de pouvoir partager un
petit peu comme une sorte de réseau social interne au club ou à
la FFT. Il y a également différents problèmes. Par
exemple, je ne joue pas en équipe, mais mon club m'a quand même
mis sur une liste type. Si je regarde mon profil TEN'UP, j'ai un rendez-vous le
24 mai pour jouer contre un tel club en match par équipe. La gestion
sportive a programmé un match mais je suis sur la liste type au cas
où il y a des problèmes sur les autres joueurs engager. Souvent,
sur quatre joueurs, dix joueurs sont inscrits sur les listes au cas où.
Mais cela ne veut pas dire qu'ils vont jouer. C'est souvent ce que les clubs
font pour apporter de la sécurité et ne pas pénaliser une
équipe. Donc, sur tous ceux qui sont sur la liste, il est indiqué
qu'ils ont un match le 24 mai sur leur profil TEN'UP. Cela peut poser des
problèmes pour celui qui fait l'équipe et qui doit dire aux
joueurs "non désolé ce n'est pas toi". En Championnat de France,
ce sont des listes de dix joueurs qui sont imposées, du coup les dix
joueurs reçoivent la même information. Cela reste minime mais pour
la communication interne et la cohérence des clubs ce n'est pas top.
Pour moi, il y a un manque de communauté et une grande quantité
de bugs qui apparaissent assez souvent.
Par ailleurs, les clubs ont été obligés
de mettre en place des offres pour apparaître sur TEN'UP. Ils ont
été obligés de mettre en place plein de paramètres
assez rapidement, cela été compliqué. Ils s'agissaient
plus de contraintes pour les clubs qu'une aide, c'est dommage.
Au niveau de la FFT TV, ils ont évolué. Dans le
programme Agir et Gagner, au départ c'était une chaîne 100
% tennis, maintenant, il s'agit plus d'une Web TV. L'inspiration vient d'une
chaîne italienne. Ils proposeront une succession de vidéos que les
personnes pourront regarder. Ils veulent du one shot, de l'instantané,
ils ne veulent pas passer deux heures devant une chaîne. Les spectateurs
recherchent cela aujourd'hui. Repasser des matches entiers n'intéresse
pas les gens.
5.
158
Le tennis est un sport pratiqué majoritairement
par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public
davantage féminin ?
Toutes les dames qui ont participé à ces
compétitions ont été ravies, malheureusement, il y en a eu
beaucoup trop peu. Les épreuves de Raquettes FFT se sont jouées
à Annecy en 2018, en 2019 à Saint-Malo. En Occitanie, il y a deux
équipes de quatre joueuses donc cela fait dix joueuses par rapport
à une Ligue de 90 000 licenciés, dont environ 40 000 adultes dont
12 000 femmes. Le but est vraiment de créer une dynamique au sein des
clubs et de proposer une formule qui plaît aux femmes comme un repas et
des animations pour assurer une ambiance conviviale. Dans les dix joueuses qui
participent aux Raquettes FFT, ce n'est pas forcément cette
compétition qui va sauver le tennis féminin. Surtout que nos
qualifications concernaient très peu de joueuses. Il faut encore
développer cette compétition. Toutes les dames qui ont
participé à ces compétitions ont été ravies,
malheureusement, il y en a eu beaucoup trop peu. Lorsque les femmes font de la
compétition, cela est essentiellement en matchs par équipes avec
les copines. Ce format correspond bien à la demande.
Concernant les actions pour le tennis féminin, chaque
Ligue a des aides, des subventions pour les clubs qui font des actions. Les
Ligues donnent une liste de thèmes prioritaires pour justement pouvoir
aider ces actions. Le tennis féminin fait partie d'une des actions
prioritaires. Il y a beaucoup de choses mises en place comme des
journées d'animations, des cours adultes gratuits où la FFT qui
paie le moniteur, tout ceci est mis en place. Il y a également une aide
de l'État qui s'appelle l'ANF, anciennement CMDF. Ces systèmes
d'aides sont pareils, ils demandent aux Ligues de doter les clubs avec des
subventions sur différents thèmes comme le tennis dans les
quartiers, le paratennis, le tennis féminin, l'accès à la
compétition, le sport adapté, la santé. Le tennis
féminin reste quand même une priorité de
développement possible, justement pour éviter qu'il y ait trop de
femmes qui arrêtent et surtout essayer d'en récupérer
d'autres.
6. Les initiatives mises en place sont-elles trop
tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la
pratique loisir ?
Le loisir est souvent l'affaire des clubs. Je ne pense pas que
cela soit une initiative mise en place pour la FFT. C'est-à-dire que ce
sont eux qui montent leurs soirées salades où ils proposent de
jouer au tennis puis font des soirées à thèmes
derrière. Nous au niveau de la FFT si on peut aider, on aide, mais cela
vient souvent des clubs. Notre rôle est axé sur la partie plus
compétitive.
159
7. Pour faciliter l'accès à la
compétition, la FFT a mis en place un système de
compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi
consiste cette initiative ?
La compétition libre est un sujet relativement
complexe. La compétition libre pour les jeunes est une bonne chose pour
plusieurs raisons. Les jeunes demandent tout de suite quand ils débutent
par jouer en compétition, de faire des matchs, et l'offre de
compétitions faite par les départements ou par les clubs par
l'intermédiaire de leurs tournois n'est pas forcément
adaptée. Quand on fait un tournoi, il faut payer une inscription, quand
on fait des matchs par équipes, il faut avoir des créneaux pour
laisser les terrains au détriment des adhérents ou de
l'école de tennis, donc ce n'est pas simple.
L'idée de ce nouveau format est un peu comme le golf.
Les joueurs de golf font de l'auto-compétition, c'est-à-dire
qu'ils font un parcours et cela compte pour leurs classements. L'idée
est que le match contre le copain se transforme en quelque chose
d'homologué. Puisque souvent, les personnes prennent le classement comme
une récompense et en fait le classement dans la réalité,
c'est un niveau de jeu. Si par exemple un jeune bat trois fois un joueur
classé 30/5, si ce n'est pas dans le cadre d'un tournoi, mais dans un
cadre amical, ce n'est pas gênant qu'il soit 30/4 ou 30/5 à la
fin. Il s'agit d'une bonne chose.
Ce même format va être transposé chez les
adultes en avril 2020. Il y a des avantages, pareil que chez les jeunes parce
qu'il y a des endroits où il n'y a pas de tournois. Certaines personnes
n'ont pas le réflexe tournoi parce que s'ils gagnent un match et bien,
ils ne sont pas capables de se libérer deux jours après à
une heure spécifique pour affronter un autre adversaire. La
compétition libre, qui est limitée à 30/1, répond
effectivement aux besoins, notamment pour les personnes qui ne peuvent pas
faire de compétition le dimanche matin ou en tournois. Mais, justement,
on a peur et on pense que les tableaux des non-classés, quatrième
série risquent de se vider dans les tournois traditionnels. Pas
forcément au départ, mais sur le long terme. Quand les personnes
vont comprendre qu'il est possible de jouer contre une autre personne du club,
un copain, ou une personne qu'on ne connaît pas forcément, sur une
partie d'une heure, et d'avoir un résultat homologué, cette
situation-là peut remplacer un tournoi. Donc, on craint que cela vide
les matchs par équipes parce que les quatrièmes séries
doivent se libérer en général le dimanche de 9 h à
14 h, pour jouer des simples et doubles. Dans la compétition libre, il
n'a qu'un seul match à faire et puis le joueur peut rentrer chez lui. Il
y a la peur d'une désaffection sur les tournois, on a peur que ce format
entraîne un effet de cannibalisation. Il y a déjà certains
au service compétition à Paris qui le disent. Par exemple, si on
est quatrième série, je décide de jouer quelqu'un qui est
classé 30/2, je prends rendez-vous, je joue le match, et nous rentrons
nous-même le résultat via TEN'UP sur le téléphone.
Ce n'est pas encore en place sur TEN'UP donc pour
160
le moment les clubs utilisent ADOC. Le responsable du club ou
l'entraîneur de tennis rentrent le résultat. Mais à la
longue, l'idée est de rentrer son propre résultat sur TEN'UP. Ce
n'est pas forcément très bien au niveau de la
vérité et du système. À la FFT on se dit que cela
ne concerne que les joueurs en quatrièmes séries, donc au pire si
les gens trichent, s'il y a de l'abus, ils n'iront pas tellement haut dans les
classements. Il y a l'inquiétude au niveau des abus, notamment du fait
qu'il n'y ait pas de contrôles. Les gens ne vont pas forcément
jouer le match en entier et faire seulement un seul set. Il faut essayer, on
verra bien.
Pour les jeunes, il s'agit d'un format qui marche bien. Au
tennis, il n'y a pas forcément cette possibilité d'avoir un match
qui compte dans une compétition. La compétition libre est une
bonne chose pour cela. Elle permet de faire de la compétition, une fois
par semaine comme un jeune qui fait du foot ou du rugby. Par rapport à
nos licenciés, il y en a trop peu qui faisait de la compétition,
une des raisons pourquoi on n'arrivait pas à fidéliser les
jeunes. Par rapport, aux professeurs, il faut leur apprendre à s'amuser,
à matcher plutôt que des cours théoriques avec le panier.
Il faut mettre en place des revirements pédagogiques.
8. Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel
?
Même si le padel n'explose pas en nombre de licences, il
est en train de connaître une grosse expansion parce qu'il s'agit d'un
nouveau sport.
Ma Ligue est frontalière avec l'Espagne. De notre
côté le padel est arrivé déjà depuis quelque
temps, en particulier dans les Pyrénées Oriental. J'ai
vécu l'avènement de ce sport d'abord en Espagne puis en France.
En Occitanie, les structures "poussent comme des champignons". Il y a
même une réelle désaffection presque des terrains de tennis
au profit des terrains de padel. Tout club qui est important dans notre Ligue a
au moins un projet pour construire un ou deux terrains de padel, en plus des
terrains de tennis qu'ils ont. Et souvent ils construisent les terrains sur les
installations tennis, c'est-à-dire par forcément à part.
Un terrain de tennis est utilisé pour faire deux terrains de padel
dessus.
Lorsque j'étais encore à la FFT, on
s'était posé beaucoup de questions si on allait prendre le padel
sous le giron de la FFT ou non. On s'était dit qui si on le prenait sous
notre giron, cela serait beaucoup de boulot et n'allait pas être simple.
Mais si on ne le prenait pas, la Fédération qui allait se mettre
en place et prendre ce sport, risquait de prendre le dessus comme la
Fédération de padel en Espagne avec le
161
tennis. On a préféré maîtriser le
développement de ce sport. Quand une municipalité ou un club
décide de faire un ou deux courts de padel, en général, il
décide de le placer dans un lieu stratégique qui
n'enlèvera qu'un seul terrain de tennis. Si c'était une autre
Fédération en charge du padel, le tennis n'aurait pas eu droit
à la parole là-dessus. Un maire peut très bien dire qu'il
décide de prendre deux terrains couverts de tennis pour faire quatre
terrains de padel couvert. On a préféré que le padel reste
dans le giron fédéral pour pouvoir maîtriser le
développement de ce sport.
En Occitanie, on est dans une courbe ascendante en nombre de
pratiquants. Surtout de compétiteurs puisque pour l'instant on ne peut
pas vraiment les compter. En Occitanie, il y a entre 70 et 100 structures qui
ont des terrains de padel. C'est énorme. Il y a des structures
privées avec uniquement des padel et il y a pas mal de gros clubs qui
possède au moins un terrain de padel. Après, arrivera le moment
où il y aura trop d'installations par rapport aux pratiquants. On
s'aperçoit déjà que chez les compétiteurs, ils ont
un très bon réseau social entre eux, ils communiquent, partagent
beaucoup entre eux, il y a des groupes WhatsApp, ils s'envoient plein
d'informations, mais dans les tournois il s'agit plus ou moins les mêmes
qui jouent. À un moment donné, on va créer des structures
supplémentaires mais est-ce que cela va amener plus d'adhérents
pour autant ? Oui, mais pas forcément autant qu'on peut le penser.
Pour l'intégration du beach tennis à la FFT il y
a eu le même raisonnement que le padel. En Italie, le beach tennis marche
mieux que le tennis. On a décidé de le prendre dans notre giron.
Mais en France, ce sport n'a pas forcément accroché. En plus, on
a commencé par la vitrine, on a commencé par les Championnats de
France. On a organisé des super Championnats de France sur une plage. On
voulait avoir un effet de cascade avec la création de structures, etc.
En Occitanie, on va dire qu'il y a cinq à six structures de tennis qui
ont du beach tennis. Par rapport au padel, cela très peu. Contrairement
au padel, où un joueur vient avec ses chaussures, sa raquette et ses
balles, le beach tennis se joue sur le sable donc il faut se mettre pieds nus
et juste prendre sa raquette et ses balles. Au beach tennis il faut
également monter son propre terrain avec les lignes que l'on tend avec
des jalons plus le filet que l'on tend aussi, etc. Donc il y a une
préparation à faire avant de pouvoir jouer. Après avoir
joué, il faut tout ranger dans les sacs, etc. Cette particularité
n'attire pas forcément beaucoup de joueurs parce qu'il y a trop de
contraintes. Le beach tennis n'attire que les vrais passionnés. Par
ailleurs le beach ne peut pas se jouer toute l'année, cette
activité reste essentiellement estivale. Pour le développement de
cette activité, ce n'est pas un point positif. On doit avoir 200-300
joueurs à peu près en tout en Occitanie. Pour le championnat
régional, on a une centaine d'équipes, tout confondu. C'est
très occasionnel. On a très peu de vrai joueur de beach
tennis.
162
INTERVIEW 5 - Julien ISARD
Chargé de développement à la
Ligue Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis Interview
téléphonique réalisée le 27 mars 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
J'ai passé mon DEJEPS au Tennis Club de Pringy puis
j'ai été Directeur Sportif au club. Après, j'ai
enchainé sur le DESJEPS que j'ai passé en deux ans. Ensuite j'ai
été recruté par la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes pour
être Conseiller Sportif Territorial sur le département de la
Haute-Savoie et de l'Ain. Ensuite, j'ai basculé sur la direction de
développement où je gère le développement de la
pratique, des clubs et du marketing des clubs. Je suis également
beaucoup sur la formation DE, DES à Seyssins et à Bron. Je suis
en train de travailler sur un plan pluriannuel sur le développement du
tennis. On suit les directives fédérales, on essaie cependant
d'avoir une vision innovante et moderne au sein de la Ligue.
2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la
baisse du nombre de licenciés ? Si oui, comment l'expliquez-vous ? Quels
ont été les changements majeurs ?
Oui, il y a eu une baisse ces dernières années
du nombre de licenciés, ceci dit on reste quand même le premier
sport individuel en France et le deuxième sport fédéral.
On se maintient quand même à un niveau plutôt
élevé, on ne s'alarme pas trop de ce genre de chose.
La deuxième chose, il est difficile de dire que le
tennis en France, le tennis fédéral en tout cas, régresse
parce que ce n'est pas forcément vrai. Ce n'est pas vrai de partout et
ce n'est pas dans tous les clubs. Il s'agit d'une donnée très
importante. Si on avait une donnée généralisée dans
l'ensemble des clubs, là, on pourrait se dire : oui, le tennis est en
baisse.
Gilles MORETTON, Président de la Ligue, candidat
à la présidentielle de la FFT cette année, il partage
cette vision. Il prend souvent cet exemple : "si tu vas dans une rue
bondée de restaurant à Lyon, tu demandes à un restaurateur
où il n'y a pas beaucoup de monde dedans, comment se passe la
restauration en France : "c'est la catastrophe, on paie trop de charges, il y a
plus personnes dans les
163
restaurants". Deux mètres plus loin, tu as un
restaurant qui est plein à craquer, si tu demandes à un autre
restaurateur : "non, nous la restauration cartonne, on n'a jamais eu autant de
monde, on a embauché encore deux nouvelles personnes"".
Ce sont vraiment des problématiques de clubs, voire de
territoires où le tennis marche plus ou moins bien. Par exemple, dans
mon club à Pringy, pendant que le nombre de licenciés de la FFT
baissait, nous on était en hausse constante pendant 3 ans.
Si on regarde le TC Annecy-le-Vieux, est-ce que le tennis va
mal ? Il y a 1100 licenciés, trois terrains couverts, tout va bien. Ce
sont vraiment des problématiques de clubs, d'enseignants, de dirigeants,
de comment ils font pour que les choses bougent.
Oui, il y a des directives fédérales. On les
suit, mais on essaie cependant d'avoir une vision innovante, moderne.
Effectivement, la tendance était déjà un peu à la
baisse. Passer sous ce fameux chiffre des 1 million de licenciés reste
assez symbolique, ce n'est pas des baisses de 15-20 % non plus, il n'y a pas eu
un crash. Sur l'année dernière, on a fini en baisse de 1,7 %.
Par ailleurs, dates à dates par rapport à
l'année dernière, bon le coronavirus va nous impacter un peu,
voire beaucoup, mais début mars, le nombre de licenciés en France
était en progression de 2% par rapport à l'année
passée, il y a une inversion de la courbe cette année. Dans
quasiment dans toutes les ligues, on voit une hausse des effectifs par rapport
à ce qu'il se faisait l'année dernière date à date
en mars. C'est quand même très prometteur. Il y a cette
relance-là qui est en marche, j'espère que le coronavirus va nous
laisser tranquille rapidement pour qu'on puisse continuer et clôturer
cette année en hausse par rapport à l'an dernier. Il faut prendre
cela en considération, cette année marque une rupture et on a une
progression qui s'installe.
Cependant, il y a deux autres points à prendre en
compte concernant la baisse du nombre de licenciés. Le contexte
concurrentiel a beaucoup évolué et il est devenu de plus en plus
intense. Aujourd'hui, il y a une concurrence entre les
fédérations fédérales, foot, tennis, les grands
sports où tout le monde redouble d'ingéniosité pour
attirer des licenciés.
164
La fédération de boxe, on n'en a jamais entendu
parler avant. Maintenant, ils mettent en place des plans de communication, etc.
Il y a quand même beaucoup plus de monde qui pratique la boxe en France.
Avant la boxe n'était pas un concurrent, et maintenant, ce sport est en
train de monter un peu en puissance. Il y a des nouveaux sports
fédéraux qui rentre dans cette bataille. Ce contexte
évolue. Il est de plus en plus concurrentiel et intense avec des
habitudes de consommations qui changent. Nous devons nous adapter.
Ensuite il y a une concurrence accrue des associations
non-fédérales. Par exemple, il y a de plus en plus des cours de
zumba qui se font à droite à gauche, qui ne sont pas
forcément sous la base des licenciés. Il y a eu un essor ces
dernières années assez important. Il s'agit d'un autre type de
concurrence.
Il y a la concurrence des marques, Nike ou Décathlon
organisent des runs dans les rues le soir de semaine, ou même
organisé par d'autres marques. C'est quelque chose de nouveau et un
autre type de concurrence.
Il y a également les collectivités aussi qui s'y
mettent. Maintenant de plus en plus de municipalités pour
développer le sport, développer le bien-être, la
santé, organisent des événements sportifs notamment de la
marche et de la course à pied, au détriment d'une pratique
fédérale. Ces pratiques viennent de rentrer en concurrence.
Les sports de la pratique libre de l'outdoor : le sport de
montagne, de randonnée, la marche, la course à pied, on vient
pratiquer une activité physique et sportive libre, sans contraintes, au
moment où on le décide, avec qui on veut, voire seul. C'est
quelque chose aussi qui a complétement explosé en France ces
dernières années. Forcément, toutes ces
concurrences-là, directes ou indirectes, font que le tennis a
été légèrement impacté. Les habitudes de
consommation des gens ont changé, forcément, maintenant les gens
qui viennent dans les sports associatifs pour passer du temps existe un peu
moins.
3.
165
Pensez-vous vous que les actions misent en place par
la FFT incite les personnes à découvrir le tennis ou de rester
dans les clubs ?
Les gens veulent consommer du sport sans contraintes, nous,
on est une vraie difficulté aussi par rapport à la licence
fédérale qui est annuelle, et souvent les clubs proposent des
cotisations annuelles à leurs adhérents. Finalement, les gens
souhaitent de moins en moins s'engager aussi bien dans le sport que d'une
manière générale. Donc il va falloir qu'on s'adapte. Par
rapport à cela, il y a des groupes de travail à la
Fédération qui sont mis en place.
Il y a une donnée très importante, tout l'enjeu
pour nous est vraiment là : on estime à seulement 25 % le nombre
de pratiquants de tennis qui sont licenciés à la FFT. Il y en a
75 % qui pratiquent le tennis sur les terrains municipaux, en vacances. Nous,
on ne les a pas dans nos statistiques. On a un véritable enjeu, le
marché existe, mais pour l'instant, il faut qu'on le
pénètre mieux.
Au niveau de la Ligue, on travaille avec une
société qui s'appelle France Pub, société
lyonnaise. Ils travaillent beaucoup avec des grandes enseignes nationales comme
Auchan, Carrefour, Décathlon pour faire du "géomarketing". Cela
fait bientôt un an qu'on est client chez eux. On sait exactement ville
par ville, voire parfois quartier par quartier dans les grandes villes le
nombre de pratiquant tennis et le nombre pratiquant de tennis licenciés.
Sur la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, 30 % des pratiquants de tennis sont
licenciés. Ce sont les mêmes chiffres au niveau national. On a
encore une marge de développement énorme.
4. Quelles sont les initiatives majeures que vous
mettez en place au sein de la Ligue-Auvergne-Rhône Alpes pour
fidéliser et attirer des licenciés ?
On essaie également de montrer que le tennis est
axé sur la santé et le bien-être parce qu'il faut savoir
que le tennis est un sport qui maintenant est reconnu par le Ministère
de la Santé comme un sport santé bien être. Cela est
quelque chose de nouveau qui date de deux ans. Maintenant un médecin
généraliste peut faire de la prescription de tennis sur
ordonnance, cela veut dire que le tennis apporte vraiment des bien faits et on
sait qu'aujourd'hui en France la notion de santé bien être a pris
énormément de place.
166
La plupart des gens qui vont courir dehors pour être en
bonne santé, se sentir bien. Ce n'est pas pour faire de la performance.
Quand je vais courir, ce n'est pas pour aller battre un temps sur dix
kilomètres, mais pour me sentir bien pour toute la journée. On
est assez éloigné d'une pratique compétitive, de tennis
très, très compliquée. Il faut qu'on fasse prendre
conscience aux gens qu'on peut prendre du plaisir sur la pratique du tennis
dès nos premiers courts. Avec s'adapter, le nouveau matériel
pédagogique, les nouveaux terrains, notamment le Tennis Galaxie. Faire
changer l'image du sport et montrer aussi qu'on peut pratiquer le tennis sans
contraintes, on a un vrai travail à faire là-dessus. Le Tennis
Santé propose des exercices avec des mouvements pour travailler sur
l'assouplissement des muscles et la coordination.
On développe effectivement l'offre tennis
santé-bien être. C'est quelque chose sur laquelle la Ligue et la
Fédération travaillent beaucoup. On développe des nouveaux
services comme le cardio-tennis sur des séances d'1 h, 1 h 30 avec du
mix panier tennis, renforcement musculaire, cardio. Finalement le niveau tennis
n'est pas obligatoire, on peut mélanger les niveaux, ce n'est pas
très grave, il n'y a pas de face-à-face. Un joueur en
deuxième série et une joueuse en troisième série
peuvent faire la même séance. Il y a du travail au panier, chacun
le fait en fonction de son niveau. Des ateliers de motricité, de
renfort, de cardio, n'importe qui peut le faire. Cette offre est en train
d'énormément émerger au sein des clubs, qui est facile
à mettre en place et qui propose quelque chose de nouveau.
5. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Un des autres enjeux pour changer l'image de notre sport est
que nous, les équipes de développement, on arrive à
inculquer une culture marketing aux clubs pour recruter notamment sur la
visibilité digitale. Aujourd'hui, on a un nouvel outil TEN'UP qui est
bien mais qui n'est pas encore top à 100 %. Il faut encore que les
équipes techniques travaillent dessus parce que le produit n'est pas au
point. Il mérite encore d'être travaillé, mais on est sur
une voie de développement.
Concernant la visibilité sur Internet, on a fait une
étude sur les sites Internet des clubs de la Ligue, c'est à
tomber par terre. Cet axe n'est pas du tout développé, que cela
soit chez les gros et petits clubs. On travaille sur ces différents
piliers pour être plus attractif vers l'extérieur. On a
signé un partenariat avec une entreprise qui faitt de la création
de site Internet, référencement, développement. On a
monté
167
une offre pour les clubs. On propose des sites clés en
mains, haut de gamme, mais en essayant d'être accessible
financièrement pour les clubs pour avoir des sites Internet
développés.
On a fait une offre digitale pour les clubs avec
différentes options, standard au premium en fonction des tailles de
clubs. Par exemple, Annecy Tennis va être le premier club à
rentrer dans la démarche très rapidement. On apporte ce service
supplémentaire par le biais du partenariat.
Par ailleurs, on a développé un outil ADOC (Aide
au Développement et à l'Organisation des Clubs). Il s'agit
simplement de la gestion de club comme un back-office. ADOC permet de
construire l'offre des clubs et ils les mettent dans TEN'UP. Cela permet aux
clubs de créer les groupes d'enseignements, les cotisations, licencier
les gens, homologuer les tournois, saisir les résultats, toutes ces
étapes se font dans ADOC. On peut même faire sa gestion
financière de club dans ADOC. Cet outil complet a ses failles, il y a
encore des possibilités d'améliorer le développement de
cet outil. Il a quand même bien évolué ces dernières
années, il devient un outil fiable. Il est également possible
d'intégrer le paiement en ligne, quand quelqu'un se rend sur TEN'UP pour
acheter un stage de tennis, il peut payer en ligne, le paramétrage se
fait sur ADOC. Il s'agit vraiment un outil pour toute la gestion de club. Avant
ADOC était aussi bien un outil qui servait à la gestion de club
et il était aussi ouvert aux adhérents pour la réservation
des courts. Maintenant toute la partie vitrine, adhérent a
basculé sur TEN'UP.
6. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement
par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public
davantage féminin ?
Le TMC (Tournoi Multi-Chance) permet d'être
identifié dans un calendrier familial, et cela dure une journée
en général. La contrainte du tennis est qu'on ne sait jamais
quand on va jouer, quand on va finir les matchs. On se base uniquement sur une
estimation. Parfois, les convocations arrivent la veille. On a besoin d'avoir
une certaine visibilité et ce format-là plaît beaucoup aux
femmes. Cela leur permet également de se retrouver entre elles dans un
esprit de compétition certes, mais avec beaucoup plus de
convivialité que dans un tournoi traditionnel. Il y a un manque de
femmes dans les tournois, les niveaux au niveau des classements sont trop
différents. Elles fuient la compétition traditionnelle parce que
cela ne les intéresse pas de jouer pour perdre en deuxième match
contre une femme beaucoup mieux classée. Le format TMC a une contrainte
cependant. Ce type de compétition est facile à organiser pour les
clubs, cela rapporte de l'argent, les gens qui en font sont plutôt
contents. Cependant, un TMC à entre 8 et 16 personnes, un tournoi
comprend 300 joueurs, dont 40 joueuses. Il faudrait faire beaucoup de TMC pour
pouvoir toucher autant de personnes. Il s'agit d'une des limites
168
aux compétitions type TMC. La compétition
traditionnelle sous forme de tournoi à élimination directe, il
faut la conserver. Elle est ancrée de notre culture, il ne faut pas
l'arrêter pour les gens qui sont déjà des
compétiteurs aujourd'hui.
Pour les nouveaux compétiteurs, les formats courts
comme le super tie-break au troisième set, l'arrivée des no-ad,
signifie moins de contraintes. Cela est un critère important.
7. Les initiatives mises en place sont-elles trop
tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la
pratique loisir ?
Nous, on véhicule l'image d'un sport très
axé vers la compétition et pas forcément hyper accessible
techniquement. La pratique du tennis pour beaucoup est très difficile.
En plus physiquement cela est dur parce que beaucoup gardent en tête le
match de Rafael Nadal contre Novak Djokovic en finale de Roland-Garros en cinq
sets. Ils trouvent que le sport est beau, mais il parait extrêmement
compliqué. À l'inverse d'autres sports comme le foot ou la course
pied où tout de suite on se dit n'importe quelle personne peut pratiquer
ce sport. Nous, on a une image pas très accessible, plutôt
élitiste et très compétitrice. L'image qu'on dégage
aujourd'hui est un vrai problème. Tout l'enjeu est que nous arrivons
à faire changer l'image de notre sport en développant notre
pratique et en faisant comprendre que le tennis est un sport accessible
à tous.
8. Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel
?
Cela est important de diversifier l'offre de notre sport. Le
beach tennis marche plus ou moins, surtout dans notre région. Cette
activité attire plus dans le sud. Cependant, le padel est en plein
essor. Le padel est un des moyens pour attirer des nouveaux pratiquants. C'est
facile d'accès, fun et marrant. On retrouve tout ce qu'on n'a pas dans
le tennis : la proximité entre les joueurs, la convivialité. Une
personne qui joue avec des raquettes de plage au bord de la mer, il peut jouer
au padel. N'importe quelle personne peut s'y mettre. Il s'agit d'un
véritable atout qu'on souhaite développer justement pour attirer
le genre de personnes pour qui le niveau technique requis pour le tennis fait
peur.
169
9. Pour faciliter l'accès à la
compétition, la FFT a mis en place un système de
compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi
consiste cette initiative ?
On considère que la compétition impacte
positivement la fidélisation dans les clubs. Il y a un vaste
débat en interne, si on développe la compétition, mais que
tout autour, l'enseignant n'est pas bon, les infrastructures ne sont pas
bonnes, la compétition ne suffira pas à fidéliser, mais en
tout cas cela participe à fidéliser. On se rend compte que pour
tous ces nouveaux pratiquants, ces pratiquants débutants, leur dire de
s'inscrire à un tournoi ou de jouer en match par équipe est
difficile pour eux. Ils se dévalorisent, ils se disent de ne pas
être à la hauteur et ils ne veulent pas y participer. On avait du
mal à les amener à la compétition. Pour développer
le nombre de compétiteurs est né l'idée des
compétitions libres pour les jeunes. Elles ont été mises
depuis un an à peu près. Cela marche plutôt pas mal, c'est
en développement. À partir du 1er avril 2020, les
matchs de compétitions libres seront ouverts pour les adultes non
classés et quatrième série.
Si on prend tous ces nouveaux pratiquants débutants, en
plus des cours de tennis, on organise des petites compétitions au sein
du club, sans pression, ni contrainte, avec les gens du club comme les
enseignements, on organise une animation derrière, cela devrait
faciliter l'accès à la compétition. Ceux qui ne prennent
pas goût, ils pourront toujours choisir de faire de la compétition
plus traditionnelle ou de rester de cette compétition libre. On se
rapproche de cette pratique libre qui est au coeur des nouveaux modes de
consommation de la pratique sportive. Faire un match de compétition
contre un ami, cela devrait venir aussi simple et aussi libre que d'aller
courir. On joue le dimanche matin, on décide de l'homologuer, on le dit
à l'enseignant de le renseigner dans la base de la FFT. Cette initiative
devrait contribuer à cela.
Il s'agit également d'un bon moyen pour faire
rencontrer les gens, donner du sens aux animations qu'on fait. Les matchs
libres existent depuis toujours. Donner ce côté un peu plus
officiel, cela devient intéressant et créer un peu d'enjeu
indirectement. Dans le palmarès, cela ne rapporte pas beaucoup de points
mais au moins il y a quelque chose de pris en compte. Un peu comme l'image du
poker. Il y a juste un peu de pression qui cadre un peu la compétition
et change l'état d'esprit parce qu'il y a une petite "récompense"
à gagner à la fin. C'est un bon moyen pour amener du fun dans les
clubs. Ce n'est pas dans le but de développer la compétition
à outrance. Les clubs sont saturés et la compétition
traditionnelle n'est pas faite pour tout le monde. On peut être
passionnés mais non-compétiteurs.
170
Il y a une statistique qui est intéressante en France,
seulement 9 % des personnes questionnées évaluent la
compétition comme un facteur principal de motivation. Tout miser sur le
développement de la compétition est utopique et faux. Cela n'aura
pas d'impact. Il faut que la compétition serve à une tranche de
la population définie. La compétition libre, est
intéressante car ce n'est pas «une vraie compétition»,
mais l'entre-deux peut être intéressant. Cela est inenvisageable
de se tourner uniquement à 100 % sur la compétition car les clubs
auront moins de terrains disponibles pour les loisirs. Ce n'est pas
possible.
La compétition libre vise aussi à
développer la fréquence de jeux et de faire venir jouer les
licenciés en dehors des entraînements. Les enseignements de club
sont suffisamment expérimentés, ils connaissent bien les joueurs
pour voir s'il y en qui abuse ou pas de format.
Il y a deux formats possibles : la compétition libre
individuelle ou organisée. Le match libre individuel correspond à
deux personnes qui jouent le dimanche matin et qui l'homologuent entre elles.
Soit le club qui organise des moments banalisés, le samedi
après-midi par exemple où ce sont uniquement des matchs libres et
derrière, ils organisent une animation style pétanque avec une
soirée derrière.
10. Les changements de compétitions historiques
(telle que la Coupe Davis) ont-ils un impact selon vous sur
l'attractivité du tennis en France ?
C'était suivi par des téléspectateurs,
mais la Coupe Davis marchait bien dans notre pays, mais dans d'autres pays cet
événement ne marchait plus. Si on regarde de manière
générale, elle devait évoluer. Tous les meilleurs joueurs
mondiaux ne participaient plus. La Laver Cup, l'ATP Cup et la Coupe Davis
à six semaines d'intervalles - trois compétitions qui se
ressemblent, l'ATP/ITF devraient se mettre d'accord sur un format unique qui
permettrait d'avoir plus de visibilité et d'avoir une compétition
énorme, une vraie coupe du monde de tennis comme dans le foot. Il faut
donner du temps, c'était la première édition. Dans le
cycle de vie d'un projet, la phase de lancement n'a pas forcément des
résultats tout de suite et la phase de croissance prend quelques
années. Il y a des choses à améliorer. L'ATP Cup a bien
marché. L'ancien format qui disparaît parait logique. Parfois dans
le tennis on vit un peu trop avec le passé, il faut savoir
évoluer avec le monde moderne.
11.
171
La France est l'un des pays qui compte le plus de
compétitions, notamment Roland-Garros, comment expliquer cette baisse de
licenciés malgré de nombreuses manifestations ? Faut-il s'appuyer
sur ces manifestations sportives pour promouvoir davantage la pratique du
tennis ?
Le tennis marche plutôt bien. D'ailleurs Roland-Garros
n'a jamais été aussi plein. Le tournoi se joue à guichet
fermés tout le temps, même si quelquefois dans les tribunes il n'y
a pas grand monde. En tout cas les places sont vendues. Il y a le
problème des loges, mais en tout cas, à part les loges, le stade
est toujours plein. Il s'agit d'un élément
révélateur que le tennis en France ait encore une grande
notoriété, une image très positive. Roland-Garros est un
vrai levier de développement pour le tennis français. Avec les
nouveaux terrains et l'arrivée du toit sur le central, cela va changer
beaucoup de choses. Ces travaux étaient pour moi primordial pour
continuer de rivaliser avec les trois autres Grand Chelem dans le monde. On
voit d'ailleurs que le chiffre d'affaires du tournoi ne cesse d'augmenter
d'année en année, cela prouve qu'il y a des visiteurs qui
viennent. Roland-Garros est une vraie vitrine. D'ailleurs dans les clubs, on
observe une augmentation de fréquentation pendant cette
période-là parce que les gens voient Roland-Garros à la
télévision et souhaitent jouer, en plus ce sont les beaux jours
avec l'arrivée de l'été.
12. Pour vous, quelles seraient les solutions pour
atténuer la baisse des licenciés ? Attirer un nouveau public ou
fidéliser davantage les licenciés ?
On a un gros travail à faire en premier sur la
fidélisation des personnes. On a énormément mal à
fidéliser les adultes notamment et les nouveaux licenciés, on a
des taux d'abandon à l'issue de la première année de
pratique qui est énorme : entre 2018-2019, 1/3 des licenciés ont
abandonné en France. 50 % des nouveaux licenciés ont
abandonné, presque un nouveau licencié sur deux n'a pas
renouvelé cette année, c'est énorme. 60 % des nouveaux
seniors, des 18-35 ans, ont abandonné. Et 50 % des non
classés.
Par un exemple, si on prend ce profil de joueur, 30 ans, j'ai
vu Roland-Garros cela m'a plus, je vais m'inscrire au tennis. Je prends
l'exemple de Pringy, je connais les tarifs. 230 euros l'adhésion
à l'année. Cependant, il n'a jamais joué, il aimerait
prendre des courts mais tout est déjà plein ce n'est pas
possible. Il faut savoir que le taux de renouvellement sur les courts
collectifs avoisine les 100 %, assez
172
peu de joueurs abandonnent quand ils prennent des cours. On
lui propose donc des cours individuels avec les profs. Il a déjà
payé 230 euros d'adhésion puis il doit payer 30 à 40 euros
un cours individuel, ce n'est pas tout le monde qui peut. Par ailleurs, il n'a
pas de partenaire, il ne prend pas de cours. Le club envoie des mails pour
participer à des animations, mais comme le joueur ne connait personne,
il ne vient pas, il ne se sent pas concerné. Au bout de six mois, on
regarde les statistiques dans ADOC, il n'a encore jamais réservé.
Ce genre de joueurs, pour 230 euros, il ne joue jamais et il s'agit un
problème.
On essaie de mettre en place tout un programme de
fidélisation, justement pour mieux s'occuper de nos clients, j'utilise
ce mot client volontairement. Il faut faire changer l'état d'esprit des
clubs. Les clubs pensent encore que les gens viennent et que ce sont juste des
adhérents. Non, ce sont des vrais clients qui viennent consommer et si
on ne leur apporte pas de satisfaction, ce n'est pas possible. Dans la vie de
tous les jours, si on n'est pas satisfait d'un produit ou d'un service, on ne
rachète pas. On est vraiment là-dedans.
Il y a différents leviers pour la fidélisation :
1. La cotisation
2. La diversification de l'offre
3. Mieux s'occuper de nos clients, mieux les connaître
Si on descendait de 5 à 10 % le taux d'abandon, on
repasserait sur la barre des millions sans problème, sans
forcément recruter un nouveau public. Il y a un véritable enjeu
sur mieux fidéliser au sein des clubs.
De mon côté, j'ai identifié quelques
points qui doivent permettre de mieux fidéliser les licenciés
tennis. Soigner l'image du club. Soigner la première prise de contact,
la première connexion est importante avec quelqu'un. Un nouvel
adhérent qui arrive en club, la personne qui s'occupe de lui doit
être en mesure en cinq minutes de lui expliquer le fonctionnement du
club, de lui donner une plaquette, la carte de visite de l'enseignant pour
peut-être prendre des cours plus tard, lui expliquer comment fonctionne
TEN'UP, télécharger l'application avec lui. Très
rapidement, on doit être en mesure de lui trouver des nouveaux
partenaires de jeu. Prendre des informations sur son niveau, avoir une base de
joueurs disponible en fonction des niveaux. Le TC Annecy le Vieux le fait
très bien, les hôtesses font
173
même la première réservation. Même
si la personne ne prend pas de cours, mais qu'elle a un ou deux partenaires,
correspond à une présence dans le club assurée.
S'assurer de la satisfaction de nos clients. Trop peu de clubs
questionnent leurs adhérents sur la qualité de l'enseignement, la
qualité des animations au sein des clubs. Il y a assez peu
d'enquêtes de satisfaction auprès des clients. La qualité
de l'accueil est quelque chose que les clubs doivent améliorer.
Les clubs doivent mieux connaître leurs clients. On a la
chance d'avoir cet outil ADOC, on devrait tout savoir de nos clients, aussi
bien au niveau du chiffre d'affaires que du nombre de réservations. Les
clubs doivent prendre conscience de la base de données qu'ils ont et
mieux l'utiliser.
Élargir son offre via le padel et le beach tennis par
exemple.
Le bénévolat. Tout cela est possible uniquement
si on motive et implique ses équipes. Il y a une mission humaine. Le
coté bénévole, motiver et impliquer ses équipes
bénévoles, ce n'est pas facile. Les gens s'investissent de moins
en moins dans le bénévolat, comment les valoriser, les
impliquer.
Motivation et implication des entraîneurs de tennis.
Aujourd'hui, les clubs qui marchent est lorsqu'il y a une équipe
pédagogique qui est compétente, impliquée et
motivée. Pour être compétente, il faut se former. La
formation initiale et continue, proposée par la FFT et la Ligue, est
importante. Au niveau des clubs, il faut qu'ils rémunèrent
correctement leurs enseignants, c'est un métier qui est beau mais
difficile. Être entraîneur tout seul signifie être
obligé de tout faire, tous les soirs, le week-end.
Par exemple, Romain COTTAREL, entraineur au TC Drumettaz, qui
a 100 licenciés. Il est tout seul, pas de terrains couverts convenables
(ils ont un parquet de salle de fête l'hiver, les terrains sont
abimés, le club house est un vieux chalet, les équipes
bénévoles sont quasi inexistante). C'est difficile, les
qualités de travail ne sont pas faciles. Les dirigeants doivent en
prendre davantage conscience, il faut que les entraîneurs soient
valorisés, responsabilisés.
174
Je connais trop d'entraîneurs qui me disent : "j'essaie
de mettre des choses en place, je n'ai pas de retour de mes dirigeants. J'ai le
sentiment d'être inutile, c'est décourageant". On a un turnover
chez les enseignants qui est plutôt important parce qu'on se rend compte
au bout de quelques années la motivation baisse et ils se sentent un peu
isolés. Dans les gros clubs, il y a des bonnes conditions de travail.
Dans les petits clubs, cela est plus difficile.
On travaille également énormément sur
l'équipement aussi. C'est très important. Il faut savoir que la
FFT et la Ligue, à tous les niveaux, on travaille très
étroitement avec les collectivités, avec les municipalités
et les régions. On a un schéma directeur entre la Ligue et la
Région qui fonctionne extrêmement bien. La Région aide
énormément le tennis pour le développement de ses
infrastructures. Effectivement, un club de tennis sans terrain couverts ce
n'est pas évident même s'il y a deux terrains extérieurs,
des enseignants bons, des dirigeants motivés. Si à
côté il y a un club de foot avec des infrastructures magnifiques,
un gymnase flambant neuf, chauffé, pour le hand et le basket, et une
salle de sport privée comme l'Appart Fitness avec des structures
splendides. La concurrence, elle est dure. On travaille beaucoup pour enlever
tous les terrains en bétons poreux pour mettre de la terre battue
artificielle. Développer également au maximum le nombre de
structures couvertes, en Haute-Savoie on a de la chance on a beaucoup de
terrains avec des courts couverts, ce n'est pas le cas de partout. La Savoie
souffre beaucoup du manque de terrains couverts.
175
INTERVIEW 6 - Yann BANKHALTER
Responsable Marketing à la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes de Tennis Interview
téléphonique réalisée le 9 avril 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
J'ai été Conseiller en Développement sur
la Haute-Savoie, Savoie et l'Isère pendant quatre ans. Maintenant, je
travaille dans le service marketing à la Ligue
Auvergne-Rhône-Alpes sur tout ce qui est partenariat, marketing,
communication.
J'ai une mission effectivement d'accompagnement des clubs de
formation sur la thématique de partenariat parce que certains ont des
situations économiques parfois tendues, complexe à gérer.
Ils se posent la question de comment trouver des ressources, des financements
privés.
2. Quelles sont les initiatives majeures que vous
mettez en place au sein de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes pour
fidéliser et attirer davantage de licenciés ?
Malheureusement il n'y a pas de réponses miracles, mais
effectivement il y a des initiatives, il y a des choses qu'on met en place pour
accompagner les clubs. En tout cas, c'est une vraie question que la FFT se
pose.
La FFT pilote une politique de développement
fédérale, il y a la DTN (Directeur Technique National),
plutôt au niveau du point de vue sportif, entraînement. À
côté de ça il y a un pôle de développement, il
y a le pôle fédéral qui est à la
fédération qui pilote une stratégie politique et
derrière ce sont les Ligues qui les déploient sur le terrain.
Nous au niveau de la Ligue, on est une équipe de neuf conseillers en
développement plus un responsable régional de
développement qui pilote notre équipe qui ont pour mission
d'accompagner les clubs dans le développement de la pratique. Nous ce
qu'on appelle des CED - Conseiller en Développement - ils ont des
territoires et on est censé déployer la politique
fédérale avec évidemment des adaptions en fonction des
territoires. Par exemple, moi je suis conseiller en développement sur la
Savoie et Haute-Savoie, je ne vais pas avoir les mêmes
problématiques que mon collègue qui est en développement
dans l'Allier. Dans l'Allier, sa
176
problématique va être l'emploi, moi en
Haute-Savoie cela va être comment on peut structurer les clubs pour
accueillir plus de monde l'été, comment on peut travailler avec
les secteurs privés.
Ce qu'il faut savoir ce que nous, on est pour la plupart des
salariés de la Ligue. En étant mis à disposition des
comités sur leurs territoires. Pour résumé, la
fédération déploie une politique, la Ligue au travers de
ses salariés là déploie sur son territoire en étant
mise à disposition des comités.
Les initiatives de la FFT partent un peu de partout. La FFT
déploie une politique fédérale avec des fois des
initiatives que nous, on met en place. Après nous les adapte. Nous aussi
de part de notre connaissance du territoire, on essaie de développer nos
propres initiatives pour essayer de développer la pratique.
Effectivement, le comité peut également avoir des initiatives de
son côté pour jouer son rôle de proximité avec les
clubs.
Il faut se poser la question du produit qu'est la licence. Si
un joueur ne fait pas de compétition au tennis, la licence n'a que
très peu d'intérêt en fait. À part d'être
prioritaire sur la billetterie de Roland-Garros ou le Master de Paris Bercy.
Finalement, quels sont les avantages d'être licencié pour un
non-compétiteur. Par exemple, les joueurs compétiteurs et non
compétiteurs paient la licence au même prix et les mêmes
avantages. Nous quand on est conseiller en développement pour faire la
promotion de nos licences vis à vis d'un pratiquant qui va venir jouer
une à deux fois dans l'année, cela est compliqué parce que
cette licence club, licence traditionnelle, n'a pas d'intérêt. La
licence propose une assurance, mais dans la vie les personnes ont
déjà toute une assurance pour la responsabilité civile,
etc. La licence présente que peu d'intérêts finalement en
tant que tel. Comment la FFT peut endiguer la baisse du nombre de
licenciés, il faut avoir une réflexion au niveau du produit de la
licence en tant que tel. Est-ce que la licence est toujours adaptée
à la pratique et à la manière dont en pratique.
Si on veut développer le nombre de licenciés
aussi, on travaille très peu avec les entreprises sur les
problématiques de la santé. Quand on pense au tennis, on ne fait
pas forcément tout de suite le lien avec la santé. Le tennis est
plutôt vu comme un sport où on se fait mal au dos ou aux genoux.
Alors qu'en fait le tennis est bon pour le cardio et pour plein d'autres
choses. L'idée du Tennis Santé est de travailler avec les clubs
et les enseignants sur du contenu à proposer et aussi sur comment
développer son réseau. Pour faire du Tennis Santé, il faut
s'implanter d'un point de vue local, travailler avec des associations
spécifiques, des hôpitaux, les comités
départementaux pour développer le réseau. Une
177
fois qu'il y a une offre bien établie et que
l'enseignant est formé, il faut développer son réseau et
puis voir des entreprises. On essaie d'accompagner les clubs pour structurer
leurs démarches.
3. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Si on regarde l'évolution de la pratique sportive, on
est davantage sur une pratique sans contraintes et libre. Le tennis souffre de
cela parce qu'on est lié à nos équipements. On ne peut pas
jouer au tennis dans un jardin, sur un parking de supermarché et du coup
cela représente une difficulté. Le marché du sport
évolue. Les gens ne veulent plus avoir de contraintes. Moi le premier,
je ne joue plus pratiquement au tennis et quand j'ai envie de faire du sport et
que j'ai un peu de temps, je prends mes chaussures de running et je vais courir
à côté dans la campagne. J'ai fait mon activité
sportive et je n'ai pas besoin d'avoir les clés du court, un partenaire
et des raquettes. Il faut parler de cette contrainte-là de notre
pratique. Il est là le lien avec TEN'UP. Cet outil a été
mis en place pour faciliter l'accès à la pratique. Après
cet outil pose d'autres problématiques, il faut que les clubs
derrières soit prêt à le mettre en place et le
développer. Mais le produit en tant que tel est bien parce que
l'idée est de faciliter l'accès à la pratiquer. Il faut
que "jouer au tennis" devienne facile. Le problème est lorsqu'on fait le
tour des clubs de tennis, souvent, à part les gros clubs, s'il n'y a pas
l'enseignant qui est là, le club est fermé, pas forcément
très accessible. Quand quelqu'un ne connaît pas du tout le tennis
et arrive dans un club en plein tournoi, ce n'est pas très accessible.
Les clubs ne donnent pas cette sensation-là. C'est une vraie
problématique. La FFT a mis en place TEN'UP pour faire face pour
répondre à cette problématique. L'idée est de
développer l'attractivité de nos clubs et de les rendre plus
accessibles.
Pour jouer au tennis, il faut avoir les codes, il faut payer
son adhésion. Parfois, les licenciés payent une adhésion,
mais ils jouent que cinq fois dans l'année donc ils sont loin de l'avoir
rentabilisée. Le système location ou d'avoir une licence
adaptée pour ce type de prestation où derrière ils ont
quand même accès aux animations cela pourrait être plus
adapté. D'avoir des produits un peu intermédiaires sur le
sujet.
TEN'UP est un bon outil, mais après les clubs doivent
être en capacité d'attirer en mettant en place des offres. Nous
notre rôle est d'accompagner les clubs dans cette modernisation et de
développer une branche marketing sur comment les clubs peuvent mettre en
place des offres attractives pour attirer les adhérents à venir
jouer et à s'adapter au plus près de leurs pratiques. TEN'UP
permet de
178
donner de la visibilité à ces offres-là.
Aujourd'hui, si on se dirige sur les sites Internet des clubs, ils ne sont pas
modernes, certaines dates d'au moins 10 ans et ne font pas professionnels.
Alors que pourtant certains clubs sont grands et bien développé
sur plusieurs autres axes, mais la visibilité digitale est importante.
Il y aussi l'outil CMS ONE2R qui aide les clubs dans la gestion de leur propre
site internet d'une manière simple et efficace. Une charte graphique
fédérale est fournie et les clubs n'ont plus qu'à ajouter
le contenu qu'ils souhaitent sur le site internet comme des photos, des
annonces, etc. Aucun logiciel spécifique n'est nécessaire. Ces
sites sont également consultables sur téléphone. Les
partenaires peuvent être mis en avant ainsi que les réseaux
sociaux d'un club.
Au niveau de la Ligue, on a mis en place un partenariat avec
un prestataire qui fait des sites Internet et on a négocié des
prix, mais ces prix ne sont pas donnés, ce n'est pas accessibles
à tous les clubs. Mais ce partenariat permet d'offre
l'opportunité aux clubs d'avoir des sites performants, modernes et
beaucoup plus attractifs. Surtout, on accompagne les clubs dans la mise en
place de leurs offres sur TEN'UP. TEN'UP est très bien sauf si le club
n'a pas mis à jour et en place ces offres cela fera comme un site
Internet, cela ne servira pas à grand-chose en fait. TEN'UP est un
moyen, après il faut qu'on accompagne les clubs.
TEN'UP est accessible à n'importe quelle personne. On
ne parle plus de licenciés, mais de pratiquants. Un pratiquant lambda
peut aller réserver un terrain dans un club affilié sans
forcément être licencié. La FFT est en train de sortir de
cette réflexion sur la licence seulement. Elle donne maintenant la
possibilité à n'importe quel pratiquant de réserver dans
un club. TEN'UP est accessible à tous et l'objectif était comment
une personne qui n'est pas licenciée dans un club peut aller consommer
du tennis dans un club affilié facilement. C'est valable pour le
licencié, comment il peut consommer du tennis, réserver un
terrain, s'inscrire à un tournoi, prendre une adhésion dans un
club. Le pratiquant de tennis de manière générale ou non,
il faut que cela soit facile pour lui d'aller consommer du tennis.
On a commandé une étude géomarketing chez
les pratiquants de tennis. En Auvergne-Rhône-Alpes, on est 123 000
licenciés, mais cette étude a démontré qu'il y a
300 000 pratiquants de tennis dans la région. C'est une vraie
difficulté au niveau fédéral, on parle d'environ un
million de licenciés, mais quatre millions de pratiquants, tennis et
padel compris. On est en capacité de dire sur le territoire le
potentiel. On sait ce que représente le pratiquant de tennis moyen, il
gagne x euros, il consomme de telle manière. Cela nous permet sur un
territoire de savoir quel est le potentiel. Est-ce que sur ce
territoire-là on a plus de pratiquants potentiels. On a travaillé
avec une société qui travaille sur le
179
recueil de données sur la pratique sportive et sur
plein d'autres choses. D'après leurs estimations qui sont
justifiées, on est à 300 000 pratiquants qui jouent au moins une
fois au tennis dans l'année sur la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes.
Effectivement, le nombre de licenciés baissent, mais est-ce que le
nombre de pratiquants baisse également ? Ce n'est pas certain et
difficile de répondre à cette question.
Les écoles de tennis sont très reliées
aux enseignants. Au niveau fédéral, on se préoccupe de la
relation avec les enseignants. Il s'agit d'un sujet qui délicat. On
forme des enseignants dans nos centres de formations au niveau des Ligues. Le
problème est que derrière leurs formations, ils sont
lâchés dans les clubs et parfois, cela se comprend, mais ils sont
plus dans leur intérêt personnel de développer leurs
propres activités que de développer l'activité
fédérale, augmenter le nombre de licenciés et de
développer le club en fait. Il y a deux manières d'enseigner le
tennis, soit en indépendant, soit le salarié du club. Nous la
position de la FFT, et de la Ligue, est plutôt d'essayer de salarier les
enseignants parce que derrière cela permet de leur donner des objectifs
et de développer la pratique. Le problème ce n'est pas le statut
de salarié, mais le management des clubs. Les clubs, ce sont des
bénévoles, ils ne sont pas forcément formés,
habilités à manager des enseignants, des personnes.
L'ARA Tennis Tour est un projet de la Ligue au niveau du
développement de la pratique, on a vraiment voulu mettre en place et
accompagner les clubs. C'était d'aller faire le tour des clubs,
présenter des produits et échanger. Le Tennis Move est un produit
mis en place par la Ligue destiné à essayer de lier
l'activité du tennis à une activité physique accessible,
un peu fitness et ouvert à tous. Les personnes ne sont pas
obligées de venir à chaque fois, la prestation est
proposée toute l'année. Il s'agit d'une activité physique
avec un peu de musique et d'offrir quelque chose à boire
derrière. On est sur un produit dérivé du tennis en fait.
On avait présenté un produit sur le Tennis Galaxie qui s'appelle
Tennis Cooleur. C'est sur l'organisation des contenus pédagogique
vis-à-vis des jeunes de l'école de tennis. Comment arriver
à mettre en place des jeux et non pas des exercices pour essayer de
fidéliser nos jeunes dans les écoles de tennis.
On échangeait avec les dirigeants des clubs sur leurs
problématiques de territoires, etc. Ce qu'on mettait nous en avant est
l'importance d'avoir une vraie cohérence entre le dirigeant,
l'enseignant et la municipalité. On disait que ces partenaires devaient
aller dans le même sens pour développer le club. Quand
l'enseignant est salarié, lui forcément, plus il va
développer l'activité plus il va avoir d'heures d'enseignement,
plus il va être content et finalement, il va pouvoir être
rémunéré et
180
récompensé et ce genre de choses. Alors que dans
le cadre d'indépendants, il ne sera pas forcément dans ce type de
fonctionnement. La relation entre l'enseignant et l'équipe dirigeantes
est très importante. Pour développer le club et donc la pratique,
il faut que l'enseignant soit épanoui, qu'il soit
récompensé si les actions mises en place marchent bien. C'est une
vraie problématique pour nous dans les formations. Ce sont des
bénévoles, ils n'ont pas forcément les
compétences.
Dans les centres formations, on a déployé une
formation sur le Tennis Santé. Après l'ARA Tennis Tour, on a
déployé dans les clubs des programmes de formation notamment sur
quatre thématiques. Sur le Tennis Move, le marketing et partenariat, le
Tennis Cooleur et sur les ressources humaines et le management. On a une vraie
politique de volontarisme. On a envie d'être sur le terrain et
d'accompagner les clubs, de former nos dirigeants et nos enseignants.
Le club est un modèle associatif, mais qui pourrait
très bien travailler directement avec des enseignants et des structures
privées qui gèrent le tennis. Cela pourrait être
intéressant de pouvoir travailler avec des structures privées
sous forme d'habilitation. À la FFT, les clubs sont affiliés et
les structures privées sont habilitées. Le problème est
que pour l'instant on n'a pas trouvé le modèle viable. Les
structures privées sont là pour faire leur business et nous
finalement on a du mal à faire le lien avec eux parce qu'une licence
coûte 30 euros donc il s'agit d'une charge de 30 euros en plus. À
court terme, il faut qu'on arrive à travailler de plus en plus avec les
structures privées. Il faut que le tennis se professionnalise. En
Savoie, j'ai habilité une structure qui s'appelait Tennis Aventure qui
proposait des stages en altitude. Cela n'a pas forcément
fonctionné parce qu'ils ne jouaient pas forcément le jeu de la
licence, ils ne trouvaient pas leur intérêt. Ce qui les
intéressait, c'était de proposer des prestations, des tournois et
faire venir des licenciés mais faire la promotion de la licence ce
n'était pas dans leur ADN. Ils ne trouvaient pas leur
intérêt. Tout cela est difficile à implanter avec une
licence non adaptée. On pourra mettre toutes les actions en place
possible, mais si les clubs ne sont pas structurés pour les accueillir
et les organiser, on manquera de ressources.
4. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement
par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public
davantage féminin ?
Le tennis féminin est une problématique à
part entière. On travaille sur comment essayer d'inverser la courbe au
niveau de la pratique des compétitions chez le tennis féminin. La
problématique est que pour faire un tournoi, il faut vraiment avoir
envie car cela est contraignant. Parfois il y a du retard dans les matchs, on
ne connaît pas les horaires du prochain match, etc. Le TMC cela permet de
cadrer la
181
compétition. Les Raquettes FFT sont pour les filles
entre 30/4 et non classées pour apporter une découverte de la
compétition. La FFT met des offres de compétitions
adaptées pour ce public-là. Après, est-ce que cela
fonctionne ? Je ne sais pas, mais en tout cas elle agit vraiment sur l'offre de
compétition.
5. Le Tennis Galaxie a été
instauré en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à
l'enseignement du tennis chez les jeunes ?
Il y a une vraie problématique au niveau des jeunes.
Au niveau de la pratique, on a énormément de difficultés
à fidéliser nos jeunes dans les écoles de tennis. La FFT
perd un jeune sur trois au tennis une année sur l'autre. On se rend
compte, moins sur les moins de 12 ans que sur les 12-18 ans, parce qu'avec la
Galaxie, des choses sont faites. On perd beaucoup de jeunes sur la
catégorie ado, on n'arrive pas à les conserver parce qu'on n'a
pas d'offres adaptées. Dans les écoles de tennis, on consacre
énormément de thèmes pédagogiques à la
compétition, cela est très. Sur les compétitions par
équipes, on se rend que ces démarches ont de l'impact. Mais
est-ce qu'il ne faudrait pas développer une autre école de tennis
un peu différente basée sur d'autres valeurs et principes ? C'est
un enjeu, comment peut-on arriver à fidéliser davantage nos
jeunes parce que perdre un jeune sur trois chaque année, car cela
beaucoup trop. Si on demande aux personnes ce qu'est le tennis pour eux, ils
vont répondre : c'est la compétition. Sauf que chez les jeunes,
surtout en 12-18 ans, ce n'est pas forcément ce qu'ils recherchent.
6. Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis, padel,
tennis fitness ? Sont-elles motrices ou bien un frein au développement
du tennis ?
Le beach tennis concerne très peu de gens et il y a
très peu de lieux de pratique. Le padel on souffre encore du manque de
lieux de pratique, surtout en Savoie. Le padel, est une nouvelle
activité très bien, mais comment cela peut développer le
nombre de licenciés dans un club ? Il faut que le club soit
outillé pour proposer des offres. Parce que le padel en tant que tel, si
on vient jouer une fois, on paie notre location, on n'est pas licenciés,
on répond à la problématique financière des clubs,
mais on ne répond pas à la problématique du nombre de
licenciés.
Il faut que les clubs soient adaptés à proposer
des offres, de l'enseignement, des animations et des prestations. Il s'agit
d'un vrai enjeu pour la FFT et la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes.
182
7. La France est l'un des pays qui compte le plus de
tournois de tennis (ATP, WTA, Grand Chelem, Master 1000), comment expliquer
cette baisse de licenciés malgré de
nombreuses manifestations ? Faut-il s'appuyer sur ces
manifestations sportives pour promouvoir davantage la pratique du tennis
?
La FFT a 80 % de son chiffre d'affaires lié à
Roland-Garros. S'il n'y a pas de Roland-Garros, il n'y a plus de modèle
fédéral comme on a actuellement. D'un point de vue promotion de
la pratique, la FFT organise chaque année pendant les week-ends des
finales de Roland-Garros la Fête du Tennis. La Fête du Tennis est
une opération qui vise à ce que les clubs ouvrent leurs portes au
grand public. C'est bien d'ouvrir les clubs, mais il faut qu'ils soient
outillés pour pouvoir intégrer les personnes à
l'activité et leur proposer des prestations. Utiliser les
événements pour faire la promotion du tennis est important. On a
Roland-Garros qui est un outil magnifique, le tournoi donne envie aux personnes
qui regardent de faire du tennis. La Fête du Tennis est une belle
opération. Il faut juste que nos clubs derrière soient
outillés pour proposer des offres, fidéliser et recruter.
183
INTERVIEW 7 - Jean-Martial ANDRE
Président du Comité de Savoie de
Tennis
Interview téléphonique réalisée
le 28 avril 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
J'ai toujours été impliqué dans le
tennis d'abord en tant que joueur puis je suis rentré au comité
après avoir été président du Tennis Club de
Chambéry pendant quelques années pour rester dans le tennis, mais
en dehors des terrains, car avec mon travail, j'avais moins l'occasion de
jouer.
2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la
baisse du nombre de licenciés ? Si oui, comment l'expliquez-vous ? Quels
ont été les changements majeurs ?
Cette question fait parallèle sur les licences et le
projet de nouvelles licences. Historiquement, il y a la licence que tout le
monde prend sans dissociation entre le tennis en compétition et loisir.
L'approche, aujourd'hui, est d'aller vers des choses plus adaptées. Par
exemple, il y a des gens qui ne font pas de compétition et la licence a
toujours été perçue comme : j'ai une licence, je fais de
la compétition. C'est un peu cette vision dans l'esprit collectif. Il y
a l'histoire du prix, mais quelque part avec l'évolution d'une licence
loisir et compétition un peu à la carte on pourra ratisser plus
large au niveau des publics. Il s'agit quand même d'une réforme
qui pourrait être importante.
3. Quelles sont les initiatives majeures que vous
mettez en place au sein du Comité de Savoie pour fidéliser et
attirer des licenciés ?
Cela fait quelques années que nous travaillons dessus
le tennis féminin. Il y a environ 2000 licenciés en Savoie. On
vient puis on relai des actions fédérales. Il y a une commission
tennis féminin au sein du Comité de Savoie qui a pour vocation de
développer la pratique évidemment et de toucher tous les publics.
C'est surtout aussi d'arriver à les fidéliser parce que la
population volatile. C'est une approche un peu globale qui a été
faite par la FFT.
184
Aujourd'hui les approches sont de plus en plus ciblées.
Ce qui a été menée comme action principale depuis quelques
années, est d'avoir des référents tennis féminin au
sein des clubs, suivis et accompagnés par les conseillers en
développement voire conseillers sportifs qu'on pouvait avoir. Il s'agit
d'une mécanique assez simple, c'est-à-dire que la FFT met en
place plein d'actions mais il y a différents types de DE et ce n'est pas
forcément dans ses fonctions, il assure plus le relai. Ce n'est pas
quelqu'un qui va systématiquement coordonner et animer quelque chose. Le
référent est un relai au sein du club parce qu'il organise de la
convivialité, des échanges, des entraînements et ainsi de
suite. L'objectif a été de tisser un maillage de
référents, de les réunir et de créer des
animations, des moments de convivialité avec par exemple les TMC.
Les TMC ont été faits au départ pour les
seniors puis le format s'est même développé pour les
jeunes. Maintenant, il est également utilisé pour le tennis
féminin. En fait, il s'agit de s'adapter au marché, avec une
parallèle un peu commerciale, mais il faut adapter des produits qui
intéressent les clients. Par exemple, moi quand je faisais des tournois,
on commence dans un tournoi, on joue en semaine le soir, on ne sait pas quand
on va terminer et si on gagne, parfois on rejoue même quelques heures
après. Pour des gens actifs où aujourd'hui la notion du temps est
importante. On est quand même dans un sport où il faut être
accroché. Je suis un peu provocateur, mais pour des parents, si leur
enfant joue au foot, il part avec son équipe dans un car pour jouer le
samedi, pour le tennis, il n'y a pas de car, les déplacements sont
individuels. Le TMC garantit plusieurs matchs en un week-end.
L'avantage du TMC est que cette compétition
créée une sorte de tribu de joueuses. Le concept est de jouer des
matchs avec des joueurs de mon niveau, j'ai la garantie de faire deux ou trois
matchs, à côté, il y a un repas offert, des petites
animations comme une petite soirée en fin de tournoi. C'est vraiment la
compétition conviviale. Donc le TMC a quand même été
une évolution importante. D'ailleurs il s'est développé
sur plusieurs autres catégories comme les troisièmes et secondes
séries. On s'adapte à cette fameuse notion du temps. On sait que
le samedi il y aura trois matchs et on est encore dans la démarche
commerciale où les joueurs paient, mais il y a un bon rapport
qualité prix.
Après, il y a également les championnats par
équipes mixtes, jeunes, seniors et individuel pour les joueuses qui
souhaitent faire de la compétition. Il y a aussi des rassemblements
sportifs pour des joueuses de certains clubs, notamment les jeunes. Il y a une
journée Tennis Féminin qui est un moment de jeu,
d'échange, de partage entre chaque participante. Au Comité, on
met en place des journées, des soirées notamment la Nocturne des
femmes où il y a des animations. C'est un point un peu culminant qui
rassemble tous les référents et des pratiquantes de plusieurs
clubs. Il faut que les gens
185
se sentent bien. Il y a des rassemblements de petites filles
adaptés au niveau de jeu. Dans les clubs, on a aussi mis en place du
"marrainage "entre jeunes filles et compétitrices. C'est important
d'avoir des exemples, des modèles. On a tous besoin d'un exemple. Les
enfants s'identifient tous à un sportif ou autre. On a aussi mis en
place "Viens jouer avec ta copine". Il y a beaucoup d'opérations.
Après, on dit souvent, ce n'est pas toujours vrai mais qu'on voit des
filles qui sont moins nombreuses et qui sont dans une école tennis
où il y a beaucoup de garçons qui vont être directement
dans la compétition en mode, je vais gagner tous les points alors que
les petites filles vont être plus dans l'échange et les enjeux.
C'est une caricature mais cela reste quand même très
représentatif.
Ce n'est pas que par la compétition, mais le tennis par
essence est quand même une compétition. Oui on peut jouer en
loisir et se renvoyer la balle. Mais même en loisir, à un moment
donné ils font quand même un petit format de match. La
finalité est de faire des jeux joués.
Après le Comité de Savoie a été
à l'initiative des formations des clubs sur le sponsoring pour obtenir
d'autres retombées financières. On a été un des
premiers comités à le faire. Il y a deux, trois ans, on avait
déjà fait une sorte de sensibilisation à l'approche du
sponsoring et des partenariats au sein des clubs. On a lancé des
formations pour les clubs. Entre fin 2019 et début 2020, on a fait un
cycle de formation où on a construit un package entier pour guider les
clubs, comme un kit méthodologique.
On avait fait sur comment générer de nouvelles
ressources financières dans les clubs. On avait fait un module en trois
parties. Le premier module était une présentation de la
démarche et un état des lieux. Le deuxième était
sur comment construire une offre de partenariat/mécénat et enfin
le dernier module reflétait sur comment prospecter de manière
efficace.
On a rejoint la Ligue qui a utilisé un outil
géomarketing afin de développer notre formation. C'est un outil
qui permet d'avoir accès à des données sociales
démographiques et qui a permis de voir la répartition des
licenciés par secteurs dans la région. Après, on peut
potentiellement donner à chaque club dans sa zone de chalandise quels
sont ses potentiels, quel est son public, les pratiquants, où sont les
licenciés. Ce sont des données marketing qui servent à la
culture du club.
Cela a permis aussi de mieux préparer les clubs. Les
clubs ne peuvent pas aller vendre sans être entièrement
préparé. Le message global est de dire, si vous allez voir des
entreprises en tant que club et que vous vendez votre club, il faut arriver
avec une offre, mais aussi une analyse de l'environnement du club et de ce
qu'il représente. Parce que si un club va voir un annonceur en disant :
nous, tel club,
186
on est sur telle zone de chalandise, on a tel rayonnement sur
la ville, on représente tant de pourcentage de sportifs, de
licenciés, nos adhérents appartiennent à telles
catégories socioprofessionnelles. C'est d'analyser de manière
plus précise et décrire au maximum le produit et ce que le club
est. Les clubs ne doivent pas y aller en disant par exemple "vous êtes
gentils, on va mettre une banderole sur le court numéro 1 et vous nous
donnez 100 euros". Il faut arriver dans un rapport gagnant-gagnant en disant
qu'il y a beaucoup de prestations et de choses qui peuvent être mis en
place. Et de montrer qu'à travers le club une entreprise peut gagner en
notoriété.
C'est aussi une approche d'avoir un produit un peu
packagé qui permet de répondre à un commerçant ou
à une entreprise qui veut peut-être gagner en
notoriété, trouver de nouveaux clients ou même
fidéliser ses collaborateurs en apportant quelque chose de plus. Le
module trois correspond à être capable d'aller vendre le club. Ce
n'est pas tout d'avoir l'outil, il faut avoir après la capacité
d'aller le vendre. C'est toujours là où on fait le grand
écart parce qu'on est dans un cadre associatif et on explique une
démarche commerciale qui n'est pas simple. Il y a pas mal de clubs qui
ont suivi et qui ont bien aimé.
L'idée est d'ouvrir les esprits des clubs. C'est un peu
la réflexion que l'on a avec la FFT pour répondre par rapport
à la crise actuelle. Comme dans toutes situations, il y a ceux qui se
demande comment ils vont s'en sortir et qui baissent les bras et puis il y a
ceux, les clubs, qui souhaitent construire quelque chose dans la durée
avec de l'ambition. Tout est imbriqué. Souvent, des clubs ne cherchent
pas à avoir des objectifs sur le long terme, ils ont 50 licenciés
et souhaite continuer sur le même rythme avec les mêmes animations.
Mais si on est dans une optique où le club a des salariés, il
faut être dans une logique d'entreprise. Donc s'il n'y a pas un projet
associatif qui embarque tous les volets d'un club tels que les animations, etc.
son avenir peut être en danger. S'il n'y pas un projet cohérent et
un tableau de bord financier qui va avec, dans un club tel qui soit, il y a les
plus et les moins au niveau de la finance, c'est une démarche qui risque
d'être compliquée. Tout est imbriqué. Avec la
période qu'on vit actuellement, certains clubs vont justement pouvoir se
motiver pour recréer un projet associatif dans lequel, vu la situation,
il va falloir mettre quelque chose en place pour aller chercher des partenaires
en leur montrant ce qu'on leur apporte et ainsi de suite. C'est aussi un volet
très important dans la vie d'un club.
On est disponible et on accompagne les clubs dans cette
démarche de partenariat. Cela reste quand même du cas par cas
lorsqu'il s'agit de la réalisation d'un dossier, même si
l'ossature reste commune
187
à tous les clubs. Après le côté
finance au sein d'une association sportive reste toujours délicat quand
même.
La vocation d'un Comité est d'être le "bras
armé, les yeux et les oreilles de la FFT". Les conseillers suivent
l'évolution des clubs avec ADOC, en effet, mais nous notre
secrétaire maitrise parfaitement ADOC et on a mis en place une
assistance téléphonique où lorsqu'il y a le moindre
questionnement, ou problème, elle est disponible pour répondre.
Il faut valoriser ce genre de chose. Souvent, les gens se demandent à
quoi sert la licence. La licence correspond aussi à des conseillers et
des salariés des comités voire de la Ligue. Ce sont des
conseillers qui sont sur le terrain, c'est aussi ADOC et TEN'UP qui sont un
outil gratuit. Il y a aussi le CMS ONE2R, ce n'est pas un outil brillant, mais
qui permet de mettre en place les sites web. Derrière la licence, il y a
aussi quand même beaucoup d'avantages. Tous les conseillers sportifs qui
développent la pratique en allant sur le terrain, qui passent de
nombreuses heures pour les clubs, on n'envoie pas de factures au club.
Aujourd'hui dans n'importe quel secteur d'activité, les formations
coûte de l'argent alors que les formations mises en place par la FFT,
donc les comités, sont entièrement gratuites. La licence en fait
n'a pas été valorisée avec le temps. Bien sûr il y a
l'assurance et la possibilité de faire des tournois, mais faut aller
au-delà de cela. Après le modèle économique de la
FFT est spécial, 80 % vient de Roland-Garros.
188
INTERVIEW 8 - Margaret HUREAU
Présidente du Tennis Club d'Annecy-le-Vieux
(1100 licenciés) Interview téléphonique
réalisée le 21 mars 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
Il y a vingt-trois ans je suis rentrée au
Comité de Haute-Savoie en tant que secrétaire
générale. J'ai toujours été dans le tennis.
J'étais classée négative et mes deux enfants jouent
également au tennis. Cela fait maintenant treize ans que je suis
présidente du club d'Annecy le Vieux.
2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la
baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment
l'expliquez-vous ?
Quand je suis arrivée au club, il y avait certaines
données qui n'étaient pas très claires. C'est difficile
à dire sur plusieurs années si le nombre de licenciés a
baissé au sein du club parce qu'il y avait un montant de
licenciés très important et en vérifiant, on avait
l'impression que certains jeunes payaient deux fois leurs licences dans
l'année. Les chiffres étaient un peu trop gonflés. Il faut
faire attention, il y a certainement une baisse nationale du nombre de
licenciés. Ce n'est plus comme à l'époque où ils
ont construit plusieurs courts en France pour démocratiser la pratique.
Il faut également prendre en compte comment ce nombre de
licenciés est calculé. Est-ce qu'il faut licencier les personnes
qui viennent dans le club pour jouer une seule fois pendant l'été
? La licence, c'est une assurance, mais si les pratiquants ont
déjà une assurance et le club est déjà
assuré, est-ce que cela sert d'avoir une licence en plus par-dessus ?
Il faut un système de licences pour que les joueurs
soient assurés, mais si le club est assuré et que le pratiquant
à sa propre assurance aussi, ce n'est pas forcément attractif. Il
faudrait une offre type "tourisme" aussi. Les étrangers doivent payer 30
euros pour jouer trois fois au club pendant leurs vacances. Peut-être
dans le futur, c'est d'avoir une licence par ville qui permet de rentrer dans
tous les clubs. A l'origine la licence classique était attractive pour
avoir accès aux places de Roland-Garros en avant-première.
189
C'est dans les clubs que le travail doit être fait. Ils
existent beaucoup de clubs municipaux non affiliés à la FFT, mais
où sont les entraîneurs pour donner des cours et servir de
support. Tant qu'il y a des courts on peut faire des choses. Il faudrait
regarder au niveau des départements d'aller voir les mairies et de
mettre des choses en places pour utiliser ces terrains et attirer des gens. Il
faudrait répertorier ces terrains et faire des activités avec les
enfants. Il y a un vrai axe de développement sur ce sujet. Pour
développer le tennis, il faut que l'activité se passe sur le
terrain.
C'est sûr qu'il y a un impact, mais je ne pense pas que
le tennis soit onéreux. Il y a plusieurs clubs municipaux qui
fonctionne. Je pense que par rapport à d'autres sports on ne s'est pas
assez vite adapté. Par exemple, au volley-ball, ils ont raccourci et
changé leurs formats de jeu. Au tennis on a changé le format de
jeu mais est-ce qu'on ne prend pas le train un peu tard en soit ? Maintenant
les habitudes des jeunes ont changé. Ils sont impatients, il faut que
tout avance vite donc on a changé les formats de jeu notamment avec les
TMC et le super tie break dans le troisième set. Je pense que c'est une
très bonne chose, mais est-ce qu'on n'arrive pas trop tard ?
Il y a le fait de ne pas avoir de champion français qui
gagne des Grand Chelem. On a gagné la Coupe Davis certes, mais il faut
des joueurs qu'on voit régulièrement pour que les jeunes joueurs
notamment puissent s'identifier. Après, on a compensé en faisant
des licences scolaires, mais on n'est pas vraiment certains s'il faut
considérer ces jeunes comme des vrais joueurs de tennis. On est en
concurrence avec tous les autres clubs autour de nous et je pense que c'est un
facteur impactant de ne pas avoir de joueurs champions.
Tous les sports sont en concurrence, pour les subventions
notamment. Il faut essayer d'être droit dans ses bottes avec le
système de licence. À la fin ces toujours une bagarre de celui
qui a le plus de licenciés dans son club.
On a perdu des adhérents lorsqu'on a refait nos courts
couverts parce que pendant une année, il n'y avait plus de terrains
couverts. Quand ils ont changé les rythmes scolaires, il y a
également eu un impact. Le mercredi, on avait beaucoup d'enfants qui
étaient dans des écoles publiques, on a gardé un peu
d'enfant venant du privé, mais pas beaucoup. Alors qu'il y a d'autres
sports comme le foot et rugby, ils n'avaient pas d'entraînements le
mercredi matin donc ils n'ont pas tellement été impacté.
On a essayé d'occuper les terrains dès qu'on pouvait avec les
enfants. Le mercredi entier est dédié aux enfants dans notre
club. Les plus jeunes le matin et les adolescents l'après-midi. On a
perdu pas mal de jeunes à ce moment-là. Maintenant, on va mieux,
on a repris des jeunes.
190
À mon avis, il y a une tendance générale
du tennis qui descend parce qu'il n'y a pas assez de joueurs sur la
scène internationale qui gagne des gros tournois. La baisse du tennis
est une tendance depuis un moment. C'est un mix de l'attractivité du
sport et du changement de comportements des pratiquants. Par exemple,
Roland-Garros arrive, les gens sont contents, il fait beau, ils regardent
Roland-Garros à la télévision. Ils ont envie de jouer. Et
nous, on ne peut pas recevoir ces gens-là parce qu'on a les matchs par
équipes programmés. Les terrains ne sont pas disponibles le
week-end. C'est un problème, il faut que les courts soient disponibles
quand les gens ont envie de jouer surtout on a remarqué que quand un
joueur français fait un bon parcours à Roland-Garros, il y a
souvent quelques pratiquants irréguliers qui viennent jouer pendant
cette période et nous on est à la limite au niveau de la
disponibilité des terrains, pourtant on n'est pas le plus petit club.
Il faut garder Roland-Garros parce que ce tournoi amène
un effet positif sur le tennis français en général. Je
pense que c'est un événement qui développe indirectement
le tennis loisir aussi.
3. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez
en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer davantage de
licenciés ?
Il faut passer à un format plus rapide notamment pour
l'organisation des tournois. Il y a beaucoup d'avis divisés à ce
sujet. Certains disent que si on réduit le format, on perd
l'authenticité du tennis et le côté physique d'avoir des
matchs plus ou moins longs. Cependant, si on réduit le format des
matchs, il est possible maintenant d'organiser deux matchs dans la
journée. Deux matchs dans une journée est déjà
très physique. En réduisant le format des matchs, on a quand
même des matchs qui durent jusqu'à deux heures, ce n'est pas rien.
Je ne pense pas que ce nouveau format enlève le côté
authentique des matchs de tennis où on ne sait jamais à quelle
heure on va finir, il le réduit juste.
Au club, on organise beaucoup de tournois. On a
remarqué ces dernières années que beaucoup de gens
déclaraient forfait parce qu'ils ne pouvaient pas jouer plusieurs fois
dans la semaine avec leur travail. La raison principale, c'était parce
que les matchs de tennis ont une durée indéterminée et ils
ne veulent pas venir jouer si le lendemain, ils ont une réunion
importante par exemple. Le super tie-break au troisième permet de
réduire la durée d'un match. Je pense qu'il s'agit d'une bonne
solution. Après, c'est comme les règles de beaucoup de jeux.
À l'inscription, les gens sont au courant du format des matchs. S'ils ne
sont pas d'accord, rien ne les oblige à s'inscrire. Dans une
société qui change et où le temps est précieux, les
gens ne veulent plus passer trois heures sur un court de tennis et finir
à minuit. Ils peuvent davantage anticiper leurs activités avec ce
format. En plus, on ne prend pas de
191
retard avec les matchs prévu après. Au tennis,
on a souvent un horaire de début de match en début de
journée et après les horaires des autres matchs varient beaucoup
en fonction de ce premier match. À un moment donné, il faut
prendre des décisions pour que le sport soit plus condensé, il
faut raccourcir. La société recherche cela, que le sport soit
plus dynamique. Même à la télévision, c'est
difficile à gérer lorsqu'un match est en cinq sets et dure quatre
heures.
La FFT a programmé la Fête du Tennis début
juin, pendant les phases finales de Roland-Garros. C'est une bonne initiative,
parce que les gens surfent sur Roland-Garros et cela crée de l'envie.
Mais le problème est que pendant ce week-end, on a nos matchs par
équipes donc on organise notre Fête du Tennis plus tard. Je pense
qu'il y a une volonté de faire bouger le tennis, mais il y a une
contrainte de calendrier avec les clubs. Maintenant encore plus parce que la
plupart des matchs par équipes se déroulent au mois de mai. Et on
ne peut pas supprimer cet événement-là. Les matchs par
équipes sont énormément appréciés par les
adhérents d'un club. C'est une compétition qui leur donne le
sentiment d'être dans une équipe pour défendre leur club.
Je trouve que les personnes travaillent à la FFT ne sont pas assez
à l'écoute de ce qu'il se passe dans les clubs.
Ce sont les gens dans les clubs qui font que le tennis marche.
La Ligue nous donne des recommandations qui viennent de la FFT, mais il faut
pouvoir les tenir. Ils nous imposent pour les matchs par équipes d'avoir
des arbitres de chaises lorsqu'une équipe est en division Nationale.
Cependant, il faut d'abord les trouver, mais aussi pouvoir les convaincre de
venir passer deux ou trois dimanches à arbitrer dès 9 h du
matin.
On fait également attention aux bénévoles
dans notre club. Les bénévoles, ce sont eux qui tiennent les
clubs. Ils ont un livre de reconnaissance, etc. Le bénévolat sans
compensation financière s'est compliqué maintenant. Il y en a
encore des gens, mais cela est compliqué de les trouver et de les
motiver.
192
4. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
J'ai le retour des DE et des jeunes sur ces nouveaux outils
mais pour moi ce n'est pas la meilleure convivialité. La digitalisation
est un gros débat au sein du comité. Au club, on utilise TEN'UP
l'hiver mais pas l'été parce que tant que nous pouvons payer et
avoir des hôtesses à l'accueil, on continuera parce qu'elles ont
un impact plus que positif sur la convivialité de notre club. Je pense
qu'avec ces outils, on essaie de limiter l'administratif au sein des clubs,
mais on ne réalise pas son importance. Avec TEN'UP, personne n'est
obligée de passer par le club house ce que je trouve dommage. On s'est
battu pour avoir un gérant au sein du club pour développer la
convivialité. Le club house est quand même le noyau du club. Pour
nous, la convivialité est importante. On fait moitié
hôtesse, moitié TEN'UP tant qu'on peut encore continuer de cette
manière. Le problème est que nous avons un système de
partenaire pour les réservations. On a développé ce moyen
qui permet aux personnes du club de trouver un partenaire pour jouer avec un
niveau similaire. Il n'y a pas de partenaires sur TEN'UP.
Les gens quand ils viennent au club demander leur terrain, ils
ne passent pas le club house. Pour les adhérents qu'on connaît qui
réserve sur TEN'UP, ce n'est pas un problème, par contre les
adhérents qu'on ne connaît pas, ils vont directement sur leur
terrain et on les voit plus. Il n'y a pas d'échanges. Le but est de
connaître les gens, les hôtesses connaissent les gens pour ensuite
les mettre en partenariat avec d'autres joueurs et les gens sont contents. Via
TEN'UP, ils viennent jouer et ne voient personne. Et les nouveaux, on ne les
voit pas alors que ce genre de personne nous intéresse pour justement
essayer de les fidéliser et leur proposer des offres
intéressantes.
Par exemple, il arrive parfois que la liaison entre l'outil
TEN'UP et la réservation au sein du club ne fasse pas correctement.
TEN'UP affiche des terrains libres alors que tous les terrains sont
occupés. C'est une mauvaise image si les personnes arrivent et ne
peuvent pas jouer. Autre problème, si un pratiquant voit que tous les
terrains sont pris, il va chercher dans un autre club, alors que s'il appelle
le club, les hôtesses pourront lui conseiller un autre horaire ou autre
chose. S'il y a un bug avec l'application alors il ne passe rien et on ne peut
pas jouer alors que si des hôtesses sont là, elles peuvent trouver
des solutions.
En plus, la FFT fait des maintenances un peu n'importe quand
dans la journée, avec l'outil ADOC notamment. L'année
dernière, pendant notre tournoi, ils ont fait des maintenances en plein
milieu de la journée, il était donc impossible pour nous de faire
les tableaux et de contacter les joueurs pour leur
193
donner un horaire de convocation. Ils ont également
instauré le paiement en ligne via ADOC pour mettre sur TEN'UP, mais il
s'agit plus d'une contrainte qu'autre chose, au niveau administratif cet outil
multiplie davantage nos opérations. Quand il faut rembourser les gens,
ADOC ne fait plus de remboursement en ligne, on ne peut plus rembourser les
gens. Il faut passer par un autre outil et retrouver les coordonnées
bancaires. ADOC a été adapté en fonction des demandes des
clubs, mais il n'y a plus aucune cohérence dans cet outil, on s'y perd.
C'est ADOC qui est derrière TEN'UP donc si le système de base
n'est pas au point, TEN'UP ne peut pas bien fonctionner. Il y a une limite du
système. L'accueil au sein du club ce n'est pas simplement
répondre au téléphone pour réserver un terrain. On
discute avec les gens et on développe la convivialité via ce
fonctionnement. C'est l'occasion de leur faire passer de messages, il est
important d'avoir ces dialogues. Avec TEN'UP, il faut reconnaître que la
vie dans le club est plus calme, il y a moins de passage dans le club. Mais
bon, on rend un service. Avant de toucher aux hôtesses si jamais cela
devient trop cher, on touchera à d'autres choses. TEN'UP est pratique
quand on connaît d'autres joueurs dans les clubs, mais quand on est
nouveau, on ne peut pas trouver des joueurs via une application, on met en
quelques sortes des barrières pour le développement du club.
C'est à double tranchant.
Surtout avec la situation du coronavirus, on se rend compte
que les gens nous appellent parce que la convivialité du club leur
manque et TEN'UP ne peut pas donner cette convivialité du contact
humain. Les réseaux sociaux, je suis d'accord, il faut passer par
là, mais si on se base que là-dessus, je pense qu'on perd quelque
chose. Les nouveaux, ceux qui n'ont pas l'habitude, disent que la
convivialité fait la force de notre club. Pour en finir, avec la
digitalisation, on ne connaîtra pas les nouveaux et le but est de les
connaître.
5. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement
par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public
davantage féminin ?
Il faut continuer les TMC pour les femmes et pour les jeunes
parce que cela marche bien. C'est un format de compétition qui
fidélise. Les Raquettes FFT aussi marchent bien. Je pense qu'il faut
continuer ces initiatives. Je soutiens ces initiatives parce que le tennis est
un sport homme/femme. Mais de faire des événements uniquement
pour les femmes, je ne suis pas forcément partante. On fait des TMC
femmes quand même et c'est très bien. On offre des cadeaux un peu
plus féminins comme des vernis,
etc. au lieu de donner le traditionnel
t-shirt blanc en coton. Par contre on ne fait pas les balles roses, etc. On a
mis en place les matinées de la femme, physique et tennis, il y a eu pas
mal de joueuses qui sont venues. On a toujours mis en place des
événements pour les femmes, mais on ne fait pas
194
uniquement cela. Il ne faut pas faire que de la
féminisation, il faut faire un mélange des deux. On fait
également de la recherche de partenaire pour les femmes. C'est prendre
en compte la femme, mais pas seulement en tant que femme, mais en tant que
joueuse de tennis.
6. Les initiatives mises en place sont-elles trop
tournées vers la pratique compétition aux dépens de la
compétition ?
Il faut déjà fidéliser les
adhérents. Il faut d'abord penser la qualité de vie du club avec
des animations puis la qualité des entraînements. Les
compétitions passent après. Pour attirer du monde, il faut ouvrir
le club aux loisirs. La plupart des gens ne sont pas dans la
compétition. Il faut que les courts soient libres pour que les gens
puissent jouer. Avec le coronavirus, les pratiquants sont frustrés de ne
pas pouvoir jouer. À la fin de cette crise sanitaire, il faudra rouvrir
les clubs et être sûr que les courts soient disponibles au maximum.
On ne favorisera pas la compétition. Il faut penser à l'avenir et
souvent au club, mais je pense aussi à la Ligue, on est sous la pression
des compétiteurs et on n'ose pas mettre des choses en place. Il faut
penser au tennis sur l'avenir, au sport en général. Les
compétiteurs augmentent, mais pourtant le nombre de licenciés
continue de baisser. Je pense qu'il s'agit du public loisir qui ne vient plus
dans les clubs ou alors ce sont les clubs qui ne leur donnent pas accès
à des offres intéressantes pour eux. Il faut raisonner le plus
global possible. Les compétitions sont super, on attire du monde avec,
mais il faut voir plus loin.
7. Le Tennis Galaxie a été
instauré en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à
l'enseignement du tennis chez les jeunes ?
Je pense qu'il s'agit d'une bonne initiative. Après je
ne suis pas la mieux placée pour en parler. C'est aux enseignants de
s'adapter aussi et d'offrir un apprentissage plus accessible. C'est important
au niveau de la FFT de ne pas changer les programmes toutes les années,
il faut qu'ils instaurent des choses qui soient plus pérennes, surtout
chez les jeunes.
195
8. Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel
?
Si on avait de la place dans notre club, on construirait deux
terrains de padel. C'est une activité et une animation en plus. Mais
dans notre club, il y a déjà un manque de terrains de tennis. Je
ne nous verrais pas enlever un terrain pour faire un padel. Le beach tennis est
moins intéressant surtout l'hiver avec les pieds dans le sable. La
réussite de la mise en place d'une activité, ce sont les
animations qui sont faites autour aussi. Il faut continuer à faire vivre
cette activité.
Le padel est plus facile et convivial. Je ne sais pas si le
padel amène des adhérents en plus, c'est encore trop tôt
pour le dire. Peut-être un peu, parce qu'il s'agit d'une
nouveauté, un nouveau produit pour les licenciés des clubs. Par
ailleurs, le padel n'a pas forcément besoin d'un club de tennis pour se
développer, des structures privées sont montées et marche
très bien. Je le vois plus comme un complexe à part. C'est
différent, il s'agit d'un autre fonctionnement. Au Tennis Club de
Seynod, la commune a dépensé 160 000 euros pour deux terrains
où il ne se passe pas grand-chose donc les aides et investissements pour
les autres clubs sont moins importants.
196
INTERVIEW 9 - Sébastien CURTILLET
Président du Tennis Club du Nivolet (370
licenciés) Interview par email réalisée
le 6 avril 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
J'ai débuté le tennis en 2012 pour jouer avec
mon fils, je suis entré au bureau du TC Bassens en 2014, d'abord comme
à la commission d'animation, puis trésorier adjoint et enfin
coprésident.
1. Depuis votre position, avez-vous ressenti la
baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment
l'expliquez-vous ?
Non, nous sommes chanceux, nous n'avons pas observé
une baisse de notre nombre de licenciés. Par contre nous avons
remarqué une demande différente. Du tennis accessible toute
l'année et un accès plus simple et plus rapide aux
installations.
2. Quelles sont les initiatives majeures que vous
mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer
davantage de licenciés ?
Nous sommes un club à vocation sur l'école de
tennis. Pour fidéliser et attirer plus de joueurs nous avons deux atouts
très importants : une politique de prix assez bas (de 150 à 250
euros licence comprise pour une année complète) et un
binôme de DE de grande qualité permettant un entraînement
riche et varié, inculquant l'esprit de compétition aux plus
jeunes sans oublier pour autant que le tennis reste un jeu.
3.
197
Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Oui, cela fait écho aux changements dans les demandes
de pratique que je signalais dans une des questions précédentes.
Le nouveau public du tennis est un public connecté. Il faut donc
utiliser et développer tous les outils du numérique, sans pour
autant oublier et négliger la bonne vieille affiche.
4. Le tennis est un sport pratiqué
majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer
un public davantage féminin ?
Le public féminin est assez compliqué à
cerner, il ne pratique peu ou pas la compétition, mais il est
très assidu aux entraînements. Pour attirer ce public nous avons
ouvert plus de créneaux dédiés uniquement aux femmes,
jeunes filles et adolescentes sur la semaine. Le taux de remplissage est
souvent inférieur au seuil de rentabilité, nous sommes sur du
projet, sur de l'investissement club.
5. Les initiatives mises en place sont-elles trop
tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la
pratique loisir ?
Non, je soutiens que l'un ne va pas sans l'autre. Sans
loisir, il n'y a pas de groupes compétitions possibles dans les clubs.
Sans la compétition, il n'y a pas une vie de club organisée
autour du tennis possible.
6. Le Tennis Galaxie a été
instauré en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à
l'enseignement du tennis chez les jeunes ?
Du point de vue gestion de club, le tennis galaxie a surtout
comme intérêt de permettre à un jeune qui débute le
tennis de trouver un entraînement adapté à son niveau quel
que soit son âge dans un club. Les enfants sont répartis sur cinq
niveaux différents : blanc, violet, rouge, orange et vert. Chacun de ces
niveaux correspond à une dimension spécifique du terrain, des
balles et de leurs raquettes. Du point de vue pédagogique, la
réponse doit venir des professionnels, je ne suis pas en capacité
de répondre pour eux.
7.
198
Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel
?
Pour bien jouer au tennis cela demande du temps et de
l'énergie. Les nouvelles pratiques comme le padel semblent d'un abord
plus facile et ont un côté ludique plus immédiat. Sans
être l'avenir du tennis elles constituent une manière
différente de vivre ce sport : le négliger serait une erreur.
8. Les changements de compétitions historiques
(telle que la Coupe Davis) ont-ils un impact selon vous sur
l'attractivité du tennis en France ?
Pour l'instant, nous ne voyions aucun impact.
9. La France est l'un des pays qui compte le plus de
tournois de tennis (ATP, WTA, Grand Chelem, Master 1000), comment expliquer
cette baisse de licenciés malgré de nombreuses manifestations ?
Faut-il s'appuyer sur ces manifestations sportives pour promouvoir davantage la
pratique du tennis ?
Bien sûr que oui ! Il n'y a rien de mieux que de voir
de bons joueurs pour avoir envie de jouer. Dans les bons joueurs je ne me
restreins pas aux internationaux, j'inclus également tous les joueurs
seconde série dans les clubs. C'est grâce à eux que les
jeunes des écoles de tennis entrent dans la compétition et
veulent les imiter. Ils servent d'exemple et ont un rôle
d'identification.
10. Le TC Bassens a décidé de se
mutualiser avec le TC St Alban, quelles sont les raisons de cette mutualisation
?
Elles sont nombreuses et difficiles à expliquer en
quelques lignes. Mais en résumant la situation nous pouvons l'exposer en
deux temps.
Tout d'abord, nous nous trouvions devant une situation
gagnant-gagnant. D'un côté un club, St Alban Leysse, sans
entraîneur et avec moins de 70 adhérents, mais avec des
infrastructures neuves avec notamment quatre courts en bon état. De
l'autre, TC Bassens, presque 300 adhérents, deux entraîneurs et
deux courts en état et deux courts en fin de vie. Lorsqu'on
199
regarde ces chiffes froidement, sans tenir compte de la
rivalité entre ces deux clubs distants de quelques kilomètres, la
mutualisation de nos moyens devient une évidence pour que chaque club
continue d'exister.
Ensuite, il y a les limites de la mutualisation notamment le
passage à la fusion. Mutualiser, c'est bien, mais cela ne permet aucun
projet d'avenir ni aucune construction. Un exemple typique, un jeune veut jouer
en équipe. Or, dans son club, il est le seul à son niveau, pour
l'entraînement pas de problème, on mélange tout le monde.
En équipe c'est impossible, ce jeune voit donc ses copains faire des
matchs, lui reste sur la touche.
Au TC Bassens, nous savons qu'un club sans projet est un club
qui végète, qui perd des adhérents. Nous avions deux
énormes projets structuraux à envisager : la refonte du site de
Bassens et la création de court couvert avec des terrains de padel. Le
nouveau comité directeur à St Alban Leysse issu de la
mutualisation en était convaincu également. C'est donc sous
l'impulsion des dirigeants des deux clubs que la fusion des deux entités
en une seule, le Tennis Club du Nivolet s'est faite. Elle nous rendait plus
légitime pour mener à bien ces projets.
La fusion est ensuite devenue une évidence et lors des
Assemblées Générales le vote des adhérents en
faveur de la fusion a été une simple formalité.
11. Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour
limiter cette baisse de licenciés sur le court et long terme
?
Question bien difficile, il faut d'une part élargir
notre offre auprès des licenciés, pour cela, il faut que les
clubs se dotent de moyens plus importants, en structure (courts, courts
couverts, padel...), quitte à fusionner comme nous l'avons fait pour
arriver à ces objectifs.
Mais d'autre part, il faut aussi et surtout un investissement
humain. Comme je l'ai dit précédemment la force de notre club
résiste dans la compétence et la complémentarité de
ses DE avant tout bien matériel. Cela exige deux étapes
importantes. Une formation plus qualifiante de la part de la FFT, attention, je
ne parle pas ici du niveau tennistique, mais bien d'une action sur la
pédagogie, l'apprentissage de l'enfant (ce qu'on peut lui demander, ces
stades de développement, etc....), puis une transformation dans la
gestion des clubs, intégrer
200
la notion d'employés rémunérés
avec des professionnels de l'apprentissage du sport tennis. Il y a un besoin de
professionnalisation des professeurs. Les faire fonctionner comme une petite
entreprise. Cette mutation a été faite sur Bassens par Mr Florent
Melet.
201
INTERVIEW 10 - Yannick DUC
Président du Tennis Club de Mouxy (189
licenciés) Interview téléphonique
réalisée le 4 avril 2020
1. Quelles sont les initiatives majeures que vous
mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer des
licenciés ?
Attirer d'autres licenciés, ce n'est pas
forcément notre but principal parce qu'on n'a pas trop à se
plaindre de ce côté-là. Sans vraiment aller chercher du
monde, on tourne avec un effectif qui permet d'assurer la
pérennité du club. On a des activités quand même qui
sont assez régulières. On fait des tournois salades en printemps
et en automne. On fait un tournoi Open en avril, puis des soirées
barbecues, raclettes. L'évolution la plus importante depuis quatre, cinq
ans, elle est due à l'embauche à mi-temps de deux
entraîneurs. Le nombre de personnes qui prennent des cours a fortement
augmenté, il a même doublé. Sur 189 adhérents, ce
sont 105-110 adhérents qui prennent des cours. On va dire que notre club
a deux forces. Premièrement, le tarif qui est très
intéressant au niveau des jeunes, c'est pour cela qu'on
récupère aussi beaucoup de jeunes du club d'Aix les bains et des
alentours. Puis deuxièmement au niveau des cours adultes. Il y a de plus
en plus de cours demandé, notamment des femmes qui veulent prendre des
cours. Elles sont à la recherche d'un entraînement pour
progresser, mais pas forcément pour faire de la compétition.
Elles prennent des cours pour s'améliorer afin de pouvoir jouer entre
amies, faire du sport et passer un bon moment en se faisant plaisir.
On a également développé nos
infrastructures. Nous avons construit un troisième cours, puis nous
avons installé un éclairage dessus. Cela nous a permis de
développer davantage notre offre et d'offrir plus de créneaux
pour que les joueurs puissent venir jouer. Notre dernière installation
est un éclairage sur notre deuxième court. Je ne pourrais pas
répondre si le troisième court a ramené du monde. En tout
cas, ce nouvel équipement a permis d'augmenter justement le nombre de
cours avec les entraîneurs qu'on peut fournir. En effet, maintenant quand
on a les courts pour les adultes, notamment on va dire 18 h à 21 h le
soir, on peut donner la possibilité aux adhérents de venir jouer
pendant ces créneaux là et surtout on peut ajouter plus de monde
dans les cours adultes. Le but d'avoir éclairé ce court,
c'était de pouvoir justement laisser aux adhérents la
possibilité de jouer à partir de 18 h notamment à partir
d'octobre à mars. C'est également une opportunité pour
nous de faire un tournoi
202
FFT, qui n'aura pour l'instant pas lieu avec le coronavirus,
qui peut monter plus haut au niveau des classements. Cela veut dire donc plus
d'inscriptions et donc plus de rentrées d'argent pour le club. Le
tournoi représente de belles retombées financières pour le
club, notamment au niveau des inscriptions et de la buvette. Cela nous permet
d'améliorer nos infrastructures. On prend soin de l'environnement du
club, notamment la pelouse autour du club, les allées. C'est important,
on souhaite donner l'impression aux adhérents d'être comme
à la maison, dans le jardin. De leur donner envie de venir même
quand ils ne jouent pas au tennis, soit pour venir regarder des amis, soit pour
venir boire un coup. Nous n'avons pas une personne permanente au club,
cependant l'été nous essayons d'avoir des heures de permanence
afin d'offrir la possibilité de boire un coup après une partie de
tennis.
Par ailleurs, on reçoit de plus en plus d'informations.
Jusqu'à présent on avait quelques informations et on était
très peu sollicité par la FFT. Depuis deux ans, j'ai vu une
différence. On a beaucoup plus d'information qui reviennent de la
Fédération, qui redescendent étape par étape, et on
voit quand ils veulent mettre en place une initiative, on a des directives et
davantage d'information. Ils nous offrent même des supports pour
davantage promouvoir l'initiative qu'ils souhaitent mettre en place. Cette
démarche nous incite à mettre plus d'animations en place au sein
du club.
Par exemple, on a essayé de mettre en place le tennis
à l'école cette année. Bien évidemment, avec le
Coronavirus, c'est tombé à l'eau. On a fait deux périodes,
on a essayé de faire une période en novembre, il n'a pas fait
très beau donc il y a eu très peu de cours avec l'école de
Mouxy. Puis on avait relancé cette activité après les
vacances de février, début mars, mais le premier cours avait lieu
le jour du confinement donc on a mis cette activité entre
parenthèses. On essayera de relancer cette activité
l'année prochaine. Sinon, c'est vrai qu'on essaie de faire redescendre
les informations qu'on reçoit de la ligue ou du comité et de
communiquer sur des actions et d'essayer d'y participer pour voir et apporter
des choses nouvelles.
On a essayé de mettre en place l'année
dernière la Fête du Tennis. Sauf qu'on avait fait beaucoup
d'animations, surtout au mois de juin. Au niveau des dates, on avait beaucoup
de choses de prévu avec notamment le Tournoi Interne, notre fête
du club, la fête du tennis.
Ce week-end-là, on avait personnes pour se mobiliser
pour cet événement. On avait cependant la possibilité de
décaler cet événement dans les quinze jours suivant la
Fête du Tennis. On avait cependant la possibilité de
décaler cet événement dans les quinze jours suivant la
Fête du Tennis. En début de saison, on a un mail justement du
comité ou de la FFT qui nous demande si on veut participer. Si on
s'inscrit, ils nous envoient des flyers, des affiches afin de communiquer
là-dessus. C'est une
203
opportunité pour ouvrir notre club à tout type
de public et de leur faire découvrir le sport. C'est également
une opportunité de montrer l'ambiance de notre club également. Le
tennis est un sport qui peut faire peur, notamment sur les idées qu'on
se fait de son coût, mais aussi pour les difficultés
d'apprentissage. Ce sont des contraintes franchissables. Il faut casser cette
fausse idée que le tennis est un sport cher. On peut trouver maintenant
du matériel à prix réduit, puis on essaie d'adapter le
prix des cotisations. Surtout dans notre où nous n'avons pas de courts
couverts donc la possibilité de jouer douze mois dans l'année. La
difficulté d'apprentissage de notre sport peut être comblée
par une bonne ambiance et des bons entraîneurs.
2. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Oui, c'est une priorité parce que justement, on a des
personnes très compétentes là-dedans. Il y a trois
bénévoles qui s'occupent des réseaux sociaux. Le fait
qu'ils soient bien organisés là-dessus nous aide beaucoup, c'est
vrai qu'on délègue complètement les réseaux et le
site Internet du club. Personnellement, je ne le ferais pas en tant que
président, je ne suis pas connecté à tous ces
réseaux. Mais comme il y a des personnes au club très
compétentes, on en profite. Cela permet de bien dynamiser la
communication. On a aussi beaucoup d'adhérents qui ont choisi notre club
parce que justement, c'était vivant, parce qu'il y avait des animations.
Quand ils cherchaient une information, ils allaient sur le site Internet qui
était à jour. Ils ont comparé par rapport aux autres clubs
aux alentours. Il y a deux, trois adhérents qui nous ont dit, "on est
venu dans ce club parce qu'on a regardé sur plusieurs sites Internet des
clubs du coin et il y en a qui n'ont pas mis leur site Internet à jour
depuis un ou deux, il n'y a pas beaucoup d'animations qui sont
présentées, etc".
3. Êtes-vous épaulé dans vos
démarches notamment pour développer vos infrastructures
?
Au niveau municipal, on a un budget de fonctionnement annuel,
mais tout ce qui est projet, on a aucune aide, on a totalement financé
le troisième court et l'éclairage. Pour l'éclairage on
s'est autofinancé également.
Après, on a des budgets au niveau de la région,
le département un petit peu, mais ce n'est pas vraiment lié aux
travaux. La région nous aide, on a un budget, on a fait une demande de
subventions qui est toujours en attente pour l'instant. Au niveau de la FFT,
comité, tout est lié. Il y a pas mal de possibilité
d'aller chercher des subventions, en revanche, il faut soi-même se
renseigner, faire beaucoup de démarches.
204
Avec la dernière élection du comité, ils
ont mis en place une réunion pour nous tenir informé des
initiatives mises en place par la FFT et la Ligue et ce qu'ils
prévoyaient de mettre en place. Avant l'année passée, on
n'avait pas trop d'informations, maintenant, on a un retour un peu plus
précis de ce qu'ils veulent faire. Ils nous ont même
questionnés en tant que président pour avoir notre avis sur
l'évolution de certains outils. Cependant, il y a beaucoup de choses qui
ne sont pas forcément adaptés à des petits clubs comme le
nôtre. Au sujet de la compétition et du loisir. Les joueurs qui
veulent faire de la compétition, ce sont toujours les mêmes et ils
continueront à en faire. On ne cherche pas à inciter les
adhérents à faire de la compétition. Puis, au niveau des
jeunes qui viennent dans notre club, il y en a très peu qui sont
là pour faire de la compétition. Dès qu'ils veulent avoir
un niveau supérieur, ils vont dans un plus gros club comme le TC Aix les
Bains.
4. Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel
?
Dans notre club, construire un padel n'a pas été
une initiative que nous voulions prendre. Nous étions plutôt sur
l'objectif d'installer des éclairages afin de permettre que tous les
adhérents puissent jouer déjà plus souvent. C'était
déjà plus de développer les infrastructures. Si on veut
continuer à évoluer, cela sera plutôt dans
l'amélioration de notre club-house avec notamment des vestiaires. Le
beach tennis n'était pas non plus une option.
205
INTERVIEW 11 - Robin GAILLARDET
DE JEPS et Directeur Sportif au Tennis Club de Pringy
(473 licenciés) Interview téléphonique
réalisée le 20 mars 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
J'ai commencé le tennis, je devais avoir 8 ans.
À partir de 16 ans, je n'ai pas lâché, j'ai 27 ans
aujourd'hui. Je suis passé par STAPS et j'ai commencé
l'enseignement du tennis en deuxième année. Cela doit faire sept
ans que j'enseigne le tennis. Je suis arrivée au TC Pringy 2019. Avant,
j'étais au GUC à Grenoble. J'ai toujours eu un passé de
compétiteur et j'adore enseigner la compétition.
2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la
baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment
l'expliquez-vous ?
J'ai un peu connu cette situation quand j'étais
à Grenoble. Il y a énormément de concurrence
là-bas. Il y a trois grosses structures qui ont pris le monopole sur
tout le bassin grenoblois. Le GUC, Echirolles et le Grenoble Tennis. La plus
grosse perte d'adhérent, c'était par rapport aux infrastructures.
Au GUC, on avait quatre courts couverts, mais qui était très
vieillissant. Au Grenoble Tennis, ils ont créé une grande et
nouvelle structure. Beaucoup de joueurs sont partis là-bas parce qu'ils
peuvent jouer en permanence, il y a énormément de terrains. Au
GUC, en dehors des entraînements il y avait très peu de
possibilités. Les licenciés sont partis par rapport aux
infrastructures.
3. Quelles sont les initiatives majeures que vous
mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer
davantage de licenciés ?
Au TC Pringy, on est en augmentation depuis trois, quatre ans.
On a une courbe qui augmente chez les adultes. On est quasiment
équilibrés entre adulte et enfant, mais on a plutôt une
tendance à avoir une légère augmentation chez les adultes
et une légère baisse chez les enfants. Parmi ces adultes, il y
a
206
beaucoup plus de joueurs loisirs que de compétition qui
viennent. Chez les enfants, c'est plutôt l'inverse, ce sont plus des
joueurs de compétition que de loisirs.
Quand je suis arrivé, j'ai toujours entendu parler de
Pringy pour sa bonne ambiance, pour son côté familial et convivial
que les gens n'avaient pas forcément dans leur ancien club.
On a pris la démarche d'avoir que DE sur notre
entraînement et je sais que dans certains clubs ce sont souvent des
initiateurs. Ce n'est pas la même qualité d'enseignement on va
dire même si bien sûr il y a des DE qui ne sont pas
forcément au top. Avec cette démarche, cela est un plus dans
l'offre du club.
On propose pas mal de choses à côté des
séances de tennis. Les adhérents sont au courant qu'ils ont
quatre rendez-vous dans l'année avec des animations qui leur sont
dédiés. En plus, on a un gros avantage, car on a un restaurant,
donc le cadre est plutôt sympa. Les adhérents viennent manger
entre midi et deux et après leurs parties de tennis, ils viennent boire
un coup. C'est un cadre global qui fait que les gens ont envie de s'installer
et de rester dans notre club.
Les animations et ce type d'événement sont
vraiment interne au club. Ce n'est pas la FFT qui vient nous donner des
idées d'animations. Elles sont inclues dans leur service à
l'année, le club prend en charge si on leur offre un pot par le biais du
restaurant. C'est le club qui prend en charge, on ne les inclut pas dans les
adhésions. Cela permet de fidéliser. C'est une contrepartie. Ils
jouent le jeu en venant et en consommant notre produit de tennis adulte loisir
et nous en contrepartie, on montre qu'ils ne sont pas là comme simple
client, mais qu'ils font bien partie intégrante du club.
On a également mis en place une formule adhésion
au mois. On est parti du principe que la société est en train de
changer. Les personnes sont plus sur un mode de consommation rapide. On est
parti de l'exemple des salles de sport. Il existe soit une adhésion
à l'année, soit sur un mois. On a observé que les salles
de sport sont en train de se démocratiser avec beaucoup plus
d'adhésion. On s'est dit pourquoi pas mettre cela au tennis. C'est vrai
que les gens quand on leur demande de mettre 200 euros en début
d'année voire un peu plus, souvent, on a des retours négatifs sur
cela. Ils le disent, ils vont prendre leurs adhésions, mais ils vont
jouer une fois dans le mois. Ils n'ont pas envie de mettre 200 euros. Cette
méthode leur permet de venir autant de fois qu'ils veulent dans leur
mois d'adhésion. Ils ont aussi accès aux réservations via
TEN'UP, ils auront leur identifiant. On offre un service en plus et on montre
que pendant un mois, ils font partie intégrante du club. Ils recevront
également toute la communication interne et du coup, ils sont libres de
faire ce qu'ils veulent pendant un mois au club. Le service est très
attractif. On a décomposé cette offre en plusieurs sous-offres
avec des services
207
suivant les heures creuses et heures pleines pour essayer
d'utiliser au maximum nos terrains. Quand on a six terrains avec deux terrains
intérieurs qui sont pris, il y a quand même quatre terrains
extérieurs qui sont libres, cela fait un peu mal au coeur. On se dit que
les joueurs ne viennent jamais jouer, cela est dommage.
Je pense que le système fédéral actuel
n'a pas que du négatif. On sent qu'il y a une volonté d'attirer
des joueurs, mais également de fidéliser les joueurs qui sont
déjà pratiquants.
Je pense que c'est surtout et avant tout aux clubs d'essayer
d'aller démarcher les gens et de fidéliser, de faire en sorte de
garder leurs joueurs. Je ne sens pas trop l'impact que la FFT pourrait avoir.
C'est intéressant, car il y a plein de secteurs que la FFT touche par
exemple le tennis à l'école, le tennis santé et le cardio
tennis. Mais si les clubs ne sont pas prêts à pouvoir le faire, ni
à former ses enseignants pour le faire, cela va être
compliqué. Le tennis à l'école, tous les entraîneurs
peuvent le faire, mais si les directives du club ne sont pas mises en place
correctement alors il ne se passera rien. Pour aller recruter des joueurs comme
des petits c'est compliqué.
Je pense vraiment qu'il y a assez de choses mises en place. Il
faut peut-être donner du temps et mieux les appliquer dans certains
clubs. Pour les adultes, il y a le sport santé, le cardio tennis, plein
d'exercices de physique en plus. Il essaie vraiment de se diversifier.
Après peut-être le comportement et les changements de consommation
des personnes font qu'on est moins sur des inscriptions à
l'année. Parce que les personnes maintenant elles ont envie d'avoir un
accès immédiat à leurs séances et puis ils viennent
quand ils ont envie. Il faut laisser les gens pratiquer librement.
On veut toujours laisser un terrain de libre à nos
adhérents pour les laisser jouer. On a environ 86 % d'occupation terrain
sous les couverts. On a énormément de personnes qui viennent
jouer. C'est aussi pour cela que les gens viennent, ils peuvent venir jouer, il
y a toujours un terrain disponible.
Je pense qu'il est important de montrer aux personnes qu'on
s'intéresse à eux. C'est important de proposer des animations
sportives voir même social où les gens se rassemblent. Pendant les
vacances de février, on a proposé une sortie raquette, il y a eu
des très bons retours. C'est vraiment sur ces
éléments-là qu'on peut jouer pour montrer aux personnes
qu'on tient à elles. Du coup, on a tendance à s'écarter de
l'essence même d'un club de tennis. On a de plus en plus tendance
à sortir du cadre du club et de faire des animations qui ne sont pas
forcément en lien avec le tennis. Les adhérents aiment bien
cela.
208
Trop longtemps, on est resté sur ce qui fait
l'authenticité du tennis, je pense que les clubs qui ont du mal à
garder leurs licenciés, c'est peut-être en partie parce qu'ils
n'ont pas su adapter leur offre en fonction de la demande de leurs joueurs. On
est moins sur cet ancien mode de consommation. J'ai l'impression que les clubs
qui n'ont pas su adapter leur offre en fonction de ce que les joueurs
demandaient, ce sont souvent les clubs qui ont eu du mal. Au GUC,
c'était vraiment que j'avais ressenti. On a perdu cette
convivialité. C'était "je fais mon heure de cours et
après, je rentre". Ces joueurs-là revenaient seulement la semaine
d'après. Il ne revenait plus au club en dehors de leurs
entraînements. C'est dommage.
À Pringy ce qui est très intéressant et
gratifiant, après un entraînement de tennis, on a tendance
à voir les joueurs revenir deux, trois jours après pour rejouer
entre eux, ils viennent boire un coup après au restaurant. Il y a tout
le temps des échanges.
4. Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Je pense que la digitalisation du tennis est primordiale. Elle
simplifie énormément les démarches. On est de moins en
moins à vouloir téléphoner et à passer directement
par une personne. L'outil ADOC est très intéressant. Maintenant
tout est relié à cet outil. Via TEN'UP, on peut avoir directement
le planning des réservations sur n'importe quels clubs. Si demain je
décide d'aller jouer dans un autre club, je peux directement avoir
accès à leur planning de réservation et réserver
directement un terrain. On rejoint un peu ce côté de nouvelle
consommation. Avant cela n'existait pas. On a aussi des services interne au
club où les gens peuvent acheter leur cotisation en ligne, ils peuvent
acheter leur séance individuelle en ligne. Tout ce qui est produit comme
boîtes de balle, ils peuvent également l'acheter en ligne. On tend
à faciliter l'accès aux clubs par cet outil digital.
On garde quand même une secrétaire qui est
à mi-temps, on ne pourrait pas se passer d'elle. De mon
côté, je suis énormément sur le terrain, car j'ai
également une partie libérale. Elle reste très importante
parce qu'elle est la première relation avec les adhérents quand
ils arrivent au club alors que nous, on est sur les terrains. Elle s'occupe de
tout ce qui est licence et adhésion. Après tout ce qui est au
niveau sportif et les changements de niveau des jeunes, c'est nous en tant
qu'entraîneur qui nous nous en occupons. Elle nous décharge
énormément surtout au niveau de cette mise en place digital. En
tant qu'entraîneur ce n'est pas notre coeur de métier.
209
Depuis que je suis arrivé au club, nous avons vraiment
fait un focus sur notre activité sur les réseaux sociaux. Nous
avons des bons retours des adhérents, mais également des
personnes externes au club. Souvent, on entend que notre club est un club qui
bouge et qui est très actif sur les réseaux. Cela est souvent vu
de manière positive. C'est un moyen de se faire connaître aussi et
d'être transparent sur ce qui se passe dans la vie du club. Les
adhérents aiment bien. On essaie de mettre des petits défis
internes au sein du club pour élire un adhérent chaque mois. Les
gens aiment bien qu'on parle d'eux.
5. Le tennis est un sport pratiqué majoritairement
par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer un public
davantage féminin ?
Je trouve que les démarches mises en place par la FFT
notamment les compétitions pour les filles très
intéressantes. Le comité de Haute-Savoie avait mis en place le
Circuit des Petites Étoiles avec au départ un système de
classement en fonction du nombre de joueuses qui participent. Cependant, le
comité a été pris de court et ce système de
classement n'a pas existé. Du coup, ce type de tournoi rejoint un petit
peu les offres que tout le monde propose au niveau des tournois. Je pense que
quand on met quelque chose en place, il faut que cela aille jusqu'au bout. Tous
les clubs qui participent à ce circuit ne font rien en commun, chacun
fait un petit peu sa propre démarche. Il n'y a pas de suite après
ce genre d'événement. Je trouve cela dommage notamment au niveau
de la fidélisation parce qu'il n'y a pas de système de classement
à la fin de ce circuit. Il n'y a pas d'objectifs. Je pense que pour
fidéliser les joueuses ce n'est pas la meilleure manière.
Après, il s'agit d'une belle opportunité de
faire venir les petites filles et de les faire jouer entre elles. Parce que
souvent, elles ont l'habitude de jouer avec des garçons. Le
côté convivial et très important chez les filles. Quand on
regarde le tennis féminin en France, il n'y a personne, cela fait peur.
Après pour les adultes tout ce qui est Raquettes FFT et le Challenger
Balle aux Dames, une compétition similaire au Raquettes FFT mais elle
est pour les filles de moins de 18 ans. Ce sont des étapes le weekend et
il y a une phase finale départementale et régionale. Cette
démarche est vraiment très bien avec également les TMC
dames. C'est l'occasion de faire une autre sorte de tournoi et ils sont
complets en général. Parce que quand on regarde les tableaux des
tournois féminins, ce n'est pas rassurant.
L'origine de pourquoi il y a moins de filles qui pratiquent le
tennis, je pense que déjà l'adolescence pour les filles est une
période compliquée et le tennis est un sport de duel. C'est
beaucoup dans la concentration, dans la comparaison avec l'autre. Je pense que
si cela ne marche pas, il va vite avoir une ascendance à abandonner. Je
pense que cela est plus marqué chez les filles que chez les
garçons.
210
Après, chez les femmes/filles lorsqu'elles s'inscrivent
dans un tournoi, une fille qui est en troisième série va faire un
premier tour contre une quatrième série et puis derrière
elle va jouer directement à troisième ou seconde série.
Elles se demandent à quoi sert de faire des tournois pour payer 18-19
euros, passer un tour et puis revenir pour un match où la
différence de niveau est trop importante donc il n'y a aucun plaisir des
deux côtés. Il n'y a rien de motivant pour ces femmes.
Le format TMC est pas mal par rapport à ces
critères, cela permet de réduire l'écart de classement et
de faire plusieurs matchs lors d'une même journée.
Il y a également les formes de pratiques qu'il faudrait
adapter. Tout ce qui est du côté fitness et de la forme physique.
Ce sont des attributs très important et beaucoup convoité. Je
pense qu'il faut qu'on arrive dans le tennis à faire ressortir ce
côté-là. C'est ce que beaucoup de pratiquant tennis loisir
demande. Leur objectif est de venir non pas pour progresser au tennis, mais
plus pour se défouler. Trop longtemps, on est resté sur une
approche plutôt technique gestuel, savoir où jouer, alors que ce
n'est plus ce que les gens demandent.
6. Les initiatives mises en place sont-elles trop
tournées vers la pratique en compétition aux dépens de la
pratique loisir ?
Je pense que la FFT donne plusieurs moyens, elle diversifie
ses offres et essayer de faire venir de plus en plus de monde. Je parle
vraiment sur la pratique loisir, on sent qu'il y a un vrai focus
dernièrement sur la pratique loisir.
Après, il ne faut pas oublier la compétition non
plus. On sait au sein de la FFT que faire de la compétition
fidélise beaucoup. 70 % des pratiquants qui ont déjà fait
un match continuent le tennis derrière. C'est un chiffre très
important. Il y a beaucoup de compétitions nationales pour les
quatrièmes séries jusqu'à troisièmes séries.
Il y a des compétitions qui sont quand même ouverte à plein
de monde.
211
7. Le Tennis Galaxie a été instauré
en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à l'enseignement du tennis
chez les jeunes ?
C'est vrai que la mise en place du tennis Galaxie a
apporté énormément à l'enseignement. Maintenant
qu'un joueur soit débutant ou un peu perfectionné, ils sont
capables de faire des échanges grâce à l'évolution
des balles et des dimensions de terrain. Il y a quelques années,
l'apprentissage du tennis c'était avec des balles dures, des raquettes
beaucoup trop grandes et sur un grand terrain.
Maintenant le matériel est beaucoup plus adapté.
Maintenant, on est beaucoup plus dans l'échange et donc plus rapidement
dans la réussite. Après, ils ont instauré ce
système pour arrêter l'ancien système de classement et la
pression liée aux classements. Ce système mettait directement les
jeunes dans la compétition et dans cet état d'esprit de
comparaison avec les autres ce qui était un facteur d'abandon. Surtout
pour ceux qui n'arrivaient pas. Cependant, il y a toujours ce système de
compétition, mais moins accentué. Je trouve que c'est très
intéressant parce qu'il s'agit de l'essence même du tennis. Un
enfant quand il fait du foot, il fait très vite un match avec son
équipe. C'est important tout de même de garder ce
côté «duel». Que l'autre échoue je ne vois pas
trop d'inconvénients parce qu'en soit cela apporte des valeurs de vie et
de l'expérience. Au niveau de l'enseignement, cela permet d'être
beaucoup plus progressifs, mais surtout productif, on peut travailler plein de
choses lors de l'apprentissage.
Il s'agit d'une bonne initiative parce qu'un petit qui va
sortir du lot va brûler des étapes et s'il doit jouer directement
en balle dure alors il jouera directement en balle dur. Mais pour un petit qui
a un peu plus de mal, qui est dans les normes de l'apprentissage, mais qui ne
sorte pas du lot, on va dire, il pourra faire n'importe quelle
compétition à son niveau dans sa balle dans sa dimension de
terrain et dans son format de jeux. L'enfant s'installe dans un cadre qui lui
est propre, sans brûler des étapes.
À partir de cette année, pour les balles orange,
si un petit gagne un match à la fin de l'année, il passe
directement en balles vertes. Si un jeune en balles vertes gagne 12 matchs, il
passe directement en balles dures. C'est une bonne directive mise en place
parce qu'il y avait énormément d'entraîneurs qui ne
faisaient pas le changement de niveau. Et donc des fois en balles rouges, il y
avait des enfants qui avait 10 ans et qui étaient deux fois plus grand
que les plus petits. Il n'y avait pas de match et ce n'était pas
intéressant pour les deux joueurs. Cela a permis de niveler les
niveaux.
8.
212
Pour faciliter l'accès à la
compétition, la FFT a mis en place un système de
compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi
consiste cette initiative ?
Je pense que le projet de compétition libre est
très intéressant. Pour faire un premier pas dans la
compétition, il s'agit d'un bon moyen pour ne pas se prendre la
tête et de limiter les contraintes. C'est vraiment une partie amicale
avec un enjeu tout de même. Comme un match de foot, on va essayer de se
donner les moyens pour gagner le match sans trop d'incidence négatif
derrière.
9. Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel
?
L'ajout du terrain de padel à ajouter quelques
personnes, mais cela reste très petit. Il y a eu seulement cinq, six
personnes maximums. Sachant que ce sont des gens qui sont licenciés dans
d'autres clubs de tennis qui n'ont pas actuellement de padel. Ils prennent
juste une adhésion. On ne les compte pas dans notre quota de licences.
Tous nos joueurs padel sont vraiment des joueurs qui sont confirmés au
tennis.
C'est super compliqué de faire venir des personnes de
l'extérieur et surtout des personnes extérieures au tennis. Pour
des personnes qui sont débutantes au tennis c'est hors de question
qu'ils jouent au padel. Cela peut intéresser une cible de joueurs qui
sont secondes séries. En effet, quand il rentre dans la vie active c'est
compliqué pour eux à ce niveau-là de continuer la
compétition. Souvent, ils font des tournois dans les clubs où il
rencontre toujours les mêmes personnes. Le fait d'aller au padel
diversifie la pratique, qui est tout de suite plus abordable, plus ludique et
plus convivial parce que ce sport se joue à quatre et techniquement, qui
est aussi moins négligent que le tennis. Par exemple avec les effets,
mais aussi le service et puis les joueurs savent s'ils veulent faire un
tournoi, c'est sur un jour seulement voire un week-end maximum. Ils peuvent
vraiment bloquer leurs dates. Alors qu'un tournoi de tennis, ils ne savent
jamais trop précisément quand ils vont jouer. Ils ne peuvent
qu'estimer. Et puis des fois les matchs finissent à minuit pour
être au travail le lendemain à 8 h. Je pense que le padel peut
représenter un frein au tennis par rapport à ces
aspects-là. Disons que le padel offre plus de possibilités et
plus de disponibilités.
213
Il y a quelques clubs qui ont construit des terrains de padel
dans la région, mais ils n'ont pas trop le service qui va avec. On
voulait mettre des cours en place parce que mon collègue est professeur
de padel. Cela ne marche pas. Je pense que ce sport a un immense potentiel,
mais si on veut le lancer, il faut le faire correctement.
10. La France est l'un des pays qui compte le plus de
tournois de tennis (ATP, WTA, Grand Chelem, Master 1000), comment expliquer
cette baisse de licenciés malgré de
nombreuses manifestations ? Faut-il s'appuyer sur ces
manifestations sportives pour promouvoir davantage la pratique du tennis
?
Pour moi, oui, c'est important de garder des
événements sportifs tels que la Coupe Davis, Roland-Garros ou
d'autres tournoi de tennis tout aussi important. Parce qu'il s'agit d'une
vitrine pour notre sport. Beaucoup d'enfants s'identifient à des
champions, par exemple avec Mbappé, quand ils regardent le foot ils sont
tous avec leur t-shirt. Après le tennis est de moins en moins
médiatisé. Par exemple la Coupe Davis on a été
quasiment champion du monde deux années de suite, mais les enfants ne
savent même pas ce qu'est la Coupe Davis ou ils n'ont pas regardé.
Les Françaises ont gagné l'année dernière et cela
n'a pas fait de bond en termes de licenciés. Je pense qu'en termes de
médiatisation, on peut faire beaucoup mieux. Pour Roland-Garros, si on
n'a pas Eurosport, il y a de moins en moins de retransmission de match à
la télé sur les chaînes gratuites. Après aussi, il
ne faut pas se le cacher le niveau français, il est de moins en moins
intéressant, moins performant. Il y a une telle suprématie des
dix meilleurs joueurs mondiaux. De temps en temps les Français vont
faire l'exploit mais cela ne va pas forcément être décisif.
Certains joueurs ont des instabilités dans le résultat sportif du
coup les enfants ne s'identifie pas forcément dans ses joueurs.
214
INTERVIEW 12 - Valérie GESTAS
DES JEPS au Tennis Club d'Annecy-le-Vieux (1100
licenciés) Interview téléphonique
réalisée le 19 mars 2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
J'ai commencé dans l'enseignement du tennis il y a 20
ans. J'ai été joueuse, j'ai travaillé en club, puis
à la Ligue Dauphiné Savoie et après, je suis
repassée en club par la suite. À la Ligue j'étais CSD
(Conseiller Sportif Départemental) sur le département de
l'Isère. J'avais des missions sur la formation des jeunes joueurs au
niveau départemental et de la Ligue. Puis de la détection dans
les clubs de mon secteur, mise en place de structure pédagogique dans
les clubs, aider les gens sur l'organisation pédagogique dans leur club.
J'étais l'interlocuteur entre les présidents et les enseignants.
Actuellement, je suis entraîneur au club du TCAV et je suis titulaire du
DE2, équivalent au DES JEPS maintenant.
2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse
du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment l'expliquez-vous
?
On a un petit peu ressenti la baisse, on s'est posé la
question, on a perdu quelques licenciés. Le constat aujourd'hui est que
la baisse de licenciés de manière générale est plus
sur le plan national. Je pense qu'aujourd'hui on est dans une
société où les gens zappent beaucoup. Ils essaient
beaucoup d'activités. Une année du tennis, l'année
d'après ils font faire d'autres activités. Ils ont cette
dynamique-là. Ils sont plus du tout comme avant, avec un public qui
était inscrit dans un club de tennis toute leur vie. Aujourd'hui, il y a
beaucoup plus d'activités et les gens sont tentés à faire
d'autres choses. Les gens zappent plus qu'avant.
Dans notre activité, les stages notamment, on s'est
posé les questions de changer nos contenus de stage pour avoir une
activité beaucoup plus fun, qui attire beaucoup plus les enfants, qui
soit plus marrante, moins stéréotypée coup droit, revers,
etc. C'est vrai que dans nos stages, on a des stages multisports. Dans notre
contenu sur le terrain, on essaie d'avoir vraiment des exercices sympas. De
repenser un peu le tennis, l'enseignement du tennis sur du loisir et non pas
sur de la compétition. On se rend compte que les enfants aiment bien,
ils s'amusent un peu plus. C'est pour que cela qu'on
215
fonctionne toujours aussi bien. On s'adapte en fonction de la
société. On a environ 600 enfants, 200250 enfants sont
l'école de tennis loisir.
C'est la problématique qu'on a tous les jours au club,
la baisse des licenciés. On reçoit des directives du
comité, de la Ligue, de la FFT sur la baisse des licences depuis pas mal
d'années. Au club, on a une baisse de licenciés qui est minime
comparée à la tendance régionale et nationale. Parce que
je pense que la force du club, aujourd'hui, est qu'on va vraiment sur le
terrain et on prend l'avis des gens, on propose, on essaie de garder
l'équilibre entre la compétition et le loisir, qui
représente un adhérent lambda. Le point important où on
essaie d'être bon et de toujours s'améliorer, c'est tout ce qui
est convivialité et surtout l'importance des relations humaines au
niveau des clubs. On défend fortement le rôle des hôtesses
qui sont à l'accueil, elles ont un rôle primordial. Je connais les
adhérents par leur prénom, on s'intéresse à eux, la
proximité des adhérents et de proposer des animations pour chaque
type d'adhérents. Pour l'enfant du mini-tennis, pour le retraité
qui a 70 ans, pour les mamans qui ne travaillent pas, pour les mamans qui
travaillent, pour les hommes qui veulent de la compétition. On essaie
d'avoir un panel de propositions qui correspondent à tous ces profils.
Et d'être proche et accessible aux gens. Il m'arrive de passer au club
même quand il est fermé. C'est une présence et être
accessible à tout le monde. C'est un des points qui fait la force de
notre club, dès qu'on propose une animation, qu'on propose des cours
pour n'importe quel public, on est rempli, on a des listes d'attente. Pour nous
ce qui est baisse de licenciés, on ne connaît pas tellement. Il
faut entretenir tout cela, il faut en permanence proposer des choses. On fait
d'autres choses avec les gens. Il faut écouter tout le monde.
On ne refuse pas des adhérents, mais on limite, car on
ne peut pas faire plus avec nos infrastructures intérieures et
extérieures. Notre cotisation n'est pas excessivement chère parce
que les adhérents ont très peu accès aux courts couverts.
Quand ils prennent leur adhésion, on leur explique qu'on favorise les
entraînements. C'est un club en Haute-Savoie donc l'hiver ils jouent
moins au tennis, ils sont au ski.
3.
216
Pensez-vous vous que les actions misent en place par
la FFT incite les personnes à découvrir le tennis ou de rester
dans les clubs ?
Aujourd'hui au niveau de la FFT je regarde plus trop ce qu'il
passe. Ils sont tellement loin de ce qui se passe dans les clubs, leurs
directives ne servent à rien. On parle de haut niveau chez les enfants
nés en 2014 sur un projet sportif. Ils ne se rendent pas compte du
quotidien des clubs. Ils sont plus crédibles, ils ne sont pas dans les
problématiques de club. Sur la formation des bons joueurs, cela coute
une fortune aux parents et la FFT n'aide pas beaucoup. Les clubs ne peuvent pas
non plus aider. Ils sont plus assez sur le terrain, ils ne voient ce qu'il se
passe.
4. Quelles sont les initiatives majeures que vous
mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer
davantage de licenciés ?
On a un petit turnover, il y a eu des nouveaux
licenciés. Ici, on est une ville où les gens s'installent. Il y a
deux types de profils, ceux qui jouent au tennis et ceux qui
débutent.
Il y a beaucoup de gens qui viennent au tennis et qui
attendent une dimension physique. Je demande en général ce que
mes adhérents souhaitent en début d'année. Il y a une
attente de physique, de remise en forme. Il y a une approche d'hygiène
de vie, les femmes sont demandeuses de ce type d'activité. On a mis en
place des séances de tennis cardio chez les femmes aussi, je propose une
séance de préparation physique et 7 personnes sur 10 sont des
femmes. Il y a beaucoup de mamans et de jeunes adolescentes.
Notre club est une famille. Les familles peuvent laisser les
enfants car le club est clos. C'est un lieu de vie. Je pense qu'il faut
créer ce contexte-là pour que les gens viennent plus dans les
clubs. Le bénévolat joue un rôle important aussi
là-dedans.
On propose du physique, du tennis. On va faire la fête
du club et la fête du tennis. Tout le monde vient et tout le monde a une
occupation. Les gens s'y retrouvent. Il faudrait beaucoup plus diffuser cette
idée, il faudrait proposer des choses à toute la famille.
5.
217
Que pensez-vous de la digitalisation du tennis au
niveau national et au sein des clubs, faut-il développer davantage ce
secteur ?
Il ne faut pas exagérer. Le contact humain est
important. Il faut avoir deux systèmes : un système informatique
mais aussi humain. On a la chance d'avoir des hôtesses à
l'accueil. Il ne faut pas que tout soit digital. Quand le système ne
marche pas, c'est difficile de résoudre le problème.
6. Le tennis est un sport pratiqué
majoritairement par un public masculin, que mettez-vous en place pour attirer
un public davantage féminin ?
Je pense que de manière générale par
rapport aux garçons, les filles sont moins branchées avec la
compétition, elles sont moins attirées par cela. Quand les jeunes
filles viennent au tennis, au départ, ce sont les parents qui inscrivent
et après elles restent parce qu'il y a les copines. De manière
générale par rapport aux hommes, les femmes sont moins
branchées avec la compétition, elles sont moins attirées.
C'est important de faire aimer l'activité en plus des copines. Le
rôle de l'entraîneur de leur fait aimer l'activité et de
leur faire prendre confiance en elles. Elles ne vont pas devenir championnes de
tennis, mais par contre elles vont s'affirmer, elles vont prendre confiance en
elles. Il faut avoir quelqu'un qui leur envoie une image positive d'elle pour
leur donner confiance. C'est devenu de la psychologie.
La formule TMC est un nouveau format de compétition qui
est très bien que les gens aiment beaucoup. Surtout les femmes et les
filles. C'est une formule où elles viennent une journée, une
demi-journée, il y a plusieurs matchs, elles rencontrent d'autres
filles. Ce format convient tout à fait au public féminin. Cette
formule trouvée est très bien. Cette année, la FFT a mis
en place les raquettes FFT ados. Ils nous envoient une affiche. On a
monté une équipe. Il y a une date de finale nationale. Quand j'ai
appelé le comité départemental, au niveau du
département, ils ne font pas ce type de compétition, au niveau de
la Ligue de Lyon, ils ne connaissaient pas de quoi il s'agissait. C'est moi qui
leur ai appris ce que c'était. La FFT met des initiatives en place et
après il n'y a rien. Il n'y a pas de suivi derrière. Ce n'est pas
toujours cohérent. Il y a des bonnes idées, mais pas de suivi.
On est un grand club, on met des équipes de partout
parce qu'on a du public qui répond en face. Dans un petit club, ce sont
des choses qui passent inaperçu. Nous, on est l'affût de ces
activités, on a cette volonté de faire bouger les choses.
218
7. La Galaxie Tennis a été instaurée
en 2015, qu'a-t-il apporté de nouveau à l'enseignement du tennis
chez les jeunes ?
Il s'agit d'un nouveau format de jeu. Cela identifie bien le
niveau de jeu des enfants, ce n'est pas lié à l'âge, mais
plus au niveau des enfants. On essaie de mettre en place des activités
plus ludique et moins technique. Il y a un apport technique, mais très
vite, on va faire des formes jouées avec un décompte de points
pour que les enfants soient dans le jeu. On évite d'être dans les
anciennes méthodes d'apprentissages comme du panier, le positionnement,
le coup droit avec la boucle, etc. La Galaxie Tennis est un nouveau format de
jeu qui identifie bien le niveau de jeu des enfants. L'enfant s'installe dans
un cadre qui lui est propre, sans brûler des étapes. C'est aussi
une source de motivation pour nous parce qu'on fidélise davantage les
enfants à travers ce format. Voir un enfant partir parce qu'il ne prend
pas du plaisir est toujours un moment difficile en tant qu'entraîneur.
Les matchs sont plus courts et se déroulent en général sur
une journée. C'est vraiment un atout pour les parents parce qu'ils
peuvent mieux organiser leurs calendriers.
On organise des journées "Jeu et Matchs" pendant
lesquelles les enfants jouent en matchs contre d'autres enfants du même
niveau. Cette journée nous permet d'évaluer les enfants selon
quatre critères, la tactique, la technique, l'arbitrage et le
comportement. En fonction de ces critères, nous pouvons choisir si un
enfant peut changer de niveau ou non. La FFT a mis en place un passeport. Il
s'agit d'un document qui retrace l'évolution des enfants du premier au
dernier niveau de la Galaxie Tennis. Les enfants peuvent voir où ils se
situent et quels sont les objectifs à atteindre. La FFT donne aussi des
poignets éponges, très utilisés chez les joueurs de
tennis, aux couleurs de leur niveau afin qu'ils identifient mieux leur
niveau
La compétition est maintenant passée à
âge réel afin de limiter les inégalités pour les
enfants nés en fin d'année. Avant l'âge de 8 ans, les
compétitions ne sont pas homologuées. Mais c'est important
d'initier les enfants le plus tôt à la compétition, de
manière progressive bien sûr, afin de leur enseigner plusieurs
valeurs telles que la concentration, la confiance en soi, le respect des
autres, etc. Le fait de ne pas homologuer ces matchs permet d'enlever la
pression du classement. À partir de 8 ans jusqu'à 10 ans,
âge réel, les enfants participent à des compétitions
homologuées. Après 11 ans, les joueurs participent aux
compétitions traditionnelles par catégories d'âge.
8.
219
Pour faciliter l'accès à la
compétition, la FFT a mis en place un système de
compétition «libre» chez les adultes et les jeunes, en quoi
consiste cette initiative ?
Honnêtement, c'est une contrainte. On va passer les
samedis à regarder les matchs et les homologuer. On a utilisé ce
système sur les TMC orange et vert, on a des enfants qui sont trop
jeunes pour valider leurs matchs du coup, on les a rentrés dans le
système. Il n'y a pas de cohérence, les enfants de 2014 ne
rentrent pas dans le système, car ils sont trop jeunes. Ce sont
seulement les entraîneurs et les présidents qui peuvent homologuer
les matchs.
9. Les changements de compétitions historiques
(telle que la Coupe Davis) ont-ils un impact selon vous sur
l'attractivité du tennis en France ?
Pas forcément. Ils ont fait une grosse erreur avec la
Coupe Davis car on a perdu un des fondements des matchs par équipes par
pays. C'était un évènement historique lié au
tennis. Sur une semaine, c'est comme un tournoi. Au club, les matchs par
équipes sont des moments hyper importants dans la vie du club. Ce sont
des grands moments au sein des clubs.
10. Quelle est votre opinion quant à
l'arrivée des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel
?
Je ne pense pas que cela va développer le tennis. Il
s'agit d'un autre sport. On est un club qui marche et qui a besoin de tous nos
terrains, on n'a pas d'intérêt à faire un terrain de padel
au club. Pour moi, le padel est un autre sport. Cela ne fera pas plus marcher
le tennis, ni le freiner.
11. Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour
limiter cette baisse de licenciés sur le court et long terme
?
C'est une action de tous les jours, ce n'est pas seulement une
action à un moment précis. C'est la convivialité. On
organise un apéro en fin d'année, c'est ce moment-là qui
fidélise les licenciés dans les clubs. Il faut identifier des
moments importants dans les clubs pour faire venir les gens et puis leur
proposer après ce que tu as en face comme activité, comme
service, comme animation. C'est ça qui fait venir les gens dans les
clubs. Après c'est beaucoup de bouche à oreille.
220
INTERVIEW 13 - Romain COTTAREL
DE JEPS au Tennis Club de Drumettaz-Clarafond (100
licenciés) et au Tennis Club du Bourget-du-Lac (85
licenciés)
Interview téléphonique réalisée
le 2 avril 2020
1. Depuis votre position, avez-vous ressenti la baisse du
nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment l'expliquez-vous
?
J'ai fait une étude en sociologie sur le nombre de
licenciés en tennis. Le tennis reste quand même le deuxième
sport français en termes de licenciés et le premier sport
individuel. C'est vrai que le tennis maintenant est plus ouvert parce qu'avant
il était un peu plus bourgeois. Maintenant le tennis touche un peu tous
les publics, ce sport est disponible à la télévision
pendant Roland-Garros et sur les chaînes payantes, les équipements
sont moins chers même si c'est toujours un petit peu élitiste.
Cependant maintenant cette année, il est possible
d'être adhérent sans prendre de licence. Il y a un petit peu moins
d'un million de licenciés, mais si on prend tous les gens qui pratique
le tennis en France, ils sont plus de quatre millions. En dehors des
licenciés, il y a plein de personnes qui jouent en dehors pour le
loisir.
Dans mon club au Bourget du Lac, ce qui fait défaut au
tennis est la localisation du club. On est dans une cuve où on touche
uniquement un public Bourgetin. Ceux qui viennent, c'est parce qu'ils me
connaissent ou qu'ils sont déjà venus au club. Vu qu'il y a
énormément de clubs qui ont explosé aux alentours avec
pleins de petits clubs, les gens préfèrent aller à
d'autres endroits où la structure est un peu plus grande, où il y
a des courts couverts. Il y a aussi peut-être plus de pratiquants pour
qu'ils puissent chercher des partenaires pour jouer. On est un peu
limité.
De plus, il y a la vieillesse de la structure. Le fait d'avoir
refait les courts l'année dernière, nous a fait doubler
l'effectif d'adhérents dès la rentrée de septembre. Ils
ont mis un système en place de réservation en ligne avec des
codes d'accès que les personnes reçoivent par message ou e-mail.
Du coup, il y a énormément de gens qui ne sont plus
obligés de passer par le club. On n'avait pas de permanence parce qu'on
ne pouvait pas embaucher quelqu'un à l'année en tant que
salarié. Les gens réservent en ligne, ils ont leurs codes, ils
rentrent, ils vont jouer. Ils ont également accès aux vestiaires,
l'éclairage se met également en route pendant le créneau
qu'ils ont réservé. Cela permet de faire une
221
petite rentrée financière supplémentaire.
C'est hyper intéressant pour le club. On en avait besoin pour le
redynamiser. Après, si on arrive à attirer cette clientèle
location, c'est toujours cela. Après, ils peuvent peut-être
prendre l'adhésion qui est moins chère pour qu'ils profitent un
peu plus des terrains. Et puis maintenant, les licences ne sont plus
obligatoires. Cette année, il y a plein de personnes qui ont pris juste
une adhésion sans licence.
Pour eux, la licence, parfois, était un frein, surtout
le fait de payer 20 à 30 euros supplémentaires. Ils se sentaient
obligés de faire de la compétition. Le fait qu'ils ne la prennent
pas, ils sont plus libres donc ils viennent quand ils veulent. Ils sont sur un
autre mode de pratique.
Le Vice-président du TC Bourget du Lac,
également Trésorier du Comité de Savoie de Tennis, est
quelqu'un qui a déjà fait énormément de choses en
termes de financement dans des projets pour le tennis. Il s'y connaît
énormément. Il a fait un énorme dossier en une
année pour mettre en place les nouvelles infrastructures. On a
réussi à avoir une aide exceptionnelle de la FFT de 25 000 euros.
C'est très rare que la FFT donne directement autant d'argent à un
club. On a eu l'aide du Conseil Régional, Conseil Général,
Ligue Auvergne-Rhône-Alpes puis on a eu deux, trois sponsors autour du
club. Le sponsoring fait quand même 60 % de l'apport. La mairie a mis 40
% de son côté. Il faut donc avoir quelqu'un dans le club qui a le
temps et l'envie de mettre toutes ces démarches en place pour
améliorer les infrastructures.
On est les premiers à avoir mis le système
électronique en place en Savoie. Le système s'appelle Balle
Jaune. Il a coûté entre 8 000 et 15 000 euros. C'est vraiment un
très bon système à l'année. Cela nous permet de
louper aucunes locations. D'ailleurs maintenant, quand on cherche sur Internet
"réservation en ligne terrains de tennis", en fonction de la
localisation, on apparaît en deuxième ou troisième
position. Les personnes savent qu'elles peuvent réserver. Ils ont besoin
de personne, ils viennent tous seuls. Ce système évite de faire
payer une somme d'argent supplémentaire sur la location, notamment pour
les jetons d'éclairage ou badge. Cela permet pour les adhérents
en dehors de la saison où le club est ouvert de venir jouer en
soirée, ou week-end quand les conditions climatiques ne sont pas trop
mauvaises.
Refaire un terrain a un coût. Cela dépend si la
dalle existe ou pas, s'il faut terrasser ou non. Le troisième terrain
à Drumettaz nous a coûté environ 120 000 euros avec
l'éclairage. Au Bourget du Lac, refaire les deux terrains de devant,
remis une moquette sur un court, avec éclairage sur les 3 courts et une
clôture toute neuve nous a coûté 160 000 euros.
Il y a plein de choses que je pourrais faire et mettre en
place au niveau des animations. Mais tout seul je ne peux pas tout faire. Le
samedi, je suis au Bourget du Lac toute la journée donc je ne peux
rien
222
proposer une animation à Drumettaz. Le dimanche est mon
seul jour de repos de la semaine. Après toutes les animations comme le
Tennis Galaxie avec le challenge rouge, orange et vert, je ne peux pas les
faire. J'ai essayé de le mettre en place une année, mais on
attire très peu de monde dans les petits clubs comme Drumettaz et
Bourget du Lac. Je pense à cause de la localisation et la
réputation des clubs. Les grands clubs, ils attirent toujours plus
d'enfants à proposer des animations comme cela, ils ont plus de temps et
ils sont plus adaptés avec des plus grands club-houses.
C'est pour cela qu'on a essayé de créer un
tournoi de double amical à Drumettaz pour essayer d'attirer un peu de
monde. On essaie de récupérer des gens par l'ambiance qu'on
dégage. Il y a que là-dessus que l'on peut compter. Avec la
qualité de nos infrastructures et les offres proposées, il n'y a
que par l'ambiance qu'on peut attirer des gens. Les connaissances entre eux
jouent un rôle important. Avant, c'étaient les résultats
qui primaient dans les compétitions, notamment les matchs par
équipes, maintenant, on ne les a plus. Pour survivre et attirer du monde
ce n'est pas évident.
Après les gens, quand ils voient les infrastructures du
club d'Aix les Bains, ils veulent aller là-bas. Après avoir
beaucoup de terrains, un grand club-house et la possibilité de manger le
midi n'est pas une garantie que l'ambiance est bien.
2. Quelles sont les initiatives majeures que vous mettez en
place au sein de la FFT pour fidéliser et attirer des licenciés
?
Ce n'est pas l'envie qui manque d'essayer d'attirer et de
fidéliser davantage les licenciés. Cependant, c'est super
compliqué de le mettre en place du fait qu'on ait des petites structures
et que moi, je ne suis pas embauché à plein-temps sur un club.
J'enseigne sur deux clubs. Financièrement, être dans un seul club
cela ne suffit pas, il faut être dans plusieurs petits clubs pour s'en
sortir.
Il y a énormément de choses qu'on pourrait
mettre en place. Malheureusement, je ne peux pas le faire parce que
l'initiative partant de moi pourrait en soit marcher, mais après, il
faut d'autres personnes qui puissent être là pour m'aider et
m'assister dans la mise en place de ces initiatives.
Des idées, il y en a, mais c'est plus évident de
les mettre en place dans les grands clubs et les grandes structures. Ils ont
plus l'opportunité de mettre en place des petites animations pour
attirer un nouveau public. Nous malheureusement dans notre club, on n'est pas
très fort là-dedans. On essaie plutôt de garder nos
licenciés actuels. En école de tennis et en cours adultes, on est
à la limite, je ne pourrais
223
pas faire mieux. Je ne peux pas mettre douze joueurs sur un
seul terrain, tout d'abord pour des questions de sécurité avec
les raquettes et les balles, puis pour préserver la qualité au
lieu de la quantité. La seule animation qui fait vivre le club, ce sont
les deux tournois qu'on organise durant l'été avec le tournoi
Open et le tournoi vétéran. Il y a énormément de
choses que les clubs peuvent proposer, mais nous, on ne peut pas tant le faire,
il y aussi un manque de bénévoles aussi pour pouvoir m'assister
dans ces animations.
Après des initiatives, il y en a
énormément. La FFT a essayé depuis longtemps de mettre en
place de la pédagogie, le système de jeux pour les enfants Tennis
Galaxie. Il s'agit d'une bonne initiative pour faciliter l'apprentissage des
enfants. Ils ont du matériel et un terrain adapté. J'essaie de
les mettre en place.
Au TC de Drumettaz, il n'y a rien qui ne s'est passé.
Cela fait maintenant vingt ans que je travaille là-bas. La seule
initiative qui a été bénéfique est la construction
d'un troisième court il y a dix ans. Cela a permis que j'utilise deux
terrains en extérieur pour les cours de tennis, donc de proposer plus de
places disponibles en entrainement pour les adhérents, et de garder un
terrain pour les adhérents. Après, les gens venaient pour
l'ambiance et les résultats en équipes. Il faut ce genre de
choses dans des clubs comme les nôtres. Pour attirer du monde dans des
petites structures, ce n'est pas évident par rapport à tout ce
qu'il se passe autour au niveau des activités sportives.
On aimerait mettre en place des choses pour attirer un nouveau
public, mais nous sommes dans l'attente de la mairie. Ils doivent refaire le
troisième court en moquette synthétique afin de pouvoir jouer
plus souvent dans l'année avec les conditions et d'attirer un autre
public et pour essayer de se démarquer des autres clubs qui ne
possèdes que des courts en bétons poreux. On souhaiterait
également mettre une bulle sur un des terrains pour permettre d'avoir un
court couvert pendant l'hiver pour que les gens puissent s'entraîner
pendant la saison.
En termes d'animations, il y a plein de choses qu'on aimerait
faire. On voulait faire un tournoi de belote, mais il a été
annulé avec le coronavirus. On va essayer de faire plus d'animations en
dehors des terrains. Créer une petite ambiance qui s'était perdue
ces dernières années. J'espère que la mise en place d'un
bureau plus jeune avec l'arrivée de nouveaux membres va nous permettre
de proposer plus d'animations. C'est l'ambiance dans un club qui fait
énormément. Il y a des grands clubs qui ont des structures mais
il n'y a rien, il n'y a pas d'ambiance ni d'animations. Parfois, il y a des
animations, mais on sent qu'il n'y a pas d'âme. Même s'ils ont tout
pour bien faire au niveau du tennis, ce n'est pas suffisant. Il faut trouver le
juste équilibre.
224
Il y a énormément d'animations mises en place
pour les doubles afin de privilégier la convivialité. Il y a des
tournois internes également pour rapprocher les membres du club entre
eux et se connaître davantage. Connaître plus de monde dans un club
amène parfois les gens à rejouer entre eux à d'autres
moments. C'est ce qu'on souhaite, de voir des gens jouer en dehors des heures
de cours et occuper nos terrains. Il y a énormément d'autres
activités qui sont apparues comme le tennis zumba, cardio ou fitness. Il
y a certains clubs qui en propose pour essayer de faire venir une
clientèle plus féminine. Il y a des séances un peu
performance, un peu physique adaptée. Ils essaient de s'adapter parce
que maintenant on est beaucoup dans une société de
bien-être où les gens courent pour eux, ils font du yoga, etc.
Tous les sports qui émergent font du mal au tennis, ils ont du mal
à faire face et à s'adapter à cette nouvelle demande et
à attirer du monde. Même s'il y a de nouvelles pratiques qui sont
mises en place. C'est le plus lourd et le plus difficile à gérer
pour les clubs. Toutes les apparitions de nouveaux sports super tendance font
énormément de mal à des sports qui sont depuis plusieurs
années dans les traditions.
Ils font énormément de TMC pour les femmes, mais
on reste assez limité en termes de public féminin adulte. Chez
les petites filles, s'est compliqué vu que c'est un sport assez
technique. Si les petites filles ne sont pas dans le duel et ne trouvent pas de
plaisir dans la pratique du tennis, elles vont malheureusement s'arrêter
au bout d'un an ou deux ans.
En attendant les directives de la Fédération et
du Gouvernement, tous les cours sont annulés et le club fermé.
Après selon la tournure, des événements et la date
à laquelle on va reprendre, on va essayer de faire un grand
évènement pour qu'on se retrouve tous ensemble, faire une
journée pour les adultes et les enfants, histoire de marquer le coup. On
ne pourra rembourser les adhésions des adhérents, cela risquerait
de faire couler le club. Après, c'est indépendant de notre
volonté et beaucoup de clubs seront dans cette situation.
225
3. Quelle est votre opinion quant à l'arrivée
des nouvelles pratiques telles que le beach tennis et le padel ?
Le padel je ne vois pas ce sport comme un frein. Je le vois
comme une activité exponentielle. Le problème est qu'avec les
mentalités françaises, on est sur le recul, on a peur de faire du
mal au sport initial qu'est le tennis. Alors qu'au contraire, il faudrait
donner toutes les chances possibles à ce sport de s'épanouir. Je
ne pense pas qu'il fera du mal au tennis. Au moins il permettrait de faire
venir un nouveau public et puis que les clubs puissent plus ou moins subvenir
à leur équilibre financier sur l'année. Parce que
même si ce public n'est pas des joueurs tennis, mais de padel, ce sont
toujours des licences et des adhésions qui sont inscrites. Puis, au
moins, le club propose une autre activité dans le club. Cela peut
quasiment doubler les effectifs. Quand on voit en Espagne que le padel est
passé numéro 1 en termes de licences par rapport au tennis, c'est
parlant. Au niveau de la maîtrise, il est plus facile de faire du padel
que du tennis, ce sport est aussi plus ludique. Il n'y a pas le geste du
service, le terrain est plus petit, c'est plus convivial car on joue en double
avec un partenaire.
On est en train de monter un dossier également un
projet padel pour avoir deux terrains au Bourget du Lac. Les adhérents
étaient plus pour faire un quatrième court. Le quatrième
court nous aurait plus particulièrement aidé l'été
parce qu'entre les stages et le tournoi de tennis, je suis tout le temps en
train d'utiliser les terrains. Du coup, les adhérents ont très
peu d'opportunités pour venir jouer. On perd un peu de location
également. Mais au pro rata, cette situation n'arrive que 2 mois dans
l'année. Faire un quatrième court n'aurait pas forcément
fait une grande rentrée d'argent pour le club. Alors que faire deux
terrains de padel, on a plus de chance d'attirer une autre clientèle.
Surtout que le club se trouve à côté d'un accès
direct au lac, l'été beaucoup de vacanciers se promènent
autour du club. On est dans un cadre loisir, tourisme, vacances
été et le padel répond bien à ce cadre-là.
À voir également sur les alentours si les gens veulent pratiquer.
On peut avoir une opportunité de doubler les effectifs, voire même
de rentabiliser la construction des terrains. Beaucoup de clubs s'en sont
sortis comme cela. Il y a seulement deux terrains de padel qui existent en
Savoie. L'avantage est que le padel peut se jouer durant toute l'année.
Certes, sur les périodes plus froides, il faut venir jouer entre midi et
deux avec l'humidité qui se met sur les vitres et la moquette, mais cela
pourrait permettre d'avoir d'autres locations à l'année.
Après bien sûr, installer des padel dépend
également de la structure du club. À Drumettaz, on voulait faire
des padels. Cependant, le club house est un chalet, les gens auraient pu venir
jouer, mais ils ne pouvaient pas se doucher. On n'aurait pas eu la
possibilité de mettre du matériel en location, les gens
226
n'auraient pas pu boire un coup à la fin de la partie.
Le jour où un autre terrain de padel se serait construit dans un club
aux alentours un peu plus développé, on aurait perdu beaucoup de
personnes.
Après, juste la construction des terrains ne fait pas
tout. Il faut trouver les gens pour s'en occuper, faire des animations,
communiquer dessus, mettre des tournois en place pour faire découvrir la
pratique. En tant que DE, on est déjà beaucoup occupé sur
la partie tennis.
Le beach tennis s'est plus compliqué. Cette pratique
est très peu développée en Savoie, les conditions
climatiques ne sont pas optimales. L'activité est disponible uniquement
durant la période estivale. Il faut mettre du sable, dès qu'il
fait froid, on n'a pas forcément envie de se mettre pieds nus. De plus,
il y a la plage du Bourget du Lac juste à côté du club, les
gens sont plus intéressés d'aller jouer gratuitement sur la place
avec des raquettes de plage.
227
INTERVIEW 14 - Yann CACHEUX
Joueur et Responsable de la Commission Sportive du
Tennis Club de Chambéry (364 licenciés)
Interview par email réalisée le 11 avril
2020
1. Depuis combien de temps faites-vous parti de
l'écosystème du tennis ? Quel a été votre parcours
?
Je suis rentré dans l'univers du tennis à
l'âge de 13 ans en loisir, puis me suis mis à l'a
compétition deux ans plus tard. Depuis, je ne suis jamais sorti de cet
univers.
Au sein du club de tennis de Chambéry, j'ai
commencé en tant que joueur compétiteur puis il y a deux ans, je
suis rentré dans la « commission sportive » pour suivre et
appuyer le projet Padel du club.
2. Depuis votre position, avez-vous ressenti la
baisse du nombre de licenciés dans le tennis ? Si oui, comment
l'expliquez-vous ?
Nous n'avons pas connu de baisse de licenciés depuis
cinq ans. Il y a cinq ans une présidente au fonctionnement autocratique
a fait sérieusement chuter le nombre de licenciés, mais cela
n'est, en aucun cas, dû à un phénomène lié au
monde du tennis, mais bien à cause de la présidence du club.
3. Quelles sont les principales initiatives majeures
que vous mettez en place au sein de votre club pour fidéliser et attirer
davantage de licenciés ?
La politique du club est beaucoup tournée vers la famille.
On se focalise sur le recrutement des enfants. Notamment avec le tennis
à l'école, nous avons un partenariat avec un collège. Puis
l'organisation de stages multi-activités ainsi qu'une offre
d'adhésion très avantageuse pour les familles. Sans
délaisser la compétition, le club propose à ses meilleurs
jeunes des entraînements et des horaires adaptés. Le club est
représenté tous les ans dans le championnat de France chez les
seniors +.
228
Mais aussi une équipe de bénévoles
investis autour du bureau qui propose des animations tout au long de
l'année en suivant les événements mis en place par la FFT
comme la Fête du tennis, des journée portes ouvertes pour
connaître davantage le club et ses infrastructures. Mais aussi par
l'organisation de tournois (Interne, Open senior et Seniors+, Jeunes), de
matchs par équipes (Jeunes, Seniors et Senior +), autour du tennis
féminin également (TMC et raquette FFT). Et enfin la construction
de deux terrains de padel.
4. Le IC Chambéry a été le premier
club en Savoie à construire des padels, quels ont été les
enjeux de ce projet ? Pourquoi avoir choisi de développer le padel
?
Tout d'abord, en interne, différents projets faisaient
débat, la rénovation du mur avec la construction en plus d'un
terrain de mini-tennis, construire un terrain de tennis supplémentaire
en dur, ou un terrain de padel.
Le président, son bureau et toute l'équipe
dirigeante du club ont choisi les terrains de Padel, pour attirer un nouveau
public et diversifier l'offre pour les adhérents du club.
Il a fallu ensuite aller voir la Mairie de Chambéry, car
le club ne pouvait pas porter financièrement ce projet.
Nous avons donc proposé des devis, et
présenté les différents dossiers de subventions et attendu
la réponse de la Mairie, qui finalement nous a accompagné dans ce
projet. Puis au fil du projet la FFT avec les acteurs locaux (ligue et
comité de Savoie) nous ont également accompagné pour
accomplir ce projet.
Il est clair que le padel est un plus, c'est pourquoi il s'est
d'abord voulu accessible pour nos adhérents en proposant une offre
d'adhésion peu chère afin de permettre à ceux qui ne
souhaitent pas utiliser ces terrains de ne pas être
pénalisés financièrement sur leur adhésion tennis.
Cela évite aussi que les joueurs de tennis qui en ont marre peu du
tennis abandonne totalement parce que beaucoup se sont mis au padel. Ce sont
souvent des anciens joueurs de tennis d'ailleurs pour le moment. Pour le moment
il est quand même difficile de dire que le padel amène un nouveau
public, mais en tout cas le padel permet de réduire le nombre de joueurs
qui abandonnent le tennis.
229
Le padel est aussi un moyen de faire connaître le club
à plus de joueurs de tennis du bassin chambérien. En effet, venir
jouer au padel durant l'année montre le club sous un autre angle,
différent des périodes de tournoi ou de matchs par équipes
qui sont des ambiances particulières à un moment de
l'année.
C'est un outil de développement, mais qui doit
également servir pour le tennis. La différence entre la
quantité d'infrastructure (2 terrains extérieurs contre 3
terrains couverts et 7 terrains extérieurs dont 5 en terre battues) et
la différence de quantité d'offre entre le tennis et le padel ne
permet pas aujourd'hui de dire que le padel est un frein pour le
développement du tennis dans notre club en tout cas. Cependant, nous
n'avons pas encore une année d'expérience et elle va être
bien tronquée avec ce COVID-19 qui nous empêche de réaliser
beaucoup d'événements pour le développement du padel.
5. Quels ont été les acteurs qui ont
financé le projet ? (FFT, Ligue, Collectivités)
Les acteurs qui nous ont aidés financièrement pour
le développement du projet ont été la mairie qui a
supporté financièrement et a été le maître
d'oeuvre du projet. La Région avec une aide à hauteur d'environ
30 000 euros. Puis, la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes qui nous a donné
une aide de 11 000 euros (cette aide n'est pas destinée à la
construction des terrains mais au développement de l'activité
pour les clubs).
Il faut savoir que chaque aide est différente pour
chaque club. En effet, dans ces dossiers, il faut que le club joue le jeu au
plus près de ce que peut demander la FFT en termes d'équipement,
d'équipe pédagogique, d'événements tennistiques, de
logiciel, etc. Pour que l'aide puisse être le plus important possible.
6. Est-ce que l'arrivée des padel a
augmenté votre nombre de licenciés ou adhésions au club
?
Concernant le nombre de licenciés, le padel n'a pas fait
augmenter le nombre de licenciés de manière spectaculaire comme
on pourrait s'y attendre, je dirai maximum 20 personnes.
Le padel a surtout attiré les joueurs de tennis des
alentours. Cette nouvelle activité a surtout
230
permis d'augmenter le nombre d'adhésions au club de la
part des joueurs de tennis du secteur qui sont les principaux utilisateurs de
ces terrains.
Cette année, nous avons une hausse du nombre de
licenciés, mais au travers de nos offres
tennis. Le club compte aujourd'hui 384 licenciés. Nous
avons eu 245 adhésions padel tout confondus (adhérents du TCC,
adhérents extérieurs et nouvelles licences padel).
7. Que mettez-vous en place pour dynamiser
l'arrivée de cette nouvelle pratique ?
Pour développer cette activité, il nous a paru
évident qu'il fallait d'abord faire découvrir cette
activité. Nous avons donc proposé des séances
découvertes tout au long du mois de septembre (les terrains de padel ont
fini d'être construit au mois d'août 2019) afin que chacun puisse
venir essayer, et récupérer les informations d'organisation.
La volonté du club est de laisser une pratique libre de
ce sport au moins pendant un an, afin de garder de la disponibilité sur
les terrains pour tous. Pour donner suite aux animations découvertes,
nous avons créé un groupe WhatsApp pour que les gens puissent se
contacter et une grille de niveau où chacun s'évalue
personnellement pour rechercher ses partenaires. À partir de là,
plusieurs autres groupes sont nés et une dynamique de jeu s'est
créée. On remarque que certains créneaux sont souvent
réservés par les mêmes joueurs en semaine par exemple.
Nous voulions aussi proposer des tournois pour commencer
à faire connaître la compétition au public de joueurs de
tennis qui aiment déjà cela. À partir de là,
plusieurs autres groupes sont nés et une dynamique de jeu s'est
créé. Nous avons formé nos deux DE pour qu'ils puissent
donner des cours, et nous souhaitions mettre en place des séances
à thèmes pour que chacun puisse progresser à son rythme en
profitant des conseils donnés lors de ces séances.
44111%ku
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