1.3. Communautés humaines
Le Parc est habité par 1500 Imraguen regroupés
en neuf villages côtiers (voir carte) dont les activités
principales sont la pêche, qu'ils pratiquent à pied ou à
partir de Lanches à voiles, et l'élevage qu'ils pratiquent dans
les pâturages saisonniers du désert côtier.
La pêche saisonnière, pratiquée à
pieds, exclusivement ciblée sur les mugilidés, plus
particulièrement le mulet jaune, a, au cours des siècles,
façonné la "culture Imraguen". La technique du filet
d'épaule, nappe d'environ 8 mètres de long sur 1,20 mètres
de chute, impose une approche communautaire de l'activité de
pêche, les filets étant déployés côte à
côte en cercles concentriques pour entourer le banc de mulets
repéré au préalable. Pêche de subsistance par
excellence, elle permettait d'occuper toutes les composantes du groupe. Dans
ces communautés, la coordination et la responsabilité des
affaires de l'entité villageoise ou du campement sont, le plus souvent,
attribuées à une personne choisie par la Jamaa parmi les plus
âgées et en qui cette Jamaa voit un guide. Aux habitants
originaires du Parc -les Imraguen- s'ajoute un petit nombre de personnes qui
à raison de leurs fonctions y séjournent
régulièrement. Ce sont en particulier, les agents du Parc, les
autorités civiles et militaires (préfecture de Nouamghar), ainsi
que quelques rares particuliers ; si la majorité des habitants du Parc
se trouvent donc dispersés le long du littoral, la partie terrestre
n'est cependant pas totalement inoccupée : en plus de méharistes
chargés de la surveillance mobile du Parc, s'y déplacent aussi
des nomades accompagnés de leurs troupeaux. En nombre
indéterminé mais réduit, principalement au voisinage des
deux puits encore fonctionnels, celui d'Anagoum au SE (eau saumâtre) et
celui de Bir Elgareb NE (eau salée). (MATHEL, 1990).
Le statut de Parc national constitue un outil qui doit
permettre de préserver tant le patrimoine culturel que l'ensemble des
milieux naturels dans leur intégrité écologique et leur
équilibre fonctionnel
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A l'heure où bon nombre de (zones humides)
s'appauvrissent ou régressent, le Parc semble relativement à
l'écart et apparaît encore comme une des dernières
régions humides ayant conservé ses caractéristiques
naturelles.
1.4. Risques de dégradation
Les risques de dégradation sont liés en premier
lieu à certains impacts du développement non
régulés des activités maritimes et infrastructures
littorales en périphérie du Parc :
V' La pêche artisanale et côtière
Cette activité attire de plus en plus de candidats en
Mauritanie. Elle constitue un bassin d'emploi important pour la région
littorale mais contribue aussi à accentuer la pression sur la ressource
et à accroître sa vulnérabilité. Des pirogues sont
régulièrement arraisonnées à l'intérieur des
limites du Parc en dépit d'un système de surveillance
opérationnel. La faiblesse de la régulation de l'accès aux
ressources pour ces activités constituent à terme des facteurs
croissants de conflits d'usages sur les ressources partagées entre le
Parc et les zones de pêche extérieures.
V' La pêche industrielle
Bien que située par définition dans des zones de
plus grande profondeur et donc hors du Parc, cette activité n'en est pas
moins insidieuse : des navires hauturiers pénètrent
régulièrement à l'intérieur du Parc. Cette forme de
braconnage à haut risque d'échouage ou d'arraisonnement est un
indicateur du degré de surexploitation des ressources à
l'extérieur du Parc. Une augmentation de la flotte de pêche
industrielle contribuerait à accroître également cette
pression. Elle s'inscrit dans le cadre de la baisse des stocks halieutiques
enregistrés un peu partout dans le monde, et conduit à rechercher
les zones encore réputées productives. La notoriété
des eaux marines mauritaniennes en la matière constitue un facteur
d'attraction incontestable.
V' Les prospections pétrolières et
gazières et la mise en activité en 2006 du premier site
d'exploitation offshore
Le danger de la mise en exploitation du premier site ne cible
pas directement le Parc. Cependant l'accroissement du trafic maritime en
périphérie du Golfe d'Arguin, combiné avec l'existence
dans la même zone de nouveaux sites offshore augmentent progressivement
les risques d'accidents maritimes qui auraient, s'ils survenaient, des
conséquences catastrophiques sur le milieu,
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compte tenu des caractéristiques de la partie marine du
Parc (zones de hauts fonds de très grande étendue) qui rendraient
très difficile toute intervention sur site, en cas de pollution majeure.
Un autre danger de l'exploitation serait l'utilisation des retombées
financières de cette activité pour le renforcement des
activités de pêche.
.
? La route Nouakchott-Nouadhibou
Les impacts de sa réalisation ne sont pas encore
précisément cernés mais on peut craindre que certains
d'entre eux puissent être négatifs comme une altération du
mode de fréquentation du territoire du Parc (partie terrestre et partie
maritime) ou la multiplication d'installations ou d'activités sur les
sites côtiers ou encore une menace sur le pastoralisme au Parc soit
directement par accident routier entre véhicules et chameaux
qu'indirectement par concentration de troupeaux autour des nouveaux points
d'eau qui ont été créés le long de la route et
dégradation des pâturages.
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