II.3.2 Interprétation du rapport
bénéfice par coût investi
La présentation du bénéfice
monétaire du PPSAC permet de quantifier l'utilité du projet pour
la communauté, plus particulièrement pour les bailleurs
engagés dans le financement des projets de prise en charge de PVVIH.
Cependant, pour davantage mettre l'accent sur la performance du projet, nous
devons rapporter ce bénéfice monétaire au coût du
projet. Le graphique suivant présente à cet effet
l'évolution du ratio bénéfice par coût investi
pendant les deux premières phases.
Il y apparait par exemple qu'investir un franc dans le PPSAC
pendant la première phase permettait d'économiser 10,83 F CFA en
termes de dépenses de prise en charge d'infections qui seraient apparues
en l'absence du projet. Pour l'ensemble des phases I et II, le rapport
s'établit à 6,72 F CFA autrement dit, à chaque franc CFA
que l'on a investi pendant ces deux phases, on a économisé en
moyenne 7 F CFA en termes de dépenses futures de prise en charge
d'infections.
Figure 12:
Rapport coût bénéfice du PPSAC au Cameroun pour les phases
I et II
Source : Auteur
Le graphique permet aussi d'apprécier que, le
bénéfice procuré par le PPSAC pendant la phase I ( 10,38 F
CFA pour 1 F CFA investi dans le projet ) est plus élevé que
celui procuré pendant la phase II (6,72 F CFA pour 1 F CFA investi dans
le projet). Ce résultat n'a rien de surprenant, il épouse
simplement les constats faits lors de l'analyse de l'efficacité du
PPSAC. Il nous est apparu dans cette section que la phase I était plus
performante que la phase II. Or la valeur monétaire du
bénéfice s'obtient comme le produit de la valeur à vie
d'une infection par le nombre d'infections évitées (indicateur
d'efficacité que nous avons utilisé).
II.3.3 Implication de la faible performance de la
phase II
L'analyse comparative de l'efficacité entre les phases
I et II du PPSAC a mis en évidence une nette contre-performance de la
phase II du projet relativement aux ressources qui y ont été
consacrées. Possédant la valeur monétaire du
bénéfice procuré par le projet, nous nous essayons ici
à quantifier les implications de cette contre-performance. Le tableau
suivant fournit les éléments d'une telle analyse. Il confronte le
bénéfice consécutif au résultat attendu avec la
valeur de ce même bénéfice pour le résultat
réellement observé. Par résultat attendu, on entend le
résultat que l'on observerait si le rapport coût efficacité
restait constant entre les deux phases. Cela suppose une relation
linéaire entre les coûts et les résultats. Dans ce cas, la
phase II aurait permis d'éviter un peu moins de 24 000 nouvelles
infections à VIH ce qui correspond à près de 100 milliards
de F CFA de ressources qui seraient économisées dans la prise en
charge des infections. Cependant, dans les faits, la phase II du projet n'a
permis que d'éviter près de 11 000 nouvelles infections
à VIH correspondant à un bénéfice de près de
45 milliards de F CFA.
Tableau 11:
implication monétaire de la contre performance de la phase II
Type de résultat (en termes d'infections
évitées)
|
Valeur
|
Bénéfice monétaire (en F CFA)
correspondant
|
Résultat attendu de la phase II conformément au
résultat de la phase I
|
23 811
|
97 964 001 921
|
Résultat observé pendant la phase II
|
10 883
|
44 775 197 720
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Ecart absolu du bénéfice
|
- 53 188 804
201,43
|
Ecart relatif du bénéfice
|
-
118,79
|
Source : auteur
La contre-performance de la phase II du projet se traduit par
une diminution de plus de 53 milliards du bénéfice attendu du
projet en valeur absolu et près de 119 % en valeur relative. Il est
aisé de constater que les effets négatifs de la
contre-performance de cette phase surpassent les effets positifs
réellement observés.
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