5.4.3. Intrants et matériels agricoles
L'exécution d'un protocole par l'exploitant agricole
est inscrite dans le cadre de la disponibilité des ressources
fondamentales en outre du foncier. De là, après ce dernier, les
intrants et matériels agricoles demeurent la pierre angulaire pour
opérationnaliser son protocole (voir le tableau 27).
70
Tableau 27: Origine des intrants agricoles
Catégorie 1
|
Plaine
|
Piémont
|
Montagne
|
Catégorie 2
|
P. EA
|
M. EA
|
P. EA
|
M. EA
|
G. EA
|
P. EA
|
M. EA
|
Achats
|
83.33%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
Culture précédente
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
Don
|
-
|
-
|
-
|
-
|
100%
|
-
|
-
|
P. = Petites M. = Moyennes G. = Grandes EA= Exploitations
agricoles
|
Source : Enquête de l'auteur, Octobre et
Novembre 2015
L'étude montre que la grande partie des intrants
agricoles proviennent des cultures précédentes de la zone
d'étude. Il faut signaler que l'intrant peut être soit le stockage
de l'exploitant lui-même, soit le stockage d'un autre exploitant qui lui
a vendu ou lui a fait le don. En conséquence, l'acquisition des intrants
agricoles par achat et culture précédente est proportionnelle
dans les différentes catégories des zones de piémont et en
montagne alors qu'en plaine la tendance diminue en achat des intrants par les
petites EA. Le mode d'acquisition des intrants est un paramètre
très intéressant dans la caractérisation des exploitations
agricoles.
En fait, il est montré au tableau ci-avant que la
totalité des petites EA en plaine, comme en piémont ou en
montagne acquièrent une partie de leurs intrants agricoles grâce
au stockage des semences de qualité récoltés lors de la
culture précédente. Ceci présente indéniablement
des avantages dans le sens que les charges de l'EA sont diminuées.
Pourtant, tous les intrants agricoles ne sont pas conservables, c'en est le cas
des semences reproduites de manière végétative. De
là, l'exploitant procède par l'achat et rarement par don (voir le
tableau 28).
Tableau 28: Nombre moyen de matériels agricoles en
possession des EA
Catégorie 1
|
Plaine
|
Piémont
|
Montagne
|
Catégorie 2
|
P. EA
|
M. EA
|
P. EA
|
M. EA
|
G. EA
|
P. EA
|
M. EA
|
Houe
|
1
|
2
|
1
|
2
|
1
|
1
|
1
|
Machette
|
1
|
2
|
1
|
2
|
1
|
1
|
1
|
Hache
|
1
|
1
|
1
|
0
|
1
|
1
|
1
|
Bêche
|
0
|
0.50
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Barre à mine
|
0.40
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
0
|
Pioche
|
0.60
|
0.50
|
1
|
1
|
0
|
0
|
1
|
Pelle
|
0.50
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
Râteau
|
0.25
|
0.50
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
P. = Petites M. = Moyennes G. = Grandes EA= Exploitations
agricoles
|
Source : Enquête de l'auteur, Octobre et
Novembre 2015
71
Quant aux matériels agricoles, les données
prouvent que tous les exploitants agricoles détiennent au moins une
houe, une hache et une machette alors que moins de 50% ne possèdent plus
qu'une barre de mine, une pelle, une pioche et un râteau. La
rareté des matériels agricoles en milieu rural s'explique surtout
par l'inflation et les boutiques agricoles qui leur font défaut. En
fait, les moyennes EA des plaines et piémonts de la zone d'étude
sont les seules à posséder deux d'un même matériel
au plus. Ceci s'explique par le fait qu'elles réinvestissent une part de
leur revenu en achat des matériels. Cependant, la situation des grandes
EA est similaire à celle des petites EA où elles possèdent
au plus un matériel par type. Ceci s'explique par le fait que les
grandes EA utilisent surtout la main d'oeuvre externe.
En conclusion, les causes qui expliquent que les petites
exploitations agricoles ne détiennent pas de matériels
adaptés aux différentes opérations agricoles demeurent les
faibles moyens financiers de ces derniers de se faire procurer. Par ailleurs,
certaines moyennes et grandes exploitations agricoles n'en détiennent
tous les matériels adaptés en raison qu'ils utilisent plus la
main d'oeuvre externe.
5.5. Analyse des impacts de la variation et
l'irrégularité climatique sur les EA L'exploitation
agricole durable passe nécessairement par une agriculture
économiquement viable, écologiquement saine et socialement
équitable, dixit Jean-Joseph CADILHON et al. (2006).
A l'échelle écologique, en plus des faits, la
totalité des exploitants agricoles enquêtés témoigne
des indices de changement climatique contrairement aux années
précédentes. En effet, la sécheresse demeure l'un des
indices les plus visibles même dans les parcelles de canne-à-sucre
les plus résistantes à celle-ci observe-t-on. En effet, cette
sécheresse a des conséquences :
? Sur la population : elle est la
cause de l'intensification du phénomène exode rural et migratoire
respectivement vers certaines zones urbaines haïtiennes et vers la
République Dominicaine en quête d'une amélioration des
conditions de vie. La sécheresse est la cause principale de l'abandon du
secteur agricole par certains jeunes agriculteurs pour le nouveau secteur de
taxi-motocycliste.
? Sur les ressources : elle est la
cause du dépérissement de bon nombre de cours-d'eau et du
tarissement de certains puits de la zone d'étude. En outre, la
sécheresse est l'une des causes augmentant l'abattage des arbres
à plus de 70% pour la production du charbon, de planche
72
et de chaux. Plus de 60% d'arbres abattus dans la zone
d'étude sont destinés vers la production du charbon. Plus de 70%
des arbres abattus sont des arbres forestiers alors que l'abattage des arbres
fruitiers se fait dans le cas où ils ne sont pas trop utiles à
l'exploitation ou s'ils produisent moindre.
? Sur les infrastructures
socio-économiques : Le regard est fixé sur la période
de disette et de la cherté des produits de récolte par rapport
à l'inflation découlant de la perte de valeur de la Gourde soit
plus de 50 gourdes pour $1.00 US.
Par ailleurs, à l'échelle
socio-économique, la totalité des exploitants
enquêtés formellement et informellement donne l'impression que
leur exploitation agricole est en déclin par rapport aux années
précédentes. La cause du déclin de leur exploitation
agricole est d'après eux la perte de fertilité des sols, la
sécheresse, le mode de faire-valoir indirect et l'inflation. Par contre,
plus de 60% ne sont pas découragés de pratiquer l'agriculture et
l'élevage considérant c'est leur champ d'activité. Vu les
besoins de leur ménage agricole, 60% des exploitants croient que leur
activité agricole arrivent à subvenir aux besoins du
ménage agricole alors que 40% des exploitants agricoles recourent
à la vente de quelques animaux, à la vente de lopin de terre,
à l'ébénisterie et à l'enseignement pour couvrir
d'autres besoins nécessaires.
Pour ce qui concerne la vente de journée de travail par
le biais des formes de mobilisation ou individuelle, uniquement 20% des
exploitants agricoles vendent des journées de travail en agriculture
proprement dite.
Quant au taux de concertation des exploitants agricoles avec
leur femme, il s'élève à plus de 80%. L'étude
montre que 53.33% des exploitants enquêtés ont l'habitude de
participer dans des séances de formation sur les pratiques culturales et
d'élevage.
Néanmoins, en période pluvieuse, les
exploitations agricoles ont confronté à d'autres problèmes
du genre d'inondation en majeure partie. En effet, les inondations voire de
très fortes averses ont des conséquences que ce soient sur la
population, les ressources et les infrastructures socioéconomiques de la
zone d'étude. Dans cette optique, les conséquences dues à
la sécheresse ne sont pas différentes de celles-ci. Cependant, il
est à mentionner les stratégies développées par les
exploitations agricoles en vue de consolider leur terre.
73
De ce fait, les exploitations agricoles utilisent des
dispositifs antiérosifs pour freiner la dégradation des sols de
leurs parcelles en fonction des priorités du moment. Les dispositifs
antiérosifs utilisés par les EA se font en fonction surtout du
niveau de dégradabilité des parcelles exploitées. Il est
à remarquer qu'il parait que certains exploitants attendent le pis pour
réagir ou freiner le processus de l'érosion de certaines de leurs
parcelles.
En conséquence, les observations montrent surtout des
seuils en pierres sèches construites récemment par AGRO-ACTION
ALLEMANDE, des structures antiérosives en sacs de terre (seuils en sac
de terre) construites par la FAGCOBAD /WORLD VISION depuis environ une
décennie, et des rampes en voie de disparition. Le clayonnage et le
fascinage se font surtout par des exploitants agricoles qui jugent la
précarité des ravines qui traversent leurs parcelles.
Du même angle, les systèmes agroforestiers sont
les dispositifs antiérosifs les plus communs bien que certaine fois
involontaire dans de nombreuses parcelles visitées. Certains exploitants
agricoles combine les systèmes forestiers avec l'agriculture
(agrosylviculture) alors que d'autres combine l'élevage aux
systèmes forestiers (sylvopastoralisme). Enfin, certains exploitants
agricoles font le tout sur leur parcelle en combinant les systèmes
forestiers à l'élevage et à la culture de certaines
espèces végétales (agrosylvopastoralisme).
En effet, les enquêtes menées dans la zone
d'étude montrent une nécessité d'action sur le traitement
des versants et la correction de certaines ravines de façon à
prévenir le pis et freiner le processus de dégradation des
sols.
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