Perception de l'ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE Du
Patient dialysé au service d'hémodialyse duCHU de
Yaoundépar des infirmiers
(Région du centre, Cameroun)
1 Sommaire
Dédicace
iii
Remerciements
iv
Liste des sigles,
abréviations et acronymes
v
Liste des tableaux
vii
Liste des figures
viii
Liste des annexes
ix
Résumé
1
Abstract
2
Introduction
3
Première
partie : Approche théorique de l'Education Thérapeutique du
Patient
5
Chapitre I: État
de la question
6
Chapitre II : Revue
de la littérature, cadre conceptuel et théorique
20
Deuxième
partie : Approche opérationnellede l'Education Thérapeutique
du Patient
63
Chapitre III : Cadre
d'étude et approche méthodologique
64
Chapitre IV :
Présentation et analyse des résultats
72
Chapitre V :
Synthèse et discussion des résultats
80
Conclusion
94
Suggestions
96
Références
bibliographiques
97
Annexes
I
Table des
matières
XII
À ma femme Claudine, pour avoir supporté
seule nos enfants Ben, Serges et Marie-Archange durant mes 24 mois
d'absence.
2 Dédicace
ÀYendou, le Dieu Tout Puissant, qui a
veillé sur nous durant cette formation.
Au Gouvernement togolais à travers son Ministère
de la santé qui a mis sur pied le Programme de Gestion des Ressources
Humaines et des Médicaments.
À l'Agence Française de Développement (AFD)
pour son appui financier.
Au Dr Benjamin Alexandre NKOUM, Directeur de l'Ecole des
Sciences de la Santé (ESS), pour son accompagnement dans notre
édification d'infirmier chercheur.
À tous les responsables de l'ESS pour leurs
conseils.
À Mme Julienne EKODI pour nous avoir donné le
goût de la recherche.
Au Directeur du CHUY et le personnel du service
d'hémodialyse qui ont facilité la collecte des données.
À Mme Lyly M. KOUAMO et ses enfants pour
l'hospitalité légendaire qui nous a été
accordée, c'est notre deuxième famille au Cameroun.
À mes frères et soeurs : Clarice, Thomas,
Emile, Edmond, Viviane et Diane pour le soutien moral et leur solidarité
à notre égard.
À Mlle Carine KEMBOU SIMO pour tout ce qu'elle a fait
pour que le Cameroun soit gravé à jamais dans notre
mémoire.
À Mme Anne-Marie SOLE pour sa lecture et ses
conseils.
À M Gang, M Kanati et leur famille pour avoir
veillé sur notre foyer durant ce temps d'absence.
À toute la Vème promotion des Master
Sciences Infirmières pour l'ambiance bon enfance qui a
régnée entre nous.
À tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué de quelque manière que ce soit à la finalisation
de ce document, trouvez ici le fruit de vos labeurs.
3 Remerciements
4 Liste des sigles,
abréviations et acronymes
CHUY : Centre Hospitalier et Universitaire de
Yaoundé.
CS : Centre de Santé
DFG : Débit de Filtration Glomérulaire
EER : Épuration Extrarénale.
ETP : Éducation Thérapeutique du Patient
HAS : Haute Autorité de Santé
HGY : Hôpital Général de
Yaoundé
HPST : Hôpital Patient Santé Territoire
HTA : Hypertension Artérielle.
IEC : Information, Éducation et Communication.
IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers.
INPES : Institut National de Prévention et
d'Éducation pour la Santé
IRC : Insuffisance Rénale Chronique.
IRT : Insuffisance Rénale Transitoire.
LSI : Licence en Sciences Infirmières
MINSANTE : Ministère de la Santé
publique.
MRC : Maladie Rénale Chronique.
MSI : Master en Sciences Infirmières
OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
ONI : Ordre National des Infirmiers (de France)
RDC : République Démocratique du Congo.
SI : Soins Infirmiers
UCAC : Université Catholique d'Afrique Centrale
UY1 : Université de Yaoundé 1
5 Liste des tableaux
Tableau V : Tableau synthétique
déduit de la présentation de Flora L.
3
Tableau VI : Résumé des
étapes de la mise en oeuvre de l'ETP
39
Tableau III : Tableau synoptique des courants
de pensées infirmières
46
Tableau IV : Classification de
sévérité des maladies rénales et de l'insuffisance
rénale selon K/DOQI
51
Tableau IV : Modèle d'analyse
55
Tableau VII : synthèse de
présentation du CHU Y
68
Tableau VIII : Identification des
répondants
73
Tableau IX : Répartition des
informateurs selon les variables socio-professionnelles
73
6 Liste des figures
Figure I :
Schéma conceptuel de la perception des infirmiers sur l'ETP
dialysé.
3
Figure II : Théorie de l'action
raisonnée traduit du schéma de Davis Bagozzi et Warshaw
(1989)
60
7 Liste des
annexes
Annexe I : Guide d'entretien
i
Annexe II : Grille d'observation
IV
Annexe III : Fiche de consentement
éclairé
V
Annexe IV : Fiche d'information
VI
Annexe V : Lettre de demande d'autorisation de
l'ESS
VIII
Annexe VI : Autorisation d'enquête du
CHU Y.
IX
Annexe VII : Vue de face du CHUY
X
Annexe VIII : L'organigramme du CHUY
XI
Annexe IX : Transcription des entretiens
XI
Si tu veux une année de
prospérité, cultive du riz.
Si tu veux dix années de
prospérité, cultive des arbres.
Si tu veux cent années de
prospérité, éduque des hommes.
Proverbe chinois, Guanzi (environ 645 avant J.
C.)
8 Résumé
Les sciences infirmières dans l'accompagnement
retiennent la relation éducative comme base de l'autogestion du patient
(Eymard, 2004). C'est ainsi que l'Éducation Thérapeutique des
Patients (ETP) foisonne les pays surtout développés et commence
par faire son entrée dans les pays africains en général et
au Cameroun en particulier. Notons que dans la réforme des soins,
l'Organisation Mondiale de la santé (OMS) recommande
l'intégration systématique de l'ETP dans les pratiques. Eduquer
le patient représente aujourd'hui une pratique indispensable de la
thérapeutique. Mais, cette éducation est difficile parce qu'il
s'agit d'une véritable formation devant aboutir à un transfert
des compétences du soignant vers le soigné qui est un apprenant
particulier. Des progrès sont réalisés dans
l'identification et la prévention des maladies rénales chroniques
et le traitement de la phase terminale de cette maladie. Toutefois ce domaine
reste un grand défi en Afrique Sub-saharienne à cause du manque
cruel des ressources nécessaires.Ainsi,Osborne et al. (2009),
affirment que de nombreux cliniciens en Australie considèrent que l'ETP
n'est pas pertinente et qu'elle n'a pas de valeur, alors que d'autres l'ont
totalement intégrée dans leur pratique quotidienne.Le but de
cette étude est de comprendre le point de vue des infirmiers sur l'ETP
dialysé et la question de recherche est : Quelle perception ont les
infirmiers de l'ETP dialysé au CHU de Yaoundé ? Le cadre de
référence est composé de deux théories, soit la
théorie de Human caringet la théorie de l'action
raisonnée.Une méthode qualitative de type
phénoménologique basée sur une orientation clinique a
été utilisée. La recherche s'est déroulée du
1er au 13 avril 2014 au Centre Hospitalier et Universitaire de
Yaoundé (CHUY) au service d'hémodialyse. Huit infirmiers ont
participé à l'étude composés de
Diplômé d'Etat (04), de Licencié (02) et de Master (02).
Les infirmiers ont reconnu l'importance d'éduquer le
patient dialysé sur sa maladie, son traitement et sur son régime
hygiéno diététique. Ils reconnaissent donc la place du
patient et de l'infirmier dans l'ETP. Par contre tous s'accordent que seul le
médecin doit éduquer le patient avant la 1ère
séance de dialyse. Il est suggéré de renforcer les
compétences des infirmiers sur ETP dialysé et de les associer
à la consultation pour accélérer la décision de la
dialyse.
Mots clés : perception des
infirmiers, éducation thérapeutique et patients
dialysés
9 Abstract
Nursing Sciences in its accompaniment retained education
relation as a base of self-management of patients (Eymard, 2004). Thus Patients
Therapeutic Education (PTE) is expanding in developed country and has started
entering into Africa countries in general and Cameroon in particular. We notice
that in the reformation of care, World Health Organization (WHO) recommend
systematic integration of PTE in practices. Today, to educate the patient
represent an indispensable practices of therapeutic care. But this education is
difficult because it needs a good training to come to a transfer of ability
from the care giver to the patient who is a particular learner. Progress are
realized in the identification and prevention of chronic kidney diseases and
the treatment of the terminal phase of this disease. Furthermore, this domain
remains a big fight in Sub-Sahara Africa because of lack of the necessary
resources. Thus, Osborne and al. (2009), affirms that most clinicians
in Australia consider that TEP is not pertinent and that it has no value, while
others has totally integrate it in their daily practices. The aim of this study
is to get the nurses point of view on PTE dialysis and the research question is
what is the perception of nurses on PTE dialysis at University Hospital of
Yaoundé (UHY)? The reference framework is composed of two theories: the
theory of Human Caring of Watson and the theory of reasoned action of Fishbein.
A qualitative method of phenomenological type base on clinical orientation was
used. The research period was between the 1st and 13th
April 2014 at the hemodialysis service of UHY. Eight nurses took part in the
study: state registered nurses (04), Bachelor of Sciences in nursing (02) and
Master in Nursing Sciences (02).
Nurses recognized the importance to educate patients on
dialysis on his disease, his treatment and his diet. They recognized the place
of patient and nurse in PTE. In contrary, all of them agree that only the
doctor can educate the patient at the first séance of dialysis. It was
suggested to reinforce the ability of nurses on PTE and their association in
consultation to accelerate the dialysis decision.
Keywords: nurses perception, therapeutic education and
dialysis patient
10
Introduction
Les sciences infirmières constituent un cadre
conceptuel autour duquel s'organisent les connaissances scientifiques qui
définissent l'objet et les métaparadigmes (Dallaire, 2008). Elles
permettent des soins raisonnés et probants, gages de la qualité.
Dans ce champ disciplinaire, les soins infirmiers selon Virginia Henderson,
(cité par Winock & Cavignaux, 2003, p. 54),
« consistent principalement à assister l'individu malade,
ou bien portant, dans l'accomplissement des actes qui contribuent au maintien
ou à la restauration de la santé, ou à une mort paisible,
et qu'il accomplirait lui-même s'il avait assez de force, de
volonté, ou de savoir ».
Les progrès de la médecine améliorent la
qualité de vie et l'allongement de l'espérance de vie avec des
conséquences de maladie séniles et chroniques. La prise en soin
des personnes atteintes de maladies chroniques interpelle la compétence
de tous les soignants. C'est dans ce sens que dans la réforme des soins,
l'OMS (1998) recommande l'intégration systématique de l'Education
Thérapeutique duPatient (ETP) dans les pratiques. Les personnes vivant
avec une ou plusieurs maladies chroniques ne sont pas quotidiennement suivies
par les soignants. Cette situation amène l'infirmier1(*) à aider ces personnes
à mobiliser toutes les ressources pour faire face à la maladie au
quotidien et à prévenir les complications. La croissance mondiale
annuelle de l'incidence des Maladies Rénales Chroniques (MRC) a
été estimée à 8%, ce qui équivaut à
un taux de croissance six fois supérieur à celui de la population
mondiale soit1,3% (Sumaili, 2009). Face à la croissance du nombre des
patients nécessitant une thérapie de suppléance
rénale, en particulier la dialyse, le Gouvernement camerounais a
réagi. C'est ainsi qu'il a multiplié les centres
d'hémodialyse pour en faciliter l'accessibilité, a
subventionné le coût d'une session d'hémodialyse qui
revient désormais à 5000 Fcfa (MINSANTE, 2009).
L'infirmier est le professionnel le plus proche de la personne
malade. Il est sensé l'accompagner dans son expérience de maladie
(Kérouac & al, 1994). Ainsi, le problème est la faible
implication des infirmiers dans l'ETP dialysé tout le long des
séances. De ce fait, cette étude analyse leur perception de
l'ETP. La personne malade et la famille doivent comprendre ce qu'est la dialyse
afin de décider de l'accepter rapidement. A ce sujet, il faut noter que
la prise en charge médicale de la MRC ne se résume pas à
la dialyse. L'hygiène de vie et le régime alimentaire doivent
l'accompagner pour une efficacité dans le traitement. Cette
thérapie complémentaire relève de la compétence de
l'infirmier qui doit accompagner le patient dialysé dans une relation
d'aide, de soin et d'éducation.La question est de savoir quelle est la
perception des infirmiers sur l'ETP dialysé ?
L'ETP désigne des activités organisées et
planifiées, réalisées dans le cadre de la relation de
soins, et visant l'apprentissage par la personne malade de savoirs et de
comportements lui permettant de mieux gérer sa maladie et sa vie
(Deccache, 1989)Le patient dialysé est toute personne en phase dite
d'insuffisance rénale terminale, et qui fait recoure à un
traitement de «suppléance» qui est la dialyse. La dialyse
consiste à épurer le sang des déchets toxiques et de l'eau
retenue en excès du fait de l'arrêt du fonctionnement des reins
(Volle, 2007). Selon cet auteur, ces traitements ne guérissent pas, ils
permettent cependant au malade de continuer à mener une vie aussi
normale que possible.
Osborne et al (2009) fait constater que certains infirmiers en
Australie considèrent l'ETP non pertinente, et sans importance, alors
que d'autres l'ont totalement intégrée dans leur pratique
quotidienne. Or, en améliorant l'autonomie du patient dans la prise en
soin de son affection et en renforçant ses compétences, l'ETP
l'aide à maintenir ou à améliorer sa qualité de vie
et à favoriser le maintien d'activités sociales (Ledey, & al,
2006).
Nous allons dans un premier temps présenter l'approche
théorique. Où sont développés l'état de la
question, le cadre conceptuel et le cadre théorique. Dans un second
temps nous présenterons l'approche empirique contenantla
méthodologie, le cadre d'étude, la présentation et
discussion des résultats et la conclusion.
11 Première partie : Approche théorique de l'ETP
12 Chapitre I: État de la
question
L'approche théorique est le soubassement, le
fondement de cette recherche. Comme l'affirme Mvessomba, c'est
« un ensemble d'éléments qui constituent la
charpente ou la fondation d'un travail scientifique » (2013,
p.97). Dans cette partie nous aurons la justification, le contexte, le
problème, la problématique, la question de recherche,
l'hypothèse de recherche, l'objectif de recherche,
l'intérêt, la clarification des concepts et le cadre
conceptuel.
1.1 Contexte de
l'étude
En Europe, dans la pratique en dehors des institutions
hospitalières, 80% des maladies traitées sont chroniques. Bien
que la plupart des traitements soit remarquablement efficace en raison de la
recherche médicale, leur qualité est souvent loin d'être
satisfaisante (OMS, 1998). Les maladies chroniques à l'exemple des
Maladies Rénales Chroniques constituent des défis pour les
systèmes de santé. La croissance mondiale annuelle de l'incidence
des MRC a été estimée à 8%, ce qui équivaut
à un taux de croissance six fois supérieur à celui de la
population mondiale (1,3%).
Aux Etats-Unis d'Amérique, la proportion des malades en
dialyse et transplantation rénale s'élevait à 360.000 en
2003 (cette incidence était à 150.000 dix ans auparavant), soit
0,13% de l'ensemble d'une population de 270 millions d'habitants (Sumaili,
2009). On estimait, en 2004, à 1,8 million, le nombre de personnes
traitées dans le monde par dialyse et transplantation rénale. Il
y a 90% de patients sous Épuration Extra Rénale (EER) qui vivent
dans les pays développés pendant que l'issue de la
majorité de ceux des pays en voie de développement est la mort
dans un délai très court (Ibid).
Dans une situation de maladie, tousles patients manifestent le
besoin de connaître leur situation. Les experts de l'OMS ont
constaté que les patients étaient mal informés sur leur
maladie et que peu d'entre eux étaient assistés dans la gestion
de leur traitement (OMS, 1998). Dans les pays développés, les
infirmiers sont au premier plan de la prise en soin de ces personnes. L'Ordre
National des infirmiers (ONI) de France reconnait que :
Les infirmiers de dialyse, transplantation et
néphrologie ont un rôle essentiel et vital d'accompagnement des
patients avant et pendant toute la durée du traitement. Ils les
informent sur la maladie et ses conséquences mais aussi les forment et
les éduquent aux soins et aux gestes nécessaires à une
bonne observance des traitements. Ils prennent également en compte
toutes les dimensions psychologiques liées à la prise en charge
et gèrent les moments de découragement des malades. Les
infirmiers ne doivent pas non plus se désintéresser des
conditions de vie des patients puisqu'elles sont susceptibles d'influer sur la
qualité de leur traitement.(ONI, 2010, p. 9)
Dans les pays en voie de développement en
général et en Afrique en particulier, la MRC plonge ses victimes
dans un désespoir total. Dans sa thèse portant sur
l'Éducation thérapeutique de l'adulte en insuffisance
rénale chronique avancée,Younous (2012)soutient que selon
l'Association marocaine de la presse médicale, environ 13 000 patients
seraient traités pour insuffisance rénale chronique en phase
terminale en 2012. En 2006, le Ministre de la Santé à
l'époque, avait indiqué qu'au Maroc, 4850 patients étaient
pris en soin par 115 centres de dialyse. Ce chiffre a progressé en 2008
pour atteindre 9114 personnes, dont 6114 bénéficiaient des
services de 160 centres spécialisés. De son côté, un
ancien Président de la Société marocaine de
néphrologie, a estimé que les cas d'insuffisance rénale
chronique terminale au Maroc sont de 100 à 120 personnes sur 1 million
d'habitants et qu'environ 3000 cas se trouvent chaque année en attente
de dialyse (Op. cit.). Du point de vue caractéristique
sociodémographique,l'insuffisance rénale chronique est 2 à
3 fois plus fréquente chez l'homme que chez la femme. L'âge des
nouveaux patients débutant la dialyse augmente
régulièrement (âge moyen de 66,3 ans et médian de
70,4 ans en 2006). A ces statistiques s'ajoute le fait que cette maladie est en
nette progression (5 à 8% par an) si bien qu'elle constitue un
véritable problème de Santé publique. Elle est l'une des
cinq priorités du Ministère marocain de la santé
(Ibid.).
Sumaili (2009) souligne que la MRC constitue un
problème mondial majeur de Santé publique. Son ampleur
réelle en Afrique demeure inconnue. Malgré, les progrès
réalisés dans l'identification, la prévention de celle-ci
et le traitement de la phase terminale de la maladie, ce domaine reste un grand
défi en Afrique Sub-saharienne à cause du manque cruel des
ressources nécessaires. Néanmoins, la MRC est une cause
importante de décès en République Démocratique du
Congo (RDC) comme dans les pays environnants (ibid.). De plus, les
facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels comme l'Hypertension
Artérielle (HTA) et le diabète sucré qui sont
associés à la MRC deviennent de plus en plus fréquents
dans les pays en voie de développement dans le cadre de la transition
épidémiologique.
En RDC, une étude réalisée en 2009 dans
un Centre de Santé (CS) a révélé que plusieurs
patients diabétiques avec la MRC n'étaient ni
dépistés, ni adéquatement soignés et non plus
référés précocement. Pourtant, les interventions
précoces sont bénéfiques car elles peuvent non seulement
prévenir, stopper ou ralentir la MRC, mais aussi prévenir les
complications cardiovasculaires. Par ailleurs ces patients sont
particulièrement jeunes rejoignant ainsi le profil rapporté dans
la plupart des pays en voie de développement. En effet, la moyenne
d'âge des patients insuffisants rénaux chroniques terminaux en
Afrique Sub-saharienne comme au Sénégal et au Burkina Faso est de
46 ans (Sumaili, 2009). Il s'agit là pourtant d'un âge pourvoyeur
de ressources humaines nécessaires au développement
économique d'une nation.
Au Cameroun la transition épidémiologique se
répercute aussi au niveau de la MRC. Aujourd'hui, le taux de progression
est élevé, et on prévoit que le nombre de patients ayant
le diabète de type 2 va doubler dans le monde dans les 25 années
à venir (MINSANTE, 2009). Selon le MINSANTE, ceci va conduire à
une augmentation du nombre de patients ayant une Insuffisance Rénale
Chronique (IRC) au Cameroun. Aussi, le nombre de ceux nécessitant une
thérapie de suppléance rénale, en particulier la dialyse
va croître. Face à cette situation, le Gouvernement camerounais a
réagi en multipliant les centres d'hémodialyse pour en faciliter
l'accessibilité. Il a subventionné le coût d'une session
d'hémodialyse qui revient désormais à 5000 Fcfa
(Ibid.). Actuellement le Cameroun compte 09 centres
d'hémodialyse dont deux à Yaoundé (CHUY et HGY). Par
ailleurs, avec l'émergence des infirmiers Licenciés et des
Masters, d'importantes réformes ont émergées en sciences
infirmières en termes de qualité de soins. La prise en soin des
patients dialysés devrait répondre aux nouvelles approches
paradigmatiques et épistémologiques afin d'aboutir à
l'accompagnement efficace de ces personnes.
Au CHUY, le service d'hémodialyse a ouvert ses portes
depuis 2006 et reçoit des patients de toutes les régions du
Cameroun. Dans le souci de satisfaire les patients dont le nombre s'accroit de
jour en jour, une extension a été faite et la capacité
actuelle du service est de 10 places.En ce jour, 80 patients organisés
en six groupes bénéficient des prestations des infirmiers.
Au vue de ce qui précède et devant cette
situation alarmante, des répercussions sont énormes sur le plan
social et scientifique en termes de problèmes dont font face les
différents acteurs. Ce qui justifie la motivation pour ce sujet de
recherche.
1.2 Justification du choix du sujet
Les progrès de la médecine améliorent la
qualité de vie et par conséquent l'espérance de vie de la
population. En prolongeant l'espérance de vie, ils favorisent le
vieillissement et les maladies chroniques. La prise en soin des personnes
atteintes de maladies chroniques interpelle la compétence de tous les
soignants. Ainsi, l'OMS fait de l'amélioration de la qualité de
vie des patients atteints d'affections chroniques, une priorité.
Pourtant, au cours de notre pratique,nous avons constaté un certain
nombre de situations à propos des patients dialysés qui ont
attiré notre attention dans le service de
néphrologie du CHUY à savoir : La mauvaise perception de la
dialyse par les patients et leur famille et la non implication des infirmiers
à l'ETP.
- La mauvaise perception de la dialyse par les patients et
leur famille. Les patients et leur famille pour diverses raisons ont une
mauvaise perception de la dialyse. Cette situation retarde la décision
du démarrage du traitement précipitant ainsi le
décès des patients.
- Les infirmiers s'avouent non concernés, voire non
habilités à éduquer la personne ou sa famille surtout
avant la 1ère séance de dialyse. Les personnes atteintes et leur
famille restent souvent sur leurs besoins d'informations et devront toujours
attendre le médecin pour recevoir des informations sur la dialyse.
Dans notre tentative d'apaiser le stress des personnes
malades, les infirmiers titulaires nous ont interpelé sur l'usurpationdu
rôle des médecins. Pour eux, dans la période de
consultation et de discussion avec le médecin pour l'institution de la
dialyse, l'infirmier ne peut pas s'en mêler. Pourtant il est l'acteur
principal dans l'éradication des deux premières situations que
nous avons évoquées précédemment. Il s'agit de la
mauvaise perception de la dialyse et la non implication des infirmiers à
l'ETP. C'est dans cette optique que l'ONI (2010, p. 17) déclare que
« la qualité et la diversité des interventions
proposées font des infirmiers de véritables tuteurs de
résilience ». Convaincue de cette position, Roland (2013,
p. 25) ajoute que l'ETP « fait partie intégrante du
rôle de l'infirmier dans le chemin clinique du
patient ».
Dans un environnement de maladie chronique, nous utilisons
l'ETP pour explorer le niveau d'adaptation des infirmiers. Notons que dans la
réforme des soins, l'OMS recommande l'intégration
systématique de l'ETP dans les pratiques.L'ETP aide les personnes
atteintes de maladies chroniques à devenir capables de prendre en soin
leur maladie, produisant ainsi des bénéfices en termes de
santé et financièrement. L'ETP abonde les pays surtout
développés et commence à faire envahir les pays africains
en général et au Cameroun en particulier. Cependant, de nombreux
soignants manquent de capacités requises pour éduquer leurs
patients (OMS, 1998). Les personnes vivantes avec les maladies chroniques ne
sont pas quotidiennement suivies par les soignants. Cette situation
amène l'infirmier à aider ces personnes à mobiliser toutes
leurs ressources pour faire face à la maladie au quotidien et à
prévenir les complications. Ainsi, Mathieu (2013, p.21), reconnait que
« L'infirmier(ère) a donc un rôle important à
jouer afin d'éduquer les personnes à risques et les
soutenir... ». La majorité des pays
développés a institué dans leur système de
santé, des structures de coordination de l'ETP. Les maladies chroniques
représentent la majorité des recours thérapeutiques. Le
but de l'ETP est de remettre entre les mains de la personne malade, la
responsabilité du maintien de sa santé, par l'utilisation de
moyens appropriés. L'éducation thérapeutique a aussi pour
but de réduire la dépendance du patient en lui permettant
d'intégrer son handicap à sa vie quotidienne. Les infirmiers
doivent se l'approprier comme le souligne Hesbeen, (1999, p. 4)
Aujourd'hui comme par le passé, la discipline
infirmière accorde plus d'importance à la promotion de la
santé qu'au traitement de la maladie. C'est ce qui explique pourquoi
elle s'intéresse aux connaissances liées au concept de soin
(care), qui est différent de celui de traitement (cure), relevant, lui,
de la médecine.
L'ETP est un rôle propre de l'infirmier. En France, le
rôle éducatif de l'infirmier est consigné dans la loi
Hôpital, Patient, Santé et Territoire (HPST du 21 juillet 2009,
à l'article L. 1161-1 du code de la santé publique comme
suit : « L'éducation thérapeutique s'inscrit dans
le parcours de soins du patient. Elle a pour objectif de rendre le patient plus
autonome en facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en
améliorant sa qualité de vie. Elle n'est pas opposable au
malade... ». Eduquer le patient représente aujourd'hui
une pratique indispensable de la thérapeutique. Mais, cette
éducation est difficile parce qu'il s'agit d'une véritable
formation devant aboutir à un transfert des compétences du
soignant vers le soigné. A cet effet, la personne malade est un apprenant
particulier, car elle est psychologiquement diminuée et physiquement
faible vu sa pathologie. Tous les infirmiers doivent faire de cette pratique
leur attitude quotidienne sans attendre le législateur, pour le bien de
la personne malade. Par ailleurs la majorité des patients du CHUY
à qui le médecin a proposé la dialyse l'ont refusé
de peur de mourir sous hémodialyse (Sonna, 2012). Les infirmiers sont
alors vivement sollicités dans cette situation angoissante pour le
patient. Cette relation entre l'infirmier et le patient dialysé pose
d'énormes problèmes.
1.3 Problème de la recherche
Lorsque la personne ou la famille à une mauvaise
perception de laMRC voire du traitement de suppléance (la dialyse),
l'itinéraire thérapeutique devient long et complexe etla prise en
soin de la personne et de la famille devient difficile. La personne et la
famille pensent habituellement que la dialyse est le démarrage d'un
compte à rebours vers la mort de leur proche. Dans la culture africaine,
toute maladie doit être curable. Ainsi, le concept de maladie chronique
est inexistant dans de nombreuses cultures africaines (Awah, 2006). S'adonner
à un traitement palliatif de suppléance dans le cas de la MRC est
un signe d'abandon. Ce qui justifie le retard de cette option qui n'est qu'un
dernier recours. Lorsque le traitement par la dialyse devient incontournable et
la décision prise à temps, la 1ère
séance de dialyse améliore l'état de santé du
patient. Devant cette situation, les infirmiers doivent s'impliquer dans
l'éducation des patients et des familles. Cet accompagnement favorise la
mise en confiance et l'acceptation de la dialyse. Etant convaincu de la dialyse
comme la solution adéquate, l'infirmier entretient une relation
thérapeutique efficace conduisant à une relation
éducative. Par contre les infirmiers ne s'investissent pas dans
l'éducation des bénéficiaires de la dialyse. Ce
résultat issu des constats suscite une curiosité scientifique sur
ce que les infirmiers pensent de l'ETP dialysé. La qualité des
soins dans les maladies chroniques dépend directement de la
capacité des patients à gérer quotidiennement leurs
maladies. Peu de soignants ont été formés à
l'éducation thérapeutique du patient et à l'organisation
des soins de longue durée (Assal & Golay, 1993). Selon ces auteurs,
les patients reconnaissent que les soignants formés à ces
compétences pédagogiques contribuent ainsi à :
· l'amélioration de leur qualité de vie et
à un meilleur contrôle de la maladie dans la
durée ;
· l'amélioration de la qualité des soins en
période de crise aiguë.
En améliorant l'autonomie du patient dans la prise en
soin de son affection et en renforçant ses compétences,
l'infirmier l'aide à maintenir ou à améliorer sa
qualité de vie et à favoriser le maintien d'activités
sociales (Ledey, Mette, & Gagnayre, 2006). C'est dans ce sens que Hesbeen
déclare que :
Nous observons d'une part une médecine
techno-scientifique brillante, audacieuse, performante et spectaculaire, et
d'autre part une population qui, au-delà de la réparation du
corps, attend plus d'attention à la singularité de chaque
personne. Cet écart est mentionné (parfois dénoncé)
par les associations d'usagers, qui utilisent volontiers à cet effet le
vocable fautes passives d'humanité (1999, p. 8).
En l'état actuel de nos connaissances, l'ETP n'est pas
formalisée dans le cas des MRC surtout dans les pays au sud du Sahara.
Les patients ne se contentent que des informations données par le
médecin pendant la consultation individualisée. Par contre dans
le cadre des autres maladies chroniques en générale surtout le
diabète et le VIH, beaucoup d'avancée sont à noter de la
part des soignants et des associations des patients. Pourquoi ne pas
l'implémenter en dialyse ? Pourtant, pour des raisons
d'insuffisance de connaissances, le retard de la dialyse entraine des
décès précoces. De même l'interruption des
séances de dialyse pour quelques raisons que ce soient au cours du
traitement, précipite le patient dans un désordre total. Ces
situations obligent les soignants à développer des programmes
d'ETP afin d'améliorer la qualité de vie des patients atteints de
MRC. L'infirmier est le professionnel le plus proche de la personne malade. Il
est sensé l'accompagner dans son expérience de maladie
(Kérouac, & al, 1994).
Dans le cadre des soins promotionnels et relationnels,
l'infirmier est tenu d'éduquer la personne en cas de MRC. Mais force est
de constater que dans certains hôpitaux, les infirmiers ne se sentent pas
concernés par l'ETP surtoutpendant la décision de ladialyse.
L'ONI, (2010, p. 36), fait remarquer dans ce sens que :
L'éducation thérapeutique a le vent en poupe
bien que peu de personnes savent vraiment ce que cette terminologie recouvre,
certaines la confondant même avec l'auto-soin. Véritable
démarche thérapeutique, elle comprend tout un panel
d'accompagnements et s'avère particulièrement adaptée aux
pathologies chroniques. Les infirmiers sont particulièrement bien
placés pour la mise en oeuvre de tels programmes. Mais s'ils
bénéficient des prérequis nécessaires, ilsdoivent
toutefois suivre des formations labellisantes.
Cela nous conduit à douter de la compétence de
ces infirmiers et de la qualité des soins qu'ils prodiguent dans la
prise en soin éducative des personnes dialysées. C'est dans cette
optique que Ledey, et al, (2006, p.31) sont arrivés à la
conclusion selon laquelle :
Les soignants doivent reconnaître les compétences
d'autogestion du patient. Leur formulation montre également que certains
patients ont développé des habiletés qui dépassent
le cadre de la gestion de la maladie tel que l'envisagent les soignants pour
allier la gestion des contraintes thérapeutiques et leurs projets de
vie. Ces compétences d'autogestion semblent peu reconnues, les patients
eux-mêmes l'explicitent peu et les professionnels ne s'y
intéressent pas systématiquement.
Ainsi donc, le problème est la faible implication des
infirmiers dans l'ETP dialysé tout le long des séances. Raison
pour laquellecette étude vise àcomprendre la perception des
infirmiers sur l'ETP.Faisant partie de l'équipe interdisciplinaire,
l'infirmier enrichi la démarche d'ETP en partageant ses approches dans
les domaines de la relation à l'autre, de l'information et de la
formation ainsi que ses capacités d'analyse et d'expertise. C'est ce que
nous allons présenter dans la problématique de la recherche.
1.4 Problématique de la recherche
La problématique, est définiecomme l'ensemble
construit, autour d'une question principale, des hypothèses de recherche
et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisi (Beaud,
2006).A ce stade du travail, le chercheur devrait disposer
déjà d'une bonne question de recherche et d'une connaissance
assez large du sujet d'étude (Nkoum, 2010).
Ce sujet de recherche qui s'intitule :la perception
del'ETP dialysé par des infirmiers, s'inscrit dans le champ des Sciences
Infirmières. Les sciences infirmières constituent une discipline
autour de laquelle s'organisent les connaissances scientifiques qui
définissent l'objet et les métaparadigmes (Dallaire, 2008). Elles
permettent des soins raisonnés et probants, gages de la qualité.
Dans ce champs disciplinaire, les soins infirmiers selon Virginia Henderson,
(cité par Winock & Cavignaux, 2003, p. 54), C'est ce qui
amène Hesbeen, (Op. cit., p. 13), à déclarer
que :
Le soin infirmier est une attention particulière
portée par une infirmière ou un infirmier à une personne
ou à ses proches en vue de leur venir en aide dans la situation qui est
la leur. Il comprend tout ce que ces professionnels font, dans les limites de
leurs compétences, pour prendre soin des personnes. Au regard de sa
nature, il permet de toujours faire quelque chose pour quelqu'un afin de
contribuer à son bien-être quel que soit son état.
En outre pour l'OMS (2002), la mission des soins infirmiers
dans la société est d'aider les individus, les familles et les
groupes à déterminer et réaliser leur plein potentiel
physique mental et social et y parvenir dans le contexte de l'environnement
dans lequel ils vivent et travaillent.L'éducation pour la santé
et l'éducation thérapeutique font donc partie intégrante
des actes professionnels de l'infirmier.Pour Perez (2011), l'infirmier de la
dialyse est unprofessionnel atypique et doit être exercée par des
personnes rigoureuses aimant les contacts humains et la communication.
La discipline infirmière se réfère
à cinq domaines de compétence à savoir : la clinique,
la gestion, la recherche, le politique et l'enseignement (Pepin,
Kérouac, & Ducharme, 2010). Ce sujet de recherche embrasse
essentiellement trois de ces domaines en l'occurrence la clinique, la recherche
et l'enseignement.
La clinique
Cette étude a pour ambition de comprendrela perception
des infirmiers de l'ETP dialysés. Ce diagnostic nous permettra de
renforcer le soin afin d'aider les personnes malades et leurs familles à
s'ajuster à leur situation difficile.La remédiation de cette
situation passe par une éducation. Aussi, Nkoum (2010, p. 55), n'a-t-il
pas réitéré que « pour faire face aux
nouvelles situations rencontrées dans son environnement, un individu,
l'infirmier doit constamment réajuster ses structures de
connaissances ». Les études ont montré que la
plus-part des patients qui ont observé le traitement de
suppléance (dialyse) pendant plus d'un an ont été
suffisamment informés ou ont un membre de la famille qui est personnel
de santé (Sonna, 2012). Ainsi, une bonne éducation pendant la
dialyse influence favorablement le pronostic de la maladie. Nous utilisons les
Soins Infirmiers (SI) dans une approche holistique pour comprendre l'attitude
éducative des soignants et plus particulièrement des infirmiers
sur l'ETP dialysé. C'est à ce sujet que réaffirme l'ONI,
(2010, p. 22),
Proche de la personne soignée et assurant une
présence permanente, l'infirmier est le coordinateur naturel de la prise
en charge des malades chroniques. Grâce à ses connaissances et
à son approche relationnelle, il répond aux attentes d'actes
techniques, aux besoins d'humanisation et de confort ainsi qu'à la
nécessité d'identifier les différents prestataires de
soins.
Une nouvelle preuve du caractère incontournable de
l'infirmière dans l'ETP a été démontrée
en Angleterre. En effet une étude anglaise montre que les
résultats de la prise en soin de l'arthrose par des infirmières
spécialisées est aussi bonne que celle assurée par
l'interne en terme de suivi clinique. Par contre les patients confiés
aux infirmières sont davantage satisfaits et mieux informés vis
à vis de leur maladie (Hill & al, 2010).
La recherche
La discipline infirmière est l'une des disciplines
où l'art et la science font bon ménage. La recherche est
considérée comme un moyen pour des connaissances scientifiques.
La recherche infirmière appartient en grande partie au champ de la
recherche dite « appliquée », qui vise à
trouver des solutions à des problèmes cliniques et induire des
changements dans la pratique des soins (Pepin, Kérouac, & Ducharme,
2010).Benner cité dans Pépin et al (2010) propose que la
recherche soit incorporée au rôle de l'infirmier clinicien qui
doit partir du « novice » pour atteindre
« l'expert ». Ceci nous conduit à prôner la
pratique basée sur les résultats probants (EBN2(*)).
L'enseignement
Le but de l'ETP dialysé serait de transférer les
compétences du « prendre soin » au patient et
à la famille pour une autonomie dans la gestion de la MRC à
domicile. C'est ce qui motivait Florence Nightingale à vouloir soigner
les personnes malades à domicile. Nous nous demandons si l'atteinte de
cet objectif ne passepas par la formation des soignants en
général et des infirmiers en particulier sur la maîtrise de
la pathologie et l'éducation des bénéficiaires dans la
transmission de cette compétence.
La gestion des maladies chronique est différente de
celles des aigues. Les maladies chroniques en général et
rénales en particulier nécessitent un auto-soin pour une
implication personnelle de la personne dialysée. La personnemalade passe
la majorité de son temps à domicile sauf en cas de crise ou de
complication. Ce qui fait que le personnel soignant a du mal à faire un
suivi rigoureux de l'observance thérapeutique. Lors des consultations,
lorsque les personnes malades ou leurs parents n'admettent pas que la MRC soit
incurable, la prise en soin devient difficile. Les parents exposent lapersonne
malade à d'autres traitements par rupture de confiance en la
médecine moderne.Les difficultés et le retard auxquels sont
exposés les soignants dans l'institution de la dialyse chez la personne
atteinte d'insuffisance rénale, nous amène à porter un
regard sur l'ETP.
Lapersonne malade et la famille doivent comprendre ce qu'est
la dialyse afin de faire un bon choix thérapeutique. A ce sujet, il faut
noter que la prise en charge médicale de la MRC ne se résume pas
à la dialyse. L'hygiène de vie et le régime alimentaire
doivent l'accompagner pour une efficacité dans le traitement.Le manque
de connaissance suffisante pour l'autogestion quotidienne de la MRC par la
famille rend pénible la prévention et l'anticipation des
complications.D'où le rôle des infirmiers de les éduquer
à une maîtrise de leur situation (Mathieu, 2013).Par contre les
études de Ledey, et al, (2006) montrent une nouvelle fois la
difficulté d'établir une relation authentique et de
compréhension mutuelle entre le patient et lesoignant.Cette relation
nécessite des infirmiers avertis. Ce point de vue est soutenu par l'ONI
(Op. cit. p. 9) lorsqu'il recommande que «Cet accompagnement
exigeant requiert donc des professionnels extrêmement bien formés,
à la fois aptes à effectuer des actes techniques pointus et
à assurer un accompagnement humain des plus
complexes ».
Toute proposition gardée, il a été
constaté pendant les stages au CHUY que le personnel infirmier ne
s'impliquait pas suffisamment dans l'ETP. Ce qui a conduit
àdéterminer la perception qu'ont les infirmiers sur l'ETP
dialysé.Afin d'analyser et de comprendre leur comportement, la
théoriede Human Caring, et la théorie de l'action
raisonnée sont convoquées.
Question générale de
recherche
Quelle est la perception des infirmiers du service
d'hémodialyse du CHUY sur l'ETP dialysés?
Questions
spécifiques
· Quelle perception des infirmiers du service
d'hémodialyse du CHUYont de l'importance de l'ETP
dialysé ?
· Quelle perception des infirmiers du service
d'hémodialyse du CHUY ont des acteurs de l'ETP dialysé ?
· Quelle perception des infirmiers du service
d'hémodialyse du CHUY ont du contenu de l'ETP dialysé ?
Objectif de recherche
Ce travail a pour objectif de déterminer la perception
des infirmiers du service d'hémodialyse du CHUY sur l'ETP
dialysés.
Objectifs
spécifiques
· Déterminer la perception que des infirmiers du
service d'hémodialyse du CHUY ont de l'importance de l'ETP
dialysés.
· Déterminer la perception que des infirmiers du
service d'hémodialyse du CHUY ont des acteurs de l'ETP
dialysés.
· Déterminer la perception que des infirmiers du
service d'hémodialyse du CHUY ont du contenu de l'ETP
dialysés.
Nous venons de présenter la problématique. Ce
sujet qui semble retenir l'attention des infirmiers et des organisations
infirmièresau plan national et international, doit avoir un
intérêt théorique et pratique.
1.5 Importance de l'étude
Ce sujet de recherche comprend deux intérêts
principaux à savoir théorique et pratique.
1.5.1 Importance théorique
La prise en soin individuelle des maladies chroniques au sein
de notre société s'appuie sur un transfert de compétence
proposé par l'ETP (Pierre, 2013). Cependant, de nombreux soignants
manquent de capacités requises pour éduquer lapersonne malade.
C'est pourquoi nous menons cette étude pour déterminer la
perception des soignants sur l'éducation aux personnes atteintes de MRC.
Les résultats nous permettrons de formuler des suggestions aux
institutions de soin et aux différents acteurs en santé.La mise
en oeuvre de ces suggestions permettra la satisfaction des
bénéficiaires. En effet, les personnes malades et leur proche
manifestent trois besoins à savoir ( Lefebvre & Levert,
2009) :
- le besoin d'information ;
- le besoin de la continuité des services ;
- le besoin d'avoir une relation satisfaisante avec les
intervenants.
La mise à disposition des suggestions facilitera la
satisfaction de ces besoins explicites et implicites.
1.5.2 Importance pratique
En 1998, l'OMS a mentionné dans son rapport un certain
nombre de pathologies pour lesquelles l'ETP serait bénéfique dont
la MRC. Cette étude a pour finalité d'aider les infirmiers
à renforcerleur capacité dans l'ETP dialysé. Ainsi, ils
pourront faciliter la prise de décision des personnes atteintes de MRC
pour améliorer leur vécu quotidien (Mathieu, 2013). Aussi Pierre
(2013) soutient-il que la politique nationale d'ETP permet une révision
des systèmes de soin par une approche moderne et efficace de la prise en
soin des maladies chroniques.
Cette étude se situe dans le cadre de la recherche et
de la prestation de soin. En effet, les personnes malades auxquelles la dialyse
a été proposée, l'ont refusée ou mieux l'ont
retardée. Cette situation s'explique par la perception qu'ils ont de la
dialyse et de la MRC.Ainsi, Sonna, (2012) suggère de donner suffisamment
d'informations sur la dialyse aux personnes atteintes avant le début du
traitement. L'ETP a réduit de 75% les admissions en milieu hospitalier
de patients souffrant d'asthme bronchique et réduit dans la même
proportion les cas de coma diabétique ainsi que le nombre d'amputations
de membres inférieurs (OMS, 1998). Les soins promotionnels rentrant dans
le rôle propre de l'infirmier, les résultats de l'étude lui
permettront de s'imprégner de son rôle dans l'ETP dialysé.
C'est dans cet ordre d'idée que Rogers déclare que l'infirmier
« apprend à être plus attentif, à mieux
accompagner le patient dans son parcours » (2009, p.126).
Plusieurs avantages sont à l'actif de l'ETP à
savoir :
ü l'effet thérapeutique de l'éducation de
lapersonne malade sur le contrôle de la maladie ;
ü du bon sens empirique à des programmes formels
de formation ;
ü le besoin de critères et normes de
qualité dans le soin.
Ce constat est confirmé par l'OMS, (1998, pp. 11-12)
quand ses experts déclarent que « les patients apprennent
à gérereux-mêmes leur maladie, mais les soignants devraient
utiliser l'éducation thérapeutique pour rendre les efforts de
leurs patients plus productifs ». Ce qui nous incite à
oeuvrer pour le renversement de cette situation.
Ainsi, ce sujet n'aurait d'intérêt
théorique et pratique que s'il est bien compris. Pour une meilleure
compréhension mutuelle entre les lecteurs, il sera procédé
à une clarification des concepts clés.
13
Chapitre II :Revue de la littérature, cadre conceptuel et
théorique
Dans
ce deuxième chapitre, il sera présenté la recension des
écrits, le cadre conceptuel et les théories mobilisées.
1.6 Revue de la littérature
Nous allons à travers ces lignes présenter les
résultats des recherches antérieures et la position de certains
auteurs par rapport à ce sujet d'étude.
1.6.1 Histoire de l'ETP
Ce concept a été développé selon
Martin et al (2009) à la fin du siècle passé et l'un de
ses pionniers est le Pr Assal, qui a dirigé un groupe de travail
mandaté par l'OMS sur ce sujet, publié en 1998. Le terme
thérapeutique est retenu car, à travers cette forme
d'éducation/information, un effet thérapeutique peut être
attendu. Cette approche a bousculé d'une certaine manière les
principes d'éducation des médecins qui se forment entre eux et
dont la tendance spontanée était de conserver leur savoir.
L'augmentation des maladies chroniques a été le catalyseur de
cette approche en raison de la nécessité d'une autonomie des
patients dans la surveillance et les soins.
1.6.2 Importance de l'ETP dans les
maladies chroniques
Dans sa thèse sur « Éducation
thérapeutique chez les patients en dialyse: impact de la mise en place
d'un programme d'éducation thérapeutique en auto-dialyse sur
l'adhésion thérapeutique, la qualité de vie et
l'état anxio-dépressif à partir d'une approche
transactionnelle », Idier en (1984) voulait évaluer l'impact
d'un programme d'éducation thérapeutique mis en place
auprès de patients en auto-dialyse. Le programme était
composé de cinq interventions collectives (représentations et
vécu de la dialyse, alimentation, protection de l'abord vasculaire,
prise des médicaments et satisfaction). 125 patients ont
participé à l'étude (64 dans le groupe expérimental
et 61 dans le groupe contrôle). Plusieurs issues (adhésion
thérapeutique, qualité de vie, état
anxio-dépressif) et variables médiatrices ont été
mesurées (connaissances, sentiment d'auto-efficacité,
stratégies de coping, etc.) avant le programme, à la fin du
programme éducatif et trois mois après. Les résultats
n'ont pas montré d'effet direct du programme sur l'adhésion
thérapeutique, la qualité de vie et l'anxiété. Par
contre, une augmentation des symptômes dépressifs a
été observée dans le groupe expérimental, sans
induire d'état dépressif. Des analyses de médiations ont
précisé que l'augmentation des connaissances sur l'abord
vasculaire expliquait l'effet de l'éducation thérapeutique sur
les symptômes dépressifs. Les résultats ont
également montré que le sentiment d'auto-efficacité
vis-à-vis du suivi des recommandations alimentaires diminuait chez les
patients du groupe expérimental à la fin du programme. Des
analyses supplémentaires ont indiqué que ce changement
prédisait d'autres évolutions comme la diminution de
l'adhésion thérapeutique et une augmentation de
l'anxiété. Ces principaux résultats montrent la
nécessité d'améliorer les interventions d'éducation
thérapeutique auprès des patients en dialyse en adaptant la
transmission des connaissances au quotidien et en travaillant davantage sur
l'amélioration du sentiment d'efficacité personnelle et aussi les
stratégies de coping, c'est-à-dire d'avoir une action plus
ciblée sur les variables médiatrices.
L'OMS a conduit une recherche en 1998 sur le thème
« Éducation thérapeutique du patient ». De
ses résultats il ressort que l'ETP aide les personnes souffrant de
maladies chroniques à devenir capables de prendre en charge leur
maladie. Cependant, de nombreux soignants manquent des capacités
requises pour éduquer leurs patients. C'est la raison pour laquelle le
Bureau Régional Europe a réuni un groupe de travail afin de
préparer un document spécifiant le contenu des programmes de
formation pour soignants en éducation thérapeutique du patient.
Il comprenait des médecins, des infirmiers, d'autres soignants et des
éducateurs des pays de la Région Européenne. Le groupe a
réalisé un document qui définit l'éducation
thérapeutique du patient, spécifie les techniques qui doivent
être enseignées aux patients souffrant de maladies chroniques, et
décrit le contenu et la structure de plusieurs programmes
d'éducation thérapeutique du patient, de complexité
croissante. Il a également identifié les obstacles à
surmonter et a recommandé des actions à entreprendre par les
institutions de soins, les éducateurs, les pays, l'OMS. et ses centres
collaborateurs, ainsi que les industries de la santé, les assureurs de
santé et les médias.
Martin et al(2009) dans une recherche sur « Prise en
charge du patient insuffisant rénal : intérêt d'une
approche éducative complémentaire au suivi
médical » a montré l'importance de l'ETP.
L'insuffisance rénale chronique demande une prise en charge complexe,
surtout lorsqu'elle nécessite un traitement de substitution. Un suivi
médical très strict est essentiel mais ne suffit pas pour offrir
des soins optimaux. Une approche éducative donne aux patients des moyens
supplémentaires pour gérer cette maladie chronique. A travers
cette approche, les soignants les aident à s'approprier la maladie afin
de mieux la vivre au quotidien. L'éducation thérapeutique a donc
toute son importance dans cette prise en charge centrée sur le patient,
et pour laquelle il est également utiliserl'apprentissage par les pairs
et un journal d'information.
En 2012, Younous a montrer l'importance de l'ETP
dialysé dans sa thèse « Éducation
thérapeutique de l'adulte en insuffisance rénale chronique
avancée ». Les patients déclarent avoir rarement
reçu des notions sur leur maladie, notamment l'administration des
médicaments, la diététique et les risques encourus. Aussi,
les médecins du service ont jugé que l'éducation
thérapeutique est très importante dans la prise en charge de
l'insuffisance rénale chronique. Cet avis est partagé avec les
patients et leurs entourages.
1.6.3 Acteurs de l'ETP
Pour Martin et al (2009)chaque néphrologue, ou soignant
en néphrologie, pratique d'une manière plus ou moins
structurée l'ETP. Nous y voyons là plusieurs raisons. La
première est historique. La deuxième réside dans la
confusion des missions de l'équipe soignante en néphrologie.
Contrairement à beaucoup d'autres maladies chroniques, l'aspect
technique prédomine dans la profession. Chaque hémodialyse
transforme, le temps de la séance, le patient chronique en patient aigu.
Il est alors facile pour le soignant de le traiter comme tel et d'éluder
tout l'aspect chronique de la maladie. On demande d'ailleurs aux soignants en
néphrologie de très grosses connaissances techniques qui laissent
peu de place à la formation sur les maladies chroniques.
Néanmoins, chaque soignant en néphrologie a un rôle dans
l'éducation thérapeutique des patients insuffisants
rénaux. Il nous paraît essentiel que dans chaque équipe, il
existe des personnes référentes pour la prise en charge de la
maladie dans sa chronicité. Dans le service, deux infirmières
sont formées en éducation thérapeutique et elles
participent au programme.
Lino, dans une étude menée au Brésil en
2013, a abouti aux conclusions selon laquelle :
· si la prise en charge précoce des patients par
le néphrologue permet d'améliorer les paramètres cliniques
et biologiques à leur arrivée en dialyse, les consultations
médicales telles quelles sont faites ne permettent pas aux patients
d'acquérir des connaissances précises sur leur maladie ni
d'envisager l'avenir avec la dialyse ;
· les patients incriminent la durée trop courte
des consultations et le langage employé par les médecins. Enfin,
même les patients ayant rencontré plusieurs médecins sont
insuffisamment informés, et la prise en charge par tel ou tel
médecin n'explique pas le manque de connaissance des patients.
1.6.4 Différentes approches
utilisées dans l'ETP
Lacroix (1996), avait présenté une étude
sur « Approche psychologique de l''Education du Patient : obstacles
liés aux patients et aux soignants ». Dans ces
résultats, elle ressort que l''éducation du patient doit avoir
une portée thérapeutique, afin de ne pas se «perdre»
dans la richesse des Sciences de l'Education. Elle doit permettre au patient de
mieux se soigner et prendre en charge son état de santé. Cette
portée thérapeutique est le point d'ancrage par rapport à
tout ce que les soignants ont envie d'entreprendre auprès des patients
et de leur entourage.
L'éducation thérapeutique est beaucoup plus
qu'une simple transmission de l'information. Celle-ci ne suffit pas ; par
exemple les fumeurs savent que le tabac tue mais ils n'arrêtent pas de
fumer pour autant. Pour arrêter de fumer, il faut être
motivé. En dialyse, c'est pareil : il faut se poser la question de
savoir ce qui peut motiver le patient à commencer la dialyse, à
prendre ses médicaments ou à se restreindre de boire. Ça
ne marche que si c'est le patient qui décide (Martin & al, 2009).
Lethuillier (2010) a mené une étude sur
« Education thérapeutique - Le rôle de
l'infirmière pour favoriser l'observance chez le patient
dialysé ». Elle a à travers cette étude
montré que l'impact de la mise en dialyse sur les patients insuffisants
rénaux requière chez l'infirmier des compétences
éducatives, pédagogiques et relationnelles. Il est important de
suivre le parcours de vie du patient pour mieux l'accompagner et favoriser
l'observance thérapeutique.
De même, Raynal-Raschilas en 2011 a planché sur
« Un programme éducatif à l'échelle d'une
association de dialyse ». Dans une recherche qualitative l'auteur
s'est entretenu avec 11 patients dialysés avec une revue documentaire,
l'auteur retient un certain nombre d'actions à entreprendre pour la
réussite de l'ETP. Il s'agit de mettre en place un espace de
négociation entre le soignant et le patient. Il faut prendre en charge
le patient dans sa globalité et intégrer l'ETP dans les soins.
« Avant de m'occuper de ce que le patient fait avec sa maladie, je dois
m'occuper de ce que ça lui fait d'avoir sa maladie » nous a dit
Deccache. Aussi, faut-il préciser les représentations des uns et
des autres, prendre le temps notamment de définir les siennes et
d'instaurer une réelle alliance thérapeutique. Il conclut que
dans le domaine de la dialyse où la problématique de la
dépendance est au premier plan, l'éducation thérapeutique
a toute sa place.
Dans sa recherche sur « Insuffisance rénale
chronique sévère : quelles spécificités, quelle
éducation pour les patients. Elaboration d'un programme
d'éducation des patients insuffisants rénaux arrivant au stade de
la préparation à la dialyse et à la greffe »,
Lino en (2013) a mis l'accent sur la posture à adopter dans l'ETP
dialysé. Ses travaux avaient pour but de proposer une solution
éducative permettant de donner l'opportunité aux patients
insuffisants rénaux chroniques sévères, y compris à
ceux les plus fragiles, d'acquérir les connaissances et
compétences nécessaires pour gérer au mieux leur parcours
de soin dans le respect de leur identité et de leurs projets de vie. A
travers une méthode qualitative, l'auteur a fait des constats. Pour lui,
du fait du vécu de ces patients, ces moments éducatifs sont
riches en émotions qu'il faut accueillir avec délicatesse. Cela
oblige les infirmiers à développer des compétences
particulières dans l'accompagnement du cheminement des patients, dans la
gestion du groupe, mais aussi dans la mise en oeuvre de l'évaluation qui
doit être respectueuse de la norme du patient. Ce programme d'ETP, mis en
oeuvre par une équipe pluridisciplinaire de soignants de l'insuffisance
rénale à tous ses stades, cherche à aider les patients
à cheminer dans ce moment délicat. Il alterne des temps
individuels et collectifs conçus en s'appuyant sur une analyse des
besoins éducatifs faite au préalable.
1.6.5 Compétences attendues des
patients dans leur éducation
Dans une étude intitulée « Besoins et
compétences des patients dialysés en centre dans la gestion de
leur maladie et de leur traitement dans leur vie quotidienne : points de vue
croisés entre les patients et les soignants », par Ledey,
Mette, et Gagnayre en 2006, l'importance de l'ETPy est soutenu. En effet, ce
travail avait pour but d'apprécier selon les points de vue des patients
hémodialysés chroniques et des soignants, les besoins et les
compétences pour gérer leur maladie et leur traitement au
quotidien. A l'aide de guides d'entretien semi-directif, l'un destiné
aux patients, l'autre aux professionnels, les auteurs ont interrogé 12
patients et 12 professionnels d'un même centre d'hémodialyse. Les
résultats montrent qu'il existe un décalage dans la perception
des besoins et des compétences selon qu'ils sont exprimés par les
soignants ou par les patients. D'une manière générale, les
besoins et les compétences exprimés par les soignants portent
plus sur la maladie et son traitement dans une perspective bioclinique et
insuffisamment dans une perspective psychosociale, alors que ceux
exprimés par les patients sont orientés vers les mesures qui leur
permettent une meilleure qualité de vie notamment par l'adaptation de
certaines contraintes imposées par la thérapeutique.
1.6.6 Obstacles à l'ETP
Sur le chemin de l'éducation des patients, Lacroix
(1996) déclarait quenous allons rencontrer des obstacles tant de la part
du patient que du soignant. D'une façon quasi générale, la
logique des soignants tend à adapter le patient à sa maladie,
alors que le patient souhaite plutôt adapter sa maladie et surtout son
traitement à son mode de vie. L'auteur recommande qu'il faut
réfléchir à la manière de travailler avec ces
obstacles.
Le manque de temps pour la pratique de l'éducation
thérapeutique était la principale difficulté en suite le
manque de supports pédagogiques pour la pratique et en fin la non
adhésion des patients à l'éducation thérapeutique.
Telles sont les difficultés retenues par Younous (2012).
Aussi, Sonna en 2012 a-t-elle abordé le
« Vécu de la dialyse par des personnes atteintes
d'Insiffisance Rénale Chronique au Centre Hospitailier Universitaire de
Yaoundé ». Dans cette étude qualitaive qui a
concerné 12 patients dialysés, elle est aboutit aux
résultats suvants : les patienst sont stigmatisés et
isolés, la dialyse est un traitement contraignant, elle entraine des
changements dans la vie du patient sur le plan physique, psychologie,
socioculturel, économique et sanitaire.
De toutes les études qui précèdent, il
ressort que les aspects liés à l'importance, les acteurs, les
méthodes, le contenu et les obstacles de l'ETP sont abordés. En
l'état actuel de nos recherches, les écrits mettant l'accent sur
la perception des infirmiers sur l'ETP dialysé sont rares. Au Cameroun
où l'ETP fait son entrée dans les pratiques soignantes, cette
étude vise à déceler ce que pensent les infirmiers sur ces
différents aspects.
Arrivée au terme de la revue documentaire, nous allons
élucider les concepts clés afin de faciliter la
compréhension de l'étude.
1.7 Cadre conceptuel
1.7.1 Déroulement des concepts
clés
Nous voulons à travers ces paragraphes donner sens aux
concepts clés dela question de recherche.Comme le dit Nkoum (2010, p.
96) « Le sens d'une phrase est l'idée qu'elle cherche
à exprimer ». Ainsi, nous allons aborder les concepts de
perception, d'éducation thérapeutique et de patient
dialysé.
1.7.2 Perception
La perception est comprise comme l'image de la
réalité que se fait un individu, la conscience qu'il a des
objets, des personnes et des évènements.Selon le Nouveau Petit
Robert (2008), la perception signifie la connaissance, l'intuition surtout
l'impression que l'on a de quelque chose. Il s'agit également du fait de
subir une action et d'y réagir. C'est dans ce sens que Lanlande (2003)
considère la perception comme le fait de subir une action et d'y
réagir d'une manière adaptée. Claparède fait une
distinction entre la perception et la représentation même si elle
subit l'influence de cette dernière(Lalande, 2006). La perception que
l'infirmier a, dépend du groupe social auquel il appartient. Chaque
infirmier cherche à donner sens à ces activités. La
recherche du sens se situant dans le paradigme de la complexité,
prône une ouverture d'esprit. Le sens est une expression de
l'évènement qui est un médiateur entre les hommes et le
monde constituant ainsi un perpétuel questionnement des
évènements. Le sens est donc ce que l'on veut retenir d'un
évènement ou d'un énoncé (Nkoum, De
l'évaluation scolaire à l'évaluation des pratiques
professionnelles en santé, 2010).
Elle suppose que les cognitions des percevants (donc, en
particulier, leurs jugements sociaux) ne peuvent être comprises qu'en
tenant compte de leurs intentions, motivations et objectifs(Hirschauer -
Rohmer, 2009).La perception sociale est déterminée non seulement
par les informations dont dispose le percevant ou par ses capacités
cognitives, mais aussi par ses motivations, ses valeurs sociales et ses
objectifs d'interaction.Le rapport entre la perception de l'ETP etla
représentation sociale de cette dernière est exprimé en
termes de dualisme entre la conscience de l'infirmier et la connaissance qu'il
a de l'ETP transmise par les institutions et les lectures.Par ailleurs,
« notre perception d'un problème, dépend de la
façon dont nous infirmières, choisissons de les
voir » (Wright & Leahey, 1995, p. 33). La perception que
l'infirmier a de l'ETP et des problèmes liés à cette
pratique détermine les interventions, les investissements et
l'engagement de ce professionnel au côté de la personne
dialysée. Ainsi, il existe des perceptions différentes d'un
même problème alors que ces perceptions sont pourtant valables
(Op. cit.).
C'est à ce titre que Tsafack (2013) a reconnu que pour
étudier un rôle professionnel particulier, le concept de
représentation sociale est fondamental. Ceci tient compte de
l'environnement professionnel, de la formation initiale et
expérientielle ainsi que du contexte organisationnel. Il termine en
ajoutant que le concept de représentation sociale permet de comprendre
comment les connaissances, les croyances et les visions professionnelles
façonnent un rôle particulier. Ainsi, la perception sociale des
infirmiers est déterminée non seulement par les connaissances
dont ils disposent ou par leurs capacités cognitives, mais aussi par
leurs motivations, leurs valeurs sociales et leurs objectifs d'interaction.
Faisant partie de la société, l'infirmier doit dans tous les cas
se conformer aux normes morales, juridiques, et culturelles de cette
société. Wright et Leahey (1995) retiennent que lorsque
l'infirmier ne conçoit pas les problèmes humains selon une
perspective systémique, il fonde alors ses perceptions sur une
conception de la réalité complètement différente,
puisqu'il s'appuie sur des postulats théoriques différents. Ces
postulats théoriques différents s'opposent à une vision
plus juste ou plus exacte des problèmes.
Dans le cas d'espèce, il s'agit de ce que pensent les
infirmiers, leur jugement et leur point de vue sur l'éducation des
patients dialysés.
1.7.3 Éducation
Thérapeutique
Plusieurs termes s'apparentent à ce concept. Les plus
fréquents sont : éducation du patient, éducation
thérapeutique et éducation thérapeutique du patient. Ces
syntagmes, qui renvoyaient à des conceptions spéci?ques de
l'éducation dans le champ de la santé, ont été
opposés durant plusieurs années par des auteurs. Ils sont
aujourd'hui considérés comme des synonymes.
L'ETP désigne des activités organisées et
planifiées, réalisées dans le cadre de la relation de
soins, et visant l'apprentissage par la personne malade de savoirs et de
comportements lui permettant de mieux gérer sa maladie et sa vie
(Deccache, 1989).
Selon l'OMS (1998, p. 20), l'ETP « vise à
aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences
dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie
chronique ».
Selon ses experts, c'est un processus continu,
intégré dans les soins et centré sur la personne malade.
Il comprend des activités organisées de sensibilisation,
d'information, d'apprentissage et d'accompagnement psychosocial.Ainsi, elle
concerne la maladie, le traitement prescrit, les soins, l'hospitalisation et
les comportements de santé/maladie des personnes malades. Ces deux
définitions se rejoignent parfaitement et mettent l'accent sur le soin
à la personne malade, l'objet même des soins infirmiers. C'est
dans ce sens que l'OMS ajoute qu'elle vise à aider la personne malade et
ses proches à comprendre la maladie et le traitement, coopérer
avec les soignants, vivre le plus sainement possible et maintenir ou
améliorer la qualité de vie. L'éducation devrait rendre la
personne malade capable d'acquérir et maintenir les ressources
nécessaires pour gérer de manière optimale sa vie avec la
maladie. Abordant dans le même sens, d'Ivernois et Gagnayre (2011)
soulignent que l'ETP est une nécessité
épidémiologique, thérapeutique, économique mais
également éthique. Dans la suite nous allons aborder les acteurs
de l'ETP, les approches, le contenu et les obstacles de l'ETP.
Intervenants concernés par l'ETP
Plusieurs acteurs professionnels sont impliqués dans
l'ETP et selon Roland (2013), ils peuvent intervenir tout au long du chemin
clinique de développement du patient afinde l'aider à
acquérir des connaissances et des compétences. Tous les agents de
santé, les autres professionnels, les proches de la personne malade mais
surtout l'infirmier dans une approche interdisciplinaire, doivent
également accompagner le patient dialysé (Volle, 2007). Nous
voulons faire une nuance entre la pluridisciplinarité et
l'interdisciplinarité.
Dans une approche pluridisciplinaire, plusieurs disciplines
sont réunies sans qu'il n'y ait une intégration ou une
synthèse collective de l'information. Il en résulte en
général une simple juxtaposition des données produites par
chaque discipline (Dabrion, 2013).
Un travail interdisciplinaire est un processus dans lequel on
développe une capacité d'analyse et de synthèse à
partir des perspectives de plusieurs disciplines. Il tente de
synthétiser et de relier le savoir discipline et de le placer dans un
cadre systémique plus large. Les soignants doivent s'investir
personnellement à partir d'un projet d'équipe afin de rendre
possible un travail en interdisciplinarité (Op. cit.). C'est
cette dernière approche qui convient dans l'ETP et qui engendre un autre
concept de collaboration. Selon Dabrion (Op. cit., p.211), c'est
« un processus interprofessionnel de communication et de prise de
décisions permettant aux connaissances et aux aptitudes distinctes et
communes des fournisseurs de soins de santé d'influencer de façon
synergique les soins prodigués aux patients ou aux
clients » L'infirmier ne peut prétendre réussir
l'ETP dialysé s'il ne collabore et ne coordonne l'intervention des
autres prestataires de soins.
· Professionnels de santé
Tous les professionnels de santé sont concernés
par l'ETP. Ils doivent proposer aux personnes atteintes de maladie chronique la
possibilité d'en bénéficier. C'est l'occasion pour le
soignant de rentrer en relation avec la personne et de mieux la
connaître. La mise en oeuvre de l'ETP exige une équipe
pluridisciplinaire et dépend de la personne malade (HAS-INPES, 2007).
Toutefois « le soignant doit être éducateur au sens
fort, c'est-à-dire doué de cette empathie qui n'est que la
capacité à sortir momentanément de soi. Non seulement de
son quant-à-soi social et professionnel, mais aussi de ses
schémas habituels de pensée, de son mode de raisonnement, pour
accéder à ceux de l'autre » (Lorto & Moquet,
p. 43)
Par contre, une formation à l'ETP est indispensable
pour la prise en soin éducative efficace de la personne. Ainsi, la
HAS-INPES (2007) reconnait que cette formation peut être initiale,
continue ou par expérience. En effet elle souligne que le soignant doit
posséder les compétences dans les domaines suivants :
Compétences relationnelles : Communiquer de
manière empathique, recourir à l'écoute active, choisir
des mots adaptés, reconnaître les ressources et les
difficultés d'apprentissage, permettre au patient de prendre une place
plus active au niveau des décisions qui concernent sa santé, ses
soins personnels et ses apprentissages. Soutenir la motivation du patient, tout
au long de la prise en soin de la maladie chronique.
Compétences pédagogiques et d'animation :
Choisir et utiliser de manière adéquate des techniques et des
outils pédagogiques qui facilitent et soutiennent l'acquisition de
compétences d'autosoins et d'adaptation, prendre en compte les besoins
et la diversité des patients lors des séances d'ETP.
Compétences méthodologiques et
organisationnelles : Planifier les étapes de la démarche d'ETP
(conception et organisation d'un programme individuel d'ETP
négocié avec le patient, mise en oeuvre et évaluation),
recourir à des modalités de coordination des actions entre les
services et les professionnels de santé, de manière continue et
dans la durée.
Compétences biomédicales et de soins : Avoir une
connaissance de la maladie chronique et de la stratégie de prise en
charge thérapeutique concernées par le programme d'ETP,
reconnaître les troubles psychiques, les situations de
vulnérabilité psychologique et sociale.
Par ailleurs, selon Lorto et Moquet (2009), la posture
éducative concerne tous les professionnels intervenant dans le champ de
la santé. Elle renvoie à une posture d'écoute et
d'accompagnement cognitif et psychosocial dans la relation avec le patient,
dans le but de lui permettre d'acquérir des compétences
d'adaptation à la maladie et des compétences d'autosoins. Elle
est différente de l'ETP qui est une approche organisée et bien
structurée par une équipe.
· Infirmier
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
définit une infirmière comme « une personne ayant suivi
un enseignement infirmier de base, est apte et habilité à assumer
dans son pays la responsabilité de l'ensemble des soins infirmiers que
requièrent la promotion de la santé, la prévention de la
maladie et les soins aux malades » (OMS, 1966, p. 9). De ce fait,
l'infirmier après sa formation est reconnu par la législation de
son pays. Par contre cette définition est un peu superficielle et ne
clarifie pas ce que fait réellement l'infirmier. Selon Kérouac et
al (1994, p.58), l'infirmière est un professionnel qui
« assure une présence continue auprès de divers
clientèles et doit faire preuve, en tout temps, de sollicitude, de
dépassement pour accompagner les personnes tant dans des situations
heureuses que dans la douleur, l'angoisse, l'incapacité et souvent la
mort ». Kérouac et al ont planté le décor
dans une approche paradigmatique que nous dirons transformationnelle. Toutefois
toutes les écoles de pensée définissent l'infirmier soit
dans son identité, dans sa fonction ou dans sa manière de faire.
Leur définition se complète par celle de Magnon & al (1995,
p. 100) qui stipule que :
L'infirmière est unepersonne qui en fonction des
diplômes qui l'y habilitent donne habituellement des soins infirmiers sur
prescription ou conseil médical ou bien en application du rôle
propre qui lui est dévolu. En outre, elle participe à
différente action notamment en matière de prévention,
d'éducation de la santé et de formation ou d'encadrement.
Au Cameroun l'infirmier est définit selon la loi No
84-009 du 5 décembre 1984 portant réglementation de l'exercice
des professions d'infirmiers, de sage-femme, de technicien médico
sanitaire. Ainsi, à son article premier il définit l'infirmier
comme toute personne qui est titulaire du Diplôme d'Etat d'Infirmier ou
de tout autre titre reconnu équivalent par l'Etat pour exercer la
profession.
En somme, restant dans le cadre de l'étude et selon la
législation camerounaise, l'infirmier est ce professionnel de
santé habileté à donner des soins holistiques à la
personne/la famille et de développer une présence
utile.Parallèlement à Adam, Allen, propose un rôle plus
élargi à l'infirmier. Elle a développé une
représentation de la pratique infirmière qui a comme principe le
maintien et le renforcement de la santé de la famille en l'engageant
activement dans un processus d'apprentissage (Ibid). Adam
démontre que « La vision du service rendu par
l'infirmière anime ses décisions quant au choix des interventions
non déléguées par le corps médical, quant à
la relation infirmière-patient, quant aux méthodes de
travail » (Op. cit.)
Les infirmiers constituent le personnel soignant le plus
nombreux au monde. Leur contribution réelle et potentielle à la
gestion de la maladie chronique est sous-estimée et sous-employée
(OMS, 1998). De façon particulière, l'infirmier est le plus
concerné par l'ETP. Il doit être le coordonnateur de cette
activité au sein de cette multitude d'acteurs (ONI, 2010). L'infirmier
est le mieux placé pour jouer ce rôle de coordination dans son
rôle d'accompagnement de la personne. C'est dans ce cadre que Mathieu
(2013, p. 21) reconnait l'habilité des infirmiers en ce sens que
« L'infirmier(ère), en mettant l'accent sur la place
centrale et le rôle actif que doit avoir le patient face à sa
maladie, l'aide à mettre en pratique ses connaissances et à
trouver des stratégies d'adaptation.... l'infirmier(ère) sera
donc perçue(e), par le patient, comme un guide qui l'accompagne et le
soutient ». L'ETP depuis sa conception jusqu'à sa mise en
oeuvre doit se faire avec l'infirmier. Elle fait donc partie intégrante
des actes professionnels de ce dernier. Toutefois, elle s'organise en
interdisciplinarité voire en transdisciplinarité et l'infirmier
en est le pivot central (Roland, 2013). L'infirmier est le gestionnaire du
dossier du patient, lequel doit porter la trace écrite des actions des
professionnels de santé intervenant sur le patient et surtout dans
l'ETP. En l'occurrence des synthèses du diagnostic éducatif
initial et actualisé, de l'évaluation individuelle de l'ETP, des
décisions prises avec le patient et les interventions
réalisées. Lacroix et Lassal (2011) soutiennent par ailleurs que
la « culture » infirmière est marquée par des
références plus larges que la physiopathologie. De ce fait, les
soins directs curatifs ou d'hygiènes prodiguées aux patients
orientent les infirmiers vers une approche centrée sur la personne du
patient.
· Autres professionnels
Plusieurs collaborateurs de l'infirmier peuvent intervenir
pour faciliter la mise en oeuvre de l'ETP. Dans le paradigme de la
transformation, l'ETP doit adopter une approche interdisciplinaire.
Néanmoins leur intervention nécessite une coordination et une
transmission d'information. Selon la HAS-INPES (2007), la coordination autour
du patient et avec lui, est un processus conjoint d'analyse de la situation et
de prise de décision qui fait appel, à chaque étape de la
démarche éducative :
- la mise en commun des informations dont disposent le patient
et l'ensemble des professionnels impliqués dans la prise en charge de la
maladie chronique ;
- la prise en compte des fonctions et de l'expertise de chaque
professionnel ;
- la planification des activités et la gestion des
ressources ;
- l'évaluation individuelle du patient et du
déroulement de son programme ;
- la communication entre les acteurs, etc.
Chaque professionnel de santé intervenant dans l'ETP
doit pouvoir prendre connaissance des informations, et les enrichir dans le but
de favoriser la continuité des soins et l'atteinte des objectifs.
· Associations/ONG
En Australie, Osborne et al (2009), ont reconnu que ce sont
principalement les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui contribuent
à l'éducation du patient. Les associations de patients peuvent
participer activement à l'ETP afin d'informer, d'orienter, d'aider, de
soutenir le patient et ses proches (HAS-INPES, 2007). Elle contribue à
la démarche éducative par :
- un partage d'expériences de la maladie ou des
traitements ;
- un relais des messages délivrés par les
professionnels de santé ;
- un échange sur les préoccupations
quotidiennes, la résolution de problèmes et les ressources
disponibles.
· Patient/famille
Dans le paradigme de la transformation, les personnes malades
comme des « producteurs de santé »
opèrent des choix thérapeutiques (d'Ivernois & Gagnayre,
2011, p. 3). Les patients dans leur situation de chronicité,
s'informent, se forment et se transforment. Ils intègrent et modifient
les pratiques des soignants. Ceci en est de même que la famille qui est
le cadre de vie de la personne malade car « en étant mieux
informée, lafamille peut encourager le patient et comprendre ses
efforts » (Mathieu, 2013, p. 22). Nous pouvons ainsi
déclarer qu'il s'est produit une révolution copernicienne en
santé. En effet le soignant qui était au centre des soins s'est
vu détourner de cette position avec la chronicité mettant ainsi
la personne malade au centre des soins (Lacroix & Assal, 2011).
Au sortir de l'exploration des acteurs, nous retenons que la
prise en soin globale du parcours des patients et plus particulièrement
l'investissement éducatif implique un regroupement de plusieurs
expertises. Chaque intervenant doit être en lien direct avec l'infirmier
(Roland, 2013). Nous allons à travers le tableau ci-après faire
une comparaison entre les différents acteurs de l'ETP.
Tableau I : Tableau
synthétique déduit de la présentation de Flora
L.
Acteurs
Dimensions
|
Infirmier/Autres professionnels
|
Patient/Association
|
Modèle
|
Biomédical
Global
Articulatoire
|
Expérientiel
|
Intelligence
|
Rationnelle
|
Emotionnelle
|
Logique
|
Efficacité
Guérison
|
Appropriation
Acceptation
|
Nécessité
|
Intervention
|
Accompagnement
|
Rapport
|
A la douleur
|
A la souffrance
|
Référent
|
Universel
|
Spécifique
|
Source (Flora, 2012).
Approches
pédagogique en ETP
Pour Moutet, cité dans Vincent et al (2009, p. 93)
« le professionnel de santé qui ouvre son regard sur les
patients et leur vécu perçoit une complexité et une
richesse inouïe ». La véritable question est de savoir
quelle approche devrait utiliser le soignant pour exploiter cette richesse et
concevoir des programmes éducatifs qui aient du sens pour le patient
?
La personne (et non pas le malade ou le patient) doit
être au centre de toute approche. C'est dans ce sens que Lorto et Moquet
(2009, p. 41) déclarent que « Tout comme la
capacité d'enseigner ne s'exerce que si celui qui enseigne est sorti de
la prison du quant-à-soi. Apprendre, c'est se construire. Tant que le
désir de vivre du patient est pris dans des contradictions qui le
ruinent, jamais le moindre chantier ne pourra voir le jour ».
Ainsi toute approche doit tenir compte de la personne de façon
holistique sur le plan familial, culturel, social. Cela signifie qu'il faut
considérer les dimensions environnementales, psychologiques ou
sociologiques. La personne dialysée n'est pas toujours
hospitalisée mais vit dans son milieu familial et social. Le
professionnel doit pouvoir convoquer les différentes approches
éducatives disponibles en ETP. Quelle que soit l'approche
adoptée, les personnes et les proches veulent une approche de soins
centrée sur eux, que les professionnels soient à l'écoute
de leurs besoins et de ce qu'ils vivent ( Lefebvre & Levert, 2009).
Nous allons aborder dans un premier temps les quatre approches
retenues par Lefebvre et Levert (op. cit.). Il s'agit ici de l'approche
centrée sur la personne et son projet de vie, le modèle
écosystémique, l'approche ré?exive et l'approche de
partenariat.
· Approche centrée sur la personne et son projet
de vie
L'approche centrée sur la personne vise l'acquisition
de compétences par la personne, afin qu'elle puisse prendre en charge de
manière active sa situation et qu'elle prenne les meilleures
décisions pour elle-même ( Lefebvre & Levert, 2009). Dans
cette approche selon l'auteur, il y a une reconnaissance mutuelle de
l'expertise de chacun (le savoir disciplinaire de l'intervenant et le savoir
particulier de la personne en regard de sa situation de vie) qui est mise
à profit en vue de l'actualisation du but commun : Le projet de
vie. La planification par étapes proposée par Lorto et Moquet
(2009) est un cadre logique et cohérent pour l'action des professionnels
de santé. Chacune des quatre étapes recommandées s'inscrit
dans la continuité de la précédente.
- La première étape est l'identification des
besoins de chaque patient, dont ressortiront, au moyen d'un diagnostic
éducatif, les composantes pédagogiques, psychosociales et
biomédicales. Il faut éviter de poser le diagnostic dans une
posture médicale et paternaliste mais de façon consensuelle en
tenant comptant de l'avis de la personne.
- La seconde étape consiste à formuler avec le
patient les compétences à acquérir ou à mobiliser
et à maintenir au regard de son projet, de la stratégie
thérapeutique et de ses priorités. Il faut alors négocier
avec lui afin de planifier un programme personnalisé d'ETP, de les
communiquer sans équivoque au patient et aux professionnels de
santé impliqués dans sa mise en oeuvre et le suivi du patient, et
de concevoir l'évaluation individuelle sur la base des
compétences négociées avec le patient.
- La troisième étape, consiste à
sélectionner les contenus à proposer lors des séances
d'ETP, les méthodes et techniques participatives d'apprentissage qui
facilitent les interactions et les médiations avec le patient et ses
proches pour l'acquisition de compétences, et à mettre en oeuvre
le programme d'ETP.
- La quatrième étape est celle de
l'évaluation des compétences acquises par le patient (acquisition
de compétences, adaptation, changements mis en oeuvre dans la vie
quotidienne), du déroulement et de la pertinence du programme, indiquant
ainsi au patient et aux professionnels de santé ce que le patient sait,
ce qu'il a compris, ce qu'il sait faire et appliquer, ce qu'il lui reste
éventuellement à acquérir, la manière dont il
s'adapte à ce qui lui arrive.
En résumé, il n'y a pas de patient
incompétent mais une personne qui attend du soignant de lui donner les
outils nécessaires à son autogestion du quotidien. Donnant
l'exemple des diabétiques Lorto et Moquet (2009, p. 42)
déclaraient « Rares sont les diabétiques
incompétents. Celui qui ne comprend pas les mécanismes essentiels
de son rapport à l'équilibre glycémique ne souffre pas de
faiblesse intellectuelle, il souffre de n'avoir pas encore été
conduit à vouloir entendre ce qui lui arrive. ».
· Modèle écosystémique
Le modèle écosystémique permet une
analyse globale de la situation des personnes et de leurs proches, dans leur
milieu de vie immédiat et dans leur environnement, et une analyse de
leurs interactions avec les différents systèmes avec lesquels
elles interagissent. ( Lefebvre & Levert, 2009).Les auteurs soutiennent que
ce modèle est :
nécessaire pour s'assurer que les stratégies
d'intervention ne s'enlisent pas dans des perspectives réductionnistes,
individualisantes et stigmatisantes à l'égard des personnes et de
leurs proches en leur attribuant l'unique responsabilité de leur
trajectoire sociale, sans tenir compte des réalités et des
caractéristiques des différents systèmes avec lesquels
elles sont en interaction (op. cit. p.24).
Ce modèle stipule que les comportements sont
influencés par les contextes immédiats dans lesquels les
personnes évoluent (microsystème), par la nature, la
qualité et la quantité des interrelations existant entre les
différents milieux (mésosystème), par les lieux,
institutions ou organisations avec lesquels elles sont en contact
(exosystème) et par les valeurs, les croyances, les normes et les
conduites proposées par la société
(macrosystème)
· Approche réflexive
L'approche réflexive permet aux personnes et à
leurs proches d'avoir un regard critique sur leur situation personnelle, sur
leurs actions et les effets de celles-ci dans toutes les sphères de leur
vie et sur leur projet de vie. Elle amène les intervenants à
examiner leur propre pratique clinique, à évaluer leurs forces et
à cerner les façons de les améliorer continuellement afin
de répondre aux besoins, de mieux comprendre les problèmes
auxquels ils sont confrontés, de voir la cohérence entre ce
qu'ils espèrent faire et ce qu'ils font concrètement (entre la
théorie et la pratique) ( Lefebvre & Levert, 2009).
Le professionnel infirmier doit savoir et pouvoir entretenir
une relation ouverte, positive, durable et constructive. Cela suppose qu'il
accepte d'interroger ses propres représentations de la maladie, son
rôle de soignant et la place de la personne qui est en face de lui. En
effet, le tout n'est pas de bourrer la personne de savoirs mais de lui donner
ceux dont elle a besoin en tenant compte de ces besoins et de la situation. Le
soignant doit pouvoir le "faire" pour réaliser le "faire faire", amener
la personne à être autonome en admettant ses erreurs ( Lorto &
Moquet, 2009). L'ETP étant transdisciplinaire et
multiréférencielle elle exige que chaque acteur adopte une
attitude réflexive afin que les différentes conceptions viennent
nourrir la pratique.
· Approche de partenariat
Dans l'approche de partenariat, les intervenants analysent la
situation avec leur savoir expert, expérience personnelle et
professionnelle. Ils partagent cette expertise avec les personnes et leurs
proches. Ils sont un guide, un accompagnateur dans la recherche de solutions,
leurs mises en oeuvre et l'évaluation de leurs impacts ( Lefebvre &
Levert, 2009). Aussi, Lorto et Moquet (2009), ont-ils reconnu que la rencontre
entre le soignant et le patient est une rencontre essentielle entre les
compétences du soignant et celles du patient. Il devient possible qu'un
pont se pose entre le savoir de l'un et l'expérience de l'autre. Un
enrichissement cognitif mutuel en serait une conséquence majeure et une
plus grande efficacité thérapeutique, le principal effet
bénéfique. Ainsi, les savoirs disciplinaires et les savoirs
expérientiels des personnes et des proches forment un savoir commun.
Aussi dans un deuxième temps allons-nous
présenter brièvement deux approches (behavioriste et
socioconstructiviste) suggérées par Lorto et Moquet (2009).
· Approche behavioriste
Selon l'approche behavioriste, la connaissance de la maladie,
des compétences pédagogiques et méthodologiques transmise
par le biais d'informations, de discours et d'injonctions suffisent pour que
l'individu modifie ses comportements. Cette perspective privilégie la
prédiction des conduites des individus et leur contrôle par
différents types de renforcement : Des stimulations plutôt
positives (encouragements, observation des résultats obtenus) ou
négatives (menaces, peur, visibilité des risques encourus,
culpabilisation). Dans les pratiques éducatives fondées sur cette
approche, les éducateurs se soucient avant tout de créer les
conditions pour que le patient profite de stimulations maximales. En focalisant
le patient sur certains aspects de sa maladie, on attend de lui qu'il produise
des conduites allant dans le sens d'une meilleure gestion de sa santé (
Lorto & Moquet, 2009).
Plusieurs auteurs en l'occurrence Rogers, Leventhal et Witte
ont reconnu les avantages des stimuli négatifs dans le changement des
comportements à conditions de pouvoir les doser (van Lacken, 2013). Ces
auteurs ont reconnus des conditions nécessaires :
- les destinataires des messages doivent être en
consonance cognitive. Les personnes en dissonance cognitive sont plus enclines
à rejeter le message (une contradiction existe entre le message et des
convictions ou des habitudes fortement ancrées chez des
individus) ;
- le message doit être accompagné de solutions
à mettre en oeuvre pour échapper aux dangers ;
- les destinataires du message doivent être en
pré contemplation3(*)
(créer la prise de conscience) ;
- les campagnes précédentes n'ont pas
utilisé le même registre créatif (éviter la
lassitude).
· Approche socioconstructiviste
La deuxième approche proposée par Lorto et
Moquet (2009), est le (socio) constructivisme qui repose à l'inverse sur
l'idée que l'apprenant se développe lui-même en
construisant son objet de connaissance. Cette approche prend en compte
l'idée que le sujet n'est pas vierge de toute connaissance et que tout
changement de conception nécessite une mise en confrontation des savoirs
antérieurs avec les nouveaux savoirs à construire. Dans cette
perspective, l'action de l'individu est primordiale et la démarche
éducative consiste alors à créer des conditions pour que
l'individu puisse travailler des activités cognitives lui permettant de
faire évoluer ses pratiques et ses façons de penser la maladie.
Les apports de l'approche (socio) constructiviste sont plus ou moins
intégrés aux séances d'éducation selon qu'elles
prennent en compte certains facteurs. Il s'agit des mécanismes de la
construction de la connaissance, le rôle des interactions et du langage
dans le développement, la diversité des activités
proposées aux patients et les rapports de pouvoir entre les
interlocuteurs.
Nous allons terminer les approches en abordant les approches
didacticielles et pédagogiques ( Lorto & Moquet, 2009).
Les didacticiens partagent un certain nombre de
références : La psychologie cognitive avec le (socio)
constructivisme, l'épistémologie, l'analyse et l'étude des
processus généraux de la connaissance, des méthodes et des
productions de savoirs par les scientifiques. Au-delà des
références communes, les didacticiens partagent aussi des
méthodes (ils observent, décrivent, comparent,
expérimentent, analysent). Les didactiques s'inscrivent dans une
perspective qui est résolument analytique (elles correspondent à
une démarche de type scientifique qui vise à dégager les
éléments clefs des éléments de savoirs, tout en les
théorisant).
Les pédagogues s'intéressent aussi à ces
trois pôles. Cependant, la perspective pédagogique s'inscrit dans
l'ordre des ?nalités, des intentions, des volontés de faire
évoluer l'apprenant. La pédagogie vise à transformer
l'apprenant, et non à l'étudier (elle se situe donc dans une
perspective téléologique). Elle ne transforme pas l'apprenant en
fonction de ce qu'il est, mais en fonction de ce que l'on voudrait qu'il
devienne. Cette assertion est similaire au résultat de Mathieu (2013, p.
22) soutenant que « l'utilisation d'outils pédagogiques
simples et adaptés à la réalité culturelle permet
au patient de retirer le maximum d'informations, d'augmenter ses connaissances
et de faciliter le changement de comportements ».
Dans toutes les approches pour rester motiver, la personne et
les proches doivent toujours être actifs dans leur démarche de
façon intégratrice et participative. En effet, c'est ce que Egli
(2009, p. 91), souligne en disant : « Tout processus
d'éducation thérapeutique se déroule dans un champ
relationnel entre patient et soignant, avec ses aspects de rencontre, de
communication, de négociation, d'ajustement dans
l'accompagnement ».
Tableau II :
Résumé des étapes de la mise en oeuvre de
l'ETP
ETAPE
|
INDICATEURS
|
Élaborer un
diagnostic éducatif
|
Connaître le patient, identifier ses besoins, ses
attentes et sa réceptivité à la proposition de l'ETP.
Appréhender les différents aspects de la vie et
de la personnalité du patient, évaluer ses potentialités,
prendre en compte ses demandes et son projet.
Appréhender la manière de réagir du
patient à sa situation et ses ressources personnelles, sociales,
environnementales.
|
Définir unprogramme personnalisé d'ETP
avec desprioritésd'apprentissage
|
Formuler avec le patient les compétences à
acquérir au regard de son projet et de la stratégie
thérapeutique.
Négocier avec lui les compétences, afin de
planifier un programme individuel.
Les communiquer sans équivoque au patient et
auxprofessionnels de santé impliqués dans la mise en oeuvre et le
suivi du patient.
|
Planifier et mettreen oeuvre les séances
d'ETPindividuelle ou collective ou en alternance
|
Sélectionner les contenus à proposer lors des
séances d'ETP, les méthodes et techniques participatives
d'apprentissage.
Réaliser les séances individuelles ou
collectives.
|
Réaliserune évaluationdes
compétencesacquises, du déroulement du programme
|
Faire le point avec le patient sur ce qu'il sait, ce qu'il a
compris, ce qu'il sait faire et appliquer, ce qu'il lui reste
éventuellement à acquérir, la manière dont il
s'adapte à ce qui lui arrive.
Proposer au patient une nouvelle offre d'ETP qui tient compte
des données de cette évaluation et des données du suivi de
la maladie chronique.
|
Source (HAS, 2007)
Obstacles à la mise
en oeuvre de l'ETP
Selon l'OMS (1998), il existe plusieurs facteurs qui
empêchent l'ETP, il s'agit du manque de temps ou l'absence de prise de
conscience de la nécessité d'éduquer le patient. Nous
allons présenter les facteurs intrinsèques et extrinsèques
à la mise en oeuvre de l'ETP.
· Facteurs intrinsèques à l'ETP
La conception de l'ETP
Historiquement, l'intervention de soins s'est
développée selon un paradigme biomédical à
visée curative. Dans ce paradigme, les intervenants s'imposent en
experts qui dictent aux personnes et à leurs proches ce qu'il faut
faire. Les éducateurs soignants se fourvoient dans ce paradigme et
semblent donner les directives à la personne malade et à ses
proches. Or, ces derniers souhaitent que l'information leur soit transmise en
tenant compte de leurs inquiétudes, de leur désir d'être
informés et de leur rythme pour assimiler l'information ( Lefebvre &
Levert, 2009). Ceci est confirmé par les experts de l'OMS qui incrimine
la formation initiale de la plupart des soignants, en particulier les
médecins qui est principalement fondée sur l'établissement
d'un diagnostic et le choix d'un traitement thérapeutique (OMS, 1998).
L'insuffisance de formation à l'ETP chez les
professionnels de santé en est une cause. Aussi faut-il noter des
limites cognitives et comportementales, car il s'agit d'un changement de
paradigme, de passer de celui d'expert à celui de partenaire. La
mauvaise gestion du dialogue entre les personnes de disciplines et de
professions différentes, entre les acteurs de santé au sens
large, impliqués dans la conception, la mise en oeuvre et
l'évaluation du programme d'ETP est la source des tensions dans le
programme d'ETP (HAS-INPES, 2007).
L'organisation de
l'ETP
L'ensemble des difficultés se résume au volet
organisationnel, socioculturel, ou financier. Les professionnels de
santé, l'équipe, les patients et leurs proches n'ont pas souvent
une vision partagée des approches, des démarches et des
références en particulier philosophique, éthique qui
sous-tendent le programme d'éducation thérapeutique (HAS-INPES,
2007). Ce qui rend l'organisation de l'ETP difficile. Les institutions et les
services sont les premiers concernés par l'organisation de l'ETP au
niveau stratégique. On note également une insuffisance voire une
absence de coordination. Or, les leaders infirmiers et les infirmiers en
pratiques avancées devraient coordonnent la conception et la mise en
oeuvre de l'ETP en général et du patient dialysé en
particulier. Ce qui nous oblige à parcourir la phase
opérationnelle du soin éducationnel.
La mise en oeuvre de
l'ETP
Plusieurs difficultés se posent en termes de limites
contextuelles comme le temps dédié à l'ETP,le temps
nécessaire au patient pour l'acquisition des compétences,
accessibilité et assiduité aux séances, conciliation entre
évolution de l'état de santé et de la maladie, et
pertinence du programme d'ETP. Ainsi, il faut s'adapter au profil
éducatif et culturel du patient, et respecter ses
préférences, son style et rythme d'apprentissage. Les programmes
d'ETP doivent s'adapter à l'âge de la personne, mais
également à sa fragilité, à des besoins et des
contextes particuliers. Afin de se mettre à l'abri des
difficultés, il faut que l'ETP soit réalisée par des
soignants formés à la démarche éducative et aux
techniques pédagogiques, au travail en équipe et à la
coordination des actions. La rencontre entre les intervenants et les personnes
ou leurs proches met en présence deux réalités
différentes : La réalité disciplinaire et la
réalité des personnes et des proches. Ainsi, deux univers ayant
des valeurs, des cultures et des visions différentes de la situation
interagissent continuellement ( Lefebvre & Levert, 2009). Ces interactions
lorsqu'elles ne sont pas bien gérées provoquent des frustrations
et des replis sur soi avec des intentions non exprimées. C'est pourquoi
un travail sur l'art de communiquer pour se comprendre doit être
entrepris.
Difficultés de
gestion de l'incertitude des patients
S'ils s'accordent un temps de réflexion sur leur propre
pratique, la plupart des soignants reconnaîtront l'incertitude comme une
dimension importante du vécu de la maladie. Les patients manifestent une
réactivité émotionnelle intense, mêlant sentiments
de révolte, culpabilité, dévalorisation et, à la
longue, découragement (Egli, 2009). Lorsque le soignant ne tient pas
compte de ces émotions, la personne malade est plongée dans une
incertitude quant à l'évolution de sa situation. Il finit par
tomber dans le pessimisme et n'est plus prêt à continuer l'ETP.
L'incertitude apparaissait ainsi comme un facteur affectant de manière
incontournable les diverses dimensions de l'hémodialyse que le patient
doit affronter sans relâche. Les efforts de l'infirmier éducateur
doit converger vers la réappropriation de leurs propres ressources, d'un
plus grand sentiment de confiance en leurs capacités et d'une
déculpabilisation. À l'image de l'expérience de Egli (op.
cit.), il nous semble cependant que la prise en compte des incertitudes
affectant les diverses étapes des processus en éducation
thérapeutique est une condition nécessaire pour répondre
au défi particulier d'être en mesure de rester en phase avec les
patients concernés.
· Facteurs extrinsèques à l'ETP
Le manque de motivation et d'engagement des professionnels de
la santé en générale et des infirmiers en particulier
constitue un sérieux handicap (OMS, 1998). Aussi, l'OMS
reconnait-elled'importantes lacunes à la formation de base de l'ensemble
des soignants. Ces obstacles incluent le manque de module sur l'ETP pendant la
formation, d'enseignants compétents et d'institutions
spécialisées dans l'éducation thérapeutique du
patient. Les difficultés d'accès, y compris lorsque la culture de
santé n'est pas optimale. On retrouve également l'absence de
possibilité de prendre part à des activités d'autogestion
et l'absence de motivation ou de facteurs incitatifs. De plus, ces programmes
d'éducation ne sont pas perçus comme utiles ou pertinents pour
les personnes défavorisées. Ce qui fait que de nombreuses
personnes ne voient pas d'avantages, perçus ou réels, à
prendre part à l'éducation du patient. En effet, les personnes
qui souffrent de maladies chroniques sont « malades » et, de ce fait,
parfois, ne veulent parler à personne, rendant difficile l'organisation
de nombreux programmes d'éducation. La proposition peut ne pas
être acceptée par le patient ou reportée dans le temps, en
raison par exemple des conditions et des modalités d'annonce du
diagnostic, de l'état émotionnel du patient, de l'attitude de
l'entourage, mais aussi par choix.
Référentiel
de compétences des patients dialysés
L'éducation des patients dialysés doit porter
sur certains aspects. Comme dans toutes les pathologies, trois domaines ou
aspects suscitent la curiosité du patient. Il s'agit de la
physiopathologie de la maladie, les moyens thérapeutiques et les
attitudes hygiéno diététiques.
· Compétence en connaissance physiopathologique
de l'insuffisance rénale chronique
Le patient dialysé doit connaître sa maladie dans
ses étiologies, ses manifestions, ses conséquences et son
pronostic. Argumentant dans le même sens, Ledey dans ces conclusions,
(2013) révèle que les patients estiment que bien connaître
la maladie leur permet de comprendre et d'accepter les décisions
médicales. Ainsi, pour ces patients, la compréhension de la
maladie permet de mieux se soigner et d'être plus actif. Cette
appropriation de sa situation provoque un engagement total de la personne
malade dans sa gestion. De son côté, Empereur (2009)
révèle dans son rapport que les patients souhaitent surtout qu'on
leur explique l'évolution de la maladie sans obligatoirement leur parler
immédiatement de la dialyse. L'évocation de la dialyse pour eux
ne sera qu'une solution en commun accord avec le thérapeute. Cette
connaissance de leur maladie leur permet de comprendre leur nouvelle
identité.
· Compétence thérapeutique
Les patients ont également besoin qu'on leur dise quel
est le traitement approprié, est-ce un traitement curatif ou palliatif.
Dans le cas de la dialyse il est important de leur donner la capacité de
comprendre leurs résultats et les attitudes à adopter. Cette
position est renforcée par Ledey et al (2013) qui soutiennent qu'il est
important pour les patients de connaître et de comprendre ce que
signifient les résultats biologiques. Ces connaissances leur donnent une
indépendance par rapport aux soignants pour autogérer leur
traitement. Le patient utilise les résultats des examens de biochimie
pour modifier son traitement anticoagulant, pour adapter son régime
alimentaire, pour s'assurer de la bonne adaptation de son poids sec. Les
informateurs de Empereur (2009) souhaitent comprendre pourquoi ils prennent tel
ou tel médicament, et comment ils peuvent intégrer ou pas une
éventuelle automédication. Ces compétences leur sont
indispensables pour une co gestion de leur maladie.
· Compétence diététique
Cet aspect est indispensable dans l'ETP dialysé. En
effet, il s'agit de savoir quels sont les aliments conseillés et
déconseillés, le mode de cuisson des aliments et les
équivalences. Dans leur étude, Ledey et al (2013), les
participants ont retenu la restriction hydrique comme étant un
élément de la surveillance permanente. Elle leur apparaît
comme l'aspect du régime le plus difficile à suivre. Comprendre
et expliquer les complications liées au régime est une
compétence importante pour gérer sa maladie et son traitement
ont-ils conclu. L'éducation doit être centrée sur le
régime pour que le patient puisse l'accepter. Ce qui a conduit Empereur
(2009) dans son rapport à déclarer que pour les patients, le
régime est vécu comme une sanction, quelque chose de très
négatif et surtout qui met en évidence leur maladie. Cette
conclusion de l'auteur doit amener les soignants en général et
les infirmiers en particulier à mettre l'accent sur l'alimentation des
patients et pouvoir les rassurer que le régime qui leur est
imposé n'est pas une sanction mais un élément du
traitement.
· Compétence en hygiène de vie
Les patients souhaitent vivre et mener leurs activités
comme avant la dialyse, en particulier voyager, faire du sport, vaquer à
leurs occupations. Avec l'hémodialyse, ils doivent être
éduqués sur des précautions à prendre pour
éviter toute complication et des surinfections. Ledey et al (2013), ont
fait remarquer que beaucoup de dialysés ne partent plus en vacances
à cause de la difficulté à trouver une place de dialyse
dans les autres centres. Cette difficulté à organiser les
dialyses sur les lieux de voyage entraîne pour une majorité de
dialysés un renoncement à toute idée de voyage et provoque
un isolement social progressif. Quant au travail, les auteurs retiennent que
les patients considèrent le maintien d'une activité
professionnelle comme un facteur de bonne adaptation au traitement. Le travail
renforce le sentiment d'utilité sociale et participe à la
qualité de la vie. Aussi ont-ils ajouté que l'éducation
sur l'entretient de la fistule est vitale pour le patient. En effet, la
compression est l''un des premiers gestes enseignés au patient compte
tenu du risque vital que peut représenter une hémorragie sur la
fistule et de la particularité du soin. La compression doit être
suffisamment forte pour arrêter l'hémorragie tout en continuant
à laisser passer le sang dans la fistule. La protection de la fistule
lors d'activités sportives à risque ou lors des activités
manuelles est un savoir-faire qui doit être transmis au patient
dialysé (Ibid.).
Evaluation de l'ETP
Pour Nkoum (2010), l'évaluation est une dynamique qui
doit souvent être intégrée dans une approche plus large
d'amélioration globale du soin et dans une politique
d'amélioration de la qualité. Elle n'a aucune connotation
négative et doit être bien différenciée d'une
sanction.
Dans son acception la plus large, le terme évaluation
désigne l'acte par lequel, à propos d'un évènement,
d'un individu ou d'un projet, on émet un jugement en se
référant à un ou plusieurs critères (Noiset,
1978). Ceci parce que les activités de soins et plus
précisément de l'ETP sont constamment régies par les
normes de qualité et qu'il faille recueillir des informations
nécessaires à l'identification du degré
d'efficacité des interventions.
· Processus d'implantation du programme d'ETP
Cette évaluation s'appuie sur les critères de
qualité d'un programme d'ETP décrit par l'OMS (1998). Il s'agit
de :
ü l'intégration de l'ETP aux soins : dans
l'accompagnement de la personne malade, l'infirmier entretient une relation
éducative ;
ü l'éducation centrée sur le patient :
le patient dans l'approche holistique est un partenaire de soin.
L'éducation tient compte de son projet de vie et de ses
attentes ;
ü partenariat soignant/soigné : l'infirmier
et la personne malade rentrent dans une interaction continue où
l'attitude de l'un influence profondément la réaction de
l'autre.
ü la formalisation et structuration de l'ETP : l'ETP
ne doit pas se résumer aux informations et conseils mais en une
séance formalisée et bien structurée.
ü l'évaluation : une éducation
basée sur des objectifs conduit nécessairement à une
évaluation.
· Satisfaction des bénéficiaires
La première cible et la principale dans l'ETP c'est la
personne malade et surtout sa satisfaction. Etant donné que l'ETP se
fait avec des objectifs bien définis, il est nécessaire de
vérifier à la fin s'ils sont acquis. Cette vérification
doit se focaliser sur le patient. C'est une occasion de prendre ensemble du
recul par rapport à la tâche effectuée, de prendre le temps
de voir, de mieux comprendre ce qu'on fait et de l'améliorer (Phaneuf,
2005). La satisfaction du patient passe par le retentissement de
l'éducation sur son comportement de santé. Il doit pouvoir
adopter de nouveaux comportements ou les maintenir. L'évaluation
s'intéresse aux effets du programme sur les variables biologiques,
cognitives, conatives et psychologiques du patient (Marchand & Iguename,
2010).
1.7.4 Patient/personne
dialysée
Le terme de « patient » est issu du
latin « patiens » qui
étymologiquement avait pour signification « personne qui
souffre en silence ». Selon le Nouveau Robert (2008), le patient est
une personne qui est l'objet d'un traitement médical et qui demeure
passif. Donc dans cette étude, c'est une personne qui est objet de
traitement de suppléance (hémodialyse). Elle subit la
décision du médecin pourtant elle est le premier acteur dans la
gestion de sa situation. Le patient est au 21ème siècle une
personne, malade ou non, car, comme le dit Winckler cité dans (Jouet,
2013), nous sommes tous des patients qui entrons en contact avec le
système de santé et ses acteurs. C'est en fait l'autorité
médicale et le système autour de laquelle évolue cette
dernière, par le regard qu'elle porte sur l'individu qui lui
confère ce statut de patient. De nos jours le terme de patient est de
moins en moins utilisé en faveur des termes comme personne malade,
client, bénéficiaire. Tout au long de ce développement,
ils seront utilisés les uns à la place des autres sans en tenir
rigueur.
La personne est différemment défini par les
courants de pensée infirmière. C'est ce qui justifie la
présentation de ce tableau.
Tableau III : Tableau
synoptique des courants de pensées infirmières
Paradigmes
|
Ecoles de pensée
|
La Personne
|
Le leader
|
CATEGORISATION
|
L'école des besoins
|
?tre biologique psychologique et social qui tend vers
l'indépendance relativement à la satisfaction de ses 14 besoins
fondamentaux.
|
Virginia Henderson
|
L'école de l'interaction
|
Un être bio-psycho-socio-spirituel en
développement constant qui présente des besoins et qui a la
capacité de transformer ses anxiétés en énergie
positive lui permettant de répondre à ses besoins.
|
Hildegard Peplau
|
L'école des effets souhaités
|
Système holiste d'adaptation ayant des
mécanismes régulateurs et cognitifs : être
biopsychosocial en interaction constante avec un environnement changeant et
ayant quatre modes d'adaptation : « physiologique »,
« concept de soi », « fonction selon les
rôles » et « interdépendance ».
|
Callista Roy
|
INTEGRATION
|
L'école de l'apprentissage de la
santé.
|
Famille et participant actif d'une famille ou d'un groupe
social capable d'apprendre de leurs expériences et d'accomplir les buts
qu'ils visent.
|
Moyra Allen
|
L'école des patterns.
|
Champ d'énergie unitaire et pandimensionnel
caractérisé par des patterns uniques, en changement constant et
dont le tout ne peut être compris à partir de la connaissance des
parties.
|
Martha E. Rogers
|
L'école du caring.
|
Etre-dans-le-monde » en continuité dans le
temps et dans l'espace ; corps âme et esprit dont
l'expérience constitue un champ phénoménal unique.
|
Jean Watson
|
(Pepin, Kérouac, & Ducharme, 2010)
Les besoins de la personne selon Watson
Cette partie présente le patient dialysé dans
ses besoins. En effet selon Watson (1998), la personne a quatre niveaux de
besoin. Successivement il s'agit des besoins biophysiques, psychophysiques,
psychosociaux et intrapersonnels.
Besoins biophysiques :Plusieurs pathologies sont la cause
du besoin de s'alimenter et de s'hydrater. Lorsque le processus de manger et de
boire pour maintenir la survie biologique est dévié pour assurer
la sécurité, il a des impacts sur les organes dû au
déséquilibre émotionnel. Dans le cadre de la dialyse, des
restrictions alimentaires et hydriques sont indispensables pour
l'efficacité du traitement. Aussi, le patient dialysé est en
suppléance permanente du besoin d'éliminer (les urines).
Besoins psychophysiques : Ce besoin permet de
récupérer de l'énergie afin de s'équilibrer avec
son environnement. En effet,plusieurs dimensionssont relevées.
La dimension activité : lorsque le patient est
hospitalisé ses activités sont réduites et toute
activité exige une dépense énergétique
énorme. Tous les patients s'opposent aux interdictions des
professionnels de santé, et veulent toujours mener des activités
pour dire qu'ils sont comme les autres non malades. Trois situations induisent
l'inactivité : il s'agit de la MRC, d'une restriction due au
traitement de la dialyse, une restriction personnelle pour restaurer de
l'énergie.
La dimension inactivité : le sommeil permet de
restaurer l'énergie, aide à équilibrer cette
énergie et constitue le bon moment. La privation de sommeil et son
insuffisance engendre des émotions avec une baisse de performance. Or
les médicaments que prennent le patient dialysé perturbent son
sommeil. Le repos est à la fois physique et psychologique tout
dépend de la perception que l'on en fait.
Besoins psychosociaux : ces besoins regorgent
essentiellement le besoin d'accomplissement et d'appartenance.
Le besoin d'accomplissement est fondamental car toute personne
a des ambitions. Lorsque le patient ne peut plus accomplir ce qu'il faisaitpour
des raisons de dialyse, cela diminue son estime de soi. C'est à ce titre
que l'infirmier doit aider ce dernier à se satisfaire de son niveau de
capacité et à faire le deuil de son ancienne situation. Ces
perturbations peuvent modifier la perception qu'a le patient de son propre
corps et avoir des répercussions sur son comportement. En fonction de sa
capacité à gérer la maladie et ses conséquences,
son humeur peut devenir plus instable, son anxiété plus
présente, ses colères plus fréquentes. Parfois, certaines
personnes ne peuvent plus assumer les tâches domestiques ou ont le
sentiment d'une perte d'autorité sur leurs enfants.
Le besoin d'appartenance est propre aux humains qui veulent
être accepté par autrui pour s'entraider, pour s'affirmer et
pouvoir sortir de leur solitude. Tous les auteurs s'accordent que le besoins
d'appartenance prend sa source depuis l'enfance et atteint son apogée au
troisième âge. Ce besoin permet de recevoir des
appréciations, des feed-back et de pouvoir diminuer son angoisse. En
Sciences infirmières, le besoin d'appartenance suscite la satisfaction
du besoin d'inclusion, de contrôle et d'affection. Le sentiment
d'appartenance se manifeste lorsqu'on est accepté, compris
apprécié et reconnu comme tel. La modification du comportement
d'appartenance du patient dialysé peut induire un isolement, de carence
affective et une rupture dans les activités de routine. L'infirmier dans
la science du caring doit renforcer les relations affectives des patients avec
des gens qui leur sont proches. D'autres peuvent traverser des phases plus ou
moins dépressives voire perdre l'estime de soi. Ce qui aura, bien
entendu, des répercussions sur la qualité des relations avec
l'ensemble de l'entourage (Volle, 2007).
Besoins intrapersonnels :
Situé au sommet de la hiérarchie, ces besoins
regroupent l'actualisation de soi et la prise en compte de facteurs
existentiels-phénoménologiques.
Le besoin d'actualisation se manifeste de façon unique
et individuelle. Il relève de la promotion de la santé donnant la
possibilité d'affronter la vie avec ses maux en transformant
l'environnement pour y aboutir.
La prise en compte de facteurs
existentiels-phénoménologiques permet d'aider le patient à
comprendre et à donner sens et responsabilité à sa vie. En
situation de maladie c'est la capacité du patient dialysé d'avoir
de bonne perception afin de soulager sa peine.
Définition de la
maladie
Les reins ont un rôle de filtre : ils éliminent
les déchets (urée, créatinine, acide urique etc.)
transportés par le sang et les évacuent sous forme d'urine. Ils
maintiennent constante la quantité d'eau dans le corps et
équilibrent les taux de sels minéraux nécessaires à
l'organisme. Ils produisent aussi des hormones, des enzymes et des vitamines,
indispensables à certaines fonctions.
L'érythropoïétine stimule la fabrication des globules rouges
par la moelle osseuse, la rénine participe à la régulation
de la pression artérielle et la vitamine D favorise l'absorption du
calcium dans le tube digestif et sa fixation sur les os. Beaucoup de maladies
peuvent toucher les reins et les abîmer, qu'elles soient d'origine
malformative et congénitale, héréditaire, ou encore
acquise. La MRC est définie par la présence, pendant plus de
trois mois, d'anomalies rénales biologiques, morphologiques ou
histologiques et/ou d'une insuffisance rénale. Lorsque les deux reins ne
fonctionnent plus correctement, notre organisme est petit à petit
empoisonné par les déchets qui ne sont plus
éliminés.
L'insuffisance rénale chronique est définie par
un seul critère : la réduction du débit de filtration
glomérulaire (DFG) inférieur à 60 ml/min pour 1,73
m², persistant pendant 3 mois ou plus.L'insuffisance rénale peut
être la conséquence d'une de ces maladies.
L'insuffisance rénale est dite chronique lorsque cette
perte de fonction est progressive et que les lésions présentes
dans les reins ont un caractère irréversible. Dans bien des cas,
elle progresse graduellement et peut évoluer sur un grand nombre
d'années, surtout si elle a été détectée
précocement et traitée de manière adéquate.
Malheureusement, il arrive fréquemment (dans au moins un tiers des cas)
que la maladie rénale ne soit découverte qu'au stade où le
traitement de suppléance rénale devient nécessaire. Ce
n'est qu'à un stade très avancé que peuvent
apparaître certains des symptômes suivants : besoin fréquent
d'uriner (notamment la nuit), mauvais goût dans la bouche, perte
d'appétit, nausées, essoufflement, démangeaisons
persistantes, crampes nocturnes, gonflement des paupières et/ou des
chevilles.
Lorsqu'une maladie rénale est diagnostiquée, il
est impératif de protéger les reins déjà
altérés pour ralentir ou stopper son évolution. Des
mesures thérapeutiques simples ont démontré leur
efficacité pour prévenir la dégradation de la fonction
rénale comme le traitement d'une hypertension artérielle, un
régime appauvri en sel et l'éviction des médicaments
toxiques pour les reins (par exemple les anti-inflammatoires
non-stéroïdiens et les examens à base d'iode).
Il est recommandé, en pratique clinique courante,
d'utiliser la formule de Cockcroft et Gault pour estimer le DFG chez tous les
patients.
DFG = [[140 - âge (années) x poids (kg)] x k] /
Créatininémie (umol/L)
k = 1,23 chez l'homme k = 1,04 chez la femme
Les résultats s'expriment en ml/min
La classification de sévérité des
maladies rénales et de l'insuffisance rénale selon K/DOQI est
présentée dans le tableau suivant :
Tableau IV :
Classification de sévérité des maladies rénales et
de l'insuffisance rénale selon K/DOQI
Stades
|
Descriptions
|
DFG
(ml/min/1,73 m²)
|
1
|
Maladie rénale avec DFG normal
|
> 90
|
2
|
Maladie rénale avec faible baisse du DFG
|
60-89
|
3
|
Baisse modérée du DFG
|
30-59
|
4
|
Baisse sévère du DFG
|
15-29
|
5
|
Insuffisance rénale chronique terminale
|
< 15 ou dialyse
|
Source (Younous, 2012)
L'insuffisance rénale est dite terminale lorsque la
perte de la fonction rénale est telle que la vie de la personne est en
danger à court terme. Elle doit alors être traitée à
vie, soit par dialyse, soit par la greffe d'un rein (Volle, 2007).
Le traitement de l'insuffisance rénale utilise deux
techniques qui sont la dialyse et la transplantation rénale.
Dialyse
La dialyse consiste à épurer le sang des
déchets toxiques et de l'eau retenue en excès du fait de
l'arrêt du fonctionnement des reins. La dialyse consiste à
épurer le sang des déchets toxiques et de l'eau retenue en
excès du fait de l'arrêt du fonctionnement des reins (Volle,
2007). Selon cet auteur, ces traitements ne guérissent pas, ils
permettent cependant au malade de continuer à mener une vie aussi
normale que possible. Au cours de sa vie, une personne atteinte d'insuffisance
rénale terminale connaîtra le plus souvent successivement une ou
plusieurs des différentes modalités de traitement. Certains
patients sont greffés sans recourir à la dialyse et d'autres le
sont après plusieurs années de dialyse. En cas de rejet d'une
greffe, les patients doivent reprendre la dialyse, dans l'attente d'une
nouvelle greffe. Enfin, certaines personnes malades font le choix de
n'être jamais greffées et de rester en dialyse toute leur vie
(Op. cit.).
· L'hémodialyse
En général, les personnes
hémodialysées doivent se rendre trois fois par semaine dans un
service d'hémodialyse, pour y subir des séances de 4 à 6
heures, durant lesquelles leur sang est débarrassé de toxines et
de l'eau en excès par une machine de dialyse. L'hémodialyse doit
permettre à chaque séance l'épuration d'une grande
quantité de sang. Pour y parvenir, on a recours à un
«accès vasculaire» ; le plus répandu en France est la
fistule artério-veineuse. Elle est créée chirurgicalement
en connectant une artère et une veine du bras. La veine verra son
débit et son calibre augmenter et pourra être piquée
à chaque séance par deux grosses aiguilles de dialyse.
· La dialyse
péritonéale
En France, environ une personne dialysée sur dix est
traitée par dialyse péritonéale, une technique qui utilise
les capacités de filtration du péritoine (membrane qui enveloppe
l'intérieur de la cavité abdominale et le tube digestif).
Il existe deux modalités de dialyse
péritonéale :
- La dialyse péritonéale continue ambulatoire
(DPCA) qui consiste, trois à quatre fois par jour, tous les jours,
à ajouter et soustraire un liquide de dialyse de l'abdomen du malade,
par l'intermédiaire d'un cathéter que l'on a placé par
voie chirurgicale. Chaque échange dure de 30 à 45 minutes.
- La dialyse péritonéale automatisée
(DPA) qui consiste à effectuer ces échanges à l'aide d'une
machine, toutes les nuits. Les séances nocturnes durent 9 à 10
heures. La durée de préparation de la séance est d'environ
une demi-heure, tandis que celle du débranchement est d'environ 15 mn.
La dialyse péritonéale est en
général réalisée à domicile par le patient
lui-même ou par un membre de sa famille, parfois avec l'aide d'une
infirmière formée à ce type de technique. Cette
méthode nécessite la pose d'un cathéter dans le ventre.
Des précautions doivent être prises pour assurer sa
stérilité et éviter les risques d'infection du
péritoine (péritonite).
Transplantation
rénale
Pour les malades qui peuvent en bénéficier, la
greffe de rein est le meilleur traitement de l'insuffisance rénale
terminale. Seule une transplantation rénale réussie permet
à ceux qui peuvent en bénéficier de retrouver une vie
pratiquement normale. Le rein greffé permet le plus souvent d'assurer
normalement toutes les fonctions du rein. C'est aujourd'hui une
thérapeutique qui a fait ses preuves, et ses résultats sont en
constante amélioration.
Lorsqu'elle est possible, cette méthode est
privilégiée, car la qualité de vie du malade est meilleure
que celle qui lui est offerte par la dialyse. Même si la greffe n'est pas
définitive et qu'un retour en dialyse est possible à plus ou
moins long terme, les personnes greffées ont également une
espérance de vie supérieure à celle des personnes
dialysées. Néanmoins, il faut avoir conscience que tous les
malades ne peuvent pas être inscrits sur une liste d'attente de greffe du
fait des pathologies associées à leur insuffisance rénale.
Il faut noter que l'âge à lui seul n'est plus
considéré comme un obstacle à la greffe. En pratique,
l'intervention chirurgicale dure en moyenne 3 à 4 heures et
l'hospitalisation une à deux semaines. Un seul rein est implanté,
en général dans la fosse iliaque droite ; son artère et sa
veine sont raccordées aux vaisseaux sanguins du receveur (artère
et veine iliaque le plus souvent) et l'uretère est raccordé
à la vessie. La greffe nécessite la prise rigoureuse d'un
traitement immunosuppresseur, et une bonne hygiène. Une nourriture saine
et équilibrée, une activité physique
régulière et un suivi médical rigoureux restent
nécessaires.
Malgré tous ces avantages, après l'euphorie des
premiers mois ou années, les effets secondaires, parfois
sévères des traitements immunosuppresseurs, la
nécessité d'une surveillance assidue, la préoccupation,
voire l'angoisse grandissante d'une perte du greffon, peuvent influer
négativement sur la qualité de la vie. On peut aussi souligner
une augmentation des risques de cancers (il s'agit essentiellement de cancers
de la peau, sans gravité s'ils sont pris en charge à temps) et
des infections chez les patients transplantés.
D'autre part, après quelques années, une
«néphropathie du greffon» peut apparaître. Il s'agit
d'une maladie complexe et difficile à traiter qui entraîne petit
à petit la perte du greffon. Il faut alors envisager le retour en
dialyse en attendant la possibilité de réaliser une nouvelle
greffe. Il est certain qu'un traitement scrupuleusement respecté diminue
les risques d'apparition de cette néphropathie.
1.8 Schémas
conceptuel
Schémas conceptuel de la perception des infirmiers sur
l'ETP dialysés.
Connaissance
Objectif
Motivation
Influencent
Perception de l'ETP
Importance de l'ETP
Le référentiel de compétences
attendues de l'ETP
Les acteurs de l'ETP
La mise oeuvre de l'ETP
Amélioration de la qualité de vie du
patient dialysé
Figure I : Schéma
conceptuel de la perception des infirmiers sur l'ETP
dialysé.
(le chercheur)
Conception de l'ETP
1.8.1 Explication du schéma
conceptuel
La perception qu'ont les infirmiers sur l'ETP dialysé
est fortement influencée par la motivation, la connaissance et
l'objectif. En effet ces facteurs sont déterminants dans l'opinion et le
jugement clinique des infirmiers.
La conception de l'éducation amène les
infirmiers a porté un regard particulier sur son importance. Aussi,
l'infirmier a une idée sur les différents acteurs pouvant
intervenir dans l'éducation du patient.L'ETP est fondée sur un
référentiel de compétence qui est définit à
l'avance par l'infirmier.Ces compétences sont mobilisées par le
patient à la fin de la formation.
Tous ces éléments réunis permettent la
mise en oeuvre de l'ETP. La personne dialysée étant le centre
d'intérêt de l'ETP, il est le bénéficiaire direct.
Ce soin lui favorise l'amélioration de sa qualité de vie.
1.9 Modèle
d'analyse
Tableau V :
Modèle d'analyse
Concepts
|
Dimension
|
Composante
|
Indicateur
|
L'infirmier
|
Ancienneté
|
Expérience professionnelle dans le service
|
Moins de 5 ans
Plus de 5 ans
|
Profile
|
Niveau de formation
|
IDE
LSI
MSI
|
Niveau de responsabilité
|
Chef d'unité
Chef d'équipe
Membre d'équipe
|
Perception de l'ETP
|
Les acteurs de l'ETP
|
Les professionnels de santé
|
L'infirmier, le médecin, les autres agents de
santé
|
Le patient dialysé/famille
|
Le patient, la famille, les associations de patients
|
Les approches
|
Centrée sur le patient
|
Expertise du patient, projet de vie du patient
|
Approche de partenariat
|
Expérience personnelle, expérience
professionnelle,
|
Socioconstructiviste
|
La connaissance du patient, les rapports de pouvoir/savoir
|
Les obstacles
|
Les facteurs intrinsèques à l'ETP
|
La conception, l'organisation, la mise en oeuvre de l'ETP
|
Les facteurs extrinsèques à l'ETP
|
Manque d'engagement, compétence des infirmiers,
inégalité d'accès à l'éducation
|
Le référentiel de compétences des
patients
|
La connaissance sur la maladie
|
Physiopathologie, manifestation, nature,
le pronostic
|
La connaissance sur le traitement
|
Les traitements de substitution, traitements adjuvants,
examens complémentaires, relation thérapeutique, soutien
psychologique, relation éducative,
|
L'hygiène de vie
|
Soins des cathéters/fistules, régime alimentaire,
exercice physique, occupations
|
Patient dialysé
|
Biophysique
|
S'alimenter et s'hydrater
|
Restriction alimentaire,
|
Eliminer
|
Restriction hydrique
|
Psychophysique
|
Activité
|
Occupation quotidienne,
|
Inactivité
|
Restriction médicale, qualité de sommeil
|
Psychosocial
|
Accomplissement
|
Vie professionnelle
|
Appartenance
|
Vie associative,
attitude d'inclusion,
relation affective,
relation soignant-soigné, soutien familial
|
Intrapersonnel
|
Actualisation de soi
|
Affrontement
Autonomie
Equilibre avec la société
|
Facteurs existanciels-phénoménologiques
|
Perception de soi
Expérience personnelle
|
1.10 Le cadre théorique
La théorie étant
définie comme un ensemble de propositions pour comprendre les
comportements, les relations entre les phénomènes, ce travail
convoque la théorie du soin humaniste (caring) et la théorie de
l'action raisonnée. Ces deux théories sont retenues car elles se
rapprochent plus de du thème et ont permis de comprendre et de discuter
les résultats.
1.11 La théorie de Human Caring de Watson
Elaborée par Jean Watson, et explorée dans les
années 1980, cette théorie se situe dans une perspective
humaniste et scientifique. Cette infirmière a une approche existentielle
et elle met l'accent sur la relation interpersonnelle et
thérapeutique(Winock & Cavignaux, 2003). Jean Watson, nous invite
à aborder la discipline infirmière en prenant
« racine dans un système de valeurs humaniste solide qu'il
appartient à l'infirmière de cultiver. Ce système de
valeurs doit intégrer des connaissances scientifiques pour guider les
activités de l'infirmière. Cette association
humaniste-scientifique constitue la base de la science du
caring » (Watson, 1998, p. 21).L'objet des sciences
infirmières, c'est le soin à la personne. Cette personne
nécessite d'être bien connu et d'être
considéré comme telle. Watson a fourni des outils essentiels pour
que l'infirmier puisse considérer le patient comme son reflet. Lorsque
le soin est démuni d'humanisme, ce ne sont plus des soins infirmiers,
nous ne sommes plus dans la science du caring. L'auteur a bien trouvé
l'aspect sensibilité de soi du fait que nous reconnaissons que
l'infirmier n'est qu'un accompagnateur capable de puiser dans toutes les
ressources du patient pour son rétablissement.La rencontre entre
l'infirmier et le patient est une rencontre entre la confiance du patient et la
conscience de l'infirmier. L'infirmier doit chercher à gagner la
confiance de son patient en comprenant la perception de celui-ci sans le juger.
Les deux partenaires s'efforcent chacun en ce qui le concerne à
s'abandonner à l'autre. Watson fait un lien entre la confiance que le
patient a en l'infirmier et la décrispation de celui-ci, ce qui est
favorable à l'amélioration de sa santé.
La science du caring ne peut plus admettre des pratiques
uniquement basées sur le bon sens, mais sur les preuves. Une science est
universelle et ne peut varier selon le praticien. Watson a bien fait de
souligner que la démarche scientifique et la démarche de soin
empruntent le même cheminement. Ceci peut encourager les infirmiers qui
ont toujours du mal à mettre la démarche de soin en oeuvre. Or la
véritable scientificité des soins infirmiers passe par cette
pratique afin que l'infirmier soit pris au sérieux.L'auteur
relève également un fait social très capital, celui de
l'héritage des perceptions sociales. Cette approche a une importance
dans l'épanouissement issu de l'accomplissement. L'échec ou la
réussite ne sont pas des transmissions sociales, mais la
résultante d'un effort personnel qui valorise ou fragilise l'estime de
soi. Lorsque les infirmiers ne perçoivent que le volet technique de leur
rôle, serait un héritage des anciens qui n'étaient
formé que pour l'exécution. L'approche éducative ne leur
hante pas l'esprit pourtant elle est au coeur des interventions.Watson a
également touché du doigt l'altérité. Toute
personne se valorise à travers ce que l'autre pense d'elle. Etre
compris, accepté sont des comportements altruistes qui sont
nécessaires dans la satisfaction du besoin d'appartenance. L'infirmier
et la famille doivent travailler en collaboration. La famille depuis l'enfance
a une façon traditionnelle de prendre soin de leur enfant. C'est dans ce
sens que Kérouac et al (1994, p. 89) déclarent que
« l'infirmière reconnaît les connaissances et les
habiletés des membres de la famille et en tient compte lorsqu'elle les
accompagne dans leurs expériences de santé. Les professionnels et
les membres de la famille travaillent en
complémentarité ».
Avec les maladies chroniques qui prennent de l'ampleur, Watson
nous donne des outils pour accompagner les patients efficacement. La personne
pour atteindre son bien-être malgré la maladie, doit affronter la
vie avec celle-ci en transformant son environnement et en privilégiant
une relation de qualité. L'infirmier en tant que facilitateur, doit
pouvoir aider son patient à mobiliser ses ressources pour être
autonome et atteindre un haut niveau d'actualisation de soi. De nos jours, nous
ne sommes plus dans le continuum maladie-hôpital-santé, mais
plutôt dans la coexistence santé/maladie. De ce fait, le patient
doit puiser dans ses perceptions positives pour surmonter la situation de
morbidité.C'est dans ce sens que Watsonencourage les acteurs de la
santé à axer leurs actions sur la promotion de la santé.
Pour atteindre cet objectif, l'auteur propose l'éducation
thérapeutique du patient basé sur les moyens de lutte contre le
stress.
En somme, Watson, pense que les soins infirmiers consistent
entre autres à :
v faire émerger des sentiments d'espoir et les
croyances qui apportent de l'énergie et permettent de transcender la
tristesse et la souffrance ;
v développer des capacités pédagogiques
et d'échanges interpersonnels ;
v se soucier de la perception du phénomène
vécu en relation avec la spiritualité (Winock & Cavignaux,
2003).
1.12 La
théorie de l'action raisonnée
Dans le cadre d'une analyse de comportement, la théorie
de l'action raisonnée (TAR) est l'une des meilleures qui facilite la
compréhension. La théorie de l'action raisonnée en
anglais, (Theory of Reasoned Action) est un modèle qui provient de la
psychologie sociale. Ce modèle développé par Fishbein et
Ajzen cité dans Edu Tech Wiki(2011) définit les liens entre les
croyances, les attitudes, les normes, les intentions et les comportements des
individus. Selon ce modèle, le comportement d'une personne serait
déterminé par son intention comportementale à adopter.
Cette intention serait quant à elle, déterminée par
l'attitude de la personne et par ses normes subjectives relatives au
comportement en question. Fishbein et Ajzen (Op. cit.) définissent les
normes subjectives comme étant la perception de l'individu qui estime
que la plupart des personnes sont importantes à ses yeux, et sont d'avis
qu'il devrait ou ne devrait pas effectuer le comportement en question. En
résumé, on se retrouve avec une équation du type :
Intention comportementale = Attitude + Normes Subjectives
Figure II :
Théorie de l'action raisonnée traduit du schéma de Davis
Bagozzi et Warshaw (1989)
Selon la théorie de
l'action raisonnée, l'attitude d'une personne envers un comportement,
serait déterminée par ses croyances envers les
conséquences de ce comportement multiplié par son
évaluation de ses conséquences. Les croyances sont
définies par la probabilité subjective de l'individu sur le fait
qu'effectuer un comportement particulier va produire des résultats
spécifiques. Ce modèle se base donc sur le postulat que les
stimuli externes influencent les attitudes et cela en modifiant la structure
des croyances de l'individu (Gandit, 2007). Par ailleurs, l'intention
d'effectuer un comportement, est également déterminée par
les normes subjectives qui sont elles-mêmes déterminées par
les croyances normatives d'un individu et par sa motivation à se plier
aux normes.
La théorie de l'action raisonnée postule
également que tous les autres facteurs qui influencent le comportement
le font uniquement de manière indirecte, et cela, en influençant
l'attitude ou les normes subjectives. Fishbein et Ajzen (1975) se
réfèrent à ces facteurs comme étant des variables
externes. On y retrouve par exemple, les caractéristiques des
tâches, de l'interface ou de l'utilisateur, la nature du
développement ou de l'implémentation, les influences politiques,
la structure organisationnelle, etc.La théorie de l'action
raisonnée d'Ajzen et Fishbein (1980), rejette l'idée que les
actions de l'individu puissent être sous-tendues par des motivations
inconscientes qui sont par nature capricieuses et imprévisibles. Pour
eux, avant d'agir, l'être humain considère les implications de ses
actions et en fonction de cela décide ou non de s'engager dans l'action,
d'où le nom de leur théorie. Ainsi lorsque l'infirmier
n'identifie pas les résultats positifs de l'ETP dialysé, il ne
s'engagera pas. Le fait de parler d'action plutôt que de comportement
fait référence à un problème méthodologique
d'observation des uns et des autres.
Pour Ajzen et Fishbein (1980), il est impossible d'observer ce
qu'ils appellent des « classes comportementales » comme
l'agression mais seulement des actions spécifiques ou des actes
individuels qui peuvent être qualifiés d'agressifs. Pour eux, la
plupart du temps, les individus n'arrivent pas à distinguer ce qui est
de l'ordre du comportement de ce qui est de l'ordre du résultat du
comportement. Par exemple, la réussite de l'ETP dialysé dans une
relation thérapeutique, n'est pas un critère pour mesurer un
comportement mais seulement un résultat possible. Leur analyse les
conduit donc à considérer l'action, la cible de cette action, le
contexte dans lequel elle apparait et le temps qu'il faut pour la
réaliser.
Enfin, l'importance de ces deux facteurs n'est pas identique
dans toutes les situations. Dans certains cas, les intentions de l'individu
seront principalement dictées par les normes sociales, alors que dans
d'autres, ce sont les attitudes envers le comportement qui vont être
prépondérantes.Par ailleurs, Ajzen et Fishbein (1975;1980)
n'oublient pas qu'un certain nombre de variables externes vont influencer
celles qu'ils prennent en compte dans leur modèle. Cependant, pour eux,
ces variables ont principalement un effet distal alors que celles qu'ils
considèrent ont un effet proximal. Nous convoquons cette théorie
pour prédire et comprendre les comportements et les attitudes des
infirmiers du service de l'hémodialyse.
Parcontre il faut noter qu'après avoir découvert
quelques imperfections dans la structure de celle-ci, Ajzen et Fishbein (1988)
ont modifié la Théorie de l'action raisonnée en y ajoutant
un troisième élément :le contrôle
comportemental perçu. L'idée principale qui découle de
cette nouvelle théorie se résume ainsi : les individus ne
seront pas susceptibles de développer une forte intention d'agir et de
se comporter d'une certaine façon, s'ils croient ne pas avoir les
ressources nécessaires ou les opportunités pour y arriver, et ce
même s'ils possèdent des attitudes favorables envers le
comportement en question et s'ils estiment que les membres de leur entourage
approuveraient le comportement.
Ces différents éléments ont motivé
la descente sur le terrain pour toucher du doigt la réalité.
Ainsi la deuxième partie abordera l'approche opérationnelle qui
va regrouper la méthodologie, la présentation et la discussion
des résultats.
.
14 Deuxième partie : Approche
opérationnelle de l'ETP
15 Chapitre III :Cadre
d'étude et approche méthodologique
1.13 Cadre d'étude
1.13.1
Présentation du lieu de l'étude
1.13.2
Historique
Le CHUY a été créé par le
décret n° 78/741 du 24 juin 1978, réorganisé
successivement par les décrets n° 91/065 du 23 janvier 1991 et
n° 2001/269 du 24 septembre 2001. En 1978 lors de sa création, le
CHU vient combler un vide réel et ouvre une ère nouvelle aux
prestations sanitaires du pays et à la formation des étudiants en
médecine. De 1978 à 1988, le CHUYa joué pleinement son
rôle d'hôpital de référence et d'excellence, et
rempli ses principales missions de : support pédagogique au CUSS,
recherche, collaboration avec les institutions de formation en sciences de la
santé, prestation de soins médicaux de haut niveau.Le CHUY jouit
pendant cette période de gloire, d'un plan de gestion administrative des
plus performants. Sur les plans juridique, administratif et
organisationnel : le conseil d'administration, la direction, les services
administratifs et financiers ainsi que les services d'appui sont
structurés et fonctionnels. Le plateau technique est unique en son genre
et le budget couvre les demandes et exigences techniques.
1.13.3 Situation
géographique
Situé au quartier Melen, dans l'arrondissement de
Yaoundé sixième, Département du Mfoundi, région du
centre, les structures du CHUY couvrent plusieurs dizaines d'hectares. Par
rapport à l'entrée principale, il est limité :
· au Nord, par la station TOTAL auquel il fait
face ;
· au Sud, par l'université de Yaoundé
I ;
· à l'Ouest, par la Faculté de
Médecine et des Sciences Biomédicales (FMSB) ;
· àEst, par le Centre International de Recherche
Chantal Biya (CIRCB) auquel il est contigu ;
· auSud-Est, par l'école polytechnique.
1.13.4 Organisation
du CHUY
Traiter de l'organisation d'une structure, renvoie à
appréhender d'une part l'organigramme et d'autre part les attributions
des différents organes de ladite structure.
Organigramme (voir annexe VI)
Nous distinguons trois niveaux d'organisation.
Ø Le sommet stratégique
C'est à ce niveau que s'opèrent la supervision
et l'orientation générales des activités de la structure
hospitalière. Les décisions les plus importantes concernant la
vie de l'organisation y sont prises et constituent l'impulsion globale qui
conduit la marche de l'hôpital vers l'atteinte de ses objectifs. On y
retrouve le Conseil d'Administration et la Direction
Générale.
Ø Le centre médium
C'est le niveau directionnel où se fait la
coordination des activités découlant de la mise en oeuvre des
décisions arrêtées par le sommet stratégique. Il est
composé de la Direction Médicale et Technique (DMT) et la
Division Nursing (DN).
Ø La base opérationnelle
Elle correspond au niveau d'exécution proprement dit,
des prescriptions de la hiérarchie visant à rendre
concrète la mise en oeuvre des missions assignées à
l'organisation. Il s'agit principalement des services placés sous la
responsabilité des organes du centre médium.
Au sein de la DMT, les organes opérationnels
sont : les services de : médecine interne et
spécialité, pédiatrie et spécialité,
chirurgie et spécialité, odontostomatologie, réanimation
polyvalente avec son unité d'hémodialyse, oto-rhino-laryngologie,
gynéco-obstétrique et spécialité, ophtalmologie,
anesthésiologie, radiologie et imagerie médicale, urgences,
exploitation fonctionnelle et de la médecine sportive, pharmacie,
laboratoires dont le laboratoire d'hématologie, de bactériologie,
de parasitologie, de biochimie, d'anatomie et de cytologie.Au sein de la DN,
l'on retrouvele service du Nursing et le service des techniques
médico-sanitaires.
Le support logistique
Il représente ici l'ensemble des organes chargés
d'apporter aux autres entités, un appui sur les plans humains,
matériels, techniques et informationnels (ressources humaines, achat de
fournitures, gestion du patrimoine etc.). Nous pouvons donc citer :
· la Division Administrative et Financière (DAF)
qui comprend : les services du personnel ; des finances et de la
comptabilité, de la gestion du malade, de la clientèle, du
marketing et du suivi, de l'hôtellerie ;
· le secrétariat de la direction
générale ;
· le service technique et de la maintenance ;
· le bureau du courrier ;
· la comptabilité-matière.
Le support intellectuel
Ici, on retrouve tous ceux qui apportent leur service
intellectuel au sommet stratégique et au centre médium. On a
donc :la Commission Technique Consultative, le service des études
et des relations publiques, le service juridique et du contentieux, la cellule
informatique.
Attribution de la Division
Nursing
Sa mission principale est de coordonner les activités
professionnelles des infirmiers. A cet effet, elle est chargée
de :
· confectionner un protocole d'accueil
approprié ;
· définir le rôle de chaque catégorie
professionnelle ;
· assurer la continuité des soins dans chaque
service ;
· évaluer la qualité des soins
infirmiers ;
· élaborer et diffuser les fiches techniques et
les protocoles ;
· superviser le personnel infirmier dans ses
activités quotidiennes ;
· respecter les protocoles de soins, les circuits
définis en vue de lutter contre les infections nosocomiales ;
· promouvoir la stratégie de prévention des
accidents avec exposition au sang (AES).
1.13.5 Le service
d'hémodialyse
Le service a été ouvert le 16 novembre 2006. Il
a une capacité de 10 places et est composé de 18 infirmiers avec
à leur tête un Médecin néphrologue. L'étude
s'est déroulée essentiellement dans ce service. Durant notre
passage, 80 personnes ont bénéficié des prestations.
Tableau VI :
synthèse de présentation du CHU Y
Institution
|
CHU Y
|
Date de création
|
24 juin 1978
|
Localisation
|
Quartier Mélen
|
Tutelle
|
MINSANTE
|
Capacité d'accueil
|
178 lits
|
Nombre du personnel soignant (Infirmier
Supérieur (IS), Infirmier Diplômé d'État (IDE),
Aide-Soignant (AS)
|
300
|
Taux d'occupation moyen du lit
|
61.4%
|
Système de travail
|
2 X 12
|
Position de service nursing
|
Sous la Division Nursing
|
Qualification des chefs d'équipe
|
IDE/IDEP/IS
|
Service
|
Hémodialyse
|
Capacité d'accueil
|
10
|
Nombre d'infirmier
|
18
|
Nombre de personnes suivies
|
80
|
(Rapport d'activité CHUY, 2012)
1.13.6
Justification du lieu de l'étude
Les principales raisons qui ont guidé le choix du lieu
de recherche se résument en ces lignes :
- Le constat que nous avons fait durant nos stages par rapport
à la non implication des infirmiers dans l'ETP ;
- Le CHUY est une structure hospitalière où ce
thème de recherche peut être bien creusé ;
- Le CHUY est un centre de référence qui
accueille les personnes dont la pathologie dépasse les
compétences des autres structures sanitaires.
- Le CHUY est l'un des deux centres d'hémodialyse
à Yaoundé.
- Le CHUY a une vocation hospitalo-universitaire recevant la
pluspart des étudiants et hébergeant les plus grands travaux de
recherches académiques.
- Le CHUY était plus accessible de par notre
résidence en terme de proximité.
1.14 Approche
méthodologique
1.14.1 Méthode de collecte de données
Type de recherche
L'objectif de ce travail étant de comprendre la
perception des infirmiers sur l'ETP, la recherche qualitative a
été utilisée.En effet, selon Nkoum, (2010, p. 49), elle
« a pour objet d'étudier les phénomènes
humains en vue de plus de compréhension et
d'explication ».
Cette étude a une orientation
phénoménologique. Elle a permis à travers une analyse, de
donner sens aux expériences des infirmiers sur l'ETP dialysé
(Op. cit.).
Méthode de
recherche
la méthode clinique est
celle choisi pour ce travail. Le but de celle-ci est de participer avec l'autre
au travail sur le sens de son projet, de son cheminement (Op.
cit.).
La population cible
Les participants sont constitués essentiellement des
infirmiers du service d'hémodialyse dont des IDE, les LSI et les MSI.
Critères d'inclusion : Pour être
incluse dans cette étude la personne devrait être infirmier au
service d'hémodialyse et accepter de participer à
l'enquête.
Critères d'exclusion : Une
personne ne pouvait être incluse dans cette étude si elle n'a pas
au moins un an d'expérience dans le service d'hémodialyse.
Méthode d'échantillonnage
Nous avons utilisé un échantillonnage non
probabiliste à choix raisonné. A cet effet nous avons
recruté le personnel les infirmiers selon leur disponibilité
pendant la période de la collecte jusqu'à saturation
d'informations.
Taille de l'échantillon
Ainsi, les informations ont été reçues
des IDE, des LSI et des MSI soit 08 informateurs.
L'outil et les techniques de collecte des données
Le mode de recueil des données est essentiellement
basé sur des entretiens semi-directifs avec les infirmiers avec un guide
d'entretien en trois sections. Ces entretiens ont été
menés individuellement dans une salle fermée et à l'abri
des autres qui pourraient influencer le point de vue de l'informateur. Un
dictaphone a été utilisé pour .enregistrer les propos.
Lorsqu'il y avait une visite ou l'entrée d'un collègue,
l'enregistrement s'arrêtait pour se poursuivre après sa sortie.
Présentation du
guide d'entretien
Les sections du guide d'entretien s'articulent comme
suit :
Section I : Les données
socio-démographiques ;
Section II : La conception de l'ETP ;
Section III : La perception des infirmiers sur
l'importance de l'ETP ;
Section IV : La perception des infirmiers sur les acteurs
de l'ETP ;
Section V : La perception des infirmiers sur le contenu
de l'ETP ;
Section IV : La mise en oeuvre de l'ETP.
Ces entretiens sont triangulés par des données
d'observation directe. En effet, nous avons également utilisé une
grille d'observation qui nous a essentiellement permis de vérifier la
mise en oeuvre de l'ETP et les relations entre les infirmiers et les patients
dialysés.
Avant l'administration du guide, un pré-test a
été effectué au service d'hémodialyse de
l'Hôpital Général de Yaoundé car ayant le même
plateau technique. Il a permis de réajuster et de reformuler les
questions ambigües.
1.14.2
Méthode d'analyse des données
Dans un 1er temps, le
dépouillement des données a été effectué.
Pour que les données recueilles sur le terrain soient utilisable, La
transcription des enregistrements a été effectuée afin de
rendre les données sous forme écrite. Dans un second temps, une
analyse de contenu a été effectuée selon une approche
thématique. Enfin, L'exploitation des données a été
réalisée pour l'atteinte des objectifs.
1.14.3 La
durée de l'étude
L'étude a commencé en juillet 2013 et prendra
fin en décembre 2014 mais la collecte des données a eu lieu du
01er au 13 avril 2014.
1.14.4 Le respect
de l'éthique
Dans le cadre de cette recherche,
· l'UCAC/ESS nous a délivré une demande
d'autorisation (annexe V);
· le CHUY nous a doté d'une autorisationde
collecte des données au service d'hémodialyse (annexe VI) ;
· avant tout entretien nous avons obtenu un consentement
éclairé de l'infirmier (annexe III) ;
· une fiche d'information a été remise aux
participants pour s'imprégner de l'étude (annexe IV);
· en outre, la confidentialité des données
leur a été garantie ;
· L'anonymat a été requis.
Les limites de l'étude
L'approche étant essentiellement qualitative et vu la
taille de l'échantillon, les résultats sont transférables
et non généralisables. Dans la posture de chercheur en
construction nous ne prétendons pas pouvoir développer toute la
quintessence de ce thème.
Les difficultés
Même si la documentation sur l'ETP fourmille les milieux
universitaires et sanitaires, les écrits sur la perception des
infirmiers sur l'ETP sont difficile à trouver.
16 Chapitre IV : Présentation et analyse des
résultats
1.15 Présentation des résultats de
l'entretien
1.15.1
Légende des informateurs
Tableau VII :
Identification des répondants
N°
|
Identification
|
Code
|
|
1. LSI, H, 38 ans (10 ans d'expérience)
|
Inf 1
|
|
2. IDE, H, 29 ans (3ans d'expérience)
|
Inf 2
|
|
3. IDE, H, 35 ans (8ans d'expérience)
|
Inf 3
|
|
4. LSI, H, 31 ans (2ans d'expérience)
|
Inf 4
|
|
5. IDE, F, 32 ans (2 ans d'expérience)
|
Inf 5
|
|
6. MSI, F 34 ans (7 ans d'expérience)
|
Inf 6
|
|
7. IDE, F, 38 ans (1,5 ans d'expérience)
|
Inf 7
|
|
8. MSI, F, 35 ans (8ans d'expérience)
|
Inf 8
|
1.15.2
Données socio démographiques
Tableau VIII :
Répartition des informateurs selon les variables
socio-professionnelles
Variables
|
Caractéristiques
|
Effectifs
|
Profil
|
IDE
|
04
|
LSI
|
02
|
MSI
|
02
|
Expérience professionnelle dans le
service
|
]1 an à 5 ans [
|
04
|
[5 ans à 10 ans [
|
04
|
Il ressort de ce tableau que les IDE font part égale
avec les Infirmiers Supérieurs. Le service regorge essentiellement
d'infirmiers avec des expériences allant jusqu'à dix ans.
1.15.3
Données relatives aux conceptions sur l'ETP
Les informateurs révèlent que l'ETP est un
ensemble d'informations et de conseils que l'infirmier donne à la
personne dialysée pour l'autogestion de sa maladie.Ainsi
déclarent-ils :
« L'éducation thérapeutique du
patient c'est, pour moi ça intègre d'abord la relation. Parce
que, pour faire passer un message il faudrait qu'au départ qu'il y ait
une relation entre le patient et le soignant. Au départ lorsque la
relation est bien négociée, le message qu'on veut transmettre au
patient peut très bien passer, il le reçoit et il
s'exécute » Inf 1.
« L'éducation thérapeutique, c'est
toute information qu'on apporte au malade, pouvant l'aider dans sa prise en
charge globale »Inf 2.
« C'est vrai que c'est un concept nouveau pour
moi. Cependant j'en ai toujours entendu parler. Dans une approche globale, je
considère cela comme une prise en charge des malades. C'est ainsi que je
conçois ce concept thérapeutique » Inf 3.
« L'éducation du patient, c'est un
enseignement dont le personnel soignant est appelé à transmettre
au malade au patient, afin qu'il soit averti et qu'il puisse mieux se prendre
en charge »Inf 4.
« Mais généralement dans le
service de dialyse au CHU, on essaye d'être amis avec les malades, on
essaye de blaguer avec eux, de porter la joie. On ne fait pas de
différence. C'est pour leur amener à oublier un peu leur maladie.
Donc pendant la séance qui dure quatre heures de temps, le patient se
sent à l'aise. L'infirmier n'est pas frustré, le patient non
plus. Donc généralement c'est ça, c'est plus une
éducation » Inf 5
« Ce sont les conseils qu'on doit donner aux
patients par rapport à leur traitement » Inf 8.
1.15.4
Données concernant les compétences ciblées par l'ETP
dialysé
Les infirmiers révèlent que l'ETP doit se
concentrer sur la maladie, le traitement, la nutrition et le mode de vie.
Ainsi, déclarent-ils :
« Donc pour moi, l'éducation du patient,
c'est l'information du patient sur déjà sa maladie, il y a
beaucoup de malades qui sont malade d'une maladie qu'ils ne connaissent pas,
donc il faut lui donner des informations suffisantes sur sa maladie ;
maintenant les décisions thérapeutiques qui sont prises pour son
traitement il a besoin d'être informé, pour participer, aussi il y
a le côté alimentaire qui est très important dans la prise
en charge des malades il y a certains aliments qui ne sont vraiment pas
autorisés quand on a un certain type de pathologie les malades doivent
savoir cela et pouvoir nous aider à les soigner donc pour moi
l'éducation du malade doit intégrer tous ces aspects »
Inf 1.
« Ce sont ceux à qui on apporte beaucoup
d'information parce qu'ils viennent d'arriver dans le service et ne savent pas
comment les choses se passent. On doit donc leur expliquer en premier lieu leur
maladie, l'alimentation, le traitement, la conduite à tenir lorsque
survient une complication ou un signe d'alerte par rapport à un malade.
C'est plus ceux-là à qui on prend de temps souvent pour leur
expliquer » Inf 2
« On leur parlait de leur maladie, on leur
donnait des conseils sur le plan de la diététique et comment se
comporter avec leurs fistules et leur cathéter »Inf 3.
« Surtout en hémodialyse où on a
besoin de la contribution véritable du patient déjà dans
la surveillance de sa fistule et ensuite au niveau du régime
alimentaire » Inf 4.
«Il y a la partie des médicaments, il y a la
partie de la nutrition, il y'a la partie de l'observation aux rendez-vous de
dialyse. Donc, c'est tout ça qui fait l'éducation
thérapeutique » Inf 6.
« Ce sont les conseils qu'on doit donner aux
patients par rapport à leur traitement. C'est-à-dire le soin de
dialyse, la nutrition et d'autres. Puisque le traitement c'est,... la dialyse
même, le traitement après la dialyse et aussi les
médicaments qu'il doit prendre après la dialyse, ceux de tension,
de diabète et par rapport aussi à
l'alimentation »Inf 8.
1.15.5
Données liées aux intervenants en ETP dialysé
L'infirmier est celui qui est reconnu par tous les
participants comme devant éduquer le patient dialysé car il passe
plus de temps avec lui pendant la dialyse.
« Avant la décision de la dialyse, moi je
pense que c'est le médecin...au moment du diagnostic je crois que ce
soit le médecin que ce soit l'infirmier devrait être
accompagné par un psychologue. Moi je pense que la personne la mieux
indiquée à ce stade[pendant la dialyse] c'est
l'infirmier ; parce que c'est l'infirmier qui est beaucoup plus proche du
malade que tous les autres professionnels quand le malade est connecté
sur sa machine il a quatre heures de temps sur place et à
côté de lui c'est l'infirmier » Inf 1
« C'est le médecin, puisque c'est le
médecin qui met le patient sur dialyse. Il doit informer
énormément le patient avant de le mettre sur dialyse parce que
c'est lorsque le malade est sur dialyse que nous les infirmiers nous avons
l'occasion de le voir. Donc c'est le consultant qui doit bien
préparer son patient avant de le mettre sous hémodialyse.C'est
tout le personnel hein. Le médecin, les infirmiers et ça va se
faire tous les jours, puisque cette éducation permettra au patient
d'éviter certaines complications liées à sa
maladie » Inf 2
« C'est l'infirmier puisque c'est lui qui est
à côté du malade, qui voit comment le malade se comporte et
qui rend compte au médecin »Inf 3.
« Avant la première séance de
dialyse, bon, il y a déjà le médecin qui
déjà en consultation doit donner un certain nombre d'informations
au patient. C'est vrai que l'infirmier par la suite est beaucoup plus proche du
malade pour la suite de cette éducation » Inf 4.
« Au cours de la dialyse, les infirmiers, les
aides-soignants, chacun a son rôle autour du malade » Inf
6.
« Avant la prise de décision de la
dialyse, c'est le médecin parce que nous sommes ici, on attend seulement
les malades qui entrent en dialyse. Avant la dialyse on ne voit pas les
patients avant la mise sous dialyse, c'est le médecin qui est
concerné puisque c'est lui qui reçoit les malades en consultation
externe et dépiste que celui-ci est déjà en stade
terminale et le met en dialysé.En tant qu'infirmiers pendant la pratique
des soins, on donne les conseils aux patients » Inf 8
1.15.6
Données relatives à la mise en oeuvre de l'ETP dialysé
Tous les infirmiers reconnaissent que l'ETP n'est pas
organisée dans le service. Par contre chacun éduque son patient
selon le besoin de ce dernier. Ils affirment que :
« Ils[les patients] ont convenu que ce
sera au sein de leur association qu'on viendra de temps en temps leur donner
des enseignements. Très peu se donnent la peine de venir rester avec le
malade, causer avec le malade, interpeller le malade sur un certain nombre de
faits, sinon c'est des relations autoritaires, si tu vois telle personnel
s'adresser à un malade c'est pour lui donner des instructions, pour lui
montrer comment c'est lui qui commande parce que c'est son service »
Inf 1.
« C'est vrai qu'en réalité c'est
pas organisé. Chaque personnel essaie tant que ce peut d'apporter une
éducation chaque fois au patient. Mais sinon avec la charge du travail,
ce n'est vraiment pas évident, parfois on le fait de façon
patient-infirmier. C'est pas vraiment organisé comme dans certains coins
où on les regroupe pour passer des informations » Inf
2.
« L'éducation est individuelle pendant la
dialyse » Inf 4.
« Il n'y a pas assez de temps
réservé à l'éducation. Vous cherchez seulement
à le mettre sous la machine parce qu'il veut être
dialysé » Inf 6.
« L'éducation n'est pas organisée
en tant que telle... pendant qu'on fait le traitement, on essaye de leur dire
ce qu'ils doivent faire ou pas en fonction de leur
traitement »Inf 8.
1.15.7
Données révélant les obstacles à l'ETP
dialysé
L'ETP pour tous les infirmiers, est entachée de
difficultés, d'une part liée à la personne malade, d'autre
part au personnel voir l'organisation du service. On pouvait les entendre
évoquer :
« Les difficultés ils sont je veux dire
peut être d'ordre pratique, ça veut dire que, il est parfois
difficile de présenter un idéal à certains malades mais
ces malades sont dépourvus de moyens.Des malades parfois qui sont
très fermés.... aussi un personnel qui est parfois
dépourvu d'engagement... des relations autoritaires »Inf
1.
« Les difficultés c'est par rapport
à l'organisation du service... Il y a pas de personnel suffisant... avec
la charge du travail avec des problèmes techniques qui surviennent tout
le temps... au départ c'est difficile. Ils sont parfois
agressifs » Inf 2.
« Le malade étant déjà sur
la phase chronique est sur la défensive c'est-à-dire qu'ils
savent qu'ils sont sur le chemin de la mort. Ceci fait que quand tu veux lui
parler de quelque chose peut être sur le plan de l'alimentation, il te
dit qu'il n'a pas de choix à faire. Il mange et boit ce qu'il voit.
C'est difficile » Inf 3
« C'est vrai, nous avons beaucoup de
difficultés. Au niveau de la psychologie du patient, le patient est
diminué. Donc pour l'amener à comprendre qu'il peut vivre en
faisant ses séances de dialyse normalement et tout,
généralement, c'est difficile d'accepter ça. Et c'est
vrai que le patient, un patient qui a une insuffisance rénale
généralement dépense plus...les patients dialysés
se plaignent beaucoup plus du coût des examens » Inf
5
« Les malades sont résistants aux
changements... ce n'est pas tout le monde aussi qui est capable de bien
éduquer les malades. Il n'y a pas assez de personnel. Donc je pense que
c'est les deux problèmes que nous rencontrons : manque de personnel
qualifié et résistance au changement de vie du malade. Il n'y a
pas assez de personnel. Avec la charge du travail, peut-être il deux
personnes le temps que vous allez connecter. Il n'y a pas assez de temps
réservé à l'éducation. Vous cherchez seulement
à le mettre sous la machine parce qu'il veut être
dialysé » Inf 6.
« Ce n'est pas facile. Lui [le patient]
il va te dire "Moi j'aime manger de l'huile de palme, que ça me plait".
Tu lui dis non, quand tu es en hémodialyse, ne bois pas du vin rouge, il
te dit "Non, je bois du vin rouge"donc c'est ça » Inf
7.
« Comme difficultés, ce sont des patients
qui ne sont pas aussi faciles qu'on le pense. Ce sont des malades qui sont sur
dialyse au jour le jour, eux-mêmes ils connaissent souvent beaucoup de
choses. Parfois quand on les éduque là, il y'en a qui
n'épousent pas facilement cette éducation. Puisque ce sont des
gens qui avec le temps, ils connaissent déjà beaucoup de choses.
Ce qui fait qu'il y a des moments où ce n'est pas facile car ils se
disent qu'ils connaissent tout puisqu'ils ont déjà duré
avec la maladie » Inf 8.
1.16 Présentation des résultats de
l'observation directe
Indicateurs
|
Observés
|
Non observés
|
Organisation de la 1ère séance
de la dialyse.
|
Les patients reçus en 1ère
séance de dialyse sont souvent dans un état de dégradation
qui exige une urgence. C'est seulement avec la famille que les échanges
ont eu lieu.
|
Pas de procédure d'accueil des patients/famille lors de
la 1ère séance de dialyse.
|
Mise en place d'ETP
|
Seules quelques informations complémentaires sont
données aux patients selon leurs préoccupations.
|
Aucune ETP n'a été organisée dans le
service.
|
Le rôle de l'infirmier
|
Les infirmiers ont une autonomie dans l'organisation de la
dialyse. Ainsi, ils jouent à la fois le rôle propre et de
collaboration.
|
Rien à signaler
|
Communication avec les patients
|
Les patients ayant passé plusieurs années (8 ans)
avec les infirmiers, une familiarité se noue entre eux.
|
Aucune tension ni de différends n'ont été
observés durant notre séjour.
|
Procédure de satisfaction des
préoccupations informationnelles des patients
|
les infirmiers se rendent disponibles pour répondre aux
différentes questions des patients.
|
Aucun patient ne s'est plaint de l'attitude d'un infirmier.
|
Relation soignant/soigné
|
Ambiance bon enfant, avec une familiarité.
|
Rien à signaler
|
Relation d'aide
|
Bon soutien psychologique et une compréhension des
préoccupations des patients
|
Insuffisance d'écoute active
|
Relation éducative
|
Approche paternaliste avec des instructions et des
injonctions
|
Manque d'éducation formalisée.
|
17 Chapitre V : Synthèse et discussion des
résultats
Dans ce dernier chapitre, il sera question de donner sens aux
résultats au vue des théories et de la revue de
littérature afin d'atteindre l'objectif de l'étude.
1.17 Les caractéristiques socio-démographiques
au service de la dynamique professionnelle
Le service hémodialyse est constitué
essentiellement d'infirmiers de la jeune génération. Cette
situation évite des conflits générationnels. Nous avons
apprécié le dynamisme avec lequel tout le personnel infirmier
manipule les appareils et se rend disponible au chevet des patients. Le rythme
très soutenu où l'endurance physique se mêle au
professionnalisme. A cette génération juvénile s'ajoute
l'expérience professionnelle qui leur donne des aptitudes techniques et
intellectuelles nécessaires pour satisfaire les patients
dialysés. « J'ai vécu beaucoup de chose et la
façon de prendre en charge chaque malade. Donc, je pense que
l'expérience déjà dans le service me donne quand
même un acquis » Inf 3.Un infirmier
expérimenté fait plus preuve de professionnalisme et affiche une
attitude rassurante et de maîtrise de soi.
Aucun infirmier n'a reçu une formation diplômante
en hémodialyse, donc il n'y a pas d'infirmier spécialiste. Par
contre, certains ont reçu des formations post diplômantes sur la
manipulation des appareils.de dialyse. Aucune école ne forme au Cameroun
en hémodialyse, ce qui justifie cette situation. Néanmoins les
infirmiers ne doivent pas attendre qu'une formation leur soit proposée,
mais ils doivent se cultiver sur tout le savoir concernant la dialyse.
1.18 De la conception à la perception de l'ETP
dialysés
La perception sociale est déterminée non
seulement par les informations dont dispose le percevant ou par ses
capacités cognitives, mais aussi par ses motivations, ses valeurs
sociales et ses objectifs d'interaction. Les informateurs
révèlent que l'ETP est un ensemble d'informations et de conseils
que l'infirmier donne à la personne dialysée pour l'autogestion
de sa maladie. Le jugement que porte l'infirmier sur l'ETP dépend de sa
connaissance et de la maîtrise de cette pratique. En s'accordant que
l'ETP est assimilable aux informations et conseils, les infirmiers
conçoivent qu'il faut aider le patient dialysé à
autogérer sa maladie. C'est dans ce sens que d'Ivernois et Gagnayre
(2011) définissent l'ETP comme impliquant des activités
organisées de sensibilisation, d'information, d'apprentissage de
l'autogestion et de soutien psychologique.Ce qui amène Assal (Op.
cit, p.25) à déclarer que « Mieux un malade
connaît sa maladie, moins il la craint, et plus il est capable de la
gérer correctement ». Ayant une connaissance de l'ETP,
les infirmiers devraient avoir de la motivation, des valeurs et des objectifs.
Ces connaissances sont nourries depuis l'école pour certains et sur le
terrain pour d'autres « Le concept d'éducation
thérapeutique je l'ai connu pendant les années de ma formation au
Diplôme d'Etat » Inf 1. Certes, il existe une part
très importante d'informations et de conseils dans l'ETP. Cependant,
informer le patient ou le conseiller ne suffisent pas pour lui
transférer des compétences (d'Ivernois & Gagnayre, 2011).
Elle est plus une formation qu'une simple information comme dans l'IEC ou dans
l'éducation pour la santé. Les interventions et l'engagement des
infirmiers sont tributaires de leur perception de l'ETP(Wright & Leahey,
1995). En effet, ayant chacun sa perception basée sur un postulat ou sur
une théorie différente, leur attitude durant le séjour
était individuelle devant les patients. Certains étaient
autoritaires, d'autres humbles et le reste s'effaçait devant les
exigences du patient. Quelle que soit l'approche utilisée, nous
comprenons que c'est dans l'intérêt du patient car les sciences
infirmières sont complexes et ne sauraient établir des protocoles
de gestions des comportements humains.
1.19 L'approche humaniste dans l'implication des acteurs de
l'ETP dialysé
L'approche du caring sur laquelle est basée la
discussion prend ses racines dans un système de valeurs humanistes
solides qu'il appartient à l'infirmière de cultiver. Ce
système de valeurs doit intégrer des connaissances scientifiques
pour guider les activités de l'infirmière (Watson, 1998).Il nous
conduit à comprendre la perception des infirmiers sur l'importance de
l'ETP, la place de l'infirmier et du patient dans cette pratique et les
compétences attendues des patients.
1.19.1 L'importance
de l'ETP dialysé
L'objet des sciences infirmières c'est le soin à
la personne.Cette personne qui vit des expériences de
santé/maladie. Or, dans le cadre des maladies chroniques en
générale et de l'insuffisance rénale chronique en
particulier, le soin infirmier est enraciné dans une approche
éducative. Ce point de vue est partagé par l'informateur Inf
3« Je pense que c'est sur le plan de la prise en charge que le
concept d'éducation est en premier lieu très important pour la
survie du malade dialysé ».Idier en (1984) est
arrivé au même résultat. Dans ce contexte,l'infirmier n'est
qu'un accompagnateur capable de puiser dans toutes les ressources du patient
pour sa restauration. L'ETP permet d'utiliser des méthodes pour la
reconnaissance des compétences du patient.
Tous les infirmiers ont reconnu la place primordiale de l'ETP
dans la dialyse. La science infirmière dans sa quête d'autonomie
encourage les infirmiers dans une approche humaniste-scientifique et altruiste
d'éducation, à axer leurs actions sur la promotion de la
santé (Watson, 1998). Pour atteindre cet objectif, ce denier propose
l'éducation thérapeutique des patients basée sur les
moyens de lutte contre le stress. Aussi, l'insuffisance rénale chronique
provoque une perte définitive du mode de vie antérieur. Le
patient doit à travers son éducation, devenir responsable de son
traitement (Dialyse) afin de contrôler sa vie et de dépendre moins
des infirmiers (Vincent, Loaëc, & Fournier, 2009). Nous retenons ainsi
que l'ETP a pour avantage de retarder les complications de l'insuffisance
rénale chronique, de réduire la dépendance envers
l'infirmier et d'apprendre à vivre au quotidien sa nouvelle vie.Par
contre, Osbone et al. (2009) reconnaissent qu'en Australie l'ETP ne
revêt pas autant d'importance aux yeux de nombreux cliniciens. Les
infirmiers camerounais formés dans un modèle holistique et
promotionnel de la santé, incorporent la dimension éducative
à leur pratique.
1.19.2 La place de
l'infirmier dans l'ETP dialysé
Dans une approche d'interdisciplinarité, tous les
professionnels de la santé sont impliqués dans l'ETP
dialysé(Volle, 2007). Tous nos intervenants ont reconnu que l'infirmier
a un rôle incontournable dans l'ETP. Le soin infirmier a une dimension
éducative qui implique l'infirmier dans le soin relationnel et
d'accompagnement. En effet, l'infirmier dans cette interdisciplinarité,
doit être le coordonnateur de cette activité ; ce qui le met
au coeur des actions (ONI, 2010). Cette vision est partagée par un
informateur qui déclare que « C'est l'infirmier, puisque
c'est lui qui est à côté du malade, qui voit comment le
malade se comporte et qui rend compte au médecin »Inf 3.
Cette position est partagée par Roland (2013) qui trouve que l'ETP est
au centre du rôle infirmier dans le chemin clinique du patient. Ainsi,
dans une approche relationnelle, les infirmiers doivent percevoir leur
rôle éducatif comme étant indispensable au traitement par
la dialyse. Aussi, l'intégration d'une approche paradigmatique et
épistémologique contraint l'infirmier à accompagner
efficacement le patient dialysé. C'est dans cette optique que Sonna
(2012) recommande que les infirmiers s'impliquent dans l'éducation des
patients dialysés pour leur permettre d'accepter le traitement.
Par contre, tous les infirmiers se sont mis d'accord sur le
fait que dans la phase de prise de décision de la dialyse, seul le
médecin pouvait intervenir dans l'ETP. Nous prenons à
témoin cet infirmier qui déclare que « C'est le
médecin, puisque c'est le médecin qui met le patient sur dialyse.
Il doit informer énormément le patient avant de le mettre sur
dialyse parce que, c'est lorsque le malade est sur dialyse que nous les
infirmiers, nous avons l'occasion de le voir. Avant cela, nous n'avons pas
cette occasion. Ça se passe avec lui et son consultant. Donc, c'est le
consultant qui doit bien préparer son patient avant de le mettre sous
hémodialyse » Inf 2.Comment
l'infirmier-coordonnateur pourrait attendre le patient en salle de
dialyse ? Notons que Sonna (Op. cit.) a fait remarquer dans ces
résultats que la majorité des patients à qui le
médecin a proposé la dialyse l'a refusée ou mieux l'a
retardée de peur de mourir. Les infirmiers en abandonnant leur
rôle dans cette première phase d'accompagnement risquent
d'attendre les patients en vain en salle de dialyse. Les complications dues au
retard de la dialyse seraient imputables à leur passivité et leur
laxisme. Dans une démarche qualité, le service de consultation de
néphrologie doit associer les infirmiers au processus de décision
de la dialyse. Cette position corrobore avec celle de Buckley (2011, p. 91) qui
soutient que : « Aider à la prise de décision
en toute connaissance de cause est indispensable au travail en
partenariat[avec le patient]». La personne malade dans une approche
humaniste basée sur le modèle holistique ne peut se
résumer à sa maladie mais à toute sa personnalité.
Le « caring » des patients à qui la dialyse est
proposée doit surpasser leur « curing » dans une
approche humaniste-altruiste et scientifique comme le réclame Watson,
(1998) et Hesbeen, (1999). Cette position est renforcée par une
étude réalisée au Brésil par Lino(2013)dont les
conclusions sont :
· Si la prise en charge précoce des patients par
le néphrologue permet d'améliorer les paramètres cliniques
et biologiques à leur arrivée en dialyse, les consultations
médicales telles quelles sont faites ne permettent pas aux patients
d'acquérir des connaissances précises sur leur maladie ni
d'envisager l'avenir avec la dialyse.
· Les patients incriminent la durée trop courte
des consultations et le langage employé par les médecins. Enfin,
même les patients ayant rencontrés plusieurs médecins sont
insuffisamment informés, et la prise en charge par tel ou tel
médecin n'explique pas le manque de connaissance des patients.
La position des infirmiers s'explique par l'organisation de la
consultation dans le service. L'infirmier étant sollicité
uniquement pour la mise en oeuvre des prescriptions du médecin (dialyse)
par rapport au diagnostic d'insuffisance rénale, il lui est difficile de
discuter avec la personne malade avant qu'elle n'intègre la salle de
dialyse.
1.19.3 La place du
patient dans son éducation
De la même manière où chaque enseignant
utilise une méthode pédagogique dans la transmission de ses
connaissances, les infirmiers au service d'hémodialyse utilisent
plusieurs Méthodes de Transmission Pédagogique (MTP).C'est dans
cet ordre d'idée que l'informateurInf 2 évoque la
dépendance des facteurs : « Il est bien vrai que
l'éducation qu'on apporte au patient dépend de plusieurs
facteurs. Non seulement de son niveau intellectuel, bref il y a des
informations qu'on doit apporter au patient pouvant lui être
bénéfiques ». L'infirmier doit donc
connaître son patient. Ainsi, il faut noter qu'« Il est
important de savoir ce qu'être "patient" veut dire pour comprendre le
changement que patients et professionnel de santé doivent accomplir pour
arriver à des soins en partenariat » (Buckley, 2011, p.
84). Par ailleurs, tous les infirmiers s'appuient sur les préoccupations
du patient. C'est dans ce sens que l'Inf 1 affirme :« Je
pense que le patient dialysé a une place très importante dans
l'éducation thérapeutique parce que c'est en conversant avec le
malade qu'on peut comprendre ses manquements est ce que il est suffisamment
informé sur son traitement, est ce qu'il est suffisamment informé
sur sa maladie est ce que il a connaissance même du régime qu'il
doit suivre ».
d'Ivernois et Gagnayre (2011), reconnaissent que le patient en
tant qu'acteur de sa santé opère des choix thérapeutiques.
Même si le patient décide après persuasion et conviction
d'effectuer l'hémodialyse,lui ou sa famille le font en toute
liberté.Notons que tout patient veut guérir, à
défaut, veut un apaisement. Les infirmiers doivent s'appuyer sur le
besoin éducationnel du patient. C'est pourquoi Lacroix et Assal (2011),
réitèrent que la personne malade doit être mise au centre
des soins lorsqu'elle se retrouve dans une position de chronicité.Dans
cette révolution copernicienne dans la santé, Mvoa et Nkoum
(2014, p.110), martèlent que : « Le personnel
infirmier ne devra pas croire qu'à titre de professionnel de la
santé, il sait ce qui est dans l'intérêt véritable
du patient ». Nous ne tirons pas la personne malade vers notre
destination mais plutôt vers la sienne, tel est le fondement de
l'accompagnement infirmier. Les infirmiers doivent cesser de donner seulement
des informations et des instructions pour faire croire qu'ils éduquent
le patient. L'ETP doit prendre en compte les facteurs sociaux, environnementaux
et personnels qui interagissent dans les problèmes de
santé(Foucaud, Bury, Balcou-Debusshe, & Eymard, 2010). Dans ce
rapport de pouvoir, l'infirmier ne doit pas en abusé mais rester
flexible aux exigences implicites et explicites du patients.
Aussi, dans une approche systémique, la famille tout
comme le patient doit être prise en compte dans le programme
d'éducation car la famille bien informée comprend et soutient le
patient(Mathieu, 2013).Evoluant dans cette logique, Wright et Leahey (1995)
postulent que lorsqu'un membre de la famille est touché par une maladie,
chacun des autres membres est affecté à des degrés
différents. C'est ainsi que plusieurs relations et rôles sont
modifiés et nécessitent une réorganisation
vis-à-vis du membre malade de la famille. Aussi, pouvons-nous ajouter
que dans une approche centrée sur la personne et son projet de vie, il y
a une reconnaissance mutuelle de l'expertise de chacun (le savoir disciplinaire
de l'infirmier et le savoir particulier du patient dialysé en regard de
sa situation de vie) qui est mise à profit en vue de l'actualisation du
but commun, le projet de vie( Lefebvre & Levert, 2009). Le Programme
ExpertPatient a été construit dans l'optique que les
connaissances des patients n'ont jamais été exploitées.
Dans une phase de chronicité, le patient peut même détenir
des connaissances plus nourries que le professionnel de santé(Buckley,
2011).
Les associations des patients de nos jours constituent un
organe d'éducation et de soutien pour les patients. Elles jouent un
rôle primordial dans l'accompagnement des patients
dialysés(Empereur, 2009). Par contre, aucun informateur n'a
évoqué l'association comme devant participer à l'ETP
dialysé. Il semble méconnaître leur apport et leur
expertise dans la situation qui est la leur. Ce silence se comprend comme
résultat de l'approche paternaliste, où les infirmiers pensent
toujours détenir le monopole de la connaissance et du besoin des
patients.
1.19.4 Les
compétences attendues par l'ETP dialysé
Les infirmiers révèlent que l'ETP doit se
concentrer sur la maladie, le traitement, la nutrition et le mode vie.
La connaissance de sa maladie est un facteur incontournable
dans la compliance et l'adaptation du patient. Les infirmiers du service l'ont
reconnu comme devant faire partie du contenu de l'éducation. Ainsi,
déclarent-ils :« Il faut lui [patient]donner
des informations suffisantes sur sa maladie, maintenant les décisions
thérapeutiques qui sont prises pour son traitement il a besoin
d'être informé, pour participer » Inf 8. Cette
position est partagée par les constats de Ledey et al (2013) qui
affirment que la connaissance de la maladie permet au patient de comprendre et
d'accepter les décisions médicales. Dans la même
idée, ils ajoutent que les besoins et les compétences
exprimés par les soignants portent plus sur la maladie et son traitement
dans une perspective bioclinique. Les infirmiers doivent informer suffisamment
le patient sur sa maladie surtout que nous sommes dans une approche humaniste.
Ce qui a conduit Watson (1998) à dire que lorsque le soin est
démuni d'humanisme, ce ne sont plus des soins infirmiers et nous ne
sommes plus dans la science du caring. Mais des observations directes, certains
infirmiers se disent que le médecin aurait déjà bien
informé le patient dont il ne s'en préoccupe plus. La
répétition étant un principe pédagogique, les
infirmiers devraient organiser des séances pour expliquer
profondément au patient l'évolution de leur maladie.
Le traitement de l'insuffisance rénale terminale ne
peut se résumer au traitement de suppléance. Les autres
traitements connexes sont nécessaires pour l'efficacité et
l'amélioration de la santé du patient. Selon Watson (1998), nous
ne sommes plus dans le continuum maladie-hôpital-santé, mais
plutôt dans la coexistence santé/maladie. De ce fait, le patient
doit puiser dans ses perceptions positives pour surmonter la situation de
morbidité. Ainsi, les infirmiers doivent axer leurs actions sur la
promotion de la santé afin d'amener les patients dialysés
à intégrer la maladie dans leur quotidien. Des observations, les
clients sont informés des biens fondés des médicaments
contre l'anémie et autres. Cette vision est partagée par les
informateurs de Empereur (2009) qui voudraient bien savoir pourquoi
prennent-ils tel ou tel médicament.
L'aliment est un support indéfectible pour les
médicaments. C'est pourquoi Hippocrate (460-356 av. J.-C)
déclarait : « Que ta nourriture soit ton
médicament et que ton médicament soit ta
nourriture! ». Les informateurs ont soutenu cette pensée
en disant que : « Il y a le côté
alimentaire qui est très important dans la prise en charge des malades
il y a certains aliments qui ne sont vraiment pas
autorisés » Inf 2. Ledey et al (2013) sont parvenus aux
mêmes résultats quand leurs répondants affirmaient que
comprendre et expliquer les complications liées au régime est une
compétence importante pour gérer sa maladie et son traitement.
Le patient en hémodialyse n'est pas un patient en fin
de vie. Il pourrait formuler des projets de vieet vaquer librement à ses
occupations en respectant tout simplement certaines règles de vie. Les
participants dans l'étude de Ledey et al (Op. cit.) ont
avancé que le maintien d'une activité professionnelle est un
facteur de bonne adaptation au traitement d'hémodialyse. Par contre, les
répondants n'en ont pas fait cas. Les infirmiers ne se
préoccupent que de la situation du patient sans vouloir
pénétrer dans sa vie privée et professionnelle. L'approche
humaniste a une importance dans l'épanouissement qu'ont les patients
dans leur besoin d'accomplissement (Watson, 1998).Des observations, la plupart
des patients du service sont toujours en activité. Les autres sont
à la charge des parents.Ainsi, nous allons voir la perception des
infirmiers sur la mise en oeuvre de l'ETP dans le service
1.20 La mise en oeuvre de l'ETP dialysé dans une
rationalité d'action
Afin d'analyser le comportement éducatif des infirmiers
la discussion est basée sur la théorie de l'action
raisonnée, car le comportement d'une personne est
déterminé par son intention comportementale à adopter
(Ajzen & Fishbein, 1980).
1.20.1 De la
perception à la pratique de l'ETP
Les infirmiers de l'hémodialyse ont une connaissance et
une bonne perception de l'ETP. Par contre,des observations, il nous a
été difficile d'assister à une éducation. Si nous
sommes tous convaincus que l'éducation est aussi thérapeutique,
non seulement dans l'accompagnement du patient mais aussi et surtout dans les
effets positifs qu'elle engendre (d'Ivernois & Gagnayre, 2011), comment les
infirmiers éduquent ils les patients dialysés ? C'est
à cette question qu'un informateur réagit en ces
termes :« C'est chacun qui essaye aussi d'apporter ce qu'il
peut à chaque patient. Donc quand tu es en face de ton patient, tu
essayes de le faire. Il est bien vrai que je parle de façon
systématique mais ce qui nous interpelle souvent c'est lorsqu'on voit
certains comportements du patient. On est alors obligé de lui apporter
certaines informations car on constate que le patient est vraiment dans
l'ignorance de certaines choses vu son comportement du jour et même
lorsque celui-ci pose aussi des questions » Inf 2. Dans une
pratique scientifique comme la nôtre,
« chacun » ne doit pas
« essayer comme il le peut ». Les intentions
d'éduquer les patients étant influencées par les normes
(scientifiques), les infirmiers devraient agir de façon
raisonnée. Les professionnels ne devaient pas attendre que le patient
pose des questions ou se comporte mal avant de le sermonner. Plutôt, des
séances bien organisées devraient meubler les temps d'attentes et
les quatre heures de dialyse.Les infirmiers ayant compris les
conséquences positives de l'ETP, devraient être stimulés
à l'action(Gandit, 2007). Même si Osbone et al. (2009)
soutiennent que l'ETP ne revêt pas assez d'importance aux yeux de
nombreux cliniciens, l'enthousiasme et le zèle des infirmiers
observés contredisent leur passivité éducative. Nous
attachons cette attitude au manque de connaissance approfondi sur l'ETP. Nous
rejoignons la position de l'OMS (1996) qui retient que de nombreux soignants
manquent de capacités requises pour éduquer leurs patients. Ce
qui va nous conduire à explorer la perception des infirmiers sur les
obstacles à l'ETP dialysé.
1.20.2 Les
obstacles à la mise en oeuvre de l'ETP dialysé
Des investigations, il ressort que l'ETP est butée
à trois facteurs essentiels : la personne malade, l'infirmier et le
service d'hémodialyse.
1.20.3 La personne
malade comme obstacle à son éducation
Une relation, d'après Manoukian et Massebeuf (1997) est
une rencontre entre deux personnes au moins et particulièrement entre
deux caractères, deux psychologies et deux histoires. Dans le processus
d'accompagnement, nous assistons à une interaction entre l'infirmier et
la personne malade qui vie des expériences de santé-maladies. Les
soins infirmiers dans une approche humaniste consistent à faire
émerger des sentiments d'espoir et des croyances qui apportent de
l'énergie et permettent de transcender la tristesse et la souffrance
(Winock & Cavignaux, 2003).
C'est ce que l'un des informateurs Inf 3 déclare en
disant que « le malade étant déjà sur la
phase chronique est sur la défensive, c'est-à-dire qu'il sait
qu'il est sur le chemin de la mort. Ceci fait que quand tu veux lui parler de
quelque chose, peut être sur le plan de l'alimentation, il te dit qu'il
n'a pas de choix à faire. Il mange et boit ce qu'il voit. C'est
difficile ». La personne utilise des stratégies
d'adaptation pour faire face à sa maladie, ce qui amène
l'infirmier à le comprendre afin de lui être utile. Dans la
même logique, Buckley postule que « Les patients
craignaient aussi qu'en affichant trop ouvertement leur souffrance, tristesse,
colère ou culpabilité, ils fassent fuir les personnes qui
s'intéressaient encore à eux » (2011, p. 85). Ce
qui va induire des attitudes de replis sur soi. L'accompagnement infirmier est
jonché de sourire, de douceur et de bonne parole mais aussi d'amertume
et de déchirement. Ceci s'explique par le fait que la maladie peut
transformer une personne dans l'expression de ses demandes et de ses rapports
avec l'entourage (Manoukian & Massebeuf, 1997). Ainsi, le professionnel qui
veut manifester une présence utile ne peut plus se plaindre en ces
termes : « Il y a des malades parfois qui sont très
fermés, vraiment trop introvertis comme on dit, donc c'est difficile de
les aborder comme ça et de parler avec elles » Inf 1.Pour
d'autres :« Les malades sont résistants aux
changements » Inf 6. Un autre d'ajouter :
« Ils se disent qu'ils connaissent tout puisqu'ils ont
déjà duré avec la maladie » Inf 8. En effet
l'ETP n'est pas facile car il s'agit de transmettre des compétences
à un adulte non seulement nanti de connaissances et d'expériences
mais aussi psychologiquement abattu. De ce fait, l'accompagnement est
fondé sur le type de relation établie (Manoukian &
Massebeuf, 1997). Selon l'auteur, elle peut être dominant/dominé,
égal à égal ou dominé/dominant.
Ces comportements sont analogues au constat de Mvoa et Nkoum
(2014) qui révèlent qu'il arrive que les désirs de la
personne malade s'opposent aux valeurs de l'infirmier et que ce dernier estime
ne pouvoir prodiguer des soins.Les résultats de Morrisson cité
par Buckley (2011) signifiaient le sentiment de vulnérabilité
écrasante ressentit par les patients. A cet effet, les patients
faisaient face à cette vulnérabilité en arborant un visage
courageux et en étant, en apparence joyeux, en plus en ne posant pas de
question même s'il en avait envie.L'infirmier professionnel doit pouvoir
comprendre le non-dit de la personne malade et pouvoir agir convenablement et
efficacement. Ceci n'est pas du nouveau car Singer cité dans van
Meerbeeck et Jacques (2009, p. 298) font constater que :« Ce
que le malade vit, il est le tout premier à le vivre. Face à
cela, il n'y a que le non-savoir radical ». L'infirmier doit
pouvoir rentrer en relation avec son corps, sa parole et son
affectivité. Nous sommes conscients et d'accord avec Manoukian et
Massebeuf (1997) que malgré les soins ou les compétences des
infirmiers, il arrive que l'on soit mis en difficulté par des patients.
Néanmoins, l'infirmier doit pouvoir engager une négociation
devant aboutir à une véritable rencontre (Op. cit.)
En plus de cette difficulté, le patient est
confronté à la contrainte financière.En effet, sur le plan
financier les patients dialysés éprouvent d'énormes
difficultés. C'est ce que les infirmiers déclarent en ces
termes : « Un patient qui a une insuffisance rénale
généralement dépense plus » Inf 4. Un autre
d'ajouter : « D'autres sont délaissés à
eux-mêmes. Parfois, c'est nous qui donnons des compresses ici, des trucs
aux malades qui lui serviront dans sa dialyse. » Inf 3.
« Les patients dialysés se plaignent beaucoup plus du
coût des examens » Inf 4.Il est très facile de
demander à un patient de respecter un régime, mais s'il n'a pas
les moyens, on aurait prêché dans un désert car il ne
pourra pas obéir aux recommandations. D'autres patients ne sont pas
concentrer à écouter l'infirmier car ils pensent au ticket
modérateur de 5000/25000 frs CFA, aux examens complémentaires,
aux ordonnances, aux déplacements et aux repas quotidiens. N'est-ce pas
un proverbe populaire qui déclare qu'un ventre affamé n'a point
d'oreille ? En effet, il faut prévoir un budget d'au moins 200.000
frs CFA par mois pour couvrir les dépenses liées à
l'hémodialyse.
La dernière difficulté liée au patient,
surtout à son arrivée est son état. En effet des
observations, il ressort que l'accueil de la plus-part des patients se fait
dans un tableau d'urgence. Les infirmiers sont préoccupés
à lever l'urgence et n'ont plus de temps pour éduquer. L'urgence
n'est levée qu'après deux à trois séances
d'hémodialyse. En toute circonstance,même si les infirmiers ne
peuvent pas dialoguer avec le patient, la famille doit être suffisamment
éduquée.Cette vision est partagée par Mathieu, (2013, p.
22), en ces termes : « En étant mieux
informée, lafamille peut encourager le patient et comprendre ses
efforts ». Aussi, ceci va-t-il leur permettre de se
déstresser et apporter tout leur soutien à la personne malade.
1.20.4 Les
obstacles liés à l'infirmier
L'ambiance bon enfant qui a souvent régnée entre
les infirmiers et les patients était appréciable. Une certaine
familiarité et une complicité s'est installée entre ces
deux partenaires. Aucun patient ne s'est plaint tout le long du séjour,
ce qui signe l'esprit de disponibilité des infirmiers. Ces
résultats ne surprennent pas car en 2010, Nkoum a constaté que la
plus-part des infirmiersutilisait une approche globale. Laquelle approche fait
du patient un sujet, un acteur et un partenaire de soin. L'auteur a lié
cette attitude à la nouvelle génération d'infirmiers issue
des écoles supérieures. Cet environnement propice à
l'éducation que a été observé ne suffit pas pour la
réussite de l'ETP.
Les experts de l'OMS ont confirmé que les obstacles
à l'ETP sont dus à la formation initiale de la plupart des
soignants (OMS, 1998). Les infirmiers ont du mal à faire un saut
épistémologique et paradigmatique afin de passer de l'expert
(dominant) au partenaire (égal à égal). L'intervention de
cet informateur est entière : « C'est des relations
autoritaires, si tu vois tel personnel s'adresser à un malade c'est pour
lui donner des instructions, pour lui montrer comment c'est lui qui commande
parce que c'est son service, et ça, ça bloque carrément,
euh, quand je parlais de relation au départ, quand tu viens devant le
malade tu veux lui montrer que tu es le parfait soignant qui connait tout, lui
il doit seulement subir, il doit seulement encaisser, ça ne marche
pas » Inf 1. Contrairement aux idées
préconçues, informer le patient n'est pas l'éduquer, le
conseiller n'est pas forcement lui faire apprendre. « D'où
l'importance d'une formation qui a pour but de rendre les soignants capables de
maîtriser les différentes phases de la prise en charge
pédagogique d'un patient » (d'Ivernois & Gagnayre,
2011, p. 139). C'est l'amalgame de ces différentes pratiques qui rend
incompétents les infirmiers. Les programmes de formation de base
semblent méconnaître l'ETP mais au contraire donnent la dimension
éducative des soins infirmiers. Or, l'ETP est devenue une nouvelle
compétence à concevoir dans les programmes de formation des
infirmiers. Justumus et al cité dans (ibid.) font le même
constat lorsqu'ils déclarent que les études médicales, les
formations en sciences de la santé n'ont pas jusqu'à
présent réellement préparé les professionnels
à assumer ce rôle d'ETP. Ceci corrobore avec les propos de cet
infirmier : « Dans le service, il n'ya pas de
diététicien par exemple, on doit se battre pour collecter des
informations par ci et là. Mais si on avait eu des séminaires de
formation cela nous auraient beaucoup aidé à la bonne marche des
activités dans le service et les patients en gagneraient
plus » Inf 4. L'on ne peut demander à l'infirmier de
restituer que ce qu'on lui a appris, or dans le cas d'espèce, seul le
deuxième cycle de formation des infirmiers prépare ceci à
l'ETP au Cameroun. Il est nécessaire de voir dans les institutions
abritant les infirmiers en pratiques avancées des
infirmiers-éducateurs, concevoir et mettre en oeuvre des programmes
d'ETP au bénéfice des patients.
Ne pas s'engager dans une activité peut incarner le
manque de motivation de la part des infirmiers. A l'ère des techniques
de communications et des compétences disponibles sur place, les
infirmiers ne peuvent pas incriminer le manque de connaissance dans
l'inactivité éducative. L'Homme étant
génétiquement programmé pour apprendre si les infirmiers
avaient la motivation nécessaire, ils pouvaient par tous les moyens
chercher la compétence requise. Les infirmiers en pratiques
avancées (MSI) du service devraient passer de l'amotivation à une
motivation interne afin d'implémenter des séances d'ETP et de
former les IDE à cette pratique.
1.20.5 La place de
l'institution dans la mise en oeuvre de l'ETP
Dans une démarche par la qualité, le service
d'hémodialyse a la charge d'institutionnaliser l'ETP. Les Méthode
de Transmission Pédagogique (MTP), les outils, les horaires doivent
être définis et planifiés. C'est ce qui manque au service
d'hémodialyse. « C'est vrai qu'en réalité
c'est pas organisé. Chaque personnel essaye tant que ce peu d'apporter
une éducation chaque fois au patient. Donc quand c'est possible
quoi ! Donc c'est pas vraiment organisé de façon
réelle comme cela devrait être » Inf 2. La
préoccupation du service étant la santé et le suivi
thérapeutique des patients dialysés, l'ETP devrait être un
enjeu pour aider le patient et sa famille à comprendre et à
cogérer la pathologie(Foucaud, Bury, Balcou-Debusshe, & Eymard,
2010).
La raison fondamentale s'attarde sur le fait que :
« La majorité, ce sont les malades qui ont
déjà fait deux, trois ans de dialyse dans le centre, ce sont des
malades qui sont assez sensibilisés...ils [Les patients] ont
une association, ils se regroupent, je crois chaque semaine, ils ont convenu
que ce sera au sein de leur association qu'on viendra de temps en temps leur
donner des enseignements »Inf 1.Pour d'autres « Oh
les difficultés c'est par rapport à l'organisation du service. Il
n'y a pas de personnel suffisant. Il y a maximum trois personnes par
équipe. Et avec les malades qui s'ajoutent tous les jours c'est
difficile. Parfois même, on veut bien éduquer les patients mais on
n'arrive pas... avec la charge du travail avec des problèmes techniques
qui surviennent tout le temps, on est toujours en train de courir, passant
ainsi à coté de ce qui est essentiel, qui est cette
éducation-là ». Inf 2.Le principe de
l'éducation étant la répétition, même les
patients les plus instruits devaient toujours bénéficier des
rappels. Pour changer un comportement, il importe de détruire le noyau
central pour le déraciner. Aussi l'organisation des patients en
association ne peut perturber la dimension éducative des soins dans le
service.
Dans ce développement qui a porté sur la
perception des infirmiers sur l'ETP dialysé t l'état de la
question a été abordé, ensuite le cadre conceptuel et
théorique ont été présentés. Après,
un tour d'horizon de la littérature sur la question, la synthèse
et discussion des résultats de l'enquête a fait son entrée.
Arrivée au terme de ce cheminement, des suggestions seront
formulées en passant par une conclusion
18 Conclusion
Dans un contexte africain où la notion de maladie
chronique n'existe pas, les patients et les familles ont une mauvaise
perception de la MRC (Awah, 2006).Lorsque la décision de la dialyse est
retardée le plus longtemps possible, les chances de
récupération de la personne s'amenuisent. Par ailleurs, lorsqu'on
atteint cette étape de la maladie, l'itinéraire
thérapeutique est long avec des conséquences financières
énormes. Pour des raisons d'insuffisance de connaissances, le retard de
la dialyse entraine des décès précoces. De même,
l'interruption des séances de dialyse pour quelles raisons que ce soient
au cours du traitement, précipite le patient dans un désordre
total. L'ETP dialysé n'est pas formalisée et organisée
comme dans le cadre du Diabète, VIH etc. Mais, force est de constater
que dans certains hôpitaux, les infirmiers ne se sentent pas
concernés par l'ETP surtout avant la 1ère
séance de dialyse. L'ONI, (2010, p. 36), fait remarquer dans ce sens
que l'éducation thérapeutique prend de l'ampleur pourtant
peu de personnes savent vraiment ce que ce concept recouvre, certain la
confondant même avec l'auto-soin. Elle est au coeur de l'accompagnement
et particulièrement adaptée aux maladies chroniques. Les
infirmiers sont particulièrement bien placés pour la mise en
oeuvre de tels programmes.
Pour mener cette étude, deux théories ont
été convoquées : le caring et la théorie de
l'action raisonnée. De façon particulière, l'infirmier
constitue le personnel soignant le plus concerné par l'ETP (ONI, 2010).
Toutefois, elle s'organise en interdisciplinarité voire en
transdisciplinarité et l'infirmier en est le pivot central (Roland,
2013). D'autres sont également sollicités, en l'occurrence, les
patients et leurs associations.
De cette étude, il ressort que les informateurs ont une
connaissance de l'ETP et révèlent son importance dans
l'autogestion de la maladie par le patient dialysé. Cette connaissance
est acquise depuis la formation de base. Ensuite, dans une approche
humaniste, les répondants pensent que les infirmiers sont les mieux
placés pour éduquer les patients dialysés durant ses
séances de dialyses. Par contre, tous s'accordent que, seul le
médecin doit éduquer le patient pendant la prise de
décision de la dialyse. Aussi, le patient et/ou la famille ont une place
prépondérante dans leur éducation. L'éducation doit
tenir compte des besoins du patient de même que son avis. Les
associations n'ont pas été évoquées par les
infirmiers or elles constituent un appuie et un soutien pour les personnes
dialysées. Enfin, l'ETP n'a pas été remarquée
organisée de façon formelle, mais, chaque infirmier de son
côté, fait ce qu'il peut comme il le peut. Les facteurs
évoqués sont liée aux patients, aux infirmiers et au
service.
Arrivée au terme de ce développement qui a
consisté à mener une recherche sur la perception des infirmiers
sur l'ETP dialysé, une approche qualitative
phénoménologique de type clinique est celle qui a
été utilisée. Il a été tout d'abord
présenté l'état de la question, le cadre conceptuel, le
cadre théorique, ensuite la revue de littérature, la
méthodologie, la présentation des résultats et enfin la
synthèse et discussion des résultats. A cet effet, il est
suggéré que les infirmiers soient associés dans la
consultation pour la prise de décision de la dialyse. Aussi, faut-il
former les infirmiers du service sur l'ETP dialysé.
Il serait plus judicieux et complémentaire de voir la
perception des patients dialysés sur leur éducation. Ceci
permettra de trianguler les points de vue et d'être efficace dans la
proposition de solutions pour une éducation humaniste altruiste et
scientifique.
19 Suggestions
Problème
|
Conséquences
|
Suggestion
|
Responsable
|
Le coût des examens complémentaires est
très élevé.
|
Difficulté des patients à réaliser les
examens complémentaires et à respecter le régime
alimentaire.
|
Réduire le coût des examens
complémentaires.
|
Ministre de la Santé Publique
|
Carence dans la qualité de l'accompagnement des
patients dialysés.
|
Manque de rigueur dans l'organisation de l'ETP
dialysé.
|
Mettre sur pied une cellule de démarche qualité
en ETP
|
Directeur du CHU
|
Plainte des infirmiers de ne pas être former en
ETP.
|
Manque de motivation pour éduquer les patients.
|
Renforcer la capacité des infirmiers sur l'ETP
dialysé.
|
Chef service d'hémodialyse
|
Absence d'éducation des patients
|
Dépendance des patients et non observance des
recommandations.
|
Instituer des séances d'ETP régulières
|
Absence d'éducation en pré-dialyse par
les infirmiers.
|
Retard dans la prise de décision de la dialyse.
|
Associer les infirmiers à la consultation
pré-dialyse.
|
Approche non harmonisée voire absente dans
l'ETP dialysé.
|
Manque de compétence des patients dialysés sur
l'autosoin.
|
Produire une procédure d'ETP dialysé.
|
Les infirmiers d'hémodialyse
|
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21 Annexes
Annexe I : Guide d'entretien
Section I : les données
sociodémographiques
Sexe
Age
Année d'expérience
Profil
Section II : La conception sur l'ETP
- Comment avez-vous connu le concept d'ETP ?
- Avez-vous suivi une formation continue sur l'ETP ?
- Comment définissez-vous l'ETP ?
Section III : la perception sur l'importance de l'ETP
- Quelle est l'importance à faire
l'ETP dialysé ?
- Comment l'ETP peut être intégrée dans le
continuum de soins ?
Section III : la perception sur les acteurs de l'ETP
- Qui doit faire l'ETP dialysé ?
o Avant la décision de la dialyse ?
o Au cours des séances de dialyse ?
- Quelle est la place de l'infirmier dans
l'ETP dialysé ?
Section III : la perception sur la compétence
attendue du patient dans l'ETP
- Sur quoi doit porter l'ETP dialysé ?
- Quelle conception faites-vous du patient dialysé
?
- Quelle est la place du patient dialysé dans son
éducation ?
2 Section
IV : la mise en oeuvre de l'ETP
- Comment est organisé l'ETP dialysé ?
- Comment fonctionne la cellule d'ETP dans votre
service ?
- Quel rôle jouez-vous ?
- Avez-vous une fois fait l'ETP ?
- Si oui, comment l'avez-vous menés ?
- Si non pourquoi ?
- Quelles sont vos difficultés à mettre l'ETP en
pratique dans votre service ?
o Avant la décision de la dialyse ?
o Au cours des séances de la dialyse ?
3 Annexe II : Grille d'observation
Indicateurs
|
Observés
|
Non observés
|
Organisation de la 1ère séance de la
dialyse.
|
|
|
Mise en place d'ETP
|
|
|
Le rôle de l'infirmier
|
|
|
Communication avec les patients
|
|
|
Procédure de satisfaction des préoccupations
informationnelles des patients
|
|
|
Relation soignant/soigné
Soutien psychologique
Relation d'aide
Relation éducative
|
|
|
4 Annexe III : Fiche de consentement
éclairé
Engagement du chercheur
Moi, DOUTI Bili, m'engage à procéder à
cette étude conformément à toutes les normes
éthiques qui s'appliquent au projet comportant la participation des
sujets humains.
Consentement du participant
Je, , confirme avoir lu et compris la
lettre d'information au sujet du projet « Education
Thérapeutique des Patients dialysés par les infirmiers au CHU de
Yaoundé ». J'ai bien saisi les conditions, les risques et les
bienfaits éventuels de ma participation. L'enquêteur a
répondu à toutes mes questions à mon entière
satisfaction. J'ai disposé de suffisamment de temps pour
réfléchir à ma décision de participer ou non
à cette recherche. Je comprends que ma participation est
entièrement volontaire et que je peux décider de me retirer en
tout temps, sans aucun préjudice.
J'accepte donc librement de participer à cette
recherche.
Date et signature
5 Annexe IV : Fiche d'information
Invitation à participer au projet de
recherche : Education Thérapeutique des Patients
dialysés par les infirmiers au CHU de Yaoundé.
Madame, Monsieur,
Votre participation à la recherche portant sur
l'Education Thérapeutique des Patients dialysés par les
infirmiers au CHU de Yaoundé serait grandement appréciée.
Cette recherche est réalisée dans le cadre des études de
master en sciences infirmières.
Notons que dans la réforme des soins, l'Organisation
Mondiale de la santé (OMS) recommande l'intégration
systématique de l'ETP dans les pratiques. Eduquer le patient
représente aujourd'hui une pratique indispensable de la
thérapeutique. Mais, cette éducation est difficile parce qu'il
s'agit d'une véritable formation devant aboutir à un transfert
des compétences du soignant vers le soigné qui est un apprenant
particulier. Des progrès sont réalisés dans
l'identification et la prévention des maladies rénales chroniques
et le traitement de la phase terminale de cette maladie. Toute fois ce domaine
reste un grand défi en Afrique Sub-saharienne à cause du manque
cruel des ressources nécessaires.
Objectifs
Afin d'offrir des soins qui répondent toujours mieux
aux besoins des personnes dialysées,nous souhaitons avoir votre point de
vue. La présente étude a pour but d'identifier la perception des
infirmiers sur l'ETP dialysé.
Tâche
Votre participation à cette étude consiste
à répondre à une série de questions qui vous seront
posées afin de ressortir les perceptions que vous avez de l'ETP
dialysé.
Liberté de participer
Votre participation à cette étude est
volontaire. Renoncer à y prendre part n'aura aucune incidence sur votre
carrière. Le même principe s'applique en cas de révocation
de votreconsentement initial. Vous pouvez donc renoncer en tout temps à
votre participation. Vous n'êtes tenuede justifier ni la
révocation de votre consentement ni un désistement
éventuel. En cas de révocation,les données recueillies
jusqu'alors continueront toutefois à être utilisées.
Déroulement et contraintes de
l'étude
Aucun risque n'est associé à votre
participation. Le temps consacré à cet étude demeure le
seul inconvénient, soit environ 45 minutes pour l'entretien. Il est
possible que pendant l'entretien, des souvenirs pénibles que vous avez
vécu génèrent un certain inconfort psychologique. Dans ce
cas signalez-le.
Protection des données
Des données personnelles seront recueillies pendant
l'étude. Ces données seront anonymées aumoyen d'un code,
la liste des codes étant conservée par l'investigatrice
principale. La confidentialité devos données est strictement
garantie pendant toute l'étude et ceci jusqu'à la destruction des
données.Votre nom ne pourra en aucun cas être publié dans
des rapports ou des publications qui découleraientde cette
étude.
6 Annexe V :
Lettre de demande d'autorisation de l'ESS
7 Annexe VI :
Autorisation d'enquête du CHU Y.
8 Annexe VII : Vue de face du CHUY
(Chercheur, prise le 3/04/2014)
9 Annexe
VIII : L'organigramme du CHUY
Source (CHUY).Annexe
IX : Transcription des entretiens
1 LSI, H, 38 ans (10 ans)
Enquêteur (E) : Bonjour
Mr
Informateur (I) : Bonjour;
donc que, je m'appelle X, disons que j'ai 38ans et ça fait
déjà presque 10 ans que je travaille comme infirmier, mais mon
expérience en dialyse remonte à 8ans, 8 ans.
E : Votre profil
I : Bien, j'ai
été euh ; j'ai euh une licence en science infirmière
de l'Université Catholique puis j'ai reçu des formations en
hémodialyse, où j'ai pu obtenir des diplomes.je crois que c'est
tout.
E : Ok merci, comment avez-vous connu le
concept d'éducation thérapeutique.
I : Le concept
d'éducation thérapeutique je l'ai connu pendant les années
de ma formation au diplôme d'Etat j'étais très
fasciné par ce concept parce que quand, quand on faisait les cours de
psychiatrie on nous disait que euh, la psychiatrie c'est la partie de la
médecine qui s'intéresse aux soins par la parole, par la parole
et là je comprenais que parfois c'est parce que le malade est souvent
ignorant d'un certain nombre de fait, parce que le malade n'a pas souvent pris
conscience d'une certaine situation que même dans son état de
maladie il va se lancer dans des complications parfois qui vont le mettre dans
une situation irréversible, ce qui fait que j'ai approfondi il a fallu
vraiment, j'ai manqué de peu, de euh, trouver un thème quand
j'étais en licence sur l'éducation thérapeutique.
E : Ok donc d'après vous comment
est-ce que vous pouvez définir l'éducation thérapeutique
des patients.
I : l'éducation
thérapeutique du patient c'est, pour moi ça intègre
d'abord la relation. Parce que, pour faire passer un message il faudrait qu'au
départ qu'il y ait une relation entre le patient et le soignant. Au
départ lorsque la relation est bien négociée, le message
qu'on veut transmettre au patient peut très bien passer, il le
reçoit et il s'exécute. Donc pour moi, l'éducation du
patient, c'est l'information du patient sur déjà sa maladie, il y
a beaucoup de malades qui sont malade d'une maladie qu'ils ne connaissent pas,
donc il faut lui donner des informations suffisantes sur sa maladie ;
maintenant les décisions thérapeutiques qui sont prises pour son
traitement il a besoin d'être informé, pour participer, aussi il y
a le côté alimentaire qui est très important dans la prise
en charge des malades il y a certains aliments qui ne sont vraiment pas
autorisés quand on a un certain type de pathologie les malades doivent
savoir cela et pouvoir nous aider à les soigner donc pour moi
l'éducation du malade doit intégrer tous ces aspects.
E : Merci donc ; quelle est alors
la place du patient dialyser dans son éducation
I : Reprenez la
question
E : Quelle est la place
I : Je pense que le patient
dialysé a une place très importante dans euh l'éducation
thérapeutique parce que c'est en conversant avec le malade qu'on peut
comprendre ses manquements est ce que il est suffisamment informé sur
son traitement, est ce qu'il est suffisamment informé sur sa maladie est
ce que il a connaissance même du régime qu'il doit suivre, c'est
en fonction de ces manquements-là que on peut étoffer euh un
certain message à lui communiquer donc si on a les malades qui sont, on
va dire quoi introvertis qui ne parlent pas assez ce sera parfois difficile de
pouvoir identifier quels sont ses problèmes pour pouvoir lui apporter
des lumières, parce que je crois aussi que l'éducation
thérapeutique c'est comme si c'est une lumière qu'on apporte au
malade sur son suivi. Bon, moi je pense que, euh, le malade dialysé a
une place importante dans la mesure où son traitement en dialyse parce
qu'il a même besoin de connaitre ce qui se passe autour de lui, qu'est-ce
que le générateur de dialyse parce qu'il voit son sang qui
sort ; certains vont parfois penser que son sang sort ou bien il y a une
source de sang qu'on est en train de renouveler son sang le mauvais sang sort
et on lui donne le nouveau sang comme j'entends souvent dire certaines
personnes que je m'en vais échanger mon sang alors qu'en fait c'est tout
un dispositif pour permettre au sang de se nettoyer simplement. Il a besoin
d'écouter ça aussi simplement pour ne pas penser aux choses, on
va dire qui n'ont pas de sens.
E : Merci beaucoup. Maintenant qui doit
faire l'éducation thérapeutique d'abord avant la décision
de la dialyse.
I : Avant la
décision de la dialyse, moi je pense que c'est le médecin, c'est
l'infirmier parce que le médecin suit le malade, le médecin comme
l'infirmier, il suit le malade avant de prendre la décision de le mettre
sur dialyse donc le malade doit constamment être informé de hein
du risque que si que son rein est peut-être en train de se
dégrader et si cela perdure un jour il va se retrouver en dialyse et
voilà comment sa vie va continuer en dialyse. Donc, il faudrait
déjà que le médecin fasse la sensibilisation, l'infirmier
fasse la sensibilisation, vous voyez donc que, au moment du diagnostic je crois
que ce soit le médecin que ce soit l'infirmier devrait être
accompagné par un psychologue ; parce que c'est quand on annonce
une nouvelle aussi grave, c'est un peu comme une situation de rupture et dans
des situations de rupture comme on dit il faut toujours passer par le deuil, et
quand est passer par le deuil il faut pouvoir s'accepter, il faut pouvoir se
relever et il faut pouvoir recommencer à marcher et ça ce n'est
pas aussi évident pour l'infirmier que pour le médecin de pouvoir
suivre le malade, il faut l'apport d'un psychologue pour pouvoir gérer
toutes ces phases là pour permettre au malade de comprendre que
même étant malade il peut toujours travailler, il peut toujours
continuer à travailler il peut toujours être le même
père de famille qu'il a été ou bien il peut toujours
continuer à être étudiant comme il a été
seulement que il y a une seule petite donnée qui change il va falloir
qu'il accepte sa maladie qu'il accepte le traitement qui lui est proposé
et qu'il se soumette pour rendre la vie belle.
E : Et pendant les séances de
dialyse qui doit éduquer maintenant le patient ?
I : Moi je pense que la
personne la mieux indiquée à ce stade c'est l'infirmier ;
parce que euh c'est l'infirmier qui est beaucoup plus proche du malade que tous
les autres professionnels quand le malade est connecté sur sa machine il
a quatre heures de temps sur place et à côté de lui tout
à côté de lui c'est l'infirmier ; donc que,
l'infirmier de ce fait est mieux indiquer pour de temps en temps interpeller le
malade lui donner des messages pour revoir son régime pour son
traitement et par rapport à sa maladie, vous savez, même pendant
la dialyse pendant que le malade dialyse il a toujours des épisodes
où son syndrome urémie revient quand il ne dialyse pas et parfois
certaines personnes ne comprennent pas ça certains malades ne
comprennent pas ça les malaises qui surviennent pendant que la dialyse
bat son cours, les malaises qui surviennent même lorsqu'il ne dialyse pas
le malade a besoin de comprendre pour savoir que non c'est parce que je fais la
maladie ce n'est pas qu'on m'a lancé un sort au village pour commencer
à développer la haine contre X ou contre Y, c'est parce que je
suis malade que j'ai de temps en temps ce malaise et ça peut se
corriger, hein.
E : Est-ce que vous pouvez maintenant
mettre l'accent sur le rôle de l'infirmier dans l'éducation
thérapeutique du patient dialysé
I : Bon, le rôle de
l'infirmier parce que il faut voir l'éducation thérapeutique tel
qu'on dit dans le sens de la relation hein d'un dialogue avec le malade mais
il faut aussi le rôle, le rôle de l'éducation
thérapeutique comme, on peut convoquer le malade, hein on prépare
un thème un enseignement qu'on va donner aux malades donc, l'infirmier
peut aussi organiser ça, hein, un thème peut être, dont qui
n'est pas, euh trop, trop, trop callé il voit le médecin hein il
rassemble les malades on les entretient ils posent toutes les questions donc
l'infirmier peut organiser, les infirmiers organisent aussi ces petits moments
de, de je ne sais pas si je peux dire d'enseignement ou d'informations par
rapport à tout ce que moi ce sont des choses je veux dire qui peuvent se
faire comme ça et ce sont des choses qui peuvent aussi s'organiser hein
c'est-à-dire que le malade arrive et on sait que pendant qu'il va faire
ses quatre heures là il ne va pas rentrer chez lui sans avoir une
information précise par rapport à ses manquements ce n'est pas
pour le plaisir, on ne vient pas comme ça lui parler de la dialyse pour
le plaisir de lui parler mais parce qu'on sait qu'il a besoin d'entendre
ça vous comprenez un peu.
E : Ok merci. Est-ce que dans votre
service les séances sont organisées ?
I : Les séances
d'éducation aux malades les séances d'éducation aux
malades sont organisées les séances d'éducation sont
organisées, bon je dois dire que pour la majorité ce sont les
malades qui ont déjà fait deux, trois ans de dialyse dans le
centre ce sont des malades qui sont assez sensibilisés
déjà par rapport à un certain nombre de faits, et mais il
y a encore beaucoup de manquement, et les malades n'avaient pas une association
avant, maintenant qu'ils ont une association ils se regroupent, je crois chaque
semaine , ils ont convenu que ce sera au sein de leur association qu'on
viendra de temps en temps leur donner des enseignements, ça veut dire
que s'ils ont besoin de connaitre plus par rapport à la transplantation
rénale qui ne se fait pas ici on fait venir un spécialiste qui va
les entretenir sur la transplantation. On pourra peut-être faire venir
quelqu'un qui va les parler spécialement des causes de l'insuffisance
rénale pour que chacun comprenne pourquoi il est arrivé dans cet
état, hein, quel était son grand péché pour qu'il
arrive dans cet état pour dissiper, pour dissiper un certains nombres de
malentendus parce qu'il y a, moi je sais, il y a des malades ici qui croient
encore aux mystères de la tradition il dit que tout ce que vous nous
racontez là nous on sait que c'est un mal qu'on nous a lancé au
village et que en faisant tel rite tel rite on va s'en sortir. Hum, il y a un
malade qui m'a même dit qu'il avait déjà fait toutes les
tribus du Cameroun on lui a fait faire des pratiques terribles il n'a jamais eu
de guérison et il envisageait déjà aller à, au
Niger, parce qu'on lui a dit là-bas que vraiment au Niger il y a des
marabouts puissant là-bas qui guérissent l'insuffisance
rénale, malheureusement il est décédé avant. Donc
il faut parfois qu'il y ait des rencontres comme ça pour que les malades
prennent conscience que non là où je suis là mes reins
sont détruits au moins à 80%, pour que mes reins reprennent leurs
fonctions normales il faut de nouveaux reins, donc la transplantation si c'est
pas le cas c'est la dialyse ; c'est facile à dire mais c'est pas
facile à vivre avec, vous voyez , c'est pas facile à vivre avec
et moi je dois dire que dans le cadre de l'éducation
thérapeutique on dit que la répétition est la mère
de l' enseignement, parfois ce sont des choses que les malades connaissent
bien, mais on se plait toujours à répéter à
répéter pour qu'ils se fixent bien ça même dans leur
contrée c'est-à-dire quand on dit que c'est facile mais quand il
faut vivre avec ça devient très loin là on fait
carrément autre chose vous voyez, et je dois vous dire il y a des
malades qui se sont confié à moi ; si on en parlait un jour,
un jour, un jour, un jour un malade est venu carrément se confier
à moi, il me dit voici on l'appelle à N'Gaoundéré,
N'Gaoundéré c'est une province hein, de l'Adamaoua dans Nord,
dans le Nord Cameroun alors on l'appelle à N'Gaoundéré on
lui a dit qu'il y a un monsieur qui traite l'insuffisance rénale, et le
monsieur demande simplement 60 mille qu'il est très efficace le monsieur
l'a appelé, on lui a donné le numéro il l'a appelé,
supplié en disant vient tu ne vas pas regretter j'ai besoin de toi
parce que les camerounais doivent savoir que c'est une maladie qui se soigne.
Il est venu me demander est ce que lui aussi peut
guérir de l'insuffisance rénale tel que le monsieur le dit j'ai
dit que non ce que je t'ai dit, hein, je ne vais pas m'empêcher de te le
redire, toi le diagnostic est posé tu as une insuffisance rénale
en phase terminale ça veut dire quoi ça veut dire que tu as 10%
de ta fonction rénale hein qui reste fonctionnelle, le reste
gâté, le traitement que le monsieur là va te donner ne va
pas faire revivre ces cellules qui sont détruites j'allais dire ces
néphrons qui sont détruits, hein, il va te donner toutes sortes
de remèdes mais ça ne va pas régénérer ces
néphrons détruits, si c'est le cas je dirais (clap, clap, clap)
bravo vas-y mais, si ce n'est pas le cas tu vas aller enterrer ton argent, tu
vas aller enterrer ton argent, non seulement tu vas te dépenser, il va
te faire faire des choses peut être que les animaux font pas ce que les
Hommes font donc tu vas être diminué dans ta dignité
d'homme et tu vas te dépenser pour rien autant tu viens tu fais tes
dialyses tu restes tranquille ; et il y a un autre qui s'est confié
à moi (il a reçu un appel); donc je disais aussi qu' un
autre malade qui s'est confié à moi il y a des
sociétés dans la place qui font dans les compléments
nutritionnels, je peux citer NG4L, je peux citer Forever il y a beaucoup de
groupes comme ça qui ont une médecine qui vient des Etats-Unis je
ne sais pas ils disent qu'ils ont des compléments nutritionnels qui
peuvent renforcer les cellules qui peuvent, qui peuvent qui peuvent...ils ont
vu un malade un jour , ils disent au malade que non ton rein est
gâté on a les produits pour le rein il suffit de les payer et de
les prendre ça va marcher et qui plus est sa maman est dans ce
mouvement, et c'est sa maman qui lui a prescrit formellement le
médicament. Il a eu les problèmes avec sa maman il dit à
sa maman que non, justement parce qu'il a reçu une très bonne
information sur sa maladie sur son traitement et tout et tout. Il a dit
à sa maman non, moi je fais mes dialyses ; s'il faut payer un
médicament hein, je paye les médicaments que mon
néphrologue a prescrits sur ordonnance c'est ça. Ce que vous me
dite là si vous me montrer un exemple palpable que celui-là
était comme moi il dialysait hein, maintenant il a bu les
remèdes ses reins sont bien là je m'aligne moi aussi je vais
essayer, mais les choses que si vous venez raconter là non ; vous
voyez c'est juste des témoignages comme ça pour vous faire
comprendre que lorsque le malade est bien informé sur sa pathologie sur
son traitement il s'exécute et il nous aide à le suivre il se
porte bien et nous est content.
E : Merci beaucoup
I : Davantage c'est
à l'honneur des soignants hein tant du personnel infirmier que les
médecins que les psychologues que toute l'équipe.
E : Maintenant quels sont les
difficultés que vous avez vis-à-vis de l'éducation de ces
patients dialysés ?
I : Les difficultés
ils sont je veux dire peut être d'ordre pratique, d'ordre pratique,
ça veut dire que, euh, il est parfois difficile à défaut
de donner parce que c'est bien beau de présenter un idéal
à certains malades mais quand ces malades sont dépourvus de
moyens hum, on va te dire bien vraiment quand tu fais la dialyse il faut
beaucoup consommer les protéines, il faut prendre beaucoup de fruits
mais un certains types de fruits pas tous les fruits, mais ça ce n'est
pas à la portée de tout le monde, c'est pas à la
portée de tout le monde, les malades ont souvent un problème de
consommation de, d'eau on les demande généralement de ne pas
prendre plus de 700, on va dire 700g d'eau donc 700 ml d'eau, et
généralement pour s'arrimer à cette donne là quand
ils ont trop soif on les demande de sucer les glaçons et les
glaçons c'est pas à la portée de tout le monde, c'est
vraiment pas à la portée de tout le monde. Tu as beau chanter au
malade ceci cela il te regarde comme ça là mais quand il rentre
chez lui tu vois qu'il revient toujours avec beaucoup d'eau. Je vais pas
oublié de mentionner le cas de ce malade qui est
décédé ici, paix à son âme, il est venu il a
fait une dialyse, il savait que la banane qui contient beaucoup de potassium
est un aliment à proscrire c'est un aliment proscrit pour tous les
dialysant ça il le savait mais à la fin de la dialyse ce jour il
avait tellement faim, qu'il est rentré chez lui et comme sa maman
vendait les bananes il n'a trouvé que des bananes à la maison, ce
garçon de 17 ans, il a trouvé des bananes à la maison,
tellement il avait faim qu'il a même oublié qu'il est un malade
qui dialyse il a mangé, il a mangé parce que quand je dis famine
au point de sentir que son ventre est creux là, il a mangé
jusqu'à sentir son ventre, mais malheureusement c'est justement à
ce moment-là que ses yeux s'ouvrent que qu'est-ce que j'ai même
mangé là ? Et les problèmes commencent alors, quand
il arrive ici il était presque à dix de potassium on ne pouvait
plus le remettre sur la dialyse pour le dialyser, on a voulu passer par des
méthodes comme ça mais ça n'a pas donné, il a fait
à peine deux heures de temps il est décédé. Donc
les difficultés, donc, parce que l'objectif de l'éducation c'est
aussi le suivi du patient, donc les difficultés sont d'ordre pratique
comme je vous dis là. On dit un certain nombre de chose au malade qui
relève du côté de l'idéal, mais dans le cadre
pratique c'est difficile. Je le dit pourquoi parce que, euh nous savons
aujourd'hui que dans certains Centres dans certains Centres chez les
européens, quand le malade arrive en dialyse, il est
déterminé un point sexe que nous faisons c'est vrai, mais il
finit la dialyse, déjà que quand il arrive à
l'hôpital il passe par les vestiaires, il prend une douche
complète, on l'habille avec des vêtements légers, on le
reçoit en salle, et quand on le reçoit en salle, il finit sa
dialyse, pendant la dialyse la diététicienne passe pour relever
les différents problèmes nutritionnels que peuvent
éprouver les malades et par conséquent elle établit un
menu individualisé j'allais dire personnalisé.
Ce qui fait que, à la fin de la dialyse les malades
sont invités au restaurant chacun va trouver son plat
étiqueté selon le régime avec les différentes, je
ne sais pas, valeurs énergétiques et tout et tout, ce qui fait
que quand il finit la dialyse il mange son repas il est parfaitement
équilibré et il rentre chez lui. Je ne peux pas trop parler du
problème de langue parce que la majorité de nos malades sont des
francophones nous qui sommes là, nous sommes des francophones nous
sommes même parfois bilingues parce qu'il y a des anglophones , on n'a
pas de difficultés de communication euh, est ce que, ce que je dois
aussi relever c'est qu'il y a des malades parfois qui sont très
fermés, vraiment trop introvertis comme on dit, donc c'est difficile de
les aborder comme ça et de parler avec elle, avec qu'eux, bon il y aussi
un personnel qui est parfois dépourvu d'engagement. Vous allez voir
là ils vont brancher les malades, dès qu'ils finissent de
brancher les malades ils abandonnent les malades là, ils font ce qu'ils
ont à faire, les malades sont abandonnés à eux. Donc,
très peu se donnent la peine de venir rester avec le malade, causer avec
le malade, interpeller le malade sur un certain nombre de faits, sinon c'est
des relations autoritaires, si tu vois telle personnel s'adresser à un
malade c'est pour lui donner des, je veux dire des instructions, pour lui
montrer comment c'est lui qui commande parce que c'est son service, et lui,
voilà ; et ça, ça bloque carrément, euh, quand
je parlais de relation au départ, quand tu viens devant le malade tu
veux lui montrer que tu es le parfait soignant qui connait tout, lui il doit
seulement subir, il doit seulement encaisser, ça ne marche pas. Donc il
y a cette interaction qui doit exister, le malade doit se sentir en confiance,
il doit s'ouvrir et là on peut l'aider.
E : Et pendant la prise de
décision, tout du moins avant la première séance de
dialyse est ce qu'il est facile pour l'infirmier de, d'éduquer le
patient
I : Avant la
première dialyse ça dépend de l'état du patient,
ça dépend de l'état du patient parce que le patient, pour
la majorité ils arrivent ici dans un état on dit, parfois dans
euh, on appelle ça le mal de bridge, quand le malade fait
déjà soit un coma urémique soit il est dans un syndrome
urémique tel qu'il ne peut même pas dialoguer, vous comprenez un
peu, donc généralement comme je dis ce sont des malades qui sont
suivis à l'extérieur c'est-à-dire le diagnostic est connu,
que là il a un début d'insuffisance rénale il est au stade
un , stade deux, stade trois, et même quand il arrive au stade cinq, hum,
qu'il est encore parfaitement conscient, ça se fait aussi facilement.
Moi j'ai reçu un malade dernièrement, il m'a dit qu'il
était suivi par le docteur X, et là depuis une semaine
déjà ça n'allais pas, il ne faisait que prendre du poids
et les oedèmes des membres inférieurs et tout,
c'est-à-dire tous les signes et quand on a essayé de
réévaluer on a vu qu'il était au stade cinq, moi j'ai donc
causé avec lui, je lui ai dit que si vous entrez en dialyse sachez que
c'est d'abord un domaine qui demande beaucoup d'argent, c'est-à-dire
mettez dans votre budget que vous aurez au moins 200 milles à
dépenser chaque mois pour être en équilibre.
Bon maintenant, par rapport à votre maladie,
l'insuffisance rénale en fait ça veut dire que le rein perd une
grande partie de sa fonction, et la fonction du rein se résume
essentiellement dans la purification du sang, si le rein n'arrive plus à
purifier le sang tous les organes sont affectés, parce que pour que les
organes vivent correctement, il faudrait un environnement propre et sain, or le
sang est toujours un milieu qui devrait être propre et sain. Donc, vous
aurez à faire des dialyses, donc la dialyse va remplacer cette fonction,
mais uniquement la fonction épuratrice. Mais le rein a aussi d'autres
fonctions lorsque le rein est atteint et que le rein est détruit, le
rein perd beaucoup de fonctions qu'il avait au départ comme par exemple
la fonction sur l'élaboration des globules rouges, donc vous serez
sujette constamment à une anémie. Ça ne doit pas vous
surprendre, vous aurez constamment les problèmes le mal aux os, et tout
et tout ça ne doit pas vous surprendre. il y a tout un certain nombre
d'éléments, il y a la régulation de la tension
artérielle ce ne sera plus évident vous pouvez souvent vous
retrouvez comme ça, vous avez par exemple, vous avez une tension
énorme, ça ne devrait pas vous gêner parce que avant le
rein s'assurait de réguler la fonction artérielle maintenant que
le rein ne fonctionne plus ce n'est que quand vous venez faire vos dialyses que
la tension va baisser, mais vous ne dialysez pas la tension va monter, monter,
monter, il n'y a plus rien qui régule ça, autant l'anémie,
autant le mal de dos, donc il y a tous ces problèmes qu'il faut
connaitre et il faut apprendre à vivre avec. Mais sachez aussi tout de
même que l'insuffisance rénale arrivée à ce stade
où vous devez commencer vos dialyses, ce qui peut vous tuer ce n'est
pas tant l'insuffisance rénale, ce n'est pas tant forcément les
complications, mais c'est la dénutrition (portable qui sonne).
La dénutrition. Alors moi je vous disais que, il
faudrait qu'il ait une très bonne alimentation, très bonne
alimentation, son alimentation qu'il le mette en tête doit être
constitué beaucoup plus de protéines, des aliments
énergétiques comme certains glucides, certains sucres et parce
que il est clairement dit que, la dialyse, à chaque séance de
dialyse qu'il se mette en tête qu'il perd beaucoup de nutriments dans la
dialyse. Le syndrome urémique qui va souvent arriver lorsqu'il ne
dialyse pas, va toujours le soumettre en un état de, on va dire
d'anorexie. C'est-à-dire quand l'urine monte chez le malade il n'a pas
d'appétit. Même ce qu'il aimait le plus il a envie de manger mais
quand il met là ça ne passe pas, ça c'est un blocage
à l'alimentation. C'est un blocage à l'alimentation, et puis ce
sont les malades qui sont constamment sous stress, sous stress, constamment
sous stress, parce qu'ils ont un régime, ne mange pas ça, ne
mange pas ça, ne mange pas ça. Même quand il faut manger ce
qui est recommandé, ils se disent qu'ils ne doivent même pas
beaucoup manger, donc il y a tout ça qui fait que ça mais
forcément le malade dans un état où il ne mange assez, et
même quand une maladie vient se greffer déjà à sa
pathologie ça s'amplifie aussi facilement, donc et très vite
ça l'emmène, vous voyez. Moi j'ai complètement dit
ça à ce malade et très j'ai vu de façon
spontanée il a accepté la dialyse, il vraiment s'est rangé
et il vit avec la pathologie, il suit son traitement et il va bien.
E : Merci beaucoup, est ce que vous avez
quelque chose à ajouter ?
I : Je crois que je
réponds vraiment aux questions qui me sont posées. Et moi je dois
dire que c'est par l'éducation thérapeutique, si l'infirmier
pouvait comprendre quel est sa place et quel est son rôle à
l'hôpital, c'est par l'éducation thérapeutique que
l'infirmier pouvait donner un sens vrai à son identité dans nos
hôpitaux. Pourquoi je le dis, parce que dans son cursus et dans sa
formation l'infirmier a tous les éléments pour permettre au
malade de se retrouver, parce que généralement l'hôpital
est un milieu où le malade est perdu à tous les niveaux. Vous
étiez peut être dans un bureau en train de travailler (clap) vous
avez un choc on vous amène à l'hôpital, vous vous retrouvez
un matin comme ça entouré des gens, des gens qui bavardent, et
tout, et tout, et tout, et on vous dit que vous avez telle maladie vous ne vous
portez pas bien parfois c'est une maladie bizarre c'est une maladie honteuse et
tout et tout et tout, hum, du coup ça vous donne l'idée
d'être perdu. Or celui qui est avec vous à l'hôpital c'est
l'infirmier au lieu d'être celui qui va stigmatiser, oh il est tel, oh il
est tel, oh moi je ne suis pas tel, non ; vous êtes
appelé à apprendre au malade d'accepter sa condition ; c'est
aussi la condition humaine. Alors si l'infirmier avait au moins compris
ça, je crois qu'on devrait avoir une autre manière de voir
l'infirmier dans nos Etablissement de soins. Et moi je pense que c'est
très important. Je vous remercie.
E : merci beaucoup.
2 IDE, H, 29 ans (3ans)
I : Infirmier
diplômé d'Etat : 29 ans J'ai 5 ans d'expérience soit
trois ans d'hémodialyse
E : Selon vous quand est-ce que vous
avez connu le concept d'éducation thérapeutique du
patient ?
I : On l'a connu depuis
l'école, On nous parlait déjà de ça et que
c'est l'un des éléments très importants dans la prise en
charge d'un patient
E : Et selon vous ; comment est-ce
que vous définissez l'Education thérapeutique du
patient ?
I : Selon nous, l'Education
thérapeutique c'est toute information qu'on apporte au malade pouvant
l'aider dans sa prise en charge globale.
E : Quelle est la place que vous donnez
au patient dans son éducation ?
I : Humm, le patient occupe
une position centrale puisque s'il n'ya pas de patient, l'éducation
thérapeutique n'aura pas lieu je crois. Parce que pour qu'il y'ait
éducation, il faut ce patient-là. Le personnel seul ne suffit
pas, le patient est un membre très important pour que cela puisse se
faire.
E :Faut-il tenir compte des besoins du
patient pour l'éduquer ou bien vous avez des connaissances que vous
devez livrer obligatoirement au patient ?
I : Il est bien vrai que
l'éducation qu'on apporte au patient dépend de plusieurs
facteurs. Non seulement de son niveau intellectuel, bref il y'a des
informations qu'on doit apporter au patient pouvant lui être
bénéfiques. Ceci doit se faire en tenant compte de son niveau
intellectuel car il a besoin d'être informé comme tout le monde,
quel que soit son niveau. Donc on doit tenir compte de son niveau
d'éducation.
E : Merci, selon vous, qui doit
éduquer les patients dialysés pendant les séances de prise
de décision, c'est-à-dire avant la première séance
de dialyse, qui doit éduquer le patient ?
I : C'est le
médecin, puisque c'est le médecin qui met le patient sur
dialyse. Il doit informer énormément le patient avant de le
mettre sur dialyse parce que c'est lorsque le malade est sur dialyse que nous
les infirmiers nous avons l'occasion de le voir. Avant cela, nous n'avons pas
cette occasion. Ça se passe avec lui et son consultant. Donc c'est le
consultant qui doit bien préparer son patient avant de le mettre sous
hémodialyse.
E : Et pendant les autres séances
de dialyse, qui doit maintenant éduquer le patient ?
I : C'est tout le personnel
hein. Le médecin, les infirmiers et ça va se faire tous les
jours, puisque cette éducation permettra au patient d'éviter
certaines complications liées à sa maladie. Je pense que c'est
ça.
E : Merci ! Est-ce que de temps en
temps vous organisez des séances d'éducation dans votre
service ?
I : Heu.. C'est vrai qu'en
réalité c'est pas organisé. Chaque personnel essaye tant
que ce peu d'apporter une éducation chaque fois au patient. Donc quand
c'est possible quoi ! donc c'est pas vraiment organisé de
façon réelle comme cela devrait être. C'est chacun qui
essaye aussi d'apporter ce qu'il peu à chaque patient. Surtout le
personnel infirmier. Donc quand tu es en face de ton patient tu essayes de le
faire. Il est bien vrai que je parle de façon systématique mais
ce qui nous interpelle souvent c'est lorsqu'on voit certains comportements du
patient. On est alors obligé de lui apporter certaines informations car
on constate que le patient est vraiment dans l'ignorance de certaines choses vu
son comportement du jour et même lorsque celui-ci pose aussi des
questions. Mais sinon avec la charge du travail, ce n'est vraiment pas
évident, parfois on le fait de façon patient-infirmier. C'est pas
vraiment organisé comme dans certains coins où on les regroupe
pour passer des informations.
E : Et comment est-ce que vous recevez
les premiers patients, je veux dire les nouveaux patients en dialyse ?
I : Ce sont ceux à
qui on apporte beaucoup d'information parce qu'ils viennent d'arriver dans le
service et ne savent pas comment les choses se passent. On doit donc leur
expliquer en premier lieu leur maladie, l'alimentation, le traitement, la
conduite à tenir lorsque survient une complication ou un signe d'alerte
par rapport à un malade. C'est plus ceux-là à qui on prend
de temps souvent pour leur expliquer.
E : Et quels sont les difficultés
que vous rencontrez dans l'éducation de ces patients ?
I : Oh les
difficultés c'est par rapport à l'organisation du service. Il
y'a pas de personnel suffisant. Il y'a maximum trois personnes par
équipes. Et avec les malades qui s'ajoutent tous les jours c'est
difficile. Parfois même, on veut bien éduquer les patients
personnels, mais on n'arrive pas. En principe, on devrait aussi organiser des
séances d'éducation collectives. On devrait aussi faire ça
comme dans certains centres de diabétologie par exemple !
Distribuer les dépliants et autres pour informer. Donc c'est un
problème d'organisation de service. Celui-ci ne l'est vraiment pas et
donc avec la charge du travail avec des problèmes techniques qui
surviennent tout le temps, on est toujours en train de courir, passant ainsi
à coté de ce qui est essentiel, qui est cette
éducation-là. Parce que parfois nous avons les réactions
de certains malades qui on mis un certain nombre de temps en
hémodialyse et on s'étonne. Pourtant ce n'est pas de leur faute.
Ils n'ont pas reçu assez d'informations pour bien se comporter.
E : Est-ce que les patients
reçoivent assez vite vos informations ? Est-ce qu'ils acceptent.
I : C'est bien vrai qu'au
départ c'est difficile. Car pour d'autres, ils pensent qu'une fois la
dialyse commencée après quelque temps ça va finir. Mais
quand nous avons ce genre de patient, on les renvoie vers leur médecin
qui leur a mis sous dialyse parce que normalement, c'est lui doit expliquer au
patient que la dialyse c'est jusqu'à la mort. Parfois quand on les y
envoi et qu'ils reviennent, nous continuons l'éducation que nous pouvons
faire à notre niveau et c'est bien vrai qu'au départ c'est
difficile. Car quand on te parle d'une maladie chronique, tu sais que c'est
à vie. Il faut venir à l'hôpital trois fois pas semaine
bref ce sont des malades très difficiles. Ils sont parfois agressifs,
brefs ils ne sont pas faciles à gérer.
E : Je voulais vous demander quel est le
rôle de l'infirmier dans l'éducation thérapeutique de ces
patients dialysés ?
I : L'infirmier a
rôle capital puisqu'il est la personne qui est en contact avec le malade.
Il connait plus les problèmes du malade, il a donc un rôle
très important parce que c'est lui qui est avec le malade tout le temps.
Il est vraiment au centre de l'éducation de ce malade. Or pour mieux
éduquer le malade, lui aussi devrait être à jour. C'est la
raison pour laquelle il y'a des documents que nous essayons de lire de temps
à autre pour donner la bonne information au patient car
l'éducation permet au patient de se prendre en charge , d'éviter
certaines complications dans la maladie car c'est souvent ces complications qui
sont tragique pour le patient. Donc l'infirmier devrait vraiment être au
centre de l'éducation parce que c'est lui qui est avec le patient tout
le temps.
E : Et est-ce que vous avez certaines
suggestions à faire par rapport à l'éducation de vos
patients ?
I : Oui. Comme suggestions
à notre niveau, il n'y a pas assez de personnels. La charge de travail
étant énorme, nous n'avons pas assez de temps pour
éduquer les patients. Or le service n'est pas organisé de telle
sorte que nous pouvons faires des séances d'éducation
thérapeutique fréquemment et de façon collective pour
aider tout le monde. Car je crois que si cela était bien
organisé, les malades viendront. Mais certains malades aussi limitent
l'éducation et parce qu'ils sont difficiles. Certains disent qu'ils sont
déjà mort, qu'est-ce que vous allez encore ils se demandent
encore ce que vous allez leur dire de plus. Ce sont aussi là des
facteurs qui peuvent limiter cette éducation-là.
E : Ok merci beaucoup
I : Ah ! Merci
aussi
3 IDE, H, 35 ans (8ans)
I : Je suis infirmier
diplômé d'Etat principal avec huit ans d'expériences dans
le service d'Hémodialyse.
E : Merci beaucoup. Comment est-ce vous
avez connu le concept d'éducation thérapeutique du
patient ?
I : C'est vrai que c'est un
concept nouveau pour moi. Cependant j'en ai toujours entendu parler. Dans une
approche globale, je considère cela comme une prise en charge des
malades. C'est ainsi que je conçois ce concept
thérapeutique.
E : Merci beaucoup. Selon vous, qui
devrait éduquer les patients dialysés avant la première
séance ?
I : En fait, en ce qui me
concerne, le malade dialysé, celui qui arrive pour sa première
séance de dialyse, puisqu'il est connu par le médecin d'avance,
le médecin est en quelque sorte un psycho qui peuvent éduquer le
malade. C'est-à-dire lui parler déjà de sa maladie, ce
qu'il attend et la suite de sa prise en charge. Les infirmiers que nous sommes
retrouvons le malade pour sa première séance de dialyse parfois
dans état de coma où on ne peut pas l'éduquer. Donc en
fait, c'est le médecin et peut être un psychologue en aval qui
peuvent s'occuper de ce malade. Sinon, si c'est un malade qui est conscient,
c'est l'infirmier durant sa première séance qui peut
brièvement lui parler de sa maladie. Parce que quelqu'un qui vient dans
un service, il voit tout l'appareillage et avec son problème de maladie,
vous ne pouvez pas lui dire bon, bon.... Il y'a quand même des
préliminaires à faire qui sont du ressort du médecin
traitant et peut être d'un psychologue en aval.
E : Pendant les autres séances de
dialyse, qui peut maintenant éduquer le patient ?
I : C'est l'infirmier
puisque c'est lui qui est à côté du malade, qui voit
comment le malade se comporte et qui rend compte au médecin. C'est lui
qui est à côté du malade pour les séances futures.
Quand le malade est déjà stable.
E : Est-ce qu'il est organisé des
séances d'éducation dans votre service ?
I : Oui c'est vrai que
ça n'a pas toujours été le cas. Mais quand on avait
commencé avec les américains, il y'avait une séance qu'on
réservait aux patients. C'est-à-dire que le malade arrivait une
heure avant et on leur parlait de leur maladie, on leur donnait des conseils
sur le plan de la diététique et comment se comporter avec leurs
fistules et leur cathéter. Bon, les choses ont changé et comme
nous avons un nouveau major qui parle brièvement aux malades durant le
temps qu'ils sont encore ... je dirais en salle d'attente, même comme
elle se trouve dehors.
E : Quelle est le rôle ou la place
de l'infirmière dans l'éducation des patients
dialysés ?
I : Je peux dire que ce
dernier tient une place incontournable. Car l'infirmier est au début,
pendant et après la séance de dialyse. Je ne peux pas vous donner
une place précise, mais tout au long de la séance de dialyse,
l'infirmier est la meilleure personne indiquée.
E : Je veux demander maintenant les
avantages de l'éducation des patients dialysés ?
I : Comme premier avantage,
c'est sur le plan de la prise en charge du malade. Parce que c'est vrai que
c'est un traitement qui est réservé aux malades chroniques, c'est
un traitement à vie. Bon pour le malade qui est dialysé, c'est
comment se comporter avec sa maladie et avec ... parce qu'il y'a des
accessoires et des maladies qui accompagnent. Je pense que c'est sur le plan de
la prise en charge et le concept d'éducation est en premier lieu
très important pour la survie du malade dialysé.
E : Et maintenant quelles sont les
difficultés que vous rencontrez dans le service pour éduquer les
patients ?
I : Comme première
difficulté, le malade étant déjà sur la phase
chronique est sur la défensive c'est-à-dire qu'ils savent qu'ils
sont sur le chemin de la mort. Ceci fait que quand tu veux lui parler de
quelque chose peut être sur le plan de l'alimentation, il te dit qu'il
n'a pas de choix à faire. Il mange et boit ce qu'il voit. C'est
difficile. Pour certains malades la contreventions n'est toujours pas la
meilleure chose vu qu'ils arrivent dans quelque chose de nouveau. C'est
à la longue qu'ils vont comprendre ce qu'ils ont reçu bien avant.
Comme seconde difficulté sur le plan de la prise en charge, les malades
viennent parfois seuls, ils ne sont pas financièrement prêts, ce
qui fait quand tu vas lui parler de la sa séance, il ne pense
qu'à ses cinq milles francs qu'il vient payer à
l'hémodialyse, c'est à ce qu'il pense. Quand on lui dit qu'avec
une fistule il ne doit pas se coucher, il** parce qu'on a vécu ici des
situations où pour un malade, on place un cathéter, premier
cathéter bon il rentre, après il revient avec un cathéter
en main et dit qu'il s'est gratté dans la nuit après il a
enlevé. Donc il n'a pas encore pris en considération sa maladie.
Il y'a aussi d'autres qui arrivent quand ils ont déjà
passés dans des groupes de prières. Tu veux leur parler, ils
pensent que la prière va les aider ils vont d'abord la bas.... Donc il
y'a beaucoup de choses. L'entourage même du malade. D'autres sont
délaissés à eux-mêmes. Parfois, c'est nous qui
donnons des compresses ici, des trucs aux malades qui lui serviront dans sa
dialyse.
E : Et sur le plan de la connaissance,
est ce que vous avez le niveau ou la capacité d'éduquer sans
problème ?
I : OUI. Bon en tenant
compte tout d'abord de mon expérience dans le servie, cela fait quand
même huit ans que j'y travaille. Je suis là depuis 2006 à
l'ouverture du centre 2006-2010 quatre ans et 2014, c'est pratiquement huit
ans. J'ai vécu beaucoup de chose et la façon de prendre en charge
chaque malade. Donc je pense que l'expérience déjà dans le
service me donne quand même un acquis.
E : Est-ce que vous avez des suggestions
par rapport à l'éducation des patients dialysés ?
I : Suggestions, je
pourrais suggérer qu'on nous allie, c'est-à-dire que nous associe
on nous associe peut être un psychologue, je veux dire une personne autre
qui prendrais les malades en amont, bien avant que celui-ci n'arrive dans la
dialyse. Car c'est déjà à une phase terminale car il y'a
tout un processus avant d'arriver à la dialyse. C'est-à-dire
qu'il faut associer au médecin une personne autre qui prépare
déjà le malade mentalement en lui expliquant ci et ça...
Car d'autres arrivent là subitement c'est vrai qu'il y'a des cas
d'urgence mais quand le malade est déjà en phase terminale, je
pense que c'est bien en haut qu'on doit commencer et l'infirmier de service
continue le reste.
E : Merci beaucoup
I : D'accord je vous
remercie aussi !...
4 LSI, H, 31 ans (2ans)
I : Je suis
infirmière supérieure en service d'hémodialyse depuis
pratiquement deux ans.
E : Quel est votre
âge
E : Mon âge ? 31 ans.
E : Selon vous comment est-ce que vous
avez rencontré ou eu pour la première fois le concept
d'éducation thérapeutique du patient ?
I : Le concept
d'éducation thérapeutique du patient. Déjà pendant
la formation en cycle de diplômé d'Etat on nous en a parlé,
ce qui fait qu'en tant qu'infirmier en service d'hémodialyse je pense
que ça fait partie des tâches de l'infirmier auprès du
patient.
E : Selon vous quelle définition
donnez-vous à l'éducation du patient ?
I : Selon moi,
l'éducation du patient c'est un enseignement dont le personnel soignant
est appelé à transmettre au malade au patient, afin qu'il soit
averti et qu'il puisse mieux se prendre en charge.
E : Quelle est la place du
patient dans son éducation ?
I : La place du patient
dans son éducation ? Je pense qu'elle est vraiment primordiale car
mieux il acquiert des leçons mieux il peut se prendre en charge. Surtout
en hémodialyse où on a besoin de la contribution véritable
du patient déjà dans la surveillance de sa fistule et ensuite au
niveau du régime alimentaire. On ne sera pas toujours à la maison
pour vérifier ce qu'il mange, ou quoi que ce soit. Donc quand ils sont
bien éduqués, je pense qu'ils peuvent mieux se prendre en
charge.
E : Quelle est la place des
infirmières dans la prise en charge des patients ?
I : En ce qui concerne la
place de l'infirmier, nous pensons que l'infirmier a un rôle dans
l'enseignement des patients. Et puis, il doit les accompagner dans cet
enseignement, veillé à ce que ces mesures soient
respectées par le patient.
E : Merci beaucoup. Bon qui doit
éduquer les patient en réalité, surtout avant la
première séance de dialyse ?
I : Avant la
première séance de dialyse, bon, nous pensons que l'infirmier
travaille en équipe avec l'ensemble du personnel. Il y a
déjà le médecin qui déjà en consultation
doit donner un certain nombre d'informations au patient. C'est vrai que
l'infirmier par la suite est beaucoup plus proche du malade pour la suite de
cette éducation.
E : Donc vous voulez dire que dans la
suite des séances, l'infirmier occupe une place importante ?
I : Oui, l'infirmier occupe
une place importante déjà surtout que très souvent
pendant une séance de dialyse, il n'ya pas beaucoup de médecins.
Très souvent pendant nos séances de dialyse il n'y a pas assez de
spécialistes, le médecin est en consultation et on ne lui rend
compte que par la suite après les séances que tel patient a fini
sa dialyse et ect... C'est l'infirmier qui passe souvent plus de temps
auprès du patient.
E : Maintenant quels sont les obstacles
ou bien les difficultés que vous avez à éduquer les
patients ?
I : C'est vrai que pour les
difficultés, on aura déjà souhaité qu'en tant
qu'infirmier d'hémodialyse dans un centre, on aurait souhaité
avoir des séminaires de formation dans ce sens. Ca il en manque
vraiment. Et aussi dans cette éducation, surtout au niveau de
l'alimentation, les patients sous dialyse ont besoin de beaucoup d'informations
en ce qui concerne leur régime alimentaire et autre. Dans le service,
il n'ya pas de diététicien par exemple, on doit se battre pour
collecter des informations par ci et là. Mais si on avait eu des
séminaires de formation cela nous auraient beaucoup aidé
à la bonne marche des activités dans le service et les patient
en gagnerait plus.
E : Est-ce que les patients acceptent
facilement les conseils, les informations ?
I : Hum, oui les patients
généralement sont très ouverts à partir du moment
où ils savent qu'on s'occupe d'eux et que leur santé est à
notre charge, ils sont très ouverts à tout ce qu'on leur dit. Ils
veulent savoir l'évolution, ce qu'il doit prendre ou pas... de ce
côté-là ils sont vraiment ouverts.
E : Merci est ce que vous avez des
suggestions pour améliorer l'éducation de nos patients
I : Des suggestions comme
je disais tantôt, si on aura eu des possibilités de faire des
séminaires de formation en ce qui concerne le régime à
suivre, parce que l'alimentation des patient hémodialysé est
très délicate. Très souvent les patients vont chuter tout
simplement parce qu'ils ont pris un aliment qu'ils ne devraient pas prendre. Or
si on avait eut des formations dans ce sens nous-même on serait vraiment
mieux outillés pour pouvoir les éduquer, parce qu'il y'a des
questions qu'ils nous posent, ils sont vraiment ouverts, ils posent beaucoup de
questions au point où parfois on est amené à aller sur le
net, à chercher par ci par là. Mais toutes ces
informations-là ne sont vraiment pas canalisées, si on avait eut
des formations, on serait mieux outiller pour répondre à leurs
différentes préoccupations.
E : Merci beaucoup
I : OK, il n'ya pas de
quoi.
5 IDE, F, 32 ans (2 ans)
E : Bonsoir Madame
I : Bonsoir
E : SVP présentez vous
I : Je suis
infirmière en Hémodialyse au CHU
E : Vous avez quel âge
I : J'ai 32 ans
E : Je voudrais savoir comment est-ce
que vous avez connu le concept d'éducation thérapeutique du
patient
I : C'est vrai que je suis
dans le service depuis deux ans. Quand je suis arrivée, nous avons
été formés dans le tas, différents des autres qui
ont reçu des formations plus tard avec des blancs, nous avons
été formés sur le tas, étant arrivés plus
tard, nous avons essayé de voir comment ils se comportaient avec les
patients.
E : Et est-ce que vous pouvez nous dire
en un mot ce que c'est que l'éducation du patient dialysé.
I : C'est vrai que
l'éducation du patient dialysé est difficile pourquoi ?
Parce que déjà, ce sont des patients diminués par rapport
à leur état de santé. Mais généralement dans
le service de dialyse au CHU, on essaye d'être amis avec les malades, on
essaye de blaguer avec eux, de porter la joie. On ne fait pas de
différence. C'est pour leur amener à oublier un peu leur maladie.
Donc pendant la séance qui dure quatre heures de temps, le patient se
sent à l'aise. L'infirmier n'est pas frustré, le patient non
plus. Donc généralement c'est ça, c'est plus une
éducation...
E : Merci. Quels sont les avantages de
l'éducation de ces patients ?
I : L'avantage, le plus
grand avantage c'est d'abord de pouvoir remonter le patient par rapport
à sa maladie, son état de santé. Comme je le disais
tantôt, les patient viennent étant diminués. Ils se disent
qu'ils sont à la porte, à l'entrée de la mort quoi. Donc
c'est plus dans la tête qu'il faut leur enlever cette
idée.
E : Qui doit normalement éduquer
le patient dialysé ?
I : Tout le personnel de
santé
E : Et sur le plan de la
première phase qui consiste à la décision de la
première séance de dialyse, quels sont ceux qui
interviennent ?
I : A la décision de
la première séance de dialyse, c'est le médecin, le
néphrologue, celui qui a reçu le patient, qui met le patient en
dialyse, qui donne les premiers conseils, qui l'éduque quoi.
E : Et dans la suite des séances
de dialyse ?
I : Bon c'est vrai, les
patients passent plus de temps avec les infirmiers donc le personnel en
général donc nous aussi à notre niveau quand un patient a
un problème et qu'il vient poser son problème, on essaye de lui
apporter des solutions si on peut appeler ça comme ça.
E : Et quelles sont les
difficultés que vous avez dans l'éducation de vos
patients ?
I : C'est vrai, nous avons
beaucoup de difficultés. Au niveau de la psychologie du patient, le
patient est diminué. Donc pour l'amener à comprendre qu'il peut
vivre en faisant ses séances de dialyse normalement et tout,
généralement, c'est difficile d'accepter ça. Et c'est
vrai que le patient, un patient qui a une insuffisance rénale
généralement dépense plus. De ce
côté-là aussi c'est difficile. Généralement,
ils nous disent qu'on parle comme ça parce que nous sommes en
santé. Mais on les amène à comprendre que même avec
cela ils peuvent vivre.
E : Et est-ce que vous avez la
capacité, la compétence pour éduquer un patient ?
I : Heu ça
dépend de ce qu'on appelle compétence, capacité, je ne
sais pas.
E : Je parle de la connaissance
I : Bon connaissance,
généralement un infirmier a fait de l'Ethique à
l'école. Je crois que l'éthique c'est le savoir vivre. Tout
infirmier pour éduquer un patient. Pas forcément un patient
d'hémodialyse, mais le patient en général un infirmier
peut le faire.
E : Merci. Est-ce que tu as quelques
suggestions pour améliorer l'éducation des patients
dialysés ?
I : Bon ! C'est vrai
que les patients dialysés se plaignent beaucoup plus du coût des
examens. Parce qu'ils ont des examens mensuels, trimestriels semestriels et
puis annuels. Ce qui est vraiment cher pour eux. Si je peux apporter mon petit
plus quoi, c'est qu'il faut que l'Etat voit comment diminuer le coût de
leur examen. Si on pouvait leur faire un pourcentage sur les examens, ils
seraient un peu plus à l'aise.
E : Ok Merci madame.
6 MSI, F 34 ans (7 ans)
I : Madame X
âgée de 34 ans, je suis maître en science, infirmière
et également enseignante à l'école des
infirmières, et des techniciens médico sanitaires de
Yaoundé. Bon je suis en dialyse depuis 2007, c'est-à-dire environ
7 ou 8 ans. Oui, je suis là depuis la dernière promotion des
malades dialysés avec les américains. Un an après la
formation avec les américains, j'ai fait une formation en dialyse au
Japon sur cet appareil. C'est donc moi qui ai formé les infirmiers d'ici
sur cet appareil que vous voyez là. Donc mes 7 ans d'expérience
me permettent quand même de vous dire beaucoup de choses.
E : Merci beaucoup. Comment avez connu
le concept d'éducation thérapeutique du patient ?
I : Oui, le concept
d'éducation thérapeutique du patient c'est un domaine
très important parce que ça fait partir de l'observance, quand
on dit l'observance ce n'est pas seulement venir au traitement, ce n'est pas
seulement prendre les médicaments, il faut aussi que le malade s'accorde
avec les conseils qu'on lui donne par rapport à la nutrition, par
rapport à son mode parce qu'un malade dialysé n'a pas un
même mode de vie que toute personne ordinaire. Son mode de vie change, ce
qu'il doit manger, boire, les exercices qu'il doit faire par rapport à
son traitement donc tout ça change. C'est donc un concept très
important qui ne doit pas être négligé dans notre domaine
de la santé.
E : Merci. Qui doit éduquer les
patients dialysés ?
I : Selon moi, tout le
monde y compris le néphrologue. Parce qu'à l'entrée en
dialyse, le patient passe par le néphrologue et donc, à
l'entrée en dialyse c'est le néphrologue qui fait entrer le
malade dans le service. Ça commence donc par le néphrologue. Le
Néphrologue prépare d'abord le malade. Que la maladie que vous
voyez, c'est comme ci et ça, il y'a tel mode de vie que vous aviez avant
qui doit changer. A l'entrée en dialyse maintenant, au cours de la
dialyse, les infirmiers, les aides-soignants, chacun a son rôle autour du
malade.
E : Merci. Quelle est la place du
patient dans son éducation ?
I : La place du patient est
très importante parce que vous pouvez donner une information et si le
patient n'est pas convaincu, il ne doit pas adhérer aux conseils
donnés et le traitement ne sera pas complet. Donc la place du patient
est très très importante. Pour d'abord commencer
l'éducation thérapeutique, bous devez d'abord convaincre le
malade, que ce que vous dites là si le malade change son mode de vie et
suit cela, il va trouver la santé. Donc le malade doit être
d'accord, si le malade n'est pas d'accord, vous êtes en train de perdre
votre temps.
E : Et quels sont les avantages
liés à l'éducation du patient ?
I : Les avantages sont
nombreux parce que quand le malade, quand vous donnez un conseil par rapport
à la nutrition, par rapport au nombre de litre d'eau que le malade doit
boire entre deux dialyses, par rapport aux exercices et tout ça,
ça permet au malade de vivre plus longtemps. Sa augmente la longueur de
vie du malade. Peut-être si celui-ci pouvait mourir en un an, ça
va augmenter en deux ans s'il suit bien les conseils. Donc c'est très
important.
E : Merci ! Quelle est la place de
l'infirmier dans l'éducation des patients dialysés ?
I : La place des infirmiers
dans l'éducation des patients dialysés est primordiale pour moi.
Car l'infirmier est avec le malade tout le temps. L'infirmier voit le malade en
entrant en dialyse, l'infirmier est avec le malade. Par exemple depuis ce
matin je n'ai pas encore vu un néphrologue or il y'a des infirmiers.
Donc c'est lui qui est là continuellement avec le malade. Il voit le
malade quand il entre, pendant la dialyse et après la dialyse. Donc la
place de l'infirmer dans l'éducation thérapeutique du malade est
très primordiale.
E : Merci. Comment est organisée
l'éducation des patients dialysés dans votre service ?
I : Hum. L'éducation
thérapeutique des patients est organisée en ... Il y'a la partie
des médicaments, il y'a la partie de la nutrition, il y'a la partie de
l'observation aux rendez-vous de dialyse. Donc c'est tout ça qui fait
l'éducation thérapeutique. Si tu donnes un conseil, tu
éduques un malade par rapport à la nutrition et tu ne lui dis pas
l'importance de venir à la dialyse tout le temps, le malade va penser
que ce n'est que la nutrition qui peut le faire vivre longtemps ou survivre sur
la dialyse. Donc en éduquant un malade, on va tenir compte de la
nutrition, du rendez-vous et des médicaments. Donc c'est tout c'est
comme ça que c'est organisé.
E : Merci beaucoup. Maintenant quelles
sont les difficultés que vous avez dans l'éducation des patients
dialysés ?
I : Bon les
difficultés que nous avons ici c'est que les malades sont
résistants aux changements. Les malades sont résistants et ils
sont aussi, ils comparent que comme A a fait ci et ça va mieux, je peux
aussi le faire et je serais bien. Donc il y'a des fois qu'en soignant un
malade, il va te dire que chez l'autre tu as fait ci et ça et chez moi
c'est différents.
Ensuite, ce n'est pas tout le monde qui a eu à
faire avec le concept d'éducation thérapeutique du patient, ce
qui fait que ce n'est pas tout le monde aussi qui est capable de bien
éduquer les malades. Car parmi nous, nous avons aussi les
aides-soignants qui sont avec les malades en continu et qui n'ont pas
été formés pour cela. Donc je pense que c'est les deux
problèmes que nous rencontrons : manque de personnel
qualifié et résistance au changement de vie du malade. Il n'y a
pas assez de personnel. Avec la charge du travail, peut-être il deux
personnes le temps que vous allez connecter. Il n'y a pas assez de temps
réservé à l'éducation. Vous cherchez seulement
à le mettre sous la machine parce qu'il veut être
dialysé.
E : Merci beaucoup. Quelles sont vos
suggestions maintenant pour améliorer l'éducation des patients
dialysés ?
I : Pour améliorer
l'éducation des patients dialysés. Si on pouvait organiser des
séances d'entretien avec les malades, on peut dire un fois par mois ou
une fois tous les deux mois. Etant donné que les malades entrent chaque
jours, il y'a certains qui entrent tard et qui sont plus réceptifs aux
conseils par rapports aux anciens. Si on pouvait à chaque fin de mois
faire un entretien avec les nouveau malades, ça ferait qu'il y'aura
toujours les malades qui connaitront quelque chose sur le mode de vie en
dialyse. Et chaque fois que les nouveaux malades arrivent, on fait un entretien
avec eux. Donc c'est une méthode qu'on peut utiliser pour édifier
le malade en dialyse. Une autre c'est que pendant les séances de
dialyse, on peut aussi passer nos informations. Il y'a d'autres qui pendant la
dialyse, ils posent la question que si je mange telle chose ou telle autre
chose, qu'arrivera-t-il ? Tu profites de là pour parler, mais le
temps est très limité. Si c'était un peu organisé,
on peut aussi sortir les flyers sur la dialyse. Chaque malade quand tu entre en
dialyse, on te consulte on te donne une copie avec toutes les nourritures que
tu dois manager. Même si tu ne connais pas lire, tu dois avoir une
personne à la maison qui doit pouvoir lire et interpréter cela.
Je pense que c'est cela.
E : Merci beaucoup madame
I : Merci aussi
7 IDE, F, 38 ans (1,5 ans)
I : Je suis
infirmière au service de Dialyse au CHU. J'ai 38 ans. Je suis dans le
service depuis un an et demi.
E : Merci. Madame comment avez-vous
connu pour la première fois le terme d'Education du patient ?
I : Je l'ai connu par
rapport à un patient qu'on appelle Monsieur D. Ce jour-là
j'étais tellement surprise que ça m'a intéressé.
Parce qu'il n'avait pas pris son médicament de tension quand il est
arrivé, on n'a pas pu le dialyse car la tension était
élevée. On a dû lui faire une IEC par rapport à
ça et puis il a retenu la leçon. Depuis ce jour ça va
mieux.
E : Merci beaucoup. Comment est
organisée l'éducation des patients dans votre service ?
I : Parfois elle est
individuelle par rapport à une situation, soit c'est l'alimentation,
soit c'est l'hypotension, on éduque ce malade individuellement. Parfois
ils sont éduqués ensemble par rapport à un certain nombre
de problèmes qu'ils nous posent. Nous croyons qu'en les éduquant
comme ça dans la masse, beaucoup comprennent. Mais d'autres doutent
parce qu'ils disent j'ai fait ci, j'ai fait ça et ça n'a pas
marché. Comment est-ce que vous voulez que je fasse maintenant ?
C'est à peu près ce que nous vivons un peu ici au service
d'hémodialyse.
E : Merci. Quels sont les avantages
à éduquer les patients dialysés ?
I : Je peux dire
après qu'une fois après les examens prescrits, quand nous avons
les résultats, nous constatons que notre éducation a
fonctionné par rapport à cela.
E : Je suis sûr que vous avez des
difficultés à éduquer les patients. Quelles sont ces
difficultés ?
I : Bon, nous n'avons pas
de difficultés en tant que telle. Nous causons facilement avec les
patients, nous n'avons vraiment pas de difficultés.
E : Est-ce que les patients acceptent
rapidement et facilement ce que vous leur dites de faire?
I : Non pas du tout. Ce
n'est pas facile. Lui il va te dire « Moi j'aime manger de l'huile
de palme, que ça me plait ». Tu lui dis non, quand tu es en
hémodialyse, ne bois pas du vin rouge, il te dit « Non, je
bois du vin rouge ». Alors quand il arrive à la dialyse, le
sang pèse et la machine n'arrive pas à supporter le sang qui
pèse. ****** Alors quand tu dis à un patient « avant
d'arriver à la dialyse, évite de boire du vin rouge,
évite de manger de l'huile de palme, c'est gras, ça fait peser le
sang », lui il va te dire qu'il aime ça. Donc c'est
ça.
E : Et quelles sont les suggestions que
vous proposez pour améliorer l'éducation des patients
dialysés ?
I : Bon leur demander de
faire leurs examens tous les mois, manger selon nos prescriptions et puis
prendre leurs médicaments, c'est bon pour eux.
E : Merci beaucoup madame
I : Il n'y a pas de
quoi.
8 MSI, F, 35 ans (8ans)
I : Nombre d'année
d'expériences, je suis à 8 ans dans le service
d'Hémodialyse donc ça fait 8 ans. Je suis infirmière
principale.
E : Merci beaucoup. Comment avez-vous
connu le concept d'éducation thérapeutique du patient ?
I : L'éducation
thérapeutique du patient, on peut dire que ce sont les conseils qu'on
doit donner aux patients par rapport à leur traitement.
C'est-à-dire le soin de dialyse, la nutrition et d'autres. Puisque le
traitement c'est, il y'a beaucoup de contours quand on parle de traitement. Il
y'a la dialyse même, le traitement après la dialyse et aussi les
médicaments qu'il doit prendre après le dialyse, ceux de tension,
de diabète et par rapport aussi à l'alimentation.
E : Comment est-ce que
l'éducation est organisée dans votre service ?
I : L'éducation
n'est pas organisée en tant que telle mais lors de la formation on nous
a appris comment éduquer, c'est à dire donner les conseils aux
patients en ce qui concerne leur traitement. Donc pendant qu'on fait le
traitement, on essaye de leur dire ce qu'ils doivent faire ou pas en fonction
de leur traitement.
E : Qui doit en principe éduquer
les patients dialysés ?
I : Bon, le patients
dialysés, je peux dire c'est le personnel soignant quoi. Parce que nous
en tant qu'infirmiers pendants la pratique des soins, on donne les conseils aux
patients, mais le médecin à son niveau donne aussi les conseils
aux patients
E : Surtout avant la prise de
décision de la dialyse qui doit intervenir dans l'éducation du
patient ?
I : Avant la prise de
décision de la dialyse, c'est le médecin parce que nous sommes
ici, on attend seulement les malades qui entrent en dialyse. Avant la dialyse
on ne voit pas les patients avant la mise sous dialyse, c'est le
médecin qui est concerné puisque c'est lui qui reçoit les
malades en consultation externe et dépiste que celui-ci est
déjà en stade terminale et le met en dialysé. Donc nous
les attendons dans le service de dialyse, donc avant le service de dialyse
c'est le médecin qui est concerné.
E : Comment vous recevez les nouveaux
patients ?
I : Bon les nouveaux
patients on peut dire que l'éducation compte parfois beaucoup pour eux
puisque ce sont des gens qui entrent dans un monde nouveau. Puisque la dialyse
c'est un monde nouveau et l'éducation est très importante
à ce niveau puisque c'est les personnes qui ne savent même pas ce
que c'est que la dialyse, comment se passe la dialyse, qu'est ce qui se passe,
que doit-on faire ou pas. Donc pour les nouveaux malades, l'éducation
thérapeutique est très importante pour eux.
E : Quels sont les avantages de
l'éducation thérapeutique des patients ?
I : Bon l'éducation
thérapeutique permet aux patients de se prendre en charge. La dialyse
étant un traitement certains patients stressent sur dialyse. Ce qui fait
que l'éducation thérapeutique leur permet de surpasser ce
niveau de stress. Donc quand ils sont suffisamment éduqués,
ça leur permet d'être à l'aise en dialyse et
d'éviter le stress. Ils vivent aussi une vie ordinaire grâce
à cette éducation étant donné que la dialyse est
un monde difficile et pour cela, l'éducation thérapeutique leur
permet de surpasser les problèmes et de vivre comme si de rien
n'était.
E : Quelle est la place qu'occupe
l'infirmière dans l'éducation des patients ?
I : Je peux dire que
l'infirmière occupe une place très importante puisque c'est elle
qui reçoit le malade en dialyse, après la dialyse, il faut un
suivi pour ces patients. Autrement dit, l'éducation qu'elle doit donner
aux patients est très importante. C'est l'infirmier qui reçoit le
patient et doit lui dire ce qu'il doit manger, ce qu'il doit faire ou pas ainsi
de suite. Par exemple pour les malades qui portent une fistule quand tu as
envie de faire son traitement, tu lui dit que « non, la main qui
porte la fistule ne doit pas travailler n'importe comment, ne doit pas faire
les travaux durs, tu ne dois pas dormir sur ce bras. » et les
patients qui ont le cathéter, l'éducation que l'infirmier leur
donne, pendant qu'ils font leur toilette, ils ne doivent pas mouiller le
pansement parce que quand ils mouille le pansement, ça crée des
infections. Ils ne doivent pas se coucher sur le cathéter ainsi de
suite. Donc l'infirmier est au centre de l'éducation
thérapeutique. **** il y a des malades qui peuvent aller jusqu'à
la maison et mourir sans traitement. Parce que parfois on est obligé de
leur dire que s'ils n'ont pas d'argent, ils doivent venir en dialyse parce
qu'on ne pas leur laisser mourir sans rien faire pour les sauver.
E : Quelles sont les difficultés
que vous avez pour éduquer les patients dialysés.
I : Comme
difficultés, ce sont des patients qui ne sont pas aussi facile qu'on le
pense. Ce sont des malades qui sont sur dialyse au jour le jour,
eux-mêmes ils connaissent souvent beaucoup de choses. Parfois quand on
les éduque là, il y'en a qui n'épousent pas facilement
cette éducation. Puisque ce sont des gens qui avec le temps, ils
connaissent déjà beaucoup de choses. Ce qui fait qu'il y a
des moments où ce n'est pas facile car ils se disent qu'ils connaissent
tout puisqu'ils ont déjà duré avec la maladie.
E : Et par rapport aux autres
infirmiers, est ce que tout le monde a la connaissance requise pour
éduquer ?
I : Les patients, bon, je
peux dire non. On a cet avantage parce qu'on a reçu la formation des
américains et ils étaient très strictes pendant la
formation. Ce qui fait que ceux qui vient aujourd'hui, c'est nous qui les
formons. On essaye de faire du mieux de nous-même, pour qu'ils
éduquent les patients. Mais ce n'est pas toujours facile. Mais vu que ce
sont les américains qui nous ont formés et on essaye de faire de
notre mieux pour éduquer les patients.
E : Est-ce que tous les autres
collègues ont la même motivation pour éduquer les
patients ?
I : La même
motivation, d'autres parts, je me dis que peut-être ils sont venus
après la formation de base et ils ont eu une formation sur le tas. Donc
ce n'est pas toujours la même chose avec celui qui a eu à
apprendre la pratique, la théorie et tout avant de commencer à
travailler. Donc ceux qui apprennent sur le tas il y'a toujours une
différence parce qu'ils n'ont pas eu le temps d'apprendre la
théorie et pratiquer cette théorie. Or nous avons eu suffisamment
de temps et la pratique et la théorie avant de commencer à
travailler. Donc on nous disait que l'éducation est un facteur
très important parce qu'on nous disait que tant que ton patient n'est
pas éduqué, tu auras toujours tous les problèmes. Parce
que il y'a en qui*** parfois d'autres pour pouvoir leur piquer la fistule ou
pouvoir les mettre sur la machine or ce n'est normal. Parce qu'il se dit *** je
ne sais pas si c'est l'éducation qu'on leur donne ou c'est par
compassion pour la personne je ne sais pas. Si c'est les bons soins, bon ce
sont les malades-là qui en savent.
E : Merci. Quelles sont vos suggestions
pour améliorer l'éducation des patients dialysés ?
I : Bon pour
améliorer l'éducation des patients dialysés, voudrait
mieux qu'on ait une spécialité pour l'éducation de ces
patients. J'ai dit que ce sont des gens qui ne sont pas faciles. Surtout que il
y'en a qui ont déjà fait deux ans ou trois, ils se disent qu'ils
connaissent tout. Quand tu es devant eux pour leur donner des conseils ils te
disent « Ah laissez-nous ça nous on en a vus
assez... ». Or si on pouvait mettre sur pieds une structure là
pour renouveler même cette éducation-là chaque fois.
Parce que c'est un domaine nouveau, il est toujours mieux qu'on crée
des structures consacrées à l'éducation de ces
gens-là. Puisqu'ils se disent toujours qu'ils connaissent tout. Parfois
tu es entrain de donner les conseils à quelqu'un comme ça il te
dit « Ah ! », il ne te suit même pas. Et quand
il y'a les conséquences, ils reviennent. Et là tu leur dit je
vous avais dit de faire ceci et cela vous n'avez pas faits, maintenant vous
revenez. Par exemple ceux qui viennent en OAP comme ils ont suivis les
séances de dialyse, quand on leur dit de ne jamais sauter les
séances de dialyse. Même s'ils n'ont pas d'argent qu'ils viennent
puisque les séances de dialyse c'est trois fois par semaine. D'autres
font carrément une semaine sans dialyser. Parce qu'ils disent qu'ils
n'ont pas d'argent. Or quand ils font une semaine-là, quand ils
reviennent ils sont déjà en OAP, là c'est
déjà une urgence. Or s'il saute une fois et vient nous le dire on
peut toujours trouver une solution. Quand ils reviennent ils sont en OAP
là c'est déjà urgence, le taux d'urée et de
créatine a augmenté dans le sang, là c'est
déjà une urgence. Et quand c'est déjà l'urgence
là on dépense plus que les 5000 même de la séance de
dialyse.
E : Merci beaucoup. Est-ce que vous avez
quelque chose à ajouter ?
I : Bon, il y'a un
problème. Parce que les séances de dialyse là ce n'est pas
facile hein. Payer une séance de dialyse à 5000, vu les
médicaments que les patients prennent aussi c'est... je trouve que la
séance là revient toujours cher. Parce qu'il y'en a qui ne
parviennent même pas à payer leur séance de 5000 là.
Les médicaments de tension, de diabète coutent cher, les
médicaments de tension et autres ce qui fait qu'à 5000 frs, la
séance est toujours cher. Puisque la plupart des patients ne travaillent
pas. Ce sont gens qui sont comme ça ils demandent encore de l'argent
à leur famille et autres. Donc si ça pouvait vraiment être
gratuit comme on le dit. Il y'en a qui n'arrivent pas à payer les 5000
pour la séance.
E : Merci
I : Pas de quoi
22 Table des matières
Sommaire
ii
Dédicace
iii
Remerciements
iv
Liste des sigles,
abréviations et acronymes
v
Liste des tableaux
vii
Liste des figures
viii
Liste des annexes
ix
Résumé
1
Abstract
2
Introduction
3
Première
partie : Approche théoriquede l'Education Thérapeutique du
Patient
5
Chapitre I: L'état
de la question
6
1 Contexte de l'étude
7
2 Justification du choix du sujet
9
3 Problème de la recherche
11
4 Problématique de la recherche
14
5 Importance de l'étude
18
5.1 Importance théorique
18
5.2 Importance pratique
18
Chapitre II : Revue
de la littérature, cadre conceptuel et théorique
20
1 Revue de la littérature
21
1.1 Histoire de l'Education
Thérapeutique du Patient
21
1.2 Importance de l'Education
Thérapeutique du Patient dans les maladies chroniques
21
1.3 Acteurs de l'Education
Thérapeutique du Patient
23
1.4 Différentes approches
utilisées dans l'Education Thérapeutique du Patient
24
1.5 Compétences attendues des
patients dans leur éducation
25
1.6 Obstacles à l'Education
Thérapeutique du Patient
26
2 Cadre conceptuel
26
2.1 Déroulement des concepts
clés
26
2.1.1 Perception
27
2.1.2 Éducation
Thérapeutique
28
2.1.3 Patient/personne dialysée
46
2.2 Schémas conceptuel
54
2.2.1 Explication du schéma
conceptuel
55
2.3 Modèle d'analyse
55
3 Le cadre théorique
58
3.1 La théorie de Human Caring de
Watson
58
3.2 La théorie de l'action
raisonnée
60
Deuxième
partie : Approche opérationnellede l'Education Thérapeutique
du Patient
63
Chapitre V : Cadre
d'étude et approche méthodologique
64
1 Cadre d'étude
65
1.1 Présentation du lieu de
l'étude
65
1.1.1 Historique
65
1.1.2 Situation géographique
65
1.1.3 Organisation du CHUY
65
1.1.4 Le service d'hémodialyse
67
1.2 Justification du lieu de
l'étude
68
2 Approche méthodologique
69
2.1 Méthode de collecte de
données
69
2.2 Méthode d'analyse des
données
71
2.3 La durée de l'étude
71
2.4 Le respect de l'éthique
71
Chapitre VI :
Présentation et analyse des résultats
72
1 Présentation des résultats
de l'entretien
73
1.1 Légende des informateurs
73
1.2 Données socio
démographiques
73
1.3 Données relatives aux conceptions
sur l'Education Thérapeutique du Patient
73
1.4 Données concernant les
compétences ciblées par l'Education Thérapeutique du
Patient dialysé
74
1.5 Données liées aux
intervenants en Education Thérapeutique du Patient dialysé
75
1.6 Données relatives à la
mise en oeuvre de l'Education Thérapeutique du Patient
dialysé
76
1.7 Données révélant
les obstacles à l'Education Thérapeutique du Patient
dialysé
77
2 Présentation des résultats
de l'observation directe
78
Chapitre VII :
Synthèse et discussion des résultats
80
1 Les caractéristiques
socio-démographiques au service de la dynamique professionnelle
81
2 De la conception à la perception de
l'Education Thérapeutique du Patient dialysés
81
3 L'approche humaniste dans l'implication
des acteurs de l'Education Thérapeutique du Patient dialysé
82
3.1 L'importance de l'Education
Thérapeutique du Patient dialysé
82
3.2 La place de l'infirmier dans l'Education
Thérapeutique du Patient dialysé
83
3.3 La place du patient dans son
éducation
85
3.4 Les compétences attendues par
l'Education Thérapeutique du Patient dialysé
86
4 La mise en oeuvre de l'Education
Thérapeutique Patient dialysé dans une rationalité
d'action
88
4.1 De la perception à la pratique de
l'Education Thérapeutique du Patient
88
4.2 Les obstacles à la mise en oeuvre
de l'Education Thérapeutique du Patient dialysé
89
4.2.1 La personne malade comme obstacle
à son éducation
89
4.2.2 Les obstacles liés à
l'infirmier
91
4.2.3 La place de l'institution dans la mise
en oeuvre de l'Education Thérapeutique du Patient
92
Conclusion
94
Suggestions
96
Références
bibliographiques
97
Annexes
I
Table des
matières
XII
* 1 A travers l'infirmier
lire également l'infirmière.
* 2 EBV : Evidence Base
Nursing
* 3 1ère
étape de changement de comportement dans Model Transthéorique du
Changement (MTC).
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