2.1- PROBLEMATIQUE
Au Bénin, le secteur agricole occupe environ 48 % des
actifs, contribue à plus de 36% à la formation du Produit
Intérieur Brut (PIB) et fournit plus de 80% des recettes officielles
d'exportation (MAEP, 2010 A). L'agriculture joue un rôle
déterminant dans la lutte contre la pauvreté et
l'insécurité alimentaire (CEDEAO, 2005). Pour assurer la
sécurité alimentaire, la promotion de la riziculture a
été toujours perçue comme une nécessité
depuis les années 60 (MAEP, 2010 B). La culture du riz est l'une des
treize filières prioritaires retenues par le Plan Stratégique de
Relance du Secteur Agricole (PSRSA). La culture du riz suscite de plus en plus
l'attention du gouvernement béninois et des opérateurs
économiques privés en même temps qu'elle constitue un
moteur de structuration du milieu rural. Il est observé une dynamique
organisationnelle des producteurs de riz du niveau village au niveau
régional et national (Wennink et al., 2007). Dans les
différentes zones de production comme la commune de Zè,
l'organisation des riziculteurs en groupements leur facilite l'accès
à certains services et prestations tels que : les crédits, les
formations, les prestations de services en matière de labour,
l'accès aux intrants, aux périmètres
aménagés et aux marchés, etc. Pour le développement
de la riziculture et l'épanouissement des producteurs, bon nombre de
projets, de structures étatiques et non étatiques appuient les
groupements de riziculteurs de la commune.
Mais force est de constater que malheureusement, la
pauvreté, l'exclusion et l'inégalité d'accès aux
facteurs de production sont toujours existantes (Lafleur et Merrien, 2012) dans
ces milieux ruraux. Le niveau de production du riz reste encore insuffisant par
rapport aux besoins et aux potentialités de la commune
(CED-Bénin, 2009). Les GVPR sont peu structurés et peu solides
pour pouvoir combler les attentes. De plus, les dirigeants se livrent à
des actes de corruption et de détournement contraires aux valeurs et
principes coopératifs (Sebisogo, 2012). Cette situation engendre dans
les GVPR des conflits, ce qui ne leur permet pas d'assurer une forte production
rizicole. Et ces conflits inhibent fortement la production rizicole et
déstabilisent ces organisations paysannes. Le SCDA est souvent
obligé de faire la médiation dans la résolution des crises
au sein des GVPR. Ceci détourne les agents de leur mission de
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conseil agricole. Ainsi, les périmètres
aménagés sont mal exploités et certains producteurs se
désintéressent de la riziculture.
Or ces organisations paysannes sont censées être
gouvernées sur des bases démocratiques qui doivent motiver les
producteurs dans leur travail et les amener à s'intéresser
à la vie de leur coopérative. Malheureusement, cet idéal
démocratique dans la gestion pose problème (Desroche, 1992).
C'est ce qui amena Morin (2008) à affirmer que la question de la bonne
gouvernance se pose dans les coopératives. Cette question se pose avec
acuité dans les GVPR. Les processus effectifs de prise de
décision et de gestion dans ces coopératives peuvent
difficilement se rapprocher des modèles rationnels car il existe trop
d'ambiguïtés entre la rationalité souhaitable et la
réalité politique et organisationnelle de ces groupements.
Certaines observations semblent confirmer la trop grande liberté des
dirigeants dans la gouvernance (Regnard et Rousseau, 2009). Or la gouvernance
est un enjeu incontournable dans toute coopérative comme les GVPR. Les
avancées notées dans le cadre de la consolidation de ces
organisations paysannes de riz sont handicapées par de nombreux
dysfonctionnements liés aux problèmes de gouvernance (MAEP, 2010
A). Le problème de la gouvernance dans ces organisations paysannes est
si important que le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
(PSRSA) a prévu dans ses actions majeures d'appuyer ces dernières
dans le développement et le renforcement de leurs capacités
managériales internes. Mais depuis son élaboration, le PSRSA
peine à être mis en oeuvre réellement. L'ONG VECO West
Africa dans une analyse de la filière riz en 2008, a relevé la
mauvaise gouvernance des organisations de producteurs comme une contrainte
majeure mais sans pour autant aller en profondeur.
La gouvernance dans une organisation se présente sous
plusieurs formes : politique, sociale, financière et organisationnelle.
Dans les GVPR de Zè, c'est le problème de la faible gouvernance
organisationnelle qui se pose, puisque le problème affecte la
cohésion des producteurs au détriment de leur influence sur la
gestion de la filière. Aussi, le Conseil de Concertation des
Riziculteurs du Bénin (CCR-B) qui est la faîtière des
organisations de riziculteurs a-t-il reconnu dans son plan stratégique
de développement, la faible gouvernance organisationnelle comme un
problème majeur (CCR-B, 2008). Mais les actions proposées pour
corriger le problème ne visaient que
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La gouvernance organisationnelle dans les Groupements
Villageois des Producteurs de Riz de la commune de Zè
la structure faîtière et pas les GVPR qui sont
les structures de base. De plus, la mise oeuvre du plan stratégique est
sujette à la mobilisation d'hypothétiques ressources qui
devraient provenir des membres et des partenaires du CCR-B. Ainsi, la
problématique de la faible gouvernance organisationnelle reste entier
dans les GVPR notamment ceux de la commune de Zè. S'il est vrai que les
effets de cette faible gouvernance organisationnelle sont perceptibles sur les
GVPR, il est important alors d'en rechercher les causes pour pouvoir proposer
des actions concrètes de correction. Au-delà de l'importance de
cette problématique, elle revêt un enjeu majeur. En ce sens
qu'elle constitue une grande préoccupation pour les structures telles
que : le MAEP, le CARDER Atlantique - Littoral, le SCDA de Zè, la CCR-B
et les projets : PADA, PACER, etc. qui sont prêts à mobiliser des
ressources (matérielles, humaines et financières)
nécessaires pour sa résolution.
Alors pour cerner cette problématique, il importe de se
poser des questions, à savoir : Quels sont les fondements de la faible
gouvernance organisationnelle dans les GVPR ? Quel est le niveau de prise en
compte des règles de gestion démocratique dans la gouvernance
organisationnelle des GVPR ?
Quel est l'état du système de communication
entre les différents acteurs des GVPR ? C'est à ces
préoccupations que la présente étude prétend
trouver des solutions à travers le thème :
« La gouvernance organisationnelle dans les
Groupements Villageois des Producteurs de Riz de la commune de Zè
».
Dans le cadre de cette recherche, les objectifs et
hypothèses ci-après ont été formulés.
2.1.1- Objectifs
L'objectif général qui sous-tend la
réalisation de cette étude consiste à :
Déterminer les fondements de la faible gouvernance
organisationnelle dans les GVPR. Pour atteindre cet objectif
général, les objectifs spécifiques suivants ont
été poursuivis :
? Déterminer le niveau de prise en compte des
règles de gestion
démocratique dans la gouvernance organisationnelle des
GVPR ;
? Evaluer l'état du système de communication
entre les différents acteurs des GVPR.
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Villageois des Producteurs de Riz de la commune de Zè
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