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L'évolution des politiques agricoles et leur incidence sur l'économie et le développement rural au Cameroun (1960-2014).

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par ARSENE GUY DAVY MEBA
UNIVERSITE DE YAOUNDE I, ENS YAOUNDE - DIPPES II 2014
  

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CONCLUSION GENERALE

Notre préoccupation centrale dans cette réflexion était d'élucider l'évolution et l'impact des politiques agricoles sur le développement économique et le secteur rural camerounais. Nous avons eu recours à une approche thématique et chronologique dans une analyse systémique, qui impose l'interdisciplinarité et un examen critique des différentes sources d'informations. Cette approche nous a permis de rendre compte de la situation de l'action publique agricole et son incidence sur le développement économique du Cameroun en générale depuis 1960. Elle nous a également permis de retracer la situation de l'agriculteur camerounais et en particulier le paysan dans les différentes phases de l'évolution des politiques agricoles au Cameroun.

Le constat est clair. Les politiques agricoles sont une réalité antérieure à la souveraineté du Cameroun en 1960. Instaurées par les allemands à travers la politique des grandes concessions et des grandes plantations, elles se poursuivent pendant la période française à travers les plans agricoles dont la concrétisation fut l'encouragement de la culture des rentes, le développement des cultures vivrières, la promotion du développement coopératif et la mise en place d'une série d'instrument de mise en oeuvre des stratégies agricole. Ce développement des politiques agricoles pendant la période coloniale fit du territoire, une zone essentiellement agricole dont la production était destinée au ravitaillement de la métropole. La rentabilité du secteur échappait ainsi aux indigènes au profit des colons.

Depuis l'accession du pays à l'indépendance, la stratégie de développement agricole au Cameroun a changé en fonction de l'évolution globale de l'économie nationale. Ainsi pendant les deux premiers plans quinquennaux, le gouvernement est dans la continuité de la politique agricole coloniale en optant pour l'interventionnisme étatique et la primauté accordée aux cultures de rente. Ces mesures héritées de la colonisation placèrent le pays dans une dépendance qui se matérialisait par l'apport des instruments de la relation UE-ACP à savoir le Stabex et les FED.

La période allant de 1970 à 1985 constitua un véritable tournant dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques agricole au Cameroun. Cette période faste fut celle de l'accroissement de l'intervention de l'Etat à travers une augmentation des entreprises agricoles publiques et parapubliques, des Missions et Projets de développement. L'action de l'Etat continua à accordé un privilège aux cultures d'exportation héritée de la colonisation. Celles-ci apportèrent d'importantes devises avec une contribution significative au PIB. L'encadrement agricole était organisé et assuré par l'Etat à travers le déploiement d'équipes techniques. La primauté aux cultures de rentes ne signifiait pas une continuité de la marginalisation du secteur vivrier qui reçut également des actions gouvernementales via des structures telles que la MIDEVIV. Les agriculteurs avaient dès lors un rôle et surtout une responsabilité relativement réduite car les services à l'agriculture relevaient des structures mises en place par l'Etat: approvisionnement, financement, commercialisation. Cette période fit de l'agriculture le principal moteur de croissance économique du Cameroun et le capital social du paysan permit à ce dernier de favoriser l'ascension scolaire de ses enfants et d'avoir un statut social prisé.

Avec la crise économique intervenue dans les années 80 à la suite de la chute des cours mondiaux des produits de rente et la dépréciation du dollar, l'Etat fut confronté à l'obligation de restructurer son action dans le secteur agricole. Il décida ainsi de réduire ses dépenses et revit son rôle au niveau général de l'économie avec comme principales orientations : la libéralisation, la privatisation et le désengagement. Au niveau agricole, l'Etat se désengagea de la plupart des services autrefois assumés (encadrement technique, financement, commercialisation, etc.) et encouragea l'émergence d'acteurs privés et de dynamiques paysannes pour assurer désormais ces activités à travers les lois de la libéralisation adoptée en 1990. Toutes ces mesures furent confinées dans la NPA adoptée en 1990. Ces mesures bien qu'elles permirent une reprise sensible de la croissance, diminuèrent considérablement le capital social du paysan. La libéralisation agricole remit en cause le droit à la sécurité alimentaire des plus faibles, en déstabilisant les agricultures locales et en renchérissant le coût de la facture alimentaire. Elle provoqua également un renchérissement des intrants agricoles dont le corolaire fut la dégradation de la santé des plantations, une évolution à pat de tortue de la production agricole, augmentant ainsi la pauvreté en milieu rurale et l'exode rural. Cette dernière eut pour corollaire un vieillissement de la population agricole. Ainsi la libéralisation agricole ne fut guère bénéfique au paysan camerounais, elle favorisa plutôt l'émergence du fonctionnaire agriculteur qui présentait une situation crédible face aux institutions financières et aux IMF par rapport au petit producteur.

Le début des 2000 constitua un retour de l'interventionnisme étatique et de la planification stratégique du développement économique à travers la formulation des documents stratégiques. Deux ans après la révision de la NPA, le gouvernement avec l'appuie des IFI, adopta le Document de Stratégie de Développement du Secteur Rural qui traduisait la volonté du gouvernement de reprendre en main la question du développement rurale. Il fut associé au Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui s'inscrit dans la stratégie à long terme du gouvernement de devenir un pays émergent à l'horizon 2035. Sa révision conduit à l'adoption du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi dont les objectifs visent globalement à moderniser et à rendre plus productif le secteur agricole camerounais. C'est dans cette ligne stratégique que le chef de l'Etat lança la nouvelle politique agricole de deuxième génération (NPADG) au comice agro-pastorale d'Ebolowa en 2011. C'est cette nouvelle politique dont la phase pilote a débuté avec le programme des Agropoles qui couvre la période.

De ce fait une analyse à mi-parcours a permis de déceler la continuité des obstacles qui peuvent servir de frein à l'émergence agricole du Cameroun à savoir une continuité de la cherté des intrants, un financement marginalisant le petit producteur et une dégradation de la sécurité alimentaire. Des propositions furent ainsi faites à savoir une croissance du volume de production accompagnée d'une introduction des mutations technologique, un recadrage de la place du paysan dans la question agricole et le développement rural, une mise en place des instruments de financement spécifiques et accessibles par le petit producteur et un recadrage du système éducatif camerounais. C'est dire qu'aujourd'hui, comme il y a 50 ans, le secteur agricole reste au coeur des préoccupations de l'Etat camerounais dont les projets et programmes ne doivent pas restés confiné dans les tiroirs ou donner naissances à des gouffres financiers ou des éléphants blancs. Il doit promouvoir le développement rural dans le but de favoriser l'augmentation de la classe moyenne dont le pourcentage constitue un indicateur important du développement économique d'une Etat.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld