L'EVOLUTION DES POLITIQUES AGRICOLES ET LEUR INCIDENCE
SUR L'ECONOMIE CAMEROUNAISE DE L'INDEPENDANCE A L'ERE DE LA
MONDIALISATION
(1960-2014)
Mémoire présentée en vue de l'obtention du
Diplôme de Professeur de l'Enseignement Secondaire deuxième grade
(DI.P.E.S II)
Par
Arsène Guy Davy Meba
Licenciée en Histoire
Sous la direction du
Pr. Robert Kpwang
Professeur
Année académique 2013 / 2014
SOMMAIRE
SOMMAIRE
Erreur ! Signet non
défini.
DEDICACE
i
LISTE DES TABLEAUX
iii
LISTE DES PHOTOS
iv
LISTE DES GRAPHIQUES ET CARTES
v
LISTES DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES
vi
RESUME
viii
Table des matières
178
DEDICACE
A
Mon fèreMba Eyi Cyrille de
regretté mémoire
REMERCIEMENTS
Ce travail est loin d'être le fruit des efforts
d'un seul individu ; mai la combinaison des forces morale,
intellectuelle et matérielle de plusieurs personnes. C'est ici
l'occasion pour nous de leur exprimer notre reconnaissance et nos remerciements
pour tous les efforts consentis à sa réalisation.
Nous témoignons d'abord notre profonde gratitude
au Professeur Robert Kpwang qui, en dépit de ses nombreuses
responsabilités,a accepté diriger ce travail.
Notre reconnaissance va également à l'endroit de
tous les enseignants des départements d'Histoire de la Faculté
des Arts,Lettres et Sciences humaines(FALSH) et ceux de l'Ecole Normale
Supérieure de l'Université de Yaoundé I,qui ont
assuré notre formation.
Nos remerciements s'adressent aussi à tous nos
informateurs, qui n'ont pas manqué la manifestation de leur
disponibilité à répondre à toutes nos questions, et
ils nous ont une fois de plus facilité la compréhension de ce
sujet.
Au Dr Ella Jean-Gothare, Eyi Eyi Alfred Basile, Ndong Eyi
Raymond Pascal, Ondo Eyi Christophe pour leur soutien financier.
A Mme Ezeme Eyi,Eto'oMinko Fabrice, Ntyam Josiane, Atyam
Mireille, Ezeme Eyi Marilyne et toute la famille Eyi Ndong Daniel pour leur
soutien morale.
A tous ceux qui ont contribué à
l'édification de ce travail et que nous n'avons pas pu citer, recevez
l'expression de notregratitude
LISTE
DES TABLEAUX
LISTE
DES PHOTOS
LISTE
DES GRAPHIQUES ET CARTES
LISTES DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES
ACP
|
:
|
Afrique Caraïbes Pacifique
|
AFD
|
:
|
Agence Française pour le Développement
|
ASPPA
|
:
|
Appui aux Stratégies Paysannes et à la
Professionnalisation de l'Agriculture
|
AVZ
|
:
|
Agent Vulgarisateur de Zone
|
BCD
|
:
|
Banque Camerounaise de Développement
|
BIRD
|
:
|
Banque Internationale pour laReconstruction et le
Développement
|
BM
|
:
|
Banque Mondiale
|
CAC
|
:
|
Crédit Agricole du Cameroun
|
CAMCULL
|
:
|
Cameroon Cooperative Credit Union Ligue
|
CAMSUCO
|
:
|
CameroonSugarCompagny
|
CDC
|
:
|
CameroonDevelopment Corporation
|
CEMAC
|
:
|
Communauté Économique et Monétaire
d'Afrique Centrale
|
CENADEC
|
:
|
Centre National de Développement Coopératif
|
CENEEMA
|
:
|
Centre d'Etude et d'Expérimentation du Machinisme
Agricole
|
CIFOR
|
:
|
Center for International Forestry Research
|
CIRAD
|
:
|
Centre de Coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement
|
COBAC
|
:
|
Commission Bancaire de l'Afrique Centrale
|
CRA
|
:
|
Centres De Recherches Agronomiques
|
DSCE
|
:
|
Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi
|
DSDSR
|
:
|
Document de Stratégie du Développement du
Secteur Rural
|
DSRP
|
:
|
Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
|
ENSSAI
|
:
|
École Nationale Supérieure des Sciences
Agro-industrielles
|
FAO
|
:
|
Food and Agriculture Organization
|
FASA
|
:
|
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles
|
FASR
|
:
|
Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée
|
FIMAC
|
:
|
Financement des Micro-réalisations Agricoles et
Communautaires
|
FMI
|
:
|
Fond Monétaire International
|
FONADER
|
:
|
Fond National de Développement Rural
|
FONDAOR
|
:
|
Fonds d'appui aux Organisations Rurales
|
GIC
|
:
|
Groupement d'Intérêt Commun
|
HEVECAM
|
:
|
Hévéa du Cameroun
|
IFI
|
:
|
Institues Financières Internationales
|
IMF
|
:
|
Institutions de Micro Finance
|
IPPTE
|
:
|
Initiative Pays Pauvre Très Endettés
|
IRA
|
:
|
Institut de Recherche Agronomique
|
IRAD
|
:
|
Institut de Recherche Agricole pour le Développement
|
IRD
|
:
|
Institut de Recherche pour le Développement
|
IRZ
|
:
|
Institut de Recherche Zootechnique
|
ISSEA
|
:
|
Institut Sous-régional de Statistique et
d'Économie Appliquée
|
M
|
:
|
Mutuelles Communautaires de Croissance
|
MIDENO
|
:
|
Mission de Développement du Nord-Ouest
|
MIDEVIV
|
:
|
Mission de Développement des cultures Vivrières
et maraîchères
|
MINADER
|
:
|
Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural
|
MINCOMMERCE
|
:
|
Ministère du Commerce
|
MINEPAT
|
:
|
Ministère des Affaires Économiques, de la
Planification et de l'Aménagement du Territoire
|
MINEPIA
|
:
|
Ministère de l'Élevage, des Pêches et des
Industries Animales
|
MINRESI
|
:
|
Ministère de la Recherche Scientifique et de
l'Innovation
|
MINREST
|
:
|
Ministère de la Recherche Scientifique et Technique
|
NEPAD
|
:
|
Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique
|
NPA
|
:
|
Nouvelle Politique Agricole
|
NPADG
|
:
|
Nouvelle Politique Agricole de Deuxième
Génération
|
NPA-ND
|
:
|
Nouvelle Politique Agricole Nouveaux-Défis
|
OCB
|
:
|
Organisation Camerounaise de la Banane
|
OCDE
|
:
|
Organisation de Coopération et de Développement
Économiques
|
OMC
|
:
|
Organisation Mondiale du Commerce
|
OMD
|
:
|
Objectifs du Millénaire pour le Développement
|
ONCC
|
:
|
Office National du Cacao et du Café
|
ONCPB
|
:
|
Office National de Commercialisation des Produits de Base
|
PADC
|
:
|
Programme d'Appui au Développement Communautaire
|
PAS
|
:
|
Programmes d'Ajustement Structurel
|
PASA
|
:
|
Programme d'Ajustement du Secteur Agricole
|
PDDAA
|
:
|
Plan Détaillé pour le Développement de
l'Agriculture Africaine
|
PIB
|
:
|
Produit Intérieur Brut
|
PIB
|
:
|
Produit Intérieur Brut
|
PME
|
:
|
Petite et Moyenne Entreprise
|
PMI
|
:
|
Petite et Moyenne Industrie
|
PNB
|
:
|
Produit National Brut
|
PNDP
|
:
|
Programme National de Développement Participatif
|
PNE
|
:
|
Programme National des Engrais
|
PNVA
|
:
|
Programme National de Vulgarisation Agricole
|
PNVRA
|
:
|
Programme National de Vulgarisation et de Recherche
Agricole
|
PRASAC
|
:
|
Pôle Régional de Recherche Appliquée au
développement des Savanes d'Afrique Centrale
|
SEMRY
|
:
|
Société d'Expansion de Modernisation de la
Riziculture de Yagoua
|
SNRA
|
:
|
Système National de Recherche Agricole
|
SOCAPALM
|
:
|
Société Camerounaise des Palmeraies
|
SODEBLE
|
:
|
Société de Développement du Blé
|
SODECOTON
|
:
|
Société de Développement du Coton
|
SODENKAM
|
:
|
Société de Développement
agro-industrielle du Nkam
|
SGP
|
:
|
Système Généralisé des
Préférences
|
SNAR
|
:
|
Système National d'Alerte rapide
|
SODES
|
:
|
Société de Développement
Spécialisée
|
TVA
|
:
|
Taxe sur la Valeur Ajoutée
|
UE
|
:
|
Union Européenne
|
UNDVA
|
:
|
UpperNounValley Development Authority
|
WADA
|
:
|
Wum Area DevelopmentAuthority
|
WDI
|
:
|
World DevelopmentIndicators
|
ZAPI
|
:
|
Zones d'Action prioritaires Intégrées
|
RESUME
Au lendemain de l'indépendance, le Cameroun
hérite des mécanismes de formulation et de mise en oeuvre des
politiques agricoles. Elle met ainsi en place une politique agricole
calquée sur le modèle colonial pendant la première
décennie de son indépendance. Le nouvel Etat continu ainsi
l'interventionnisme étatique et la primauté aux cultures de rente
développée par l'ancienne métropole. La véritable
politique agricole souveraine du Cameroun intervient dans les années 70
et se caractérise par une continuité de la primauté aux
cultures de rente et un développement des cultures vivrières au
vue de l'accroissement démographique que connait le pays. Cette
période traduit le passage d'une une économie de traite reposant
sur les activités d'intermédiation, vers une économie de
production où le secteur productif se consolide avec la mise en place du
secteur industriel. L'agriculture constitue pendant cette période le
véritable poumon de l'économie camerounaise en assurant plus de
la moitié des exportations du pays. Toutefois, cette croissance
économique ne profite pas au secteur rural. Cette situation s'aggrave
avec l'avènement de la crise des années 80 qui amène le
gouvernement à réorienter sa politique agricole. Malgré
une reprise sensible de la croissance, la situation du paysan camerounais se
détériore avec l'avènement de la libéralisation
agricole. Le gouvernement est obligé de revoir sa politique en vue de
son émergence à l'horizon 2035 avec l'adoption de l'agriculture
de seconde génération qui est censé faire sortir le
secteur agricole de sa vetusté.
ABSTRACT
INTRODUCTION GENERALE
PRESENTATION DU SUJET
Le thème retenu, de commun accord avec notre
directeur, s'intitule : l'évolution des politiques agricoles et
leur incidence sur l'économie camerounaise et le développement
rural de l'indépendance à l'ère de la mondialisation
(1960-2014). Il s'inscrit dans le cadre des productions scientifiques en
vue de l'obtention du Diplôme de Professeur de l'enseignement
secondaire 2e grade (DIPES II).Le choix de cette
thématique se fonde sur des raisons précises.
RAISON DU CHOIX DU SUJET
Gordon Mace et François Petry énoncent que
l'importance ou la pertinence politique et sociale d'un problème est le
premier élément qui sert à justifier le choix d'un
sujet1(*). Ainsi, le
succès de la recherche dépend souvent des considérations
qui interviennent au moment même de choisir son objet d'étude. Il
ne serait donc pas anodin de dire, en substance, que l'idée de cette
recherche n'a rien d'hasardeux. Elle est le produit d'un ensemble de
questionnements enracinés tout autant dans les détours
théoriques que dans notre besoin profond de comprendre la
complexité des relations entre le secteur agricole et la situation
économique camerounaise. Ainsi, ce travail de recherche prend une allure
de conquête du savoir sur l'évolution des politiques agricoles au
Cameroun au sens bachelardien du terme. Lequel pour résumer la
démarche scientifique disait que «le fait scientifique est conquis,
construit et constaté dans les faits»2(*).
Les raisons qui justifient le choix de notre sujet sont donc
à la fois personnelles et scientifiques. Nous avons opté pour
l'étude sur l'évolution des politiques agricoles au Cameroun car,
nos parents étant des cultivateurs par excellence, nous nous sentons
directement concerné par le secteur agricole qui englobe d'ailleurs
près de 70%3(*) de la
population camerounaise et qui sera d'ailleurs l'une de nos activités
parallèles.
Par ailleurs le choix de travailler sur cette
thématique part d'un constat : peu d'historien s'intéressent
à l'étude des mutations connues par le secteur agricole au
Cameroun. Cette étude est généralement effectuée
par des économistes et des politologues dans une approche qui cadre avec
leurs sciences respectives. En outre le secteur agricole camerounais a connue
de récentes mutations qui méritent d'être
élucidées. Notons également que les éléments
sur l'action gouvernementale dans le secteur agricoles sont peu connus par les
agriculteurs camerounais dont la plupart sont des ruraux. Notre travail se veut
donc une modeste contribution à la connaissance de l'histoire
économique du Cameroun pendant cette période. Plus
précisément, nous désirons élargir ce domaine peu
étudié par les historiens et l'enrichir davantage.
INTERET DU SUJET
Après une période dominée par le tout
Etat et une autre caractérisée par la libéralisation tous
azimuts, il est important de s'arrêter et de faire un bilan ; c'est dans
ce cadre que notre étude justifie son intérêt pour ce qui
est des politiques agricoles au Cameroun. Ce sujet présente donc plus
d'un intérêt à juste titre.
Sur le plan historique, l'intérêt de cette
étude réside en grande partie dans le fait que peut d'historiens
se sont intéressés à l'étude de l'évolution
et l'impact des politiques agricoles sur l'économie camerounaise depuis
l'accession du pays à l'indépendance. Un chercheur a même
menée une étude globale sur la politique agricole au Cameroun de
1960 à 2008. Pourtant, il n'existe pas une politique agricole globale au
Cameroun, mais des politiques agricoles qui se sont succédées
depuis la période coloniale au Cameroun.
Sur le plan théorique, ce travail permettra d'enrichir
la littérature existante sur les études relatives sur le secteur
agricole et plus particulièrement sur les politiques agricoles. Il
permettra aux chercheurs intéressés par le sujet d'avoir une
idée sur l'évolution et les effets des mesures entreprises par
les Etats dans le domaine agricole sur l'économie en Afrique
sub-saharienne en générale et au Cameroun en particulier.
Sur le plan pratique, son importance est capitale sur l'avenir
de la place de l'agriculture dans l'économie camerounaise. En effet,
cette étude permettra d'informer les gestionnaires du secteur agricole
au Cameroun et les décideurs politiques sur la situation du secteur
agricole depuis l'adoption du premier plan quinquennal au lendemain de
l'indépendance du pays jusqu'à nos jours. Il vise ainsi à
booster la nécessité et des orientations de l'action publique
dans le secteur agricole en Afrique en général et aux Cameroun en
particulier.
Sur le plan heuristique, cette étude met en exergue,
les mécanismes de formulation et de mise en oeuvre des politiques
agricoles dans le monde en générale et au Cameroun en
particulier. Ceci permet d'apprécier la complexité de la
conception et de l'application des politiques agricoles dans les pays de l'OCDE
qui sont les principaux partenaires économiques du Cameroun.
JUSTIFICATIONS DES BORNES CHRONOLOGIQUES
L'Histoire est l'organisation par l'intelligence des
donnés qui se rapportent à une temporalité4(*). Elle étudie le
passé de l'humanité dans sa totalité et sa
globalité. Cette étude doit s'insérer dans un espace
temporel bien précis car c'est dans le temps que se déroule la
vie des hommes qui sont les principaux acteurs de l'histoire. C'est
également dans le temps que se succèdent les
évènements qui constituent le passé dont nous analysons
les faits. Notre étude se base ainsi sur des limites chronologiques bien
précises. Elles sont institutionnelles et caractérisent chacune
un évènement bien précis.
La borne inférieure (1960) marque l'accession du
Cameroun à l'indépendance. Le Cameroun cesse ainsi d'être
partiellement sous la domination coloniale dont il fut l'objet depuis la
signature du traité germano-Douala le 12 juillet 1884. Le territoire est
ainsi censé voler de ses propres ailes sur le plan économique.
C'est dans ce sillage que le nouvel Etat adopte une politique de planification
de l'économie camerounaise. L'année 1960 marque dont l'adoption
du premier plan quinquennal 5(*)(1960-1965) et le début de la politique
interventionniste de l'Etat dans le secteur agricole.
La borne supérieure (2014) marque la deuxième
année de la phase pilote de l'agriculture de seconde
génération lancée en 2011 au comice agro-pastorale
d'Ebolowa.
Cette période de plus de cinquante ans nous place ainsi
dans la perspective historique de l'école des annales. En effet dans les
années 30 apparait en France un nouveaux courant historique nommé
l'école des annales. Ayant comme promoteur Marc Bloch et Lucien
Febvre, l'école des annales systématise l'histoire sociale et
économique sur la base des études sérielles et
quantitatives. Se mettant en contradiction avec le courant positiviste,
l'école des annales néglige l'événement et insiste
sur la longue durée ; déplace son attention de la vie politique
vers l'activité économique, l'organisation sociale et la
psychologie collective ; s'efforce de rapprocher l'histoire des autres sciences
humaines6(*).
Ce travail aborde également un courant encore peu
exploré par l'historiographie africaine: l'histoire du temps
présent. En effet pendant plusieurs décennies, les historiens se
sont vautrés dans un débat sur la période à
utiliser dans l'écriture historique. Pour les historiens classiques, la
distance temporelle, le principe de recul, devaient être au coeur de
l'historiographie. Pour ces derniers, traiter des faits qui ne remontent pas
à plusieurs décennies, s'apparenterait à la pratique
journalistique. D'ailleurs Thiérnot affirmait : «le domaine de
l'histoire c'est le passé ; le présent revient à la
politique et l'avenir appartient à Dieu »7(*). Mais, depuis la fin de la
décennie 1970, une nouvelle école d'historiens a progressivement
émergé et s'est imposée. Celle-ci milite en faveur d'une
histoire du présent, d'une histoire récente. Dans le contexte
africain, elle prend tout son sens dans la mesure où elle ose aborder
les préoccupations de l'heure. C'est dans ce sillage
épistémologique que nous avons également choisi de situer
notre travail.
CADRE CONCEPTUELLE DE LA RECHERCHE
Emile DURKHEIM indique que le savant doit d'abord
définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache
bien de quoi il est question8(*). L'une des principales exigences de tout travail qui
se veut scientifique, surtout dans le domaine particulier des sciences
humaines, réside ainsi dans la définition des termes. Cette
exigence constitue comme un préalable sine qua non de toute
recherche d'ordre historique. C'est dans ce sens que Robert Marichal
écrit :
Un historien ne doit jamais aborder l'histoire d'une
idée, d'un concept ou d'une institution sans faire théoriquement
et exhaustivement l'histoire des mots par lesquels on l'a exprimée ou
désignée, et cela... non pas hâtivement en feuilletant les
lexiques, mais par sondage, naturellement, dans les textes mêmes.9(*)
Cette étude est basée autour des expressions ou
concept clés à savoir, «politique agricole», et
«mondialisation»
La politique agricole peut se définir comme l'action
des autorités publiques dans le secteur agricole. C'est en d'autres
termes l'ensemble des mesures d'interventions publiques qui portent sur la
production agricole nationale ou sur les importations et les exportations des
produits agricoles10(*).
NigouFall renchérie cette définition en ces termes :
«Une politique agricole, c'est avant tout une vision pour s'accorder sur
l'idée que l'on se fait de l'agriculture».11(*)Les politiques agricoles sont
avant tout des politiques publiques.
Selon Leslie Pal, les politiques publiques représentent
«une série d'action ou d'inactions que des autorités
publiques choisissent d'adopter pour régler un problème ou un
ensemble de problème»12(*). C'est en d'autre termes «ce que l'État
choisit de faire ou de ne pas faire»13(*). De façon générale, on s'entend
pour dire qu'une politique publique expose les orientations et les objectifs
privilégiés par un gouvernement ou une collectivité sur
une question d'intérêt public (santé, éducation,
environnement, emploi, égalité des sexes, etc.). Elle peut
être explicite et/ou implicite14(*). Selon, Jacob Rothmayr,«une politique publique
peut être assimilée à un organisme vivant dont la
croissance est rythmée par des étapes successives allant de sa
naissance jusqu'à sa mort ou sa renaissance»15(*). On distingue ainsi cinq
grandes étapes d'une politique publique à savoir : la prise
en compte de l'émergence et de l'identification d'un problème qui
aboutit au diagnostic à base d'une évaluation ex
ante16(*) ;la mise à l'agenda qui consiste
à interpeller les structures compétentes à intégrer
le problème identifié dans l'agenda administratif ; la
formulation et 1'adoption d'une politique ou d'un programmequi consiste
à élaborer les choix stratégiques constituent des
esquisses de réponses aux problèmes majeurs identifiés
lors de la première phase 17(*) ; la mise en oeuvre qui consiste à agir
en vue de concrétiser les objectifs spécifiques de la nouvelle
politique ; l'évaluation ex post et la
terminaison18(*).
Les politiques agricoles suivent cette même logique
dans leur formulation. Elles se caractérisent généralement
par «un ensemble de mesures réglementaires, dispositifs
structurels, moyens financiers et humains interdépendants, mis en oeuvre
par la puissance publique pour contribuer à la progression du secteur
agricole»19(*).
L'Etat est ainsi au centre du processus car ce sont ses instituions qui mettent
en place ces politiques, leurs moyens financiers et assurent également
leurs suivis. Toutefois, ce ne sont pas toutes les mesures que l'Etat
entreprend dans le domaine agricole qui peuvent être
considérées comme des politiques agricoles. Il faut que l'on
distingue toutes les caractéristiques d'une politique publique pour
donner le qualificatif d'une politique agricole à une série de
mesures entreprises dans le secteur agricole. En outre, pour qu'on parle d'une
politique agricole il faut : qu'il y ait une cohérence globale tout
au long du processus de politique agricole, depuis le choix de la
stratégie, la formulation des objectifs spécifiques,
l'identification des instruments et mesures, leur mise en oeuvre et leur
évaluation, et qu'il y ait une cohérence avec les autres
politiques sectorielles menées (commerciale, environnementale, etc.) ;
qu'il existe des moyens inscrits dans la durée permettant de mettre en
oeuvre ces mesures, sans rupture dans le financement, de manière
à ce que la politique soit appliquée de manière
stable.20(*)
Les politiques agricoles disposent d'une série de
finalités. Ces finalités doivent répondre aux attentes de
la société et de l'Etat à l'égard de l'agriculture.
La finalité générale des politiques agricoles est de
produire des aliments en quantité suffisante et pour un prix raisonnable
afin de nourrir une population urbaine en constante augmentation21(*). Cette objectif
générale se subdivisent en plusieurs objectifs spécifiques
à savoir, stabiliser les prix et réguler les marchés,
développer les filières agricoles, moderniser les exploitations
et intensifier la production, soutenir le revenu des producteurs, rendre
l'alimentation accessible aux populations les plus vulnérables,
préserver l'utilisation durable de la terre et des autres ressources
naturelles, etc.22(*)
Ainsi, au niveau des agriculteurs, les politiques agricoles
visent à porter les revenus agricoles ou les revenus des ménages
à un niveau acceptable23(*) ; réduire la variabilité des
revenus et améliorer la compétitivité du secteur agricole.
En ce qui concerne les consommateurs, il s'agit de proposer des produits
alimentaires saints et de bonne qualité ; assurer la
sécurité des aliments et contribuer à la
sécurité énergétique. La dernière vague des
objectifs concerne la société en générale : il
s'agit de protéger le milieu naturel et la biodiversité,
préserver les paysages écologiques et culturels et contribuer
à la viabilité des zones rurales24(*). Ces objectifs sont généralement
visibles au sein des politiques agricoles des pays
industrialisées25(*) et servent généralement d'exemple aux
politiques agricoles africaines.
Analyser les politiques agricoles revient ainsi, à
décrire et à expliquer comment se réalise ces politiques
dans leurs différentes phases dans l'espace et dans le temps. Cette
analyse est parfois mal perçue par le pouvoir politique. Cette
méfiance entre le «savant et le politique» est exprimée
en ces termes par Raymond Aron:«La vocation de la science est
inconditionnellement la vérité, le métier de politicien ne
tolère pas toujours qu'on la dise »26(*). En effet, dans les pays en voie de
développement, les politiques agricoles tendent le plus souvent à
être ce que Jean François Bayart, appelle «la politique du
ventre»27(*)et les stratégies élaborées
restent théoriques et non-effectives.
La mondialisation désigne une vague «de
libéralisation des échanges, des investissements et des flux de
capitaux ainsi que l'importance croissante de tous ces flux et de la
concurrence internationale dans l'économie
mondiale»28(*). Ayant pour synonyme le terme globalisation,
elle désigne ainsi une internationalisation des échanges
économiques et socio-culturels faisant ainsi du monde un village
planétaire. Cette analyse conceptuelle nous ouvre ainsi la voie
vers la problématisation de notre thème.
PROBLEMATIQUE
Une étude scientifique qui veut conduire à des
résultats objectifs doit, au-delà de ses multiples
hypothèses de travail qui peuvent la structurer, se fixer une
préoccupation centrale autour de laquelle la réflexion est
menée29(*). Notre
recherche se fonde sur une question centrale.
Dégager ainsi une question principale sur une
étude qui porte sur les politiques agricoles au Cameroun ne semble pas
très évident, tant l'actualité relative à ce sujet,
l'engouement des érudits de tout bord, peuvent conduire à
déclarer le sujet épuisé. Mais lorsque cette étude
met l'accent sur les effets ou les répercussions de ces politiques sur
l'économie camerounaise et le développement rurale, elle devient
de plus en plus intéressante quant on sait que«le secteur
agricole joue un rôle fondamental dans l'économie et la
société de la plupart des pays d'Afrique
sub-saharienne»30(*) . Elle domine la plupart de leurs économies,
représentant 30 à 50% du produit intérieur brut (PIB), et
des gains dus aux échanges avec l'étranger. L'agriculture est en
train de retrouver son importance économique en Afrique, comme le montre
la hausse prononcée de la croissance du secteur agricole: 2,7 % en 2002,
3,0 % en 2003 et 5,3 % en 200431(*). L'évolution favorable des prix d'un certain
nombre de produits a contribué à cette tendance, des conditions
de production améliorées constituant un facteur de croissance
supplémentaire. Le secteur est également la plus grande source
d'emploi et représente un gagne-pain pour plus de deux tiers de la
population. Par conséquent, un secteur agricole fort et en
évolution est indispensable pour le développement
économique, et aussi pour stimuler et soutenir la croissance des
industries qui lui sont associées32(*) et l'agriculture a toujours occupé une place
de choix dans l'économie camerounaise. Comparé au pays de l'OCDE
où la politique agricole est scrupuleusement respectée et les
rendements très visibles, les politiques agricoles adoptées au
Cameroun semblent apporter un effet positif moins considérable sur la
situation économique du paysan et celle du pays en
générale. Malgré la succession de plusieurs politiques
agricoles entreprises depuis l'adoption des plans quinquennaux en 1960, une
large part de la population qui dépend de l'agriculture vit
au-delà du seuil de pauvreté. La situation de l'agriculture
demeure toujours peu performante tant bien sur le plan national
qu'international.
Malgré un riche potentiel agricole repartie en cinq
grandes zones agro-écologiques, il est pour le moins étonnant,
pour ne pas dire scandaleux qu'un tel potentiel ne soit que faiblement
valorisé et que le pays se retrouve toujours en train de dépenser
des sommes astronomiques pour importer des denrées alimentaires33(*). On se retrouve donc face
à un paradoxe qui pourrait être considéré comme un
cas d'école. En cardiologie par exemple,
Les chercheurs désignent sous le vocable« the
french paradox? le fait que les français des régions viticoles,
très portés sur l'excellent vingt rouge, le consomment
quotidiennement au moment des repas, mais enregistrent les taux parmi les plus
bas au monde de maladies cardiovasculaires34(*).
Vu le caractère nocif de l'alcool lorsqu'il est
consommé à l'excès, les cardiologues en ont fait un cas
d'école. Le secteur agricole camerounais apparait également comme
un cas d'école au vu de l'inadéquation entre le potentiel
agricole et la situation économique du pays. Nous rejoignons sur ce
point les jérémiades de Marie Claire Nnana en ces
termes :
Quand on a passé en revue tous les poncifs
destinés à vanter les prodiges de notre terre ô combien
féconde, dans un exercice d'autocélébration qui
sidère toujours autant les étrangers, on n'a pas commencé
à effleurer le dixième de la complexité du paradoxe :
une terre si fertile, oui, mais alors, pourquoi l'agriculture et
l'agro-industrie n'ont-elle pas fait depuis longtemps notre fortune ?
Pourquoi tant de sous-emploi et parfois tant de famine ? Sommes nous
malhabiles, paresseux, ou sans imagination ? Y a-t-il une
malédiction de la terre comme il existe une malédiction du
pétrole ?35(*)
L'on pourrait imputer cette situation aux mauvaises
performances du secteur agricole ou à l'inefficacité des mesures
adoptées dans le domaine agricole par l'Etat camerounais.C'est sous ce
rapport que nous nous interrogeons sur l'évolution et
l'efficacité des politiques agricoles sur l'économie camerounaise
et le développement rural. Ainsi, au regard de ces différentes
périodes de l'évolution de l'action publique agricole de l'Etat
camerounais, quelle est l'impact que les politiques agricoles ont sur le
développement économique et le secteur rural camerounais depuis
1960 ? À cette préoccupation centrale se greffent des
questions subsidiaires :
ü Quelles sont les différentes stratégies
adoptées par l'Etat dans la promotion du secteur agricole
camerounais ?
ü Les politiques agricoles camerounaises sont elles
conjoncturelles36(*) ou
structurelles37(*) ?
ü Les politiques agricoles favorisent-elles la croissance
économique camerounaise et le développement rural au cours de la
période étudiée ?
ü Quel bilan pouvons-nous établir des
différentes interventions de l'Etat dans le secteur agricole
camerounais ?
REVUE DE LA LITTERATURE
Pour Lawrence Olivier, Guy Bedard et Julie Ferron, la revue de
la littérature désigne le « repérage des
auteurs et des ouvrages importants ayant traité un sujet
donné»38(*).
C'est dire que la revue de la littérature se rapporte à la
recension des productions scientifiques (ouvrages, articles de revues
scientifiques, thèses, mémoires, actes de colloques ou de
conférences, etc.), ayant un rapport directe avec le sujet
traité.
Le domaine de la recherche n'est pas statique. Il appelle
inconditionnellement à revenir sur ce que d'autres ont eu à
évoquer d'une manière superficielle ou succincte. C'est
d'ailleurs ce que pense Frogniere cité par EsameEsame quand il dit :
«on est rarement le premier à aborder un
sujet»39(*).
Autrement dit, c'est admettre qu'avant nous, plusieurs se sont penchés
sur la question de l'agriculture en générale et des politiques
agricoles au Cameroun en particulier. L'examen des sources effectuées
dans le cadre de ce travail de ce travail révèle dont qu'il
existe une littérature abondante sur les politiques agricoles au
Cameroun. Mais la plupart des travaux y afférents se penchent davantage
sur une analyse superficielle de leur évolution sans toutefois ressortir
leur impact sur la situation économique camerounaise et celle du petit
producteur. Ces travaux mettent très peu d'accent sur cet impact.
Ondoua Manga Tobie André dans«Analyse des
politiques agricoles mis en oeuvre au Cameroun depuis 1960», analyse le
contexte et les mesures politiques relatives au secteur agricole mis en oeuvre
depuis l'indépendance. C'est dans ce sens qu'il effectue
premièrement une présentation très partielle des
politiques agricoles au Cameroun depuis 1960 et poursuit ensuite avec les
mécanismes d'élaboration des politiques agricoles et les
différentes mesures adoptées par l'Etat dans le secteur agricole.
Nous pouvons à partir de son analyse ressortir les grandes phases de
changement des politiques agricoles au Cameroun à savoir, une
première phase caractérisé par un interventionnisme de
l'Etat jusqu'à la fin des années 80 et une seconde phase
caractérisée par un désengagement partiel ou une
libéralisation du secteur agricole. Toutefois, son document est
très partiel et ne met pas l'accent sur l'effet de ces politiques sur la
situation économique camerounaise. En outre sa borne chronologie (2006)
ne tient pas compte de l'évolution récente dans la
définition de la politique publique en matière d'agriculture au
Cameroun.
Dans la même lancée, le groupe de travail
thématique Inter-réseaux et Développement rural a
menée une étude sur les «dispositifs de vulgarisation et
conseil agricole au Cameroun : vers la reconnaissance par les politiques
agricoles des organisations de producteurs et des exportations familiales»
en mai 2008. La note retrace les grandes évolutions et tendances des
politiques agricoles de l'indépendance à 2008. La note
établit un bref aperçu des phases ayant marqué les
évolutions en matière d'appui au secteur agricole à savoir
un système d'encadrement descendant et normatif dans les années
1960-1986, avec des plans quinquennaux décidés «d'en
haut» par l'Etat ; des programmes d'ajustement structurel des
années 80 et surtout 90, avec le désengagement de l'État,
une Nouvelle Politique Agricole et met un accent particulier sur le
développement des organisations de producteurs. Comme le premier auteur,
l'on ne retrouve pas les mesures adoptés par l'Etat, les
différents programmes de développement du secteur agricole et un
cadre réservé à l'impact des ces mesures sur
l'économie camerounaise et le secteur rural au cours de cette
période.
La Fondation Rurale de l'Afrique de l'Ouest, dans son rapport
de mission au Cameroun sur les initiatives de concertation dans la
filière manioc intitulé «Implications des acteurs ruraux
dans la définition des politiques de développement des
filières vivrières en Afrique de l'Ouest et du
Centre» consacre une fine partie sur le processus
d'élaboration des politiques agricoles au Cameroun en mettant un accent
sur les cadres de concertations. On note également une analyse
très partielle, des manquements des différentes phases de
l'évolution des politiques agricole ; et l'absence de leurs effets
sur nos cibles choisies.
Le MINADER a également mené une étude sur
le secteur agricole camerounais intitulée «Evolution et situation
actuelle de l'agriculture». Il consacre sa première partie à
une étude brève de l'intervention de l'Etat dans le domaine
agricole de la période coloniale à celles des crises et des
réformes structurelles et le reste à un état des
différentes productions agricoles, les facteurs, structures et zone de
production et achève son étude par une brève
présentation des productions agricoles et une présentation
très partielle et très brève de la situation
économique de l'agriculture camerounaise. En dehors de la
partialité de ce rapport, la borne chronologique se limite à
2006, mettant ainsi à l'écart les changements intervenus dans le
secteur agricole depuis 2006.
Le Réseau d'Expertise des Politiques Agricoles (REPA),
a effectué un rapport intitulé «stratégies de
réduction de la pauvreté et politiques agricoles au
Cameroun». Ce rapport relève dans son introduction
générale, la situation de l'agriculture camerounaise de 1961
à la formulation du DSRP en 2003. Poursuivant avec le processus
d'élaboration du DSRP40(*) au Cameroun, il mène enfin une analyse sur les
politiques et les programmes agricoles au Cameroun en rapport avec les
orientations du DSRP. Toutefois, une analyse quantitative de la participation
des politiques agricoles dans la situation économique du Cameroun est
absente.
L'Organisation de Coopération et de
Développement Économiques (OCDE) effectué un rapport sur
la situation agricole de trois pays à savoir le Mali, le Ghana et le
Cameroun. Intitulé «Progrès agricole au Cameroun, au Ghana
et au Mali: Comprendre les causes et maintenir la dynamique». Ce rapport
est une évaluation globale des politiques agricoles au Ghana, Mali et au
Cameroun en matière de prix et de taxation douanière, en se
concentrant sur les dix à vingt dernières années durant
lesquelles chaque pays se remettait de la crise. On note ainsi une comparaison
des tendances en matière de production agricole et de pauvreté
rurale, avant et après les périodes de crises connues par chacun
des trois pays. Cette étude conclut sur les implications pour les
politiques et identifie un certain nombre de points qui méritent une
analyse plus approfondie.
METHODOLOGIE
Au sens large, la méthode s'entend comme
«l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle
poursuit, les démontre, les vérifie...»41(*). Plutôt qu'une fin en
soi, les approches méthodologiques constituent des plans d'observation,
des moyens d'investigation auxquels est subordonné l'objet
étudié pour atteindre une finalité qui est le but de la
recherche42(*). Dans le
souci de mieux cerner les contours de ce sujet, et d'en faciliter la
compréhension, nous avons eu recours à une approche
thématique et chronologique dans une analyse systémique qui
impose l'interdisciplinarité et un examen critique des
différentes sources d'informations. L'approche systémique, nous a
permis d'établir le processus d'élaboration et de mise en oeuvre
des politiques agricoles. A travers l'interdisciplinarité nous avons
exploré les techniques de certaines disciplines proches de l'histoire,
en particulier la géographie, la science politique et la science
économique dont l'expérience théorique, conceptuelle et
analytique nous ont été d'un grand apport. Ainsi la science
politique et la science économique nous ont permis d'effectuer une
analyse des politiques publiques, grâce à l'une de leur discipline
qui n'est rien d'autres que l'analyse des politiques publiques. Elles nous ont
également permit de maitriser des concepts propres au domaine
économique.
Dans cette étude, nous avons également fait
appel à l'analyse documentaire et à l'observation empirique, dans
une perspective critique, pour parvenir à une confrontation des sources
qui sont parfois «de faible qualité, éparses et
discontinues, largement fabriquées, discutées et ouvertement
sujettes à caution...»43(*)
Dans le cadre de notre recherche, les sources écrites
sont constituées en grande partie, des articles scientifiques, des
rapports, des journaux et périodiques, des mémoires et
thèses, et des documents de travail ayant traité d'une
manière générale et spécifique des questions
relatives à l'agriculture en générale et des politiques
agricoles en particulier. Notre sujet faisant appel à des connaissances
scientifiques d'horizons divers, en dehors de l'histoire, les ouvrages
généraux ont également concerné les sciences
politiques et économiques, la géographie économique et
humaine et la biologie végétale. Ce qui signifie que nous avons
eu recours à une approche pluri et transdisciplinaire pour enrichir
la compréhension de notre sujet. Nous nous sommes ainsi rendus à
la Bibliothèque centrale de l'université de Yaoundé I,
celle de l'ENS, de la Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricole de
Dschang et l'antenne d'Ebolowa, du MINRESI, de l'Institut Français ; aux
Archives Nationales de Yaoundé ; les centres de documentation du
MINADER et du MINEPIA ; à l'Institut de la Recherche Agronomique et
du Développement (IRAD) de Nkolbisson et Nkoevoan.
Les sources orales qui sont extrêmement importantes dans
le cadre de l'historiographie africaine nous ont permit de comprendre en
profondeur les motivations profondes des acteurs de la formulation et la mise
en oeuvre des politiques agricoles au Cameroun et la situation de l'agriculteur
camerounais depuis 1960. Des interviews ont ainsi été
réalisées à l'aide d'un guide d'entretien ; lesquelles
nous ont permis d'entrer véritablement en contact de notre sujet.
Nous nous sommes déployés dans certaines zones rurales du
Centre, de l'Ouest et du Sud Cameroun dans le but de retrouver des
témoins crédibles de la période étudiée.
Dans un souci d'élargir le champ de nos sources et de
les enrichir, nous avons eu recours aux Technologies de l'Information et la
Communication, notamment la recherche sur Internet qui nous a permis
d'accéder à divers bibliothèques en ligne tels que les
Classiques, la bibliothèque en ligne de l'université de
Montréal ; des portails de revues scientifiques tels que le
portail des revues en sciences humaines et sociales (Persée),
Politique africaine, Afrique contemporaine, les cahiers
d'outre-mer, le Monde diplomatique, Revues.org etc. Cet
instrument nous a également permis d'accéder à certains
mémoires en ligne sur Mémoire online et le site de l'ENS, aux
différents sites des organisations internationales telles que le FAO, le
PAM, la Banque Mondiale, le FMI, la BAD etc. Nous avons également eut
recourt aux logiciels de traitement de données et de confection des
graphiques tel que XLStat pro.
DIFFICULTES RENCONTREES
Notre principale difficulté a été de
rencontrer et d'interviewer les décideurs du secteur agricole au
Cameroun. Ainsi dans la ville de Yaoundé par exemple il fut très
difficile de mener des enquêtes de terrain auprès de ces
personnalités qui présentaient des fins de non-recevoir à
nos demandes d'interview et nos questionnaires. Ceci nous permit de constater
que le secteur agricole devient de plus en plus un secteur important et
rentable au point où certains préfère ne pas se prononcer
même sous anonymat. Nous fûmes ainsi obligés de nous
rabattre auprès des principaux acteurs du secteur agricole à
savoir les agriculteurs et quelques agents agricoles dans les régions
pour mener nos entretiens.
En outre, l'extrême lenteur administrative de
l'administration camerounaise nous a rendus la tâche très
difficile dans la collecte des données auprès des
ministères et des délégations régionales. Nous
fûmes en outre confrontés à de nombreux obstacles
liés à la détérioration de certains documents dans
les bibliothèques et centres d'archives. Mais ces difficultés
n'ont pas pour autant été déterminantes, au contraire,
elles ont été une raison supplémentaire pour
persévérer dans l'effort, vue l'importance que ce travail
représente pour nous.
PLAN DU MEMOIRE
Une fois que l'historien a choisit son sujet et qu'il reste
inchangeable, l'effort du travail historique consiste à retrouver son
organisation44(*). C'est
dans cette logique que ce travail est répartit en quatre chapitre ainsi
qu'il suit :
Le chapitre I intitulé «Historique des politiques
agricoles au Cameroun jusqu'en 1960» fait un rappel historique du
processus de formulation et de mise en oeuvre des politiques agricoles pendant
la période coloniale. Ce chapitre retrace la mise en place et le
développement des politiques agricoles pendant la période
coloniale.
Le chapitre II intitulé «premiers plans
quinquennaux et choix de l'interventionnisme étatique dans le secteur
agricole (1960-1970) fait une analyse du choix de l'Etat indépendant du
Cameroun de continuer sur la mouvance coloniale à travers une
primauté accordée aux cultures de rente et une marginalisation du
secteur vivrier. Les premières mesures et les premières
structures mises en place sont ainsi calquées sur le modèle
coloniale dans une approche interventionniste.
Le chapitre III intitulé «la révolution
agricole (1971-1985) fait une analyse de la réorganisation des
politiques agricoles effectuée par le gouvernement camerounais
dès les années 70. C'est pendant cette période que le
gouvernement lance une véritable politique agricole souveraine.
Toutefois, il y ressort des résultats mitigés dans le secteur
économique et le développement rural au cours de la
période de l'économie administrée.
Le chapitre IV intitulé « Crise économique,
désengagement de l'Etat et nouvelle politique agricole (1985-2000)»
fait une étude de la rupture de l'interventionnisme étatique
orchestrée par la crise économiques des années 80.
L'adoption du Programme d'Ajustement Structurel Agricole réoriente la
politique agricole camerounaise qui permit non seulement une reprise de la
croissance mais aussi une paupérisation du paysan camerounais.
Le dernier chapitre intitulé «La nouvelle
politique agricole en vue de l'émergence du Cameroun»
démontre le retour de l'interventionnisme étatique telle que
formulée dans les documents de stratégie élaborée
dès 2002. Il présente également le lancement de la
nouvelle politique agricole de deuxième génération qui est
toujours d'actualité.
CHAPITRE I : HISTORIQUE DES POLITIQUES AGRICOLES AU
CAMEROUN JUSQU'EN 1960
La politique agricole ne fut pas une réalité
apparue au Cameroun en 1960. Elle fut instaurée par les Occidentaux et
passa par un processus essentiellement évolutif selon les
différentes périodes de la présence européenne au
Cameroun. Ainsi, pour mieux cerner l'évolution des politiques agricoles
au Cameroun entre 1960 et 2014, il faudrait comprendre comment elles se sont
mises en place sur le territoire avant l'acquisition de la souveraineté
et les différentes transformations qu'elles ont subit. Ce regard
rétrospectif permet d'appréhender de manière globale les
choix stratégiques des systèmes politiques en place en montrant
leur application à l'agriculture ; choix stratégiques dont
héritera le Cameroun au lendemain de son indépendance. Ce
chapitre, s'intéresse ainsi à la genèse des politiques
agricoles au Cameroun pendant la période allemande et des politiques
agricoles françaises.
I. L'INSTAURATION DES POLITIQUES AGRICOLES PAR LES
ALLEMANDS AU CAMEROUN
C'est avec la signature du traité germano-douala en
1884 que le territoire qui devait devenir le Cameroun change de statut. C'est
au lendemain de cette date qu'officiellement le drapeau allemand est
fixé sur le plateau Joss à Douala pour matérialiser la
présence d'un pouvoir légitime, somme toute étranger, qui
prend possession du territoire et qui engage des mesures d'extension de son
autorité à l'intérieur du pays, pour finalement
développer à partir de la fin des années 189045(*), les premières mesures
agricoles. Au vue de cette décennie qui marque véritablement le
début de l'action publique de l'administration allemande dans le secteur
agricole, l'on se pose la question de savoir pourquoi avoir attendue la
dernière décennie des années 1800 pour débuter
l'action publique agricole ? Ceci nous amène ainsi à nous
interroger sur les mobiles de l'instauration d'une politique agricole au
Cameroun.
A. Les mobiles de l'instauration des politiques agricoles
au Cameroun
La politique agricole ne naquit pas ex-nihilo au
Cameroun. Elle fut l'aboutissement d'une conjonction de plusieurs facteurs
externes et internes. Sous ce rapport, l'Allemagne traverse une situation
économique dominée par un secteur agricole morose au
19ième siècle. Cette situation favorise l'annexion du
Cameroun qui présente des potentialités économiques
favorables pour les investissements allemands46(*).
1. La crise agricole de l'empire allemand du
19ième siècle et l'annexion du Cameroun
L'Allemagne est touchée dès le début des
années 1870 par une grande dépression causée par la
révolution industrielle. En effet, la révolution industrielle
provoqua une forte augmentation de la production agricole qui devait aboutir
à une surproduction dans un marché européen où
l'industrie avait considérablement évolué favorisant ainsi
l'installation d'une concurrence internationale. La dépression qui
touche ainsi touts les pays européens est caractérisée
pardes surcapacités et une déflation importante47(*).Cette dépression,
survenue dans toutes les économies industrialisées, est en fait
une restructuration des économies nationales dans un marché en
train de se mondialiser grâce aux progrès rapides dans le secteur
des transports et de la communication. L'appareil productif économique
en générale et agricole en particulier, avait grandi trop
rapidement dans un marché où s'installait la concurrence
internationale car la plus part des pays européens sont
déjà fortement industrialisés et leurs produits sont
déjà à mesure de concurrencer ceux des puissances
industrielles. Les entreprises nationales furent de plus en plus forcées
à s'organiser, à se concentrer horizontalement et verticalement
et à se transformer en de grandes entreprises opérant à un
niveau mondial48(*).La
baisse des prix parut cruelle aux entreprises habituées à la
facilité de la poussée industrielle des années 50 et
60.
En outre,Après la guerre de sécession aux
Etats-Unis, une grande partie du nouveau monde était devenu un
territoire agricole. Grâce à la mondialisation qui entraîna
une forte diminution des coûts, des grandes quantités de
blé et d'autres productions furent exportées vers le
marché européen qui devenait de plus en plus saturé, et
contribuèrent à la baisse des prix des produits agricoles, qui
était déjà amorcée à cause de la crise de
méventes des produits agricoles qui sévissaient
déjà en Europe49(*). De plus, la déflation alourdissait les dettes
du secteur agricole européen qui devait compenser cette dette par une
augmentation de la productivité.
Dans cette situation, les colonies semblaient ouvrir une porte
de secours, en offrant non seulement des ressources bon marché, mais
aussi des débouchés importants pour la production abondante.
Ainsi une dynamique de course aux colonies s'installa en Europe dans les
années 80. Chaque puissance voulut s'assurer une partie des potentiels
fournisseurs de matières premières et marchés pour les
surproductions des industries européennes, de peur qu'une autre
puissance ne puisse la devancer. En Allemagne, les effets liés à
la crise agricole renforcèrent l'opinion selon laquelle la colonisation
devenait un dérivatif à touts les soucis agricoles que
connaissait l'Allemagne. Par la suite, ils renforcèrent l'idée
selon laquelle l'Allemagne devait plus s'investir dans l'exploitation de son
protectorat du Cameroun50(*).
Cette situation amena l'Allemagne à abandonner le
libre-échange prôné jusqu'alors en Europe pour le
protectionnisme qui se caractérise par une augmentation des tarifs
douaniers, la signature de plusieurs traités commerciaux avec d'autres
pays51(*). Ces
différents traités jetèrent les bases de la politique
agricole allemande. Ce protectionnisme favorise également
l'avènement de l'impérialisme colonial allemand. C'est ainsi
qu'on observera une exportation des capitaux privés allemands vers de
nouveaux territoires. Dans la recherche de ces nouveaux territoires où
investir leurs capitaux, des hommes d'affaire Allemands seront amenés
à installer quelques unes de leurs firmes sur les côtes
camerounaises. Ils constitueront un poids décisif dans le revirement de
Bismarck en faveur de l'impérialisme colonial52(*).
Parmi ceux qui influencèrent le plus sur l'annexion du
Cameroun furent des hommes d'affaires ayant pour la plupart des
intérêts économiques dans la région. Il s'agit entre
autre des hommes comme Adolphe Woermann, Thormahlen, Jantzen etc.53(*) La raison principale de la
colonisation allemande du Cameroun était donc la recherche du profit
pour palier aux problèmes économiques de l'Allemagne. Les
premiers colons qui arrivèrent au Cameroun voulaient placer leurs
capitaux et réaliser des bénéfices54(*). Du fait de la grande
dépression économique subsistant dans l'Allemagne des
années 1870-1880 et provoquée par des investissements
au-delà de la demande et une forte spéculation boursière,
les colonies semblaient donc ouvrir une porte de secours en offrant non
seulement des ressources bon marché mais aussi des
débouchés à la surproduction agricole de l'Allemagne.
2. Des potentialités camerounaises favorables
au développement de l'agriculture
Le Cameroun, tel que nous le connaissons actuellement,
c'est-à-dire comme une entité territoriale, humaine et politique
ayant des contours et des frontières bien définis, est purement
une création allemande55(*).
Avant l'arrivée des Allemands, la région qui
devait devenir le Cameroun était un territoire morcelé par des
sociétés centralisés et décentralisées.
Certaines sociétés entretenaient déjà des rapports
commerciaux avec les européens au niveau de la côte.
En effet, depuis le quinzième siècle, la
côte camerounaise entretenait des relations commerciales avec des
Portugais. Jusqu'à la fin du seizième siècle, le commerce
d'esclaves y prit une place prédominante. Les Européens ne
pénétrèrent pas dans le pays, mais achetaient à des
intermédiaires africains. Après l'abolition du commerce
d'esclaves par les Anglais, l'estuaire du Wouri se développa en un
centre du commerce d'ivoire et d'huile de palme entre les Européens et
le peuple des Doualas.
Là encore les Européens n'avaient pas de bases
sur la côte et restaient dépendants de la bonne volonté des
chefs doualas qui obtenaient un droit de douane sur le commerce. Ce commerce
fit prospérer les Doualas qui pouvaient affirmer leur position de
monopole grâce aux armes à feux acquises dans ce commerce56(*). Devant l'abondance des
produits vendus par les Duala et que ceux-ci supposaient être
récoltés à l'état sauvage, les Allemands vont
conclure que l'acquisition de la région s'imposait du fait que celle-ci
se prêtait fort bien à la création des plantations. La
richesse de la brousse en épices, caoutchouc, noix de palme et autres
fournissait un indéniable témoignage de la fertilité des
sols et montrait combien ces ressources pourraient être accrues par la
culture57(*). La plus part
des témoignages provenaient des récits des explorateurs et des
missionnaires qui ont toujours été une force de
pénétration de l'impérialisme coloniale en
Afrique58(*). C'est dans
ce sillage que la région fertile du Mont Cameroun figura dans une
série de récits et des rapports des explorateurs basés
à Fernando-Pô, tels que nous livre celui de l'aventurier
Rogozinsky :
Le sol de ce massif, sain et pittoresque ne fournit
aujourd'hui au commerce qu'un peu d'huile de palme et du caoutchouc. Mais si
l'on commence par introduire dans ces belles régions de
véritables travailleurs, le Cameroun pourra un jour exporter les
mêmes articles que Fernando-Pô et rivaliser de
prospérité avec cette île59(*)
II n'est donc pas étonnant que les milieux de
Hambourg, qui poussèrent Bismarck à l'intervention, se
soient intéressés très tôt au Mont Cameroun
pour mettre en marche la machine agricole au Cameroun:
L'acquisition de la dite région s'impose tout
particulièrement pour la raison qu'elle se prête très
bien à l'installation de plantations, estimait la Chambre de
Commerce en juillet 1883. La richesse de la brousse en épices,
caoutchouc, café, etc., donne un témoignage
indéniable de la fertilité des sols60(*).
Les Allemands étaient donc déjà en
possession d'une série d'information sur la richesse du Cameroun. Le
territoire devenait ainsi un débouché pour la surproduction, une
amélioration de leur condition d'approvisionnement des produits
agricoles et cela à des coûts aussi faibles que possible.
L'attitude hostile du parlement obligea l'administration allemande au Cameroun
à se procurer une grande partie des ressources nécessaires pour
la mise en place des politiques agricoles.
B. L'appropriation des terres : prélude
à la mise en place des politiques agricoles
La colonisation, basée essentiellement sur
l'économie de plantation, avait besoin, pour être efficace, de
posséder les terres. Non seulement l'installation des colons
nécessitait l'appropriation des terres, mais de par son but, la question
agricole était d'abord une question foncière. Au départ,
l'acquisition des terres s'effectue sans un contrôle du gouvernement
colonial61(*). Cette
absence du contrôle étatique fut à l'origine de plusieurs
exactions avec la signature des contrats frauduleux, des mésententes
avec la population. Une tentative de contrôle est effectuée en
1894 par le gouverneur Zimmerer qui publia un décret obligeant tout
acquéreur à rendre son offre publique et ne reconnaissant comme
légaux que les contrats passés devant un représentant du
gouvernement62(*). Il faut
attendre 1896 pour voir le gouvernement renforcer la législation
foncière à travers l'ordonnance du 15 Juin 1896 qui fit de
toutes les terres «inoccupées» («herrenlos »)
des «propriétés de la Couronne»63(*). Le premier paragraphe stipule
que :
sous réserve des droits de propriété ou
d'autres droits réels que des particuliers ou des personnes morales, que
des chefs ou des collectivités indigènes pourraient prouver de
même que sous réserve des droits d'occupation de tiers
fondés sur des contrats passés avec le gouvernement
impérial, toute terre à l'intérieur du territoire de
protectorat du Cameroun est terre de la couronne comme étant sans
maître. Sa propriété échoit à
l'empire64(*).
Les colonisateurs dans le souci d'atteindre leurs objectifs,
mirent en place des instances de régulations leur permettant de
contrôler la plus part des terres fertiles du territoire. Les politiques
agraires seront l'une de ces institutions. La loi citée ci-dessus marqua
l'avènement d'un changement dans la possession des terres et
l'organisation territoriale. Elle fut accompagnée d'une série de
lois qui concrétisèrent la spoliation des terres du fait de de
l'importance de la terre dans l'application des politiques agricoles65(*). Ainsi, de manière
pernicieuse mais efficace, une nouvelle organisation des terres s'imposa
à l'ensemble des populations du territoire pour permettre aux allemands
développer des politiques agricoles.
C. Les politiques agricoles allemandes au Cameroun
Le Cameroun allemand connue une multitude de politique
agricoles entrecoupées par des périodes de discontinuités.
En effet, la colonisation allemande fut marquée par des politiques
agricoles variées de 1884 à 1914 et l'absence de
continuité
tenait essentiellement à l'attitude des chefs de
gouvernement successifs vis-à-vis de ce qui n'était pour
certains, qu'une folle aventure et pour d'autres, une raison d'espérer
devant les rudes problèmes auxquels le peuple allemand et son
gouvernement devaient faire face66(*).
Ainsi la variation des orientations agricoles est fonction de
la politique agraire du chancelier en place. C'est dans ce sillage que nous
aurons une première phase des politiques agricoles allant de 1894
à 1897 caractérisée par la politique des grandes
concessions, et une autre allant de 1987 à 1914
caractérisée par la politique des grandes plantations.
1. Hohenlohe-Schillingsfürst et
l'avènement du régime des grandes concessions au
Cameroun
Il est important de rappeler qu'avant l'arrivée de
Hohenlohe-Schillingsfürst à la chancellerie allemande en 1894, ses
prédécesseurs à savoir Otto Von Bismarck et Von Caprivi
manifestaient un engagement minimum dans l'entreprise coloniale67(*). On note seulement la mise en
place en 1889 d'un jardin botanique sur l'initiative du gouverneur Julius
vonSoden pour soutenir l'aménagement des plantations de cacao
introduites au Cameroun en entre 1886 et 188768(*), et étendre, peu à peu, le champ des
expériences agricoles69(*) et quelques tentatives de mise en place des
législations foncières effectuées par Zimmerer. C'est sous
le chancelier Hohenlohe-Schillingsfürst que l'empire allemand commencera
à édicter des règles juridiques organisant l'agriculture
au Cameroun. La politique agricole jadis passive sous l'ère de Bismarck
et Von Caprivi devient de plus en plus agressive. C'est à ce chancelier
aux ambitions mondialistes et expansionnistes que l'on doit également
l'ordonnance de juin 1896 et surtout l'avènement du régime des
grandes concessions.
En effet, la politique des grandes concessions était la
nouvelle forme de développement agricole prônée par la
chancellerie de Hohenlohe-Schillingsfürst. Il se posait une
nécessité d'exploiter les richesses de l'Hinterland connue depuis
les années 90. Cette exploitation devait être confiée aux
compagnies agricoles déjà existantes. La formule trouvée
fut ainsi celle de procéder à des grands regroupements
constitués par ces sociétés et leur confier la gestion et
l'exploitation de vastes étendues du protectorat.70(*) L'exploration des terres
concédées et la mise en valeur des régions obtenues
figuraient parmi les multiples aspects de la mission assignée à
ces concessions.71(*)
Le régime des grandes concessions prend sa forme
définitive à la suite de l'ordonnance du 15 juin 1896 sur la
législation foncière. Il se créa à cet effet
à Bruxelles une compagnie germano-belge, Gesellschaft
Sud-Kamerun72(*)
spécifiquement organisée pour exploiter la riche région
forestière du Sud-Ouest soit 9 millions d'Hectares dans le bassin
supérieur de la Sangha73(*). Le 31 juillet 1899 est créée une
société similaire, la GesellschaftNord-WestKamerun pour
exploiter les régions Bamoun et Bamiléké74(*). Toutefois, le bilan de ses
grandes concessions fut en deçà des attentes du gouvernement
colonial car leurs résultats furent médiocres. Cet échec
était dû à la précarité des moyens mis en
oeuvre pour assurer l'exploitation de ces immenses étendues.75(*) C'est ainsi que le
régime des concessions fit place au régime des grandes
plantations.
2. la politique des grandes plantations au
Cameroun
La période allant de 1897 à 1914 marque l'essor
économique du Kamerun. Cette période coïncide avec une
réorientation de la politique agricole dès la fin du règne
de Hohenlohe-Schillingsfürst. Cette réorientation politique se
poursuit avec ses successeurs notamment, A.Von Bülow, Bernhard Dernburg,
Theobald Von Bethmann-Hollweg qui vont accentuer l'interventionnisme de
l'empire allemand dans l'action agricole76(*). Ce sont ces différents chanceliers qui
encouragent les gouverneurs allemands au Cameroun à faire du territoire
un pays de grandes plantations en vue d'y récolter la plupart des
produits tropicaux nécessaires aux industries métropolitaines.
Cette politique prend sa forme sous le gouvernement de Jesko
Von Puttkamer77(*).
En effet, partisan d'une colonisation systématique et
maitrisant bien la région du Mont Cameroun, Puttkamer ne cessa
d'encourager l'aménagement de plantations sur des larges
superficies78(*). C'est
dans ce sillage que la West AfrikanischePflanungsGesellschaft Victoria
(W.A.P.V) voit le jour en janvier 189779(*).Elle avait une superficie de 15000 hectares et
pratiquait la culture du cacao et du caoutchouc80(*). La fondation de la W.A.P.V. donna le signal d'un
développement des grandes sociétés de culture. Elle
était secondée en termes de superficie par laWest
AfrikanischePflanungsBibundi (W.A.P.B.) qui possédait 14.000 ha le
long de la mer au nord de Victoria81(*). Elle est créée en 1897 sur
l'initiative du baron Scharlach de Hambourg avec des terres de la firme
Jantzen-Thormâhlen.La troisième était la C. W.
KommanditGesellschaft dans la zone de Bimbia et la région du
Moungo82(*). Ces trois
sociétés de culture étaient liées par une filiale
commune qui vit le jour en janvier 1899 à savoirla
MoliwePflanzungGesellschaft. En dehors de ces trois grands venaient
les plantations installées le long du Nordbahnde Douala
à Nkongsamba ; elles se consacraient à la culture du tabac, de
la banane et surtout du palmier. D'autres plantations étaient
disséminées au sud, à Campo, Kribi, Lolodorff et le
long de la Sanaga. Une vingtaine de plantations furent mises en place avant
1906 ;Les premières plantations industrielles d'huiles sont
établies en 1907 dans les plaines côtières autour du Mont
Cameroun et d'Edéa83(*). en 1913, il y en avait déjà
5884(*). Le
caractère immense de ces plantations devait poser un problème de
main-d'oeuvre.
En effet, Les plantations ont des proportions
géographiques immenses et la main-d'oeuvre européenne très
faible connait un important taux de mortalité. Cette situation
amène le gouvernement allemand à entreprendre
l'intégration volontaire ou forcée des indigènes dans
l'appareil de production85(*). Il devenait donc nécessaire de recruter la
main-d'oeuvre locale et bon marché. H. Rudinrésumebien la
situation lorsqu'ilaffirmeque:
Worked were needed for the plantation, for the transportation
of traders goods, and for the clearing of jungle for railrood. The employment
of large numbers of white men for such task in tropical Africa was unthinkable.
Very early the Germans realized that the best asset they had for the
exploitation of the ressources of the Cameroons was the native, for without his
labour nothing could be done86(*)
On observera ainsi un recrutement de la main d'oeuvre locale.
On peut distinguer deux catégories de travailleurs des plantations: les
«volontaires» qui venaient après contrats qu'eux-mêmes
ou leurs chefs avaient passés avec des agents recruteurs et les
travailleurs forcés envoyés après condamnation.
A la première catégorie appartenaient les
hommes des souverains Bali, Galéga, puis Fonyonga III qui fournissaient
la main d'oeuvre à Zintgraff87(*) devenu co-directeur local de la W.A.P.V. Il faut
noter que toute cette main d'oeuvre n'était pas volontaire. Très
peu même étaient Bali. Ceux-ci dédommagés par des
«Dash» (cadeaux) fournissaient des esclaves ou des
domestiques qu'ils exploitaient d'ailleurs largement en se réservant une
partie de leurs gains, à leur retour. Plus encore les Bali
multiplièrent les petites expéditions de razzias
accompagnées par les Allemands chez leurs voisins Bamiléké
des chefferies de Bafut, Bikom, Bangwa pour avoir une main d'oeuvre
forcée88(*).
Dans la seconde vague, nous pouvons citer le recrutement
forcé des Bulu de la région de Kribi-Lolodorf. La féroce
répression de la guerre Bulu menée par Oba'aBeti de 1899-1900
permit à l'administration de disposer d'une main-d'oeuvre
gratuite89(*). Leurs chefs
rapportèrent d'ailleurs aux Français que des milliers de Bulu
furent envoyés à Victoria où ils travaillèrent six
ans sans rétribution90(*).
L'une des méthodes de recrutement de la main d'oeuvre
était également l'imposition.
En effet, Les populations étaient obligées de
payer des taxes sous peine d'être emprisonnées ou recrutées
pour les travaux forcés. La nécessité de la main d'oeuvre
a poussé les allemands à mettre sur pied des techniques leur
permettant d'obliger les autochtones à travailler pour eux et surtout
dans les plantations. Parmi ces multiples taxes, on notait le
steuerarbeit91(*)
(impôt sur le travail) qui était en réalité un mode
de recrutement de main d'oeuvre pour les plantations.Officiellement, les
imposables pouvaient s'acquitter de leur devoir fiscal, exceptionnellement en
offrant 30 journées de travail gratuit à l'administration. On
notait également l'impôt de capitation qui fut instauré en
1903 qui était l'impôt par excellence pour obliger
l'indigène à travailler92(*).
L'autre moyen de recrutement de main-d'oeuvre se faisait chez
les prisonniers. En fait, d'après la circulaire provinciale concernant
le règlement des prisons allemandes, il est prescrit que les prisonniers
insolvables devaient régler le payement de leur impôt par le
travail forcé dans les plantations allemandes93(*).
Enfin, à travers les expéditions militaires ou
les conquêtes de pacification, laschutztruppe recruta par voie
de contrainte de nombreux travailleurs94(*).
En plus, l'administration allemande procédait par
réquisition. En effet, l'administration avait réussi à
faire en sorte que lui fournir de la main-d'oeuvre était devenu un
devoir pour les autorités traditionnelles au même titre que la
perception d'impôts. Cette réquisition consistait à exiger
des autorités traditionnelles de mettre à la disposition de
l'administration, un certain nombre de travailleurs destinés en principe
aux chantiers publics. Seulement, l'administration fournissait également
aux entreprises privées de la main-d'oeuvre ; il s'agissait surtout des
firmes agro-commerciales de la côte.
Ainsi donc, la politique des grandes plantations fut
tentée de velléités esclavagistes. Ce régime
légalisait l'exploitation systématique des indigènes qui
se traduisait par la mise en place des pratiques déshumanisantes en
matière de recrutement de la main d'oeuvre et les conditions de vie
désastreuses au sein des plantations il y eut une tentative de
révision de ces conditions avec l'arrivée d'un nouveau
secrétaire d'Etat aux colonies, Von Bülow quiinitiera des mesures
afin d'améliorer les conditions de vie des autochtones95(*). Toutefois, le mérite
de la politique des grandes plantations est d'avoir accentuée la culture
de rente au Cameroun. Ainsi, le développement des cultures d'exportation
à savoir : le cacao, le café, la banane, le caoutchouc,
l'huile de palme s'est fait par le biais des grandes plantations. Des instituts
agricoles contribuèrentà l'introduction de nouvelles cultures
dans le territoire du Cameroun. Ce fut le cas du Jardin botanique de Victoria
où le Professeur Hass sollicitaitla création d'une école
d'agriculture destinée aux indigènes96(*). Il était
orienté en vers l'amélioration des cultures existantes, la
fourniture des semences et des plants et enfin, la recherche des moyens de
lutter contre les parasites97(*).
De nombreuses routes ont été ouvertes pour
l'évacuation des produits cultivés. En outre les pratiques de ce
régime ont contribué à l'apprentissage par les Camerounais
de nouvelles techniques agricoles.Cet apprentissage ira de pair avec
l'encouragement des Allemands et favorisera par la même occasion la
vulgarisation des techniques agricoles. Ainsi, dans le souci de faire
participer les Camerounais au développement des cultures de rente,
l'assistant agronome Berger ira encourager la culture du cacao par les
indigènes dans la région du Mungo.98(*) Vers 1910, l'administration
allemande décida d'apprendre les techniques indispensables aux cultures
de rente aux populations locales. En outre, en 1913, un «Guide pour la
culture du cacao par les indigènes» produit par le centre d'essais
agricoles de Victoria fut mis en projet par les Allemands99(*). Mais les Allemands n'auront
guère le temps de parachever leur politique agricole du fait de la
grande guerre qui sonna le glas de la période allemande au Cameroun.
II. Changement de colonisateur et nouvelle politique
agricole
L'occupation allemande s'achève en 1916. Un nouvel
ordre se mit en place et influença l'évolution des structures
économiques et sociales dont l'agriculture fait partie
intégrante.La partie orientale du Cameroun qui était la plus
vaste fut confiée à la France. Les autorités coloniales
françaises développèrent également une série
de mesure dans le domaine agricole en conformité avec leurs plans
d'actions agricoles.
A. Les plans d'actions agricoles de la France au
Cameroun
Les plans d'actions agricoles constituent le canevas de
l'action publique agricole française au Cameroun. Il s'agit ici de
tracer des voies qui permirent à la France de mettre en oeuvre ses
politiques agricoles. Ils sont concrètement mis en place sous le
gouvernement de Pierre Boisson en 1936100(*). Mais les bribes de ces plans se font
déjà ressentir au lendemain de l'avènement de la France au
Cameroun. Ces plans renvoyaient entre autres à une primauté des
cultures vivrières et le développement des cultures
d'exportations.
1- Développer les cultures vivrières
Le devoir de l'administration coloniale ici est d'assurer la
sécurité alimentaire. Cette politique s'inscrivait en droite
ligne avec la politique de mise en valeur des colonies définie par A.
Sarraut. Le but envisagé ici était la constitution d'une
propriété individuelle où la famille en pleine
indépendance et de sa propre initiative devait travailler pour obtenir
unerécolte dont elle tirera entièrement profit101(*).Car il fallait assurer aux
Camerounais une vie matérielle meilleure pour l'augmentation de leur
pouvoir d'achat et l'élévation de leur standard de vie. Des
mesures furent ainsi envisagées à savoir, imposé aux
villages la constitution de greniers de réserves ; veiller
attentivement à ce que l'étendue des cultures vivrières
soit bien en rapport avec les besoins des populations ; et de
déceler, par de fréquentes enquêtes médicales, la
sous-alimentation possible102(*).
2- Développer les cultures
d'exportation
C'est un développement devait être restrictif car
il devait s'effectuer dans la mesure où les autorités
coloniales devaient être à même d'en assurer le
contrôle technique.
En effet, selon les autorités coloniales,
L'indigène n'est pas un mauvais agriculteur. En certaines circonstances
même, il a su tirer un parti remarquable de son sol et de son outillage
rudimentaire depuis la période allemande. Il n'en reste pas moins
que la nécessité de certaines disciplines lui
échappe et que, par ignorance autant que par tempérament,
il répugne à s'astreindre aux soins méthodiques et
constants que demandent certaines cultures. Il lui faut encore certaines
techniques pour ne pas gaspiller les cultures telles que le cacao103(*).
C'était donc, au premier chef, une
préoccupation de sauvegarde qui inspirera à l'administration
locale les dispositions très strictes des textes qui devaient
être rédigés pour réglementer la culture du
café et celle du cacao; qui devait inspiré aussi les
instructions qu'elle devait donner pour que l'indigène ne soit
autorisé à planter que sur des terrains choisis par les agents
d'agriculture, à ne planter, par exemple, que la variété
de café qui lui est indiquée, à ne mettre en terre que
les plants qui devaient être fournis par les pépinières
administratives et à ne constituer sa plantation que suivant le
dispositif.
Il fallait également revaloriser
systématiquement toutes les cultures dont l'avenir sur le marché
mondial pouvait apparaître prometteur à plus ou moins longue
échéance.
Les plans d'actions constituaient ainsi pour l'agriculture de
grandes lignes bien dessinées qui orienteront les politiques agricoles
françaises au Cameroun. Reste à voire à présent
comment la France met en oeuvre ces politiques au Cameroun.
B. La mise en oeuvre des plans d'actions agricoles
La mise en oeuvre des plans d'actions agricoles se
concrétisa sur plusieurs domaines en commençant par une
valorisation des cultures vivirières
1. La mise en oeuvre de la politique de valorisation
des cultures vivrières
Comme nous l'avons montré en supra, avant
l'arrivée de Boisson en 1936 et la véritable
matérialisation des plans agricoles, des initiatives avaient
déjà été mise en place depuis 1920. En effet, le
31 décembre 1920, le Commissairede la République française
au Cameroun, Bonnecarrere signa un arrêté qui rendait obligatoire
la pratique des cultures vivrières et l'élevage au Cameroun.
L'article 2 de cet arrêté stipulait que :
Les collectivités «indigènes »,
les propriétaires et détenteurs des biens privés, les
chefs d'entreprises publiques et privées, sont tenus de justifier
à toute réquisition de la mise en culture vivrière
d'une superficie suffisante, pour alimenter largement tous les membres des
collectivités «indigènes», les propriétaires et
détenteurs de biens, les employés ouvriers et manoeuvres des
entreprises publiques et privées104(*).
Comme les plantations européennes ne prenaient pas
d'envergure, l'attention fut dirigée sur les exploitations familiales
camerounaises. L'administration espérait constituer une classe de petits
propriétaires ruraux dont les intérêts coïncideraient
avec les siens. Pour y parvenir, elle abolit le régime de concession
instauré par les allemands et orienta plutôt sa politique vers un
autre système à savoir, celui des concessions moyennes, dont le
but était de favoriser l'accession de «l'indigène»
à la propriété du sol105(*). Le développement de la petite
propriété foncière avait pour corollaire l'accroissement
des surfaces destinées aux cultures vivrières car,
l'administration allemande ne s'était évertuée qu'à
promouvoir les cultures de rente sans se soucier réellement du
reste106(*).
Les français mirent également en place des
obligations de cultiver les plantations du gouvernement. Il s'agit des
plantations vivrières pour palier aux déficiences. En effet, les
entreprises en vue de création et celles déjà en place
avaient un urgent besoin d'un ravitaillement permanent des denrées
alimentaires diverses. Et la simple production traditionnelle villageoise
était loin de satisfaire à la fois les besoins des autochtones
restés au village et ceux des leurs travaillant dans les plantations et
sur les chantiers européens. Il s'agissait là d'une
nécessité vitale. C'est pourquoi la France imposa des
récompenses.
En effet, l'article 5 de ce fameux arrêté
stipule que : «Des primes seront accordées...aux
collectivités et aux indigènes qui se seront distingués
par leur zèle et les résultats obtenus».107(*) Dans le but de mettre les
populations camerounaises à l'abri des famines, le gouvernement de
Boisson imposa la constitution des greniers au sein des villages108(*).
Toutefois, les cultures vivrières avaient un rôle
secondaire et étaient essentiellement destinées à
l'autoconsommation. Cette inertie de l'administration française à
négliger les cultures vivrières s'explique par le fait que ces
cultures n'avaient pas de place au marché mondial. Avec le
développement des villes constituées par les pôles
d'installation des administrations coloniales et/ou de commerce des produits,
les populations rurales apportaient des vivres en ville et achetaient du sel,
des vêtements et de l'huile. Mais le mérite de cette politique de
valorisation des cultures vivrières est d'avoir vulgarisée leur
production sur l'étendue du territoire. Bien qu'elle ne put permettre
une surabondance de la production vivrière, elle permit néanmoins
de réduire la fréquence des disettes dans certaines
régions du pays. Mais étant donné que l'optique des
puissances européenne en Afrique a toujours été
l'exploitation, les Français devaient accordée une
priorité aux cultures de rentes.
2. L'encouragement cultures de rentes
Le développement des différentes cultures
pendant la période française s'est fait selon les zones agro
écologiques. En effet, les Français procédèrent
à une spécialisation de chaque zone agro-écologiques dans
la pratique d'une ou de plusieurs cultures109(*). Dans le Nord caractérisé par des
climats soudanien et sahélien, la culture commerciale du coton fut
introduite en 1951 sous l'impulsion de la Compagnie française pour le
développement des fibres textiles (CFDT)110(*). La CFDT développa
cette culture de rente pendant les deux décennies suivantes et l'a
introduite dans la quasi-totalité des villages des deux régions
septentrionales. Le développement à grande échelle de
cette culture dans cette zone fut la transformation économique la plus
importante réalisée par les français111(*).
La colonisation française entraîna de profonds
changements agro-écologiques au niveau des hautes terres de
l'Ouest-Cameroun, avec la mise en place d'un modèle agro-exportateur -
processus présentant à bien des égards un caractère
paradoxal. Le café arabica s'avérant bien adapté aux zones
d'altitude, l'administration française opta pour sa diffusion dès
la fin des années 1920112(*) en favorisant officiellement les plantations
autochtones de type familial.
En même temps, elle réglementa
sévèrement l'adoption de cette culture, craignant des
déficits vivriers dans les zones les plus peuplées ou des
pénuries de main-d'oeuvre chez les colons européen.
L'autorisation était acquise par le versement du prix des semences
calculé à raison de 20 Fr le kg113(*). Ainsi, avant qu'un indigène ne
reçoive l'autorisation de créer une plantation, un moniteur
agricole blanc descendait sur le terrain pour s'assurer qu'il était de
bonne qualité. Il veillait à ce que le nombre de plants
autorisés soit respecté. En cas de fraude, l'excédent
était arraché et le contrevenant amendé ou
emprisonné. Contrairement à nombre de paysanneries africaines qui
n'ont accepté les cultures d'exportation que sous la contrainte, les
paysans bamiléké manifestent rapidement un vif engouement pour le
café, qu'ils intègrent judicieusement à leurs
systèmes de production traditionnels. L'encouragement du café
dans ces zones avait une proportion énorme telle que le décrit J.
L. Dongmo :
A la différence de ce qui s'est passé dans
presque toute l'Afrique intertropicale, les autorités coloniales n'ont
pas eu besoin d'imposer les cultures d'exportation par la force en pays
Bamiléké. Ici, les indigènes se sont lancés dans la
caféiculture avec un engouement si fort qu'elles ont dû intervenir
pour discipliner leur ardeur, afin d'éviter qu'ils ne consacrent trop de
terres au café au détriment des cultures vivrières, ce qui
exposerait le pays à la famine. On redoutait ainsi que des gens mal
préparés ne créent des plantations médiocres qui
deviendraient des foyers de maladies pour les autres plantations de la
région, ou dont la production de mauvaise qualité nuirait la
réputation du café camerounais sur le marché.114(*)
Les colons français n'étaient pas en reste dans
cette révolution agricole. En effet, ils investirent rapidement les
meilleurs espaces que l'administration se hâta de borner. La France
cherchait en effet à limiter ses importations de café
étranger : dans ce but, en 1938, le ministre des Colonies fit adopter
une loi qui accordait des prêts et des subventions aux entreprises qui
investissaient dans l'extension des surfaces plantées en caféiers
d'Arabie115(*). De
nombreuses entreprises se ruèrent alors sur la région et en 1941,
32 concessions avaient été achetées par les
Européens dans l'extension des surfaces plantées en
caféiers d'Arabie. C'est donc par le biais des grandes plantations
coloniales que le caféier se répandit dans cette
région.
La zone littorale et du Sud demeurait une zone du cacao. La
culture se répandit d'abord de façon diffuse et
inorganisée. Son intérêt commercial par rapport aux
produits de traite habituels (palmistes, caoutchouc) fut très tôt
reconnu, avant même que l'administration encourage cette
spéculation116(*). Au tout début, des fèves
dérobées dans les plantations côtières furent
rapportées au pays par des travailleurs. Dans la
Lékié117(*) par exemple, elles provenaient du pays basaa,
d'où les Eton les ramenaient en cachette quand ils allaient au
marché d'Eséka, grand centre de collecte des produits de la
forêt, avant le prolongement de la voie ferrée jusqu'à
Yaoundé en 1927. Entre 1919 et 1920, les autorités
françaises distribuèrent des cabosses aux chefs indigènes
de la région du Nyong et Sanaga (dont le très
célèbre Charles Atangana, chef supérieur des Ewondo, qui
possédait en 1924 plus de 100 ha de cacaoyers...)118(*). Ce n'est qu'à partir
de 1924-25 que le cacao prit son essor dans le Sud Cameroun. En 1927, une ferme
expérimentale était créée à Ebolowa, par les
frères Pascalet119(*) dans le but de promouvoir le développement de
la culture du cacao dans la zone. Le paiement de l'impôt de capitation va
être également un puissant accélérateur de ce
processus. En 1926, le paiement de l'impôt pour un couple,
nécessitait 30 kg de noix palmistes, soit un mois de travail ; les
années suivantes, 200 kg et sept mois de travail120(*). En 1933, le même
couple pouvait payer son impôt avec 53 kg de cacao (environ 450 pieds
à 0,12 kg par arbuste), soit une centaine d'heures de travail, de la
mise en place des arbustes, à la récolte121(*).
En outre, les plantations de gouvernement qui concernaient
uniquement les produits vivriers furent également introduites pour les
produits de rentes, d'abord les palmiers à huile, plus tard aussi le
café et le cacao122(*). Au début les résultats étaient
médiocres, mais quand une coordination avec les stations agricoles fut
mise en place, cette mesure contribua à une extension importante de ces
cultures d'exportation.
Par ces différentes mesures, le gouvernement colonial
français parvint ainsi à vulgariser la culture des produits de
rentes sur l'étendue du territoire.
3. Les instruments de mise en oeuvre des politiques
agricoles françaises
Plusieurs instruments furent mobilisés par la puissance
mandataire pour mettre en oeuvre leurs politiques agricoles. Les premiers
instruments de ces politiques furent les inspections agricoles.
a. Les inspections agricoles
Le décret du décret du 7 janvier 1927 met en
place une inspection agricole123(*). Elles constituaient le sommet de la pyramide des
instituions agricoles et étaient tenues par un officier forestier qui
était en même temps ingénieur agronome. Sa juridiction
s'étend sur tout le territoire124(*). L'inspection de l'agriculture était
chargée de la documentation relative aux cultures et aux exportations
agricoles, d'étudier les mesures propres à intensifier la
production et l'amélioration des produits, de surveiller enfin les
essais entrepris dans les stations agricoles. En plus du développement
agricole proprement dit, l'inspecteur de l'agriculture assurait la direction et
la surveillance du fonctionnement des commissions agricoles, des
coopératives, des mutuelles d'agriculture ainsi que l'enseignement
donné dans les écoles d'apprentissage à caractère
agricole125(*).
Immédiatement après, viennent huit postes
d'inspecteurs régionaux, dont le ressort s'étend à un
secteur constitué par une ou plusieursrégions administratives
suivant le cas, le groupement des régions administratives en secteur
ayant été effectué en raison des similitudes
présentées dans le domaine qui concerné; enfin, dernier
échelon, un poste agricole a été créé dans
chaque région administrative. Le chef de poste, qui était un
conducteur des travaux agricoles, était l'agent d'exécution de
l'administrateur commandant la région. Il était soumis au
contrôle technique de l'inspecteur régional, chef de secteur.Pour
compléter ce schéma, il faut en outre mentionner trois stations
d'essai entre lesquelles fut répartie l'étude des divers
problèmes que posait l'amélioration des cultures vivrières
ou d'exportation, pratiquées sur l'étendue du territoire.C'est de
ces stations, renforcées dans leurs possibilités d'action, que
partaient les enseignements qui, adaptés aux nécessités
de la vulgarisation, s'inscrivait en prescriptions dans les plans d'action
agricole.
En étendant sur tout le Territoire ce réseau
d'activités techniques, l'objectif était d'encadrer aussi
solidement que possible le paysannat indigène. Pour des raisons
financières évidentes, il ne fut pas possible d'accroître
l'effectif des agents européens des services agricoles.
Dans ces conditions, les français estimèrent
qu'il convenait de s'adresser à l'élite indigène pour lui
demander son concours. Notons, en passant, que cette préoccupation des
français d'associer à leur oeuvre d'éducation de la masse
les plus évolués de leurs administrés, ne s'inspirait pas
que de motifs budgétaires. En effet elle répondait surtout
à une véritable nécessité politique et sociale.
Ainsi fut donc créé une École
Supérieure d'Agriculture. Les élèves y rentraient au
niveau du certificat d'études. La première promotion de la
nouvelle école fut recrutée en 1938126(*). La scolarité
comportait trois ans d'études en internat, dirigées par le
service d'agriculture, et un an de stage passé près d'un chef de
poste agricole. L'école possédait un domaine agricole, car
l'enseignement devait être pratique. Par soucis de
décentralisation, il fut également crée dans certaines
villes des postes de paysannat chargés du contrôle de
l'évolution des cultures de rente, des cultures vivrières, de
l'éducation de base, des pistes villageoises, des points d'eau127(*). D'autres organismes
à compétences régionales furent également mis en
place, à savoir les commissions agricoles
b. Les commissions agricoles et les
sociétés de prévoyances africaines
Les commissions agricoles furent mises en place par
l'administration mandataire le 20 décembre 1923128(*). Présidées par
l'administrateur en chef de la circonscription administrative, elles
étaient chargées d'appliquer la politique agricole au niveau des
circonscriptions et avaient ainsi compétence pour
délibérer sur toutes les questions ayant trait à
l'agriculture. Elles permirent le développement rapide des produits
d'exportation et vivriers129(*).
L'administration tenta également de promouvoir
l'agriculture au Cameroun à travers les coopératives dès
1924. Ces coopératives servaient surtout à acheter de l'outillage
et du matériel de lutte phytosanitaire130(*). Elles étaient très
centralisées et entièrement aux mains de l'administration et
étaient incapables de prendre en compte les véritables
intérêts des paysans. Elles furent doncréorganisées
en 1938 en sociétés africaines de prévoyance131(*).
Les sociétés de prévoyances
répondaient aux attentes des Français dont la quintessence nous
est livrée par le Commissaire Boisson :
Pour apprécier l'institution, il faut d'abord se
rappeler que le cultivateur indigène est, en règle très
générale, un homme sans moyens. Il vit au jour le jour et toute
dépense d'outillage est pour lui un problème dont il ajourne
volontiers la solution, souvent par nécessité, mais même
lorsqu'il pourrait faire autrement. Nous avons dès lors pensé que
par l'association, et l'association obligatoire, nous pouvions lui donner
à la fois les moyens qui lui manquent et suppléer à son
insouciance native132(*).
Dans chaque région administrative, une
société de prévoyance groupait tous les cultivateurs (ou
tous les éleveurs, s'il s'agit de populations pastorales). La
cotisation, qui était de l'ordre de 1 à 2 Frs, se recouvrait
comme s'il s'agissait de centimes additionnels à
l'impôt133(*). La
société était administrée par un conseil de
notables présidé par l'administrateur commandant la
région. Le rôle joué fut considérable dans sa
portée et fut extrêmement varié dans ses
modalités.
La société de prévoyance constituait des
équipes de traitement. Celles-ci passaient de village en village,
taillaient, recépaient, et appliquaient méthodiquement les
directives des services agricoles. Devant elles, la brousse reculait, les
cacaoyers bien dégagés reprenaient de la vigueur, les
plantations s'ordonnaient, et la productivité augmentait. C'est ainsi
que 400.000 pieds de cacao furent visitées en Mai 1938 dans une
subdivision proche de Yaoundé134(*).
En d'autres circonstances, elles assuraient la
préparation des produits du sol, intervenaient dans leur vente. Pour
accroître leurs moyens d'action, l'administration les subventionnait
budgétairement, et leur donnait des fonds de démarrage que
devaient reconstituer les cotisations annuelles.
En dehors de ces principales institutions
agricoles, nous pouvons ajouter la mise sur pied par un arrêté du
22 juin 1921 d'une chambre de commerce, d'agriculture et d'industrie au
Cameroun dont le rôle était consultatif en matière
agricole. L'agriculture étant principalement une activité
humaine, l'administration française utilisa également les
indigènes comme instrument de mise en oeuvre de leur politique
agricole.
c. La main-d'oeuvre indigène
Avec la création des grandes plantations, se posa le
problème de la main-d'oeuvre. De nombreux autochtones sont
arrêtés parfois avec la complicité des chefs traditionnels
pour être employés dans les travaux forcés. Ce
problème de main-d'oeuvre devint si crucial qu'il fut créé
en 1937 des Offices Régionaux du Travail (ORT) dont l'une des
attributions était la fourniture de la main-d'oeuvre aux grandes
plantations.
Pour échapper à cette situation, de nombreux
jeunes n'hésitèrent pas à s'enfuir vers la zone anglaise
comme le décrit le chef de subdivision de Bafang :« il y
a une diminution des effectifs des hommes adultes du fait de nombreux exodes
vers le sud. Conséquences à la fois des appels à la
main-d'oeuvre»135(*). Pour palier à cet exode des populations
l'administration mit en place le système des prestations136(*).
En principe, le travail forcé était aboli par
le mandat; mais une exception resta permise: pour les travaux publics
essentiels et sous condition d'une rémunération équitable,
le travail forcé était possible. On était donc dans la
continuation en quelque façon du système allemand. En effet, le
système des prestations consistait à 10 jours de travail
forcé par ans pour tous les hommes adultes137(*).
En outre, l'indigénat, une institution juridique
limitant sérieusement les droits des indigènes permettait la
répression sévère de toute tentative d'autodéfense.
Le système des prestations et l'indigénat furent parmi tant de
systèmes qui permettaient aux français d'obtenir la
main-d'oeuvre. Ce système de travail forcé eut un effet sur
l'activité économique traditionnelle comme le décrit L.
Kaptué :
Dans ce contexte, l'agriculture villageoise souffrit
particulièrement, dans certains secteurs. Des champs de cultures
vivrières ne virent jamais le jour, tandis que ceux qui existaient
déjà étaient rapidement envahis par les herbes, faute de
bras pour les entretenir. Ils finissaient ainsi par disparaître
complètement ou, en tout cas leur étendue diminuait
dramatiquement. Alors, la famine et les disettes de tous genres étaient
le lot des invalides restés au village. Et leur situation se compliquait
d'avantage quand, parce que mal nourris, ou pas du tout, sur les chantiers, les
recrutés, les requis, retournaient se ravitailler dans leur village
d'origine, mettant par là à contribution pour leur entretien
physique, des personnes qui n'avaient déjà pas de quoi se nourrir
elles-mêmes138(*)
Ainsi, l'histoire de la naissance des politiques agricoles et
leur évolution pendant la période coloniale nous donne
l'opportunité de comprendre que ce sont les allemands qui introduisent
les politiques agricoles au Cameroun. Ils accordèrent une
primauté aux cultures de rentes dès l'instauration de la culture
du cacao au Cameroun.
Les premiers essaies sont fait à Victoria, l'Allemagne
étant alors le troisième consommateur mondial de cacao139(*).Face à la demande
croissante, il fallait produire vite. C'est ainsi qu'ils se jetèrent
dans la création des grandes plantations industrielles, en vue de mieux
contrôler la production et assurer un approvisionnement régulier
de la métropole. Leurs successeurs français effectueront un
recadrage vers les cultures vivrières tout en accentuant l'agriculture
des grandes plantations héritées des allemands et en favorisant
la production paysanne. Ainsi, au départ des Français en 1960,
certains éléments sont déjà en place pour permettre
au jeune Etat souverain d'entamer sa politique agricole souveraine.
CHAPITRE II : PREMIERS PLANS QUINQUENNAUX ET CHOIX
DE L'INTERVENTIONNISME ETATIQUE DANS LE SECTEUR AGRICOLE (1960-1970)
Le Cameroun étant à présent un territoire
souverain se doit de mettre en place une politique agricole souveraine. C'est
dans ce sillage que les orientations stratégiques agricoles s'inscriront
dans le cadre de la planification économique envisagée par le
gouvernement dès 1960. Il s'agira donc dans ce chapitre de
présenter les politiques agricoles dans le cadre de la première
décennie de l'économie planifiée. Le premier axe
consistera à mener une étude sur l'interventionnisme
étatique en Afrique au lendemain des indépendances et les
méthodes de formulation et de mise en oeuvre des politiques agricoles
pendant la période de planification. Le second, qui constitue
l'essentiel de ce chapitre consistera à montrer la continuité de
la politique agricole coloniale dans le cadre des deux premiers plans
quinquennaux.
I. L'INTERVENTIONNISME EN AFRIQUE ET LES METHODES DE
FORMULATION ET DE MISE EN OEUVRE DES POLITIQUES AGRICOLES PENDANT LA PHASE DE
PLANIFICATION DE L'ECONOMIE CAMEROUNAISE
Les stratégies d'exploitation économique pendant
la période coloniale se caractérisaient par une politique
interventionniste accrue qui plaçaient l'administration coloniale au
centre de la gestion économique du territoire. Cette philosophie de
développement se perpétua dans les premières
décennies d'indépendance en Afrique et influença
l'élaboration des stratégies économiques en
général et du secteur agricole en particulier.
A. L'interventionnisme étatique en Afrique au
lendemain des indépendances
Au sortir de la colonisation, l'intervention publique
s'avérait être un vecteur essentiel de la dynamique de croissance
dans tous les pays africains. Les objectifs économiques fixés par
les pays africains après l'indépendance tournaient ainsi autour
de la promotion du développement à travers l'interventionnisme
publique, c'est-à-dire une implication généralisée
et poussée de l'Etat dans le processus de développement du pays.
L'Etat intervenait ainsi directement dans tous les secteurs de
l'économie dans le but de promouvoir un développement
généralisé.
Introduit en Afrique à la période coloniale dans
le but d'accélérer l'exploitation des matières
premières au profit des métropoles occidentales,
l'interventionnisme d'Etat perdure après les indépendances au
point de devenir l'apanage des politiques de développement. Avant la
colonisation, le but de la production était de garantir la
sécurité et la permanence du groupe. Le chef de la
communauté domestique avait alors le monopole du pouvoir de
décisions sur tout ce qui avait trait à la production agricole:
techniques agricoles et artisanales, utilisation de la terre, l'énergie
humaine, moyens de production individuels. Pendant la colonisation, les
cultures d'exportation furent introduites de manière coercitive dans les
petites exploitations familiales: café et cacao constituaient des
exigences de l'administration coloniale, sans rapport avec la
nécessité de survie des groupes domestiques locaux. Pour assurer
la réussite de ces nouvelles cultures, la puissance coloniale
créa des institutions spécialisées: stations de recherche,
fermes de multiplications, services d'encadrement des producteurs, services
d'approvisionnement en intrants et de commercialisation des produits. Et
même les producteurs étaient organisés en groupements
coopératifs.
Ce décor fut maintenu après les
indépendances : l'exploitation des matières premières
s'intensifia dans le cadre du développement économique et social
des Etats, l'objectif étant d'assurer des devises pour soutenir les
efforts de développement, et, à terme, d'améliorer les
conditions de vie des populations. L'adhésion à
l'interventionnisme d'Etat devint la principale forme de développement
et la planification devint son modus operendis.
Une étude menée dans plusieurs pays Africains
révèle en effet que la planification des projets se
généralisa dans le secteur agricole en Afrique après les
indépendances140(*). Cet étude montre que :
L'existence des Plans de Développement peut être
considérée comme le meilleur indicateur de l'intervention de
l'Etat dans les activités économiques, sociales et
culturelles.141(*)
L'interventionnisme étatique en Afrique, sous la forme
d'une planification volontaire, eut un impact globalement positif sur la
productivité. Il convient néanmoins de signaler qu'il se
caractérisait par une confiscation de la prise des décisions de
production par les technocrates, aboutissant à une marginalisation et
à la «dépaysannisation» des populations
rurales142(*). Certaines
politiques interventionnistes, axées sur l'autosuffisance alimentaire,
servirent, à dessein ou pas, à cloîtrer les populations
rurales hors de la logique de marché et des réseaux de
redistribution des richesses143(*). Ce qui contribua plus à accroître
leur appauvrissement qu'à leur permettre de sortir de la pauvreté
et accentua le phénomène de l'exode rurale. C'est sous cette
approche interventionniste que le gouvernement camerounais élaborait ses
politiques agricoles.
B. Méthodes de formulation et de mise en oeuvre des
politiques agricoles pendant la phase de planification de l'économie
camerounaise
Au lendemain de son indépendance en 1960, le Cameroun
à l'instar d'autres pays d'Afrique eut pour principal objectif le
développement. Se développer signifiait ici élaborer des
politiques d'investissement pour un développement durable de la
nation,définir la stratégie de développement de
l'activité économique, évaluer les ressources disponibles
et fixer leur distribution suivant les priorités sectorielles144(*). C'est dans ce conteste que
le nouvel Etat indépendant du Cameroun élabora les premiers plans
quinquennaux à travers ses programmes de développement145(*).
Ainsi l'une des fonctions que le gouvernement devait remplir
parmi tant d'autres, fut le développement de la production agricole. La
contrainte ici était que la responsabilité de la formulation des
politiques devait être retrouvée dans ses différentes
institutions telles que ses ministères et les divisions
ministérielles. C'est dans ce contexte que nous distinguons une
multitude d'acteurs dans l'élaboration et la mise en oeuvre des
politiques agricoles au Cameroun pendant la phase de planification.
De 1960 au milieu des années 80, la politique
économique du Cameroun est dans une phase de planification sous-tendue
par les plans quinquennaux de développement146(*) décidés
«d'en haut» par l'Etat.Il s'agissait d'objectifs de
développement que se fixait l'Etat sur une période de cinq ans.
Durant cette phase, six plans quinquennaux furent mis en oeuvre dont cinq
arrivèrent à terme, le sixième ayant été
interrompu par la crise économique du milieu des années
80147(*).Dans chacun de
ces plans quinquennaux, l'agriculture ressortait comme un des principaux
éléments sur lequel devait se baser le développement
économique.
Durant cette planification quinquennale, l'Etat était
fortement impliqué dans l'élaboration et la mise en oeuvre de la
politique agricole. Il était présent dans les différentes
phases de l'exécution de celle-ci et s'engageait dans les
opérations de production, de distribution, de commercialisation, et la
recherche. Son souci était d'assurer l'encadrement gratuit des
agriculteurs de la production à la commercialisation, y compris le
financement. L'Etat était ainsi au coeur du dispositif
d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques agricoles. Il
s'impliquait fortement dans le secteur agricole via deux institutions
spécialisées à savoir le Ministère de l'Agriculture
(MINAGRI) qui était en charge des questions relatives au
développement de la production végétale, et le
Ministère de l'élevage, des Pêches et des Industries
Animales, (MINEPIA) qui était en charge des questions relatives au
développement de la production animale148(*).
Les fonctions régaliennes de ces deux ministères
étaient la conception et la mise en oeuvre des politiques agricoles du
pays. Ils étaient accompagnés dans ce processus par les services
déconcentrés de l'Etat à savoir les sociétés
de développement. L'Etat s'était ainsi constitué en seul
maître d'ouvrage et maître d'oeuvre de la politique agricole
pendant la période de l'économie administrée149(*). Le secteur agricole
était alors tributaire d'une économie administrée en
vigueur car les pouvoirs publics, à travers les plans quinquennaux,
concevaient et définissaient les politiques agricoles nationales sans
impliquer les autres acteurs150(*).
La conception des politiques agricoles débutait au sein
de des administrations sectorielles en charges des questions agricoles qui
effectuaient premièrement une évaluation ex ante du
secteur. Elles procédaient ensuite à la rédaction d'un
bilan diagnostic du secteur agricole. Ce bilan permettait de dégager les
principales contraintes au développement du secteur agricole et
isolaient les tendances151(*). Il était ensuite transmis aux comités
chargés de l'élaboration des politiques agricoles, qui
transmettaient le nouveau dispositif, à leur tour à la commission
nationale de la planification chargée de l'élaboration du plan
quinquennal152(*). Les
instruments de mise en oeuvre et de suivi des politiques agricoles
étaient les organismes publics et parapublics de l'Etat qui assuraient
le développement intégré des régions agricoles du
pays. L'omniprésence de l'Etat dans l'appareil de production agricole
rendait le suivi et l'évaluation de la politique administratifs et
comptables153(*). Cette
période de l'histoire du Cameroun fut donc marquée par une
prépondérance de l'État dans le déroulement de
l'activité activité agricole. Comment comprendre cette
implication de l'Etat Camerounais à l'amont et à l'aval de la
conception et de la mise en oeuvre des politiques agricoles pendant cette
période ?
Pour mieux appréhender cette toute puissance de l'Etat
dans le processus d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques
agricoles, il faut tenir compte du contexte de l'époque.
En effet, au lendemain des indépendances, la plupart
des Etats africains o connurent l'accroissement considérable de leur
poids dans la société, compte tenue notamment du
développement de l'Etat-providence154(*). Le but recherché était
d'étendre l'emprise de l'Etat sur l'espace national et aussi d'instaurer
l'Etat-providence moderne155(*). L'instauration de l'Etat-providence ouvra ainsi
deux décennies d'âge d'or de l'Etat, où dans un contexte de
croissance économique, l'intervention de l'Etat s'accrut dans touts les
secteurs de l'économie et de la société. C'est l'Etat qui
assurait ainsi la promotion du développement économique et
social. Au Cameroun comme par ailleurs, le grand dessein politique était
le «développement»156(*). Dans ce contexte de régime à partie
unique157(*), la
domination politique rimait avec la domination économique. L'Etat
était ainsi présent dans touts les secteurs et assurait la prise
en charge de tous les secteurs stratégiques par des investissements
directs. Cette extension du rôle de l'Etat était assez largement
acceptée ne serait-ce que parce qu'elle coïncidait avec une
amélioration importante des conditions des populations et une
période de paix.
Toutefois, les agriculteurs en générale et plus
particulièrement les ruraux vers qui étaient dirigés les
outputs de la politique agricole avaient une marge de manoeuvre
très réduite pour influencer la conception de la politique car
cette dernière impliquait beaucoup plus les fonctionnaires que les
producteurs. Et même lorsque l'Etat mettait en place des
coopératives pour accompagner les paysans, le rôle de ces
associations de paysans était d'aider les fonctionnaires à mieux
gérer leurs activités.
II. LE PREMIER ET LE SECOND PLAN QUINQUENNAL :
DANS LA CONTINUITE DE LA POLITIQUE AGRICOLE COLONIALE
La politique économique au Cameroun depuis son
indépendance en 1960, a toujours accordé une place
particulière au secteur agricole. Les autorités camerounaises se
sont depuis rendues à l'évidence que la voie du
développement économique passe par le développement de
l'agriculture. Ceci parce que cette activité a toujours
été la principale en milieu rural, milieu qui reste le plus
concerné par le faible niveau des revenus ainsi que la
précarité des conditions de vie.
Cette politique d'amélioration des conditions de vie de
la population devait passer par l'augmentation de la productivité
agricole.Il était ainsi normal que dès l'aube de
l'indépendance, les pouvoirs publics aient consacré leur effort
au développement de l'agriculture qui constituait sans doute,
« l'essieu du char du développement économique et
social »158(*).Le contexte économique de cette
période imposait donc l'agriculture comme un pilier du
développement de l'économie camerounaise. L'activité
agricole possédait par ricochet pour le gouvernement camerounais un
avantage comparatif sur les autres secteurs dans la mise en place d'une
politique économique de développement. Car l'incidence d'une
amélioration de la situation de cette activité devait avoir des
effets plus marquants sur la population rurale. C'est dans ce sillage que le
nouvel Etat se dota premièrement d'une politique économique de
développement qui servit de base à la réalisation des
objectifs agricoles.
A. Politique de développements économiques et
objectifs agricoles des deux premiers plans quinquennaux
La politique de développement économique
constituait généralement le socle des différentes
stratégies sectorielles et sous-sectorielles mises en place par l'Etat
camerounais. C'est en fonction de la vision économique que les
stratégies agricoles étaient élaborées. La
première politique de développement adoptée au Cameroun
fut le libéralisme planifié.
1. La politique de développement
économique des deux premiers plans quinquennaux : le
libéralisme planifié
A l'indépendance, l'économie camerounaise
était en pleine transformation. Les différents acteurs
économiques étaient toujours entrain de tenter de réaliser
les nouvelles opportunités ouvertes par les contacts avec l'Europe et de
s'adapter aux exigences nouvelles. Pour réaliser s'adapter à ces
exigences, le président Ahidjo décida de poursuivre une politique
d'ouverture envers les capitaux étrangers et de planification indicative
à l'aide de plans quinquennaux avec un rôle très actif du
secteur public : c'est le libéralisme planifié.
Le libéralisme planifié renvoie à une
forme de libéralisme moderne qui encourage l'initiative privée
tout en accordant àl'Etat un rôle général
d'organisation, d'orientation, d'impulsion et de contrôle du
développement entre les différentes régions du
pays159(*).La course
vers le développement d'un secteur économique solide trouvait
donc sa légitimité dans la thèse
libéraledéfendue par le président Ahidjo en ces
termes :
Le facteur le plus dynamique de notre démarrage est,
croyons-nous, notre option pour le libéralisme en matière
économique. Le libéralisme grâce auquel la perspective du
profit légitime excite l'initiative et grâce auquel la
liberté fertilise l'imagination. Mais, c'est un libéralisme
ordonné, sélectif non anarchique...dans la conjoncture nationale
et mondiale actuelle, cette politique de libéralisme est sans aucun
doute la meilleure pour notre pays et par conséquent, le plus conforme
à l'intérêt de notre peuple. Elle représente
l'heureuse conjonction entre l'idéal de notre développement vers
lequel nous tendons et le réel160(*).
Le libéralisme planifié visait la promotion de
l'initiative privée, et l'assignation à l'Etat de la tâche
de mobilisation, de coordination et d'encadrement de ces initiatives dans une
atmosphère de respect de l'intérêt général et
de la souveraineté nationale.
L'Etat camerounais devait donc adopter des mesures incitatives
afin d'orienter les producteurs et autres agents économiques dans le
sens des orientations des plans quinquennaux. Il devait mettre en place des
structures d'encadrement des paysans dans le but de susciter un changement dans
leur condition. Dans cette perspective, son intervention en matière de
développement agricole devrait lui permettre de prendre en charge des
activités socialement rentables ou relevant de la souveraineté
alimentaire et qui ne pouvait être laissées à l'initiative
privée ou locale161(*).
Les deux premiers plans eurent dont pour fondement doctrinaire
le libéralisme planifié.Bien que le premier se soit
préoccupé essentiellement du cadre institutionnel de la
planification, ces deux plans sont complémentaires dans la mesure
où ils servent de base à la définition des politiques
économiques dans la jeune économie africaine162(*).
2. Les objectifs agricoles des deux premiers plans
quinquennaux
De façon générale, les plans de
développement économique étaient basés sur une
politique d'incitation à travers la recherche, l'encadrement, l'appui
à la mécanisation des zones rurales, la promotion du
crédit agricole, la formation des paysans et leurs organisations
professionnelles, et l'amélioration des conditions de vie en milieu
rural. Ils étaient organisés autour de trois programmes
prioritaires: l'agriculture, la structuration du monde rural et
l'aménagement de l'espace rural.
Le secteur agricole devait jouer un rôle moteur pour
l'ensemble de l'économie. Les fils conducteurs de la politique agricole
étaient le maintien et la consolidation de la sécurité
alimentaire, le développement des exportations et l'amélioration
des conditions de vie des paysans. Le plan définissait la politique
agricole à travers la recherche, l'encadrement, l'appui à la
mécanisation des zones rurales, la promotion du crédit
agricole163(*), la
formation des paysans et leurs organisations professionnelles, et
l'amélioration des conditions de vie en milieu rural.
Le premier plan quinquennal (1960-1965)164(*), était
consacré essentiellement aux infrastructures et l'agriculture
d'exportation. L'objectif visé pour ce premier plan de
développement économique, social et culturel était de
doubler le revenu national par tête de 1960 à 1980.En termes de
chiffre, un tel objectif revenait à faire passer le revenu moyen par
tête de 27 000 à 54 000 FCFA165(*). Ainsi, dans un pays
à vocation agricole et où la population rurale constituait 80% de
la population totale, il était normal que dès l'aube de
l'indépendance, les pouvoirs publics se dotent d'une stratégie de
développement agricole efficace. Le volume d'investissements
prévus pour le développement rural était de 53,18
milliards FCFA166(*). La
stratégie de développement reposait sur l'encadrement technique
du monde rural et l'accès aux zones de production. Trois gros projets
d'infrastructure furent programmés pour relier les zones de production
au port de sortie: il s'agit de la construction du port de Douala167(*), de l'extension du chemin de
fer, et de l'ouverture d'axes routiers vers les zones de production168(*).
Le bilan de ce premier plan montra qu'il y eut une
prolifération de coopératives non viables pour la plupart, et une
absence généralisée de ressources financières pour
permettre le développement par l'accroissement des revenus comme
initialement prévu169(*). En outre,les exploitations agricoles
traditionnelles, représentaient la grande majorité des terres
cultivées au Cameroun tandis que les exploitations de type moderne
n'intéressaient queles productions de quelques cultures de rentes qui ne
représentaient que 5% des superficies cultivées170(*). Les productions du cacao,
du coton, de l'arachide, toute la production vivrière, étaient le
fait d'exploitation de type traditionnel.
Le deuxième plan (1966-71), baptisé «Plan
Paysan»171(*),
avait pour ambition d'augmenter la production des cultures d'exportation.Cette
augmentation devait être cherchée dans quatre voies à
savoir : l'amélioration des rendements des cultures existantes ;
l'augmentation des superficies cultivées par exploitation172(*); la spécialisation
dans les productions, et la diversification des cultures173(*). Il visait de manière
spécifique «l'amélioration des conditions de vie en milieu
rural», par une stratégie d'encadrement, de structuration et
d'aides pour l'achat des intrants modernes.Le volume des investissements
prévus pour le secteur rural était de 18,58%174(*). L'accent fut
également mis sur l'exode rural175(*). Ces orientations nous permettent de dégager
les grands traits des politiques agricoles de la première
décennie d'indépendance.
B. Les grands traits de la politique agricole pendant la
première décennie d'indépendance
Une responsabilité que le gouvernement camerounais
devait remplir dès l'accession à l'indépendance fut de
prendre en main la gestion du secteur agricole héritée de
l'administration coloniale. L'économie camerounaise étant en
essor, le gouvernement choisit de se placer dans le prolongement de
l'administration coloniale et dans une situation de dépendance. C'est
dans ce sillage que la primauté des cultures de rentes resta toujours en
vigueur.
1. Continuité de la promotion des cultures de
rentes
Dans le prolongement de l'administration coloniale, l'Etat
camerounais choisit de s'investir dans la promotion des cultures
d'exportation.Le premier et le second plan quinquennal de développement
économique et social orientèrent ainsi leurs actions sur la
promotion de l'agriculture paysanne à travers les secteurs de
modernisation et un accent particulier sur les cultures de rentes. Ces
principales cultures sont : le cacao, le café arabica et robusta, le
caoutchouc naturel, le coton graine, la banane d'exportation, l'huile de palme,
le thé. Pour le jeune Etat, ces cultures étaient sources de
devises176(*) et
procuraient d'importantes recettes. Le cacao représentait la principale
exportation de rente. Entre 1963 et 1964, sa production totale fut de
93 235 tonnes pour une superficie cultivée de 357 500
hectares177(*).En 1965,
cette culture comptait pour plus de la moitié des exportations des
principaux produits agricoles camerounais.
Graphique 1 : structure
des exportations des principaux produits de base en1965
Source:World Bank, World
Developpment Indicator,2014
Le gouvernement camerounais continua également la
promotion de l'agriculture de rente paysanne comme au temps de la colonisation
en incitant la création des plantations paysannes et en distribuant
gratuitement des intrants agricoles aux planteurs178(*). Dès 1960,le
gouvernement camerounais débuta avec la sensibilisation sur le
rôle bénéfique des
engrais. À cet effet,
fut mis en place le Programme National des Engrais (PNE) en 1960179(*).
Ce programme avait pour objectifs la sensibilisation de la
population sur l'usage rationnel des engrais, la mise en évidence de
l'efficacité des engrais par des démonstrations pratiques,
d'organiser des essais et des démonstrations en engrais afin de mettre
en évidence l'efficacité et la rentabilité de l'usage de
cet intrant par les paysans180(*). Notons en outre que certaines plantations furent
abandonnées par les colons et d'autres furent
rétrocédées au paysans dès 1960181(*).Les premières
rétrocessions furent d'ailleurs effectuées entre 1960 et 1965,
juste après l'indépendance182(*) et l'Etat camerounais prenait en charge touts ces
planteurs dans sa politique interventionniste.
2. Une recherche agronomique monopolisée par
l'ancienne puissance coloniale
Elle s'inscrivait dans le cadre de la recherche scientifique
qui était encore embryonnaire au lendemain de l'indépendance et
tributaire de l'ancienne métropole.
En effet, comme dans la plupart des pays d'Afrique
subsaharienne, la science dite moderne fut introduite au Cameroun pendant la
période de colonisation183(*). On doit le début des activités de
recherche scientifique au Cameroun aux explorateurs, missionnaires
chrétiens, administrateurs des colonies, officiers des armées
allemandes et françaises, ainsi qu'aux chercheurs et universitaires
isolés184(*). La
période coloniale fut ainsi marquée par la mise en place
dès 1889 des jardins d'essaies, la Société d'Etude
Camerounaise (SECAM) en 1935, la création, par les services
d'agriculture du Haut Commissariat de laRépublique Française, des
premières, mais nombreuses, stations expérimentales185(*), et la mise en place des
instituts spécialisées dans la recherche agricole186(*) .
Au lendemain de l'indépendance, le nombre de chercheurs
camerounais formés était très peu et la recherche resta
entièrement administrée et contrôlée par les
Français. Camerounais et français évitèrent toute
rupture ou changement brutal dans le fonctionnement de la recherche, qui aurait
de toutes manières abouti à la paralysie du secteur, le nouvel
Etat n'ayant pas les moyens d'une relève rapide.
Ainsi jusqu'en 1965,les instituts de recherche
français, l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer
(ORSTOM)187(*),
l'institut Pasteur, se chargeaient des activités de recherche188(*).Les frais de fonctionnement
des instituts étaient pris en charge par les autorités
camerounaises, mais les salaires des chercheurs, qui étaient pour la
plupart français, étaient assurés par l'ancienne puissance
coloniale. Le fait que la recherche fut, en partie, prise en charge par la
France, permit à l'Etat camerounais naissant de concentrer dans un
premier temps ses moyens à l'enseignement et à la formation
supérieure. D'où la création en 1960, avec l'appui de la
coopération américaine de la première institution
scientifique camerounaise en matière d'agriculture à savoir
l'Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie (ENSA)189(*). Le souci de préparer
la relève par la formation des hommes, qui auront par la suite à
prendre en charge la recherche agronomique, pourrait avoir prévalu dans
cette orientation.En 1961 est créée l'Université
fédérale de Yaoundé, suivi d'un Conseil de laRecherche
Scientifique et Technique par le décret n°62/LF/364 du 02
octobre1962190(*), afin
de concevoir les orientations de la recherche. Cet organe était
directement rattaché à la Présidence de la
République, ce qui lui conférait une certaine
prééminence statutaire par rapport aux autres secteurs
d'activité191(*).
Malgré cette création, il n'y eut guère, dans le fond, de
changement en matière de recherche agronomique durant toute la
première décennie de l'indépendance.
En fait, l'Etat ne put peut-être concentrer ses efforts
sur l'enseignement supérieur que parce que la recherche est
déjà bien implantée dans les centres de recherche
hérités de la colonisation. D'ailleurs, la création en
1963 de l'Office National de la Recherche Scientifique et Technique
(ONAREST)192(*)
n'apporta aucun changement au monopole de ces instituts sur la recherche
camerounaise puisque l'effectivité de cet institut fut à partir
de 1974. Au contraire, la position quasi monopolistique française fut
renforcée à la suite des accords de coopération
franco-camerounais de 1963, relatifs à la recherche scientifique et
technique193(*). A la
suite de ces accords, la recherche resta entièrement sous la conduite
des Français, et était réalisée dans des instituts
français implantés au Cameroun.
La recherche restait pour l'essentiel agricole, et
était axée sur les cultures d'exportation. Elle visait
l'amélioration des variétés cultivées, la
protection des cultures et le perfectionnement des systèmes culturaux.
Elle s'intéressait à peine aux cultures vivrières,
jusque-là délaissées au profit des cultures d'exportation.
Les programmes de recherche devaient résoudre les problèmes
exigés par les usines de transformation de l'ancienne métropole
perpétuant ainsi le système du pacte colonial. Plusieurs
solutions trouvées dans d'autres pays étaient calquées au
Cameroun.
Ainsi d'un point de vue scientifique, l'histoire de la
recherche en générale et de la recherche agronomique des
années 60 au Cameroun établit que les sujets, les thèmes
et les préoccupations retenus pour la recherche par les chercheurs
occidentaux répondaient exclusivement aux intérêts
administratifs, économiques et géopolitiques de l'ancienne
métropole.S'il y avait des recherches sur le Cameroun et sur les
Camerounais, il n'y avait pas de recherche camerounaise. Avec la
création des instituts universitaires mentionnées en supra, les
premiers chercheurs nationaux firent des recherches universitaires pour
acquérir des distinctions académiques. Ces recherches scolaires
ont enfermé les premiers chercheurs camerounais dans des «tours
d'ivoire», et les ont coupés de la réalité sociale ou
publique détournant ainsi ces derniers de leur mission primordiale qui
était la recherche pour le développement.
3. Un système d'entreprise et de mission de
développement embryonnaire
Selon la théorie keynésienne, l'Etat est
considéré comme un agent économique agissant au nom de la
société et utilisant au besoin la contrainte. Les entreprises
publiques, les missions de développement et les fonds de
développement font partie de l'ensemble des politiques mises en oeuvre
par l'Etat pour booster le secteur économique194(*). Ces instruments
étatiques concourent à la maximisation de l'utilité
sociale et de la production agricole.
a. Une agro-industrie embryonnaire
Au lendemain de l'indépendance, la
nécessité pour le gouvernement camerounais de prendre en main
l'économie s'était imposée. Il est trivial de dire que les
années d'avant indépendance furent caractérisées
par une mise à l'écart des nationaux de la vie politique et
économique du pays. En raison de l'absence, mieux du manque de
maturité de l'initiative privée, le rôle d'impulsion de
l'économie fut pris en charge par l'Etat au moyen de nombreuses
entitéséconomiques et juridiques que l'on regroupe sous le
vocable d'entreprises publiques. Les premières entreprises publiques
camerounaises furent mises en place dans un contexte politique morose.
En effet,c'est le contexte d'un pays nouvellement
indépendant, caractérisé par des élans d'ambitions
politiques de la part de chaque faction ayant participé à la
lutte pour l'obtention de la libération. Malheureusement, cette
transition ne s'opérera guère sans heurts pour le cas camerounais
contrairement à d'autres pays nouvellement indépendants. Cette
instabilité sur le plan politique entama quelque peu les efforts
menés sur le plan économique.La course vers l'indépendance
s'opéra dans une atmosphère de lutte armée. L'on se
souvient encore du célèbre maquis et la guerre de
libération menée par l'UPC. L'accession du Cameroun à
l'indépendance, le 1er janvier 1960 ne mit pas fin à
cette lutte présente sur l'ensemble du territoire. L'histoire de la
lutte politique nous apprend les difficultés rencontrées par le
jeune pouvoir dont l'ex-président Ahmadou Ahidjo assurait la
direction.
En effet, des factions armées refusaient de
déposer leurs armes justifiant ce comportement par l'absence de
représentativité de l'équipe au pouvoir. Pour eux,
l'indépendance ne fut pas accordée grâce au dialogue mais
par la seule force des armes. Bénéficiant alors d'une
réelle sympathie dans certaines grandes provinces du pays, les
résistants mirent à mal l'autorité de l'Etat. Les uns
parlèrent même de son
«illégitimité»195(*). Le gouvernement avait donc grand besoin de
s'affirmer, ce qui peut expliquer les coûteux investissements pour
assurer la sécurité du pays et l'éradication à la
longue de la rébellion armée. La pression constante de certains
groupes armés et la volonté des pouvoirs publics de les faire
disparaître avaient certainement pris le pas sur les questions de
développement économique.L'incertitude, mieux
l'instabilité du politique avait inévitablement déteint
sur l'économique. Hormis les entreprises françaises et
britanniques existantes, très peu d'entreprises furent
créées196(*) entre 1960 et 1969. Le tableau ci-dessous retrace un
peu le rythme de création des entreprises publiques sur cette
période :
Tableau n°1 Entreprises publiques
camerounaises créées entre 1960 et 1969parsecteur
Entreprises
|
Secteur d'activité
|
Année de création
|
Banque camerounaise de développement (BCD)
|
Tertiaire
|
1962
|
Société Nationale d'Investissement (SNI)
|
tertiaire
|
1963
|
Société Sucrière du Cameroun (SOSUCAM)
|
Primaire
|
1964
|
Equatoriale électrique
|
Secondaire
|
1964
|
Contreplaquées du Cameroun
|
Primaire
|
1966
|
Chocolaterie du Cameroun
|
Primaire
|
1967
|
Société Nationale des Eaux du Cameroun (SNEC)
|
Secondaire
|
1967
|
Parc national de génie civil
|
Secondaire
|
1967
|
Société camerounaise des palmeraies
(SOCAPALM)
|
Primaire
|
1968
|
Crevettes du Cameroun
|
primaire
|
1968
|
Source : compilation auteur
Au total, l'Etat n'avait pu créer qu'une dizaine
d'entreprises publiques en dix ans d'indépendance. On ne compte que
quatre entreprises agro-industrielles camerounaises197(*). Une preuve que le
gouvernement était en majeur partie tourné vers la consolidation
du pouvoir en place qu'à la question du développement
économique dans la première décennie
post-indépendance.
b. Des sociétés et missions de
développement en gestation
La Loi n°68-LF-9 du 11 juin 1968, promouvait les
sociétés de développements198(*).Comme leur nom l'indique,
cette variété d'entreprise constitue un support de
développement du pays en contribuant au développement de la
région dans laquelle elle est implantée.C'est d'abord un
instrument de la politique gouvernementale199(*). Dans la première décennie de la
souveraineté camerounaise, ces sociétés sont encore
embryonnaires. En dehors de la SOCAPALM, on note la mise en place ZAPI (Zones
d'Actions Prioritaires Intégrées) et des opérations de
colonisations agricoles qui méritent une attention
particulière.
b-1-Naissance des Zones d'Actions Prioritaires
Intégrées (ZAPI)
Les ZAPI étaient des sociétés
régionales de développement dont le but initial était
d'aider les paysans à s'auto-organiser200(*).
En effet, le manque d'encadrement et les rivalités
claniques constituaient les principaux défauts des planteurs des
régions. La nécessité s'imposait donc d'entreprendre des
actions afin d'accroitre le pouvoir d'achat des paysans, étapes
préalables en vue d'une augmentation quantitative de la production
envisagée dans le second plan quinquennal201(*).Avec l'opération de
développement rural intégrée, l'Etat désirait
prendre en charge de façon totale, l'ensemble des activités et
des acteurs. L'intégration était à la fois verticale pour
tout ce qui concerne la production et horizontale pour les opérations de
promotion économique et sociale du milieu202(*).
Pour cela les ZAPI devaient aider les planteurs à
maximiser leurs revenus en prenant elles-mêmes en charge, la
réussite de cette étape de transition devant mettre fin à
leur existence, en même temps qu'elles devaient marquer le début
de l'ère des coopératives des producteurs dans les
régions203(*). Ce
type de développement fut mis en place dès 1967 avec la
création la ZAPI de Nguelemendouka dans le cadre des ZAPI Est. Le
gouvernement créa quatre autres jusqu'en 1977. Dans chaque ZAPI fut mise
en place une Entreprise de Progrès Locale (EPL) qui s'appuyait sur
desorganisations de base de petits planteurs à savoir, les
Comités de Développement de Village (CODEVI) et Comités de
Développement de Succursale (CODES), et le travail en groupe dans des
équipes. Le but était ici de faire autogérer très
rapidement le projet, de lui donner des cadres nationaux et d'assurer
l'autofinancement.
En termes de développement, on avait une entreprise qui
assumait relativement bien toute une variété de tâches :
encadrement technique et commercialisation du café et du cacao ;
approvisionnement en biens de consommation ; diversification des
cultures ; promotion des femmes ; amélioration des routes et
de l'habitat ; distribution d'engrais ; service de santé etc.
les activités de vulgarisation agricole relevait
généralement de la Direction de l'Agriculture du MINAGRI. Le
système national de vulgarisation agricole était chargé de
la multiplication et la distribution des semences et des plants
améliorés et de la formation des paysans204(*).
Le bilan semblait positif même si les ZAPI de l'Est
n'avaient pas atteint le seuil de rentabilité205(*). Elles touchaient cependant
113 villages, près de 40 000 habitants à cette
époque.Fleurons du développement rural censé être
communautaire au Cameroun, les ZAPI ont réussi ainsi à
intégrer certaines régions marginales qui resteraient, sans cela,
à la traine.
b-2-Les missions de colonisation agricoles
L'Etat lançait également des missions de
colonisation agricoles encadrées par des sociétés de
développement. Il s'agit ici de l'opération Yabassi-Bafang
lancée en 1966 dans la partie septentrionale du département du
Nkam et qui fit appel à un important mouvement d'immigration en vue
d'une colonisation agricole impulsée par le gouvernement le long d'un
axe routier206(*).
Entre les plateaux de l'ouest du Cameroun et le littoral,
l'opération Yabassi-Bafang échelonnait 14 villages
d'immigrés de part et d'autre d'une route qui traversait la zone
actuelle de Nkondjok. Cette opération de
«colonisation»207(*) agricole dans une zone forestière resta
à l'écart des grands axes de circulation mis en place par
l'économie coloniale. L'opération fut lancée en janvier
1966, date à laquelle trois villages de «colons» furent,
installés, conjointement avec l'avancée du chantier routier
Yabass-Bafang208(*).Elle
visait à augmenter la production des cultures industrielles exportables
quantitativement en ouvrant à l'immigration les vastes étendues
forestières du Nkam et, qualitativement, par un encadrement, agricole
très dense (sélection des plants par des pépinières
gérées, directement par l'encadrement technique et l'implantation
d'une ferme expérimentale)209(*). Les populations venaientde Doualaoù les
chômeurs formaient une masse dangereusement mobilisable au moindre
incident, du Mungo et des départements bamiléké où
on notait un accroissement spectaculaire du volume démographique des
chefs-lieux, accroissement qui ne correspondait pas au nombre d'emplois qui y
était offert210(*).
Deux catégories de colons fournirent les premiers
contingents : les gardes civiques et les originaires du Haut Nkam,
formés rapidement en 1960 pour seconder l'armée dans les
opérations de pacification. Les gardes civiques devaient envisager leur
reconversion après leur participation dans l'armée211(*). Déjà
initiés à la forêt par leur lutte contre les maquis du
Nkam212(*) et
habitués à la vie des campements militaires, ils
répondirent volontiers à l'appel que leur lancèrent les
promoteurs de l'opération. Leur présence armée assura,
d'ailleurs, une fonction sécurisante indispensable en 1966 où des
troubles étaient encore craindre à 1'Est de la zone de
colonisation. Ce contexte historique qui a vu naître l'opération
et les difficultés rencontrées lors de leur installation en
pleine forêt, leur a value le terme de pionniers213(*).
Les colons recevaient un lot de 6 à 8 hectares dont ils
devenaient propriétaire au terme d'un délai de 5 ans pendant
lequel ils auraient respecté certaines normes214(*). Les exploitations agricoles
mises en place par les colons étaient très centrées sur
les plantations de café et de cacao et bénéficiaient des
subventions de l'Etat. Les contraintes écologiques empêchaient le
développement de certaines activités comme le petit
élevage. Encore en gestation pendant la première décennie
des plans quinquennaux, ce processus va s'accentuer dès l'année
1971.
4. Une politique agricole sous assistance
étrangères
Dans la première décennie de
l'indépendance, le Cameroun est encore un pays essentiellement agricole.
Huit camerounais sur dix tirent leurs profits de la terre. Dans cette
activité rurale, la part des cultures destinées à
l'exportation occupait une place prépondérante. Fournissant les
3/4 des exportations, les produits agricoles constituent un véritable
moteur de l'économie camerounaise. Ceci met en évidence la
nécessité de donner à cette agriculture les moyens de se
défendre sur les marchés internationaux où la concurrence
revêt fréquemment des aspects redoutables. Ces moyens peuvent
être aussi bien, selon les circonstances, la disposition d'un
matériel technique adéquat, l'accès à des moyens de
transport sans surprise, ou encore l'apprentissage de méthodes de
culture plus rationnelles. Pour remplir ces objectifs, le nouvel Etat
décida de faire partie du groupe de pays africains ayant
décidé de mettre sur pied une coopération avec la
Communauté Européenne en pleine gestation.
En effet, le Cameroun a été de 1957215(*) à 1975
associées à la Communauté Economique Européenne
(CEE). En 1963 d'abord, et 1969 ensuite, 18 Etats Africains et Malgache
décidèrent de s'associer à la CEE en raison de leurs liens
particuliers avec l'un ou l'autre des six pays européens qui avaient
constitué la Communauté, et de leurs besoins économiques
chaque fois pour cinq ans216(*). C'est dans la capitale du Cameroun que furent
signées les premières et deuxièmes conventions
d'association, qui pour cette raison portent le nom de convention de
Yaoundé217(*). A
chacune de ces trois périodes correspondait un Fond Européen de
Développement qui devait soutenir les EAMA.
Concernant le Cameroun, le premier FED qui fut mis en
activité au même moment que le premier plan quinquennal consacrait
69% de ses investissements aux infrastructures économiques. Le second
FED (1964-1949) coïncidait avec le second plan quinquennal dont l'objectif
primordial était l'augmentation de la production agricole218(*). Il consacrait ainsi la
majeure partie de l'aide à la production et à la diversification
des cultures. Ce FED, mis en oeuvre en même temps que la première
convention de Yaoundé, comportait, une tranche de ressources
financières réservées aux aides à la
production219(*). Cette
particularité fut imaginée par les auteurs de la première
Convention de Yaoundé pour adoucir les transformations qui
s'opéraient alors dans la structure économique des EAMA et leurs
anciennes métropoles220(*). Une aide financière fut ainsi prévue
dans la première convention de Yaoundé sous forme, selon les
besoins de chaque Etat associée, de subventions dégressives de
prix étalées sur cinq ans, et d'aides à
l'amélioration et à la diversification des cultures221(*). Pour sa part, le Cameroun
bénéficia à ce titre d'un total de plus de 14,4 millions
d'U.C. (3 milliards 791 millions FCFA) consacré par le deuxième
FED au soutien des prix, à l'amélioration des structures et
à la diversification des productions222(*).
Le premier et surtout le deuxième FED furent d'une
très grande utilité pour l'agriculture camerounaise encore
balbutiante dans la première décennie.
En effet, centré essentiellement sur les
infrastructures de transport, le premier FED avait consacré 4,4% de ses
interventions à la production agricole. Celles-ci concernaient
principalement la conservation des sols et la lutte contre l'érosion
dans le Margui-Wandala, au Nord-Cameroun223(*).
Cette opération inscrite au premier plan de
développement du gouvernement de Yaoundé visait à assurer
la sauvegarde de terres encore cultivables et la récupération
supplémentaire sur 80 Hectares.
L'autre aspect des interventions du premier FED portait sur la
production animale par une opération d'amélioration de
l'élevage dans l'Adamaoua qui fournissait alors
4/5ième de la production et par une campagne contre la peste
bovine complétant l'infrastructure vétérinaire mise en
place par la France.
La grande nouveauté du second FED fut l'introduction
des aides à la production et à la diversification conçue
pour amener progressivement l'agriculture d'exportation des EAMA à
supporter la concurrence internationale.
Au Cameroun, les aides à la production portèrent
sur trois produits : le coton qui occupait en 1963, année
précédent la mise en oeuvre du programme d'amélioration
des structures, environs 111.000 planteurs, faisant ainsi vivre 800.000
personnes sur 72 000ha. Pour améliorer les rendements
particulièrement faibles dans le Nord224(*), le FED finança des primes encourageant de
meilleurs méthodes de cultures et la fourniture des intrants.
On note ensuite l'arachide qui couvrait un peu plus de
100 000 ha et qui bénéficia pendant cinq ans d'un soutient
des prix dégressifs ainsi que d'aides à la culture
attelée, aux désinfectants, à la recherche agronomique et
d'investissement au stade de la commercialisation (achat de
décortiqueuses mécaniques, construction des hangars de stockage).
On note enfin le café qui constituait avec le cacao la
principale structure d'exportation du pays. Le programme soutenue par le FED
visait surtout à accroitre les rendements : achat d'installations
d'usinage et de stockage, de camions équipés de
pulvérisateurs, application de fumure, recherche agronomique.
Inauguré en 1965 ce programme s'étala sur cinq ans et fut
complété pendant les campagnes 1969-1970 et 1970-1971, tandis que
les rendements à l'hectare du café augmentèrent de 40%
pendant la même période225(*).
Pour réduire sa dépendance à
l'égard des cours mondiaux du café et du cacao, le Cameroun
s'engagea, également avec la contribution du FED dans une politique de
diversification des cultures. C'est à ce titre que fut financée
par un prêt à condition spéciale de 1.600 millions de FCFA,
la création d'un centre de production d'huile de palme dans la
région de Likomba-Mpunda226(*). Il s'agissait d'une plantation de 4.380 ha de
palmiers à huile à haut rendement et d'une usine de traitement
d'une capacité de 60 000 tonnes par ans de fruits. Le prêt du
FED était destiné au défrichage des terrains, à la
fourniture des graines, à l'établissement des
pépinières, la construction de l'usine, des bâtiments
annexes, des routes et des pistes227(*). Il comprenait en outre le financement du personnel
de direction de l'opération, et la mise à sa disposition des
moyens de réalisation et d'exploitation pendant neuf ans.
Au total, le deuxième FED consacra pendant sept ans
ses actions de soutien des prix et des améliorations structurelles des
cultures environ 7.131.200 unités de compte soit 1 milliard 981 millions
de FCFA. Cette réalisation faisait partie d'un programme plus vaste
auquel, non seulement le FED mais aussi la Banque Mondiale, l'aide
bilatérale américaine et française apportèrent leur
concours. il s'intégrait dans les objectifs du second plan quinquennal
du Cameroun qui visait à faire passer de 21.700 ha en 1963-1964 à
40.650 ha en 1976-1977 les surfaces des plantations industrielles, doublant
ainsi la production nécessaire pour satisfaire la demande
intérieure228(*).
C'est pourquoi ce projet financé en 1967 par le second FED devait
subir une nouvelle opération financière dans les plans
suivants.
Pendant la première décennie de
l'indépendance du Cameroun, la politique agricole ne fut ainsi qu'une
continuité de la politique agricole coloniale. L'économie du
nouveau pays indépendant étant en essor, le pays opta ainsi pour
une intervention accrue dans le secteur agricole. Toutefois cet
interventionnisme était encore en gestation vue le contexte politique de
la première décennie camerounaise. Le nouveau gouvernement
orienta la majeure partie de ces forces à la consolidation du pouvoir
politique en place et l'éradication de la guérilla
upéciste, marginalisant ainsi le développement économique
de l'Etat. Il se contentait de poursuivre les stratégies agricoles
héritées de la colonisation à savoir, une promotion des
cultures de rentes tout en marginalisant le secteur vivrier. Ne disposant
guère d'assez de fonds pour son agriculture, le pays se mit au lendemain
de son indépendance sous la perfusion financière de l'occident
perpétuant ainsi la dépendance économique
héritée de la colonisation et inaugurant également son
endettement. L'endettement de l'Etat souverain du Cameroun date ainsi des
premières années de son indépendance. Toutefois, la
politique agricole de la première décennie jeta les bases de
l'interventionnisme étatique qui devait s'accentuer dès le
troisième plan quinquennal.
CHAPITRE III : LA REVOLUTION AGRICOLE
(1971-1985)
Les années 70 sont marquées par
l'épuisement de la rébellion upécistes à la suite
de l'exécution d'Ernest Ouandie le 15 Janvier 1971 et
l'éradication des dernières poches de résistance. Une
fois, l'UPC épuisée, le gouvernement camerounais devait ainsi
détourner ses dépendances vers la transformation du secteur
économique en générale et l'agriculture en particulier. En
outre le pays connait depuis le milieu des années 60 une
démographie sans cesse croissante. D'où la
nécessité de de maximiser la production agricole en mettant en
valeur les cultures vivrières, sans toutefois marginaliser les cultures
de rentes. C'est cette nouvelle orientation stratégique qui
caractérisa la politique agricole du troisième, quatrième
et cinquième plan quinquennal. Ce chapitre essaye donc de passer en
revue les différents éléments ayant favorisé une
réorganisation de l'action publique agricole pendant cette
période allant de la révision de la philosophie de
développement économique à l'évaluation des
politiques agricoles sous économie administrée en passant par les
caractéristiques des politiques agricoles des années 70 et 80.
I. REVISON DE LA PHILOSOPHIE DE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE ET DE NOUVEAUX OBJECTIFS AGRICOLES
Un recadrage de la philosophie de développement
économique était nécessaire afin que le Cameroun mette en
place en place une véritable politique agricole souveraine.
A. Une nouvelle orientation de la politique de
développement économique : le développement
autocentré
Le libéralisme planifié, leitmotiv officiel du
mode de développement camerounais, était supposé
substituer l'Etat à une initiative privée défaillante.
Toutefois, les limites de cette philosophie de développement
économique ne permirent pas d'atteindre les objectifs
escomptés229(*).
Pour palier à ces limites, le gouvernement camerounais décida de
procéder à une révision du libéralisme
planifié. C'est dans cet ordre d'idée que le président
Ahmadou Ahidjo annonça, le 10 février 1975 à Douala, lors
du deuxième congrès ordinaire de l'UNC, la politique de
développement autocentré comme nouveau principe de
développement national du Cameroun230(*).
Ainsi à la philosophie du libéralisme
planifié devait désormais être associée celle du
«développement autocentré» qui se définit comme
la nécessité de résoudre en priorité la question du
contrôle des recettes productives231(*). Il s'agit donc selon les termes du chef d'Etat de
mobiliser toutes les ressources et toutes les énergies nationales en vue
d'un développement national autocentré232(*) . Le développement
autocentré apparaissait comme une méthode de développement
en vue de soutenir le libéralisme planifié par le renforcement
du contrôle de l'Etat dans la définition et la mise en oeuvre des
politique économiques233(*) tout en effectuant un appel contrôlé
aux investissements étrangers. Il résultait de la volonté
politique d'un développement endogène qui devait se
réaliser par le peuple et pour le peuple camerounais234(*). Il reposait sur deux axes :
la recherche de l'autosuffisance alimentaire et la valorisation à long
terme des ressources locales comme base d'une accumulation nationale, en partie
grâce aux investissements étrangers235(*). Les troisième et
quatrième plans eurent ainsi pour base doctrinaire respective le
développement autocentré alors que le cinquième reposa sur
le libéralisme communautaire.
B. Des objectifs agricoles novateurs
Les premiers plans quinquennaux n'ayant pas atteint leurs
objectifsceux-ci furent reversés dans le IIIème plan (1971-1975),
à l'instar du secteur agricole qui devait subir des réformes
hardies. Le développement de l'agriculture devrait reposer sur des
programmes intégrés qui, iraient parfois jusqu'à la
création des complexes agro-industriels, qui devait permettre la
valorisation sur place des produits locaux236(*). Le troisième plan avait ainsi bâti son
action autour de la promotion des complexes modernes agro-industriels
d'État237(*). Il
était celui de la production et de la productivité.On assista
alors à un changement de stratégie avec une réorientation
sur le secteur de production moderne.
Une politique vigoureuse de modernisation des structures
orientées vers les débouchées aussi bien intérieurs
qu'extérieurs devait être menée en priorité dans les
zones offrant les meilleurs garanties de rentabilité. Cette
modernisation devait s'appuyer sur, un encadrement rapproché dans
certaines zones choisies pour leurs fortes potentialités, sur le
crédit agricole et sur le financement des campagnes. Le plan
prévoyait une augmentation de la production vivrière de 2,3% par
an en moyenne, contre 5,4% par an pour les produits agricoles
d'exportation238(*).
Le quatrième plan, (1976 à 1980),quant à
lui s'était surtout préoccupé de l'extension du secteur
moderne créé au cours du plan précédent par la
multiplication des sociétés de développement.Alors que les
ressources extérieures ont jusque là représentaient au
moins 60% du financement des trois premiers plans, le quatrième rompait
avec cette coutume et prévoyait un financement intérieur de
72,1%. C'est ce plan qui commença véritablement le positionnement
de l'économie dans la phase de transition d'une économie de
traite reposant sur les activités d'intermédiation, vers une
économie de production où le secteur productif se consolide avec
la mise en place du secteur industriel239(*). 60% des investissements furent ainsi
consacrés à l'agro-industrie240(*). A l'issue de ce plan, un bilan diagnostic du
secteur agricole fut entrepris en 1980 par le MINAGRI et ses recommandations
furent prises en compte dans le cinquième plan quinquennal241(*).
Le cinquième plan (1981-1985), mit l'accent sur la
participation des paysans aux décisions.La stratégie de cette
participation allait dans le sens de la promotion d'organisations rurales, de
la formation, de la responsabilisation, et dans un sens plus global, de la
promotion du capital humain. Sa mise en oeuvre devait comprendre
:l'établissement de relations «d'un type nouveau» entre
l'administration et les paysans ; la prise en compte des revenus des
producteurs dans la fixation des prix agricoles ; la maîtrise par l'Etat
de la production et de la transformation des produits agricoles ; la
création d'une structure de développement dotée d'une
autonomie administrative et financière dans chaque zone agricole ;
l'intensification de la formation des agents de développement ruraux ;
un encadrement des paysans opérationnel dans les zones couvertes par des
sociétés de développement ; la subvention de
l'accès à certains facteurs de production (notamment les intrants
agricoles), dans le but de promouvoir l'autosuffisance alimentaire242(*).
En 1986, un sixième plan fut conçu juste avant
l'annonce officielle de la crise. Il demeura inachevé, n'ayant pas pu se
mettre en place normalement, les effets précurseurs de la crise se
faisant déjà sentir.
II. EXTENSION DU SECTEUR MODERNE, DE LA RECHERCHE
AGRONOMIQUE ET DE LA POLITIQUE DES INTRANTS
la stratégie de mise en oeuvre de la politique agricole
était axée en grande partie sur la mise en place, au titre des
mesures d'accompagnement des programmes d'incitation des producteurs, d'un
cadre approprié et des infrastructures économiques
nécessaires pour favoriser le développement du secteur. C'est
sous cet angle que le gouvernement débuta par une extension du secteur
moderne.
A. Extension du secteur moderne
Cette extension se traduisait par une multiplication des
sociétés et missions de de développements.
1. Multiplication des Société de
Développement Spécialisés (SODES)
Dès le troisième plan quinquennal,
l'interventionnisme étatique se fit par une généralisation
du recours aux organismes publics et parapublics pour assurer le
développement de certaines régions du pays. Le gouvernement
camerounais se lança ainsi dans une multiplication des
sociétés de développement. D'où le l'expression
«plan SODES» en raison des Sociétés de
Développement Spécialisées sur des cultures
particulières qui furent mises en place243(*). Ces sociétés
de développement avaient un statut spécial car elles
contribuaient d'une part, à l'exécution des plans quinquennaux
et, d'autre part, à la mise en oeuvre de la politique agricole des
pouvoirs publics camerounais244(*). Elles pouvaient être des
sociétés d'Etat, des établissements publics, ou même
des sociétés d'économie-mixte. Ces sociétés
étaient généralement des agro-industries publiques
dotées d'une autonomie financière, qui était
constituée essentiellement des subventions publiques et menaient des
actions en coexistence avec d'autres agro-industries privées. Elles se
retrouvaient principalement dans des
filières d'exportation
telles la banane, le thé, l'hévéa, le cacao, le
café etc. et prenaient une part entière dans le fonctionnement de
ces filières. Elles furent pour la plupart mises en place dans des
régions où le système coopératif n'a pas pris ou
fonctionné correctement sur le plan technique245(*).
Les sociétés de développement
étaient alors conçues et mises en oeuvre pour être les
principaux instruments du développement local et de
l'amélioration de la compétitivité des filières
basées pour l'essentiel sur des cultures industrielles et
d'exportation246(*).
Elles rachetaient la production d'un groupe ciblé de paysans,
généralement des organisations de paysans créées
par elles, à des prix subventionnés. L'encadrement de ces paysans
leur incombait ainsi que la facilitation pour ces derniers de l'accès au
crédit et aux intrants agricoles247(*). A travers ces sociétés, l'Etat
assurait ainsi la production, les fonctions de fixation des prix, de
crédit, d'approvisionnement, de conseil technique, de regroupement et de
stockage, la formation et l'information des paysans, ainsi que la garantie d'un
circuit de commercialisation248(*). Le tableau ci-dessus nous présente les
différentes sociétés de missions et agro-industrie de 1971
à 1985 :
Tableau n° 2 :liste de quelques
sociétés de développement et agro-industries crées
entre 1971 et 1985 par capital, domaine d'activité et effectif
Société
|
Capital social (en 106 FCFA)
|
Domaine d'activité
|
Effectif
|
CAMSUCO
|
10691
|
Sucre
|
3800
|
SEMRY
|
4580
|
Riz
|
1370
|
SODEBLE
|
4500
|
Blé
|
366
|
SOCAME
|
3800
|
Engrais
|
580
|
SODERIM
|
1535
|
Céréales
|
400
|
SODECOTON249(*)
|
4529
|
Textile
|
600
|
CCFI
|
2200
|
Alimentation
|
120
|
MIKY WAY
|
600
|
Lait
|
102
|
NOBRA
|
5000
|
Brasserie
|
507
|
SOCAPROD
|
600
|
Boisson
|
256
|
IB
|
2400
|
Brasserie
|
700
|
SITABAC
|
1260
|
Tabac
|
302
|
Source : G. B. TamokwePiaptie
A ce groupe, nous pouvons associer, la Société
de Développement du Cacao (SODECAO), qui est un organisme public
à caractère industriel et commercial crée par
décret n°74/373 du 02 février 1974250(*),
l'UpperNunValleyDevelopmentAuthority UNVDA crée en 1970, et d'autres
sociétés que nous retrouvons dans la répartition
régionale suivante :
Tableau n° 3 : liste des
agro-industries par spéculation et par région de 1960 à
1985
Spéculation
|
Société
|
Région d'implantation
|
Banane d'exportation
|
OCB
CDC
SPNP
|
Littoral
Sud-Ouest
Littoral
|
Riz
|
SEMRY
SODERIM
UNDVA
|
Extrême-Nord
Ouest
Nord-Ouest
|
Huile de palme
|
SOCAPALM
CDC
PAMOL
SAFACAM
SPFS
|
Littoral
Sud-Ouest et Littoral
Sud-Ouest
Littoral
Littoral
|
Sucre de canne
|
CAMSUCO251(*)
SOSUCAM
|
Centre
Centre
|
Caoutchouc
|
HEVECAM252(*)
CDC253(*)
SAFACAM
|
Sud
Sud-Ouest
Littoral
|
Thé
|
CDC
|
Sud-Ouest
Nord-Ouest
Ouest
|
Maïs
|
SODEBLE
MAISCAM
|
Adamaoua
Adamaoua
|
Source :Anonyme, «Bilan
diagnostic du secteur agricole», p.106.
D'une manière générale, nous pouvons
affirmer qu'au cours des derniers plans quinquennaux, l'activité
industrielle en générale et du secteur agro-industriel en
particulier connut une progression rapide. Cette bonne santé
générale se reflète dans la répartition sectorielle
du PIB du Cameroun sur la période allant de 1964 à 1985 :
Tableau 4 : répartition sectorielle du
PIB de 1964 à 1965 (en %)
|
64 - 65
|
68 - 69
|
74 - 75
|
77 - 78
|
79 - 80
|
81 - 82
|
83 - 84
|
84 - 85
|
Primaire
|
32,9
|
31,9
|
38,8
|
36,1
|
28,7
|
27,0
|
21,9
|
20,5
|
Secondaire
|
21,3
|
21,7
|
17,2
|
18,7
|
23,5
|
30,3
|
34,6
|
34,3
|
Tertiaire
|
45,8
|
46,4
|
44,0
|
45,2
|
33,9
|
29,4
|
30,1
|
32,9
|
Autres
|
-
|
-
|
-
|
-
|
13,9
|
13,4
|
13,3
|
12,3
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source : IIe, IIIe, IVe et Ve plan
quinquennaux et DSCN
Cette répartition démontre
l'accélération de prépondérance de l'industrie au
cours des exercices 1981-1982 et 1983-1984 où le poids du secteur
secondaire gagne respectivement 6,8 points et 4,3 points.
2. Multiplication des missions de développement
Les missions de développement étaient assez
proches des sociétés de développement. Elles furent
créées pour répondre à des besoins immédiats
dans les domaines où l'État n'a pas jugé nécessaire
de créer une société de développement et
étaient parfois circonscrites dans une région
particulière. Elles étaientplacées sous la tutelle du
Ministère de l'économie et du plan, et mobilisaient d'importants
moyens financiers extérieurs (dette) qui en firent par la suite des
«éléphants blancs».
Le quatrième plan se caractérise par une
multiplication de ces sociétés. On peut citer entre autre :
laWum Area DevelopmentAuthority (WADA) ; Mission de Développement de la
Haute Vallée du Noun ; la Mission de Développement des
cultures Vivrières et maraîchères (MIDEVIV). Des
sociétés de développement pouvaient également
être des missions de développement de certaines cultures dans des
régions précises : c'est le cas des SODES mentionnés
dans le tableau 3. Étant donné que les plans en cours visent une
augmentation de la production vivrière, une attention
particulière sera portée ici sur la MIDEVIV.
La MIDEVIV fut créée par décret
présidentiel n°73/584 du 26 septembre 1973 et était
chargée à l'époque de sa création de
résoudre les problèmes alimentaires en assurant
l'équilibre entre la production et la demande en produits vivriers d'une
part, et en garantissant une distribution rationnelle de nature à
irriguer les centres urbains dans les meilleures conditions d'autre
part254(*).
En effet, c'est pour faire face au problème de
l'approvisionnement des grands centres urbains en produits vivriers et à
des prix compatibles avec les ressources des consommateurs que le gouvernement
lança l'opération «ceinture verte»255(*) et créa ainsi la
MIDEVIV pour sa mise en oeuvre.256(*)C'était un établissement public
à caractère agricole, industriel et commercial.
Ses attributions telles que définies par le
décret étaient : la mise sur pieds du programme ceinture
verte autour des grandes villes ; l'identification, l'étude et la
mise en oeuvre de tous les projets de développement des cultures
vivrières, maraichères et fruitières en vue de ravitailler
les centres urbains ; la réalisation des plantations des cultures
vivrières, maraichères et fruitières , et la
commercialisation de ces produits257(*).
La MIDEVIV consacra ses efforts sur deux goulots
d'étranglement : la productivité dans les exploitations
agricoles traditionnelles et les prix des produits alimentaires dans les grands
centres urbains. Par la collecte et la distribution des productions
vivrières traditionnelles des zones environnantes des villes, la MIDEVIV
put raccourcir le circuit de distribution de nombreux produits vivriers qui
étaient jusqu'ici marqués par la surabondance des
intermédiaires. Ces actions permirent substantiellement de
réduire les tensions qui sévissaient sur ces
marchés258(*). De
1974 à 1983, elle commercialisa 18.000 tonnes de vivres (Yaoundé,
Mbalmayo, Garoua)259(*).
Dès 1976, la MIDEVIV lança le projet
«Semencier Nord», qui visait à produire et à
diffuser les semences améliorées d'arachide et de sorgho et ce
avec l'aide de l'US-AID et de la FAO en vue d'étendre l'opération
sur tout territoire260(*).
Mais une telle politique se révéla, à
terme, irréalisable dans la pratique, du fait des problèmes
rencontrés sur le terrain par la MIDEVIV. Les produits offerts par cette
dernière dans les régions du Centre (Yaoundé) et du Sud
(Ebolowa) sont périssables, contrairement à ceux de la province
du Nord261(*).
B. La politique des intrants et l'encadrement des
agriculteurs
La clé du développement agricole, passait
impérativement par une augmentation de l'aide accordée par l'Etat
aux producteurs à travers une augmentation des subventions en intrants
agricole et un encadrement accru.
1. La politique des intrants
L'interventionnisme de l'Etat persistait dans ce domaine
à travers une distribution parfois gratuite des intrants aux
agriculteurs. L'Etat subventionnait entièrement cette opération
à travers les SODES, les missions de développement et les
organismes financiers.
En 1973 fut mis en place un programme d'engrais en vue
d'accentuer la vulgarisation débutée en 1960 par le PNE. Les
paysans étaient approvisionnés à moitié prix, voir
gratuitement en engrais et d'autres intrants agricolestels que les produits
phytosanitaires et des pulvérisateurs262(*) et des semences sélectionnées. Ces
intrants étaient importés ou produits localement par l'Etat et
leur coût était déduit du prix versé par les SODES
ou les coopératives au moment de l'achat de la récolte.
2. L'encadrement des agriculteurs
L'encadrement des agriculteurs s'inscrit en grande partie
dans le sens de l'extension de l'agriculture d'exportation paysanne. C'est dans
ce sens qu'elle est beaucoup plus visible au sein de certaines SODES et des
structures d'encadrement des PME.
La SODECAO par exemple, encourageait la production du cacao et
assurait également l'achat auprès des paysans. De manière
spécifique, elle améliora la production paysanne grâce aux
semences hybrides à haut rendement sélectionnées à
la station de Nkoemvone près d'Ebolowa263(*). Elle assurerait la formation des planteurs et leur
organisation en même temps que l'intensification des mesures de lutte
contre la pourriture brune et les capsides et effectuait des opérations
de récolte et de préparation du cacao, ainsi que celles du
transport et de l'achat de ce produit auprès des planteurs. La
fourniture des plants améliorés, produits phyto-sanitaires, et un
encadrement technique rapproché264(*) figuraient également parmi ses
activités d'encadrement.Dans les régions forestières du
Sud, la SODECAO mena une lutte sans merci contre les insectes et les maladies
du cacao265(*). De
vastes campagnes de lutte anti-capside et de lutte contre la pourriture brune
furent lancées.
A la disposition des planteurs, la SODECAO affecta des agents
et techniciens agricoles afin de les accompagner dans ce combat. Cette
structure avait ainsi réussi à faire acquérir aux
planteurs, une maitrise certaine des différents dosages utilisés
dans l'emploi des sachets de fongicides266(*). Elle a assura pendant plusieurs années, le
suivi d'un échantillon d'exploitations agricoles réparties dans
des villages différents de la zone cacaoyère. L'UCCAO effectuait
les mêmes tâches dans le domaine du café267(*) et la SODECOTON dans le
domaine du coton268(*).
Il faut également noter quepour le soutien aux petites
et moyennes entreprises, deux structures d'encadrement furent
créées. Ce fut le cas en 1970 du Centre d'Assistance pour PME
(CAPME) dont les fonctions comprenaient la formation d'entrepreneurs,
l'assistance technique et gestionnaire de projets et la coordination de tous
les efforts de promotion des petites et moyennes entreprises269(*). Il fut suivi en 1975, du
Fond de Garantie pour PME (FOGAPME), pour subvenir aux besoins financiers des
PME par la prise en charge d'études de projet, la prise de participation
dans des PME, l'octroi de garanties bancaires et de crédits.
C. Amélioration de la recherche agronomique
La poursuite du processus d'institutionnalisation de la
recherche au Cameroun donna lieu à la mise en place effective de
l'ONAREST en juin 1974270(*).L'ONAREST avait pour mission de coordonner la
recherche scientifique sur l'ensemble du territoire, donner un avis au
gouvernement sur tout ce qui est scientifique et programmer de la
recherche271(*). Il
était en quelque sorte l'organe scientifique du gouvernement et
s'occupait surtout des instituts français de recherche dont il assurait
la coordination272(*).
Ces instituts continuaient à jouer un rôle important en
fournissant leur personnel de recherche et des possibilités de formation
à l'étranger pour les camerounais. Elles se regroupèrent
plus tard au seindu Groupement d'Etudes et de Recherches pour le
Développement de l'Agriculture Tropicale (GERDAT)273(*) qui s'occupait
également des recherches sur les cultures.
L'ONAREST fut réorganisé enen mars
1976274(*) et
remplacée par la Délégation Générale
à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST) en 1979275(*), qui commença
à fonctionner en 1980. Elle comprenait cinq instituts de recherche parmi
lesquelles on notel'Institut de la Recherche Agronomique (IRA) et l'Institut
des Recherches Zootechniques (IRZ). Ce sont ces institutsqui couvraient
l'ensemble des recherches agricoles au Cameroun pendant cette
période : l'IRA (pour les cultures et la forêt) et l'IRZ
(pour les animaux, les pâtures, les fourrages, et les pêches).
Chaque institut était divisé en centres
comprenant une ou plusieurs stations. Ces dernières pouvaient
être responsables administrativement d'une ou plusieurs antennes et
points d'essai dans la région. L'IRA comprenait quatre centres de
recherches agronomiques (CRA), un centre de recherches forestières (CRF)
et un centre national des sols (CNS). Le CRA regroupait 11 stations de
recherche et 26 antennes. Le CRF comptait quant à lui 4 stations et 8
antennes et le CNS 2 stations et 2 antennes. L'IRZ était
structuré autour de 3 centres, 7 stations et 5 antennes276(*).Les programmes dans les
instituts de recherche portaient sur des productions alimentaires et certaines
disciplines scientifiques.
La recherche agricole s'effectuait également à
travers des institutions para-étatiques, ceci en liaison avec l'IRA et
l'IRZ, ou indépendamment. Ce fut le cas du Centre National d'Etude et
d'Expérimentation du Matériel Agricole (CENEEMA), crée le
26 janvier 1974 par décret présidentiel dans le but
d'accélérer la mécanisation du secteur agricole277(*). Il réalisait des
tests et des essais de machines, créait des équipements
adaptés aux petites exploitations, exécutait des recherches sur
les énergies renouvelables et conseillait le gouvernement en
matière de machinisme agricole.
III. FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE, POLITIQUE
COMMERCIALE ET PROMOTION DU MOUVEMENT COOPERATIF
La politique interventionniste du gouvernement camerounais
était également visible dans le financement du secteur agricole
et le mouvement coopératif.
A. Le financement du secteur agricole
Dans le monde rural, le capital est reconnu comme étant
un handicap sérieux dans la production agricole. Plusieurs auteurs
soutiennent que la modernisation de l'agriculture passe absolument par
l'approvisionnement des producteurs en crédit pour financer l'achat des
inputs modernes indispensables278(*).Cette nécessité a été
très tôt comprise par la plupart des pays africains. Ainsi, de
nombreux organismes spécialisés dans la distribution du
crédit agricole ont été mis sur pied. Le Cameroun n'est
pas resté en marge de cette évolution.
Dès le troisième plan quinquennal, le
financement du monde rural connut une forte implication de l'Etat. Dans
l'application de sa politique interventionniste, l'Etat assurait l'essentiel du
financement de l'activité agricole à travers les SODES et des
structures de financement279(*). A cet effet, la structure la plus importante fut
leFond National de Développement Rural (FONADER)
Crée par l'Ordonnance n°73/24 du 29 mai 1973, le
FONADER était un organisme financier public d'intervention en milieu
rural chargé de fournir un support financier au développement
rural du pays280(*).
Ilfut conçu comme une «banque du paysan»281(*).Il était le support
financier naturel des coopératives, des groupements de paysans et des
organismes d'intervention en milieu rural.
A ce titre, il devait accorder directement des crédits
aux paysans individuels ou à des groupements engagés dans
l'agriculture ou l'élevage282(*), assurer le stockage et la distribution des intrants
agricoles subventionnés283(*) ;Il devait également intervenir dans les
projets agricoles pour une promotion du marketing des produits.
Pour parvenir à ses objectifs, le fonds se dota d'une
structure décentralisée au niveau des provinces et des
départements avec des bureaux périodiques installés un peu
partout dans le pays afin de se rapprocher du monde rural. Son activité
de crédit s'effectuait soit de façon directe aux individus, aux
groupes d'agriculteurs afin de réduire les coûts de transaction et
faciliter le recouvrement ; soit sous forme de crédits d'investissements
aux coopératives et aux adhérents des coopératives qui
permettaient de refinancer les crédits mis à ladisposition de
celles-ci afin de leur permettre d'atteindre les petits agriculteurs ; soit
encore aux sociétés de développement avec ou sans
activité de commercialisation284(*).
Pour canaliser les diverses subventions en direction du monde
rural, il utilisait comme relais le système coopératif285(*).Les coopératives dans
l'ensemble jouaient ainsi le rôle de courroie de transmission dans la
distribution de Crédit Engrais, Crédit Fongicides et
Crédit Pulvérisateurs financés par le FONADER286(*). Le tableau 5 nous
présente les crédits accordés par le FONADER aux
différents acteurs.
Tableau 5 : crédits
accordés par le FONADER par catégorie d'acteurs (103
FCFA) entre 1973 et 1985
Exercice
|
Montant par catégorie de bénéficiaires
|
Montant
TOTAL
|
Individus
|
GAM
|
COOP
|
Sociétés de Développement
|
1973-74
|
45590
|
41628
|
11773
|
62150
|
161 141
|
1974-75
|
418762
|
154918
|
194875
|
121246
|
889 801
|
1975-76
|
646789
|
256988
|
97200
|
285906
|
1 286 883
|
1976-77
|
711264
|
370281
|
291625
|
446647
|
1 819 817
|
1977-78
|
702543
|
410824
|
396881
|
891635
|
2 401 883
|
1978-79
|
635330
|
481854
|
425638
|
925658
|
2 468 480
|
1979-80
|
876372
|
502430
|
652390
|
25000
|
2 056 192
|
1980-81
|
876879
|
482606
|
412686
|
406000
|
2 178 171
|
1981-82
|
876000
|
460842
|
567597
|
46810
|
1 951 249
|
1982-83
|
1001919
|
154052
|
676889
|
367000
|
2 199 860
|
1983-84
|
1391755
|
245434
|
201363
|
150000
|
1 998 552
|
1984-85
|
4210448
|
234462
|
2597794
|
40000
|
7 082 704
|
Source : Stratégies de
développement agricole 1980-1990, Extrait de Ondoa Manga Tobie
Le FONADER apporta un soutien financier aux
sociétés d'encadrement du monde rural. Toutefois, il faillit
à sa mission d'assistance matérielle et pécuniaire aux
paysans. Et pour cause : ne disposant que de sept agences à
Yaoundé, Douala, Bafoussam, Kumba et Bertoua etc., il n'était pas
en mesure d'assurer, une couverture complète du pays. En outre, au lieu
d'accorder des crédits aux paysans qui se présentaient à
ses rares agences, le FONADER préférait satisfaire les
fonctionnaires disposant d'appuis politiques, des protections au plus haut
niveau qui le sollicitaient à titre d'agriculteurs, ou à ceux qui
disposaient des biens pouvant être hypothéqués287(*).Les fonds étaient
ainsi prêtés à des agriculteurs de façade, le plus
souvent des hommes politiques, dans l'optique d'une plus value
politique.288(*) Et
comme par-dessus tout cet organisme supportait des charges de fonctionnement
élevées, il allait connaitre des défaillances. Ainsi, au
début de l'année 1982, face à l'amenuisement de ses
ressources lié au non recouvrement des prêts consentis aux
fonctionnaires déguisés en agriculteurs, aux frais
defonctionnement élevés et à une gestion approximative, il
ne pouvait plus fournir un soutien financier aux sociétés
d'encadrement rural, ni accorder de nouveaux crédits.
B. Promotion des coopératives
Au lendemain de l'unification des deux Cameroun en 1972, fut
promulguée la loi n°73/15 du 7 décembre 1973 portant statut
des sociétés coopératives au Cameroun avec son
décret d'application n°74/874 du 29 octobre 1974289(*). Cette loi conférait
les pouvoirs les plus étendus d'inspection et de contrôle à
l'État vis-à-vis des coopératives290(*), celui-ci approuvant les
nominations ou nommant directement les directeurs des
coopératives291(*)et ayant par ailleurs le droit de révoquer un
membre du conseil d'administration.
L'État encouragea la création des
coopératives et cette volonté politique fut à l'origine de
l'émergence des organisations rurales de producteur de natures
diverses : associations, coopératives, Groupements d'Initiatives
Commune (GIC), Groupements d'Intérêt Economique (GIE), Groupements
d'Agriculteurs Modernes (GAM)292(*). Les coopératives servaient de relais
à l'Etat et aux SODES dans l'organisation de la distribution des
intrants, la collecte des produits, 293(*)la mise en oeuvre d'exécution de certaines
opérations agricoles, l'octroi et du recouvrement des crédits, et
l'organisation de l'épargne.
Le mouvement coopératif était surtout visible
dans la zone Bamiléké. Dans le département des Bamboutos
par exemple, fut fondée en 1978, la Coopérative Agricole des
Planteurs du Bamboutos (CAPLABAM). Des coopératives existantes depuis la
période coloniale fusionnèrent pour devenir de grands ensembles.
Ce fut le cas de la fusion entre la Coopérative de Collecte et de Vente
(COOPCOLV)294(*) et la
Coopérative Agricole des Planteurs Bamiléké de Café
d'Arabie (CAPBCA)295(*)
qui donna naissance à la Coopérative des Planteurs de la MENOUA
(COPLAME) qui devient par la suite la Coopérative Agricole des Planteurs
de la Menoua (CAPLAME). La région comptait concrètement sept
coopératives placées sous la tutelle de l'Union des
Coopératives de Café Arabica de l'Ouest qui changea de nom en
1975 pour devenir l'Union Centrale des Coopératives Agricoles de
l'Ouest296(*).
A travers une série de réformes, les
coopératives cessèrent d'être de simples caisses de
dépôts en matière d'épargne, et on arriva à
des coopératives d'épargne et de crédit dont certaines
opèrent comme de véritables-micro banques rurales.Ce mouvement
des coopératives d'épargne et de crédit avait
déjà vu le jour au Cameroun dans la zone anglophone, avec la
création de premières caisses d'épargne et de
crédit en 1963, sous l'impulsion de missionnaires catholiques297(*). La «Cameroon
Coopérative Credit Union League» (CAMCCUL) qui était ainsi
née était considérée comme un système
d'épargne et de crédit coopératif mutuel,
privilégiant l'épargne. Son expansion débuta en 1968 dans
le sud-ouest, et se poursuit à partir de 1973 vers l'ouest, le littoral,
le centre, le sud298(*).
Dans la zone francophone, les coopératives
d'épargne et de crédit naissent en 1970, soit une décennie
après la partie anglophone, toujours sous l'impulsion de l'église
catholique et l'appui du mouvement international Desjardins299(*). Le mouvement s'étend
dans le diocèse et crée une union de caisses dès 1973,
l'Union des Caisses Populaires de Yaoundé (UCPY) qui commence par
mobiliser l'épargne avant d'octroyer des prêts vers 1978300(*). Cependant ces caisses vont
succomber suite au zèle des responsables qui voulaient accroître
les ressources en diversifiant les placements autres que les prêts aux
membres.
L'interventionnisme de l'Etat constituait un frein pour le bon
fonctionnement des coopératives. En effet, à travers les services
agricoles, l'Etat contrôlait les coopératives de près,
alors que son soutien était très relatif. Cela rendait le
rôle des coopératives, ambigüe. Leur proximité
à l'Etat les rendait vulnérables aux mêmes
phénomènes d'abus que l'Etat lui-même, mais leur fonction
resta néanmoins importante, qu'elles restèrent toujours à
peu près fonctionnelles.
C. La politique commerciale
La politique commerciale des produits agricoles étaient
en grande partie assumée par l'Office National de la Commercialisation
des Produits de Bases (ONCPB)301(*).
Cette institution fut mise en place par le décret
n°76/20 du 09 Septembre 1796302(*) à la suite de la fusiondu «Marketing
Board» et de la «caisse de stabilisation» qui opéraient
respectivement dans le Cameroun anglophone et francophone. Sa mission
était d'effectuer des prélèvements sur les recettes
d'exportation et d'assurer en retour une stabilité des prix aux
planteurs303(*),financer
les SODES et les missions de développement, le désenclavement des
zones de production et effectuer des placements auprès des banques
commerciales et du trésor public pour l'achat des produits auprès
des paysans304(*).
En plus de son activité de marketing, l'office
finançait et mettait à la disposition du secteur rural un certain
nombre de services notamment, les intrants agricoles en finançant
le FONADER afin qu'il puisse mettre à la disposition des ruraux des
intrants à des prix fortement subventionnés ; Les
crédits305(*) et les services de recherche et de
vulgarisation.
L'ONCPB, agissait à travers les coopératives et
leurs réseaux et son activité était majoritairement
axée vers les cultures de rentes tout en tenant compte de certaines
cultures telles que les arachides et les noix de palme306(*). Les
prélèvements effectués sur les recettes de ces cultures
étaient utilisés partiellement pour assurer la stabilité
des prix aux producteurs, accorder des subventions et financer les entreprises
publics et parapubliques qui se sont révélées être
des gouffres financiers.
A l'exportation l'ONCPB contrôlait le commerce du cacao,
café et coton. Elle servait d'intermédiaire entre les
producteurs et les organisations internationales impliquées dans le
secteur.Tout en offrant des circuits de commercialisation aux producteurs, il
joua également un rôle de tampon face aux fluctuations des prix
sur le marché mondial. En cas de baisse des prix mondiaux, les prix aux
producteurs étaient subventionnés, dans le but d'encourager les
agriculteurs à continuer la production des cultures d'exportation
jugées stratégiques. Elle avait également la charge de la
gestion des fonds STABEX307(*) avec les partenaires européens et
siégeait à l'Organisation Internationale du Cacao (OIC).
IV. REVOLUTION VERTE ET EVALUATION DES POLITIQUES
AGRICOLES SOUS ECONOMIE ADMINISTREE
Au terme des vingt glorieuses du jeune Etat camerounais, une
évaluation ex post des différentes politiques agricoles
entreprises est nécessaire. Toutefois, nous ne pourrions entamer cette
évaluation sans évoquer l'un des programmes phare de cette
période à savoir la révolution verte.
A. LA REVOLUTION VERTE
La révolution verte lancée au Cameroun fut avant
tout un concept importé d'ailleurs et concrétisait
l'avènement de l'agriculture de première génération
au Cameroun.
1. la révolution verte : un concept
importé d'ailleurs
Au cours des années soixante, des bailleurs de fonds
internationaux308(*)
ainsi que des fondations privées, notamment les fondations Ford et
Rockefeller, mirent l'accent sur la nécessité de financer la
recherche agricole dans les pays en développement. Plusieurs centres de
recherche nationaux et internationaux virent le jour : La FAO,
créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, fut ainsi
chargée de gérer l'assistance technique et les programmes de
formation. Les Fondations Ford et Rockefeller, la Banque Mondiale, la FAO et le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
créèrent le Groupe Consultatif pour la RechercheAgricole
Internationale (GCRAI)309(*), dont l'un des objectifs était de «[...]
produire des retombées technologiques positives, notamment dans les pays
qui n'étaient pas en mesure de tirer le plein profit de leur
investissement dans la recherche»310(*). On note également l'Institut International
de Recherche sur le Riz aux Philippines en 1959 et le Centre International pour
l'Amélioration du Blé et du Maïs au Mexique en
1963311(*). Ces
instituts élaborèrent de nouvelles variétés de
céréales à haut rendement qui devaient assurer les besoins
alimentaires croissant des pays du Sud.
En effet, on pensait que les variétés de
céréales traditionnelles caractérisées par de
faibles rendements, ne permettraient pas de faire face à l'accroissement
de la demande générée par une démographie
galopante. L'introduction dans les agricultures du Sud de ces nouvelles
Variétés à Haut Rendement (VHR) prit le nom de
«green revolution» («révolution verte»)
dont la paternité du terme est attribuée à William Gaud en
1968312(*).
Contrairement à ce qu'avancent certains, l'Afrique noire a connu sa
révolution verte dans les progrès accomplis pour améliorer
les rendements des cultures d'exportation et de certaines cultures
alimentaires. Le Cameroun n'était donc pas en reste.
2. La révolution verte au Cameroun :
lancement de l'agriculture de première
génération
C'est le 9 mars 1973, lors du premier comice agropastoral de
Buea, qu'Ahmadou Ahidjo lançala «révolution verte» pour
la première fois au Cameroun. Dans le contexte camerounais, Cette
révolution verte,
Implique la solution du problème de
développement de l'agriculture comme base nationale de l'alimentation de
la population et de l'essor industriel du pays, et surtout comme acteur
essentiel dans la stratégie de croissance...c'est le refus que
l'agriculture soit en retard, le parent pauvre de la croissance ; c'est la
ferme volonté de placer l'agriculture en tête des facteurs de
croissance313(*).
Elle suppose le passage d'une agriculture traditionnelle
à une agriculture moderne et exprime le souhait de l'abandon d'une
agriculture de subsistance pour une agriculture de marché, d'assurer une
alimentation suffisante à la population et d'augmenter les exportations
des produits agricoles314(*). Elle avait pour objectif initiaux :
l'accélération de la croissance du monde rural en
remédiant à la pénurie des denrées alimentaires, la
stimulation du progrès général de l'économie en
favorisant la production des matièrespremières nécessaires
à l'essor industriel, en accroissant les exportations des produits
agricoles et en élargissant les débouchés
intérieurs des industries existantes ou à créer315(*).
En outre, la révolution verte visait à
aménager l'espace rural dans le but de limiter considérablement
l'exode rurale et constituer une main d'oeuvre abondante pour le secteur
agricole. Les initiatives prises et les projets envisagés concernaient
ainsi l'aménagement collectif des campagnes, l'objectif étant de
maintenir un nombre important de personnes en campagne, main d'oeuvre utile
à la fois pour les exploitations des cultures de rente et de cultures
vivrières. Les instruments de mise en oeuvre de ce projet de
développement étaient les SODES, les missions de
développement et le FONADER et les comices agro-pastoraux
B. Evaluation des politiques agricoles sous économie
administrée
Il s'impose à ce niveau de faire un break et
d'évaluer les effets des politiques agricoles pendant l'économie
administrée et la situation du paysan.
1. Politiques agricoles et croissance
économique pendant les vingt glorieuses (1960-1980)
Dans les années soixante, l'économie
camerounaise profita de la stabilité des cours mondiaux de ses biens
d'exportation les plus importants, le café et le cacao. Malgré
les problèmes de rendement et de qualité, la production agricole
augmenta de façon significative grâce à des extensions de
la surface de production. Cela permit la réalisation d'une croissance du
PIB de 5,9% par an en moyenne entre 1960 et 1969 (en prix constants de
1980)316(*). Cet
accroissement du fut le fait d'une économie exportatrice de
matières premières agricoles. Par exemple, alors qu'il exportait
93 600 tonnes de cacao et 48 800 tonnes de café en 1965, le Cameroun en
exporte respectivement 110 620 tonnes et 92 460 tonnes en 1975317(*).
Tableau n° 6 : Évolution de
la part de l'agriculture dans le PIB au Cameroun de 1965 à 1972
année
|
1965
|
1966
|
1967
|
1968
|
1969
|
1970
|
1971
|
1972
|
part de l'agriculture dans le PIB (%)
|
32,732
|
31,851
|
31,133
|
31,506
|
30,724
|
31,364
|
31,004
|
31,965
|
Source : Banque Mondiale, World
DevelopmentIndicator, 2014
Dans la première moitié des années 70,
cette dynamique de croissance se ralentit. Bien que la croissance des recettes
d'exportation de café et de cacao se poursuivait, cela ne se
répercutait plus sur le PIB, dont la croissance moyenne annuelle
en prix constants de 1980 baissa à 4,1% par an (de 1969 à
1976)318(*). La part de
l'agriculture dans le PIB stagna autour de 30%. A partir de 1977, la croissance
des recettes d'exportation de café et de cacao s'affaiblit et devint
même négative dans les années 80. C'est l'exploitation de
pétrole débutant en 1977 qui fut à l'origine de la
croissance économique de cette période. La part de l'agriculture
dans le PIB stagna autour de 30% (tableau n°7). Pendant la période
de l'économie administrée, les produits agricoles d'exportation
représentaient plus de 50% de la valeur des exportations du pays
(tableau n°8).
Tableau n° 7 : Évolution de
la part de l'agriculture dans le PIB au Cameroun de 1965 à 1980
année
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
part de l'agriculture dans le PIB (%)
|
30,793
|
29,54
|
29,12
|
27,61
|
33,645
|
31,353
|
30,824
|
31,272
|
Source : WDCI 2014
Tableau n°8: contribution de
l'agriculture à la croissance du PIB de 1966 à 1985
Année
|
Contribution (%)
|
Année
|
Contribution (%)
|
1966
|
1,28%
|
1976
|
0,44%
|
1967
|
2,00%
|
1977
|
0,46%
|
1968
|
1,99%
|
1978
|
1,19%
|
1969
|
2,04%
|
1979
|
3,99%
|
1970
|
1,84%
|
1980
|
0,07%
|
1971
|
0,50%
|
1981
|
3,90%
|
1972
|
2,18%
|
1982
|
1,09%
|
1973
|
1,52%
|
1983
|
-2,09%
|
1974
|
1,84%
|
1984
|
2,11%
|
1975
|
0,44%
|
1985
|
2,09%
|
Source : Banque Mondiale (WDI, 2014)
Graphique 2: évolution du rendement des
cultures d'exportation
Source : FAOSTAT
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
ANNEES
KG/HA
Café
Cacao
Coton
2. Un bilan mitigé
Le bilan de actions menées par l'Etat
révéla que : malgré l'effort de développement
de la recherche agronomique, les acquis sont restés inaccessibles aux
paysan du fait d'une part, du niveau peu développé des liaisons
entre la recherche et la vulgarisation ou de leur quasi inexistence dans
certains cas ; d'autre part, de l'inadaptation des thèmes de
recherche aux besoins réels des petits producteurs.
Les actions menées par l'Etat témoignaient
certes d'une volonté politique affirmée de consolider
l'agriculture comme moteur essentiel, mais les résultats furent peu
insuffisants.Le constat qui peut être fait est que la bonne tenue des
cours des produits de base n'a pas toujours profité au secteur
agricole : les paysans enregistrèrent au cours des vingt glorieuses
une dégradation continue de leur capital social319(*) du fait d'une
activité agricole dans laquelle les fonctionnaires se trouvent à
l'amont et à l'aval des décisions et des axes
stratégiques. Ce capital remplissait néanmoins une double
fonction. D'une part, il servait de soupape sécuritaire aux chefs de
ménages en termes d'assurance, de retraite, de rente annuelle, et
permettait d'autre part de financer la scolarisation des enfants ainsi que les
soins primaires320(*).
La volonté de s'appuyer sur la paysannerie pour
développer les productions destinées au marché
intérieur ne s'est pas traduite par l'accroissement des moyens mis
à sa disposition. La révolution verte lancée en fanfare en
1973 n'a pas réussi sa percée comme prévu : le taux
d'exode rural s'est en fait accéléré : 16% de la
population vivaient dans les centres urbains aux alentours de 1970, 34% en
1980321(*). Bien que
l'agriculture soit le moteur économique pendant cette période, on
distingue toujours un secteur rural défavorisé, fortement
enclavé et vivant pratiquement dans des conditions de pauvreté
totale322(*).
Malgré le maintient de l'autosuffisance alimentaire et
une évolution favorable de la production agricole,le constat qui
s'impose est que les performances de ce secteur ont connu une évolution
mitigée et les potentialités de production sont restées
insatisfaisantes (graphique 3 et 4) pour un pays comme le Cameroun.
Graphique 3: evolution des principales
cultures d'exportation de 1960 à 1980 en tonne
0
200000
400000
600000
800000
1000000
1200000
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
Caoutchouc
Café
Cacao
Palmier à huile
Coton
Banane
Canne à sucre
Graphique n° 4: evolution des principales
cultures vivrières en tonne de 1960 à 1980
Source : FAOSTAT
Source : FAOSTAT
0
500000
1000000
1500000
2000000
2500000
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
Manioc
Plantains
Taro (Colocassiaspp)
Igname
Racinesettubercules
Sorgho
Maïs
Riz paddy
Blé
L'impact du programme de mécanisation agricole reste
marginal et 85,3% des agriculteurs continuent d'utiliser uniquement
l'énergie humaine dans la production agricole contre 12,9% utilisant la
traction animale et 1,8% pour les tracteurs.Les sociétés de
développement créées pour encadrer les producteurs sont
devenues pour la plupart des gouffres financiers pour les subventions
publiques sans résultats probants.Les coopératives mises en
place ont de piètres performances en raison de l'interventionnisme
poussé des pouvoirs publics et de la mauvaise gestion des
bureaucrates dirigeants. Notons de même que le système de
commercialisation des produits d'exportation comporte beaucoup
d'intermédiaires ; ce qui entraîne des coûts de
commercialisation élevés.
Le secteur rural est toujours miné par une
précarité totale malgré l'émergence de grands
cultivateurs de cacao, ce produit étant vendu uniquement entre le mois
de septembre et octobre. Tout le long de l'année, le paysan est ainsi
quasiment abandonner à lui-même et se livre à une
économie de subsistance ou d'autocosommation.
Ainsi, bien que le secteur agricole ait
bénéficié du cinquième environ des investissements
publics du pays et de l'interventionnisme pendant la période des vingt
glorieuses, le succès des stratégies successives est reste
mitigé et la condition du paysan du paysan reste à
déplorer. Les gains du secteur agricole ont plutôt servit dans
d'autres domaines que le secteur rurale qui renferme les ¾ des producteurs
agricoles. Cette situation s'empire avec l'avènement de la crise des
années 80 qui amène le gouvernement à revoir sa politique
économique
CHAPITRE IV : CRISE ECONOMIQUE, DESENGAGEMENT DE
L'ETAT ET NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE (1985-2000)
Durant deux décennies, et malgré deux chocs
pétroliers, le secteur agricole assura une progression lente mais
continue de la croissance économique du Cameroun. Le pays était
classé parmi les pays à revenus intermédiaires avec un
avenir d'autant plus prometteur qu'il engrangeait depuis 1977 de substantiels
revenus de l'exploitation de ses gisements de pétrole. Quelques
années après, cet élan de progrès économique
fut durablement brisé. Le pays entra dans une profonde récession
dont le corollaire fut une réorientation du système
économique camerounais en générale et du secteur agricole
en particulier. Ce chapitre s'intéresse à cet effet à la
réorientation des politiques agricoles pendant et après la
période de crise au Cameroun.
I. CONTEXTE MACRO-ECONOMIQUE ET PROGRAMME D'AJUSTEMENT
STRUCTUREL DU SECTEUR AGRICOLE
Vers le milieu des années 80, les économies
africaines sont brutalement stopper dans leur élan par une fluctuation
orchestrée par des facteurs externes et internes. Ce processus fut
à l'origine d'une véritable réorganisation du secteur
économique. Le Cameroun ne fut pas à la marge de ce marasme.
A. Contexte macro-économique : la crise
économique des années 80
Après avoir connu l'euphorie pétrolière
sans mettre en place les conditions d'une croissance économique durable,
le Cameroun vit, au milieu des années 1980, ses termes de
l'échange se détériorer, les déficits financiers
s'accumuler et son économie régresser.
En effet, deux violents chocs externes
révélèrent les faiblesses de 1'économie
camerounaise : la chute des cours mondiaux du cacao, du café323(*) et du pétrole qui
affecta très fortement les termes de 1'échange; la
dépréciation du dollar324(*). Sur le plan interne, la crise se justifie par une
mauvaise orientation de la politique de crédit, carence technique des
professionnels, l'inefficience de l'interventionnisme étatique ;
les nombreuses insuffisances de l'environnement des affaires, «la
politique du ventre»325(*) menée par les dirigeants326(*).
Confronté au déclin de son économie, le
pays dont les dirigeants refusaient de voir la crise327(*) lança son propre
ajustement structurel en 1986, sans recours aux institutions financières
internationales328(*).
Ainsi, pour faire face à ses échéances internes329(*), le gouvernement puisa dans
ses recettes pétrolières, placées dans des comptes
«hors budget» à l'utilisation plus ou moins
secrète330(*).
Elles s'épuisèrent vite et à la fin de l'année
1986, tous les indicateurs économiques virèrent au rouge. Les
finances publiques enregistrèrent un déficit d'une envergure
jusqu'alors inconnue, correspondant à 12,8% du PIB331(*). La crise de
liquidité de l'Etat s'étendit rapidement au secteur bancaire et
au secteur privé suite à l'incapacité de l'Etat d'honorer
ses dettes internes. La récession affecta le fonctionnement du
système productif et la structure de l'emploi en milieux ruraux
traditionnellement marqués par les cultures de rente332(*).
La sévérité de la récession
contraint le gouvernement à se placer sous la perfusion
financière du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque
Mondiale dans le cadre d'un programme d'ajustement structurel. La signature le
18 septembre 1988333(*)
du premier accord de confirmation avec le FMI mit fin à cinq lustres de
développement planifié et ouvra l'ère de l'ajustement
structurel. L'objectif était de stabiliser les finances publiques. Le
programme économique exécuté comportait les grands axes
suivants : relèvement du niveau des impôts et taxes,
réduction de la masse salariale, restructuration des entreprises
publiques, avec des options de liquidation ou de privatisation pour celles qui
ne sont pas performantes334(*). Un deuxième accord de confirmation fut
signé en décembre 1991 pour une durée de neuf
mois335(*), suivi d'un
troisième en mars 1994 pour 18 mois336(*).
Le Franc CFA fut dévalué de 50 % en janvier
1994 pour restaurer le niveau de compétitivité.
Parallèlement, les réformes fiscales aggravèrent le
chômage et détériorèrent davantage le niveau de vie
de la population accentuant ainsi la pauvreté. Entre 1984 et 1996, la
proportion de la population pauvre passa de 20,91% à 43,94% suivant la
ligne de pauvreté inférieure, et de 39,2% à 67,98% suivant
la ligne de pauvreté supérieure337(*). Le secteur agricole devait également
intégrer les PAS à travers le PASA.
B. Le Programme d'Ajustement Structurel Agricole (PASA)
Le PASA était un ensemble de programme
d'austérité qui consistait en la réduction des
dépenses publiques dans le secteur agricole et donc en une
révision du rôle de l'Etat dans la définition et la mise en
oeuvre des politiques agricoles. Il rentrait dans le cadre
général des politiques de rééquilibrage du secteur
agricole au sein desquels ont distinguait deux types d'actions : D'une
part les politiques dites de stabilisation qui cherchaient à
résorber à court terme le déséquilibre entre
l'offre globale et la demande globale, d'autre part les politiques dites
d'ajustement structurel338(*) qui cherchaient à résorber le
déséquilibre sectoriel afin de relancer la production agricole ;
en particulier les cultures exportables.
Cette cure d'austérité du secteur agricole fut
instituée dans le cadre des accords de confirmation signés par le
Gouvernement et les institutions de Bretton-Woods339(*). Ce programme était
axé sur une nouvelle stratégie de développement, à
moyen terme, du secteur agricole. Un ensemble de mesures fut ainsi entrepris:
libéralisation progressive dans l'approvisionnement en intrants
agricoles; privatisation progressive des activités de
développement de l'agriculture; restructuration des entreprises
publiques du secteur agricole devant déboucher sur un meilleur
équilibre de leur situation financière et une large
autonomie de leur gestion interne; plus grande responsabilisation des
agriculteurs340(*). La
mise sous ajustement structurel agricole s'est traduite par le
désengagement et une libéralisation du secteur agricole.
1. Désengagement de l'Etat
La mise sous ajustement structurel agricole conduit au retrait
de l'Etat de la plupart des services qu'il assumait avant. Face à
la pression de Washington et aux tensions de trésorerie, le gouvernement
du Cameroun procéda sensiblement à une réduction, puis une
élimination des subventions accordés à l'agriculture en
général, et aux intrants agricoles tels que les engrais
chimiques, les pesticides, en particulier341(*). Après un abandon de touts les projets de
développement rural prévues dans le cadre du sixième plan
quinquennal et des services fournis par le MINAGRI, le Cameroun se vit imposer,
la suppression de toute intervention publique au niveau de la commercialisation
des produits de rentes, et notamment la fixation du prix au
producteur342(*). Dans
cette mouvance, tous les dispositifs d'appui au monde rural, en ce qui concerne
la vulgarisation, la commercialisation des produits d'exportation, la mise en
place et le fonctionnement des organisations paysannes, ainsi que le
crédit rural subventionné, furent supprimés.
2. Libéralisation du secteur
agricole
A partir de 1988, l'Etat du Cameroun entreprit sous
la houlette des bailleurs de fonds des réformes visant à
libéraliser le secteur agricole. Pour ce faire, plusieurs mesures
législatives édictées jetèrent les bases juridiques
de libéralisation agricole au Cameroun.
Dans le domaine des cultures de rente, la
libéralisation fut lancée par la loi n°95/11 du 27 juillet
1991 portant organisation du commerce du cacao et du café. Son
décret d'application n°95/674/PM du 15 décembre 1995 fut
parachevé en 1997 par la signature de trois textes réglementaires
à savoir, le décret n°97/130/PM du 23 mars 1997 qui portait
sur réglementation du conditionnement et de la commercialisation des
fèves de cacao ; le décret n°97/131/PM du 23 mars 1997
qui réglementait le conditionnement et la commercialisation des
cafés verts ; le décret n°97/142/PM du 25 août
1997 qui modifiait et complétait certaines dispositions du décret
n°91/272 du 12 juin 1991 portant création de l'office national du
cacao et du café343(*).
A base de ces textes juridiques, des pas importants furent
faits dans le domaine de la libéralisation. L'organisation d'Etat qui
monopolisait la commercialisation du cacao et du café (ONCBP) fut
dissoute et une autre institution, avec un rôle fortement réduit
(l'ONCC)344(*) pris sa
place en 1991345(*). Les
producteurs parastataux avec des coûts élevés furent
supprimés : ONCPB, SODEBLE, MIDEVIV, Office
Céréalier, FONADER etc. D'autres furent privatisées par le
décret n°90/1423 du 3 octobre 1990 portant privatisation de
certaines entreprises du secteur public et parapublic et le décret
n°94/125 du 14 juillet 1994 portant admission de certaines entreprises du
secteur public et parapublic à la procédure de
privatisation346(*). Il
s'agit de :SOCAPALM, CAMSUCO, OCB, CENEEMA, COCAM, HEVECAM,
SODECOTON347(*).
L'approvisionnement et la distribution d'engrais, qui était
habituellement entièrement une opération d'Etat, devint largement
privés. L'autre mesure de libéralisation fut la levée des
taxes à l'exportation, jouant pleinement son effet à partir de
1996/97348(*). C'est
dans ce contexte de libéralisation que fut ainsi élaborée
une nouvelle politique agricole.
II. LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE (NPA)
La période libérale correspondait à
l'élaboration et la mise en oeuvre de la Nouvelle Politique agricole
(NPA) soutenue par plusieurs bailleurs dont le FMI et la Banque Internationale
pour la Reconstruction et le Développement (BIRD). Elle correspondait
à la dimension agricole des PAS déclinée dans le Programme
d'Ajustement du Secteur Agricole.
A. Processus d'élaboration et orientations
stratégiques de la NPA
Vue l'échec des méthodes de formulation des
politiques agricole pendant la phase de planification, l'Etat décida de
revoir son cadre d'élaboration des politiques agricoles et
définit de nouvelles orientations.
1. Processus d'élaboration de la
NPA
La NPA fut adoptée en 1990 dans un contexte des
mutations institutionnelles. La plupart des entreprises publiques
évoluant dans le secteur agricole furent privatisées, et une
relation de partenariat se noua avec le secteur privé. Ceci eut pour
impact une implication plus accrue des acteurs de ce secteur dans la
définition de la NPA. En outre, le contexte des mutations
institutionnelles coïncida avec l'émergence d'une
société civile forte et d'organisations paysannes. Ces deux
nouveaux acteurs jouèrent, à coté de l'Etat du Cameroun
et du secteur privé, un rôle de premier plan dans la conception de
la NPA349(*).
En résumé, dans le cadre de la NPA l'Etat du
Cameroun s'efforça à créer un cadre stratégique
à l'initiative du secteur privé et des OP350(*), à travers des
mesures de déréglementation et de privatisation visant à
réduire les gaspillages dans le secteur agricole, à rationnaliser
les ressources du secteur et à trouver des modes de gestion plus
efficients et durables.
L'étroite collaboration entre l'Etat à travers
le Ministère de l'Agriculture et la Banque Mondiale351(*), abouti à
l'élaboration de plusieurs projets/programmes définis sur la base
de résultats d'études et d'enquêtes participatives ayant
impliquées les acteurs du monde rural. Car dans ce contexte,
l'élaboration des politiques agricoles obéissaient à la
vision des institutions de Bretton-Woods qui firent valoir leur influence en
mettant à la disposition du pays des consultants internationaux
chargés de l'élaboration des politiques agricoles352(*).
Concernant la démarche méthodologique, il
convient de préciser que la NPA fut définie au niveau de la
direction en charge de la planification du développement agricole au
sein du Ministère de l'Agriculture. Ce travail de conception se basa sur
la mobilisation concertée des compétences de tous les acteurs de
ladite Direction. Après consensus, le projet de la NPA fut soumis aux
autres responsables de direction du Ministère de l'Agriculture à
l'occasion de la concertation annuelle des responsables353(*). Par la suite, une
première monture amendée fut discutée avec les
opérateurs économiques privés, les responsables des
organisations de producteurs et ceux des administrations partenaires au
développement agricole et rural354(*). Enfin, la NPA fut présentée à
la communauté des partenaires extérieurs au développement.
Cette concertation visait une plus grande cohérence entre la politique
agricole de l'Etat et les stratégies de développement agricole du
secteur privé.
2. Orientations stratégiques de la NPA
La nouvelle politique agricole était axée en
priorité sur la consolidation des acquis tant sur le plan de
l'autosuffisance alimentaire que sur celui des recettes d'exportation et une
amélioration significative des performances par le biais
d'optionsnouvelles dont : la privatisation progressive des
activités de développement de l'agriculturevisant à
réduire les gaspillages, à rationaliser les ressources et
à trouver des modes de gestion plus efficients ;la
responsabilisation plus accrue des agriculteurs ;la diversification de la
production agricole ;la protection de la production nationale355(*).
La stratégie de mise en oeuvre de cette politique
reposait sur une meilleure valorisation du potentiel de production et des
possibilités de commercialisation existantes. A cet effet, cinq
objectifs prioritaires furent retenus à savoir, la modernisation de
l'appareil de production en vue d'améliorer la productivité des
exploitations agricoles et la production ; la maîtrise de la
sécurité alimentaire ; la promotion et la diversification
des exportations ; le développement de la transformation des
produits agricoles ; l'équilibre des filières de
production356(*).
L'évaluation ex ante du secteur agricole
révéla également la nécessité de promouvoir
l'utilisation des intrants, le renforcement de la recherche agronomique et de
la vulgarisation agricole, le développement du crédit et des
infrastructures économiques de base. Ces objectifs devaient constituer
les grands domaines de la NPA.
B. Domaines prioritaires et programmes de la NPA
La NPA regroupe une multitude d'axes stratégiques que
nous avons choisi de regrouper en fonction de leur importance pour le secteur
agricole. Ces axes s'accompagnent d'une multitude de programmes dont nous en
éluciderons les plus importants.
1. Intrants, recherche agronomique et vulgarisation
agricole
Ce premier groupe a toujours constitué le domaine
prioritaire de toutes les politiques agricoles formulées au Cameroun. On
assiste pendant la NPA à sa restructuration en commençant par les
intrants.
a. Intrants agricoles
Au niveau des intrants, les réformes mises en oeuvre
portaient sur la suppression des subventions, la libéralisation du
commerce des engrais et pesticides et la mise en place d'une nouvelle
législation phytosanitaire. Ces mesures étaient
accompagnées par la mise en place de lignes de crédit pour en
faciliter l'importation. Deux programmes de réforme pour couvrir
respectivement le Sud et le Nord du pays furent mis en place. Ces programmes
avaient pour but de mettre en place un système durable et efficace pour
l'importation, la distribution et l'utilisation des intrants, fondé sur
un mécanisme privé non subventionné357(*).
Des importateurs privés assuraient l'approvisionnement
à plus de 90% du marché des engrais. Le produit devait passer par
les revendeurs en gros et le réseau de vente au détail avant de
pouvoir être utilisé par les agriculteurs. Les prix des engrais
étaient très élevés et il existait des
problèmes de qualité. Une réforme du secteur des engrais
fut instaurée en 1994, avec l'appui de l'USAID : le Programme de
Réformes du Sous-Secteur Engrais (PRSSE)358(*). Son but était de
faciliter les importations et la commercialisation des engrais. Un programme de
suivi avec la South African Merchant Bank visait à améliorer
l'accès aux engrais pour les petits agriculteurs359(*).
Quant aux semences, les deux orientations définies
portaient sur la privatisation de la production et du commerce du
matériel végétal et sur la définition des axes
complémentaires de recherche.
b. Recherche agronomique et vulgarisation
agricole
Le programme de restructuration de la recherche agronomique
mis en oeuvre aboutit, après un audit scientifique, à l'adoption
d'un plan national de la recherche à moyen et long termes et la
création par le décret n°96/050 du 12 mars 1996 d'un
Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD)360(*). Cet institut naquit
à la suite à la fusion de l'IRA et l'IRZV361(*). La mission assignée
à l'IRAD fut d'assurer la conduite des activités de recherche
visant la promotion du développement agricole dans les domaines des
productions végétale, animale, halieutique, forestière et
de l'environnement, ainsi que des technologies alimentaires et
agro-industrielles362(*).
En claire, l'IRAD dès sa création avait pour
objectif, entre autres, de mettre en oeuvre une programmation scientifique
autour des axes prioritaires pour le développement du Cameroun, à
partir des besoins réels des utilisateurs tant sur le plan national que
dans chacune des zones agro-écologiques du Cameroun. L'institut instaura
une collaboration avec quelques sociétés de développement
dans la recherche d'accompagnement par filière363(*).
L'IRAD constituait presque la seule organisation en charge de
la sélection variétale au Cameroun et fournissait
également des semences de prébase et des semences de base pour le
maïs, le millet, le sorgho, le riz, la dolique asperge, les arachides, les
tubercules et racines, le coton, les arbres fruitiers et les palmiers à
huile.
Les objectifs et les programmes de recherche furent
redéfinis afin de les adapter à l'évolution de
l'agriculture et du cadre macroéconomique dans son ensemble. Ainsi,
diverses approches participatives associant les opérateurs
économiques bénéficiaires furent initiées dans
plusieurs filières dont celles du palmier à huile, de
l'hévéa, du coton et des fruits et légumes.
Pour favoriser l'utilisation des résultats de la
recherche par les producteurs, des actions furent engagées dans le cadre
du Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole
(PNVRA)364(*). Son
objectif globale était d'augmenter les revenus et la productivité
des paysans les plus pauvres et en particulier ceux des femmes de
manière durable, ceci à travers le renforcement des services de
vulgarisation et de recherche dans la mise en oeuvre de la nouvelle politique
agricole camerounaise365(*). Ses objectifs spécifiques étaient
d'améliorer la production agricole; intégrer dans les
activités de vulgarisation les problèmes des producteurs aux
ressources limités et ceux des femmes engagées dans la production
vivrière; appuyer les réformes institutionnelles engagées
au niveau des services de vulgarisation et de recherche agricole; promouvoir
des initiatives visant à réduire l'incidence des fonds publics
dans le transfert des innovations technologiques366(*).
Pour améliorer les relations entre chercheurs,
vulgarisateurs et agriculteurs, plus de 2 350 cadres techniques furent
déployés en 1996 sur l'ensemble du territoire national avec des
moyens de déplacement et un équipement permettant de couvrir plus
d'un million d'exploitations. Cet effort permit d'avoir un taux d'encadrement
d'un Agent Vulgarisateur de Zone (AVZ) pour 800 exploitations367(*).
Au plan régional, le Cameroun s'associa en 1995 avec le
Tchad et la République centrafricaine pour monter un programme de
recherche, le Pôle Régional de Recherche Appliquée au
Développement des Savanes d'Afrique Centrale (PRASAC), en partenariat
avec le Centre Internationale de Coopération en Recherche Agronomique
pour le Développement (CIRAD)368(*), l'Institut de Recherche pour le
Développement (IRD)369(*) et l'Université de Leyde, sous l'égide
du Conseil Ouest africain pour la Recherche et le Développement
Agricoles (CORAF) et de la Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale (CEMAC)370(*). Opérationnel depuis fin 1988 sur un
financement du Fonds d'aide et de coopération (France), le Prasac permit
la mise en commun des ressources matérielles et humaines,
l'échange de méthodes, de références et de
résultats entre les partenaires afin de résoudre, avec plus
d'efficacité et un coût amoindri, les problèmes de
développement communs de la sous-région.
Outre les centres de recherche, certains établissements
d'enseignement supérieur assurant la formation des cadres d'agriculture
apportaient aussi une contribution à la recherche. Il s'agit de la
Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de
l'Université de Dschang, de la Faculté des sciences (FS) de
l'Université de Yaoundé I, et de l'École Nationale
Supérieure des Sciences Agro-Industrielles (ENSSAI) de
l'Université de Ngaoundéré.
Toutes ces structures oeuvraient dans le cadre du
Système National de Recherche et de Vulgarisation Agricole, (SNRVA). Le
PNVRA constituait la principale institution de ce dispositif.
2. Mécanisation, financement, promotion du
mouvement coopératif et de la professionnalisation agricole
Ce deuxième groupe entrait dans le cadre de la
libéralisation et la modernisation du secteur agricole. Le succès
d'une nouvelle politique agricole libérale passait premièrement
par une promotion de la mécanisation agricole.
a. Mécanisation de l'agriculture
Après avoir longtemps été la seule
structure d'appui à la conception et à la mise en oeuvre d'une
politique de mécanisation de l'agriculture, le Centre National d'Etude
et d'Expérimentation du Machinisme Agricole (CENEEMA) subissait
déjà la concurrence, depuis la fin des années 80, des
initiatives menées par les pouvoirs publics, le privé et les
Organisations Non Gouvernementales (ONG). C'est dans ce sillage que fut mis sur
pied un projet de promotion de la culture attelée dans le Nord-Ouest par
une ONG371(*). Il en est
de même de la motorisation intermédiaire qui connut un important
taux de développement dans les provinces septentrionales, notamment
autour des productions de coton et de maïs. Le CENEEMA fut
d'ailleurstransformé en un organisme performant de prestation de service
mettant des machines et outils agricoles adaptés à la disposition
des agriculteurs372(*).
b. Financement
Après l'échec du FONADER, le gouvernement
camerounais créa le Crédit Agricole du Cameroun (CAC).
Mis sur pied en 1990, le CAC démarra ses
activités en octobre de la même année. Fruit de la
coopération germano-camerounaise, il fut présenté comme
étant la véritable banque du monde
rural avec vocation agricole. Il était une
institution publique qui devait administrer les fonds de crédit
provenant de la coopération avec les bailleurs de fonds internationaux
tels que la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement
(BAD)373(*).
Il avait pour mission le financement du monde rural à
travers les caisses villageoises et les caisses locales légalement
reconnues qu'il devait mettre en place sur la base des associations
existantes.
Il servait également de courroie de financement
à de nombreux projets de développement. Le CAC avec le temps
s'avéra inefficace dans le financement du monde rural et affirma
plutôt sa vocation de banque commerciale. La FAO observa un an
après le lancement de la libéralisation agricole la banque ne
proposait aucun crédit rural374(*). L'octroi des crédits sur la base des
montagnes de dossier pas très fiables la rendit en quelques
années largement déficitaire au point où elle fut
finalement liquidée le 9 juin 1997 la Commission Bancaire d'Afrique
Centrale (COBAC) sans avoir servi ceux pour qui elle fut
créée375(*). Après cet échec la politique en
matière de crédit s'orienta vers des systèmes de
financement décentralisés.
Ainsi, le Fonds d'Investissement des Microprojets Agricoles
(FIMAC) fut créé pour venir en suppléance à la
défunte CAC376(*). Le FIMAC constituait l'une des composantes du
projet de sécurité alimentaire financé à son
démarrage en 1991 en majorité par des dons japonais et les
institutions de Bretton-Woods377(*). Le programme étendit ses activités
sur toutes les régions du Cameroun en employant le personnel du
Ministère de l'agriculture. Les crédits octroyés par le
FIMAC s'adressaient aux groupes de petite taille (3 à 20 membres) vivant
dans des zones défavorisées en milieu rural et ayant une
expérience d'épargne satisfaisante (tontine, caisse
etc.)378(*). Le FIMAC
finança des projets productifs d'élevage, de pêche, de
pisciculture, de transformation et de conditionnement des produits vivriers,
d'artisanat, de cultures vivrières et maraîchères. Il
concernait également les infrastructures de soutien à la
production agro-pastorale au sens large. La durée des crédits
variait suivant la nature du projet présenté par le groupe. Les
crédits de campagne étaient assez peu représentés.
En milieu rural, ces crédits étaient destinés à
l'acquisition d'équipement agricole ou de petites infrastructures. Ils
servirent également à financer l'équipement en traction
animale, ainsi que les animaux de trait. Ils étaient accordés
à un taux nul via des structures d'encadrement. Un Programme de
Développement de l'Epargne et du Crédit Rural (PDECR),
lancé en 1995 avec l'appui de l'Agence Française pour le
Développement (AFD), permit de constituer 70 caisses villageoises
autogérées et le financement de 3 000 projets par le FIMAC pour
plus de 2 milliards de francs CFA379(*). On estimait en 1999 que 1143 micro projets ont
été financés380(*).
Toutefois, l'impact de ce projet fut limité en raison
d'une absence de fonds nécessaires pour couvrir tout le secteur rural
camerounais. Une bonne partie du secteur rural restait encore à la marge
du financement agricole.
Face au retrait des banques d'Etat du financement de
l'agriculture, à l'arrêt progressif des grands projets agricoles,
au repli des SODES sur l'activité de soutien des cultures, au
désengagement de l'Etat de l'accompagnement des exploitations
agricoles, la réforme du secteur financier, couplée à la
libéralisation des organisations et à la loi sur les
Coopératives et Groupements d'Initiative Commune (COOP/GIC) de 1992
entraina l'essor de la micro-finance. Ce nouveau mode de financement
était effectué par les coopératives qui profilèrent
au lendemain de la libéralisation agricole.
L'aide bilatérale et multilatérale constituait
également une source de financement de l'agriculture. Les financements
du Stabex jouèrent à cet effet un rôle crucial dans la
restructuration des filières cacao et café au Cameroun381(*). En forte augmentation
à partir de 1989, ils totalisaient sous le 7ème FED 244 MECU et
furent utilisés pour pallier aux conséquences néfastes de
la gestion publique des cultures de rentes café et pour encourager le
recentrage du rôle de l'Etat sur ses fonctions
régaliennes382(*).
c. promotion du mouvement coopératif et de la
professionnalisation agricole
En 1992, la loi n°92/006, du 14 août 1992 relative
aux sociétés coopératives et le décret
n°92/455 PM fixant les modalités d'application furent
promulguées pour redéfinir la nouvelle coopérative et les
groupes d'initiatives communes (GIC)383(*). Le programme d'appui à la mise en
application de ces lois permit de redynamiser le secteur associatif et de jeter
les bases d'une organisation plus autonome et plus responsable des producteurs.
Plusieurs coopératives développèrent ainsi partout au
Cameroun sous diverses formes : coopératives de production,
coopératives de commercialisation, coopératives d'épargne
et de crédit384(*). On assista à cet effet à une
extension des coopératives existantes385(*). Une multitude de Coopératives d'Epargne et
de Crédit (COOPEC) virent le jour parmi lesquelles on note des
structures importantes telles que : le Crédit du Sahel, les
Mutuelles Communautaires de Croissance (M), le Fond d'Appui aux Organisations
de Base (FOCAOB) du service d'appui aux initiatives locales de
développement (SAILD)386(*) etc. L'Etat camerounais instaura en outre des
programmes destinés à accompagner l'émergence et la
structuration de ces organisations dont le premier fut le Central Unit for
Rural Organisation Reform (CUROR)
Le CUROR fut créée au ministère de
l'Agriculture en 1992 et était financée par l'Agence des
États-Unis pour le Développement International (USAID). Elle mena
diverses actions : campagnes d'information sur les nouvelles lois relatives
à l'organisation des producteurs agropastoraux, mise en place d'un
service du Registre des coopératives et GIC.
A partir de 1993, le Fond d'appui aux organisations rurales
(FONDAOR) fut aussi mis en place sur financement de l'Union européenne
(UE) et l'Agence française de développement (AFD).
Doté de 800 millions de FCFA, le FONDAOR visait
à aider les organisations à se payer les services de prestataires
privés en matière de formations, appui/conseil, études de
faisabilité, appui au processus de légalisation comme
GIC387(*) ou
coopérative, etc. Des ONG, des bureaux d'études, des associations
et autres prestataires de service étaient ainsi
rémunérés sur ce fond. L'action du FONDAOR contribua
à une meilleure connaissance de la législation relative aux
coopératives et GIC par les ruraux, à l'augmentation du nombre
des prestataires de services et la diversification de l'offre d'appui, etc.
Elle contribua aussi à révéler la difficulté pour
des organisations paysannes très jeunes et inexpérimentées
de nouer des relations de partenariat avec des intervenants
extérieurs388(*).
Le projet Appui aux Stratégies Paysannes et à la
Professionnalisation de l'Agriculture (ASPPA), devenu ensuite Appui à la
professionnalisation des organisations paysannes au Cameroun (APOPC) fut mis en
oeuvre entre 1995 et 2002. Il incluait un appui institutionnel au MINAGRI, qui
avait notamment débouché sur la création, au sein du
MINAGRI, d'une cellule chargée de la Promotion des Organisations
Professionnelles Agricoles (PROMOPA), transformée ensuite en
sous-direction389(*).
Ces projets de professionnalisation étaient
présentés soit comme un moyen de combler des vides
créés par le désengagement de l'Etat (zone
café-cacao) ou alors comme un moyen d'alléger les charges qui
pesaient sur une filière (zone cotonnière). Ces projets furent
construits et mis en oeuvre indépendamment des organisations paysannes
préexistantes et sans grandes relations avec elles. Ils
traitèrent directement avec les organisations de base (GIC et Unions des
GIC) volontaires. L'action de ces projets aux organisations de producteurs
porta entre autre sur l'appui à la réflexion et à
l'analyse, l'apport d'information et le renforcement des compétences
techniques et économiques au sein de l'organisation à travers
divers types de formation.
3. Sécurité alimentaire et
diversification de la production agricole
Ce troisième groupe visait directement la population et
les producteurs car ce sont eux qui étaient touchés de plein
fouet par le marasme économique.
a. Sécurité alimentaire
En dehors des différentes actions ci-dessus dont la
finalité était d'assurer la sécurité alimentaire et
procurer un revenu permettant aux agriculteurs de mener une vie décente,
des actions spécifiques furent entreprises dans le domaine de la
sécurité alimentaire en vue d'assurer à tous les
Camerounais la satisfaction de leurs besoins alimentaires en quantité et
en qualité. Le programme de sécurité alimentaire
comprenait plusieurs volets menés par les services de vulgarisation, le
FIMAC et le Système National d'Alerte Rapide (SNAR)390(*).
Un projet de sécurité alimentaire
financé par la BIRD et le gouvernement Japonais fut ainsi lancé
dès 1991 et couvrait l'organisation des marchés vivriers dans les
villes secondaires avec l'appui des mairies. Ce projet s'appuyait par ailleurs
sur les couches défavorisées à travers l'éducation
nutritionnelle et le FIMAC. Il en était de même du Système
National d'Alerte Rapide (SNAR) qui informait à traversle Système
d'Information sur les Marchés Agricoles (SIMA) sur les marchés
alimentaires et sur les prévisions de récolte, notamment dans les
zones à écologie fragile et pour les populations à risque
d'insécurité alimentaire391(*). L'arrêt du financement japonais, principal
bailleurs du SNAR, mit cette structure en veilleuse, ce qui priva les paysans
d'une source importante d'information et les replaça en situation de
dépendance par rapport aux intermédiaires.
b. diversification de la production
agricole
Face à la baisse continue des cours mondiaux des
produits agricoles de rente, la diversification se révéla comme
une alternative en vue d'améliorer le revenu des paysans au travers du
développant d'autres spéculations. Le gouvernement camerounais
encouragea ainsi la diversification de la production agricole.
Les producteurs de cacao et de café camerounais
adoptèrent de nouvelles stratégies qui privilégiaient,
dans un souci de diversification ou de reconversion, d'autres cultures.
Celles-ci renvoyaient aux cultures vivrières pour les besoins
alimentaires des familles et la satisfaction de la demande urbaine, ou des
cultures de rente plus rémunératrices, comme les cultures
fruitières ou celle du palmier à huile, dont les contraintes
correspondaient mieux aux possibilités techniques et financières
des exploitants392(*).
Depuis la crise économique en 1986, le cacao et le
caféstagnèrent, surtout en termes de superficie. Les
agriculteurs comblèrent ce manque à gagner en augmentant la
production des cultures vivrières393(*), plus particulièrement travers le
plantain394(*), qui
était habituellement cultivéedans les champs de forêt et
qui devenait une importante source de revenus dans les zones
transfrontalières. Les superficies allouées aux cultures
vivrières subirent ainsi une augmentation spectaculaire et plus
particulièrement celles allouées à la
banane-plantain395(*).
En outre, les populations rurales développèrent
de plus en plus l'exploitation des Produits Forestiers Non-Ligneux Alimentaires
(PFNLA)396(*) que par le
passé. Il s'agit principalement des espèces
végétales comme les fruits et les amandes de mangue sauvage
(Irvingiagabonensis), le njansang (Ricinodendronheudelotis),
la noix de cola (Cola acuminata), le
safoutier(Dacryodesedulis), l'okok (Gnetum africanum) (photo
1), le vin de palme (sève d'Elaeis guineensis), et la cola
amère (Garcinia kola)397(*).
Photo 1 : cargaison de Gnetum
africanum (okok) sur le tronçon Limbé-Idenau
Source : M. Mbolo,«les perspectives
de la certification des produits forestiers non ligneux Afrique centrale»,
2006. (Projet GCP/RAF/398/GER du FAO)
La politique d'exploitation de ces produits a subit plusieurs
phases au Cameroun :avant 1997, il n'existait pas à proprement
parler des taxes pour les récoltes cachées, car elles
étaient presque totalement ignorées de l'administration
forestière et fiscale, comparé au bois d'oeuvre et aux produits
de chasse. Dès 1997, il y eut suppression des permis d'exploitation, et
attribution de manière plus ou moins contrôlée, des
autorisations de récolte des PFNL par leMinistère de
l'Environnement et des Forêts (MINEF). Cette situation dura
jusqu'à 2001. A partir de 2001, il y eut ré-institution de la
délivrance des permis d'exploitation par le MINEF. Cette année,
correspondait également à la dernière date des permis
attribués pour l'exploitation des produits spéciaux au
Cameroun398(*).
Ces produits complétaient la production agricole des
ménages en leur apportant des denrées nutritionnelles
essentielles, des produits à usage médicinal etc. Ils devinrent
pourvoyeurs des aliments de secours pendant la période de soudure et
constituèrent un filet de sécurité alimentaire d'urgence
contre des aléas saisonniers et financiers dans les centres urbains et
ruraux en cas de nécessité urgente pour les ménages.
C. Les filières de rentes restructurées par
la NPA
Pour chaque filière à l'exportation, la
stratégie de restructuration portait sur la libéralisation des
prix, la mise en place d'un cadre de gestion privilégiant la
concertation et la négociation entre les acteurs et l'identification des
acteurs et programmes susceptibles de relancer la filière. Dans sa mise
en oeuvre, la déclinaison de cette stratégie en actions fut
différenciée selon les filières.
1. Les filières cacao et
café
Le cadre de réforme adopté dans le cadre de la
NPA porta premièrement sur la dissolution de l'ONCPB et la
création d'un organisme public Office National du Cacao et du
Café (ONCC). Cette structure plus légère autorisait une
plus grande libéralisation commerciale tout en maintenant une certaine
stabilisation annuelle. Une liquidation non sans problème car comment
apurer les créances de l'ONCPB relatives à la livraison du cacao
et du café par les structures intermédiaires et dues au titre de
la stabilisation des prix? Car l'ONCPB se trouvait en état de cessation
de paiement alors qu'il fallait impérativement rembourser des milliers
de planteurs. C'est dans ce cadre que le gouvernement camerounais entrepris
la seconde phase de restructuration du secteur à savoir le remboursement
des arriérés aux planteurs.
En effet, une des phases clé du plan de restructuration
tenait au recouvrement des dettes contractées au près des
planteurs. C'est dans ce contexte que «l'opération chèque
planteur» fut mise sur pied avec l'appuie des fonds Stabexpour un montant
de 44, milliards de FCFA399(*). Pour mener à bien l'opération, une
cellule Stabex fut implantée au pays. Sa mission était de
coordonner et de vérifier les montants des créances des
structures intermédiaires de même que les listes des paiements
effectués en faveur de leurs planteurs. Ces listes furent extraites des
cahiers de compte des intermédiaires, et sur la base de reçus
remis par les planteurs. Après comparaison des listes fournies par les
intermédiaires avec les audits menés au niveau de l'ex-ONCPB, les
montants furent fixés proportionnellement à l'indice ; le solde
éventuel restant après paiement des planteurs fut alloué
à la structure intermédiaire. Pour un remboursement efficace, un
système de chèque fut mis en place d'où le terme
«opération cheque planteur»400(*).
Des chèques individuels et non endossables furent
confiés, après signature d'une décharge, aux
intermédiaires au cours de cérémonies publiques. Par la
suite, il incombait aux intermédiaires, une fois les chèques en
main, d'en assurer la distribution aux planteurs informés auparavant
par voie de radio et de presse de même que par des agents administratifs
le tout relayer par «le téléphone arabe». Le retrait
des liquidités se fit auprès des agences bancaires,
opération facilitée dans les régions enclavées
parla mise en place de caisses mobiles du Crédit Agricole du Cameroun,
la banque commerciale associée à l'opération. Au total,
cette opération assura le remboursement de plus de 50 000 planteurs
appartenant à 5 régions différentes401(*).
Les autres points de la restructuration consistèrent en
la création en 1992 du Conseil Interprofessionnel du Cacao et du
Café (CICC); la libéralisation complète de la
commercialisation et la mise en place d'un système d'information sur les
prix à l'export et les prix d'achat aux producteurs ; et la promotion
des groupements de producteurs pour permettre aux planteurs d'acquérir
progressivement les compétences nécessaires pour maîtriser
les opérations de production et de mise au marché.
2. La filière coton
Comme dans les précédentes filières, les
principales actions menées dans la filière coton ont porté
sur le paiement des arriérés aux producteurs, la réduction
des coûts de fonctionnement de la société d'encadrement, le
recentrage de ses activités ainsi que sur la suppression de la fixation
par l'Etat du prix d'achat aux producteurs. Ce système a permis,avec la
dévaluation du franc CFA, d'améliorer le revenu du paysan
(graphique n°5), ce qui a contribué à une augmentation
sensible de la production de coton graine402(*).
Graphique n° 5 :évolution des
revenus des producteurs de coton
Source : F.J.
Blessem's«Cameroun Pages» in
http://www.geocities.com/MotorCity/Speedway/4939/geo/sdcc.html
consulté le 28 Février 2014.
III. EVALUATION DE LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE
La NPA était axée en priorité sur la
consolidation des acquis tant sur le plan de l'autosuffisance alimentaire que
celui des recettes d'exportation et sur une amélioration significative
des performances par le biais d'options nouvelles figurant parmi les axes
mentionnées en supra. Tout comme les politiques des périodes
quinquennales, les politiques agricoles de la période libérale
eurent également un bilan mitigé se traduisant par une reprise de
la croissance et des aspects négatifs augmentant la situation
précaire du paysan.
A. Une reprise sensible de la croissance
économique
De nombreuse réformes et diverses actions
engagées durant cette période eurent des résultats
globalement satisfaisant. Ces interventions, conjuguées à partir
de 1994 avec l'amélioration de la compétitivité des
produits nationaux liés au réajustement
monétaire403(*),
permirent une reprise sensible de la croissance notamment constaté dans
certaines filières comme le coton, le cacao, le café (graphique 6
et 7), la banane, le caoutchouc, le maïs et les fruits et légumes.
Graphique n°6:Evolution des exportations
(cacao, café, coton) en volume
Source : MINEFI
0
20000
40000
60000
80000
100000
120000
140000
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
Années
Tonnes
café
cacao
coton
Graphique n°7: evolution des exportations
en valeur
Source : MINEFI
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
100000
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
Années
millionsdeFCFA
café
cacao
coton
Ces divers facteurs contribuèrent à
l'amélioration de certains indicateurs économiques
nationaux : croissance du PIB sectoriel et national augmentation de 15
à 30% (tableau n°9) de la part des produits agricoles brut dans les
exportations, diminution de certaines importations de produits alimentaires.
Tableau n°9 : contribution de
l'agriculture à la croissance du PIB
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Contribution (%)
|
-0,26%
|
-1,08%
|
1,62%
|
0,35%
|
0,96%
|
2,85%
|
2,55%
|
2,66%
|
2,44%
|
2,49%
|
Source : WDI, 2014
B. Les limites de la NPA
Les outputs de la NPA, bien qu'elles permirent une
nette reprise de la croissance économique, ne changèrent pas
considérablement la situation de l'agriculteur camerounais en
général et du paysan en particulier. On notait ainsi des
résultats en deçà des attentes et des politiques peu
favorables au paysan camerounais.
1. Des résultats en deçà des
attentes
Les premiers résultats de la NPA restaient encore
insuffisants au regard des attentes de l'économie nationale. En effet,
après l'effet levier provoquée par la dévaluation du FCFA
et la remontée des cours mondiaux de certains produits, on observa une
stagnation du volume globale des produits agricoles destinés à
l'exportation et un tassement de leur part dans la valeur des exportations.
Dans ce contexte, la situation sociale resta préoccupante,
marquée par des conditions de vie toujours précaires dans les
campagnes, une émigration rurale forte et une aggravation du
chômage en milieu urbain.
2. Une politique des intrants, de la vulgarisation
agricole et du mouvement coopératif défavorable au
paysan
La nouvelle politique des intrants provoqua une hausse de prix
des intrants au moment où les petits producteurs disposaient de moins en
moins de moyens leurs permettant de les acquérir du fait de la chute des
prix de leurs produits consécutivement à la baisse des prix
internationaux. Il en résulta, pour certains produits, une baisse de la
production et donc une aggravation de la précarité
rurale404(*). Le prix
élevé des intrants et des produits phytosanitaires augmenta les
coûts de production de la matière première et d'entretien
des plantations. Le traitement phytosanitaire des plantations paysannes devint
ainsi irrégulier. Ce qui provoqua une stagnation du rendement des
cultures de rente avec des rendements faibles405(*). La dégradation des conditions de vie fut
très rapide dans le secteur rural : forte déscolarisation,
dégradation des services de santé et de solidarité,
dégradation des plantations et montée en puissance d'un secteur
informel de survie406(*).
Quant à la vulgarisation, malgré les efforts du
SNRVA dans la vulgarisation agricole, des problèmes demeuraient car la
question de l'acquisition des variétés améliorées
n'était pas réglée, les paysans ne disposant pas, de fonds
nécessaires pour acquérir les plants407(*). Les résultats des
recherches menées par l'IRAD furent peu exploités du fait du
faible revenu des paysans qui limitait leur pouvoir d'achat408(*). L'agriculture devenait de
plus en plus réservée aux fonctionnaires et hauts fonctionnaires
disposant des fonds pour l'acquisition des plants.
En ce qui concerne les coopératives d'épargne
et de crédit (COOPEC), leur impact resta faible sur les ruraux, la
raison étant que plus de la moitié d'entre elles était en
milieu urbain. Plusieurs COOPEC manquaient d'appui et de suivi, et faisaient
preuve de très peu de transparence dans la gestion, les fonds
étant détournés par les promoteurs. Les caisses
villageoises d'épargne et de crédit autogérées,
quant à elles, étaient encore trop localisées, et leur
rayon d'action était géographiquement limité.
Ainsi, la reprise de la croissance au cours de cette
période ne fut pas bénéfique pour le paysan qui est
l'acteur majoritaire du secteur agricole au Cameroun. Etant destinée en
grande partie au développement rurale, la NPA consacra plutôt
l'avènement du «fonctionnaire agriculteur» qui dispose de
moyens pour développer l'activité agricole.. De nouveaux
défis interpellaient ainsi les acteurs du secteur agricole.
CHAPITRE V : LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE EN VUE
DE L'EMERGENCE DU CAMEROUN
Le Cameroun entra dans le troisième millénaire
avec des atouts importants, mais aussi des défis majeurs à
relever pour booster son secteur agricole. Ces défis devaient être
relevés dans un contexte macroéconomique favorable marqué
par l'atteinte du point de décision en 2003 et du point
d'achèvement en 2006 qui permirent l'élaboration de plusieurs
documents stratégiques dans l'optique du projet de société
des «Grandes Ambitions» et des «Grandes
Réalisations», visant à faire du Cameroun un pays
émergent à l'horizon 2035. Ainsi ce chapitre
s'intéresse-t-il aux différents axes de cette nouvelle politique
agricole à savoir une révision de la NPA et l'adoption de la
Nouvelle Politique Agricole de Deuxième Génération (NPADG)
et quelques programmes phares.
I. REVISION DE LA NPA ET RESURGENCE DE
L'INTERVENTIONNISME ETATIQUE
Le nouveau cadre macro-économique du Cameroun
marqué par une reprise sensible de la croissance économique,
amena le gouvernement camerounais à revoir ses orientations
stratégiques agricoles à travers une révision de la NPA et
un recourt à l'interventionnisme.
A. La NPA «Nouveaux Défis» (NPA-ND) :
une révision de la NPA
Huit ans après sa mise en oeuvre, la NPA fut
évaluée par le Ministère de l'agriculture. Les objectifs
de la NPA furent revus, aboutissant à l'élaboration de la NPA-ND.
Il s'agissait à cet effet de consolider le secteur agricole comme moteur
du développement économique et social du pays, promouvoir
l'organisation professionnelle et interprofessionnelle des différents
opérateurs économiques qui devraient constituer les principaux
acteurs du développement de l'agriculture, et améliorer la
sécurité alimentaire des populations grâce à
l'augmentation des productions et de l'ensemble des revenus.
Il s'agissait en d'autres termes de rechercher une croissance
moyenne de la production agricole de l'ordre de 4% par an. Pour les produits
vivriers, cette croissance devait se situer globalement autour de 3,2% par an.
Les efforts devraient porter en particulier sur les céréales, le
manioc et la banane-plantain. La croissance moyenne des productions
destinées à l'exportation et aux agro-industries devrait
atteindre 5% par an et être principalement soutenue par les grandes
filières de production, dont la diversité constituait un atout
majeur dans une période d'instabilité des cours
mondiaux409(*).
Il s'agissait également de : suivre l'augmentation
naturelle de la demande intérieure, contribuer à la stabilisation
des prix à la consommation des produits alimentaires de base,
réduire les postes d'importation tout en développant les
exportations vers les marchés sous-régionaux porteurs, et enfin,
approvisionner les industries locales qui sont grandes consommatrices de
matières premières provenant de l'extérieur410(*).
La stratégie de mise en oeuvre de ces orientations
s'articulait autour de trois axes programmes à savoir l'augmentation de
la production agricole et des revenus agricoles, l'amélioration des
facteurs environnementaux et du cadre incitatif du secteur agricole et la
modernisation du cadre institutionnel de ce secteur. Cette stratégie de
mise en oeuvre fut intégrée dans le cadre du DSDSR et DSRP.
B. Le Document de Stratégie de Développement
du Secteur Rural (DSDSR) et le Document Stratégique de Réduction
de la Pauvreté (DSRP) : Le gouvernement renoue avec la
planification stratégique
Le DSDSR et le DSRP constituèrent les principaux cadres
stratégiques pour le développement économique du Cameroun.
Le DSDSR avait en ligne de mire le développement rural tandis que le
DSRP constituait le cadre fédérateur des politiques
sectoriels.
1. Le DSDSR : cadre de développement
agricole et rurale
Le Document de Stratégie de Développement du
Secteur Rural, adopté en adopté en février 2002 et
révisé en 2005, ne se présentait pas comme une politique
agricole en tant que telle mais comme le cadre de l'action de l'Etat en
matière de développement agricole et rural. Il reprit, en
revoyant à la hausse l'essentiel des objectifs de la NPA-ND. Plusieurs
ministères contribuèrent à son
élaboration411(*). Un Comité de pilotage qui fut établi
pour la mise en cohérence des orientations de la DSDSR le
réactualisa en 2005.
Les orientations stratégiques agricoles du DSDSR
émanaient de la politique des «Grandes Réalisations»
énoncées par le chef d'Etat en 2004. Il s'agissait ainsi
de : faire sortir l'agriculture de sa vétusté et de son
traditionalisme ; mettre en oeuvre un programme systématique de
désenclavement des campagnes ; permettre un développement et
une organisation des communautés villageoises ;
rééquilibrer le soutient apporté aux cultures de rente en
vue du renforcement de l'autosuffisance alimentaire ; accorder une
attention particulière au développement des agro-industries
alimentaires, animales et de pêche412(*).
La stratégie intégrée de
développement rural fut bâtie autour des quatre grands axes
stratégiques suivants :la modernisation de l'appareil de production
qui consistait à rendre accessibles et disponibles les facteurs de
production (terre, eau, intrants), notamment aux populations rurales les plus
défavorisées ; la promotion de l'accès aux innovations
techniques à travers le renforcement de la liaison
recherche/vulgarisation; et le développement de la
compétitivité des filières de production. Un accent
particulier fut mis sur l'agriculture paysanne et le développement des
petites et moyennes entreprises agricoles ; la restructuration du cadre
institutionnel dans le but de consolider la politique de professionnalisation
du secteur rural afin que les producteurs agricoles, acquièrent les
capacités de s'organiser de façon autonome autour d'objectifs
conformes à leurs priorités et à leurs
intérêts ; l'amélioration du cadre incitatif dans le
but de promouvoir en partenariat avec le secteur privé, les bases d'un
meilleur fonctionnement des mécanismes de marché en
vued'améliorer l'accès des producteurs ruraux aux exigences de la
demande, aux nouvelles technologies et au marché financier413(*).
Pour concrétiser ces grandes orientations
stratégiques agricoles nationales, la Stratégie de
Développement du Secteur Rural (SDSR) horizon 2020 du sous-secteur
agriculture et développement rurale fut finalisée en 2012, et
comportait quatre programmes à savoir : l'amélioration de la
productivité et de la compétitivité des
filières ; la modernisation des infrastructures du monde rural et
de production agricole ; la gestion durable des ressources naturelles
spécifiques à l'agriculture et la gouvernance et l'appui
institutionnel au sous-secteur414(*).
2. le Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DSRP)
Après les limites de la Facilité d'Ajustement
Structurel Renforcée (FASR)415(*), la nouvelle approche de l'appui aux programmes des
réformes s'ordonna autour de stratégies de réduction de la
pauvreté définies par les pays eux-mêmes et
énoncées dans un nouvel instrument à savoir, les Documents
de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté
(DSRP)416(*).
Elaboré en Avril 2003 au Cameroun avec l'appuie des IFI
dans le cadre de l'Initiative PPTE, et soutenu par de nombreux bailleurs de
fonds, le DSRP fut placé dès ladite année comme la
stratégie nationale en matière de croissance avec un accent
particulier sur la réduction de la pauvreté.Il se
présentait donc comme un cadre intégré de
développement pour des stratégies macroéconomiques et
sectorielles, destiné à améliorer la croissance
économique, à réduire la pauvreté et à
atteindre les objectifs de développement du millénaire (ODM).
L'objectif ultime que lui assigna le gouvernement camerounais fut
l'amélioration de façon durable et effective les conditions de
vie des populations en s'attaquant aux principales causes de la
pauvreté. Par ailleurs le DSRP fut intégré dans la
contribution des Objectifs Millénaires du Développement
(OMD)417(*) dont le
premier est d'éliminer l'extrême pauvreté et la faim en
réduisant de moitié le nombre de camerounais vivant au dessous du
seuil de pauvreté et qui souffre de la faim à l'horizon
2015418(*).
Dans le cadre du sous-secteur agricole, l'Etat camerounais
assigna au DSRP un objectif de croissance soutenue, durable et équitable
à travers quatre axes d'intervention à savoir :
l'augmentation de l'offre des produits alimentaires ; la création
des revenus équitablement distribués et le devoir d'assurer
la compétitivité des produits ; valoriser les ressources
naturelles419(*). Les
principaux axes directeurs d'intervention assignés au document furent :
la modernisation l'appareil de production ; la restructuration du cadre
institutionnel ; la construction d'un environnement incitatif et la
gestion durable des ressources naturelles. Ceci impliquait donc le passage
à une agriculture semi-intensive et industrielle permettant d'assurer la
sécurité et l'autosuffisance alimentaire des ménages ; de
dégager un surplus important permettant d'approvisionner l'industrie de
transformation des produits agricoles à travers la modernisation des
outils de production et des méthodes culturales en vue de l'augmentation
des rendements420(*).
En ce qui concerne les filières agricoles, il fut
prévu que le secteur devait subir une augmentation de la productiondes
cultures vivrières de 10% par an, afin d'augmenter l'offre et la part de
l'agriculture vivrière dans le PIB et les exportations421(*). Pour les cultures
traditionnelles d'exportation, l'indice des prix des exportations non
pétrolières fut prévu de croître à un taux de
6% en moyenne. L'étude des sources de croissance indiquait que d'autres
produits pouvaient émerger et décoller après la mise en
oeuvre des promotions ciblées. Les tendances au moment de l'adoption
indiquaient ainsi un taux de croissance entre 2.8% en 2003 et 4.2% en
2015422(*). Les bases
étaient déjà ainsi jetées pour favoriser
l'avènement de la Nouvelle Politique Agricole de Deuxième
génération.
II. LA NOUVELLE POLITIQUE AGRICOLE DE SECONDE
GENERATION (NPADG)
Pour booster davantage le secteur agricole en pleine mutation,
le gouvernement camerounais lança en 2011 une nouvelle politique
agricole baptisée Nouvelle Politique Agricole de Deuxième
Génération. L'étude de cette nouvelle politique agricole
nécessite premièrement une étude sur son cadre
stratégique à savoir le Document de Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi (DSCE)
A. Le Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi : cadre stratégique de la NPADG
L'avènement du DSCE marqua un changement de cap du
gouvernement dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques agricoles
au Cameroun. Il fut mis en place dans un contexte macro-économique
morose.
1. Contexte macro-économique de la mise en
place du DSCE
Le gouvernement camerounais s'engagea en 2009 dans la mise en
oeuvre des stratégies pour relancer la croissance et crée des
emplois décents. C'est dans ce sillage que fut élaborée
une vision de développement à long terme du Cameroun (Vision
2035) en septembre 2009423(*) et l'élaboration du DSCE au mois d'Août
de la même année. Il s'agit d'un colossal programme de
développement devant conduire le Cameroun à l'émergence
économique à l'horizon 2035424(*). La réalisation de ce dernier document fut
l'aboutissement de la révision du DSRP entamée en 2008. Cette
révision se fit dans un contexte international et national tendue.
En effet, le DSCE fut élaboré selon une approche
participative dans un environnement caractérisé par le
renchérissement du coût de la vie. En 2008, la flambée des
prix des produits alimentaires engendra une crise alimentaire mondiale et des
émeutes de la faim dans de nombreux pays en voie de
développement425(*).
Cette crise dévoila les limites de tous les efforts
déployés en faveur de l'agriculture au
Cameroun.Déjà perceptible au début des années 2000,
la crise alimentaire s'accentua en 2007 et se manifesta en février 2008
par d'intenses jacqueries sociales résultant notamment de la
flambée des prix des denrées alimentaires provoquées entre
autres par l'urbanisation grandissante, des perturbations comme le
phénomène des coupeurs de route, l'afflux massif des
refugiés, la hausse des prix des intrants agricoles, la forte demande
des produits nationaux dans les marchés de la sous-région, le
phénomène de la grippe aviaire, etc. La crise financière
vint aggraver la situation dans le secteur. Elle toucha progressivement les
filières coton et bois et se caractérisa dans ces secteurs par
l'annulation des commandes à l'étranger, la baisse du chiffre
d'affaire de certaines entreprises, les difficultés d'accès au
crédit spécialisé, la réticence de certaines
banques commerciales à financer les activités du
secteur426(*).
2. Orientations stratégiques agricoles du DSCE
Le DSCE se positionna comme un dérivatif aux
problèmes mentionnées en supra et se proposa de : relever le
défi de la croissance et de l'emploi ; trouver les solutions aux
problèmes d'une meilleure répartition des fruits de la croissance
; réduire le déficit énergétique qui impactait la
croissance ; et de répondre aux problèmes nés de la crise
financière et de la crise alimentaire427(*).
En ce qui concerne le secteur rural au sein duquel intervient
le sous-secteur agricole le gouvernement entreprit dans sa stratégie
2010-2020, de lancer un vaste programme d'accroissement de la production
agricole en vue de satisfaire non seulement les besoins alimentaires des
populations, mais également des agro-industries428(*). Les objectifs qui furent
assignés à cette stratégie consistaient
premièrement à rendre accessible et disponible les facteurs de
production notamment : la terre, l'eau, les intrants. En outre, il fut
décidé de promouvoir l'accès aux innovations
technologiques à travers le renforcement de la liaison
recherche/vulgarisation ; et développer la
compétitivité des filières de production; l'accès
au crédit agricole grâce à l'ouverture auprès des
établissements de micro-finance et des banques intéressées
de lignes de crédit spécialisées, sans préjudice
pour le projet de création d'une banque agricole ; l'accès aux
marchés par une meilleure organisation des circuits internes de
commercialisation, des marchés frontaliers et de l'appui à la
promotion des produits agricoles du Cameroun sur les marchés
extérieurs429(*).
Un accent particulier fut également mis sur le passage
d'une agriculture extensive à une agriculture plus intensive, moderne et
mécanisée430(*). Ce ci concernait les filières porteuses de
croissance, et créatrice d'emplois notamment la banane dessert, la
banane plantain, le sucre, le sorgho et le palmier à huile sans que
soient négligées les autres filières émergentes,
notamment la pomme de terre, le niébé et les légumineuses,
ni les produits de niche comme l'horticulture431(*).La priorité fut accordée, en ce qui
concerne les productions de rente, à la dynamisation des cultures de
cacao, de café, de banane et de coton. Les actions devraient viser
à améliorer la couverture sanitaire du verger, la
régénération de celui-ci et l'extension des superficies
cultivées432(*).
Un document de stratégie de relance de la culture du café fut
élaboré en 2010. L'objectif principal du gouvernement Camerounais
étant de passer d'une filière de subsistance à une
filière professionnalisée et durable, économiquement
profitable pour l'ensemble des acteurs et repositionner le Cameroun sur le
marché mondial433(*).
Le secteur agro-industriel qui constitue un
élément important de la modernisation agricole ne fut pas
délaissé. Ainsidans une approche par filière
privilégiant le développement de la chaîne des valeurs, le
gouvernement prit pour objectif de négocier et mettre en place
systématiquement des plans de développement des industries de
transformation des produits du terroir (farines locales, sucre, huile de palme,
banane plantain, maïs, cacao, coton, etc...)434(*)Tout était ainsi
planifié pour lancer la NPADG en 2011.
B. Le comice agro-pastorale d'Ebolowa : lancement de
la NPADG
Dans la même lancée de mettre en place une
nouvelle «révolution verte» au Cameroun, le gouvernement
camerounais renoua avec la tradition des comices en 2011. Une brève
compréhension de l'historique des comices au Cameroun est
nécessaire avant d'analyser le comice agro-pastorale d'Ebolowa.
1. Les comices agro-pastoraux au Cameroun
Symbole de la révolution verte lancée en 1973,
le Comice agro-pastoral était considéré comme la vitrine
du génie agro-pastoral camerounais. Il visait à intensifier la
production agricole nationale tout en encourageant ses acteurs à plus
d'ardeur au travail. Cette grande fête du monde rural, servit au fil des
années, d'un instrument de valorisation des savoirs des paysans.
C'était une école où les agriculteurs se retrouvaient pour
échanger des expériences pour rivaliser de compétition sur
la qualité et la qualité de leurs produits. Bref, c'était
une école pour les agriculteurs et les éleveurs du pays. Les
populations venaient de toutes les régions du pays. Des prix
étaient offerts par un jury aux meilleurs produits d'où l'usage
courant du terme comice dans les langues bétis lorsqu'on est en
présence d'un produit agricole spectaculaire435(*).
A travers le comice, le gouvernement camerounais visait la
promotion du développement du monde rural par la mise en place d'un
cadre pérenne d'échanges, de compétition entre acteurs
(producteurs agro-pastoraux, offreurs de facteurs, utilisateurs des produits
et technologies accompagnatrice de développement) et
d'évaluationen vue de susciter l'excellence et l'augmentation
quantitative des produits agricoles et pastorales. Le Chef de l'Etat
Ahmadou Ahidjo lança le premier comice à Buea le 09 mars 1973. Il
y eut ensuite le comice Ngaoundéré le 10 décembre 1974,
Bafoussam en novembre 1977, Bertoua en 1984, Ngaoundéré, et
Maroua en 1988436(*). Le
successeur d'Ahidjo décida ainsi de renouer avec cette tradition 23 ans
plus tard à Ebolowa.
2. Le comice agro-pastorale d'Ebolowa (janvier
2011)
Ebolowa, la capitale régionale du Sud-Cameroun abrita
le cinquième comice agro-pastorale camerounais en 2011. Cet
évènement mobilisa toutes les instances décisionnelles du
pays, dès ses préparatifs.
a. Les préparatifs du comice
Dans sa politique de lancer une révolution agricole au
Cameroun, le chef d'Etat décida d'organiser un comice agro-pastorale
à Ebolowa, capitale régionale du Sud, en Décembre 2010.
L'organisation de ce comice relevait du comité national
créé par le Président de la République, et
présidé par le Vice-Premier Ministre, Ministre de l'Agriculture
et du développement rural, assisté du Ministre de l'Elevage, des
Pêches et des Industries Animales437(*).
Au niveau local, le gouverneur de la Région du Sud
présidait un comité qui coordonnait les activités sur le
terrain. Membre de ce comité local, le Délégué du
gouvernement assurait le suivit sur le terrain avec les chantiers
engagés par la Communauté Urbaine d'Ebolowa pour l'embellissement
de la ville. Toutefois, ces préparatifs furent teintés de
polémiques sur l'organisation, la logistique ou la capacité
d'accueil de la région438(*).
À la veille des élections
présidentielles, l'agriculture demeurait de plus que jamais un enjeu
majeur. Le chef d'Etat, qui avait longtemps affirmé son ambition pour
l'agriculture camerounaise moderne décida d'avancer la date de ce comice
qui se déroula plutôt en Janvier 2011.
b. Le chef d'Etat lance la NPADG au comice
Le comice d'Ebolowa, qui débuta le 17 Janvier 2011, fut
pour le moins le bienvenu dans la vision du gouvernement camerounais dans la
mesure où il marqua une reprise en main par l'Etat d'un secteur vital
pour le Cameroun, à savoir le secteur agricole. On comprend à cet
effet la pression que le chef d'Etat exerça sur le gouvernement pour que
cet événement se tienne au moment où les pénuries
alimentaires observées çà et là provoquaient des
tensions sociales sur le continent, et dans la perspective de faire du Cameroun
un pays émergent à l'horizon 2035. Une analyse de son discours
nous permet d'élucider le lancement de la NPADG.
En effet, la présence et le discours du
président de la République à l'occasion du comice
d'Ebolowa étaient de ce fait très attendus. Paul Biya saisit
l'occasion du comice agropastoral national d'Ebolowa pour resituer
l'agriculture dans l'économie camerounaise et esquisser à grands
traits les grands axes de sa nouvelle politique agricole qu'il qualifia
lui-même d'agriculture de deuxième génération.La
NPADG fut ainsi officiellement énoncée par le Chef de l'Etat,
dans son discours d'ouverture du Comice en ces termes :
Le moment est donc venu de mettre en pratique de
manière résolu la grande politique agricole que j'ai souvent
publiquement appelée de mes voeux. J'engage les départements
Ministériels concernés dans cette voie, à des
résultats substantiels439(*).
S'agissant de la place de l'agriculture dans l'économie
nationale, le chef de l'Etat rappela sa place prépondérante au
sein de l'économie camerounaise et fit savoir que sa vocation est de
nourrir la population, d'assurer l'autosuffisance alimentaire, et d'être
le principal pourvoyeur d'emplois dans la mesure où 60% de la population
en vivent.
Le chef de l'État appela en outre à se
libérer de la dépendance des importations agricoles car,
soutenait-il, en s'appuyant sur la Déclaration de Yaoundé
à l'occasion de la conférence Africa 21 : «l'Afrique ne doit
plus importer pour manger»440(*).
En ce qui concerne les produits vivriers, Paul Biya estima que
désenclaver les bassins de production, augmenter les productions
déficitaires et améliorer les voies de communication avec les
zones rurales devaient désormais être considérées
comme d'urgentes priorités.
S'agissant des produits de rente, il encouragea le
redressement de la production du cacao et du café et appela à
plus d'engagement dans la culture du coton, de la canne à sucre, de
l'hévéa, et du palmier à huile. Il loua les progrès
réalisés dans la production animale qui permirent de
réduire les importations, mais observa qu'il y avait encore
d'importantes marges de progression, tout comme toutes les possibilités
des ressources halieutiques restaient, de son point de vue,
sous-exploitées.
Fort de ce constat, Paul Biya appela à avancer dans la
modernisation de l'agriculture, de l'élevage et de la pisciculture afin
d'accroître la production et la productivité des petites
exploitations et de favoriser l'émergence d'unités de production
de «seconde génération». Ces unités, Paul Biya
les définissait comme des entreprises de moyenne et de grande taille.
Tout en se félicitant des résultats obtenus, le
chef de l'État déplora une trop grande dispersion et un certain
manque de cohérence dans la mise en oeuvre des programmes et projets.
Aussi appela-t-il les départements ministériels à mettre
en pratique et de manière résolue une «grande politique
agricole» dont il attendrait des résultats substantiels. L'objectif
du chef de l'État visait ainsi à assurer l'autosuffisance
alimentaire, créer des emplois en milieu rural, réduire les
importations tout en développant les exportations des produits agricoles
afin que l'agriculture dans son acception la plus large joue un rôle
moteur dans l'économie camerounaise.
Il annonça en outre plusieurs grands chantiers
à savoir : la mise en place d'une unité de production
d'engrais ;la mise en activité de l'usine de montage de machines
agricoles ; la réhabilitation des fermes semencières ;
la préparation d'une réforme foncière ; la
construction de marchés et de centrales d'achat des produits
agropastoraux et halieutique, le renforcement du dispositif de financement des
activités rurales par l'ouverture de la banque agricole et de la banque
des PME-PMI441(*) et la
création d'une banque agricole.
Durant cinq heures, le couple présidentiel surprit son
protocole et visita les stands du comice (photo 2). Un marathon que
l'ensemble des acteurs du monde rural apprécia.
Photo n°2 : Paul Biya au comice
agropastoral d'Ebolowa
Source :journal médiateur
Comice n°8 du 14 Février 2011
3. Les caractéristiques de la NPADG
La NPADG inaugura la volonté du gouvernement
camerounais de rompre avec l'importation des produits agricoles et sa prise de
conscience pour la relance de la production intensive et par ricochet, sauver
l'évasion des devises nationales. Il s'agit selon les propos du chef
d'Etat de lancer une «révolution agricole révolution
agricole pour faire de ce secteur un des piliers de notre
développement»442(*), de valoriser le métier d'agriculteur et
redonner confiance aux producteurs443(*) ; assurer la souveraineté et la
sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays à travers
une modernisation raisonnée et équilibrée des
systèmes de production. Le chef de l'Etat réitéra cette
relance au comice agropastoral et le ministre de l'agriculture déclina
lors du lancement de la campagne agricole à Lagdo en 2012 en ces
termes :
Je demande aux populations du Cameroun, du Nord au Sud, de
l'Est à l'Ouest de faire passer l'agriculture d'une activité de
subsistance à un business, c'est-à-dire celle qui permet à
la famille de changer ses conditions de vie. L'on devrait aujourd'hui faire de
l'agriculture pour gagner sa vie ...Il est possible aujourd'hui de doubler ses
revenus en une seule saison agricole444(*).
C'est ce que le ministre appela agrobusiness445(*) qui consistait à
étendre les surfaces de production agricole de 20% pour 2015 en triplant
le nombre de tracteurs dans le pays, en pratiquant la mécanisation qui
permet une augmentation des récoltes et mettre en place des PME
agricoles. La demande nationale pouvait ainsi être satisfaite et, dans le
même temps, les exportations vers les pays voisins soutenues. Il le
précisait d'ailleurs en ces termes :
je vous exhorte à vous arrimer à la nouvelle
donne en matière du développement agricole de notre pays et
à vous donner le devoir, non seulement d'assurer notre
autosuffisance alimentaire, mais de faire de l'agriculture une affaire, un
business permettant ainsi de glaner des devises des pays voisins et même
ceux de l'Afrique de l'Ouest446(*).
C'est bien de cette façonque le secteur agricole
devrait participer à la réussite des grands projets de
développement que le chef de l'Etat avait défini dans le souci de
doubler la production agricole à l'horizon 2015447(*), de lutter contre la
pauvreté et favoriser l'émergence du Cameroun en 2035.
L'agribusiness448(*) devint ainsi le leitmotiv de la NPADG,le double
objectif étant de tripler la production en dix ans et de faire de ce
secteur un gisement de croissance, tremplin pour le développement de
l'ensemble de l'économie nationale.
Quatre piliers furent assignés à la NPADG
à savoir : l'augmentation des écoles d'agriculture ; la
recherche dans le but d'isoler les semences à haut rendement ; le
désenclavement des bassins de production afin que ceux qui produisent
puissent évacuer leurs productions vers les lieux de consommation ;
et afin la mécanisation qui permet de cultiver et de récolter, de
conserver et de transformer, et de vendre449(*). A cet effet une dotation spéciale fut
allouée à l'IRAD pour produire des semences hybrides. S'agissant
des bassins de production, le gouvernement procéda à une carte
des sols en partenariat avec l'IRAD et l'Université de Dschang dans le
but de savoir les types de sol et leur potentiel450(*).
C'est dans ce sens que le secteur agricole pour relever le
défi fut inscrit non seulement dans le sens de la production suffisante
pour augmenter la croissance, mais aussi dans la création d'un nombre
élevé d'emplois pour résorber le chômage. Le
gouvernement reconnut le caractère énorme de la tâche et
exigea la participation de tous les acteurs dans le processus de
développement du secteur agricole. Il comptait particulièrement
sur les coopératives qui ont toujours eu la capacité
d'entreprendre autrement et qui devront être les acteurs directs du
projet agrobusiness451(*).
L'Agriculture de seconde génération s'appuie
à la fois sur les Exploitations Agricoles Familiales (EAF) et sur les
Exploitations de Moyenne et Grande Importance (EMGI), qui, quel que soient
leurs tailles ou leurs statuts, doivent contribuer à la bonne gestion
des ressources naturelles et à la protection de l'environnement et
s'inscrit ainsi dans une logique d'économie verte. Ce ciblage s'effectue
via le renforcement de leurs complémentarités et en et la
promotion de leur intégration dans les chaînes de valeurs et leurs
connexions aux marchés.
C. le Plan National d'Investissement Agricole (PNIA) :
cadre sectoriel de la NPADG
Le DSCE étant le cadre fédérateur de
toutes les politiques sectorielles en vue d'accélérer la
croissance du Cameroun, le gouvernement camerounais adopta un plan
d'investissement agricole, le 29 avril 2014452(*) qui devait constituer le cadre sectoriel de la
NPADG. Ce plan s'intègre également dans le cadre du Programme
Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine
(PDDAA). Il convient donc premièrement de mener une étude sur la
formulation PNIA dans la mise en oeuvre du PDDAA au Cameroun.
1. le pacte PDDAA et la formulation du
PNIA
Le Programme Détaillé pour le
Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA) est une initiative
continentale lancé par le NEPAD et de l'Union Africaine. Il fut
adopté par les Chefs d'Etat et de Gouvernements africains lors du Sommet
de Maputo tenu en 2003 au Mozambique453(*). Dans le cadre de sa mise en oeuvre, les Etats
membres s'engagèrent à atteindre progressivement un seuil
d'allocation de 10% du budget national au développement du secteur
agricole, en vue d'atteindre un taux de croissance agricole d'au moins 6% par
an454(*).
Le Pacte PDDAA fut signé le 17 juillet 2013 par le
Premier Ministre et l'ensemble des Ministres liés au secteur rural, les
représentants du NEPAD et de la CEEAC, les organisations
représentatives des producteurs, de la société civile et
du secteur privé et par l'Ambassade d'Allemagne au nom des partenaires
technique et financiers. La mise en oeuvre de ce processus au Cameroun
intervient dans un contexte national particulier marqué par la pleine
entrée en vigueur du Nouveau Régime Financier de l'Etat (NRFE)
adopté en 2007 et dont la conséquence fut l'adoption de
budget-programmes455(*).
Ce pacte définissait quatre domaines thématiques prioritaires qui
furent développés à travers la formulation du PNIA. C'est
à la suite d'un long processus participatif ayant impliqué
plusieurs acteurs du secteur agricole, que le PNIA fut soumis à la revue
externe du NEPAD avant d'être présenté la réunion
d'Affaire (Business meeting) et validé le 29 Avril 2014.
2. Les domaines thématiques du PNIA
Ce document de 78 pages propose des axes de
développement basés sur quatre domaines à savoir: le
développement des filières de production
(végétales, animales, halieutiques et forestières) ; la
modernisation des infrastructures de production et l'élaboration des
mécanismes d'accès aux financements; la gestion et la
valorisation durable des ressources naturelles ; le renforcement des
capacités des acteurs et la promotion de la concertation456(*). Quatre piliers majeurs lui
furent assignés à savoir: étendre les superficies
exploités en gestion durable des terres; améliorer les
infrastructures rurales et les capacités d'accès aux
marchés liées au commerce ; augmenter l'approvisionnement
alimentaire et réduire la faim ; accroître la recherche agricole,
la diffusion et l'adoption des technologies innovantes pour une agriculture de
seconde génération457(*).
Ce plan constitue le cadre unique de référence
et de mise en cohérence des investissements qui permettront
d'améliorer les rendements dans ce secteur. La validation de ce plan
donnait désormais la possibilité au Cameroun de porter les
performances du secteur rural à la hauteur des potentialités du
pays, avec une croissance d'au moins 10% à l'horizon 2020. Un acte
d'engagement qui donnait une plus grande impulsion à la croissance dans
ce secteur et qui devait permettre également au pays d'assurer une bonne
sécurité alimentaire. D'où l'optimisme lors de l'atelier
de validation de ce document du ministre de l'Agriculture et du
développement rural, EssimiMenye qui voyait un réveil que venait
de vivre le secteur agricole et une concrétisation de l'agriculture de
seconde génération, dont les acteurs du secteur agricole venaient
d'obtenir les clés.
Le plan fut évalué à 3550 milliards de
FCFA, au cours de la période 2014- 2020 pour stimuler la croissance de
la production agricole.
III. QUELQUES PROGRAMMES PHARES DU SECTEUR AGRICOLE
DEPUIS 2000
Plus d'une trentaine de programmes sont pilotés par le
MINADER et le MINEPIA depuis 2000. Certains sont cofinancés par des
organisations internationales, certains dans le cadre de la coopération
bilatérale et d'autres font partie de la nouvelle orientation agricole
lancée en 2011.
A. Les projets et programmes cofinancés par les
organismes internationaux
Plusieurs organismes internationaux participent à la
définition et à la mise en oeuvre des projets et programmes
agricoles au Cameroun. On note premièrement le FAO dans le cadre du
PNSA.
1. Le Programme Nationale de Sécurité
Alimentaire (PNSA)
Après les graves récessions économiques
mondiales de 1986-1996, le Cameroun se retrouva parmi les 96 pays à
faible revenus vivriers (PFRDV) qui adhérèrent au programme
spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA). Ce programme
initié en 1994 par le FAO pour faire face à la pauvreté
dans les pays en développement fut conçu en deux phases au
Cameroun : une phase pilote exécutée au Cameroun de
Février 2002 à Février 2005 grâce à un
financement de la BAD, de la FAO et du gouvernement camerounais458(*). Le PNSA est la seconde
phase, en cohérence avec le DSCE.
L'objectif principal qui fut assigné au programme est
la lutte contre la faim et la sécurité alimentaire afin de
réduire de moitié le nombre d'affamé notamment du niveau
des ménages vulnérables des zones périurbaines à
l'horizon 2015. Les objectifs principaux sont :accroitre les productions
végétale, pastorale et halieutique par l'introduction de
variétés améliorées adaptées et
l'approvisionnement en intrants ; sécuriser les productions grâce
à la maitrise de l'eau à la gestion de la fertilité des
sols, à la protection de l'environnement et à la conservation des
ressources naturelles ; améliorer le revenu monétaire des
producteurs surtout ceux des femmes et des jeunes ; améliorer le
système de stockage des céréales, en particulier dans les
zones à risque ; contribuer à l'amélioration de
l'état nutritionnel des populations459(*).
L'organisation et le cadre institutionnel du PNSA fut
fixé par décret du Premier ministre le 14 juin 2009. Les
principaux bénéficiaires sont les populations vulnérables,
celles dont les moyens d'existence relèvent essentiellement des
activités agricoles et rurales et leurs organisations
socio-professionnelles, les collectivités territoriales, l'encadrement
technique et les ONG partenaires. Au total il fut décidé que le
PNSA devrait atteindre 366 000 ménages soit environ 2 200
personnes460(*). Le
programme se décline en sept sous-programmes à savoir : la
valorisation des ressources naturelles de base de 3 000 ha de petit
périmètre ; l'intensification des cultures ; la
diversification des systèmes de production ; la transformation et
la commercialisation ; la nutrition ; l'aide alimentaire et les
mesures d'accompagnement461(*).
2. Le Programme Nationale de Développement des
Racines et des Tubercules (PNDRT)
C'est un programme qui démarra en 2005 et prit fin en
2012. Financé majoritairement par le Fond International du
Développement de l'Agriculture (FIDA)462(*), il couvrait les huit régions
méridionales principales productrices des tubercules et des racines, et
avait pour objectif général de contribuer, par le
développement des racines et des tubercules, à la
sécurité alimentaire au Cameroun. Il s'inscrivait dans le DSDSR,
en stimulant l'emploi dans le secteur agricole. A travers une approche
«marketdriven», le PNDRT entendait toucher 6 000 villages pour un
effectif de 120 000 familles réunies en groupements
professionnels463(*).
Plus spécifiquement, le PNDRT visait : le renforcement des
capacités des petits producteurs et transformateurs de racines et
tubercules afin de mettre en place des organisations paysannes fortes d'une
part, et d'autre part de planifier et gérer efficacement le
développement du secteur de manière intégrée,
ouverte et durable ; l'amélioration durable de l'accès des
organisations de producteurs et productrices de racines et tubercules aux
marchés locaux, nationaux et sous-régionaux ;
l'amélioration durable de l'accès des productrices et
transformatrices de racines et tubercules à des techniques
appropriées de traitement post-récolte et de transformation, afin
de répondre à la demande des consommateurs ; la contribution
majeure à la croissance de la production de racines et tubercules par le
recours à des techniques améliorées répondant aux
besoins du marché, et susceptibles d'être largement
adoptées par les paysans pauvres produisant des racines et
tubercules464(*).
3. Le Programme d'Appui à la
Compétitivité Agricole (PACA)
En 2010, la Banque Mondiale lança un Programme
d'Amélioration de la Compétitivité Agricole au Cameroun
(PACA) ayant pour objectif global d'améliorer de manière durable
les revenus des exploitants agricoles par un accroissement des productions, de
la productivité et de la valeur ajoutée465(*)capables à la fois de
réaliser des transactions internationales en devises et de contribuer
à la sécurité alimentaire du pays. Plus
spécifiquement le programme s'orienta dès son lancement à
la réhabilitation des infrastructures, au renforcement des
capacités et la promotion des partenariats économiques et l'appui
institutionnel466(*).
Il s'agissait ainsi de rendre les filières plus
compétitives, d'améliorer la qualité de la production
ainsi que l'impact du secteur agricole sur l'économie et l'emploi.
À terme, il s'agissait d'augmenter de 20% la commercialisation de ces
produits sur le marché international en les rendant plus
compétitifs par rapport à d'autres produits concurrents. Le PACA
fut décliné en quatre composantes à savoir : le
développement des infrastructures structurantes; le soutien à la
création de partenariats économiques bâtis autour des
filières porteuses et accompagnés d'investissements productifs au
travers de fonds à coûts partagés dans des bassins de
production à haut potentiel ; le renforcement des capacités des
acteurs du développement rural ; et l'accompagnement des réformes
institutionnelles nécessaires, notamment en matière de
sécurisation foncière et d'amélioration de l'entretien des
pistes rurales467(*). La
population cible est la même que celle du PNDRT. Les cultures
concernées au premier chef sont le cacao, les cafés,
l'hévéa, la banane dessert, le coton, le palmier à huile,
la banane plantain, le maïs, le riz, le soja, le sorgho, le manioc et la
pomme de terre.
C'est dans ce sens que le gouvernement se lança dans
une intensification de la formation des pépiniéristes
privés afin de produire massivement des plants de cacaoyers, de
caféiers arabica et robusta, de bananier plantain et d'arbres fruitiers.
Dans le cas concret de la banane plantain, le gouvernement lança en
2013, un programme biannuel d'acquisition de 5 millions de plants in
vitro auprès de l'IRAD468(*).
4. Les programmes D du développement
rural
Avec la coopération française et dans le cadre
du contrat de désendettement développement (D)469(*), trois programmes phares ont
été mis sur pied et sont toujours en cours, la deuxième
phase ayant été lancée le 13 Novembre 2013. Il s'agit
premièrement du Programme d'Amélioration de la
Compétitivité des Exploitations Agropastorales (ACEFA), Programme
d'Appui à la Formation Professionnelle (AFOP) et le Programme d'Appui
à la Maîtrise d'Ouvrage (AMO) du MINADER et du MINEPIA. Ces trois
programmes, formulés par les services du MINADER et du MINEPIA, sont
basés sur des principes communs, reflétant l'évolution de
la stratégie de développement agricole menée par le
gouvernement camerounais : la cogestion des programmes avec la profession
agricole, qui constitue une innovation majeure au Cameroun ; le concept de
«programme-processus» ; la complémentarité entre les
programmes ; l'implication des bénéficiaires et de la profession
agricole dans la mise en oeuvre des programmes ; la réponse à la
demande des bénéficiaires ; la contractualisation entre la
maîtrise d'ouvrage et les bénéficiaires470(*)
Les objectifs spécifiques du programme ACEFA visent
à améliorer les capacités de gestion
technico-économique des exploitants et de leurs groupements ; renforcer
les capacités de production et de valorisation des produits agricoles,
par le cofinancement de projets portés par les groupements de
producteurs (GP) ; améliorer la gouvernance des groupements et des OPA
et améliorer les services rendus par ces derniers aux exploitations
agricoles ; renforcer l'implication des organisations professionnelles dans
l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi des politiques publiques
agricoles territoriales et nationales471(*).
Le programme AFOP opère une profonde refonte du
système de formation professionnelle agricole, par la réforme du
cadre réglementaire et la redéfinition de la nature et du contenu
des formations. De plus, il accompagne directement des centres et
écoles de formation dans l'élaboration de leur projet
pédagogique et la mise à niveau de leurs
infrastructures472(*).
Le programme AMO quant à lui s'attache à
renforcer les capacités des administrations du secteur à remplir
leurs missions régaliennes, pour une mise en oeuvre efficiente de la
Stratégie de Développement du Secteur Rural473(*).
B. Le programme économique d'aménagement du
territoire pour la promotion des entreprises de Moyennes et de grande
importance dans le secteur rural au Cameroun (AGROPOLES): moteur de la
NPADG
Le Vendredi 24 Aout 2012, le gouvernement camerounais
présenta officiellement son projet Agropoles474(*). C'est une expression qui
désigne l'ensemble d'entreprises circonscrites dans une aire
géographique donnée, qui entretiennent des relations
fonctionnelles dans leurs activités de production, de transformation et
de commercialisation d'un produit animal, végétal, halieutique ou
forestier donné475(*). Il est censé apporter des solutions pour la
relance de la production agricole dans le pays selon les termes du ministre
délégué à l'économie et au plan :
Le programme Agropoles est le principal levier sur lequel le
gouvernement va s'appuyer pour passer à une agriculture de seconde
génération, gage de sécurité alimentaire,
d'approvisionnement des industries et de rééquilibrage de la
balance commerciale, hors pétrole. L'initiative est désormais
perçue comme étant mûre, convaincante et crédible
pour porter les espoirs de la mutation de notre agriculture476(*).
Lancé officiellement le 15 janvier 2013 avec
l'installation des responsables du programme, il vise à accroître
la production agricole, halieutique et du secteur de l'élevage dans les
zones rurales à travers le financement d'activités
génératrices de revenus et créatrices d'emplois477(*). Plus spécifiquement
il vise à faciliter et sécuriser l'accès à la
terre ; faciliter et sécuriser l'accès à la
terre ; aménager les espaces agricoles ; développer les
infrastructures sociocommunautaires ; faciliter l'accès aux
intrants ; impulser la mécanisation ; assurer l'encadrement
technique des acteurs ; faciliter l'accès au crédit ;
induire la valeur ajoutée ; renforcer la structuration des
acteurs ; résorber les déficits de production.
Depuis le lancement de sa phase pilote en 2013 de nombreux
entrepreneurs reçurent des financements de l'Etat pour développer
substantiellement leur activité478(*). A titre d'illustration : en avril 2014, dans le
Littoral, un agropole de transformation du soja, qui devrait produire 8000
tonnes annuellement, vit le jour ; en janvier 2014 à Mbalmayo, dans le
Centre, Fapam Sarl, une entreprise, reçut un soutien de 1,4 milliard de
F CFA pour transformer 16.000 tonnes de fèves de cacao en beurre et en
poudre de cacao479(*) ;
à Abang, toujours dans le Centre, en novembre 2013, c'est un
élevage de porcs qui reçut 1,5 milliards de FCFA pour porter sa
production de 5000 à 26.000 têtes annuellement; 3,6 milliards de
FCFA pourl'agropole de production et de commercialisation des oeufs de table de
Baleng480(*) ;477
691 400 FCFA en Avril 2013 pour la production de porcs à
Kribi481(*) ;
production de maïs à Mbandjock ; production et
commercialisation de poisson à Bankim ; production et
transformation de viande porcine à Bafoussam ; production et
transformation de poulet de chair à Bomono dans le littoral ;
production et transformation de soja à Mokolo etc.
IV. SORTIR DE L'AUTO-SUBSISTANCE
Une analyse des actions menées depuis
l'avènement de la NPA-Nouveaux Défis révèle la
persistance des problèmes pouvant servir de frein à
l'émergence agricole du pays dans un contexte de mondialisation. Il
s'agit entre autres de la cherté des intrants, de la marginalisation du
petit producteur dans le cadre des financements du secteur agricole et une
dégradation de la sécurité alimentaire. L'objectif de
faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035 ne peut dont
pas être atteint avec l'Etat actuel de l'agriculture. Il convient donc de
proposer certaines lignes qui boosteront davantage le secteur agricole
camerounais
A. Croissance du volume de la production agricole et
introduction des mutations technologiques et techniques
Pour atteindre une croissance à deux chiffres,
l'agriculture est un pôle dominant. Pour un taux de croissance de 10%, la
contribution de l'agriculture devrait être de 4 à 5% au moins pour
assurer l'équilibre alimentaire et imprimer une nouvelle dynamique
à la croissance. Plus concrètement, le pays doit augmenter sa
production de céréales, de tubercules, en tête de
bétail, etc., et ce à un niveau suffisamment élevé
pour représenter un vrai saut qualitatif. Au-delà de cette
croissance en volume, le pays doit significativement améliorer la
qualité de cette production et la qualité de conservation.
En outre des mutations technologiques doivent être
introduites. On ne peut pas penser que la production puisse quantitativement
franchir un vrai cap avec les mêmes méthodes culturales qui datent
de près de cinquante ans. C'est le lieu ici de poser le problème
des intrants, et notamment des engrais et des plants dont les prix doivent
être à la disposition du petit producteur. Il convient
également de renouveler le verger national, la majorité des
plantations de cacao et de café ayant vu le jour il y a plus de 50 ans.
La population productrice doit également être rajeunie, vue le
vieillissement que subit la population d'agriculteurs. Dans la même
perspective, il y a toute une stratégie à développer pour
transformer le milieu rural, pour l'amener à adhérer aux
indispensables mutations qu'appelle une exploitation optimale du potentiel
agricole du pays. Les actions à mener ont trait à l'animation du
monde rural, à l'encadrement des agriculteurs, à la mise en place
des circuits de commercialisation tributaire eux-mêmes du
développement des infrastructures.
B. Replacer le paysan camerounais au centre de la question
agricole
Nous estimons que le moment est venu de mettre un terme
à un système incestueux dans lequel, des fonctionnaires, et
autres agents de l'Etat, au mépris de tout conflit
d'intérêt, se trouvent aux deux bouts de la filière
agricole, alors même que la quasi-totalité des ingénieurs
agronomes et des techniciens formés, dont l'effectif est pourtant
notoirement insuffisant, restent confinés dans des bureaux
climatisés du ministère de l'agriculture, ou dans les
délégations régionales désargentées. La
refondation de notre agriculture exige, de notre point de vue de replacer le
paysan camerounais et ses organisations syndicales au centre du dispositif de
la gouvernance du secteur rurale. L'Etat a ainsi vocation à structurer
le monde paysan, à lui donner une colonne vertébrale, en appuyant
ceux des regroupements de producteurs qui existent ou en suscitant la
création d'organisation paysanne la où elles n'existent pas
encore. C'est à ce prix que le gouvernement pourra se donner des
interlocuteurs qui soient de véritables acteurs de la profession et non
des intermittents du spectacle rural.
Tout pourrait ainsi changer du jour au lendemain, par le fait
d'une volonté politique clairement affirmée ; une
volonté politique porteuse d'objectifs précis à court et
à moyens termes, d'une programmation de moyens financier adéquat,
d'une mise en synergie des activités de recherche agricole qui devrait
ouvrir au paysan camerounais de nouvelle perspectives.
C. Mise en place d'instruments spécifiques de
financement
Il s'agit ici de mettre en place des organismes et des
guichets de financements spécifiques dont les conditions ne peuvent
être identiques à celles appliquées par les banques ou
institutions traditionnelles, et accessibles par le paysan.
On pourrait ainsi reprendre certaines expériences du
passé, tels le FONADER ou la MIDEVIV, mêmes s'ils n'ont pas eu le
succès escompté. Il s'agirait alors de réfléchir
aux insuffisances qui entravèrent leurs missions respectives afin d'y
apporter des mesures correctives et de mettre en place des organes de
contrôle efficaces. En orientant les flux financiers vers les cibles et
en s'assurant que les crédits sont effectivement remboursés, on
donnerait l'impulsion nécessaire à la production rurale. Dans le
même ordre d'idée, la réflexion devrait s'orienter vers les
structures de mutualisation et les coopératives pour faire en sorte que
les exploitants soient de véritables acteurs.
Un autre point important concerne l'implication des
élites. Ce rôle devrait les placer au coeur du processus de
modernisation de l'outil de production mais aussi au niveau de la diffusion des
nouvelles techniques de production et l'introduction des variétés
les plus productives. Leur rôle est aussi déterminant dans la
mobilisation des financements dans la mesure où les élites
disposent d'une capacité d'endettement qui permet de drainer en les
orientant mieux les flux financiers vers le secteur agricole.
D. Repenser le système éducatif
Repenser l'agriculture camerounaise, implique de repenser le
système éducatif dès le primaire pour que dès ce
niveau on apprenne à l'enfant qu'il peut gravir l'échelle
sociale, créer des sources de revenus en exerçant une
activité agricole. Dans l'enseignement secondaire et le
supérieur, il faudrait multiplier et disséminer les
établissements où l'on apprenne non seulement les techniques de
production mais aussi où l'on développe des capacités
entrepreneuriale permettant au capital humain ainsi formé de
réussir son insertions.
CONCLUSION GENERALE
Notre préoccupation centrale dans cette
réflexion était d'élucider l'évolution et
l'impact des politiques agricoles sur le développement économique
et le secteur rural camerounais. Nous avons eu recours à une approche
thématique et chronologique dans une analyse systémique, qui
impose l'interdisciplinarité et un examen critique des
différentes sources d'informations. Cette approche nous a permis
de rendre compte de la situation de l'action publique agricole et son
incidence sur le développement économique du Cameroun en
générale depuis 1960. Elle nous a également permis de
retracer la situation de l'agriculteur camerounais et en particulier le paysan
dans les différentes phases de l'évolution des politiques
agricoles au Cameroun.
Le constat est clair. Les politiques agricoles sont une
réalité antérieure à la souveraineté du
Cameroun en 1960. Instaurées par les allemands à travers la
politique des grandes concessions et des grandes plantations, elles se
poursuivent pendant la période française à travers les
plans agricoles dont la concrétisation fut l'encouragement de la culture
des rentes, le développement des cultures vivrières, la promotion
du développement coopératif et la mise en place d'une
série d'instrument de mise en oeuvre des stratégies agricole. Ce
développement des politiques agricoles pendant la période
coloniale fit du territoire, une zone essentiellement agricole dont la
production était destinée au ravitaillement de la
métropole. La rentabilité du secteur échappait ainsi aux
indigènes au profit des colons.
Depuis l'accession du pays à l'indépendance, la
stratégie de développement agricole au Cameroun a
changé en fonction de l'évolution globale de
l'économie nationale. Ainsi pendant les deux premiers plans
quinquennaux, le gouvernement est dans la continuité de la politique
agricole coloniale en optant pour l'interventionnisme étatique et la
primauté accordée aux cultures de rente. Ces mesures
héritées de la colonisation placèrent le pays dans une
dépendance qui se matérialisait par l'apport des instruments de
la relation UE-ACP à savoir le Stabex et les FED.
La période allant de 1970 à 1985 constitua un
véritable tournant dans la formulation et la mise en oeuvre des
politiques agricole au Cameroun. Cette période faste fut celle de
l'accroissement de l'intervention de l'Etat à travers une augmentation
des entreprises agricoles publiques et parapubliques, des Missions et Projets
de développement. L'action de l'Etat continua à accordé
un privilège aux cultures d'exportation héritée de la
colonisation. Celles-ci apportèrent d'importantes devises avec une
contribution significative au PIB. L'encadrement agricole était
organisé et assuré par l'Etat à travers le
déploiement d'équipes techniques. La primauté aux cultures
de rentes ne signifiait pas une continuité de la marginalisation du
secteur vivrier qui reçut également des actions gouvernementales
via des structures telles que la MIDEVIV. Les agriculteurs avaient dès
lors un rôle et surtout une responsabilité relativement
réduite car les services à l'agriculture relevaient des
structures mises en place par l'Etat: approvisionnement, financement,
commercialisation. Cette période fit de l'agriculture le principal
moteur de croissance économique du Cameroun et le capital social du
paysan permit à ce dernier de favoriser l'ascension scolaire de ses
enfants et d'avoir un statut social prisé.
Avec la crise économique intervenue dans les
années 80 à la suite de la chute des cours mondiaux des produits
de rente et la dépréciation du dollar, l'Etat fut
confronté à l'obligation de restructurer son action dans le
secteur agricole. Il décida ainsi de réduire ses
dépenses et revit son rôle au niveau général de
l'économie avec comme principales orientations : la
libéralisation, la privatisation et le désengagement. Au niveau
agricole, l'Etat se désengagea de la plupart des services
autrefois assumés (encadrement technique, financement,
commercialisation, etc.) et encouragea l'émergence d'acteurs
privés et de dynamiques paysannes pour assurer désormais ces
activités à travers les lois de la libéralisation
adoptée en 1990. Toutes ces mesures furent confinées dans la NPA
adoptée en 1990. Ces mesures bien qu'elles permirent une reprise
sensible de la croissance, diminuèrent considérablement le
capital social du paysan. La libéralisation agricole remit en cause le
droit à la sécurité alimentaire des plus faibles, en
déstabilisant les agricultures locales et en renchérissant le
coût de la facture alimentaire. Elle provoqua également un
renchérissement des intrants agricoles dont le corolaire fut la
dégradation de la santé des plantations, une évolution
à pat de tortue de la production agricole, augmentant ainsi la
pauvreté en milieu rurale et l'exode rural. Cette dernière eut
pour corollaire un vieillissement de la population agricole. Ainsi la
libéralisation agricole ne fut guère bénéfique au
paysan camerounais, elle favorisa plutôt l'émergence du
fonctionnaire agriculteur qui présentait une situation crédible
face aux institutions financières et aux IMF par rapport au petit
producteur.
Le début des 2000 constitua un retour de
l'interventionnisme étatique et de la planification stratégique
du développement économique à travers la formulation des
documents stratégiques. Deux ans après la révision de la
NPA, le gouvernement avec l'appuie des IFI, adopta le Document de
Stratégie de Développement du Secteur Rural qui traduisait la
volonté du gouvernement de reprendre en main la question du
développement rurale. Il fut associé au Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté qui s'inscrit dans
la stratégie à long terme du gouvernement de devenir un pays
émergent à l'horizon 2035. Sa révision conduit à
l'adoption du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi dont
les objectifs visent globalement à moderniser et à rendre plus
productif le secteur agricole camerounais. C'est dans cette ligne
stratégique que le chef de l'Etat lança la nouvelle politique
agricole de deuxième génération (NPADG) au comice
agro-pastorale d'Ebolowa en 2011. C'est cette nouvelle politique dont la phase
pilote a débuté avec le programme des Agropoles qui couvre la
période.
De ce fait une analyse à mi-parcours a permis de
déceler la continuité des obstacles qui peuvent servir de frein
à l'émergence agricole du Cameroun à savoir une
continuité de la cherté des intrants, un financement
marginalisant le petit producteur et une dégradation de la
sécurité alimentaire. Des propositions furent ainsi faites
à savoir une croissance du volume de production accompagnée d'une
introduction des mutations technologique, un recadrage de la place du paysan
dans la question agricole et le développement rural, une mise en place
des instruments de financement spécifiques et accessibles par le petit
producteur et un recadrage du système éducatif camerounais. C'est
dire qu'aujourd'hui, comme il y a 50 ans, le secteur agricole reste au coeur
des préoccupations de l'Etat camerounais dont les projets et programmes
ne doivent pas restés confiné dans les tiroirs ou donner
naissances à des gouffres financiers ou des éléphants
blancs. Il doit promouvoir le développement rural dans le but de
favoriser l'augmentation de la classe moyenne dont le pourcentage constitue un
indicateur important du développement économique d'une Etat.
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I- SOURCES ARCHIVISTIQUES
A- Archives Nationales de Yaoundé
(ANY)
· ANY APA 11820, Rapports de tournées 1936-1941,
Bafang (Subdivision) de Bamiléké, Noun
· ANY Journal Officiel du Cameroun Numéro du 1er
octobre 1973.
· ANY, J.O.C N° 219 du 15 juillet 1929
· ANY, APA10904/B
· ANY, FA 1 /790, proposition du Professeur Hass de
Victoria relative à la création d'une école d'agriculture
destinée aux indigènes, 1906
· ANY, FA 1/808, guide pour la culture du cacao par les
indigènes produit par le centre d'essais agricoles de Victoria (projet),
1913
· ANY, FA 1/864, rapport de l'assistant agronome BERGER
sur la mission dans la région du Mungo en vue d'encourager la culture du
cacao par les indigènes.
· ANY, N.F. 3860, procès-verbaux des
déclarations de chefs, 1918. Déclarations de Sase Oba, chef de
région, EbenvokNgombayo (Nkomakak), Assam Ndoum (Ecohon),
NyiémouriLomegouna
· ANY, TA 22 et bis, Circulaire souveraine sur la
création, la prise de possession et l'aliénation des terres de la
couronne et sur l'acquisition et l'aliénation des terres dans le
territoire du Cameroun du 15 juin 1896.
· Rapport annuel adressé par le Gouvernement
français au Conseil de la Société des Nations sur
l'administration sous mandat des Territoires du Cameroun (1927-1938)
B- Archives Nationales de Buea (ANB)
· ANB, Pf/h/1916/1, German prison laws-Victoria
division
II- DECRETS
· Décret n°2012/2274/PM du 06 aout 2012 portant
sur la mise en place des agropoles.
· Décret n°73/584 du 26 septembre 1973
portant sur la création de la Mission de Développement des
cultures Vivrières et maraîchères
· Décret n°90/1423 du 3 octobre 1990 portant
privatisation de certaines entreprises du secteur public et parapublic
· Décret n°94/125 du 14 juillet 1994 portant
admission de certaines entreprises du secteur public et parapublic à la
procédure de privatisation
· Décret n°96/050 du 12 mars 1996 portant
création d'un Institut de Recherche Agronomique pour le
Développement (IRAD)
III- SOURCES ORALES
Noms
|
Ages
|
Fonctions
|
Lieu et date
|
AbondoJérome
|
70 ans
|
planteur de Cacao
|
Biba, 12 juillet 2013
|
Anonyme
|
48 ans
|
Ingénieur agronome en service à l'IRAD, (antenne de
Nkoevone)
|
Nkoevone, 19 juin 2013
|
Anonyme
|
53 ans
|
cadre à la Communauté Urbaine d'Ebolowa
|
Ebolowa, 19 mars 2013
|
Anonyme
|
40 ans
|
fonctionnaire à la délégation
départementale de MINADER Ambam
|
Ambam 21 Juin 2013
|
Ekoto Gabriel
|
55 ans
|
producteur de cultures maraichères
|
Sangmelima, 03 Mars 2013
|
Essono Ondo Emmanuel
|
65 ans
|
planteur de cacao et professeur de lycée en retraite
|
Ambam, 13 Août 2013
|
Ndong Ella Armand
|
75 ans
|
planteur de Cacao
|
Assandick, 20 juin 2013
|
NdongNguema Bertrand
|
82 ans
|
planteur de cacao
|
Abang-Minko'o, 27 juillet 2013
|
Ondo Eyi Christophe
|
42 ans
|
Conseiller d'orientation au lycée de Banganté
|
Banganté 14 Aout 2013
|
IV- RAPPORTS ET DOCUMENTS DE TRAVAIL
· Anonyme «Faire progresser l'agriculture africaine,
Proposition de coopération aux niveaux continental et régional
pour le développement agricole en Afrique», RapportCommission
européenne, Bruxelles, 24 Juillet 2007.
· Anonyme, « Bilan diagnostic du secteur agricole
1980-1990», Février 1993, p. 11. (Publication du MINAGRI)
· Anonyme, « Bilan diagnostic du secteur agricole de
1960 à 1980», Yaoundé, 1980, (publication du
Ministère de l'Agriculture)
· Anonyme, «Cameroun étude de
compétitivité de la chaine de valeur du secteur agricole»,
Rapport Banque Mondiale, n°AAA25-CM, juin 2008
· Anonyme, «Cameroun, Fond Européen de
Développement 1960-1975», Bruxelles, Rapport de la Commission des
Communautés Européennes, 1977.
· Anonyme, «dynamiser le marché du travail
point sur la situation économique du Cameroun», in Cahiers
économiques du Cameroun, n°3Janvier 2012.
· Anonyme,«Enquête de base sur le travail des
enfants dans l'agriculture commerciale/cacao au Cameroun», Rapport OIT,
Février 2004.
· Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'UE aux pays
ACP: Cameroun», Rapport Investissement DevolppmentConsultancy, Août
1998.
· Anonyme, «Evaluation de l'aide de l'Union
européenne aux pays ACP, Evaluation sur le terrain, étude de pays
4 : Cameroun» Rapport lnvestmentDevelopmentConsultancy, Août
1988.
· Anonyme, «Évaluation des Documents de
Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté et de la
Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la
Croissance», Document de synthèse FMI, 2003.
· Anonyme, «Evaluation du projet de
développement rural intégré ZAPI Cameroun : annexes
techniques», Rapport Banque Mondiale n°1737a-CM, Février
1978.
· Anonyme, «Examen des politiques commerciales au
Cameroun», Rapport OMC, Juin 2001.
· Anonyme, «Implications des acteurs ruraux dans la
définition des politiques de développement des filières
vivrières en Afrique de l'Ouest et du Centre»,
Rapport de synthèse Fondation Rurale de l'Afrique de
l'Ouest,Avril 2011.
· Anonyme, «La situation mondiale de l'alimentation
et de l'agriculture 2004», Rapport FAO, 2004.
· Anonyme, «Programme ACEFA : Bilan Phase 1 et
enjeux Phase 2», rapport AFD, novembre 2012
· Anonyme, «Programme ACEFA : Bilan Phase 1 et
enjeux Phase 2», rapport AFD, novembre 2012.
· Anonyme, «Programme AFOP : Bilan Phase 1 et enjeux
Phase 2, rapport AFD, novembre 2012
· Anonyme, «Programme AFOP : Bilan Phase 1 et enjeux
Phase 2, rapport AFD, novembre 2012.
· Anonyme, «Programme d'Appui à
Maîtrise d'Ouvrage (AMO) des administrations du secteur rural
MINADER-MINEPIA, phase II, 2013 - 2016», 2014 p.6. (publication du MINADER
et du MINEPIA)
· Anonymous, «ZAPI integrated rural
developmentproject (credit 776-cm)» World Bank projectcompletion report
n°6808, May 29, 1987.
· D. Frisch, «La politique de développement
de l'Union européenne, un regard personnel sur 50 ans de
coopération internationale», Maastricht, Rapport Centre
Européen de Gestion des Politiques de Développement, 2008, p
· F. Menjo Baye et al., «Stratégies de
réduction de la pauvreté et politiques agricoles au
Cameroun», Rapport Réseau d'Expertise des Politiques Agricoles
(REPA), 2004.
· Frank van Tongeren, « Elaboration et mise en
oeuvre des politiques agricoles, une synthèse»,
document de travail OCDE, 2008
· G. Fongang, «Les organisations de producteurs en
Afrique de l'Ouest et du Centre : attentes fortes, dures
réalités, le cas du Cameroun», Rapport Fondation pour
l'Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM) Septembre 2012.
· H. David, P. Levang, «Le développement du
palmier à huile au Cameroun», Document de travail
IRD/CIFOR/WWF, 2012.
· H. Khelfaoui et J. Gaillard, «La science au
Cameroun», Paris, IRD, Rapport final du 21 décembre 2001.
· J. Gaillard, E. Zink, «Les capacités de
recherche scientifique au Cameroun: Une évaluation de l'impact des
activités de l'IFS», Rapport International Foundation for Science
(IFS), Stockholm, 2003.
· M. BoutiomBoukong «Cadre de Politique de
Réinstallation (CPR) du Projet d'Amélioration de la
Compétitivité Agricole (PACA)», rapport définitif,
Avril 2009.
· M. J. NkodoNgono, «Aide au développement de
l'agriculture du Cameroun», draft document de travail OECED, 2007.
· MINEPAT, «Atlas national de développement
physique du Cameroun», 2014.
· MINEPAT, «Cameroun vision 2035», 2009.
· MINEPAT, «Document de Stratégies pour la
Croissance et l'Emploi», 2009.
· M-R. Mercoiret et Denis Pesche, «Capitalisation
des enseignements des programmes d'appui à la professionnalisation de
l'agriculture en Afrique de l'Ouest et du Centre : Le cas du Cameroun»,
Document de travail provisoire, Paris, ministère des Affaires
étrangères, 2003.
· P. Guillaumont et al., «Evaluation globale du
Stabex », Rapport CERDI/CNRS, Novembre 1997.
· République du Cameroun, «Document de
Stratégie de Développement du Secteur Rural (DSDSR)»,
2005.
· République du Cameroun, «Plan National
d'investissement Agricole du Cameroun (PNIA) 2014 - 2020» Vol. 1,2014
· République du Cameroun, «Révision du
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté»,
Document transitoire, 2005
· T. Ondoua Manga, «Analyse des politiques agricoles
mises en oeuvre au Cameroun depuis 1960», Document de travail OECD,
2006
· Youness El Kadiri et Al., «Rapport du module
Environnement : Mondialisation», Ecole Nationale Supérieure
des Mines Saint-Etienne, Décembre 2003-Avril 2004
V- OUVRAGES
1- Ouvrages généraux
· Assidon E., Les théories économiques
du développement, Paris, La découverte, 1992
· AssigaAteba E. M., Economie des entreprises
publiques au Cameroun, Douala, Presse Universitaire de Douala, 2007
· Assoumou, F., Agriculture d'exportation et bataille
du développement en Afrique Tropicale : L'Economie du cacao,
Edition universitaire, 1977.
· Bayart J.-F., L'État en Afrique : la
politique du ventre, Paris, Fayard, collection «espace du
politique», 1994.
· Bertholot J., L'agriculture, talon d'Achille de la
mondialisation, Clés pour un accord solidaire à l'OMC,
Paris, Harmattan, 2001.
· Bienayme A., L'enseignement supérieur et
l'idée d'université, Paris, Economica, 1986.
· Brasseul J. Introduction à l'économie
du développement, Paris, Armand Colin, 1989.
· Courade G. (dir.), Le village camerounais à
l'heure de l'ajustement, Paris, Karthala, 1994.
· Dongmo J-L, Le dynamisme Bamiléké;
vol. I : La maîtrise de l'espace agraire, Yaoundé,
CEPER,1981
· EtogaEily F., Sur les chemin du
développement ; essai d'histoire des faits économiques du
Cameroun, Yaoundé, CEPMAE, 1971
· Eyongetah T., et R. Brain, A History of the
Cameroon, London, Longman, 1974.
· Fodouop K., Citadins et développement des
campagnes au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 2003
· Gifford L., German and Britain in Africa,
London, Longman , 1967.
· Hibou B., L'Afrique est-elle protectionniste
?, Paris, Karthala, 1996
· Kaptue L., Travail et main-d'oeuvre au Cameroun
sous régime Français, Paris, Harmattan, 1986
· Kouomou D.S., Structure, Performance et
Portée des Institutions de Finance Rurale : Une Analyse du Réseau
des Caisses Populaires du Cameroun (CamCCUL), Göttingen, Cuvillier
Verlag, 2006.
· Levine V.T., le Cameroun du mandat à
l'indépendance, Vol 1, Paris, Nouveaux Horizon, 1970
· Ndongko W.-A, La gestionéconomique du
Cameroun. Politiques et performances, Yaoundé, Institut des
SciencesHumaines, Fondation Friedrich Ebert, 1984.
· Ngoh J. V., Cameroun 1884-1985, 100 ans
d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990.
· NtudaEbodé J. V., Les Etats-Unis, les
associations occidentales de science politique et question soviétique :
sens et puissance à l'aube de la guerre froide, Villeneuve d'Ascq,
Presses Universitaires du septentrion, 1998.
· Owona A., La naissance du Cameroun, 1884-1914,
Paris, L'Harmattan, 1996.
· République du Cameroun, Cameroun
potentialités économiques et opportunités
d'investissement, 2010.
· Rudin H., Germans in the Cameroons, A
case study in modem imperialism, Yale, 1938.
· Santoir C., Sous l'empire du cacao, Etude
diachronique de deux terroirs camerounais, Paris, ORSTOM/Institut
Français de Recherche Scientifique pour le Développement en
Coopération, 1992.
· Santoir C., Sous l'empire du cacao, Etude
diachronique de deux terroirs camerounais, Paris, ORSTOM/Institut
Français de Recherche Scientifique pour le Développement en
Coopération, 1992.
· Sarraut A., La mise en valeur des colonies
françaises, Paris, Payot, 1923
· Tedga J.M.,Entreprises publiques, Etat et crise au
Cameroun. Faillite d'un système, Paris,L'Harmattan,
1990.
· Van Der Hoeven R., Van Der Kraaj (dir.)
L'ajustement structurel et au-delà en Afrique
subsaharienne. Thèmes de recherche et thèmes
politiques, Paris, Khartala, 1995.
· Venet B., Libéralisation Financière
et Développement Economique : unerevue critique de la
littérature, CREFED-CERPEM, Université Paris IX Dauphine,
2004.
2- Ouvrage méthodologiques
· Bachelard G., la formation de l'esprit
scientifique, contribution à une psychanalyse de la
connaissanceobjective, J. Vrin, 1965
· Beaud M., L'art de la thèse, Paris, La
Découverte, 1985
· Durkheim E., Les règles de la méthode
en science sociale, Paris, Flammarion, 1988
· Mace G. et Petry F., Guide d'élaboration
d'un projet de recherche en sciences sociales, Paris, De Boeck
université, 2003
· Olivier L. et al., L'élaboration d'une
problématique de recherche. Sources, outils et méthode,
Paris, L'Harmattan/Collections Logiques Sociales, 2005
· Pal L., Public Policy Analysis, Toronto,
Nelson, 1992.
· Paquin S. et al, L'analyse des politiques
publiques, Montréal, Presse Universitaire de Montréal,
2010.
· Veyne P., Comment on écrit l'histoire?,
Paris, Seuil, 1971
VI- THESES ET MEMOIRES
· Abate R., «Crise économique et politique de
relance de la production vivrière dans l'espace rural d'Ebolowa
II», mémoire de DIPES II, option géographie,
Université de Yaoundé I, ENS Yaoundé, 2012.
· AwoumouAmougou J-D., «La Libéralisation des
marchés et le développement durable en Afrique : le cas du
secteur agricole au Cameroun», Mémoire de Master, Ecole Nationale
d'Administration (ENA) (Strasbourg), 2004.
· Bella H., «Agriculture et croissance
économique au Cameroun», Mémoire ISSEA, 2009.
· Diallo A., «La dimension politique du partenariat
U.E. / A.C.P. depuis l'Accord de Cotonou : défis, enjeux et
perspectives» Thèse de Doctorat de Droit Public nouveau
régime, Université de Reims, 2008.
· EsameEsame D., «Exploitation forestière et
développement local : cas de l'arrondissement de Mvangan».
Mémoire de DIPES II, ENS Yaoundé, 2005
· Fark-Grüninger M., «La transition
économique à l'ouest du Cameroun, 1880-1990, jeux et
enjeux», Thèse de doctorat, Université de Neuchâtel,
Zurich, 1995.
· Folefack D. P., «Coordination des acteurs dans un
contexte de crise : le cas de la filière coton au Cameroun depuis
1990», Thèse de doctorat, Université rennes 2 Haute
Bretagne, 2010.
· FongangFouepe G. H., «Les mutations du secteur
agricole bamiléké étudiées à travers ses
acteurs : Une analyse à partir des localités de Fokoué et
de Galim» Thèse de Doctorat, Institut des Sciences et Industries du
Vivant et de l'Environnement, Paris, 2008.
· KanguelieuTchouake M., «La région du Moungo
sous régime français (1916-1960) : essor économique
et social», Thèse de Doctorat 3e cycle en Histoire,
Université de Yaoundé, 1990.
· Leroux X., «Politiques agricoles de la banque
mondiale et modernisation des systèmes paysans d'Afrique
sub-saharienne», Mémoire de maitrise en Science Politique,
Université du Québec, Montréal, 2007.
· ManfouoFountongNamekong I., «Les effets de la
disparition des organismes publics d'appui financier et de la
libéralisation des filières sur le monde agricole dans la
région de l'ouest Cameroun» Mémoire de
Master,Université de Dschang, 2012.
· MbiliOnana A. M., «Pour l'amélioration des
performances des entreprises publiques camerounaises : le rôle du conseil
d'administration», Mémoire de DEAen Sciences de
Gestion,Université de Yaoundé II Soa, 2004.
· MoulendeFouda T., « Les mécanismes de
financement en milieu rural camerounais : Une analyse des
déterminants de la demande de services financiers des
ménages», Thèse de doctorat en science économique,
Université de Versailles, 2003.
· TagneKommegne C. S., «L'imposition des cultures
de rente dans le processus de formation de l'Etat au Cameroun
(1884-1914)» Mémoire de Master en Science Politique,
Université de Yaoundé II, 2007.
· TamokwePiaptie G. B., «Globalisation et
diversification dans l'appareil industriel du Cameroun», Thèse de
doctorat Ph.D. es sciences économiques, Université de Douala,
2004.
· Tezampa A. D., «Planification économique au
Cameroun : méthodologie d'élaboration des plans»,
Mémoire de Maîtrise en Sciences Economiques, Université de
Yaoundé, 1987.
VII- ARTICLES ET JOURNAUX
· Abaye S. «Caféiculture du Cameroun...la
relance ?» in Afrique agriculture, «A la une : le
comice agropastorale d'Ebolowa», Hors-série Décembre
2010.
· Alary V. et Courade G., «Une expérience
inédite : l'opération chèque planteur au Cameroun»
Le Courrier n°151, Mai-juin 1995, pp.73-74
· Alary V., «La libéralisation de la
filière cacaoyère vue et vécue par les planteurs»,
Revue Région et Développement n°4, 1996.
· Anonyme, « Paul Biya veut mettre en oeuvre une
«révolution agricole» in Investir au Cameroun,
«La révolution agricole en marche», n°10,
janvier 2012, pp.4-11.
· Anonyme, « Paul Biya veut mettre en oeuvre une
«révolution agricole» in Investir au Cameroun,
«La révolution agricole en marche», n°10,
janvier 2012, pp.4-11.
· Anonyme, «Comice agricole de
Ngaoundéré du 10 au 11 décembre 1974,
Yaoundé», 1975, p. 7. (Publication du MINAGRI)
· Anonyme, «Comice agropastoral national d'Ebolowa,
les préparatifs en bonne voie», in Journal Comice, Edition
spéciale juillet - août 2010.
· Anonyme, «Le projet «Agropoles» fait les
yeux doux aux banquiers du Cameroun» in Investir au Cameroun,
«Le Cameroun agricole prend forme» n°15, Janvier 2015.
· Anonyme, «Le Vème Plan de
Développement Economique, Social et Culturel 1981-1986»,
Yaoundé, 1986, p.4. (Publication du Ministère du Plan et de
l'Aménagement du Territoire)
· Barbier J.C, «Les villages pionniers de
l'Opération Yabassi-Bafang, Aspects sociologiques de l'émigration
Bamiléké en zone de forêt dans le département du
Nkam», Yaoundé, ORSTOM, 1971, p.120.
· Barbier J-C , «opérations de
développement et histoire des populations cas de l'opération
Yabassi-Bafang (Cameroun)» Cahiers de l'O.R.S.T.O.M.,
série Sciences Humaines, volume XVI, n° l-2, 1979,
pp.129-158.
· Barbier J-C, «A propos de l'opération
Yabassi-Bafang (Cameroun)», ONAREST, 1977.
· Brunel S., « Les difficultés du Cameroun:
fin d'un modèle ou crise de croissance ?», L'information
géographique, Vol. 67 n°1, 2003.pp.134-142.
· BTP Afrique « le Cameroun en 2008»,
Hors-série, Mars 2008.
· Chouchane V., «Une analyse empirique de l'impact
de la libéralisation financière en Afrique subsaharienne sur la
période 1983-1996», Revue Tiers Monde, n°179, 2004,
pp. 617-641.
· Courade G., «Des complexes qui coûtent cher
: la priorité agro-industrielle dans l'agriculture camerounaise»,
Politique africaine n°14, juin 1984.
· Courade G., «Organisation paysanne,
sociétés rurale, Etat et développement au Cameroun
(1960-1980)» Colloque sur l'économie politique du Cameroun -
perspectives historiques, Tome I, Leiden, Juin 1988, pp.57-93.
· Courade G., et al., «La liquidation des joyaux du
prince : Les enjeux de la libéralisation des filières
café-cacao au Cameroun», Politique africaine, n°44,
1991 pp. 121-128.
· Dessouanne P., Verre P., «Cameroun : du
Développement Autocentré au National Libéralisme»,
Politique Africaine, n° 22, 1986, pp.120-137.
· EkomoEngolo, «Mutations socio-économiques
et conditions de vie des ménages ruraux au Cameroun», Revue
française de sociologie, 2001, 42-2. pp. 281-294.
· Fambon S. et al. «Réformes
économiques et pauvreté au Cameroun durant les années 80
et 90, dynamique de la pauvreté et de la répartition des revenus
au Cameroun durant les années 80 et 90», Rapport intérimaire
Projet Collaboratif sur la Pauvreté/AERC/CIRPEE/UYII, Université
Yaoundé II, Mars 2004.
· Foko E., « Les paysans de l'ouest Cameroun face au
crédit agricole institutionnel», Économie rurale,
n°219, 1994. pp.12-15.
· Griffon M. et al., «Filières
agroalimentaires en Afrique comment rendre le marché plus efficace
?» Ministère des Affaires étrangères (France), 2001,
p.276 (une étude du CIRAD)
· Gubry P.et al. «Population et planification du
développement au Cameroun» Cahiers de l'O.R.S.T.O.M, revue
scientifique et technique sciences humaine Vol.V-1987/1988, pp.15-33.
· Guillermou Y., «Organisations de producteurs et
dynamiques paysannes dans l'Ouest-Cameroun», Afrique
contemporaine, n° 222, 2007, p. 251-271.
· Herrera J., « La nature de la crise
financière camerounaise et les mesures prises pour la combattre: faut-il
ajuster le programme d'ajustement structurel?» in G. Courade (sd),
Le village camerounais à l'heure de l'ajustement, Paris,
Karthala, 1994, pp. 40-51.
· Jagoret P. et al., «Diversi?cation des
exploitations agricoles à base de cacaoyer au Centre Cameroun : mythe ou
réalité ?»Biotechnol. Agron. Soc. Environ.
n°13, 2009, pp.271-280.
· Janin P., «Un planteur sans Etat peut il encore
être planteur », Politique africaine, n°62 juin
1996, p.49.
· l'Action n°914 du Mercredi 14 Août
2013.
· Mbock C. G. et al., «Utilisation des
résultats de la recherche dans l'action publique au Cameroun»,
Revue internationale des sciences sociales , 2004 n°179, p.
43-51.
· Moupou M. et AkeiMbanga L.,
«Désengagement de l'État et réponses paysannes au
Cameroun », Les Cahiers d'Outre-Mer, n° 241-242,
Janvier-Juin 2008, pp. 163-183.
· Nguihé Kanté P., « Les contraintes
de la privatisation des entreprises publiques et parapubliques au
Cameroun» Revue internationale de droit économique t. XVI,
2002, pp. 603-625.
· Roesch M., et al., «Financer la campagne agricole
dans un contexte de libéralisation : de nouvelles formes de coordination
entre acteurs à construire», in J. Y. Jamin, et al.(éds),
«Savanes africaines : des espaces en mutation, des acteurs face à
de nouveaux défis», Actes du colloque, mai 2002, Garoua, CIRAD,
2003.
· Sy Aziz et al. (eds.), «Diagnostic du
système national de recherche et de vulgarisation agricoles du Cameroun
et stratégie de renforcement des capacités pour la
dissémination des connaissances et des technologies agricoles»,
2008, p.13 (une étude du FAO)
· Taton R., «Le Cameroun, les perspectives des cinq
prochaines années en agriculture et élevage», Europe
d'Outre-mer, n°548, septembre 1975, pp. 27-49.
· Toye J. «Contexte, hypothèses, origine et
diversité», in R. Van Der Hoeven et F. Van Der Kraaj (sd)
L'ajustement structurel et au-delà en Afrique
subsaharienne. Thèmes de recherche et thèmes
politiques, Paris, Khartala, 1995, pp. 41-66.
· TsafackNanfosso R., «Economie politique d'une
dynamique dans les exportations camerounaises», Nordic Journal of
AfricanStudies n°15 2006, pp.344-366.
· Verre P., «Cameroun : du développement
autocentré au national libéralisme», Politique
Africaine, n°22,1986, pp.120-137.
· William J.-C., «Cameroun : les avatars d`un
libéralisme planifié» politique Africaine, n°
18, 1985, pp 44-70.
VIII- SOURCES WEBOGRAPHIQUES
· AntaganaEteme E.,«les plans quinquennaux au
Cameroun» in http// :www.atangana-eteme-emeran.com/les
plans_quinquennaux_au_cameroun.php, consulté le 12 Août 2013
· Anonyme, «SustainableDevelopmentDepartment»,
July 1997, in
http://www.fao.org/waicent/faoinfo/sustdev/WPdirect/WPre0017.htm
consulté le 12 mai 2013.
· Voufo M. P., «Les grands défis de
l'agriculture»,in
http://www.lavoixdupaysan.org/lejournal.htm
consulté le 04 mai 2012
· MbondoAwono T., «Révolution agricole au
Cameroun : l'appel d'EssimiMenye à Lagdo» in
http://www.leseptentrion.net/2012/06/revolution-agricole-au-cameroun-lappel-dessimi-menye-a-lagdo.htm
· Caslin O., «Agrobusiness-Cameroun, Yaoundé
enclenche la première», in
http://www.JeuneAfrique.com/agrobusiness/cameroun-agriculture-paul-biya-usineagrobusiness-cameroun-yaounde.htm
consulté le 23 mai 2014
· Mazda A., «Coopération: L'agro-business
made in Cameroon», in
http://www.Cameroun.infos.net/agro-business_made_in_cameroun.htm
, consulté le 22 Mai 2013.
· Anonyme, «Le Cameroun doté d'un Plan
National d'Investissement Agricole», in
http://www.CRTV.org/Nouvelle_CRTV.htm.
Consulté le 04 Mai 2014.
· Valeurs Actuelles, «les chantiers du
renouveau», 27 février 2014. pp.44-49, in
http://www.VA.fr consulté le 24
mai 2014
· journal du Cameroun.com «Relance de la
production au Cameroun: Le gouvernement propose les Agropoles», 29 Avril
2012 in http://www.JournalduCameroun.com/Relance_ de_ la_ production _au
_Cameroun_ le_gouvernement propose_ les_ Agropoles.html.Consulté le 27
mai 2013.
ANNEXES
Table des matières
* 1 G. Mace et F. Petry,
Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciences
sociales, Paris, De Boeck université, 2003, p.9
* 2 G. Bachelard, la
formation de l'esprit scientifique, contribution à une psychanalyse de
la connaissanceobjective, J. Vrin, 1965, p.61.
* 3 Ministère de
l'économie, de la planification et de l'aménagement du
territoire, Cameroun potentialités économiques et
opportunité d'investissement, 2010, p.17
* 4 P .Veyne, Comment on
écrit l'histoire?, Paris, Seuil, 1971, p.33
* 5 Un plan de
développement est élaboré sur la base d'un grand ensemble
de buts se référant à des secteurs spécifiques et /
ou à l'économie toute entière. Chaque plan était
établi pour une période de 5 ans.
* 6P. Diagne,
«Histoire et linguistique », in Ki-Zerbo J., (dir),
Histoire Générale de l'Afrique, T. 1, Méthodologie et
préhistoire en Afrique, Paris, Unesco, 1980, pp. 259-269.
* 7 R. Bonnaud, Le
système de l'histoire, Paris, Fayard, 1989, p. 58
* 8 E. Durkheim, Les
règles de la méthode en science sociale, Paris, Flammarion,
1988, p.127.
* 9 R. Marichal, La
critique des textes, in L'Histoire et ses méthodes, Paris,
Encyclopédie de la Pléiade, p. 132, cité par F.
KangeEwane, Semence et moisson coloniales. Un regard d'africain sur
l'histoire de la colonisation, Yaoundé, Clé, 1985, p. 87.
* 10 Anonyme,
«Instruments de politiques agricoles. Quels choix pour l'Afrique de
l'Ouest ?», Etude du groupe Inter-réseaux et
développement rural, in
www.Inter-resaux.org
consulté le 8 mai 2013.
* 11 Anonyme,
«L'agriculture en quête de politiques», Grain de sel
n°41-42, décembre 2007-mai 2008, p.12.
* 12 L. Pal, Public
policyanalysis, Toronto, Nelson, 1992, p.19, cité par S. Paquin et
Al., L'analyse des politiques publiques, Montréal, Presse
Universitaire de Montréal, 2010, p.2
* 13 D. Thomas.,
Understanding Public Policy, London, Longman, in Ibid.
* 14 On dit d'une politique
qu'elle est explicite lorsqu'elle est clairement énoncée par un
gouvernement grâce à la publication d'un document officiel.
Celle-ci est habituellement exposée dans un document qui :
présente un cadre de valeurs et d'action sur un sujet donné;
détermine les orientations de certains programmes publics; expose la
répartition des pouvoirs de décision, le partage des
responsabilités et les grands principes d'organisation et
d'administration. À l'inverse, une politique publique peut être
qualifiée d'implicite lorsque elle est exprimée de façon
indirecte et sous-entendue par le biais de certaines mesures ou
activités
* 15 J. Rothmayr,L'analyse
des politiques publiques, p.71.
* 16 Se dit d'une analyse
économique prévisionnelle
* 17 Ministère de
l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire,
Guide méthodologique de planification stratégique au
Cameroun, 2011, p. 24.
* 18 J. Rothmayr, L'analyse
des politiques publiques, p. 72.
* 19 Anonyme, «Instruments
de politiques agricoles», p.2.
* 20 Ibid.
* 21 Frank van Tongeren,
« Elaboration et mise en oeuvre des politiques agricoles, une
synthèse», document de travail OCDE p.12.
* 22 Anonyme,
«Instruments de politiques agricoles», p. 3.
* 23 Le niveau et
l'instabilité des revenus agricoles ont longtemps constitué l'une
des préoccupations majeures des politiques agricoles
* 24 Le développement
rural occupe une place de premier plan dans les objectifs de la politique
agricole des pays car, l'agriculture est l'activité qui occupe la plus
grande partie des terres dans les zones rurales. Mais c'est rarement la
première source d'activité économique ; c'est pourquoi
l'articulation entre agriculture et développement rural n'est pas si
évidente.
* 25 La politique agricole
commune de l'Union Européenne par exemple poursuit plusieurs objectifs :
(i) augmenter la productivité, via le progrès technique ; (ii)
fournir un revenu équitable aux agriculteurs ; (iii) stabiliser les
marchés ; (iv) assurer la sécurité d'approvisionnement des
consommateurs et des industries de transformation des produits agricoles ; (v)
fournir des produits à des prix raisonnables pour le consommateur. In J.
Berthelot et Al., «Guide de la Politique agricole commune
(PAC)», Montreuil (France), Groupe PAC, 2010 p.13
* 26 R. Aron cité par
A. Bienayme, L'enseignement supérieur et l'idée
d'université, Paris, Economica, 1986, p.196.
* 27 J.-F. Bayart,
L'État en Afrique : la politique du ventre, Paris, Fayard,
collection «espace du politique», 1994.
* 28Youness El Kadiri et
Al., «Rapport du module Environnement : Mondialisation», Ecole
Nationale Supérieure des Mines Saint-Etienne, Décembre 2003-Avril
2004, p. 3
* 29 M. Beaud, L'art de
la thèse, Paris, La Découverte, 1985, pp.31-32.
* 30 J. Dewbre et A.Borot de
Battisti, «progrès agricole au Cameroun, au Ghana et au Mali,
comprendre les causes et maintenir la dynamique», 2008 p. 11. (Publication
de l'OCDE)
* 31 Anonyme «Faire
progresser l'agriculture africaine, Proposition de coopération aux
niveaux continental et régional pour le développement agricole en
Afrique », RapportCommission européenne, Bruxelles, le 24
Juillet 2007, p. 3.
* 32 Anonyme,
«Contribution of farm power to smallholder livelihoods in Sub-Saharan
Africa», Rome, 2005,p.17.(FAO publication)
* 33 M. Ma Pondi,
«potentiel en friche, le gâchis des trésors
méconnus» in Agroscope, «Ce Cameroun si fertile»
Hors série Cameroun Tribune, Décembre 2010, pp. 88-89
* 34 M. C. Nnana, «si
fertile et pourtant ...?in ibid. pp.5-7
* 35 Ibid. p. 5
* 36La conjoncture est
l'ensemble des données variables qui déterminent à un
moment précis la situation de l'économie
* 37 Politique liée
à la structure économique et non à la situation
ponctuelle. Elle s'inscrit dans le long terme
* 38 L. Olivier et Al.,
L'élaboration d'une problématique de recherche. Sources,
outils et méthode, Paris, L'Harmattan/Collections Logiques
Sociales, 2005, p.31.
* 39D. EsameEsame.
«Exploitation forestière et développement local : cas de
l'arrondissement de Mvangan». Mémoire de DIPES II, ENS
Yaoundé, 2005, p.6
* 40 Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté
* 41M. Grawitz,
Méthode des sciences sociales, p.34
* 42 J. V.
NtudaEbodé, Les Etats-Unis, les associations occidentales de
science politique et question soviétique : sens et puissance à
l'aube de la guerre froide, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du
septentrion, 1998, p.49.
* 43B. Hibou, L'Afrique
est-elle protectionniste ?, Paris, Karthala, 1996, p.32.
* 44P. Veyne, Comment on
écrit l'histoire, p. 35
* 45 F. EtogaEily, Sur
les chemin du développement ; essai d'histoire des faits
économiques du Cameroun, Yaoundé, CEPMAE, 1971, p. 181.
* 46 C. S. TagneKommegne
«L'imposition des cultures de rente dans le processus de formation de
l'Etat au Cameroun (1884-1914)» Mémoire de Master en
Science Politique, Université de Yaoundé II, 2007, p.19.
* 47 H.Rosenberg, Grosse
Depression und Bismarckzeit.Wirtschaftsablauf,Gesellschaft und Politik in
Mitteleuropa. Frankfurt/Berlin, Wien, Ullstein 1967, p. 42. Cité
par M. Fark-Grüninger, «La transition économique à
l'ouest du Cameroun, 1880-1990, jeux et enjeux», Thèse de doctorat,
Université de Neuchâtel, Zurich, 1995, p.43.
* 48 H. U.Wehler,
Bismarck und der Imperialismus, Köln/Berlin, Kiepenheuer und Witsch,
pp.65-66, 1969. Cité par M. Fark-Grüninger «La transition
économique à l'ouest du Cameroun», p. 43.
* 49 R.
Aldenhoff-Hübinger, «Le protectionnisme en France et
Allemagne», Histoire et sociétés rurales,
Vol. 23, 2005, pp.65-87.
* 50 C. S. TagneKommegne,
«L'imposition des cultures de rente», p. 20.
* 51 Le chancelier
Léo von Caprivi, conclut en 1892 et 1894 une série de
traités pour les exportations industrielles avec l'Autriche-Hongrie,
l'Italie, la Belgique, la Suisse, la Roumanie, la Serbie et la Russie. Ces
traités furent en vigueur jusqu'à la fin de 1903 et portaient
principalement sur l'abaissement des droits sur le blé et le seigle.
* 52 Le
Reichskanzler Bismarck était d'abord un adversaire
décidé du colonialisme. Ceci était la conséquence
tout autant de sa politique extérieure qu'intérieure.
Après une période marquée par de nombreuses guerres,
Bismarck suivait une politique d'équilibre, que des conquêtes
coloniales auraient mise en danger. De plus, à son avis les coûts
d'une colonisation dépassaient largement ses bénéfices et
ne valaient donc pas la peine. Mais une pression de plus en plus forte
l'obligea finalement à changer de politique.
* 53 F. EtogaEily, Sur les
chemin du développement, p. 139.
* 54 L. Kaptue, Travail et
main-d'oeuvre au Cameroun sous régime Français, Paris,
Harmattan, 1986, p.10
* 55 A. Owona, La naissance
du Cameroun, 1884-1914, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 62.
* 56 T. Eyongetah, et R. Brain,
A History of the Cameroon, London, Longman, 1974, p.53.
* 57 F. EtogaEily, Sur les
chemin du développement, p.128.
* 58 Barth pour les
régions du Nord-Cameroun dès 1850. Son travail fut poursuivi de
1869 à 1873 par Gustav Nachtigal. Un peu plus tard, de 1882 à
1883, Flegel qui était à la fois explorateur et
commerçant, pénétra dans l'Adamaoua par le Niger et la
Bénoué.
* 59 S. Rogozinsky,
«Voyage à la côte occidentale d'Afrique dans la
région des Cameroons», conférence faite à la
Société de Géographie du Havre, le 24 novembre 1885 sur
le rôle de Rogozinsky, in H. Rudin, Germans in the
Cameroons, A case study in modem imperialism, New
Heaven,Yale, 1938, pp. 43-59.
* 60 Chambre de Commerce de
Hambourg, Mémoire du 6 juillet 1883, n° 8271 cité par M.
Michel, «Les plantations allemandes du mont Cameroun (1885-1914)»
Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 57, n°207,
2e trimestre 1970, pp. 183-213.
* 61 M. Michel,
«Les plantations allemandes du mont Cameroun», p.193.
* 62 Ibid.
* 63 Ibid.
* 64 ANY, TA 22 et bis,
Circulaire souveraine sur la création, la prise de possession et
l'aliénation des terres de la couronne et sur l'acquisition et
l'aliénation des terres dans le territoire du Cameroun du 15 juin
1896.
* 65 C. S. TagneKommegne
«L'imposition des cultures de rente», p.37.
* 66 F. EtogaEily, Sur les
chemins du développement, p.179.
* 67 Ibid.
* 68 C. Santoir, Sous
l'empire du cacao, Etude diachronique de deux terroirs camerounais, Paris,
ORSTOM/Institut Français de Recherche Scientifique pour le
Développement en Coopération, 1992, p.61.
* 69 F. EtogaEily, Sur les
chemins du développement, p.191.
* 70Ibid.p.171.
* 71Ibid. p. 181.
* 72 A. Owona, La naissance
du Cameroun, p. 76.
* 73 Ibid.
* 74 V.T. Levine, le
Cameroun du mandat à l'indépendance, Vol 1, Paris, Nouveaux
Horizon, 1970, p. 59.
* 75 F. EtogaEily, Sur
les chemins du développement, p.189.
* 76 C. S. TagneKommegne
«L'imposition des cultures de rente», p. 56.
* 77 F. EtogaEily, Sur
les chemins du développement, p.190.
* 78 J. Von Puttkamer,
Gouverneursjahre in Kamerun, Berlin, 1912 cité par M.
Michel, «Les plantations allemandes du mont Cameroun,», p.187.
* 79 M. Michel, «Les
plantations allemandes du mont Cameroun », p.188
* 80 Elle possède
également des filiales à savoir, la
KautschukPflanzungMeanja, fondée en 1903 ; la
Deutsche Kautschuk A.G constituée en 1906.
* 81 Ibid.
* 82 Ibid.
* 83 H. David, P. Levang,
«Le développement du palmier à huile au
Cameroun», Document de travail IRD/CIFOR/WWF, 2012, p.5.
* 84 M. Fark-Grüninger
«La transition économique à l'Ouest du Cameroun», p.
53.
* 85 L. Kaptue, Travail et
main-d'oeuvre au Cameroun, p. 23.
* 86 Ibid.p.21
* 87Zintgraff est connue
comme le promoteur du recrutement de la main d'oeuvre de l'intérieure du
pays grâce à ses connaissances géographiques et
économiques acquises lors de ses explorations et grâce aux liens
d'amitié qu'il noua avec les Fon de Bali entre 1888 et 1889.
* 88 E. M. Chilver,
«Paramountcy and protection in the Cameroons ; the Bali and the
Germans, 1880-1913», in L. Gifford, German and Britain in
Africa, 1967, p.497.
* 89 J. V. Ngoh, Cameroun
1884-1985, 100 ans d'histoire, Yaoundé, CEPER, 1990, pp. 59-60.
* 90 ANY, N.F. 3860,
procès-verbaux des déclarations de chefs, 1918.
Déclarations de Sase Oba, chef de région, EbenvokNgombayo
(Nkomakak), Assam Ndoum (Ecohon), NyiémouriLomegouna.
* 91 C. S. TagneKommegne
«L'imposition des cultures de rente », p. 55.
* 92 Au début cet
impôt été seulement perçue auprès des
Doualas, ensuite à partir de 1907dans tout le sud du pays.
* 93 ANB, Pf/h/1916/1, German
prison laws-Victoria division.
* 94 En mars 1905, le
lieutenant Rausch fit une incursion dite punitive dans la chefferie Bamendu en
pays bamiléké et en ramena 61 travailleurs. Ensuite, Rausch
exigea l'envoi par an de 200 autres travailleurs dans les plantations de la
côte. Ce fut là, le plus important point de ce qui se passait pour
un traité de paix. Les autorités de Bamendu durent accepter cette
grave clause sous la contrainte des armes. InZ. Saha, «Le Bezirk de
Dschang: relations entre l'administration coloniale Allemande et les
autorités traditionnelles (1907 -1914)», Mémoire de
maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé, 1993, p.82.
* 95 F. EtogaEily, Sur les
chemins du développement, p.204.
* 96 ANY, FA 1 /790,
proposition du Professeur Hass de Victoria relative à la création
d'une école d'agriculture destinée aux indigènes,
1906.
* 97 F. EtogaEily, Sur les
chemins du développement, p.191.
* 98 ANY, FA 1/864, rapport
de l'assistant agronome Berger sur la mission dans la région du Mungo en
vue d'encourager la culture du cacao par les indigènes.
* 99 ANY, FA 1/808, guide
pour la culture du cacao par les indigènes produit par le centre
d'essais agricoles de Victoria (projet), 1913.
* 100 F. Boisson. «Le
mandat français au Cameroun», Politique
étrangère n°1, 1938, pp. 59-67.
* 101 A. Sarraut, La
mise en valeur des colonies françaises, Paris, Payot, 1923,
p.27.
* 102 F. Boisson. «Le
Mandat français au Cameroun», p.60.
* 103 Ibid.
* 104Journal Officiel du
Cameroun, 1921, p.18.
* 105F.EtogaEily, Sur les
chemin du développement,p.371.
* 106 L. Kaptue, Travail
et main d'oeuvreauCameroun, p.34.
* 107Journal Officiel du
Cameroun, 1921, p.18.
* 108 F. Boisson. «Le
Mandat français au Cameroun», p.60.
* 109 F. EtogaEily, Sur
les chemins du développement, p.345.
* 110 D. P. Folefack,
«Coordination des acteurs dans un contexte de crise : le cas de la
filière coton au Cameroun depuis 1990», Thèse de doctorat,
Université rennes 2 Haute Bretagne, 2010, p.48
* 111 J-C Devèze,
«Le coton, moteur du développement et facteur de
stabilité du Cameroun du Nord ?» Afrique
contemporaine, n° 217, 2006, pp. 107-120.
* 112 Y. Guillermou,
«Organisations de producteurs et dynamiques paysannes dans
l'Ouest-Cameroun », Afrique contemporaine, n° 222, 2007, pp.
251-271.
* 113 ANY, J.O.C
n° 219 du 15 juillet 1929, p. 72.
* 114J-L Dongmo, Le
dynamisme Bamiléké; vol. I : La maîtrise de l'espace
agraire, Yaoundé, CEPER, 1981, p.125.
* 115 L. Uwizeyimana,
«Après le café, le maraîchage ? Mutations des
pratiques agricoles dans les Hautes Terres de l'Ouest Cameroun»,
Les Cahiers d'Outre-Mer, n°247, 2009, pp. 331-344.
* 116 Cependant, dès
l'époque allemande, l'adjoint du major Dominik, Von Krosit, aurait
donné des fèves à différents chefs de clans de la
région du Sud.
* 117 Selon, A. Fadani et
L. Temple, les premières plantations de cacao de la zone
française se sont développées dans les
départements de la Lékié et du Sud. In A. Fadani, L.
Temple. «Cultures d'exportation et cultures vivrières au
Cameroun», Économie rurale, n°239, 1997. pp.
40-48.
* 118 C. Santoir, Sous
l'empire du cacao, p.61.
* 119 Marius Pascalet fut
le premier agent d'agriculture européen, en poste à
Sangmélima vers 1928. Il développa une intense activité
pour répandre la cacaoculture et conseilla les nouveaux planteurs.
Depuis, son nom est devenu en pays bulu, synonyme de moniteur agricole
(singulier : paskalé, pluriel: bepaskalé).
* 120 ANY, APA10904/B
* 121 C. Santoir, Sous
l'empire du cacao, p.61.
* 122 M. Fark-Grüninger
«La transition économique à l'ouest du Cameroun»,
p.59.
* 123 F. EtogaEily, Sur
les chemins du développement, p.345.
* 124 F. Boisson. «Le
Mandat français au Cameroun», p. 61.
* 125 F. EtogaEily, Sur
les chemins du développement, p. 346.
* 126 F. Boisson. «Le
Mandat français au Cameroun», p, 62.
* 127 M.
KanguelieuTchouake, «La région du Moungo sous régime
français (1916-1960) : essor économique et social»,
Thèse de Doctorat 3e cycle en Histoire, Université de
Yaoundé, 1990, p.94.
* 128 F. EtogaEily, Sur
les chemins du développement, p. 346.
* 129 Ibid.
* 130 Rapport annuel
adressé par le Gouvernement français au Conseil de la
Société des Nations sur l'administration sous mandat des
Territoires du Cameroun, (1927-1938).
* 131 M. Fark-Grüninger
«La transition économique à l'ouest du Cameroun»,
p.59.
* 132 F. Boisson. «Le
Mandat français au Cameroun», pp. 62-63.
* 133 Ibid.
* 134 Ibid.
* 135 ANY APA 11820, Rapports
de tournées 1936-1941, Bafang (Subdivision) de Bamiléké,
Noun.
* 136 M. Fark-Grüninger
«La transition économique à l'ouest du Cameroun»,
p.60.
* 137 V. T. Levine, Le
Cameroun du mandat à l'indépendance, p. 187.
* 138 L. Kaptue, Travail
et main-d'oeuvre au Cameroun, pp. 266-267.
* 139
Anonyme,«Enquête de base sur le travail des enfants dans
l'agriculture commerciale/cacao au Cameroun», Rapport OIT, Février
2004, p. 5
* 140 F. TchalaAbina
«Interventionnisme et dépaysannisation dans les stratégies
de développement agricole en Afrique: un point de vue critique» in
Kamajou (éd.) et al. «Actes du Séminaire sur les organismes
d'intervention en milieu rural dans le processus de
développement»,16 - 21 juillet 1984, Centre Universitaire de
Dschang, 1984, pp.107-120.
* 141 Ibid. p.109.
* 142 T. MoulendeFouda,
« Les mécanismes de financement en milieu rural camerounais :
Une analyse des déterminants de la demande de services financiers des
ménages», Thèse de doctorat en science économique,
Université de Versailles, 2003, p.55.
* 143 N. Long «Rural
developementstrategies and outcomes: acriticalreview», in ibidem, pp.39
* 144 B. Bekolo-Ebe,
«Rétrospective d'une décennie de croissance de
l'économie camerounaise : 1975-1986», Revue camerounaise de
management, mars 1987, pp.7-28.
* 145 L'expérience
de la planification commence au Cameroun bien avant l'indépendance :
pendant la période coloniale, le Cameroun connut deux plans quadriennaux
entre 1946 et 1959, sous la houlette du Fonds International de
Développement Agricole (FIDA). Au moment où le Cameroun
accède à l'indépendance, l'économie
française vit déjà son troisième plan. Cette
culture de la planification dans la métropole influença les
dirigeants du jeune Etat camerounais dans l'élaboration de ses plans.
* 146 T. Mama,«Place
et importance de l'agriculture dans le développement
économique», Conférence annuelle des responsables des
services centraux, déconcentrés et des organismes sous-tutelles
du MINADER, Palais des congrès, 10-12 juin 2008, p.8
* 147 E. AntaganaEteme,
«les plans quinquennaux au Cameroun» in
http// :www.atangana-eteme-emeran.com/les-plans_quinquennaux_au_cameroun.php,
consulté le 12 Août 2013.
* 148 Anonyme,
«Processus d'élaboration et de mise en oeuvre des politiques
agricoles au Cameroun»,2006, p. 20. (Publication du MINADER)
* 149 T. Ondoua Manga,
«Analyse des politiques agricoles mises en oeuvre au Cameroun depuis
1960», Document de travail OECD, 2006, p.5
* 150V. Achancho et A.
Lothoré, «Dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au
Cameroun : vers la reconnaissance par les politiques agricoles des
organisations de producteurs et des exploitations familiales», Etude du
groupe Inter-réseaux et développement rural, 2008, p.13.
* 151 Anonyme, « Bilan
diagnostic du secteur agricole 1980-1990», Février 1993, p. 11.
(Publication du MINAGRI)
* 152 T. Ondoua Manga,
«Analyse des politiques agricoles », p.27.
* 153 Ibid.
* 154 Conception de l'Etat
qui lui assigne, notamment, la mission de prendre en charge de manière
très complète les divers risques sociaux. L'Etat-providence se
caractérise par un interventionnisme accru de l'Etat dans la vie
économique et sociale du pays
* 155 A. Nguelieutou,
«L'évolution de l'action publique au Cameroun : l'émergence
de l'Etat régulateur», Polis/R.C.S.P. /C.P.S.R. Vol. 15,
Numéros 1&2, 2008, p.7
* 156 Ibid.
* 157 Les cadres de
concertation sur la politique du pays étant fortement
contrôlé par l'Etat, le seul cadre et unique canal formel
d'expression des professionnels du secteur agricole était la Chambre
d'Agriculture, d'Elevage et des Forêts (CHAGRI)
* 158 Propos de M. G.
AndzeTsoungui, ministre de l'agriculture en 1977 tiré de L'Economie
camerounaise « L'agriculture camerounaise »,
2e édition, 1977, p.2.
* 159 A.T. EtamaneMahop,
«Les grandes orientations des politiques économiques au Cameroun
sous l'ère du président Ahmadou Ahidjo de 1960 à 1982 :
analyse historique» in AnaleleUniversitãþii Dunãrea de
Jos Galaþi, seria 19, Istorie, tom VIII, 2009, pp.231-227.
* 160 A. Ahidjo, Par
lui-même, Monaco, Edition Paul Bory, 1968, pp.54-55, cité par
A.T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations», p.215.
* 161 G. H. FongangFouepe,
«Les mutations du secteur agricole bamiléké
étudiées à travers ses acteurs : Une analyse à
partir des localités de Fokoué et de Galim» Thèse de
Doctorat, Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l'Environnement,
Paris, 2008 p. 71.
* 162M. Gaud, Les
premières expériences de planification en Afrique noire,
Paris, Cujas, 1967 p. 59.
* 163 Le crédit rural
apparaît un peu plus tard dans la chaîne
* 164 Il s'inspirait des deux
plans FIDES mis en place par la France Coloniale en 1945 et 1953.
* 165 Ministère de
l'économie et du plan, le Cameroun économique,
Yaoundé, 1976, p. 34.
* 166 E. AntaganaEteme,
«les plans quinquennaux au Cameroun», p.2.
* 167 Recouvrant à lui
seul 85% du financement.
* 168 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement», p.57.
* 169 M Tankou,
«L'historique de la politique camerounaise en matière de
développement rural depuis1960» in Kamajou (éd.) et al.,
«Actes du Séminaire », pp.49-64.
* 170 Anonyme, «la
politique agricole dans le second plan quinquennal», Fond documentaire
ORSTOM n°15380, 1966 p.2.
* 171 P. Gubry J-M.
Wautelet, «Population et processus de développement au
Cameroun» in C. QueteletIntégrer population et
développement, Paris, Académie/l'Harmattan, 1993, pp.
641-667.
* 172 Il fut par exemple
envisagé, lors du second plan quinquennal de porter à 35 000 ha
la superficie de la cacaoyère camerounaise intéressée par
une telle action; soit 10% de la surface totale cultivée en cacaoyers.
Une demande de financement d'un montant de 164 millions de francs CFA fut
déposée auprès du Fonds d'aide et de Coopération.
* 173 Anonyme, «la
politique agricole dans le second plan quinquennal», p. 3.
* 174 E. AntaganaEteme,
«les plans quinquennaux au Cameroun», p.2
* 175 Dans les
années 60, le phénomène d'urbanisation entraina
l'augmentation de ce phénomène qui à son tour entraina les
jeunes actifs en dehors du circuit de production agricole, provoqua une
dégradation des infrastructures villageoises, accéléra la
croissance démographique dans les villes et posa par la suite le
problème du type d'industrialisation.
* 176 Pendant cette
période, les produits agricoles d'exportation représentaient plus
de 50% de la valeur des exportations du pays.
* 177 J. Champaud,
«L'économie cacaoyère du Cameroun» Cahiers de
l'ORSTOM, série Sciences humaines, 1966, pp.106-123
* 178 Entretient avec
NdongNguema, 82 ans, planteur de cacao, Abang-Minko'o, le 27 juillet 2013.
* 179 H. Bella,
«Agriculture et croissance économique au Cameroun»,
Mémoire ISSEA, 2009, p. 36.
* 180 E. Bamou, et al,
«Agriculture et nouveau programme des négociations de l'OMC des
années 2000: analyse économique des intérêts et
options politiques du Cameroun», étude de la Banque Mondiale,
Février 2001, p.4.
* 181 L. Uwizeyimana,
«Après le café, le maraîchage», p.334.
* 182 Ibid. p. 336
* 183 J. Gaillard, E. Zink,
«Les capacités de recherche scientifique au Cameroun: Une
évaluation de l'impact des activités de l'IFS», Rapport
International Foundation for Science (IFS), Stockholm, 2003 p.11.
* 184 H. Khelfaoui et J.
Gaillard, «La science au Cameroun», Paris, IRD, Rapport final du 21
décembre 2001, p.14.
* 185 À Dschang en
1925 (café arabica et quinquina), à Ngaoundéré en
1930 (productions animales), à Bambui en 1933 (cultures
vivrières), à Ebolowa en 1938 (café robusta et cultures
vivrières), à Nkongsamba (sols) et à Djarengol-Maroua
(arachide et traction animale)
* 186 Après la
deuxième Guerre Mondiale, les premiers instituts français
spécialisés dans la recherche agricole coloniale commencent
à s'installer au Cameroun. L'Institut Français des Fruits et
Agrumes Coloniaux (IFAC, qui deviendra plus tard l'IRFA) est le premier
à s'installer à Njombé en 1944, suivi par l'Institut de
Recherche pour les Huiles et Oléagineux (IRHO) à Dibamba en 1948
et l'Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des
pays Tropicaux (IEMVT) à Wakwa en 1955. Ces trois derniers instituts
sont également présents dans la plupart des pays d'Afrique
Centrale et de l'Ouest.
* 187 D'une manière
générale, l'ORSTOM monopolisa les recherches en Afrique
francophone pendant plus de soixante ans. Au Cameroun, ce monopole a
persisté longtemps après l'indépendance
* 188 Anonyme,
«l'amélioration de la gestion de la recherche agricole au
Cameroun», Rapport International Service for National Agricultural
Research (ISNAR), Institut Panafricain pour le Développement (IPAD),
Juin 1984, p.8
* 189 H. Khelfaoui et J.
Gaillard, «La science au Cameroun», p.16
* 190 C. G. Mbock et al.,
«Utilisation des résultats de la recherche dans l'action publique
au Cameroun», Revue internationale des sciences sociales , 2004
n°179, p. 43-51.
* 191 Ibid. p.50.
* 192 Anonyme,
«l'amélioration de la gestion de la recherche agricole»,
p.9.
* 193 H. Khelfaoui et J.
Gaillard, «La science au Cameroun», p.19.
* 194A. M.MbiliOnana,
«Pour l'amélioration des performances des entreprises publiques
camerounaises : le rôle du conseil d'administration», Mémoire
de DEAen Sciences de Gestion,Université de Yaoundé II Soa, 2004,
p.22.
*
195J.M. Tedga, Entreprises publiques, Etat
et crise au Cameroun. Faillite d'un système,
Paris,L'Harmattan, 1990, P.78
* 196 Les EPIC ou
Entreprise publics Industrielles et Commerciales sont créés
après par décrets présidentiels ou par voies
législatives, décrets et lois qui définissent leurs
natures et qui déterminent leurs activités. Leur capital est
alloué par la loi ou le décret créant
l'établissement. Ils sont soumis à des règles de gestion
en vigueur dans les établissements du secteur privé, mais avec
des obligations de service public. Leur capital est financé par le
budget de l'Etat. De même, leur dissolution intervient par un
décret ou une loi, ainsi que leur restructuration et/ou
privatisation.
* 197 Il faut noter que
certaines entreprises privées sont également présente.
C'est le cas de PAMOL, SABC, UCB et GUINNESS
* 198 E. M. AssigaAteba,
Economie des entreprises publiques au Cameroun, Douala, Presse
Universitaire de Douala, 2007, p. 13
* 199 Ces
sociétés sont la résultante de la confrontation de deux
écoles de pensée ; la première préconisant la
préférence de l'Etat pour les complexes agro-industriels tandis
que la seconde est une plaidoirie en faveur de la «villagisation».
C'est cette deuxième école qui va influencer la création
des sociétés de développement à qui l'Etat avait
assigné, en plus des critères de croissance, de
productivité et de rentabilité, celui de la garantie de
l'intérêt social
* 200J.M. Tedga,
Entreprises publiques, p.43.
* 201 Ibid.
* 202 G. Courade,
«Organisation paysanne, sociétés rurale, Etat et
développement au Cameroun (1960-1980)» Colloque sur
l'économie politique du Cameroun - perspectives historiques, Tome I,
Leiden, Juin 1988, pp.57-93
* 203 Anonyme,
«Evaluation du projet de développement rural intégré
ZAPI Cameroun : annexes techniques», Rapport Banque Mondiale
n°1737a-CM, Février 1978, Annexe 3 p.1.
* 204 Ibid.
* 205Anonymous, «ZAPI
integrated rural developmentproject (credit 776-cm)» World Bank
projectcompletion report n°6808, May 29, 1987, p.23
* 206 J-C Barbier,
«opérations de développement et histoire des
populations cas de l'opération Yabassi-Bafang (Cameroun)»
Cahiers de l'O.R.S.T.O.M., série Sciences Humaines,
volume XVI, n° l-2, 1979, pp.129-158.
* 207 P. Gubry J-M. Wautelet,
«Population et processus de développement au», p. 648.
* 208 J-C Barbier, «A
propos de l'opération Yabassi-Bafang (Cameroun)», ONAREST, 1977,
p.15
* 209P.Gubry et al.
«Population et planification du développement au Cameroun»
Cahiers de l'O.R.S.T.O.M, Revue scientifique et technique sciences
humaine Vol.V-1987/1988, pp.15-33
* 210 Ibid. p.39
* 211 J-C Barbier,
«opérations de développement et », p. 132.
* 212 L'opération
fut premièrement motivée par une situation militaire. A la veille
de l'accession du Cameroun à l'indépendance, la région de
Douala et les pays basaa et bamiléké connaissent de graves
troubles politiques causés par des éléments
upécistes qui contestent la façon dont s'opère cette
accession à l'indépendance. En 1960, l'ensemble du pays
bamiléké connaît une véritable guerre civile.
L'intervention de l'Armée y met rapidement fin mais des upécistes
se réfugient à la périphérie des plateaux
bamiléké où ils forment des maquis. Ils s'installent,
notamment dans la région de Nkondjok où le relief
tourmenté, couvert de foret, et à l'écart de toute voie
de communication, constitue un excellent refuge pour des centres de formation
et d'entrainement, puis de repli. Par la main mise sur cette région,
les maquisards ont accès au Mungo, à Douala, et au pays basaa,
sans avoir besoin d'emprunter les axes routiers où les contrôles
policiers et militaires sont fréquents. Lors du lancement de
l'opération, les maquis ont, déjà été
désorganisés, mais des éléments isolés
restent encore dangereux.
* 213 J.C Barbier,
«Les villages pionniers de l'Opération Yabassi-Bafang, Aspects
sociologiques de l'émigration
Bamiléké en zone de forêt dans le
département du Nkam», Yaoundé, ORSTOM, 1971, p.120.
* 214 Présence
effective, construction d'une case tôlée en brique de terre
sèche, défrichement d'une superficie minimum
* 215 Dès la
création de la Communauté en 1957, le traité de Rome
réservait une place particulière aux territoires d'outre-mer
(essentiellement les colonies belges et françaises) des Etats
membres. Les articles 131 à 136 (anciens) du Traité
prévoyaient la mise en place d'une association entre la
Communauté et les pays et territoires d'outre-mer. Celle-ci avait pour
objectif la promotion du développement économique et social
des pays en question, et l'établissement de relations
économiques étroites entre eux et la communauté dans
son ensemble
* 216 A. Diallo, «La
dimension politique du partenariat U.E. / A.C.P. depuis l'Accord de Cotonou :
défis, enjeux et perspectives» Thèse de Doctorat de Droit
Public nouveau régime, Université de Reims, 2008, p.16.
* 217 Ibid.
* 218 Anonyme,
«Cameroun, Fond Européen de Développement 1960-1975»,
Bruxelles, Rapport de la Commission des Communautés Européennes,
1977, p.9.
* 219 Ibid.
* 220 D. Frisch, «La
politique de développement de l'Union européenne, un regard
personnel sur 50 ans de coopération internationale», Maastricht,
Rapport Centre Européen de Gestion des Politiques de
Développement, 2008, p.4
* 221 Ibid.
* 222 Anonyme,
«Cameroun, Fond Européen de», p.10
* 223 Ibid.p.21
* 224 350 kg à l'ha.
* 225Anonyme,
«Evaluation de l'aide de l'Union européenne aux pays ACP,
Evaluation sur le terrain, étude de pays 4 : Cameroun»
RapportlnvestmentDevelopmentConsultancy, Août 1988, p.3
* 226 Ibid.
* 227 Ibid.
* 228 Anonyme,
«Cameroun, Fond Européen de», p.12.
* 229 Cet échec
était dû à l'omniprésence exponentielle de l'Etat
dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques agricoles qui rendait
ainsi l'initiative privé inexistante une mauvaise orientation des
stratégies de développement
* 230 A. T. EtamaneMahop,
«Les grandes orientations», p.220.
* 231 E. M. AssigaAteba,
Economie des entreprises publiques, p.31.
* 232 A. D. Tezampa,
«Planification économique au Cameroun : méthodologie
d'élaboration des plans», Mémoire de Maîtrise en
Sciences Economiques, Université de Yaoundé, 1987, pp50-56.
Cité par A.T. EtamaneMahop, «Les grandes orientations»,
p.219.
* 233 A. T. EtamaneMahop,
«Les grandes orientations », p.220.
* 234 P. Verre,
«Cameroun : du développement autocentré au national
libéralisme», Politique Africaine, n°22,1986,
pp.120-137.
* 235 Ibid.p.120.
*
236«Présentation du 3e Plan quinquennal de
développement à l'Assemblée Nationale», communication
de S. E. El Hadj Ahmadou Ahidjo, Président de la République Unie
du Cameroun, Yaoundé, le 17 Août 1971.
* 237 L'accent est mis sur
l'industrie en général, l'énergie et les mines qui
prennent 25,1% contre 9,02% pour le développement rural et 20,5% pour
les infrastructures sur un volume des investissements qui s'élève
à 280 milliards de FCFA.
* 238
«Présentation du 3e Plan quinquennal de
développement », p.12.
* 239 G. B. TamokwePiaptie,
«Globalisation et diversification dans l'appareil industriel du
Cameroun», Thèse de doctorat Ph.D. es sciences économiques,
Université de Douala, 2004, p.80.
* 240 G. Courade,
«Des complexes qui coûtent cher : la priorité
agro-industrielle dans l'agriculture camerounaise», Politique
africaine n°14, juin 1984, pp.75-9.
* 241 Lire : Anonyme,
« Bilan diagnostic du secteur agricole de 1960 à 1980»,
Yaoundé, 1980, (publication du Ministère de l'Agriculture)
* 242 Anonyme, «Le
Vème Plan de Développement Economique, Social et Culturel
1981-1986», Yaoundé, 1986, p.4. (Publication du Ministère du
Plan et de l'Aménagement du Territoire)
* 243 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement», p.58.
* 244 E. M. AssigaAteba,
Economie des entreprises,p.14.
* 245 G. Courade et al.,
«L'Union centrale des Coopératives agricoles de l'Ouest du Cameroun
(UCCAO) : de l'entreprise commerciale à l'organisation paysanne»,
Tiers-Monde, «Politiques agraires et dynamismes paysans : de
nouvelles orientations ?», tome 32, n°128. 1991, pp. 887-899.
* 246V. Achancho et A.
Lothoré,«Dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au
Cameroun», p.1.
* 247E. Bamou, et al.,
«Agriculture et nouveau programme des négociations», p.5
* 248 M. Moupou, L.
AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses
paysannes au Cameroun», Les Cahiers d'Outre-Mer, n°61, 2008,
pp.163-183.
* 249 Créée le
10 mai 1974
* 250 R. Abate, «Crise
économique et politique de relance de la production vivrière dans
l'espace rural d'Ebolowa II», mémoire de DIPES II, option
géographie, Université de Yaoundé I, ENS Yaoundé,
2012, p.60
* 251 Créée
en mars 1975
* 252 Créée le
30 avril 1975
* 253 Créée
depuis 1947 mais transformée en société de
développement le 28 Septembre 1973
* 254W.-A Ndongko,
La gestionéconomique du Cameroun. Politiques et performances,
Yaoundé, Institut des SciencesHumaines, Fondation Friedrich Ebert, 1984
cité par E. M. AssigaAteba, Economie des entreprises, p.16
* 255 Politique de
promotion des cultures vivrières lancée par l'Etat dans le but
d'assurer l'approvisionnement des villes
* 256 ANY,Journal Officiel
du Cameroun, Numéro du 1er octobre 1973, p.16.
* 257 Décret
n°73/584 du 26 septembre 1973 portant sur la création de la Mission
de Développement des cultures Vivrières et
maraîchères, article 3.
* 258L'économie
camerounaise, p.13.
* 259 E. M. AssigaAteba,
Economie des entreprises,p17.
* 260 Ibid.
* 261 A l'exception du Nord
(alimentation basée sur le mil-sorgho), les féculents (manioc,
igname, taro, macabo, patate douce et banane plantain) occupent une place
importante dans l'alimentation.
* 262 Entretient avec R. Ada
Alo'o,71ans, planteur de cacao Ndjazeng, le 24 Août 2013
* 263 R. Abate, «Crise
économique et politique de relance», p.59.
* 264 C. Santoir, Sous
l'empire du cacao, p.156.
* 265 R. Abate, «Crise
économique et politique de relance», p.58.
* 266 Entretient avec J.
Abondo, 70 ans, planteur de Cacao, Biba, le 12 juillet 2013
* 267 Lire Y. Guillermou,
«Organisations de producteurs et dynamiques paysannes dans
l'Ouest-Cameroun», Afrique contemporaine, n° 222, 2007, p.
251-271
* 268Lire D. P. Folefack,
«Coordination des acteurs dans un contexte de crise», p.164.
* 269 M.
Fark-Grüninger «La transition économique à l'ouest du
Cameroun»,p.81
* 270 Sa mise en place
effective est accompagnée de celle de neuf instituts de recherche
camerounaises et français, parmi lesquelles nous avons : l'Institut
des cultures pérennes ( ICP), l'institut français du café,
du cacao (IFCC), L'Institut des Cultures Vivrières et Textiles (ICVT ),
l'institut de Recherches Agronomiques Tropicales et des cultures
vivrières (IRAT), l'institut Français de recherche
fruitière outre - mer (IFAC), L'institut des Recherches Médicales
et d'Etude des Plantes Médicinales (IMPM) etc.
* 271 H. Khelfaoui et J.
Gaillard, «La science au Cameroun», p.18.
* 272 Ibid.
* 273 Anonyme,
«l'amélioration de la gestion de la recherche agricole au»,
p.7.
* 274 Réduction du
nombre d'instituts de recherche de neuf à cinq et allégement des
missions.
* 275 C. G. Mbock et al.
«Utilisation des résultats de la recherche», p.44.
* 276 E. Bamou, et al.,
«Agriculture et nouveau programme des négociations», p.4 et
Anonyme «l'amélioration de la gestion de la recherche agricole
au», p.9.
* 277 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement», p.63.
* 278 F. Kamajou
«Establishingcostestimates of agricultural lendingfrommultipurpose
agricultural projets», MS Thesis, University of Illinois, 1975, p.145
* 279 Dès
l'indépendance, l'une des premières actions du nouveau
gouvernement camerounais fut la création de la Banque Camerounaise de
Développement (BCD) dont l'une des principales missions était
d'assurer la distribution du crédit en milieu rural pour en stimuler le
développement.
* 280 E. Foko, « Les
paysans de l'ouest Cameroun face au crédit agricole
institutionnel», Économie rurale, n°219, 1994.
pp.12-15.
* 281K. Fodouop, Citadins
et développement des campagnes au Cameroun, Paris, L'Harmattan,
2003, p.70.
* 282 M. Roesch, et al.,
«Financer la campagne agricole dans un contexte de libéralisation :
de nouvelles formes de coordination entre acteurs à construire», in
J. Y. Jamin, et al.(éds), «Savanes africaines : des espaces en
mutation, des acteurs face à de nouveaux défis», Actes du
colloque, mai 2002, Garoua, CIRAD, 2003, p.4
* 283 Les activités du
FONADER allaient au-delà de l'approvisionnement des planteurs en engrais
et couvrent tous les autres intrants agricoles tels que les produits
phytosanitaires
* 284 I.
ManfouoFountongNamekong, «Les effets de la disparition des organismes
publics d'appui financier et de la libéralisation des filières
sur le monde agricole dans la région de l'ouest Cameroun»
Mémoire de Master,Université de Dschang, 2012, p.35.
* 285 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement», p.176.
* 286 D.S. Kouomou,
Structure, Performance et Portée des Institutions de Finance Rurale
: Une Analyse du Réseau des Caisses Populaires du Cameroun
(CamCCUL), Göttingen, Cuvillier Verlag, 2006, p.120.
* 287 E. Foko, « Les
paysans de l'ouest Cameroun face au crédit», p.14.
* 288P. Janin, «Un
planteur sans Etat peut il encore être planteur »,
Politique africaine, n°62 juin 1996, p.49.
* 289 Anonyme, «Bilan
diagnostic du secteur agricole», p.100.
* 290 Article 40
* 291 Article 42 du
décret d'application
* 292 D. P. Folefack,
«Coordination des acteurs dans un contexte de crise», p.166.
* 293 G. Fongang, «Les
organisations de producteurs en Afrique de l'Ouest et du Centre : attentes
fortes, dures réalités, le cas du Cameroun», Rapport
Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM)
Septembre 2012, p. 17
* 294 Créée
vers 1948
* 295 Créée en
1932
* 296 G. H. FongangFouepe,
«Les mutations du secteur agricole bamiléké», p.107.
* 297 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement», p.179.
* 298 Ibid.
* 299 Ibid.
* 300 Ibid.
* 301 Plusieurs autres
organismes jouèrent un rôle similaire dans la commercialisation
des produits agricoles. L'Office Céréalier pour stabiliser les
prix des céréales ; Les sociétés de
développement qui constituaient l'acheteur exclusif de la production en
fin de campagne telle que la SODECOTON, qui jouèrent ce rôle
auprès de nombreuses associations paysannes du Nord-Cameroun ; la
MIDEVIV pour les cultures vivrières.
* 302 H. L. Van der Laan,
«Cameroon's main marketing board, History and scope of the ONCPB»,
Workingpapers n° 10, AfricanStudies Centre Leiden, 1987, p.6.
* 303 I.
ManfouoFountongNamekong, «Les effets de la disparition des organismes
publics», p.37.
* 304 Anonyme, «Bilan
diagnostic du secteur agricole», p.99.
* 305 La fourniture des
intrants agricoles était mise à la disposition des agriculteurs
sous forme de crédit et les coûts de crédit étaient
déduits du prix de vente ultérieur des récoltes.
* 306 H. L. Van der Laan,
«Cameroon's main marketing board», p.9
* 307 Système de
stabilisation des recettes d'exportations créé dans le cadre de
la première Convention de Lomé en 1975. Il s'agit-en d'autres
termes d'un système de compensation du déficit des recettes
d'exportation des Pays ACP en raison de la fluctuation des prix. Les
instruments Stabex visent à aider respectivement le secteur agricole.
Lorsque le Stabex fut créé, il correspondait à la
volonté d'apporter aux pays ACP et plus particulièrement aux
agriculteurs produisant des biens exportés vers la Communauté
européenne une garantie de revenu face aux chutes qu'ils pouvaient
connaître (de prix ou de quantité) à la suite
d'aléas dus à des facteurs imprévus d'ordre externe ou
interne (marchés internationaux, climat,...). Cet instrument, faut-il le
rappeler, n'était dans la première Convention de Lomé,
comme dans les autres, qu'une des modalités de coopération avec
les pays ACP, à côté des autres aides du Fonds
européen de développement, en partie destinée
elle-même à l'agriculture, à côté
également de mesures particulières, comme le protocole sucre et
de la coopération commerciale. La convention de Cotonou (2000) met fin
à ce système.
* 308 Banque Mondiale
* 309 X. Leroux,
«Politiques agricoles de la banque mondiale et modernisation des
systèmes paysans d'Afrique sub-saharienne», Mémoire de
maitrise en Science Politique, Université du Québec,
Montréal, 2007, p.26.
* 310 Anonyme, «La
situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2004», Rapport
FAO, 2004, p.30.
* 311 X. Leroux,
«Politiques agricoles de la banque mondiale ».p.27.
* 312 A. T. EtamaneMahop,
«Les grandes orientations», p.221
* 313Anonyme, «Comice
agricole de Ngaoundéré du 10 au 11 décembre 1974,
Yaoundé», 1975, p. 7. (Publication duMINAGRI)
* 314 R.Taton, «Le
Cameroun, les perspectives des cinq prochaines années en agriculture et
élevage», Europe d'Outre-mer, n°548, septembre 1975,
pp. 27-49.
* 315 A. T. EtamaneMahop,
«Les grandes orientations des politiques», p.221.
* 316 M. Fark-Grüninger,
«La transition économique à l'ouest du Cameroun»,
p.83.
* 317 G. H. FongangFouepe,
«Les mutations du secteur agricole bamiléké», p.87.
* 318 M. Fark-Grüninger
«La transition économique à l'ouest du Cameroun»,
p.84.
* 319 P. Dessouanne, P.
Verre, «Cameroun : du Développement Autocentré au
National Libéralisme», Politique Africaine, n° 22,
1986, pp.120-137.
* 320 Entretient avec C. Ondo
Eyi, 42 ans, Conseiller d'orientation au lycée de Banganté, le 14
Aout 2013
* 321 J.-C. William,
«Cameroun : les avatars d`un libéralisme planifié»
politique Africaine, n° 18, 1985, pp 44-70
* 322Anonyme, 65 ans,
Ingénieur agronome à la retraite, Yaoundé, le 12 juin
2013.
* 323 Le cours moyen
mondial du café arabica qui était de 1953 f cfa / kg en 1985
baissa à 782 f cfa en 1987. Celui du Cacao qui était de 1039 f
cfa / kg en 1985 baissa à 760 f cfa le kg en 1986. Le cours moyen
mondial du café robusta qui était de 1094 f cfa / kg en 1986
baissa à 651 f cfa / kg en 1987.
* 324 Anonyme,
«Evaluation de l'aide de l'UE aux pays ACP: Cameroun», Rapport
Investissement DevolppmentConsultancy, Août1998, p.10
* 325 Gestion
privilégiant l'intérêt privé à
l'intérêt public, théorisée par Jean-François
Bayart. A titre d'exemple, la bureaucratie chargée de la gestion des
offices de commercialisation avait une fâcheuse tendance à
consommer elle-même un pourcentage croissant des ressources
dégagées, aussi bien par les charges salariales que par
l'appropriation frauduleuse.
* 326 A. Chouchane-Verdier,
«Une analyse empirique de l'impact de la libéralisation
financière en Afrique subsaharienne sur la période
1983-1996», Revue Tiers Monde, n°179, 2004, pp. 617-641.
* 327 La crise toucha beaucoup
plus tardivement le Cameroun que ses voisins ivoiriens et
nigérians
* 328 J. Herrera, « La
nature de la crise financière camerounaise et les mesures prises pour la
combattre: faut-il ajuster le programme d'ajustement structurel?» in
G. Courade (sd), Le village camerounais à l'heure de
l'ajustement, Paris, Karthala, 1994, pp. 40-51.
* 329 Paiement des
fonctionnaires, dépenses de fonctionnement et d'investissement
* 330 S. Brunel, « Les
difficultés du Cameroun: fin d'un modèle ou crise de croissance
?», L'information géographique, Vol. 67 n°1,
2003.pp.134-142.
* 331Anonymous, « Trends
in Developing Economies», Washington, World Bankrepport, (1990), p.76
* 332C. EkomoEngolo,
«Mutations socio-économiques et conditions de vie des
ménages ruraux au Cameroun», Revue française de
sociologie, 2001, 42-2. pp. 281-294.
* 333 A. Aziz Sy et al.
(eds.), «Diagnostic du système national de recherche et de
vulgarisation agricoles du Cameroun et stratégie de renforcement des
capacités pour la dissémination des connaissances et des
technologies agricoles», 2008, p.13 (une étude du FAO)
* 334 Ibid.
* 335 Les deux programmes
d'ajustement conclus avec le FMI en 1988, puis en 1991, avaient
échoué malgré un appui financier important de la France
(3 250 millions de FF de 1988 à 1993). Les décaissements
avaient été suspendus en 1992. Le Cameroun avait mis en oeuvre
en 1993 des mesures d'ajustement réel notamment en baissant de 35
à 60 % les salaires des agents de 1'Etat in P. Hugon «Sortir de la
récession et préparer l'après-pétrole: le
préalable politique» politique africaine n°62, 1996, pp.
35-44.
* 336Abdoul Aziz Sy,
«Diagnostic du système national de», p.14.
* 337 S. Fambon et al.
«Réformes économiques et pauvreté au Cameroun durant
les années 80 et 90, dynamique de la pauvreté et de la
répartition des revenus au Cameroun durant les années 80 et
90», Rapport intérimaire Projet Collaboratif sur la
Pauvreté/AERC/CIRPEE/UYII, Université Yaoundé II, Mars
2004, p.25.
* 338 J. Toye
«Contexte, hypothèses, origine et diversité», in R. Van
Der Hoeven et F. Van Der Kraaj (sd) L'ajustement structurel et
au-delà en Afrique subsaharienne. Thèmes de recherche
et thèmes politiques, Paris, Khartala, 1995, pp. 41-66.
* 339 Anonyme, «Examen
des politiques commerciales au Cameroun», Rapport OMC, Juin 2001, p.10.
* 340 Ibid.
* 341 M. Moupou et L.
AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses
paysannes au Cameroun », Les Cahiers d'Outre-Mer n°
241-242, Janvier-Juin 2008, pp. 163-183.
* 342 V. Alary, «La
libéralisation de la filière cacaoyère vue et vécue
par les planteurs», Revue Région et Développement
n°4, 1996, p.8
* 343 J-D. AwoumouAmougou
«La Libéralisation des marchés et le développement
durable en Afrique : le cas du secteur agricole au Cameroun»,
Mémoire de Master, Ecole Nationale d'Administration (ENA) (Strasbourg),
2004, p.21
* 344 Office National du
Café et du Cacao
* 345G. Courade, I.
Grangeret, P. Janin, «La liquidation des joyaux du prince : Les enjeux de
la libéralisation des filières café-cacao au
Cameroun», Politique africaine, n°44, 1991 pp. 121-128.
* 346 P. Nguihé
Kanté, « Les contraintes de la privatisation des entreprises
publiques et parapubliques au Cameroun» Revue internationale de droit
économique t. XVI, 2002, pp. 603-625.
* 347 Ibib.p.611
* 348M. Griffon et al.,
«Filières agroalimentaires en Afrique comment rendre le
marché plus efficace ?» Ministère des Affaires
étrangères (France), 2001, p.276 (une étude du CIRAD)
* 349V. Achancho et A.
Lothoré, «Dispositifs de vulgarisation et conseil agricole au
Cameroun», p.2.
* 350 Organisations Paysannes,
Organisation de Producteurs
* 351 La stratégie
de la Banque est essentiellement centrée sur les programmes d'aide au
développement agricole et rural dans les domaines suivants : i) mise en
place de l'infrastructure rurale ; expansion des activités
agroindustrielles du secteur privé ; iii) mise en place et
capitalisation de réseaux financiers privés plus efficaces ; iv)
meilleure gestion des ressources naturelles ; v) renforcement des
capacités ; et vi) intégration régionale
* 352M. J. NkodoNgono,
«Aide au développement de l'agriculture du Cameroun», draft
document de travail OECED, 2007, p.35.
* 353Anonyme,
«Implications des acteurs ruraux dans la définition des politiques
de développement des filières vivrières en Afrique de
l'Ouest et du Centre»,Rapport de synthèseFondation
Rurale de l'Afrique de l'Ouest,Avril 2011, p.40.
* 354 Ibid.
* 355 République du
Cameroun, «Document de Stratégie de Développement du Secteur
Rural (DSDSR)», 2005, p.4
* 356 Ibid.
* 357E. Bamou, et al.,
«Agriculture et nouveau programme », p.4.
* 358 Anonyme,
«Cameroun étude de compétitivité de la chaine de
valeur du secteur agricole», Rapport Banque Mondiale, n°AAA25-CM,
juin 2008, p.9.
* 359 Ibid.
* 360 L'IRAD est un
établissement public administratif doté de la
personnalité morale et de l'autonomie financière. Il est
placé sous la tutelle du MINREST et du Ministère des finances et
du budget. Il dispose d'un organe d'orientation et de contrôle, le
conseil d'administration; d'un organe de gestion, la direction
générale dont l'outil central de gestion technique est la
direction scientifique; de deux organes consultatifs qui sont (i) au niveau
national: le comité scientifique et le comité national des
programmes et (ii) au niveau régional: les comités
régionaux des programmes; des structures opérationnelles
décentralisées que sont les centres et stations de
recherche. L'IRAD hérita du personnel de l'IRA et de l'IRZV. Mais la
mise en place des réformes au niveau des structures s'est
accompagnée d'un allègement des effectifs. C'est ainsi que
quelques chercheurs ont quitté le dispositif de IRAD.
* 361A. Aziz Sy et al. (eds.),
«Diagnostic du système national de recherche», p.25.
* 362 A. Njoya,
«Quelle évolution de la recherche agricole», p.5.
* 363 SODECOTON pour la
filière coton, la CDC et HEVECAM pour la filière
hévéa, etc.
* 364 En 1988 débute
le Programme national de vulgarisation et de formation agricole (PNVFA), avec
une phase pilote dans 4 régions : Extrême Nord, Sud, Nord ouest
et Est. Le PNVFA fut remplacé par le PNVA en 1995 (programme national
de vulgarisation agricole), puis PNVRA en 1998 (Programme national de
vulgarisation et de recherche agricole).
* 365A. Aziz Sy et al. (eds.),
«Diagnostic du système national de recherche», p.40.
* 366 Ibid.
* 367E. Bamou, et al.,
«Agriculture et nouveau programme», p.5.
* 368 Cette institution est
le produit des anciennes institutions françaises de recherche en
agronomie tropicale implantées au Cameroun depuis 1942
* 369 Autrefois l'ORSTOM
* 370 A. Njoya,
«Quelle évolution de la recherche agricole», p.5.
* 371 Ce projet fut finalement
arrêté, pour manque de financement.
* 372 T. Ondoua Manga,
«Analyse des politiques agricoles», p.18.
* 373 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement en milieu rural camerounais»,
p.183.
* 374 Anonyme,
«SustainableDevelopmentDepartment», July 1997, in
http://www.fao.org/waicent/faoinfo/sustdev/WPdirect/WPre0017.htmconsulté
le 12 mai 2013.
* 375 P. Nguihé
Kanté, « Les contraintes de la privatisation des entreprises»,
p.623.
* 376 J-D. AwoumouAmougou
«La Libéralisation des marchés et le développement
durable en Afrique», p.35.
* 377 A. Njoya,
«Quelle évolution de la recherche agricole», p.6.
* 378 Ibid.
* 379 Anonyme,
«Elaboration et Evaluation des Politiques Agricoles : Outils et
Méthodes», 2002, p.12 (publication du MINAGRI)
* 380 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement », p.81.
* 381 P.Guillaumontet al.,
«Evaluation globale du Stabex », Rapport CERDI/CNRS, Novembre 1997,
p.257.
* 382 Anonyme,
«Evaluation de l'aide de l'UE aux pays ACP: Cameroun», p.16.
* 383 L. Uwizeyimana,
«Après le café, le maraîchage», p.339.
* 384 M. Moupou et L.
AkeiMbanga, «Désengagement de l'État et réponses
paysannes au Cameroun», p.166
* 385 la CAMCCUL avec ses
360 agences qui virent le vu le jour ; Les Caisses villageoises
d'épargne et de crédit autogérées (CVECA) disposant
de 173 caisses etc.
* 386 Les Mutuelles
Communautaire de Croissance (M) sont des institutions financières mises
en place et gérées par des membres de la communauté et
dont la mission est principalement de promouvoir le développement rural.
Environ 90% des M ont été mise en place dans des zones rurales
reculées de 5,000 à 25,000 habitants. Leurs services ciblent
ainsi les populations rurales. Le concept de M fut développé par
le Dr. Paul Fokam, co-fondateur et banquier qui affirmait: La victoire contre
la pauvreté (VP) est possible si l'on combine les moyens (M) et les
compétences (C) de la communauté (C) : (VP=M x C x C=M). La
première M vit le jour en 1992 à Bayam, une communauté
rurale de la province ouest du Cameroun. Depuis lors, le réseau s'est
rapidement développé en termes de nombre d'institutions et de
personnes touchées.
* 387 Les GIC fonctionnent
comme les coopératives et fondent leurs actions sur l'entreprenariat en
milieu rural. Ces groupements se développent de façon
exponentielle et constituent une véritable armée paysanne,
structurée, ramifiée, qui irrigue le village camerounais
* 388 M-R. Mercoiret et
Denis Pesche, «Capitalisation des enseignements des programmes d'appui
à la professionnalisation de l'agriculture en Afrique de l'Ouest et du
Centre : Le cas du Cameroun», Document de travail provisoire, Paris,
ministère des Affaires étrangères, 2003, p.23.
* 389 Ibid.
* 390 T. MoulendeFouda,
«Les mécanismes de financement», p.56.
* 391E. Bamou, et al.,
«Agriculture et nouveau programme», p.6.
* 392P. Jagoret, et al.,
«Diversi?cation des exploitations agricoles à base de cacaoyer au
Centre Cameroun : mythe ou réalité ?»Biotechnol. Agron.
Soc. Environ. n°13, 2009, pp.271-280.
* 393 Les femmes
participèrent activement à cette pluriactivité tant au
niveau de la dynamique interne au ménage par la survie alimentaire,
source de revenus monétaires incontournables, qu'au niveau des
échanges commerciaux. La commercialisation des vivres par les femmes
assurait dorénavant la survie de la famille en crise.
* 394 H. Biki, et al.,
«L'Impact de la crise économique sur les systèmes agricoles
et le changement du couvert forestier dans la Zone Forestière humide du
Cameroun» Center for International ForestryResearch (CIFOR)
occasionalpaper n°27, February 2000, p.7
* 395 Ibid.
* 396 les PFNL
alimentaires sont des produits d'origine biologique, autres que le bois,
dérivés des forêts, d'autres terres boisées et
d'arbres hors forêts et destinées à l'alimentation humaine,
l'alimentation animale, à la transformation agroalimentaire et à
la commercialisation. Ils peuvent être récoltés dans la
nature, ou produits dans des plantations forestières ou des
périmètres d'agroforesterie, ou par des arbres hors forêt.
* 397 Ibid.p.15
* 398B. YelemHamman,
«Implication des populations riveraines dans la gestion de la forêt
communale tout en déterminant la place qu'occupe l'exploitation des
PFNL, comme instrument de lutte contre la pauvreté dans le plan
stratégique d'exploitation de la commune rurale de Dimako»,
Mémoire Faculté d'Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de
Dschang, 2005, p.15.
* 399 V. Alary et G.
Courade, «Une expérience inédite : l'opération
chèque planteur au Cameroun» Le Courrier n°151,
Mai-juin 1995, pp.73-74.
* 400 Ibid.
* 401 Ibid.p.74
* 402 D. P. Folefack,
«Coordination des acteurs dans un contexte de crise », p.144
* 403 Grâce aux
diverses réformes et aux retombées de la dévaluation en
1994, le contexte économique marque une certaine reprise de la
croissance avec quelques performances économiques prometteuses: taux
de croissance de l'ordre de 5% par an depuis 1994/95, les déficit
budgétaire tombe à moins de 2% du PIB, le taux d'inflation est
maîtrisé autour de 3,5%.
* 404Anonyme, 40 ans,
fonctionnaire à la délégation départementale de
MINADER Ambam, le 21 Juin 2013.
* 405 R. TsafackNanfosso,
«Economie politique d'une dynamique dans les exportations
camerounaises», Nordic Journal of AfricanStudies n°15, 2006,
pp.344-366.
* 406 Entretient avec E.
Essono Ondo, 65 ans, planteur de cacao et professeur de lycée en
retraite, Ambam, 13 Août 2013
* 407Entretien avec G. Ekoto,
55 ans, producteur de cultures maraichères, Sangmelima, le 03 Mars 2013.
* 408Anonyme, 48 ans,
Ingénieur agronome en service à l'IRAD, (antenne de Nkoevone), le
19 juin 2013
* 409 Anonyme,
«Cameroun-évaluation de l'assistance du groupe de la banque au
secteur agriculture et développement rural, 1996-2004», 2008, p. 5.
(Etude de la BAD)
* 410 Anonyme,
«Implications des acteurs ruraux dans la définition des
politiques», p.15.
* 411 Le Ministère
de l'Agriculture qui reçut la maîtrise d'ouvrage, le
Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales, le
Ministère de l'Environnement et des Forêts. D'autres
Ministères ont également pris part à la rédaction
du document de façon transversale, tels que le Ministère des
Finances, le Ministère des Investissements Publics et de
l'Aménagement du Territoire, le Ministère des Mines, de l'Eau et
de l'Energie, le Ministère des Travaux Publics et le Ministère de
la Recherche Scientifique et Technique.
* 412 Ibid.p.15.
* 413 Anonyme, «Appui
à la mise en oeuvre du PDDAA vol. I, Programme National d'Investissement
à Moyen Terme (PNIMT)», 2004, pp.22-23. (Publication duNEPAD et du
FAO)
* 414 République du
Cameroun, «Plan National d'investissement Agricole du Cameroun (PNIA) 2014
- 2020» Vol. 1,2014, p.3.
* 415 De 1987 à
1999, l'essentiel des prêts concessionnels du FMI fut accordé dans
le cadre de la Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée (FASR).
Les évaluations internes et externes conduites en 1997 et 1998,
respectivement, montrèrent qu'un certain nombre d'obstacles limitaient
l'efficacité des programmes appuyés par ce mécanisme.
* 416 Anonyme,
«Évaluation des Documents de Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté et de la Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance», Document de
synthèse FMI, 2003, p.4
* 417 Les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD), après leur
adoption par les IFI en l'an 2000, furent retenus par le Gouvernement
camerounais comme cadre de référence de la politique et de la
stratégie de développement économique et social, au plan
macroéconomique et sectoriel.
* 418 L'horizon temporel
des cadres stratégiques tels que le DSRP et le DSDSR est de l'ordre de
10 à 15 ans.
* 419 République du
Cameroun, «Révision du Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté», Document transitoire, 2005,
p.18.
* 420 Ibid.
* 421F.Menjo Baye et al.,
«Stratégies de réduction de la pauvreté et politiques
agricoles au Cameroun», RapportRéseau d'Expertise des Politiques
Agricoles (REPA), 2004, p.43.
* 422 Ibid.
* 423 MINEPAT, «Cameroun
vision 2035», 2009, p.1.
* 424 MINEPAT, «Atlas
national de développement physique du Cameroun», 2014, p.6.
* 425BTP
Afrique« le Cameroun en 2008», Hors-série, Mars 2008,
p.74.
* 426 Anonyme,
«dynamiser le marché du travail point sur la situation
économique du Cameroun», in Cahiers économiques du
Cameroun, n°3Janvier 2012, p.8
* 427 MINEPAT, «Document
de Stratégies pour la Croissance et l'Emploi», 2009, p.27.
* 428 République du
Cameroun, Cameroun potentialités économiques, p.45.
* 429 Ibid.
* 430 MINEPAT, «Cameroun
vision», p. 25.
* 431 MINEPAT, «Document
de Stratégie», p.65.
* 432 Ibid.
* 433S. Abaye
«Caféiculture du Cameroun...la relance ?» in Afrique
agriculture, «A la une : le comice agropastorale
d'Ebolowa», Hors-série Décembre 2010, p.7.
* 434 Ibid.p.68.
* 435 Entretient avec, A.
Ndong Ella ,75 ans, planteur de Cacao, Assandick, le 20 juin 2013.
* 436 Anonyme, «Comice
agropastoral national d'Ebolowa, les préparatifs en bonne voie»,
in Journal Comice, Edition spéciale juillet - août 2010,
p.24.
* 437 Ibid.p.14.
* 438Anonyme, 53 ans, cadre
à la Communauté Urbaine d'Ebolowa, le 19 mars 2013.
* 439 Discours du
Président de la République, Paul Biya lors de la
cérémonie d'ouverture du comice agro-pastoral d'Ebolowa, le 17
janvier 2011.
* 440 Ibid.
* 441 M. P. Voufo «Les
grands défis de l'agriculture»,in
http://www.lavoixdupaysan.org/lejournal.htm
consulté le 04 mai 2012.
* 442Anonyme, « Paul Biya
veut mettre en oeuvre une «révolution agricole» in
Investir au Cameroun, «La révolution agricole en
marche», n°10, janvier 2012, pp.4-11.
* 443M. P. Voufo, «Les
grands défis de l'agriculture», p.2.
* 444T. MbondoAwono,
«Révolution agricole au Cameroun : l'appel d'EssimiMenye à
Lagdo» in
http://www.leseptentrion.net/2012/06/revolution-agricole-au-cameroun-lappel-dessimi-menye-a-lagdo.htm.
* 445 O. Caslin,
«Agrobusiness-Cameroun, Yaoundé enclenche la première»,
in
http://www.JeuneAfrique.com/agrobusiness/cameroun-agriculture-paul-biya-usineagrobusiness-cameroun-yaounde.htm
consulté le 23 mai 2014.
* 446T. MbondoAwono,
«Révolution agricole au Cameroun», p.2.
* 447Anonyme,
« Paul Biya veut mettre en oeuvre », p.4.
* 448 Le terme
d'agribusiness désigne l'activité agricole pure ainsi que toutes
les autres industries et services constituant la chaîne
d'approvisionnement qui relie l'exploitation agricole au consommateur en
passant par la transformation, la vente en gros et au détail («du
pré à l'assiette» en ce qui concerne les produits
alimentaires). C'est un vaste concept qui recouvre les fournisseurs d'intrants,
les agro-industriels, les courtiers, les exportateurs et les
détaillants. L'agribusiness fournit des intrants aux agriculteurs et met
ceux-ci en contact avec les consommateurs par le biais du financement, du
traitement, de la transformation, du stockage, du transport, de la
commercialisation et de la distribution des produits de l'agro-industrie. Il
peut être décomposé en quatre grands secteurs
d'activité à savoir : Les producteurs d'intrants agricoles
permettant d'améliorer la productivité agricole, tels que les
machines, les équipements et les outils à agricoles; les engrais,
les pesticides, les insecticides; les systèmes d'irrigation et les
équipements associés; L'agro-industrie: aliments et boissons;
dérivés du tabac, cuir et dérivés du cuir; textile,
chaussures et confection; bois et dérivés du bois;
dérivés du caoutchouc; ainsi que le secteur de la construction
strictement consacré aux installations agricoles; Équipement
destiné à la transformation des matières premières
agricoles, ce qui inclut les machines, les outils, les installations de
stockage, les systèmes de refroidissement et les pièces
détachées; divers services, entreprises de financement,
commercialisation et distribution, y compris les systèmes de stockage,
de transport, les technologies de l'information et de la communication (TIC),
les matériaux d'emballage et la conception d'emballages permettant
d'améliorer la commercialisation et la distribution.
* 449 Interview du Ministre
de l'agriculture et du développement rurale, L. EssimiMenye in
l'Action n°914 du Mercredi 14 Août 2013.
* 450 Ibid.
* 451 A. Mazda,
«Coopération: L'agro-business made in Cameroon», in
http://www.Cameroun.infos.net/agro-business_made_in_cameroun.htm
, consulté le 22 Mai 2013.
* 452Anonyme, «Le
Cameroun doté d'un Plan National d'Investissement Agricole», in
http://www.CRTV.org/Nouvelle_CRTV.htm.
Consulté le 04 Mai 2014.
* 453TOndoa Manga et E. Ayong,
«Revue des politiques, stratégies, programmes et projets de
développement rural au Cameroun», version provisoire, 2013, p.11.
(publication FAO)
* 454 Ibid.
* 455 Selon la loi
n°2007/006 du 26 décembre 2007 portant Régime Financier de
l'Etat(NRFE) effective depuis 2013. L'exécution du budget doit se faire
sous forme de programmes reflétant les politiques publiques et
déclinés en objectifs précis, assortie d'indicateurs de
performance. Avec l'avènement du budget-programme, les programmes
lancé ou en vue d'être lancé furent ramener à
quatre.
* 456 République du
Cameroun, «Plan National d'investissement Agricole», p.2.
* 457 Ibid.p.21.
* 458Anonyme, «Le petit
guide des programmes», in Agroscope, «Ce Cameroun»,
p.99.
* 459 MINADER,
«Répertoire des projets et programmes du MINADER», 2012,
p.7.
* 460 République du
Cameroun, FAO, «Programme national de sécurité alimentaire
(PNSA) 2008-2015», 2007, p.6
* 461 Ibid.
* 462 Le gouvernement de la
République du Cameroun et le Fonds International de Développement
Agricole (FIDA) signèrent, dans le cadre du programme national de
développement des racines et tubercules (PNDRT), le 23 juillet 2003, un
accord de prêt pour l'octroi d'un prêt de 9,6 millions dollars.
* 463T Ondoa Manga et E.
Ayong, «Revue des politiques », p.30.
* 464 Fondation Rurale de
l'Afrique de l'Ouest, «Implications des acteurs ruraux dans»,
p.18.
*
465M.BoutiomBoukong«Cadre de Politique de Réinstallation
(CPR) du Projet d'Amélioration de la Compétitivité
Agricole (PACA)», rapport définitif, Avril 2009, p.9.
* 466 O. Caslin,
«Agrobusiness-Cameroun», p.1.
* 467 MINADER, MINEPIA,
«cadre de politique de réinstallation», p.10.
* 468 Propos du Ministre de
l'agriculture et du développement rurale L. EssimiMenye in Valeurs
Actuelles, «les chantiers du renouveau», 27 février 2014.
pp.44-49, in
http://www.VA.fr consulté le 24
mai 2014.
* 469 Les «Contrats de
désendettement et de développement (D)» qui concernent 23
pays constituent le volet bilatéral français pour
l'allègement de la dette contractée au titre de l'aide publique
au développement (APD). Ce volet est additionnel à l'Initiative
multilatérale d'allègement de la dette des pays pauvres
(initiative PPTE - Pays Pauvres Très Endettés). Le D correspond
à un refinancement par dons des créances d'APD : les pays
continuent d'honorer leur dette, mais aussitôt le remboursement
constaté, la France reverse au pays la somme correspondante pour
l'affecter à des programmes de lutte contre la pauvreté
sélectionnés d'un commun accord avec l'État partenaire. Il
est mis en oeuvre à partir du point d'achèvement de l'initiative
PPTE et vient s'ajouter aux annulations de dette consenties dans le cadre du
Club de Paris.
* 470 République de
France, République du Cameroun, «le contrat de
désendettement et de développement (D) entre la France et le
Cameroun, le secteur agricole», Mars 2011, p.4.
* 471 Anonyme,
«Programme ACEFA : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2», rapport AFD,
novembre 2012, p.2.
* 472Anonyme,
«Programme AFOP : Bilan Phase 1 et enjeux Phase 2, rapport AFD, novembre
2012, p.3.
* 473 Anonyme,
«Programme d'Appui à Maîtrise d'Ouvrage (AMO) des
administrations du secteur rural MINADER-MINEPIA, phase II, 2013 - 2016»,
2014 p.6. (publication du MINADER et du MINEPIA)
* 474 Cette
présentation intervient à la suite du décret
n°2012/2274/PM du 06 aout 2012 portant sur la mise en place des
agropoles.
* 475 J. C.
Medou,«Présentationduprogramme économique
d'aménagement du territoire pour la promotion des entreprises de
Moyennes et de grande importance dans le secteur rural au Cameroun
(AGROPOLES)», Novembre 2012, p.11
* 476 Propos du ministre
délégué à l'Economie et au plan, Yaouba Abdoulaye
in journal du Cameroun.com «Relance de la production au Cameroun:
Le gouvernement propose les Agropoles», 29 Avril 2012 in
http://www.JournalduCameroun.com/Relance_ de_ la_ production _au _Cameroun_
le_gouvernement propose_ les_ Agropoles.html, Consulté le 27 mai
2013.
* 477 Anonyme, «Le projet
«Agropoles» fait les yeux doux aux banquiers du Cameroun» in
Investir au Cameroun, «Le Cameroun agricole prend forme»
n°15, Janvier 2015, p.19.
* 478 Certain agropoles sont
cofinancés par l'Etat et les planteurs
* 479 Ce projet a pour
objectif de transformer 16 000 tonnes de cacao par an au lieu de 3000 t par an
actuellement les produits semi-finis à mettre sur le marché
étant 5000 t de beurre et 5000 t de poudre de cacao.
* 480 cet agropole a pour
objectif de booster la production des oeufs de table en quantité et en
qualité en passant de 142 650 000 oeufs à 251 250 000 oeufs par
an
* 481 J. C. Medou,
coordonnateur dudit programme, signa avec une vingtaine de porciculteurs, le
cahier de charge relatif à la mise en place de ce projet. Il est attendu
de ce projet agropole une production de 9200 porcs par an. Et pour signifier
l'importance que le Gouvernement attache à la réussite du projet,
un appui multiforme a été remis aux producteurs, dont 133 truies
et sept verrats.
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