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UNITE DE FORMATION DOCTORALE
DROIT ET
SCIENCE POLITIQUE
JEUX, ENJEUX ET CONTRAINTES DES GRANDES PUISSANCES AU
COURS DU PRINTEMPS ARABE : LE CAS DES MEMBRES DU CONSEIL DE SECURITE DE
L'ONU
DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE
THESE
Présentée et soutenue publiquement en vue
de l'obtention
Du Master en Science Politique
Par :
MENZEPO Ange Joachim
(Maîtrise en Science
Politique)
Sous la direction du:
Dr POKAM Hilaire de Prince
Maître de Conférences en Relations
Internationales
AVRIL 2015
AVERTISSEMENT
L'Université de Dschang n'entend donner
aucune approbation ni improbation aux idées et opinions
émises dans cette thèse. Elles doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
CARTE DU MAGHREB.
Source : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes,
consulté le 23 avril 2014
DEDICACE
Je dédie ce travail à :
Mon frère cadet Monsieur MENZEPO PAFI
Joël Mausole. Qu'il trouve ici l'expression de ma profonde
reconnaissance.
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche n'aurait pas pu
prendre corps sans le concours de plusieurs personnes. Qu'il me
plaise donc d'exprimer ma gratitude et mes remerciements à tous ceux
qui ont apporté leur contribution à son aboutissement.
Je remercie en premier lieu le Docteur POKAM
Hilaire De Prince, Maître de Conférences en Relations
Internationales, qui a accepté de diriger ce travail.
J'exprime également ma reconnaissance à
tous mes enseignants du Département de Science Politique : le Professeur
TCHOUPIE André, les Docteurs MOYE BONGYU
Godwin, AMELI Valentine, NGUEKEU DONGMO Pierre, DOUNKENG ZELE
Champlain, KEUTCHEU Joseph, Monsieur FOULLA DAMNA
Apollinaire, pour leur bienveillant encadrement.
Que soient aussi remerciés Monsieur
TAMEGUI Christel-Dior et Mademoiselle DJENGUE EPANDA
NKANDA Madeleine qui ont bien voulu lire ce travail.
Par leur soutien moral et matériel, ainsi que
par leur amour, les membres de ma famille n'ont pas été moins
importants. Je pense particulièrement à :
Mon père Monsieur MENZEPO Emmanuel, ma
mère Madame YOYAN YIEWO Louise épouse
MENZEPO, ma tante KOUETANG YIEWO Yvette,
Mes frères et soeurs MENZEPO Yacinthe
God-love, MENZEPO PAFI Joël Mausole et
MENZEPO Emmanuella Merveille,
Ma fille MENZEPO TEPEBOP Yohânan
Joyce.
J'exprime également ma gratitude aux
fidèles de la paroisse E.E.C. de Dschang-Ville. Je dis
merci aux Révérends TAYO Pierre et KAMLA
KWETCHE Pierre Bruno.
Au risque d'oublier certains, je souhaite que
les jeunes du mouvement U.C.J.G. ainsi que ceux de la
coordination de la Jeunesse de la paroisse de Dschang-ville, trouvent
ici l'expression de ma profonde reconnaissance pour leurs interrogations sur
l'avancement de la rédaction, interrogations qui m'ont donné de
savoir que ce travail comptait pour plusieurs.
Je voudrais également saluer l'assistance de
Roméo NGUEUFEU du C.G.M.
Je pense également à NJEUYONG
MBIAKEU Josépha, ma fiancée qui a supporté
plusieurs de mes désagréments (verbal et même en terme de
disponibilité) pour m'encourager.
Je n'oublie pas mes amis et camarades de promotion. Il
s'agit de : DOUANLA Cyrille, YETIEP Donald, BANZEU Perrin, MINGUEU
FANMOE Eric, ESACK Terence, Arnold Billy FOKOU, TAGNE Troie Thiery,
TANGWA Stephanus, NSAHLAI Asheri et AYIKA NJIALE Aurore
Pamela.
Je n'oublie pas les personnes qui, de
près ou de loin, m'ont toujours exprimé leur soutien. Il
s'agit de MBAMEN YIMGA Minette, TAMO Wilfred, KEUSSI Franck,
SIMO LEALE Adrielle, SIMEU NJOMENI Larissa épouse TAGNE, SOH
Marc, SONWA T. Eric, EJANI Leonard KULU, TONKWA Epiphanie, NYA Mikael
Sonia, NGUEFOUET Wilfried, FOUTEPOUO Estelle, TOWA William, GUIADEM
Linda.
SIGLES ET ABREVIATIONS
AFP : Agence Française de Presse
Al. : et autres (s'agissant d'un ouvrage
rédigé par plusieurs auteurs)
BCAH : Bureau de Coordination des Affaires
Humanitaires des Nations Unies.
CF2R : Centre Français de Recherche
sur le Renseignement
CFSA : Conseil Supérieur des Forces
Armées
CIA : Central Intelligence Agency
CIRET-AVT : Centre International de
Recherches et d'Etudes sur le Terrorisme & l'Aide aux Victimes du
Terrorisme
CNT : Conseil National de Transition
CSNU : Conseil de Sécurité des
Nations Unies
Dir : Sous la Direction de...
E3 : Europe Three
Edit. : Edition
FMI : Fonds Monétaire International
FSJP : Faculté des Sciences Juridiques
et Politiques
G8 : Groupe des 8 pays les plus
industrialisés au monde
GIR : Groupes d'Intervention
Régionaux
IFRI : Institut Français des Relations
Internationales
INSEE : Institut National des Statistiques et
des Etudes Economiques
IRIC : Institut des Relations Internationales
du Cameroun
IRIS : Institut de Relations Internationales
et Stratégiques
IRSEM : Institut de Recherche
Stratégique de l'Ecole Militaire
JOL : Journaliste On Line
NDR : Note De Recherche
NTIC : Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication
OCRTIS : Office Central de Répression
du Trafic Illicite de Stupéfiants
OFCE : Observatoire Français des
Conjonctures Economiques
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONS : Office National des Statistiques
ONU : Organisation des Nations Unies
Op. Cit : Opuscule précité
OTAN : Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord
P. : Page
PIB : Produit Intérieur Brut
PSDC : Politique de Sécurité et
de Défense Commune
PUA : Presses Universitaires d'Afrique
PUF: Presses Universitaires de France
R2P : Responsabilité de
Protéger
RFI : Radio France International
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
Vol. : Volume
RESUME
Ce travail de recherche vise à explorer les
processus de construction de l'intervention des grandes puissances au cours du
printemps arabe. Il vise également à examiner les enjeux de cette
intervention et à présenter les contraintes qui entravent leurs
actions et interactions.
En effet, le mois de décembre 2010 a
sonné le glas d'une série de manifestations
propulsées par le « dégagisme » né en
Tunisie et suivi en Egypte puis en Libye et dans d'autres
contrées du monde arabe. Les grandes puissances regroupées en
deux catégories, à savoir les puissances très actives et
les puissances moins actives ont mis sur pied plusieurs stratégies,
individuelles ou collectives, afin de construire leurs
intérêts tout en prenant position contre les dirigeants en
place dans les pays en crise avec la poursuite d'objectifs
manifestement en rapport avec la R2P. Tout au long de leurs actions et
interactions, elles se butent à plusieurs contraintes qui amenuisent
l'efficacité de leurs interventions respectives.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
............................................................................................1
PREMIERE PARTIE : LES JEUX DIVERSIFIES DES GRANDES
PUISSANCES....31
CHAPITRE I : LES JEUX INDIVIDUELS DES GRANDES PUISSANCES
............34
SECTION I :Les jeux
similaires.............................................................................35
SECTION II :Les jeux
dissemblables........................................................................61
CHAPITRE II: LES JEUX COLLECTIFS DES GRANDES PUISSANCES
............73
SECTION I : Les grandes puissances à l'oeuvre
dans les cadres
multilatéraux..............................................................................................74
SECTION II : Les interactions des grandes puissances
dans des cadres
bilatéraux.................................................................................................100
DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX ET CONTRAINTES
STRUCTURANT LES ACTIONS ET INTERACTIONS DES GRANDES
PUISSANCES..........................................................................................115
CHAPITRE III : UNE INTERVENTION SOUS-TENDUE PAR
DES MULTIPLES
ENJEUX.................................................................................................117
SECTION I : Les enjeux
manifestes..................................................................118
SECTION II : Les enjeux
latents.....................................................................132
CHAPITRE IV : DES JEUX SOUMIS A PLUSIEURS
CONTRAINTES................160
SECTION I : Les contraintes inhérentes aux
grandes puissances................................160
SECTION II : Les contraintes extérieures aux
grandes puissances........................................178
CONCLUSION GENERALE
.....................................................................212
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................216
ANNEXES...............................................................................................240
TABLE DES
MATIERES...........................................................................260
INTRODUCTION GENERALE
Un problème social a éclaté
à la face du monde à l'orée 2011 en Afrique du Nord. Cette
partie du continent est restée sourde et muette depuis longtemps,
à l'abri des perturbations que connait le reste de l'Afrique1(*). Le monde arabe, resté
longtemps à l'abri du changement, se retrouve en pleine mutation et les
éléments internes et externes, régionaux et
extra-régionaux se heurtent les uns aux autres pour alimenter les
bouleversements actuels2(*).
Le mécontentement y a été renchéri par un
coût de vie sans cesse croissant. La longévité des
dirigeants3(*) a fini par
exacerber les populations. Selon Samir AMIN dans un entretien accordé
à l'hebdomadaire La Nation, les peuples de cette partie du globe
« n'ont plus peur »4(*). En effet, vivant sous des régimes tyranniques,
des régimes policiers, ceux-ci se sont toujours tus, se résiliant
à penser qu'ils ne peuvent rien faire, passant ainsi sous silence les
différentes violations de leurs droits humains. Toute activité
ayant un cycle allant de sa genèse à son apocalypse, en 2010, la
fin du silence des peuples nord-africains sonne.
Tout commence le 17 décembre 2010. Un jeune
tunisien, Mohamed BOUAZIZI s'immole par le feu devant le siège du
gouvernorat de Sidi Bouzid5(*). Ce fait qui n'est pas inédit6(*), puisqu'il n'est pas le premier
dans cette région du globe, va être le germe d'une crise. Celle-ci
ne se limitera pas à la Tunisie, puisque par un effet de
mimétisme ou de contagion, elle embrasera l'Egypte puis la Libye et
d'autres pays arabes. Très vite, ce mouvement sera baptisé
« printemps arabe ». Il est assimilé à
d'autres événements qui lui sont antérieurs : on peut
citer à titre indicatif, le « printemps des
peuples » de 1848 auquel il a été comparé ou
encore le « printemps algérien » de 1988.
Le mouvement est guidé par plusieurs objectifs
dont le départ des dirigeants de ces pays, l'avènement de la
démocratie et l'amélioration des conditions de vie pour ne citer
que ceux là. En Tunisie, après quelques semaines de
résistance, le Président Ben ALI quitte le pouvoir et s'enfuit.
En Egypte, la place Tahrir est envahie pendant plusieurs jours par les
populations. Elle devient le symbole du mouvement dit de libération de
l'Egypte. Suite à quelques pressions internes, le Président Hosni
MOUBARAK apporte quelques réformes. La place Tahrir ne désemplit
cependant pas et les populations de plus en plus nombreuses finiront par
obtenir, grâce à la passivité des forces de l'armée
qui ont refusé d'utiliser les armes, la démission de
MOUBARAK.
A Benghazi, la rébellion éclate fin
février 2011. Dans cette région, le 17 février 2011 avait
été décrété « jour de la
colère », 48 heures après l'arrestation d'un avocat et
militant des droits de l'Homme. Pour endiguer ce soulèvement, le
régime de KADHAFI a frappé selon la promesse des
« rivières de sang » faite par Seif El ISLAM, le
fils du guide libyen. Il s'en suit une guerre qui durera au-delà des
prévisions. Celle-ci verra à partir de mi-mars 2011, la
participation des grandes puissances dont l'action de lobbying de la France a
abouti à l'adoption de la résolution 1973 à l'ONU,
résolution qui visait à aller protéger les civils contre
les frappes du colonel KADHAFI en Libye. Les P37(*) (la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis)
seront très actifs dans la mise en oeuvre de cette résolution,
pour laquelle les actions seront menées sous la bannière de
l'OTAN. La Chine et la Russie face à cette situation sont plutôt
réservées. Ces deux puissances se sont abstenues lors du vote de
la résolution et seront très peu actives par la suite.
Qu'est ce qui peut expliquer cette attitude chez les
Grandes puissances ? Comment et pourquoi sont-elles intervenues au cours
du printemps arabe ? Pourquoi ont-elles eu des attitudes
différentes ? Ces questions nous ont amené à nous
interroger sur le(s) jeu(x) et les enjeux des grandes puissances au cours du
printemps arabe en Afrique du Nord. C'est d'ailleurs dans cette veine que nous
avons formulé notre sujet ainsi qu'il suit : « jeux et
enjeux des grandes puissances au cours du printemps arabe ».
Avant de poursuivre notre étude, nous nous
attèlerons à construire conceptuellement notre sujet et à
justifier notre choix des acteurs (I), puis, nous allons faire une revue de la
littérature (II), nous relèverons ensuite l'intérêt
de notre étude (III). Enfin, après avoir énoncé
notre problématique (IV), nous préciserons la démarche que
nous avons adoptée (V) et nous formulerons notre hypothèse de
travail (VI).
I. CONSTRUCTION CONCEPTUELLE DU SUJET ET JUSTIFICATION
DU CHOIX DES ACTEURS.
Afin de donner une réalité à son
étude, le chercheur doit construire son objet. C'est sans doute l'une
des clés cardinales de toute recherche scientifique. Notre sujet est
constitué des concepts suivants : jeu, enjeu, grandes
puissances et « printemps arabe ». Après avoir
apporté des précisions sur le sens des concepts qui le
constituent (A), nous présenterons les raisons qui nous ont
poussées à choisir des acteurs précis pour notre
étude (B).
A. Construction conceptuelle du sujet
Emile DURKHEIM énonce que le savant doit
d'abord définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il
sache bien de quoi il est question8(*).
Pour Madeleine GRAWITZ, « le
concept n'est pas seulement une aide pour percevoir mais une façon de
concevoir »9(*). Il a deux fonctions : organiser et guider.
Lorsqu'il organise, le concept « exerce un premier tri au milieu du
flot d'impressions qui assaillent le chercheur »10(*). Dans sa seconde fonction,
le concept « guide la recherche en lui procurant au départ un
point de vue »11(*). Il s'agit donc d'une
construction-sélection12(*). C'est pourquoi il est important de s'accorder
sur les sens que nous avons retenus pour les concepts qui constituent notre
sujet. Ceci en effectuant le tri parmi les multiples sens de ceux-ci.
Nous allons nous attarder sur les concepts jeu et
enjeu (1) puis grande puissance (2) et enfin printemps arabe (3).
1- Jeu et enjeu
Le jeu est défini selon Michel CROZIER et
Erhard FRIEDBERG comme « le moyen essentiel de l'action
organisée, le procédé par lequel les participants
structurent leurs relations de pouvoir tout en conservant une marge de
liberté »13(*). Cette définition met en exergue les relations
de pouvoir au sein desquelles les acteurs ont des comportements actifs,
offensifs et défensifs14(*). Elle nous donne de relever que dans une situation de
jeu, soit l'acteur est très actif, soit il est moins actif. Elle met en
lumière les stratégies des acteurs que nous avons
mobilisés.
Le jeu est aussi l'interaction stratégique
entre deux entités. Selon Anatol RAPOPORT15(*), « c'est une
situation dont l'objet est de gagner au moindre coût, donc sans
guerre ». Cette définition est d'un apport certain pour
notre étude en ceci qu'elle nous permet de nous interroger sur la
question de savoir si les attitudes des grandes puissances ont toujours
été guerrières. C'est, du moins, ce que nous
révèle l'aspect « gain au moindre
coût » mentionné par A. RAPOPORT. Elle nous renseigne
également sur quelques théories qui sont, à coup sûr
intéressantes pour notre analyse, notamment l'interactionnisme et le
réalisme, théories sur lesquelles nous allons revenir.
J. ROJOT appréhende le jeu comme
« un ensemble de stratégies rationnelles des acteurs,
(à caractère de rationalité
limitée) »16(*).
Pour notre étude le jeu est
considéré comme les stratégies défensives ou
offensives mises en oeuvre par les acteurs en interaction, afin de gagner, au
moindre coût, si possible, sans guerre.
Quant à l'enjeu, « c'est ce que
chaque acteur cherche à obtenir dans le noeud de relations
créées à l'occasion d'une situation
organisationnelle »17(*).
L'enjeu est assimilé aux objectifs,
« ce que vise l'acteur dans la situation
immédiate »18(*). Ils sont très largement les
opportunités que l'acteur découvre dans la situation, ces
opportunités sont elles mêmes fonction de la capacité de
l'acteur à les découvrir à l'état latent, à
assumer et soutenir les risques associés à chaque
stratégie et à établir des relations avec d'autres et donc
des relations d'interdépendance. Les objectifs sont fonction du
contexte mais sont aussi construits au fur et à mesure que la
situation organisationnelle évolue.
Pour ce travail, nous considérons l'enjeu comme
l'ensemble des objectifs visés par les grandes puissances dans le
cours de leurs interventions.
2- Grande puissance.
Le terme grande puissance est
généralement attribué aux pays qui, au travers d'un
certains nombre de facteurs (l'économie, la politique
étrangère, la force militaire, la qualité du
gouvernement...), ont un rayonnement et une influence au niveau mondial. Il
découle de la notion de puissance, « catégorie
centrale des Relations Internationales en général et du
réalisme en particulier »19(*).
Comme le reconnait Kenneth WALTZ, « bien
que la puissance soit un concept clé dans la théorie
réaliste, sa définition précise reste un sujet de
controverse »20(*). Il en va de même pour ce qui est de la notion
de grande puissance car au fil de l'évolution de l'histoire mondiale,
nous constatons que le nombre de pays ayant une influence sur le monde varie et
même, qu'il n'y a pas de constance sur ces pays, ceci au gré de la
polarité21(*). Ceci
nous amène, dans le cadre de notre étude, à nous limiter
aux grandes puissances vues comme l'ensemble des Etats dotés du
droit de véto au conseil de sécurité de l'ONU. Cette
restriction définitionnelle étant relative aux acteurs que nous
avons retenus22(*).
3- Le printemps arabe.
L'expression printemps arabe, prend son envol avec les
révoltes qui suivent l'immolation par le feu de M. BOUAZIZI en Tunisie.
Ce concept est chargé d'acceptions. La construction du concept
« printemps arabe » nécessite dès lors l'adoption
de l'approche inductive23(*) qui produit des « concepts opératoires
isolés »24(*).
De prime abord, le « printemps
arabe » est perçu comme un ensemble de contestations
populaires d'ampleur et d'intensité très variables qui se
produisent dans de nombreux pays du monde arabe à partir de
décembre 2010. Ces mouvements révolutionnaires sont aussi
qualifiés de révolutions arabes.
Ensuite, de l'exploitation des travaux d'autres
auteurs, nous retenons selon Eric DENECE, que le printemps arabe est l'ensemble
« des mouvements de contestation populaire incarnant les aspirations
démocratiques et le ras-le-bol des citoyens à l'égard des
régimes tyranniques, corrompus et népotiques qui les
gouvernaient »25(*). Ces mouvements ont pris forme depuis le milieu de
l'hiver 2011 en Afrique du Nord puis au Proche et au Moyen-Orient.
Pour Michel CAMAU, le « printemps
arabe » désigne « un processus d'émulation
protestataire sans précédent dans le monde
arabe »26(*).
Selon Dilek SARMIS, le printemps arabe renvoie aux
« changements politiques qui ont touché le Maghreb et le
Moyen-Orient depuis l'année 2011 »27(*).
Nous considérons, dans notre étude, le
« printemps arabe » comme la construction nominative que la
communauté internationale28(*) a donné aux soulèvements des peuples
dans le monde arabe, soulèvements qui visaient
à obtenir des changements des politiques et du politique dans leurs
Etats respectifs.
In fine, après cette conceptualisation, nous
entendons par « jeux, enjeux et contraintes des grandes
puissances au cours du printemps arabe : le cas des membres du Conseil de
Sécurité des Nations Unies », l'ensemble des
stratégies mises en oeuvre par les Etats dotés du droit de
véto au Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) ainsi
que ce qu'ils cherchaient à obtenir au cours des soulèvements des
peuples dans le monde arabe, plus précisément en Afrique du Nord,
sans oublier ce qui les empêche d'y arriver.
Les concepts que nous avons mobilisés nous
donnent des indications sur l'espace, sur les axes de notre étude ainsi
que sur les acteurs concernés mais ils sont muets quant-à un
apport explicatif de leur choix. C'est pourquoi, une fois les précisions
données sur les concepts, il est judicieux pour nous de justifier
pourquoi nous avons choisi des acteurs précis.
B. Justification du choix des acteurs.
Nous pensons qu'un évènement politique
de la dimension d'une crise ne saurait se dérouler sans acteurs. Ce sont
ces derniers qui, par leurs multiples interactions, font et/ou défont
l'évènement. Dans le cadre de notre étude, nous avons des
acteurs qui ont, « créé » 29(*) l'évènement et
des acteurs qui l'ont « amplifié »30(*).
Nous avons choisi de bâtir notre étude
autour de la Libye, de la Tunisie et de l'Egypte d'une part comme pays au sein
desquels le printemps arabe se déroule et autour de la France, des
Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie et de la Chine d'autre part
comme pays ayant « amplifié »
l'évènement.
Nous avons suivi les conseils de Gaston BACHELARD qui
préconisait déjà de se méfier de « la
fausse doctrine du général » qui a longtemps
« ralenti les progrès de la connaissance
scientifique »31(*). Toutefois, il convient de relever que le choix de
ces acteurs n'a pas été fait arbitrairement ou encore au hasard.
Car, pour paraphraser Raymond QUIVY et Luc Van CAMPENHOUDT32(*), comme avec le chercheur de
pétrole, ce n'est pas en forant n'importe où qu'on trouve ce
qu'on cherche. Nous présentons ici les éléments qui
justifient le fait que notre choix soit porté sur les acteurs sus
mentionnés : d'abord les raisons du choix des pays à
étudier (1) et ensuite celles du choix des grandes puissances (2).
1- Les raisons du choix des pays à
étudier.
La Tunisie, la Libye et l'Egypte sont des pays
situés sur le continent africain, à l'opposé d'autres pays
secoués par le printemps arabe (Syrie, Bahreïn ...). La
singularité des évènements connus consécutivement
par ces pays se présente comme un facteur réel
d'érudition.
En effet, excepté les luttes pour les
indépendances des années 1960 en Afrique, de mémoire,
aucun phénomène social n'avait embrasé autant de pays de
façon simultanée comme l'a fait le printemps arabe qui a allure
de précédent dans cette région de l'Afrique.
Suivant les conseils de G. BACHELARD, nous avons fait
un tri. La Tunisie, l'Egypte et la Libye ne sont pas les seuls pays de
l'Afrique du Nord. Leur choix n'est cependant pas arbitraire car il convient de
relever que l'Algérie aussi a connu des mouvements au cours de la
même période, de même que le Maroc. Toutefois, une analyse
de la crise permet de dégager deux tendances lourdes : d'une part,
l'Algérie et le Maroc n'ont pas connu de bouleversement à leurs
têtes, d'autre part, à la tête de la Tunisie, de l'Egypte et
de la Libye, les dirigeants ont été renversés, ce qui est
un élément de similitude qui nous amène à nous
intéresser au processus ayant abouti à ces résultats,
notamment les renversements des dirigeants en place.
Notre curiosité a également
été aiguisée par le fait suivant lequel l'ampleur du
conflit n'a pas été le même dans les trois pays que nous
avons choisis. Nous avons eu, en Tunisie, des manifestations plus ou moins
pacifiques ayant abouti à la fuite de Ben ALI ; en Egypte, un
sit-in prolongé qui a conduit à la démission de Hosni
MOUBARAK et une guerre se concluant, en Libye, par la mort de Mouammar KADHAFI.
Toute chose qui nous amène à nous poser la question du pourquoi
de ces divergences et même du comment y est-on arrivé.
Lorsqu'on sait que « pour comprendre le pourquoi,
il faut analyser le comment »33(*), une observation permet de constater que les grandes
puissances ont contribué à la construction du printemps arabe.
Celle-ci, aiguisant notre curiosité, nous a poussé à nous
résoudre à les étudier dans leur ensemble.
2- Les raisons du choix des grandes
puissances.
La Russie, la Chine, les Etats-Unis, la France et la
Grande-Bretagne sont tous nantis du droit de véto au CSNU. Cette
réalité s'impose à nous afin de permettre le compte-rendu
des jeux et des enjeux des grandes puissances au cours du printemps arabe. Car
le choix de quelques unes de ces puissances seulement, pour quelques motifs que
ce soit, serait parcellaire dans le processus d'analyse de l'intervention des
grandes puissances.
On note d'entrée de jeu que ces puissances se
subdivisent en deux catégories, les puissances très actives et
les puissances moins actives. Cet aspect se présente comme un
élément intéressant pour notre étude car il faut
comprendre pourquoi il existe une telle disparité dans les attitudes des
grandes puissances et plus encore démontrer cet état de
disparité.
Ensuite, il faut relever que certains des Etats en
crise ont développé des relations tous azimuts avec les grandes
puissances, ce qui a créé une sorte d' « extraversion
étatique »34(*). Une juxtaposition du phénomène
décrié par FOGUE TEDOM35(*), au sujet de l'Afrique noire, sur les pays que nous
étudions, permet de relever, par exemple, que l'Egypte dépend
beaucoup des Etats-Unis dans sa politique de sécurité par le
financement de son armée par les derniers cités36(*). Dès lors il est
intéressant d'apprécier l'attitude des anciens partenaires.
Aussi, la conception traditionnelle des Relations
Internationales est « verticale » et « boréocentrique
»37(*). Elle consacre
aux grandes puissances de l'hémisphère Nord, Grande-Bretagne et
Etats-Unis38(*),
particulièrement, une sorte de « destin de luciole »,
c'est-à-dire la spécificité d'émettre de la
lumière à tous les stades de leur développement. Pierre
BUHLER abonde dans le même sens lorsqu'il constate que les «
communautés épistémiques » étasuniennes
déterminent les formes, les concepts, les modes de diffusion du savoir,
sans même parler de sa langue véhiculaire, l'anglais, qui impose
une hégémonie non seulement formelle, mais aussi
méthodologique, aux conséquences lourdes sur
l'élaboration et l'expression de la pensée39(*). Le printemps arabe, se
présentant comme des mouvements de revendications de la
démocratie, nous savons que la démocratie est une valeur
occidentale diffusée par la pensée de ces puissances. Il est
utile d'analyser comment elles se sont saisies de cette fenêtre
d'opportunités.
D'un autre point de vue, la Chine et la Russie ont une
tradition réfractaire aux interventions étrangères. A
titre illustratif, la Chine prêche pour « l'harmonie du
monde »40(*). A
l'aune du printemps arabe, ce comportement a-t-il été
respecté ? Y a-t-il eu évolution dans la pensée
stratégique russe ou chinoise ? Y a-t-il eu des changements de
paradigmes dans le comportement de la Chine et de la Russie ? Ce sont
là des questions qui ont habité notre esprit, poussant notre
réflexion vers la quête de plus amples connaissances.
Tous ces constats et questions nous ont donné
de mener une étude bâtie autour de ces différents acteurs
afin de mieux comprendre pourquoi il n'y a pas eu une uniformité de
réalité dans tous les cas que nous avons retenus. Bref nous avons
noté l'existence d'un jeu à plusieurs variantes et aussi
l'existence de plusieurs enjeux.
Avant une analyse plus profonde du sujet, il convient
de faire une revue de la littérature.
II. REVUE DE LA LITTERATURE
Plusieurs auteurs se sont intéressés au
printemps arabe, rédigeant sur le sujet des livres, des articles. Au
regard de nos lectures et en analysant de près les ouvrages, l'on
constate que les auteurs n'abordent que partiellement ou alors pas du tout
certains aspects du sujet. Notre étude n'étant pas
pionnière dans ce domaine, elle a été enrichie par des
travaux de certains auteurs. Toutefois, ces travaux ne cadrent pas toujours
avec nos préoccupations.
Pour preuve, l'ouvrage de Jean Emmanuel PONDI41(*)qui aborde la question. Ce
livre traite de l'avenir de l'Union Africaine au lendemain de la mort du
colonel libyen KADHAFI. A la question du « printemps
arabe » et de ses objectifs, il laisse transparaitre comme enjeu la
fragilisation, par les grandes puissances, du projet panafricaniste que portait
le colonel KADHAFI. Il révèle la diversité de sons de
cloche perçus après la mort du colonel : si elle fait
l'objet d'une joie pour les Français, les Anglais et les
Américains, les Russes affichent une position ambigüe. Il
n'évoque pas la Chine. Il n'apporte aucune information sur les jeux des
grandes puissances tout comme il se limite à analyser la crise libyenne
sous l'angle de ses répercussions sur l'Afrique. Nous nous proposons de
rechercher la réaction de la Chine. Aussi, nous examinerons les jeux des
autres grandes puissances.
Claude MONIQUET42(*), nous rapporte que pendant plusieurs années,
la France et les Etats-Unis ont soutenu la Tunisie et entretenu de bonnes
relations avec l'Egypte qui quelques fois leur a apporté son soutien
dans certaines causes43(*). Pendant la révolution ces puissances ont
abandonné leurs amis d'hier. Par cette révélation, C.
MONIQUET permet de se rendre compte de ce que les intérêts de ces
pays avaient changé. Il fait aussi remarquer que la démocratie ne
se décrète pas. Ce faisant, il nous renseigne sur ce qui se
présente comme l'alibi avancé par les grandes puissances pour
attaquer la Libye : le besoin de démocratiser le pays. Claude
MONIQUET ne précise pas quel était l'enjeu réel des
grandes puissances puisqu'il estime que la démocratie qu'elles ont
évoquée ne se décrète pas. Nous entendons
révéler cet enjeu ou mieux, ces enjeux.
.
Bernard LUGAN44(*) élargit son étude du printemps arabe
sur le sol africain à des pays comme l'Algérie, le Maroc
où les renversements des dirigeants n'ont pas eu lieu. Il parle du
printemps arabe comme d'un échec à la hauteur des emballements
émotionnels qu'il a suscité. Ce faisant, il nous permet de nous
rendre compte de la diversité de conduites qu'a connues ce conflit en
fonction des Etats. Si c'était une révolution en Tunisie ou en
Egypte, c'était plutôt selon cet auteur une guerre en Libye. Dans
son ouvrage, B. LUGAN nous permet aussi de relever que l'expression
« printemps arabe » est un baptême journalistique.
Cet apport nous amène à étudier comment s'est construit le
printemps arabe et surtout quel a été l'apport des grandes
puissances dans ce processus.
L'ouvrage45(*) dirigé par Eric DENECE décortique les
phases de préparation de ce que l'on a appelé « les
révolutions arabes », analyse le contexte politique,
sociologique, idéologique qui les a mises en action, montre comment une
mise en condition de l'opinion internationale les a favorisées. Il
décrypte le rôle majeur joué en amont ( puis pendant et
après) par les vrais décideurs de ce qui se
révèle être une illusion « de
démocratie »: les Etats-Unis (et leur petit chien de garde
franco-anglais) avec l'Europe et l'OTAN interposées, et les
Etats wahhabites du « Golfe » , l'Arabie Saoudite et le
Qatar, véritables bras armés de la poussée islamique dont
la visée est la constitution d'un arc sunnite dirigé par eux,
avec l'onction des Etats-Unis dont la volonté de maîtriser les
flux pétroliers et de gaz trouve là son accomplissement...
D'autant que leur stratégie implicite de
« containment » de la Russie et de la Chine se voit
confortée par cette mise en chaos islamique de l'Afrique (du Nord comme
du sud Sahara) et du Moyen Orient. Cet ouvrage s'attache successivement
à étudier et à déconstruire les
événements ayant eu lieu au Maghreb et au Proche-Orient, à
mettre en lumière le rôle essentiel des acteurs extérieurs
à ces révolutions, acteurs dont les actions ont été
déterminante. Il évalue les conséquences du printemps
arabe, lesquelles ne semblent pas à la hauteur des espérances
suscitées. Les auteurs de cet ouvrage dénoncent la pensée
dominante qui tend à faire du « printemps arabe » un
événement spontané. Ceux-ci nous attestent que le
printemps arabe n'a pas été conduit uniquement par les
populations des Etats concernés. Ils nous révèlent
l'existence d'acteurs multiples des relations internationales dont des (Etats
et ONG). L'ouvrage nous renseigne sur quelques enjeux. Toutefois, il a le
péché de ne faire la part belle qu'aux Etats-Unis. Nous entendons
aller au-delà de cette étude en nous intéressant à
la France, à la Grande-Bretagne, à la Russie et à la
Chine. Il nous invite aussi à nous intéresser aux autres acteurs
des Relations Internationales.
Samir AMIN46(*) analyse les dangers de récupération du
printemps arabe. Il prend pour exemple l'instrumentalisation de l'islam
politique par les puissances occidentales. Il apporte des
éléments sur l'histoire des peuples arabes, ce qui permet de
mieux comprendre ce qui est arrivé. Pour lui s'il y a un gain majeur,
c'est que les peuples n'ont plus peur. Il nous permet de constater que ces
mouvements ont une importance sur le plan politique mais sont très
limités sur les plans social et économique. Le point
d'interrogation qu'il accole à l'expression printemps des peuples (un
printemps des peuples ?) dans le titre de l'ouvrage nous renseigne sur
l'état d'esprit de cet auteur. Pour lui, ce n'est pas un printemps arabe
mais plutôt un « automne du capitalisme ». Par ce
regard, Samir AMIN nous donne de constater que le printemps arabe profite aux
grandes puissances qui ont des monopoles, qui contrôlent à peu
près tout. Ils monopolisent un capital qui est à l'origine de
plusieurs phénomènes dont la financiarisation47(*), la destruction48(*), l'intolérance49(*). Samir AMIN nous
révèle que les principaux pays attaqués (Libye, Syrie,
Irak...) ne sont pas les principales cibles. S'il laisse entrevoir l'existence
d'une main cachée qui guiderait les mouvements en Egypte et en Tunisie,
puisqu'il ne traite pas de la Libye dans son ouvrage, il ne la dévoile
pas, encore moins les cibles principales. Notre travail consistera à
dévoiler cette main cachée en mettant en exergue son jeu. De
même, nous allons nous atteler à révéler les
principales cibles.
Naoufel BRAHIMI El MILI50(*) affirme que
« parler de printemps arabe peut être un contresens car on
pourrait parler plutôt de nos jours51(*) d'un grand hiver tant la rupture se conjugue avec le
maintien du vieux système »52(*). Il nous présente l'apport
médiatique de la chaine de télévision Al-Jazeera qui
« a su générer un mythe fondateur » de la
démocratie en Tunisie à partir du récit de l'immolation de
Mohamed BOUAZIZI. Par là, nous confirmons la thèse de la
construction médiatique du printemps arabe sur laquelle nous allons
revenir en analysant le jeu des grandes puissances. N. BRAHIMI EL MILI
révèle également l'identité des protagonistes
restés dans l'ombre : les Américains qui voient dans ces
événements l'occasion d'actualiser le projet
néocolonisateur du grand Moyen-Orient qatari ou saoudien dont les enjeux
gaziers, notamment, priment sur l'instauration d'un régime
démocratique. Naoufel BRAHIMI EL MILI porte à notre connaissance
que l'instauration de la démocratie n'était qu'un alibi. Ne
faisant que mention des Etats-Unis comme protagonistes tapis dans l'ombre, son
étude est limitée en ceci que nous savons clairement que les
Etats-Unis n'ont pas agi seuls. Les attaques en Libye ont été
menées par une coalition. Il ne fait pas mention des autres puissances.
Dans notre étude, nous entendons démêler l'écheveau
sur les jeux et les enjeux de la France, de la Grande-Bretagne, de la Russie et
de la Chine et des Etats-Unis.
Pierre HASSNER53(*), écrit parlant de la France qu'elle a eu une
expérience plus prometteuse en Libye où officiellement les
grandes puissances ont renoncé à la présence au sol. Il
précise que le combat a duré et le résultat n'a
été obtenu « fort heureusement qu'en ne se tenant pas
à la lettre de la résolution onusienne mais en aidant activement
les rebelles »54(*). Il nous apporte dans la conduite de notre recherche
un élément certain : la violation par la France et les
autres d'une résolution de l'ONU. Ici on se demande bien comment et
pourquoi un Etat peut résolument décider d'aider des rebelles en
allant, avec ses alliés, jusqu'à la violation d'une
résolution de l'ONU, ce que P. HASSNER ne nous dit pas et que nous nous
évertuerons à étudier. Aussi cet auteur ne nous renseigne
pas assez sur la raison pour laquelle l'action de la France en Libye est
qualifiée de plus prometteuse. Nous entendons analyser cette action et
même l'étendre au-delà de la Libye afin de mieux comprendre
son propos.
De son côté, Benjamin ROEHRIG55(*), indique qu'il y a eu beaucoup
de tractations à l'ONU, surtout de la part de la France, pour obtenir le
vote de la résolution 1973. Il fait également état de
l'envie de la France de garder l'initiative du dossier libyen. Toutefois, il
n'en donne pas les raisons et même la nature des tractations. Il
écrit que « la France s'est beaucoup investie dans le
dossier libyen »56(*). Si cet article a un apport indéniable, il est
limité en ceci qu'il ne fait pas état de l'action des autres
puissances. Nous entendons le compléter en analysant le comportement des
autres grandes puissances pendant le vote de cette résolution et
même, au-delà du vote de la résolution, pendant le cours de
la crise.
Dans la revue « Moyen-Orient »,
Mark N. KATZ57(*) rapporte
que pour les cas de la Tunisie et de l'Egypte, la Russie a unanimement
salué la chute des chefs d'Etat BEN ALI et Hosni MOUBARAK insistant sur
l'importance d'une Egypte « forte et
démocratique »58(*). Pour le cas de la Libye, la position de la Russie
est différente ; il y a même une contradiction dans les
propos du Président MEDVEDEV et du Premier Ministre POUTINE, MEDVEDEV
qualifiant d'inexcusable la considération qu'a POUTINE de l'action en
Libye : « croisade ». Plus tard, le Kremlin rejoint
dans leurs positions Washington, Paris et Londres. MEDVEDEV déclare le
27 mai 2011 à Deauville que « KADHAFI doit partir ».
Par ce récit, KATZ porte à notre connaissance que la Russie a eu
deux faces dans son appréciation de ce conflit suivant que la crise
était tunisienne ou égyptienne d'un coté ou libyenne de
l'autre. La dispute entre le président MEDVEDEV et le premier ministre
POUTINE au sujet du cas de la Libye révèle l'existence
d'intérêts divergents entre ces deux dirigeants russes. Si
l'apport de M. N. KATZ laisse transparaître cette réalité,
il ne nous en dit pas plus. Le revirement quasi brusque et sous fond de tension
interne de la Russie n'est pas justifié dans cet article. Nous nous
proposons de laisser à découvrir plus sur les
intérêts de ces acteurs.
Mettons un terme à cette revue de la
littérature en évoquant la revue « Moyen
-Orient »12 octobre-décembre 2011, où Moncef
DJAZIRI59(*) écrit
qu'après le début du mouvement né à
BENGHAZI60(*) en
février, beaucoup ont parlé d'un risque imminent de massacre des
opposants61(*),
prétexte justifiant l'intervention militaire de la France et de la
Grande-Bretagne puis de l'OTAN. Ces interventions ont évolué vers
une guerre d'appui aux rebelles de BENGHAZI dans le but de mettre un terme au
régime de KADHAFI et instaurer la démocratie. Moncef DJAZIRI
écrit « cette guerre pour la démocratie cache des
enjeux économique, géostratégique et politique dont la
prise en compte est indispensable pour expliquer pourquoi cette
guerre »62(*). Avec ces écrits de Moncef DJAZIRI qui nous
offre là une sérieuse piste de réflexion sur laquelle nous
allons nous engager, il est désormais clair que les grandes puissances
ne sont pas allées dans le conflit arabe en touristes. Cet apport de M.
DJAZIRI est néanmoins limité en ceci que par rapport à
notre étude, d'une part il se limite à réfléchir
uniquement sur la crise libyenne. D'autre part, il ne révèle pas
les enjeux dont il parle. Nous nous proposons de mettre en lumière les
enjeux qui expliquent l'intervention des grandes puissances au cours du
printemps arabe ; intervention tant en Libye qu'en Tunisie et en
Egypte.
En somme, nous nous rendons compte que les
écrits que nous avons explorés n'évoquent pas la Chine,
pays dont nous ne manquerons pas d'analyser l'action afin de rendre compte des
jeux et des enjeux des cinq grandes puissances au cours du printemps arabe.
Aussi les ouvrages ne traitent pas exclusivement des cas des pays que nous
avons choisis. De même, aucun ouvrage n'évoque à la fois
les cinq grandes puissances. Nous nous incrustons dans l'univers de la
recherche fondamentale sur ce sujet et nous nous penchons davantage sur
les grandes puissances et « le printemps arabe »,
dans un souci de rendre compte des jeux et des enjeux de celles-ci au cours du
printemps arabe. Nous nous proposons ainsi suivant les propos de SCHOPENHAUER
de « ne point contempler ce que nul n'a encore contemplé
mais de méditer comme personne n'a encore médité sur ce
que tout le monde a devant les yeux »63(*).
Cette revue de la littérature nous a permis de
noter que notre sujet présente quelques intérêts.
III. INTERET DE L'ETUDE
La portée d'une oeuvre scientifique est
d'apporter une contribution à la compréhension du
phénomène social dont elle s'est assignée la mission
d'étudier64(*).
Car, comme le dit BOURDIEU, le propre du scientifique est de « savoir ce
qu'il ne sait pas »65(*). Ainsi, la présente analyse des jeux et des
enjeux des grandes puissances au cours du printemps arabe offre sur le plan
heuristique un intérêt sur plusieurs plans : d'abord
personnel, puis académique et scientifique.
- Intérêt personnel
Ce travail est pour nous un important exercice
intellectuel, pratique et formatif qui permet d'établir une comparaison
entre les connaissances théoriques que nous avons reçues et la
réalité de la recherche sur le terrain. Il nous permet d'associer
empirisme et aporisme.
- Intérêt académique et
scientifique
Ce travail s'inscrit avant tout dans le cadre de la
recherche fondamentale. Il émane de la curiosité du chercheur
néophyte que nous sommes de donner une compréhension plus
affinée du printemps arabe. Car ce qui fait la valeur des travaux de
recherche, c'est leur capacité de « permettre une
compréhension toujours plus affinée du phénomène
qu'ils étudient »66(*). Alors que le printemps arabe continue de faire la
une de l'actualité internationale avec de nombreux rebondissements, ce
travail entend enrichir ceux qui l'ont précédé.
Pour y arriver, nous nous proposons de décrire
et d'expliquer l'intervention des grandes puissances au cours du printemps
arabe. Ceci en répondant aux questions comment et pourquoi cette
intervention. Nous avons choisi cette approche parce qu'elle n'est que
relativement abordée dans les écrits consacrés au
printemps arabe. Pour s'en convaincre, nous avons fait une revue de la
littérature67(*)
qui nous a amené à formuler une problématique.
IV. LA PROBLEMATIQUE
Selon Pierre BOURDIEU, Jean Claude CHAMBODERON et Jean
Claude PASSERON, « un objet de recherche si partiel et si
parcellaire soit-il ne peut être défini et construit qu'en
fonction d'une problématique théorique permettant de soumettre
à une interrogation systématique les aspects de la
réalité mis en relation par la question
posée »68(*).
Pour Madeleine GRAWITZ, la problématique est
l'intermédiaire entre la logique formelle et la recherche concernant le
contenu. Elle « répond à un besoin de
cohérence logique, met en oeuvre un ensemble de problèmes qui
orientent la recherche et un corps de concepts qui directement ou indirectement
débouchent sur des hypothèses rendant compte d'un contenu riche
de conflits »69(*).
Les travaux que nous avons exploités et
même des observations que nous avons faites nous présentent
quelques aspects de l'intervention des grandes puissances au cours du
printemps arabe, notamment les soutiens multiformes aux manifestants. Ils
apportent quelques révélations sur les objectifs
poursuivis : protection des civils, instauration de la démocratie.
Ces révélations nous amène dans le cadre de notre
étude à formuler notre problématique de la manière
suivante : Comment les grandes puissances participent-elles au printemps
arabe et quels sont les enjeux qui structurent leurs actions et
interactions?
Pour apporter une réponse à la question
que nous nous sommes posés, nous avons adopté une démarche
spécifique.
V. DEMARCHE ADOPTEE
Toute recherche aspirant à se faire une
place parmi les plus importantes et novatrices dans son domaine scientifique
passe forcément par une démarche cohérente que doit
rigoureusement observer le chercheur. Pour rendre intelligible l'intervention
des grandes puissances au cours du printemps arabe, nous avons convoqué
d'une part des techniques de collectes et d'analyse des données (A) et
d'autre part des théories (B).
A. La collecte et l'analyse de données.
Pour mener à bien sa recherche, le chercheur
doit s'appuyer sur des techniques70(*). Nombreuses et variées, elles ne s'excluent
pas les unes les autres ; le chercheur doit pouvoir choisir parmi les
multiples techniques existantes celles qui lui conviennent afin d'aboutir
à la réalisation des objectifs qu'il s'est fixé. Il doit
faire son cocktail de techniques.
Nous présenterons d'abord les techniques de
collectes de données (1), ensuite les techniques d'analyse (2).
1- La collecte de données
Les informations que nous avons recueillies dans le
cadre de notre travail l'ont été grâce à la
recherche documentaire.
Le choix de l'utilisation de la technique documentaire
est justifié selon Madeleine GRAWITZ parce qu'elle permet au chercheur
d'analyser les réalités se trouvant dans les documents afin de
compléter ce que l'on découvre sur le terrain.
D'après M. GRAWITZ, utiliser les techniques
documentaires revient à examiner diverses sources documentaires :
documentation écrite, documentation visuelle ou audiovisuelle, aussi les
techniques d'étude de ces documents71(*). En ceci que le document a l'avantage d'être
objectif puisqu'il est le même pour tous et ne change pas72(*), au cours de notre travail,
nous avons consulté des documents écrits (a),
électroniques (b) et muets (c).
a- La collecte de données à travers les
documents écrits
Les sources documentaires écrites auxquelles nous avons
fait recours durant notre recherche sont :
- Les journaux et magazines73(*), les revues74(*) scientifiques portant notamment sur le printemps
arabe.
- Les ouvrages de divers auteurs portant sur le printemps
arabe75(*), les
méthodes de recherche et théories76(*).
b- La collecte de données à travers les
documents électroniques.
Parmi les différentes sources
électroniques existantes telles le cinéma, la radio, la
télévision, internet, nous avons exploité durant notre
étude internet, la radio et la télévision.
Internet se présente de nos jours comme un
instrument dont l'importance est de plus en plus croissante en matière
de recherche en sciences sociales. Dans le cas spécifique des Relations
Internationales, ce type de documents comporte une masse impressionnante de
données. Pour notre travail, nous y avons trouvé des articles en
ligne77(*), des
ouvrages78(*).
Avec la radio et la télévision, nous
avons suivi des émissions79(*) au cours desquelles des débats, des
exposés ont été conduits afin de permettre de mieux
comprendre le printemps arabe.
c- La collecte de données à travers les
documents muets.
Les documents muets sont des objets inanimés
qu'on exploite afin de donner une interprétation à un
phénomène80(*). Dans le cadre de notre travail, nous avons
exploité les photos.
Une fois les données recueillies il nous
incombait de les analyser grâce à une technique précise.
2- L'analyse des données.
Pour analyser nos données, nous avons recouru
à l'analyse du contenu qui est une technique de recherche pour la
description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste
des communications, ayant pour but de les interpréter81(*). Il faut analyser les
données pour pouvoir y extraire des éléments utiles pour
bâtir sa thèse. Cette technique consiste à traiter
méthodiquement des informations qui présentent un degré de
profondeur et de complexité, sources de renseignements qui permettent au
chercheur de construire une connaissance82(*). Cette technique, nous l'avons orientée sur
les documents collectés.
En plus des techniques, nous avons fait recours
à des théories et méthode pour mieux comprendre les jeux
et les enjeux des Grandes Puissances au cours du printemps arabe.
B.L'usage des théories
Les théories permettent d'analyser les
données que nous avons collectées. Elles rendent possible
l'explication des faits sociaux. Il convient de souligner que le terme
théorie vient du grec « théorien », qui veut dire
« observer avec émerveillement ce qui se passe pour le
décrire, l'identifier et le comprendre »83(*). De nos jours, une
théorie est généralement considérée comme
« une boite à outils grâce à laquelle
l'analyste pourrait proposer une compréhension des relations
internationales (...) »84(*). Elle permet de rendre compte des faits
sociopolitiques à partir d'un modèle
prédéfini. Raymond ARON définit la théorie
comme « une connaissance contemplative [...] de l'ordre essentiel
du monde »85(*).
Selon Hans MORGENTHAU, elle aide à vérifier les faits,
à les expliquer et à leur donner une signification et une
rationalité86(*).
Une seule théorie ne saurait suffire pour
rendre compte d'un fait de façon sérieuse. D'ailleurs,
Kenneth WALTZ pose que « dans la sphère
supra-étatique, aucune théorie ne peut prétendre rendre
compte de façon exhaustive des faits internationaux »87(*). Afin de donner à voir
sur les jeux et enjeux des grandes puissances au cours du printemps arabe, nous
avons utilisé trois théories à savoir, le constructivisme
(1), l'interactionnisme (2) et le réalisme (3).
1- Le constructivisme
Le constructivisme est l'une des approches les plus
récentes parmi les théories de l'intégration en Relations
Internationales contemporaines. En effet c'est au cours des années
1980 et 1990 que l'on observe son essor avec la fin du monde bipolaire sous
l'impulsion des chercheurs comme Nicholas ONUF88(*), Friedrich
KRATOCHWIL89(*) John
RUGGIE90(*), ou encore
Alexander WENDT91(*).
Depuis le début des années 1990 donc, la
discipline des Relations Internationales a connu une nouvelle approche :
le constructivisme92(*).
« Sous l'impulsion de la sociologie, de la philosophie et de
l'anthropologie, les chercheurs ont reconnu l'importance de la construction
sociale de la réalité internationale et se sont
émancipés des approches du réalisme et du
libéralisme qui dominent la discipline à ses
débuts »93(*).
Par constructivisme, il faut entendre cette
intuition fondamentale qu'en relations internationales, « les
idées, les identités, et les intérêts des
acteurs sont socialement construits »94(*).
Dans la perspective constructiviste
considérée par certains comme « le nouveau paradigme
dominant des relations internationales »95(*), les réalités sociales sont
appréhendées comme des constructions historiques et quotidiennes
des acteurs individuels et collectifs96(*). Il va s'en dire que rien n'est donné
définitivement.
Avec Dario BATTISTELLA97(*), pour le constructivisme, la
réalité sociale existe et un chercheur peut l'étudier.
Cette réalité n'est ni objective (déjà
donnée là), ni subjective (fonction du discours
légitimateur) mais intersubjective (elle est ce que les croyances
partagées des acteurs en font) autrement dit, dans le cas de notre
étude, le printemps arabe est ce que les croyances partagées des
grandes puissances en font.
Le constructivisme place la culture au centre de toute
analyse98(*). Pour
scruter cette construction sociale de la « réalité »,
les tenants de ce courant mettent en relief les trois postulats99(*) ci-après:
- l'environnement dans lequel les acteurs agissent est
autant social que matériel ;
- ce cadre permet aux acteurs de déterminer leurs
intérêts ; lesquels intérêts se
réfèrent à ce que les acteurs veulent et
présupposent des identités100(*) ;
- la perception que les acteurs ont des valeurs et des
normes change au gré des circonstances historiques particulières
et avec le temps.
Dans l'approche moderne du constructivisme connue
autour d'Alexander WENDT, les identités sont « des
représentations et des attentes spécifiques de
rôle définies de manière rationnelles en fonction de
principes de valeurs, de normes »101(*).
Les types d'identités qu'il distingue sont les
identités corporative, de type, de rôle et collective. Elles sont
à l'origine de la constitution des intérêts
nationaux102(*). Le
constructivisme permet d'étudier la construction sociale des
intérêts. Il faut relever que la construction d'une
identité est systématiquement rapportée à des
conditions objectives et des intérêts politiques. Il y a
construction des identités collectives à travers les alignements
et les conflits des acteurs individuelles.
Pour Peter KATZENSTEIN, les environnements culturels
ont un impact non seulement sur les incitations à l'origine des
différents comportements des Etats, mais ils affectent le
caractère fondamental des Etats, ce que nous appelons leur
identité103(*).
Ainsi, les différentes cultures des grandes puissances ont eu des
incitations diverses sur leurs comportements au cours du printemps arabe.
De même, « les
intérêts et les idées des acteurs sociaux sont construits
par les identités que ces derniers partagent, par la culture dans
laquelle ils sont ancrés plutôt qu'ils ne s'imposent une fois
pour toutes à tout un chacun d'entre eux indépendamment des
interactions avec les autres »104(*). Ceci est l'élément qui illustre
à suffisance des revirements de situation au cours du printemps arabe
dans les actions des grandes puissances.
C'est cette logique qui a justifié le choix du
constructivisme, entre et autre, comme théorie pour l'analyse des jeux
et des enjeux des grandes puissances au cours du printemps arabe. Car, comme le
rappelle N. ONUF, le constructivisme est d'abord « une
façon d'étudier les relations sociales, n'importe quelles
relations sociales »105(*). Le printemps arabe nous en donne une
opportunité. En définitive, le constructivisme nous permettra de
montrer que :
- Le printemps arabe n'est pas une réalité
donnée. C'est un phénomène qui a été
construit à partir des perceptions que s'en sont faites les grandes
puissances et en fonction de leurs différentes identités, afin de
satisfaire certains intérêts.
- Les identités ont des incidences sur les jeux des
acteurs. Les identités et les intérêts des acteurs qui ne
sont pas donnés sont construits par les idées qu'ils partagent.
Ainsi, en fonction de leurs diverses cultures et de leurs environnements
différents, les grandes puissances n'ont pas eu la même incitation
pour leur intervention au cours du printemps arabe. Leurs jeux sont
établis en fonction des idées qu'elles partagent. Certaines
grandes puissances, eu égard à leurs intérêts se
sont mises ensemble afin de les voir advenir. Dans ce sillage, les alliances ne
se sont pas réalisées sur la base du néant.
- Les agents ont, par leurs discours et pratiques,
transcendé certains ensembles de pratiques et normes
établies au lieu de les reproduire car le constructivisme nait de
l'idée selon laquelle « pour penser le changement en
relations internationales,(...), il faut dépasser les paradigmes
néo-réalistes et post-
- positivistes »106(*), d'où la pertinence
de cette théorie en opposition à celles qui excluent le
changement de leur champ d'étude107(*).
Le constructivisme n'est pas la seule théorie
que nous avons mobilisée, l'interactionnisme l'a aussi
été.
2- L'interactionnisme.
« Le regard interactionniste considère
le monde comme une entité processuelle en composition et
recomposition continues à travers les interactions entre acteurs.
L'analyse interactionniste porte prioritairement sur les points de vue des
acteurs et plus encore sur les croisements de ces points de vue qui
procèdent de la négociation des significations et des
normativités. Pour autant l'interactionnisme ne saurait être
considéré comme une doctrine »108(*).
La matrice intellectuelle mais aussi sociale et
institutionnelle de l'interactionnisme se situe à
l'université de Chicago109(*). Sous le prisme de la tradition de Chicago,
la recherche s'attache à étudier les phénomènes
sociaux sous l'angle des interactions qui lient les acteurs au quotidien et
s'intéresse aux significations qu'ils engagent dans leurs
interactions. L'explication interactionniste présuppose
l'inconditionnalité de l'acteur, état qui lui permet de
décider ou de choisir en toute liberté. L'interactionnisme
se divise en deux branches : l'interaction stratégique (a) et
l'interaction symbolique (b).
a- L'interaction stratégique
L'interaction stratégique se caractérise
par une action manifeste, explicite. C'est « une situation dans
laquelle chaque acteur se comporte stratégiquement dans la perspective
d'atteindre son ou ses objectifs en présence d'autres acteurs qui se
comportent exactement de la même
manière »110(*). Jacques ROJOT111(*) soutient que l'analyse
stratégique permet de rendre compte du comportement des acteurs, de
leurs interactions et de l'orientation de celles-ci. C'est en ceci que nous
avons analysé le comportement des grandes puissances au cours du
printemps arabe.
Fruit du travail de Michel CROZIER, les concepts de
base de l'interaction stratégique sont l'acteur, les objectifs, les
ressources, les contraintes, les stratégies.
- L'acteur : c'est celui qui agit, porte ou dirige
l'action. Il n'agit pas dans le vide. C'est dans l'organisation que se
déploient ses multiples actions. L'organisation ici n'est pas un
donné naturel mais un construit social. Rien n'est
prédéterminé, il y a une sorte de jeu
d'interdépendance entre les acteurs, des associations
interdépendantes112(*).
- Les objectifs : ce sont les buts poursuivis par les
acteurs. Il n'y a pas d'acte gratuit. Le comportement est toujours
orienté vers un but. Les objectifs peuvent être diffus, pas
clairement définis, fonction du contexte, construits en fonction de
l'évolution de la situation. Ils peuvent être explicites mais ils
peuvent être aussi latents. Les objectifs sont fonction du contexte
mais sont aussi construits au fur et à mesure que la situation
organisationnelle évolue113(*).
- Les ressources : elles représentent ce dont
l'acteur a intérêt à se servir. Elles peuvent être en
l'acteur (ses capacités intellectuelles) ou extérieur à
l'acteur (des moyens logistiques).
- Les contraintes : ce sont des éléments
qui se dressent contre l'acteur et auxquels il doit faire face.
- Les stratégies : définies comme «
le fondement inféré ex post des régularités
de comportement observées empiriquement », elles sont
élaborées par l'acteur en fonction des ressources et des
contraintes. Elles peuvent être offensives ou défensives. Aussi,
elles se révèlent à l'observation et à travers la
régularité des comportements114(*).
b- L'interaction symbolique
L'interaction symbolique se veut plus discrète
que l'interaction stratégique. C'est une « activité
par laquelle les êtres humains interprètent leurs comportements
réciproque et agissent sur la base des significations
conférées par cette
interprétation »115(*).
Pour Jacques ROJOT116(*), dans les interactions entre l'individu et
l'environnement, il ya des choses mais aussi des symboles, signes arbitraires,
conventionnels, façonnés collectivement par les individus qui les
utilisent. Une catégorie essentielle en est le langage117(*). « Les
individus agissent envers les objets sur la base de la signification que ces
objets ont pour eux »118(*). Ceci revient à dire que si un acteur ne
comprend pas un objet, il ne posera aucun acte. « Le langage
constitue un répertoire d'objet disponible et permet aussi d'en
créer de nouveaux. Il est donc reproducteur mais aussi créateur
de la réalité »119(*).
La mobilisation de l'interactionnisme a
été utile à plus d'un titre :
Premièrement, cette théorie nous a
permis de comprendre que les acteurs notamment les grandes puissances qui
interviennent au cours du printemps arabe s'inscrivent dans un jeu
d'échanges gagnant. Car, ils agissent dans un contexte
d'interdépendance stratégique où ils sont des
acteurs stratégiques, c'est-à-dire « des acteurs
empiriques dont les comportements sont l'expression d'intentions, de
réflexions, d'anticipations et de calculs et ne sont en aucun cas
entièrement explicables par des éléments
antérieurs »120(*). Ceci implique que ces acteurs ont des
agissements stratégiques que nous allons saisir à partir des jeux
de relations dans lesquels ils sont parties prenantes.
Deuxièmement, compte tenu de ce que
l'intervention des grandes puissances, à travers leurs jeux n'est ni une
structure formelle, ni une structure informelle, mais un réseau de
pouvoir de négociations permanentes où chacun joue sa
participation en échange de conduites conformes à ses
intérêts de la part des autres acteurs121(*), l'interactionnisme nous
permet de mettre en exergue les acteurs qui se sont servis des Organisations
Internationales pour construire leurs intérêts.
Troisièmement, eu égard au fait que
les interventions des grandes puissances ne sont pas totalement fermées,
c'est-à-dire qu'elles sont un ensemble qui s'inscrit au sein du
système international; parler des jeux des grandes puissances implique
nécessairement le rôle des autres acteurs des Relations
Internationales avec lesquels elles ont été en interaction
à travers l'élargissement du champ de leur
interdépendance.
Ces acteurs étant des Etats, il est presque
redondant, au vu de la théorie réaliste, de dire qu'ils ne
poursuivaient que leurs intérêts. Ceci nous a conduits à
mobiliser le réalisme.
3- Le réalisme.
Le réalisme se présente comme le
paradigme dominant en relations internationales depuis la fin de la
deuxième guerre mondiale. L'une des quatre propositions principales qui
fait sa « richesse »122(*) sinon sa « sagesse »123(*) est que les Etats
incarnés dans le chef du pouvoir exécutif sont des acteurs
rationnels qui cherchent à maximiser leur intérêt national
défini en termes de puissance eu égard aux contraintes du
système international124(*).
Le réalisme repose sur plusieurs
principes125(*) qui ne
sont pas tous repris par ceux qui se réclament de ce courant de
pensée. Les traits saillants de cette théorie sont :
1- Les acteurs les plus importants de la politique
internationale sont des entités politiquement organisées :
les Etats.
2- Les acteurs coexistent dans l'anarchie
internationale126(*). La
guerre et la menace de guerre dominent donc les relations internationales. Pour
Raymond ARON, partout, l'ombre de la guerre plane sur les décisions des
gouvernants. D'autre part, les Etats ne peuvent compter que sur eux-mêmes
pour protéger leurs intérêts, appliquer les accords,
maintenir l'ordre et assurer en définitive leur
sécurité.
3- Les Etats s'efforcent de maximiser ou bien leur
sécurité ou bien leur puissance. Il n'ya pas consensus au sein du
réalisme sur la préférence fondamentale, sur l'objectif
premier des Etats dans la politique internationale. Pour Robert GILPIN, Kenneth
WALTZ, Stephen KRASNER ou Raymond ARON, les Etats cherchent avant tout à
survivre, ils adoptent un réalisme défensif, ils maximisent leur
sécurité. Pour d'autres penseurs réalistes, comme Hans
MORGENTHAU, John MEARSHEIMER et Fareed ZAKARIA, les Etats maximisent leur
puissance, non leur sécurité : ils optent pour un
réalisme offensif. En ce qui concerne MORGENTHAU, l'intérêt
défini en termes de puissance est l'élément qui motive
dans les relations internationales. La sécurité est rare et pour
l'obtenir, les Etats s'engagent dans une vive compétition, ils adoptent
des stratégies offensives qui conduisent à des conflits, à
des guerres.
4- Le système international, et notamment la
distribution de la puissance entre les Etats, affecte profondément
l'action des dirigeants politiques. La puissance et sa distribution sont donc
des variables clés pour les réalistes. Pour certains d'entre eux,
les caractéristiques internes des Etats méritent d'être
prises en considérations quand on étudie leurs conduites
extérieures.
5- Les dirigeants politiques adoptent le plus souvent des
politiques instrumentales et rationnelles pour obtenir la puissance ou la
sécurité. Toutefois cette rationalité n'implique pas
nécessairement le succès.
6- La force armée, la menace de son emploi comme sa
mise en oeuvre, est utile dans les relations internationales.
In fine, le premier postulat nous permet de comprendre
la décision d'aller en guerre contre KADHAFI telle que prise par
certaines grandes puissances. Il nous permettra de démontrer qu'en toute
chose, les actions des grandes puissances sont dirigées par la
réalité de l'anarchie du système internationale.
Aussi, le réalisme nous permettra de
démontrer qu'au-delà de la personne des chefs du pouvoir
exécutif des grandes puissances, les stratégies mises en oeuvre
ont pour but de garantir l'intérêt national.
Ensuite, Il importe de relever que la théorie
réaliste a connu une évolution avec l'apparition d'un tournant
dit « néoclassique » donnant naissance au réalisme
offensif. Développé par Randal SCHWELLER et Fareed ZAKARIA
en réaction au réalisme défensif dont ils critiquaient les
conclusions, le réalisme offensif se réfère à
l'hypothèse suivant laquelle « les structures de la politique
internationale conditionnent les Nations les plus puissantes à assurer
des responsabilités élargies, ce qui les conduit donc à
mener des diplomaties expansionnistes »127(*). Cette réalité
nous permet de comprendre l'engagement des grandes puissances aux
côtés des civils et des manifestants dans les pays en crise. Ces
actions s'inscrivent dans le sillage de ces responsabilités, c'est
également ce que nous allons démontrer.
Enfin, par ses principes, le réalisme est une
théorie qui révèle que dans les relations internationales,
l'action des acteurs est dirigée par des intérêts, tout y
est enjeu (offensif ou défensif). Ainsi, il nous permettra de montrer
que les grandes puissances sont intervenues au cours du printemps arabe afin
d'assurer leur sécurité, asseoir leur puissance,
pérenniser leur hégémonie et aussi acquérir de
nouvelles parts dans l'économie mondiale.
Nos positions théoriques et
méthodologique ayant été affinées, il est pertinent
pour nous de formuler notre hypothèse de travail. Car, l'organisation
d'une recherche autour d'hypothèse(s) de travail constitue le meilleur
moyen de la mener avec ordre et rigueur128(*).
VI. HYPOTHESE DE TRAVAIL.
L'hypothèse peut être
considérée comme une réponse anticipée que le
chercheur formule à sa question spécifique de recherche. M.
GRAWITZ la considère comme « une proposition de
réponse à la question posée »129(*). Elle procure à la
recherche un fil conducteur130(*). Le chercheur qui la formule dit en fait : «
Je pense que c'est dans cette direction là qu'il faut chercher, que
cette piste sera la plus féconde »131(*).
Les différents ouvrages que nous avons
consultés abordent certes la question du printemps arabe, mais ils ne
s'attardent ni à décrire amplement les jeux des grandes
puissances, ni à révéler explicitement leurs enjeux.
C'est pourquoi, au regard de notre
problématique qui consiste à déterminer les jeux et les
enjeux des grandes puissances au cours du printemps arabe, notre
hypothèse est la suivante : au cours du printemps arabe, les
grandes puissances agissent par des jeux diversifiés soutendus par des
enjeux manifestes et latents. Leurs actions et interactions sont cependant
soumises à de nombreuses contraintes qui compromettent en partie
l'efficacité des enjeux poursuivis.
Cette hypothèse nous conduit à
bâtir notre travail autour de deux parties :
PREMIERE PARTIE : LES JEUX DIVERSIFIES DES GRANDES
PUISSANCES.
DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX ET CONTRAINTES
STRUCTURANT LES ACTIONS ET INTERACTIONS DES GRANDES PUISSANCES.
PREMIERE PARTIE :
LES JEUX DIVERSIFIES DES GRANDES PUISSANCES
Le printemps arabe a vu la participation de plusieurs
acteurs dont les grandes puissances en Libye, Tunisie et Egypte. Elles ont
développé plusieurs stratégies et se sont
illustrées par une pluralité d'actions qui ont mis en exergue
plusieurs configurations de jeux. Par configuration, il faut entendre
« la figure globale toujours changeante que forment les joueurs.
Elle inclut non seulement leur intellect mais toute leur personne, les actions
et les relations réciproques»132(*). Elles sont plurielles dans
le cas des jeux des grandes puissances au cours du printemps arabe.
La configuration est en permanence reconstruite par
les actions et les interactions des joueurs. On ne joue pas n'importe
où, encore moins n'importe comment, avec n'importe qui et surtout pas
n'importe quand, on attend quelques fois, stratégiquement. Il y a
tantôt concurrence, tantôt interdépendance entre les
acteurs. Concurrence et interdépendance se présentent dès
lors comme des facteurs déterminants les jeux des acteurs. Ceci est
d'autant plus intéressant que « lorsqu'on étudie
les hommes, on peut concentrer les feux des projecteurs tantôt sur les
individus, tantôt sur les configurations que forment entre eux plusieurs
hommes »133(*). Quoique N. ELIAS parle, ici des individus, ce
propos peut être appliqué aux Etats. Dès lors, nous pouvons
dire que lorsqu'on étudie les Etats, on peut concentrer les feux des
projecteurs tantôt sur leurs actions individuelles, tantôt sur les
configurations que forment entre eux plusieurs Etats. Ces
configurations sont déterminées par la concurrence qui les
amène à jouer en solo et l'interdépendance qui les
amène à jouer en duo, trio, quatuor et même en des nombres
plus importants encore.
Ainsi, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis,
la Chine et la Russie ont fait leurs entrées sur la scène arabe
notamment en Tunisie, Egypte et Libye. Il est opportun de relever que ces
puissances ne jouent pas de la même façon et surtout pas à
tous leurs coups, chacune a sa stratégie : quelques fois, animées
par la concurrence, dans une perspective d'unilatéralité, elles
jouent en solo s'inscrivant dans une stratégie d'influence134(*), d'autres fois,
animées par l'interdépendance, dans une perspective de
multilatéralité ou de bilatéralité, elles jouent en
collège, ce qui a laissé découvrir des jeux individuels
(chapitre I) et des jeux collectifs (chapitre II).
CHAPITRE I
LES JEUX INDIVIDUELS DES GRANDES PUISSANCES
Les grandes puissances ont décidé, pour
certaines, de corriger leurs erreurs du passé135(*) puisque l'Afrique du Nord
n'est pas le premier laboratoire des interventions de celles-ci à
travers la planète136(*). Pour d'autres, la routine a été le
mot d'ordre c'est-à dire refaire ce qu'on a toujours fait à
l'instar de la Russie qui reste dans sa posture non interventionniste137(*). Elles ont ajusté
leurs positions, affiné leurs coups afin de récolter le meilleur
résultat possible. Elles ont fait fi de la souveraineté des Etats
en question dans le printemps arabe. Ce qui est la preuve que la
souveraineté des Etats n'a jamais été acquise comme
s'interroge Bertrand BADIE138(*). Pour y parvenir, dans un élan de
concurrence, elles posent des actions individuelles. C'est ce qui est
qualifié de jeux individuels.
Chaque grande puissance voudrait être reconnue
comme ayant joué un rôle déterminant, voire incontournable,
dans le dénouement de la crise arabe en cours. C'est ainsi qu'une
pluralité de jeux a pu être observée. Si certaines grandes
puissances ont été très actives, d'autres ont
décidé d'être moins actives en raison de leurs principes
d'actions sur la scène internationale. Cependant, ces grandes puissances
se révèlent par des jeux similaires (section I). Cela n'est
néanmoins pas le cas pour tous les jeux, on en a qui sont dissemblables
(section II).
SECTION I : LES JEUX SIMILAIRES.
Que ce soit pour les puissances très actives
(paragraphe I), ou pour les puissances moins actives (paragraphe II), on
observe des jeux similaires. Par jeux similaires, nous entendons les actions
identiques mises en oeuvre par plusieurs puissances. Il s'agit par exemple des
pressions sur les dirigeants, des encouragements et appuis multiformes aux
rebelles.
PARAGRAPHE I : LES ACTIONS DES PUISSANCES TRES
ACTIVES
Au rang des puissances très actives, nous avons
la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis. Ces puissances sont
caractérisées par leurs soutiens explicites aux revendications
des peuples en Tunisie, en Egypte et en Libye. Leurs actions tournent autour
des pressions sur les dirigeants en place (A) et des appuis multiformes aux
rebelles139(*) (B). Ceci
dans une perspective unilatérale140(*) de maximisation de leurs puissances141(*), dans la poursuite de
multiples enjeux qui modèlent leurs différents jeux.
A. Les pressions sur les dirigeants.
Par des discours et d'autres formes d'actions (1), les
grandes puissances ont apporté leurs soutiens aux rebelles. Elles ont
également dans le cas de la Libye, établi avec les rebelles des
relations diplomatiques (2).
1- Discours et autres actions de pression sur les
régimes de Ben ALI, Hosni MOUBARAK et Mouammar KADHAFI.
Nous présenterons la construction des pressions
par les discours (a) puis les autres formes de pressions (b).
a- La construction discursive des
pressions.
Le constructivisme place la culture au centre de toute
analyse142(*). Les
grandes puissances, notamment la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis,
sont reconnues universellement, selon les principes143(*) qu'elles ont elles
mêmes établis, comme étant des démocraties. Cette
culture démocratique les a poussées à soutenir les
revendications de démocratisation faites dans le monde arabe puisque
quand les manifestations commencent à Tunis, au Caire ou encore à
Benghazi, les dirigeants, à savoir Ben ALI, Hosni MOUBARAK et Mouammar
KADHAFI sont hostiles à toute idée de quitter le pouvoir. Elles
se sont inscrites dans une perspective d'identités,
« représentations et attentes spécifiques de
rôle, définies de manière relationnelles en fonction
de principes, de valeurs et de normes »144(*), la démocratie
étant perçue comme une valeur chez les P3. Ces démocraties
occidentales ont décidé de changer le destin de ces pays. Elles
profitent des mouvements sociaux pour inviter les gouvernants de ces
régimes à partir145(*).
Dès lors, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et
la France, décidant de saisir cette fenêtre
d'opportunités146(*) n'ont pas hésité à faire valoir
leur puissance.
Les pressions des Etats-Unis
Une pensée s'impose depuis les années
1990 aux Etats-Unis. Selon celle-ci, « Washington n'avait pas
d'autre alternative que d'exercer le leadership, sans quoi le monde pourrait
devenir chaotique et la sécurité serait
menacée »147(*). S'inspirant de cette réflexion, c'est donc
un leadership par défaut, mais nécessaire à la
sécurité du monde148(*). Ainsi, les révoltes dans le Maghreb ne
pouvaient pas, dans un contexte de village planétaire prescrit par la
mondialisation, laisser les Etats-Unis indifférents. Agissant dans le
cadre de la mise en oeuvre du soft power - puisque les Etats-Unis sont
dominants dans le monde mais « être dominant ne signifie pas
être despote »149(*) - faisant reposer la puissance des Etats-Unis
à la fois sur son appareil politique et administratif150(*), ils sont intervenus pour
mettre la pression sur les dirigeants en place au début des
manifestations afin que reviennent la paix et la sécurité. Nous
présenterons respectivement les pressions exercées sur le
régime de Ben ALI, H. MOUBARAK et M. KADHAFI.
- Les pressions sur le régime de Ben ALI.
En Tunisie, Barack OBAMA et Hilary CLINTON en premier,
cautionnent les manifestations, invitant Ben ALI à se plier à la
« volonté des peuples ». Ils mettent la pression pour
arrêter toute tentative à bloquer internet151(*) et, s'empressent de
féliciter les « changements » avant même que la vision
sur l'aboutissement de la situation ne devienne claire152(*).
Préoccupé par les troubles de Tunis, le
7 janvier 2011, le
gouvernement
américain convoque l'
ambassadeur
Mohamed Salah TEKAYA pour inciter Tunis à respecter les libertés
civiles, la
liberté
d'expression, en particulier sur
internet, et
à faire preuve de modération dans l'usage de la force contre les
manifestants153(*).
S'exprimant à ce sujet, un haut responsable américain
affirme : « nous avons encouragé le
gouvernement tunisien à faire en sorte que les libertés civiles
soient garanties, notamment la liberté de rassemblement. Nous avons
aussi soulevé la question de ce qui ressemble à une
ingérence du gouvernement tunisien dans l'internet,
particulièrement dans les comptes Facebook »154(*). Cette action dont
l'intérêt a été expliqué par le propos de ce
haut responsable américain a eu pour effet d'amener les autorités
tunisiennes à revoir leurs positions qui tendaient à
étouffer les revendications.
Ainsi, dans un élan de protection de sa
souveraineté155(*), le gouvernement tunisien a également
convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie en signe de
résistance à l'injonction américaine. Il
déclare : « nous sommes surpris par le contenu de cette
déclaration faite sur la base d'informations recueillies auprès
d'éléments hostiles, sans vérification ni consultation
avec les autorités officielles »156(*). Et il affirme :
« nous tenons, à cet égard, à souligner de
nouveau, que toutes les libertés, y compris la liberté de
rassemblement, sont garanties par la Constitution et la Loi en Tunisie. Les
rassemblements n'ont jamais été interdits ni gênés
lorsqu'ils sont pacifiques et non violents. Les évènements
enregistrés ces derniers temps dans quelques régions ont pris,
dans certains cas, un caractère violent, face auquel une réaction
légitime s'est imposée pour préserver l'ordre public, la
sécurité des citoyens et la protection des biens publics et
privés »157(*).
Cet argument est valable en ceci que, la
souveraineté reconnaît à l'Etat le monopole de la violence
légitime pour faire face aux événements pouvant porter
atteinte à son intégrité. Le pouvoir en place a
redoublé d'ardeur dans sa détermination à censurer toute
parole publique, il a multiplié les arrestations de jeunes blogueurs
tunisiens. Prenant prétexte du nécessaire combat qu'il
mène contre l'islamisme radical, il a choisi de menacer ceux qui osent
exprimer leur mécontentement. La communication politique de M.
ABDALLAH158(*) s'est
évertuée envers l'opinion publique étrangère
à présenter Ben ALI comme un bouclier contre l'islamisme
radical159(*). Ses
journalistes, agents véreux crient au loup : « les islamistes
veulent prendre le pouvoir »160(*). Le régime de Ben ALI a ainsi choisi de
faire diversion, de présenter le problème comme se trouvant
ailleurs. Toutefois, le rapport de force n'est pas équilibré
entre la Tunisie et les Etats-Unis. Poursuivant l'effort de pression, la
secrétaire d'Etat américaine Hillary CLINTON mêle sa voix
à celles des autres et appelle le gouvernement tunisien à oeuvrer
à une solution pacifique pour faire cesser les troubles sociaux qui
secouent le pays.
Dans une interview, elle
déclare : « nous sommes inquiets quant aux
troubles et à l'instabilité qui touchent la Tunisie. Nous sommes
également préoccupés par la réaction du
gouvernement, qui a malheureusement provoqué la mort de certains jeunes
protestataires »161(*). Elle s'exprime de manière
manichéenne, portant un jugement sur la situation qui prévaut en
Tunisie et accusant le gouvernement dans son intervention qui cause des morts.
Cette accusation vise implicitement à attirer son attention afin qu'il
fasse cesser ces manoeuvres.
Ces pressions conjuguées du gouvernement des
Etats-Unis ont eu pour effet de faire céder le régime de Ben ALI
qui, contraint de laisser libre court à l'usage d'internet162(*) à donner aux
dissidents la possibilité de s'organiser, de se rassembler et cela a
conduit à son départ.
Le 14 janvier 2011 au soir, dans un communiqué
diffusé par la
Maison-Blanche,
le président américain
Barack OBAMA
condamne et déplore l'usage de la violence contre les citoyens
« exprimant pacifiquement leurs opinions » et
« applaudit le courage et la dignité du peuple
tunisien »163(*).
- Les pressions sur le régime de H. MOUBARAK
En Egypte, les pressions des Etats-Unis ont
été très déterminantes pour l'issue de la crise
à savoir la démission de H. MOUBARAK.
Le 28 janvier 2011, soit quelques jours après
le début des revendications164(*), Robert GIGGS, chargé de la communication
à la Maison Blanche annonce que les Etats-Unis entendent revoir leur
aide à l'Egypte en fonction de l'évolution des
évènements165(*).
Les Etats-Unis envisagent en effet augmenter ou
diminuer les financements en fonction de l'avancée démocratique
de cet Etat. R. GIGGS annonce que les Etats-Unis contrôlent la
situation166(*). Par
cette annonce, il démontre la puissance des Etats-Unis au mépris
de la souveraineté du gouvernement égyptien. Au soir du 28
janvier 2011, le porte-parole de la diplomatie américaine appelle
à « respecter les droits fondamentaux, à éviter
la violence et à permettre les communications »167(*). Pour sa part,
Hillary
CLINTON appelle le gouvernement égyptien à engager de
profondes réformes sociales et économiques168(*).
Dans la même veine, B. OBAMA s'entretient avec
H. MOUBARAK pendant 30 minutes au téléphone. Au cours de cet
entretien, il précise à son interlocuteur qu'il faut des
réformes en Egypte169(*). Le président américain a ensuite fait
une brève allocution depuis la Maison Blanche, après cet
entretien téléphonique : « ce qui est clair et
ce que j'ai indiqué au président MOUBARAK, c'est que la
transition politique doit être profonde, qu'elle doit être
pacifique et qu'elle doit commencer maintenant »170(*). Il a, par cette allocution,
apporté des précisions sur le résultat qu'il attend des
actions à mener par le président MOUBARAK.
Pour soutenir la pression sur le dirigeant
égyptien, le 30 janvier 2011, s'exprimant sur CNN, H. CLINTON
affirme : « nous sommes du côté, comme nous
l'avons été depuis plus de 30 ans, d'une Egypte
démocratique qui pourvoie des droits politiques et économiques
à son peuple, qui respecte les Droits de l'Homme universels pour tous
les égyptiens »171(*). Elle poursuit en ces termes
« nous avons été assez clairs que nous voulons voir
une transition vers la démocratie et nous voulons voir le genre de
démarche qui conduise à cela »172(*). Elle a
martelé, réitéré les attentes du gouvernement
américain vis-à-vis du gouvernement de H. MOUBARAK. Comme pour
« répéter, répéter afin qu'il
en reste toujours quelque chose »173(*).
Afin de poser les actes qui apporteraient le plus de
succès, B. OBAMA décide de contacter un certain nombre de
dirigeants du monde dont il requiert les jugements sur la crise
égyptienne. Il s'agit notamment de Benjamin NETANYAHU (Premier Ministre
israélien), de David CAMERON (Premier Ministre britannique), de Recep
TAYYIP (Premier Ministre turc) et du Roi ABDOULLAH d'Arabie saoudite. Avec eux,
B. OBAMA échange les points de vue et leur fait part de son opposition
à la violence et de l'appel à la retenue qu'il lance au
régime de H. MOUBARAK174(*).
Les manoeuvres se sont poursuivies exigeant toujours
plus de réformes et immédiatement. Le responsable
américain de la sécurité nationale s'adressant à
Hosni MOUBARAK, l'invite à démissionner, lui disant «
maintenant c'est maintenant »175(*). Le 02 février 2011, H. MOUBARAK
essaye de résister à cet appel pressant à sa
démission. Il annonce qu'il ne se présentera pas à
l'élection présidentielle prévue en septembre de la
même année. Ceci en conformité avec ce que lui a
demandé B. OBAMA précise Mark LANDLER du New York Times176(*). En effet, B. OBAMA a donc
décidé de faire triompher au sein de cette relation sociale
sa propre volonté, même contre des résistances.
Aussi, R. GIBBS réitère l'appel des
Etats-Unis à la cessation des violences en Egypte. Précisant que
le moment de la transition est arrivé, il
indique : « ... le processus doit commencer
maintenant »177(*) il ajoute, « plusieurs de ces
changements arriveront en Egypte... il est clair que les Egyptiens ont besoin
de voir des progrès et des changements
immédiatement »178(*). Pour sa part, le président
Barack OBAMA a réitéré son souhait de voir émerger
une transition «ordonnée» et «significative» qui
mène à l'avènement d'un gouvernement représentatif.
« Les Egyptiens veulent la liberté, des élections libres
et justes, ils veulent un gouvernement représentatif, ils veulent un
gouvernement réceptif. Et nous l'avons dit, vous devez engager la
transition immédiatement (...). Une transition
ordonnée»179(*), a-t-il affirmé.
Ces discours laissent entendre que les
Etats-Unis sont résolument engagés à promouvoir le
changement en Egypte. Il dénote de la capacité des Etats-Unis
d'amener le président H. MOUBARAK à faire ce qu'il n'aurait pas
fait en l'absence de cette relation avec les Etats-Unis.
Barack OBAMA déclare aussi :
« je pense que le président MOUBARAK tient à son
pays. Il est fier, mais c'est aussi un patriote. La principale question qu'il
devrait se poser maintenant est celle de savoir comment laisser derrière
lui un héritage qui permette à l'Egypte de surmonter cette
période de transformation. Et j'espère qu'il prendra la bonne
décision »180(*). Sans le lui demander explicitement, le
président B. OBAMA suggère ainsi à H. MOUBARAK une
démission, il oriente son action.
Appelé par les Etats-Unis à s'effacer le
plus rapidement possible de l'espace politique égyptien, Hosni MOUBARAK
ne montrait aucun signe d'une volonté de démissionner181(*). Le 10 février 2011,
la Maison Blanche va plus loin dans les pressions sur lui pour qu'il s'en aille
alors qu'il a transmis le pouvoir à son vice-président Omar
SOULEIMANE, ce qu'elle estime insuffisant. Un communiqué est
libellé en ces termes : « les Egyptiens ont
reçu l'assurance qu'il y aurait une transition du pouvoir, mais elle
n'est pas encore acquise. Que celle-ci soit immédiate, significative et
suffisante »182(*).Cette pression cadencée et sans
cesse plus pressante, avec jour après jour des exigences plus grandes
sera couronnée de succès avec la démission, malgré
toutes les résistances, de H. MOUBARAK, un jour plus tard à
savoir le 11 février 2011. Dans la même veine, avec moins de
succès néanmoins, les Etats-Unis mettent la pression sur le
régime de Mouammar El KADHAFI.
- Les pressions sur le régime de M.
KADHAFI
Au sujet de la crise libyenne, les Etats-Unis
cherchent au départ à maximiser leur puissance, ceci sans se
soucier du point de vue de ses alliés et même du dirigeant libyen.
Dans cet élan, les pressions commencent le 21 février 2011.
Alors que la répression a été
entamée en Libye,
Hillary
CLINTON demande de faire « cesser ce bain de
sang »183(*).
Elle reprend sa déclaration deux jours plus tard et affirme que le
gouvernement libyen sera tenu responsable de ses actes. Barack OBAMA
décide quant à lui de rompre enfin184(*) le silence pour la
première fois sur l'insurrection en Libye. Dans une courte
déclaration, le 23 février 2011 il déclare que «
la violence en Libye est monstrueuse et (...) doit cesser
rapidement »185(*).
En juin 2011, Hilary CLINTON s'exprime en ces
termes : « tous les pays du monde ont des leçons
à tirer de ces mouvements démocratiques (...). Pour les
dirigeants qui s'accrochent au pouvoir à tout prix, qui suppriment toute
dissension, qui s'enrichissent et enrichissent leurs partisans au
détriment de leur peuple. A ces dirigeants, notre message doit
être on ne peut plus clair : soyez à la hauteur de cette
occasion historique, montrez que vous avez l'étoffe d'un chef en vous
engageant dans une voie qui honore les aspirations de votre peuple ;
créez un avenir dans lequel vos jeunes auront foi, un avenir que vos
jeunes défendront et qu'ils aideront à
construire »186(*).
Par son discours, elle présente le
sens vers lequel elle veut voir orientées les actions du régime
de KADHAFI à savoir celui de la construction d'un avenir radieux pour
les jeunes de son pays. Le mettant, en garde en lui précisant
contre ce à quoi il s'expose en cas de refus d'obtempérer, elle
poursuit : « parce que si vous ne le faites pas, si vous
pensez que les libertés et les possibilités que nous qualifions
d'universelles ne s'appliquent pas à votre peuple, aux hommes et aux
femmes sur un pied d'égalité ou si vous ne souhaitez pas aider
votre peuple à travailler et à vivre dans la dignité, vous
vous trouvez à contre-courant de l'Histoire et le temps vous donnera
tort »187(*). Elle présente ainsi une porte de sortie
honorable à M. KADHAFI et à son régime afin que celui-ci
puisse quitter le pouvoir ou tout au moins améliorer les conditions de
vie de ses populations en accédant à leurs aspirations à
la démocratie. Comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne a usé de
pressions sur les dirigeants en place au Maghreb pendant la crise.
Les pressions de la Grande-Bretagne.
Les pressions de la Grande-Bretagne
se sont faites tant en Tunisie qu'en Egypte et en Libye. Toutefois c'est en
Egypte que la présence discursive est accentuée. En effet, le
gouvernement britannique y demande des changements réels.
Pendant que le président Hosni MOUBARAK est
encore au pouvoir, la Grande-Bretagne soutient les revendications qui ont lieu
sous forme de rassemblement sur la place Tahrir. Elle exprime à H.
MOUBARAK son désir de voir des changements réels, visibles et
complets dans ce pays188(*). David CAMERON déclare :
« je ne pense pas qu'il soit dans l'intérêt de
quelqu'un que les gens soient tués comme ils le sont dans la rue en
Egypte. Ainsi, j'espère que les violences vont cesser. Mais clairement,
quand vous avez des gens qui ont des doléances et des problèmes,
il est dans l'intérêt de tous qu'il y ait des lois et des
règles fortes, une démocratie bien
ficelée »189(*).
Il invite le régime à poser des
actes concrets, à ne pas éluder les besoins évoqués
par les populations mais plutôt à y donner une issue favorable. Il
tient un propos qui présente un caractère totalitaire en ceci
qu'il donne des ordres, des injonctions à propos de ce qui est bon,
juste, efficace, raisonnable de faire. Il indique à MOUBARAK quelles
sont ses attentes, ici, l'édification d'une démocratie.
Contrairement aux Etats-Unis, la Grande-Bretagne n'est
pas très intéressée par le départ obligatoire de H.
MOUBARAK. Sachant mieux que quiconque quels sont ses intérêts,
elle est prudente et prend quelques distances par rapport à la position
des Etats-Unis. Ceci est perceptible dans ce propos de D. CAMERON qui
ajoute : « je pense que ce dont nous avons besoin c'est des
réformes en Egypte. Ce que nous soutenons c'est l'évolution, la
réforme, pas la révolution. Evolution et réformes pour que
ceux qui ont des doléances les voient
satisfaites »190(*).
William HAGUE, secrétaire d'Etat britannique aux
affaires étrangères dans la même lancée, s'adressant
au gouvernement égyptien le 27 janvier 2011 lui fait une injonction. Il
s'est exprimé en ces termes : « vous devez
répondre positivement aux demandes légitimes du peuple
par des réformes et respecter les droits des peuples à la
liberté de rassemblement et la liberté d'expression. Il est
important de reconnaitre que les revendications du peuple sont
légitimes. Et c'est très important que le gouvernement y
réponde positivement »191(*).
En rupture avec l'idée de D. CAMERON,
W. HAGUE va plus loin et veut plus que des réformes, il demande le
« départ » de H. MOUBARAK. Il indique :
« le système doit changer ». Parlant de
MOUBARAK, il ajoute : « c'est le moment pour lui de
partir. Nous sommes ici pour montrer notre solidarité au peuple
égyptien »192(*). Aussi, la Grande-Bretagne a invité
le président MOUBARAK à organiser les élections dans le
pays pour ainsi marquer la fin du régime193(*). La France n'a pas
été en reste dans l'exercice des pressions.
Les pressions de la France.
Les pressions exercées par la France n'ont pas
épousé le même canal dans les trois pays de l'Afrique du
Nord touchés par le printemps arabe. Par le discours, elle s'illustre en
Egypte où elle demande l'organisation des élections et des
manifestations pacifiques.
En effet, en Egypte, la France ne s'est pas
montrée très intéressée par la situation en cours.
Le président N. SARKOZY a vaguement demandé que des
élections soient organisées194(*). Il est intervenu le 02 février 2011
après l'annonce par H. MOUBARAK195(*) de ce qu'il ne sera pas candidat à
l'élection prévue en septembre de la même année.
A la suite du discours du président MOUBARAK,
N. SARKOZY réitère son souhait qu'un processus de transition
concret s'engage sans tarder et permette de répondre au désir de
changement et de renouvellement exprimé avec force par la
population196(*).
Le chef de l'Etat a aussi appelé tous les
responsables égyptiens à tout faire pour que ce processus crucial
se déroule sans violence. Liée à l'Egypte par une ancienne
et profonde amitié, la France renouvelle son appui aux aspirations des
Egyptiens pour une société libre, démocratique et diverse.
Le chef de l'Etat annonce: « nous serons aux côtés
de tous ceux qui entendent conserver un caractère pacifique et
exemplaire à l'expression et à la satisfaction de ces attentes
légitimes »197(*).Par cette déclaration, N. SARKOZY
indique que son intérêt se trouve ailleurs. Il n'est pas
forcément dans le départ de H. MOUBARAK. Ce qui
l'intéresse c'est la paix, l'accès aux aspirations des peuples.
Et c'est ce qu'il attend du régime de MOUBARAK. Pour lui peu importe
celui qui est au pouvoir.
Les discours, les interpellations n'ont pas suffi pour
faire tomber les régimes contestés du Maghreb, les puissances on
dû recourir à d'autres moyens.
b- Les autres formes de pression.
Il s'agit ici de révéler les moyens non
discursifs par lesquels les grandes puissances sont passées pour
influencer les décisions de Ben ALI et de Hosni MOUBARAK et même
pour accentuer la pression sur Mouammar KADHAFI. Parmi ces moyens, nous avons
d'une part des mesures difficiles prises contre Ben ALI par la France et
d'autre part, les négociations avec l'armée égyptienne
faites par les Etats-Unis et la prise de décisions contre KADHAFI.
La prise de mesures contre Ben ALI par la
France.
La prise de mesures contre Ben ALI
est une véritable volte-face198(*) pour la France. Pour appuyer le mouvement de
revendications qui a cours en Tunisie, elle décide de mettre la pression
sur Ben ALI en bloquant ses fonds ainsi que ceux des membres de sa famille.
Pour Raphaël HADDAD199(*), face à l'escalade répressive
particulièrement inquiétante, « la France doit
faire entendre sa voix »200(*). Ainsi elle, qui a longtemps soutenu Ben ALI, devait
faire un choix entre voir les droits de l'Homme, valeur qu'elle promeut,
être bafoués ou se résoudre à intimer à Ben
ALI l'ordre de faire cesser les exactions sur le peuple.
Pour s'accorder avec ses valeurs, la France annonce
prendre des dispositions pour bloquer administrativement tout mouvement
financier suspect concernant des
avoirs
tunisiens dans le pays et demande au
Tracfin,
chargé de la lutte contre le trafic de capitaux, d'empêcher la
fuite des avoirs financiers détenus en France par le président
tunisien et ses proches201(*). La France qui ne condamne pas le dénouement
de la situation voudrait par ce geste, apporter son soutien au peuple tunisien
et garantir de l'argent pour la reconstruction de la Tunisie.
Elle a continué à mettre la pression sur
Ben ALI, en permettant que la diaspora tunisienne établie en France
apporte son soutien moral aux manifestations en cours à Tunis. Elle a
permis l'organisation de marche de soutien à la révolution
tunisienne sur son sol202(*).
Les autres formes de pression sur H. MOUBARAK et M.
KADHAFI initiées par les Etats-Unis.
Pour mettre à mal le président H.
MOUBARAK, les Etats-Unis ont décidé de l'isoler. Ils
opèrent deux manoeuvres : la négociation avec l'armée
et la préparation du vice-président à la succession.
- La négociation avec l'armée
égyptienne
Placées entre le devoir de réserve et
les appels provenant des différents acteurs politiques, les forces
armées en Afrique ne peuvent pas rester insensibles aux convulsions
sociopolitiques. Elles n'échappent pas aux luttes politiques
inhérentes au processus de construction de l'Etat.203(*) S'appuyant sur cette
réalité les Etats-Unis négocient avec l'armée
égyptienne la stabilité en Egypte, avec en filigrane un
intérêt sur lequel nous allons revenir. Car, parlant de l'Afrique
et des Etats-Unis en relation, Jennifer SEYMOUR WHITAKER écrivait :
« les occasions de proposer une protection militaire ne
manqueront pas de se présenter d'un bout à l'autre du
continent »204(*). Elle ajoute, « en répondant
à des demandes spécifiques, il faut examiner certains
critères. Le pays est-il important du point de vue des
intérêts américains »205(*)?
Le gouvernement américain fait peser la
réalité du financement206(*) que l'armée égyptienne reçoit
de lui pour lui demander de laisser libre cours aux manifestations. Cela est un
succès car l'armée a refusé de tirer sur les manifestants
de la place Tahrir207(*), permettant ainsi le déroulement de
manifestations pacifiques. Le président B. OBAMA a d'ailleurs
félicité ce comportement208(*).
- La préparation d'Omar SULEIMANE à la
succession de MOUBARAK
Pour s'assurer de la démission de MOUBARAK, les
Etats-Unis négocient un plan pour celle-ci avec transmission du pouvoir
au vice-président Omar SULEIMANE avec le soutien de
l'armée209(*).
Ils préparent ce dernier à assumer l'intérim en lui
assurant leur assistance210(*).
Au sujet de Mouammar KADHAFI,
le
Président B. OBAMA signe un décret présidentiel dans la
nuit du 25 au 26 février 2011, gelant les avoirs du colonel KADHAFI, de
sa famille et de ses proches aux Etats-Unis211(*). Aussi, le Sénat adopte une résolution
unanime pour condamner fermement les violations systématiques des droits
de l'Homme en Libye212(*). Le Président B. OBAMA entend ainsi
accroître les pressions sur KADHAFI pour que cessent les exactions sur
les civils. Pour davantage mettre la pression sur les dirigeants en place les
grandes puissances entrent en contact avec les rebelles.
2- L'établissement de relations
diplomatiques entre les insurgés et les grandes
puissances.
Les grandes puissances ayant choisi leur camp, elles
se sont attelées à nouer avec les rebelles des contacts
diplomatiques. Ceux-ci tournent autour de la nomination d'un nouvel ambassadeur
dans le cas de la France en Tunisie (a) et de la reconnaissance du CNT en Libye
par la France et les autres puissances (b).
a- La nomination d'un nouvel ambassadeur en Tunisie
par la France.
Le président N. SARKOZY nomme un nouvel
ambassadeur à Tunis le 26 janvier 2011 en la personne de Boris
BOILLON213(*).
Après les critiques essuyées par l'ambassade de France à
Tunis pour son manque d'anticipation face à la «
révolution
de jasmin », Nicolas SARKOZY décide donc de nommer l'un de
ses proches, pour reprendre les affaires en main214(*).
La mission qui l'attend est celle de renouer les liens
entre
le
peuple tunisien et la France, perçue comme ayant trop longtemps
cédé à la complaisance vis-à-vis du régime
Ben ALI215(*). La France
ne veut pas louper le coach dans la dynamique de reconstruction de la Tunisie.
Elle accompagne la Tunisie dans sa marche vers la démocratie. Elle veut
être aux premières loges c'est pourquoi un homme ayant une
certaine maîtrise de la région est nommé ambassadeur
à Tunis avant le 07 mars 2011, date de la mise sur pied d'un
gouvernement de transition après la fuite de Ben ALI.
b- La reconnaissance du CNT en Libye.
Par la reconnaissance, un Etat prend position sur une
situation ou un fait qui s'est produit en dehors de lui et dont il est
disposé à tenir compte216(*). Dans cet élan, le cas libyen est le plus
illustratif. La France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis n'ont pas
hésité à prendre attache avec les autorités du CNT
allant jusqu'à l'expulsion des ambassadeurs pro-KADHAFI au profit de
ceux du CNT.
La reconnaissance du CNT libyen par la
France.
En Libye, la France s'engage aux côtés des
révolutionnaires et leur apporte son soutien. Dans une perspective de
concurrence, elle met sur pied une stratégie qui lui permet de devancer
les autres puissances. Elle recourt à des offensives
diplomatiques217(*).
Le 10 mars, elle annonce reconnaître le
Conseil
National de Transition, qui réunit l'opposition au régime du
colonel KADHAFI comme le seul « représentant légitime
du peuple libyen »217(*). Cette reconnaissance du CNT libyen est la
première en la matière. La France l'a faite de façon
unilatérale, sans concertation avec ses partenaires
européens218(*).
Cette situation les a d'ailleurs stupéfaits219(*). Elle est la preuve que la
France veut être devant toutes les autres puissances mondiales. De
même, elle atteste son mépris vis-à-vis de M. KADHAFI,
considéré comme interlocuteur indigne dans la crise que traverse
la Libye. Pour les dirigeants du CNT, la France est leur soutien le plus
important220(*) et ceci
sera pris en compte dans l'octroi des marchés. Afin certainement de ne
pas être délaissée lors de cette attribution, la
Grande-Bretagne n'est pas indifférente.
La reconnaissance du CNT en
Grande-Bretagne.
La Grande-Bretagne fait un grand geste à
l'endroit du CNT libyen. Elle le reconnait comme partenaire de dialogue. Dans
cet élan, elle expulse de l'ambassade libyenne à Londres les
diplomates pro-KADHAFI au profit de ceux du CNT221(*), marquant ainsi son
adhésion totale au combat mené par ce dernier.
Dans la foulée, le chef de la diplomatie
britannique, William HAGUE, convie à Londres, le (CNT), porte-parole des
insurgés, pour une conférence internationale annoncée
comme décisive222(*).
La reconnaissance du CNT par les
Etats-Unis.
En vue de caractériser la reconnaissance du
CNT, Barack OBAMA établit des liens diplomatiques avec ses
autorités. En mars 2011, il nomme un représentant auprès
de cette institution223(*). Cette nomination permet à cette
dernière de se sentir reconnue et investie du pouvoir légitime de
parler au nom des Libyens.
Les pressions sur les dirigeants ainsi que
l'établissement de relations diplomatiques avec les rebelles ont
entamé les jeux des grandes puissances, elles les ont poursuivis
à travers des appuis multiformes.
A- Les appuis logistiques, financiers,
économiques et militaires aux rebelles.
Dans le cadre du printemps arabe, nous
présenterons, les appuis logistiques (1) puis les soutiens financiers et
économiques (2) et enfin militaires (3) que les grandes puissances ont
apportés aux rebelles.
1- Les appuis logistiques
Les grandes puissances se sont engagées
à fournir des formations (a) du matériel (b) aux rebelles (c).
a- Les offres de formation aux rebelles par les
Etats-Unis : le cas des blogueurs égyptiens.
Les Etats-Unis s'illustrent par un nombre
impressionnant de formations qualitatives ayant eu un apport déterminant
dans la conduite du printemps arabe. Mohammad-Mahmoud OULD MOHAMEDOU224(*), citant Ron NIXON225(*), rapporte à cet effet
que le New York Times présente l'action des think tanks
américains, oeuvrant dans le monde arabe tels Freedom House, le National
Democractic Institute et le National Endowment for Democracy, comme ayant
contribué à façonner les révolutions. Nous relevons
la plus saillante qui est la formation des dissidents égyptiens à
l'usage de l'informatique.
Pour Ahmed BENSAADA, parlant du printemps arabe,
« il est clair que ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont fait cette
révolution, mais il n'en demeure pas moins que ce sont eux qui ont
accompagné et encadré les principaux activistes que ce soit en
Tunisie, en Egypte et dans les autres pays arabes à travers
leur formation»226(*). Il analyse tout au long de son
ouvrage227(*), qui a
prêté à cet article son titre, le lien entre les dirigeants
de Twitter, Facebook et Google et l'administration américaine ainsi que
leurs rôles. La stratégie adoptée par les Etats-Unis a
été de faciliter les mouvements au moyen de sessions de
formation.
Selon Eric DENECE228(*), ces révolutions ne sont pas
spontanées, car dès 2007-2008, des conférences
organisées sous l'égide d'ONG américaines, comme
Freedom House,
l'
International
Republican Institute ou
Canvas,
et où étaient présents la plupart des blogueurs et des
leaders de ces mouvements, ont créé un contexte favorable aux
révolutions. Déjà, l'action des ONG américaines
nourrit ce projet.
Celles-ci, financées par des fonds publics et
privés américains font partie d'une politique concertée
pour une implantation plus solide des Etats-Unis au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord229(*). Le
gouvernement américain dépense chaque année plus d'un
milliard et demi de dollars au titre des programmes liés à la
promotion de la démocratie dans le monde230(*).
Dans la même veine que l'idée traduite
par E. DENECE, une autre source231(*) indique que les Etats-Unis ont créé
les conditions pour le printemps arabe et le suivent tout en assurant le
service après vente. Un document rendu public par un think tank
américain révèle que le « printemps
arabe » est loin d'être un mouvement spontané de
populations avides de changements politiques, mais bel et bien une
reconfiguration mûrement réfléchie et orchestrée par
l'administration américaine232(*). L'administration d'OBAMA assure même
« le service après-vente » de « ces
révolutions » qui participent à remodeler le
« Grand Moyen-Orient » selon la vision américaine.
Un bureau de coordonnateur spécial des transitions dans le Moyen-Orient
a été créé en septembre 2011. William B. TAYLOR a
été nommé à sa tête233(*). Selon le rapport du
département d'Etat, le bureau du coordonnateur spécial des
transitions dans le Moyen-Orient coordonne l'assistance du gouvernement
américain « aux démocraties naissantes » dans
la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et donc en Egypte, en
Tunisie et en Libye234(*). Les Etats-Unis entendent ainsi s'assurer que tout
est bien fait.
De même, une synergie est née entre les
acteurs publics et les acteurs privés des Etats-Unis, les uns
assistés ou financés par les autres. Pour Ali FARES235(*), « les
révolutions arabes ont été concoctées dans les
laboratoires d'organisations américaines ». Les ONG
américaines ont apporté un grand soutien aux cyber-activistes du
Printemps arabe. Salem BENNAMAR236(*) le dit en s'interrogeant : « qui
saurait nier enfin le soutien logistique des ONG américaines aux cyber
activistes du Printemps arabe » ?
On découvre, les cycles de formation,
organisés par certaines institutions américaines,
financées par le gouvernement fédéral ou par des
fondations secrètes, et dont des jeunes arabes ont
bénéficié, sur la thématique de « Mobilisation
non violente des foules à travers internet et les réseaux sociaux
». Le géant américain de l'informatique, Google, a fourni
les codes secrets nécessaires pour contourner le blocage d'internet en
Egypte où le symbole de la mobilisation n'est autre que Wael GHONIM,
loin d'être un simple activiste mais aussi et surtout le
représentant de Google au Moyen-Orient. Il aurait pu être
licencié, ce qui n'a pas été le cas, preuve que Google,
s'il fallait encore le prouver, soutient les revendications. Notons que
internet a été un moteur de rassemblement très puissant
d'où le nom de baptême donné à ces
révolutions par certains auteurs à savoir :
« révolutions 2.0 »237(*).
Ces soutiens internationaux en particulier l'alliance
américaine ont contribué au succès de la révolution
égyptienne. Khamis et Vaughn estiment, par exemple, que les NTIC ont
été pour beaucoup dans la réussite du soulèvement
du 25 janvier 2011238(*). Les cyber-activistes dont la plupart a
été, formée aux Etats-Unis ou dans les universités
américaines du Caire, ont réussi, par leur publication sur
internet, à former la position officielle des Etats-Unis la faisant
basculer en faveur des manifestants au détriment du pouvoir en place.
C'est du moins ce que pense Marc LYNCH pour qui ce soutien diplomatique aux
manifestants est l'exemple le plus spectaculaire de l'effet des nouveaux
médias sur les changements politiques dans la région239(*). Egalement, au service des
dissidents on a l'action d'un homme, Alec ROSS240(*) qui est qualifié de
« l'homme qui twitte les révolutions ». Son action
confirme, si besoin était, l'assistance cybernétique
apportée par le gouvernement américain aux dissidents
arabes241(*).
b- La fourniture du matériel de guerre aux
insurgés par la France et les Etats-Unis.
La France s'est attelée à aider les
insurgés libyens en leur fournissant du matériel de guerre.
Après avoir reconnu le CNT qui la considère comme son soutien le
plus important, la France, pour faciliter la tâche aux rebelles, sous
couvert de fret humanitaire, fournit des canons de 105 mm et des batteries
antiaériennes à ceux-ci. Cette fourniture s'est accomplie en
réalisation d'une promesse du président SARKOZY242(*).
De leur côté, les Etats-Unis se sont
engagés à fournir pour 25 millions de dollars
d'équipements « non létaux » aux rebelles
libyens (uniformes, tentes, etc.). C'est ce qui ressort d'une lettre
envoyée au Congrès par le Président B. OBAMA243(*). Cette fourniture
d'équipements devait certainement permettre aux rebelles de mieux se
camoufler.
2- Les soutiens financiers et
économiques.
Les soutiens financiers et économiques ont
été apportés par le Grande-Bretagne (a) et les Etats-Unis
(b).
a- Le soutien financier de la Grande-Bretagne pour le
développement du système judiciaire.
En visite en Tunisie, William HAGUE, saluant la
volonté de liberté du peuple a annoncé la création
d'un partenariat, « the Arab Partnership Initiative »,
débloquant des fonds à hauteur de £5 millions pour aider la
région à développer son système judiciaire, la
liberté d'expression et la démocratisation des
institutions244(*).
b- Le soutien économique des
Etats-Unis.
Les Etats-Unis, par la voix de leur président
lors de son discours du 19 mai 2011 sur les printemps arabes annonçaient
un changement subtil dans l'orientation de la politique
étrangère américaine à l'égard du
Moyen-Orient. Les Etats-Unis allaient désormais cesser de tenter
d'imposer la démocratie par le haut, constatant l'échec de la
politique de « changement de régime » en Irak, afin de
soutenir les mouvements citoyens qui exigent des réformes
démocratiques245(*). Considérant que les mouvements populaires
à la base des révoltes en Tunisie et en Egypte avaient
été amorcés par des citoyens ordinaires, le
président annonçait une série de mesures
économiques bilatérales et multilatérales, qui ont
rapidement reçu le sobriquet de « Plan Marshall pour le
Moyen-Orient », pour tenter d'aider économiquement ces
pays246(*). Ce plan
d'aide internationale est composé d'initiatives de stabilisation
économique, de développement d'entrepreneuriat privé et de
libre-échange. L'objectif de Washington étant d'assister ces
transitions et permettre l'émergence de cette démocratie en
l'aidant à se doter de bases plus solides247(*).
Ensuite, les Etats-Unis allaient offrir des mesures
pour aider l'Egypte à réduire sa dette extérieure afin
d'encourager la transition vers la démocratie. Pour ce faire, le
président américain s'engageait à alléger la dette
égyptienne envers les Etats-Unis d'un milliard de dollars248(*). L'administration
américaine a en effet décidé d'effacer un milliard de
dollars de la dette égyptienne, dont l'ardoise totale vis-à-vis
de Washington s'élève à 3 milliards. Elle a
également apporté son soutien à un prêt de
4,8 milliards de dollars, en cours de négociation avec le Fonds
Monétaire International. L'objectif officiel pour Washington
étant de «favoriser la transition
démocratique»249(*).
Il ressort aussi des constats que les Etats-Unis
comptent travailler avec la Banque Européenne pour le
Développement et la Reconstruction pour fournir le même type de
soutien aux transitions démocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du
Nord que celui qui avait été offert pour les pays d'Europe de
l'Est250(*).
Les P3 ne se sont pas arrêtées là,
elles sont allées jusqu'à l'assistance tactique.
3- Les appuis militaires.
Les appuis militaires ont été
déterminants dans l'issue du printemps arabe. En Libye, les puissances
ont été d'une assistance indéniable, voire
décisive, pour la chute du guide libyen Mouammar KADHAFI. La France (a),
les Etats-Unis (b) et la Grande-Bretagne (c) n'ont pas manqué l'occasion
de se rapprocher des insurgés, ceci indépendamment de leurs
actions sous la bannière de l'OTAN.
a- Les appuis militaires de la France.
La France a soutenu les insurgés libyens
s'engageant avant l'harmonisation des actions sous le couvert de l'OTAN dans
une opération militaire dénommée
« opération Harmattan »251(*). Elle se
révèle par une forte présence au sol de ses
militaires252(*). A cet
effet, « il a fallu prendre des libertés avec la loi
internationale »253(*), estime Nicolas SARKOZY. Cette prise de
liberté n'est pas surprenante lorsqu'on sait que, « les
acteurs d'un conflit transgressent toujours les règles du
jeu »254(*).
Concrètement sur le terrain, cette présence permet un soutien
à la coordination des actions des insurgés.
Après le vote de la résolution 1973,
quand le commandement des opérations est remis à l'OTAN, la
France décide de coordonner les opérations des insurgés.
L'Elysée promet le 20 avril 2011 d'apporter un réconfort
aérien aux rebelles et annonce l'envoi des conseillers militaires
auprès d'eux255(*). Cette promesse a été
concrétisée par l'envoi des officiers de liaison chargés
d'aider les combattants à coordonner leurs opérations et
même de plusieurs instructeurs devant prodiguer des conseils d'ordre
technique et logistique aux insurgés. Aussi, au cours de la crise
libyenne, on note « l'envie de la France de garder l'initiative du
dossier »256(*)surtout que les Etats-Unis ont commencé
à préparer une intervention militaire fin février 2011.
La France est totalement engagée aux
côtés des rebelles d'autant plus que M. KADHAFI oppose une
véritable résistance. Malgré la pluie de missiles et de
bombes, le système KADHAFI n'est pas tombé comme le fruit
annoncé257(*).
Pourtant, la France prédisait que les rebelles avanceraient rapidement
jusqu'à Syrte, la ville natale du Guide, et que tout cela contraindrait
KADHAFI à partir très vite258(*). Il avait galvanisé les siens en leur
lançant : « même si vous n'entendez pas ma
voix, poursuivez la résistance »259(*). Pour se garantir les
services de ses sympathisants, Mouammar KADHAFI leur a promis des
récompenses afin que perdure la résistance. «Les plus jolies
filles», telle est la promesse qu'il leur a faite, s'ils continuent le
combat260(*). Fort de
toute cette résistance la France ne se soucie point du coût de cet
engagement. Son Ministre de la défense précise à cet
effet: « (...) ça coûtera beaucoup moins cher que le
déshonneur de voir un peuple se faire
massacrer »261(*).
Ainsi, des conseillers militaires français,
dont le nombre a été évalué par l'état-major
des armées à «quelques dizaines», se sont
trouvés en Libye. Ceux-ci « assurant la liaison pour les affaires
militaires avec le CNT»262(*), a indiqué le porte-parole de
l'état-major français. Les Etats-Unis ont tenu à se
manifester aussi.
b- Les appuis militaires des Etats-Unis aux
insurgés libyens.
Un rapport du CIRET-AVT et du CF2R263(*) révèle que le
président OBAMA a signé en avril 2011 un mémorandum secret
permettant de conduire des opérations clandestines en Libye. Ces
opérations ont été menées par la CIA pour rentrer
en contact avec les insurgés et guider les frappes. Les Etats-Unis n'ont
par ailleurs pas exclu de possibles livraisons d'armes aux rebelles263(*).
Avant même que la résolution 1973 ne soit
votée, les Etats-Unis positionnent des forces navales et
aériennes autour de la Libye264(*). Le
28
février 2011, ils annoncent le déploiement d'un
groupe
aéronaval comprenant le
USS
Enterprise et le
USS
Kearsarge265(*) au large des côtes libyennes au moment
où les puissances occidentales envisagent la possibilité d'une
intervention militaire contre le régime de KADHAFI. Ils finissent par
lancer l'opération « Odissey Dawn »266(*) qu'ils abandonneront au
profit de l'opération que conduira l'OTAN.
Les Etats-Unis ont également envoyé un
citoyen américain qui a coordonné les opérations des
rebelles depuis Benghazi. Il s'agit du Général HAFTAR, un
refugié libyen aux Etats-Unis qui a obtenu la citoyenneté
américaine267(*).
Il a été nommé dès son arrivée à
Benghazi en mars 2011, chef des forces terrestres par le CNT et a
participé activement à la guerre contre les forces de KADHAFI.
Dans les jours qui précédèrent son départ pour
Benghazi, il avait été contacté par l'ambassadeur
américain en Libye, Gene CRETZ qui séjournait à Washington
depuis janvier ainsi que par des agents de la CIA268(*).
c- L'aide aux renseignements apportée par la
Grande-Bretagne aux insurgés libyens.
La Grande-Bretagne a dépêché des
agents sur le terrain afin que ceux-ci rapportent des informations sur les
positions des troupes du colonel KADHAFI269(*). Il importe de relever que quelques fois ces
opérations ont mal tourné. C'est ainsi que huit personnes
envoyées pour ce service ont été arrêtées et
interrogées par les rebelles avant que le gouvernement britannique
n'intervienne pour ordonner leur extraction par
hélicoptère270(*).
Si les puissances très actives ont mené
des actions qui sont similaires, il en est de même pour les moins
actives.
PARAGRAPHE II : LES ACTIONS DES PUISSANCES MOINS
ACTIVES
La culture politique des Etats construit
l'itinéraire de leurs actions. Dans leur posture
anti-interventionnistes271(*), la Russie et la Chine s'attèlent à
rechercher la paix en Libye. Ces puissances optent pour la médiation,
pour la négociation de la paix. Puisque la Chine comme la Russie n'ont
pas pu faire éviter les conflits et précisément la guerre
civile libyenne, au lieu de s'y engager en faveur de l'une ou l'autre partie
comme les puissances très actives, elles appellent au règlement
pacifique. Dans cette optique, on relève l'appel au pacifisme (A) et
l'établissement de contacts diplomatiques (B).
A. L'appel au pacifisme en Libye.
Le pacifisme s'entend comme l'attitude d'individus ou
de groupes rejetant la guerre en affirmant qu'une solution
négociée est toujours préférable et
possible272(*). Ce
procédé de résolution des conflits s'inscrit dans la
dynamique de l'anarchie kantienne273(*), élément d'identité qui
construit les agissements des acteurs étatiques sur la scène
internationale.
La Chine qui a des liens d'amitié avec la
Libye, reconnaît qu'il y sévit un climat pas du tout propice au
bon vivre. Ce faisant, elle appelle à la négociation entre les
différentes parties au conflit pour régler ce dernier par des
moyens pacifiques. Cette approche se situe dans le sillage des discours, style
et stratégie diplomatiques de la Chine qui prône, à
l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières,
« l'harmonie », le compromis et la résolution pacifique des
différends274(*).
Elle demande que soient respectées la souveraineté nationale et
l'intégrité territoriale de la Libye275(*).
La Chine est contre la guerre, et surtout contre une
intervention étrangère mais elle ne fait rien pour que son
désir soit respecté et surtout exécuté puisque,
comme on le verra dans le chapitre2, elle n'a pas utilisé son droit de
véto pour faire échec à l'adoption de la résolution
1973. Elle recommande la recherche de solutions politiques.
Aussi, puisqu'elle ne soutient aucune des parties,
elle adresse une protestation solennelle au régime de KADHAFI
au cours des combats du mois de février 2011276(*). Une manière de faire
pression sur lui afin que cessent les exactions sur les populations.
Malgré cette protestation, la presse chinoise, soutenue par les
dirigeants du pays ne manque pas de vivement critiquer l'intervention
occidentale qui est dans le sens du soutien à une des parties au
conflit.
En Russie, le son de cloche est le même. La
Russie a condamné l'usage de la force militaire par les forces de
KADHAFI contre les civils libyens en février 2011277(*). Elle appelle à un
respect inconditionnel de la souveraineté des Etats.
Pour atteindre cet objectif qu'est la pacification,
ces puissances établissent des contacts diplomatiques avec les parties
au conflit libyen.
B. L'établissement des contacts diplomatiques
avec les différentes parties au conflit en Libye.
Que ce soit la Chine (1) ou la Russie (2), chacune de
ces puissances est entrée en contact avec les deux parties au conflit
libyen. Ce qui fait toute la différence avec l'approche des
premières puissances citées qui ont mis de côté le
régime de KADHAFI, s'attelant à n'établir des contacts
qu'avec les rebelles au travers du CNT. Les Russes comme les Chinois n'ont pas
oublié la qualité des relations qui les lient à Mouammar
KADHAFI. C'est ce qui les a poussés à opter pour une
médiation afin que le conflit s'achève dans
l'intérêt de tous.
1- Les rencontres entre diplomates chinois et parties
au conflit libyen.
Dans sa recherche de solutions pacifiques, les
autorités chinoises entrent en contact avec les deux parties en vue dans
la crise libyenne278(*).
Une approche qui confirme leur action qui vise à ne prendre parti pour
aucun des belligérants. Dans cet élan, deux rencontres ont lieu
entre des diplomates chinois et des responsables du CNT, l'organe politique de
la rébellion en Libye, reconnu désormais comme
« interlocuteur légitime » par une douzaine de pays
non compris la Chine qui en juin 2011 croit encore en KADHAFI. C'est ainsi que
Abdelati al-OBEIDI, ministre libyen des Affaires étrangères, est
reçu début juin en Chine279(*). Le dirigeant rebelle libyen Mahmoud JIBRIL, est
aussi reçu à Pékin où le CNT est finalement reconnu
comme une « force politique majeure » et « partenaire de
dialogue important »280(*). A cet effet, Pékin établit une
présence diplomatique à Benghazi,281(*) fief de la rébellion.
2- La médiation et la visite russe en
Libye.
La Russie s'est jointe le 27 mai 2011 aux dirigeants
occidentaux pour exhorter KADHAFI à quitter le pouvoir, et elle a offert
sa médiation à cet effet282(*). Ce changement d'attitude de Moscou, qui avait
précédemment critiqué les bombardements de l'OTAN en
Libye, vient conforter l'alliance. Le président russe
Dimitri
MEDVEDEV a par la suite affirmé que KADHAFI, qui s'est
emparé du pouvoir en 1969 à la faveur d'un coup d'Etat,
n'était
plus considéré comme le dirigeant de la Libye par la
communauté internationale283(*). Il a ajouté qu'il envoyait un
émissaire en Libye pour entamer des discussions, sans cependant
présenter de plan précis pour un départ du colonel
KADHAFI284(*).
En effet, la Russie préconise les solutions
négociées. La négociation étant entendue
comme : « un processus conjoint de prise de décision en
situation de conflit et d'incertitude dans laquelle des positions divergentes
se combinent pour arriver à un résultat
commun »285(*). C'est ainsi que Mikhaïl MARGUELOV,
président de la commission des affaires étrangères du
conseil de la fédération de Russie, a été
délégué en Juin 2011 en Libye et s'est employé par
des contacts avec les dirigeants libyens pour trouver une solution à la
crise286(*). Dans sa
tentative, il butte devant le refus des rebelles qui ne veulent plus un
compromis encore moins le départ volontaire de KADHAFI car appuyé
par les alliés le combat est désormais celui de renverser KADHAFI
par les armes287(*).
Ayant manqué cette tentative, la Russie reconnaît le CNT le
1er septembre 2011. Elle est le 73e Etat à le
faire288(*).
Quoique les grandes puissances aient mené des
actions qui soient similaires, en fonction de l'intensité de leurs
activités, toutes leurs actions ne le sont cependant pas.
SECTION II : LES JEUX DISSEMBLABLES
Les jeux dissemblables sont la marque de ce que les
grandes puissances agissent par concurrence. La similitude de leurs actions
n'est qu'une coïncidence, chacune aurait souhaité être seule
à poser tous les actes afin de bénéficier seule des
retombées du printemps arabe. Ces actions sont spécifiques aux
puissances en fonction de leur engagement selon qu'elles sont très
actives (paragraphe 1) ou moins actives (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LES CONDUITES SPECIFIQUES DES GRANDES
PUISSANCES TRES ACTIVES
Les conduites spécifiques des grandes puissances
très actives ne sont pas très nombreuses. Elles s'articulent
autour des actions pour le changement par l'apport de soutiens aux rebelles (A)
et des actions allant dans le sens du maintien en poste des dirigeants en place
(B).
A. Les actions visant le changement par le soutien aux
rebelles
Des actions propres à chaque puissance
caractéristiques de leur image et visant le changement par le soutien
aux rebelles ont été posées par la Grande-Bretagne (1) et
les Etats-Unis (2).
1- Les jeux spécifiques de la
Grande-Bretagne
La Grande-Bretagne, au travers de ses
autorités, a effectué une visite en Tunisie et en Egypte (a) et
appelé à la mobilisation internationale pour une intervention en
Libye (b).
a- Les visites des autorités anglaises en
Tunisie et en Egypte : signe de l'approbation des
manifestations.
Comme dans toute politique étrangère,
les images et les perceptions jouent un rôle dans la façon dont
les décideurs définissent l'intérêt national et
choisissent les stratégies. Les autorités britanniques se sont
précipitées afin d'être les premiers à se rendre en
Egypte et en Tunisie au cours de la crise, exprimant ainsi leur sympathie aux
peuples tunisien et égyptien. Les hauts responsables du gouvernement
britannique David CAMERON et William HAGUE ont été les premiers
membres de gouvernements étrangers à se rendre dans ces pays
après la chute de Ben ALI et d'Hosni MOUBARAK289(*) mais avant toute
traçabilité sur les transitions.
On a assisté là à une
véritable course contre la montre dans un esprit de concurrence, pour
mieux se positionner. Nous y reviendrons dans la deuxième partie de
notre étude. La diplomatie britannique a tenu à être la
première à se rendre dans ces pays afin certainement de
contrôler le processus de consolidation des acquis du printemps arabe.
Les autorités anglaises n'ont pas attendu que les gouvernements de
transition soient mis en place. Le ministre des Affaires
étrangères britannique, William HAGUE s'est rendu en Tunisie le
11 février 2011, tandis que David CAMERON était en Egypte le 21
février 2011 pour rencontrer le premier ministre Ahmed SHAFIK, grillant
ainsi la priorité à sa compatriote, la Haute représentante
pour les affaires étrangères de l'Union Européenne,
Catherine ASHTON, qui est arrivée en visite au Caire le 22
février 2011290(*).
Par cette attitude unilatérale, la
Grande-Bretagne a pris de cours tous ses partenaires européens et
même internationaux. C'est au cours de cette visite, qu'afin de marquer
leur appui aux manifestants, William HAGUE a apporté la contribution
britannique au soutien des révolutions en annonçant la
création du partenariat « the Arab Partnership
Initiative » sus évoqué. Pour la crise en Libye, la
Grande-Bretagne appelle à la mobilisation internationale.
b- L'appel à la mobilisation internationale
pour résoudre la crise libyenne
Sur la crise libyenne, la Grande-Bretagne appelle
à une mobilisation internationale291(*). Par mobilisation292(*) internationale, nous entendons l'action de mettre la
communauté internationale293(*) sur le pied de guerre. Elle indique par là sa
position favorable aux revendications de la population et à la
nécessité d'une intervention internationale. Elle accroît
la pression militaire sur Tripoli294(*).
Londres a renoncé à son
duo avec Paris et se tourne vers l'OTAN295(*) qui implique les Etats-Unis
car les alliés ont des manques criants qui rendent les Etats-Unis
toujours indispensables296(*). Contrairement à la France, elle est
favorable à l'intervention de l'OTAN et avance des arguments qui donnent
accès à son approche au détriment de celle de la
France297(*). David
CAMERON pense par exemple que l'OTAN est mieux équipée que toute
autre structure pour assurer la coordination de cette intervention298(*). Il existe une absence
d'autonomie politique et stratégique européenne vis-à-vis
des Etats-Unis299(*). Le
déficit en logistique militaire de la France et de la Grande-Bretagne a
été à l'origine de la nécessité pour eux de
se faire assister par les Etats-Unis dans la conduite des opérations en
Libye au travers de l'OTAN300(*), au grand désarroi de la France qui cherchait
à s'affirmer au travers de l'UE.
La Grande-Bretagne s'inscrit dans le sillage de sa
perception lors de la crise de Bosnie en 1993 où contrairement à
des Etats comme la France et l'Allemagne, qui souhaitaient une intervention
européenne ou internationale, elle ne jurait que par l'OTAN301(*). A la tribune de l'ONU, D.
CAMERON plaide pour une action collective en Libye. Il procède par
l' « agir communicationnel »302(*) qui permet une
intercompréhension langagière et déclenche une
interaction entre les puissances. Il déclare : « la
Libye et le Printemps arabe montrent que l'ONU a besoin d'une nouvelle
façon de travailler. Le Printemps arabe offre une grande
opportunité pour diffuser la paix, la prospérité, la
démocratie et la sécurité, mais seulement si nous la
saisissons »303(*). Il entend par ce discours toucher
psychologiquement la communauté internationale. Il vise un impact
psychologique pour une adhésion spontanée. Il poursuit son propos
en invitant l'ONU à une véritable action :
« l'ONU doit montrer ce que nous pouvons faire, pas seulement
être unis dans la condamnation mais être unis dans l'action,
agissant d'une manière qui soit à la hauteur des principes
fondateurs de l'ONU et réponde aux besoins des gens partout
»304(*). Par
là, il indique le chemin à suivre à savoir l'action
commune et concrète non limitée aux condamnations verbales.
Dans son propos, il relève aussi des limites
à l'action internationale, des bornes à ne pas franchir. Il
encadre l'action internationale. Ce faisant, il déclare :
« nous ne devrions pas imposer des valeurs occidentales ou un
modèle unique à la région »305(*). David CAMERON
souligne en outre que « le processus sera différent dans chaque
pays. Et ce n'est pas à nous de dicter comment les nations arabes
répondent à ces défis. Ou à leur faire la
leçon sur comment le faire. Mais nous avons devant nous une occasion
d'apporter notre aide, et nous devons la saisir. Il y a d'importantes
leçons à tirer»306(*). Selon le Premier ministre britannique, «
ici à l'ONU, nous avons la responsabilité de nous dresser
contre les régimes qui persécutent leur
peuple »307(*). Ainsi, pour D. CAMERON, l'heure n'est plus
à la réflexion (faut-il agir ou pas ?), elle est à
l'action. En d'autres termes, les pays membres de l'ONU ont rendez-vous avec
l'histoire et il est impératif selon le Premier Ministre britannique que
ce rendez-vous soit ponctué d'un résultat positif. Il faut faire
comme les Etats-Unis dont le président a choisi de mettre
l'Amérique du bon côté de l'Histoire308(*), président qui
encourage les dissidents égyptiens.
c- L'expression discursive de l'encouragement des
dissidents égyptiens par les Etats-Unis.
Barack OBAMA a tenu plusieurs discours visant à
encourager, féliciter les dissidents égyptiens. Le 11
février 2011, parlant de l'Egypte, il déclare :
« cette transition doit rassembler toutes les voix car l'esprit
de la protestation pacifique et la persévérance dont a fait
montre le peuple égyptien peuvent être un vent puissant qui
facilitera le changement »309(*). Par ce discours il entend faire passer pour
modèle les manifestants égyptiens car il poursuit
« les Egyptiens nous ont inspirés, et ils l'ont fait en
infligeant un démenti à l'idée que la violence est le plus
sûr moyen d'obtenir justice ; car en Egypte, c'est la force morale
de la non-violence, non pas le terrorisme, non pas la tuerie aveugle, mais la
non-violence, la force morale, qui a fait ployer l'arc de l'histoire vers la
justice, une fois de plus. Et bien que les vues et les sons qui nous sont
parvenus aient été entièrement égyptiens, nous ne
pouvons nous empêcher d'ouïr les échos de l'histoire :
ceux d'Allemands abattant un mur, d'étudiants indonésiens
descendant dans la rue, de Gandhi conduisant son peuple vers la
justice »310(*).
Faisant de l'histoire, OBAMA encourage les
révolutionnaires égyptiens. «Depuis six mois, nous
sommes témoins des changements extraordinaires qui se produisent au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Place après place, ville
après ville, pays après pays, les citoyens se sont dressés
pour revendiquer leurs droits fondamentaux». Ces quelques lignes ont
servi de préambule à un autre discours du président
américain311(*).
En effet, il avait déjà précisé le 10
février 2011, soit un jour avant la démission de MOUBARAK :
« nous regardons l'histoire. Le peuple égyptien attend des
changements irréversibles et les Etats-Unis vont le
soutenir »312(*).
Le président B. OBAMA a appelé les
militaires à conserver une attitude de neutralité et à
poursuivre leurs efforts pour s'assurer que cette période de changement
se déroule sans violence. Il s'est ensuite directement adressé
aux manifestants dont il dit avoir entendu les demandes. « Je
veux me montrer clair à l'égard du peuple d'Egypte et en
particulier à l'égard de sa jeunesse : nous avons entendu votre
voix. J'ai la conviction indéfectible que vous déterminerez votre
propre destin et que vous saisirez la promesse d'un avenir meilleur pour vos
enfants et vos petits-enfants »313(*). Face à l'incertitude qui
règne justement autour de cet avenir, il a rappelé que les
Etats-Unis se tenaient prêts à fournir toute l'aide
nécessaire au peuple égyptien une fois terminée la vague
de contestation actuelle, de quoi réconforter les dissidents.
Aussi, le président OBAMA a affirmé son
soutien aux rebelles. Il rassure: « en fin de compte, la
liberté doit être gagnée par les peuples eux-mêmes,
pas imposée de l'extérieur. Mais nous pouvons et nous devons nous
tenir aux côtés de ceux
qui luttent »314(*).
Il est opportun de relever que les jeux des grandes
puissances n'ont pas toujours été à la faveur des
rebelles. La France a eu des conduites visant à maintenir le statu
quo.
B. Les conduites de la France visant au maintien du
statu quo en Tunisie.
La France, dans la « panique »,
prise par la surprise des événements de Tunisie, simplifiant
l'ampleur des manifestations et minimisant l'issue a d'abord eu deux
attitudes : l'appel au calme (1) et la proposition de mesures permettant
à Ben ALI de rester au pouvoir (2). Aussi, les premiers commentaires des
politiques français sont complaisants avec le gouvernement de Ben ALI et
ce n'est qu'après un silence de 10 jours que les journaux
télévisés nationaux français commencent à
parler des événements en Tunisie315(*).
1- L'appel au calme
Lorsque les soulèvements qui ont suivi la mort
de BOUAZIZI éclatent, la France ne s'y attend pas, et même, elle
ne mesure pas réellement l'ampleur de la manifestation. Avant le
départ de Ben ALI sa position est résumée à deux
éléments. Le premier est porté par un élan
d'apaisement : en janvier 2011, le
Quai d'Orsay
publie un communiqué dans lequel la France déclare que la
priorité est à l'appel au calme et que les émeutes de Sidi
Bouzid ne sont dans l'intérêt de personne.
2- La proposition de mesures pour permettre à
Ben ALI de rester au pouvoir
La proposition de mesures pour permettre à Ben
ALI de rester au pouvoir est l'objet du deuxième élément
de la position de la France.
Michèle
ALLIOT-MARIE, ministre des Affaires étrangères, propose
à l'
Assemblée
Nationale, le savoir-faire français en matière de
contrôle des émeutes316(*) à la police tunisienne pour éviter que
les manifestations se déroulent dans des conditions dangereuses pour le
peuple tunisien. Devant l'Assemblée Nationale, elle s'est
exprimée en ces termes : « nous proposons que le
savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de
sécurité permette de régler des situations
sécuritaires de ce type »317(*). La France entendait ainsi se battre avec Ben
ALI pour son maintien au pouvoir, à en croire l'attitude de la ministre
des affaires étrangères surnommée « ministre des
affaires étranges »318(*). Cette proposition fait naître une immense
polémique319(*)
en France qui conduit à la démission de Michèle
ALLIOT-MARIE.
Il n'y a pas que la France et les autres puissances
très actives qui ont posé des actes spécifiques à
elles, les puissances moins actives l'ont également fait.
PARAGRAPHE II : LES JEUX SPECIFIQUES DES PUISSANCES
MOINS ACTIVES
La posture non interventionniste qui
caractérise la Russie et la Chine influence leurs jeux. Nous pouvons
dire que lorsqu'on n'intervient pas, très souvent on regarde, on n'est
plus spectateur qu'acteur. Toutefois le spectateur fait partir du jeu, il peut
encourager ou critiquer certains acteurs. C'est dans cette perspective que se
situent les actions russes (A) et chinoises (B).
A. Les conduites spécifiques de la Russie.
La Russie s'est toujours révélée
par un appui inconditionnel aux pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
Son soutien à Bachar Al- ASSAD dans la crise syrienne en est une
parfaite illustration. Les autorités russes ont été
très embarrassées par le déclenchement des
soulèvements arabes320(*). Dès lors elles ont décidé
d'agir avec prudence.
Le gouvernement russe a été pris au
dépourvu par les révoltes qui ont conduit aux renversements des
régimes autoritaires, ou les ont tout au moins sévèrement
menacé en Tunisie, en Egypte en Libye et dans les autres pays de cette
région (Yémen, Bahreïn, Syrie). Entre actions et inactions
les jeux de la Russie sont les suivants : soutien aux manifestants (1)
dénonciation, mise en garde (2).
1- Le soutien aux manifestants en Tunisie et en
Egypte.
Au cours des crises tunisienne et égyptienne,
la Russie s'aligne sur la vision des Etats-Unis et des autres pays occidentaux
notamment la France et la Grande-Bretagne. Elle soutient les réformes
démocratiques dans le monde arabe. Elle voit celles-ci comme un
élément du processus global de démocratisation des Etats
souverains. Elle approuve les manifestations.
Assurément, le Kremlin approuve les
manifestations qui conduiront aux chutes des dictatures tunisienne et
égyptienne. S'exprimant le 26 janvier 2011 lors du forum
économique mondial de Davos (Suisse), le président
russe321(*) d'alors
déclare « je me réjouis de la situation en Tunisie.
C'est une grande leçon pour tous les gouvernements à travers le
monde »322(*). Ce faisant, il accepte le tournant
démocratique en Tunisie, il ne condamne pas cette méthode de
prise du pouvoir.
La Russie accueille les événements de
l'Egypte avec circonspection. Cependant, elle s'aligne une fois de plus
à la vision de Washington. Elle exprime sa surprise et son
inquiétude de voir les Etats-Unis lâcher MOUBARAK aussi
rapidement323(*) mais ne
prend pas position contre les mouvements de la place Tahrir.
La crainte de la Russie réside davantage dans le
dénouement des événements de la place Tahrir que dans la
possibilité du départ de Hosni MOUBARAK. Elle encourage ceux qui
luttent pour des réformes. Dans une allocution officielle du
président MEDVEDEV le 04 février 2011, celui-ci insiste sur la
nécessité d'une résolution pacifique de la
situation324(*). Il
déclare : « le conflit en cours en Egypte doit se
dérouler de façon à ne pas porter atteinte aux
libertés individuelles »325(*).
Trois jours après le départ de MOUBARAK,
la Russie ne condamne pas la chute, elle n'émet aucun avis contraire
à la volonté du peuple égyptien. MEDVEDEV insiste sur
l'importance d'une Egypte « forte et
démocratique »326(*), preuve qu'il accepte la situation et est prêt
à travailler avec le nouveau régime qui sera institué.
Contrairement à la Chine, la Russie apprécie les changements de
Tunisie et d'Egypte surtout qu'ils sont conduits sur le terrain par les
Tunisiens et les Egyptiens. La situation en Libye offusque les dirigeants
russes qui condamnent les interventionnistes.
2- La dénonciation des jeux des
interventionnistes et leur mise en garde par la Russie.
« Nous soulignons une nouvelle fois que
tout recours à la force de la part de la coalition en Libye doit se
faire dans le strict respect de la résolution 1973 (2011). Tout
débordement du champ du mandat établi par cette
résolution et toute utilisation disproportionnée de la force
sont inacceptables»327(*).
Par cette déclaration de M.
CHURKIN, la Russie dénonce les manoeuvres des puissances
interventionnistes qui tordent les dispositions de la résolution 1973
pour poursuivre d'autres objectifs. Elle se prononce contre toute tentative
d'imposer la démocratie par la force. Dans un article programmatique
intitulé « La Russie est un monde qui change »328(*), Vladimir POUTINE rappelle
que les sympathies des citoyens russes vont à ceux qui luttent pour des
réformes démocratiques, avant de critiquer avec virulence le
soutien offert par la coalition occidentale à l'une des parties au
conflit libyen329(*).
Il dénonce les violations de la
résolution 1973 et condamne le meurtre, « même pas
moyenâgeux, quasiment préhistorique, de KADHAFI », qui
n'était pas mentionné dans les dispositions de la
résolution 1973. Il met en garde l'Occident contre une
«continuation de la déstabilisation du système de
sécurité internationale dans son ensemble » qui, selon lui,
ne manquera pas de se produire en cas d'ingérence militaire en Syrie
sans mandat de l'ONU330(*).
Avant l'intervention de V. POUTINE, D. MEDVEDEV
s'était déjà exprimé dénonçant lui
aussi les agissements des occidentaux. Il avait indiqué :
« Voyez la situation qui s'est créée au
Proche-Orient et dans le monde arabe. (...) Il est pleinement vraisemblable que
s'y produisent des événements compliqués, y compris
l'accès au pouvoir de fanatiques. Cela signifierait des troubles pour
des décennies et la propagation de l'extrémisme. Il faut regarder
la vérité en face. Ils ont déjà, auparavant,
préparé un tel scénario pour nous, et ils essaieront a
fortiori de le réaliser maintenant. »331(*)
Cette analyse est reprise par le représentant
russe à l'OTAN, D. ROGOZINE, qui redoute le pire pour la Libye :
« Les modèles occidentaux de démocratie risquent de
servir de base à la transformation de la Libye en un Etat islamiste
radical régi par la Charia »332(*). La tendance de l'Occident à soutenir
systématiquement les manifestations violentes et l'opposition aux
régimes en place, sur la base de modèles
préétablis, a été qualifiée par le chef de
la diplomatie russe, S. LAVROV, de véritable « provocation
politique »333(*) à l'échelle internationale.
Dans le prisme russe et selon une connotation très négative,
ce soutien occidental ne ferait qu'aggraver les
« désordres arabes », pour reprendre
l'expression titrée de J.M. CHAUVIER.334(*)
Tant bien que mal, la Russie s'est battue pour garder
son identité de puissance non interventionniste, encourageant les
changements de Tunisie et d'Egypte qu'elle inscrit dans la dynamique normale
des peuples à l'autodétermination, aspirant à un mieux
être. La Chine en a fait autant.
B. Les conduites propres de la Chine
C'est un truisme que les acteurs internationaux
construisent leurs actions en fonction de la culture. La Chine ne s'attarde pas
beaucoup sur la question des Droits de l'Homme. Elle est très
fidèle à ses principes de Droit International au premier rang
desquels le principe de non ingérence dans les affaires internes d'un
Etat indépendant. Elle se manifeste par une extrême prudence et
une absence d'ingérence (1), et aussi par une condamnation des actions
des occidentaux (2).
1- L'extrême prudence chinoise et l'absence
d'ingérence.
Pékin a peur et semble relativiser la
portée des révolutions arabes, allant jusqu'à
déconsidérer ce type de changement comme l'atteste le traitement
des médias chinois qui ne s'attardent guère sur les
revendications et les origines de ces mouvements. L'objectif étant de ne
pas donner des idées aux Chinois et notamment aux séparatistes
musulmans situés au Nord ouest de la Chine335(*). Ils pratiquent le silence
dans sa fonction d'occultation, sorte d'exorcisme : « on n'en
parle pas, donc cela n'existe pas »336(*).
Toutefois, le printemps arabe n'a pas fait
émerger de nouveaux axes de politique extérieure chinoise dans la
région, et n'a pas non plus amené Pékin à prendre
davantage parti pour/contre certains acteurs politiques locaux comme cela a
été le cas avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis
qui ont opté pour un soutien aux rebelles. Au contraire, le principe
traditionnel de non-ingérence est soutenu par certains chercheurs,
notamment ceux exerçant dans des centres de recherche directement
rattachés à des ministères. Par une analyse sans
détour ils inspirent les conclusions gouvernementales suivantes : «
les mouvements du printemps arabe ne sont pas des mouvements pour plus de
démocratie, mais tout simplement pour plus de pouvoir d'achat, de
meilleures conditions de vie... en un mot pour le développement
économique»337(*). Donc, selon eux, le rétablissement de la
stabilité, premier souhait de la Chine pour la région,
pourra être assuré par n'importe quel parti (démocratique
ou non, religieux ou laïc), à condition que celui-ci soit capable
de mettre en place une politique de développement économique
efficace.
Suivant ce raisonnement, de nombreux analystes chinois
soulignent que la Chine n'a pas particulièrement cherché à
protéger l'ancien président égyptien Hosni MOUBARAK , ou
à faire tomber Mouammar KADHAFI et que, de manière
générale, la Chine peut entretenir des relations avec les pays
indépendamment du parti politique et des orientations
idéologiques défendues par les dirigeants locaux. En Egypte, la
Chine ne se positionne pas par rapport aux Frères musulmans, par
exemple. De manière générale, les considérations
politiques ou sociologiques (partis, religion) semblent avoir joué un
rôle relativement mineur par rapport aux considérations
économiques, à la fois dans le processus d'analyse et de prise de
décisions des autorités chinoises, qui n'ont pas manqué de
condamner les actions des occidentaux, depuis l'émergence du printemps
arabe.
2- La condamnation des actions des
occidentaux.
Lancés dans un interventionnisme à
outrance, les alliés sont allés jusqu'à violer les
dispositions des résolutions 1970 et 1973 contre la Libye. Dans cette
perspective, la Chine déçue, se sentant trahie a violemment
critiqué les actions des occidentaux338(*). Tirant les enseignements sur le printemps
arabe, les autorités chinoises insistent sur « la faillite du
système international de régulation des crises » et sur
leur perte de confiance quant au rôle des Nations Unies339(*).
Les grandes puissances n'ont pas seulement agi en
solo. Déjà, dès les années 1950, des analystes
tentent d'élargir l'analyse des relations internationales à
d'autres phénomènes que les rapports de puissance, tentant de
remettre en cause certains postulats de l'école réaliste. C'est
le cas de Karl W. DEUTSH340(*), qui dès 1957 dans, Political Community and
the North Atlantic Area, affirme que « les Etats n'agissent pas
uniquement en fonction de rapports et de quêtes de puissance, mais sont
aussi des entités interdépendantes pouvant former des
communautés de sécurité »341(*).
Le printemps arabe a donné naissance à
de nouvelles alliances. Il a renforcé des alliances déjà
existantes. Surtout que dans le cas de la crise libyenne, Mouammar KADHAFI se
présentait comme un ennemi public commun pour la France, la
Grande-Bretagne et les Etats-Unis. On a eu des alliances qui ont vu
naître des actions en duo dictées par des coopérations
bilatérales. Les actions à plusieurs, inspirées des
coopérations multilatérales, n'ont pas été en
reste. En fait de la capacité à ne pas être isolé et
à agir en partenariat dépend aussi la puissance des
Etats342(*).
Les événements récents semblent
confirmer qu'aucun Etat n'est en mesure d'assumer seul des tâches
sécuritaires, humanitaires ou militaires. C'est donc grâce
à la concertation et la capacité à s'imposer dans un
ensemble inter étatique tout en respectant les règles que les
puissances peuvent s'affirmer, tandis que toutes les stratégies
d'unilatéralisme et d'isolement semblent vouées à
l'échec sur le long terme, et ne sont dès lors que des solutions
de circonstance343(*).
Cette démarche nous conduit à étudier les jeux collectifs
des grandes puissances.
CHAPITRE II
LES JEUX COLLECTIFS DES GRANDES PUISSANCES
Le printemps arabe a secoué l'Afrique du Nord.
Cependant, chacun des Etats touchés possède une histoire
personnelle : une révolution en Tunisie, une révolution et
un coup d'Etat militaire en Egypte, une guerre civile avec participation
militaire étrangère en Libye344(*). La complexité du printemps arabe est une
contrainte qui fait qu'aucune puissance ne puisse à elle seule mobiliser
toutes les ressources345(*) nécessaires pour une intervention
« efficace »346(*). Bien plus les spécificités des pays
concernés par le printemps arabe amènent les grandes puissances
à rechercher des alliés qui s'identifient régionalement
aux premiers nommés.
Les acteurs se défont de la concurrence et
optent dès lors pour l'interdépendance347(*) qu'oblige la
réalité d'un certain nombre de contraintes348(*) auxquelles font face les
grandes puissances. Force est de constater qu'une seule Nation ne peut se
permettre, sous peine d'être critiquée pour son
unilatéralisme, de diriger toutes les opérations sans
concertation avec ses partenaires et alliés349(*). Suivant des analystes
constructivistes un sentiment d'appartenance commune, un respect mutuel, une
identité similaire contribuent à la coopération et
à son institutionnalisation350(*). Les Etats, bien qu'égoïstes,
coopèrent entre eux dans le cadre des règles qu'ils ont
établies pour réguler leurs relations dans les domaines les plus
divers351(*).
Fort de ces logiques, les puissances optent donc ici
pour une action collective352(*). Notons qu' « il y a action
collective lorsque des individus entreprennent un effort collectif basé
sur des intérêts réciproques et l'attente de
bénéfices mutuels »353(*). Cette définition
peut être juxtaposée aux Etats. Dès lors, on dira qu'il y a
action collective lorsque des Etats entreprennent un effort collectif
basé sur des intérêts réciproques et l'attente de
bénéfices mutuels. Le concept d'action collective renvoie
à toute tentative de constitution d'un collectif, plus ou moins
formalisé et institutionnalisé, par des acteurs qui cherchent
à atteindre un objectif partagé, dans des contextes de
coopération et de compétition avec d'autres collectifs354(*). L'action collective est
donc une « action conjointe » ou une « action
concertée»355(*).
Dans cette optique on a vu la France, la
Grande-Bretagne, la Chine, la Russie et les Etats-Unis à l'oeuvre dans
des cadres multilatéraux (section I) et même dans des cadres
bilatéraux (section II).
SECTION I : LES GRANDES PUISSANCES A L'OEUVRE DANS
LES CADRES MULTILATERAUX.
Les cadres multilatéraux sont les espaces qui
permettent la mise en oeuvre du multilatéralisme356(*). Au cours du printemps
arabe, ces espaces sont nombreux : certains préexistent avant le
printemps arabe (paragraphe 1), d'autres sont créés ad hoc
(paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LES GRANDES PUISSANCES DANS LES
STRUCTURES MULTILATERALES EXISTANTES AVANT LE PRINTEMPS ARABE
Les structures existantes avant le printemps arabe
dans lesquelles la multilatéralité des actions des grandes
puissances a été mise en oeuvre sont l'ONU, le G8, et l'UE (A),
E3 et l'OTAN (B).
A. La dynamique décisionnelle et actionnelle des
grandes puissances contre le régime de KADHAFI à l'ONU, au G8 et
à l'UE.
Dans le mouvement de leurs interventions au cours du
printemps arabe en Libye, les grandes puissances ont pris des mesures contre le
régime de KADHAFI (1). Ensuite, elles ont posé les jalons pour
une intervention militaire (2).
1- Le régime de KADHAFI à
l'épreuve des décisions des grandes puissances.
Afin de mettre à mal le régime de
Mouammar KADHAFI, les grandes puissances prennent des sanctions collectives
contre son régime (a). Elles apportent aussi un soutien collectif aux
rebelles (b).
a- La prise des sanctions collectives contre le
régime de KADHAFI par les grandes puissances.
Les grandes puissances ont pris des sanctions contre
le régime de KADHAFI dans le cadre d'une action collective à
l'ONU ayant abouti à l'adoption de la résolution 1970 et aussi
à l'UE.
L'adoption à l'unanimité de la
résolution 1970.
L'adoption de la résolution
1970 s'est faite le 26 février 2011à l'ONU.
Interpellées par le représentant permanent adjoint de la Libye
à l'ONU, Ibrahim O. A. DABBASHI qui implore le Conseil de
sécurité de sauver son peuple de la folie de son
dirigeant357(*), les grandes puissances ont adopté
à l'unanimité la résolution sus-mentionnée.
En effet, les membres du Conseil sont
saisis du document S/2011/95, qui contient le texte d'un projet de
résolution présenté par l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la
Bosnie-Herzégovine, la Colombie, les Etats-Unis d'Amérique, la
France, le Gabon, le Liban, le Nigéria, le Portugal et la
Grande-Bretagne. Il est procédé au vote à main
levée. Ainsi, la Chine, la France, la Fédération de
Russie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis ainsi que les autres membres non
permanents du conseil de CSNU votent pour. La Présidente
du CSNU Madame VIOTI a dès lors proclamé le
résultat du vote: 15 voix pour. Le projet de résolution est
adopté à l'unanimité en tant que résolution 1970
(2011)358(*).
La réalité de la situation en
Libye les y a obligées. Prenant la parole à tour de rôle,
les représentants de chacune des puissances ont apprécié
l'adoption de mesures visant à pousser le colonel KADHAFI à
mettre fin à ses exactions sur son peuple, défendant ainsi leurs
votes, preuve de l'unanimité qui a prévalu pendant l'adoption de
la résolution précitée.
Ainsi, Sir Mark Lyall GRANT (Grande-Bretagne)
a déclaré : « le Gouvernement britannique
se félicite de l'adoption à l'unanimité de la
résolution 1970 (2011)359(*) du Conseil de sécurité. Le
Royaume-Uni a présenté le texte de cette résolution parce
qu'il était profondément préoccupé par la situation
effroyable en Libye. Les violences que nous avons pu voir, aussi bien que les
nouvelles incitations du colonel KADHAFI à la violence, sont tout
à fait inadmissibles et mon gouvernement les a condamnées avec la
dernière vigueur »360(*).
Pour sa part, Mme RICE (Etats-Unis
d'Amérique) a affirmé : « lorsque des
atrocités sont commises contre des innocents, la communauté
internationale doit parler d'une seule voix, et c'est ce qu'elle a fait
aujourd'hui. Ce soir, agissant en vertu du Chapitre VII, le Conseil de
sécurité s'est rallié pour condamner la violence, demander
des comptes et adopter des sanctions sévères contre des
dirigeants libyens sans états d'âme »361(*).
M. CHURKIN (Fédération de
Russie) a pour sa part indiqué que : « la
Fédération de Russie a appuyé la résolution 1970
(2011) du Conseil de sécurité car elle est gravement
préoccupée par les événements qui se
déroulent actuellement en Libye. Nous regrettons sincèrement les
nombreuses pertes humaines parmi la population civile. Nous condamnons le
recours à la force militaire contre les manifestants pacifiques et
toutes les autres formes de violence, que nous jugeons absolument
inacceptables. Nous demandons qu'il soit mis fin immédiatement à
ces actes »362(*).
M. Li BAODONG (Chine) a quant
à lui rapporté que : « compte tenu de la
situation très particulière qui règne en Libye à
l'heure actuelle, et à la lumière des préoccupations et
des positions exprimées par les pays arabes et africains, la
délégation chinoise a voté pour la
résolution 1970 (2011), que le Conseil de sécurité vient
d'adopter »363(*).
M. G. ARAUD (France) a
déclaré : « face à la
poursuite de la répression brutale et sanglante et aux
déclarations menaçantes de la direction libyenne, le Conseil de
sécurité a réitéré son exigence d'un
arrêt immédiat de l'usage de la force contre la population civile.
Ce texte, adopté aujourd'hui à l'unanimité, rappelle la
responsabilité de chaque Etat de protéger sa population et celle
de la communauté internationale d'intervenir lorsque les Etats manquent
à leur devoir »364(*).
Ces diverses interventions dévoilent
l'unité d'esprit qui a animé les grandes puissances au moment de
l'adoption de cette résolution.
Les mesures prises contre le régime de
KADHAFI ont constitué en la saisine de la Cour pénale
internationale365(*), un embargo sur les armes366(*), des
interdictions de voyager367(*), le gel des avoirs368(*). Des sanctions ont
également été adoptées à l'UE.
L'adoption des sanctions contre les dirigeants libyens
à l'UE et l'incitation de l'UE à l'action.
A l'UE, des sanctions contre les dirigeants libyens
sont adoptées. Aussi, celle-ci a été appelée
à plus d'actions encore.
A la demande de la France, le 28 février 2011,
l'UE adopte à son tour des sanctions incluant un embargo sur les armes
contre la Libye, ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre
le colonel Mouammar KADHAFI et 25 de ses proches. Ces sanctions seraient plus
dures que celles adoptées par le Conseil de sécurité des
Nations Unies369(*).
Sous l'impulsion de la France, le 8 mars 2011, les pays de l'Union
Européenne se mettent d'accord pour geler les avoirs du fonds souverain
et de la banque centrale libyenne370(*).
Ensuite, Face à Catherine ASHTON, Haut
Représentant de l'UE qui affichait sa volonté pour l'UE de
présenter une « position neutre »371(*), la France pousse l'UE
à agir. Alain JUPPE, déclarait le 20 mars 2011 au cours d'une
conférence de presse : « est-ce que nous nous résignons
à faire que l'Union Européenne reste une ONG humanitaire? Ou
est-ce que nous avons une autre ambition pour l'Union Européenne, d'en
faire une puissance politique capable d'avoir des positions diplomatiques et
des capacités militaires d'intervention le cas échéant?
Pour moi, la réponse est très claire, c'est la deuxième
hypothèse »372(*). Il met en oeuvre la puissance de la France,
puissance vue sous l'angle défini par Samuel HUTTINGTON comme« la
capacité d'un acteur, habituellement mais pas forcément un
gouvernement, d'influencer le comportement des autres acteurs qui peuvent
être ou ne pas être des gouvernements »373(*).
Cette déclaration a eu pour effet de bouger les
lignes dans les rangs des membres de l'UE. Ainsi, afin de garder la face, les
Etats-membres se sont finalement accordés le 21 mars 2011 pour lancer
une opération de la Politique de Sécurité et de
Défense Commune (PSDC) au caractère totalement inédit
et étonnant, car elle se plaçait sous l'autorité
d'un organisme de l'ONU374(*). En fait, l'UE choisissait d'agir
délibérément dans le bas du spectre et elle mandatait les
structures bruxelloises pour lancer un processus de planification au
profit d'une opération militaire de soutien à l'aide
humanitaire, sous condition qu'elle ait lieu dans un contexte impartial et
permissif, autant dire infaisable. Ainsi grâce au verbe du Ministre
français des Affaires Etrangères, l'UE se positionnait, pour le
déclenchement de l'opération, même si ce fut sous
l'autorité exclusive du Bureau de Coordination des Affaires
Humanitaires des Nations unies (BCAH). Cette institution est d'ailleurs
perçue eu égard à la forte manipulation franco-britannique
comme une enceinte de légitimation et une caisse de résonance a
posteriori des actions franco-britanniques375(*).En plus de l'UE, le G8 a été mis
à contribution.
b- L'apport d'un soutien collectif aux rebelles par
les grandes puissances au travers du G8.
Les grandes puissances apportent aussi un soutien
collectif aux rebelles au travers du G8. Les pays les plus riches du monde
parmi lesquels on compte les grandes puissances ont eu au cours de leur sommet
de Deauville, en mai 2011, à se pencher sur la crise qui secoue le
Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Ce sommet s'est tenu en France. Au cours de
celui-ci, il y a eu un fort engagement discursif et financier pour soutenir le
printemps arabe.
L'action discursive de mobilisation des pays membres
du G8 initiée par la Grande-Bretagne.
La Grande-Bretagne a pris les devants au sommet du G8.
Son Premier Ministre est monté au créneau pour demander que le
printemps arabe soit soutenu. Alors que seuls deux pays, la Tunisie et
l'Egypte, ont entamé des transitions démocratiques, et que
d'autres, comme la Libye, sont en proie à des violences, le Premier
Ministre britannique David CAMERON a estimé que le G8 devait se ranger
derrière la rue arabe. Il s'est exprimé en ces termes :
« je veux que ce sommet débouche sur un message
très simple et très clair, celui que les plus grandes puissances
mondiales se sont réunies pour dire à ceux qui, au Proche-Orient
et en Afrique du Nord, veulent plus de démocratie, plus de
liberté et plus de droits, nous sommes à vos
côtés»376(*). D. CAMERON entend, par ce discours, inciter
les puissances à soutenir les révolutions. Il poursuit en ces
termes : « nous aiderons à la construction de
votre démocratie, nous aiderons vos économies (...) nous vous
aiderons par tous les moyens, parce que l'alternative à une
démocratie établie c'est encore plus de l'extrémisme
venimeux qui a fait tant de dégâts dans notre
monde»377(*). Par cet autre pan de son discours il
rassure les dissidents, les encourageant à poursuivre leur chemin dans
le combat qu'ils mènent, les rassurant qu'ils ne sont pas seuls dans
celui-ci.
A l'issue des travaux, une déclaration commune
a été adoptée avec des termes qui marquent l'engagement
indéfectible des puissances à soutenir les pays du printemps
arabe. On peut lire : « nous, membres du G8, soutenons
vigoureusement les aspirations des printemps arabes (...). Nous entendons la
voix des citoyens, soutenons leur exigence d'égalité et appuyons
leur appel légitime à la mise en place de sociétés
démocratiques et ouvertes et à une modernisation
économique qui profite à tous. Nous saluons
particulièrement le rôle joué par les jeunes et les femmes
dans ces mouvements de transformation »378(*). Ceci n'a pas
été qu'un discours, à l'issue de ce sommet, les
puissances, membres du G8 se sont engagées financièrement.
Le déblocage des fonds pour le soutien de la
démocratie sous l'impulsion de la Grande-Bretagne.
En réponse à l'appel lancé par D.
CAMERON, les huit pays les plus puissants de la planète se sont
engagés à aider massivement les pays arabes qui progressent vers
la démocratie. Cette aide se déclinera de plusieurs
façons. Vingt millions viendront des banques multilatérales comme
la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement,
la Banque Africaine de Développement et la Banque Européenne de
Développement.
Les Etats du G8 entendent eux aussi mettre la main
à la poche, quoique modestement. L'aide bilatérale des pays du G8
totalisera dix milliards, de même que celle des pays du golfe. La
Grande-Bretagne a ainsi annoncé une enveloppe exceptionnelle de 175
millions de dollars379(*).
Ils ont par ailleurs mis sur pied un partenariat pour
les réalisations de ces financements comme le révèle ces
propos : « sur la base des objectifs que nous
partageons pour l'avenir, nous avons lancé aujourd'hui le «
Partenariat de Deauville » avec les peuples de la région
d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, en présence des Premiers
ministres de l'Egypte et de la Tunisie »380(*).
2- Les jalons pour une intervention militaire en Libye
posés par les grandes puissances au sein de l'ONU.
Malgré la prise de sanctions contre le
régime de KADHAFI au travers de la résolution 1970, ce dernier a
persisté dans le massacre des populations de son pays. Par là, il
a violé les dispositions de celle-ci381(*). Dès lors, une intervention plus
sévère s'imposait.
Mue par une volonté de puissance,
caractéristique du réalisme, la France décide d'agir.
D'ailleurs, « toute l'histoire montre que les Nations actives dans la
politique internationale sont continuellement en train de se préparer
à (...) la violence organisée sous forme de
guerre »382(*). Toutefois, comme Alain JUPPE l'a rappelé
à plusieurs reprises, l'intervention de la France ne peut se faire sans
un mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies383(*). Ce faisant, à l'ONU,
malgré les réticences de la Chine et de la Russie doublées
de leurs abstentions (a), la France met les membres du conseil de
sécurité dans son jeu et fait adopter la résolution 1973
(b).
a- Les réticences de la Russie et de la Chine
doublées de leurs abstentions.
La Chine et la Russie ont marqué leurs
réticences vis-à-vis d'une intervention militaire en Libye. Ce
faisant, elles ont marqué leurs indifférences et se sont
abstenues.
Les réticences de la Chine et de la
Russie.
Lors du vote de la résolution 1973 à
l'ONU, la Chine et la Russie affichent leurs réticences.
Le représentant de la Chine au CSNU
rapporte : «la Chine reste opposée au
recours à la force dans les relations internationales. Au cours des
consultations du Conseil de sécurité sur la
résolution 1973 (2011), nous avons posé, avec d'autres
membres du Conseil, un certain nombre de questions très
précises, lesquelles, malheureusement, sont en grande partie
restées sans réponse ni clarification. La Chine a de fortes
réserves concernant certaines parties de la
résolution»384(*).
De leur côté, les Russes font
savoir : « [...] En fait, toute une série de
questions soulevées par la Russie et par d'autres membres du Conseil
sont restées sans réponse. Ces questions étaient
concrètes et légitimes et portaient sur la façon
dont la zone d'exclusion aérienne allait être
appliquée, quelles seraient les règles d'engagement et quelles
seraient les limites imposées à l'utilisation de la force.
[...] On a vu apparaître dans le texte des dispositions
susceptibles d'ouvrir la porte à une intervention militaire à
grande échelle. [...] Je rappelle encore une fois que nous continuons
à nous prononcer fermement en faveur de la protection de la population
civile. [...] Nous sommes cependant convaincus que le moyen le plus
rapide d'assurer la sécurité effective de la population
civile et la stabilisation à long terme de la situation en
Libye est l'instauration immédiate d'un
cessez-le-feu»385(*).
En réalité, les Russes comme
les Chinois n'ont pas voulu se lancer têtes baissées dans
l'adoption ou le rejet d'une résolution pour une intervention militaire
en Libye. C'est pourquoi ils prennent les mesures de l'ampleur de ladite
intervention. Les questions qu'ils ont posées durant la session
onusienne du Conseil de Sécurité justifient cette attitude. De
même, les Chinois entendent préserver leur identité
d'où la réaffirmation de celle-ci. Les Russes exigent que l'on
exclue toute intervention au sol. Ces réclamations ont poussé la
Chine comme la Russie à s'abstenir lors du vote.
L'abstention de la Chine et de la Russie.
S'agissant de la Chine, on note qu'au sein du conseil
de sécurité de l'ONU, elle ne veut pas avaliser une intervention
armée en Libye. Elle a fait savoir que, comme elle préside le
Conseil de Sécurité, elle s'abstiendra386(*).
Le constructivisme, parlant de
l'identité présente le rôle de cet élément
comme déterminant dans la constitution des actions des acteurs387(*). Ainsi, liée à
son identité388(*), lors du vote de la résolution 1973 du
conseil des Nations Unies contre la Libye la Chine s'abstient effectivement.
Cette abstention s'analyse comme une
indifférence vis-à-vis de l'idée d'une intervention
internationale en Libye car ayant fait usage de son droit de véto pour
ce qui est du conflit syrien, elle s'est affirmée, a pris position et
aucune intervention n'a eu lieu jusqu'ici389(*). Pourtant dans le cas de la Libye, cette
indifférence a donné libre cours aux actions des
alliés.
Parlant de la Russie, elle se rend coupable de ce que
nous appelons « un silence complice ». En effet lors du
vote de la résolution 1973 du conseil de sécurité de
l'ONU, la Russie s'abstient évidemment en vertu de sa culture non
interventionniste sauf qu'ici, elle ne bloque pas, par le recours à son
droit de véto, cette décision quoiqu'elle s'oppose à toute
forme d'ingérence dans les affaires internes d'un pays souverain.
Nous considérons l'abstention de la Russie
comme un laisser-faire donné aux puissances occidentales pour une
intervention en Libye. A cet effet, Mark N. KATZ nous conforte dans notre
idée, il écrit : « en s'abstenant, de
voter la résolution 1973 du CSNU, la Russie avait autorisé sans
le dire un conflit contre Tripoli »390(*). Certainement dans une
posture de « passager clandestin »391(*) elle adopte une attitude qui
ne la met pas en conflit avec les puissances occidentales et qui lui permet
d'une certaine façon de ne pas « trahir » son
allié KADHAFI. Nous pensons que la Russie a laissé faire car,
considérant le conflit syrien, l'on constate qu'il n'y a pas eu
d'intervention militaire externe, jusqu'ici, suite à l'usage de son
droit de véto par la Russie au conseil de sécurité de
l'ONU afin de faire échec à l'adoption d'une quelconque
résolution visant une intervention de l'extérieur en Syrie. Deux
mondes deux destins ? Ici c'est l'Afrique ? Là ce n'est pas
l'Afrique ? Les intérêts ne sont certainement pas les
mêmes ou encore les orientations politiques des gouvernements ne sont pas
les mêmes ; surtout qu'il convient de relever qu'entre les moments
des votes des résolutions sur la Libye et sur la Syrie, le locataire du
Kremlin a changé. Les abstentions de la Chine et de la Russie ont permis
à la France de mettre les puissances dans son jeu et de faire adopter la
résolution 1973.
b- Les manoeuvres françaises pour l'adoption de
la résolution 1973.
La France fait une habile exploitation d'une courte
fenêtre d'opportunité favorable pour arracher le vote de la
résolution 1973 au CSNU392(*). Les partisans de l'interventionnisme
libéral étaient en position de responsabilité au
sein du Quai d'Orsay sous le quinquennat de Nicolas SARKOZY. Cependant, il y
avait parmi ses décideurs, plusieurs diplomates marqués
à droite, qui étaient les représentants d'un autre
paradigme : celui du néo-conservatisme393(*). Pour ceux-là, la
bataille consistant à défendre l'extension universelle de
la démocratie libérale était un objectif
diplomatique, nécessitant une forte alliance avec les
Etats-Unis394(*)
pourtant un peu réticents.
La puissance, (...) résidant également
dans la capacité de fixer l'ordre du jour des enceintes
multilatérales telles que le Conseil de Sécurité de
l'ONU395(*), la France a
mis les puissances dans son jeu afin de faire adopter la résolution 1973
du CSNU.
Comme l'a écrit Nicholas SPYKMAN,
« la politique est toujours conduite au son du
canon »396(*).
C'est la décision française sur la crise libyenne inscrite
à l'ordre du jour du CSNU : aller en guerre contre KADHAFI.
Toutefois, on ne va pas en guerre sans préalable. Comme le rappelle Jean
Christophe NOTIN, « les guerres sont des pièces de
théâtre dont le véritable premier acte se joue
derrière le rideau »397(*). Il faut donc d'abord mettre en oeuvre des
mécanismes avant de se lancer dans la guerre. Dans cette optique, la
France a mis tout en oeuvre pour obtenir l'assentiment de la communauté
internationale. Jean-Pierre FILIU398(*) écrit : « le volontarisme
du président SARKOZY et l'intervention d'Alain JUPPE à New York
permettent d'obtenir, le 17 mars 2011, le vote de la résolution 1973 du
conseil de sécurité de l'ONU (...) »399(*).
En effet, le Président de la
République a adressé, la veille du vote de la résolution
1973 que la France a initiée, une lettre personnelle aux chefs d'Etat et
de gouvernement des pays membres du CSNU afin de les appeler solennellement
à prendre pleinement leurs responsabilités et à soutenir
cette résolution alors que la population libyenne encourt de graves
dangers400(*).
Les autorités françaises ne se sont pas
arrêtées là. Alain JUPPE, ministre français des
affaires étrangères est le seul ministre à s'être
rendu à New York dans le but de convaincre, par une intervention forte
au Conseil de Sécurité les pays membres du
Conseil et d'obtenir les voix nécessaires à l'adoption de la
résolution401(*).
Il s'est exprimé en ces termes : « nous ne pouvons
abandonner à leur sort des populations civiles victimes d'une brutale
répression »402(*), inscrivant ainsi leur intervention dans le
sens d'une guerre juste, surtout que « tous les conflits sont justes,
du point de vue de leurs acteurs »403(*). La touche paternaliste, voire maternelle,
qui ressort de ce propos avait certainement pour effet de jouer sur les
sensibilités émotives des membres du CSNU afin d'avoir les
faveurs de leurs votes.
Les Russes, exigeant que l'on exclue toute
intervention au sol, Nicolas SARKOZY avait appelé Dimitri MEDVEDEV et
lui avait assuré que le texte français le mentionnera
explicitement404(*). Le
patron du Kremlin satisfait, son représentant devait donc s'abstenir et
non s'opposer par le droit de véto qui bloque automatiquement l'adoption
d'une résolution au Conseil de Sécurité.
Avec les faveurs de la Grande-Bretagne et
désormais des Etats-Unis405(*), le vote de la résolution
n'était pas encore un acquis car la France n'était pas
encore sûre d'obtenir le quota nécessaire pour que la
résolution soit adoptée. Le chef de l'Etat français a donc
téléphoné à Dilma ROUSSEF, la présidente du
Brésil. Elle ne veut toujours pas voter oui406(*). Le Brésil
s'abstiendra donc également.
Au total, les tractations de la France ont permis
d'obtenir 10 votes pour et 5 abstentions. Ce qui a donné accès
à la résolution 1973 du CSNU. La mobilisation de la France ne
s'est pas limitée au sommet de l'Etat, même les ambassadeurs se
sont mobilisés. C'est du moins ce qui ressort de ce propos d'Alain
JUPPE : « c'est grâce aux efforts de la France que le
vote de la résolution 1973 du Conseil de sécurité a
été obtenu et que Benghazi a été sauvée du
massacre. Nos équipes, à Paris et dans les postes diplomatiques
à Benghazi, à New York et à Bruxelles, au Caire et dans le
Golfe, ont été en première ligne pour constituer une
coalition internationale en appui de la poignée d'hommes courageux du
Conseil national de transition. Jour après jour, groupe de contact
après groupe de contact, nous avons pu ouvrir pour le peuple libyen la
perspective d'un avenir démocratique »407(*). L'adoption de la
résolution 1973 a donné le libre cours à l'intervention
militaire.
B. La mise en oeuvre de la résolution 1973 par
les grandes puissances à Europe3 et à l'OTAN.
Europe3 (E3) se présente comme la base de
l'action militaire franco-britannique (1). Toutefois c'est sous la
bannière de l'OTAN que les opérations se sont
déroulées (2).
1- E3, plateforme d'appui de la France et de la
Grande-Bretagne pour inspirer l'action militaire en Libye.
E3 est une plateforme de
coopération multilatérale entre la France, la Grande-Bretagne et
l'Allemagne. Au cours du printemps arabe, il prend une dimension quadripartite
incluant les Etats-Unis408(*). Ce format de réflexion restreint a
facilité la décision d'intervenir militairement en
Libye409(*). En effet
s'appuyant sur cette organisation, la France et la Grande-Bretagne ont pu
organiser la procédure pour l'intervention militaire en Libye. La
réflexion dans ce sens a été renforcée par l'accord
de novembre 2010 sur le renforcement de la coopération militaire entre
la France et la Grande-Bretagne410(*) qui se sont ensuite alliées aux autres Etats
pour intervenir au sein de l'OTAN.
2- L'OTAN, cadre de l'intervention militaire des
grandes puissances en Libye.
L'intervention en Libye est conduite via une
interprétation très extensive des dispositions de la
résolution 1973 notamment celle qui « autorise les
Etats membres (...) à prendre toutes les mesures nécessaires
(...) pour protéger les civils et les zones peuplées par des
civils sous la menace d'attaques y compris Benghazi, tout en excluant une force
étrangère d'occupation sous quelque forme que ce soit dans
n'importe quelle partie du territoire libyen »411(*). Pour Didier
BILLION412(*), cette
résolution est faite
d' « ambiguïtés volontaires ».
Pour nous ce sont ces ambiguïtés qui donnent lieu à
cette interprétation abusive qui débouche sur une guerre en
Libye. Elle est conduite au sein de l'OTAN par les puissances alliées au
rang desquelles nous avons les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne. La
Chine et la Russie indifférentes lors du vote ne prennent pas part
à ces opérations.
Les puissances alliées se sont
illustrées de manières différentes. Les Etats-Unis ont
opté pour une nouvelle forme de leadership, le « leadership
from behind » (a). La France en a profité pour se construire
une image de puissance guerrière (b). Pour sa part la Grande-Bretagne a
apporté une modeste contribution (c). Elles ont été
ensemble très actives aux côtés des rebelles.
a- Le « leadership from behind »
des Etats-Unis au sein de la coalition de l'OTAN.
La notion d'identité413(*) a obligé les
Etats-Unis à s'impliquer au sein de la coalition de l'OTAN, même
si ce fût en retrait. Les Etats-Unis, rappelons le, ont été
très réticents à l'idée d'une intervention
militaire en Libye. D'ailleurs penser à cela revenait pour la personne
à devoir se faire examiner cliniquement d'après R. GATES,
secrétaire d'Etat américain à la défense. Il
déclare en effet : « tout président
américain qui se lancerait dans une nouvelle guerre terrestre au
Moyen-Orient devrait se faire examiner
psychologiquement »414(*). Le volontarisme du président français
N. SARKOZY, l'intervention d'A. JUPPE, Ministre français des Affaires
Etrangères ainsi que les manoeuvres françaises orchestrées
par Bernard-Henri LEVY ont permis à H. CLINTON d'intervenir pour que le
point de vue des Etats-Unis soit changé, ce qui a abouti à
l'adoption de la résolution 1973. Comme le souligne D. BATTISTELLA,
« lorsque les Etats-Unis agissent sur la scène
internationale, (...) parce qu'ils ont des identités de type, de
rôle, et collective (...), ils sont amenés à afficher une
politique de promotion des droits de l'homme (...), ils sont obligés de
prendre en considération les intérêts de leurs
alliés de l'Alliance atlantique (...) »415(*). Ils ne pouvaient dès
lors, au risque de trahir ses identités, qu'inventer un nouveau type de
leadership.
Le bref rappel des circonstances de l'adoption de la
résolution 1973 a pour but de montrer que depuis le déclenchement
des initiatives pour une intervention militaire en Libye, il ressort que
les Etats-Unis ne se situent pas en amont des opérations menées.
Ils ont essayé de remettre au goût du jour l'expérience de
la Bosnie en 1993. Il s'agissait pour la Maison Blanche de trouver un moyen de
laisser une plus grande initiative aux Européens416(*). Ceci atteste de ce que
l'expérience passée sert à construire les actions
présentes. Le cours des événements n'a pas changé
cette posture. L'attitude des Etats-Unis est diversement manifeste.
D'abord, les
Etats-Unis cessent leur participation aux frappes afin de les confier à
l'OTAN417(*) et ne plus
se consacrer qu'à des vols de reconnaissances et de brouillages. Cette
action s'inscrit dans la recherche des « moyens d'appliquer une
tactique minimale »418(*) car, « les Etats-Unis ne doivent a
priori pas engager des troupes américaines dans les conflits
africains »419(*).
Dans cette optique, ils ont retiré leurs avions
de chasse dès le 1er avril 2011420(*), provoquant des
réactions divergentes. Par exemple, certains auteurs pensent que la
cohésion de l'OTAN a été mise en péril421(*). Cette position est un choix
des Etats-Unis. Le fait que l'Amérique se retirera après quelques
jours et laissera les Alliés faire le gros du travail a
été précisé d'emblée. Barack OBAMA avait
annoncé une participation américaine relativement limitée,
en soutien davantage qu'en premier rôle, car le leadership
américain dans le cas libyen est « de former les conditions
permettant à la communauté internationale d'agir de concert
»422(*) .
Ensuite,
après le passage du commandement des opérations sous la
bannière de l'OTAN, les moyens de combat
américain ont été retirés423(*). Il est important de relever
que cette attitude de B. OBAMA n'est pas partagée par toute la classe
politique américaine. Le 31 mars 2011, quand au sénat le rapport
sur l'évolution en Libye est fait, la plupart des parlementaires sont
soulagés d'apprendre le retrait des moyens de combat américains,
à l'exception de deux d'entre eux, les sénateurs John MC CAIN et
Lindsey GRAHAM, qui avaient dès le début appelé à
une implication militaire américaine en Libye aux côtés des
rebelles424(*). Ils se
disent « atterrés », en particulier Mc CAIN qui « ne
comprend pas que les moyens américains demeurent cloués au sol
alors même que la situation demeure extrêmement difficile sur le
terrain pour les forces anti-Kadhafi » ; L. GRAHAM demandera même
à R. GATES de « reconsidérer cette décision
»425(*).
B. OBAMA a informé les parlementaires sur la
Libye. Il a informé le Congrès de sa décision d'envoyer
les forces militaires américaines assister les alliés
européens et les partenaires arabes dans la mise en oeuvre de la
résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU pour
empêcher une catastrophe humanitaire et contrer la menace posée
à la paix internationale par la crise en Libye426(*). Il s'inscrit dans une
logique définie par Jennifer S. WHITAKER, suivant laquelle, parlant des
Etats-Unis, elle déclare : « nous ne pouvons restreindre
notre force politique en renonçant à tout engagement militaire
sur le continent »427(*). S'ils acceptent d'appuyer les Alliés dans
des domaines clés comme le contrôle aérien, l'ISR et le
ravitaillement en vol, les Etats-Unis retirent leur «
force de frappe » d'une quarantaine d'appareils dont leur redoutable
composante d'appui-feu rapproché (avions A-10 et AC-130)428(*).
Le retrait américain laisse les
Européens face à leurs responsabilités et leurs
capacités. Les Etats-Unis, dans leur posture en retrait, ont
néanmoins continué à apporter un appui en matière
de ravitaillement, communications, surveillance, ou brouillage, sans lequel,
ont-ils affirmé, les avions des autres pays de l'OTAN n'auraient pu
opérer429(*).
Ils ont aussi décidé de l'envoi de drones armés. Selon les
autorités américaines, l'OTAN pouvait bien se passer des
Etats-Unis en Libye, Washington étant selon eux plus utile sur d'autres
théâtres d'opération, comme le Pakistan ou
l'Afghanistan430(*).
Dans la perspective constructiviste, la signification
des identités évolue historiquement par la pratique et les
discours, les interactions entre les Etats431(*). C'est ainsi que la posture américaine a
varié tout au long de la guerre civile libyenne. Le soutien
américain, indispensable au début et apparemment à la fin,
a fait défaut de manière inattendue à certains moments
importants de l'opération432(*). C'est ce qui explique cette autre
démonstration de ce « leadership à la
OBAMA »433(*) relevée dans un communiqué de J.
Mc CAIN et de L. GRAHAM qui critiquent le choix du président des
Etats-Unis. En effet, dans le communiqué, ils applaudissent la chute
du régime de KADHAFI tout en « déplorant que ce
succès ait mis si longtemps à arriver en raison du choix
américain de ne pas employer toute sa puissance militaire à la
tâche»434(*).
L'option américaine d'opérer dans une posture d'arrière
plan est nourrie par des enjeux sur lesquels nous reviendrons. Cette posture a
permis à la France de se construire une image de puissance
guerrière.
b- La constitution de la France comme véritable
puissance militaire au sein de la coalition de l'OTAN.
Avec le constructivisme, les intérêts
et les motivations des Etats ne sont pas donnés mais socialement
construits par des identités435(*). Les Etats agissent selon ces identités.
Aussi, l'un des éléments importants dans l'approche
constructiviste repose sur la «fenêtre
d'opportunités»436(*). Avec le réalisme, les Etats s'efforcent de
maximiser (...) leur puissance. De même, ce sont les situations qui
déterminent les motivations de l'action437(*). La France profite du
leadership « from behind » voulu par les Etats-Unis pour se
construire sa puissance guerrière au sein de la coalition otanienne.
En effet, sur la base de l'article 4 de la
résolution 1973, la France s'est engagée à frapper les
troupes de KADHAFI. Le total engagement de la France se
caractérise par la primauté de son action. En effet, la France a
tenu à se mettre en oeuvre la première. Ainsi, dès le 18
mars 2011 soit un jour après l'adoption de la résolution 1973, ce
sont des tirs de rafales françaises qui réveillent les libyens.
Pour la France, cette action est symbolique, elle représente une
fierté pour elle. A. JUPPE le traduit en ces termes :
« Ce sera l'honneur de la France d'avoir tout tenté pour y
parvenir »438(*). Elle n'a pas lésiné sur les moyens.
Elle a engagé 10 navires de guerre, dont 1 porte-avions (Charles de
Gaulle), 1 BPC (Tonnerre), 6 frégates (Aconit, Chevalier Paul,
Courbet, Dupleix, Georges Leygues, Jean Bart) et 1 sous-marin nucléaire
d'attaque (Améthyste). 40 avions de combat (18 Rafales - dont 10 M de
l'Aéronautique navale, 14 Mirages 2000, 6 Super Etendard, 2 Mirages
F-1CR). 12 avions de support (6 C-135, 2 Atlantique-2, 2 E-2C, 1 E-3F, 1
C-160G). 27 hélicoptères (14 Gazelle, 4 Tigre, 3 Puma, 4 Dauphin,
2 Caracal)439(*).
Les autorités françaises, en raison de
l'enlisement de l'opération, ont préconisé une
intensification des bombardements y compris sur des centres de décisions
militaires ou sur des dépôts logistiques jusqu'alors
épargnés. Cette action pour G. LONGUET, ministre
français de la défense, visait à « faire en
sorte que l'on n'ait pas besoin d'équiper militairement les
insurgés »440(*). Les autorités françaises sont
allées jusqu'à faire fi de la résolution 1973, avec la
promesse, ultérieurement tenue, de l'envoi d'un renfort aérien
aux rebelles.
Cette promesse a été faite le 20 avril
2011441(*). Pour
Philippe LEYMARIE, c'est choquant et il s'appesantit sur la furia
française à l'encontre de KADHAFI avec qui il n'y a pas si
longtemps il n'était question que de vendre des rafales. Pour lui cet
interventionnisme emprunt d'humanitarisme a rencontré l'adhésion
de N. SARKOZY à la recherche d'une bonne cause et d'une bonne
guerre442(*)
certainement pour étaler ses capacités de puissance mondiale.
A la fin du mois de juin 2011, alors que la guerre
perdure et devient difficile à l'Est, la France joue la carte des tribus
de Djebel Nefousa et parachute armes et matériels dans l'Ouest du pays.
En juillet les rebelles appuyés par la France font une progression
notoire. Ils avancent jusqu'à Zintan et Nalout. Au début du mois
d'août 2011, le porte-avions français
Charles-de-Gaulle quitte la zone d'opération après plus de quatre
mois de missions de guerre. Le 23 août 2011, les rebelles, mieux
organisés et disposant de moyens d'artillerie offerts par la France
parviennent à prendre la capitale Tripoli.
Au sujet de la mort de KADHAFI, d'après le
ministre de la Défense Gérard LONGUET, c'est l'aviation
française qui aurait stoppé son convoi alors qu'il tentait de
fuir Syrte. Lors d'une conférence de presse qu'il tenait à son
ministère, Gérard LONGUET a ainsi déclaré que le
convoi, composé de plusieurs dizaines de véhicules « a
été stoppé dans sa progression alors qu'il cherchait
à fuir Syrte, vraisemblablement pour Bani Walid, mais n'a pas
été détruit par l'intervention française
»443(*). Un peu
plus tard, le ministre est revenu en partie sur ses déclarations en
précisant qu'il y avait « au moins un avion
français » dans l'unité qui a mené l'assaut
aérien.
Tout l'investissement français lui a permis de
révéler sa puissance militaire. Elle a démontré sa
capacité stratégique (direction d'une armée en campagne,
correspondant à l'art du général) 444(*) en alternant les tactiques
de guerre. Le déploiement de son matériel de guerre tel que
présenté plus haut, la mobilisation des éléments de
son armée sous la forme de conseillers auprès des insurgés
libyens ont eu pour effet pour la France de donner à voir sur
l'efficacité de son savoir militaire. La France, a assuré Nicolas
SARKOZY, est prête à poursuivre ses opérations militaires
contre les forces militaires de Mouammar KADHAFI aussi longtemps que le CNT le
jugera nécessaire. « A la minute où nos amis du CNT nous
disent (...) il n'y a plus de menace du camp KADHAFI contre le peuple libyen,
à cette minute-là, les opérations militaires de la
coalition s'arrêtent et les soldats, les aviateurs et les marins
français rentrent à la maison »445(*), a-t-il
déclaré. Par cette déclaration il a affiché la
détermination de la France à jouer pleinement son rôle de
puissance militaire. De son côté, la Grande-Bretagne a
apporté une contribution modeste aux opérations.
c- Une contribution modeste de la Grande-Bretagne aux
opérations militaires de l'OTAN.
Nous qualifions de modeste la contribution de la
Grande-Bretagne parce que comparée à celles de la France ou des
Etats-Unis, elle est minime. La Grande-Bretagne agit à la demande des
autres puissances. Aussi, elle n'entre en scène qu'après 3 mois
de conflit en Libye. A l'aune du bilatéralisme dans lequel chaque Etat
négocie des arrangements avec chacun de ses partenaires pris
individuellement, la Grande-Bretagne s'est mise avec la France pour promouvoir
l'image de guerrier de la dernière citée au moyen de la
domination de l'espace aérien libyen par l'aviation
franco-britannique446(*).
De même, c'est à la demande de
Washington, que la Grande-Bretagne a dépêché des
conseillers militaires auprès des insurgés libyens, afin
d'épauler sur le terrain l'action de la CIA447(*). Ainsi, quelques dizaines de
membres des forces spéciales britanniques et d'officiers du Secret
Intelligence Service opèrent en Libye, en particulier pour recueillir
des renseignements sur les positions des forces loyalistes.
Au début du mois de juin
2011 soit trois mois après le début des
opérations, la Grande-Bretagne décide d'engager ses
hélicoptères de combat, pour intervenir au plus près du
terrain. Son Premier Ministre l'avait annoncé auparavant au sommet de
Deauville en précisant que « la guerre menée en
Libye entre dans une nouvelle phase, le déploiement
d'hélicoptères
Apache
britanniques accroîtra la pression sur KADHAFI »448(*).
Les frappes des Apaches, ont justement pris pour cible
des barrages des forces loyalistes sur la route entre Ras Lanouf et Brega, et
ont pour but d'encourager les rebelles de l'Est à progresser449(*). « Avec un
Apache, nous pouvons faire preuve d'une grande précision dans le
traitement des cibles. Le radar que nous avons visé se trouvait sur la
côte. Il nous empêchait d'imposer la zone d'exclusion
aérienne et de venir en aide à la population. Il était
difficile à bombarder en altitude, mais avec les Apaches, nous pouvons
monter ou descendre, changer d'altitude, d'angle. C'est une arme très,
très versatile » a affirmé un pilote
anglais450(*).
Cette stratégie s'avère payante :
les équipages de l'aviation légère de l'armée
de terre débusquent les pick-up des forces pro-KADHAFI,
dissimulés sous les arbres ou près des habitations. Mais les
forces gouvernementales, qui alignent des centaines de blindés et de
nombreux mercenaires, résistent. Aussi, dans la nuit du 25 au 26
août 2011, des bombardiers britanniques de l'OTAN ont pris pour cible le
Quartier Général des forces Kadhafistes dans la ville ; ces
frappes aériennes se sont poursuivies dans la journée du 26
août 2011451(*).
Egalement, le multilatéralisme permet aux Etats
d'essayer collectivement de relever les défis452(*). Pour nous cela se
présente d'ailleurs comme une exigence de l'interdépendance car
l'action en synergie présente des avantages puisque les acteurs mis
ensemble mobilisent plusieurs ressources. Dans cette veine, en
retrait comme les Etats-Unis, dans une posture de grand guerrier comme la
France ou par une contribution modeste comme la Grande-Bretagne, les
alliés ont mis à mal les forces pro-KADHAFI.
En marge des particularités de comportement
des alliés au sein de l'OTAN, on remarque que depuis son entrée
dans le conflit libyen en mars 2011 jusqu'à la mort de Mouammar KADHAFI
le 20 octobre 2011, cette institution, avec les actions de la France, de la
Grande-Bretagne et des Etats-Unis, a participé activement à la
chute du régime libyen en engageant des moyens importants pour soutenir
les forces du CNT. « Les frappes de l'OTAN ont donc permis aux
rebelles de s'emparer de Tripoli, et ensuite des régions de Beni Oualid
et de Syrte ; et la Libye est désormais complètement
libérée »453(*).
En effet, au sol, les hommes du CNT sont en pleine
euphorie454(*).
Après avoir desserré la nasse qui se refermait sur Benghazi, ils
avancent vers l'Ouest. Soutenus par l'aviation de la coalition, ils se croient
invincibles. Ni leurs mentors, au premier rang SARKOZY, ni eux-mêmes ne
sont prêts à renoncer à une victoire totale qu'ils croient
à portée de main455(*). Cet appui des alliés est si fort que
Thérèse DELPECH le commentant rapporte : « les
frappes ont déjà dégagé l'étau qui entourait
Benghazi et ouvert la route de l'Ouest. Elles désenclavent les villes
assiégées et détruisent les armes lourdes. Elles
favorisent aussi les défections dans
l'armée régulière»456(*).
Depuis la fin du mois d'avril et pendant le mois de
mai, l'OTAN bombarde les lieux forts du pouvoir kadhafiste457(*). Son action aboutit à
la mort du fils de KADHAFI. En effet, le
30 avril 2011, le
plus jeune fils du leader libyen Mouammar KADHAFI, Saif al-Arab KADHAFI, ainsi
que trois de ses petits-enfants, sont tués au cours d'une frappe
aérienne de l'OTAN458(*). Au début du mois de mai, la capitale est
à nouveau soumise à des bombardements de l'OTAN459(*)ainsi que ses alentours, dont
un bâtiment des services de sécurité intérieure et
le siège du ministère d'inspection et de contrôle
populaire, organe de lutte contre la corruption en Libye460(*) et des résidences de
KADHAFI461(*). Le
20 mai 2011, l'OTAN
coule huit navires de guerre appartenant aux forces loyalistes, dans les ports
de
Tripoli,
de
Khoms et de
Syrte462(*). Les cadres
préexistants n'ont pas suffi pour la mise en oeuvre de leurs actions par
les puissances, de nouveaux cadres ont été
créés.
PARAGRAPHE II : LA CREATION DES CADRES MULTILATERAUX
PAR LES GRANDES PUISSANCES.
Les cadres multilatéraux tels l'ONU, l'UE,
l'OTAN, le G8, E3 n'ont pas suffi à encadrer l'intervention des grandes
puissances. Ce faisant, elles en ont créé d'autres. Ce sont les
sommets (A) et les conférences ad hoc (B).
A. L'organisation des sommets ad hoc sur la Libye.
Les grandes puissances ont organisé plusieurs
sommets afin de discuter sur la Libye. Ce sont par exemple le sommet de Paris
du 19 mars 2011 et le sommet d'Abu-Dhabi du 9 juin 2011 où
l'harmonisation du recours à la force en Libye et la décision de
soutien financier aux rebelles ont été adoptées.
Le recours à la force s'inscrit dans la
perspective réaliste suivant laquelle, « la force
armée, la menace de son emploi comme sa mise en oeuvre, est utile dans
les relations internationales. La puissance militaire est l'ultima ratio,
souvent la forme la plus déterminante de la
puissance »463(*). C'est au cours du sommet de Paris tenu le 19 mars
2011464(*) que le groupe
de contact initié par la France et la Grande-Bretagne pour
l'intervention en Libye a été mis sur pied. Il était
opportun de résoudre la crise libyenne par tous les moyens y compris
celui de la guerre. Ainsi, le
19 mars 2011, les
pays concernés se réunissent à
Paris pour un sommet
spécial sur les éventuelles frappes contre la
Jamahiriya
arabe libyenne.
A l'issue du sommet de Paris tenu au
palais
de l'Elysée, la
Belgique, la
Norvège,
le
Danemark, les
Pays-Bas, le
Qatar et le
Canada annoncent leur
participation à la coalition internationale. D'entrée de jeu, l'
Italie accorde l'usage
de ses bases militaires; puis participe pleinement à la coalition avec
la France et la Grande-Bretagne. Il s'est aussi fait ressentir le besoin
d'assister financièrement les rebelles.
Ainsi, le groupe de contact initié par la
France et la Grande-Bretagne décident d'aider financièrement les
rebelles lors du sommet d'Abu-Dhabi du 9 juin 2011. Dans l'idée de
soutenir les rebelles, la réunion du groupe de contact à Abu
Dhabi du 9 juin 2011 aboutit à une promesse financière de plus de
896 millions d'euros. Entre autres contributions, la France a annoncé le
transfert de 290 millions d'euros appartenant à la Banque centrale
libyenne qui avaient été gelés dans le cadre des sanctions
contre le régime. Lors de cette réunion, la secrétaire
d'Etat américaine Hillary CLINTON a déclaré que les jours
du régime de KADHAFI étaient
« comptés », tandis qu'elle reconnaissait
l'existence du CNT comme « interlocuteur
légitime »465(*).
Le 15 juillet 2011 et le 25 août de la même
année, face au peu de nouvelles avancées sur le terrain du
conflit, les partenaires se retrouvent à Istanbul, en présence
d'Hillary CLINTON, pour aborder la question de l'issue politique au
conflit466(*). Ainsi,
les grandes puissances ont mis en oeuvre toutes leurs capacités pour
trouver une issue à la crise en Libye. Elles ont également
organisé des conférences.
B. L'organisation des conférences ad hoc.
Les grandes puissances ont
organisé des conférences ad hoc sur le printemps arabe. Il s'agit
chronologiquement de la conférence de Londres (1), de la tripartite
France-Grande-Bretagne-Etats-Unis (2) et de la conférence des amis de la
Libye (3).
1- La prise en acte de la résolution 1973 par
le groupe de contact au cours de la conférence de Londres.
Par prise en acte, nous entendons le fait de constater
la prise d'une décision, ici, la résolution 1973 du CSNU.
Plusieurs conférences se sont tenues pour la mise en oeuvre de celle-ci
à l'instar de la conférence de Londres sur la Libye467(*) tenue le 29 mars 2011. A
l'issue de celle-ci, William HAGUE, ministre britannique des affaires
étrangères réitère les conclusions de la
résolution 1973 précisément, l'article 4 qui
« autorise les Etats Membres qui ont adressé au
Secrétaire général une notification à cet effet et
agissent à titre national ou dans le cadre d'organismes ou
d'accords régionaux et en coopération avec le
Secrétaire général, à prendre toutes mesures
nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution
1970 (2011), pour protéger les populations et zones civiles
menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris
Benghazi, tout en excluant le déploiement d'une force
d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit et
sur n'importe quelle partie du territoire libyen, [...] »468(*).
Par cette posture, les participants à cette
conférence prennent acte des dispositions de la résolution 1973
du CSNU et prennent des dispositions pour sa mise en oeuvre qui a
été entamée le 19 mars 2011 à Paris avec la mise
sur pied du groupe de contact.
2- La tripartite France-Grande-Bretagne-Etats-Unis
pour l'affirmation de leur engagement militaire en Libye.
L'affirmation de l'engagement militaire
franco-britannico-américain en Libye a été faite par une
tribune conjointe. « Aux termes de la résolution 1973 du
Conseil de sécurité, notre devoir et notre mandat sont de
protéger les civils. C'est ce que nous faisons. Il ne s'agit
pas d'évincer KADHAFI par la force. Mais il est impossible
d'imaginer que la Libye ait un avenir avec KADHAFI. [...] Il est impensable
que quelqu'un qui a voulu massacrer son propre peuple joue un rôle dans
le futur gouvernement libyen »469(*).
La France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se
considèrent ainsi comme des « messies » et
justifient leur action comme relevant d'un devoir, d'une obligation qui
épouse les contours de la morale. S'inscrivant dans une sorte de guerre
juste470(*). Ils
poursuivent en ces termes : « le Conseil de
sécurité des Nations Unies, dans une résolution
historique, a autorisé la communauté internationale à
prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la
population libyenne contre les attaques qu'elle subissait. En
réagissant immédiatement, nos trois pays ont
arrêté la progression des forces de KADHAFI. Le bain de
sang dont il avait menacé les habitants de Benghazi,
assiégée, a été évité
[...] »471(*). Ils présentent
leur action comme salutaire, décisive pour le règlement de la
situation. Ils s'en réjouissent d'ailleurs et ne la regrettent
nullement.
3- Le rassemblement pour un soutien à la
transition en Libye au travers de la conférence des amis de la Libye du
1er septembre 2011.
Après les périodes de division entre les
pays (grandes puissances et autres pays du monde dont ceux de l'UA
précisément) concernant les opérations militaires en
Libye, il a été question au cours de cette conférence de
rassembler la communauté internationale dans un format
multilatéral, l'action unilatérale ne s'avérant pas
très propice en raison de la grandeur de la tâche de
reconstruction. L'objectif de cette conférence, pour les initiateurs,
était de soutenir les nouvelles autorités pour les aider à
construire une Libye nouvelle472(*).
Cette conférence a été l'oeuvre
de la France et de la Grande-Bretagne ainsi que l'a rappelé Nicolas
SARKOZY : « nous avons décidé en plein accord avec
David CAMERON de convoquer une grande conférence internationale pour
aider la Libye libre de demain, pour bien montrer que nous passons à
l'avenir»473(*). La stratégie mise sur pied par la France et
la Grande-Bretagne a été de ratisser large. Il n'y a d'ailleurs
pas eu que des partisans du CNT. La Chine et la Russie qui n'ont pas reconnu le
Conseil National de Transition libyen y ont été
représentées. Pékin a dépêché son
vice-ministre des Affaires Etrangères comme observateur, et Moscou a
envoyé à Paris le représentant spécial russe pour
l'Afrique Mikhaïl MARGUELOV. Ces deux pays s'étaient, faut-il le
rappeler, abstenus lors du vote de la résolution du CSNU qui a permis
l'intervention militaire en Libye, qu'ils avaient alors largement
critiquée, sans pour autant l'empêcher.
L'un des enjeux de cette rencontre pour les
alliés était de débloquer au plus vite les fonds libyens
gelés à l'étranger pour permettre aux nouvelles
autorités d'en disposer pour la reconstruction, le paiement des
salaires, et d'éviter le chaos474(*). Plusieurs pays se sont engagés à
débloquer ces fonds à hauteur de 15 milliards $ contre la
promesse de démocratie, de stabilité et de réconciliation
que les autorités du CNT ont faite.
Cette réunion avait aussi pour enjeu de
convaincre les Africains. En ceci Paris ne s'est pas privé d'avancer des
arguments. Par exemple, le dégel des avoirs libyens n'enthousiasme pas
beaucoup d'Etats c'est le cas de la Chine de la Russie, et même de
l'Afrique du Sud, qui boudera la Conférence des amis de la
Libye475(*).
Aussi, les Africains pensent qu'il est précoce de reconnaitre
le CNT et de lui confier l'administration de la Libye. C'est
le sentiment d'Alger, qui ne l'a pas encore reconnu à cette date,
contrairement aux autres voisins de la Libye comme le Tchad, l'Egypte ou encore
la Tunisie. Néanmoins, Alger a dépêché pour cette
conférence son chef de la diplomatie Mourad MEDELCI476(*). En face, à Paris, on
pense que la phase de la transition s'est ouverte avec la victoire des
insurgés à Tripoli477(*). Un des proches du président a
affirmé : « sur le plan militaire, la partie est
jouée »478(*).Ainsi, pour les autorités parisiennes,
les forces de KADHAFI ne peuvent plus reprendre le dessus sur les
insurgés soutenus par les alliés. Tout est donc plié, la
transition peut dès lors être effective. Ce point de vue n'est pas
partagé par l'Union Africaine, qui considère que des combats sont
toujours en cours. Ainsi, les autorités françaises au cours de
cette conférence pour rassurer ont déclaré,
« il n'y a pas d'inquiétude face à une
éventuelle dérive islamiste du CNT. Nous contrôlons la
situation »479(*).
En dehors des cadres multilatéraux, les
interactions des grandes puissances se sont aussi déroulées dans
des cadres bilatéraux.
SECTION II : LES INTERACTIONS DES GRANDES
PUISSANCES DANS DES CADRES BILATERAUX.
Les interactions des grandes puissances dans les
cadres bilatéraux se sont déroulées d'une part entre elles
(paragraphe 1) et d'autre part avec les autres acteurs des Relations
Internationales (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LES INTERACTIONS BILATERALES ENTRE LES
GRANDES PUISSANCES.
Les interactions bilatérales entre grandes
puissances se manifestent par des rencontres entre les chefs d'Etat et de
gouvernement des dites puissances. Ces rencontres visent à mettre la
pression sur les dirigeants en place (A), à proposer des solutions
à la crise (B) et à apporter un réconfort aux rebelles
(C).
A. Les interactions bilatérales pour mettre la
pression sur les dirigeants en place.
Les grandes puissances coopèrent pour mettre la
pression sur Hosni MOUBARAK en Egypte (1) et sur Mouammar KADHAFI en Libye (2).
1- Coopération bilatérale entre
Etats-Unis et Grande-Bretagne pour une pression sur Hosni MOUBARAK.
Le 30 janvier 2011, après le
décès de plus d'une centaine de personnes après six jours
de manifestation en Egypte, le président des Etats-Unis a entretenu une
conversation téléphonique avec le premier ministre britannique
pour accroître les pressions sur le régime de MOUBARAK demandant
un durcissement de la position de l'occident480(*). Les deux hommes d'Etat se sont accordés sur
le fait qu'en Egypte, il faut que H. MOUBARAK entame un processus de
réforme politique devant aboutir à la résolution des
problèmes soulevés par les revendications populaires ainsi
qu'à leur aspiration à un futur démocratique. Ils ont
réprouvé l'usage de la violence contre les manifestants.
Unanimement, les deux dirigeants se sont accordés et ont demandé
que les gouvernants mettent en oeuvre les moyens permettant des manifestations
pacifiques481(*). Ils
ont fait valoir leur coopération bilatérale afin d'associer leur
point de vue pour une synergie d'actions.
2- Actions bilatérales de pression sur Mouammar
KADHAFI.
Les actions bilatérales de pression sur KADHAFI
se sont faites par concertation entre les Etats-Unis et la Russie d'une part
(a) et entre la France et les Etats-Unis d'autre part (b).
a- Négociation entre OBAMA et MEDVEDEV pour
l'accroissement des pressions contre KADHAFI.
Les présidents russe et américain, afin
d'accroître les pressions sur le régime de KADHAFI
négocient pour le gel des avoirs du clan KADHAFI. Cette
négociation a eu lieu à Deauville. Cette approche est tributaire
du bilatéralisme dans lequel l'Etat étale sa puissance en
négociant des arrangements particuliers avec chacun de ses partenaires
pris individuellement482(*).
En effet, en marge du sommet du G8 de mai 2011 tenu
à Deauville, un entretien a eu lieu entre les responsables russes et
américains. Dimitri MEDVEDEV tenait surtout à s'assurer que son
homologue ne céderait pas à la requête des alliés de
s'engager davantage dans l'intervention libyenne. Le président russe a
été rassuré en entendant Barack OBAMA rappeler que
l'«engagement robuste» des Etats-Unis en Libye n'irait pas
au-delà du renseignement sur le terrain militaire. «Nous
soutenons l'intervention en apportant une aide en matière de
renseignement, de communication et d'identification des
cibles»483(*),
a indiqué Michael McFAUL. Une manière de dire qu'un accroissement
du rôle militaire des Américains en Libye n'était pas
à l'ordre du jour.
En revanche, le chef de la Maison-Blanche a
expliqué à son homologue russe que Washington entendait renforcer
son action diplomatique sur le front libyen484(*). L'apport d'un appui à la
rébellion, l'invitation faite à celle-ci d'ouvrir un
bureau de représentation à Washington et la mise sous pression de
KADHAFI, s'inscrivent dans cette panoplie d'actions. Barack
OBAMA a ainsi insisté auprès du président russe sur la
nécessité de coopérer pour faire passer les avoirs
à l'étranger du Guide libyen dans les mains de
l'insurrection485(*).
Cette coopération devait avoir pour effet d'accroître la pression
sur Mouammar KADHAFI. L'action de Barack OBAMA porte des fruits car c'est au
cours de ce sommet du G8 de Deauville que Dimitri MEDVEDEV va pour la
première fois demander à KADHAFI de quitter le pouvoir486(*). Des demandes ont
été formulées par les Etats-Unis auprès des
autorités russes pour qu'elles interviennent comme médiatrices
dans le conflit libyen, afin que Mouammar KADHAFI quitte le pouvoir487(*).
b- SARKOZY et OBAMA : la décision de
chasser KADHAFI.
La résolution de chasser Mouammar KADHAFI a
été prise par Nicolas SARKOZY et Barack OBAMA dans une
déclaration conjointe à la presse lors du Sommet du G8. «
Monsieur KADHAFI doit partir [...] la réalisation du mandat
de l'ONU portant sur la protection des civils libyens ne pourra pas
être complétée tant que KADHAFI cible ses armes contre les
populations civiles sans protection. Et nous sommes
déterminés à conclure ce travail»488(*)ont-ils affirmé.
Cette déclaration témoigne de la volonté
franco-américaine d'afficher aux yeux de la communauté
internationale la bonne santé de leur relation et la collaboration
réelle existant entre ces deux puissances pour la mise en oeuvre de la
résolution 1973 du CSNU. Celle-ci est davantage nécessaire
lorsqu'on sait que la France a été réfractaire au fait de
placer l'intervention sous la bannière de l'OTAN et que Barack OBAMA a
été pendant un moment réticent quant à une
résolution visant à intervenir militairement en Libye.
Le repli américain au début du mois
d'avril 2011 - et ses conséquences prévisibles - a en effet
donné lieu à une vive altercation entre Barack OBAMA et
Nicolas SARKOZY et a fait l'objet de fortes tensions entre
l'Elysée et la Maison Blanche489(*). Les deux hommes se sont durement affrontés
le 28 mars 2011 lors de la visioconférence du
« Quad » (à laquelle participent aussi Angela
MERKEL et David CAMERON)490(*). Nicolas SARKOZY a demandé à Barack
OBAMA de revenir sur sa décision de retirer les A10 et les AC-130 de
l'opération. Ce dernier, dans une attitude conservatoire a
refusé, arguant du fait que la mission de l'OTAN était
d'instaurer une « nofly zone », de protéger les
populations civiles et de créer les conditions d'un changement
politique, non de renverser KADHAFI491(*). Il a également rappelé qu'il
avait prévenu ses alliés que l'engagement américain
lourd serait de très courte durée. Enfin, il a promis de
maintenir les dits-avions en « stand-by » et de
les utiliser à nouveau si - et seulement si - les forces de Kadhafi
menaçaient Benghazi492(*). Entre le début du mois de mars et le 27
avril 2011, la position du Président B. OBAMA a évolué
grâce aux interactions avec les Etats alliés. La
nécessité d'une déclaration commune avec le
Président français Nicolas SARKOZY s'imposait comme illustration
du regain de la bonne qualité de leur relation.
B. Projet de résolution et proposition d'une
solution diplomatique à la crise libyenne par le couple
franco-britannique.
A la genèse des manifestations en Libye, le
couple franco-britannique soumet un projet de résolution au CSNU afin de
limiter les dégâts et arrêter les attaques de M. KADHAFI,
décidé à mâter la révolution. Celui-ci est
apparu le 25 février 2011 sur la place Verte à Tripoli et a
déclaré à ses partisans
« préparez-vous à défendre la Libye. Nous
allons nous battre et nous les vaincrons. La Libye aime
KADHAFI »493(*). Pour y faire face, « Paris et Londres
ont proposé au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de
résolution sur la Libye prévoyant un embargo total sur les armes,
des sanctions, et une saisine de la CPI pour crime contre
l'humanité »494(*). Paris et Londres ont ainsi fait valoir leur
puissance par leur capacité à mettre sur agenda onusien la
question des résolutions contre le régime libyen. Ces deux
puissances ont ainsi fait prévaloir leur capacité à
structurer leur environnement international.
Dans le cours de l'intervention placée sous la
coupe de l'ONU, le couple franco-britannique a préparé une
initiative pour un règlement pacifique de la crise
libyenne. Après une semaine de bombardements la France et la
Grande-Bretagne ont tenté d'ouvrir un nouveau chapitre. Nicolas SARKOZY
et David CAMERON comptaient dévoiler avant le 29 mars 2011 les
étapes d'un règlement pacifique en Libye.
«Vraisemblablement avant le sommet à Londres, CAMERON et
moi-même proposerons une voie commune. Ce sera une initiative
franco-britannique pour bien montrer que la solution ne peut pas être que
militaire, elle sera forcément une solution politique et
diplomatique»495(*), a annoncé le chef de l'Etat français
à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles. Cette action
ou encore ambition franco-britannique vise à diversifier les approches
de résolution de la crise libyenne et aussi certainement à
apaiser les Etats qui se plaignent de la tournure qu'a pris l'intervention
militaire en Libye à savoir la guerre civile animée par les
alliés.
C. La visite de réconfort au CNT libyen
effectuée par le couple franco-britannique.
Le président N. SARKOZY et le premier ministre
D. CAMERON se sont rendus à Benghazi le 15 septembre 2011 afin
d'apporter du réconfort aux autorités du CNT496(*). En plus de l'appel à
l'unité des libyens lancé par N. SARKOZY et l'appel à se
rendre lancé à KADHAFI par D. CAMERON, cette visite est aussi
caractéristique d'un empressement de ces deux Etats pour la proposition
de leurs services aux autorités libyennes du CNT dont le pays
ravagé par la guerre civile doit être reconstruit497(*).
Au cours de cette visite, D. CAMERON a rassuré
les rebelles, déclarant que « le mandat de l'OTAN se
poursuivra jusqu'à ce que les civils soient protégés et le
travail accompli »498(*). Il a aussi annoncé que la Grande-Bretagne
assistera la Libye dans sa reconstruction499(*). Dans la même lancée, SARKOZY a pour
sa part déclaré : « vous pouvez compter sur
notre amitié et notre admiration. Ceux qui ont commis des crimes seront
poursuivis »500(*). Lorsqu'on sait en Afrique ce que vaut un
ami501(*), cette
intervention du président français a assurément
apporté aux insurgés le stimulus nécessaire pour aller de
l'avant.
Les interactions entre grandes puissances n'ont pas
suffi, il fallait tenir compte de la spécificité régionale
des pays touchés par la crise d'où une coopération avec
d'autres Etats. Ce qui a conduit à d'autres types d'interactions.
PARAGRAPHE II : LES INTERACTIONS BILATERALES ENTRE LES
GRANDES PUISSANCES ET LES AUTRES ACTEURS DES RELATIONS INTERNATIONALES.
Les Relations Internationales sont animées par
une pluralité d'acteurs502(*) : ce sont les Etats, les Organisations
Internationales et les Individus. Compte tenu de la complexité du
printemps arabe, des ressources supplémentaires s'imposaient aux grandes
puissances. Selon Jacques ROJOT, « les ressources sont ce dont l'acteur a
intérêt à se servir»503(*) pour atteindre son objectif. Aussi, il y a action
collective lorsque des acteurs entreprennent un effort collectif basé
sur des intérêts réciproques et l'attente de
bénéfices mutuels504(*). Dans ce sillage, les interactions des grandes
puissances se sont faites avec le monde arabe d'un côté (A) et
l'Afrique de l'autre (B) considérées comme des ressources.
A. Les interactions avec les acteurs du monde
arabe.
Par monde arabe, nous entendons les acteurs qui
appartiennent à l'espace arabophone (Etats ou Organisations
régionales)505(*). La Tunisie, l'Egypte et la Libye appartiennent
à cet espace géographique. C'est ainsi que nous avons des
interactions avec les Etats (1), avec les organisations (2) et avec un individu
(3).
1- Les interactions avec les Etats du monde
arabe.
Les interactions entre les grandes puissances et les
Etats du monde arabe sont perceptibles dans l'aide au cadrage
(a) et aussi dans les contributions financières et militaires (b).
a- L'aide au cadrage.
Le cadrage est l'ensemble
des « altérations subtiles dans la définition
ou présentation des problèmes de jugement ou de choix et les
changements résultant de ces altérations dans les
décisions subséquentes »506(*). Dans ce
sillage, les auteurs du rapport sur la Libye attestent que :
« le royaume saoudien et le régime de Doha ont
joué un rôle décisif dès les premières
heures de la rébellion, par l'intermédiaire de leurs chaines
de télévision Al-Arabia et Al-Jazeera qui ont « fait
» l'opinion à partir de données erronées, sinon
délibérément mensongères »507(*). LYENGAR Shanto dans son
ouvrage très significatif ne pouvait pas faire mieux quant à
l'indexage de la télévision comme agent de construction des
politiques car le Qatar, grâce à Al-Jazeera a été
pour beaucoup dans la construction du printemps arabe, surtout qu'il est
reconnu aux médias, les capacités co-productives des
événements508(*).
Dans un interview accordé à Tunisie
Secret, Naoufel Brahimi El MILI révèle que « les
Américains ont été suffisamment opportunistes pour
capitaliser un mécontentement généralisé et le
canaliser avec l'aide du Qatar et ses trois éléments de
puissance, l'argent, Al-Jazeera et la religion »509(*). Il atteste par cette
déclaration de l'implication effective du Qatar dans l'essor du
printemps arabe.
En effet, les méthodes et le style
d'Al-Jazeera, malgré des incohérences peu éthiques, ont
incontestablement aidé à l'éclosion du printemps
arabe510(*). Il convient
de relever que concernant son indépendance, en raison même de sa
source de financement, Al-Jazeera ne semble jamais remettre en question la
politique de l'Etat du Qatar511(*). Elle est donc au service de l'Etat et l'a
été pendant le printemps arabe dans le cadrage des
évènements.
Al-Jazeera est considérée comme la
chaine des révolutions arabes512(*). Cette réalité se situe dans le
sillage constructiviste où A. WENDT précise que « les
acteurs agissent sur la base des significations que les objets ont pour eux et
(...) que (...) les significations sont des constructions
sociales »513(*).
Plusieurs auteurs affirment l'importance d'Al-Jazeera
dans le processus de construction du printemps arabe et de la
considération qu'ont eu les grandes puissances pour ce mouvement
inédit dans le monde arabe.
Bahgat ELNADI s'exprimant à propos de l'impact
d'Al-Jazeera déclare : « nous sommes restés
à Paris. Nous avons pu suivre les événements, bien
sûr, à travers certains contacts personnels, mais de
manière continue, en temps réel, à travers Internet et la
télé. Ici, coup de chapeau à Al-Jazeera, car cette
chaîne d'information est allée bien au delà du journalisme.
Elle a pris fait et cause pour les révolutions
arabes »514(*). Adel RIFAAT poursuit : « durant les
tout premiers jours de la révolution, le gouvernement égyptien
avait réussi à plonger les réseaux de médias
personnalisés (Internet, Facebook...) dans un état
quasi-cataleptique. Al-Jazeera a pris, en quelque sorte, le relais. La
communication place Tahrir s'est faite, à haute voix, à travers
elle. Les révolutionnaires n'étaient plus coupés les uns
des autres et ils restaient en contact avec l'ensemble de la
population »515(*). Certains auteurs vont jusqu'à parler du
printemps arabe comme étant une « révolution
al-Jazeera »516(*), comme pour signifier la
prééminence de ce média dans la perception du printemps
arabe.
Al-Jazeera, en présentant les images a permis
aux autres pays arabes d'apporter leur soutien aux initiatives occidentales. Ce
soutien en fonction des dires des autorités occidentales s'est
présenté comme étant indispensable pour les actions. Selon
Bernard LUGAN, « le processus de déstabilisation de la
Libye a été très largement pensé et supporté
par le Qatar qui, dans un premier temps, a utilisé Al-Jazeera pour
diaboliser le régime KADHAFI. Le bras armé de cet insatiable et
arrogant petit émirat fut Nicolas SARKOZY qui, subverti par BHL, imposa
l'intervention internationale en reprenant à son compte les mensonges
d'Al-Jazeera au sujet d'une menace inventée sur les populations de
Benghazi »517(*). Il ya également eu des contributions
financières et militaires.
b- Les contributions financières et militaires
des pays du Monde arabe.
Nous notons que l'action collective dans sa logique de
rationalité des décisions à prendre impose un minimum de
considérations518(*). Comme Alain JUPPE l'a rappelé à
plusieurs reprises, « l'intervention de la France ne peut se
faire sans un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies,
avec le soutien et la participation active des pays arabes. S'agissant de cette
deuxième condition, plusieurs pays arabes ont assuré qu'ils
participeraient à des interventions dans le cadre du mandat des Nations
unies »519(*). Ceci témoigne de l'importance de
l'association avec les pays arabes. Les puissances appartenant à
l'Europe, à savoir France et Grande-Bretagne ont cherché et
trouvé des alliances auprès de régimes dont les
références dictatoriales valent largement celles de Muammar
KADHAFI : l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis520(*).
De même, la déclaration suivante atteste
de la réalité d'une interaction positive521(*) dans un élan de
coopération entre les grandes puissances et les pays arabes. Sir
LYALL GRANT affirme : « avec nos partenaires du monde arabe
et de l'OTAN, nous sommes disposés à assumer nos
responsabilités pour faire appliquer la résolution 1973
(2011). L'objectif principal de la résolution est clair : mettre fin
à la violence, protéger les civils et permettre au peuple libyen
de définir son propre avenir, libéré de la tyrannie du
régime de KADHAFI»522(*). Le diplomate britannique reconnaît
l'existence d'un partenariat, d'une coalition entre les pays arabes et les
grandes puissances pour l'atteinte des objectifs du printemps arabe
Ainsi, le Qatar et l'Arabie Saoudite ont
été parties prenantes pour attiser les révolutions arabes,
aux côtés des grandes puissances, par un soutien logistique et
financier grâce aux pétrodollars, aux
« gazodollars » et même aux troupes qataries au
sol. Le Qatar a contribué financièrement et militairement
à renverser le colonel KADHAFI523(*).
« Il n'aurait pas été
possible aux révolutionnaires libyens soutenus par l'OTAN de renverser
le despote, le colonel Mouammar KADHAFI, sans le cheikh HAMAD qui a garanti la
prise en charge du coût de la campagne atlantique sur la Libye par les
revenus du gaz qatari »524(*), affirme Bernard DICK. Des sources occidentales
révèlent que les forces atlantiques qui ont participé
à cette campagne n'ont dépensé aucun centime pour couvrir
les frais de plus de quarante mille raids aériens dont le but
était la destruction de l'armée libyenne et de plus celle de
centaines d'édifices de services et de production libyens525(*).
De même, les décisions de financement
prises par les grandes puissances regroupaient également les
contributions des pays du monde arabe. On notera qu'au sommet d'Abu Dhabi du 9
juin 2011, pour soutenir les rebelles libyens, le Qatar s'engage à
verser une somme de 69 millions d'euros526(*).
Sur le plan militaire, Pierre BATIDE, parlant du
Qatar, écrit : « le petit émirat va
jusqu'à l'engagement armé, aux côtés des
Occidentaux, en Libye contre Mouammar Kadhafi »527(*). En effet, Le Qatar et
l'Arabie Saoudite font partie du groupe de contact qui opère les
bombardements sur la Libye. Outre les troupes qataries au sol, leur
participation militaire est matérialisée par l'emploi de 12
avions de combat (6 Mirage 2000, 6 F-16F) utilisés par l'Arabie Saoudite
et de 6 chasseurs Mirage 2000-5 et 2 avions de transport C-17, utilisés
par le Qatar528(*).
Ces actions des pays arabes de concert avec les
grandes puissances se situent simplement dans la mise en oeuvre des
décisions du CSNU qu'ils avaient, déjà, dans le cadre des
Organisations régionales sollicitées et
entérinées.
2- Les interactions avec les organisations du monde
arabe.
Si Français et Britanniques sont les
premiers à défendre au Conseil de sécurité le
principe d'une zone d'exclusion aérienne, ils sont rejoints le 12 mars
2011 par la Ligue arabe, qui dans une position sans précédent
dans son histoire appelle également à protéger les
civils par des zones de sécurité529(*). Il y a eu interaction entre
les grandes puissances et les organisations du monde arabe. Notamment la Ligue
arabe et l'Organisation de la Conférence Islamique.
Déjà désolidarisé de M.
KADHAFI, Chantre du nationalisme arabe530(*) qui avait cependant irrité un certain nombre
de ses voisins arabes, les Etats de la Ligue Arabe « sombrèrent
dans le règlement de comptes personnels »531(*). La Ligue avait
appelé le 12 mars 2011 - soit une semaine avant l'adoption de la
résolution 1973 - le Conseil de Sécurité à «
autoriser une zone d'exclusion aérienne » et, estimait comme les
occidentaux que le colonel avait « perdu sa légitimité
» et ne voulait coopérer qu'avec le CNT532(*). La Ligue Arabe adressant
cette demande entrait en interaction avec les grandes puissances par un
procédé discursif. Cet appel ne sera pas du bluff. Elle avait
déjà suspendu la Libye de KADHAFI de ses travaux en
février 2011533(*). Elle a ainsi co-agi avec les grandes puissances
pour mettre la pression sur le régime du guide libyen. Au moment de
manifester sa solidarité avec la voie choisie par l'Occident, à
savoir l'adoption d'une résolution instaurant une no-fly zone, la Ligue
ne se fera pas prier.
Le Liban, seul pays de la Ligue siégeant au
Conseil de sécurité lors du vote de la résolution 1973, a
voté pour celle-ci534(*). Le représentant libanais au Conseil de
Sécurité s'est « réjoui que les membres du Conseil ne
soient pas restés les bras croisés »535(*). Il précisait que
« le Liban, qui a vécu les atrocités de la guerre, ne
peut appuyer le recours à la force dans aucun pays et surtout pas en
Libye, « ce pays frère », [...]. La présente
résolution aura un rôle dissuasif et permettra d'éviter
tout recours à la force. Il [...] faut respecter la souveraineté
territoriale de la Libye et [...] parvenir à une solution pacifique
». Affirmait-il pour attester de l'adhésion de son pays.
Pour le président B. OBAMA, le soutien de la
Ligue arabe et la légitimation par le Conseil de sécurité
ont été les deux préalables indispensables à la
participation américaine à une opération en
Libye536(*).
Il faut relever que l'intransigeance de KADHAFI, qui
n'était certainement pas un saint, lui a coûté cher :
il a été attaqué par l'OTAN avec le soutien et la
participation d'une Ligue Arabe enthousiaste537(*). Relevons aussi que l'Emir du Qatar s'est investi
personnellement afin d'influencer la décision des Etats-Unis.
3- Les interactions avec l'Emir du Qatar pour un appui
à la décision des Etats-Unis.
L'on se souvient de l'attitude des Etats-Unis, au
moment du vote de la résolution 1973538(*). C'est avec l'aide de l'Emir du Qatar qu' avait
été organisée le rendez-vous au cours duquel Hillary
CLINTON, recevant un émissaire libyen, l'ex-ambassadeur de KADHAFI en
Inde passé dans l'opposition, Mahmoud DJIBRIL, avait été
convaincu de la nécessité de faire appuyer par son pays, les
Etats-Unis, une résolution forte contre la Libye, ceci malgré la
réticence du Président B. OBAMA.
Cette rencontre, organisée conjointement par
Bernard Henry-LEVY et l'émir du Qatar, se révéla
décisive539(*).
Après leur entretien, la secrétaire d'Etat discute par
vidéoconférence avec des conseillers d'OBAMA, dont l'ambassadrice
Susan RICE. Elle leur dit que la rébellion est dans une situation plus
désespérée qu'elle ne l'imaginait, que si rien n'est fait
KADHAFI l'emportera et que l'Amérique sera montrée du doigt,
comme en Bosnie et au Rwanda. Elle leur fait part aussi de sa rencontre
à Paris avec l'émir du Qatar : les Etats du Golfe, lui a-t-il
expliqué, sont prêts à aider les Occidentaux
militairement540(*).
Elle précise que la Ligue arabe a d'ailleurs, deux jours auparavant,
donné son feu vert politique à une intervention541(*).
Dans le même ordre d'idée, lorsqu'on
étudie les conditions de décision du président N. SARKOZY,
l'on note qu'il a été soumis à l'influence de
Bernard-Henri Lévy et de l'émir du Qatar, qui l'ont
poussé à recevoir, à reconnaître et à
soutenir le CNT542(*).
Quoique la Tunisie, l'Egypte et la Libye soient des
pays appartenant à l'espace arabophone, ils sont situés sur le
continent africain d'où leur participation par exemple aux joutes
sportives organisées sur le continent543(*). Cette réalité a emmené les
puissances à interagir avec les entités du continent.
B. Les interactions avec les Etats africains.
Sur le continent africain, les puissances mettent en
oeuvre des stratégies visant la recherche du soutien des Etats. Cette
recherche est visible à deux moments.
D'abord pour aboutir à la chute des dirigeants
en place. Il importe de relever que « le déroulement
conflictuel voit souvent une montée en généralité,
une montée en puissance, une surenchère et une escalade de la
violence, puis des médiations extérieures (...) prélude
à une sortie de crise »544(*). Dès lors, recherchant le soutien de
l'Afrique, acteur à la crise, Paris invite les chefs d'Etats africains
à se désolidariser de KADHAFI545(*). Cet appel fera échos auprès de
certains d'entre eux comme le président Abdoulaye WADE du
Sénégal, pourtant allié de KADHAFI dans le processus de
construction de l'UA546(*).
Par ailleurs, le président WADE a reçu,
le 18 mai 2011, une délégation du Conseil National de Transition,
rapporte
le quotidien dakarois Walf Fadjri547(*). A l'issue de l'entretien, le chef de
l'Etat a fait savoir que son pays reconnaît désormais le CNT.
D'après le journal, Le Monde, Abdoulaye WADE considère la chute
du colonel KADHAFI comme irréversible. Pourtant, le président
était considéré comme un ami et un allié du
dictateur de Tripoli. Ce dernier prodiguera un conseil à son ami
KADHAFI, joignant sa voix à celle des alliés pour lui demander de
quitter le pouvoir548(*).
Ensuite pour résoudre les problèmes
liés au printemps arabe. Dans cette perspective, D. MEDVEDEV fait
prévaloir l'approche de coopération bilatérale pour
régler le conflit libyen. Le chef d'Etat russe comptait s'appuyer sur le
président sud africain pour se faire entendre. Il lui a dit :
« je voudrais discuter de la situation en Libye pour trouver des
solutions pacifiques à ce problème. Je voudrais que les
représentants de l'OTAN entendent de ma part et peut être de la
votre notre opinion sur ce qui se passe en Libye et sur les moyens d'instaurer
la paix dans ce pays »549(*). Le président MEDVEDEV a ainsi certainement
pu se présenter aux yeux des dirigeants africains comme celui qui
partage leur point de vue.
Toujours dans le but de résoudre les
problèmes liés au printemps arabe, s'agissant du problème
de sécurité post-KADHAFI, la France fait recours à
l'Afrique du Sud. Le président HOLLANDE en visite officielle dans ce
pays a déclaré : « (...) d'autres questions
nous préoccupent : ce qui se passe en Libye, cela peut paraître
encore plus loin ; puisque c'est tout au Nord de l'Afrique. Cela a des
conséquences et pour l'Afrique avec diffusion du terrorisme, et pour
l'Europe également avec, vous voyez ce spectacle tragique de ces
réfugiés qui partent sur des rafiots avec des passeurs et qui
trouvent la mort près de Malte ou près des côtes de
l'Italie. Nous devons régler ces conflits. Ce qui est très
important, c'est qu'entre l'Afrique du Sud et la France, nous nous trouvons en
accord pour y parvenir »550(*).
En guise de conclusion à cette première
partie, nous avons constaté que les actions des grandes puissances ont
été dirigées par des logiques individuelles mais aussi
collectives afin d'intervenir au cours du printemps arabe. Mues par la
concurrence, elles ont fait prévaloir leur autorité
révélatrice de leur puissance. On a pu ainsi relever l'existence
de deux groupes de puissances : les puissances très actives et les
puissances moins actives quoique certaines de leurs actions soient similaires
et d'autres spécifiques.
Ensuite en raison de la complexité de la crise
arabe, du fait des contraintes auxquelles elles ont fait face, les grandes
puissances se sont appuyées sur de nombreuses stratégies dont la
coopération bilatérale et même multilatérale. Ces
coopérations se sont faites entre elles et avec d'autres Etats dont
principalement ceux du monde arabe et de l'Afrique. Il convient cependant de
relever que cette intervention et même les coopérations
n'étaient pas un long fleuve tranquille. Leurs actions ou inactions,
soumises à diverses contraintes, pour l'atteinte de leurs objectifs,
sont tout aussi motivées par de multiples enjeux.
DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX ET CONTRAINTES
STRUCTURANT LES ACTIONS ET INTERACTIONS DES GRANDES PUISSANCES
Dans une relation organisationnelle,
chaque acteur dans le jeu est libre et veut faire prévaloir ses
intérêts, gagner, satisfaire ses objectifs, défendre ses
ressources. L'on se retrouve au coeur d'« une situation dans
laquelle chaque acteur se comporte stratégiquement dans la perspective
d'atteindre son ou ses objectifs en présence d'autres acteurs qui se
comportent exactement de la même
manière »551(*).
C'est dans cette logique
d'interdépendance que les grandes puissances interviennent au cours du
printemps arabe. Dès lors, la participation de ces acteurs
internationaux dans une crise locale est sous-tendue par une diversité
d'enjeux (chapitre III). Cependant, en fonction de ces enjeux, ces acteurs font
face à « des éléments de fait et des
données qui vont être défavorables à la progression
de leurs objectifs »552(*) . Il s'agit là des contraintes auxquelles
ils sont soumis (chapitre IV).
CHAPITRE III
UNE INTERVENTION SOUS-TENDUE PAR DES MULTIPLES
ENJEUX
Les grandes puissances qui interviennent au cours du
printemps arabe suivant les différentes logiques (unilatéralisme,
bilatéralisme ou multilatéralisme), agissent dans un contexte
d'interdépendance stratégique553(*) où ils se comportent en acteurs
stratégiques, c'est-à-dire « des acteurs empiriques
dont les comportements sont l'expression d'intentions, de réflexions,
d'anticipations et de calculs et ne sont en aucun cas entièrement
explicables par des éléments
antérieurs »554(*). Ce qui signifie que ceux-ci recouvrent des enjeux
(spécifiques ou collectifs) qui structurent les interactions entre les
acteurs. L'appréhension de ces enjeux nécessite une
compréhension explicative, c'est-à-dire la détermination
par interprétation de la motivation, du « sens
visé » par les différents partenaires555(*) .
Pour J. ROJOT, « les acteurs ont toujours des
objectifs. Il n'y a pas d'acte gratuit, le comportement de chacun dans une
situation interactionnelle est toujours orienté vers des buts
précis. En d'autres termes, le comportement humain est
stratégique. Chacun est actif dans une direction qu'il suit vers ses
propres objectifs »556(*). Autant il est vrai que J. ROJOT parle dans son
texte des êtres humains qu'il est également vrai que cette
affirmation peut être transposée à la réalité
des Etats. Dans ce sens, on peut affirmer que le comportement des Etats est
stratégique. Chaque Etat est actif dans une direction qu'il suit vers
ses propres objectifs.
Ainsi, dans leurs interactions, les grandes puissances sont
mues par des enjeux qui structurent leurs actions. Ces enjeux peuvent
être soit manifestes (section I) soit latents (section II).
SECTION I : LES ENJEUX MANIFESTES
Selon J. ROJOT, les enjeux
manifestes sont « ceux que l'acteur avance pour expliquer son
action »557(*). L'intervention des grandes puissances au cours du
printemps arabe révèle une diversité d'enjeux. Selon que
les puissances étaient pro ou anti-intervention étrangère,
elles sont guidées par des enjeux différents. Nous nous
attèlerons à présenter les enjeux poursuivis par les
puissances très actives (Paragraphe I) puis suivra la
présentation de ceux poursuivis par les moins actives (Paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : LES ENJEUX POURSUIVIS PAR LES PUISSANCES
TRES ACTIVES.
Que ce soit la France, la Grande-Bretagne ou les
Etats-Unis, les buts de leurs interventions individuelles ou collectives sont
doubles : la protection des civils (A), et l'instauration de la
démocratie dans le Maghreb (B).
A. La protection des civils.
La protection des civils a
été mise en avant pour justifier l'intervention des grandes
puissances dans le printemps arabe.
La protection des civils en Libye comme enjeu
poursuivi par les grandes puissances dans ce pays relève de la
quintessence même de la résolution 1973 du CSNU qui en son article
4 dispose que « le Conseil de Sécurité autorise les
Etats Membres qui ont adressé au Secrétaire général
une notification à cet effet et agissent à titre national ou
dans le cadre d'organisme ou d'arrangements régionaux et en
coopération avec le Secrétaire général à
prendre toutes mesures nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la
résolution 1970 (2011), pour protéger les populations et les
zones civiles menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne y compris
Benghazi (...) ». Il s'agit de l'ingérence
humanitaire que Charles ROUSSEAU définit comme
« l'action exercée par un Etat contre un gouvernement
étranger dans le but de faire cesser les traitements contraires aux lois
de l'humanité qu'il applique à ses propres
ressortissants »558(*).
La crainte des Occidentaux étant de se voir reprocher
une non-assistance à peuple en danger, non seulement à l'heure
des premières représailles contre l'opposition, mais aussi dans
la suite du conflit qui peut, tant que M. KADHAFI n'a pas perdu,
réellement détruire le pays et le conduire à un
éclatement tribal qui l'empêcherait de pouvoir se reconstruire un
jour559(*). La France,
la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se sont appropriés cet article et
l'ont abondamment réitéré dans leurs discours tout au long
de la crise libyenne. C'est ainsi qu'afin de renouveler cet engagement, le
premier ministre britannique D. CAMERON au cours de sa visite à Benghazi
en septembre 2011 a pu rappeler que « le mandat de l'OTAN se
poursuivra jusqu'à ce que les civils soient protégés et le
travail accompli »560(*). Aussi, les Etats-Unis seraient, même seuls,
garants de la paix dans le monde et de la prévention des
conflits561(*). Cette
réalité énoncée par COURMONT
Barthélémy, NIQUET Valérie et NIVET Bastien nous permet de
nous rendre compte de ce que cet objectif est traditionnel aux Etats-Unis.
Les présidents N. SARKOZY et B. OBAMA l'ont
réaffirmé à Deauville. En marge du sommet du G8 de mai
2011, ils avaient en l'occurrence déclaré que « la
réalisation du mandat de l'ONU portant sur la protection des
civils libyens ne pourra pas être complétée tant que
KADHAFI cible ses armes contre les populations civiles sans
protection »562(*).
Aussi, lors d'une tripartite
France-Grande-Bretagne-Etats-Unis, les présidents N. SARKOZY et B. OBAMA
et le premier ministre D. CAMERON réaffirmant leur engagement militaire
en Libye n'ont pas manqué l'occasion de répéter le mobile
de celui-ci en ces termes : « aux termes de la
résolution 1973 du Conseil de sécurité, notre devoir et
notre mandat sont de protéger les civils »563(*).
Il convient de préciser que cet objectif a
été évoqué par le gouvernement français pour
justifier sa forte implication dans le processus ayant abouti à
l'adoption de la résolution 1973. Alain JUPPE avait alors
précisé « nous ne pouvons abandonner à leur
sort des populations civiles victimes d'une brutale
répression »564(*) . Devant l'assemblée nationale
française, cette position a été ravivée :
« nous ne conduisons pas une guerre contre la Libye, mais
une opération de protection des populations civiles, une
opération de recours légitime à la force, placée
sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies. Nos objectifs sont
précis et ils sont, je veux le dire solennellement ici devant
vous, strictement conformes aux paragraphes 4 et 6 de la
résolution 1973»565(*).
Davantage les Etats-Unis ont placé cette
intervention dans un cadre de devoir. En effet, les Etats-Unis sont des
habitués de ce genre d'interventions dites de
« protection » des droits humains. On les a vus au Kosovo,
en Irak, en Somalie. « La liberté constitue un pilier de
la société américaine »566(*) . A cet
égard, les Etats -Unis pensent être le gardien du monde. Pour John
Fitzgerald KENNEDY567(*), « la cause de l'humanité est
la cause de l'Amérique. (...) Nous sommes responsables du maintien de la
liberté dans le monde »568(*). Théodore ROOSEVELT avait
déjà eu à préciser que
« l'Amérique peut se voir forcée, bien qu'à
contrecoeur, dans des cas flagrants d'injustice ou d'impuissance, à
exercer un pouvoir de police internationale »569(*). L'intervention au cours du
printemps arabe s'inscrit dans la logique de ces propos puisque, au moins
officiellement, ils y sont intervenus pour protéger les libertés.
Il existe une idée de messianisme chez les
Américains570(*).
Cette idée se vérifie allègrement dans les propos de
Woodrow WILSON lorsqu'il déclare « l'Amérique est
la seule nation idéale dans le monde. (...) L'Amérique a eu
l'infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le
monde. (...) Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant
liberté et justice. (...) Je crois que Dieu a présidé
à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer
la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la
liberté »571(*). John Fitzgerald KENNEDY déclarait en
son temps « nous appuierons n'importe quel ami et nous nous
opposerons à n'importe quel adversaire pour assurer la survivance et la
victoire de la liberté »572(*).
L'intervention américaine pour cause de
défense des populations civiles attaquées, afin de leur donner la
liberté, est donc le fruit de leur culture. Toutes les puissances
impliquées dans l'intervention en Libye n'ont pas hésité
à répéter le but dans une perspective de
« répétez, répétez, il en restera
toujours quelque chose »573(*), ceci pour se justifier.
En Tunisie comme en Egypte d'ailleurs c'est la
violation des Droits de l'Homme par les gouvernements en place au cours de la
crise manifestée par une répression des manifestants qui a
amené les grandes puissances à faire pression sur les dirigeants
afin que celle-ci cesse. Nous pouvons par exemple rappeler l'intervention des
Etats-Unis auprès de l'armée égyptienne574(*) afin que celle-ci permette
des manifestations sans incidents.
Tout compte fait, la protection des civils a
été l'enjeu premier de l'intervention des grandes puissances,
dans le Maghreb, placé sous le signe de la R2P575(*). Toutefois, ce n'est pas
l'unique.
B. L'instauration de la démocratie.
L'instauration de la démocratie est l'autre
enjeu qui fédère les actions des grandes puissances tant en Libye
qu'en Tunisie et en Egypte. En effet la fin de la première
décennie et le début de la deuxième décennie 2000
sonnent pour les pays de l'Afrique du Nord comme les années 90 pour les
pays de l'Afrique subsaharienne.
Le respect des principes démocratiques
apparaît depuis la fin des années 90 comme un critère
incontournable de la légitimité internationale576(*). « L'obsession
de la garantie contre l'avenir, du gouvernement anticipé du futur,
s'installe désormais comme référence de la plupart des
discours politiques. Il ne s'agit plus de transformer le monde mais de
l'assurer. Il ne s'agit plus d'imaginer l'avenir mais de le
contraindre »577(*).
Avec le printemps arabe, mues par leurs cultures,
leurs valeurs578(*),
éléments qui guident les actions des acteurs sur la scène
internationale, les grandes puissances saisissent cette fenêtre
d'opportunités pour contraindre le Maghreb à la
démocratie. D'ailleurs, pour paraphraser A. TOURAINE, nous pouvons
affirmer que les valeurs ne sont rien d'autre que les exigences de
l'action579(*).
Aussi, l'Amérique incarne des valeurs de
liberté, de démocratie et de libéralisme qui ont
façonné son histoire, et font encore aujourd'hui sa
fierté580(*). De
plus, Robert KAGAN voit en l'Amérique un acteur incontournable des
relations internationales, et n'exclut pas une forme d'unilatéralisme
pour garantir le succès de valeurs démocratiques581(*). Sur ce postulat,
l'intervention des Etats-Unis se voulait plus qu'impérative pour ne pas
aller à l'encontre de ses valeurs.
A bien des égards, Washington affiche une
volonté de s'engager dans certaines régions afin d'implanter la
démocratie et d'apporter des valeurs universelles582(*). Plus encore, la notion de
démocratie est souvent associée à la cohésion
sociale, et apparaît comme un élément important dans
l'image que véhicule la puissance583(*). Les comparaisons entre Washington et les empires
coloniaux sont justifiées par l'existence d'un discours prônant la
défense de valeurs universelles -mission civilisatrice hier,
implantation de la démocratie aujourd'hui - et des moyens militaires
importants pour les faire respecter584(*).
Centre du système international dont elles ont
organisé la mondialisation, les grandes puissances (France,
Grande-Bretagne, Etats-Unis) occupent une même position de pouvoir et
sont réunies par une même grammaire politique à
prétention universaliste585(*): la démocratie. Par conséquent face
à ce triomphe de la démocratie libérale, Francis FUKUYAMA
déclare la fin de l'histoire586(*). C'est cette prétention à
l'universalité démocratique qui justifie l'action des acteurs de
la communauté internationale dans le champ politique maghrébin.
Cette perspective est illustrée par un processus discursif.
En effet, la démocratie est donc devenue le
« Only game in the town »587(*). Ce thème a
été, aussi bien que le premier, abondamment repris dans les
discours des grandes puissances.
Elles se sont, dans certains cas, exprimées
comme venant simplement appuyer l'ambition de démocratisation des
peuples du Maghreb. Ainsi, dans son interview à l'Express du 4 mai 2011
le président français soulignait qu'il fallait :
« soutenir de toutes nos forces l'émergence de la
démocratie dans les pays arabes.....La rue arabe qui s'exprime pour la
démocratie et la non violence est la meilleure nouvelle pour les
démocraties»588(*).
Dans le même ordre d'idées, David
CAMERON, a indiqué cet enjeu et cette optique de soutien lors du sommet
du G8 de Deauville de mai 2011. Il a déclaré : « je
veux que ce sommet débouche sur un message très simple et
très clair, celui que les plus grandes puissances mondiales se sont
réunies pour dire à ceux qui, au Proche-Orient et en Afrique du
Nord, veulent plus de démocratie, plus de liberté et plus de
droits, nous sommes à vos côtés»589(*). Il poursuit en ces
termes : « nous aiderons à la construction de
votre démocratie, nous aiderons vos économies (...) nous vous
aiderons par tous les moyens, parce que l'alternative à une
démocratie établie c'est encore plus de l'extrémisme
venimeux qui a fait tant de dégâts dans notre
monde»590(*).
Dans d'autres cas les dirigeants des grandes
puissances présentent l'ambition d'instaurer la démocratie contre
tout scepticisme. C'est ainsi qu'à la conférence des ambassadeurs
de France le président SARKOZY a annoncé « (...) au
Sud de la Méditerranée où la religion demeure une
référence centrale, tout l'enjeu des printemps arabes est de
montrer par l'exemple que l'affirmation de ces valeurs591(*) ne s'oppose en rien
à l'Islam. Enraciner la démocratie, c'est bien sûr
organiser des élections libres, mais c'est aussi accepter l'alternance
au pouvoir ; c'est respecter les droits et les choix des individus et des
minorités »592(*). Ce faisant, le président
démontre « la volonté de la France d'accompagner
avec détermination le mouvement des peuples vers la
démocratie »593(*). Cette volonté s'inscrit dans ce que Mwayila
TSHIYEMBE594(*)
identifie comme fondement de la politique étrangère de la France
à savoir les droits de l'homme. Dans ce sillage, il écrit
« la France, c'est l'autre pays du messianisme fondé sur
la primauté des droits de l'homme et le droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes »595(*). Il ajoute que « (...) les droits de
l'homme autant que les aspirations des peuples à disposer
d'eux-mêmes constituent le premier fondement universaliste de la
politique étrangère de la France »596(*). La France a donc saisi
l'opportunité du printemps arabe pour réaffirmer son attachement
à la démocratie qui offre la possibilité aux peuples de
choisir librement leurs dirigeants.
Aussi, la démocratie présente entre
autres principes, la liberté d'expression. C'est dans cette veine que
les autorités américaines ont fait pression sur le gouvernement
tunisien afin que celui-ci rouvre l'espace internet qu'il avait fermé
empêchant les populations de mener à bien leur activités
d'information et de regroupement des manifestants au cours des
événements de janvier 2011.
En Egypte l'acharnement est le même. Hillary
CLINTON l'a fait savoir lorsqu'elle déclare « nous
sommes du côté, (...) d'une Egypte démocratique qui
pourvoie des droits politiques et économiques à son peuple, qui
respecte les Droits de l'Homme universels pour tous les Egyptiens. Nous voulons
voir une transition vers la démocratie »597(*).
Animée par le même souci au sujet de
l'Egypte que les Etats-Unis à savoir l'instauration de la
démocratie, la Grande-Bretagne par la voie de son premier ministre
déclare qu' « il est dans l'intérêt de tous
qu'il y ait des lois et des règles fortes, une démocratie bien
ficelée »598(*). La complexité de la crise libyenne leur
a donné de rechercher un cadre légal et légitime pour
assurer l'atteinte des deux enjeux susmentionnés. Aussi, elles ne se
sont pas limitées aux discours, elles ont apporté des
financements.
A coté de ces enjeux poursuivis par les
puissances très actives, il y en a d'autres, poursuivis par les moins
actives.
PARAGRAPHE II : LES ENJEUX DES PUISSANCES MOINS
ACTIVES.
A la question visant à s'informer sur ce qui a
gouverné le comportement de la Chine et de la Russie, à savoir
leur non intervention, deux réponses sortent du lot. Il y a d'abord une
raison de principe puisque Pékin et Moscou ont traditionnellement une
position de non ingérence dans les pays étrangers (A). C'est un
principe intangible pour ces deux Etats. Et puis, la Russie et la Chine, qui
sont loin d'être de réelles démocraties, conçoivent
toutes deux quelques inquiétudes à propos du
printemps arabe en général, qui pourrait
donner
des
idées à leur
propre
population (B).
A. La protection de leur culture en politique
internationale.
Les actions de la Chine comme celles de la Russie
sont, sur le plan international, gouvernées par le principe de non
ingérence dans les affaires internes des Etats. Ces deux puissances ont
tenu à garder cette culture.
1- La protection de sa culture en politique
internationale par la Russie.
Au sujet de la Russie, la non ingérence se
présente comme un élément de sa culture en politique
internationale, un élément de son identité.
Précisons que le terme d'identité est ici employé comme un
ensemble de systèmes de pensée et de méthodes d'action
identifiables caractéristiques d'un acteur, dans lequel celui-ci se
reconnaît et estime se distinguer d'autres acteurs599(*).
Aussi, lorsqu'on sait qu'avec le projet
constructiviste, les intérêts et les motivations des Etats ne sont
pas donnés mais constitués par des identités, la position
de la Russie, à savoir la non intervention, n'est pas surprenante car se
situant dans la logique des gouvernements prédécesseurs qui ont
généralement entretenu avec les occidentaux des relations de
rivalité600(*).
En effet, pour les dirigeants russes, l'intervention
des grandes puissances en Libye est qualifiée
« d'agression ». Cette qualification se situe dans le
sillage de plusieurs précédents. A titre illustratif, en 1999,
Boris ELTSINE, alors président russe, déclarait au sujet de
l'intervention au Kosovo que l'action militaire de l'OTAN n'était rien
d'autre qu'une agression non voilée contre la Yougoslavie souveraine. Le
Ministre des affaires étrangères d'alors M. Igor IVANOV parlait
quant à lui d'agression directe de l'OTAN. Il avait
déclaré : « pour la première fois
depuis la seconde guerre mondiale un acte explicite d'agression contre un Etat
souverain est commis »601(*).
Aussi, il convient de relever que dans un passé
un peu plus lointain, la Russie s'est toujours opposée à des
interventions militaires dans des pays étrangers en raison de son
respect strict du principe de non-ingérence dans les affaires
intérieures des Etats souverains. De même, elle continue de tenir
les engagements déjà conclus par l'URSS dont celui passé
avec la Chine qui témoigne de cet état d'esprit.
En effet, la Chine et l'URSS ont signé en 1945
un traité d'amitié et d'alliance, qui stipulait que (...)
les deux parties s'engageaient à agir selon les principes d'estime
mutuelle et de respect de leur souveraineté et de leur
intégrité territoriale, ainsi que de la non-immixtion dans
les affaires intérieures des deux pays602(*). C'est certainement dans le
sillage de ce traité que le Russie, principale héritière
de l'URSS à l'issue de la dislocation du bloc soviétique a
poursuivi ses actions sur la scène internationale. D'ailleurs pour
illustrer le comportement de la Russie au cours du printemps arabe par le fait
de la coutume internationale, l'ancien homme politique et ministre des
Affaires étrangères (1957-85) de l'Union soviétique,
Andreï GROMYKO, reçut le sobriquet de M. Nyet en raison de son
rejet continuel des propositions d'intervention venant de l'Occident.
Pour les dirigeants MEDVEDEV et POUTINE qui
s'inscrivent dans la logique de la tradition russe, toute intervention en terre
étrangère, dans un pays souverain, est à proscrire. Dans
cette veine, la Russie a été en marge des pressions
exercées sur les régimes de Ben ALI en Tunisie et Hosni MOUBARAK
en Egypte. Elle s'est, par la suite, abstenue lors du vote de la
résolution 1973 du CSNU sur la Libye. Pour eux, comme pour leurs
devanciers de 1999, c'est une agression. POUTINE parle de
« croisade ». Il ne cautionne pas l'intervention en Libye.
Selon le délégué Russe au CSNU, M. Vitaly CHURKIN, la
Russie s'est abstenue lors du vote « pour des raisons de principe
»603(*), tout comme
la Chine qui préserve également son principe en politique
étrangère.
2- La protection de sa culture en politique
internationale par la Chine.
La Chine projette une image de puissance qui sert ses
intérêts604(*). Elle a protégé son identité au
cours des crises du Maghreb. La presse chinoise n'a pas manqué de
vivement critiquer l'intervention occidentale contre laquelle la Chine est,
à en croire sa réponse lors du vote de la résolution 1973
qui n'est ni un oui ni un non « ouvert »605(*).
Assurément, la Chine est un pays dont la
politique étrangère est fondée sur un certain nombre de
principes. Jean-Pierre CABESTAN606(*) écrit : « la politique
étrangère chinoise reste axée autour des cinq principes de
la coexistence pacifique mis en avant par l'Inde puis la Chine dans les
années 1950 : 1) respect mutuel de l'intégrité
territoriale et de la souveraineté ; 2) non-agression
mutuelle ; 3) non-ingérence mutuelle dans les affaires
intérieures ; 4) égalité et avantages mutuels ;
5) coexistence pacifique ».
Aussi, comme déjà mentionné, la
Chine a eu à signer en 1945 un traité avec l'URSS allant dans le
sens de la non ingérence. De même, le gouvernement populaire de la
République populaire de Chine s'engageait à entamer des
pourparlers et entrer en relations diplomatiques sur la base de
l'égalité de droits, des avantages réciproques et
du respect mutuel du territoire et de la souveraineté nationale
avec les gouvernements étrangers qui auront rompu les relations
avec les réactionnaires du Kouo-Min-Tang et adopté une
attitude amicale à l'égard de la République
populaire de Chine607(*).
En 1953, le Premier Ministre chinois Zhou En-Laï
avait énoncé les « cinq principes de coexistence pacifique
que les Chinois entendaient appliquer à l'égard des pays
asiatiques, africains et latino-américains indépendants ou en
passe de le devenir. Ces 5 principes sont : respect mutuel de la
souveraineté et de l'intégrité territoriale ;
non-agression mutuelle ; non-ingérence dans les affaires
intérieures des Etats souverains ; égalité et
réciprocité des bénéfices tirés des
opérations communes ; coexistence pacifique608(*).
C'est sans aucun doute sur ces principes, si chers
à la Chine, qu'elle a fondé son attitude lors du vote de la
résolution 1973 au Conseil de Sécurité de l'ONU. C'est
à coût sûr certainement la même réalité
qui est à l'origine de son invisibilité en Tunisie et en Egypte
alors que les occidentaux s'affairent à mettre la pression sur les
dirigeants Ben ALI et Hosni MOUBARAK car dans sa politique, « la
chine offre un partenariat stratégique fondé sur le respect
sourcilleux de la non ingérence »609(*).
La protection de leurs identités n'est pas le
seul mobile poursuivi par les non interventionnistes.
B. La préservation de leur
sécurité interne.
Dans l'anarchie internationale, aucune autorité
politique supérieure aux Etats n'est à mesure de veiller à
leurs droits et à leur protection610(*). Les Etats s'efforcent de maximiser leur
sécurité611(*). Ainsi, préserver leur sécurité
respective est aussi un élément qui a orienté le
comportement non interventionniste de la Chine (1) et de la Russie (2).
1- Les manoeuvres de protection de sa
sécurité interne par la Chine.
« La sécurité peut
signifier pour certains l'absence de guerre, pour d'autres, la poursuite des
intérêts nationaux, la protection de valeurs fondamentales, la
capacité de survie, la résistance à l'agression,
l'amélioration de la qualité de vie, le renforcement des
états, l'éloignement des menaces, ou l'émancipation de
l'être humain »612(*). Dans le cas d'espèce, nous la
considérons comme l'amélioration de la qualité de
vie613(*),
l'éloignement des menaces614(*), toutes choses qui sont poursuivies par la Chine.
Le Dr KUHN615(*) révèle que la Chine s'inquiète
qu'en cas de conflit interne et dans certaines circonstances, les
résolutions du CSNU puissent être utilisées contre
elle ; ce qui est normal car il faut bien penser à soi avant
d'agir. Cette réflexion la pousse à s'abstenir lors du vote de la
résolution 1973 du CSNU et la suite de son action a consisté en
un travail en interne afin de prévenir toute contagion.
En effet, les autorités de la Chine craignent
une contagion démocratique. Elles redoutent que les
événements du monde arabe ne donnent des idées aux
Chinois. Les dirigeants chinois se trouvent ainsi contraints d'agir avec
prudence, d'adopter une position de retrait. Pendant que les affrontements se
poursuivent en Tunisie entre force de l'ordre et civils ou que les frappes
alliées suivent leur cours en Libye, les autorités chinoises sont
davantage préoccupées par la situation politique interne de leur
pays.
Par le biais d'un éditorial du quotidien de
Pékin (Beijing Ribao), elles adressent une mise en garde
contre les appels à la contestation s'inspirant des mouvements
d'émancipation dans les pays arabes616(*). Plusieurs messages de sensibilisation sont
adressés au Chinois dont les suivants: « chacun sait que
la stabilité est une bénédiction et le chaos une
calamité », « ce trouble conduit à
un désastre massif pour les peuples de ces pays »,
« Il est utile de noter qu'ici ou depuis l'étranger,
certains individus nourrissant des arrière-pensées essaient
de déclencher ce chaos en Chine, se servant d'internet pour
fomenter des rassemblements illégaux ». Suit un
appel à tous les citoyens chinois pour qu'ils
« protègent consciencieusement l'harmonie et la
stabilité »617(*).
Le premier ministre chinois WEN JIABAO a, au cours de
la session inaugurale de l'assemblée annuelle du Congrès
national du peuple, insisté sur la stabilité
sociale618(*). Il va
jusqu'à s'engager à lutter contre des sources possibles de
mécontentement social dont l'inflation en cours dans le pays. Il
déclare devant l'assemblée « nous devons
considérer la stabilisation des prix comme la priorité de notre
contrôle macro-économique ».619(*) Il rassure les populations
en disant : « notre développement économique a
pour objectif de répondre aux besoins croissants de la population sur le
plan matériel et culturel et de rendre leur vie toujours
meilleure »620(*). Il ajoute « nous avons suivi de
près les turbulences dans certains pays d'Afrique du Nord et du
Moyen-Orient, mais il n'y a pas d'analogie entre la Chine et ces
pays»621(*).
Les autorités chinoises ne
s'arrêtent pas là. Afin de faire cesser toute
velléité de trouble inspiré du printemps arabe, la police
chinoise menace parallèlement de priver de visas des dizaines de
journalistes étrangers s'ils continuent de couvrir
« illégalement » les appels lancés
par des sites basés à l'étranger622(*). Elles mettent tout en
oeuvre pour étouffer les tentatives de contestation623(*), les tentatives de
manifestations sont réprimées par les forces de l'ordre.
Les autorités chinoises se tournent
également vers les médias occidentaux. Critiquant leur couverture
du sujet, elles dénoncent des manipulations faites par les puissances
occidentales ce qui a pour objectif de discréditer les manifestants aux
yeux de la population chinoise. Pour les dirigeants chinois, « la
préservation de la souveraineté nationale et la lutte contre
toutes les pressions extérieures » demeure la priorité, avec
la poursuite du développement économique, de la politique
extérieure de puissance de la République populaire de
Chine624(*).
Pékin est en effet soucieux d'éviter une
crise nuisible à la poursuite du développement économique,
seul fondement d'une réelle montée en puissance de la RPC
à plus long terme.
Aussi, la Chine dans sa position, de
préservation de sa sécurité interne, accorde de
l'importance à des éléments autres que le désir
démocratique des peuples arabes. Elle offre une autre grille de lecture,
elle met l'accent sur les risques de chaos plus que sur la transition
démocratique elle-même625(*).
La classe non dirigeante chinoise n'est pas en reste
en ce qui concerne l'attitude que doit adopter la Chine. Marqués par les
enseignements de la Révolution culturelle et plus encore par les
événements de juin 1989 (place Tiananmen), ceux qui appartiennent
à la génération des 60-70 ans évoquent tous
cette référence pour insister sur le fait que la Chine ne peut se
permettre une nouvelle vague d'instabilité interne. Le printemps
arabe rappelle ainsi à cette génération le devoir de
la Chine de se concentrer sur ses nombreux problèmes intérieurs
et d'environnement proche, avant de s'atteler à jouer un rôle de
puissance globale qu'elle n'est pas prête à exercer626(*).
Pékin tire des leçons de ces
événements en réaffirmant avec force ses priorités
de développement intérieur. Pour lutter contre la corruption qui
est décriée dans la société chinoise et qui est un
des moteurs des crises arabes, la Chine n'hésite pas à prononcer
des peines exemplaires627(*). Et même pour barrer la voie à toute
revendication de départ du pouvoir, les autorités chinoises
brandissent avec fierté la limitation des mandats du chef de
l'Etat628(*). Pour
preuve elle a un nouveau Chef à sa tête en la personne de Xi
JINPING, moins de trois ans après la mort de KADHAFI et la chute du
troisième régime menacé par le printemps arabe629(*).
Pour Pékin, les crises de la région
Afrique du Nord-Proche-Orient sont toutes interconnectées
(Israël-Palestine, Syrie, Iran et Libye), ce qui conduit le pouvoir
chinois à préconiser la « patience
stratégique »630(*) face à la précipitation et à
l'interventionnisme imputés à l'Occident. A côté
d'elle, la Russie est animée par le même esprit.
2- Les craintes de la Russie, ferments de sa non
intervention.
En plus d'être guidée par son
identité631(*)
internationale face aux occidentaux, la Russie est aussi dirigée par des
craintes dont la peur des agitations internes.
Les autorités Russes craignent que les
révolutions arabes puissent inspirer à leurs citoyens les
idées d'organiser des manifestations de revendications d'autonomie
politique contre leur régime. Elles professent que depuis 2003, les
Etats-Unis essayent de fomenter des campagnes de démocratisation en
Russie632(*).
Le président russe se veut rassurant à
cet effet. Dimitri MEDVEDEV déclare dans un discours :
« cette conspiration ne réussira pas »633(*). Pour parer à cette
éventualité, les Russes ne se limitent pas à ne pas
intervenir. Les autorités travaillent à la prévention
d'une « révolution facebook », lorsqu'on sait
à quel point cet outil a été déterminant dans la
réussite des campagnes pour le rassemblement des dissidents en Tunisie
et même en Egypte. Elles demandent aux propriétaires de
réseaux sociaux d'être responsables des éléments
postés sur leurs sites634(*). Malgré l' « air
fanfaron »635(*) souvent publiquement affiché par les
autorités russes, cette attitude traduit l'état d'un gouvernement
qui craint son peuple636(*), d'où leur non implication dans
l'intervention contre la Libye afin de ne pas donner des idées à
leur population.
Ainsi, la protection des civils, l'instauration de la
démocratie en Tunisie, en Egypte ou encore en Libye, pour les puissances
interventionnistes et la défense de leurs identités637(*) internationales tout comme
la promotion de la sécurité interne pour les puissances non
interventionnistes, sont les enjeux manifestes de leurs comportements.
Toutefois, les gouvernants, fussent-ils démocratiques, ne sont
guère enclins à expliquer clairement à l'opinion les
raisons réelles de leurs engagements638(*). Aussi, « la parole a
été donnée à l'homme pour cacher sa
pensée »639(*). C'est ce qui explique l'existence d'enjeux
latents.
SECTION II : LES ENJEUX LATENTS
Selon Marcel MERLE, la recherche des
intérêts constitue l'un des principaux ressorts de
l'activité des hommes pris individuellement, des classes sociales, des
groupements professionnels ainsi que des Etats ou groupes d'Etats640(*) .
Pour Maurice DUVERGER, « l'idéalisme occidental n'est
souvent qu'un moyen de dissimuler la défense des intérêts
matériels très précis »641(*). Hans MORGENTHAU, quant
à lui, va plus loin en affirmant que seul l'intérêt
national, défini en terme de puissance, constitue le levain de la
politique internationale642(*). Avec J. ROJOT, « les objectifs
latents des acteurs sont les objectifs réels. Même si encore une
fois ils ne les ont pas toujours ni clairement formulés ou
explicités, ni même obligatoirement présents consciemment
à l'esprit »643(*). Ces acteurs ne font pas ce qu'ils disent et ne
disent pas ce qu'ils font644(*). L'espace géographique confronté
au conflit est, avec le Moyen-Orient, présenté comme une
région à forts enjeux645(*). C'est dans cette optique que nous nous
attèlerons à présenter d'une part les enjeux
économiques (Paragraphe I) et, d'autre part les enjeux
stratégiques (Paragraphe II) poursuivis par les grandes puissances.
PARAGRAPHE I : LES ENJEUX ECONOMIQUES
A. CHUA646(*) présente l'intérêt de combiner
déterminations politiques et économiques pour expliquer
l'émergence conflictuelle. Elle démontre combien la concomitance
des dynamiques politique et économique construit des engins de
conflagration particulièrement faciles à manipuler pour des
entrepreneurs politiques sans scrupule. Partant de cette démonstration,
et fort de la théorie réaliste647(*) nous relevons que les actions ou
« inactions » des grandes puissances au cours du printemps
arabe ne sont pas philanthropiques. Elles sont mues par des
intérêts économiques. L'économie s'imposant depuis
toujours comme l'un des principaux déterminants de la puissance648(*). Les auteurs du rapport de mai
2011 sur la Libye précisent que l'engagement - ou la réserve -
des Etats européens est lié(e) à leurs
intérêts économiques649(*). Dans ce sillage deux perspectives se présentent :
d'une part nous avons la conquête de nouveaux marchés et d'autre
part la conservation des acquis. Dans une démarche au cas par cas, nous
allons démêler l'écheveau sur les enjeux économiques
des différentes puissances en lice à savoir la Chine (A) et la
Russie (B), la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis poursuivant des
enjeux économiques plutôt perceptibles au deuxième
degré d'analyse.
A. La capitalisation de ses avoirs par la Chine
Depuis le début de la révolution
égyptienne, la Chine exprime le désir d'augmenter ses
partenariats avec l'Egypte, afin de développer son marché au
Moyen-Orient650(*). En
plus d'avoir signé la construction d'une centrale
électrique, d'une usine de dessalement de l'eau et d'une ligne à
grande vitesse entre le Caire et Alexandrie, la Chine a
réalisé 500 millions de dollars d'investissements
en Egypte en moins d'un an651(*). Des investissements effectués lors de
l'ère MOUBARAK, dont la réalisation avait
été entreprise par des liens commerciaux avec la Chine.
Alors que la révolte de 2011 et l'agitation
politique post-révolution ont effrayé les autres investisseurs,
les entreprises chinoises sont restées, en injectant de l'argent dans
des produits abordables comme les vêtements et
l'électronique. Avec près de 85 millions de personnes,
l'Egypte se présente comme un marché lucratif pour les
marchandises chinoises bon marché. En 2011, les exportations de
matières premières chinoises vers l'Egypte se
sont élevées à 7,28 milliards de dollars,
dépassant les exportations américaines avoisinant les
6,2 milliards, d'après les données commerciales des Nations
Unies652(*).
« Les investissements chinois ont pris
en charge la consommation en Egypte. C'est la seule chose qui ait bien
résisté à la révolution et au nouveau
régime », a déclaré un économiste
égyptien653(*).
Le président Chinois Hu JINTAO souhaite augmenter le nombre de
partenariats avec l'Egypte. La Chine n'a pas eu de mal avec sa stratégie
parce qu'étant restée neutre pendant le conflit, elle pouvait
tisser des relations avec n'importe quel gouvernement. Cela lui a réussi
en ceci, que Mohammed MORSI654(*) a effectué son premier voyage à
l'étranger après son élection en Chine655(*).
« La visite du Président Mohamed
MORSI en Chine a eu des résultats positifs en matière
d'économie, de tourisme et d'investissement »656(*) a affirmé le
Premier Ministre égyptien lors d'une réunion
ministérielle. La visite a eu des résultats prometteurs en
matière d'investissement. Pour le ministre égyptien de la
planification et de la coopération internationale, Ashraf El ARABI, la
visite de M. MORSI en Chine a réussi. Il précise que la Chine
avait accordé à l'Egypte des bourses de 100 millions de dollars
et des prêts avantageux de 300 millions de dollars657(*). Des accords ont
été conclus entre la Chine et l'Egypte pour augmenter à
200 mille en 2013 le nombre de touristes chinois qui visitent
l'Egypte658(*).
La Chine a, aussi par sa non intervention en Libye,
voulu sécuriser l'exploitation du pétrole. En effet, la nouvelle
politique africaine de la Chine s'inscrit dans une démarche
cohérente qui lie les besoins de développement interne du pays
à sa capacité de sécuriser de manière durable les
moyens nécessaires à sa croissance. Parmi ces derniers, le
pétrole occupe une place prépondérante659(*).
La diaspora se présente également comme
un critère de puissance660(*). « La diaspora revêt une
importance toute particulière, notamment en ce qu'elle permet à
un Etat d'entretenir des liens étroits avec l'extérieur, et
d'exporter ses productions »661(*). On comprend aisément pourquoi la Chine ne
pouvait pas intervenir en Libye car avec ses plus de 36 000
ressortissants662(*)
dans ce pays, elle avait au moment de la crise, une forte diaspora servant ses
intérêts économiques. D'ailleurs, LAFARGUE
François663(*)
démontre que les intérêts chinois sur place n'ont pas
été durablement affectés par la guerre civile,
Pékin ne cherchant pas à influencer l'avenir politique de la
Libye, mais se contentant d'y renforcer son emprise économique. Aussi
dans un élan non de capitalisation mais au moins de sauvegarde de ses
intérêts économiques, on a la Russie.
B. Sauvegarde de ses partenariats par la Russie.
La Russie entend, au cours du printemps arabe,
sauvegarder ses partenariats. Ils sont de deux ordres, partenariat pour un
développement économique (1) et partenariat économique
(2).
1- La préservation de son partenariat de
développement économique avec les Etats-Unis et
l'Europe occidentale.
Il convient de rappeler avec A. WENDT que
« personne ne peut nier que les Etats agissent sur la base des
intérêts tels qu'ils les perçoivent, ni même que ces
intérêts sont souvent
égoïstes »664(*). Au premier abord, la préservation du
partenariat de la Russie avec les Etats-Unis est ce qui caractérise
l'ambivalence notée dans l'attitude des Russes. Cette ambivalence est
observable dans la fermeté du premier ministre V. POUTINE et dans la
souplesse du président D. MEDVEDEV.
En effet, MEDVEDEV pense au développement de la
Russie665(*). Sa
position s'explique clairement par cette idée. En s'abstenant lors du
vote de la résolution 1973 sur l'intervention militaire en Libye au lieu
de la bloquer par son véto, Moscou évite de compromettre ses
liens avec les Etats-Unis et l'Europe occidentale. Mark N. KATZ écrit
à propos que, « cette manoeuvre diplomatique montre
à la fois le malaise que génère à Moscou une
intervention militaire étrangère et le souci du Kremlin de
conserver de bonnes relations avec les Etats-Unis et l'Europe
»666(*). Deux
facteurs cruciaux sont à l'origine de cette prise de position courageuse
: le besoin urgent de la Russie d'accélérer sa modernisation
économique avec l'aide de l'Occident et le succès relatif de la
« remise à zéro » de ses relations avec les
Etats-Unis667(*). Il
faut rappeler que « la Russie n'est plus une grande puissance et
ne le redeviendra pas dans un avenir
prévisible »668(*). Aussi, « les dirigeants
tiennent un discours de la renaissance de la
puissance »669(*). Et pour y parvenir le critère de puissance
prioritairement choisi est le critère économique.
La Russie cherche donc à tisser des relations
plus étroites avec les pays en mesure de l'aider dans son projet de
modernisation économique. Les Etats-Unis se trouvent en tête de
liste en raison de leurs prouesses technologiques et de la qualité de
leurs universités. Une commission a d'ailleurs vu le jour, la commission
OBAMA-MEDVEDEV (plus connue sous le nom officiel de Commission
bilatérale présidentielle russo-américaine)
constituée en juillet 2009 lors du sommet de Moscou. Bien que le choix
de l'abstention sur la résolution 1973 soit extrêmement
controversé au sein de l'élite politique russe, le
président MEDVEDEV, par cette décision, indique clairement la
nouvelle orientation qu'il entend donner à son pays670(*), à savoir la marche
vers la modernisation économique.
Dans un jeu de balancier au sujet de l'intervention
en Libye entre condamnation par le Premier Ministre s'inscrivant dans la
tradition russe et indifférence du Président s'inscrivant dans la
logique de la nouvelle dynamique qu'il entend impulser, il apparait clair que
pour couper la poire en deux, la Russie se devait d'afficher une position de
neutralité ainsi, advienne que pourra, afin de sauvegarder ses
intérêts dont celui de l'essor économique. La Russie a en
effet cherché avant tout à protéger ses
intérêts dans la région671(*). Elle n'a pas manqué de sauvegarder les
partenariats économiques déjà existant, dans un
élan de conservation des acquis.
2- La conservation de ses acquis
économiques.
La conservation des acquis est l'autre pan des enjeux
économiques des actions des grandes puissances.
Dans cet ordre d'idées, la Russie tient son
compte. Elle ne pouvait pas intervenir dans le printemps arabe parce que ses
intérêts étaient menacés, surtout en Libye. L'enjeu
de sa non intervention n'était autre que la conservation de son
marché, la protection de ses partenariats, la garantie de la bonne
santé de son économie.
Assurément, la guerre fait perdre à la
Russie 4,5 Milliards $ de transactions d'armes avec la Libye672(*). Cet argent nourrit
l'industrie de la défense et sert les intérêts
égoïstes des leaders russes qui l'utilisent quelques fois pour leur
caisse noire. Aussi, la Russie a reçu de KADHAFI une base navale
à Benghazi673(*).
De même, la Libye est importante dans la
stratégie énergétique de la Russie. Ceci se
présente comme un enjeu économique au second degré
d'analyse en ceci qu'il n'induit pas des dividendes immédiates mais
après transformation de cette matière première qu'est le
pétrole. Juste avant la révolution, elle a signé un accord
avec la compagnie italienne ENI afin d'obtenir la moitié des 66%
d'intérêts de ENI sur le géant pétrolier libyen
Elephant Oilfield674(*).
Cet accord comporte pour la Russie un objectif majeur qui est la consolidation
de sa position dans le réseau de gaz de l'Afrique du Nord.675(*)
Son accord avec ENI pour le développement de la
Sibérie serait ruiné par le succès de la
révolution, c'est pourquoi la Russie critique les agissements de l'OTAN.
En plus, le bénéfice d'une grosse emprise sur le ravitaillement
de l'Europe en gaz passe par le gain d'une grosse emprise sur le gaz
nord-africain notamment libyen et algérien676(*).
La Russie a aussi besoin de cet apport du gaz libyen
pour les besoins de consommation interne afin de soutenir GASPROM, la
multinationale russe677(*). Finalement la Russie n'avait aucun
intérêt à ce que le régime libyen soit
remplacé. GASPROM nécessite plus de capitaux
étrangers678(*).
Ces capitaux étaient fournis grâce à des accords
passés avec le colonel KADHAFI.
Egalement, la crise libyenne fait peser la menace de
la chute du coût du pétrole, ce qui serait d'un impact très
désastreux sur le budget de la Russie. Le ministre des finances l'a
souligné, « le budget connaitra un déficit si le
coût du pétrole va en dessous de 120$ le
baril »679(*).
Pareillement, sous un autre angle, la Russie a craint
d'intervenir en raison de la menace que fait peser le printemps arabe sur les
pays de l'Asie centrale, lesquels sont des partenaires de choix pour le
fonctionnement de l'économie russe. Le président MEDVEDEV le
relève lorsqu'il affirme : « ces révolutions
concernent la Russie et ses partenaires d'Asie
centrale »680(*). Il redoute la domination des talibans en
Afghanistan, ce qui pourrait être un opium pour l'expansion de la crise
dans cette partie du globe, situation qui viendrait plomber l'économie
russe.
Pour la prévenir, Grégory KARASIN, le
vice-ministre des affaires étrangères a invité les
gouvernements de ces Etats à opérer des réformes
envisageant la paix interreligieuse, la responsabilité des gouvernants
d'assurer le bien être des populations681(*).
Cet acharnement économique à
défendre des parts déjà acquises ou à
conquérir de nouvelles parts de marchés est très visible
chez les puissances moins actives. Pour les puissances très actives, les
enjeux économiques sont davantage perceptibles au deuxième
degré de lecture. Ils sont marqués par la quête du
pétrole qui est davantage un enjeu stratégique à l'instar
de plusieurs autres poursuivis au cours du printemps arabe.
PARAGRAPHE II : LES ENJEUX STRATEGIQUES.
Alexander WENDT affirme que « les
intérêts des Etats dépendent non pas de la configuration
objective des rapports de force matériels, mais des identités des
Etats, c'est-à-dire des représentations que les Etats se font
d'eux-mêmes et d'autrui du système international, et de leur
propre place ainsi que celle des autres au sein de ce système
international. Les identités se réfèrent à ce que
les acteurs sont [...] Les intérêts se réfèrent
à ce que les acteurs veulent [...]. Les intérêts
présupposent les identités parce qu'un acteur ne peut savoir ce
qu'il veut avant de savoir ce qu'il est »682(*).
Sur la scène internationale, la France, la
Grande-Bretagne, la Russie, la Chine et les Etats-Unis sont des grandes
puissances. Entre elles, elles se respectent et sont dans un autre sens des
adversaires les unes pour les autres. Elles n'hésitent pas à
accroitre leurs puissances, afin d'avoir plus d'influence que les autres, quand
des opportunités se présentent. Ainsi, le printemps arabe est une
opportunité pour elles de se battre pour un positionnement ou encore
pour déstabiliser des unités qui se présentent comme
menaçant leurs puissances et se prémunir contre l'immigration.
Ces enjeux sont perceptibles autour des enjeux des puissances très
actives et ceux des puissances moins actives. Ceux-ci se rassemblent
allègrement autour des enjeux collectifs (A) et des enjeux
spécifiques (B)
A. Les enjeux collectifs.
Les enjeux collectifs sont davantage poursuivis par
les puissances très actives que par les moins actives. Ils
découlent du choc des puissances. En effet, l'Afrique constitue de plus
en plus un champ de rivalité de la France avec d'autres
puissances683(*). Les
terrains des confrontations sont nombreux et l'un des plus significatifs est la
Libye. Au cours du printemps arabe la France et les alliés s'activent
pour l'anéantissement des efforts de construction de l'UA (1), le
ralentissement de l'expansion de la Chine (2) et aussi pour conquérir le
pétrole (3).
1- L'anéantissement des efforts de
construction de l'UA.
L'un des enjeux majeurs visés par les
puissances occidentales est celui de ruiner les efforts de consolidation de
l'UA. Bertrand BADIE soutient que « sur le plan global, les
puissances les plus grandes se méfient des constructions
régionales qui les contraignent beaucoup plus qu'elles ne les
confortent. Les Etats-Unis, poursuit-il, n'ont jamais été
très favorables à cette invention [...] pour les autres
»684(*). Ainsi,
l'émancipation de l'UA est une menace pour certaines puissances,
dès lors tout doit être mis en oeuvre pour son étouffement.
L'anéantissement des efforts de construction de l'UA est mis en oeuvre
par la décision d'éliminer KADHAFI qui est un précurseur
de l'UA et se présente comme un « danger » pour les
occidentaux685(*).
En effet, la Libye est considérée, avec
les efforts de son leader KADHAFI, comme une tête de proue dans la
construction de l'UA686(*). Ce dernier a beaucoup oeuvré pour la
construction de cette entité politique687(*). Il entendait par exemple mettre sur pied une
armée africaine, c'est ce qu'atteste ce propos : «
à bas l'impérialisme! Il faut que l'Afrique ait une seule
armée (...) qui se composerait d'un million de soldats (...). La Libye
n'est même pas capable de protéger ses eaux territoriales toute
seule »688(*).
Etant entendu que l'Afrique est un réservoir de
ressources naturelles pillées par les puissances occidentales, pour
elles, la laisser s'unir était s'autodétruire. Dès lors la
mise à mort de KADHAFI s'imposait comme moyen pour stopper les
financements nécessaires à la construction de l'Union,
d'où les pleurs de certains leaders africains à la mort de ce
dernier689(*). Robert
MUGABE, le président zimbabwéen voit par exemple en la mort de M.
KADHAFI, « le début d'une nouvelle recolonisation de
l'Afrique »690(*). Au Ghana, l'ancien Président John AGYEKUM
KUFOUR déclara que « la mort de KADHAFI est une
journée historique et triste pour l'Afrique »691(*).
En vérité, en Afrique, les grandes
puissances pillent les ressources, imposent des bas salaires, des accords
commerciaux défavorables et des privatisations nuisibles. Elles exercent
toutes sortes de pressions et chantages sur des Etats faibles, elles les
étranglent par une dette injuste. Elles installent des dictateurs
complaisants, elles provoquent des guerres civiles dans les régions
convoitées692(*).
L'existence de Mouammar KADHAFI dont l'ambition
était de mettre fin à la mendicité de l'Afrique ne pouvait
être vue que d'un mauvais oeil. Ainsi, les puissances très actives
ont rejeté ses propositions de cessez le feu pourtant conformes aux
exigences de la résolution 1973 du CSNU693(*).
KADHAFI envisageait la création du
« dinar or » (monnaie unique que devait utilisée
l'Afrique), la mise en place du satellite RASCOM, la création du FMA
(Fond Monétaire Africain) concurrençant le FMI et dans lequel les
pays non-africains n'auraient pas eu d'entrée, la création d'une
Banque Centrale Africaine, et d'une Banque d'Investissement694(*). Toutes ces initiatives
visaient à offrir à l'Afrique une autonomie au travers de l'UA.
« Nous avions compris qu'à travers l'acharnement
médiatique contre le régime de KADHAFI, c'était l'Afrique
qu'ils voulaient empêcher de s'autonomiser. Mouammar KADHAFI voulait
créer les Etats-Unis d'Afrique avec une monnaie, des banques, des
infrastructures et communications africaines. Le projet était prêt
mais dérangeait tous ceux qui voulaient continuer à piller les
richesses du continent »695(*). Cette affirmation de SKANDRANI G. H. est assez
illustrative de cette réalité.
Il faut reconnaitre que l'Afrique est
stratégique pour les multinationales occidentales, car leur
prospérité est basée sur le pillage de ses
ressources696(*). Si un
prix correct était payé pour l'or, le cuivre, le platine, le
coltan, le phosphate, les diamants et les produits agricoles, les
multinationales seraient beaucoup moins riches mais les populations locales
pourraient échapper à la pauvreté697(*).
Pour les multinationales des Etats-Unis et d'Europe,
il est donc vital d'empêcher l'Afrique de s'unir et de
s'émanciper. Elle doit rester dépendante. Un exemple, bien
exposé par Jean-Paul POUGALA698(*).
L'histoire démarre en 1992 lorsque
quarante-cinq pays africains créent la société RASCOM pour
disposer d'un satellite africain et faire chuter les coûts de
communication sur le continent. Téléphoner vers l'Afrique est
alors le tarif le plus cher au monde, parce qu'il y avait un impôt de 500
millions de dollars que l'Europe encaissait par an sur les conversations
téléphoniques même à l'intérieur du
même pays africain, pour le transit des voix sur les satellites
européens comme Intelsat699(*).
Un satellite africain coûtait juste 400 millions
de dollars payable une seule fois et ne plus payer les 500 millions de location
par an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais
l'équation la plus difficile à résoudre
était : comment l'esclave peut-il s'affranchir de l'exploitation
servile de son maître en sollicitant l'aide de ce dernier pour y
parvenir ? Ainsi, la Banque Mondiale, le FMI, les USA, l'Union
Européenne ont fait miroiter inutilement à ces pays pendant
quatorze ans la possibilité d'une issue favorable à leur
requête. C'est en 2006 que KADHAFI met fin au supplice de l'inutile
mendicité aux prétendus bienfaiteurs occidentaux
pratiquant des prêts à un taux usuraire.
Dans cet élan, KADHAFI a donné un fort
soutien financier et matériel à l'Union Africaine, s'opposant
à l'installation de l'« Africom » militaire
étasunien sur le sol africain et finançant une vaste gamme de
projets de développement dans les pays subsahariens700(*). Le guide libyen a ainsi mis
sur la table 300 millions de dollars, la Banque Africaine de
Développement a mis 50 millions, la Banque Ouest Africaine de
Développement, 27 millions et c'est ainsi que l'Afrique a depuis le
26 décembre 2007 le tout premier satellite de communication de son
histoire701(*).
Dans la foulée, la Chine et la Russie s'y sont
mises, cette fois en cédant leur technologie et ont permis le lancement
de nouveaux satellites, sud-africain, nigérian, angolais,
algérien et même un deuxième satellite africain est
lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier satellite
technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain, notamment en
Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les meilleurs
du monde, mais à un coût dix fois inférieur702(*). Un vrai défi
lancé aux occidentaux qui devant ainsi perdre beaucoup de dividendes ne
voulaient pas laisser grandir l'U.A.
Ce geste symbolique de 300 millions devait changer la
vie de tout un continent. La Libye de KADHAFI a fait perdre à
l'Occident, pas seulement 500 millions de dollars par an mais
les milliards de dollars de dettes et d'intérêts que cette
même dette permettait de générer à l'infini et de
façon exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le
système occulte pour dépouiller l'Afrique. C'est la Libye de
KADHAFI qui offre à toute l'Afrique sa première vraie
révolution des temps modernes : assurer la couverture universelle
du continent pour la téléphonie, la télévision, la
radiodiffusion et de multiples autres applications telles que la
télémédecine et l'enseignement à distance ;
pour la première fois, une connexion à bas coût
devient disponible sur tout le continent, jusque dans les zones rurales
grâce au système par pont radio WMAX.703(*)
Le préalable absolu pour la
« résolution » de la crise libyenne était
donc
l'élimination
politique de KADHAFI704(*), qu'il disparaisse sous les bombes, choisisse
l'exil comme Ben ALI ou rejoigne une discrète retraite comme MOUBARAK.
C'est d'ailleurs le seul principe d'action qui réunisse sur une
même ligne les Européens, les insurgés libyens, les
Américains et la Ligue arabe. «Tout pourrait revenir dans
l'ordre, si seulement le Guide jetait l'éponge!»,
déclarait Hillary CLINTON705(*). Par cette déclaration, l'on remarque a
priori que l'ennemi est choisi, Monsieur Mouammar KADHAFI. Il doit partir, et
aucun cas n'est fait d'une attitude que le CNT devrait adopter au
préalable.
KADHAFI était si entreprenant en Afrique qu'il
avait réussi à faire boycotter un sommet de la Francophonie au
profit d'un sommet constitutif de l'U.A qu'il avait convoqué706(*). Le boycott de ce sommet par
plusieurs chefs d'Etat africains pourtant des adeptes des sommets
France-Afrique témoigne de l'intérêt que ceux-ci portaient
à l'U.A. Cet acte était certainement resté au travers de
la gorge des Français707(*) qui devaient saisir l'opportunité du
printemps arabe pour régler à KADHAFI son compte et
détruire le projet d'U.A, surtout que cet acte était perçu
comme élément déstabilisateur de l'hégémonie
française en Afrique. MAGNARD Franck et TENZER Nicolas nous rapportent
que « la stabilité du continent est vitale pour la France
à laquelle ses alliés africains assurent une vocation mondiale et
un soutien précieux lors des votes politiques à
l'ONU »708(*). Aussi, la stabilité de l'Afrique est vitale
pour la France. Une déstabilisation de celle-ci en raison de
l'expansionnisme libyen aurait des conséquences sur la politique de la
France au Moyen-Orient et en Afrique du Nord709(*). Il fallait donc stopper cet expansionnisme libyen
mis en oeuvre par le guide Mouammar KADHAFI.
Dans la même logique que celle
précédente à savoir freiner la construction d'une
entité politique d'envergure mondiale, les Etats-Unis et les
alliés entendent se servir du printemps arabe pour le ralentissement de
l'expansion de la Chine en Afrique.
2- Le ralentissement de l'expansion de la Chine en
Afrique.
« La décision prise de Washington
pour l'OTAN de bombarder la Libye de KADHAFI et de la soumettre à ses
diktats ces derniers mois, ceci à un coût estimé d'au moins
un milliard de dollars qui seront épongés par le contribuable
américain, n'a pas grand chose à voir avec ce que le gouvernement
d'OBAMA proclame être une « mission de protection de civils
innocents ». En réalité, ceci fait partie d'un plus
vaste plan stratégique de l'OTAN et du Pentagone en particulier de
contrôler le talon d'Achille de la Chine, à savoir sa
dépendance stratégique en de grands volumes d'importation de
pétrole brut et de gaz. Aujourd'hui, la Chine est le second importateur
de pétrole au monde derrière les Etats-Unis et le fossé se
comble rapidement »710(*).
En effet, the Council on Foreign Affairs a
publié en date du 5 avril 2011 un rapport sur les enjeux du printemps
arabe et ses implications pour les Etats-Unis en termes de choix
stratégiques, la sécurité de ses bases militaires
largement répandues dans le Moyen-Orient. Avec au premier rang l'Iran
pour cible afin de contrôler son influence dans la région. Ensuite
et surtout, la Chine en arrière plan dont l'infiltration grandissante
sur le continent africain nuit à l'hégémonie de
l'économie américano-européenne, tant en terme de pillage
des ressources que comme débouché pour ses produits
manufacturés dans un contexte de crise où les Etats-Unis ont
besoin de revivifier leur économie et augmenter leurs exportations
compte tenu de la dette extérieure dont la Chine détient 14 mille
milliards de dollars711(*).
A cet égard, la Chine représente pour
les Etats-Unis une vraie menace. Sa présence diplomatique et
économique se développe sur tous les continents, y compris en
Afrique, où ses dirigeants multiplient les visites, les offres de
financement à l'appui de projets d'investissements. La Chine veut
s'affirmer comme « une puissance responsable »712(*). Aussi, par ses valeurs,
la Chine entend être un contrepoint aux idéaux du «
Consensus de Washington ». Elle réfute l'idée que
l'histoire serait gouvernée par une convergence vers des valeurs
universelles, croyance que professait initialement HEGEL et que reprit plus
récemment FUKUYAMA à la suite de l'effondrement du mur de
Berlin713(*).
Au sein de la société internationale,
les Etats s'efforcent de maximiser (...) leur puissance714(*). Pour y arriver, tous les
coups sont permis. Partant de là, la Chine est prise en chasse par les
Etats-Unis en Libye. Si nous regardons attentivement une carte de l'Afrique et
si nous observons l'organisation africaine du nouveau commandement africain du
Pentagone AFRICOM, il émerge que la stratégie est de
contrôler une des ressources stratégiques les plus importantes de
la Chine en ce qui concerne le pétrole et les matières
premières715(*).
La campagne de Libye de l'OTAN est au sujet du
pétrole et rien que du pétrole; mais pas à propos de
contrôler le brut de haute qualité libyen (demandant peu de
raffinage). C'est plutôt au sujet du contrôle de l'accès de
la Chine à des importations de brut de longue durée depuis
l'Afrique et le Moyen-Orient716(*). En d'autres termes, tout ceci est au sujet de
contrôler la Chine elle-même. D'ailleurs, Pékin
perçoit l'intervention de l'OTAN comme un acte hostile à son
encontre717(*).
Pas à pas depuis ces dernières
années, Washington a commencé à créer la perception
que la Chine était en train de devenir la plus grande menace pour la
paix mondiale718(*), le
tout à cause de son énorme expansion économique.
Dépeindre la Chine comme le « nouvel ennemi » a
été compliqué car Washington est dépendant de la
Chine pour qu'elle achète la part du lion de sa dette gouvernementale
sous forme d'obligations et bons du trésor719(*). Pour contourner cela et par
dessus tout, contrôler la dépendance énergétique de
la Chine, ses imports de pétrole ont été identifiés
comme étant son « talon d'Achille ». L'affaire
libyenne est un coup monté directement pour frapper ce talon
d'Achille720(*).
Washington veut renverser KADHAFI parce qu'il souhaite clairement
bouter la Chine hors de Libye721(*).
La résolution 1973 n'autorisait pas le
renversement de M. KADHAFI. La France et les autres puissances très
actives sont allées au-delà des prescriptions de la
résolution en faisant assassiner le guide libyen. Par cette
opération, la France veut reprendre la main dans une région riche
en pétrole où d'autres puissances étaient
prédominantes, en particulier la Chine avec une très forte
diaspora.
3- La quête du pétrole.
Un autre enjeu poursuivi par la France, la
Grande-Bretagne, les Etats-Unis est celui de la quête du pétrole.
C'est la pratique de la « diplomatie des matières
premières »722(*). Comme l'écrit sans ambages Naim AMEUR,
« les Nations Unies ont autorisé les forces de l'OTAN à
intervenir sous prétexte de protéger le peuple libyen ; en
réalité, les enjeux dépassent en l'occurrence le
cadre humanitaire, c'est de l'or noir qu'il s'agit »723(*). Quoique cette assertion
soit discutable, il reste que les puissances intervenantes en Libye n'ont pas
attendu la chute du régime de KADHAFI pour signer de nouveaux
accords d'exploitation pétrolière avec le Conseil National de
Transition. L'exportation du pétrole avait repris avant même la
fin des combats724(*).
Déjà au sujet de l'invasion irakienne, une critique avait
été faite aux Etats-unis : M. WALZER écrit en
parlant de critique, « notre gouvernement visait à
(...) maintenir une présence stratégique afin d'avoir la haute
main sur la production pétrolière de la
région »725(*). Les puissances reproduisent le même protocole
d'actions en Libye.
La même critique est adressée quant aux
actions des P3. Les analyses de plusieurs actions posées en interaction
avec d'autres puissances ont permis de relever la quête du pétrole
comme faisant partie des fondements des actions des grandes puissances
très actives. D'ailleurs, s'il avait été explicitement
avancé, les grandes puissances auraient été
désavouées par le reste de la communauté internationale
notamment par l'Afrique. C'est pourquoi avant leur intervention la France, la
Grande-Bretagne, les Etats-Unis ont recouru à la
légitimation de celle-ci par le CSNU.
Avec l'aggravation de la crise générale
du capitalisme, les grandes puissances économiques se livrent à
une compétition de plus en plus acharnée. En son temps, Thomas
HOBBES estimait déjà que les relations internationales
étaient guidées par l'intérêt personnel (ou
national), ouvrant ainsi la voie à toutes formes
d'affrontements726(*).
Les places sont chères dans ce « jeu de chaises
musicales »727(*). Pour garantir une chaise à ses
multinationales, chaque puissance doit se battre sur tous les fronts :
conquérir des marchés, conquérir des zones de main
d'oeuvre profitable, obtenir de gros contrats publics et privés,
s'assurer des monopoles commerciaux, contrôler des Etats qui lui
accorderont des avantages... Et surtout, s'assurer la domination sur des
matières premières convoitées. Et avant tout, le
pétrole728(*).
En 2000, analysant les guerres à venir Michel
COLLON écrivait : « qui veut diriger le monde, doit
contrôler le pétrole. Tout le pétrole. Où qu'il
soit »729(*).
Pour une grande puissance, il ne suffit pas d'assurer son propre
approvisionnement en pétrole. Il faut plus, il faut le maximum. Non
seulement pour les énormes profits, mais surtout parce qu'en assurant un
monopole, elle est à même d'en priver ses rivaux trop
gênants ou de les soumettre à ses conditions. Elle
détiendrait ainsi l'arme absolue730(*).
Dans cette lancée, depuis 1945, les Etats-Unis
ont tout fait pour s'assurer ce monopole sur le pétrole. Un pays rival
comme le Japon dépendait par exemple à 95% des Etats-Unis pour
son approvisionnement en énergie. De quoi garantir son
obéissance. Mais les rapports de force changent, le monde devient
multipolaire et les Etats-Unis font face à la montée de la Chine,
à la remontée de la Russie, à l'émergence du
Brésil et d'autres pays du Sud. Le monopole devient de plus en plus
difficile à maintenir.
Le pétrole libyen, c'est seulement 1% ou 2% de
la production mondiale mais il est de meilleure qualité,
d'extraction facile et donc très rentable. Et surtout il est
situé tout près de l'Italie, de la France et de l'Allemagne.
Importer du pétrole du Moyen-Orient, d'Afrique noire ou
d'Amérique latine se ferait à un coût bien
supérieur. Il y a donc bel et bien bataille pour l'or noir libyen.
D'autant plus pour un pays comme la France731(*).
Dans ce contexte, il faut rappeler deux faits.
Premièrement, KADHAFI désirait porter la participation de l'Etat
libyen dans le pétrole de 30% à 51%. Deuxièmement, le 2
mars 2011, KADHAFI s'était plaint que la production
pétrolière de son pays était au plus bas. Il avait
menacé de remplacer les firmes occidentales ayant quitté la Libye
par des sociétés chinoises, russes et indiennes732(*).
Aussi, les Anglais comme les Français ont tout
à gagner à l'issue du conflit libyen. Ils n'y ont, contrairement
aux Chinois et Russes, aucun intérêt à préserver.
Selon les propos de Hasni ABIDI, « si la France et la
Grande-Bretagne ont tant pesé dans la mobilisation internationale c'est
parce qu'elles n'ont rien à perdre »733(*). On se souvient que eu
égard à la qualité des rapports entre la France et l'Irak,
la France s'était opposée à l'intervention
américaine de 2003 en Irak. Dans le cas d'espèce, la France et
le Royaume-Uni, n'ont pas su ou pu conclure de contrats avantageux avec
KADHAFI. Aussi, n'ont-ils pas hésité à s'engager aux
côtés des rebelles afin de renverser le régime de
Tripoli734(*).
Tout était donc conquête pour ces deux puissances dans le
pays de KADHAFI.
Il se crée dans ce contexte un choc des
puissances même si elles n'ont pas la même aura internationale car
la bataille française, américaine, et britannique dans cette
guerre du pétrole avait pour cible principale l'Italie et
l'Allemagne735(*). En
effet, si la guerre contre la Libye est juste humanitaire, on ne comprend, avec
Michel COLLON736(*), pas
pourquoi ceux qui la mènent se disputent entre eux. Pourquoi SARKOZY
s'est-il précipité pour être le premier à
bombarder ? Pourquoi s'est-il fâché lorsque l'OTAN a voulu
prendre le contrôle des opérations prétextant que
« l'Otan est impopulaire dans les pays
arabes »737(*).
Pourquoi l'Allemagne et l'Italie ont-elles
été si réticentes face à cette guerre ?
Pourquoi le ministre italien FRATTINI a-t-il d'abord déclaré
qu'il fallait « défendre la souveraineté et
l'intégrité territoriale de la Libye » et que
« l'Europe ne devrait pas exporter la démocratie en
Libye »738(*) ? Simples divergences sur
l'efficacité humanitaire ? Non, il s'agit là aussi
d'intérêts économiques que les puissances
interventionnistes avaient à coeur d'ébranler pour asseoir leurs
dominations.
Dans une Europe confrontée à la crise,
les rivalités sont de plus en plus fortes aussi. Il y a quelques
mois739(*) encore, on
défilait à Tripoli pour embrasser KADHAFI et empocher les gros
contrats libyens. Ceux qui les avaient obtenus, n'avaient pas
intérêt à le renverser. Ceux qui ne les avaient pas
obtenus, y ont tout intérêt. Les Français se sont
d'ailleurs plaints, les Libyens disent-ils « parlent mais ne nous
achètent rien »740(*).
L'Italie était le premier client du
pétrole libyen, l'Allemagne le deuxième. Concernant les
investissements et les exportations des puissances européennes, l'Italie
avait obtenu le plus de contrats en Libye, l'Allemagne venait en
deuxième position. C'est la firme allemande BASF qui était
devenue le principal producteur de pétrole en Libye avec un
investissement de deux milliards d'euros. C'est la firme allemande DEA, filiale
du géant de l'énergie RWE, qui a obtenu plus de quarante mille
kilomètres carrés de gisements de pétrole et de
gaz741(*). Il n'y avait
donc que des résidus pour les alliés, une raison valable pour
aller en guerre afin d'ébranler ses fondements. Malgré ces enjeux
collectifs, les puissances ont eu à poursuivre des enjeux
spécifiques.
B. Les enjeux spécifiques.
Les enjeux spécifiques sont ceux poursuivis par
chaque acteur. Ils découlent de ce que chaque puissance poursuit ses
intérêts personnels quelque soit la structure choisie. Aussi, avec
la théorie réaliste des relations internationales, l'on affirme
que : « la poursuite de l'intérêt national
détermine l'action des Etats dans les Organisations
Internationales »742(*). Au rang des enjeux spécifiques, nous avons
la (re)construction de la multipolarité par la France, la construction
du nouvel ordre mondial chinois, la protection d'un Etat ami des Etats-Unis et
la prémunition contre l'immigration. Il y a également pour la
France, la construction de l'Union pour la Méditerranée743(*) car comme le souligne
Wilfried NZOKOU, « on peut voir derrière cette
intervention (...) la question de l'Union pour la Méditerranée
(...) »744(*). Ces enjeux seront présentés en
fonction des puissances d'où : les enjeux spécifiques de la
France (1), des Etats-Unis (2) et enfin de la Chine (3).
1- Les enjeux spécifiques de la
France.
Les enjeux spécifiques de la France sont
la (re)construction de la multipolarité (a) et la prémunition
contre l'immigration (b).
a- La (re)construction de la
multipolarité.
Christophe VALLEE s'interroge :
« quelle peut être la place de la France dans le concert
actuel des nations ? Quelle est le statut de puissance de la France
aujourd'hui ? »745(*) La politique internationale, comme toute politique
est une lutte pour la puissance746(*). Pour la France, un enjeu de puissance se trouve
dans ce que nous pouvons qualifier d'acharnement pour la multipolarité
du monde contre l'unipolarité des Etats-Unis. Cet enjeu s'inscrit dans
l'optique de changer la configuration du rapport des forces747(*).
Il est intéressant de rappeler qu'en relations
internationales, chaque Etat a ses intérêts nationaux à
défendre, et seuls changent les moyens auxquels il recourt en vue de
satisfaire ceux-ci748(*). C'est stratégiquement que les
autorités françaises se sont ruées vers les structures
multilatérales telles que l'ONU, l'UE ou le G8 pour faire entendre leur
voix. D'ailleurs, Pierre De SENARCLENS le précise bien lorsqu'il
écrit que : « les grandes puissances utilisent
l'Organisation en suivant leurs propres
intérêts »749(*). D'autre part, C. VALLEE le précise,
« le monde ne peut plus être abandonné à la
logique (...) d'un seul pays, fût-il le plus fort (...). La France (...)
promeut cette idée de régulation des puissances au sein
d'ensembles et sous-ensembles »750(*). Il conclut que
« la puissance doit donc être régulée soit
par des organismes internationaux, soit par des relations bilatérales
soit par des relations multilatérales non pas autour d'un seul centre
(...) »751(*).
Traditionnellement au coeur de la réflexion sur
les relations internationales, la notion de puissance est
généralement utilisée pour tenter d'évaluer les
capacités d'action des Etats, voire d'en établir une
hiérarchisation752(*). La France est en mal de puissance. Elle est
absorbée par les autres notamment les Etats-Unis, le gendarme du monde.
Pour essayer d'exister, elle évolue dans les espaces
multilatéraux comme cadre potentiel d'expression, de préservation
ou de recouvrement d'une puissance nationale érodée753(*). La France affiche une
volonté de puissance pour répondre à Pascal
BONIFACE754(*). Celle-ci
peut se traduire dans la puissance comme capacité à structurer
son environnement international755(*).
Pour Thucydide, « la volonté de
puissance est l'une des principales forces motrices du
monde »756(*). Edouard H. CARR757(*) explique les comportements des différents
Etats comme la recherche d'une maximisation de leurs intérêts
nationaux, à savoir essentiellement leur sécurité et leur
puissance relative.
Le printemps arabe a permis à la France
d'exister comme puissance au travers de la multipolarité dans un
registre de puissance par délégation758(*). Elle s'appuie sur l'UE
où elle est un acteur influent. C'est d'ailleurs pourquoi elle ne
voulait pas que l'opération soit coordonnée par l'OTAN fortement
dominée par les Etats-Unis. En effet, la stratégie de la France
à l'égard de l'Union Européenne, consiste en partie
à rechercher à travers le cadre européen un palliatif
à l'érosion de sa puissance relative dans la seconde
moitié du vingtième siècle759(*). La recherche d'un monde
multipolaire, largement développée par certains pays
européens, la France en tête, s'est toujours opposée
à la conception américaine760(*).
Depuis le début des années 1990, les
Etats-Unis s'imposent sans conteste comme la première puissance mondiale
en tous points, ZBIGNIEW Brzezinski considérant à ce titre
qu'« aucune puissance ne peut prétendre rivaliser dans les
quatre domaines clés - militaire, économique, technologique et
culturel - qui font une puissance globale »761(*). La France a ainsi
décidé de rivaliser avec les Etats-Unis en optant pour la prise
de décision dans les cadres multilatéraux comme à l'ONU
sapant de ce fait toute tentative de décision unilatérale
qu'auraient pu entreprendre les Etats-Unis. A cet égard, la situation
que décrit Philippe DECREANE est assez évocatrice. Selon lui,
« l'idée qu'il existe aujourd'hui des tensions
franco-américaines face à l'Afrique n'est pas un fantasme (...).
Il est de plus en plus clair que les Etats-Unis ont pour objectif (...) de
créer des ensembles économiques et politiques plus
perméables à leur action »762(*). Cet enjeu étasunien
menace réellement la France car, sa politique africaine a longtemps
été perçue comme une dimension fondamentale mais aussi
singulière et spécifique de sa politique étrangère.
Fondamentale car, d'un point de vue géopolitique, l'Afrique est
resté le seul continent où la France a pu espérer
après la Seconde Guerre mondiale et le mouvement de
décolonisation préserver un leadership fort et une influence
réelle, à la hauteur de ses ambitions gaulliennes de grande
puissance763(*). Face
au printemps arabe, la France se devait donc de réagir afin de conserver
sa suprématie sévèrement mise à mal par les
ambitions des Etats-Unis. Quoique P. DECREANE, s'inscrive dans le cadre de la
création des ensembles, nous pensons que la rivalité
franco-américaine ne se situe pas dans ce seul registre. Elle a des
ramifications qui s'étendent dans le champ de la volonté de
puissance.
Autre élément de cette stratégie
de puissance, la constitution d'alliances visant à affaiblir
l'adversaire principal, avec la mise en oeuvre du concept de la
multipolarité. C'est ainsi que la France s'est donc investie à
l'ONU afin de se faire valoir sur la scène internationale comme
puissance définie avec Raymond ARON comme « la capacité
d'imposer sa volonté aux autres »764(*) et avec Robert DAHL comme
« la capacité d'obliger l'autre à faire ce dont il se
serait autrement abstenu »765(*).
Elle a réussi à imposer le rythme aux
alliés dans la poursuite de leurs actions en Libye dans le cadre d'une
coalition qu'elle a initiée et même conduite, on se souvient que
les frappes françaises ont été les premières sur le
sol libyen. Faute d'avoir réussi à obtenir que l'intervention des
pays occidentaux en Libye se passe en dehors de l'OTAN (au sein de laquelle les
Etats-Unis sont un acteur très dominant), la France est parvenue
à mettre sur pied un groupe de contact de manière à ce que
le processus politique en Libye ne soit pas capté par les seuls
américains766(*).
Ceci afin de faire valoir la multipolarité qui lui permet d'exister en
tant que puissance. Cette configuration lui permet de renforcer son statut de
puissance stratégique à vocation mondiale767(*). Franck MAGNARD et Nicolas
TENZER l'avaient déjà relevé lorsqu'ils affirmaient :
« en matière de politique étrangère, c'est
l'engagement français en Afrique et de plus en plus au Proche-Orient qui
lui permet de s'affirmer comme une puissance à vocation
mondiale »768(*). Fort de cela, elle ne pouvait rester en marge des
opérations. Elle saisit cette fenêtre d'opportunité pour
affirmer sa puissance en se prémunissant contre l'immigration.
b- La prémunition contre
l'immigration.
Nous pouvons percevoir l'immigration comme un
élément menaçant la sécurité interne des
nationaux d'un Etat. Nicolas SARKOZY, qui le sait certainement, profite de sa
cote de popularité pour appeler les Libyens à l'unité pour
la reconstruction de la Libye. A côté de cet appel, la France
rebâtit ses rapports avec la Libye. Elle rouvre son ambassade à
Tripoli en octobre 2011, peu avant l'assassinat de KADHAFI. Cette action
inscrit la France dans la perspective de puissance vue comme capacité
d'action et marge de manoeuvre769(*). Selon cette conception, « est
puissant un acteur qui est doté d'une liberté d'action et d'une
marge de manoeuvre suffisante pour mener son action de la manière dont
il le souhaite »770(*).
En effet, avec la réouverture de son ambassade
à Tripoli, la France a besoin d'assurer le service de
sécurité intérieure de celle-ci. Pour cette tâche,
c'est un commissaire de la police judiciaire, Lucas PHILIPPE, 38 ans et
déjà ancien patron des groupes d'interventions régionaux
(GIR) et de la structure de renseignement installée au sein de l'Office
central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS),
qui a hérité du poste. Il est arrivé dans la capitale
libyenne le 17 octobre 2011, accompagné d'un officier spécialiste
des questions d'immigration771(*).
Pour Emile Perez, le chef de Direction de la
coopération internationale (DCI) au Ministère de
l'Intérieur, le service de sécurité intérieur de
l'ambassade de France devra répondre à toutes les questions sur
la restauration de la sécurité en Libye. Dans la même
lancée, la France se prémunit contre l'immigration des
refugiés somaliens, érythréens, soudanais du Darfour,
irakiens, éthiopiens ou ivoiriens fuyant les troubles en Libye pour se
retrouver sur le vieux continent.
A cet effet, le service de sécurité de
son ambassade lui fournit des renseignements sur les mouvements dans les camps
de refugiés où en date du 24 octobre 2011, plus de 26000
personnes ont déjà fui le conflit et se sont retrouvées
sur le vieux continent772(*). Cet enjeu est aussi profitable aux autres Etats
européens comme l'Italie. A côté de la France, on a les
Etats-Unis qui entendent protéger un Etat ami.
2- La protection d'un Etat ami des Etats-Unis :
Israël.
Au Moyen-Orient, tout est lié. Comme Noam
CHOMSKY l'explique, « à partir de 1967, le gouvernement US
a considéré Israël comme un investissement
stratégique. C'était un des commissariats de quartier
chargés de protéger les dictatures arabes productrices de
pétrole »773(*). Seulement, le problème nouveau pour
Washington, c'est que les nombreuses exactions commises par Israël (Liban,
Gaza, ...) l'isolent de plus en plus. Les peuples arabes réclament la
fin de ce colonialisme. Du coup, ce pays a besoin d'être
protégé.
Israël ne peut survivre sans un entourage de
dictatures arabes ne tenant aucun compte de la volonté de leurs peuples
d'être solidaires des Palestiniens. « Au moment
où déferlait ce que tout l'occident a appelé le «
printemps arabe », ce que personnellement je nommerai plutôt une
recolonisation plus moderne et plus sournoise du Monde Arabe. Tous les
assoiffés de pétrole et de gaz, tous ceux qui veulent
protéger et promouvoir Israël et son idéologie sioniste, se
sont mis de la partie »774(*). Cette affirmation de SKANDRANI Ginette Hess ressort
clairement cet enjeu (celui de la protection d'Israël). C'est pourquoi
Washington a, dans un premier temps, protégé MOUBARAK et Ben ALI
qui étaient pour lui de grands alliés dans sa stratégie de
maintien de la paix au Moyen-Orient. Ce n'est que l'acharnement des populations
qui s'est présenté comme une contrainte ayant conduit les
Etats-Unis à mettre la pression sur ces dirigeants.
Les Etats-Unis craignent de
« perdre » la Tunisie et l'Egypte dans les années
à venir. Ce qui changerait les rapports de force dans la région.
Après la guerre contre l'Irak en 2003, qui était aussi un
avertissement et une intimidation envers tous les autres dirigeants arabes, le
président KADHAFI avait senti la menace. Il avait donc multiplié
les concessions, parfois exagérées, aux puissances occidentales
et à leur néolibéralisme. Ce qui l'avait affaibli sur le
plan intérieur des résistances sociales car quand on cède
au FMI, on fait du tort à sa population775(*). Mais s'il arrivait que la
Tunisie et l'Egypte virent à gauche, KADHAFI pourrait sans doute revenir
sur ces concessions776(*). Un axe de résistance Le Caire - Tripoli -
Tunis, tenant tête aux Etats-Unis et décidé à faire
plier Israël serait un cauchemar pour Washington. Dès lors, faire
tomber KADHAFI, se présente donc comme de la
« prévention » afin de sécuriser Israël.
Surtout que pour les Etats-Unis, « les intérêts
politiques principaux comprennent la coopération africaine dans la
poursuite des objectifs américains pour le
Moyen-Orient »777(*). Selon Manassé ABOYA ENDOND,
« l'enjeu essentiel de la question saharo-sahélienne ne
reste pas confiné à l'échelle locale. Il concerne aussi
bien l'économie mondiale que le redécoupage des zones
d'influence entre les puissances internationales avec l'entrée en
scène de nouveaux acteurs qui bousculent l'ancien paysage
colonial »778(*). Par nouveaux acteurs, il fait allusion aux
Etats-Unis, à l'Inde et à la Chine779(*). Dans le sillage de la
volonté de puissance, la Chine entend construire un nouvel ordre mondial
où elle sera une puissance de premier ordre.
3- La construction de sa puissance au travers de
l'Afrique par la Chine.
La Chine, est perçue comme une
véritable puissance émergente sans passé colonial en
Afrique780(*) de ce
21e siècle. Sous des dehors pacifiques, en opposition aux
modèles colonialistes, arborant son manteau de « grand
frère » des pays du Sud et en chantre du développement
partagé, la
Chine
a fait de l'
Afrique un acteur
privilégié dans la construction d'un nouvel ordre mondial dans
lequel la relation sino-africaine serait synonyme de progrès
mutuel781(*). La Chine
s'inscrit dans la posture suivant laquelle, en politique
étrangère, un Etat ne connait qu'un seul impératif
catégorique, un seul critère de raisonnement, un seul principe
d'action »782(*). Celui-ci c'est l'intérêt national
défini en termes de puissance.
En effet, le discours officiel chinois sur les
relations sino-africaines met en avant également
l'ancienneté de celles-ci et l'expérience commune de
l'oppression coloniale, ce qui permet de créer un sentiment
d'intérêt commun qui contraste avec les anciennes
métropoles occidentales783(*). Ainsi, « la Chine veille à
établir et à développer un nouveau type de partenariat
stratégique avec l'Afrique, caractérisé par
l'égalité et la confiance réciproque sur le plan
politique, la coopération conduite dans l'esprit
gagnant-gagnant »784(*).
Ce faisant, la Chine fait un retour en
Afrique. Ce retour se trouve grandement facilité par la capacité
de sa diplomatie à revaloriser son ancrage historique dans le continent
et surtout à recycler ses principes fondateurs pour les adapter à
ses nouvelles missions. En effet, la Chine aime à inscrire ses relations
diplomatiques et sa coopération avec l'Afrique aux origines de la
République populaire785(*).
Aux anciennes puissances coloniales qui ont du mal
à sortir du néo-colonialisme, Pékin oppose une
légitimité historique fondée sur le militantisme et la
solidarité. La Chine semble paver les chemins de son offensive par une
valorisation constante du passé et une exaltation de l'avenir
sino-africain. Pierre angulaire du militantisme et du rayonnement chinois
dans les années 1970, la nouvelle diplomatie chinoise a
désormais pour rôle de promouvoir cet espace de
développement « gagnant-gagnant » entre l'Afrique et
la Chine786(*). La
stratégie d'affirmation de la Chine comme un « Etat
fort » suppose que le pays soit libéré de toutes
formes de contraintes imposées par d'autres puissances concurrentes, et
susceptibles d'entraver son indépendance, et par conséquent, son
développement. Consciente de sa grande vulnérabilité
énergétique depuis qu'elle est devenue grande importatrice de
pétrole, la Chine s'est tournée vers le continent africain pour
trois raisons majeures dont étendre son influence dans le monde,
notamment dans les instances internationales, grâce au soutien
diplomatique des pays africains787(*).
Pour atteindre ces objectifs, les architectes de la
politique africaine de la Chine se sont préparés à relever
à la fois les défis politiques, économiques,
socioculturels, voire militaires qui jalonnent le partenariat
stratégique. Depuis qu'elle a identifié l'Afrique comme un
partenaire stratégique, la Chine cherche à y garantir une
visibilité politique à la hauteur de ses ambitions788(*). Philippe HUGON étaye
ce point de vue lorsqu'il révèle que, « si les
relations entre la Chine et l'Afrique sont anciennes, leur intensification
souligne l'émergence d'un monde multipolaire et le déplacement du
centre de gravité économique mondial »789(*).
Le printemps arabe lui a permis de faire une expansion
en Egypte. En effet, la Chine fait une grosse incursion dans le Maghreb au
cours du printemps arabe. Elle a développé une offensive vers les
pays arabes790(*). Elle
profite d'un moment d'absence diplomatique des Etats-Unis en Egypte791(*). En vérité,
l'on assiste depuis quelques temps à l'émergence de la Chine
comme puissance montante de la fin du 20ème siècle792(*). On est aussi témoins
de l'affaiblissement de l'impérialisme américain et
européen793(*).
La domination américaine au Moyen-Orient
représente un argument essentiel pour la réussite de la
stratégie mondiale des Etats-Unis qui souhaiteraient imposer leur
modèle au monde entier car, « le Moyen-Orient constitue
une région vitale pour les intérêts
américains »794(*). En effet les Etats-Unis veulent s'assurer le
contrôle des gigantesques ressources pétrolières de la
région, ce qui donnera à l'Amérique les moyens
d'influencer l'économie mondiale et par conséquent de
limiter voire de gommer toute concurrence des autres pays
développés795(*). Ils ont néanmoins fait fausse route ou tout
au moins fausse manoeuvre au cours de la crise arabe.
Les Etats-Unis se sont montrés hésitants
en Egypte. Cette situation a ouvert un boulevard pour la Chine, puissance
montante, qui est décidée à utiliser tous les moyens en sa
possession pour jouer à fond sa chance796(*). Le rapprochement entre la Chine et le monde arabe
est une opportunité stratégique pour les deux parties, même
si l'un des deux partenaires a pris plusieurs longueurs d'avance sur l'autre.
En grande puissance, la Chine suit la situation de très
près, même si elle se refuse à la commenter797(*). La Chine concurrence sur le
terrain politique et économique, des puissances jadis bien
établies. Elle a en effet décidé de projeter en dehors de
son environnement immédiat, sa vision du monde partant des fondements de
sa pensée stratégique.
Quelques principes majeurs fondent la nouvelle
diplomatie chinoise dans le monde arabe: respect mutuel, non agression, non
ingérence dans les affaires internes, relations basées sur
l'égalité, les bénéfices mutuels et la coexistence
pacifique798(*).
« L'Egypte est un
élément clé pour tout pays qui veut atteindre l'Afrique,
le Moyen-Orient ou l'Europe. Un pays comme la Chine peut
dépendre d'un pays comme l'Egypte »799(*). Sur les bases du
soft power et de l'hésitation américaine, la Chine a fait un
grand bond en Egypte. Le choix du président MORSI d'effectuer sa
première visite hors de l'Egypte en Chine témoigne de ce
succès. D'ailleurs, un sondage d'opinion publié
par le Pew Research Center a montré que 52% des Egyptiens avait
une opinion favorable de la Chine, contre seulement 17% pour les
Etats-Unis800(*).
Face à des puissances plus affirmées ou
concurrentes, les Etats-Unis bien entendu mais également le Japon,
l'Inde ou la Russie, le cadre d'analyse demeure celui de la rivalité de
puissance et de l'affirmation de la puissance chinoise801(*). Dans la volonté de
non-ingérence de la Chine, il y a, par extension naturelle, la
volonté de penser les relations internationales en fonction des
intérêts supérieurs de la nation chinoise et du libre
arbitre de ses dirigeants802(*). L'Egypte offre à la Chine
l'accès à d'autres pays voisins. Les récentes
contributions chinoises à l'économie égyptienne, qui est
située au coeur du monde arabe, devraient probablement
améliorer l'image politique de la Chine dans la
région803(*).
En somme, la
« sensibilité » au monde arabe est donc
à géométrie variable pour les autorités
occidentales. Ce sont les intérêts en jeu qui conditionnent tout.
Le Droit Humanitaire et les Droits de l'Homme n'ont rien à y
voir804(*). Poursuivant
leurs multiples enjeux, les grandes puissances ont été
butées à plusieurs contraintes.
CHAPITRE IV
DES JEUX SOUMIS A PLUSIEURS CONTRAINTES
Dans la dynamique interactionnelle des grandes
puissances au cours du printemps arabe, certains facteurs défavorables
empêchent parfois la progression de celles-ci vers leurs objectifs
ultimes desquels nous pouvons citer la protection des civils, l'instauration de
la démocratie. « Leur intervention n'est pas
encadrée par un corps de règles préétablies, elle
s'est faite de manière conjointe par un jeu permanent d'échanges,
de conflits, de négociations et d'ajustements
mutuels »805(*). De ce fait, les grandes puissances et les pays du
printemps arabe sont tous dans une structure de jeu806(*) où chacun agit en
fonction de ses objectifs et est parfois confronté aux obstacles qui
empêchent la réalisation de ceux-ci. J. ROJOT qualifie ces
obstacles de contraintes, celles-ci étant les difficultés qui se
dressent contre un acteur et qu'il doit affronter dans la progression de son
action807(*).
Ainsi, dans la poursuite de leurs objectifs, les
grandes puissances sont confrontées à diverses contraintes.
Celles-ci sont soit inhérentes à ces acteurs (Section I) soit
extérieures à ceux-ci (Section II).
SECTION I : LES CONTRAINTES INHÉRENTES AUX GRANDES
PUISSANCES.
Au rang des contraintes inhérentes aux grandes
puissances, nous présenterons celle qui est commune à toutes les
puissances (paragraphe1) et celles qui sont spécifiques aux Etats-Unis
d'une part et à la France d'autre part (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LA CRISE ECONOMIQUE
La démocratisation du Maghreb nécessite
des moyens financiers. Pour soutenir le printemps arabe, les grandes puissances
s'étaient engagées à financer le processus
démocratique808(*). Une fois les régimes décriés
renversés, la logique voudrait que les engagements soient tenus. A cette
étape, il se pose un problème, celui de la disponibilité
des ressources financières. Comment y parvenir lorsque celles-ci,
plongées dans une crise, se trouvent déficitaires ? Pour se
convaincre de ce que la crise en Occident est un obstacle au printemps arabe,
un peu comme avec les concepts opérationnels isolés, nous sommes
partis de l'analyse de certains auteurs (A), pour percevoir la situation
réelle des grandes puissances (B).
A. Le regard des auteurs et acteurs de la finance
mondiale.
La démocratie, c'est-à-dire la
capacité des peuples à s'exprimer à travers des
institutions qui produisent de la décision politique, est mise à
mal par la crise européenne809(*). Au début du printemps arabe, beaucoup
d'observateurs européens ont comparé les soulèvements
contre les régimes autoritaires d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient
à ceux qui avaient provoqué l'effondrement des régimes
communistes européens en 1989. Ils espéraient voir
déferler une vague de démocratisation et de développement
alimentée par une nouvelle génération de jeunes,
inspirés par les valeurs occidentales.
Toutefois, comme
l'a
noté la directrice générale adjointe
égyptienne du FMI Nemat SHAFIK en mai 2012, la différence, c'est
qu'en 1989, « l'économie mondiale était en pleine
expansion, l'Union européenne était prête à
accueillir parmi ses membres des pays en transition et il était facile
d'obtenir des financements externes »810(*). La transition des pays
arabes s'est produite dans un contexte beaucoup plus difficile. Selon Mme
SHAFIK, sans un « printemps économique »
accompagnant le renouveau politique, le printemps arabe serait voué
à l'échec, mais le poids des profondes réformes
nécessaires pèserait lourdement sur les caisses
déjà vides de ces pays instables.
Le printemps arabe a été l'occasion de
l'émergence de revendications démocratiques. Aujourd'hui, la
question économique s'impose. L'exemple de la transition politique et
économique en Europe de l'Est après la chute de l'URSS dans les
années 1990 et 2000 est intéressant en termes de grille de
lecture pour appréhender la situation actuelle des pays arabes.
En effet, après une longue période d'un
système économique et politique défaillants, l'Europe de
l'Est a dû organiser sa transition. Elle a été aidée
dans ce sens par l'Europe occidentale qui a financé des institutions et
le développement de ces pays.
Dans le cas des pays arabes, il paraît peu
envisageable qu'un pays arabe puisse, ou même souhaite, occuper ce
rôle financier pour aider à la stabilisation d'un pays de la
région811(*).
Dès lors, les seuls acteurs ayant les ressources financières et
politiques pour stabiliser la région, et permettre un processus de
transition relativement organisé sont les pays occidentaux. Etant
donné la proximité géographique avec l'Europe, et le
potentiel de déstabilisation régionale et mondiale d'un processus
de transition mal géré qui s'éterniserait, il semble que
cette question doive se faire de plus en plus prégnante auprès
d'institutions telles que l'Union Européenne812(*).
Commentant l'article de S. FONTAN, « Les
pays arabes faces à la crise économique », un chercheur
écrit : « l'auteur ne réalise pas que les deux
situations sont tellement différentes dans les deux cas au point
qu'aujourd'hui on ne peut pas assumer, chose qu'il a fait, que l'Europe
occidentale pourrait parvenir à résoudre la situation de crise
politique, sociale et économique dans la zone Arabe ou aider à
débloquer cette situation et la raison est simple, l'Europe occidentale
elle-même souffre d'un problème d'intégration
monétaire, économique et politique qui sera couronnée par
l'échec de l'union monétaire dans la zone ou la disparition des
régimes les plus faibles et l'émergence d'une force
européenne émanant d'un seul acteur éco-politique (
l'Allemagne peut être...) »813(*).
Ce commentaire tient la route. Il est d'ailleurs
appuyé par cet écrit de Ibrahim WARDE814(*) qui rapporte qu'
« en élisant une nouvelle Assemblée
nationale le 26 octobre 2014, les Tunisiens porteront les espoirs du
« printemps arabe ». Confrontées au chaos libyen,
à la guerre syrienne ou à l'autoritarisme égyptien, les
populations ne se font plus d'illusions quant aux promesses des Occidentaux.
Annoncée main sur le coeur dans une cité balnéaire
française en 2011, l'aide économique internationale n'est jamais
arrivée ». Un moment évoqué, le
« Plan Marshall » pour l'Afrique du Nord s'est
fracassé sur la '
crise de
l'euro815(*).
Frédéric ENCEL, pour attester de la situation
d'impossibilité pour l'Occident d'aider financièrement le
processus de démocratisation du Maghreb, souligne que :
« ce qui est triste, c'est que nous ne pouvons même
pas proposer une espèce de plan Marshall parce que les Occidentaux sont
désargentés. Et à qui donnerait-on les fonds ? A quel
Etat »816(*) ?
« Les pays du sud
méditerranéen n'ont pas été contaminés par
la crise financière, mais ils ont fortement subi la récession des
pays occidentaux, particulièrement de
l'Europe »817(*) écrit Henry MARTY-GAUQUIE.
Il exprime ainsi la forte corrélation existant entre crise en Occident
et impossibilité ou tout au moins difficulté à poursuivre
les objectifs du printemps arabe.
Une décision de soutien avait, en effet,
été prise par les grandes puissances au G8, instance
multilatérale818(*) de laquelle la France, la Grande-Bretagne et les
Etats-Unis sont membres. Le lancement réussi, sous présidence
française, du Partenariat de Deauville, constituait sans aucun doute une
réelle avancée, compte tenu de l'incapacité où se
trouvait l'Europe, en mars 2011, à coordonner seule une
réponse819(*).
Cependant, cette construction n'est pas sans faiblesses. Parmi ses multiples
lacunes, il se trouve en bonne place que la mise en oeuvre du partenariat
s'est avérée très tributaire de l'environnement politique
et économique prévalant tant dans les pays en transition, que
dans les pays développés donateurs820(*).
Dans les pays du G8, la crise économique
mondiale et ses amplifications successives ont dominé les concertations
au point que, sous la pression des contraintes budgétaires et des plans
d'ajustement structurels, les engagements d'aides bilatérales ont
été moindres qu'annoncés ; dans la même ligne,
les priorités d'actions indiquées aux Institutions
Financières Internationales par leurs actionnaires ne plaçaient
plus la Méditerranée au premier rang des
préoccupations821(*).
Loin d'être de simples analyses de penseurs et
d'analystes, la situation financière et économique de l'Occident
est véritablement critique et les analyses ci-dessus mentionnées
sont vérifiables à partir des données sur la situation
réelle de ces pays.
B. La situation des grandes puissances.
La situation de crise de l'Occident est perceptible au
travers des cas de la France (1), de la Grande-Bretagne (2) et des Etats-Unis
(3).
1- Le cas de la France
La France a perdu son triple A822(*)en novembre 2012. Ceci pour
un certain nombre de raisons dont la perte de compétitivité,
l'impossibilité de tenir les objectifs budgétaires, son
exposition à des chocs futurs de la zone euro823(*). L'agence Moody's insiste en
effet autant sur les rigidités du marché du travail que sur le
coût du travail. Elle met ainsi en cause la prééminence
d'un Contrat à Durée Indéterminée trop protecteur,
les contraintes et les incertitudes légales liées au licenciement
économique, et le niveau élevé des charges
sociales824(*). Moody's
approuve les objectifs de réduction du déficit budgétaire
pris par la France jusqu'à l'horizon 2017. Mais, comme beaucoup, elle ne
les croit pas tenables car elle considère que les
hypothèses
de croissance du gouvernement - +0,8% en 2013 et +2% en 2014 - sont
trop optimistes825(*).
Enfin, Moody's admet qu'il est de plus en plus difficile d'évaluer la
capacité de résistance (elle emploie le terme de
résilience) de la France à des nouveaux chocs auxquels serait
confrontée la zone euro. Elle décrit donc ici une sorte de
scénario noir. Mais elle s'inquiète en clair des
conséquences d'une crise de la dette qui ferait exploser l'Italie et
l'Espagne. Deux pays vis à vis desquels la France est exposée
« de façon disproportionnée » en raison des
liens commerciaux, de la présence bancaire directe via des filiales mais
aussi de la détention de dette souveraine. Car l'Etat français
pourrait subir de lourdes pertes826(*).
Aussi, « à mi-mandat, le bilan
économique de François HOLLANDE est
cruel »827(*). Marc LANDRE828(*) estime que la situation peut se résumer
à trois chiffres qui montrent bien l'ampleur de la crise
économique qui secoue la France depuis six ans et la difficulté
qu'a le président de la République à en sortir.
Il évoque le chiffre 489 400, comme le nombre
d'inscrits en catégorie A à Pôle emploi829(*). Lorsque
François
HOLLANDE a été élu président de la
République en mai 2012, un peu plus de 2,92 millions de
personnes pointaient en catégorie A (sans aucune activité)
à Pôle emploi en France métropolitaine. Fin
août 2014, ils étaient près d'un demi-million de
plus.
Il fait également mention du chiffre 158,9
milliards d'euros, représentant l'augmentation de la dette
publique830(*). A la fin
du mois de juin 2014, la dette de l'ensemble des administrations publiques a
crevé le plafond des 2 000 milliards d'euros, à 2 023,7
milliards précisément, soit 95,1 % du PIB et près de
160 milliards de plus en deux ans.
Enfin, il renseigne sur le chiffre 31 milliards
d'euros, qui représente le montant des hausses d'impôts831(*). Là
encore, François HOLLANDE ne fait pas vraiment mieux que son
prédécesseur. Entre mi-2012 et mi-2014, le président de la
République aura augmenté les prélèvements sur les
ménages et les entreprises d'environ 31 milliards, soit le
même montant peu ou prou que celui enregistré lors des deux
derniers exercices budgétaires sous Nicolas SARKOZY. Et ce, pour
permettre à la France de tenir ses engagements européens de
coller à la trajectoire d'un déficit public inférieur
à 3 % de PIB à la fin 2015. On se rend bien compte que la
France peine à tenir ses engagements internationaux. Si la situation est
difficile pour ce qui est de ses engagements européens, la crise a les
mêmes répercussions pour ce qui est du financement du processus de
démocratisation initiée avec le printemps arabe.
En 2013, la crise économique en France se
caractérise par une hausse du taux de chômage qui grimpe
jusqu'à 10,4% de la population active832(*). Le chômage, en hausse depuis mi-2011, atteint
10,8% (+0,3 point) avec les départements d'outre-mer (Dom)833(*). On comprend aisément
que le gouvernement français soit davantage préoccupé par
le redressement de la situation économique en France que par des
dépenses pour la démocratisation du Maghreb.
En effet, la situation ne s'améliore pas,
« l'économie française s'enfonce dans la
crise »834(*).
Le PIB français a stagné au deuxième trimestre, souligne
l'étude
de l'Insee, publiée mardi 23 septembre 2014, confirmant
ainsi la première estimation du 14 août 2014. Les
dépenses de consommation des ménages ont progressé de
0,4 % au deuxième trimestre, comme celles des administrations
publiques. Mais le gros point noir reste l'investissement des entreprises, en
recul de 0,7 %835(*).
L'on relève une impossibilité de faire
des réformes836(*). Sondage après sondage, les Français
répètent qu'ils veulent des réformes et une modernisation
de leur système - tant que cela n'a aucun impact pour eux837(*). Cela pose un défi
politique, la France se trouve en train de jongler. D'ailleurs, Bruxelles n'est
pas satisfait du budget français838(*). Selon des sources du Financial Times qui
publiait l'information le 21 octobre 2014 sur son site, la Commission
européenne devait
signifier,
mercredi 22 octobre 2014, à cinq membres de la zone euro ('
France, '
Italie, '
Malte, '
Autriche, '
Slovénie) qu'elle a
de gros doutes sur leurs projets de budgets pour 2015, reçus le
15 octobre 2014839(*). Cette situation est un peu nuancée, Simon
O'CONNOR, le porte-parole du commissaire à l'économie Jyrki
KATAINEN, refusait de
confirmer
l'information. « Si de telles consultations ont lieu avec les
capitales, cela ne préjugerait absolument pas des conclusions de
l'analyse faite par la Commission sur les budgets. Cela pourrait
être
simplement une demande de clarifications sur certains points, à laquelle
on pourrait
recevoir
des réponses satisfaisantes »840(*),
précise-t-il.
« La France ne parvient pas à
retrouver le chemin de la croissance, les finances publiques sont dans le
rouge »841(*). « La France achète depuis des
années de la croissance à crédit que ce soit sous forme de
déficit public ou de déficit
commercial »842(*). La crise financière française n'est
d'ailleurs pas propres aux années 2010 : « nos
finances publiques portent aujourd'hui encore les stigmates de la crise
financière de 2007 et de la grande dépression qui a
suivi »843(*). « Depuis 2008, les gouvernements ont
espéré que la crise serait temporaire et qu'elle était
entretenue pas la faiblesse de la demande »844(*).
Certains analystes estiment que la France aurait
besoin d'un «agenda 2020», semblable à
«l'agenda 2010» que Gerhard SCHRÖDER avait
imposé à l'Allemagne dans les années 2000845(*),
ajoute
la conservatrice. Cette situation de crise a poussé la France,
depuis le régime SARKOZY, à se mettre sous un système de
quasi sous-traitance.
La crise crée en France une situation de
contraction budgétaire846(*). Cette réalité est la
démonstration que la France traverse des moments difficiles. À la
recherche du bien être économique que A. WENDT cite comme type
d'intérêt national847(*).
La crise économique se fait ressentir dans le
suivi de l'interventionnisme libéral voulu par la France. Cet
interventionnisme consiste à considérer que « la
coercition militaire fait partie de l'action diplomatique, notamment lorsque
l'agenda libéral des valeurs démocratiques est
défié »848(*). L'interventionnisme libéral coûte
cher et il y a une difficulté à maintenir le budget de la
défense à 2% du PIB849(*). Comment donc intervenir pour sécuriser la
Libye déchirée et instaurer définitivement la
démocratie ?
La question du financement renvoie pour le coup au
pouvoir des parlementaires, qui votent le budget et qui ne perçoivent
pas toujours l'intérêt de maintenir les dépenses de la
défense dans un contexte plus général de contraction
budgétaire850(*).
Pourtant la résurgence de l'insécurité en Libye par
exemple nécessite comme on le verra plus loin une intervention
étrangère d'ailleurs sollicitée par les autorités
libyennes. Malheureusement, « la France, figure désormais
parmi les pays les plus fragilisés de la zone euro : son
économie a été asphyxiée par une politique
budgétaire très restrictive et, du coup, ses dirigeants sont
affaiblis »851(*). De même, en 2014, « en
dépit des délais supplémentaires accordés par la
Commission européenne à la France et à quelques autres
pays pour ramener leurs déficits publics à 3 % du PIB, la
politique de restriction budgétaire continue de maintenir
l'économie française en dessous de son
potentiel »852(*).
Aussi engagée que la France, la Grande-Bretagne
subit également la crise financière qui touche l'Europe.
2- Le cas de la Grande-Bretagne
Depuis 2008, la Grande-Bretagne a basculé dans
la récession853(*). L'activité s'est contractée de
0,5 % au cours des mois de juillet à octobre 2008854(*), après une croissance
nulle au second trimestre. Les chiffres ont été plus mauvais
qu'attendus par les économistes. Cependant, rien n'a semblé
indiquer qu'ils allaient se redresser avant fin 2009, bien au contraire.
« Nous entrons dans une période
difficile », avait admis le 18 octobre 2008 le chancelier de
l'Echiquier, Alistair DARLING855(*).
Le chômage est reparti à la hausse
à 5,7 % en septembre 2008. La barre des 2 millions de
chômeurs menaçait d'être franchie avant la fin de
l'année. A elle seule, la City était menacée de perdre
62 000 emplois. A cet effet, « il s'agit d'une crise
unique, peut-être la pire de l'histoire », estimait,
Charles BEAN, vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre, dans un entretien au
Scarborough Evening News856(*).
La situation est allée s'empirant. Ainsi en
2013, la Grande-Bretagne fait face à un autre épisode de
récession. D'après une étude de l'Office Nationale des
Statistiques, sur l'ensemble de l'année 2012, l'économie
britannique est restée au point mort857(*).
Le gouvernement de D. CAMERON a dû pratiquer une
politique d'austérité pour laquelle il est d'ailleurs
accusé par l'opposition britannique comme étant à
l'origine de la persistance de la crise et du risque d'une nouvelle
récession858(*).
En effet, pour le Royaume-Uni, il existe un seul remède à la
crise : la rigueur budgétaire, sur le modèle des années
d'austérité imposées au début du gouvernement
THATCHER, de 1979 à 1981. En octobre 2010, le gouvernement britannique
n'avait pas hésité à
renouer
avec la politique de la « Dame de fer », en adoptant un
plan de rigueur sans précédent859(*). A l'égard de cette pratique, même le
F.M.I. émet des réserves sur son efficacité.
« Nous pensons qu'un assainissement
budgétaire plus lent d'une façon ou d'une autre pourrait
être
approprié », a déclaré le chef
économiste du F.M.I., Olivier BLANCHARD, sur la BBC Radio 4860(*). « Nous avons
dit que si les choses se présentaient mal début 2013 (ce qui est
le cas) il faudrait
revoir
la '
politique
budgétaire » a-t-il ajouté, appelant Londres
à
profiter
de la présentation du budget en mars pour
tempérer
la rigueur861(*).
Le gouvernement britannique a résisté
face aux mises en garde du F.M.I. « Je ne pense
pas qu'il soit bon d'
abandonner
un plan de (réduction du) déficit crédible. La
crédibilité est très dure à
gagner
et très facile à perdre »862(*), avait
rétorqué M. OSBORNE, ministre britannique des finances, le 24
janvier 2013 depuis Davos en '
Suisse, alors que le pays
est de plus en plus sous la menace d'une perte de son sacro-saint triple A
auprès des agences de notation863(*).
La pratique d'austérité mise en oeuvre
par le gouvernement de D. CAMERON n'a pas porté de fruits car en mars
2013, on constate que la Grande-Bretagne subit une autre récession. Le
pays est entré en récession pour la deuxième fois depuis
la crise de 2008. Le Premier ministre David CAMERON accusé d'avoir
tué la croissance avec sa politique de rigueur draconienne et d'avoir
augmenté les inégalités sociales864(*). Pour le second trimestre
consécutif, le PIB est en baisse, de 0,2%. Ce mauvais résultat
fait suite au -0,3% du dernier trimestre 2011. Le pays était sorti de
récession fin 2009 après cinq trimestres d'affilée
de recul de l'économie durant la crise
financière865(*).
Aussi, le pays a connu une inflation de 3,5%, alors que les salaires
n'ont augmenté que de 1,5%866(*).
La Grande-Bretagne fait des efforts pour sortir de sa
situation. Par exemple, Londres s'achète à grand frais un
présent plus souriant. Mais ce faisant, tôt ou tard, comme en
2008, le pays sera rattrapé par ses excès. Et comme sa situation
financière sera très différente de ce qu'elle était
en 2008, cela imposera une profonde remise en question867(*).
La situation sans cesse dégradante de
l'économie britannique a valu au pays de perdre son triple A868(*). Londres a été
privé le 22 février 2013 de son prestigieux triple A par
Moody's au moment où le pays menaçait de retomber dans la
récession. Le ministre des finances, George OSBORNE, a aussitôt
réagi en soulignant que cette dégradation de la note constituait
« un sévère rappel des problèmes de la dette
auxquels est confronté le pays ». « Nous
n'allons pas tourner le dos à nos problèmes, nous allons les
surmonter »869(*), a-t-il ajouté.
Cet état des lieux en Grande-Bretagne sur les
conditions économiques du pays depuis 2008 explique en partie leur forte
implication dans la guerre ayant conduit le 20 octobre 2011 à la chute
du colonel KADHAFI en Libye. Ceci dans le but inavoué de faire main
basse sur les matières premières afin de relancer leur
économie. La situation de crise oblige la Grande-Bretagne à
être réservée dans ses dépenses. De ce fait le
projet de démocratisation du Maghreb est en souffrance, la faute
à la crise. Cette crise touche également les Etats-Unis.
3- La situation de crise des Etats-Unis
Les Etats-Unis possèdent l'économie la
plus puissante du monde. Toutefois, ils ont été les premiers
à souffrir de la crise financière de 2009. Le pays a connu la
plus grave récession depuis les années 1930, l'économie se
contractant de 2,6% en 2009. Grâce à un plan de relance
budgétaire et monétaire de grande ampleur qui a, entre autres,
stimulé la consommation des ménages, l'économie s'est
redressée en 2010 mais peine à décoller depuis cette date.
«La situation est très difficile et
elle réclame des interventions coordonnées. Il faut
reconnaître que le monde est entré dans une crise
financière globale qui concerne tous les pays»870(*). Cette affirmation est
vérifiée en ceci qu'il n'y a pas que la zone euro qui est en
crise, les Etats-Unis aussi le sont. L'agence d'évaluation
financière Standard and Poor's a abaissé la note attribuée
à la dette publique des Etats-Unis de «AAA» à
«AA+» le 05 août 2011 et estimait par la même occasion
que les perspectives sont négatives871(*).
Des données chiffrées attestent de la
gravité de la situation. Par exemple, pour l'année fiscale 2011,
le gouvernement fédéral a enregistré un déficit
budgétaire de presque
1
300 milliards de dollars. C'est la 3e année
consécutive que le déficit budgétaire dépasse les 1
000 milliards de dollars872(*), c'est-à-dire depuis 2009. Aussi, la
prévision pour le déficit commercial des Etats-Unis en 2011 est
de
558
milliards de dollars. Les dépenses du gouvernement
fédéral représentent
24%
du PIB. En 2001, elles représentaient seulement 18%873(*). Si le gouvernement
fédéral commençait à l'instant même à
rembourser la dette nationale au rythme de 1$ par seconde, il faudrait
440 000
ans pour effacer la dette874(*).
La croissance du PIB a été de 1,6% en
2013. Faute d'accord politique entre démocrates et républicains,
à l'automne 2013 l'administration fédérale est
restée paralysée par des débats relatifs au
relèvement du plafond de la dette. Cette question a été
instrumentalisée par la droite du parti républicain, afin de
revenir sur la réforme de santé. L'Etat fédéral a
cessé de fonctionner jusqu'à ce que, en octobre, face au risque
de défaut de paiement, les républicains finissent par signer. Ce
blocage aurait coûté 17,6 milliards d'euros à l'Etat
américain875(*).
Aussi la crise financière mondiale a
provoqué une envolée du chômage, qui est, néanmoins,
redescendu à 7,3% en 2013876(*). Cette situation permet de comprendre le
désintérêt des Américains par rapport aux
interventions de leur pays dans les affaires internationales. Comme nous le
verrons plus loin, le gouvernement des Etats-Unis a pris cette aspiration en
compte et c'est d'ailleurs un autre obstacle (spécifique aux Etats-Unis)
pour l'atteinte des objectifs du printemps arabe.
En vue de pallier aux problèmes causés
par la crise, un accord a été obtenu au sénat pour relever
le plafond de la dette. Il permet d'ouvrir une nouvelle phase de
négociations, mais il ne sort pas les Etats-Unis d'une crise
budgétaire, qui dure depuis deux ans avec d'importantes
conséquences économiques877(*). « Les Etats-Unis sont
gouvernés en état de crise budgétaire permanente depuis
août 2011 »878(*), souligne Christine RIFFLART, économiste de
l'OFCE.
Il existe par ailleurs une accentuation du contexte
par un blocage orchestré par le Tea Party qui entrave la croissance du
pays. Depuis 2011, Barack OBAMA n'est plus au commande de la politique
budgétaire des Etats-Unis. « Elle est, au moins, sous
influence du jusqu'au-boutisme du Tea Party, sinon directement inspirée
par cette frange minoritaire du parti
républicain »879(*), affirme Christine RIFFLART. Une influence qui a eu
des conséquences directes sur l'économie américaine :
« c'est leur opposition à tout accord budgétaire
avec l'administration OBAMA qui a entraîné, en mars 2013,
d'importantes coupes automatiques et arbitraires dans les dépenses de
l'Etat (qualifiées par les démocrates de «
séquestre ») »880(*), rappelle Christine
RIFFLART. Un régime minceur budgétaire qui, depuis lors, a
« ralenti le rythme de la croissance américaine »,
affirme cette experte.
En vue de remédier à la crise, le
Congrès américain a finalement abouti à un accord, mettant
un terme au shutdown qui a paralysé l'Etat
fédéral pendant plus de deux semaines et relevant par la
même occasion le plafond de la dette, le 16 octobre 2013, évitant
in extremis un défaut de paiement881(*). Il importe de relever que ces semaines de paralysie
ont fait perdre au gouvernement des Etats-Unis 24 milliards de
dollars882(*). Dans une
réflexion et une analyse, nous pouvons dire que ne serait-ce que ces 24
milliards de dollars auraient, s'ils avaient été injecté
au Maghreb, servi à quelque chose dans le processus de
démocratisation.
Cette situation de crise, rappelons le, date de 2011,
année de la chute des dirigeants Maghrébins entrainés par
le printemps arabe. On constate que cette coïncidence n'est pas sans
conséquence sur la difficulté qu'ont les Etats-Unis de financer
le processus de démocratisation amorcé dans cette partie de
l'Afrique. C'est certainement la raison de l'existence d'obstacles
spécifiques aux Etats-Unis. Notons néanmoins qu'en 2014, la
situation semble s'améliorer, du moins se stabiliser aux Etats-Unis,
« l'accord budgétaire entre républicains et
démocrates (passé en décembre 2013) devrait limiter un peu
l'austérité »883(*). Aussi, « les Etats-Unis se sont
jusqu'ici moins mal dépêtrés de la crise que l'Europe,
même s'ils sont très loin d'être tirés
d'affaire »884(*) car il y a eu une chute brutale de 2,9 % du PIB
américain au premier trimestre 2014885(*), suivi néanmoins d'une croissance au
troisième trimestre ayant atteint 3,5%886(*), l'évaluation du quatrième
étant impossible en ce moment compte tenu du non achèvement de
cette période887(*). Ils alternent le chaud et le froid, ce qui limite
leurs actions. En plus de la crise, les Etats-Unis, comme la France d'ailleurs,
sont soumis à d'autres contraintes.
PARAGRAPHE II : DES CONTRAINTES SPECIFIQUES AUX
ETATS-UNIS ET A LA FRANCE.
Il existe des contraintes
spécifiques aux Etats-Unis d'une part et à la France d'autre
part. Ce sont la prise en compte de l'opinion publique
américaine par le gouvernement de Barack OBAMA (A), contrainte
spécifique aux Etats-Unis et une absence de politique africaine de
François HOLLANDE, couplée à une décision d'action
en retrait en Afrique avec réorientation des actions dans un autre champ
(B).
A. La prise en compte de l'opinion publique
américaine par le gouvernement de Barack OBAMA
La prise en compte de l'opinion publique
américaine par le gouvernement de Barack OBAMA est un obstacle à
la poursuite de leurs actions au cours du printemps arabe.
En effet, le choix et la promotion d'un leadership
discret, et d'une intervention vite limitée à un rôle de
soutien et non de combat, a été fait surtout pour rendre moins
visible la participation américaine aux yeux de l'opinion
américaine de plus en plus réticente à voir le pays
s'engager dans une nouvelle aventure militaire dans un pays musulman, alors que
le sentiment isolationniste n'a jamais été aussi
élevé depuis un demi-siècle selon une étude du Pew
Research Center888(*).
Cette situation n'est pas nouvelle WHITAKER S. Jennifer écrivait
déjà : « aujourd'hui, la plupart des
Américains considéraient comme de la folie pure et simple,
l'emploi d'unités combattant n'importe où - ou presque - hors de
nos frontières »889(*).
En effet, si le « leadership en
retrait », a été et demeure très critiqué
par les élites politiques, les experts et les commentateurs de tous
bords, il a été en revanche largement validé par
l'opinion américaine. C'est ce que montre le Chicago Council on
Global Affairs, dont l'étude annuelle sur l'opinion publique
américaine en politique extérieure fait
référence890(*).
Son édition 2012 a confirmé la lassitude
de la population américaine dans son ensemble vis-à-vis de
l'aventurisme extérieur de ses dirigeants : 38% des
Américains disent même vouloir que « les Etats-Unis
restent à l'écart des affaires du monde », le
chiffre le plus élevé depuis la première étude en
1947. Ce sentiment est même majoritaire dans la jeune
génération (les personnes âgées entre 18 et 29 ans),
qui sont 52% à vouloir que leur pays adopte un rôle plus en
retrait vis-à-vis du reste du monde, comparé à 35% pour
les autres classes d'âge (à l'inverse, les plus favorables
à un rôle actif sont les plus de 60 ans). Sans être
totalement insensibles à ce qui se passe hors de leurs
frontières, les électeurs américains comprennent
difficilement les investissements gigantesques engagés dans des
opérations extérieures, au détriment souvent de leur
propre bien-être891(*).
Enfin, le Chicago Council accorde un chapitre entier
à la Libye intitulé « un modèle pour de futures
interventions ? »892(*) qui s'interroge sur la perception du fait que les
Etats-Unis n'ont pas joué le rôle principal, laissant le
leadership à la France et à la Grande-Bretagne. Cette
évolution apparaît comme éminemment acceptable pour le
public américain : seuls 7% considèrent que Washington
aurait dû avoir le premier rôle, tandis que 72% estiment que les
Etats-Unis ont fait le bon choix en ne s'impliquant pas en première
ligne en Libye (19% pensent que les Etats-Unis n'auraient pas dû
participer du tout).
Ainsi tant la division du congrès pendant le
vif des interventions893(*), que la prise en compte de l'opinion publique sont
des obstacles avec lesquelles le gouvernement américain a dû
composer pour mener son intervention en Libye avec en toile de fond
l'éviction stratégique de la Chine en Afrique. De même, le
Congrès a empêché l'administration OBAMA d'effectuer des
investissements dans les infrastructures libyennes894(*).
Dès lors, il s'est certainement posé
une question, celle de savoir comment atteindre son objectif sans risquer de
perdre la sympathie des concitoyens Américains, potentiels
électeurs surtout que l'année 2012 se présentait comme une
année électorale au sommet de l'Etat ? Ceci a donné
naissance au leadership from behind qui leur permet d'avoir une part dans le
partage du gâteau tout en satisfaisant l'opinion publique
américaine. La politique étrangère américaine a
cherché ses marques entre « un désir de se
désintéresser du monde et un besoin de s'en
préoccuper»895(*). Elle s'est aussi appesantie sur la sauvegarde de
ses intérêts.
B. Absence de politique africaine de François
HOLLANDE, décision d'action en retrait et réorientation des
actions de la France.
La suite des actions de la France dans le Maghreb
démontre l'absence de politique africaine (1), une décision
d'action en retrait et une réorientation des actions de cette puissance
(2).
1- L'absence de politique africaine de François
HOLLANDE.
Il existe une absence de politique africaine de F.
HOLLANDE. Elle est accompagnée par un certain
« amateurisme » du régime de ce dernier.
Le premier constat à l'arrivée des
socialistes au pouvoir en France était le faible niveau de
compétence sur la politique africaine, du parti et de son réseau
d'intellectuels. Le nouveau gouvernement apprend en avançant896(*). Les objectifs n'ont pas
été travaillés et clarifiés correctement en
interne, ce qui entraîne des déséquilibres fondamentaux,
comme l'absence de discours sur la démocratie897(*). Ceci donne à
Régis MARZIN d'affirmer que « la démocratie est
oubliée en Afrique »898(*). D'ailleurs, dans la nouvelle configuration
dénominationnelle des institutions républicaines
françaises, suite au remplacement du ministère de la
coopération par un ministère du développement,
l'organisation du gouvernement français reproduit maintenant la
dénomination européenne, avec division des tâches entre
développement et affaires étrangères.
Comme au niveau européen, personne ne semble
responsable de la question de la démocratisation. Laurent
FABIUS n'a montré aucun désir de travailler sur la
démocratisation du continent africain, et le ministre
délégué au développement, Pascal CANFIN, ne semble
pas autorisé à avancer sur un domaine plus ou moins
réservé à ses deux supérieurs899(*). Aussi, le gouvernement
semble improviser sa politique étrangère en Afrique en
privilégiant uniquement la gestion des crises900(*), tel que nous le verrons
plus bas.
2- La décision d'action en retrait en Afrique
et la réorientation des actions de la France.
D'abord, pour illustrer la décision d'action
en retrait annoncé par la France, nous avons cette
déclaration du Président français François
HOLLANDE : « les problèmes en Afrique se règlent
entre Africains »901(*). En visite en Afrique du Sud en octobre 2013, il a
réitéré cette position en reprécisant :
« Je l'avais dit, c'était à Dakar, la
sécurité des Africains appartient aux Africains. Ce sont eux qui
ont à la mettre en oeuvre avec leur organisation, l'Union africaine, et
avec les organisations régionales qui en ont la
compétence »902(*). Il ajoute :
« Je l'ai affirmé plusieurs fois : la
sécurité des Africains dépend d'abord des
Africains »903(*). Cette précision traduit le
« désengagement offensif » de la France, du moins de
la France de HOLLANDE actuellement en exercice au poste de Chef de l'Etat
français vis-à-vis des problèmes de l'Afrique y compris
donc, celui de la démocratisation. Surtout que la démocratie a
disparu du discours de la France qui réoriente ses actions.
Ensuite, l'alternance politique en France a
créé une attente de progrès dans la politique
étrangère africaine. Des perspectives s'ouvraient en termes de
soutien de la démocratisation du continent africain. Le
déclenchement du conflit malien a déplacé les enjeux sur
la gestion des conflits, entrainant de fortes incertitudes sur les choix
stratégiques du nouveau gouvernement en France. Si le voile ne s'est pas
levé, l'intervention militaire au Mali permet de commencer à
mieux cerner les orientations de la politique française, au regard des
réalités904(*).
Le discours de François HOLLANDE aux
ambassadeurs en fin août 2012 était très en retrait sur des
objectifs tels que la démocratie par rapport à celui de SARKOZY
en 2011905(*). On a
ainsi vu la France très engagée dans le conflit au Mali,
situation qui s'inscrit dans sa nouvelle logique militaire qui place
l'armée aux premières loges de la stratégie
Hollandienne.
Il importe de relever que, depuis 2012, les affaires
militaires ont beaucoup envahi le champ des affaires étrangères,
que ce soit à l'Assemblée ou au Ministère des affaires
étrangères. Si l'on sait peu de chose sur ce ministère en
dehors de quelques confidences recueillies par des journalistes906(*), les débats à
l'Assemblée sont publics et montrent un fort débordement des
logiques militaires dans le champ des affaires étrangères. Le
parlement précédent ne parlait que très peu de l'Afrique
et celui-ci l'aborde très souvent sous l'angle fourni par le lobby
militaire.
Quel écart entre les discours de 2011 et les faits
depuis la chute des dirigeants Maghrébins! On parlait d'accompagner la
démocratisation au Maghreb, aujourd'hui, les orientations d'actions sont
différentes. Il nous incombe cependant de relever que les grandes
puissances ne sont pas les seules à être responsables de
l'échec des objectifs du printemps arabe. Plus qu'à d'autres
époques, la stratégie de la France, comme celle de ses
alliés, doit faire face à des dilemmes907(*).
SECTION II : LES CONTRAINTES EXTERIEURES AUX GRANDES
PUISSANCES.
Les contraintes extérieures aux grandes
puissances sont relatives à l'UA (paragraphe 1). Elles concernent aussi
les pays touchés par le printemps arabe et s'articulent autour de
plusieurs éléments qui s'organisent en facteurs (paragraphe 2)
qui sont suivis par des effets (paragraphe 3) qui bloquent l'émergence
de la démocratie au Maghreb, du moins en Libye et en Egypte.
PARAGRAPHE I : L'UA, OBSTACLE A LA STRATEGIE DES
GRANDES PUISSANCES.
Les grandes puissances ont dû obstruer les
actions de l'UA et même aller au-delà en négligeant cette
Institution africaine afin de surmonter cet obstacle.
L'Afrique est « généralement
considérée comme un destinataire, plutôt qu'un contribuant,
du développement du droit international »908(*). Dans cette veine,
l'intervention militaire en Libye fut révélatrice de «
l'humiliation » des acteurs africains dans la négociation
internationale909(*).
Contrairement à la situation avec les autres entités, les jeux
des grandes puissances, notamment celles très actives, ont
consisté à ne pas coopérer avec l'UA, certainement parce
que les approches étaient différentes voire opposées.
Pendant qu'elles avaient mis à prix la tête de Mouammar
al-KADHAFI, l'UA prônait une résolution pacifique du conflit
libyen. En effet, l'Union Africaine a pris ses distances à
l'égard de l'intervention de la coalition, elle prône, à
travers son secrétaire général Jean PING, un cessez le
feu, il déclare « dès que des femmes et des enfants sont
tués on est loin de la responsabilité de protéger
»910(*). Il
propose de rechercher une « solution africaine », mais sans que le
départ de KADHAFI soit avancé comme préalable911(*).
C'est ce que la France essaye de faire dans un trompe
l'oeil lorsque son ministre de la défense déclare :
« nous avons arrêté la main qui avait frappé.
Il va falloir se mettre maintenant autour d'une
table »912(*). Il semblait annoncer qu'un dialogue était en
préparation entre les parties prenantes au conflit libyen tel que le
veut l'UA. Néanmoins, la France et les alliés ont continué
à bombarder la Libye jusqu'à la mort de Mouammar KADHAFI le 20
octobre 2011. Il y a eu « éclipse sur l'Afrique » par la
mise au ban de l'UA par les P3 (France, Royaume Uni, Etats-Unis)913(*). Aussi, la plupart des
puissances étrangères ont mis en place leurs propres
dispositifs sécuritaires sur le continent africain sans que ceux-ci
s'intègrent à l'APSA (Architecture Africaine de Paix et de
Sécurité)914(*).
De façon générale, l'UA a
été méprisée dans la conduite du printemps arabe.
S'exprimant à ce sujet, le président Paul BIYA déclare
« je regrette que notre organisation continentale (L'Union
Africaine) n'ait joué qu'un rôle secondaire dans le traitement de
ces crises où les grandes puissances étaient au premier
plan »915(*). Le président Jacob ZUMA confirme
cet état de chose lorsqu'il affirme «ceux qui ont la puissance
de bombarder d'autres pays ont saboté les efforts et les initiatives de
l'UA pour trouver une solution à la crise en
Libye »916(*).
La fiabilité, la crédibilité
et l'autorité de l'U.A. ont été mises à mal
par les récentes crises dont celle de la Libye. La feuille de
route proposée par l'UA pour résoudre la crise libyenne
n'a pas reçu l'attention appropriée par la communauté
internationale (y compris les grandes puissances), et a plutôt
été critiquée917(*). Aussi, les protestations populaires en Afrique
du Nord et au Moyen-Orient ont été perçues comme un
« printemps arabe », plutôt que comme une
problématique africaine. Cette perception a été
alimentée par le manque de consultation entre les dirigeants
africains et européens (dont ceux de la France et de la Grande-Bretagne)
sur la question918(*).
Les grandes puissances ont simulé prendre en
compte le point de vue des africains. Pour la France, par exemple, s'engager
au-delà de la présence de quelques « conseillers »
militaires serait le début d'un engrenage vers une intervention qui
dépasserait nos moyens et ne serait pas acceptée par le Conseil
de Sécurité. Elle serait interprétée, aussi bien
dans le monde arabe qu'en Afrique, comme la marque d'une volonté
d'ingérence d'une ancienne puissance coloniale919(*). Cette allégation
française est très loin de la réalité car sur le
terrain on a remarqué autre chose. Les forces alliées et celles
françaises avec, ont bombardé la Libye pour réduire
à néant les troupes de KADHAFI, permettant ainsi aux
insurgés de le renverser. L'U.A. s'est d'ailleurs plainte de ce que les
pays occidentaux minent ses efforts pour trouver une solution continentale au
conflit libyen. « J'aimerais souligner que la poursuite d'autres
efforts en Libye, par des acteurs non africains, a eu des répercussions
sur la mise en oeuvre de la feuille de route de l'U.A. », a
déclaré le commissaire de l'Union pour la paix et la
sécurité, Ramtane LAMAMRA, aux ministres des Affaires
étrangères africains réunis à Addis-Abeba920(*). Il poursuit en
déclarant « des efforts ont été faits pour
marginaliser une solution africaine à la
crise »921(*).
La présence de l'UA n'a pas
empêché la mort de M. KADHAFI. Elle se situe dans le cours de la
guerre. Quoique surmontée, elle se trouve en amont d'autres facteurs qui
continuent à bloquer l'émergence de la démocratie.
PARAGRAPHE II: LES FACTEURS OBSTRUANT L'INSTAURATION DE LA
DEMOCRATIE AU MAGHREB.
Des trois pays maghrébins touchés par le
printemps arabe, avec pour revendication entre et autre l'instauration de la
démocratie, la Tunisie a réussi à y arriver avec
l'adoption d'une constitution qui répond aux attentes des puissances.
Sélim Ben ABDESSELEM922(*) atteste cette avancée. Son article est
sous-titré : « Tunisie : le « grand bond en avant
»... démocratique ! ».
Il écrit : « au terme d'un processus
long de plus de deux ans, l'Assemblée nationale constituante (ANC)
élue le 23 octobre 2011 a parachevé la Constitution de la Seconde
République tunisienne »923(*) ! La Constitution a été
votée le 26 janvier 2014 avec 200 voix pour (soit largement plus de la
majorité des deux-tiers requise pour son adoption selon les termes de la
loi dite d'organisation provisoire des pouvoirs publics), 12 contre, 4
abstentions. Un élu étant décédé la veille
du vote sans qu'il n'ait pu être remplacé, il n'y a eu que 216
votants alors que l'ANC comptait 217 sièges. La Loi fondamentale a
été officiellement signée le 27 janvier 2014 par les
présidents de la République, du Gouvernement et de
l'ANC924(*).
Il ajoute: « la Tunisie dispose d'une
nouvelle constitution, adoptée par une assemblée élue. Peu
avant ce vote solennel et historique, l'ANC avait achevé la mise en
place de l'Instance supérieure indépendante pour les
élections (ISIE), chargée de superviser la préparation et
le déroulement des opérations électorales et
référendaires925(*), ce qui peut laisser espérer des
élections pour la fin 2014 »926(*). Le choix de confier la
supervision des opérations électorales et de leur
préparation à une instance indépendante et non plus au
ministère de l'Intérieur avait été fait dès
le lendemain de la Révolution pour les élections du 23 octobre
2011 et a été entériné par la constitution avec la
constitutionnalisation de cette instance et de ses prérogatives (article
126)927(*).
Il continue : « la Tunisie, avec
l'adoption de sa constitution, la mise en place de l'ISIE et la
désignation du nouveau gouvernement de compétences
indépendantes, a sans aucun doute marqué des points en vue de la
reconquête au moins partielle de sa crédibilité sur la
scène internationale en donnant une visibilité à ses
partenaires potentiels. Ceci même si la plupart des indicateurs
économiques et sociaux demeure dans le rouge comme en témoigne la
baisse continue de la note souveraine par les agences de
notation »928(*).
François HOLLANDE s'est rendu dans le pays
affirmant se déplacer pour « célébrer un
succès, un évènement positif et
important »929(*). Une élection présidentielle s'y est
d'ailleurs déroulée le 23 novembre 2014.
Pour ce qui est des deux autres pays à savoir
la Libye et l'Egypte, le chemin est encore long et parsemé de plusieurs
embûches. Pour donner à voir clairement sur ces embûches,
nous les présenterons en fonction de ces deux pays. C'est ainsi que nous
avons des facteurs propres à l'Egypte (A) et des facteurs propres
à la Libye (B).
A. Les facteurs propres à l'Egypte.
Les facteurs propres à l'Egypte obstruant
l'instauration de la démocratie sont la mal gouvernance (1),
l'armée (2) et le déficit financier (3).
1- La mal gouvernance
C'est un truisme que de rappeler que
la mal gouvernance est l'opposé de la bonne gouvernance. Mal et bonne
sont des adjectifs qui qualifient la gouvernance, une notion aux
définitions multiples et une notion inachevée930(*). Ce faisant, la
définition de la mal gouvernance se fait à contrario de celle de
la bonne gouvernance qui fait l'objet de nombreuses clarifications931(*). Ses principes932(*) sont nombreux et tournent
autour de la légitimité politique et l'imputabilité, la
liberté d'association et la participation, l'existence d'un
système judiciaire fiable, la responsabilisation des bureaucraties, la
liberté d'information et d'expression, la gestion efficace et efficiente
du secteur public et une coopération avec les organisations de la
société.
B.J. NDULU utilise le terme de gouvernance au sens de
gouvernement, comme si cette notion lui permettait de critiquer les Etats
sans pour autant remettre explicitement en cause leur
souveraineté933(*). Cette appréhension de la gouvernance dans le
sens de gouvernement nous captive en ceci qu'elle nous donne de nous
intéresser aux institutions chargées d'administrer en Egypte.
Il faut s'intéresser à la bonne
gouvernance du fait qu'une saine conduite des affaires publiques est cruciale
dans la période de bouleversements actuelle934(*).
La gouvernance sera bonne ou mauvaise en fonction de
la capacité des gouvernants et des administrations à respecter
des principes qui favorisent l'adhésion et la participation de
l'ensemble des acteurs de la société civile aux politiques qui
les concernent935(*).
Mesurer la gouvernance est une entreprise difficile mais indispensable à
l'instauration d'un processus démocratique936(*).
L'application des principes de la bonne gouvernance
aux cas de l'Egypte permet de se rendre à l'évidence de
l'existence de plusieurs entorses à ceux-ci, toute chose qui
détermine la mal gouvernance.
Elle est caractérisée par les violations
des droits de l'homme (a) d'une part et d'autre part par la dissolution des
partis politiques (b).
a- Les violations des droits de l'Homme.
Au travers de l'obstruction à la liberté
d'association, d'expression les violations en Egypte sont perceptibles tant
dans la période post-MOUBARAK que dans celle post- MORSI.
- Les violations de la période post
MOUBARAK.
Dans le rapport du 22 novembre 2011 intitulé
Broken
Promises: Egypt's Military Rulers Erode Human Rights, Amnesty
International rend compte du bilan déplorable en matière de
droits humains du Conseil suprême des forces armées, à la
tête du pays depuis la chute de l'ancien président Hosni MOUBARAK
au mois de février 2011.
Le CSFA fait comparaître des milliers de civils
devant les tribunaux militaires, en réprimant les manifestations
pacifiques et en élargissant le champ d'application de la
législation d'urgence, ce faisant, « le Conseil Suprême
des Forces Armées perpétue la tradition du régime
répressif que les manifestants du 25 janvier 2011 ont combattu si
ardemment »937(*). Ainsi, on pourrait dire que ceux-ci ne sont pas
encore sortis de l'auberge.
Le bilan en termes de droits humains du Conseil
Suprême des Forces Armées, après neuf mois à la
tête de l'Egypte, montre que les objectifs et les aspirations de la
Révolution du 25 janvier 2011 ont été
écrasés. La réponse des autorités du CSFA aux
manifestants est brutale et autoritaire. Elle présente toutes les
caractéristiques de l'ère MOUBARAK.
En examinant ce bilan, Amnesty International a mis en
avant que le Conseil Suprême des Forces Armées n'avait
guère tenu les engagements souscrits lors de nombreuses
déclarations publiques et avait même aggravé la situation
dans certains domaines938(*).
En août 2011, il a reconnu que près de
12 000 civils dans le pays avaient comparu devant des tribunaux
militaires, et ce dans le cadre de procès manifestement iniques. Au
moins 13 d'entre eux ont été condamnés à
mort. Les accusés sont notamment inculpés de
« brutalité », « non-respect du
couvre-feu », « dégradation de biens » et
« insulte à l'armée »939(*).
La censure n'a pas épargné le monde
médiatique. Ainsi, dans le but évident de censurer toute
information négative sur le CSFA dans les médias, de nombreux
journalistes de radio et de télévision ont été
convoqués par le procureur militaire. En raison des pressions
exercées par les militaires, plusieurs actualités majeures
passent sous silence940(*).
Le 9 octobre 2011, près de
28 personnes auraient été tuées après que les
forces de sécurité ont dispersé un rassemblement
organisé par les chrétiens coptes. Des soignants ont
rapporté à Amnesty International que les blessés
présentaient notamment des blessures par balle et des membres
écrasés, les soldats ayant roulé à grande vitesse
sur les manifestants à bord de véhicules blindés. Au lieu
d'ordonner l'ouverture d'une enquête indépendante, l'armée
a annoncé qu'elle dirigerait elle-même les investigations et a agi
rapidement en vue d'éradiquer toute critique941(*). Amnesty International a
déclaré qu'elle avait eu connaissance d'informations concordantes
selon lesquelles les forces de sécurité faisaient appel aux
baltagiya (bandits armés) afin d'attaquer les manifestants.
Cette stratégie bien connue était employée sous le
régime de Hosni MOUBARAK942(*).
D'autre part, la torture en détention se
poursuit depuis que les militaires sont à la tête du pays. Amnesty
International s'est entretenue avec des prisonniers qui ont
déclaré avoir été torturés alors qu'ils
étaient détenus par l'armée943(*). Le Conseil Suprême
des Forces Armées a promis de mener des enquêtes, dans le but de
faire taire les critiques dénonçant de graves violations des
droits humains, mais n'a pas tenu ses promesses. A la connaissance d'Amnesty
International, aucun auteur présumé de ces violations n'a
été déféré à la justice944(*).
La démocratie ne peut s'instaurer dans les
conditions sus-évoquées. C'est pourquoi Amnesty International
conclut son rapport en précisant : « afin que l'on
assiste à une véritable transition vers la nouvelle Egypte, que
les manifestants réclament, le Conseil suprême des forces
armées doit relâcher son emprise sur la liberté
d'expression, d'association et de réunion, lever l'état d'urgence
et cesser de traduire les civils devant des tribunaux
militaires »945(*). Ces violations se sont poursuivies après la
chute de Mohamed MORSI.
- Les violations de la période
post-MORSI.
On pourrait penser que les violations n'étaient
effectives que pendant l'année 2011 qui a vu en février la chute
d'Hosni MOUBARAK que non. On a assisté à des répressions
brutales, à l'obstruction de la liberté d'association, à
la liberté de presse.
Il y a en Egypte des répressions brutales. A
cet effet, en mars 2014, 28 pays, dont la France, le Royaume-Uni et les
Etats-Unis, ont adressé une déclaration commune au Conseil des
droits de l'Homme de l'ONU pour dénoncer «l'usage
disproportionné de la force létale par les forces de
sécurité (égyptiennes) contre les manifestations, qui a
fait de nombreux morts et blessés»946(*). Depuis que
l'armée a destitué et arrêté il y a huit mois le
président islamiste Mohamed MORSI, policiers et soldats répriment
sévèrement toute manifestation de l'opposition, en particulier
islamiste947(*). Ceci
traduit l'absence de liberté d'opinion pourtant la pluralité
d'opinions est un principe de la démocratie948(*).
Après l'éviction de Mohamed MORSI, plus
de 1400 de ses partisans ont été tués au cours d'une
implacable répression qui s'est également soldée par plus
de 15 000 arrestations. En outre, des centaines de peines de mort ont
été prononcées à l'issue de procès
expéditifs condamnés par la communauté
internationale949(*).
M. MORSI, tout comme la majorité de la
direction des Frères musulmans, se trouve derrière les barreaux
et risque la peine de mort dans plusieurs procès950(*).
Ces données sur la situation des Droits de
l'Homme, qui se présentent comme un acquis de la démocratie, sont
confirmées par Amnesty International. Selon cette organisation mondiale,
depuis cette période, au moins 1 400 personnes ont été
tuées et des milliers d'autres emprisonnées. En outre, plusieurs
figures des mouvements de la jeunesse et de la révolte de 2011 ont
été incarcérées951(*).
Plusieurs journalistes ont aussi été
incarcérés et torturés pour des raisons inavouées.
C'est le cas de trois journalistes d'Al-Jazeera.
Arrêtés le 29 décembre 2013, les trois
journalistes ont été détenus des semaines dans des
conditions difficiles. Isolement, cellules infectées
d'insectes952(*). Au total, 20 personnes, dont 8
incarcérées, sont mises en cause. 16 Egyptiens,
accusés d'«appartenance à une organisation
terroriste» et «d'atteinte à l'unité
nationale», et 4 étrangers, pour collaboration avec
ce «groupe terroriste» en lui fournissant argent,
équipement et informations953(*). La question que l'on est en droit de se poser est
celle de savoir si ces accusations sont fondées.
En tout état de cause, elle rentre dans la
vague de répression que dénonce l'interpellation de l'ONU par le
groupe des 28 pays. D'ailleurs, les autorités égyptiennes
rejettent ces accusations. Le ministère égyptien des Affaires
étrangères a «fermement protesté»
contre cette déclaration à l'ONU, exprimant aux ambassadeurs de
ces pays «le refus catégorique de l'Egypte de toute
ingérence»954(*). Hazem Seif El-NASR, chef des Affaires
européennes au sein du ministère est allé plus loin en
accusant les 28 pays signataires de la déclaration d'avoir omis
«de mentionner les avancées réalisées par
l'Egypte vers une transition démocratique»955(*).
Pour les autorités égyptiennes,
tout est sur la bonne voie et certainement à leur avis, les arrestations
qu'elles pratiquent ont pour but de parfaire le chemin vers la
démocratie.
Outre la répression, les 28 pays
évoquent aussi dans leur déclaration des
inquiétudes
quant à la liberté d'expression, d'association et de
se rassembler pacifiquement en Egypte956(*). Ils y exhortent enfin les autorités à
«garantir un environnement sans discrimination et des élections
transparentes, crédibles et ouvertes à l'observation
internationale»957(*).
Cette demande est d'ailleurs légitime, elle
n'a pas tardé à se faire constater. Il convient de relever que
les autorités militaires égyptiennes fragilisent les institutions
de la démocratie notamment les partis politiques. Elles interdisent
à certaines personnes de se présenter aux élections. C'est
le cas des anciens pro-MOUBARAK958(*). Une interdiction à des personnes non
déchues de ce droit par une décision de justice, de se
présenter à une élection est assurément
anti-démocratique. Car, « l'état de démocratie
garantit que les processus d'accession au pouvoir et d'exercice et d'alternance
du pouvoir permettent une libre concurrence politique et émanent d'une
participation populaire ouverte, libre et non discriminatoire, exercée
en accord avec la règle de droit, tant dans son esprit que dans sa
lettre »959(*). De même, il n'ya pas de liberté
d'opinion. Tout mouvement de contestation du nouveau pouvoir (militaire bien
sûr) est interdit960(*).
Enfin, la violation du droit à un procès
équitable.
Les
premières condamnations à mort le 24 mars 2014, dans un
procès expéditif après une seule journée
d'audience, avaient provoqué un tollé dans la communauté
internationale dans ce que l'ONU avait dénoncé comme le plus
grand procès de masse de l'Histoire récente dans le
monde961(*).
Cette dénonciation tient en ceci qu'elle
dénote de la barbarie judiciaire, preuve que la démocratie et son
corollaire le respect des droits humains et notamment le droit à un
procès équitable ne sont pas respectés. Comment peut-on
condamner des gens à mort à l'issue d'un procès tenu en
une journée ?
Fait révélateur de cette bassesse
judiciaire, «
ces
condamnations à mort en première instance n'ont toutefois aucune
chance d'être confirmées en appel selon les
experts unanimes, tant la procédure judiciaire et les droits les plus
élémentaires de la défense ont été
bafoués par le juge »962(*). D'ailleurs, le juge qui les avait prononcées
le 24 mars 2014 contre 529 accusés les a commuées en prison
à vie le 31 mars de la même année pour 492 d'entre
eux963(*). Certainement
parce qu'il s'est rendu compte de la gravité de sa bassesse. La
répression a eu pour effet d'éloigner le peuple de la
participation politique. Elle a entrainé son
désintérêt pour celle-ci et c'est là un autre frein
à l'instauration de la démocratie en Egypte. Nous y reviendrons
plus loin dans nos développement.
En somme, Al-SISSI, excellent stratège
despotique, a bel et bien mis la transition démocratique échec et
mat964(*). Bien
même, en dépit de la reconnaissance d'un certain nombre de droits
de l'Homme et de l'introduction de garanties en la matière dans la
nouvelle Constitution égyptienne, les évolutions récentes
ont révélé que les institutions publiques continuent de
violer les droits de l'Homme de manière flagrante965(*). Nous pensons que les
grandes puissances devraient, si elles tiennent tant à l'instauration de
la démocratie, rappeler à ces institutions leurs obligations
légales sur le plan national et international et demander au nouveau
président et au gouvernement de donner la priorité à la
protection et à la promotion des droits de l'Homme.
La place accordée à la liberté
d'expression, de réunion et d'association ne cesse de
s'amoindrir966(*). En
effet, des personnalités de l'opposition, des activistes politiques, des
journalistes, des défenseurs des droits de l'Homme, des partisans
modérés du président destitué Mohamed MORSI et
d'autres dissidents continuent à être emprisonnés.
Les défenseurs des droits de l'Homme et les
activistes de la société civile continuent à faire l'objet
de poursuites judiciaires arbitraires967(*). Le 11 juin 2014, le système
judiciaire égyptien a servi une nouvelle fois à réduire
les dissidents au silence. Dans ce sillage, le célèbre activiste
égyptien Alaa Abdel FATTAH et 24 autres militants ont
été accusés d'avoir enfreint la loi égyptienne sur
les manifestations et ont été condamnés à
15 ans de prison, cinq ans de surveillance policière à leur
sortie de prison et une amende d'environ 10 327 €968(*). Dans ces conditions,
comment intéresser le peuple ? En plus des violations des droits de
la personne humaine, la poursuite de l'intérêt
général est mise de côté. La mal gouvernance se
traduit aussi par la dissolution des partis politiques.
b- La dissolution des partis politiques.
La démocratie rime avec le système
multipartisan969(*), en
Egypte on assiste plutôt à la dissolution des partis
politiques.
Dans ce sens, on a noté la dissolution de
la branche politique des Frères Musulmans. En effet, la plus haute
Cour administrative
d'Egypte
a prononcé le 09 août 2014 la dissolution du Parti Liberté
et Justice, la branche politique de
la
confrérie des Frères musulmans, déclarée
« organisation terroriste » en 2013 après la
destitution par l'armée du président issu de ses rangs, Mohamed
MORSI970(*), le
seul président jamais élu démocratiquement en
Egypte971(*). Pourtant
il faut relever que « (...) les droits civils et politiques sont
essentiels, et plus particulièrement, le droit de voter et d'être
élu, le droit à la liberté d'expression et de
réunion, l'accès à l'information, et le droit de
constituer des partis politiques et de mener des activités politiques
(...) »972(*).
Avant la destitution et l'arrestation de
Mohamed
MORSI, le parti Liberté et Justice avait remporté toutes les
élections depuis sa création en 2011 au lendemain de la
révolte populaire ayant chassé du pouvoir Hosni MOUBARAK. Depuis,
le nouveau pouvoir réprime dans un bain de sang les Frères
musulmans973(*). Eux qui ont été
démocratiquement portés aux hautes fonctions étatiques.
Il convient de relever qu'après les
destitutions de H. MOUBARAK ou encore de M. MORSI, le pouvoir a
été exercé par l'armée, véritable obstacle
à la démocratisation.
2- L'armée, obstacle à la
démocratisation.
Les dirigeants militaires de l'Egypte n'ont absolument
pas tenu les promesses faites aux Egyptiens en matière de respect des
droits humains et se sont rendus responsables d'une longue liste de violations
de ceux-ci qui, dans certains cas, ont surpassé le bilan de Hosni
MOUBARAK, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public le
22 novembre 2011974(*). On note plusieurs vices : censure
médiatique, justice « sans justice »,
tortures, dissolutions de partis politiques... réalités qui sont
contre la bonne gouvernance qui demande, qui nécessite un système
politique pluraliste et tolérant une presse libre, une justice libre,
accessible à tous, efficace, crédible, garante de l'Etat de droit
et de la sécurité juridique et judiciaire. L'armée agit
avec un objectif (a) et son alliance avec les Etats-Unis est un ferment de ses
agissements (b), ce qui conduit à l'instabilité politique
(c).s
a- La préservation de sa
suprématie : objectif poursuivi par l'armée.
L'armée égyptienne se présente
comme un véritable obstacle à la démocratisation de
l'Egypte du fait du désir de préserver sa suprématie.
Sophie BESSIS estime qu'elle a fait cadeau de MOUBARAK au peuple
égyptien pour mieux garder le contrôle du processus975(*). Il est important de relever
qu'en Egypte l'armée est le premier propriétaire terrien, le
premier entrepreneur, et l'on ne compte plus le nombre de
sociétés dirigées par des généraux976(*). Akram BELKRAÏD le
redoutait déjà lorsqu'il déclare :
« tous les événements qui se sont
déroulés depuis le début de l'année 2011 peuvent
déraper, y compris en Egypte où l'armée a l'intention de
gérer les affaires du pays »977(*). En effet, l'armée
égyptienne est qualifiée
d' « anti-démocratie ». A ce titre, c'est toute
leur suprématie que le processus démocratique du printemps arabe
menaçait. L'armée égyptienne, profondément
anti-démocratique n'a jamais accepté et n'acceptera jamais
l'idée même de démocratie978(*).
D'un autre point de vue, la démocratie
nécessite au titre de ses principes l'exercice du pouvoir politique par
les civils. Ceci n'est pas une réalité en Egypte. La
présence de Mohamed MORSI a d'ailleurs été perçue
comme une menace pour l'armée, surtout pour sa suprématie.
« La façon dont MORSI se débarrassa du Conseil
suprême des forces armées en juillet-août 2012 et mit
à la retraite, sans ménagement, le chef des armées le
maréchal Hussein TANTAOUI, leur prouva qu'il avait bien l'intention de
mettre l'institution militaire, jusque-là souveraine, sous la coupe du
pouvoir civil (...). Enfin, MORSI n'était pas de ceux qui allaient
se plier aux menaces, tentatives de corruption ou chantage de
l'armée »979(*). Toutes ces tendances ont amené
l'armée à renverser le président MORSI, replongeant
l'Egypte dans une situation non démocratique.
Déjà après la chute de Hosni
MOUBARAK, c'est le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) qui a
exercé le pouvoir de transition. Le pouvoir a toujours été
assumé par les militaires après la chute de Mohamed MORSI. Dans
l'exercice du pouvoir, les dirigeants du CSFA n'ont pas permis aux populations
égyptiennes d'exercer leurs droits, ce qui est une revendication que
celles-ci faisaient déjà lors des événements qui
ont conduit à leur victoire du 11 février 2011, aidés en
cela par les puissances.
Le Conseil Suprême des Forces Armées qui
a dirigé le pays depuis la chute de MOUBARAK, ne semble pas prêt
à lâcher les rênes du pouvoir. Il a pris la décision
de dissoudre le Parlement dominé par les islamistes et les
fondamentalistes salafistes980(*). Ceci avant le second tour de l'élection
présidentielle de 2012. Le CSFA avait déjà fait savoir sa
détermination à conserver son influence. Le
7 décembre 2011, les militaires ont organisé une
conférence de presse pour annoncer aux correspondants des médias
internationaux que, « l'Egypte vivant les premières
étapes de sa démocratie, le Parlement n'est pas
représentatif de tous les pans de la société »,
ajoutant qu'ils étaient déterminés à faire face
à la vague salafiste981(*).
L'armée ne s'est pas fait prier lorsque la
Haute cour constitutionnelle a prononcé l'invalidation du scrutin
législatif organisé fin 2011, pour cause de vice juridique dans
la loi électorale. Faute de députés, l'armée
récupérait le pouvoir législatif et le contrôle des
finances publiques en attendant de nouvelles élections, à une
date encore inconnue, selon des sources militaires982(*).
Les dirigeants militaires ont
«anéanti» les espoirs de la Révolution du 25 janvier
2011. Ils ont été accusés de perpétrer les
violations commises sous le régime de MOUBARAK983(*). Ils se servent du
financement à eux alloué par les Etats-Unis pour asseoir leur
domination et perpétuer les violations dont ils sont coupables.
b- Effets pervers du financement des
Etats-Unis.
Le financement de l'armée égyptienne par
les Etats-Unis est un véritable coup de massue à l'instauration
de la démocratie en Egypte. C'est un facteur déterminant dans la
non atteinte des objectifs du printemps arabe en Egypte. Il a pour principal
effet d'entretenir l'instabilité. De l'avis de plusieurs, il obstrue
l'avancée démocratique. Comme MALOU Innocent et ABDELILAH
Bouasria984(*), nous
nous demandons si l'aide américaine doit continuer car elle a un effet
très pervers sur l'instauration de la démocratie. Elle plombe le
processus démocratique en Egypte.
Mettre fin à la grande «
générosité » des Etats-Unis envers les militaires
d'Egypte pourrait produire une restructuration politique dont le pays a
impérieusement besoin. L'armée continue d'exercer un pouvoir
sans véritable limites dans l'Egypte post 11 février 2011.
A la mi-avril 2011 par exemple, un tribunal militaire
a condamné le militant politique MAIKEL Nabil à trois ans de
prison pour insulte à l'armée985(*). Quatre jours avant son arrestation, les forces de
sécurité au Caire ont abattu deux manifestants et
arrêté des dizaines d'autres pour avoir violé le couvre-feu
national et une interdiction de manifester986(*). Tout ceci traduit le zèle avec lequel
l'armée s'emploie dans l'administration du pays. Fort du soutien dont
elle bénéficie des Etats-Unis, elle administre à sa guise,
foulant du pied, au passage les droits démocratiquement reconnus et
acquis par et pour les grandes puissances tel que présenté plus
haut. On se souvient déjà que c'est avec elle que les Etats-Unis
ont négocié la sortie de Hosni MOUABARAK987(*).
Ce système « néo-prétorien
»988(*), emprunte
son nom à la Garde prétorienne de Rome, qui dans les temps
anciens a été une unité d'élite impériale
attachée directement à l'empereur. Sous le règne du
prétorianisme, comme pouvait l'expliquer le politologue Amos PERLMUTTER,
une force militaire supérieure en capacités organisationnelles se
substitue à celle d'un leadership civil dysfonctionnel. Dans certains
cas, comme la Turquie kémaliste, l'armée a protégé
la constitution pour remettre par la suite les rênes du pays à un
régime civil. En Egypte, l'armée semble hésiter à
retourner dans ses casernes989(*). Pourtant, là est sa place. Elle doit se
contenter d'intervenir en temps de guerre.
Le généreux appui matériel de
Washington (1,5 milliard de dollars par an, dont plus de la moitié doit
être dépensée en équipement américain)
produit un désastre criant. Il soutient un régime qui maintient
son autorité par la négation de la liberté d'expression,
les emprisonnements arbitraires, la répression sauvage et la torture
routinière. Il diminue les incitations pour des réformes
essentielles, alors que les membres du corps dirigeant de l'armée
supposent que l'aide américaine est suffisante pour perpétuer
leur emprise sur le pouvoir. Il génère également la
dépendance, la corruption généralisée et le
déclin de l'Etat civil990(*). Nous savons pourtant que la liberté
d'expression, le droit à un procès équitables,
contrairement aux emprisonnements arbitraires ou encore la torture
routinière, sont des valeurs promues par la démocratie.
La question de la suppression de l'aide
américaine à l'armée égyptienne fait l'objet d'une
controverse car pour certains elle s'attaque aux intérêts
américains. Assurément, si les Etats-Unis ne signent pas
d'alliance stratégique de défense avec le continent africain dans
son ensemble, ils concluent cependant des accords de coopération
militaire avec quelques pays, stratégiquement localisés en
bordure des détroits, tel l'Egypte991(*) afin de garantir leurs intérêts. Ceci
et d'autant plus vrai qu'il convient de rappeler que les intérêts
sont des éléments qui construisent les actions des acteurs.
Robert GILPIN évoque le facteur économique comme
élément de base des luttes sur la scène
internationale992(*).
Pour survivre dans la « jungle » que représente le
système international, et même assurer son
hégémonie, un Etat a besoin de ressources. Nous ajoutons
qu'il a besoin de facilités.
Les opposants à la réduction de l'aide
américaine à l'Egypte soutiennent qu'une telle mesure porterait
atteinte à plusieurs intérêts stratégiques des
Etats-Unis. Ils font allusion à la paix
israélo-égyptienne, à l'accès maritime des
Etats-Unis au canal de Suez, et à la coopération entre les
Etats-Unis et l'Egypte pour le renseignement993(*).
Pour ceux-ci, cette aide qui se veut
stratégique doit être pérenne pour assurer la survivance de
ces intérêts. Toutefois elle est un frein pour le processus de
démocratisation en Egypte. Pour cela, nous concluons avec MALOU Innocent
et ABDELILAH Bouasria que, « dans le pays, la puissante
armée de l'Egypte n'est pas - et ne peut être - un agent de la
révolution. Supprimer progressivement une aide militaire
américaine importante et très visible permettrait d'abattre un
obstacle majeur à la réforme dans ce pays. Cela contribuerait
également à renforcer la crédibilité de
l'Amérique en tant que porte-parole d'une véritable
démocratie et de la liberté économique dans le monde
musulman »994(*). Ce qu'ils ne sont pas réellement car ils
tiennent un discours contraire aux actes qu'ils posent. D'ailleurs, ils avaient
juste céder aux pressions et à la témérité
des Egyptiens pour resserrer l'étau contre Hosni MOUBARAK afin, qu'il ne
quitte le pouvoir.
Les éditoriaux de la presse américaine
qualifient ouvertement l'administration OBAMA de
« complice » de la tuerie insensée de la semaine du
16 août 2013 en Egypte, une tâche de sang sur le bilan diplomatique
déjà passablement contestable du prix Nobel de la paix avant
l'heure995(*). Cette
tuerie qui non seulement expose les civils mais aussi empêche
l'expression de la démocratie. Le département d'Etat ayant
pourtant affirmé le 24 septembre 2012 que soutenir la transition
démocratique du pays était une priorité pour le
gouvernement américain996(*). Quel écart entre le discours et les faits!
Ces actions conduisent à l'instabilité.
c- L'armée, auteur de l'instabilité
politique en Egypte.
Comme mentionné plus haut l'instabilité
politique en Egypte est liée à la forte présence de
l'armée dans les sphères du pouvoir dans le pays. C'est la
conséquence du financement des Etats-Unis.
Le coup d'Etat contre Mohamed MORSI est la preuve de
l'instabilité politique en Egypte. Elle découle de la forte
présence de l'armée dans les sphères du pouvoir, c'est une
conséquence de la protection par celle-ci de sa suprématie.
L'instabilité est marquée par le
caractère très éjectable du fauteuil présidentiel.
En fait après la chute du Président Hosni MOUBARAK, des
élections se sont déroulées en 2012 et ont vu
l'élection de Mohamed MORSI au poste de Président de la
République. Seulement, à peine est-il installé au fauteuil
présidentiel que déjà la grogne recommence dans les rues.
«L'Egypte entre dans une nouvelle révolution car notre
intention n'était pas de remplacer un dictateur par un
autre»997(*),
expliquait le manifestant Mohamed al-GAMAL, faisant référence aux
révoltes de février 2011 qui ont renversé Hosni MOUBARAK,
le prédécesseur de Mohamed MORSI.
Les
nouveaux pouvoirs annoncés par le président
égyptien foulent l'Etat de droit et annoncent une nouvelle
ère de répression998(*), affirmait Amnesty International dans un
communiqué.
Fort de cette réalité, un groupe est
né, le mouvement révolutionnaire
Tamarrod999(*). Ce mouvement s'est attelé à
organiser les manifestations contre M. MORSI et à rechercher la
légitimité de leur revendication. C'est le mouvement
Tamarrod qui a organisé la mobilisation pour appeler
à une élection présidentielle anticipée et au
départ du président Mohamed MORSI1000(*). Les
organisateurs de la campagne Tamarrod affirment ainsi que leur pétition
avait recueilli plus de 22 millions de signatures :
« nous avons recueilli 22.134.465 signatures pour notre
pétition », a déclaré le porte-parole de
Tamarrod, Mahmoud BADR, lors d'une conférence de presse
à la veille de la manifestation générale devant le palais
présidentiel1001(*).
Dans un effort de résistance, on a
assisté à une opposition entre pro-MORSI et anti-MORSI. Dans le
vif de cet affrontement, le Président M. MORSI a été
renversé par un coup d'Etat militaire que le Secrétaire d'Etat
américain John KERRY a qualifié de « bon pour la
démocratie ». Il a en effet déclaré :
«les militaires rétablissaient la
démocratie »1002(*). S'inquiétant de la situation, la
France a appelé les autorités égyptiennes à
rétablir l'ordre. A ce sujet, devant les ambassadeurs en août
2013, François HOLLANDE déclare : « nous
appelons les autorités égyptiennes à rétablir
au plus vite la paix civile et à aller vers de nouvelles
élections avec l'ensemble des parties prenantes de la
société. La France est disponible pour contribuer avec d'autres
à une médiation »1003(*).
Peut être, comme l'a déclaré J.
KERRY, ce coup d'Etat est bon pour la démocratie. Toutefois, pour nous,
il crée une instabilité en ceci que l'armée s'est à
nouveau installée au pouvoir et même si le régime de MORSI
avait beaucoup de faiblesses selon les populations qui continuaient à
manifester, l'on ne peut totalement nier qu'il a eu des avancées par
rapport aux attentes des peuples. De leurs revendications « pain,
liberté, justice sociale et dignité humaine » ils
ont obtenu la liberté1004(*).
Après la chute de M. MORSI tout est à
refaire. Car même la liberté, les Egyptiens l'ont perdue par le
fait de l'armée et des violations graves des Droits de l'Homme,
réalités qui sont en opposition avec les principes de
démocratie ainsi que de nombreuses autres. Et celle-ci n'est pas
inquiétée car soutenue par les Etats-Unis. En plus des actions de
l'armée, l'Egypte fait face à un déficit financier.
3- Le déficit financier.
Dans le langage commun, on dit que
« l'argent est le nerf de la guerre ». La
démocratie n'échappe pas à la nécessité de
financement. C'est d'ailleurs pourquoi l'une des actions des grandes puissances
a été d'injecter des sommes d'argent dans le processus de
démocratisation du Maghreb. Malheureusement le processus est
freiné par le déficit de celui-ci.
En effet, interrogés en août 2011
par le centre d'analyse sociale et économique Gallup, 40 % des
Egyptiens estimaient qu'il leur était « très
difficile » de vivre avec leur revenu actuel, contre 22 % en
octobre 20101005(*). Cette évolution s'explique par une
inflation galopante (les prix des biens alimentaires ont augmenté de
13 % entre décembre 2010 et décembre 2011) et une
progression du chômage, à 12 % durant le dernier trimestre de
2011 (contre 9 % à la même période en 2010).
Il est vrai que les revenus du canal de Suez ont
crû de 345 millions d'euros par rapport à 2010, cependant, le
tourisme, lui, a vu ses recettes chuter d'un tiers : 6,6 milliards d'euros
en 2011, contre 9,4 milliards en 20101006(*). Pour donner un peu d'air à l'Etat,
confronté à un déficit budgétaire de
18 milliards d'euros, le Fonds monétaire international s'est dit
favorable à un prêt de 2,4 milliards d'euros1007(*). Toutefois, cette
situation a une incidence réelle sur le processus de
démocratisation.
La nouvelle Constitution s'est faite attendre. Car, aux
termes de l'article 60 de la déclaration constitutionnelle
adoptée unilatéralement le 31 mars 2011 par le Conseil
suprême des forces armées (CSFA), l'Assemblée du peuple et
le Sénat - dont l'élection était en cours -
devront élire ensemble une Assemblée Constituante composée
de cent membres chargés de rédiger la nouvelle Constitution du
pays, qui sera ensuite soumise à référendum. Les
négociations ne commenceront donc pas avant le 28 février
2012, date de la session inaugurale du nouveau Sénat. En effet, peut-on
organiser une élection sans financement ? Cette situation a conduit
à une instabilité politique tel que sus mentionnée car
après, il a encore fallu refaire la constitution. Intéressons
nous à présent à ce qui entrave le processus
démocratique en Libye.
B. La déliquescence de l'Etat libyen.
La démocratie s'exerce dans un Etat. Au sens de
Max WEBER, l'Etat est vu comme « une entreprise politique de
caractère institutionnel lorsque et en tant que sa direction
administrative revendique avec succès, dans l'application des
règlements, le monopole de la contrainte physique légitime
», le tout « à l'intérieur d'un territoire
géographique déterminable »1008(*). Dans Le Savant
et le Politique, Max WEBER forge le concept politique de violence
légitime. Il définit en effet l'Etat comme l'institution
détenant le monopole de l'usage légitime de la force physique. Il
écrit : « un Etat est une communauté humaine qui
revendique le monopole de l'usage légitime de la force physique sur un
territoire donné»1009(*).
Le terme important de cette définition est
« légitime ». Car si des personnes ou des groupes peuvent
faire usage de la violence, elle n'est en aucun cas légitime. Seul
l'Etat est habilité à utiliser la violence sans qu'on puisse lui
en dénier la légitimité. Cela fait partie de ses
prérogatives légales.
L'Etat est défini suivant son acception
sociologique comme « une espèce particulière de
société politique résultant de la fixation sur un
territoire déterminé d'une collectivité humaine
relativement homogène, régie par un pouvoir
institutionnalisé comportant le monopole de la contrainte
organisée »1010(*).
Une analyse de la situation en Libye permet de se
rendre à l'évidence qu'il n'existe pas ou tout au moins plus
d'Etat. La condition indispensable à la mise en place de la
vision démocratico-constitutionnelle pour la Libye est de
rétablir le plus rapidement possible la sécurité publique
et le respect général du pouvoir étatique central
dans l'ensemble du pays1011(*). Sans embages, Patrick HAIMZADEH déclare
dans un interview au sujet de la Libye : «C'est un pays sans Etat
(...) »1012(*). Il n'existe pas de pouvoir central qui
coordonne les activités. Le pouvoir central ayant disparu, plusieurs
clans régionaux et tribaux se livrent une guerre aussi confuse
qu'impitoyable dans une Libye fracturée en trois grands ensembles
eux-mêmes subdivisés1013(*) :
- Le« Grand Sud » est une zone grise où le
« pouvoir » nordiste n'est obéi ni des Touareg à
l'Ouest, ni des Toubou au centre et à l'Est ; d'autant plus que ces
derniers subissent les raids lancés par des milices arabes. Cette
situation de non-droit permet aux islamistes ayant échappé aux
forces de l'Opération Serval de bénéficier d'un
nouveau sanctuaire.
- La Cyrénaïque qui est en état de
sécession est ensanglantée par les assassinats. Dimanche 2 mars
2014, un ingénieur français y a été abattu et 50
meurtres y ont été commis durant le seul mois de février
2014. La région est également ravagée par la guerre qui
oppose les fondamentalistes musulmans dont le fief est la ville de Derna, aux
« traditionalistes » rassemblés derrière les
confréries soufi. Les ports pétroliers de Ras Lanouf et de Brega
sont à l'arrêt en raison des exigences des milices tribales
régionales.
- La Tripolitaine est coupée en trois :
D'abord la ville de Misrata est un Etat dans l'Etat
dirigé par des milices gangstéro-islamistes, bras armé du
mouvement des Frères musulmans.
Ensuite, l'ouest de la Tripolitaine est dominé
par la milice berbère arabophone de Zentan (Zenten) et par celle,
berbérophone, du Jebel Nefusa.
Enfin, Tripoli, est la « capitale » d'un Etat
qui n'existe plus. Impuissant, le«pouvoir central» est
condamné à y négocier avec les milices pour tenter de
survivre tout en se contentant d'observer leurs affrontements. Le 15 novembre
2013, les milices de Misrata ont ainsi ouvert le feu sur une foule
réclamant leur départ, faisant plusieurs dizaines de morts et des
centaines de blessés, ce qui déclencha un affrontement
général avec les autres milices.
Au regard de tout ce qui précède,
Omar BENDERRA s'interroge : « La Libye, Irak du
Maghreb ? »1014(*). Il n'y a plus d'autorité centrale en Libye,
le gouvernement et le parlement élu en juin 2014 n'ayant guère
d'influence au-delà des hôtels de la capitale où ils ont
trouvé refuge1015(*). On assiste à la constitution de bases
territoriales articulées autour d'appartenances tribales, claniques
et/ou djihadistes1016(*). « Les institutions officielles de
l'Etat sont inexistantes et les révolutionnaires dirigent toujours le
pays »1017(*), a estimé M. BARGHATHI. Ces milices ne se
battent pas pour le pouvoir national mais pour s'approprier des infrastructures
dont elles assurent la « sécurité » contre
rétribution sonnante et trébuchante et pour s'affirmer en tant
qu'acteurs politiques. Les rebelles, les
« révolutionnaires » élément de
langage systématique des médias lors de l'attaque de la Libye par
les armées de l'OTAN en 2011 se sont reconvertis en miliciens
professionnels qui ne prêtent allégeance qu'à des leaders
locaux tribaux ou religieux1018(*). Ceci atteste de ce que le pouvoir central est
inexistant, le pays est divisé en micro pays. On est ni dans le
fédéralisme ni dans la décentralisation qui sont des
formes d'atténuation de la centralisation du pouvoir ; on est dans
l'anarchie.
La Libye post-KADHAFI est constituée d'un
système politique disposant de pouvoirs formels1019(*). Des ministres
technocrates diplômés mais ayant passé la majeure partie de
leur vie en exil et des députés découplés des
réalités locales sont payés 9 000 dinars libyens
par mois - près de 6 000 euros - et résident dans des
suites à 250 euros la nuit louées à l'année
dans les hôtels cinq étoiles de la capitale. Mais ils n'ont pas
d'autorité réelle1020(*). Dans ce contexte, l'intérêt objectif
des petits chefs de guerre locaux, des groupes salafistes, de certaines
unités des ministères de l'intérieur et de la
défense qui leur sont proches idéologiquement et des groupes
mafieux ayant bénéficié de la situation pour
développer des commerces florissants, est d'empêcher par tous les
moyens la construction d'un Etat fort. Il existe des menaces de scission.
Par exemple, à l'issue de la violence des
combats le Front Toubou pour le Salut de la Libye, parti d'opposition à
KADHAFI, créé en 2007 a été réactivé,
son dirigeant menaçant de proclamer l'indépendance du sud libyen
si les violences ne cessaient1021(*). Dans un de ses articles, Christophe
AYAD1022(*) le
soulignait déjà.
L'anarchie qui prévaut en Libye se
caractérise par une défiance totale des autorités.
Certains des anciens rebelles sont retournés à la vie civile,
mais d'autres sont restés dans leur brigade. Et ces brigades ont
été incorporées comme telles dans des unités plus
larges, contrôlées par le gouvernement. Mais en fait, les anciens
rebelles continuent, pour la plupart, de n'obéir qu'aux dirigeants
qu'ils avaient pendant la révolution et donc à ne pas respecter
l'autorité du gouvernement central1023(*).
De même, plus illustratif encore, le 25
août 2014, l'Assemblée sortante, réunie à Tripoli, a
chargé un responsable islamiste de former un « gouvernement de
salut national », dans un geste de défi au cabinet provisoire
installé à Tobrouk et qui semble incapable de reprendre la main
face aux milices semant le chaos. Cette réunion a été
convoquée par les islamistes, qui dominent l'assemblée sortante
et contestent toute légitimité au nouveau Parlement, où
ils sont minoritaires1024(*). D'ailleurs, le pays pourrait bientôt se voir
doter de deux gouvernements concurrents, parallèlement à ses deux
Parlements rivaux1025(*), une configuration inédite pour
l' « expression de la démocratie ».
Conséquence directe de la calamiteuse et
incompréhensible guerre que la France mena contre le colonel KADHAFI,
l'anarchie libyenne menace gravement la sécurité régionale
et c'est pourquoi il est urgent d'y mettre un terme. Les tentatives
démocratiques ont échoué et une opération
internationale de pacification n'est pas à l'ordre du jour. Sur cette
question, la France estime qu'elle ne peut pas agir. Lors d'un
entretien sur la chaîne France Inter le 5 janvier 2015, le
président français a écarté l'idée
d'une éventuelle intervention militaire française en Libye.
« La France n'interviendra pas en Libye parce que c'est
à la communauté internationale de prendre ses
responsabilités et pour l'instant, elle doit faire en sorte qu'il puisse
y avoir un dialogue politique et, deuxièmement que l'ordre puisse
être rétabli.»1026(*), a martelé le président
français. Ce discours témoigne de la démission de la
communauté internationale. Dès lors, il n'existe que deux
options, soit la reconstruction d'un Etat fort, soit au contraire la prise en
compte des réalités confédérales. La «
démocratisation » de la Libye est donc un tragique échec et
la « croisade humanitaire » décidée par la
France, a débouché sur un désastre1027(*).
Ce tragique échec est amplifié par les
problèmes de sécurité, preuve que même l'enjeu de
protection des civils au cours du printemps arabe est un échec. Cet
échec s'inscrit dans le sillage des faits qui sont perçus comme
des effets des facteurs pré-analysés car les facteurs
pré-mentionnés produisent des effets ou conséquences qui
sont tous aussi des obstacles à l'atteinte des objectifs du printemps
arabe.
PARAGRAPHE III : L'INSECURITE ET LE DESINTERET DE LA
POPULATION.
Les dysfonctionnements de l'Egypte et de la Libye
après Hosni MOUBARAK et Mouammar KADHAFI débouchent sur
l'insécurité (A) et l'apathie politique en Egypte (B).
A. L'insécurité.
L'insécurité, est une conséquence
des dysfonctionnements étatiques tant en Libye (1) qu'en Egypte (2).
Elle porte atteinte tant à l'instauration de la démocratie
qu'à la protection des civils. C'est un corollaire de la
déliquescence de l'Etat libyen et de nombreuses violations des Droits de
l'Homme en Egypte.
1- L'insécurité en Libye.
La situation est chaotique dans la Libye
post-révolutionnaire1028(*). De nombreux Libyens ou résidents en Libye
fuient leur pays livré aux luttes de pouvoir entre milices
rivales1029(*). Alors
que l'Etat a du mal à se structurer et à défendre ses
frontières1030(*).
Ils étaient les héros de la
révolution, aujourd'hui ils sont accusés d'être
responsables de tous les maux. Un an après la chute du régime,
les rebelles libyens refusent de déposer les armes et s'organisent en
milices opérant hors de tout contrôle1031(*).
La situation préoccupe la France.
François HOLLANDE à nouveau devant les ambassadeurs en août
2014 déclare : « je vais vous livrer ma
préoccupation majeure, à ce moment même, alors qu'il y a
pourtant tant de sujets d'inquiétudes et de
vigilance. C'est la
Libye... Si nous ne faisons rien - je n'entends rien de
sérieux, rien de politique, rien d'international - c'est le terrorisme
qui se répandra dans toute cette région »1032(*).
Les maux qui minent la Libye
post-révolutionnaire sont nombreux, mais celui qui domine est
incontestablement le chaos sécuritaire1033(*). Les occidentaux qui ont
porté à bout de bras cette révolte, sont aujourd'hui
victimes de ses effets pervers. Benghazi la capitale économique
où sont concentrés leurs intérêts, est un
véritable enfer pour Américains, Français, Anglais et
d'autres puissances1034(*). L'attaque du consulat des Etats-Unis le 11
septembre 2012 qui a coûté la vie à l'ambassadeur
américain Chris STEVENS ainsi qu'à trois de ses collaborateurs a
été le point culminant de cette insécurité. Les
responsables de ce fléau ne sont autres que ceux- là mêmes
qui ont été les porte-étendards de la
révolution1035(*).
Dans le contexte des manifestations contre un film
consacré au prophète Mohammed, un groupe djihadiste libyen a pris
d'assaut le consulat américain de Benghazi et tué l'ambassadeur.
Combattues par la population, les milices, dont certaines dépendent des
ministères de l'intérieur et de la défense, continuent
à faire régner le désordre, s'opposant à la
stabilisation du pays et à la création d'un Etat fort1036(*). Les ports,
aéroports, bases d'exploitation pétrolière ou terminaux
d'exportation d'hydrocarbures sont les enjeux de batailles sanglantes qui ont
causé la mort de dizaines de civils1037(*).
Déjà les événements qui
ont récemment secoué la Libye montrent l'ampleur des défis
auxquels le pays fait face en matière de sécurité.
L'occupation du parlement par des hommes armés à Tripoli le
1er novembre 2012, l'assaut de Beni Walid le 17 octobre de
la même année, et l'attaque qui a coûté la
vie à l'ambassadeur américain à Benghazi le
11 septembre 2012, ne sont que des exemples de l'insécurité
persistante qui caractérise la Libye post-KADHAFI1038(*).
Cette réalité témoigne de
l'incapacité de l'Etat à exercer un contrôle sur les
groupes armés qui circulent dans le pays en toute liberté.
Exaspérés par les excès des milices, des dizaines de
milliers de Libyens ont manifesté le 21 septembre 2012 à
Benghazi, forçant, au prix d'une dizaine de vies, les brigades
« Ansar al-Sharia » et « Rafallah
Sahati » à évacuer les locaux qu'elles occupaient. Or,
tous ces groupes agissent déjà sous l'autorité de l'Etat,
à l'instar d'Ansar al-Sharia, dont des éléments dissidents
seraient responsables de l'attaque contre le consulat
américain1039(*). Ceci démontre à suffisance
l'incapacité de l'Etat à assurer la sécurité des
citoyens.
En dépit de sa bonne volonté, la
faiblesse de l'Etat et des forces de sécurité compromet la
capacité du gouvernement à dissoudre les milices insoumises,
jusqu'à remettre même en cause le contrôle qu'il exerce sur
celles qui se placent déjà sous son autorité. Les
antagonismes locaux perdurent et dégénèrent parfois en
affrontements armés. L'effondrement de l'ancien régime a
laissé dans son sillage une population qui reste marquée par
quatre décennies de doléances réprimées et
possède désormais des armes. Les conflits intercommunautaires
avaient été attisés ou instrumentalisés par le
dictateur déchu et son système clientéliste, et une fois
cette chape de plomb soulevée, l'heure semble être aux
règlements de comptes. La prolifération des milices, dont
plusieurs ont profité du désordre pour s'emparer d'avantages
matériels ou politiques, ravive d'anciennes querelles et menace de faire
sombrer la Libye dans le chaos. Pour le moment, la violence est, selon
l'expression du philosophe Thomas Hobbes, « dégoûtante,
brutale et courte »1040(*).
Les milices ont été impliquées
dans les nombreuses violences qui ont émaillé la vie politique
libyenne depuis la chute du régime de Mouammar KADHAFI1041(*). A
l'insécurité provoquée par les combats entre milices comme
par exemple à Tripoli en janvier 2013 ou autour de l'aéroport
attaqué par une milice de Tarhouna le 4 juin 2013, à Bani Walid
en janvier 2013 ou à Zouara en avril 2013 ou dans le sud du pays,
s'ajoutent les accusations d'exactions à l'encontre des populations
soupçonnées d'avoir soutenu le régime de KADHAFI comme les
Thawargas en février 2012 ou encore les populations Warfalla de Bani
Walid en octobre 2013 ainsi que les étrangers subsahariens. Ces
violences ont également atteint les représentations
étrangères et les organisations internationales présentes
en Libye.
Ainsi, les Thawargas ne peuvent rejoindre leur
domicile. Réfugiés dans les faubourgs de Tripoli, Tahurna et
Benghazi, les 35 000 habitants de la ville de Thawarga sont accusés
d'avoir soutenu KADHAFI et son régime et d'avoir commis des exactions
contre la population de Misrata durant le long siège de la ville
mené par les troupes fidèles au Guide libyen. Ces populations
noires du nord de la Libye ont été forcées de quitter leur
ville à la suite de représailles menées par les brigades
de Misrata et depuis sont empêchées de rejoindre leur foyer et
leur ville qui ont été saccagés1042(*). Victimes de violences
à leur encontre, les Thawargas semblent se résoudre à ne
plus rejoindre leur région d'origine1043(*), tout au moins à moyen terme.
Si l'on définit comme milice une
« formation territoriale non permanente, levée et
organisée par un pouvoir légal et employée pour le
maintien de l'autorité de l'Etat et la défense du territoire en
complément de l'armée permanente régulière,
professionnelle ou de conscription »1044(*), la configuration actuelle
des milices libyennes y échappe en partie1045(*). En effet elles commettent
plus d'exactions qu'elles n'assurent la protection des civils. Dès lors
on est dans une situation qui ressemble à celle qui a poussé les
grandes puissances à intervenir au travers de la résolution 1973
en mars 2011.
L'insécurité est telle que les Libyens
s'interrogent : «Avoir la liberté, mais pas de
sécurité, à quoi ça
sert ?»1046(*). Plus de 47 personnes ont été
tuées en une semaine de combats entre milices rivales pour le
contrôle de l'aéroport de Tripoli théâtre dimanche 20
juillet 2014 des affrontements les plus violents, sur fond de lutte d'influence
qui risque de plonger la Libye dans la guerre civile. L'aéroport est
fermé depuis le début, le 13 juillet 2014 des combats qui ont
fait jusqu'au 19 juillet 2014 au moins 47 morts et 120 blessés, a
indiqué à l'AFP dans la nuit de dimanche à lundi, un
porte-parole du ministère de la Santé1047(*).
La lutte contre l'insécurité ambiante
éclipse les autres priorités du pays au plan politique, social et
économique. La démocratie que réclamait le peuple qui a
pris les armes contre le régime de Mouammar KADHAFI, est toujours une
vue de l'esprit1048(*). Dépassées par les
évènements, les autorités libyennes ont indiqué
qu'elles envisageaient de faire appel à des forces internationales pour
rétablir la sécurité dans le pays miné par
l'anarchie depuis la chute du régime de
Mouammar
KADHAFI en 2011.
Dans cet élan, le Parlement libyen s'est
prononcé, le 13 août 2014, à la majorité des voix,
en faveur d'une intervention de la communauté internationale dans le
pays. L'objectif est celui de protéger les civils1049(*) alors que des combats
meurtriers opposent, depuis la mi juillet, plusieurs milices rivales
nées de la chute de Mouammar KADHAFI, en 20111050(*). C'est par 111 voix sur
124 que les députés du Parlement libyen, réunis à
Tobrouk, demandent cette intervention des Nations unies, notamment à
Tripoli, la capitale, ou encore à Benghazi, deuxième ville du
pays1051(*).
Aucune précision n'a été
donnée sur cette décision qui reste floue1052(*). Quel type d'intervention,
contre qui et quels points stratégiques ? Selon le porte-parole de
la mission de l'ONU en Libye, « c'est au Conseil de
sécurité de décider ». Pour le moment une
équipe de la mission est à Tripoli. Elle « continue
à travailler pour un cessez le feu » et
« rejette l'usage de la force ».
Le 31 juillet 2014, le porte-parole du gouvernement
libyen, Ahmed LAMINE, avait déjà réclamé l'aide de
l'ONU pour protéger les civils. Cependant, le personnel de l'ONU avait
été évacué dès le 14 juillet pour des
raisons de sécurité. Les parlementaires libyens n'ont, de leur
côté, pas précisé le cadre de cette
éventuelle intervention. Pourtant en 2011, la résolution 1973
visait la protection des civils. C'est dire que cet objectif, trois ans plus
tard est loin d'être atteint, la faute aux milices qui minent le pays ou
du moins ce qui tient lieu de pays.
Cette insécurité est d'autant plus grave
que même les autorités du pays ne sont pas
épargnées. C'est ainsi que le premier ministre Ali ZEIDAN a
été enlevé par une milice en représailles. En
effet, le chef du gouvernement libyen de transition a été
enlevé le 10 octobre 2013 par un groupe armé à Tripoli.
L'information a été confirmée par le
gouvernement1053(*).
L'ancien groupe rebelle de la Chambre des opérations des
révolutionnaires de Libye a revendiqué l'enlèvement avant
de déclarer qu'Ali ZEIDAN était « en bonne
santé »1054(*). Qu'en est-il de la situation en Egypte ?
2- L'insécurité en Egypte.
En mettant la pression sur H. MOUBARAK, les grandes
puissances entendaient assurer la sécurité des civils
(manifestants ou pas). Aujourd'hui, trois ans après la chute de Hosni
MOUBARAK, on peut s'interroger avec Catherine GOUESET1055(*), « pourquoi
l'insécurité grandit en Egypte » ?
Cette insécurité est si criarde que les
Egyptiens sont obligés d'assurer leur sécurité en
s'achetant des armes. Comme l'affirme cet Egyptien, « je n'ai pas
envie de finir comme cet homme innocent »1056(*), l'on constate que la
situation est pire qu'à l'ère MOUBARAK. L'auteur de ce propos
fait allusion à un homme qui s'est fait volé et tué par un
groupe de criminels1057(*).
« Des dizaines de millions de citoyens
innocents ne se sentent pas en sécurité parce qu'on rapporte une
augmentation marquée du nombre de crimes et que les policiers sont
visiblement absents »1058(*), a dit Maher ZAKHARI, un analyste
indépendant en matière de sécurité. « Ces
gens ont le droit de se sentir en sécurité. Puisque l'Etat ne
leur offre pas ce sentiment, ils sont contraints de prendre la situation en
main »1059(*).
Quand bien même la police est présente,
elle est occupée à autre chose. Par exemple, la nature des
relations entre la police et l'armée est un réel problème.
Celles-ci n'ont jamais été sereines. La police, principal appui
du régime de MOUBARAK, beaucoup plus que l'armée, est
actuellement, au sens propre, sur le banc des accusés : plusieurs de ses
cadres, dont l'ancien ministre de l'Intérieur, sont jugés pour
leur participation à la répression contre les
opposants1060(*). Et
contrairement à MOUBARAK, il risque vraiment la peine de mort1061(*). Certains en
déduisent que la police fait une sorte de grève du zèle en
n'exerçant plus ses fonctions de maintien de l'ordre et contribue ainsi
à la hausse de l'insécurité1062(*).
Pire, la police est qualifiée de
« force du désordre »1063(*) en Egypte. Elle est
responsable de plusieurs bavures. A titre d'exemple, La vidéo d'une
bavure contre un manifestant illustre les dérives d'un corps largement
corrompu et soupçonné d'être fidèle à
l'ancien régime1064(*). Des officiers chargés de la
sécurité du palais présidentiel avaient sciemment
laissé passer les manifestants en décembre 20121065(*). Ce laisser-faire traduit
le désengagement de la police égyptienne.
Quand elle n'est pas désengagée, elle
présente des faiblesses. Au-delà de la rébellion interne,
la police égyptienne semble pâtir d'un vrai problème
d'incompétence, en matière de maintien de l'ordre
notamment1066(*).
Illustration criante : la semaine du 28 janvier 2013, les contestataires ont
réussi, deux jours de suite, à prendre en sandwich les forces
anti-émeutes, à proximité de Tahrir. Et il n'est pas rare
de voir ces hommes en uniforme se lancer dans des ripostes peu
académiques, renvoyant les pierres ou jetant du mobilier par les
fenêtres des commissariats1067(*). Dès cet instant, afin de garantir la
sécurité des citoyens, nous pensons comme Marwan CHACHINE
qu' « une réforme de la police semble plus que jamais
urgente »1068(*).
Elle est d'autant plus urgente que les
manifestations d'incivisme se poursuivent. Deux officiers de '
police ont été
tués, le 21 septembre 2014 par l'explosion d'une bombe dans le '
centre du
Caire,
a annoncé le ministère de l'intérieur. Les policiers en '
Egypte sont fréquemment les
cibles d'attentats revendiqués par des groupes djihadistes1069(*).
Si les grandes puissances contrôlaient H.
MOUBARAK sur qui elles ont mis la pression, la lutte contre les djihadistes est
de longue haleine et le retour de la stabilité n'est certainement pas
pour demain, les Egyptiens vont continuer à vivre la peur dans le
ventre. Surtout que de nombreuses instabilités minent le pays, ceci
à cause de la forte présence de l'armée, défenseur
acharné de son statut. Ce qui conduit une partie de la population
à un désintérêt pour la politique.
3- Le désintérêt d'une partie de la
population pour la politique.
Nous percevons le désintérêt d'une
partie de la population pour la politique comme un obstacle à
l'instauration de la démocratie en Egypte. En fait la démocratie
est demandée pour permettre l'expression libre des populations
d'ailleurs, avec Abraham LINCOLN, on la définit comme « le
gouvernement du peuple pour le peuple, par le peuple ». Il ne peut
donc pas avoir de démocratie sans participation du peuple, ceci à
travers les élections.
En Egypte, le peuple fuit, renonce à
l'exercice de son droit de vote. Cette situation ne donne pas une
légitimité au nouveau président Abdel Fattah Al-SISSI. Sa
victoire est nuancée par le faible taux de participation, qui
s'explique notamment par le verrouillage de l'opposition, et la lassitude de la
population. Seuls 44,4% des 53 millions d'électeurs se sont en
effet rendus aux urnes selon des sources judiciaires citées par l'agence
de presse.1070(*) Il
convient de rappeler que lors de l'élection de l'islamiste Mohamed MORSI
en 2012, la première démocratique depuis la chute du dictateur,
le taux de participation avait atteint 52%1071(*).
Ce taux de participation très faible
ébranle la légitimité de l'ancien ministre de la
Défense et vice-Premier ministre. Ceci malgré les appels au
devoir électoral lancés par les proches de Sabahi Moustafa BAKRY,
responsable de la campagne présidentielle de ce dernier, et porte-parole
de sa coalition. Le Courant populaire égyptien, a pourtant fait du
porte-à-porte pour essayer de remotiver les citoyens1072(*). La jeunesse,
celle-là même qui est descendue dans la rue à plusieurs
reprises ces trois dernières années, pour défendre ses
idéaux de démocratie et de libertés, semble
désillusionnée. Depuis le temps que l'on annonce Al-SISSI
ultra-favori, une impression «d'hyper-popularité» que Sophie
POMMIER - interrogée par RFI - explique par «le verrouillage des
médias», nombreux sont ceux qui ont estimé que ce scrutin
était joué d'avance1073(*). Si le scrutin est joué d'avance, on
comprend effectivement que le peuple et son choix sont mis de coté. Ce
n'est pas la démocratie. Cela est en opposition avec l'un des principes
de la démocratie qui stipule qu' « il est
nécessaire de créer les conditions propices à l'exercice
effectif des droits participatifs, tout en éliminant les obstacles qui
préviennent, limitent ou empêchent pareil exercice. Aussi est il
indispensable de promouvoir en permanence, notamment, l'égalité,
la transparence et l'éducation, et de lever des obstacles, tels que
l'ignorance, l'intolérance, l'apathie, le manque de choix et
d'alternatives véritables, et l'absence de mesures destinées
à corriger les déséquilibres et discriminations de
caractère social, culturel, religieux, racial ou fondés sur le
sexe »1074(*). Dans le contexte de la présidentielle
égyptienne, aucune alternative véritable n'est donnée, ce
qui débouche sur l'apathie.
Y a-t-il démocratie sans
légitimité ? D'ailleurs le peuple finit par se
résoudre à l'abstention comme mode d'expression.
Le peuple a boudé les bureaux de vote, preuve
que ce qui se vit dans leur pays ne reflète pas ses aspirations à
la démocratie. Un troisième jour de vote a été
décrété pour permettre d'améliorer le taux de
participation1075(*).
Pour Sarah Ben NEFISSA, « le véritable enjeu de cette
élection, ce n'est pas la victoire de Al-Sissi, il va être
élu, mais c'est le taux de participation. Sa légitimité se
fera sur le nombre de voix qu'il récolte»1076(*).
«Mascarade électorale»,
«démocratie factice», sont des termes qui reviennent
régulièrement dans le discours de nombreux Egyptiens qui ne
voient tout simplement pas l'intérêt d'aller voter. De la
lassitude, plus qu'une réelle protestation silencieuse1077(*). Aussi, les partis
politiques, constituantes prioritaires de la démocratie puisque celle-ci
s'exerce au travers du multipartisme, sont quasi inexistant. « Il
n'y a pas vraiment de partis. C'est cela en partie qui rend le processus
démocratique compliqué. Les anciens partis encore présents
sur la scène politique sont considérés comme trop
corrompus, les Egyptiens n'en veulent plus »1078(*).
En somme, pour cette partie signalons que la
volonté et l'engagement des puissances n'ont pas suffi pour atteindre
les objectifs poursuivis. De leur fait et de celui des pays du printemps arabe,
beaucoup reste encore à faire.
CONCLUSION GENERALE
Quoique le printemps arabe ait pris de cours les
grandes puissances, (puisque ni le monde académique, ni les
gouvernements américain ou français, n'avaient vu venir les
événements)1079(*), comme nous l'avons démontré,
celles-ci après une bonne orchestration médiatique, se sont
saisies de ce « boulevard d'opportunités »1080(*). Dirigé par notre
problématique, à savoir comment les grandes puissances
participent-elles au printemps arabe et quels sont les enjeux qui structurent
leurs actions et interactions, nous avons noté que les puissances se
divisent en deux groupes : les puissances très actives (P3) et les
puissances moins actives à savoir la Chine et la Russie qui ont maintenu
leur attitude réfractaire à l'ingérence
étrangère dans les affaires internes des Etats souverains.
Le printemps arabe a donc donné à voir,
de la part des acteurs que nous avons retenu, la mise sur pied de plusieurs
stratégies. Certaines ont été mues par les besoins de
concurrence, afin d'accroitre leur puissance, conformément à la
perspective commandée par la théorie réaliste des
Relations Internationales. C'est ainsi que nous avons assisté aux prises
de décisions unilatérales allant de simples pressions sur les
dirigeants en place jusqu'à l'assistance tant technique que
financière aux manifestants, les rebelles (dans le cas de la Libye), en
passant par la reconnaissance (faite sans concertation des
partenaires1081(*))
des forces révolutionnaires.
A côté des actions unilatérales,
dans un souci d'efficacité, les puissances ont exploré les
pistes de l'interdépendance s'inscrivant dans le champ d'analyse de
l'interactionnisme, ceci afin de mieux construire leurs jeux. Dans cette veine
on a relevé l'application des stratégies orientées vers le
bilatéralisme ou le multilatéralisme. On a ainsi assisté
à la coopération entre les puissances d'une part et d'autre part
avec d'autres acteurs des Relations Internationales.
Par le biais de ces stratégies, elles ont pu
poursuivre plusieurs objectifs. Certains étaient manifestes au rang
desquels la protection des civils, l'instauration de la démocratie,
d'autres latents dont l'anéantissement de la construction de l'UA, le
ralentissement de l'expansion de la Chine en Afrique, etc. Leurs ambitions ont
été cependant entravées par des obstacles
intrinsèques (crise économiques en Occident) et
extrinsèques (déliquescence de l'Etat libyen,
insécurité ...).
Tout compte fait, malgré ces entraves,
l'intervention des grandes puissances est saluée par les auteurs
à l'origine de celle-ci. Artem KOBZEV peut à juste titre
déclarer que, « la Tunisie est une figure à part
sur cette toile de fond » 1082(*). Nous pouvons affirmer
avec lui que « la société tunisienne actuelle peut
être qualifiée de démocratique même en faisant
quelques réserves »1083(*). En Libye, « l'intervention a
été très bien menée et a été
exemplaire. Il n'y a pas eu d'intervention terrestre, on a permis aux Libyens
de se débarrasser de leur dictateur. Qu'ils s'entretuent aujourd'hui,
c'est malheureux mais ce n'est plus de notre
ressort »1084(*), déclare Pascal BRUCKNER.
« J'ai signé cet appel, je n'ai pas de regret de l'avoir
fait »1085(*), rappelle Nicole BACHARAN. « (...) Je
pense toujours, qu'il fallait tout faire pour l'en empêcher.
Il y avait ce qu'on peut appeler une fenêtre
d'opportunités »1086(*), explique Frédéric
ENCEL. « Que se serait-il passé si
l'Occident n'était pas intervenu ? La guerre se serait sans doute
installée. La Libye serait peut-être devenue une sorte de Syrie.
KADHAFI serait, aujourd'hui, un autre Bachar al-ASSAD. Et le nombre des morts
libyens se chiffrerait en dizaine de milliers, pour ne pas dire
davantage »1087(*), affirme Bernard-Henry LEVY.
« C'était une prise de position morale.
KADHAFI était en train de massacrer son peuple dans
une abomination sans nom. Je pense qu'il était impossible de ne pas
dire : "Faisons quelque chose, nous qui avons les moyens
d'intervenir" »1088(*), explique Dominique SIMMONET. Toutes ces
déclarations attestent de la justesse et même de
l'impérativité de l'intervention occidentale en Libye et
reconnaissent cependant tacitement que la situation dans ce pays n'est pas
réglée.
Les justifications n'enlèvent rien au fait que
le pays aille mal d'où cette interrogation d'Omar BENDERA :
« la Libye est-elle en voie de se transformer en Irak
nord-africaine, champ de bataille des mouvements djihadistes et centre de
déstabilisation régionale »1089(*)? Le conflit a aussi
causé beaucoup de déplacements. D'après le Haut
Comité aux Réfugiés des Nations Unies si la plupart des
550 000 déplacés au cours de la Révolution ont pu
regagner leur lieu d'origine, environ 65 à 80 000 personnes
n'avaient pu le faire, à la fin août 20121090(*). La situation actuelle
n'est pas plus reluisante compte tenu des exécutions des
« mercenaires ». Pour le reste, la seule certitude est
que rien au Maghreb ne sera plus comme avant le
«dégagisme»1091(*) déclencheur du « printemps arabe».
Mieux, la nouvelle donne risque de ne pas évoluer forcément dans
le sens des intérêts des puissances occidentales. Au contraire,
elle a de fortes chances de jouer au profit des puissances
émergentes1092(*).
Pour sortir de cette réflexion relevons
qu'« en voulant coûte que coûte inoculer la
démocratie à l'occidentale en Afrique en général et
au Maghreb en particulier, l'Europe et les Etats-Unis ont fini par
déstabiliser cette partie très sensible de notre continent. La
démocratie étant le régime démocratique par lequel
le peuple exerce sa souveraineté elle-même, elle peut
réserver des surprises inattendues aux yeux de ces concepteurs.
Règle de gouvernance par excellence de la majorité du peuple,
elle a des revers qui peuvent être sources d'instabilité, si l'on
ne prend garde »1093(*).
La déstabilisation ne se limite d'ailleurs pas
qu'à cette partie de la région, la crise ayant des
répercussions sur les autres régions de l'Afrique,
référence faite à la crise malienne. Aussi, nous pensons
avec Omar BENDERA qu' « en Libye, comme ailleurs en Afrique,
et n'en déplaise aux tenants de l'ingérence militaire
néocoloniale, le dépassement des conflits ne peut s'effectuer
autrement que par la politique »1094(*). Et ici nous
excluons l'intervention militaire qui est perçue comme un autre moyen de
faire la politique et recommandons fortement la négociation, le
dialogue.
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- Numéro du 01er aout 2013.
- Numéro du 17 octobre 2013.
- Numéro du 18 octobre 2013.
- Numéro du 13 mars 2014.
- Numéro du 28 avril 2014.
- Numéro du 21 septembre 2014.
Ø Al-Hayat
- Numéro du 15 avril 2011.
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- Numéro du 17 octobre 2014.
Ø Cameroon tribune
- Numéro du 31 janvier 2011.
- Numéro du 03 février 2011.
- Numéro du 27 mai 2011.
- Numéro du 05 juillet 2011.
- Numéro du 13 juillet 2011.
- Numéro du 29 juillet 2011.
- Numéro du 16 septembre 2011.
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- Numéro du 22 novembre 2011.
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- Numéro du 07 février 2011.
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- Numéro du 19 avril 2011.
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- Numéro du 15 avril 2011.
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- Numéro du 31 août au 6 septembre 1999.
- Numéro du 10 février 2012.
- Numéro du 16 mai 2012.
- Numéro 26 août 2014.
Ø JOL Press
- Numéro du 11 septembre 2012.
- Numéro du 25 mars 2014.
Ø Kommersant
- Numéro du 27 mai 2011.
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- Numéro du 20 novembre 2012.
- Numéro du 27 mars 2013.
Ø L'Express
- Numéro du 4 mai 2011.
- Numéro du 20 mai 2011.
- Numéro du 28 mai 2011.
- Numéro du 26 août 2011.
- Numéro du 02 février 2012.
- Numéro du 27 mars 2013.
- Numéro du 13 juillet 2014.
- Numéro du 09 août 2014.
Ø L'Inter
- Numéro du 19 février 2013.
Ø La Croix
- Numéro du 24 septembre 2014
- Numéro du 23 octobre 2014.
Ø La Nation
- Numéro du 01 au 07 Mai 2013
Ø La voix de la Libye
- Numéro du 22 mars 2014.
Ø La Voix de la Russie
- 26 janvier 2014.
Ø Le Figaro
- Numéro du 25 octobre 2008
- Numéro du 26 janvier 2011.
- Numéro du 28 février 2011.
- Numéro du 09 mars 2011.
- Numéro du 10 mars 2011.
- Numéro du 15 avril 2011.
- Numéro du 04 septembre 2012.
- Numéro du 01er aout 2013
- Numéro du 19 octobre 2014.
- Numéro du 30 octobre 2014.
Ø Le Canard
Enchaîné
- Numéro du Numéro du 26 octobre 2011.
Ø Le Courrier de Russie
- Numéro du 21 juin 2013.
Ø Le Monde
- Numéro du 6 janvier 2011.
- Numéro du 13 janvier 2011.
- Numéro du 15 janvier 2011.
- Numéro du 21 février 2011.
- Numéro du 23 février 2011.
- Numéro du 11 mars 2011.
- Numéro du 20 mars 2011.
- Numéro du 6 août 2011.
- Numéro du 30 septembre 2011.
- Numéro du 22 mars 2012.
- Numéro du 25 janvier 2013.
- Numéro du 17 octobre 2013.
- Numéro du 21 septembre 2014.
- Numéro du 22 octobre 2014.
- Numéro du 08 novembre 2014.
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- Numéro de Mars 2011.
- Numéro de Mai 2011.
- Numéro de décembre 2011.
- Numéro d'octobre 2012.
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Ø Le Nouvel Observateur
- Numéro du 28 janvier 2011.
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- Numéro du 18 mars 2011.
- Numéro du 03 avril 2011.
- Numéro du 24 mai 2011.
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- Numéro du 1er mars 2011.
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Ø Le Point
- Numéro du 28 janvier 2011.
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- Numéro du 10 mai 2011.
- Numéro du 26 mai 2011.
Ø Libération
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- Numéro du 03 février 2013.
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V : DOCUMENTS DIVERS
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http://www.un.org/News/fr-press
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Ø www.allafrica.com
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www.alternatives-economiques.fr
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Ø www.Glamour.fr
Ø www.irinnews.org
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www.ladocumentationfrancaise.fr
Ø www.lalibre.be
Ø www.leconomiste.eu
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Ø www.lepoint.fr
Ø www.les-crises.fr
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www.mccain.senate.gov
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Ø www.nawaat.fr
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www.pierrepiccinin.eu
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www.recherches-sur-le-terrorisme.com
Ø www.rfi.fr
Ø www.Rpcfa.gv.cn
Ø www.Rue89.fr
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Ø www.universalis.fr
Ø www.voltairenet.org
Ø www.Voxeurop.eu
b- Les blogs
Ø bernardlugan.blogspot.fr
Ø Blog gaulliste libre
ANNEXES
LISTE DE DOCUMENTS EN ANNEXES
ANNEXE 1 : Résolution 1970 CSNU Sur la
Libye.
ANNEXE 2 : Résolution 1973 CSNU Sur la
Libye.
ANNEXE 1 : Résolution 1970 (CSNU)
ANNEXE 2 : Résolution 1973 CSNU Sur la
Libye.
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT.......................................................................................i
CARTE DU
MAGHREB................................................................................ii
DEDICACE...............................................................................................iii
REMERCIEMENTS..............................................................................................iv
SIGLES ET
ABREVIATIONS.......................................................................vi
RESUME................................................................................................viii
SOMMAIRE...............................................................................................ix
INTRODUCTION GENERALE
......................................................................1
I : Construction conceptuelle du sujet et justification
du choix des acteurs........................4
A : Construction conceptuelle du
sujet..................................................................4
1 : Jeu et
enjeu..............................................................................................4
2 : Grande
puissance.......................................................................................6
3 : Le printemps
arabe......................................................................................6
B : Justification du choix des
acteurs....................................................................8
1 : Les raisons du choix des pays à
étudier..............................................................8
2 : Les raisons du choix des grandes
puissances.......................................................9
II : Revue de la
littérature...............................................................................11
III : Intérêt de
l'étude.....................................................................................17
IV : La
problématique....................................................................................18
V : Démarche
adoptée....................................................................................18
A : La collecte et l'analyse de
données.................................................................19
1 : La collecte de
données................................................................................19
a : La collecte de données à travers les
documents
écrits........................................................................................................19
b : La collecte de données Les documents
électroniques...............................................................................................20
c : La collecte de données Les documents
muets........................................................................................................20
2 : L'analyse des
données................................................................................20
B : L'usage des théories
.................................................................................21
1 : Le
constructivisme....................................................................................21
2 :
L'interactionnisme....................................................................................25
a : L'interactionnisme
stratégique......................................................................25
b : L'interactionnisme
symbolique.....................................................................26
3 : Le
réalisme.............................................................................................27
VI : Hypothèse de
travail................................................................................30
PREMIERE PARTIE : LES JEUX DIVERSIFIES DES
GRANDES PUISSANCES...31
CHAPITRE I : LES JEUX INDIVIDUELS DES
GRANDES PUISSANCES............34
Section I : Les jeux
similaires...........................................................................35
Paragraphe I : Les actions des puissances très
actives...............................................35
A : Les pressions sur les
dirigeants.....................................................................35
1 : Discours et autres actions de pression sur les
régimes de Ben ALI, Hosni MOUBARAK et Mouammar
KADHAFI..................................................................................35
a : La construction discursive des
pressions..........................................................35
b: Les autres formes de
pression........................................................................45
2 :L'établissement de relations
diplomatiques entre les insurgés et les grandes
puissances..................................................................................................47
a : La nomination d'un nouvel ambassadeur en Tunisie par
la France............................48
b : La reconnaissance du CNT en
Libye...............................................................48
B : Les appuis logistiques, financiers,
économiques et militaires aux rebelles..................50
1 : Les appuis
logistiques................................................................................50
a : Les offres de formation aux rebelles par les
Etats-Unis : le cas des blogueurs
égyptiens...................................................................................................50
b : La fourniture du matériel de guerre aux
insurgés par la France et les Etats-Unis............53
2 : Les soutiens financiers et
économiques............................................................53
a : Le soutien financier de la Grande-Bretagne pour le
développement du système
judiciaire...................................................................................................53
b : Le soutien économique des
Etats-Unis............................................................54
3 : Les appuis
militaires.................................................................................55
a : Les appuis militaires de la
France..................................................................55
b : Les appuis militaires des Etats-Unis aux
insurgés libyens......................................56
c : L'aide aux renseignements apportée par la
Grande-Bretagne aux insurgés libyens.........57
Paragraphe II : Les actions des puissances moins
actives...........................................58
A : L'appel au pacifisme en
Libye.....................................................................58
B : L'établissement des contacts diplomatiques
avec les différentes parties au conflit en
Libye.......................................................................................................59
1 : Les rencontres entre diplomates chinois et parties au
conflit libyen...........................59
2 : La médiation et la visite russe en
Libye...........................................................60
Section II : Les jeux
dissemblables.....................................................................61
Paragraphe I : Les conduites spécifiques des
grandes puissances très actives...................61
A : Les actions visant le changement par le soutien aux
rebelles..................................61
1 : Les jeux spécifiques de la
Grande-Bretagne......................................................61
a : Les visites des autorités anglaises en Tunisie et
en Egypte : signe de l'approbation des
manifestations.............................................................................................61
b : L'appel à la mobilisation internationale pour
résoudre la crise libyenne.....................62
c : L'expression discursive de l'encouragement des
dissidents égyptiens par les
Etats-Unis.........................................................................................................64
B : Les conduites de la France visant au maintien du
statu quo en Tunisie......................66
1 : L'appel au
calme......................................................................................66
2 : La proposition de mesures pour permettre à Ben
ALI de rester au pouvoir..................66
Paragraphe II : Les jeux spécifiques des
puissances moins actives................................67
A : Les conduites spécifiques de la
Russie............................................................67
1 : Le soutien aux manifestants en Tunisie et en
Egypte...........................................67
2 : La dénonciation des jeux des
interventionnistes et leur mise en garde par la Russie........68
B : Les conduites propres de la
Chine..................................................................70
1 : L'extrême prudence chinoise et l'absence
d'ingérence..........................................70
2 : La condamnation des actions des
occidentaux...................................................71
CHAPITRE II : LES JEUX COLLECTIFS DES GRANDES
PUISSANCES.............73
Section I : Les grandes puissances à l'oeuvre dans
les cadres
multilatéraux..............................................................................................74
Paragraphe I : Les grandes puissances dans les structures
multilatérales existantes avant le printemps
arabe...........................................................................................74
A : La dynamique décisionnelle et actionnelle des
grandes puissances contre le régime de KADHAFI à l'ONU, au G8 et
à
l'UE................................................................75
1 : Le régime de KADHAFI à l'épreuve
des décisions des grandes puissances................75
a : La prise des sanctions collectives contre le
régime de KADHAFI par les grandes
puissances.................................................................................................75
b : L'apport d'un soutien collectif aux rebelles par les
grandes puissances au travers du
G8..........................................................................................................79
2 : Les jalons pour une intervention militaire en Libye
posés par les grandes puissances au sein de
l'ONU.............................................................................................80
a : Les réticences de la Russie et de la Chine
doublées de leurs abstentions.....................81
b : Les manoeuvres françaises pour l'adoption de
la résolution
1973.........................................................................................................83
B : La mise en oeuvre de la résolution 1973 par
les grandes puissances à Europe3 et à
l'OTAN....................................................................................................86
1 : E3, plateforme d'appui de la France et de la
Grande-Bretagne pour inspirer l'action militaire en
Libye.........................................................................................86
2 : L'OTAN, cadre de l'intervention militaire des grandes
puissances en Libye................86
a : Le « leadership from behind » des
Etats-Unis au sein de la coalition de l'OTAN.............87
b : La constitution de la France comme véritable
puissance militaire au sein de la coalition de
l'OTAN....................................................................................................90
c : Une contribution modeste de la Grande-Bretagne aux
opérations militaires de
l'OTAN....................................................................................................92
Paragraphe II : La création des cadres
multilatéraux par les grandes puissances................95
A : L'organisation des sommets ad hoc sur la
Libye..................................................95
B : L'organisation des conférences ad
hoc............................................................96
1 : La prise en acte de la résolution 1973 par le
groupe de contact au cours de la conférence de
Londres....................................................................................................97
2 : La tripartite France-Grande-Bretagne-Etats-Unis pour
l'affirmation de leur engagement militaire en
Libye...............................................................................................97
3 : Le rassemblement pour un soutien à la
transition en Libye au travers de la conférence des amis de la Libye du
1er septembre
2011...............................................................98
Section II : Les interactions des grandes puissances dans
des cadres bilatéraux...............100
Paragraphe I : Les interactions bilatérales entre
les grandes
puissances................................................................................................100
A : Les interactions bilatérales pour mettre la
pression sur les dirigeants en place............100
1 : Coopération bilatérale entre Etats-Unis
et Grande-Bretagne pour une pression sur Hosni
MOUBARAK...........................................................................................100
2 : Actions bilatérales de pression sur Mouammar
KADHAFI...................................101
a : Négociation entre OBAMA et MEDVEDEV pour
l'accroissement des pressions contre
KADHAFI................................................................................................101
b : SARKOZY et OBAMA : la décision de chasser
KADHAFI..................................102
B : Projet de résolution et proposition d'une
solution diplomatique à la crise libyenne par le couple
franco-britannique..............................................................................103
C : La visite de réconfort au CNT libyen
effectuée par le couple franco-britannique.........104
Paragraphe II : Les interactions bilatérales entre
les grandes puissances et les autres acteurs des relations
internationales...........................................................................105
A : Les interactions avec les acteurs du monde
arabe..............................................105
1 : Les interactions avec les Etats du monde
arabe...................................................105
a : L'aide au
cadrage....................................................................................105
b : Les contributions financières et militaires
des pays du Monde
arabe.......................................................................................................107
2 : Les interactions avec les organisations du monde
arabe.......................................................................................................109
3 : Les interactions avec l'Emir du Qatar pour un appui
à la décision des
Etats-Unis........................................................................................................111
B : Les interactions avec les Etats
africains.........................................................112
DEUXIEME PARTIE : DES JEUX SOUS-TENDUS PAR DE
MULTIPLES ENJEUX ET SOUMIS A DIVERSES
CONTRAINTES...................................................115
CHAPITRE III : UNE INTERVENTION SOUS-TENDUE PAR
DES MULTIPLES
ENJEUX.................................................................................................117
Section I : Les enjeux
manifestes.....................................................................118
Paragraphe I : Les enjeux poursuivis par les
puissances très actives.............................118
A : La protection des
civils............................................................................118
B : L'instauration de la
démocratie...................................................................121
PARAGRAPHE II : LES ENJEUX DES PUISSANCES MOINS
ACTIVES.................125
A : La protection de leur culture en politique
internationale......................................125
1 : La protection de sa culture en politique
internationale par la Russie..........................125
2 : La protection de sa culture en politique
internationale par la Chine.........................127
B : La préservation de leur sécurité
interne...........................................................128
1 : Les manoeuvres de protection de sa
sécurité interne par la Chine............................128
2 : Les craintes de la Russie, ferments de sa non
intervention....................................131
Section II : Les enjeux
latents.........................................................................132
PARAGRAPHE I : LES ENJEUX
ECONOMIQUES.............................................133
A : La capitalisation de ses avoirs par la
Chine.....................................................133
B : Sauvegarde de ses partenariats par la
Russie...................................................135
1 : La préservation de son partenariat de
développement économique avec les Etats-Unis et l'Europe
occidentale....................................................................................136
2 : La conservation de ses acquis
économiques.....................................................137
PARAGRAPHE II : LES ENJEUX
STRATEGIQUES...........................................139
A : Les enjeux
collectifs................................................................................139
1 : L'anéantissement des efforts de construction
de l'UA.........................................140
2 : Le ralentissement de l'expansion de la Chine en
Afrique.....................................144
3 : La quête du
pétrole..................................................................................146
B : Les enjeux
spécifiques.............................................................................150
1 : Les enjeux spécifiques de la
France..............................................................150
a : La (re)construction de la
multipolarité...........................................................150
b : La prémunition contre
l'immigration.............................................................154
2 : La protection d'un Etat ami des Etats-Unis :
Israël.............................................155
3 : La construction de sa puissance au travers de
l'Afrique par la Chine........................156
CHAPITRE IV : DES JEUX SOUMIS A PLUSIEURS
CONTRAINTES................160
Section I : Les contraintes inhérentes aux
grandes puissances....................................160
Paragraphe I : La crise
économique..................................................................161
A : Le regard des auteurs et acteurs de la finance
mondiale......................................161
B : La situation des grandes
puissances.............................................................164
1 : Le cas de la
France.................................................................................164
2 : Le cas de la
Grande-Bretagne.....................................................................168
3 : La situation de crise des
Etats-Unis................................................................171
Paragraphe II : Des contraintes
spécifiques aux Etats-Unis et à la
France.....................173
A : La prise en compte de l'opinion publique
américaine par le gouvernement de Barack
OBAMA..................................................................................................174
B : Absence de politique africaine de François
HOLLANDE, décision d'action en retrait et réorientation des
actions de la
France................................................................176
1 : L'absence de politique africaine de François
HOLLANDE...................................176
2 : La décision d'action en retrait en Afrique et
la réorientation des actions de la
France.....................................................................................................177
Section II : Les contraintes extérieures aux
grandes puissances..................................178
Paragraphe I : L'UA, obstacle a la
stratégie des grandes puissances............................178
Paragraphe II: Les facteurs obstruant l'instauration de la
démocratie au Maghreb...........181
A : Les facteurs propres à
l'Egypte..................................................................182
1 : La mal
gouvernance.................................................................................182
a : Les violations des droits de
l'Homme............................................................184
b : La dissolution des partis
politiques...............................................................189
2 : L'armée, obstacle à la
démocratisation..........................................................190
a : La préservation de sa suprématie :
objectif poursuivi par l'armée...........................191
b : Effets pervers du financement des
Etats-Unis...................................................192
c : L'armée, auteur de l'instabilité
politique en Egypte...........................................195
3 : Le déficit
financier..................................................................................197
B : La déliquescence de l'Etat
libyen.................................................................198
Paragraphe III : L'insécurité et le
désintérêt de la
population....................................202
A :
L'insécurité..........................................................................................202
1 : L'insécurité en
Libye...............................................................................203
2 : L'insécurité en
Egypte..............................................................................208
3 : Le désintérêt d'une partie de la
population pour la politique.................................210
CONCLUSION
GENERALE.......................................................................212
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................216
ANNEXES...............................................................................................240
TABLE DES
MATIERES...........................................................................260
* 1 Nous faisons ici
référence à la multiplicité des putschs en Afrique
subsaharienne.
* 2 NASSIF Hitti,
« Solidarité sociologique arabe », Revue
Défense Nationale, N° 743, octobre 2011, p. 3.
* 3 23 ans de règne au
compteur de Ben ALI en Tunisie, quasi 30 pour Hosni MOUBARAK en Egypte et la
palme de longévité pour Mouammar KADHAFI : 42 ans en
Libye
* 4 La Nation N°101
édition du 01 au 07 Mai 2013.
* 5 LABEVIERE Richard,
« Printemps, été et automne arabes. Révolutions
et contre-révolutions post-globales », Revue Internationale et
Stratégiques 83, Automne 2011, p. 77.
* 6 Voir MONIQUET Claude,
Printemps arabe printemps pourri, Paris, éditions encre d'orient,
2012.
* 7 L'expression est de ABDOU
HASSAN Adam, « A propos de l'intervention occidentale en Libye :
étude de l'ouvrage de Jean PING, Eclipse sur l'Afrique, fallait-il tuer
KADHAFI ? », Thinking Africa, NDR n° 10, juin 2014, p. 19.
* 8 DURKHEIM Emile,
cité par GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales,
Paris, 7e édit., Dalloz, 1986, p. 398.
* 9GRAWITZ (M.), Ibid., p.
348.
* 10 Ibid., p. 348.
* 11 Ibid., p. 348.
* 12 QUIVY Raymond et
CAMPENHOUDT Luc Van, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod,
2e édition, 1995, p. 120.
* 13 CROZIER Michel et
FRIEDBERG Erhard, L'acteur et le système : Les contraintes de
l'action collective, Paris, Editions du Seuil, 1977, p. 97.
* 14 ANSART Pierre, Les
sociologies contemporaines, Paris, Editions du Seuil, 1990, p. 276.
* 15 RAPOPORT Anatol,
«Three modes of conflict», Management science, vol 7, N°3, Avril
1961, pp. 210-218.
* 16 ROJOT Jacques,
Théories des Organisations, Paris, ESKA, 2003, p. 224.
* 17 Ibid., p. 218.
* 18 Ibid.
* 19 SMOUTS Marie-Claude,
BATTISTELLA Dario, VENESSON Pascal, Dictionnaire des Relations Internationales,
Paris, Dalloz, 2è édition, 2006, p. 445.
* 20 Kenneth WALTZ
cité par SMOUTS (M-C) et al., Ibid., p. 445.
* 21 « La
notion de polarité a trait à la problématique
réaliste de la répartition de la puissance entre unités
plus ou moins nombreuses au sein d'un système interétatique
(...) », SMOUTS (M-C) et al., op. cit., p.423.
* 22 Confère
justification du choix des acteurs, pp. 9-11.
* 23 Il existe deux
façons de construire un concept. Chacune correspond à un niveau
différent de conceptualisation. L'une est inductive et produit des
« concepts opératoires isolés », l'autre est
déductive et crée des « concepts systémiques
». Voir. BOURDIEU Pierre, CHAMBOREDON Jean-Claude et PASSERON
Jean-Claude, Le métier de sociologue. Préalables
épistémologiques, Paris, Mouton Editeur, 4e
édition, 1983, pp. 51-54.
* 24 « Un concept
opératoire isolé (COI) est un concept construit empiriquement
à partir d'observations directes ou d'informations rassemblées
par d'autres. C'est à travers les lectures (...) que l'on peut
recueillir les éléments nécessaires à cette
construction », QUIVY (R) et CAMPENHOUDT (L V), op. cit., p. 122.
* 25 DENECE Eric (dir.), La
face cachée des révolutions arabes, Paris, Editions Ellipses,
2012, p.8.
* 26 CAMAU Michel,
« Un printemps arabe ? L'émulation protestataire et ses
limites », l'année du Maghreb [en ligne], VIII/2012, http://
annéemaghreb.revfues.org/1383, consulté le 25 mai 2012.
* 27 SARMIS Dilek,
« Que disent les « révolutions arabes » ? Le
modèle occidental de démocratie et de laïcité
à l'épreuve de l'exemple turc », Printemps arabe,
printemps durable ?, Revue des femmes philosophe, N°2-3, mai 2013,
p. 27.
*
28« L'ensemble des Etats, Organisations
internationales, Organisations non gouvernementales et individus, qui en
agissant sur la scène internationale adhèrent aux valeurs
communes », SMOUTS (M-C) et al., op. cit., p.67.
* 29 Par cette expression,
nous voulons parler des acteurs, Etats au sein desquels
l'évènement est né.
* 30 Par cette autre
expression, nous voulons désigner les acteurs qui ont donné une
connotation internationale à l'évènement.
* 31 BACHELARD Gaston, La
formation de l'esprit scientifique, Paris, librairie philosophique. J. VRIN,
1986, p. 55.
* 32 QUIVY (R) et
CAMPENHOUDT (L V), op. cit., p. 3.
* 33 SNYDER Richard, BRUCK
H.W et SAPIN Burton, cités par BATTISTELLA (D), op. cit., p. 359.
* 34 Le concept
d'extraversion étatique en Afrique noire renvoie à la
question centrale du déficit d'autonomie stratégique et
politique dont souffrent de nombreux pays. Il met en lumière les espaces
de souveraineté que les pays africains laissent à leurs
partenaires étrangers pour l'élaboration de leurs
politiques. Nombre de pays africains, en effet, au mépris de la
maxime chère à Georges WASHINGTON (1732-1799) selon laquelle,
aucune nation ne doit être crue au-delà de son
intérêt, associent leurs partenaires étrangers, et
plus particulièrement occidentaux, à la définition des
sujets vitaux pour leur indépendance et leur survie tels : la
sécurité, les politiques économiques ou la politique
étrangère. Toutefois, la dépendance de l'Afrique, loin
d'être simplement le résultat d'un complot occidental, est une
construction à laquelle l'élite politique africaine est
étroitement associée. Afin de compenser leur insuffisante
légitimité politique sur le plan national, de nombreux
responsables politiques africains ont, en contradiction avec la vision
stratégique que requiert la gestion d'un pays, volontairement
renforcé l'extraversion de leurs Etats. Pour plus
d'éléments sur cette question il serait utile de lire FOGUE
TEDOM Alain, Enjeux géostratégiques et conflits politiques
en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 2008, pp. 175-212.
* 35 Ibid.
* 36 Nous reviendrons sur
les détails plus loin.
* 37 Avec un grand
intérêt, on lira ROPIVIA Marc-Louis, « Géopolitique
et géostratégie: L'Afrique noire et l'avènement de
l'impérialisme tropical gondwanien», dans Cahiers de
géographie du Québec, vol 30, n°79, 1986, pp. 5-19.
* 38 Puissance
considérée comme le gendarme du monde, la puissance majeure du
monde. LERICHE Frédéric, « La politique africaine des
Etats-Unis : une mise en perspective », Afrique Contemporaine, 2003/3no
207, p. 8.
* 39 BUHLER Pierre, La
puissance au XXIe siècle. Les nouvelles définitions du monde,
Paris, CNRS EDITIONS, 2011, p. 280.
* 40 Pour plus
d'éléments sur ce sujet, lire MING Ye, « L'Essor des grandes
puissances: un documentaire-fleuve à la télévision
chinoise », Hérodote n° 125, La Découverte, 2007, p.
51-61.
* 41 PONDI Jean Emmanuel,
Vie et mort de Mouammar Al-Kadhafi. Quelles leçons pour l'Afrique ?
Yaoundé-Cameroun, Editions Afric'Eveil, 2012.
* 42MONIQUET (C.), op. cit.
* 43 Notamment lors de la
riposte contre l'invasion du Koweït par l'Irak.
* 44 LUGAN Bernard, Histoire
d'une tragique illusion, Paris, Editions Bernard Lugan, 2013.
* 45 La face cachée
des révolutions arabes est un ouvrage collectif rédigé
sous la direction de Eric DENECE et du CF2R ( centre français de
recherche sur le renseignement) avec 22 autres auteurs, journalistes,
essayistes, chercheurs, anciens diplomates, hommes et femmes politiques de
terrain, économistes de plusieurs nationalités (français,
belges, égyptien, malien, algérien...). Parmi ces auteurs, nous
pouvons citer l'égyptien Samir AMIN.
* 46AMIN Samir, Le monde
arabe dans la longue durée : un printemps des peuples ? Paris,
Éditions le temps des cerises, 2011.
* 47 La
financiarisation : quand on dit que l'on va trouver une solution à
la crise en « régulant la financiarisation », c'est
impossible. On ne peut la réguler qu'en nationalisant dans la
perspective de socialiser des monopoles. Etant donné que ceci n'est pas
à l'ordre du jour, on ne peut pas la réguler. La financiarisation
est nécessaire à la reproduction du système capitaliste au
stade où il est parvenu.
* 48 La destruction :
quand on dit que le capitalisme a prouvé dans l'histoire qu'il est
capable de s'ajuster à tout, c'est certes juste, mais à quel
prix ? A celui de devenir de plus en plus destructif ! Nous avons
maintenant atteint un stade où les destructions que la poursuite de son
déploiement implique sont fabuleuses.
* 49
L'intolérance : le capitalisme des monopoles
généralisé ne tolère pas l'émergence des
pays dits émergents. Cela signifie qu'il n'accepte pas que ces derniers
« rattrapent » les pays dominants de la triade
Etats-Unis/Europe/Japon même par des moyens capitalistes dans le cadre de
la globalisation, ce qu'ils tentent effectivement de faire. Ceci est à
l'origine de la guerre permanente, ce projet déjà mis en oeuvre
de contrôle militaire de la planète. Ici, les véritables
ennemis ne sont pas les pays auquel ce capitalisme s'attaque comme la Lybie,
l'Irak où la Syrie, mais derrière eux, les pays émergents,
et surtout la Chine.
* 50BRAHIMI El MILI Naoufel,
Le printemps arabe, une manipulation, Paris, Max Milo, 2012.
* 51 A partir de 2012,
après la chute des régimes de ben Ali, Moubarak et Kadhafi.
* 52 BRAHIMI El MILI (N),
op. cit., p. 211.
* 53HASSNER Pierre,
« Guerre, stratégie, puissance », Revue
Défense Nationale n° 743, octobre 2011.
* 54 Ibid., p. 4.
* 55ROEHRIG Benjamin,
« L'OTAN et l'ONU : victimes de l'intérêt national
en Libye », Revue Défense Nationale n°752,
été 2012.
* 56 Ibid.
* 57KATZ Mark N.,
« La Russie et le printemps arabe : la démocratie en
question », Moyen-Orient 15.juillet-septembre 2012.
* 58 Ibid., p. 69.
* 59DJAZIRI Moncef,
« Libye : les enjeux économique de la « guerre
pour la démocratie » », Moyen-Orient 12.
Octobre-décembre 2011.
* 60 Pour le cas de la
Libye.
* 61 DJAZIRI (M.), op.cit.,
p. 78.
* 62 Ibid., p. 79.
* 63 SCHOPENHAUER
Cité par GRAWITZ Madeleine, Méthodes de sciences sociales,
10e édit., Paris, Éditions Dalloz, 1996, p. 317.
* 64 MARIRATANGA
Zépherin, La problématique de la bonne gouvernance au Cameroun,
rapport de stage février 1999, IRIC, p. 5.
* 65 BOURDIEU Pierre,
cité par QUIVY (R) et CAMPENHOUDT (L V), op. cit., p. 94.
* 66 FOGUE TEDOM (A), op.
cit., p. 12.
* 67 Confère supra,
pp 11-17.
* 68 BOURDIEU Pierre,
CHAMBOREDON et PASSERON Jean Claude, Le métier du sociologue :
préalable épistémologique, Paris, mouton, 1983, p. 54.
* 69 GRAWITZ (M), op. cit.,
p. 4.
* 70 Selon Madeleine
GRAWITZ, « les techniques sont des procédés
opératoires rigoureux, bien définis, transmissibles susceptibles
d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions,
adaptés au genre du problème et de phénomène en
cause », GRAWITZ (M.), op. cit, p. 318.
* 71Ibid., p. 519.
* 72 Ibid., p. 461.
* 73 Cameroon Tribune, La
Nation, Le Monde, AFRICA24 MAGAZINE etc.
* 74 Politique Africaine,
Revue Défense Nationale, Politique Internationale, Revue Internationale
et Stratégique...
* 75 PONDI Jean Emmanuel,
Vie et mort de Mouammar Al-Kadhafi. Quelles leçons pour
l'Afrique ?, op. cit. ; MONIQUET Claude, Printemps arabe, printemps
pourri, op. cit. ; DENECE Eric (dir.), La face cachée des
révolutions arabes, op. cit. ; AMIN Samir, le monde arabe dans la
longue durée : un printemps des peuples ? op. cit. ; LUGAN
Bernard, Histoire d'une tragique illusion, op. cit. ; BRAHIMI El MILI
Naoufel, Le printemps arabe, une manipulation, op. cit., pour ne citer que
ceux-là.
* 76 GRAWITZ Madeleine,
Méthodes des sciences sociales, op. cit.; BATTISTELLA Dario,
Théories des Relations Internationales, op. cit.; ROJOT Jacques,
Théories des Organisations, op. cit., la liste n'est qu'illustrative.
* 77A l'instar de
« Washington critique le gouvernement tunisien » Radio
Canada International ; « Tunisie : la véritable
nature du régime de Ben ALI » publié sur
Nawaat.fr ; BAUMANN Nick et MAHANTA Siddhartha « what's
happening in Egypt explained» publié le 23 février 2011 sur
Nawaat.fr, pour se limiter à ceux-là.
* 78 A l'instar de TOURAINE
Alain, Sociologie de l'action, Paris, Les éditions du seuil, 1965 ;
BERGES Michel (dir.), Penser les relations internationales, Paris, l'Harmattan,
2008, pour ne citer que ces ouvrages.
* 79 Scène de presse
sur la CRTV Télé ; Canal Presse sur Canal2
International ; Dimanche midi sur la CRTV poste national, la liste n'est
pas exhaustive.
* 80 Voir TCHOUPIE
André, Cours de Techniques de Recherche en Science Politique, Master II
en Science Politique, Université de Dschang, 2011-2012.
* 81GRAWITZ (M.), op. cit,
p. 687.
* 82 TCHOUPIE (A), op.
cit.
* 83 BATTISTELLA (D), op.
cit., note 3, p. 13.
* 84 Ibid., p. 37.
* 85 ARON Raymond, «
Qu'est-ce qu'une théorie des relations internationales ? »,
dans Revue Française de Science Politique 17eannée n° 5,
1967 pp. 837-861.
* 86 Hans MORGENTHAU
cité par BATTISTELLA (D.), op. cit. p. 29.
* 87 TCHOUPIE (A), op.
cit.
* 88 ONUF Nicholas, World of
our Making, «Rules and Rule in Social Theory and International
Relations», Columbia, University of South Carolina Press, 1989.
* 89 KRACHTOWIL Friedrich,
«The Force of Prescription», International Organization, Vol. 38,
n°4, 1984, pp. 685-708; KRACHTOWIL Friedrich, Rules, Norms and Decisions.
On the Conditions of Practical and Legal Reasoning in International
Relations and Domestic Affairs, Cambridge, Cambridge University Press,
1989.
* 90 RUGGIE John Gerard
«Introduction: What makes the world hang together? Neo -utilitarism and
the social constructivist challenge,» dans RUGGIE John Gerard,
Constructing the world polity: Essays of International institutionalization,
London, Routledge, 1998.
* 91 WENDT Alexander,
«The agent-structure problem in international relations
theory», International Organization, Vol. 41, n°3, 1987, pp.
335-370.
* 92BATTISTELLA (D.), op.
cit.
* 93RIVAT Emmanuel,
« Bourdieu est-il soluble en relations internationales ? Le
constructivisme en débat », dans Dynamiques internationales,
N° 1, octobre 2009, p. 1.
* 94 LAMBORN Alan C. et
LEPGOLD Joseph, World politics into the twenty-first century: unique contexts
enduring patterns, Harlow, 1er éd, Von Hoffman Press, 2003, p. 45.
* 95 MCLEOD Alex, «
L'approche constructiviste de la politique étrangère », dans
CHARILLON (F) (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards,
Paris, PFNSP, 2002, p.66.
* 96 CORCUFF Philippe, Les
nouvelles sociologies, Paris, Nathan, 1995, p. 17.
* 97BATTISTELLA (D.), op.
cit.
* 98 ONUF Nicholas, World of
our making : Rules and Rule in social theory and international relations,
Columbia, university of south Carolina press, 1989 cité par E. RIVAT op.
cit., p. 3.
* 99 RUGGIE (J. G.); CHEKEL
(T. J.), cités par LAMBORN (A. C.) et LEPGOLD (J.), op. cit. ,p. 46.
* 100 WENDT Alexander,
Social Theory of International Politics, Cambridge, Cambridge University Press,
1999, p. 231.
* 101 WENDT Alexander
«Anarchy is what states make of it. The social construction of power
politics» dans International Organization vol.46 N° 2, 1992.
* 102 WENDT (A.)
cité par BATTISTELLA (D.), op.cit., p. 283-284.
* 103 KATZENSTEIN Peter,
The culture of National Security, New York, Columbia University Press, 1996, p.
33.
* 104 BATTISTELLA (D.),
op.cit., p. 280.
* 105 ONUF Nicholas,
cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 270.
* 106 SMOUTS (M-C) et al.,
op. cit., p. 74.
* 107 Notamment le
paradigme réaliste qui exclut le changement de son champ d'étude
et le post-modernisme qui ne voit dans le changement qu'une ruse du pouvoir.
* 108 MORRISSETTE
Joëlle, GUIGNON Sylvie, DEMAZIERE Didier, « De l'usage des
perspectives interactionnistes en recherche », Revues Recherche
Qualitative vol. 30(1) 2011, p. 1.
* 109 Ibid., p. 2.
* 110LAMBORN (A.C.)/LEPGOLD
(J.), op. cit., p. 485.
* 111 ROJOT (J.), op.
cit.
* 112 ELIAS Norbert, Qu'est
ce que la sociologie? Paris, édition l'aube, 1991, p.10.
* 113 CROZIER (M.) et
FRIEDBERG (E.), op. cit., p. 218.
* 114 Ibid., p. 48.
* 115 Cf. MIRONESCO Claude,
Introduction à la Science Politique,
http://europa.eu.int.,
consulté le 24 mai 2013.
* 116ROJOT (J.), op.
cit.
* 117 Ibid., p. 327.
* 118 Ibid., p. 328.
* 119 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 328.
* 120 FRIEDBERG Erhard, Le
Pouvoir et la Règle. Dynamiques de l'action organisée, Paris,
Editions du Seuil, 1993, p. 203.
* 121 ROJOT (J), op. cit.,
p. 230.
* 122 GILPIN R.,
« The richness of the tradition of political realism »
cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 111.
* 123 BUSAN B.,
« The timeless wisdom of realism », dans S. Smith, K. Booth
et M. Zalewski (eds), International Theory, Positivism and Beyond, cité
par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 111.
* 124 BATTISTELLA (D.), op.
cit., p. 112.
* 125 Voir SMOUTS (M.C.) et
al., op. cit., pp. 453-456.
* 126 On distingue trois
types d'anarchie : l'anarchie hobbesienne, l'anarchie kantienne et
l'anarchie lockienne, BATTISTELLA (D), op. cit., p. 286.
* 127 ROCHE Jean Jacques,
Théories des relations internationales, Paris, Editions
Montchrestien, 6e édition, 2006, p. 64.
* 128 QUIVY (R) et
CAMPENHOUDT (L V), op. cit., p. 117.
* 129 GRAWITZ (M), op.cit.
p. 360.
* 130 QUIVY (R) et
CAMPENHOUDT (L V), op. cit., p. 118.
* 131 Ibid.
* 132 ELIAS (N), op.cit.,
p.157.
* 133 Ibid., p. 155.
* 134 « Elle
peut avoir pour objet pour un Etat ou un groupe d'Etats d'amener les autres
acteurs à agir en conformité avec ses intérêts,
principes et valeurs, soit en instaurant un ordre international (ou des normes)
qui encadrent ou orientent leurs actions, soit en instaurant les conditions
d'une communauté objective de vues ou
d'intérêts », COURMONT Barthélémy,
NIQUET Valérie et NIVET Bastien, « Quelle évolution de
la notion de puissance et de ses modes d'action à l'horizon 2030,
appliquée aux Etats-Unis, à l'Europe et à la
Chine ? », IRIS, 2004, p. 17-18.
* 135 Les Etats-Unis ont,
par exemple, été très critiqués pour leur
intervention en Irak en 2003. C'est pourquoi ils se veulent très
prudents.
* 136 On les a vues en
Irak, en Afghanistan et au Kosovo à titre illustratif.
* 137 James ROSENAU
appréhende l'intervention comme l'action d'un acteur international dont
la forme altère significativement les formes de relations
préexistantes. ROSENAU James, « Intervention as a scientific
concept », The Journal of Conflict Resolution, 13 (2) juin 1969.
* 138BADIE Bertrand, Un
monde sans souveraineté : Les Etats entre ruse et
responsabilité, Paris, Fayard, 1999.
* 139 Par rebelles, nous
entendons des personnes qui refusent l'autorité et se soulèvent
contre celle-ci, Dictionnaire Larousse.
* 140«
L'unilatéralisme désigne le choix d'un Etat de prendre ses
décisions et d'agir seul, sans concertation avec ses alliés ni
négociation avec l'adversaire et quelque fois au mépris de
celui-ci. » SMOUTS (M.C.), et al. op.cit, p. 532.
* 141 Au sens de Hans
MORGENTHAU, « l'emprise d'un acteur sur l'esprit et les actions des
autres », cité par SMOUTS (M.C.), et al. op.cit., p. 446.
* 142 ONUF Nicholas, World
of our making : Rules and Rule in social theory and international
relations, Columbia, university of south Carolina press, 1989.
* 143 On peut citer le
multipartisme, l'alternance au pouvoir, la liberté d'expression, les
élections libres, régulières et transparentes etc.
* 144 WENDT Alexander,
«Anarchy is what states make of it: the social construction of power
politics», International Organization, vol. 46, n°2, 1992, p.
391-425 et voir aussi JEPERSON Ronald , WENDT Alexander, KATZENSTEIN
Peter, «Norms, Identity, and Culture in National Security»,
dans KATZENSTEIN Peter, The Culture of National Security, New York, Columbia
University Press, 1996.
* 145 SAWADOGO Poussi,
« Dynamiques africaines 2011 : le retour de
l'Histoire », Revue Défense Nationale, octobre 2011, p. 1.
* 146 Les fenêtres
d'opportunités constituent un des éléments importants de
l'approche constructiviste. Voir WILGA Maciej, « Le constructivisme
dans le domaine de l'intégration européenne », dans L'Europe
en formation N°322, automne 2001.
* 147 HUNTINGTON Samuel,
«Why International Primacy Matters», International Security,
printemps 1993, p. 83.
* 148 COURMONT (B.) et al.,
op. cit., p. 25.
* 149 TESSIER Manon et
FORTMANN Michel, « Les Etats-Unis : mutation d'une superpuissance dans
l'après guerre froide », Revue internationale et
stratégique, n° 41, printemps 2001, p. 170.
* 150 COURMONT (B.) et al.,
op. cit., p. 28.
* 151 En Tunisie, Ben ALI a
cédé aux injonctions de Hillary CLINTON.
* 152
« Washington critique le gouvernement tunisien », Radio
Canada International, 07 janvier 2011 en ligne, consulté le 22 mars
2013.
* 153 Ibid.
* 154 http:// stade7-
tunisie.over-blog.com
* 155 « La
souveraineté signifie qu'à l'extérieur, l'Etat ne
reconnait aucune autorité au dessus de lui ; tous les Etats sont
égaux au regard du Droit International. » SMOUTS (M.C.), et
al. op.cit., p. 510.
* 156 « La
Tunisie convoque l'ambassadeur des Etats-Unis », AFP, 10 janvier
2011.
* 157 « La
Tunisie convoque l'ambassadeur des Etats-Unis », op. cit.
* 158 Le beau-frère
du président Ben ALI et responsable de la Télévision
nationale tunisienne.
* 159
« Tunisie : la véritable nature du régime de Ben
ALI » publié sur Nawaat.fr le 13 janvier 2011, consulté
le 25 janvier 2014.
* 160 Ibid.
* 161 Hillary CLINTON,
interview accordée à la chaine al-Arabiya diffusée le 11
janvier 2011.
* 162 A cet effet, en guise
de signification de mécontentement, la Tunisie a convoqué
l'ambassadeur américain en Tunisie. Elle a exprimé, par ailleurs,
son étonnement face aux allégations sans fondement de blocage de
l'accès aux sites sociaux d'Internet en Tunisie. Elle dit s'employer
à promouvoir l'Internet et à faire des technologies de
l'information et des communications un levier important du développement
global du pays. L'accès aux réseaux sociaux est libre et ouvert
à tous en Tunisie. Elle conclut que pour les hackers interpellés
qui ont attaqué de nombreux sites tunisiens, tous ont déjà
été libérés à l'exception de deux qui ont
été inculpés par le procureur de la république et
déférés devant la justice, pour tentative de destruction
délibérée de sites électroniques officiels
tunisiens.
* 163 Communication
officielle de Barack OBAMA sur le site de la Maison Blanche,
14 /01/2011
* 164 Les revendications
ont débuté au Caire le 25 janvier 2011, jour
déclaré « journée de la
colère » contre la torture, la corruption et le
chômage.
* 165 Source : BAUMANN
Nick et MAHANTA Siddhartha « What's happening in Egypt
explained» publié le 23 février 2011 sur Nawaat.fr,
consulté le 25 mars 2013.
* 166 Ibid.
* 167 « Les
événements en Egypte sont profondément inquiétants
selon les Etats-Unis », Le Point publié le 28 janvier 2011.
* 168 « Hillary
CLINTON : l'Egypte doit respecter les droits de ses citoyens et engager
des réformes », Le Nouvel Observateur publié le 28
janvier 2011.
* 169 BAUMANN (N) et
MAHANTA (S) op.cit..
* 170 Ibid.
* 171 CNN, 30 janvier
2011.
* 172 Ibid.
* 173 Citation de Joseph
GOEBBELS,
Ministre
du Reich à l'Éducation du peuple et à la
Propagande sous le Troisième Reich de
1933 à
1945, cité par
DOUNKENG ZELE Champlain, Cours d'Analyse du discours politique, Master II
Science Politique 2011-2012.
* 174 BAUMANN (N) et
MAHANTA (S) op.cit.
* 175 Ibid.
* 176 The New York Times du
02 février 2011.
* 177 R. GIBBS cite par
BAUMANN (N) et MAHANTA (S) op.cit.
* 178 Ibid.
* 179GOUTALI Amine,
« Egypte : les manifestants persistent, MOUBARAK
résiste », publié dans Horizons le 07 février
2011.
* 180 Barack OBAMA
cité par LABEVIERE Richard, « Printemps, été et
automne arabes. Révolutions et contre-révolutions
post-globales », dans La Revue internationale et stratégique
83 automne 2011, p. 78.
* 181 ENNAHAR,
« MOUBARAK s'accroche au pouvoir malgré la
pression », publié le 05 février 2011 sur Nawwat.fr,
consulté le 25 mars 2013.
* 182 Communiqué de
la Maison Blanche du 10 février 2011.
* 183 Voir le journal Le
Monde du 21 février 2011.
* 184 Enfin parce que
jusqu'à cette date, il observait juste et son silence lui a
été reproché par le New York Times.
* 185 Voir journal Le Monde
du 23 février 2011.
* 186 Hilary CLINTON, le 13
juin 2011 à l'occasion de sa visite à la commission de l'Union
Africaine à Addis-Abeba.
* 187 Ibid.
* 188 Voir Cameroon Tribune
du 03 février 2011, p. 30.
* 189 Communication
publiée par les services du Premier Ministre à Downing Street, le
28 janvier2011.
* 190 Communication
publiée par les services du Premier Ministre à Downing Street,
op. cit.
* 191 Ibid.
* 192 Ibid.
* 193 Cameroon Tribune du
31 janvier 2011, p. 30.
* 194 Cameroon Tribune du
31 janvier 2011, op. cit.
* 195 H. MOUBARAK s'est
exprimé le 1er février 2011.
* 196 Source : Le
Point.Fr, publié le 02 février 2011.
* 197 Ibid.
* 198 Nous parlons de
volte-face parcequ'au début de la crise tunisienne la France a soutenu
Ben ALI.
* 199 HADDAD
Raphaèl, « Tunisie, pourquoi est-il urgent que la France
s'implique davantage ? », AFP, 11 janvier 2011.
* 200 Ibid.
* 201 « Paris
prêt à bloquer les comptes du clan Ben Ali en France »,
AFP/Le Monde, 15/01/2011,
article
en ligne, consulté le 25 mars 2013.
* 202
http://rebellyon.info/A-Lyon-manifestation-de-soutien-html.
* 203 RABENIRAINY Jaona,
« Les forces armées et les crises politiques »,
Politique Africaine n°86, juin 2002, p. 86.
* 204 WHITAKER SEYMOUR
Jennifer, Les Etats-Unis et l'Afrique, Paris, éditions Karthala, 1981,
p. 172.
* 205 Ibid., p. 187.
* 206 Plus de 2 milliards
de dollars par an : Le figaro.fr, consulté le 20 mars 2012.
* 207 Cameroon Tribune du
03 février 2011, p. 30.
* 208 Ibid.
* 209The New York Times du
03 février 2011.
* 210 Ibid.
* 211 INDYK Martin S.,
LIEBERTHAL Kenneth G., O'HANLON Michael E., Bending History: Barack Obama's
Foreign Policy, Washington DC, The Brookings Institution Press, 2012, p.
158-159.
* 212 BAUMANN (N) et
MAHANTA (S) op.cit.
* 213C'est un arabisant,
bon connaisseur du Maghreb et du Moyen-Orient. Il a travaillé à
Mascate, à Alger et à Jérusalem en tant que Consul
général adjoint. En mai 2007, il est nommé à
l'Elysée au poste de conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient.
* 214 BARLUET Alain,
« Boris BOILLON nommé ambassadeur à Tunis »
publié le 26/01/2011 sur Le Figaro.fr, consulté le 20 mars
2012.
* 215Ibid.
* 216 SMOUTS (M.C.), et
al., op.cit., p. 461.
* 217 DEMESMAY Claire et SOLD Katrin,
« Réactions au printemps arabe, à la recherche du plus
petit dénominateur commun », dans Politique
étrangère et de sécurité, 2012, p. 73.
* 217 «
Libye :
les forces pro-Kadhafi auraient repris Ras Lanouf » [
archive],
sur Le Figaro, 10 mars 2011.
* 218 DEMESMAY (C) et SOLD
(K) op.cit., p. 73.
* 219
« Libye : un avenir incertain », Compte-rendu de
mission d'évaluation auprès des belligérants libyens,
Paris mai 2011 réalisé par le CIRET-AVT et le CF2R, p. 37.
* 220 Ibid.
* 221 Voir Cameroon Tribune
du 29 juillet 2011, p. 32.
* 222 Ibid.
* 223 Voir le journal Le
Monde du 11 mars 2011.
* 224 MOHAMEDOU OULD
Mohammad-Mahmoud, « La démocratie arabe au regard du
néo-orientalisme », La Revue Internationale et
Stratégique N° 83, Automne 2011, p. 86.
* 225 NIXON Ron, «U.S.
groups helped nurture Arab uprisings» The New York Times, 14 avril
2011.
* 227 BENSAADA Ahmed,
Arabesque Américaine: Le rôle des États-Unis dans les
révoltes de la rue arabe, Alger, édition SYNERGIE, 2012.
* 228 DENECE (E) op.cit.
* 229 GUILMAIN Olivier,
« L'influence des ONG américaine sur le printemps arabe ;
l'exemple de la National Endowment for Democracy » in DENECE (E.)
(dir.), La face cachée des révolutions arabes op.cit.
pp.385-414.
* 230 Ibid., p. 385.
* 231 BAKER Sonia,
« Le document qui prouve que le printemps arabe a été
provoqué par les Etats-Unis », publié sur le site de
Comité Valmy, consulté le 14 juin 2014.
* 232 Ibid.
* 233 Ibid.
* 234 BAKER (S.), op.
cit.
* 235 FARES Ali,
« La face cachée des révolutions arabes. Les
révoltes arabes ont chacune leur propre dynamique »,
Liberté du 10 janvier 2013.
* 236« La pax
americana et les révolutions du printemps arabe ou la face cachée
de ces révolutions » publié par Dr Salem BENNAMAR le 21
novembre 2011 sur Le Parisien.fr, consulté le 20 juillet 2013.
* 237 HUYGHE
François-Bernard (Dir) « Facebook, twitter, al- jazeera et le
« printemps arabe », IRIS, 04 Avril 2011, p. 1.
* 238KHAMIS Sahar and
VAUGHN Katherine, « Cyberactivism in the Egyptian revolution:
how civic engagement and Citizen journalism titled the balance »,
Arab Media and Society N° 13, 2011, cité par SAADA Julien
« Printemps arabe et révolution de l'information, le poids des
nouvelles technologies dans les relations internationales », Chaire
Raoul-Dandurand, décembre 2013, p. 28.
* 239 LYNCH Marc,
«After Egypt : the limits and promise of online challenges to the
authoritarian arab state», Perspectives on Politics, 2011, pp 301-310.
* 240 C'est un jeune
conseiller d'Hillary CLINTON. Il est à la tête du service de
l'innovation, le pole « nouvelles technologies » au
département de la défense.
* 241 PEYRY Yves-Marie et
CHARRET Alain, « ONG et réseaux sociaux au coeur des
révolutions arabes » dans DENECE Eric (dir.), La face
cachée des révolutions arabes, op.cit., p. 415.
* 242 Relevé de Le
canard enchainé cité dans Libye : un avenir certain
op.cit.
* 243 « Libye,
Washington veut envoyer des équipements aux rebelles », The
Guardian du 21 avril 2011 publié sur LeMonde.fr consulté le 02
août 2014.
* 244
« Royaume-Uni-révolutions arabes : après le
déluge, moi ! » Article publié le 23-02-2011 par
Marie Billon pour France 24, consulté le 20 mars 2014.
* 245 ALAOUI Alexandre,
« L'aide internationale américaine envers les pays du
printemps arabe : quel bilan peut-on en tirer jusqu'ici ? » Chronique
Etats-Unis, Chaire RAOUL-DANDURAND, MARS 2013.
* 246 Ibid.
* 247 Ibid.
* 248 Ibid.
* 249 PICARD Maurin, « Washington veut
conserver l'Egypte dans son giron », Le Figaro, 04 septembre
2012.
* 250 PICARD (M.),
op.cit.
* 251 RAZOUX Pierre (Dir),
« Réflexions sur la crise libyenne », Etudes de
l'IRSEM 2013-N° 27.
* 252 Ibid.
* 253 Nicolas SARKOZY,
propos rapportés par AÏT AKDIM Youssef et TILOUINE Joan,
« Libye : fallait-il reverser KADHAFI ? »,
publié le 26 août 2014 sur Jeune Afrique.com, consulté le
24 octobre 2014.
* 254 CALAS Bernard, «
Introduction à une géographie des conflits... en Afrique »,
Les Cahiers d'Outre-mer [En ligne], 255 | Juillet-Septembre 2011, mis en ligne
le 01 juillet 2011, Consulté le 20 février 2012, p. 300.
* 255 LEYMARIE Philippe
« L'OTAN dans l'engrenage libyen », dans Manière de
voir, avril-juin 2011, p. 17.
* 256 ROEHRIG (B.),
op.cit.
* 257 LEYMARIE (P.), op.
cit., p. 16.
* 258 JAUVERT Vincent,
« Libye, les ratés d'une guerre française »,
op.cit.
* 259 Source :
« LIBYE. Kadhafi veut lancer une "guérilla" pour combattre les
rebelles », Le Nouvel Observateur, 02 septembre 2011.
* 260 SAKKAI Kahina,
« Kadhafi, ses partisans et les plus jolies filles »,
Reuters, 13 septembre 2011.
* 261 AFP, 05 avril
2011.
* 262 Source : le
figaro.fr consulté le 24 mai 2014.
* 264 Libye : un avenir
incertain... op.cit.
* 263 LEYMARIE (P.), op.
cit., p. 17.
* 264 AFP :
« Un navire militaire américain se rapproche de la
Libye », Le Parisien, 1er Mars 2011.
* 265 Ibid.
* 266 RAZOUX (P) op.cit.,
p. 30.
* 267HAUSLOHNER
Abigail et KOUDDOUS Sharif Abdel, « Khalifa Hafter, the
ex-general leading a revolt in Libya, spent years in exile in Northern Virginia
», The Washington Post, 19 mai 2014,
http://www.washingtonpost.com/world/africa/rival-militias-prepare-for-showdown-in-tripoli-after
takeover-of-parliament/2014/05/19/cb36acc2-df6f-11e3-810f-764fe508b82d_story.html,
consulté le 24 octobre 2014.
* 268 BENGALI Shashank,
« Libyan rebel leader with U.S. ties feels abandoned »,
McClatchy DC, 12 avril 2011,
http://www.mcclatchydc.com/2011/04/12/112071/libyan-rebel-chief-with-us-ties.html,
consulté le 24 octobre 2014.
* 269 Libye : un
avenir incertain... op.cit., p. 33.
* 270 Ibid.
* 271La Russie et la Chine
sont deux puissances reconnues pour leur hostilité face aux
ingérences dans les affaires internes des Etats souverains.
* 272 DEBBASCH Charles,
BOURDON Jacques, PONTIER Jean-Marie, RICCI Jean-Claude, Lexique de politique
7e édition, Paris, DALLOZ, 2001, p. 303.
* 273 Suivant l'anarchie
kantienne, les Etats se conçoivent les uns les autres comme amis.
L'amitié est cette structure de rôle au sein de laquelle des Etats
s'attendent à ce que chacun d'eux observe la règle du non recours
à la force (les conflits sont résolus de façon pacifique,
par la négociation, le compromis) et celle de l'aide mutuelle.
BATTISTELLA (D.), op. cit., pp. 286 et 291.
* 274 CABESTAN Jean-Pierre,
« Chine : une diplomatie tous azimuts », forum chine,
Paris, Universalis, 2008, p. 836.
* 275 Source : Le
quotidien du peuple en ligne « La Chine veut avoir un rôle
constructif en Libye » article mis à jour le 14 septembre
2011, consulté le 23 juillet 2013.
* 276
http://www.lefigaro.fr/international/2011/02/21/01003-20110221ARTFIG00649-plusieurs-pays-condamnent-l-usage-de-la-force-en-libye.php,
consulté le 23 juillet 2013.
* 277
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/02/27/97001-20110227FILWWW00040-libye-la-russie-condamne-la-repression.php,
consulté le 23juillet 2013.
* 278 Radio Netherland
Worldwide, op.cit.
* 279Radio Netherland
Worldwide, op.cit.
* 280 Ibid.
* 281 Le quotidien du
peuple en ligne op.cit.
* 282 « Les
pressions s'intensifient pour contraindre KADHAFI au départ »,
par l'Express.fr publié le 28 mai 2011.
* 283 Ibid.
* 284 Ibid.
* 285 ZARTMAN William I. et
RUBIN Jeffrey Z., Power and Negotiation, Ann Arbor, Michigan, The University of
Michigan Press, 2000.
* 286 BAUCHARD (D)
op.cit.
* 287 Source :
MALASHENKO Alexey, «Russia and the Arab Spring», Carnegie Moscow
Center, October 2013.
* 288 Ibid.
* 289
« Royaume-Uni-révolutions arabes ... »,
op.cit.
* 290Ibid.
* 291 Lire le
décryptage des enjeux du printemps arabe fait par Hasni ABIDI dans
AFRICA24 MAGAZINE N°3.juillet-septembre 2011, p. 016-017.
* 292 « Ensemble
des opérations mettant un pays sur un pied de guerre. »,
DEBBASCH (C.), et al. op.cit., p. 268.
* 293
« L'ensemble des Etats, Organisations Internationales, Organisations
Non Gouvernementales et Individus, qui en agissant sur la scène
internationale adhèrent aux valeurs communes » SMOUTS (M.C.),
et al. op.cit., p. 67 ou encore « l'ensemble des Etats membres des
Nations Unies. La diversité des acteurs publics et privés
présents sur la scène internationale », NAY Olivier,
Lexique de Science politique, Vie et institutions politique, Paris, Dalloz,
2008, p.78.
* 294 Voir Cameroon Tribune
du 27 mai 2011, p. 30.
* 295 JAUVERT (V.),
« Libye, les ratés d'une guerre française »,
op. cit.
* 296 GROS Philippe,
« De Odyssey Dawn à Unified Protector : bilan
transitoire, perspectives et premiers enseignements de l'engagement en
Libye », Fondation pour la Recherche Stratégique,
Note n° 04/11, mai 2011.
* 297 Voir entretien de
Louis GAUTIER op.cit.
* 298 Ibid.
* 299 COURMONT (B.), et
al., op.cit., p. 74.
* 300 Les Etats-Unis ont
fourni 75% des heures de vol en matière d'ISR et 80% des heures de vol
effectuées par les ravitailleurs de la coalition. Des données qui
mettent en évidence les lacunes européennes. Source : MAYA
Kandel, « OBAMA et la Libye, aux origines du leading from
behind », publié sur Froggy Bottom, le 12 février 2014,
consulté le 15 mars 2014.
* 301VEDRINE Hubert, Les
Mondes de François Mitterrand, Paris, Fayard, 1996, p. 611.
* 302 « L'agir
communicationnel » est un procédé qui,
médiatisé par des actes de langage, repose sur
l'intercompréhension langagière et constitue l'interaction des
participants. Pour plus de détails, lire, HABERMAS Jürgen,
Théorie de l'agir Communicationnel, Paris, Fayard, 1987.
* 303 Discours de David
CAMERON à l'ONU, 22 septembre 2011.
* 304 Discours de David
CAMERON à l'ONU, op. cit.
* 305 Ibid.
* 306 Ibid.
* 307 Ibid.
* 308 RAZOUX (P.), op.
cit., p. 28.
* 309 Voir Le Nouvel
Observateur, 11 février 2011.
* 310 Le Nouvel
Observateur, 11 février 2011.
* 311 Discours de Barack
OBAMA, le 19 mai à Washington sur le Moyen-Orient et l'Afrique du
Nord.
* 312 Source : BAUMANN
(N) et MAHANTA (S) op.cit.
* 313 Source : Le
Point.fr publié le 02 février 2011.
* 314 Discours de Barack
OBAMA devant le parlement britannique le 25 mai 2011.
* 315 MANDRAUD Isabelle,
« Tunisie : un silence embarrassé prévaut en
Europe »,
Le Monde,?
6 janvier 2011
* 316BOUZEGHRANE
Nadjia, « Quand Sarkozy refuse de s'ériger en
«donneur de leçons», dans El Watan, 16/01/2011,
article
en ligne, consulté le 30 juin 2013.
* 317
Assemblée
nationale, Compte rendu intégral de la première séance du
11 janvier 2011.
* 318
Tunisie :
les propos « effrayants » d'Alliot-Marie suscitent la
polémique [
archive],
sur Le Monde (en ligne) 13 janvier 2011, consulté le 26 février
2012.
* 319Ibid.
* 320 BAUCHARD Denis,
« La Russie au Moyen-Orient », IFRI, octobre 2012.
* 321 Dimitri MEDVEDEV.
* 322 Voir Moyen-Orient 15
Juillet-Septembre 2012, p. 69.
* 323 BAUCHARD (D)
op.cit.
* 324 Moyen-Orient 15
juillet-septembre 2012, p. 69.
* 325 Ibid.
* 326 Voir Cameroon Tribune
du 14 février 2011, p. 32.
* 327Déclaration de
M. CHURKIN, représentant de la Russie au Conseil de
sécurité, S/PV.6528, 4 mai 2011.
* 328 Source :
« La Russie et l'Europe face au printemps arabe » dans Le
courrier de Russie publié le 21 juin 2013.
* 329 Ibid.
* 330 Ibid.
* 331 Discours de Dimitri
MEDVEDEV à Vladikavkaz, Ossétie du Nord, 22 février
2011.
* 332 Source :
GERONIMO Jean, La Pensée stratégique russe - Guerre tiède
sur l'Échiquier eurasien : les révolutions arabes, et
après ? Paris, édit. SIGEST, 2012.
* 333 CHAUVIER Jean-Marie,
« Les "désordres arabes" : alerte en Russie »,
La valise diplomatique, Le Monde diplomatique, 8/03/2011.
* 334 Ibid.
* 335 Source : TROUDI
Mohamed, « La stratégie arabe de la Chine »
publié sur le site de la Revue Geostratégiques : http://
www.strategicsinternational.com,
consulté le 30 septembre 2014.
* 336 DOUNKENG ZELE
Champlain, Cours d'Analyse du discours politique, Master II Science Politique,
Université de Dschang, 2011-2012.
* 337 Source : EKMAN
Alice, « Le Maghreb vu de Chine : perception et orientation au
lendemain des printemps arabes », IFRI, octobre 2013.
* 338 Elle a par la suite
été catégorique lors du vote d'une résolution
pareille sur la Syrie en opposant son droit de véto.
* 339 Source :
DAZI-HENI Fatiha op.cit.
* 340 DEUTSH Karl W.,
Political Community and the North Atlantic Area, Princeton, Princeton Univesity
Press, 1957.
* 341 Ibid.
* 342 COURMONT (B.) et al.,
op.cit., p.20.
* 343 Ibid., p. 20-21.
* 344 Source :
entretien de Fabienne DOUTAUT avec Pascal BONIFACE « Les dynamiques
à l'oeuvre dans le printemps arabe », dossier xxx, dans La
Revue de la CFDT N°10, Novembre 2012.
* 345 Les ressources
peuvent être humaines, matérielles, financières ou
même symboliques.
* 346 Par intervention
« efficace », nous entendons une intervention à
l'issue de laquelle les objectifs visés (latents ou manifestes) soient
atteints.
* 347 Norbert ELIAS
écrit : « l'interdépendance des joueurs, condition
nécessaire à l'existence d'une configuration spécifique,
est une interdépendance en tant qu'alliés mais aussi en tant
qu'adversaires. », ELIAS (N.), op.cit., p. 157.
* 348 Nous citerons
à titre de contraintes, le mépris de la résolution 1970
par KADHAFI, ce qui pousse les puissances à se battre pour l'adoption de
la résolution 1973.
* 349 COURMONT (B.) et al.,
op.cit., p. 46.
* 350 SMOUTS (M-C) et al,
op. cit., p. 84.
* 351 BATTISTELLA (D), op.
cit., p. 370.
* 352 L'action collective
est définie par Fillieule et Pechu comme « une action
concertée de un à plusieurs groupes cherchant à faire
triomphé un but particulier ». FILLIEULE Olivier et PECHU
Cécile, Lutter ensemble ; les théories de l'action
collective, Paris, L'Harmattan, 1993.
* 353 « Action
collective, concepts clefs », Ressources pédagogiques ICRA, p.
3.
* 354 CEFAÏ
Daniel, Pourquoi se mobilise-t-on ? Les théories de l'action
collective, Paris, éditions La Découverte, 2007, p. 8.
* 355 Ibid.
* 356« Le
multilatéralisme consiste pour les Etats à conduire des
politiques concertées. Il correspond à la nécessité
de relever collectivement des défis. », SMOUTS (M.C.), et al,
op.cit., p. 356.
* 357Source :
« Résolution 1970 sur la Libye », Réseau
Voltaire, 26 février 2011,
www.voltairenet.org/article168680.html
*
358« Résolution 1970 sur la Libye »,
op.cit.
* 359
L'intégralité de cette résolution est annexée
à cette étude afin de donner à voir sur son contenu.
* 360
« Résolution 1970 sur la Libye », op.cit.
* 361 Ibid.
* 362Ibid.
* 363
« Résolution 1970 sur la Libye », op.cit.
* 364 Ibid.
* 365 Articles 4-8 de la
résolution.
* 366 Articles 9-14 de la
résolution.
* 367 Articles 15-16 de la
résolution.
* 368 Articles 17-21 de la
résolution.
* 369
« Kadhafi:
l'UE adopte des sanctions », Le Figaro, AFP,
28 février 2011.
* 370 « La
difficile traque des milliards de KADHAFI », Le figaro, 09 mars
2011.
* 371 Source, RAZOUX (P.).,
op.cit., p. 24.
* 372 Alain JUPPE
cité par RAZOUX (P.), op.cit., 24.
* 373 HUTTINGTON Samuel
cité par COURMONT (B) et al., op. cit., p. 11.
* 374 RAZOUX (P.), op.cit.,
p. 24.
* 375 NIVET Bastien,
« L'Union Européenne et le printemps arabe : une
puissance transformationnelle inadaptée ? », Revue
Défense Nationale, N° 744, novembre 2011, P. 8.
* 376 Intervention de D.
CAMERON au sommet du G8 de Deauville tenu du 26 au 27 mai 2011.
* 377 Ibid.
* 378 Déclaration du
G8 sur les printemps arabes sommet de Deauville du 26 au 27 mai 2011.
* 379 « G8 :
pression sur KADHAFI et ASSAD, premiers dollars pour les révolutions
arabes », publié sur Le Point.fr le 26 mai 2011.
* 380 Déclaration du
G8 sur les printemps arabes sommet de Deauville du 26 au 27 mai 2011.
* 381Notamment l'article 1
qui dispose : le conseil de sécurité « exige qu'il
soit immédiatement mis fin à la violence et demande que des
mesures soient prises pour satisfaire les revendications légitimes de la
population ».
* 382 MORGENTHAU Hans,
Politics among nations. The struggle for power and peace, 1ere édit.,
1948, New York, Mac Graw Hill, inc. 1993.
* 383 Le Point.fr 16 mars
2011.
* 384Déclaration de
M. LI BAODONG, représentant de la Chine au Conseil de
sécurité, S/PV.6498, 17 mars 2011, p. 11.
* 385Déclaration de
M. CHURKIN, représentant de la Russie au Conseil de
sécurité, S/PV.6498, 17 mars 2011, pp. 8-9.
* 386 JAUVERT
Vincent, « Libye : histoire secrète de la
résolution 1973 », Le Nouvel Observateur, 24 mai 2011.
* 387 BATTISTELLA (D.)
op.cit., p. 268.
* 388 « Ensemble
de systèmes de pensée et de méthodes d'action
identifiables caractéristiques d'un acteur, dans lequel celui-ci se
reconnaît et estime se distinguer d'autres acteurs », COURMONT
(B.), et al., op. cit., p. 81.
* 389 Année 2014,
moment où nous rédigeons ce travail.
* 390 KATZ (M. N.), op.
cit., p. 70.
* 391 OLSON Mancur, Logique
de l'action collective, Bruxelles, édition de l'Université de
Bruxelles, 2011.
* 392 ROEHRIG B.), op.
cit., p. 4.
* 393 Pour plus de
détail sur le néoconservatisme, lireVAÏSSE Justin, Histoire
du néoconservatisme aux Etats-Unis : le triomphe de l'idéologie,
Paris, Odile Jacob,
2008.
* 394 LEQUESNE Christian,
« La politique extérieure de François Hollande : entre
interventionnisme libéral et nécessité
européenne », CERI, juillet 2014.
* 395 SMOUTS (M-C), op.
cit., p. 448.
* 396 SPYKMAN Nicholas
John, America's Strategy in World Politics. The United States and the balance
of power, New York, Harcourt, Brace and company, 1942.
* 397 NOTIN Jean
Christophe, La vérité sur notre guerre en Libye, Paris, Fayard,
2012, p. 12.
* 398 FILIU Jean-Pierre,
« Les défis de l'après-KADHAFI », dans
Politique Internationale 133 automne 2011.
* 399 Ibid., p. 257.
* 400 Source :
Politique et Diplomatie française, archives 2011 en ligne,
consulté le 23 juillet 2013.
* 401 Ibid.
* 402 Politique et
Diplomatie française, op.cit.
* 403 CALAS (B.), op cit.,
p. 299.
* 404 JAUVERT (V.)
op.cit.
* 405 Dans sa politique
interne, il y a eu une grosse réticence à intervenir
militairement en Libye cela relevait pour R. GATES à devoir être
interné dans un hôpital psychiatrique pour tout chef d'Etat ayant
cette idée. Après plusieurs tractations, B. OBAMA a
cédé.
* 406 JAUVERT (V.)
op.cit.
* 407 Alain JUPPE,
Allocution de clôture de la conférence des ambassadeurs de France
le 02 septembre 2011.
* 408 DEMESMAY (C.), SOLD
(K.) op.cit, p.74.
* 409 Ibid.
* 410Ibid., pp 73-74.
* 411 Article 4 de la
résolution 1973.
* 412 BILLION Didier,
éditorial de la Revue Internationale et Stratégique 83, automne
2011, p. 55.
* 413 Confère A.
WENDT cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., pp 283-284.
* 414 Source: RAZOUX (P)
op.cit., p. 29.
* 415 BATTISTELLA (D.), op.
cit., p. 285.
* 416 SHARP Jane,
«Anglo-American Relations and Crisis in Yugoslavia (FRY)», Les Notes
de l'IFRI n° 9, Paris, IFRI, 1998, p. 67.
* 417
Libye:
Kadhafi cherche une issue, les Etats-Unis arrêtent leurs
frappes [
archive],
Le point, 04 avril 2011.
* 418 WHITAKER SEYMOUR
(J.), op. cit., p. 186.
* 419 Ibid., p. 186.
* 420 RAZOUX (P) op.cit.
* 421 Ibid.
* 422 LESNES Corinne,
« Soulèvement en Libye - Frappes imminentes en Libye pour
défendre les civils : M. OBAMA définit la participation
américaine », Le Monde, 20 mars 2011.
* 423 Source : RAZOUX
(P) op.cit., p. 30.
* 424 RAZOUX (P) op.cit.,
p. 31.
* 425 «Hearing to
receive testimony on Operation Odyssey Dawn and the situation in Libya»,
US Senate Committee on Armed Services, 31 mars 2013. Spencer ACKERMAN, «US
Gunships will be on standby in NATO's Libya war», Wired, 31 mars 2013.
* 426 RAZOUX (P) op.cit.,
p. 32.
* 427 WHITAKER SEYMOUR
(J.), op. cit., p. 173.
* 428 RAZOUX (P) op.cit.
* 429 Source :
LEYMARIE (P) op.cit., p. 17.
* 430 Propos du
vice-président Joe BIDEN, publié par le Financial Times le 19
avril 2011.
* 431 ONUF (N.) op.cit.
* 432 HASSNER (P) op.cit.,
p. 5.
* 433 Expression de John
McCAIN cité par MAYA (K.), op.cit.
* 434 «Statement by
Senators Mc Cain and Graham on End of the Qadaffi regime in Libya», 21
août 2011:
http://www.mccain.senate.gov/public/index.cfm?FuseAction=PressOffice.PressReleases&ContentRecord_id=ef07da62-0100-107e-d7ac-08531bd793e5,
consulté le 23 mars 2013.
* 435 LAMBORN (A.C.) et
LEPGOLD (J.) op.cit., p. 45.
* 436 WILGA Maciej, «
Le constructivisme dans le domaine de l'intégration européenne
», dans l'Europe en formation, N°322, automne 2001, p. 88.
* 437 Sur les motivations
de l'action, voir TOURAINE Alain, Sociologie de l'action, Paris, Les
éditions du seuil, 1965.
* 438 Alain JUPPE
cité dans la Tribune de Jean-François LISEE publié le 18
mars 2011 dans Le Nouvel Observateur.
* 439 Source : RAZOUX
(P) op.cit., p. 70.
* 440 Source :
LEYMARIE (P) op.cit., p. 17.
* 441 Ibid., p. 17.
* 442 Ibid., p. 17.
* 443 Conférence de
presse de G. LONGUET le 20 octobre 2011.
* 444 SMOUTS (M.C.), et al.
op.cit., p. 514.
* 445 Déclaration de
Nicolas SARKOZY lors d'une conférence de presse axée sur la
Libye. Source le Figaro.fr publié le 24 août 2011.
* 446 HAMADE Hassan,
« Lettre ouverte aux européens coincés derrière
le rideau de fer israélo-US », réseau voltaire, 21 mai
2014, consulté le 23 juillet 2013.
* 447 Source : rapport
CIRET-AVT op.cit., p. 33.
* 448 « Les
pressions s'intensifient pour contraindre KADHAFI au départ »,
par L'Express.fr op.cit.
* 449 KIM Sengupta,
« Libye, l'OTAN fait parler les hélicos » dans The
Independent du 6 juin 2011 publié sur LeMonde.fr, consulté le 02
août 2014.
* 450 Source : KIM
(S.) op.cit.
* 451
Article
de L'Express du 26 août 2011.
* 452 SMOUTS (M.C.), et
al., op.cit., p. 357.
* 453 « LIBYE - Lettre de Libye : Kadhafi
mort, la conquête s'achève, l'occupation s'impose, la
résistance s'organise... », par PICCININ Pierre, en Libye
occidentale, octobre-novembre 2011,
www.pierrepiccinin.eu,
consulté le 23 juillet 2013.
* 454 CHEVALERIAS Alain,
« La Libye sous le feu », mai 2011 posté sur
www.recherches-sur-le-terrorisme.com,
consulté le 23 juillet 2013.
* 455 Ibid.
* 456 Entretien entre
Thérèse DELPECH et Eric AESCHIMANN, Liberation.fr, 22 mars
2011.
* 457 «
Frappes
de l'Otan : Tripoli annonce la mort d'un des fils
Kadhafi », Le Parisien, ý1er mai 2011.
* 458Ibid.
* 459Source:
LCI.TF1.fr [
archive],
consulté le 23 juillet 2013.
* 460
L'OTAN
frappe un poste de sécurité et le ministère
anti-corruption [
archive],
LCI/TF1, consulté le 23 juillet 2013.
* 461DESMOND Guy,
« L'OTAN
aurait bombardé le complexe de Kadhafi à
Tripoli », Le Point, ý10 mai 2011.
* 462 BRUNNSTROM Daniel,
PENNETIER Marine,
« L'OTAN
annonce avoir coulé huit navires de guerre de
Kadhafi », L'Express/Reuters,ý20 mai 2011.
* 463 SMOUTS (M.C.), et
al., op.cit., p. 456.
* 464Ont participé
au sommet à l'invitation du président de la République
française
Nicolas
Sarkozy : le secrétaire général des
Nations
Unies,
Ban
Ki-moon ; la chancelière allemande,
Angela
Merkel ; le président du gouvernement espagnol,
José
Luis Rodríguez Zapatero ; le président du Conseil
italien,
Silvio
Berlusconi ; les Premiers ministres belge,
Yves
Leterme ; britannique,
David
Cameron ; canadien,
Stephen
Harper ; danois,
Lars
Løkke Rasmussen ; grec,
Georges
Papandréou ; néerlandais,
Mark Rutte ;
norvégien,
Jens
Stoltenberg ; polonais,
Donald
Tusk ; et qatarien,
Hamad bin
Jassim al-Thani ; la secrétaire d'État
américaine,
Hillary Rodham
Clinton ; les ministres des Affaires étrangères
émirati,
Cheikh
Abdallah Bin Zayed
(en) ;
irakien,
Hoshyar
Zebari ; jordanien,
Nasser
Joudeh ; et marocain,
Taïeb
Fassi-Fihri ; le secrétaire général de la
Ligue arabe,
Amr Moussa ;
le président du
Conseil
européen,
Herman Van
Rompuy ; ainsi que la vice-présidente de la
Commission
européenne, Haute Représentante pour la politique
étrangère et de sécurité de l'Union
européenne,
Catherine
Ashton.
* 465 « Libye,
les rebelles reçoivent un appui politique et financier »,
article du journal The National du 10 juin 2011 publié sur LeMonde.fr,
consulté le 02 août 2014.
* 466 HOUBA (D.) op.cit.
* 467 Source :
http://www.fco.gov.uk/en/news/latest-news/?id=575592482&view=News),
consulté le 23 juillet 2013. Etaient réunis à la
Conférence de Londres les représentants de l'Albanie, la
Belgique, la Bulgarie, la Canada, la Croatie, la République
tchèque, le Danemark, l'Estonie, la France, l'Allemagne, la
Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, l'Irak, la Jordanie, le
Koweït, la Lettonie, le Liban, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, le
Maroc, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, le Qatar,
la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, l'Espagne, la Tunisie,
la Turquie, les Etats-Unis, les Emirats arabes unis.
* 468 Article 4 de la
résolution 1973 du CSNU adoptée le 17 mars 2011.
* 469Tribune conjointe du
Président SARKOZY (France), du Président OBAMA (Etats-Unis)
et de M. CAMERON (Grande-Bretagne), Le Figaro, The Times International
Herald Tribune et Al-Hayat, 15 avril 2011.
* 470 Pour plus
d'informations sur la notion de guerre juste, lire WALZER Michael, Guerres
justes et injustes, Paris, Editions Belin, 1999.
* 471 Tribune conjointe
du Président SARKOZY..., op.cit.
* 472 Source : RFI.fr
consulté le 23 juin 2014.
* 473 Source : Le
Figaro.fr, consulté le 24 aout 2013.
* 474 RFI.fr,
consulté le 23 juin 2014.
* 475 Ibid.
* 476 Ibid.
* 477 Ibid.
* 478 Source : Le
Point.fr, publié le 01er septembre 2011.
* 479 Nicolas SARKOZY,
propos rapportés sur RFI.fr, op.cit.
* 480Source: «Barack
Obama and David Cameron call for 'an orderly, Egyptian-led transition' of
government» publié sur Telegraph.co.uk le 31 janvier 2011,
consulté le 23 juillet 2013.
* 481 «Barack Obama
and David Cameron call for 'an orderly, Egyptian-led transition' of
government», op. cit.
* 482 SMOUTS (M.C) et al.,
op.cit., p. 356.
* 483 Source :
« Printemps arabe : MEDVEDEV et OBAMA tentent de
s'accorder » sur le figaro.fr, publié le 26 mai 2011,
consulté le 02 août 2014.
* 484 Ibid.
* 485 « Printemps
arabe : MEDVEDEV et OBAMA tentent de s'accorder » op.cit.
* 486
Référence cité plus haut.
* 487 « Libye,
Moscou pourrait être médiateur dans le conflit »,
journal Kommersant du 27 mai 2011 publié sur LeMonde.fr, consulté
le 02 août 2014.
* 488Déclaration
à la presse du Président SARKOZY (France) et du Président
OBAMA(Etats-Unis), Sommet du G8 à Deauville, 27 mai 2011.
* 489 « SARKOZY
et OBAMA s'affrontent sur la Libye », Le Nouvel Observateur, 03 avril
2011.
* 490 « SARKOZY
et OBAMA s'affrontent sur la Libye », op. cit.
* 491 Ibid.
* 492 Ibid.
* 493 Source :
« Libye. Kadhafi accusé de crime contre
l'humanité ? », publié sur la Libre.be, le 25
février 2011, consulté le 22 mars 2013.
* 494 Propos de la chef de
la diplomatie française Michèle Alliot-Marie, publié sur
la Libre.be, Ibid.
* 495 Le Figaro.fr,
consulté le 23 juillet 2013.
* 496 GIRARD Aurelien,
«Sarkozy sets up Postwar Geopolitics in Libya», The Epoch Times, 15
septembre 2011.
* 497 Ibid.
* 498 Cameroon Tribune 16
septembre 2011, p. 30.
* 499 Ibid.
* 500 Ibid.
* 501 Quelqu'un qui est
là quand on a besoin de lui.
* 502 Voir POKAM Hilaire de
Prince, Institutions et Relations Internationales. Théories et
pratiques, Yaoundé, Editions de l'Espoir, 2008, pp 60-78.
* 503 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 220.
* 504 Source :
Ressources Pédagogiques ICRA - Identifier les Stratégies-Action
Collective - Concepts-clefs, p. 3.
* 505 Source : La
documentation française :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes/demographie-et-peuplement/c000548-le-maghreb-dans-son-contexte-regional-en-2004,
consulté le 22 mars 2013.
* 506 LYENGAR Shanto, Is
anyone responsible? How television frames political issues, Chicago, University
of Chicago Press, 1991.
* 507 Rapport CIRET-AVT,
op. cit., p. 35.
* 508 MACHIKOU Nadine,
Cours de Sociologie des Mobilisations, Master II Science Politique,
année 2011-2012.
* 509 « Exclusif,
Naoufel Brahimi El MILI décortique le printemps arabe »,
publié par Tunisie Secret le 15 Avril 2013.
* 510 DARYANAVARD Talheh,
« Le printemps arabe selon Al-Jazeera », La Revue Nouvelle,
avril 2011, p. 74.
* 511 Ibid., p. 68.
* 512 « L'effet
Al-Jazeera. Une scène politique de substitution », Le Monde
Diplomatique, Mai 2011.
* 513 A. WENDT cité
par SMOUTS (M.C.), et al., op.cit., p. 75.
* 514 Entretien de Mahmoud
HUSSEIN avec Pierre Yves CATAGNAC, dans HUYGHE François-Bernard (dir.),
« Facebook, twitter, al-jazeera et le printemps arabe »,
IRIS, 4 avril 2011, p. 7.
* 515 Entretien de Mahmoud
HUSSEIN avec Pierre Yves CATAGNAC, op. cit., p. 7.
* 516 CORBUCCI Theo,
« Al-Jazeera, le printemps arabe et les médias
occidentaux », dans IRIS, 4 avril 2011, p. 12.
* 517 LUGAN Bernard,
« Libye : est-il encore possible d'empêcher la
création d'un Etat Islamique d'Afrique du Nord ? »,
source : bernardlugan.blogspot.fr, publié le 24 août 2014,
consulté le 27 octobre 2014.
* 518 OLSON (M.) op.cit.
* 519 Conférence de
presse de Alain JUPPE, New york 17 mars 2011.
* 520 Rapport CIRET-AVT,
op. cit., p. 35.
* 521 Par interaction
positive, nous entendons des jeux allant dans le sens de l'action collective,
en concertation.
* 522Déclaration de
Sir LYALL GRANT, représentant de la Grande-Bretagne au Conseil de
sécurité, S/PV.6498, 17 mars 2011.
* 523 MABILLARD Boris,
« Le Qatar tire les ficelles du printemps arabe », AFP, 30
novembre 2011. Voir aussi : LAZAR Mehdi, « Qatar : quelle
stratégie régionale ? De l'influence à la
puissance », Diploweb.com, octobre 2012, consulté le 23
juillet 2013.
* 524 DICK Bernard,
« Le rôle du Qatar dans le financement des groupes islamistes
terroristes », Riposte Laïque n°227, 28 novembre 2011.
* 525DICK (B.), op. cit.
* 526 « Libye,
les rebelles reçoivent un appui politique et financier »,
op.cit.
* 527 BATIDE Pierre,
« La diplomatie à géométrie variable du
Qatar », publié le 09 mars 2012 sur Slate.fr, consulté
le 24 juin 2014.
* 528 Source : RAZOUX
(P.), op. cit., p. 72.
* 529 Ibid., pp 29-30.
* 530 Voir, GRAEFF
Christian, « La vocation méditerranéenne de la Libye au
miroir du processus euroméditerranéen», dans Olivier Pliez
(dir.), La nouvelle libye, Sociétés espaces et
géopolitique au lendemain de l'embargo, Paris, Karthala-Iremam, 2004,
p. 75-76
* 531 PING Jean, Eclipse
sur l'Afrique, fallait-il tuer Kadhafi ?, Paris, Michalon, 2014, p. 119.
* 532 Voir BUCCIANTI
Alexandre, « La ligue arabe appelle l'ONU à autoriser une zone
d'exclusion aérienne en Libye », Rfi, 13/03/2011, consultable sur :
<http://www.rfi.fr/afrique/20110312-ligue-arabe-demande-onu-imposerune-zone-exclusion-aerienne-libye/>.,
consulté le 23 juillet 2013.
* 533 RAÏM Laura,
« Quel pouvoir a la Ligue Arabe ? », publié le
15 novembre 2011 sur Le Figaro.fr, consulté le 14 juillet 2014 ;
voir aussi RAZOUX (P.), op. cit., p. 29.
* 534 ABDOU HASSAN (A.),
op. cit., p. 11.
* 535 Conseil de
sécurité, Département de l'information, « Libye : Le
Conseil de sécurité décide d'instaurer un régime
d'exclusion aérienne afin de protéger les civils contre des
attaques systématiques et généralisées »,
17/03/2011, CS/10200, consultable sur :
<http://www.un.org/News/fr-press/docs/2011/CS10200.doc.htm>.,
consulté le 14 juillet 2014.
* 536 RAZOUX (P.), op.
cit., p. 30.
* 537 BAROUD Ramzy, « Les actions de la
Ligue arabe reflètent les rivalités
régionales », publié le 14 décembre 2011 sur
info-palestine.eu, consulté le 14 juillet 2014.
* 538 Voir section 1 de ce
chapitre.
* 539 JAUVERT (V.), op.
cit.
* 540 Ibid.
* 541 Ibid.
* 542 Rapport CIRET-AVT,
op. cit., p. 36.
* 543 Exemple, la CAN
(Coupe d'Afrique des Nations).
* 544 CALAS B.), op cit.,
p. 300.
* 545 Cameroon Tribune, 13
juillet 2011, p. 31.
* 546 Voir TIOGO Romaric,
Les Etats et la construction de l'Union africaine : Le cas de la Libye et
du Sénégal, Thèse de master Science politique,
Université de Dschang, 2009-2010.
* 547
« Libye : Sénégal, premier pays africain à
reconnaitre le Conseil National de Transition » publié sur Le
Monde.fr le 20 mai 2011, consulté le 23 juillet 2013.
* 548Extrait de la
déclaration d'Abdoulaye WADE à la commission de l'Union Africaine
à Addis-Abeba en juin 2011.
* 549 Cameroon Tribune 05
juillet 2011, p. 30.
* 550 Discours de
François HOLLANDE en Afrique du Sud lors de sa visite, 14 octobre 2013,
source : basedoc.diplomatie.gouv.fr., consulté le 23 octobre
2014.
* 551 LAMBORN (C.A.)
/LEPGOLD (J.), op. cit., p. 485.
* 552 ROJOT (J.), op.cit,
p. 220.
* 553 FRIEDBERG (E.), op.
cit., p. 25.
* 554 Ibid.
* 555 Pour en savoir plus
sur la méthode compréhensive, voir Max WEBER, Economie et
société 1. Les catégories de la sociologie, Paris, Plon,
1995, p28-52.
* 556 ROJOT (J.), op.cit,
p. 217.
* 557 ROJOT (J.), op.cit,
p. 127.
* 558 ROUSSEAU Charles,
Droit international public, Paris, Sirey, Tome IV, 1980, P.49.
* 559 DELAGE Caroline,
« La Libye, la France, l'OTAN : un triangle complexe aux enjeux
multi scalaires », Lycée Docteur Lacroix, Narbonne avril
2011.
* 560 Cameroon Tribune 16
septembre 2011, p. 30.
* 561 COURMONT (B.) et al.,
op. cit., p. 42.
* 562 Déclaration
à la presse du Président SARKOZY et du Président OBAMA,
Sommet du G8 à Deauville, 27 mai 2011.
* 563 Tribune conjointe
du Président SARKOZY, du Président OBAMA et de M. CAMERON,
op.cit.
* 564 Ibid.
* 565 Déclaration
du chef gouvernement français à l'Assemblée nationale, 22
mars 2011.
* 566 NGUYEN (E.), op.cit.,
p. 21.
* 567 John Fitzgerald
KENNEDY est président des Etats-Unis de 1961 à 1963.
* 568 John Fitzgerald
KENNEDY cité par NGUYEN (E.), op.cit., p. 7.
* 569 Théodore
ROOSEVELT cité par NGUYEN (E.), op.cit., p.18.
* 570 ZANG Laurent,
«Le messianisme dans la politique étrangère
américaine : entre destin manifeste et dessein
implicite » dans PONDI (J.E.) (dir.), Une lecture africaine de la
guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et Larose/ Afrédit 2003.
* 571 Woodrow WILSON
cité par NGUYEN (E.) op.cit.
* 572 John Fitzgerald
KENNEDY cité par NGUYEN (E.), op.cit., p. 67.
* 573 Joseph GOEBBELS
cité par DOUNKENG ZELE Champlain, Cours d'Analyse du Discours Politique,
Master II Science Politique année académique 2011-2012.
* 574 Voir chapitre 1 de ce
travail.
* 575 Responsabilité
de Protéger.
* 576 KEUTCHEU Joseph,
« Ingérence démocratique » et state building en
Afrique : éléments de discussion de l'institutionnalisation
de l'idéalisme étatique dans les relations
internationales », disponible sur www.general
assembly.codesria.org/img/PDF, consulté le 30 septembre 2012.
* 577 DOMINIQUE David,
Sécurité : l'après-New York, Paris, Presses de Siences Po,
2002, p. 10.
* 578 Selon Jean
François TCHERNIA, « les valeurs sont des idéaux et des
préférences qui prédisposent les individus à agir
dans un sens donné, structurent leurs actions. » dans
SCHWEIGUTH (E), « L'institution militaire et son système de
valeurs », Revue française de sociologie, XIX, 1978,
pp.373-390.
* 579 TOURAINE Alain,
Sociologie de l'action, Paris, Les éditions du seuil, 1965 (version
numérique), p. 17.
* 580 Lire MANDELBAUM
Michael, The Ideas That Conquered the World: Peace, Democracy, and Free Markets
in the Twenty-First Century, New York, Public Affairs, 2002.
* 581 Lire KAGAN Robert, La
puissance et la faiblesse, Paris, Plon 2003 (pour la traduction
française)
* 582 COURMONT (B.), et
al., op.cit., p. 31.
* 583 Ibid., p. 22.
* 584 Ibid., p.32.
* 585 Lire BADIE Bertrand,
L'Etat importé, l'occidentalisation de l'ordre politique, Paris, Fayard,
1992.
* 586 Voir FUKUYAMA
Francis, La fin de l'histoire et le dernier Homme, Paris, Flammarion, 1992.
* 587 LINZ Juan, STEPAN
Alfred cité par POKAM Hilaire de Prince, « Les acteurs
externes dans le jeu démocratique en Afrique : Analyse de
l'influence que certains acteurs externes exercent sur le jeu
démocratique en Afrique à travers les acteurs internes et le
processus du jeu depuis l'ère coloniale » dans Annales de
FSJP, Université de Dschang, PUA, tome 5, 2001, p. 49.
* 588 Propos de N. SARKOZY,
rapporté par l'Express, 4 mai 2011.
* 589 Intervention de D.
CAMERON au sommet du G8 de Deauville tenu du 26 au 27 mai 2011.
* 590 Ibid.
* 591 Celles de la
démocratie.
* 592 Intervention de N.
SARKOZY à la conférence des ambassadeurs de France, op.cit.
* 593 Intervention de N.
SARKOZY à la conférence des ambassadeurs de France, op.cit.
* 594 TSHIYEMBE Mwayila,
La politique étrangère des grandes puissances, Paris,
L'Harmattan, 2010.
* 595 Ibid., p. 189.
* 596 Ibid., p. 190.
* 597 CNN, 30 janvier
2011.
* 598 Communication
publiée par les services du Premier Ministre à Downing Street le
28 janvier2011.
* 599 COURMONT (B.) et al.,
op. cit., p. 81.
* 600 Cette rivalité
se situe dans le sillage de l'anarchie lockienne. Lire BATTISTELLA (D.),
op.cit., p. 286 et 289.
* 601 Conférence de
presse du 25 mars 1999. La plupart des documents concernant les
événements du kosovo sont tirés du Diplomatitcheski
Vestnik, le courrier diplomatique, la revue mensuelle du ministère des
affaires étrangères de Russie, documents qui peuvent être
consultés sur le site du ministère, www.mid.ru.
* 602 COLLIARD, Droit
international et histoire diplomatique, Paris, Domat-Montchrestien, 1948,
pp. 448-458, cité par FOCSANEANU Lazar, « Les grands
traités de la République populaire de Chine », dans
Annuaire français de Droit International, volume8, 1962. pp. 139-177.
* 603 Conseil de
sécurité, Département de l'information, « Libye : Le
Conseil de sécurité décide d'instaurer un régime
d'exclusion aérienne afin de protéger les civils contre des
attaques systématiques et généralisées »,
17/03/2011, CS/10200, consultable sur :
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2011/CS10200.doc.htm,
consulté le 13 mars 2013.
* 604 COURMONT (B.), et al.
op.cit., p. 59.
* 605 Par son abstention,
la Chine a marqué son indifférence.
* 606 CABESTAN
Jean-Pierre, « CHINE- politique
étrangère contemporaine » Encyclopaedia
universalis (en ligne) consulté le 12 mars 2014. URL : http//
www.universalis.fr/encyclopedie/chine-politique
étrangère contemporaine.
* 607 Source : La
Documentation Française, Annexe au Bulletin quotidien de la
presse étrangère, n° 1395 du 6 octobre 1949, p.6
cité par FOCSANEANU (L.), op.cit., p. 150.
* 608 Source : BAL
Marie, LAURA Valentin, « La stratégie de puissance de la Chine
en Afrique », ESSEC Mastère Spécialisé Marketing
Management Part Time 2007/2008.
* 609 NIQUET
Valérie, « La stratégie africaine de la
Chine » dans Politique Etrangère, 2ème
trimestre, 2006, p.363-364.
* 610 ARON (R) op.cit.
* 611 SMOUTS (M.C.), et al.
op.cit., p. 454.
* 612 BARRY Buzan, People,
States and Fear: An Agenda for International Security Studies in the Post Cold
War Era,2nd ed., London, Boulder, Lynne Rienner, 1991, p. 7.
* 613 Celle des Chinois
* 614 Menaces de
révolte que pourrait inspirer le printemps arabe.
* 615 Dr Robert Lawrence
KUHN op.cit.
* 616 Source :
http://www.tf1.fr, consulté le 05
mars 2013.
* 617 Ibid.
* 618 Ibid.
* 619 Ibid.
* 620 COURMONT
Barthélemy, « La Chine et les révolutions
arabes » IRIS, revue de presse, septembre 2011.
* 621 COURMONT (B.), op.
cit.
* 622
http://www.tf1.fr op.cit.
* 623
Consécutivement au mouvement dans le monde arabe, plusieurs
manifestations furent organisées en Chine pour réclamer des
réformes démocratiques, en faisant usage des réseaux
sociaux sur Internet, et s'inspirant ainsi directement du printemps arabe.
Plusieurs jours de suite, les grandes villes chinoises furent le
théâtre de manifestations.
* 624 www. Rpcfa.gv.cn,
site du ministère chinois des Affaires étrangères,
consulté le 26 août 2014.
* 625 COURMONT (B)
op.cit.
* 626 DAZI-HENI Fatiha,
« Le printemps arabe vu par
Pékin » dans Le Monde Diplomatique, 14
décembre 2011.
* 627 A titre d'exemple, la
peine de mort est systématiquement prononcée contre tout
dirigeant condamné pour corruption. Source voir DAZI-HENI (F) op.cit.
* 628 Celui-ci n'est
renouvelable qu'une fois, les ministres y vont à la retraite à 65
ans.
* 629 Nous sommes en
Août 2014.
* 630 DAZI-HENI (F) op.cit.
* 631 Identité prise
dans le sens de COURMAONT (B.), et al., op. cit., p 81.
* 632 Source : BLANK
Stephen, «Russia's anxieties about the Arab revolution», FPRI, July
2011.
* 633 Discours de Dimitri
MEDVEDEV de mars 2011.
* 634 Elément
rapporté par Andrei SOLDATOV cité par BLANK (S) op.cit.
* 635 Expression de BLANK
Stephen, op.cit.
* 636 BLANK (S) op.cit.
* 637 Tel que
définie par COURMONT (B.) et al., op.cit.
* 638 BERGES Michel (dir.),
Penser les relations internationales, Paris, l'Harmattan, 2008 (version
numérique), p. 23.
* 639 RICHELIEU cité
par DOUNKENG ZELE (C.) op.cit.
* 640 MERLE Marcel,
Sociologie des relations internationales, Paris, Dalloz, 1982, p. 219.
* 641 DUVERGER Maurice,
Introduction à la politique, Paris, Gallimard, 1964, p. 217.
* 642 MORGENTHAU Hans,
Politics among nations. The struggle for power and peace, New York, Alfred. A.
Knoff, 1985.
* 643 ROJOT (J.) op.cit.,
p. 219.
* 644 ROJOT (J.) op.cit.
* 645 MICHELANGELI, « Enjeux et
recompositions géopolitiques du monde - Etude 2 / Le Proche et le
Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre
mondiale » sur PostHeaderIcon TS publié le 23 avril 2013,
consulté le 24 janvier 2014.
* 646 CHUA (A.), Le monde
en feu Violences sociales et mondialisation, Paris, Seuil, 2007.
* 647
Référence faite à son principe suivant lequel les
Etats-nations sont des acteurs rationnels qui cherchent à maximiser
leur intérêt national.
* 648 COURMONT (B.), et al.
op. cit., p.21.
* 649 Rapport CIRET-AVT,
op. cit., p. 35.
* 650 CUNNINGHAM
Erin, « La Chine est-elle en train d'acheter l'Egypte? »,
JOL Press publié le 11 septembre 2012, consulté le 27 mars
2013.
* 651 CUNNINGHAM (E.)
op.cit.
* 652 Ibid.
* 653 Ibid.
* 654 Président
élu à l'issue de l'élection présidentielle
organisée après la chute de Hosni MOUBARAK.
* 655 CUNNINGHAM (E.)
op.cit.
* 656 Propos d'Hisham
KANDIL, premier ministre égyptien. Source : allafrica.com
consulté le 26 Aout 2014.
* 657 Source :
allafrica.com, consulté le 26 Aout 2014.
* 658 Ibid.
* 659 Commandant MBAYE
Cisse, « L'affirmation d'une stratégie de puissance : la
politique africaine de la Chine »,
www.diploweb.com, article mis en
ligne en Octobre 2007, consulté le 24 août 2014.
* 660 COURMONT (B.), et
al., op. Cit., p.19.
* 661 Ibid.
* 662 Nous parlons de plus
de 36000 ressortissants chinois en Libye car les chiffres officiels font
état de 36000 Chinois qui ont été évacués
suite à la crise, il y en avait certainement plus. (Elément
révélé sur le site de Radio Netherland Worldwide
publié le 21 juin 2011).
* 663 LAFARGUE
François, « La révolution libyenne vue de
Pékin » , Revue Maghreb-Machrek, n° 214, 2012, p.
115-126.
* 664 A. WENDT cité
par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 282.
* 665 Source :
ROUSSEAU Richard, «World affairs in the 21st century», GLOBAL BRIEF,
21 April 2011.
* 666 KATZ (M.N.) op.cit.,
p. 70.
* 667 ROUSSEAU (R.)
op.cit.
* 668 MENDRAS Marie,
« La Russie en mal de politique étrangère »,
Pouvoirs - 88, 1999, p. 107.
* 669 Ibid.
* 670 ROUSSEAU (R.)
op.cit.
* 671 KATZ (M.N.) op.cit.,
p. 68.
* 672 BLANK (S) op.cit.
* 673 Ibid.
* 674 BLANK (S) op.cit.
* 675 Ibid.
* 676 Ibid.
* 677 Ibid.
* 678 Ibid.
* 679 Alexei KUDRIN
cité par BLANK (S) op.cit.
* 680 Dimitri MEDVEDEV
cité par BLANK (S) op.cit.
* 681 BLANK (S) op.cit.
* 682 WENDT Alexander
cité par BATTISTELLA (D.), op. cit. p. 282.
* 683 POKAM Hilaire de
Prince, Le multilatéralisme franco-africain à l'épreuve
des puissances, Paris, L'Harmattan, 2013, p. 375.
* 684 BADIE Bertrand,
« La crise des organisations régionales », disponible sur
http://www.lemonde.fr/, consulté le 13 mars 2013.
* 685 A cet égard, « le 19 octobre
2011 en fin d'après-midi, un colonel du Pentagone
téléphone à l'un de ses correspondants au sein du service
secret français. Chargé du dossier « KADHAFI », l'une
des priorités actuelles des généraux de l'équipe
OBAMA, l'Américain annonce que le chef libyen, suivi à la trace
par des drones Predator US, est pris au piège dans un quartier de Syrte
et qu'il est désormais impossible de le « manquer ». Puis il
ajoute que laisser ce type en vie le transformerait en « véritable
bombe atomique ». Son interlocuteur comprend ainsi que la maison Blanche a
rendu son verdict, et qu'il faut éviter de fournir à KADHAFI la
tribune internationale que représenterait son éventuel
procès », ANGELI Claude dans Le Canard
Enchaîné du mercredi 26 octobre 2011.
* 686 TIOGO Romaric, Les
Etats et la construction de l'Union africaine : Le cas de la Libye et du
Sénégal, Thèse de Master Science politique,
Université de Dschang, 2009-2010.
* 687 A cet égard,
la thèse de TIOGO Romaric suscitée est assez
révélatrice.
* 688Discours de Mouammar
KADHAFI lors du FESMAN de Dakar le 14 décembre 2010 : Voir le site
Internet http://www.europe1.fr, consulté le 31 novembre 2013.
* 689 PONDI (J.E.), Vie et
mort de KADHAFI... op.cit.
* 690 Ibid., p.72.
* 691 Ibid., p.71.
* 692 COLLON
(M.), « comprendre la guerre en Libye », op.cit.
* 693 Article 1 de la
résolution.
* 694 TANGUY,
« Libye : que savons nous ? » publié sur
BEEZ, consulté le 08 aout 2014.
* 695 SKANDRANI (G. H.),
op.cit.
* 696 COLLON
(M.), « Comprendre la guerre en Libye », Source :
www.michelcollon.info,
consulté le 25 avril 2013.
* 697 Ibid.
* 698 POUGALA Jean-Paul,
« Les mensonges de la guerre contre la Libye »,
palestine-solidarite.org, 31 mars 2011, consulté le 23 avril 2013.
* 699 Ibid.
* 700 Nous lirons avec
beaucoup d'intérêt, HUGH Roberts, « Qui a dit que
KADHAFI devait partir ? », dans London Review of Books, vol 33
N° 22, 17 novembre 2011 pages 8-18.
* 701 POUGALA (J.P.)
op.cit.
* 702 Ibid.
* 703 Ibid.
* 704 Source : http://
www.lefigaro.Fr/international/2011/03/21,
consulté le 07 août 2014.
* 705 Ibid.
* 706 TIOGO (R.) op.cit.,
p. 30.
* 707 Selon le
correspondant de Jeune Afrique, la France ne vit pas d'un bon oeil cette
initiative libyenne qui amena beaucoup de présidents à manquer
le sommet biennal de la Francophonie, A.R.L « Diplomatie : d'un sommet
à l'autre », dans Jeune Afrique N° 2016 du 31 août au 6
septembre 1999
* 708 MAGNARD Franck et
TENZER Nicolas, La crise africaine : Quelle politique de
coopération pour la France ?, Paris, PUF, 1998, p. 189.
* 709 Ibid.
* 710 ENGDAHL William,
« La guerre de l'OTAN contre la Libye est dirigée contre la
Chine » publié le 25 septembre 2011 sur
http://www.globalresearch.ca,
consulté le 12 mars 2013.
* 711 Source:
www.nawaat.org, consulté le
14 juillet 2014.
* 712 CHAPONNIERE Jean
Raphael, PERREAU Dominique, PLANE Patrick, « L'Afrique et les grands
émergents », A savoir 19, Avril 2013, p. 14.
* 713 Ibid., p.16.
* 714 SMOUTS (M.C.), et
al., op.cit., p. 454.
* 715 ENGDAHL (W.)
op.cit.
* 716 ENGDAHL (W.)
op.cit.
* 717 Rapport CIRET-AVT,
op. cit., p. 35.
* 718 ENGDAHL (W.)
op.cit.
* 719 Ibid.
* 720 Ibid.
* 721 Rapport CIRET-AVT,
op. cit., p. 35.
* 722 POKAM (H. P.), Le
multilatéralisme franco-africain à l'épreuve des
puissances, op.cit., p. 364.
* 723 AMEUR Naim, « La
Libye entre les intérêts de l'Occident et la résistance de
KADHAFI », Outre-Terre, vol. 3, no. 29, 2011, p. 299.
* 724 BADO (B.A.), op.
cit., p. 4.
* 725 WALZER (M.), op. cit.
p. 15.
* 726 Lire HOBBES Thomas,
Leviathan, London, Oxford University Press, 1998.
* 727 COLLON Michel,
« Comprendre la guerre en Libye », op. cit.
* 728 Ibid.
* 729COLLON Michel,
Monopoly - L'Otan à la conquête du monde, Bruxelles, EPO, 2000.
* 730 COLLON (M.),
« Comprendre la guerre en Libye » op.cit.
* 731 Ibid.
* 732 Ibid.
* 733 Décryptage des
enjeux du printemps arabe fait par Hasni ABIDI op.cit.
* 734 Rapport CIRET-AVT,
op. cit., p. 35.
* 735 COLLON (M.)
« Comprendre la guerre en Libye » op.cit.
* 736 Ibid.
* 737 Ibid.
* 738 LEPORE Marianna, The
war in Libya and Italian interests, publié sur inaltreparole.net le 22
février 2011, consulté le 26 mars 2013.
* 739 Avant le début
de la crise en Tunisie.
* 740 COLLON Michel, LALEU
Grégoire cité par POKAM (H. de P.), Le multilatéralisme
franco-africain à l'épreuve des puissances, op.cit., p.395.
* 741 COLLON (M.)
« Comprendre la guerre en Libye » op.cit.
* 742 SMOUTS Marie-Claude,
cité par POKAM (H.P.), Le multilatéralisme franco-africain
à l'épreuve des puissances, op.cit., p. 394.
* 743 Pour plus de
développement sur cet enjeu, lire POKAM (H.P.), Le
multilatéralisme franco-africain à l'épreuve des
puissances, op.cit., pp 396-397.
* 744 Wilfried NZOKOU
cité par HEUNGOUP Hans De Marie et OWONA NGUINI Mathias Eric,
« L'OTAN vue d'Afrique : sociographie des
perceptions », Revue Défense Nationale, op. cit., p. 8.
* 745 VALLEE Christophe,
« Le paradigme français de la puissance », Revue
Défense Nationale, octobre 2011, p. 1.
* 746 MORGENTHAU Hans,
Politics among Nations. The struggle for Power and Peace (1948), New York,
MacGraw-Hill, 6e edition revise par K. Thompson, 1993, p. 29.
* 747 « Quel
que soit le but ultime de la politique extérieure d'un Etat, quel que
soient les termes dans lesquels ce but est défini, la recherche est
toujours son but immédiat, qu'il s'agisse de changer la configuration du
rapport des forces ou au contraire de la préserver par une politique du
statu quo ». BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 117.
* 748 BATTISTELLA (D.), op.
cit., p. 277.
* 749 DE SENARCLENS Pierre,
cité par POKAM (H.P.), Le multilatéralisme franco-africain
à l'épreuve des puissances, op.cit., p. 394.
* 750 VALLEE (C.), op.
cit., p. 6.
* 751 Ibid.
* 752 COURMONT (B.) et al.,
op. cit., p.4.
* 753 Ibid., p. 6.
* 754 En effet, cet auteur
se demande si la France est encore une puissance. BONIFACE Pascal, La France
est-elle encore une puissance ?, Paris, Presses de Science Politique,
1998.
* 755 COURMONT (B.), et
al., op. cit., p.13.
* 756 THUCYDIDE cité
par COURMONT (B.), et al., op. Cit., p. 8.
* 757 CARR Edouard H., The
Twenty year's crisis, 1919-1929, Londres, MacMillan, 1939.
* 758 « C'est un
mode d'action de l'exercice de la puissance, en vertu duquel un Etat faible ou
une puissance en déclin cherche à satisfaire ses
intérêts et à exercer une influence à travers
l'action d'un acteur perçu comme plus puissant ou plus
efficace ». COURMONT (B.), et al., op. cit., p. 16-17.
* 759 COURMONT (B.), et al.
, op. cit., p.17.
* 760 Ibid., p. 23.
* 761 ZBIGNIEW Brzezinski,
Le grand échiquier : L'Amérique et le reste du monde, Paris,
Bayard, 1997, p. 49.
* 762 DECREANE Philippe
cité par DUMOULIN André, La France militaire et l'Afrique,
Bruxelles, éditions GRIP, 1997, p. 82.
* 763 CHÂTAIGNIER
Jean-Marc, « Principes et réalités de la politique africaine
de la France », Afrique contemporaine, n° 220, 2006/4, p. 247.
* 764 ARON (R.), Op.
cit.
* 765 DAHL Robert
cité par COURMONT (B.), et al., op. Cit., p.11.
* 766 LAIDI Zaki
cité par POKAM (H.P.), Le multilatéralisme franco-africain
à l'épreuve des puissances, op.cit., p. 394.
* 767 POKAM (H.P.), Le
multilatéralisme franco-africain à l'épreuve des
puissances, op.cit., p. 397.
* 768 MAGNARD (F.) et
TENZER (N.), op. cit., p. 187.
* 769 COURMONT (B.), et
al., op. cit., p. 12.
* 770 Ibid.
* 771 LECLERC Jean-Marc,
« La police française reprend du service à
Tripoli » publié le 24/10/2011 sur Le Figaro.fr,
consulté le 21 juin 2013.
* 772 Ibid.
* 773 COLLON Michel,
Israël, parlons-en !, Bruxelles, Investig'Action/Éditions
Couleur livres, 2010.
* 774 SKANDRANI Ginette
Hess, « Ce fameux printemps arabe tant vanté par nos
médias-mensonges : un nouveau plan de colonisation du monde
arabe ? », La voix de la Libye, 22 mars 2014.
* 775 COLLON (M.),
Israël, parlons-en !, op.cit.
* 776 COLLON (M.),
Israël, parlons-en !, op.cit.
* 777 WHITAKER SEYMOUR
(J.), op. cit., p. 176.
* 778 ABOYA ENDONG
Manassé, « L'Afrique du Nord en révolution : Entre
l'islamisme des enjeux politiques et le jeu d'intérêts des
puissances extérieures », SOLON, vol. III N°7, août
2013, p. 37.
* 779 Voir note 31 de ABOYA
ENDONG Manassé, Ibid., p. 37.
* 780 La Chine se plait
à rappeler les expéditions sur la côte orientale africaine
de la dynastie des Ming qui se sont limitées à des
échanges avec l'Afrique, sans aucune volonté de domination.
Voir à ce propos, KENNEDY Paul, Naissance et déclin des grandes
puissances, Paris, Editions Payot & Rivages, 2004 pp 39-44.
* 781
http://www.diploweb.com/asie/atlasdelachine07121.htm,
consulté le 21 juillet 2014.
* 782 MORGENTHAU Hans, In
Defence of the National Interest, New York, Knopf, 1951, p. 242.
* 783 Voir BRAUD
Pierre-Antoine, « La Chine en Afrique : anatomie d'une nouvelle
stratégie chinoise», dans Analysis, Octobre 2005.
* 784 Livre blanc du
gouvernement chinois, « La voie de développement
pacifique de la Chine », décembre 2005, 32p.
* 785 KERNEN Antoine,
« Les stratégies chinoises en Afrique : du pétrole aux
bassines en plastique », Politique Africaine n° 105 - mars 2007,
p. 165.
* 786 Commandant MBAYE
Cissé, op.cit.
* 787 Ibid.
* 788 Ibid.
* 789 HUGON Philippe,
« La Chine en Afrique, néocolonialisme ou opportunités pour
le développement ? », Revue internationale et stratégique,
n° 72 2008/4, p. 219.
* 790 ABOYA ENDONG (M.),
op. cit., p. 40.
* 791 PICARD (M) op.cit.
* 792 TROUDI Mohammed,
« La stratégie arabe de la Chine » source :
http://www.strategicsinternational.com,
consulté le 25 mai 2014.
* 793 Ibid.
* 794 NGUYEN (E.), op.cit.,
p. 55.
* 795 TROUDI (M.) op.
cit.
* 796 Ibid.
* 797 Ibid.
* 798 TROUDI (M.) op.
cit.
* 799 Mohamed Kadri SAID
cité par LAHERA Henri, « La Chine est-elle en train d'acheter
l'Egypte ? », JOL Press consulté le 25 mars 2014.
* 800 Source cité
par LAHERA (H.), op.cit.
* 801 COURMONT (B.), et
al., op. Cit., p. 59.
* 802 CHAPONNIERE (J. R.),
et al., op.cit., p. 16.
* 803 LAHERA (H.),
op.cit.
* 804 CHARVIN Robert,
« L'intervention en Libye et la violation de la
légalité
internationale »http://www.legrandsoir.info/l-intervention-en-libye-et-la-violation-de-la-legalite
internationale.html, consulté le 21 juin 2013.
* 805 SMOUTS (M.-C.)
cité par POKAM (H.D.P.), « Partenaires internationaux et
gouvernance des collectivités locales au Cameroun » dans
Cahier de la coopération décentralisée, N° 2
Août 2010, p. 107.
* 806 ELIAS (N.) op.cit. p.
86.
* 807 ROJOT (J.), op.cit,
p. 294.
* 808 Voir chapitre 1 et 2
de cette étude.
* 809 Editorial de la Revue
Politique Etrangère 1, 2012, p. 8.
* 810 Nemat SHAFIK
citée par MORIZOT Valentine, « L'Europe 1948 et le printemps
arabe », publié sur
www.Voxeurop.eu, consulté le
10 novembre 2014.
* 811 FONTAN Sylvain,
« Les pays arabes faces à la crise
économique », publié le 12 mai 2014 sur
www.leconomiste.eu,
consulté le 06 novembre 2014.
* 812 Ibid.
* 813 Commentaire fait sur
www.leconomiste.eu le 13 mai
2014, consulté le 06 novembre 2014.
* 814 WARDE Ibrahim,
« Un plan Marshall sans lendemain pour les printemps
arabes », Le Monde Diplomatique, octobre 2014, p. 6.
* 815 STROOBANTS
Jean-Pierre, « L'Europe ne parvient pas à peser sur les suites
du printemps arabe », publié le 21 septembre 2012 sur Le
Monde.fr, consulté le 08 novembre 2014.
* 816 ENCEL
Frédéric, entretien avec DIFFALAH Sarah, « La Libye en
plein chaos : fallait-il vraiment renverser Kadhafi ? », Le Nouvel
Observateur, 08 août 2014.
* 817 MARTY-GAUQUIE
Henry, «La communauté internationale et le printemps arabe: aspects
économiques», La Note de Conventions, N° 10, 2013.
* 818 Voir chapitre 2 de
cette étude.
* 819 MARTY-GAUQUIE
(H.), op.cit.
* 820 MARTY-GAUQUIE
(H.), op.cit.
* 821 Le débat, puis la
décision d'augmentation du capital de la BEI (prise au Conseil
européen du 30 juin 2012) ont été animés par
la nécessité d'une initiative de croissance en Europe, et non par
l'augmentation de l'aide aux pays tiers.
* 822 Le sigle AAA ou
également prononcé triple A est la note maximale
qu'une entreprise ou un pays puisse obtenir au près des
agences
de notation. Il mesure la solvabilité d'un
Etat, d'une entreprise et leurs permet un taux d'intérêt
moins élevé lorsqu'ils vont se financer sur le
même marché qu'un acteur économique moins bien
noté.
* 823 Source : SEGAR
Mike, « Pourquoi Moody's a retiré son triple A à la
France », publié sur L'Expansion.com le 20 novembre 2012,
consulté le 27 octobre 2014.
* 824 Ibid.
* 825 SEGAR (M.), op.
cit.
* 826 Ibid.
* 827 LANDRE Marc,
« Une situation économique plus dégradée qu'en
2012 », Le Figaro.fr ; publié le 19 octobre 2014,
consulté le 23 octobre 2014.
* 828 Ibid.
* 829 Ibid.
* 830 Ibid.
* 831 Ibid.
* 832 Statistique de
l'INSEE, rapportées par AFP, publié le 06 juin 2013 sur France
24htm, consulté le 23 octobre 2014
* 833 Ibid.
* 834 BOURBON Jean-Claude,
« L'économie française s'enfonce dans la
crise », publié le 24 septembre 2014 sur La Croix.com,
consulté le 23 octobre 2014.
* 835 Ibid.
* 836 ERLANGER Steven,
« Pourquoi la France ne survivra pas à la crise »,
The New York Times, 27 Août 2013
* 837 Ibid.
* 838 DUCOURTIEUX
Cécile, « Bruxelles ne se satisfait du budget
français », publié sur Le Monde.fr le 22 octobre 2014,
consulté le 23 octobre 2014
* 839 DUCOURTIEUX (C.), op.
cit.
* 840 Jyrki KATAINEN,
cité par DUCOURTIEUX (C.), op. cit.
* 841 MATHIEU Catherine,
entretien avec Atlantico, « 6 ans de crise et un nouveau plongeon en
vue : la France a-t-elle encore les moyens d'amortir le
choc ? », publié le 17 Octobre 2014 sur Atlantico.fr,
consulté le 23 octobre 2014. Catherine Mathieu est
économiste à l'OFCE (Observatoire français des
conjonctures économiques) - Département Analyse et
Prévision, spécialiste des questions européennes et du
Royaume-Uni.
* 842 CREVEL Philippe,
entretien avec Atlantico, op. cit. Philippe Crevel est
économiste et fondateur de la société Lorello Ecodata.
* 843 MATHIEU C., op.
cit.
* 844 CREVEL P., op.cit.
* 845 La conservatrice,
citée par Libération, « la France vit un des moments
les plus noirs de la crise », 26 Août 2014.
* 846 LEQUESNE Christian,
« La politique extérieure de François Hollande : entre
interventionnisme libéral et nécessité
européenne », Sciences Po Grenoble working paper n.23, Juillet
2014, p. 6.
* 847 A. WENDT, cité
par BATTISTELLA (D.), op.cit., p. 283.
* 848 LEQUESNE (C.), op.
cit., p. 5.
* 849 Ibid., p. 6.
* 850 Ibid.
* 851 DUVAL Guillaume,
« Crise ou reprise (introduction au dossier) »,
Alternatives Economiques n° 331, janvier 2014.
* 852 PECH Thierry,
« France : du mieux mais pas assez », Ibid.
* 853 « La
Grande-Bretagne bascule dans la récession », publié sur
Le Figaro.fr le 25 octobre 2008, consulté le 23 octobre 2014.
* 854 Ibid.
* 855 Ibid.
* 856 « La
Grande-Bretagne bascule dans la récession », op.cit.
* 857 Etude
réalisée en 2013 par l'ONS.
* 858 WERMUTH Stefan,
« Nouvelle récession en vue au Royaume Uni »,
publié sur Le Monde.fr le 25 janvier 2013, consulté le 23 octobre
2013.
* 859 VILLECHENON Anna,
« L'économie britannique à l'épreuve de la crise
de la zone euro », publié sur Le Monde.fr le 22 mars 2012,
consulté le 23 octobre 2014.
* 860 Propos
rapporté par WERMUTH (S.), op. cit.
* 861 Ibid.
* 862 M. OSBORNE cite par
WERMUTH (S.), op. cit.
* 863 WERMUTH (S.), op.
cit.
* 864 WINTERSTEIN Anna,
« Royaume Uni: le pari manqué de
l'austérité », L'Express /L'Expansion, 27 mars
2013.
* 865 Ibid.
* 866 Ibid.
* 867 « La
Grande-Bretagne sous stéroïdes financiers », Blog
gaulliste libre, 07 février 2014, consulté le 23 octobre 2014.
* 868 « La
Grande-Bretagne perd à son tour son triple A », publié
le 22 février 2013 sur La Croix.com, consulté le 23 octobre
2014.
* 869 Déclaration de
George OSBORNE rapporté dans « La Grande-Bretagne perd
à son tour son triple A », op. cit.
* 870 Propos de M. Silvio
BERLUSCONI, rapporté par BURTON Andrew, « Crainte d'une
aggravation de la crise mondiale après la dégradation des
Etats-Unis », Le Monde, 6 août 2011.
* 871 Source : BURTON
(A.), op. cit.
* 872 « 50
chiffres incroyables sur l'économie des Etats-Unis »,
traduction d'un article du site The Economic collapse, pour
www.les-crises.fr, publié
le 2 février 2012 et consulté le 27 octobre 2014.
* 873 Ibid.
* 874 Ibid.
* 875 « Le
contexte économique des Etats-Unis-contexte
politico-économique », publié par Planet Expert sur
son site, consulté le 27 octobre 2014.
* 876 « Le
contexte économique des Etats-Unis-contexte
politico-économique », op.cit.
* 877 SEIBT
Sébastian, « Les Etats-Unis sont en crise budgétaire
permanente depuis 2011 », AFP, 18 octobre 2013.
* 878 Christine RIFFLART,
cité par SEIBT (S.), op.cit.
* 879 Ibid.
* 880 Ibid.
* 881 « Crise
budgétaire : un accord in extrémis à
Washington », Le Monde.fr avec AFP et Reuters, publié le 17
octobre 2013 et consulté le 27 octobre 2014.
* 882 Ibid.
* 883 CHAVAGNEUX Christian,
« Etats-Unis : vers un atterrissage en douceur »,
Alternatives Economiques, op. cit.
* 884 DUVAL (G.), op.
cit.
* 885 GADREY Jean, pour
Alternatives Economiques, « Etats-Unis (3) la crise n'est pas finie,
elle est à venir », publié en juillet 2014 sur
alternatives-economiques.fr, consulté le 27 novembre 2014.
* 886 DUGUA Pierre-Yves,
« Etats-Unis, la reprise au troisième trimestre plus robuste
que prévu », publié le 30 octobre 2014 sur
www.lefigaro.fr, consulté le
02 décembre 2014.
* 887 Il reste un mois pour
l'achèvement de la période.
* 888 MAYA (K.),
« OBAMA et la Libye, aux origines du leading from behind »,
op.cit.
* 889 WHITAKER (S. J.), op.
cit., p. 173.
* 890 Chicago Council on
Global Affairs, Foreign Policy in the New Millenium: Results of the 2012
Chicago Council Survey of American Public Opinion and US Foreign Policy:
http://www.thechicagocouncil.org/,
consulté le 03 mars 2013.
* 891 SLOAN (S.) op. Cit.,
p. 28.
* 892
http://www.thechicagocouncil.org,
op.cit.
* 893
Précisément au moment des actions militaires.
* 894 BLANCHARD Christopher
M., « Libya : Transition and U.S. Policy : Congressional Research
Service », 18 octobre 2012, p. 10, en ligne,
http://www.fas.org/sgp/crs/row/RL33142.pdf, consulté le 24 septembre
2014.
* 895 MELANDRI Pierre et
VAISSE Justin, L'Empire du milieu : Les Etats-Unis et le monde depuis la fin de
la Guerre froide, Paris, Odile Jacob, 2001, p. 331.
* 896 MARZIN Régis,
« La politique française en Afrique entre gestion des
conflits et démocratisation impossible »,
Tribune d'Afrique, 5 février 2013.
* 897 Ibid.
* 898 Ibid.
* 899 Ibid.
* 900 « Sortir de
l'influence militaire et engager la politique française dans le soutien
de la démocratie en Afrique », Communiqué du Collectif
de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, 18
juillet 2013.
* 902 Discours de
François HOLLANDE en Afrique du Sud lors de sa visite, 14 octobre 2013,
op. cit.
* 903 Ibid.
* 904 MARZIN Régis,
« La politique française en Afrique entre gestion des
conflits et démocratisation impossible »,
op. cit.
* 905 MARZIN Régis,
« La politique africaine française sous influence
militaire ? », op. cit.
* 906 HUGEUX Vincent,
« Purge sans fin chez les Africains du Quai d'Orsay »,
1er mars 2013 :
http://blogs.lexpress.fr/afrique-en-face/2013/03/01/purge-sans-fin-chez-les-africains-du-quai-dorsay,
consulté le 10 novembre 2014.
* 907 NASSIF (H.), op.
cit., p. 5.
* 908 Cristiano D'ORSI,
« Les spécificités du droit international en Afrique
Sub-saharienne avec une particulière référence à
l'intégration du droit international dans l'ordre juridique interne des
pays d'Afrique Sub-saharienne», Revue Hellénique de droit
international, vol. 58, 2005, p. 593.
* 909 ABDOU HASSAN (A.),
op. cit., p. 2.
* 910 Source :
BAUCHARD Denis et al., « Le printemps arabe : premier bilan et
propositions pour une politique française », AVICENNE, juillet
2011, p. 10.
* 911 Ibid.
* 912 Cameroon tribune 13
juillet 2011, p. 31.
* 913 ABDOU HASSAN (A.),
op.cit., p. 19.
* 914 BADO Arsène
Brice, « L'Union Africaine et la sécurité
collective », Programme Paix Et Sécurité
Internationales! Bulletin No.58 Septembre-Octobre 2012, p. 4.
* 915 Discours de Paul BIYA
lors de la cérémonie de présentation des voeux par le
corps diplomatique le 6 janvier 2012 à Yaoundé.
* 916 Cameroon Tribune 25
août 2011, p. 48.
* 917 Rapport Africa
Briefing, « Le rôle de l'Union africaine dans les conflits en
Libye et en Côte d'Ivoire », Bruxelles - 16 mai 2011.
* 918 Ibid.
* 919 BAUCHARD (D.), op.
cit., pp. 10-11.
* 920 Reuters, 26 avril
2011.
* 921 Ibid.
* 922 ABDESSELEM
Sélim Ben, «La Constitution tunisienne: les dix points clefs»,
IRIS- Observatoire des mutations politiques dans le monde arabe, février
2014. Voir aussi FATMA Ellafi, « La dignité: du slogan
révolutionnaire au principe constitutionnel», IRIS- Observatoire
des mutations politiques dans le monde arabe, juillet 2013.
* 923 Ibid., p.1.
* 924 Ibid.
* 925 Le choix de confier
la supervision des opérations électorales et de leur
préparation à une instance indépendante et non plus au
ministère de l'Intérieur avait été fait dès
le lendemain de la Révolution pour les élections du 23 octobre
2011 et a été entériné par la constitution avec la
constitutionnalisation de cette instance et de ses prérogatives (article
126).
* 926 ABDESSELEM (S. B.).,
op. cit., p. 1-2.
* 927 ABDESSELEM (S. B.).,
op. cit., p. 2.
* 928 Ibid., p. 3.
* 929 Source :
« HOLLANDE à Tunis pour célébrer le
« succès » du printemps tunisien »,
France24, 07février 2014.
* 930 HERMET G., KAZANCIGIL
A. et PRUD'HOMME J.-F. (dir.), La gouvernance. Un concept et ses applications,
Paris, Karthala, 2005, p. 7.
* 931 Voir OYATAMBWE Wamu,
Réflexions sur la "bonne gouvernance" en Afrique,
Demain Le Monde, n°47, octobre 2000, SMOUTS (M.C.) et al., op.cit., p.
250, FIDA, «La bonne gouvernance : une mise au point »,
septembre 1999, p. 1 ; CHEVALIER Sophie, « Le concept de bonne
gouvernance dans les politiques de développement des institutions de
Bretton Woods et de l'Union Européenne », Université
Paris Ouest Nanterre, 01 décembre 2011 ; Banque Mondiale,
L'Afrique sub-saharienne. De la crise à une croissance durable.
Etude de prospective à long terme, Washington, 1989 ; BERG R.
WHITAKER J. S. (dir.), Strategies for African Development. A Study for the
Committee on African Development, Berkeley, University of California Press,
1986, pp 81-107.
* 932 Voir DIALLO
Abdourahmane, Problématique de la gouvernance en République de
Guinnée et l'appui de la Banque Mondiale, Université Sonfonia de
Conakry, 2009 ; Public Sector Management, Governance and sustainable Human
Development, New York, 1995 ; CHEVALIER (S.), op. cit.
* 933 POUILLAUDE
Agnès, La bonne gouvernance, dernier né des modèles de
gouvernement. Aperçu de la Mauritanie, Document de Travail n°37,
Centre d'économie du développement Université
Montesquieu-Bordeaux IV- France.
* 934 HUBBARD Ruth, Les
critères de la bonne gouvernance, Optimum, La revue de gestion du
secteur public, vol. 30, no 2, 2000, p. 44.
* 935 BERAK Malika, GUISNEL
Isabelle, NIEWIADOWSKI Didier (dir.), Pour une gouvernance démocratique.
Document d'orientation de la politique de coopération française,
Ministère des Affaires étrangères, 2003, p. 8.
* 936 Ibid., p. 26.
* 937 Déclaration de
LUTHER Philip, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient
d'Amnesty International.
* 938
Broken
Promises: Egypt's Military Rulers Erode Human Rights, rapport
publié sur
www.amnesty.org, consulté le
24 septembre 2014.
* 939 Ibid.
* 940
Broken
Promises: Egypt's Military Rulers Erode Human Rights, op.
cit.
* 941 Ibid.
* 942 Ibid.
* 943 Ibid.
* 944 Ibid.
* 945 Ibid.
* 946 Source :
« L'Egypte convoque des ambassadeurs européens après
des critiques sur la répression », AFP, 13 mars 2014.
* 947 « L'Egypte
convoque des ambassadeurs européens après des critiques sur la
répression », op. cit.
* 948 Cf. article 1 de la
Déclaration universelle sur la démocratie Adoptée par le
Conseil interparlementaire
Lors de sa 161e session, Le Caire, 16
septembre1997.
* 949
« Egypte : l'ex-premier ministre de Mohamed MORSI
acquitté », publié sur L'Express.fr le 13 juillet
2014.
* 950 Ibid.
* 951 « L'Egypte
convoque des ambassadeurs européens après des critiques sur la
répression », op.cit.
* 952 MOUTERDE Perrine,
« En Egypte, retour de flamme pour Al-Jazeera »,
Libération, 20 février 2014.
* 953 Ibid.
* 954 « L'Egypte
convoque des ambassadeurs européens après des critiques sur la
répression », op.cit.
* 955 Ibid.
* 956 Ibid.
* 957 Ibid.
* 958 « Des
anciens pro-MOUBARAK interdits de se présenter »,
publié sur i24news le 06 mai 2014, consulté le 22 septembre
2014.
* 959 Article 5 de la
Déclaration universelle sur la démocratie, op. cit.
* 960 Source : BOUAZZA
Nadéra, « Près de 700 partisans de Morsi
condamnés à mort », AFP, 28 avril 2014.
* 961 Ibid.
* 962 Ibid.
* 963 Ibid.
* 964 GABON Alain,
« Les cinq raisons du coup d'Etat égyptien »,
posté le 29 août 2013 sur SaphirNews, consulté le 03
octobre 2014.
* 965 Source :
http://www.euromedrights.org/fra/wp-content/uploads/2014/06/23-6-14-CP-conjoint-Egypte-FR-BMI-2,
consulté le 03 octobre 2014.
* 966 Ibid.
* 967Ibid.
* 968
http://www.euromedrights.org/fra/wp-content/uploads/2014/06/23-6-14-CP-conjoint-Egypte-FR-BMI-2,
op. cit.
* 969 Cf.
Déclaration universelle sur la démocratie.
* 970
« Egypte : la justice dissout la branche politique des
Frères Musulmans », publié sur L'Express.fr le
09-08-2014, consulté le 24 septembre 2014.
* 971 BOUAZZA (N.),
op.cit.
* 972 Article 12 de la
Déclaration universelle sur la démocratie, op. cit.
* 973
« Egypte : la justice dissout la branche politique des
Frères Musulmans », op.cit.
* 974
Broken
Promises: Egypt's Military Rulers Erode Human Rights, op. cit.
* 975 BILLION Didier et
BELKACEM Farida, entretien BESSIS Sophie, « De quoi les
révoltes arabes sont-elles le nom ? », Revue
Internationale et Stratégique », op cit., p. 57.
* 976 DELPECH
Thérèse, « Egypte : une révolution
confisquée ? », Politique Internationale, N° 132,
été 2011, p. 227.
* 977 Déclaration
d'Akram BELKRAÏD lors d'une conférence sur le thème
« L'Union Européenne et les révoltes arabes : quel
rôle ? Quel(s) impact(s) », cité par CASTAGNAC
Pierre-Yves et ZERROUKI Sarah, compte rendu de l'IRIS, avril 2011, p. 3.
* 978 GABON (A.), op.
cit.
* 979 Ibid.
* 980
« Présidentielle en Egypte: le moment de vérité
approche », publié sur France Soir.fr consulté le 22
septembre 2014.
* 981 Source : TONY
Gamal Gabriel, « Egypte: un an après la chute de MOUBARAK, la
révolution impossible », publié le 10 février
2012 sur Jeune Afrique.com, consulté le 24 septembre 2014.
* 982
« Présidentielle en Egypte: le moment de vérité
approche », op.cit.
* 983 ALI EDDIN Mohamed,
« Egypte. Les dirigeants militaires ont
« anéanti » les espoirs des manifestants du 25
janvier », Demotix, 22 novembre 2011.
* 984 MALOU Innocent et
ABDELILAH Bouasria, « Egypte : l'aide américaine
doit-elle continuer ? », publié le 25 avril 2011 sur
www.LibreAfrique.org,
consulté le 24 septembre 2014.
* 985 Ibid.
* 986 Ibid.
* 987 Confère
Chapitre 1 de cette étude.
* 988 L'expression est de
MALOU Innocent et ABDELILAH Bouasria, op.cit.
* 989 Ibid.
* 990 MALOU Innocent et
ABDELILAH Bouasria, op.cit.
* 991 LERICHE (F.), op.
cit., p. 7.
* 992 Robert GILPIN,
cité par BATTISTELLA (D.), op.cit., p. 133.
* 993 MALOU Innocent et
ABDELILAH Bouasria, op.cit
* 994 MALOU Innocent et
ABDELILAH Bouasria, op.cit
* 995 Source : HASKI
Pierre, « Non, le massacre en Egypte ne signe pas la fin des
printemps arabes », publié sur Rue89 le 16 aout 2013,
consulté le 13 juin 2014.
* 996 ALAOUI (A.), op.
cit., p. 3.
* 997
« Après Hosni MOUBARAK, les manifestants de la place Tahrir se
soulèvent contre Mohamed MORSI », publié sur
Terrrafemina.com le 24 novembre 2012, consulté le 24 septembre 2014.
* 998
« Après Hosni MOUBARAK, les manifestants de la place Tahrir se
soulèvent contre Mohamed MORSI », op. cit.
* 999 Rébellion en
arabe.
* 1000
« Egypte : après MOUBARAK, la chute de
MORSI ? », publié le 01 juillet 2013 sur Glamour.fr,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1001 Ibid.
* 1002 Déclaration
de John KERRY à la télévision privée Pakistanaise
Geo, rapportée par le Figaro avec AFP, « Morsi
déposé pour la démocratie », publié le
01er aout 2013 sur le Figaro.fr consulté le 03 octobre
2014.
* 1003 Déclaration
de François HOLLANDE à la XXIe Conférence des
ambassadeurs de France, 27-29 août 2013.
* 1004
« Egypte : deux ans après la MOUBARAK, la rue
réclame la démission de MORSI » publié par RFI
le 11 février 2013 sur RFI.fr consulté le 24 septembre 2014.
* 1005 TONY (G. G.), op.
cit.
* 1006 Ibid.
* 1007 Ibid.
* 1008 WEBER Max, Economie
et sociétés, Paris, Collection Pocket Agora, 2003, p. 96 à
100.
* 1009WEBER Max, Le
Savant et le Politique, Paris, La Découverte, 2003.
* 1010 GUINCHARD (S.),
MONTAGNIER (G.), op.cit. p. 238.
* 1011 POPP Roland et
MÖCKLI Daniel, « La Libye après Kadhafi : transition
politique et options occidentales », Center for Security Studies,
N° 100, septembre 2011.
* 1012 Entretien de
Patrick HAIMZADEH avec Jean Dominique MERCHET, publié le 20 aout 2013
pour Reuters, consulté sur internet le 24 septembre 2014.
* 1013 LUGAN Bernard,
« En Libye il est temps d'en finir avec les billevesées
démocratiques pour en venir enfin à la realpolitik »
publié le 08 mars 2014 sur NOVOPRESS.INFO, consulté le 24
septembre 2014.
* 1014 BENDERRA Omar,
« La Libye, Irak du Maghreb ? »,
article paru sur le site Algeria-Watch en date du 20 août 2014,
http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/libye_irak_maghreb.htm,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1015 Ibid.
* 1016 Ibid.
* 1017 BARGHATHI
cité par MONTEFORTE Filippo, « Libye: les rebelles, hier des
héros, aujourd'hui accusés de tous les maux »,
publié le 17 octobre 2012 sur AFP.com, consulté le 24 septembre
2014.
* 1018 BENDERRA (O.),
op.cit.
* 1019 Pour l'apparence
juste. En réalité il ne l'exerce pas.
* 1020 HAIMZADEH
Patrick, « La Libye aux mains des milices »,
Le Monde Diplomatique, octobre 2012.
* 1021 BOISBOUVIER
Christophe, « Libye : quand les Toubous se
réveillent », Jeune Afrique, 16/05/2012.
* 1022 AYAD Christophe,
« Les Toubou veulent leur place dans la Libye de l'après
KADHAFI », Le Monde, 30 Septembre 2011.
* 1023 « Ali
ZEIDAN, Premier ministre libyen, enlevé en plein centre de
Tripoli », RFI, publié le 10 octobre 2013.
* 1024
« Libye : les islamistes annoncent la formation prochaine de
leur propre gouvernement », publié par Jeune Afrique le 26
Aout 2014 sur Jeune Afrique.com consulté le 24 septembre 2014.
* 1025 Ibid.
* 1026 Interview de
François HOLLANDE dur la chaîne France Inter le 05 janvier 2015.
* 1027 LUGAN (B.), « En Libye il est
temps d'en finir avec les billevesées démocratiques pour en venir
enfin à la realpolitik », op.cit.
* 1028 KHADIJA
Mohsen-Finan, « Le printemps arabe reconfigure l'environnement du
Maghreb », IRIS- Observatoire des mutations politiques dans le monde
arabe, octobre 2014, p.1.
* 1029 Ibid., P. 3.
* 1030 Voir le Rapport
d'Amnesty international en la matière : Amnesty International,
«
http://www.amnesty.fr/AI-en-action/Violences/Mauvais-traitements/Actualites/Libye-les-milices-luttent-pour-garder-leur-part-de-pouvoir-8540 »,
consulté le 08 novembre 2014.
* 1031 MONTEFORTE Filippo, « Libye: les
rebelles, hier des héros, aujourd'hui accusés de tous les
maux », publié le 17 octobre 2012 sur AFP.com,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1032 Discours de
François HOLLANDE devant les ambassadeurs le 28 août 2014,
source :
diplomatie.gouv.fr,
consulté le 24 octobre 2014.
* 1033 CHARLES d'Almeida,
« Libye : Deux ans après Kadhafi - La Libye toujours dans
l'impasse », L'Inter N° 4414 du 19/2/2013.
* 1034 Ibid.
* 1035 Ibid.
* 1036 HAIMZADEH (P.), op.cit.
* 1037 BENDERRA (O.),
op.cit.
* 1038 LAWRENCE William,
« L'après KADHAFI : un tournant crucial pour la
Libye », publié le 16 novembre 2012 sur Rue89 consulté
le 24 septembre 2014.
* 1039 Ibid.
* 1040 Thomas HOBBES
cité par LAWRENCE (W.), op.cit.
* 1041 HADDAD
Saïd, « La sécurité,
« priorité des priorités » de la transition
libyenne », L'Année du Maghreb [En ligne],
IX | 2013, mis en ligne le 29 octobre 2013, consulté le 24
septembre 2014. URL : http://anneemaghreb.revues.org/1953 ;
DOI : 10.4000/anneemaghreb.1953
* 1042 Human Rights Watch,
« Libye : des milliers de personnes déplacées ne
peuvent rentrer chez soi », 21/2/2012,
http://www.hrw.org/fr/news/2012/02/21/libye-des-milliers-de-personnes-d-plac-es-ne-peuvent-rentrer-chez-soi.,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1043 BEATA
Olesky, «Tawerghan : unlikely to return soon», Libya
Herald, 28/01/2013,
http://www.libyaherald.com/2013/01/28/tawerghans-unlikely-to-return-soon/,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1044 CHATTER Khalifa et
MARTEL André, « Les Mezergaya des tribus makhzens de Tunisie
au milieu du XIXe siècle (1837-1881), dans
DOMERGUE-CLOAREC Danielle et MURACCIOLE Jean-François (dir.),
Les milices du XVIe siècle à nos jours. Entre
construction et destruction de l'Etat ?, Paris, L'Harmattan, 2010,
p.99.
* 1045 HADDAD
(S.), op.cit.
* 1046 Interrogation d'un père de famille
qui songe désormais à envoyer ses enfants à
l'étranger rapportée par RFI, « Libye: deux ans
après la mort de Kadhafi, un pays exsangue », publié le
20 octobre 2013 sur RFI.fr, consulté le 22 septembre 2014.
* 1047 « LIBYE. Plus de 47 personnes
tuées dans des combats à Tripoli », Le Nouvel
Observateur, 21 juillet 2014.
* 1048 CHARLES (d'A.),
op.cit.
* 1049 Le même
objectif qu'en mars 2011 lors du vote de la résolution 1973.
* 1050 RFI, « Libye: le Parlement en
faveur d'une intervention étrangère », publié le
13 aout 2014 sur RFI.fr consulté le 22 septembre 2014.
* 1051 Ibid.
* 1052 RFI,
« Libye: le Parlement en faveur d'une intervention
étrangère », op. cit.
* 1053 « Ali
ZEIDAN, Premier ministre libyen, enlevé en plein centre de
Tripoli », op.cit.
* 1054 Ibid.
* 1055 GOUESET Catherine,
« Pourquoi l'insécurité grandit en Egypte »,
L'Express, 02 février 2012.
* 1056 Propos d'Ahmed
FAWZI, rapportés par IRIN sur
www.irinnews.org/fr/copyrightfr.aspx,
consulté le 03 octobre 2014
* 1057 Source :
« Egypte : l'insécurité pousse les citoyens
à prendre les armes », IRIN, publié sur
www.irinnews.org/fr/copyrightfr.aspx,
consulté le 03 octobre 2014.
* 1058 Ibid.
* 1059 Ibid.
* 1060 GOUESET (C.),
op.cit.
* 1061 Ibid.
* 1062 Ibid.
* 1063 CHACHINE Marwan,
« La police, force du désordre égyptien »,
Libération, 03 février 2013.
* 1064 Ibid.
* 1065 Ibid.
* 1066 Ibid.
* 1067 Ibid.
* 1068 Ibid.
* 1069
« Egypte : explosion d'une bombe au Caire », La
Monde.fr avec AFP, 21 septembre 2014.
* 1070 « Abdel
Fattah Al-SISSI peine à trouver sa légitimité »,
Paris Match, 23 juin 2014.
* 1071 Ibid.
* 1072 Ibid.
* 1073 Ibid.
* 1074 Article 18 de la
Déclaration universelle sur la démocratie, op. cit.
* 1075 LE BRAS Jenna,
« Présidentielle en Egypte : Al-SISSI devancé par
l'abstention », Libération, 28 mai 2014.
* 1076 Sarah Ben NEFISSA
cité par LE BRAS (J.), op.cit.
* 1077 LE BRAS (J.),
op.cit.
* 1078 TEWFIK Aclimandos
cité par ANMUTH Sophie, « L'Egypte est-elle revenue à
l'ère MOUBARAK ? » publié sur Slate Afrique,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1079 Source :
Assemblée Nationale française, « Rapport
d'information » déposé par la
commission des affaires étrangères en conclusion des travaux
d'une mission d'information sur les révolutions arabes, 20 novembre
2013.
* 1080 L'expression est de
PONDI Jean-Emmanuel, « Conclusion », dans PONDI Jean-Emmanuel
(dir.), Repenser le développement à partir de l'Afrique,
Yaoundé, Afrédit, 2011, pp. 571-573.., p. 572.
* 1081 C'est le cas de la
France le 10 mars 2011, lorsqu'elle reconnait le CNT libyen.
* 1082 KOBZEV Artem,
« Le printemps arabe en est à sa 4e
année », La Voix de la Russie, 26 janvier 2014.
* 1083 Ibid.
* 1084 BRUCKNER Pascal,
Entretien avec DIFFALAH (S.), op. cit.
* 1085 BACHARAN Nicole,
Ibid.
* 1086 ENCEL
Frédéric, Ibid.
* 1087 LEVY Henry-Bernard,
Ibid.
* 1088 SIMMONET Dominique,
DIFFALAH (S.), op. cit.
* 1089 BENDERA Omar,
« La Libye, Irak du Maghreb ? »,
http://www.algeria-watch.org/fr/art...,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1090 UNHCR, Profil
d'opérations 2013.Libye,
http://www.unhcr.fr/pages/4aae621d595.html.,
consulté le 24 septembre 2014.
* 1091 « Pour se
référer au slogan : « Dégage » opposé
à Ben Ali en Tunisie », ABOYA ENDONG (M.), op. cit., p. 41.
* 1092 ABOYA ENDONG (M.),
op. cit., p. 41.
* 1093 DIALLO Lamine,
« Instabilité dans le Maghreb : le revers de la
démocratie », Waati, 14 février 2013.
* 1094 BENDERA (O.), op.
cit.
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