Francophonie et intégration internationale des états africains dans la mondialisation.( Télécharger le fichier original )par Marius Blum TADA LANDO Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2015 |
B. La faiblesse de son volet économique.L'enjeu économique a été pendant longtemps la grande oubliée des politiques francophones. La plupart des analystes de la problématique économique au sein de cette organisation s'accordent sur le fait que le caractère culturo-linguistique initial de la Francophonie justifie l'émergence timide d'une «Francophonie économique». C'est pourquoi la première tentative d'institutionnalisation de la Francophonie a presque marginalisé son volet économique. Ainsi a-t-on pu constater une indifférence manifeste de l'ACCT pour les questions économiques qui ont été totalement évacuées du champ de vision et d'action de la Francophonie155(*) ; le souci étant celui d'une agence internationale au service de la solidarité et du développement culturel. Et même s'il fût mis sur pied à cette époque un instrument financier et économique destiné à financer des secteurs spécifiques de production au niveau des localités (PSD)156(*), celui-ci ne constituait pas un réel outil pouvant servir à la construction d'une véritable politique économique francophone. Dès lors, cette prise de conscience tardive de la Francophonie par rapport à l'enjeu économique a eu des répercussions sur l'organisation qui peine aujourd'hui à trouver ses marques dans l'économie mondiale. Par ailleurs, la disparité économique qui existe entre les États membres de l'OIF constitue une véritable entorse à la construction d'un espace économique francophone suffisamment puissant pour consolider le rôle de cette organisation en tant que levier de projection internationale de ces États membres. En effet, comme le constate le Professeur Tabi manga, « L'espace francophone, comparativement à d'autres aires géoculturelles, est très désarticulé sur le plan économique. En effet, la Francophonie compte un nombre de pays très pauvres et très endettés et très peu de pays riches. Cette situation déséquilibrée vicie naturellement le dialogue politique et l'échange par rapport à l'espace Commonwealth. Car à côté de la Grande Bretagne et du Canada, on dénombre d'autres pays dont la force et la vitalité économique sont évidentes. C'est le cas de l'Australie, de l'Inde, de la Nouvelle Zélande, de l'Afrique du Sud... En Francophonie, à part des puissances économiques comme la France (quatrième puissance mondiale) et le Canada (huitième rang mondial), économiquement on ne dénombre aucun pays intermédiaire pouvant jouer en Francophonie un rôle sensiblement comparable à celui du Nigéria ou du Kenya au sein du Commonwealth. »157(*) Cet état de chose laisse entrevoir que l'union internationale francophone, campée autour de l'OIF, qui fait face à une situation de disparités économiques ne permet véritablement pas de consolider et de renforcer l'action de la Francophonie dans la construction d'un cadre économique pouvant permettre à cette organisation de rivaliser dans la mondialisation et partant de contribuer efficacement à l'intégration internationale des Etats africains. * 155 Jean TABI MANGA, Francophonie. Lieu de mémoire, projet d'espoir, op.cit., p.132. * 156 Le PSD (Programme Spécial de Développement) est un programme conçu en 1975 dans le cadre de l'ACCT. Le PSD est un instrument financier et économique destiné à financer des secteurs spécifiques de production au niveau des localités. Pour plus d'amples informations, consulter Trang PHAN et Michel GUILLOU, op.cit., p.202. * 157. Jean Tabi Manga. Op.cit. p.139. |
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