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Francophonie et intégration internationale des états africains dans la mondialisation.( Télécharger le fichier original )par Marius Blum TADA LANDO Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2015 |
CHAPITRE IILES STRATEGIES POLITICO-DIPLOMATIQUES DE LA FRANCOPHONIE : DES VOIES PROPICES À L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.
« La crise mondiale, aux effets graves et multiples, qui touche de plein fouet tous les Etats et gouvernements membres de l'OIF, nous incite à nous montrer plus exemplaire et plus attentifs encore dans le choix des méthodes et des manières d'agir. »95(*)
Ce chapitre nous plonge dans l'étude des stratégies politico-diplomatiques que la Francophonie met sur pied afin de réaliser ses objectifs et de mieux se déployer sur la scène internationale. L'on ne saurait dissocier l'action de coopération politique de la Francophonie de son déploiement diplomatique car « l'action de coopération fait partie de la diplomatie francophone »96(*). Pour mieux saisir la portée de cette assertion, tout en prévenant d'éventuelles confusions pouvant résulter d'une mauvaise lecture ou d'une interprétation qui pourrait s'avérer excessive, on peut se référer à jacques CHAZELLE qui précise avant tout que la science et/ou l'art qui s'attelle à la gestion des relations internationales, à l'exception de l'expansion commerciale et des investissements financiers, ne s'appelle pas autrement que la diplomatie97(*). En d'autres termes, cela veut dire que la conduite de toute politique internationale quelle que soit la forme qu'elle peut revêtir est d'abord par excellence le fait de la diplomatie. Toutefois, dans le cadre de cette étude, l'on s'interroge sur la contribution de l'action politico-diplomatique de la Francophonie dans la dynamique d'intégration internationale de ses États membre en général et des États Africains en particulier. A cet effet, il faut noter que la Francophonie dans son déploiement sur la scène internationale veille à adapter ses interventions à chacun des contextes et aux besoins de ses États membres. Pour cela, elle a mis sur pied à la fois une stratégie politique basée sur une double coopération (section 1), de même qu'une stratégie diplomatique propice pour une intégration internationale de ces Etats membres en général et des États Africains francophones en particulier (section 2). Section 1 : Une Francophonie politique basée sur une double coopération.La stratégie politique de la Francophonie est basée à la fois sur une coopération interne au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie (Paragraphe 1), et une coopération externe entre l'OIF et les autres entités internationales (Paragraphe 2). Paragraphe 1 : La coopération interne de la Francophonie.La coopération interne de la Francophonie se matérialise non seulement à travers les rapports entre l'OIF et ses Etats membres (A), mais également entre l'OIF, les Organisations de la société civile (OSC) et les ONG qu'elle accrédite (B). A. La coopération entre l'OIF et ses États membres.La particularité de la Francophonie politique réside dans la synergie qu'elle génère entre les Etats qui la constituent et dont la coopération constitue précisément le moyen d'expression. En effet, la coopération en Francophonie est caractérisée par la politique de soutien réciproque ou encore la politique d'aide technique, économique, scientifique et culturelle apportée par les Etats industrialisés aux Etats moins développés dont l'OIF se fait le vecteur privilégié. Ainsi, dans la sphère de la Francophonie, la coopération est le domaine des actions concrètes où s'applique, s'expérimente et se promeut la solidarité entre les pays membres de l'OIF, notamment entre ceux du Nord et ceux du Sud dont la plupart sont pauvres et sous-développés. Dès lors, le concept de coopération interne en Francophonie est relatif à toute politique d'aide au développement apportée par les pays francophones développés comme la France, la Suisse, le Canada ou tout autre pays développé membre de l'OIF, aux pays pauvres du Sud qui peuplent cette Organisation, et dont la grande majorité sont les États africains. La Francophonie veille effectivement au développement d'une coopération accrue entre ses Etats membres dans tous les domaines car, celle-ci est essentielle et dans tous les cas indispensable pour témoigner de la solidarité entre les Etats et gouvernements francophones, et bien plus, pour justifier de l'intérêt de la Francophonie politique. Cela est d'autant vrai que, par exemple, la Conférence ministérielle sur la prévention des conflits et de la sécurité humaine à Saint-Boniface les 13 et 14 mai 2006 a permis selon le Secrétaire général de la Francophonie « de confirmer le besoin accru d'une coopération entre Etats et gouvernements francophones en matière de sécurité au service du développement et en particulier en matière de maintien de la paix »98(*) Pour la Francophonie, la coopération solidaire se matérialise à travers la réalisation des projets de développement d'intérêt communautaire dont l'objectif final consiste à réduire la fracture de pauvreté trop criarde entre les Etats et gouvernements membres de l'OIF. Dès lors, cette coopération contribue notamment à limiter les tensions sociopolitiques en encourageant le développement économique et social, entendu ici dans le sens de François PERROUX que cite Kitsoro KINZOUNZA, c'est-à-dire, la capacité pour une société : « de puiser en son sein propre, l'essentiel des ressources lui permettant de relever les défis de quelque ordre que ce soit (...) qui peuvent se poser à elle »99(*). Le rôle de la Francophonie comme vecteur de coopération entre les Etats francophones se traduit également à travers son dispositif institutionnel qui privilégie les rencontres directes entre les représentants des Etats. Graphique no2 : Organisation institutionnelle de la Francophonie. SOMMET DES CHEFS D'ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT CONFERENCE MINISTERIELLE DE LA FRANCOPHONIE CONSEIL PERMANENT DE LA FRANCOPHONIE SECRETAIRE GENERAL DE LA FRANCOPHONIE CONSEIL DE COOPERATION
OIF OPERATEURS DIRECTS DES SOMMETS Université Senghor d'Alexandrie AIMF AUF TV5
APF
En effet, comme l'on peut le constater sur le tableau précédent, la Francophonie est composée d'organes qui constituent des viviers de coopérations entre ses différents Etats membres. Il s'agit de: · Du Sommet des chefs d'États et de gouvernement qui est l'instance suprême de la Francophonie. Réunie tous les deux ans, ce Sommet est un grand moment de rencontre et de dialogue au plus haut niveau entre les chefs d'Etats et de gouvernements membres de l'OIF au cours duquel des partenariats sont tissés. · La conférence ministérielle de la Francophonie qui assure entre deux ans la continuité politique de l'action francophone. Chaque membre des Sommets y est représenté par son ministre des Affaires étrangères ou le ministre en charge de la Francophonie. · Le conseil permanent de la Francophonie. Présidé par le Secrétaire général, ce conseil est composé des représentants personnels dûment accrédités par les chefs d'Etats ou de gouvernements membre de l'OIF. Celui-ci dispose de quatre commissions : la commission politique, la commission économique, la commission de coopération et de programmation et la commission administrative et financière. · Les opérateurs directs des sommets que sont : l'AUF qui est le pilier de la coopération universitaire et de la recherche ; TV5 qui a pour vocation le rayonnement du secteur audiovisuel francophone ; l'Université Senghor d'Alexandrie qui forme et perfectionne des cadres et des formateurs francophone de haut niveau dans les domaines du développement et l'AIMF qui est l'opérateur de la Francophonie pour la coopération décentralisée. Outre ces organes principaux de la Francophonie, celle-ci s'appuie également sur d'autres organes de coopérations que sont la CONFEMEN ; qui organise la coopération entre les Etats francophones dans le domaine de l'éducation, la CONFEJES qui en fait autant dans les domaines de la jeunesse et des sports et l'APF qui conduit des actions de coopérations interparlementaires francophones principalement en directions des parlements du Sud. * 95 OIF : Rapport du Secrétaire Général de la Francophonie de Montreux à Kinshasa, 2010-2012.p.18. * 96 Ngouaka-Tsoumou. A, L. La diplomatie francophone, Thèse de Doctorat de Sciences Politiques, Op Cit, p.87. * 97 Chazelle, J. La Diplomatie, Paris, Puf, "Que sais-je?"N°129, 1962.p18. * 98 DIOUF (Abdou) in Rapport du Secrétaire général de la Francophonie, de Ouagadougou à Bucarest, 2004-2006, p.5 * 99 KINZOUNZA, K, « Déontologie de la Fonction Publique et Développement Economique et Social » Cahiers Africains d'Administration Publique N°25 Tanger, Maroc, 1985, p.17 |
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