SOMMAIRE
SOMMAIRE...........................................................................................................
.i AVERTISSEMENT.................................................................................................ii
DEDICACE..........................................................................................................iii
REMERCIEMENT...................................................................................................iv
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS......................................................................v
LISTE DES CARTES, TABLEAUX ET
GRAPHIQUES......................................................vi
LISTE DES
ANNEXES...........................................................................................vii
RESUME............................................................................................................viii ABSTRACT..........................................................................................................ix
INTRODUCTION
GENERALE.................................................................................1
PREMIERE PARTIE : LA FRANCOPHONIE :
UN VECTEUR D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS DANS LA
MONDIALISATION...........................................................................................23
CHAPITRE I : LES VALEURS ET OBJECTIFS DE LA
FRANCOPHONIE : DES IDEAUX FAVORABLES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES
ETATS
AFRICAINS......................................................................................................25
Section 1 : Les valeurs de la Francophonie et
l'originalité de sa vision du monde..................26
Section 2 : Les objectifs de la
Francophonie et la promotion des facteurs d'intégration
internationale......................................................................................................31
CHAPITRE II : LES STRATEGIES
POLITICO-DIPLOMATIQUES DE LA FRANCOPHONIE : DES VOIES PROPICES À
L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS
AFRICAINS............................................................................................40
Section 1 : Une stratégie
politique basée sur une double
coopération.................................41
Section 2 : Une stratégie
diplomatique propice pour une intégration internationale des
États.....49
DEUXIEME PARTIE : LA FRANCOPHONIE :
UN LEVIER D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS LIMITEE DANS SES
ACTIONS............56
CHAPITRE III: LA FRANCOPHONIE COMME ACTEUR STRATEGIQUE
DANS LA DYNAMIQUE D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS
AFRICAINS......................................................................................................58
Section 1 : La Francophonie, un acteur
dans la gestion pacifique des conflits en Afrique........60
Section 2 : La Francophonie, un acteur
de l'intégration des états africains dans l'économie
mondiale...........................................................................................................69
CHAPITRE IV : LIMITES ET ANALYSE PROSPECTIVE POUR
UNE INTEGRATION INTERNATIONALE PLUS EFFICACE DE L'AFRIQUE DANS LA
MONDIALISATION..........................................................................................77
Section 1 : Les obstacles à
l'action de la Francophonie dans la contribution à l'intégration
internationale des États
Africains..............................................................................79
Section 2 : Pour une intégration
internationale plus efficace des Etats africains par la
Francophonie.....................................................................................................81
CONCLUSION
GENERALE...................................................................................92
AVERTISSEMENT
L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC)
et l'Université Jean MOULIN Lyon 3 n'entendent donner aucune approbation
ni improbation aux opinions émises dans les mémoires. Celles-ci
doivent être considérées comme propres à leur
auteur.
DEDICACE
A
Feue ma mère NDOUMBO PAULINE qui, bien que nous
ayant quitté très tôt, reste à jamais dans nos
mémoires ;
Mon père, mes tantes et mes oncles pour les
sacrifices consentis, les encouragements renouvelés et dont les soutiens
multiformes et inconditionnels à mon égard trouvent leurs fruits
dans la réalisation de ce travail de recherche.
REMERCIEMENTS
Afin de réaliser ce travail, nous
avons bénéficié d'un soutien aussi bien financier,
matériel, psychologique qu'intellectuel de certaines personnes qu'il
serait ingrat de ne pas remercier. Nous souhaitons donc manifester notre
profonde gratitude aux personnes suivantes :
- Le Professeur BATCHOM Paul Elvic qui a accepté de
diriger ce travail de recherche malgré ses nombreuses occupations et
dont la rigueur et les conseils nous ont permis d'aller jusqu'au bout. Qu'il
reçoive nos remerciements les plus sincères.
- Le Pr. TABI MANGA Jean, Titulaire de la Chaire Senghor,
pour ses conseils et orientations.
- Nos enseignants de l'Institut des Relations Internationales
du Cameroun et de l'Université de Lyon III. Qu'ils trouvent en ce
mémoire l'expression de notre profonde gratitude pour leurs
enseignements dont les richesses ont profondément aiguisé notre
appétit du savoir. Il s'agit Particulièrement du :
Pr. Guillaume DEVIN
Pr. François DAVID
Pr. Leila REZK
Pr. MESSANGA NYAMDING
Pr. NTUDA EBODE
Pr. MENDO ZE
Dr. OWONA NGUINI
Dr. Alioume DRAME
- Nos camarades de la Chaire Léopold SEDAR SENGHOR de
l'Université de Yaoundé II-SOA.
- Nos frères, cousins et amis BINYAM Donata, TAADA
Larissa, TAADA Jordan, TADA Josnel, SOPPO Joëlle, SISSA Steve, NDJACKA
Simone, EBOBISSE Guy, Richard BEBEY, EBANDA Wilfried, AKOA Alain, MABONA Joel,
TATSINKOU Dany et tous ceux dont je n'ai pas pu citer le nom tellement ils sont
nombreux.
- Enfin, nous tenons à remercier
particulièrement YOMO Lisa Kelly dont l'affection a constitué une
source d'énergie pour la réalisation de ce Mémoire.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACCT : Agence de Coopération Culturelle et
Technique
ACP : Afrique Caraïbes Pacifique
AFD : Agence Française de
Développement
AIMF : Association Internationale des Mairies
Francophones
APE : Accords de Partenariats Économiques
APF : Assemblée Parlementaire de la
Francophonie
AUF : Agence Universitaire de la Francophonie
CEDEAO : Communauté Économique des
États de l'Afrique de l'Ouest
CEEAC : Communauté Économique des
États de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Économique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le
Commerce et le
Développement
CONFEMEN : Conférence des Ministres de
l'Éducation National des pays ayant le français en partage
CONFEJES : Conférence des Ministre de la Jeunesse
et des Sports des pays ayant le français en partage
CPI : Cour Pénale Internationale
CPF : Conseil Permanent de la Francophonie
CPCCAF : Conférence Permanente des Chambres
Consulaires Africaines et Francophones
CPLP : Communauté des Pays de Langue Portugaise
DDHDP : Délégation aux Droits de l'Homme,
à la Démocratie et à la Paix
DDR : Désarmement, Démobilisation et
Réintégration
FIDH : Fédération Internationale des
ligues des Droits de l'Homme
IDH : Indice de Développement Humain
IDE : Investissements Directs Étrangers
MC : Marché Commun
MINUSCA : Mission multidimensionnelle intégrée
des Nations Unis pour la stabilisation de la Centrafrique.
MINUSMA : Mission multidimensionnelle
intégrée des Nations Unis pour la stabilisation du Mali.
OI : Organisation Internationale
OIF : Organisation Internationale de la Francophonie
OING : Organisation Internationale Non
Gouvernementale
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
ONUDI : Organisation des Nations unies pour le
développement industriel
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMPI : Organisation Mondiale de la
Propriété Intellectuelle
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
OSC : Organisation de la Société Civile
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PADL : Programme d'Appui au Développement Local
PDL : Plan de Développement Local
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PROFADEL : Programme Francophone d'Appui au
Développement Local
RIFE : Rencontre Internationale de la Francophonie
Économique
RNB : Revenu National Brut
RSS : Réforme des Systèmes de
Sécurité
TPME : Très Petite et Moyenne Entreprise
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest
Africain
UD : Union Douanière
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Éducation, la Science et la Culture
UNICEF : Organisation des Nations Unies pour l'Enfance
UNITAR : Institut des Nations Unies pour la Formation et
la Recherche
ZLE : Zones de Libre-Échange
LISTES DES CARTES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Carte n0 1 : Carte des conflits en Afrique.
Tableau n01 : Coopération entre l'OIF
et le autres Organisations internationales.
Tableau n02 : Position des États
Africains membres de l'OIF dans le classement des pays du monde par indice de
développement humain (IDH).
Graphique n01 : Contribution francophone aux OP de
l'ONU 1948-2008.
Graphique n02 : Organisation institutionnelle de la
Francophonie.
Graphique n03 : Évolution du budget de la
Francophonie de 1979 à 2013 (en millions d'euros).
Graphique n04 : Répartition des
francophones dans le monde (2014).
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Extrait de la charte de la Francophonie du 23
Novembre 2005.
Annexe 1 : Extrait de la déclaration de Beyrouth
(Octobre 2002).
Annexe 2 : Extrait de la déclaration de Cotonou
(Juin 2001).
RESUME
S'il est un fait indéniable au vu de
l'évolution du monde en ce début de 21éme siècle,
c'est que l'Afrique est faiblement intégrée dans la scène
internationale aujourd'hui hautement influencé par la mondialisation et
dirigée par les grandes puissances économiques. Dès lors,
en tant qu'acteur à part entière des relations internationales,
l'Organisation Internationale de la Francophonie, fort des rapports
privilégiées qui la lient à l'Afrique, constitue un moyen
d'intégration internationale des États africains dans la
mondialisation.
Ainsi, se servant de la grille théorique
constituée du réalisme et du néo-institutionnalisme, ce
travail de recherche vise à démontrer comment la Francophonie
contribue à l'insertion des États africains dans la scène
internationale aujourd'hui mondialisée. À cet effet, il ressort
que la Francophonie participe à la dynamique d'intégration
internationale des États africains de deux façons : D'une
part, du fait des idéaux qu'elle défend et de sa vitalité
sur la scène mondiale, la Francophonie offre des voies pouvant
être utilisées par les États africains pour leur
intégration dans le système international. D'autre part,
grâce aux actions qu'elle entreprend pour la promotion de la paix et le
développement des États africains, elle participe
également à la mise en oeuvre des conditions indispensable pour
une intégration des États africains dans la mondialisation.
Cependant il sied de noter qu'afin de remplir pleinement ces fonctions de
vecteur et de levier d'intégration internationales des États
africains, la Francophonie se doit de relever un certain nombre de défis
liés principalement à la faiblesse de son volet
économique.
MOTS CLES : Francophonie, Intégration
internationale, Mondialisation, Afrique.
ABSTRACT
An undeniable fact in view of the changing world in this
early 21st century is that Africa is poorly integrated into the international
scene of today which is highly influenced by globalization and directed by the
great powers economic. In this context, as a major player in international
relations, the International Organization of la Francophonie, strong of
historical relationship that binds her to Africa, is a means of international
integration of African countries in globalization.
Thus, using the theoretical framework consists of realism and
neo-institutionalism, this research aims to demonstrate how the Francophonie
contributes to the integration of African countries in the international scene
globalized today. Indeed it appears that the Francophonie is participating in
the dynamics of international integration of African States in two ways: First,
because it defends ideals and his vitality on the global scene, the
Francophonie offers routes that can be used by African States for their
integration into the international system. Secondly, thanks to the actions it
undertakes to promote peace and development of African states, it also
participates in the implementation of the necessary conditions for integration
of African countries in globalization.
However it should be noted that in order to fulfill its vector
functions and leverage international integration of African States, the
Francophonie must take up a number of challenges mainly related to the weakness
of its economic component.
KEY WORDS: Francophonie, International Integration,
Globalization, Africa.
INTRODUCTION GENERALE
A-CONTEXTE DE L'ETUDE.
Partie de simples associations culturelles et linguistiques
basées sur le partage du français dans les années
cinquante, la Francophonie a connu une constante évolution au fil des
années jusqu'à devenir aujourd'hui une importante organisation
politique dans le jeu mondial, connue sous le nom de Organisation
Internationale de la Francophonie (OIF).
Acteur à part entière des relations
internationales, l'OIF regroupe aujourd'hui en son sein 80 Etats parmi lesquels
on compte 31 Etats Africains. Et, cette présence accrue des Etats
Africains au sein de l'institution « Francophonie » est un sujet de
préoccupation qui alimente la polémique entretenue par ses
détracteurs qui la considèrent comme une résurgence du
néocolonialisme Français.
Cependant, nombre d'auteurs qui appréhendent la
Francophonie autrement qu'un mouvement néocolonialiste refusent de
« regarder la Francophonie dans le
rétroviseur »1(*) et voient en elle une alternative à la
mondialisation malheureuse ; « celle de la concurrence
déloyale et du dumping : celle où chacun cherche à
prendre la croissance de l'autre ou piller les ressources des futures
générations »2(*), que connait le monde depuis le début des
années 90, et dans laquelle les Etats-Unis apparaissent comme
l'épicentre.
En effet, à cette Mondialisation
malheureuse, la Francophonie oppose une
Mondialisation Humaniste fondée sur la promotion des valeurs
communes de solidarité et de partage, de liberté et de paix,
d'unité dans la diversité et de dialogue de cultures,
fussent-telles américaines, européennes, proche ou
moyen-orientales, asiatiques, ou bien africaines ; une Mondialisation
multipolaire ou chacun trouve son compte. Ainsi, il apparait que la
Francophonie ne se contente plus juste d'être un espace
géolinguistique et géoculturel mais elle se veut aujourd'hui
aussi un espace géopolitique multilatéral au sein duquel les
Etats membres peuvent aspirer à une projection sur la scène
internationale. C'est dans cette perspective que s'insère la
présente étude qui s'intéresse pour sa part à
« La Francophonie et l'intégration des Etats
Africains dans la mondialisation ».
Cette étude s'inscrit dans une logique de
réflexion sur l'évolution des rapports privilégiés
qui ont toujours existé entre l'Afrique et la Francophonie. En effet, si
aujourd'hui l'Organisation Internationale de la Francophonie est une
réalité sur la scène internationale, il faut noter que
cela résulte d'un long processus qui débuta dans les
années 1960 lorsque les pères fondateurs, africains pour la
plupart, à l'instar du sénégalais Léopold SEDAR
SENGHOR, du tunisien HABIB BOURGUIBA et du nigérien HAMANI DIORI
décidèrent de lancer un projet d'institutionnalisation de la
Francophonie. Ceci dans le but de réunir toutes les anciennes colonies
françaises afin de réorganiser ensemble les rapports avec
l'ancien colonisateur dans une organisation horizontale aussi bonne que celle
qui existait entre l'Angleterre et ses anciennes colonies au sein du
Commonwealth. De plus, l'Afrique a toujours eu une place de choix au sein de
l'institution Francophonie depuis sa création notamment avec
l'élection des deux premiers secrétaires généraux
de l'OIF issues du continent Africain (l'Egyptien Boutros-Boutros GHALI et le
Sénégalais Abdou DIOUF) qui ont porté haut les voix
francophones et Africaines sur la scène internationale.
En outre, du point de vue politico-économique,
l'intégration des Etats Africains dans le jeu
politico-économique mondial est un sujet de préoccupation qui
anime de plus en plus les débats sur la place de l'Afrique et le
rôle qu'elle devrait jouer sur la scène internationale aujourd'hui
mondialisée. En effet, dominée et mise en marge des
sphères de prise de décisions sur le plan international durant la
période coloniale et postcoloniale, l'Afrique se voit une fois de plus
mise à l'écart depuis la fin de la guerre froide et
l'avènement d'un nouvel ordre mondial hautement influencé par la
mondialisation économique dirigée par l'hyper puissance
Américaine. Ainsi, comme le soulignait déjà le directeur
adjoint de l'OMC Ablassé OUEDRAOGO lors du colloque
international préparatoire à la 21eme
conférence des chefs d'Etats et de gouvernement d'Afrique et de
France, l'on observe une « tendance à la
marginalisation de l'Afrique dans la mondialisation »3(*). Pour lui,
« l'instabilité politique et macroéconomique
endémique du continent africain a pour principale conséquence de
fragiliser le secteur privé africain sur le plan de la
compétitivité. Comme la mondialisation et la marche vers
l'économie de l'information reposent largement sur des produits et des
services à forte intensité de connaissances, l'Afrique voit sa
position déjà fragile dans l'économie mondiale se
détériorer»4(*). Ainsi, le bouleversement de l'ordre international
à la fin de la guerre froide et l'accentuation de la mondialisation
économique ont largement contribué à accroître
l'exclusion des Etats Africains du jeu mondial. Cependant, de par son
évolution historique et le rôle significatif joué par les
Africains dans sa création, ainsi que le combat qu'elle mène
aujourd'hui pour une mondialisation multilatérale et humaniste, l'OIF
apparait comme une institution pouvant servir de vecteur à une meilleure
intégration des Etats Africains dans cet ordre international
mondialisé.
C'est donc au regard de ce contexte que nous avons
jugé que cette piste de l'intégration des Etats Africains au
travers de la Francophonie méritait d'être étudiée.
Cependant l'on ne saurait prétendre effectuer une telle étude
sans préalablement procéder à sa délimitation.
B-DELIMITATION DU SUJET.
Afin de mieux cerner notre objet d'étude, il serait
judicieux pour nous d'effectuer une délimitation temporelle et
spatiale.
1. Delimitation temporelle.
Faire une délimitation temporelle consiste
à retenir une période d'étude. Cette étude que nous
menons va s'étendre sur une période dont le point de
départ est le sommet de Beyrouth en 2002, sommet qui marqua
l'avènement de la « troisième
Francophonie » qui vise à affirmer l'influence de la
Francophonie sur le cours de la mondialisation. En effet si le sommet de Hanoi
de 1997 avait déjà doté la Francophonie d'institutions lui
permettant de jouer un rôle dans les relations internationales telle que
la création du poste de secrétaire général, c'est
lors du neuvième sommet des chefs d'Etat et de gouvernements qui s'est
tenu du 18 au 20 octobre 2002 à Beyrouth (Liban) que la Francophonie a
affiché sa présence effective sur l'échiquier mondial.
Ainsi, au cours de ce sommet, plusieurs questions d'actualité sur
l'état du monde sont débattues et des positions sont
adoptées. La Francophonie prend position contre la politique d'invasion
de l'Irak poursuivie par les Etats Unis et se présente dès lors
comme une alternative à la vision américaine du monde en opposant
le dialogue des civilisations au choc des civilisations tel que
énoncé par le politiste américain Samuel
Huntington5(*).
Cette étude s'étend donc de 2002 (sommet de
Beyrouth) à 2014 car cette période marque le début d'un
véritable dynamisme politique de la Francophonie sur la scène
internationale. Dès lors, cette période permet de mieux
appréhender la dynamique d'intégration de la Francophonie dans le
jeu politique international et à travers elle, celle des Etats Africains
membres de cette institution.
2. Délimitation spatiale.
L'étude que nous voulons mener a pour cadre
spatial, l'Afrique Francophone constituée de l'ensemble des Etats
Africains membres de l'OIF. Cela parce que si la Francophonie intervient dans
tous les domaines qui animent la vie internationale sur tous les continents,
force est de constater que son champs d'intervention privilégié
reste le continent Africain et particulièrement les Etats Africains
membres de l'OIF. Dès lors, cette recherche consistera à analyser
comment ces Etats Africains, à travers la Francophonie
s'intègrent dans les sphères internationales de prise de
décisions. Décisions qui bien souvent les concernent.
C-CLARIFICATION DES CONCEPTS.
Il n'est pas sans intérêt de se plier à
l'une des exigences de la recherche scientifique, qui consiste à
apprécier le sens des notions qui seront examinées dans la
présente étude. En effet, comme l'affirmait René Capitant,
« il faut se méfier des mots qui sont la tentation de l'esprit
et ne se livrer à eux qu'après les avoir rachetés du
mensonge »6(*).
Par conséquent, notre sujet convoque des notions a priori anodines
mais dont la profondeur pourrait échapper à qui s'y livre sans
une certaine distance. Aussi doit-on pour comprendre ce sujet s'appesantir sur
une clarification des concepts Francophonie, Intégration
Internationale et Mondialisation.
1. FRANCOPHONIE.
Si le terme
« francophonie » a
été inventé par le géographe Onésime
Reclus7(*) pour
désigner l'ensemble de peuple utilisant la langue française dans
leur vie quotidienne ou dans leurs communications, il faut cependant relever
que ce terme renferme deux significations différentes selon qu'il est
employé avec un « f » minuscule ou un
« F » majuscule.
En effet, le terme « francophonie »
employé avec un « f » minuscule a
une connotation géolinguistique. Elle a d'abord un sens linguistique
parce qu'elle fait référence aux locuteurs qui parlent
entièrement ou partiellement la langue française et elle a un
sens géographique car elle renvoie à l'ensemble des peuples et
des hommes géographiquement localisés dont « la
langue (maternelle, officielle, courante, administrative ou encore de culture)
est le français »8(*).
Quant au terme « Francophonie »
employé avec un « F » majuscule,
celui-ci à une connotation géopolitique qui suppose l'ensemble
des Etats et des gouvernements membres de l'OIF et des institutions
francophones dans le cadre de la charte de la Francophonie. Il s'agit donc de
la Francophonie institutionnelle qui regroupe l'ensemble des organisations
publiques et privées oeuvrant dans l'espace francophone.
Dans le cadre de cette recherche, il est question de la
Francophonie avec « F » majuscule
étant donné que c'est sur l'intégration internationale des
Etats Africains membres de l'OIF que porte cet objet d'étude.
2. INTEGRATION.
Les réalités internationales ont prouvé
qu'il est impossible pour les Etats de vivre en vase clos sur la scène
internationale. Ainsi, ces derniers sont obligés de tisser des liens
d'interdépendance entre eux pour réaliser leurs
intérêts. Cependant, lorsque plusieurs Etats poursuivent des
intérêts communs, ceux-ci le plus souvent se regroupent au sein
d'organisations dites « Internationales » afin de
les réaliser. Dès lors, c'est dans cette perspective de
regroupement des Etats que l'on parle habituellement d'intégration.
En ce qui concerne la notion d'intégration, bien
qu'elle soit définie par le dictionnaire de langue Française LE
ROBERT9(*) comme le fait
« d'incorporer de nouveaux éléments à un
système »10(*), elle reste une notion complexe et assez
difficile à cerner.
En effet, si étymologiquement, le terme
intégration vient du mot latin
« integrare » qui désigne le fait d'entrer
dans un tout. Il existe néanmoins plusieurs définitions de ce
concept qui diffèrent selon les domaines dans lesquels il est
employé.
Dans le domaine de la sociologie,
l'intégration désigne le processus ethnologique qui permet
à une personne ou à un groupe de personnes de se rapprocher et de
devenir membre d'un autre groupe plus vaste par l'adoption de ses valeurs, et
des normes de son système social. Cette intégration
nécessite deux conditions : Une volonté et une
démarche individuelle de s'insérer et de s'adapter et la
capacité intégratrice de la société par le respect
des différences et des particularités de l'individu.
Dans le domaine économique, la notion
d'intégration désigne « le processus d'unification
des politiques économiques entre différents Etats qui passe par
l'abolition partielle ou totale des restrictions tarifaires (taxes, droits de
douane) et non tarifaires sur le commerce »11(*). Selon le degré
d'unification entre les Etats, il existe plusieurs formes d'intégration
économique.
Il y a tout d'abord les zones de
libre-échange (ZLE) qui regroupent des pays qui suppriment
entre eux toutes les barrières commerciales, mais conservent
néanmoins les contrôles douaniers. Ainsi, à
l'intérieur des ZLE, les échanges de marchandises sont
libérés entre les agents économiques. Cependant, peuvent
être exclus des accords commerciaux instituant ces ZLE, les secteurs
d'activités considérés comme sensibles tels que le secteur
de l'armement. C'est le cas par exemple de l'Accord de Libre-échange
Nord-Américain (ALENA)12(*).
Par la suite, on a les unions douanières
(UD) où l'abandon de souveraineté est plus important que
dans les ZLE. Dans les UD, les pays suppriment entre eux les barrières
douanières et instituent un tarif douanier commun à
l'égard du reste du monde13(*).
Ensuite, on a les marchés communs (MC)
qui représentent une étape supplémentaire dans
l'approfondissement de l'intégration. Les MC supposent que soient
réalisées en plus de l'UD, l'élimination des obstacles
techniques au commerce, des frontières fiscales et de la libre
circulation de la main d'oeuvre et des capitaux. Ainsi, contrairement aux ZLE
qui ne concernent que le marché des produits, les MC consistent donc
à une ouverture sur l'ensemble des marchés. On peut prendre comme
exemple le Marché Commun Sud-américain (MERCUSOR)14(*).
A un autre niveau on a les unions économiques
qui allient la suppression des obstacles à la libre circulation
des marchandises et des facteurs de production à l'atteinte d'un certain
niveau d'harmonisation des politiques publiques nationales afin d'abolir toute
discrimination attribuable aux disparités entre ces politiques. Il
s'agit donc du marché commun plus l'harmonisation des politiques
économiques. C'est le cas par exemple de la Communauté Economique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)15(*).
Enfin, on a les unions économiques et
monétaires qui représentent la phase ultime de
l'intégration économique. Elles comportent outre la mise en
oeuvre de politiques communes, la création d'une zone de parités
fixes entre les partenaires et, éventuellement, la création d'une
monnaie commune. A titre d'exemple on peut citer la communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC)16(*).
Dans le domaine politique, la notion
d'intégration « désigne des processus par lesquels
se tissent des liens multiples soit entre Etats, soit directement entre
communautés nationales jusqu'à un seuil remettant en cause, au
moins partiellement, le principe même de souveraineté
nationale »17(*). L'intégration politique a pour
principal objectif l'établissement de la paix et de la
sécurité entre les Etats membres participants, ainsi
qu'entre ceux-ci et le reste du monde. Cependant, à la
différence des alliances où cet objectif est poursuivi par
différents engagements de nature politique et militaire, une
organisation d'intégration politique est bâtie petit à
petit au moyen d'un grand nombre de politiques communes qui cimentent les
intérêts communs et créent une solidarité
réelle entre les Etats membres.
Cette forme d'intégration peut concerner uniquement
les Etats issus d'une même région, on parle alors
« d'intégration régionale » qui est
définie par l'Union Européenne comme « le processus
qui consiste à surmonter, d'un commun accord, les obstacles politiques,
physiques, économiques et sociaux qui séparent les pays de leurs
voisins, et à collaborer dans la gestion de ressources partagées
et de biens communs régionaux »18(*). C'est le cas de l'UE en
Europe, l'UA en Afrique ou encore l'ASEAN en Asie. Elle peut aussi concerner
l'ensemble des Etats de la planète, on parle alors dans ce cas
« d'intégration internationale » qui est un
processus dans lequel « les Etats choisissent d'abandonner une
part de leur souveraineté nationale en vue de s'insérer dans un
ensemble spatial mondial »19(*). Cet abandon peut être limité au
seul domaine commercial (OMC), politique (ONU), ou sanitaire (OMS).
En définitive, comme il a été
démontré plus haut, la notion d'intégration revêt
différents sens selon le domaine dans lequel elle est employée.
Malgré cela, force est de constater que quel que soit son sens, cette
notion fait toujours référence à un rapprochement entre
les Etats. Et dans un cadre de politique internationale, ce rapprochement est
matérialisé par l'établissement volontaire par
traité ou par accord contraignant d'institutions communes et le
développement progressif par elles de politiques communes poursuivant
des objectifs communs et servant des intérêts communs comme c'est
le cas au sein de l'OIF. C'est donc la définition politique de
l'intégration qui sera retenue pour cette étude.
3. MONDIALISATION.
La mondialisation est devenue l'un des concepts les plus en
vogue depuis le milieu des années 70. Les définitions de ce
concept abondent dans la littérature scientifique, ce qui entraîne
une certaine confusion quant à l'utilisation de ce terme. Plusieurs des
définitions proposées pêchent soit par minimalisme, en
réduisant ce phénomène à ses manifestations
économiques, soit par généralisation excessive en
l'associant à tous les changements modernes au sein de la
société humaine20(*).
Dans le milieu des sciences économiques par exemple, on
utilise fréquemment le concept de mondialisation pour ne
référer qu'à l'accroissement des transactions commerciales
et financières transfrontalières. Ainsi, dans sa
définition de la mondialisation, Jean-Luc Ferrandéry insiste sur
la nature capitaliste de ce concept qui, selon lui,
« désigne un mouvement complexe d'ouverture des
frontières économiques et de déréglementation, qui
permet aux activités économiques capitalistes d'étendre
leur champs d'action à l'ensemble de la
planète »21(*). Selon une interprétation encore plus
restreinte de la mondialisation d'un point de vue économique, celle-ci
résulte d'un ensemble de stratégies économiques
résidant dans l'esprit des décideurs, et en particulier des
dirigeants d'entreprises privées. Ce point de vue est fortement
contesté par plusieurs observateurs qui affirment au contraire que la
mondialisation est un processus induit par l'évolution du marché
plutôt que le résultat de politiques volontaires.
Dans les autres disciplines des sciences sociales, le concept
de mondialisation est souvent utilisé de manière plus englobante
où il représente alors la tendance à l'interconnexion
mondiale croissante dans pratiquement tous les domaines : économique,
culturel, technologique, politique, juridique, militaire, environnemental et
social. Grahame Thompson va jusqu'à dire qu'elle fait intervenir
« la totalité des phénomènes sociaux
contemporains »22(*).
La principale lacune généralement associée à
une interprétation aussi large est qu'elle fournit peu d'outils qui
pourraient être utilisée dans une analyse empirique cherchant
à spécifier les causes et les conséquences du
phénomène de la mondialisation.
Dans l'une des études les plus complètes
réalisées à ce jour sur la mondialisation, une coalition
d'auteurs tente de résoudre le problème en proposant une
définition à la fois suffisamment large pour saisir la nature
multidimensionnelle du processus et assez précise pour lui
conférer une certaine utilité analytique : pour eux, la
mondialisation est « un processus (ou un ensemble de processus)
qui incarne une transformation dans l'organisation spatiale des relations
sociales et des transactions apprécié en termes d'étendue
de leur intensité, de la vitesse et de l'impact générant
des flux et des réseaux d'activités, d'interaction
transcontinentaux ou interrégional, et l'exercice du
pouvoir »23(*).
D'après ces auteurs, cette définition a le mérite de
corriger le défaut de la plupart des approches actuelles qui ne
différencient pas suffisamment la mondialisation des autres processus
plus limités en terme spatial tels que la localisation, la
nationalisation, la régionalisation et l'internationalisation. Par
ailleurs, la décomposition du processus en termes d'extension,
d'intensité, de vélocité et d'impacts permet
l'élaboration d'un cadre analytique qui pourra servir à aborder
la question d'une manière plus précise.
Cependant, dans le cadre de la présente étude
nous optons explicitement pour la définition que donne le
Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques
selon lequel la mondialisation est « un concept des relations
internationales décrivant l'état du monde marqué en
même temps par un renforcement de la communication, des
interdépendances et des solidarités, par le désenclavement
des Etats et des espaces régionaux et par une uniformisation des
pratiques et des modèles sociaux à l'échelle de la
planète »24(*). Ainsi, la mondialisation apparait donc comme un
cadre dans lequel, les phénomènes politiques, économiques
et sociaux ne peuvent plus être appréhendés
indépendamment de leur insertion dans le système mondial.
Dès lors, chercher à analyser l'intégration internationale
des Etats Africains comme c'est le cas dans cette étude revient à
projeter ces États dans ce cadre.
D-INTERET DU SUJET.
L'intérêt de ce sujet réside dans le fait
que notre objet d'étude s'insère dans les débats actuels
sur la Francophonie et plus précisément sur le but et la
trajectoire que celle-ci devrait prendre en ce début de 21eme
siècle.
Au départ l'objectif des pères fondateurs de la
Francophonie était de réunir toutes les anciennes colonies
françaises au sein d'une organisation devant leur permettre de
redéfinir leurs rapports avec l'ancienne métropole comme
c'était déjà le cas entre l'Angleterre et ses anciennes
colonies au sein du Commonwealth. Cet objectif a cependant évolué
en même temps que la Francophonie. En effet, après la
« première francophonie »
géolinguistique des années 1880 et la
« deuxième francophonie »
géopolitique des années 60, la Francophonie a dû faire
face à de nouveaux défis du fait des mutations qu'a connues le
monde suite à la fin de la Guerre Froide et c'est dans ce contexte
qu'est apparu le concept de « troisième
francophonie » qui est celle de la mondialisation, on parle
alors de « francophonie mondialisée »25(*) qui se présente
« comme une union géoculturelle de langue française
qui vise à agir sur le cours de la
mondialisation »26(*).
Ainsi, à l'ère de ce 21eme
siècle, la Francophonie se revendique comme une puissance d'influence,
un acteur collectif capable de se mobiliser et de travailler en réseaux
ainsi qu'un pôle d'équilibre et de régulation dans la
mondialisation. Elle participe en particulier au dialogue interculturel qui,
dans la mondialisation, constitue le troisième dialogue avec le dialogue
politique et économique. Dès lors, l'intérêt de la
présente étude est qu'elle donne une autre perspective à
cette « francophonie mondialisée » qui
pourrait servir à une meilleure intégration des États
Africains dans la scène internationale.
E-REVUE DE LITTERATURE.
Si la question de l'intégration des Etats Africains
dans la mondialisation fait l'objet de plusieurs écrits, nous n'avons
cependant pas trouvé suffisamment de travaux qui ont eu à traiter
directement de la Francophonie comme vecteur de cette intégration.
Dès lors, nous utiliserons dans le cadre de cette recherche, quelques
travaux généraux qui ont retenu notre attention sur la question
de l'intégration internationale des Etats et le rôle joué
par les organisations internationales dans le système politique
international. Nous utiliserons également quelques travaux menés
sur les questions de la place de l'Afrique et le poids de la Francophonie dans
le jeu politique international car pour que cette dernière soit un
vecteur efficace d'une intégration internationale des États
Africains, il faudrait d'abord qu'elle ait une certaine influence dans le jeu
politique international.
Ainsi, Panayotis SOLDATOS27(*) fait une étude synthétique et critique
de la dimension et des contours épistémologiques de la sociologie
de l'intégration internationale. Pour lui, «il s'agit d'un
domaine de réflexion scientifique portant sur la théorisation
partielle ou globalisante des phénomènes d'intégration
politique, en l'occurrence internationale, et s'appuyant, d'un point de vue
méthodologique, sur un ensemble d'approches et de techniques propres aux
sciences sociales, largement développées en sociologie et
fréquemment utilisées en analyse politique »28(*).
Ce dernier conclut son étude en relevant qu'en
matière de sociologie de l'intégration internationale, il existe
un déséquilibre entre la théorie et la
réalité car dans ce domaine d'étude, le niveau
avancé de théorisation n'a pas toujours été suivi
par des recherches empiriques progressant au même rythme. De ce fait,
« un décalage est apparu entre le degré de
théorisation et le degré d'investigation empirique, entre
l'ampleur des travaux théoriques en intégration internationale et
le volume de nos connaissances descriptives sur cette même
phénoménalité, faisant perdre souvent à la
sociologie de l'intégration internationale son contact avec les
réalités »29(*). Dès lors, il préconise que pour
une étude complète de la sociologie de l'intégration
internationale, le spécialiste de l'intégration devrait
s'intéresser davantage à des études historico-politiques
et même juridico-institutionnelles à caractère
comparatif.
De même, Stanley HOFFMANN30(*) met en perspective deux
ouvrages à savoir celui de Karl DEUTSCH et ses co-auteurs31(*) et celui d'Ernst Haas32(*). Ceci afin de faire une
étude systémique des relations internationales, et
particulièrement de toutes les formes de coopération qui se
nouent entre les Etats. Ce dernier conclut « qu'une telle
étude suppose d'une part des recherches historiques, d'autre part le
recours à des concepts sociologiques (comportements des groupes,
communications) et aux catégories traditionnelles de la science
politique (étude des décisions des dirigeants, mise en
lumière du rôle souvent capital d'innovations politiques telles
que l'établissement d'institutions capables de capter un tel mouvement
qui, sans elles, risquerait de s'épuiser) analyse des doctrines et de
leur propagation »33(*).
Il déduit de l'étude de ces ouvrages que ce qui
compte dans le mouvement d'intégration n'est pas tant l'existence de
croyances communes que celle de relations mutuelles. Ainsi,
« l'intégration suppose et consiste en un échange
de services entre groupes dont les valeurs sont, sinon identiques, du moins
compatibles»34(*).
En outre, à travers cette étude, ce dernier détermine
comme conditions préalables à l'intégration
internationale : une mobilité des personnes, une certaine
quantité de transactions de communications entre les Etats et surtout un
excédent de puissance des pays participants par rapport à leurs
charges car, « pour que l'intégration puisse se produire,
il faut que les dirigeants soient en mesure, et de prendre des
décisions, et de prêter une attention suffisante aux
communications en provenance des autres unités
politiques »35(*).Dès lors, cette dernière condition
ne saurait être remplie « lorsque des charges militaires ou
financières, des tensions intérieures aigues, une stagnation
économique prolongée affaiblissent un pays ou monopolisent
l'attention de ses dirigeants»36(*)
Dans le même ordre d'idées, Soraya
Sidani37(*) se pose la
question de savoir pourquoi les Etats restent en dehors des conventions
multilatérales et de leur apport en termes d'intégration et de
socialisation au sein du système international. Elle propose alors de
répondre à cette question en adoptant une interprétation
durkheimienne des phénomènes d'intégration et de
déviance normative.
La première tâche qu'effectue l'auteure est
d'observer le phénomène d'intégration normative autour des
règles onusiennes. Ainsi, à partir de l'établissement
d'une base de données répertoriant l'ensemble des Etats parties
et non parties aux 317 conventions multilatérales dont le
secrétaire général de l'ONU était
dépositaire en 2014, Sidani identifie six indicateurs de la
déviance normative à savoir : l'intégration
régionale (pour elle les Etats participant à des
expériences d'intégration régionale ont plus tendance
à signer les conventions internationales), la faillite de l'Etat
(elle considère que les Etats en situation de guerre civile
participent moins aux conventions), le développement
économique ( plus le niveau de développement
économique d'un Etat est faible, moins il est intégré),
l'insularité ( l'auteure estime que les Etats insulaires
signent moins de conventions), le type de régime politique (
les démocraties sont plus intégrées) et enfin, la
puissance ( selon elle la déviance normative est un
privilège des puissants, c'est la raison pour laquelle la Chine ou les
Etats-Unis qui n'ont par exemple pas ratifié le statut de Rome
créant la CPI s'affranchissent sans coûts du cadre juridique
international).
Ensuite, l'auteure se consacre à déterminer les
facteurs de l'intégration internationale. Pour elle, la marginalisation
des Etats par rapport aux principaux vecteurs de l'intégration sur la
scène internationale se « décline autour de
l'intégration régionale, du développement
socio-économique et politique et du régime
démocratique »38(*). Pour elle, les mécanismes
d'intégration régionale jouent un effet de levier favorisant
l'insertion dans des dispositifs multilatéraux. De même, le
développement économique est nécessaire à une
participation pleine et entière des Etats sur la scène
internationale et enfin la démocratie, de par son pluralisme politique,
favorise l'action de la société civile, ce qui a un effet positif
sur les mécanismes d'intégration.
Dans la même lancée, Amina
Lahrèche-Révil39(*) fait une analyse de l'intégration
internationale d'un point de vue économique. Elle estime que
l'interdépendance qui gouverne les rapports entre les Etats
résulte de l'intégration économique. Dès lors,
cette interdépendance se manifeste par le fait « qu'un
évènement économique localisé dans un pays affecte
les autres économies, essentiellement au travers des flux commerciaux et
financiers »40(*).
Celle-ci relève que la régionalisation ne
permet pas de répondre à tous les risques de l'intégration
internationale ceci pour deux raisons, «tout d'abord, l'accès
à une grande zone intégrée n'est pas ouvert à tous
les pays du sud, ne serait-ce que parce qu'un certain nombre d'entre eux, en
particulier les pays africains, sont éloignés de tout grand
centre économique. Ensuite, le cadre régional ne permet pas de
régler tous les problèmes posés par les
interdépendances »41(*). Ainsi, d'après elle, c'est à
cause de ces raisons que les organisations internationales ont un rôle
à jouer dans la gestion des interdépendances économiques
internationales « soit parce qu'elles ont pour mission d'oeuvrer
pour le développement des pays pauvres (Banque mondiale), soit parce
qu'elles ont de facto la responsabilité de la stabilité
financière internationale (FMI), en raison de leur capacité
à coordonner l'action des grands pays industrialisés et à
émettre des règles prudentielles »42(*).
Clive Archer43(*) quant à lui fait une étude sur le
rôle des organisations internationales(OI) vis-à-vis de leurs
Etats membres dans le système politique international. En effet,
après avoir défini et fait une classification des OI, ce dernier
identifie deux rôles majeurs joués par les OI dans le cadre de la
politique étrangère de leurs Etats membres. Pour lui, les OI sont
avant tout des instruments qu'utilisent les Etats membres pour atteindre leurs
objectifs sur la scène internationale. Selon cet auteur, cela s'explique
par le fait que les membres des OI sont des Etats souverains qui ont le pouvoir
de limiter ou d'orienter les actions de ces OI. Par la suite, il estime que les
OI sont des arènes dans lesquelles les Etats se rencontrent pour
discuter, débattre, coopérer ou manifester leur
désaccord.
Ainsi, comme le montre les travaux cités, les
organisations internationales jouent un rôle déterminant dans le
système politique international. Surtout pour les Etats africains qui
perdent de plus en plus de place dans l'ordre international comme l'a
démontré le Professeur Joseph Vincent Ntuda Ebodé44(*) qui estime que la fin
de la Guerre Froide a modifié la place de l'Afrique dans le
système international.
Pour lui, «la logique bipolaire qui
dominait pendant la Guerre Froide poussait à un quadrillage
planétaire par les superpuissances, soit directement, soit par recours
à des puissances intermédiaires »45(*). L'Afrique disposait
ainsi d'un intérêt stratégique, et même si sa valeur
était moindre que celle du Moyen-Orient ou l'Extrême-Orient par
exemple, « le fait que tout territoire soit convoité
conduisait à une homogénéisation
géostratégique d'un système international dans lequel la
politique étrangère des Etats africains trouvait ses principaux
déterminants »46(*). Cependant le monde post-bipolaire a par contre
débouché sur une recomposition des ensembles continentaux en
fonction de la valorisation des ressources dont disposent les Etats. Dès
lors, l'Afrique s'est trouvée confrontée à la menace d'un
déclassement généralisé dans le système
international, ce qui est assez paradoxal au vue des multiples ressources dont
regorge le continent africain, mais cela s'explique surtout par les divisions
qui subsistent entre les Etats africains.
Cependant, au regard de la complexité du système
politique international, l'on pourrait se demander si la Francophonie dispose
de suffisamment d'influence sur la scène internationale pour servir de
vecteur d'intégration aux Etats africains. A ce sujet, Françoise
Massart-pierard47(*) met
en exergue le déploiement contemporain de la Francophonie sur la
scène internationale. Après avoir effectué un tour
d'horizon de l'architecture institutionnelle de la Francophonie, de sa
singularité en tant qu'organisation internationale et de sa vision
spécifique des relations internationales. Elle interroge la
capacité de la Francophonie à s'imposer comme un acteur majeur de
la vie politique mondiale. Elle affirme que la Francophonie est une
« puissance douce » (soft power) qui à travers
l'usage de son capital culturel composé de valeurs dites universelles et
d'une langue partagée, est en mesure d'exercer un « leadership
moral ».
Néanmoins, Dominique Gallet48(*) estime qu'il faut
réformer l'OIF et lui substituer une véritable autorité
politique francophone. L'objectif étant ainsi de donner aux Etats
francophones un outil politique communautaire devant leur permettre
d'intervenir avec efficacité dans tous les secteurs du monde
contemporain que ce soit sur le plan de la recherche scientifique, de la
technologie, de l'économie ou de la diplomatie.
Tous ces travaux ont le mérite d'avoir ouvert la route
à toute recherche sur la question de l'intégration
internationale. Cependant, la limite qu'on peut leur trouver est de ne traiter
la question que d'un point de vue global. Dès lors, l'originalité
de la présente étude réside dans le fait qu'elle aborde la
question d'un point de vue spécifique en étudiant un cas
précis à savoir celui de l'intégration internationale au
travers d'une organisation internationale atypique telle que l'Organisation
Internationale de la Francophonie. Aussi, cette étude est-elle
particulière en ce qu'elle donne une autre dimension aux relations
privilégiées qui ont toujours existé entre la Francophonie
et les Etats africains en démontrant que l'OIF, de par ses valeurs, sa
position d'acteur de poids et son déploiement contemporain sur la
scène internationale, peut être un véritable vecteur
d'intégration internationale des Etats Africains dans la mondialisation
actuelle.
F-PROBLEMATIQUE.
Notre objet de recherche ne pourra être construit qu'en
fonction d'une problématique théorique nous permettant de
soumettre à une interrogation systématique les aspects de la
réalité de l'intégration internationale des Etats
africains et surtout le rôle que peut jouer l'OIF dans cette dynamique.
En effet, au regard de certains faits tel que : la désunion
persistante des Etats Africains que ce soit sur le plan continental et
même au sein de l'OIF, le décalage apparent entre les
décisions prises dans les différentes déclarations des
chefs d'États au sortir des sommets de l'OIF et leurs applications, de
même que la quasi-inexistence du volet économique de cette
institution ; L'on peut dès lors s'interroger sur les
capacités dont dispose l'OIF pour servir de vecteur d'intégration
aux Etats Africains dans le système international. En d'autres termes,
comment est-ce que la Francophonie contribuer-t-elle à
l'intégration des Etats Africains dans le système
international ?
G-HYPOTHESE ET OBJECTIF DE LA RECHERCHE.
Afin d'apporter une solution à notre
problématique, nous pouvons émettre l'hypothèse selon
laquelle, l'OIF dispose de capacités à la fois actives et
passives qui lui permettent de contribuer à l'intégration des
Etats Africains dans le système international. En effet, à
travers ses idéaux et le dynamisme politico-diplomatique dont elle fait
preuve sur la scène internationale, la Francophonie offre des voies
pouvant être utilisées par les Etats Africains pour leur
intégration internationale (capacité passive). En outre, à
travers les actions qu'elle mène en Afrique, l'OIF contribue
également à la mise en oeuvre des conditions nécessaires
à une intégration des États africains dans le
système international bien que ces actions soient limitées par
des facteurs dont il sied d'apporter quelques pistes de solutions
(capacité active).
L'objectif de cette étude vise à
démontrer que la Francophonie, à travers ses idéaux et ses
stratégies de même que par les actions qu'elle mène dans
différents domaines dans le cadre de la mise en oeuvre de ses
programmes, joue un rôle important dans la dynamique d'intégration
internationale des Etats africains dans la mondialisation.
H-CADRE THEORIQUE D'ANALYSE.
Toute démarche scientifique (et encore plus en
relations internationales) ne peut aboutir sans la considération d'un
ensemble de théories qui sont comme le dit Raymond Aron :
« des systèmes hypothético-déductifs
constitués par des ensembles de propositions, dont les termes sont
rigoureusement définis, élaborés à partir d'une
conceptualisation de la réalité perçue ou
observée »49(*). En outre, comme l'a démontré
Kenneth Waltz50(*) , la théorie est un artefact.
C'est -à- dire une construction intellectuelle à travers laquelle
nous essayons d'interpréter et de comprendre des faits qu'au
préalable nous avons sélectionnés, le défi
étant d'amener la théorie aussi près que possible des
faits pour en tirer une explication et une prédiction.
Deux courants théoriques seront donc mobilisés
dans le cadre de cette recherche afin de mieux cerner son objet. Il s'agit du
réalisme et du néo-institutionnalisme.
1. Le Réalisme.
Étant l'une des approches traditionnelles des
relations internationales, le réalisme privilégie l'État
comme acteur central de la scène internationale
caractérisée par l'anarchie. Porté principalement par des
auteurs tels que Hans Morgenthau51(*) et Raymond Aron52(*), la théorie réaliste s'insurge contre
l'idée selon laquelle il existerait des valeurs supérieures
à l'intérêt national des Etats. En effet, pour les
réalistes, aucune autorité supérieure aux Etats n'est en
mesure de veiller à leur droit et à leur protection sur la
scène internationale. Par conséquent, les Etats ne peuvent
compter que sur eux-mêmes pour protéger leurs
intérêts. Ainsi, il apparait clair que pour le courant
réaliste, les engagements internationaux que prennent les Etats ne
sauraient être autre chose que des conventions utiles à la
recherche ou à la stabilisation de leurs propres intérêts.
Dès lors, l'on peut considérer les Organisations Internationales
telle que l'OIF comme des instruments au service des États, qui leur
permettent d'accroitre leurs gains et de préserver leurs principaux
intérêts tout en leur ouvrant de nouvelles perspectives de
développement. De ce fait, l'on peut déduire qu'au regard des
faibles capacités dont ils disposent pour s'imposer individuellement sur
la scène internationale hautement anarchique, les Etats Africains voient
en leur appartenance à des Institutions telles que l'Organisation
Internationale de la Francophonie, un moyen pour être mieux
intégré dans cette scène internationale.
2. Le néo-institutionnalisme.
Se détachant du courant institutionnaliste en raison de
sa nature descriptive et a-théorique, le néo-institutionnalisme a
pour principal objectif de « structurer le politique53(*) » en donnant
aux institutions une importance théorique. Dès lors,
contrairement aux autres approches théoriques qui privilégient
les acteurs dans l'analyse politique, cette théorie met plutôt les
institutions au centre de cette analyse. Porté principalement par James
March et Johan Olsen dans leur célèbre article de 198454(*), la théorie
néo-institutionnaliste est subdivisée en trois courants distincts
à savoir : le néo-institutionnalisme historique,
sociologique et des choix rationnels.
Le néo-institutionnalisme historique s'est
développé en réaction contre l'analyse de la vie politique
en termes de groupes et contre le structuro-fonctionnalisme (théorie
selon laquelle les institutions politiques existent parce qu'elles remplissent
un besoin social) qui dominaient la science politique dans les années
soixante. Ce courant insiste sur la dimension contingente du poids
institutionnel sur l'action en émettant l'argument du path
dependency dont l'idée principale est que « les
phénomènes sociopolitiques sont fortement conditionnés par
des facteurs contextuels, exogènes aux acteurs, dont beaucoup sont de
nature institutionnelle55(*)». Ainsi, selon cette approche, les choix et
les comportements individuels dépendent de l'interaction entre groupes,
intérêts, idées et structures institutionnelles. Par
conséquent, les phénomènes sociopolitiques ne peuvent
être expliqués par la simple volonté des acteurs ni
même par la nature de leurs actions car le contexte institutionnel y est
décisif.
Quant au néo-institutionnalisme sociologique, ce
dernier trouve ses racines dans la théorie des organisations56(*). Cette approche tente de lier
la société aux institutions en mettant l'accent sur l'aspect
cognitif de ces dernières, contrairement à l'approche historique
qui se concentre sur leurs effets contingents ou celle des choix rationnels qui
appréhende leur dimension stratégique. L'idée principale
véhiculée par cette approche est celle selon laquelle les
préférences individuelles ne sont pas uniquement le produit du
cadre institutionnel au sens strict, mais qu'elles découlent d'un cadre
de référence plus large. Ainsi, ce courant met en évidence
le rôle de la culture et de l'organisation sociale dans la
définition des choix et des comportements des individus.
Produit des études sur les législatures,
l'approche du néo-institutionnalisme des choix rationnels
« considère les institutions en fonction des
contraintes et des occasions qu'elles offrent aux acteurs57(*) ». Pour ce
courant, le comportement d'un acteur est déterminé non par des
forces historiques impersonnelles, mais par un calcul stratégique qui
est cependant fortement influencé par les attentes de l'acteur
concernant le comportement des autres acteurs. Dès lors, les
institutions structurent cette interaction en procurant des informations ou des
mécanismes d'adoption qui réduisent l'incertitude concernant le
comportement des autres acteurs tout en permettant aux acteurs de tirer des
gains de l'échange ; ce qui les incitera à se diriger vers
certains calculs ou actions précises. Ainsi, selon cette approche, les
individus et leurs calculs stratégiques doivent être placés
au centre de l'analyse politique bien que les institutions fixent les
paramètres de l'action individuelle.
De ces trois courants du néo-institutionnalisme, c'est
l'approche des choix rationnels qui convient le mieux à cette recherche
car elle explique comment les États font un usage stratégique des
institutions pour satisfaire leurs intérêts. Cette formulation
présuppose qu'il existe une interaction entre l'existence des
institutions internationales et les bénéfices qu'en tirent les
Etats qui les composent. Dès lors, les Organisations internationales
telles que l'OIF doivent leur survie au fait qu'elles contribuent à la
réalisation des objectifs de leurs Etats membres. Et cette approche des
choix rationnels s'insère dans le cas de cette étude car, dans
une certaine mesure, la Francophonie a une valeur auprès des
États Africains parce qu'elle constitue pour ces derniers un moyen
d'intégration dans la scène internationale.
I-CADRE METHOLOGIQUE.
1. Techniques de collecte de données.
Par technique, nous entendons l'ensemble de
procédés utilisés par le chercheur dans la phase de
collecte des données qui intéressent son étude. A cet
effet, deux techniques de collecte de données seront utilisées
dans le cadre de cette étude, à savoir l'observation scientifique
et l'analyse des contenues.
Ainsi, pour collecter les données nécessaires
à cette étude, nous utiliserons préalablement
l'observation qui est définie comme « la
considération attentive des faits afin de mieux les connaitre et de
collecter des informations à leur propos »58(*). Toutefois, entre les
deux formes différentes d'observation qui existent à
savoir : l'observation fortuite qui est une observation
spontanée des phénomènes sociaux, sans préparation
préalable et guidée par l'intuition et l'imagination, et
l'observation scientifique qui est une observation
systématique, préparée et méthodique ; nous
opterons pour cette dernière car, pour valider l'hypothèse qui a
été émise plus haut, il sera question de mener une
observation méthodique des interactions qui animent la scène
internationale ainsi que le rôle qu'y joue la Francophonie tout en
faisant fi des opinions et idées préconçues. A cet effet,
afin de garantir l'objectivité des données collectées,
nous nous efforcerons de garder une neutralité dans notre observation de
la scène internationale comme le recommandait Claude Bernard lorsqu'il
notait dans son exposé de la méthode scientifique
expérimentale que « L'observateur doit être le
photographe des phénomènes, son observation doit
représenter exactement la nature. Il faut observer sans idée
préconçue ; l'esprit de l'observateur doit être
passif »59(*).
Par la suite, une visite dans différentes
bibliothèques telles que : celle de l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun (IRIC), la bibliothèque de la Fondation Paul
ANGO ELA, celle de l'Agence Universitaire de la Francophonie ainsi que la
médiathèque de l'Institut Français du Cameroun nous
permettra de consulter un ensemble d'ouvrages, articles généraux
et spécialisés sur la science politique en générale
et les Relations internationales en particulier.
En outre, nous effectuerons également une fouille
webographique aussi bien sur le site de l'OIF que sur les sites des autres
organisations internationales, le portail des thèses en ligne, le site
de l'université Lyon Jean Moulin 3, et tous les sites nécessaires
à notre collecte de données en vue de trouver des textes
officiels, des discours des articles et des travaux, dont l'importance est
capitale pour cette étude.
2. Méthodes d'analyse.
Duverger définit la méthode comme
« une démarche ordonnée qui consiste à
observer les phénomènes, exprimant d'une façon
coordonnée et cohérente tout ce qu'on sait à propos de ces
phénomènes afin d'obtenir un résultat60(*) ».
Afin d'atteindre l'objectif préalablement
défini, il sera utilisé dans le cadre de cette recherche deux
méthodes d'analyse à savoir la méthode
hypothético-déductive et la méthode socio-historique.
· Méthode
hypothético-déductive.
Encore appelée méthode expérimentale,
elle va consister en une confrontation de l'hypothèse faite plus haut
aux faits. Et cela s'effectuera par l'articulation des théories (
Réalisme et néo-institutionnalisme) mobilisées plus haut
avec un certain nombres de données empiriques et historiques sur
l'évolution, le rôle et la place de la Francophonie dans la
mondialisation ainsi que les différentes interactions qui existent entre
elle et les Etats Africains qui y sont représentés.
· Méthode socio-historique.
Cette méthode consistera à mettre en
perspective l'évolution politique de la Francophonie avec la dynamique
d'intégration des Etats africains dans le système international.
Ceci afin de dégager une grille de lecture du rapport entre
l'évolution de l'influence internationale de la Francophonie et la
dynamique d'intégration internationale des États africains.
J- ANNONCE DU PLAN.
Ce travail obéit à une double logique
basée sur l'analyse de la contribution de l'institution francophone
à la dynamique d'intégration des États africains dans la
scène internationale aujourd'hui mondialisée. Ainsi, comprend-il,
deux parties. Une première partie qui présentera la Francophonie
comme un vecteur d'intégration internationale des États Africains
à travers deux chapitres qui démontrent non seulement que la
Francophonie à travers ses valeurs et objectifs véhicule des
idéaux favorables à l'intégration internationale des
États africains (Chapitre I). Mais également que
l'OIF, à travers les stratégies politico-diplomatiques qu'elle
met sur pied, offre des voies propices à l'intégration
internationale des États africains (Chapitre II).
Quant à la deuxième partie, elle consistera
à démontrer que la Francophonie en tant qu'acteur
stratégique dans la résolution pacifique des conflits et le
développement des États africains constitue un véritable
levier d'intégration internationale pour ces derniers (Chapitre
III), mais qui cependant est confronté
à des difficultés dont il sied d'apporter des voies de solutions
à travers une analyse prospective (Chapitre IV).
PREMIERE PARTIE
LA FRANCOPHONIE : UN VECTEUR D'INTEGRATION
INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.
La Francophonie en tant qu'organisation internationale
appartient au monde des nouveaux intervenants sur la scène
internationale qualifiés par J. Rosenau d' « acteurs
hors souveraineté »61(*). Durant ces deux dernières
décennies, cette institution a évolué dans ses structures
et ses principes afin de se donner les moyens de peser sur les relations
internationales. En effet, depuis le premier sommet des chefs d'Etat et de
gouvernement ayant en commun le français en février 1986 à
Versailles, la Francophonie s'est, pas à pas, institutionnalisée
avec la création d'instances politiques de haut niveau (Sommet,
conférence des Ministre, conseil permanant, Secrétariat
Général...) et cette transformation dans le sens d'une plus
grande action politique s'accorde parfaitement avec le mouvement d'ouverture de
la scène internationale à de nouveaux acteurs non
étatiques62(*).
Dès lors, en ce début de 21eme siècle hautement
influencé par la mondialisation, la Francophonie s'identifie en tant
qu'acteur influent des relations internationales. Ainsi, celle-ci s'affirme
face aux autres organisations internationales classiques de par son mode de
fonctionnement axé sur le modèle de la gouvernance entendue comme
« un processus de coordination d'acteurs, de groupes sociaux et
d'institutions, en vue d'atteindre des objectifs définis et
discutés collectivement »63(*). Ainsi donc, la Francophonie s'attèle
à établir des coopérations non seulement entre les Etats
mais également entre ces derniers et un nombre considérable
d'autres Organisations (interétatiques, supranationales ou non
gouvernementales)64(*).
Dès lors, cette organisation agit comme un vecteur d'influence sur la
scène internationale pour ses Etats membres.
Ainsi, la Francophonie se révèle comme un
vecteur d'intégration internationale pour ses Etats membres et plus
particulièrement pour les Etats Africains dotés pour la plupart
de faibles capacités de puissance. Et cette fonction se traduit non
seulement à travers les valeurs et les objectifs de cette institution
(Chapitre Ier), mais également à travers ses
stratégies Politico-diplomatiques (Chapitre II).
CHAPITRE I
LES VALEURS ET OBJECTIFS DE LA FRANCOPHONIE : DES
IDEAUX FAVORABLES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.
« La Francophonie, c'est un combat pour
certaines valeurs
(...) une approche originale qui fait avancer en
profondeur
ses chantiers de la démocratie et des droits
de l'homme »65(*)
Au fil du temps, et grâce à de multiples combats
menés par les pères fondateurs (Léopold Sedar Senghor,
Habib Bourguiba, Amani Diori), la Francophonie est devenue progressivement un
acteur de la vie internationale. A ce titre, elle a pris part et continue
à renforcer sa participation aux grandes conférences
internationales dans le but de toujours présenter le point de vue de ses
membres et de défendre leurs intérêts. En outre, Afin
d'atteindre certains de ses objectifs liés notamment aux valeurs qu'elle
promeut, l'Organisation Internationale de la Francophonie a parfois, sinon
souvent, pris à son tour l'initiative de certaines grandes rencontres
internationales où elle a convié des organisations
internationales soeurs ou partenaires. Ainsi, il est clair que la Francophonie,
à ce jour, ne constitue plus seulement un forum culturo-linguistique
mais elle se pose également comme un vecteur d'intégration
internationale de ses Etats membres. Et cette légitimité
politique que connait la Francophonie sur la scène internationale trouve
ses fondements non seulement dans la morale66(*) contenue dans sa vision du monde, et ses valeurs
(Section 1) mais également dans les objectifs
poursuivis par l'OIF (Section 2).
Section 1 : Les valeurs de la Francophonie et
l'originalité de sa vision du monde.
Dans ses efforts d'humanisation des rapports entre les
civilisations dans la mondialisation, la Francophonie, sans en revendiquer la
propriété exclusive, s'est appropriée de certaines valeurs
universelles relevant du patrimoine naturel et culturel de l'humanité
et les a assorties d'une touche particulière qui lui confère une
originalité (paragraphe 1). En outre, après un
demi-siècle de pratique d'un militantisme associatif multiple, et plus
de trente ans d'une implication progressive des gouvernements, la vision du
monde de la Francophonie se dégage avec netteté aujourd'hui
(paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'originalité universelle des
valeurs francophones en faveur d'une mondialisation multipolaire.
Comme la démontré le
professeur Michel Guillou, « La Francophonie prend conscience de
son importance et de son rôle dans la mondialisation multipolaire comme
pôle de diversité, de solidarité et de
dialogue »67(*).
Ainsi, la Francophonie oeuvre pour l'acceptation et la mise en commun de
toutes les cultures qu'elles soient Américaines, Européennes
où même Africaines à travers la promotion des valeurs de
liberté et de diversité culturelles (A). Mais
aussi, elle valorise l'interdépendance et la coopération entre
les Etats au travers de la promotion des valeurs de solidarité et de
dialogue (B).
A. Les valeurs de liberté et de diversité
culturelle.
Face à la mondialisation actuelle
caractérisée par la domination d'un modèle
planétaire unique d'organisation économique et sociale, d'une
culture unique et surtout d'une pensée unique à savoir celles
Américaines , la Francophonie milite pour la liberté qui est
une valeur fondamentale inhérente à l'existence de toute
civilisation. Ainsi, à travers la promotion de cette valeur fondamentale
qu'est la liberté, L'OIF tourne le dos aux analyses de Samuel Huntington
sur « le choc des civilisations »68(*) et plaide pour
« un métissage de l'universalisme et de la civilisation de
l'universel » 69(*) telle que voulu par son père fondateur L.S.
Senghor. En effet, la Francophonie rompt avec toute tendance qui conduit
à la confiscation des libertés fondamentales de l'Homme car,
comme le constate NGOUAKA-TSOUMOU, « plus les Hommes sont libres
dans tous les domaines de leurs activités sociales, économiques,
politiques, culturelles, etc., plus ils s'épanouissent et créent
des solidarités visant à valoriser l'intérêt
général au détriment des égoïsmes de toute
sorte que sous-tendent la pensée unique »70(*). Dès
lors, c'est sans doute cet esprit de solidarité découlant de
la liberté des hommes qui commande les Etats et gouvernements ainsi que
tous les autres acteurs de la communauté internationale à
concevoir, avec décence, des politiques d'entraide appelées aussi
politiques de coopération.
En outre, du fait de la densité du foisonnement actuel
des différentes expressions culturelles au niveau international
résultant de la mondialisation qui accélère
« l'ouverture des sociétés les unes aux
autres »71(*) , et de l'asymétrie des forces
économiques qui caractérise la scène internationale, on
assiste à une tendance à l'acculturation. En effet, avec la
mondialisation, on observe une sorte d'impérialisme culturel des
pays économiquement puissants tels que les États-Unis. Ce qui
conduit de manière spectaculaire à une standardisation culturelle
caractérisée par une
« homogénéisation du phénomène
culturel »72(*)
préjudiciable au développement des pays à faible
économie tels que la majorité des pays Africains francophones. Ce
phénomène d'acculturation est si manifeste que l'on a
assisté depuis quelques années à l'émergence et
à la consolidation d'un phénomène dit de
l'américan way of life qui exprime la prédominance
du mode de vie américain et, partant, de la culture américaine.
En opposition à cette uniformisation culturelle du monde au profit de la
culture « américano-occidentale »73(*)qui traduit la conception
américaine de l'universalisme s'apparentant plus à un
universalisme inégalitaire qu'à autre chose, la Francophonie
appréhende l'universalisme plutôt comme une
« synthèse des différences »74(*). Dans cette perspective,
l'accès à l'universel ne passe ni par l'uniformité, ni par
l'homogénéité mais par le dialogue des cultures et,
partant le respect des spécificités culturelles. Dès lors,
la Francophonie se pose donc comme un contrepoids aux effets pervers de la
mondialisation culturelle en opposant à l'uniformisation culturelle, la
diversité culturelle caractérisée par la
considération de toutes les cultures.
B. Les valeurs de solidarité et de dialogue.
La solidarité comme valeur de la Francophonie exige
que les Etats soient continûment en dépendance réciproque
ou en complémentarité dialectique. Elle constitue de fait, le
fondement, à la fois, d'une certaine cohabitation harmonieuse et d'une
cohésion réaliste, quel que soit le contexte dans lequel on se
trouve. Ce contexte peut être, soit intergouvernemental
c'est-à-dire liant un groupe d'Etats et de gouvernements, soit
bilatéral donc, impliquant simplement les Etats entre eux, ou encore
multilatéral quand il concerne les relations entre les Etats et les
Organisations internationales, voire celles-ci entre elles. C'est donc avec de
grandes raisons qu'on peut être amené à dire que c'est
l'esprit de solidarité qui est la base des rapprochements entre les
différents acteurs de la communauté internationale, tant il
favorise leur adhésion aux intérêts communs et
partagés. Dès lors, ces rapprochements des uns vers les autres,
la Francophonie, par la bouche de Léopold Sédar SENGHOR, leur
concède l'appellation toute simple de "l'unité". C'est
d'ailleurs à ce titre qu'en 1993, lors du cinquième sommet des
chefs d'Etats et de gouvernements membres de la Francophonie à
l'île Maurice, l'OIF en a fait son thème principal et la formule
consacrée était « l'unité dans la
différence »75(*). Ainsi, la solidarité est un principe
fondateur de la communauté francophone. Elle détermine autant sa
stratégie politique que ses actions de concertation et de
coopération. Dans cet esprit, la Francophonie avec l'ensemble de la
communauté internationale travaille à mettre en oeuvre les
résolutions prises à l'issue des grandes rencontres
internationales et à promouvoir un développement durable et
solidaire.
Outre la liberté, la diversité culturelle et la
solidarité, la Francophonie promeut également comme valeur
fondateur de sa vision, le dialogue ; plus précisément le
dialogue des cultures. En effet, comme le démontre NGOUAKA
TSOUMOU, « lorsque des cultures dialoguent, il y a
nécessairement une synthèse qui s'opère. Cette
synthèse est une formidable richesse explorée par l'Organisation
Internationale de la Francophonie qui convie ainsi l'humanité à
la suivre dans cette voie vers la paix, gage de toute
démocratie »76(*). De ce fait, on parvient alors à
comprendre pourquoi les caciques de la Francophonie affirment qu'elle est un
métissage des valeurs de l'idéal républicain
français et de « la civilisation de
l'universel »77(*) de Senghor. Dit autrement, la Francophonie est
donc Nord, elle est Sud. Ainsi, « le dialogue est une vertu
incontournable, source d'apaisement devant les multiformes défis
qu'imposent les relations internationales »78(*). Dès lors, c'est par le
dialogue que certaines solutions sont trouvées car le dialogue est tout
le contraire de la pensée unique, il admet l'unité dans la
diversité. C'est une voie possible d'accéder au
développement et à la paix.
Paragraphe 2 : L'originalité de la vision des
relations internationales sous l'angle de la Francophonie.
Dans son fonctionnement interne, la
Francophonie offre un modèle où les États interagissent
non pas seulement entre eux mais aussi avec les autres organisations
internationales. Dès lors, sa vision des relations internationales
affiche ouvertement sa proximité avec le paradigme idéaliste
à travers la primauté qu'elle accorde au multilatéralisme
(A) et par sa promotion d'une mondialisation humaniste
(B).
A. La primauté du multilatéralisme.
L'un des principes sur lesquels repose le
libéralisme politique proche du courant idéaliste est de
considérer la guerre, l'injustice et les inégalités comme
des problèmes internationaux « qui requièrent des
actions collectives ou multilatérales pour y mettre un
terme »79(*). Ce à quoi veille la Francophonie qui,
dès sa naissance à Niamey en 1970, a opté pour le
multilatéralisme80(*). En effet, cette dernière refuse la vision
réaliste, une vision pessimiste des relations internationales qui
seraient en soi anarchiques et fondamentalement antagonistes parce que
compteraient l'intérêt égoïste des Etats défini
en termes de puissance. De ce fait, c'est donc cette vision wilsonienne
caractérisée par la primauté du multilatéralisme
qui se dégage des engagements de la Francophonie pour un ordre
international régi non seulement par le droit et la démocratie
mais surtout par le multilatéralisme, qui justifie les liens
étroits qu'elle entretient avec les autres organisations internationales
dont l'ONU et ses institutions sont en bonne place. En effet, grâce
à l'appui accordé aux Nations Unies comme cadre légitime
de régulation des affaires internationales, la Francophonie, et à
travers elle ses États membres, manifeste leur contestation de
l'unilatéralisme nord-américain.
A bien des égards, cette vision qu'a la Francophonie
des relations internationales, marquée par la renonciation à
l'unilatéralisme et à l'uniformisation tels que voulus par le
monde occidentale, en faveur du multilatéralisme semble être
grandement appréciée par les Etats en ce début de
21eme siècle au vu de l'attrait que suscite l'OIF. En effet,
cette dernière n'a cessé d'attirer. Son élargissement
quasi continu en témoigne. Vingt-huit Etats francophones avaient
participé en 1969 à la première Conférence
intergouvernementale des pays partiellement ou entièrement de langue
française, convoqués par le président du Niger, Hamani
Diori, à Niamey en vue de mettre sur pied ce qui deviendra un an plus
tard l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT).
Aujourd'hui, les Etats membres de l'OIF sont au nombre de 80 parmi lesquels on
compte des Etats non francophones qui n'ont aucun lien avec la langue
française (le Qatar) mais qui pourtant adhèrent à cette
vision francophone des relations internationales.
B. La promotion d'une mondialisation humaniste.
Depuis la fin de la guerre froide et la
défaite par abandon de l'Union soviétique dans l'arène
idéologique, le monde est devenu un théâtre d'ordres et de
désordres81(*).
Rien n'est plus figé, tout bouge. Il s'agit dorénavant de vivre
ensemble grâce aux interdépendances économiques
encouragées par la mondialisation. Cependant, dans cette mondialisation
économique que connait le monde aujourd'hui, il règne une
anarchie caractérisée par l'expansion du système
capitaliste qui ; au-delà de tous les avantages qui peuvent en
découler, « coïncide surtout avec un
élargissement quasi général des clivages
sociaux »82(*), notamment entre les pays du nord qui profitent
des nouveaux modes de production et d'échange et les pays du sud pauvre,
qui restent en marge et pâtissent de cette mondialisation mercantile. Il
résulte de cette disparité sociale de grands problèmes
sociaux liés au sous-développement des pays du sud tels que le
chômage, la malnutrition et le développement des
pandémies ; qui constituent une grande source
d'insécurité, comme en témoigne la multiplication des
guerres civiles qui entrainent des flux migratoires et des mouvements de
réfugiés. En outre, force est de constater que cette
mondialisation s'apparente plus à une arène où
règne le chacun pour soi, comme le démontre Philippe
Moreau-Defarges par ces propos, « l'occident riche apparaît
égoïste et myope, redoutant d'être agrippé par les
continents embourbés dans leur pauvreté, lui demandant toujours
de l'argent »83(*).
Dès lors, à cette mondialisation
dépourvue de considération humaine et caractérisée
principalement par le capitalisme et le privilège accordé
à la loi du marché tel qu'on la vis aujourd'hui. La Francophonie
milite pour une mondialisation plus humaniste. En effet, en tant qu'espace
d'échange interculturel mondialisé, de valeurs et de promotion de
biens communs de l'humanité, la Francophonie se pose en pôle
humaniste de promotion et de régulation d'une mondialisation humaniste
et multipolaire. Ainsi, cette dernière se veut non pas comme une
arène où règne le chacun pour soi mais
comme une plateforme de coopération et d'entraide non seulement entre
les pays du nord et ceux du sud, mais également et surtout entre les
pays du sud eux-mêmes.
In fine, il a été démontré tout
au long de cette section que, à travers ses valeurs et la vision qu'elle
a des relations internationales, la Francophonie véhicule des
idéaux très favorables à l'intégration
internationale de ses États membres en général, et des
États Africains en particulier. Et pour matérialiser ces
idéaux, cette dernière s'est fixée des objectifs qui
s'apparentent à une mise en oeuvre des facteurs d'intégration
internationale.
Section 2 : Les objectifs de la Francophonie et la
promotion des facteurs d'intégration internationale.
D'après la charte adoptée le 23 novembre 2005
à Antananarivo, la Francophonie étant consciente des liens que
crée entre ses membres, le partage de la langue française et des
valeurs universelles, souhaite les utiliser au service de la paix, de la
coopération, de la solidarité et du développement
durable84(*). Dès
lors, celle-ci s'est assignée un ensemble d'objectifs qui concourent
aussi bien à promouvoir la paix (Paragraphe 1),
qu'à favoriser le développement (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Les objectifs en faveur de la promotion
de la paix.
Afin de promouvoir la paix, une grande
partie des objectifs de la Francophonie est orientée vers la
prévention des conflits (A), la gestion des crises et
la consolidation de la paix (B).
A. La préservation de la paix par la
prévention des conflits.
Dans son étude des
phénomènes d'intégration et de déviance normative
dans le système international, Soraya Sidani85(*) constate que, l'un des
principaux indicateurs de la non-intégration dans le système
international est la faillite de l'Etat causée
généralement par les conflits. En effet, lorsqu'on observe
attentivement le phénomène d'intégration dans le monde,
force est de constater que le degré d'intégration est très
faible, voire nul dans les régions à forte capacité
d'instabilité où règnent des tensions et des conflits.
Dès lors, le souci étant devenu majeur pour la communauté
internationale, d'apporter des réponses adéquates à
l'exigence de prévention pacifique des crises et des conflits,
considérée comme un des objectifs prioritaires de sa
mobilisation, a conduit au déploiement de stratégies d'actions
différenciées et complémentaires qui, pour reposer
principalement sur une détermination politique à agir trouvant
son expression dans des cadres normatifs et de solidarité, doivent
pouvoir s'inscrire dans des mécanismes appropriés.
La conférence ministérielle de Saint-Boniface
de 2006 sur la prévention des conflits et la sécurité
humaine a illustré la volonté de la Francophonie de participer
pleinement à cet engagement collectif prioritaire, comme elle s'y est
attachée depuis le sommet de Hanoi au titre de la prévention
structurelle et diplomatique. Pour ce faire, elle a développé des
instruments originaux pour l'observation, l'évaluation ou l'alerte
précoce, considérés comme indispensables à une
connaissance plus exacte des situations et des faits. Toutefois, la mise au
point de tels instruments, fiables et consensuels, selon un champ d'observation
et sur la base d'indicateurs acceptés par tous les partenaires
concernés, répond à l'exigence, aussi bien pour des
raisons ethniques qu'opérationnelles, de disposer
d'éléments d'appréciation de la réalisation des
politiques de promotion et de protection des droits de l'Homme et de la
démocratie valorisées, à l'instar de la Francophonie, par
la plupart des organisations internationales, alliant tant le soutient au
renforcement des capacités des pays concernés que la mise en
oeuvre des dispositions graduées prévues en cas de violation des
engagements conçues parfois comme autant de conditionnalités.
Le dispositif spécifique de veille de l'OIF s'inscrit
dans une démarche semblable, selon des caractéristiques
précisées par la Déclaration de Bamako dans le chapitre V
alinéa1 et la note adoptée par le Conseil permanent de la
Francophonie (CPF), en Septembre 2001. Sous l'autorité du
Secrétaire général qui se tient informé en
permanence de l'état des pratiques de la démocratie, des droits
et des libertés dans l'espace francophone, en s'appuyant sur la
Délégation à la paix, à la Démocratie et aux
Droits de l'Homme (DDHDP), il tend, dans un souci de prévention et sur
la base de la grille d'observation du chapitre IV, « à
définir les mesures les plus appropriées en matière
d'appui à l'enracinement de la démocratie, des droits et des
libertés ; d'apporter aux Etats et gouvernements qui le souhaitent
l'assistance nécessaire en ces domaines ; de contribuer à la
mise en place d'un système d'alerte précoce »86(*).
L'option retenue pour donner sa pleine mesure à cette
fonction de veille stratégique est celle d'un mode
déconcentré et participatif impliquant dans la collecte et le
traitement des informations les différents partenaires du processus de
Bamako, mobilisés au sein d'un réseau d'information et de
concertation développé par la DDHDP. Celle-ci est chargée
d'intégrer ces données, enrichies de celles transmises par
l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), les
opérateurs et les représentations permanentes, et de produire des
rapports périodiques et ad hoc à l'attention des
instances et du Secrétaire général qui prend, sur cette
base, les mesures appropriées.
Ainsi, la démarche préventive est
systématiquement imprégnée dans l'ensemble des actions
menées par la Francophonie, non seulement pour éviter
l'émergence d'une crise ou son développement, mais
également à toutes les étapes des processus de paix.
B. La gestion pacifique des crises et la consolidation
de la paix.
Les objectifs de la Francophonie en matière de
promotion de la paix vont au-delà de la simple prévention des
conflits. En effet, comme le fait remarquer le professeur ATANGANA AMOUGOU, la
Francophonie, a transcendé le « périmètre
traditionnel de ses missions »87(*) et se pose aujourd'hui comme acteur dans la
résolution proprement dite des conflits. Ainsi, dans le cadre de son
programme d'accompagnement des situations de crise ou de transition
démocratique, la Francophonie a développé deux axes
majeurs d'intervention à savoir : le soutien politique et technique
aux autorités et acteurs de la résolution du conflit d'une part
et l'appui au rétablissement d'un ordre constitutionnel et
institutionnel d'autre part.
En cas d'éclatement d'une crise ou d'un conflit dans
l'espace francophone, toute l'expertise francophone en matière de
médiation est mobilisée pour l'élaboration et la mise en
oeuvre des accords politiques. Cela se traduit principalement par le
déploiement des missions de médiation et de facilitation par le
Secrétaire général de l'OIF qui désigne
également des envoyés spéciaux pour favoriser
l'émergence de solutions consensuelles de sortie de crise et la
conclusion d'accords de paix durables entre les parties en conflits. En outre,
la contribution de la Francophonie à la résolution des conflits
se traduit également par sa participation aux groupes internationaux de
contact regroupant les représentants des Etats concernés par les
conflits et les organisations internationales. Cette approche globale et
inclusive d'accompagnement des crises vise principalement à assurer un
suivi et un accompagnement à la fois politique et technique des
situations de crise en contribuant à la définition et à la
réalisation des conditions de paix et en mettant à la disposition
des pays concernés une assistance appropriée et coordonnée
pour aider à mettre en oeuvre les accords de paix conclus entre les
protagonistes.
L'action de la Francophonie pour la résolution des
conflits se traduit aussi par la participation aux opérations de
maintien de la paix initiées par l'ONU. En effet, les Chefs d'Etats et
de gouvernement de la Francophonie se sont résolument engagés
lors du Sommet de Québec de 2008 à « renforcer les
capacités des Etats francophones en matière de maintien de la
paix et à les encourager à fournir à l'ONU et aux
organisations régionales compétentes, dans la mesure de leurs
moyens des contingents francophones (militaires, policiers et civils) afin
d'accompagner les transitions et consolider la paix »88(*). Sur la base de ces
dispositions, l'OIF a élaboré une stratégie
opérationnelle afin d'aider à surmonter les obstacles s'opposant
à la participation active des Etats francophones aux opérations
de paix et d'accompagner le renforcement de leurs capacités dans ce
domaine. Des actions de plaidoyer sont menées par le Secrétaire
général de l'OIF auprès des Etats francophones afin de les
sensibiliser aux avantages stratégiques de la participation aux
opérations de paix. A cet effet, comme en témoigne le graphique
suivant, l'on constate une nette augmentation de la contribution francophone
aux opérations de maintien de la paix de l'ONU depuis la
création du poste de Secrétaire général de l'OIF en
1997.
Graphique no1 : Contribution francophone
aux OP de l'ONU 1948-2008.
Source : Réseau
francophone de recherche sur les opérations de paix, 2008.
La Francophonie s'attache également à renforcer
les institutions des pays en transition, qu'elles soient ad hoc ou
permanentes, aux fins de restauration de la stabilité politique et de la
démocratie ainsi que du respect des droits et des libertés. Dans
ce cadre, ses actions se déclinent sous plusieurs aspects tels
que : la participation aux structures de suivi des accords, à titre
d'observateur et/ou de facilitateur ; l'organisation d'activités de
sensibilisation, de formation, d'intériorisation par les acteurs
nationaux des processus de dialogue politique, de concertation et de
plaidoyer ; la production et la diffusion d'informations relatives aux
pratiques de la démocratie, des droits et des libertés, et le
partage d'expériences ; le soutien au renforcement des
capacités matérielles et mise à disposition d'expertises
auprès des institutions de la transition ; l'appui à la
révision ou à l'élaboration des textes fondamentaux ;
et enfin l'envoi d'observateurs aux différentes échéances
électorales.
Paragraphe 2 : Les objectifs en faveur du
développement.
Dans son étude des phénomènes
d'intégration internationale évoquée plus haut, Soraya
Sidani identifie le développement économique et social comme un
facteur d'intégration sur la scène internationale89(*). Ainsi, la Francophonie tend
à favoriser l'intégration internationale de ses Etats membres,
à travers ses objectifs en faveur du développement qui visent
à contribuer par la coopération multilatérale au
développement durable d'une part (A) et à
favoriser l'essor économique de ses Etats membres d'autre part
(B).
A. La contribution par la coopération
multilatérale au développement durable.
Compte tenu de la diversité des situations de ses
membres (pays moins avancés, pays pauvres très
endettés, petits Etats insulaires en développement, pays
enclavés), les différents sommets de la Francophonie ont
réaffirmé la nécessité de combiner de façon
équilibrée un développement durable, une
répartition équitable des résultats de la croissance, une
gestion soucieuse de l'environnement et le respect des différentes
cultures. A cet effet, l'OIF s'engage à agir pour un
développement durable de ces Etats membres en appuyant
l'amélioration de la gouvernance économique, le renforcement des
capacités, la concertation et la recherche de positions communes dans
les grandes négociations internationales. Dès lors, elle
identifie 5 piliers principaux sur lesquels reposent ses objectifs pour un
développement durable à savoir :
· Un développement respectueux de
l'environnement et soucieux de la conservation des ressources
naturelles : en effet, la Francophonie s'est
engagée à faire appliquer les conventions de Rio90(*) et à faire aboutir la
ratification et la mise en oeuvre du protocole de Kyoto91(*). En outre, l'environnement
fait régulièrement partie des thèmes abordés lors
des différents Sommets des Chef d'Etats et gouvernements de l'OIF comme
ce fût le cas du Sommet de Québec dont la Déclaration
prévoyait entre autre : la promotion d'une meilleure gouvernance de
l'eau incluant la gestion transfrontalière des eaux, l'encouragement de
la mise en oeuvre d'initiatives favorisant l'accès durable à
l'eau potable et le soutien aux initiatives qui contribuent à une
gestion responsable et durable des forêts et la lutte contre la
déforestation et la désertification92(*).
· Un développement économique
continu : la Francophonie se donne pour objectif de
renforcer la solidarité économique en faveur du
développement conformément aux recommandations des ministres
francophones de l'économie réunis à Monaco en 1999. En
effet, rien n'est possible sans l'économie et la Francophonie s'en est
rendue compte comme l'atteste la déclaration finale du colloque
organisé par l'Université Senghor en 2007 sur le thème
« Economie et Francophonie » qui affirmait que :
« la Francophonie a besoin d'une stratégie de
développement économique sans laquelle ses actions en
matière de solidarité, de démocratie et de
développements durable resteront fragiles »93(*).
· Un développement fondé sur la
démocratie, l'état de droit et les droits de
l'homme : pour la Francophonie, une vie politique
apaisée et la jouissance par les citoyens de tous leurs droits, objet de
la Déclaration de Bamako, sont en effet des éléments
indissociables du développement durable. En outre, la gestion des
affaires publiques conforme aux principes de la bonne gouvernance est
essentielle pour une redistribution plus équitable des ressources.
· Un développement social
équitable qui prend appui sur l'éducation et la formation :
la Francophonie considère, la formation et
l'éducation comme des fondements du développement durable. C'est
la raison pour laquelle, l'OIF dispose d'une direction de l'Education qui
travaille en étroite collaboration avec la CONFEMEN, l'Université
Senghor et l'AUF qui pour sa part, est entièrement vouée aux
coopérations universitaires, car l'enseignement supérieur joue
un rôle primordial dans la construction des sociétés.
· Un développement attentif à
la diversité culturelle et linguistique : en effet,
le plein respect de la promotion de la diversité culturelle et
linguistique constitue l'un des piliers du développement durable pour la
Francophonie. C'est pour cette raison que l'OIF, en collaboration avec les
ambassadeurs francophone à l'UNESCO, s'est énormément
impliquée dans l'élaboration et l'adoption, en 2005, de la
« Convention sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles ». Elle s'est ensuite engagée
auprès de ses membres pour une ratification large et une entrée
en vigueur rapide. En juin 2008, 83 États avaient déposé
leurs instruments de ratification auprès de l'UNESCO, parmi lesquels, 43
membres de la Francophonie.
B. Favoriser l'essor économique des Etats.
Afin de contribuer à l'essor
économique de ses Etats membres, la Francophonie concentre son action
sur les deux principaux axes que sont : l'appui aux politiques de lutte
contre la pauvreté et le soutien à l'intégration des pays
francophones en voie de développement dans l'économie
mondiale.
Dans le cadre de sa politique d'appui au développement
local et solidaire pour la lutte contre la pauvreté, l'OIF se donne pour
objectif d'apporter son appui et son expertise aux acteurs économiques
locaux en les accompagnants dans la réalisation d'actions
démonstratives visant la mise en place de petites unités
formelles. L'objectif global étant de favoriser le développement
et l'ancrage d'une économie solidaire de proximité efficace,
c'est-à-dire un tissu économique local caractérisé
par un nombre significatif de petites entreprises, d'équipements
artisanaux et commerciaux, et de services aux particuliers. L'action de la
Francophonie en la matière s'inscrit dans la logique des objectifs du
millénaire pour le développement et plus particulièrement
celui de réduire de moitié l'extrême pauvreté et la
faim d'ici à 2015. Au-delà de l'appui au développement
local, les objectifs de la Francophonie en faveur de la lutte contre la
pauvreté visent également à favoriser le
développement d'institutions de microfinances qui, comme les
technologies de l'information et de la communication, peuvent avoir des effets
multiplicateurs permettant notamment aux femmes et aux jeunes de trouver plus
facilement un emploi ou de s'en créer. De même elle vise aussi
à l'incitation au développement du secteur privé et de
l'investissement par le renforcement de la capacité des Etats à
établir, notamment par la définition et la mise en place de
cadres réglementaires et une gouvernance favorable à la
création d'activités économiques tel qu'indiqué
dans son cadre stratégique94(*).
L'intégration accrue des pays les moins avancés
et des pays en développement francophones dans l'économie
mondiale est l'un des éléments-clé d'une stratégie
de développement économiquement durable et équitable. Cela
nécessite une capacité accrue des Etats à faire valoir
leurs intérêts dans les négociations internationales et
à défendre leurs projets auprès des institutions
financières internationales et des coopérations
bilatérales et multilatérales. A cette fin, l'OIF suscite des
concertations visant à permettre l'échange d'informations et
l'élaboration de positions communes entre ses Etats membres lors des
forums internationaux. Elle privilégie simultanément les actions
visant l'amélioration de la gouvernance, indispensable condition
d'accès aux ressources internationales publiques et aux investissements
directs du secteur privé.
Ce chapitre avait pour but de montrer que la Francophonie
véhicule des idéaux favorables à l'intégration
internationale des Etats Africains. Durant cette première analyse, nous
avons constaté en effet que la Francophonie prône la
diversité culturelle et la solidarité comme compagnons de la
liberté, le dialogue comme outil de la paix. Elle choisit pour
l'accès à l'universel, la synthèse des différences
et non l'affirmation d'un modèle unique et dominant, et
privilégie l'approche multilatérale. Ces valeurs fondent son
universalisme et mettent en avant sa vision spécifique des relations
internationales qui accorde une primauté au multilatéralisme et
à la promotion d'une mondialisation humaniste ; vision qu'elle
partage d'ailleurs, avec d'autres organisations. De plus, la Francophonie s'est
fixée un ensemble d'objectifs qui font d'elle un acteur dans la mise en
place des facteurs de paix et de développement qui sont indispensables
à l'intégration internationale de ses États membres en
général et des États Africains francophones en
particulier. Outre ces valeurs et objectifs, le rôle de la Francophonie
en tant que vecteur d'intégration internationale se traduit
également par ses stratégies politico-diplomatiques.
CHAPITRE II
LES STRATEGIES POLITICO-DIPLOMATIQUES DE LA
FRANCOPHONIE : DES VOIES PROPICES À L'INTEGRATION INTERNATIONALE
DES ETATS AFRICAINS.
« La crise mondiale, aux effets graves et
multiples, qui touche de plein
fouet tous les Etats et gouvernements membres de
l'OIF, nous incite
à nous montrer plus exemplaire et plus
attentifs encore dans le choix
des
méthodes et des manières d'agir. »95(*)
Ce chapitre nous plonge dans l'étude des
stratégies politico-diplomatiques que la Francophonie met sur pied afin
de réaliser ses objectifs et de mieux se déployer sur la
scène internationale. L'on ne saurait dissocier l'action de
coopération politique de la Francophonie de son déploiement
diplomatique car « l'action de coopération fait partie de
la diplomatie francophone »96(*). Pour mieux saisir la portée de cette
assertion, tout en prévenant d'éventuelles confusions pouvant
résulter d'une mauvaise lecture ou d'une interprétation qui
pourrait s'avérer excessive, on peut se référer à
jacques CHAZELLE qui précise avant tout que la science et/ou l'art qui
s'attelle à la gestion des relations internationales, à
l'exception de l'expansion commerciale et des investissements financiers, ne
s'appelle pas autrement que la diplomatie97(*). En d'autres termes, cela veut dire que la conduite
de toute politique internationale quelle que soit la forme qu'elle peut
revêtir est d'abord par excellence le fait de la diplomatie. Toutefois,
dans le cadre de cette étude, l'on s'interroge sur la contribution de
l'action politico-diplomatique de la Francophonie dans la dynamique
d'intégration internationale de ses États membre en
général et des États Africains en particulier. A cet
effet, il faut noter que la Francophonie dans son déploiement sur la
scène internationale veille à adapter ses interventions à
chacun des contextes et aux besoins de ses États membres. Pour cela,
elle a mis sur pied à la fois une stratégie politique
basée sur une double coopération (section 1), de
même qu'une stratégie diplomatique propice pour une
intégration internationale de ces Etats membres en général
et des États Africains francophones en particulier (section
2).
Section 1 : Une Francophonie politique
basée sur une double coopération.
La stratégie politique de la Francophonie est
basée à la fois sur une coopération interne au sein de
l'Organisation internationale de la Francophonie (Paragraphe
1), et une coopération externe entre l'OIF et les autres
entités internationales (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La coopération interne de la
Francophonie.
La coopération interne de la
Francophonie se matérialise non seulement à travers les rapports
entre l'OIF et ses Etats membres (A), mais également
entre l'OIF, les Organisations de la société civile (OSC) et les
ONG qu'elle accrédite (B).
A. La coopération entre l'OIF et ses
États membres.
La particularité de la Francophonie
politique réside dans la synergie qu'elle génère entre les
Etats qui la constituent et dont la coopération constitue
précisément le moyen d'expression. En effet, la
coopération en Francophonie est caractérisée par la
politique de soutien réciproque ou encore la politique d'aide technique,
économique, scientifique et culturelle apportée par les Etats
industrialisés aux Etats moins développés dont l'OIF se
fait le vecteur privilégié. Ainsi, dans la sphère de la
Francophonie, la coopération est le domaine des actions concrètes
où s'applique, s'expérimente et se promeut la solidarité
entre les pays membres de l'OIF, notamment entre ceux du Nord et ceux du Sud
dont la plupart sont pauvres et sous-développés. Dès lors,
le concept de coopération interne en Francophonie est relatif à
toute politique d'aide au développement apportée par les pays
francophones développés comme la France, la Suisse, le Canada ou
tout autre pays développé membre de l'OIF, aux pays pauvres du
Sud qui peuplent cette Organisation, et dont la grande majorité sont les
États africains.
La Francophonie veille effectivement au développement
d'une coopération accrue entre ses Etats membres dans tous les domaines
car, celle-ci est essentielle et dans tous les cas indispensable pour
témoigner de la solidarité entre les Etats et gouvernements
francophones, et bien plus, pour justifier de l'intérêt de la
Francophonie politique. Cela est d'autant vrai que, par exemple, la
Conférence ministérielle sur la prévention des conflits et
de la sécurité humaine à Saint-Boniface les 13 et 14 mai
2006 a permis selon le Secrétaire général de la
Francophonie « de confirmer le besoin accru d'une
coopération entre Etats et gouvernements francophones en matière
de sécurité au service du développement et en particulier
en matière de maintien de la paix »98(*)
Pour la Francophonie, la coopération solidaire se
matérialise à travers la réalisation des projets de
développement d'intérêt communautaire dont l'objectif final
consiste à réduire la fracture de pauvreté trop criarde
entre les Etats et gouvernements membres de l'OIF. Dès lors, cette
coopération contribue notamment à limiter les tensions
sociopolitiques en encourageant le développement économique et
social, entendu ici dans le sens de François PERROUX que cite Kitsoro
KINZOUNZA, c'est-à-dire, la capacité pour une
société : « de puiser en son sein propre,
l'essentiel des ressources lui permettant de relever les défis de
quelque ordre que ce soit (...) qui peuvent se poser à
elle »99(*).
Le rôle de la Francophonie comme vecteur de
coopération entre les Etats francophones se traduit également
à travers son dispositif institutionnel qui privilégie les
rencontres directes entre les représentants des Etats.
Graphique no2 : Organisation
institutionnelle de la Francophonie.
SOMMET DES CHEFS D'ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT
CONFERENCE MINISTERIELLE DE LA FRANCOPHONIE
CONSEIL PERMANENT DE LA FRANCOPHONIE
SECRETAIRE GENERAL DE LA FRANCOPHONIE
CONSEIL DE COOPERATION
OIF
OPERATEURS DIRECTS DES SOMMETS
Université Senghor d'Alexandrie
AIMF
AUF
TV5
APF
En effet, comme l'on peut le constater sur le tableau
précédant, la Francophonie est composée d'organes qui
constituent des viviers de coopérations entre ses différents
Etats membres. Il s'agit de:
· Du Sommet des chefs d'États et de gouvernement
qui est l'instance suprême de la Francophonie. Réunie tous les
deux ans, ce Sommet est un grand moment de rencontre et de dialogue au plus
haut niveau entre les chefs d'Etats et de gouvernements membres de l'OIF au
cours duquel des partenariats sont tissés.
· La conférence ministérielle de la
Francophonie qui assure entre deux ans la continuité politique de
l'action francophone. Chaque membre des Sommets y est représenté
par son ministre des Affaires étrangères ou le ministre en charge
de la Francophonie.
· Le conseil permanent de la Francophonie.
Présidé par le Secrétaire général, ce
conseil est composé des représentants personnels dûment
accrédités par les chefs d'Etats ou de gouvernements membre de
l'OIF. Celui-ci dispose de quatre commissions : la commission politique,
la commission économique, la commission de coopération et de
programmation et la commission administrative et financière.
· Les opérateurs directs des sommets que
sont : l'AUF qui est le pilier de la coopération universitaire et
de la recherche ; TV5 qui a pour vocation le rayonnement du secteur
audiovisuel francophone ; l'Université Senghor d'Alexandrie qui
forme et perfectionne des cadres et des formateurs francophone de haut niveau
dans les domaines du développement et l'AIMF qui est
l'opérateur de la Francophonie pour la coopération
décentralisée.
Outre ces organes principaux de la Francophonie,
celle-ci s'appuie également sur d'autres organes de coopérations
que sont la CONFEMEN ; qui organise la coopération entre les Etats
francophones dans le domaine de l'éducation, la CONFEJES qui en fait
autant dans les domaines de la jeunesse et des sports et l'APF qui conduit des
actions de coopérations interparlementaires francophones principalement
en directions des parlements du Sud.
B. Coopération entre l'OIF et les OSC et
ONG.
La coopération interne de la
Francophonie ne se limite pas seulement entre l'OIF et ses Etats membres. En
effet, l'intérêt grandissant pour la Francophonie doit beaucoup
à la société civile, son rôle fondateur dans la
construction de la communauté francophone doit être
souligné car c'est par l'action de ses militants que la Francophonie
avance. Les organisations de la société civile (OSC) sont les
multiplicateurs d'une Francophonie aux moyens limités. C'est pour mieux
prendre en compte cet apport et mieux l'associer à ses programmes que la
Francophonie institutionnelle a développé depuis sa
création des relations de partenariat et de coopération avec les
OSC et les Organisations Non Gouvernementales. Cette coopération est
précisément prescrite par la charte de l'OIF qui reconnaît
l'apport des « nombreux militants de la cause francophone et les
multiples organisations privées et publiques »100(*).
Ainsi, depuis de nombreuses années, les ONG sont les
partenaires à part entière de la Francophonie. Par leur
intermédiaire, l'OIF est à l'écoute de la
société civile. En les associant à la mise en oeuvre de
certains de ses programmes de coopération et en les consultants
régulièrement, elle s'enrichit de leurs expériences
d'acteurs de terrain proches des préoccupations des populations. De
même que l'OIF, les différents opérateurs de cette
organisation développent des actions concrètes de
coopération avec les ONG et OSC travaillant sur les sujets
d'intérêts communs. Ce partenariat opérationnel prend corps
au sein des divers programmes et projets déployés par la
Francophonie. Par ailleurs, l'OIF apporte son appui aux ONG et OSC oeuvrant
dans les domaines prioritaires de la Francophonie. A cet effet, un
répertoire regroupant toutes les organisations désireuses
d'échanger avec l'OIF des informations dans des domaines
d'intérêt mutuel a été constitué et celui-ci
compte près de 80 ONG et OSC parmi lesquelles on peut citer la
Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)
qui a pour objectif de diffuser et de promouvoir les droits de l'homme, de
lutter contre leur violation et d'exiger leur respect ; Reporter sans
frontières qui multiplie les actions en faveur de la liberté
de la presse ou encore l'association Environnement et développement
du tiers monde qui a pour mission principale de contribuer à la
lutte contre la pauvreté, pour la diversité culturelle et le
développement durable101(*).
Dans l'objectif de pérenniser cette
coopération, le Secrétaire général de l'OIF
convoque tous les deux ans une conférence des OING, ONG et des OSC tel
que le prescrit l'article 12 de la Charte. En outre, le président du
comité de suivi, élu par la conférence des OING et des
OSC, est admis, sur invitation du Secrétaire général aux
travaux du Conseil Permanent de la Francophonie portant sur les questions de la
coopération en qualité d'observateur.
Paragraphe 2 : La coopération externe de la
Francophonie.
Dans son article 9, la charte de la
Francophonie dispose que : « L'OIF collabore avec les
diverses organisations internationales et régionales sur la base des
principes et formes de coopération multilatérale
francophone »102(*). Ainsi dans sa stratégie politique,
l'OIF entretient des relations de coopérations non seulement avec la
principale organisation internationale qu'est l'ONU (A), mais
également avec les autres organisations internationales
(B).
A. La coopération entre l'OIF et l'ONU.
Si l'OIF entretient des
relations de partenariat concrétisées par des accords de
coopération avec plusieurs organisations internationales, il faut
cependant relever qu'elle accorde un privilège particulier au
système des Nations Unies. En effet, l'intégration progressive de
la Francophonie dans le tissu des acteurs des relations internationales s'est
fait dans le sillage de l'évolution générale de la
politique de coopération de l'ONU avec les organisations
régionales103(*).
Les Organisations telles que l'OIF occupent une place
importante dans la politique de coopération menée par l'ONU avec
les organisations régionales surtout dans le domaine sécuritaire
qui au-delà du cadre militaire, englobe aujourd'hui sous le terme de
sécurité humaine, des considérations propres aux
domaines économiques (ex : développement) sociaux (ex :
identité) et politiques (ex : doits de l'homme)104(*). En effet, pour faire face
aux défis sécuritaires, les organisations comme l'OIF se montrent
bien souvent mieux équipées et mieux adaptées sur le plan
de l'information, de l'expertise et de la flexibilité. Elles sont
également plus à même de prendre en compte les enjeux
culturels souvent inhérents aux nouveaux défis. En effet, plus la
mondialisation avance, plus la reconnaissance des particularités locales
et régionales augmente. L'expression de la diversité du monde
requiert ainsi de faire interagir des processus politiques qui se
déroulent aux niveaux national, continental, et mondial. Ce qui explique
le rôle plus important qui est accordé par l'ONU aux organisations
régionales.
La coopération entre l'Organisation des Nations Unies
et les organisations régionales se formalise par des accords de
coopération105(*). Celui qui lie l'ONU et l'OIF a été
signé en juin 1997, au moment où l'OIF s'est dotée d'un
Secrétaire général et a pris une véritable
dimension politique. Cet accord prévoit plusieurs modalités de
coopération, telles que l'échange d'informations, la
participation conjointe à des projets d'intérêt commun, une
représentation mutuelle aux réunions et conférences de
l'une et l'autre, une conjugaison de leurs efforts en matière de
production d'informations techniques et juridiques et une coopération
entre les secrétariats des deux organisations. La coopération
entre ces deux organisations a fait l'objet de plusieurs
résolutions106(*)
de l'Assemblée Générale des Nations Unies et
parallèlement l'OIF a signé 12 accords de coopération avec
des institutions du système onusien telles que l'UNICEF, l'UNESCO, le
CNUCED, l'ONUDI etc.
Grace à l'accord de coopération qui lie l'OIF
à l'ONU, la Francophonie a pu à maintes reprises apporter une
contribution significative à la réalisation des objectifs de
l'ONU notamment dans le domaine du maintien de la paix et de la
sécurité. Ainsi, la Francophonie a su répondre aux
attentes de l'Assemblée Générale de l'ONU qui avait
appelé les Etats à approfondir le concept de
sécurité humaine, avec l'organisation de la conférence
ministérielle de Saint-Boniface, en mai 2006, sur le thème
précisément de la prévention des conflits et la
sécurité humaine107(*). Aussi, l'OIF contribue-t-elle de façon plus
directe aux initiatives de règlement pacifique des conflits
initiés par l'ONU, avec l'envoi sur le terrain de médiateurs,
d'observateurs et de missions d'information et de contacts, impliqués
aux cotés des acteurs de l'ONU. En outre, l'OIF et l'ONU ont
également renforcé leur coopération dans un domaine dans
lequel la Francophonie a depuis longtemps fait ses preuves, celui de
l'observation et de l'assistance électorale, avec ces dernières
années, plusieurs opérations conjointes dans les pays
francophones.
B. Coopération entre l'OIF et les autres
Organisations Internationales.
Le nombre de pays participant à la
Francophonie lui assure une présence dans toutes les grandes
régions du monde et dans autant d'organisations. En effet, en dehors de
l'ONU, l'OIF noue également des synergies et développe des
partenariats avec les autres organisations internationales et régionales
afin d'enrichir l'offre de la coopération multilatérale
francophone en direction de ses États et gouvernements. Ainsi, outre sa
représentation permanente auprès de l'ONU, l'OIF a
également établi d'autres représentations permanentes
auprès de l'Union Africaine et de la commission économique pour
l'Afrique de l'ONU à Addis-Abeba et auprès de l'Union
européenne et du groupe des pays d'Afrique, des Caraïbes et du
pacifique (ACP) à Bruxelles.
Comme celle de l'ONU, ces représentations permanentes
ont pour objectif de développer la présence et la
solidarité francophones dans ces organisations internationales. Elles
favorisent les échanges d'informations et la coopération dans le
cadre des relations institutionnelles liant la Francophonie à ces
différentes organisations. En plus de leur mission de
représentations permanentes de l'OIF auprès des institutions,
elles suivent et analysent les travaux des conférences, organisent et
assurent la concertation régulière des Etats et gouvernements
membres de la Francophonie, et facilitent le secrétariat des groupes
francophones auprès des organisations concernées.
En dehors de ces organisations au sein desquelles la
Francophonie dispose d'une représentation permanente, l'OIF entretient
également des partenariats concrétisés par des accords de
coopération avec plusieurs autres organismes internationaux. Par
ailleurs, les pays membres de l'OIF font également partie de nombreuses
organisations internationales dans lesquelles ils font entendre leur voix et
revendiquent leur spécificité francophone.
Tableau no1 : Coopération entre
l'OIF et le autres Organisations internationales.
Source : Rapport du
Secrétaire général de la Francophonie, de Ouagadougou
à Bucarest 2006.p.135.
Si bon nombre des accords de coopération entre l'OIF
et certaines organisations sont restés lettre morte dans la pratique,
ils reflètent tout de même la volonté de la Francophonie de
s'intégrer pleinement dans le tissu de plus en plus dense des acteurs du
système international. De plus, plusieurs de ces partenariats de
coopération ont produit des résultats positifs tels que celui
avec l'OMC pour l'Amélioration de l'expertise des pays francophones en
négociations commerciales multilatérales, celui avec l'Union
européenne pour l'amélioration des capacités des pays ACP
dans la formulation, la négociation et la mise en oeuvre de politiques
commerciales, ou encore le partenariat avec l'UNESCO qui a permis l'adoption de
« la Convention sur la Protection et la Promotion de la
Diversité des Expressions Culturelles » le 20 octobre
2005.
Ainsi, il a été démontré tout au
long de cette section que les stratégies politiques de la Francophonie
reposent à la fois sur une coopération interne qui n'est pas
exclusive aux rapports entre l'OIF et ses Etats membres mais qui inclut
également les relations avec les Organisations de la
société civile et les Organisations non gouvernementales. De
même, cette politique repose aussi sur une coopération externe
diversifiée entre l'OIF et les autres organisations internationales.
Cependant, pour marquer un peu plus sa présence dans le système
international, la Francophonie développe également une
stratégie diplomatique qui contribue beaucoup à
l'intégration internationale de ses États membres.
Section 2 : Une stratégie diplomatique
propice à l'intégration internationale.
Dans les relations internationales, la
diplomatie constitue par excellence, « le lieu
privilégié du dialogue entendu comme moyen de communication ou de
conversation débouchant sur un échange de vues entre les
différents acteurs de la communauté
internationale »108(*). La Francophonie dans ses rapports avec les
autres acteurs de la communauté internationale, possède une
stratégie diplomatique qui est mise en oeuvre par des acteurs
stratégiques bien définis (Paragraphe 1), et
qui a des caractéristiques particulières, propices à
l'intégration internationale de ses Etats membres (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Les acteurs stratégiques de la
diplomatie francophone.
Dans son déploiement diplomatique, la Francophonie
s'appuie principalement sur le corps diplomatique de l'OIF constitué du
Secrétaire Général et ses collaborateurs
(A), mais également sur la force diplomatique que
constituent les groupes des ambassadeurs francophones (B).
A. Le corps diplomatique de l'OIF.
La stratégie diplomatique de la
Francophonie est principalement mise en oeuvre par le corps diplomatique de
l'Organisation Internationale de Francophonie qui a à sa tête le
Secrétaire général de l'Organisation et est composé
d'un personnel permanent accrédité auprès de l'ONU et des
autres organisations internationales et régionales, d'un personnel
spécial qui agit directement sur le terrain dans des périodes de
crises et de certains fonctionnaires de l'organisation.
Le Secrétaire général de l'OIF est le
premier diplomate de la Francophonie, puisqu'il est d'après l'article 6
de la charte de l'OIF, « le porte-parole politique et le
représentant officiel de la Francophonie sur la scène
internationale »109(*). Elu par les chefs d'Etats et de gouvernement
membres de l'OIF, pour un mandat de 5 ans, il assure un lien direct entre les
instances et le dispositif opérationnel de la Francophonie. A cet effet,
il est le dépositaire de l'action diplomatique multilatérale de
la Francophonie sur la scène internationale comme l'indique l'article 8
de la charte qui stipule que dans le domaine de la coopération, le
secrétaire général est « responsable de
l'animation de la coopération multilatérale
francophone »110(*). Pour l'accomplissement de ses fonctions
diplomatique, le secrétaire général de la Francophonie
s'appuie à la fois sur un administrateur nommé par lui pour un
mandat de quatre ans qui a pour mission « d'exécuter,
d'animer et de gérer la coopération intergouvernementale
multilatérale »111(*), mais également sur les
représentants permanents de l'OIF en poste auprès des
différentes organisations internationales situées à
Addis-Abeba, à Bruxelles, à Genève et à New-York,
qui agissent comme relais de l'action diplomatique du secrétaire
général sur la scène internationale. Outre ces officiels,
le Secrétaire général de l'OIF dans ses missions
diplomatiques s'appuie également sur un vivier d'experts et de hautes
personnalités à qui il confie des missions ponctuelles
d'observation, d'information et de facilitation lors de situations de crises ou
de conflits dans l'espace francophone. A ce sujet, il faut noter que la
Francophonie se distingue par les personnalités que le secrétaire
général parvient à mobiliser pour le représenter
sur le terrain des crises. En effet, les représentants et envoyés
spéciaux du secrétaire général comptent parmi les
plus hautes personnalités politiques francophones et
particulièrement africaines telles que l'ancien président du
Bénin Emile Derlin Zinsou, l'ancien président du Burundi Pierre
Buyoya ou encore l'ancien secrétaire général de l'OUA
Idé Oumarou qui ont à maintes reprises effectuée des
missions de facilitation et de médiation dans les pays en situation de
crise.
Enfin, certains fonctionnaires de l'OIF, notamment le
délégué à la paix, aux droits de l'Homme et
à la démocratie, peuvent également être
amenés à jouer un rôle diplomatique, à l'occasion de
leur participation à certains séminaires, colloques ou autres
réunions internationales de haut niveau.
B. Les Groupes d'Ambassadeurs francophones.
Les concertations francophones dans les enceintes
internationales sont des espaces de dialogue diplomatique et d'échanges
d'information originaux qui complètent les concertations francophones
institutionnelles, que sont les Sommets des Chefs d'Etats et de gouvernements
membres de l'OIF, les conférences ministérielles et les
réunions du conseil permanent de la Francophonie112(*). Ces concertations dans les
organisations internationales sont menées aux seins des Groupes
d'Ambassadeurs francophones qui existent dans les villes où
siègent des instances onusiennes ou des organisations régionales
et rassemblent tous les Ambassadeurs francophones accrédités
auprès de ces organisations internationales ou régionales.
Les Groupes d'Ambassadeurs francophones se regroupent
régulièrement et travaillent généralement sur les
questions à l'ordre du jour sur l'agenda international qui varient selon
les exigences internationales. Il peut s'agir :
· D'esquisser une réflexion sur un sujet nouveau
afin d'évaluer la possibilité d'inscrire désormais la
question dans les objectifs et les programmes de l'Organisation (exemple : les
réflexions francophones autour de la Diversité et des droits
culturels ou autour du concept de «sécurité humaine»).
· D'identifier, en prélude à une
conférence internationale multilatérale, des points de
convergence francophones (exemple : concertations à l'OMC ou lors du
Sommet mondial sur la société de l'information).
· D'établir un cadre de discussion permanent lors
d'une négociation internationale multilatérale (exemple : le
processus de concertation du groupe des ambassadeurs francophones à New
York lors des débats sur la réforme de l'ONU).
· D'affirmer un soutien francophone solidaire à
l'occasion de l'élection soit d'un candidat, soit d'un pays francophone,
au sein d'une organisation internationale multilatérale.
· De s'informer mutuellement, à la veille de la
session d'un organe multilatéral (exemple : les concertations en
prélude aux sessions de la Commission, puis du Conseil des droits de
l'Homme à Genève).
· D'énoncer des objectifs francophones pour
promouvoir la langue française au sein des organisations internationales
(exemple : l'adoption en 2006 par le groupe des ambassadeurs francophones de
New York du document : Promouvoir la langue française à
l'ONU).
Ainsi, de manière pragmatique et empirique, les
concertations au sein des Groupes d' Ambassadeurs francophones se sont
progressivement imposées comme un instrument privilégié de
dialogue, d'information et de décision pour la Francophonie et, cette
fonction est particulièrement importante dans la mesure où l'OIF
transcende les différents groupes régionaux et permet de
surmonter les blocages ou les incompréhensions113(*) qui sont monnaies courantes
dans les enceintes internationales.
Paragraphe 2 : Les caractéristiques de la
diplomatie francophone.
La stratégie diplomatique de la Francophonie comporte
deux volets qui ont des caractéristiques propres. En effet, celle-ci est
à la fois basée sur une diplomatie francophone bilatérale
(A) et une diplomatie multilatérale
(B).
A. Une diplomatie bilatérale.
L'on entend par "diplomatie francophone
bilatérale" l'ensemble des relations interétatiques ou
intergouvernementales qui régissent deux Etats ou deux gouvernements
membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie114(*). Forte de la
diversité économique de ces Etats membres (pays pauvres, pays
riche, pays très endettés...), la Francophonie se
révèle être une tribune privilégiée
d'expression de la diplomatie francophone bilatérale. Notamment à
travers les rencontres de haut niveau tenues entre les chefs d'États
membres de l'OIF.
En effet, de même que les Sommets de la Francophonie
constituent l'instance suprême sur le plan multilatéral, de
même ils le sont tout autant sur le plan bilatéral car, la
diplomatie francophone bilatérale dispose au cours de ces sommets d'une
tribune majeure pour s'exprimer en marge des travaux. D'ailleurs bien souvent
certains Chefs d'État et de gouvernements saisissent bien cette
opportunité pour réchauffer leurs relations bilatérales
à travers des rendez-vous et autres contacts multiformes qu'ils prennent
à l'occasion des Sommets. De plus, au regard du volume
élevé de consultations bilatérales qui se déroulent
entre les Chefs d'Etat et de gouvernement en marge de ces sommets, l'on peut
sans difficulté adhérer à l'hypothèse de
NGOUKA-TSOUMOU pour qui, « les Sommets de la Francophonie
constituent une aubaine pour certains Etats francophones pauvres qui en
profitent pour affermir davantage leurs relations bilatérales avec tel
ou tel autre partenaire dont la position géographique rend parfois
irrégulière et très onéreuse l'organisation d'une
visite officielle »115(*).
L'importance que revêt la diplomatie francophone
bilatérale qui s'opère aux cours des rencontres francophones de
haut niveau se justifie par les résultats positifs qui en
découlent. En effet, au cours des Sommets de l'OIF, certains Etats
prennent des décisions qui impliquent bien souvent la diplomatie
bilatérale. Ainsi par exemple, certains Etats créanciers au
constat que la ruine de leurs débiteurs ne leur permettra pas de
facilement recouvrer leurs créances, ont décidés, au nom
de la solidarité objective née de l'appartenance à la
même communauté francophone, d'annuler purement et simplement
certaines ardoises des pays les plus démunis. C'est
précisément dans ce contexte qu'il convient d'interpréter
la décision hautement souveraine prise par le canada d'annoncer
« L'effacement de la dette publique de sept pays francophones
»116(*) lors
du deuxième Sommet de la Francophonie tenu en 1987 à
Québec.
Au bout du compte, il devient possible, après analyse
et synthèse, de souligner que les caractéristiques de la
diplomatie francophone au niveau bilatéral, telles qu'elles se trouvent
développées plus haut, participent de la pérennisation des
relations de dépendance réciproque nécessaires à la
dynamique de cohésion des États et gouvernements au sein de
l'Organisation Internationale de la Francophonie.
B. Une diplomatie multilatérale.
En dehors d'une diplomatie francophone bilatérale
très dynamique au sein de l'OIF, la Francophonie, dans sa
stratégie diplomatique mise également sur une diplomatie
multilatérale basée sur ses multiples partenariats
internationaux. En effet, pour une organisation comme l'OIF, travailler en
complémentarité avec les autres acteurs de la scène
internationale est un choix stratégique fondé sur les valeurs de
solidarité et de partage dont elle se fait la promotrice. A cet effet,
non seulement la Francophonie ne manque jamais de participer aux rencontres
multilatérales organisées par ses partenaires ; mais aussi,
elle-même prend régulièrement l'initiative d'en organiser.
Offrant ainsi des effets de levier et apportant sa valeur ajoutée dans
les grands enjeux internationaux au bénéfice de ses pays membres
et de leurs populations. Ainsi par exemple, l'OIF à organisé
à Paris un colloque international117(*) portant sur : le partenariat entre l'OIF, l'ONU
et l'UA autour de la gestion des crises, de la consolidation et du maintien de
la paix, de l'accompagnement des processus électoraux dans l'espace
francophone ; la valeur ajoutée des partenariats OIF-UE et OIF-ACP
dans l'accompagnement des dynamiques de coopération triangulaire et
Sud-Sud en faveur de l'efficacité de l'aide au développement.
Grace au dynamisme de la diplomatie multilatérale que
mène l'OIF, la Francophonie s'affirme aujourd'hui comme un partenaire
actif des différentes organisations internationales sur divers chantiers
de réflexion mais aussi sur des dossiers d'actualité
brûlants comme sur des questions d'intérêt mutuel à
un grand nombre de pays francophones. Ainsi, à titre d'illustration,
l'OIF a été convié à prendre part aux travaux de la
treizième session de la Cnuced sur le thème :
« une mondialisation centrée sur le
développement : vers une croissance et un développement
équitable et durable »118(*), au cours duquel elle a mis l'accent sur la
convergence des stratégies de développement et la mobilisation en
faveur des financements innovants. A l'occasion de cette session,
Clément Duhaime, Administrateur de l'OIF et représentant
spécialement le Secrétaire général, a
participé à l'animation d'une rencontre aux côtés
notamment de Mohamed Ibn Chambas, Secrétaire général du
groupe d'Etats ACP et Pascal Lamy, directeur général de
l'Organisation mondiale du commerce119(*).
La diplomatie multilatérale de la Francophonie se
traduit également par la signature par le secrétaire
général de l'OIF de multiples accords de coopération avec
les autres organisations internationales qui animent la scène
internationale. A cet effet, on peut citer comme exemples l'accord-cadre
signé le 21 mai 2012, au siège de l'OIF, par le Secrétaire
général de la Francophonie et de la directrice exécutive
de l'ONU-Femmes, Michelle Bachelet, de même que le mémorandum
d'entente signé le 31 mai 2012 avec Francis Gurry, directeur
général de l'Ompi120(*). En outre, le caractère multilatéral
de la stratégie diplomatique de la Francophonie se traduit
également par les unions que celle-ci noue avec des organisations soeurs
telles que le Commonwealth, afin de mieux peser sur la scène
internationale. En effet, l'OIF et le Commonwealth se sont unis plusieurs fois
pour défendre des causes communes. A cet effet, la Francophonie
contribue régulièrement aux travaux du G20 dans le cadre d'une
association régulière et étroite avec le Commonwealth.
C'est ainsi par exemple qu'en 2010, le Premier Ministre Canadien alors
président du G8 et du G20, lors d'une rencontre avec les
Secrétaires généraux de l'OIF et du Commonwealth, avait
recueilli et entendu le plaidoyer conjoint des deux organisations en faveur de
leurs membres les plus pauvres et les plus vulnérables. Il en a
été de même en avril 2012, lorsque le Président
mexicain qui assurait la présidence du G20 a reçu dans les locaux
de la Banque Mondiale à Washington les pays membres du Commonwealth et
de l'OIF ainsi que des représentants des deux organisations autour des
thèmes : la croissance et la sécurité
alimentaire121(*).
Au terme de ce chapitre, il apparait que la Francophonie,
grâce à son déploiement politico-diplomatique sur la
scène internationale dispose bel et bien des capacités qui lui
permettent de se poser comme un vecteur d'intégration internationale de
ses Etats membres en général, et surtout des Etats Africains en
particulier. Ainsi, nous avons pu démontrer au cours de notre analyse
que les stratégies politico-diplomatiques de la Francophonie lui
permettent d'être présente de manière significative et
pragmatique non seulement dans le jeu politique mondiale, mais également
dans le déploiement de la diplomatie internationale. En effet, sur le
plan politique, l'OIF, en tant que plaque centrale de la mise en oeuvre des
stratégies politique de la Francophonie est le maître
d'ouvrage d'une double coopération. Une coopération interne qui
inclut tous les acteurs politiques francophones qu'ils soient Etatiques ou non.
Et, une coopération externe qui se traduit par une collaboration
efficiente entre l'OIF et les autres organisations internationales qui animent
la scène politique internationale. De même, sur le plan
diplomatique, la Francophonie dispose d'un corps diplomatique dense auquel
vient s'ajouter un vivier d'experts et de hautes personnalités sur
lesquels l'OIF s'appuie pour se déployer de manière
bilatérale et multilatérale dans le champ diplomatique
francophone et international. Cependant, au-delà d'être un simple
vecteur d'intégration internationale, l'on peut lire à travers
les actions que la Francophonie mène principalement pour la paix et le
développement des Etats Africains que, celle-ci se pose également
comme un levier d'intégration internationale pour l'Afrique. Cette
perspective fera l'objet de la deuxième partie de cette étude.
.
DEUXIEME PARTIE
LA FRANCOPHONIE : UN LEVIER D'INTEGRATION
INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS
LIMITÉE DANS SES ACTIONS.
L'une des particularités des organisations
internationales réside dans la polémique dont elles font
constamment l'objet quant à leur véritable rôle surtout
dans un monde en plein ébullition et en profonde transformation, un
monde où le défaut d'arrimage aux enjeux contemporains est
considéré comme un échec, synonyme d'incapacité
à participer efficacement à la politique mondiale. Au coeur des
débats y relatifs, figurent trois pôles d'analyses qui
relèvent du « triangle de la
fonctionnalité »122(*) : la représentativité des
organisations internationales, leur légitimité et leur
efficacité. Au regard des analyses précédentes, on est
tenté de chercher à comprendre dans quelle mesure le triangle
de la fonctionnalité peut servir de clé de lecture pour
apprécier le rôle de la Francophonie dans la dynamique
d'intégration internationale des Etats Africains dans la
mondialisation.
L'OIF est une organisation internationale ayant une
particularité Africaine qui «se trouve aussi bien dans sa
sociogenèse que dans sa configuration qui la pose en une union
géopolitique»123(*) dans laquelle l'Afrique occupe une place importante.
C'est cette particularité, qui explique d'une part le privilège
et la légitimité accordés au continent Africain par la
Francophonie dans ses interventions. En effet, l'Afrique est le continent sur
lequel l'OIF intervient le plus, surtout dans les domaines de la gestion des
conflits qui, sont endémiques sur ce continent, et celui du
développement qui y est très faible. Cependant, comme l'a
démontré Soraya Sidani124(*) dans son étude du phénomène
d'intégration internationale, les conflits, le déficit de
démocratie et le sous-développement constituent des freins
considérables à l'intégration des Etats sur la
scène internationale. Ainsi, étant donné que la
Francophonie contribue de manière significative à la gestion des
conflits, la consolidation de la démocratie et du développement
des Etats Africains, elle constitue dès lors un levier
d'intégration internationale pour ces derniers, même si son
efficacité est parfois altérée par ses carences.
La deuxième partie de ce travail se propose donc de
démontrer dans un premier temps que la Francophonie, à travers
ses actions pour la paix et le développement économique en
Afrique se pose en acteur stratégique dans la dynamique
d'intégration internationale des Etats Africains francophones
(Chapitre I), avant de déterminer dans un second temps
les limites et perspectives d'une intégration internationale des Etats
Africains à travers l'OIF (Chapitre II).
CHAPITRE III
LA FRANCOPHONIE COMME ACTEUR STRATEGIQUE DANS LA
DYNAMIQUE D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS.
«Il y a dix ans, le continent Africain
semblait sur le point de
conquérir une place de choix
sur l'échiquier international.
Mais aujourd'hui les choses ont
changé.»125(*)
Si déjà dans les années soixante
l'auteur français René DUMONT annonçait le mauvais
départ du continent africain à travers son ouvrage
l'Afrique noire est mal partie126(*), les situations traversées par cette
région depuis les indépendances ont semblé cependant lui
donner raison. En effet depuis les années 1960, l'idée que
l'Afrique est un continent à l'écart,
sous-développé et en proie à la violence ; dont les
pays peinent à prendre une autre place sur la scène
internationale que celle d'Etats à l'économie sous perfusion et
au régime politique instable s'est imposée dans les
représentations.
Cette représentation pessimiste de l'Afrique est
dû au fait que depuis les indépendances, ce continent n'a
cessé de subir des crises multiformes dans presque tous les domaines.
Par exemple, sur le plan économique, le continent affiche les
performances les plus faibles et semble à l'écart de la
mondialisation, ne participant qu'à 3% des échanges
mondiaux ; la pauvreté y sévit et la famine comme la mal
nutrition est une réalité quotidienne dans certaines
régions d'Afrique. De même, sur le plan politique la mal
gouvernance semble être une maladie politique ; corruption et
détournement de fonds sont courants dans les pays Africains où le
contrôle du pouvoir est bien souvent l'enjeu de luttes violentes entre
acteurs politiques qui font de nombreuses victimes à travers tout le
continent. Ajoutés à cela, les groupes terroristes qui
sèment la terreur et alimentent les crises sécuritaires sur
l'ensemble du continent. Cependant, malgré toutes ces crises, les Etats
Africains n'en demeurent pas moins des acteurs à part entière de
la politique internationale et de la mondialisation qui invite non seulement
à un rapprochement des peuples et des cultures, mais surtout à
une résolution commune des crises qui naissent et se pérennisent
sur la scène internationale.
D'ailleurs, dans leur dynamique d'insertion dans la
mondialisation, les Etats Africains développent dans le cadre de leurs
politiques étrangères des mécanismes de coopération
multilatérale avec les organisations internationales qui apparaissent
dès lors comme des acteurs stratégiques dans leur dynamique
d'intégration internationale. La Francophonie remplit pleinement ce
rôle non seulement en tant qu'acteur dans la gestion pacifique des
conflits en Afrique (Section I), mais également en tant
qu'acteur de l'intégration des Etats africains dans l'économie
mondiale (Section II).
,
Section I : La Francophonie, un acteur dans
la gestion pacifique des conflits en Afrique.
Comme en témoigne la carte
ci-dessous, bon nombre de pays d'Afrique francophone sont
dévastés par les conflits ; d'ailleurs, la situation
actuelle des pays tels que la République Centrafricaine et le Mali en
témoigne.
Carte no1 : Carte des conflits en
Afrique.
Source : www.senat.fr. Consulté le 30 avril
2015.
La Francophonie, dans le cadre de la réalisation de
ses objectifs en faveur de la paix, se mobilise depuis plus de vingt ans non
seulement pour la prévention et la gestion pacifique des crises en
Afrique francophone (Paragraphe I), mais également pour
la consolidation de la paix dans les pays de cette zone (Paragraphe
II).
Paragraphe I : Les actions de la Francophonie en
matière de prévention et de gestion des crises en Afrique.
Les actions de la Francophonie en faveur de
la gestion des conflits en Afrique passent par une prévention par la
mise en place d'un dispositif d'alerte précoce des conflits en Afrique
(A), ainsi que par une participation active au
règlement pacifique des crises et l'accompagnement des transitions
(B).
A. Le dispositif francophone d'alerte précoce et
la prévention des conflits en Afrique.
La déclaration de Bamako du 30 novembre 2000 qui sert
de corpus juridique de référence à la Francophonie pour la
prévention des conflits préconise la mise en place par le
secrétaire général de l'OIF d'un dispositif devant lui
permettre d'anticiper et de cerner les risques de conflits dans les pays
francophones. Ce dispositif consiste comme l'indique le chapitre 5 de ladite
déclaration, a un suivi permanent par le secrétaire
général des pratiques de la démocratie, des droits et des
libertés dans l'espace francophone, ceci dans l'optique de
prévenir les situations pouvant aboutir à l'éclatement
d'un conflit.
Dans le cadre du dispositif d'alerte précoce pour la
prévention des conflits en Afrique, l'OIF a mobilisé une
expertise politique et technique dans plusieurs Etats Africains en situation de
fragilité politique. Et les actions mises en oeuvre ont permis
d'identifier des signes précurseurs de crise, en particulier dans la
gestion des processus électoraux.
Ainsi, au Togo par exemple, dans un contexte de crispation
préélectorale, le secrétaire général a
désigné Mme Henriette Diagri-Diabaté, grande
chancelière de la république de Côte d'ivoire, en
qualité de d'envoyée spéciale. Et sur la base des
recommandations formulées à l'issue de la mission d'information
et de contact que cette dernière avait préalablement conduit
à Lomé en avril et mai 2013, l'OIF a développé avec
les acteurs togolais et ses partenaires internationaux, un programme
d'accompagnement du processus électoral et de prévention de la
violence postélectorale. Cette démarche qui encourageait le
rétablissement de la confiance entre les parties à travers
l'instauration d'un dialogue direct, a grandement facilité la tenue des
élections législatives en juillet 2013127(*).
En République de Guinée,
l'OIF s'est très fortement mobilisée aux côtés des
Nations Unies pour aider à rapprocher les positions des acteurs
politiques sur les conditions d'organisation des élections
législatives et encourager la mise en place d'un dialogue
inter-guinéen. La dynamique née de ce dialogue qui s'est tenu en
juin 2013, a permis d'organiser les scrutins législatifs en septembre de
la même année. De même, avec cette même volonté
d'anticiper d'éventuelles difficultés dans la mise en oeuvre des
processus électoraux, le Secrétaire général de
l'OIF a mandaté, dès le mois de Mai 2014, Mohamed El Hacen
Lebatt128(*) en
qualité d'envoyé spécial au Burundi afin d'identifier les
secteurs dans lesquels l'appui de l'OIF pourrait être utile pour la tenue
d'élections libres et transparentes dans le pays.
Ainsi, grâce à son dispositif d'alerte
précoce, la Francophonie contribue considérablement à la
prévention des conflits postélectoraux en Afrique comme a
d'ailleurs pu en témoigner José Ramos-Horta129(*) en ces termes :
« L'essor de la Francophonie comme acteur majeur
de la prévention des conflits (...) doit beaucoup à son
Secrétaire général, S.E.M. Abdou Diouf (...) J'ai pu
prendre la pleine mesure de ses efforts pour l'accompagnement du processus de
sortie de crise en Guinée-Bissau. Dans ce pays, la Francophonie a
contribué à la tenue d'élections libres, fiables et
transparentes, à la relance du dialogue inclusif visant à la
réconciliation nationale, et a oeuvré en faveur de l'apaisement
de la vie politique et de la reconstruction de l'État de droit (...) Au
regard de la pertinence de sa contribution en Guinée-Bissau et ailleurs,
j'encourage fortement la Francophonie à poursuivre et à
intensifier son action... »130(*).
Dans son dispositif d'alerte précoce des conflits dans
l'espace francophone en général et en Afrique en particulier, la
Francophonie veille également à la consolidation de sa
coopération avec ses partenaires nationaux et internationaux pour la
prévention efficiente des conflits. Elle a ainsi activement
participé à la réunion de concertation des points focaux
des Nations Unies, de la communauté économique des Etats
d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) et de l'Union Africaine à Dakar en
Décembre 2012. Cette rencontre, préparée à
l'initiative du Bureau pour l'Afrique de l'Ouest des Nations Unies, a permis de
formaliser un cadre d'échange d'informations permanent entre les
organisations participantes. Par ailleurs, en collaboration avec l'Union
africaine, l'OIF a pris part à la réflexion sur la mise en place
d'un mécanisme continental de prévention structurelle des
conflits à Kigali (Rwanda) en juin 2013, et a été
régulièrement associée aux rencontres de haut niveau
conduites par l'organisation continentale131(*).
Malgré toutes les actions menées par la
Francophonie et ses partenaires pour la prévention des conflits en
Afrique, ceux-ci perdurent et continuent à mettre à mal l'ordre
politique, économique et sécuritaire dans ce continent. Cette
situation ne saurait laisser la Francophonie indifférente car si la
dimension préventive montre ses limites, certainement faut-il
développer des stratégies de gestion des crises pour que
finalement la paix et la sécurité ne soient plus mises à
mal par les nombreux conflits qui minent le continent africain. C'est à
juste titre que la Francophonie intervient également dans la gestion
pacifique des crises en Afrique.
B. La participation au règlement pacifique des
crises et l'accompagnement des transitions en Afrique.
S'appuyant sur les engagements souscrits par les États
et gouvernements francophones dans les déclarations de Bamako et de
Saint-Boniface, la Francophonie développe une approche
intégrée en matière d'accompagnement des crises et des
processus de transition. Cette démarche qui se nourrit des
expériences menées sur le terrain vise avant tout à
enraciner durablement la démocratie et faire émerger des
pratiques garantissant la stabilisation structurelle de pays francophones
marqués par la conflictualité132(*). Ainsi, dans le cadre du règlement pacifique
des crises et l'accompagnement des transitions démocratiques en Afrique,
la Francophonie intervient sur les deux axes majeurs que sont ; le soutien
politique et technique aux autorités et acteurs de la transition d'une
part, et l'appui à l'organisation des élections d'autre part.
En ce qui concerne le soutien politique de la Francophonie
par exemple, on peut prendre le cas de la République centrafricaine. En
effet, engagée depuis 2003 dans le pays, l'OIF a intensifié ses
actions depuis le début de la rébellion en 2012 et le coup
d'État en mars 2013. L'envoyé spécial du Secrétaire
général de la Francophonie pour le suivi de la situation en RCA,
Louis Michel, a effectué plusieurs missions de bons offices et
oeuvré, en lien avec les partenaires internationaux, en faveur du
rétablissement de la paix et de la démocratie. En outre, en tant
que membre du Groupe international de contact sur la RCA (GIC-RCA), l'OIF a
pris part à toutes les négociations qui ont abouti aux accords de
Libreville et, en qualité de membre du comité de suivi de ces
accords, elle s'est attelée à promouvoir une approche inclusive
et participative du processus de transition133(*).
De même, L'OIF a également soutenu le processus
de sortie de crise au Mali. Etant membre fondateur du Groupe de soutien et de
suivi sur la situation au Mali, elle a participé à toutes les
sessions de cette instance qui s'est régulièrement réunie
avec les autorités maliennes de la transition afin de conduire le
processus de sortie de crise. Parallèlement, l'OIF a
élaboré, après une mission d'évaluation technique
et politique, un plan multisectoriel d'appui aux autorités et
institutions de la transition qui passe par : le soutien au dialogue et
à la réconciliation nationale, l'appui au processus
électoral, aux secteurs de la justice et des droits de l'Homme, ainsi
qu'aux actions de restauration de la paix. Dans ce cadre, l'OIF a activement
soutenu et renforcé les capacités de la Commission dialogue et
réconciliation. Un séminaire d'échange de bonnes pratiques
en la matière a été organisé par l'OIF à
Bamako (Mali) en mai 2013.
En Guinée-Bissau, l'OIF a apporté un appui aux
autorités et institutions de la transition après le coup
d'État d'avril 2012. Dans ce cadre, elle a participé, avec la
Cedeao, l'Union africaine, l'ONU, la Communauté des pays de langue
portugaise (CPLP) et l'Union européenne, à la mission conjointe
d'évaluation en Guinée-Bissau, en juillet 2013. Cette
dernière a permis de relancer le processus de sortie de crise et
d'identifier plus précisément les besoins des institutions et des
acteurs du pays. Au-delà, les missions francophones ont permis à
l'OIF d'affiner ses actions en appui aux efforts déployés par les
Bissau-Guinéens.
A Madagascar, L'OIF s'est fortement engagée au
côté des autorités malgaches dans leurs efforts de
rétablissement de la paix, conformément aux engagements pris dans
la feuille de route de sortie de crise et au rétablissement durable de
la paix sur l'île. Outre sa participation aux réunions du Groupe
international de contact pour Madagascar (GIC-M), l'OIF a concentré ses
actions sur la mise en place de cadres de médiation et de concertation
entre les différentes parties prenantes, l'appui aux institutions
chargées de rédiger les textes fondamentaux et sur
l'accompagnement du processus électoral.
L'action de la Francophonie pour la gestion des crises en
Afrique se traduit également par son appui à la tenue
d'élections libres, fiables et transparentes car, comme on a souvent eu
à le constater, les élections, étape fondamentale du
processus démocratique, sont parfois génératrices de
conflits, voire de violences, en particulier dans les pays en transition ou en
sortie de crise. Le cas des élections de 2010 en Côte d'Ivoire en
témoigne. Ainsi, l'OIF a favorisé l'accompagnement des processus
électoraux de transition en Afrique, en intervenant avec tous les
acteurs concernés, et notamment la société civile, pour
renforcer leur caractère consensuel.
A titre d'exemple, l'on peut citer le cas de la RCA où
l'OIF développe des actions de renforcement des capacités des
membres des institutions ainsi que des acteurs politiques et de la
société civile impliqués dans le processus
électoral. Un important séminaire d'appropriation des pratiques
et textes électoraux a d'ores et déjà été
organisé par l'OIF en juillet 2014 à Bangui. Peut être
aussi pris pour exemple, le cas de Madagascar où plus d'une vingtaine
d'actions concrètes ont été menées entre octobre
2012 et décembre 2013 par l'OIF en faveur du renforcement des
capacités des acteurs du processus électoral, de son cadre
juridique, de la révision des listes, du secteur des médias et de
l'observation nationale des élections. Des missions d'observation ont
également été déployées à l'occasion
des élections présidentielles et législatives d'octobre et
de décembre 2013.
On peut également prendre le cas du Mali où
à la demande des autorités de ce pays, l'OIF a mis à la
disposition des institutions électorales un expert qui a
contribué à l'établissement d'un fichier électoral
biométrique fiable. La Cour constitutionnelle Malienne a
également bénéficié d'un plan de renforcement de
ses capacités grâce à un séminaire d'échange
d'expériences sur le contentieux électoral en juin 2013. Lors de
la tenue des élections présidentielles en août 2013 et
législatives en décembre 2013, le Secrétaire
général a dépêché deux missions d'information
et de contacts.
Paragraphe 2 : les actions de la Francophonie en
matière de consolidation de la paix en Afrique.
Afin de contribuer à la consolidation de la paix en
Afrique, la Francophonie oriente ses actions vers l'accompagnement des missions
de sortie de crises (A) et le renforcement des
capacités institutionnelles nationales (B).
A. L'accompagnement aux missions de sortie de
crises.
Au premier rang des activités
menées par la Francophonie dans le cadre de l'accompagnement aux
missions de sortie de crises en Afrique figure la contribution de l'OIF aux
opérations de maintien de la paix déployées dans les pays
Africains en sorties de crise. En effet, depuis plus d'une décennie,
plus de la moitié des effectifs affectés aux opérations de
maintien de la paix menées dans le monde sous l'égide des
Nations Unies sont déployés dans des pays francophones. Au total,
au 31 août 2009, près de 56% des militaires, policiers et
observateurs militaires déployés sous la bannière des
Nations Unies, se trouvaient dans une opération de maintien de la paix
en territoire francophone134(*). Et ce pourcentage a encore augmenté depuis
le déploiement de la MINUSMA au Mali et la MINUSCA en République
centrafricaine.
Face à une telle situation, l'OIF n'a pas eu de choix
que d'intensifier sa politique de participation aux opérations de
maintien de la paix en Afrique notamment par les actions de plaidoyer
auprès des États et gouvernements membres de la Francophonie pour
le renforcement de leur participation aux opérations de la paix. Ainsi,
par exemple, en juin 2013, le Secrétaire général a ainsi
adressé une lettre aux États francophones afin de les encourager
à appuyer la Mission multidimensionnelle intégrée des
Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Dans un autre courrier,
en juin 2014, il a sollicité leur soutien pour le déploiement de
la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la
stabilisation en République centrafricaine (Minusca)135(*).
Par ailleurs, l'OIF a contribué à
l'élaboration de la stratégie et du concept opérationnel
(CONOPS) de la Mission internationale de soutien à la RCA sous conduite
africaine (Misca) en mettant à disposition une expertise technique dans
le cadre de la planification stratégique et opérationnelle de
cette mission. Elle a ainsi participé activement aux consultations sur
la stratégie de mise en oeuvre du CONOPS organisées au
Bénin et au Gabon en septembre 2013. De même, dans le cadre de la
formation, l'OIF a par ailleurs développé son appui aux centres
de formation francophones au maintien de la paix. Elle a notamment soutenu une
session de formation sur le « genre » organisée par
l'École de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako (Empabb)
en avril 2014. Cette formation était destinée à des
stagiaires militaires et civils, originaires d'Afrique francophone, et
appelés à être déployés au sein de la
MINUSMA.
La contribution de la Francophonie à l'accompagnement
des missions de sortie de crises en Afrique se traduit également par une
contribution à la demande linguistique des OMP. En effet, en tant que
vecteur de dialogue et de négociations sur le terrain, le critère
linguistique est devenu une des conditions essentielles du bon fonctionnement
d'une OMP et un élément crucial de l'outillage de tout acteur du
maintien de la paix136(*). D'ailleurs, Dans son rapport annuel de 2009, le
Comité spécial des opérations de maintien de la paix des
Nations Unies (Comité des 34) admettait que l'interaction des
observateurs militaires, des policiers et des civils des Nations Unies avec la
population locale est indispensable à l'efficacité et au
succès des opérations de maintien de la paix (para. 169). Ainsi,
afin de pallier les difficultés linguistiques qui surviennent
fréquemment sur le terrain entre les soldats de la paix et les
populations dans le cadre des OMP déployées dans les pays
Africains francophones, la Francophonie oeuvre pour
une « francophonisation des opérations de
paix »137(*)en territoire francophone. A cet effet, dans le but
de renforcer l'usage du français au sein des opérations de paix,
l'OIF a finalisé et diffusé, en 2013 et 2014, les trois tomes de
la méthode En avant !, destinée aux forces de
défense et de sécurité non francophones appelées
à prendre part à des opérations de paix
déployées au sein d'un État francophone. Méthode
qui a été utilisée pour la formation
accélérée d'instructeurs de l'Union européenne
amenés à former, en français, des troupes maliennes dans
le cadre de la mission EUTM (European Training Mission in Mali).
B. La réforme du système de
sécurité et le renforcement des capacités
institutionnelles nationales.
Afin d'accompagner les efforts entrepris par
les Etats africains en sortie de crise pour la consolidation de la paix, la
Francophonie intervient également dans leurs processus de réforme
des systèmes de sécurité (RSS). En effet, depuis la fin
des années 1990, le processus de réforme des systèmes de
sécurité qui incite à adopter une approche globale et
coordonnée de l'ensemble des réformes engagées dans les
différents secteurs de sécurité (défense, police,
justice, contrôle parlementaire et public des acteurs de
sécurité...) s'est imposé comme une approche plus
intégrée et plus globale vouée à promouvoir la paix
et la stabilité dans les pays en sortie de crise. Ceci dit, en
matière de soutien à la réforme des systèmes de
sécurité, l'OIF s'appuie principalement sur le Réseau
international francophone de formation policière (Francopol). En effet,
ce réseau est un véritable instrument de soutien à la
modernisation et au perfectionnement des dispositifs et de la qualité de
la formation et des pratiques policières. Il est particulièrement
adapté pour contribuer à la réforme des forces de police
de certains États francophones, spécialement ceux en situation
post-conflit. Ainsi par exemple, à la demande des autorités
maliennes, l'OIF, avec la division police de la Minusma et le réseau
Francopol, a organisé une session de formation sur la
sécurité publique en période électorale à
l'Empabb de Bamako en juillet 2013. Cette formation visait à transmettre
à une centaine de hauts fonctionnaires des services de
sécurité maliens les connaissances et méthodes de travail
nécessaires à la mise en place de dispositifs permettant
d'assurer la sécurité publique dans le respect des règles
démocratiques, lors de consultations électorales
Par ailleurs, grâce au réseau Francopol, l'OIF a
appuyé la mise en place d'unités de cyberpolice dans les pays
africains francophones en développement, ceci dans l'objectif de
développer un réseau africain d'unités de cyberpolice pour
faire face à la montée en puissance des infractions en ligne qui
affectent particulièrement le cyberespace des pays francophones
d'Afrique. A cet effet, des activités de formation sur la
cybercriminalité ont été organisées par Francopol
en faveur de policiers et gendarmes du Bénin en 2012, du Burkina Faso et
du Tchad en 2013.
Afin de mieux s'impliquer dans la réforme des
systèmes de sécurités des Etats africains en sortie de
crise, l'OIF collabore avec les autres organisations engagées dans ce
domaine. Par exemple, au Mali, l'OIF a identifié puis envoyé un
expert en audit sur la réforme de la police civile pour contribuer
à la mission conjointe d'évaluation Cedeao/ONU/Union africaine
élargie à l'OIF et à l'Union européenne, pour la
réforme des secteurs de sécurité. De même, aux
Comores, l'OIF a pris part, avec l'Union africaine, les Nations unies et la
Banque mondiale, à la mission conjointe d'évaluation du processus
de désarmement, démobilisation et réintégration
(DDR), et de consolidation de la paix, qui a eu lieu à Moroni en
février 2013138(*).
Toujours dans le cadre de l'accompagnement des processus de
sortie de crise et de consolidation de la paix en Afrique, l'Organisation
internationale de la Francophonie contribue également à l'ancrage
de la démocratie et à la consolidation de l'État de droit
à travers le renforcement des capacités institutionnelles
nationales des Etats Africains en sortie de crise. En effet, étant
donné qu'il ne peut vraiment y avoir de paix durable dans les pays en
situation post-conflits sans la mise en place d'institutions
démocratiques suffisamment fortes, l'OIF à travers son vaste
réseau institutionnel, oeuvre au renforcement de la gouvernance
démocratique pour une vie politique apaisée dans les pays ayant
connu des conflits, en mettant un accent particulier sur la réforme des
textes fondamentaux, l'appui aux parlements, le développement du droit
et de la justice et le soutien à la liberté de la presse, le
pluralisme et la régulation des médias. Ainsi par exemple, dans
le cadre de son programme de renforcement des capacités des institutions
judiciaires, l'OIF a assuré la préparation, la tenue et le suivi
des états généraux de la justice du Niger, et
accompagné le Mali et la Guinée dans leurs efforts de
rénovation des moyens matériels et documentaires de leurs
juridictions
En dehors de la paix et de la stabilité politique, la
pleine intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation
nécessite également un développement
socio-économique des Etats africains car, comme le démontre
Soraya Sidani, plus un Etat est développé, plus il est
intégré dans le système international139(*). A cet effet, dans leur
dynamique d'intégration internationale, les Etats africains peuvent
également compter sur la Francophonie qui contribue au
développement socio-économique de ses États membres
d'origine africaine pour leur meilleure intégration dans
l'économie mondiale.
Section 2 : La Francophonie, un acteur de
l'intégration des Etats africains dans l'économie mondiale.
Depuis le début du 21éme
siècle, les enjeux liés au développement
économique et à la réduction de la pauvreté dans
l'espace francophone ont eu, une place importante dans l'agenda de la
Francophonie. Cela est dû au contexte international actuel, marqué
par la mondialisation des économies et des échanges; dans lequel
les pays les moins développés comme ceux d'Afrique francophone
peinent à se faire une place. En effet, comme le faisait remarquer le
commissaire européen au développement et à l'aide
humanitaire Louis Michel : « Sans développement
économique durable, sans une intégration économique
régionale puis continentale, l'Afrique ne pourra que difficilement
prétendre occuper la place qui lui revient dans l'économie
mondiale.»140(*) Ayant depuis compris cela, la Francophonie a
construit et développé son action économique en Afrique
principalement autour d'une participation au développement
socio-économique des Etats Africains (Paragraphe 1) et
à la contribution à leur intégration dans le commerce
international (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Francophonie et contribution au
développement socio-économique des Etats Africains.
Afin de promouvoir le développement
socio-économique de ses Etats membres les moins avancés, la
Francophonie fournit aussi bien son appui aux efforts de réduction de la
pauvreté (A), qu'à l'accompagnement du secteur
privé (B).
A. La contribution par la coopération aux
efforts de réduction de la pauvreté en Afrique.
L'analyse de la place des Etats africains
dans la hiérarchie des nations telle qu'établie par l'ONU via le
paramètre, désormais appliqué à l'échelle du
globe, de l'indice du développement humain (IDH) 141(*)révèle que la
majorité des Etats africains francophones se classent au dernier
rang.
Tableau no 2 : Position des Etats Africains
membres de l'OIF dans le classement des pays du monde par indice de
développement humain (IDH).
Rang
|
Pays
|
IDH
|
|
Rang
|
Pays
|
IDH
|
110
|
Egypte
|
0,682
|
|
165
|
Bénin
|
0,476
|
112
|
Gabon
|
0,674
|
|
166
|
Togo
|
0,473
|
123
|
Cap-Vert
|
0,636
|
|
170
|
Djibouti
|
0,467
|
129
|
Maroc
|
0,617
|
|
171
|
Côte d'Ivoire
|
0,452
|
140
|
Congo
|
0,564
|
|
176
|
Mali
|
0,407
|
142
|
Sao Tome and
|
0,558
|
|
178
|
Mozambique
|
0,393
|
144
|
Guinée équatoriale
|
0,556
|
|
177
|
Guinée-Bissau
|
0,396
|
151
|
Rwanda
|
0,506
|
|
179
|
Guinée
|
0,392
|
152
|
Cameroun
|
0,504
|
|
180
|
Burundi
|
0,389
|
152
|
Nigeria
|
0,504
|
|
181
|
Burkina Faso
|
0,388
|
155
|
Madagascar
|
0,498
|
|
184
|
Tchad
|
0,372
|
159
|
Comores
|
0,488
|
|
185
|
RCA
|
0,341
|
161
|
Mauritanie
|
0,487
|
|
186
|
RDC
|
0,338
|
163
|
Sénégal
|
0,485
|
|
187
|
Niger
|
0,337
|
Source : PNUD. 2014. Extrait du rapport sur le
développement humain.
Effectivement, la lecture du tableau ci-dessus permet de
constater que l'Afrique francophone reste encore à la traine en
matière de développement, raison pour laquelle la Francophonie y
concentre une grande partie de ses ressources et de ses actions afin d'y
remédier. Cette dernière intervient principalement dans la lutte
contre la pauvreté à travers l'incitation au développement
local et la promotion de l'emploi par l'entreprenariat des jeunes et des
femmes.
En ce qui concerne le développement local, l'OIF a mis
sur pied un programme à l'attention des collectivités des zones
rurales et périurbaines dénommé Programme francophone
d'appui au développement local (PROFADEL/OIF) qui vise à mettre
en cohérence les actions de développement local avec les
stratégies nationales de lutte contre la pauvreté afin de mieux
répondre au premier des Objectifs du millénaire pour le
développement : réduire de moitié l'extrême
pauvreté et la faim142(*). En effet, les stratégies de
développement local constituent un levier essentiel pour impulser et
favoriser la création d'un tissu économique dynamique,
générateur de revenus et d'opportunités d'emplois pour et
par des populations rurales souvent très démunies. Dès
lors, inspiré des leçons tirées du Programme
spécial de développement (PSD), ainsi que de celles du Programme
d'appui au développement local (PADL), qui ont respectivement soutenu
378 et 50 initiatives à caractère communautaire, le PROFADEL/OIF
vise principalement à munir, par des méthodes participatives, les
collectivités bénéficiaires de plans locaux de
développement (PLD).
A cet effet, deux composantes d'action sont
privilégiées par ce programme à savoir : la formation
et le renforcement des capacités des communautés promotrices et
des acteurs locaux dans divers domaines tels que la planification du
développement local, la maîtrise d'ouvrage et le
développement des chaînes de valeur ainsi que le soutien aux
projets d'intérêt communautaire inscrits dans un Plan de
développement local (PDL) ou dans un plan d'actions prioritaires, avec
la participation de partenaires au développement143(*). Durant sa phase
expérimentale lancée depuis 2011, PROFADEL/OIF est intervenu dans
16 localités de deux pays d'Afrique de l'Ouest (Sénégal et
Togo) et de deux d'Afrique centrale (République centrafricaine et
Rwanda) où de nombreuses actions ont été initiées
en faveur de la structuration du développement local, de la
contractualisation avec les organismes relais en charge d'accompagner les
bénéficiaires, de la création de comités locaux de
développement, de même que pour la mise en place de comités
nationaux de veille et de suivi. De nombreux partenaires au
développement tels que la Banque mondiale ont depuis montré de
l'intérêt à l'initiative de l'OIF, en finançant des
projets prioritaires des plans locaux de développement mis sur pied par
le PROFADEL/OIF.
Par ailleurs, toujours dans sa stratégie d'appui au
développement des Etats Africains, la Francophonie promeut
également l'emploi en soutenant l'entreprenariat des jeunes et des
femmes en Afrique. En effet, les jeunes de moins de 35 ans représentent
en Afrique francophone plus des deux tiers de la population144(*). Pourtant, ces derniers
ainsi que les femmes sont majoritairement exclus des processus
économiques145(*).Cette situation est due particulièrement
à l'inadéquation des cursus d'enseignements face aux
perspectives d'emploi et à la faible densité du tissu
d'entreprises formelles qui limite le potentiel d'emplois. Dès lors,
l'entreprenariat devient un outil stratégique, en ce qu'il donne aux
jeunes et aux femmes la possibilité d'assurer leur autonomie
financière et de s'insérer dans la vie économique. A cet
effet, la Francophonie privilégie trois axes d'intervention à
savoir :
- L'accompagnement des jeunes et des femmes porteurs de
projets grâce notamment à l'accès à des instruments
d'incitation et d'appui à l'entreprenariat, la mise en place
d'incubateurs d'entreprises à destination des jeunes et des femmes dans
les pays ciblés. Ces incubateurs mis sur pied par la Francophonie ont
pour rôle de fournir des appuis à destination des entrepreneurs en
termes de renforcement des capacités (formation à
l'entreprenariat, tutorat, développement de plans d'affaire et
formations complémentaires à l'utilisation d'outils notamment les
outils numériques) ;
- L'amélioration de l'environnement entrepreneurial
(institutionnel, réglementaire, et financier) afin de faciliter la
création d'entreprises par les jeunes et les femmes et d'encourager la
formalisation des activités économiques ;
- Le développement de plateformes d'échange de
bonnes pratiques sur l'emploi et l'entreprenariat146(*).
B. l'accompagnement du développement du secteur
privé.
L'entreprise privée, notamment la très petite
et moyenne entreprise (TPME), étant un instrument décisif pour le
développement économique et social de l'Afrique, l'OIF accorde
une attention particulière au développement de ce secteur avec
pour objectif principal la mise en relation des entreprises francophones, ainsi
que le soutien au développement de créneaux ou d'outils
novateurs.
A cet effet, l'OIF a lancé le projet Amade
(Accès aux marchés de l'aide publique au développement)
qui a abouti à la création de l'association internationale Amade
le 30 octobre 2013 à Tunis. Réunissant 15 organisations
intermédiaires du secteur privé de 14 pays francophones dont le
Cameroun, la Côte d'Ivoire, l'île Maurice, le
Sénégal, la Tunisie, le Congo et Madagascar, cette association a
pour principal but de renforcer, par la mutualisation et le
développement de l'action collective, l'accès des entreprises aux
marchés publics dans les pays francophones du Sud147(*). Ainsi, afin d'atteindre ce
but, l'association Amade s'est fixée un ensemble d'objectifs parmi
lesquels : favoriser l'échange d'informations et le partage
d'expériences sur les marchés publics ; renforcer la dynamique de
mise en place de partenariats interentreprises ; favoriser la
création de consortiums internationaux pour répondre aux appels
d'offres ; développer l'action collective d'influence auprès
des bailleurs de fonds et des autorités locales pour faciliter
l'accès des PME aux marchés publics. A travers le projet Amade,
l'OIF a soutenu la création de services tournés vers
l'accès des entreprises locales aux marchés publics dans une
vingtaine de pays francophones du Sud, qui ont déjà conduit
à plus de 220 contrats gagnés, et permis le développement
d'un dialogue public-privé sur cette question148(*).
Par ailleurs, dans sa stratégie pour la promotion du
secteur privé en Afrique, la Francophonie s'intéresse
également au développement de grappes d'entreprises. Ainsi,
à la suite de la première Rencontre Internationale de la
Francophonie Économique (RIFE), elle a conduit, avec la
Conférence permanente des chambres consulaires africaines et
francophones (CPCCAF) et l'Agence française de développement
(AFD), un projet participatif sur le développement et le financement des
grappes d'entreprises, jugées capables de mobiliser des acteurs aussi
bien privés que publics. Ces grappes sont considérées
comme ayant un rôle structurant pour les filières de production et
pour les territoires. Dans les six pays d'Afrique francophone partenaires de
cette action (Burkina Faso, Cameroun, Comores, Congo, Madagascar,
Sénégal), 12 projets de grappes d'entreprises ont vu le jour dans
des domaines variés (agriculture, pêche, mécanique,
culture, services portuaires). Plusieurs sont à l'étude pour
financement par les bailleurs de fonds.
Paragraphe 2 : Francophonie et contribution à
l'intégration de l'Afrique dans le commerce internationale.
Afin de mieux défendre les positions
et les intérêts des Etats africains francophones dans les
négociations commerciales multilatérales, la Francophonie a mis
sur pied un dispositif multiforme leur permettant à la fois de renforcer
leurs capacités de négocier les accords commerciaux (A)
et de mieux formuler leurs politiques commerciales
(B).
A. Renforcement de l'expertise en négociations
commerciales multilatérales.
En matière de développement des
capacités de négociation des politiques commerciales, l'OIF joue
un rôle de catalyseur et contribue au renforcement des capacités
en matière de commerce et d'investissement, ceci dans le but de
permettre aux pays en développement de s'adapter plus rapidement aux
exigences du marché mondial et d'en tirer profit. A cet effet, en
association avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), des formations
pointues d'experts francophones du Sud en négociation d'accords
commerciaux sont organisées dans le cadre du projet de Renforcement de
l'expertise francophone en négociations des accords commerciaux et
d'investissement (Rexpaco) mis sur pied par la Francophonie.
Ce projet vise principalement à créer, au
niveau des pays et des régions francophones les moins
développées tels que l'Afrique, une masse critique d'expertise
pérenne, afin de leur permettre de mieux formuler leurs politiques et
leurs stratégies de négociations commerciales et de
l'investissement. Ainsi, Dans le cadre du projet Rexpaco, des pôles
régionaux de formation ont été mis en place en Afrique
centrale, en Afrique de l'Ouest, en Afrique australe et orientale et en Afrique
du Nord. Au total, c'est plus de 1000 personnes, dont 30 % d'universitaires et
60 % de cadres de ministères et d'organisations économiques
régionales, originaires de plusieurs pays francophones du Sud, qui ont
bénéficié de ces formations entre décembre 2004 et
décembre 2007. Les bénéficiaires de ces sessions de
formation étant des représentants des organisations
internationales (OMC, OMPI, OIF), des enseignants expérimentés
provenant de l'espace francophone, des cadres des organisations
régionales (UEMOA, CEMAC) et des ministères en charge du
commerce, ce projet apparait dès lors comme un véritable axe de
développement de l'expertise francophone. En outre, des formations
diplômantes en ligne mises en place en association avec l'Institut des
Nations Unies pour la Formation et la Recherche (Unitar) sont également
ouvertes, dans le cadre de ce projet pour les cadres francophones.
B. Développement des capacités de
formulation des politiques commerciales.
Un vaste projet de renforcement des capacités des pays
du groupe Afrique-Caraïbe-Pacifique (ACP) en formulation,
négociation et mise en oeuvre de politiques commerciales
compétitives est engagé depuis 2005 par la Francophonie.
Financé essentiellement par le Fonds européen de
développement de l'Union européenne, et mené conjointement
avec le Secrétariat du Commonwealth, ce projet dénommé
(Hub and Spokes), permet d'affecter des experts qualifiés
auprès des pays concernés ainsi que de leurs organisations
économiques régionales pour former les cadres et les
fonctionnaires chargés du commerce extérieur.
S'inscrivant directement dans la réforme des
dispositions régissant le commerce entre les pays ACP et l'UE, le projet
Hub and Spokes de l'OIF vise à munir les pays ACP et les
institutions régionales dont ils sont issus d'instruments techniques
appropriés dans la négociation des APE. Reposant sur un
dispositif de 19 conseillers en politique commerciale déployés
soit à l'échelle nationale, soit au niveau régional
(CEDEAO , UEMOA et CEMAC ), et autant de points focaux nationaux et
régionaux, ce projet a permis de soutenir la formulation de politiques
commerciales axées sur la compétitivité et la
réduction de la pauvreté (politiques commerciales inclusives)
dans plusieurs pays africains. Il a accordé une place
considérable à la sensibilisation et à la formation des
acteurs, avec à son actif environ 18 000 acteurs formés aux
problématiques liées au commerce et aux politiques publiques dans
ce domaine.
Au-delà des formations qu'elle organise, l'OIF apporte
également son appui aux processus en cours en Afrique visant à
renforcer l'intégration économique et commerciale
régionale. En effet, la plupart des États africains membres de
l'OIF sont impliqués dans des processus d'intégration
régionale (CEMAC, UEMOA, CEDEAO, Commission de l'océan Indien)
qui, à terme, permettront la réduction ou l'élimination
des obstacles au commerce sur une base régionale, par la mise en place
de véritables zones de libre-échange et de libre circulation des
biens, des services, des capitaux et des personnes. Dès lors, un projet
dénommé (Réduire les obstacles à
l'intégration régionale)149(*) a été mis en place par l'OIF afin
d'appuyer l'intégration régionale et de promouvoir des
échanges intra et interrégionaux. Ce projet vise principalement
à soutenir les initiatives concourant à la mise en rapport de
partenaires politiques et commerciaux ayant la volonté de prospecter de
nouvelles pistes de coopération au sein des espaces d'intégration
régionale en Afrique.
Ce chapitre avait pour but de montrer que la Francophonie est
un acteur stratégique dans la dynamique d'intégration
internationale des Etats africains. A cet effet, nous avons pu constater
à travers notre analyse que l'OIF oeuvre énormément pour
la mise sur pied des conditions favorables à l'intégration
internationale des Etats africains francophones. Notamment à travers la
gestion des conflits car, les conflits constituent de véritables freins
à l'intégration des Etats sur la scène internationale.
Dès lors, il a été démontré que la
Francophonie intervenait aussi bien pour la prévention des conflits que
dans la gestion des crises et la consolidation de la paix en Afrique. De
même, étant donné qu'une pleine intégration des
Etats africains dans la scène internationale nécessite
également une intégration de ces derniers dans l'économie
mondiale, il a également été démontré que
l'OIF contribuait non seulement au développement économique des
Etats africains mais aussi à leur intégration dans le commerce
mondial.
Cependant, toutes ces actions de la Francophonie ont une
portée limitée, et l'on n'en ressent pas complètement les
effets. Si cela est dû en partie à des causes inhérentes
à la Francophonie, il est également en grande partie du fait des
Etats africains eux-mêmes.
CHAPITRE IV
LIMITES ET ANALYSE PROSPECTIVE POUR UNE INTEGRATION
INTERNATIONALE PLUS EFFICACE DE L'AFRIQUE DANS LA MONDIALISATION.
« La Francophonie a bien contribué
au rêve africain.
Son impact est non négligeable, mais les
résultats
ne sont pas à la hauteur des aspirations africaines,
beaucoup de choses restent à faire... »150(*)
Comme il a été démontré plus haut
dans notre analyse, l'intégration dans la mondialisation constitue un
véritable défi pour l'Afrique en général et pour
les Etats africains francophones en particulier. En effet, sur le plan
économique l'Afrique francophone représente une part très
limitée du commerce mondial et des investissements directs
étrangers (IDE). Elle est la zone du monde la plus confrontée aux
difficultés d'accès aux marchés locaux, régionaux
et mondiaux. En outre, le manque d'infrastructures et la dépendance
à l'exportation de matières premières constituent des
freins importants au développement du commerce au sein des pays
d'Afrique francophone et par conséquent à leur intégration
dans le commerce mondial. Au-delà des aspects économiques, il
faut également relever les défis politiques auxquels cette zone
fait face. En effet, l'Afrique francophone demeure l'une des régions les
plus politiquement instables au monde, les cas de la RDC, de la Centrafrique,
du Mali ou encore les récents évènements survenus au
Burkina Faso et au Burundi en témoignent. Ainsi, il apparait bien que
l'intégration des pays d'Afrique francophone dans la mondialisation
passe par le relèvement de ces défis. Et dans cette optique, les
organisations internationales telles que l'OIF apportent leur concours.
Cependant ces dernières rencontrent plusieurs difficultés qui
bien qu'ayant une influence différente selon les organisations, ne
manquent pas d'impacter l'efficacité de leurs actions.
Notre recherche étant focalisée sur le cas de
l'OIF, ce dernier chapitre vise donc dans un premier temps à
déterminer les obstacles rencontrés par cette organisation dans
sa contribution à la résolution des défis que les pays
d'Afrique francophone doivent préalablement surmonter pour
s'intégrer dans la mondialisation (Section 1), et
ensuite d'identifier les mesures qui doivent être mis en oeuvre pour une
meilleure intégration internationale de ces États
(Section 2).
Section 1 : Une Francophonie limitée dans
ses actions.
La contribution de l'OIF à la
dynamique d'intégration internationale des Etats africains dans la
mondialisation est limitée à la fois par des causes
endogènes à la Francophonie elle-même (Paragraphe
1), et des causes exogènes (Paragraphe 2).
Paragraphe 1: Les limites endogènes.
Les limites endogènes à
l'action de la Francophonie en tant que levier d'intégration
internationale des États africains sont principalement liées
à la relative emprise de cette organisation sur les Etats africains
(A) et l'influence limitée de son volet
économique (B).
A. La relative emprise de la Francophonie en
Afrique.
Malgré le fait que l'Afrique soit son
lieu d'intervention privilégié, l'emprise de la Francophonie sur
les pays d'Afrique francophones reste cependant très relative. En effet,
si sur le plan culturo-linguistique, l'OIF possède une réelle
influence en Afrique comme le démontre le graphique ci-dessous avec
notamment ses 115 millions d'Africains parlant français (43% du total)
répartis dans 31 pays d'Afrique. Cette emprise reste cependant
limitée
Graphique 4 : Répartition des francophones
dans le monde (2014).
Source :
http://www.francophonie.org/Estimation-des-francophones
consulté le 14 Août 2015.
sur le plan politico-économique. Si cela est dû
d'une part à un certain manque d'intérêt de la part de
certains Africains pour cette organisation dont ils sont pourtant les
fondateurs, l'on peut aussi noter d'autre part que, le fait que cette
institution ne dispose pas d'un cadre normatif contraignant et des moyens
financiers considérables en est également la raison.
En effet, que ce soit dans les textes ou les
résolutions qu'elle adopte lors de ses sommets, l'on constate que toutes
les limites mises en lumière font du cadre normatif de la Francophonie
un cadre ambigu, peu contraignant, voir sans force juridique151(*). Les sanctions y sont
absentes, en dehors des suspensions de toute participation aux assises de
l'organisation en cas de rupture de la démocratie. Ainsi par exemple,
à la lecture de la déclaration de Bamako152(*), on se rend bien compte que
ce texte est difficile à apprécier en tant que texte normatif
dans la mesure où on y voit plus de l'éthique que de la norme
juridique, ce qui empêche l'OIF d'agir efficacement dans le domaine de la
paix et de la sécurité.
En outre, il existe une réelle difficulté
liée à la politique, tant les différents pays africains
membres trouvent que l'OIF n'est pas la vitrine ou la tribune internationale
adéquate pour mieux se projeter dans le champ de la politique mondiale.
Ainsi parfois, ces États préfèrent-il observer les
règles édictées par les espaces sous régionaux
auxquels ils appartiennent car, ils considèrent que ces derniers offrent
plus de visibilité et de potentialité d'expression et de
projection sur la scène internationale. Ça a par exemple
été le cas de la Côte d'ivoire qui meurtrie par une crise
politique en 2011 a préféré observer les exigences
normatives de la CEDEAO et de l'UA que celles de l'OIF.
GRAPHIQUE 3 : Évolution du budget de la
Francophonie de 1979 à 2013 (en millions d'euros)
Source : www.francophonie.org/Le-budget
, consulté le 06 juin 2015 à 10h30.
Au-delà de son cadre normatif non contraignant, la
faible emprise de la Francophonie en Afrique est également dû au
manque criard de moyens financiers auquel fait face l'OIF. En effet, si le
budget constitue un facteur essentiel pour l'atteinte ou non des objectifs au
sein des organisations internationales, il ne fait aucun doute que la
modicité du budget de l'OIF telle que mise en exergue dans le graphique
précédent (moins de 100 million d'euros)153(*) pose un réel
problème pour l'atteinte de ses objectifs.
En plus, le fait que la France soit le principal pourvoyeur
de fonds de l'OIF (50%) entrave encore un peu plus la
crédibilité de la Francophonie pour certains africains
franco-sceptiques. En effet, pour eux la Francophonie incarne seulement une
certaine idée de la France à l'étranger et non une
entité indépendante à laquelle la France
participe154(*). Ils
voient ainsi en elle un continuum néocolonial.
B. La faiblesse de son volet économique.
L'enjeu économique a été pendant
longtemps la grande oubliée des politiques francophones. La plupart des
analystes de la problématique économique au sein de cette
organisation s'accordent sur le fait que le caractère
culturo-linguistique initial de la Francophonie justifie l'émergence
timide d'une «Francophonie économique». C'est pourquoi la
première tentative d'institutionnalisation de la Francophonie a presque
marginalisé son volet économique. Ainsi a-t-on pu constater une
indifférence manifeste de l'ACCT pour les questions économiques
qui ont été totalement évacuées du champ de vision
et d'action de la Francophonie155(*) ; le souci étant celui d'une agence
internationale au service de la solidarité et du développement
culturel. Et même s'il fût mis sur pied à cette
époque un instrument financier et économique destiné
à financer des secteurs spécifiques de production au niveau des
localités (PSD)156(*), celui-ci ne constituait pas un réel outil
pouvant servir à la construction d'une véritable politique
économique francophone. Dès lors, cette prise de conscience
tardive de la Francophonie par rapport à l'enjeu économique a eu
des répercussions sur l'organisation qui peine aujourd'hui à
trouver ses marques dans l'économie mondiale.
Par ailleurs, la disparité économique qui
existe entre les États membres de l'OIF constitue une véritable
entorse à la construction d'un espace économique francophone
suffisamment puissant pour consolider le rôle de cette organisation en
tant que levier de projection internationale de ces États membres. En
effet, comme le constate le Professeur Tabi manga, « L'espace
francophone, comparativement à d'autres aires géoculturelles, est
très désarticulé sur le plan économique. En effet,
la Francophonie compte un nombre de pays très pauvres et très
endettés et très peu de pays riches. Cette situation
déséquilibrée vicie naturellement le dialogue politique et
l'échange par rapport à l'espace Commonwealth. Car à
côté de la Grande Bretagne et du Canada, on dénombre
d'autres pays dont la force et la vitalité économique sont
évidentes. C'est le cas de l'Australie, de l'Inde, de la Nouvelle
Zélande, de l'Afrique du Sud... En Francophonie, à part des
puissances économiques comme la France (quatrième puissance
mondiale) et le Canada (huitième rang mondial), économiquement on
ne dénombre aucun pays intermédiaire pouvant jouer en
Francophonie un rôle sensiblement comparable à celui du
Nigéria ou du Kenya au sein du Commonwealth. »157(*) Cet état de
chose laisse entrevoir que l'union internationale francophone, campée
autour de l'OIF, qui fait face à une situation de disparités
économiques ne permet véritablement pas de consolider et de
renforcer l'action de la Francophonie dans la construction d'un cadre
économique pouvant permettre à cette organisation de rivaliser
dans la mondialisation et partant de contribuer efficacement à
l'intégration internationale des Etats africains.
Paragraphe 2 : Les limites exogènes à la
Francophonie.
La contribution de la Francophonie à
l'intégration internationale des États africains est
également limitée à la fois par la désunion
persistante de ces derniers aussi bien sur le plan continental qu'international
(A) et par le déséquilibre croissant entre les
pays du Nord et ceux du Sud (B).
A. La désunion persistante des Etats Africains
sur le plan continental et international.
Quels que soient les efforts consentis aussi bien par la
Francophonie que par les autres organisations internationales pour contribuer
au développement, à la paix et partant à
l'intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation,
ceux-ci ne sauraient porter leurs fruits tant que la désunion qui existe
entre les États africains persistera. En effet, si
« l'union fait la force », alors la
désunion entre les Etats africains constitue l'une des plus grandes
faiblesses de l'Afrique dans sa dynamique d'intégration internationale.
À l'analyse des phénomènes d'union entre les Etats dans le
monde, force est de constater qu'il existe aujourd'hui une marée
d'organisations sous régionales en Afrique158(*). Pire encore, la plupart des
pays africains se retrouvent parfois membres de plusieurs organisations et
participent à plusieurs initiatives d'intégration
régionale en même temps159(*), ce qui constitue un réel problème
pour l'intégration africaine car, « l'appartenance de
certains pays à plusieurs communautés économiques ne
facilite pas l'intégration, elle diminue même l'effet
d'adhésion à cause de la dispersion des énergies et des
ressources dont les pays ne dispose pas à flot »160(*). Au vu de cet
état des choses, l'on peut donc adhérer à la pensée
de LAVROFF pour qui : « l'unification politique totale de
l'Afrique risque de demeurer un mythe du fait notamment des difficultés
diverses et de la coopération entre États, coopération qui
demeure jusqu'à présent partielle et
éparpillée »161(*). En effet, la multiplicité
d'organisations sous régionales africaines constitue un réel
frein à l'union continentale de l'Afrique. Or l'intégration et la
prise en compte des Etats africains sur le plan international en ce temps de
mondialisation ne seront possibles que si ces derniers s'unissent pour pouvoir
peser sur la scène internationale.
Un corollaire à cette désunion entre les Etats
africains sur le plan continental est la division de ces derniers sur le plan
international. En effet, à plusieurs reprises les États africains
ont affiché ouvertement leur désunion notamment dans les
enceintes internationales. Ainsi, l'on peut par exemple prendre le cas
très récent de l'élection de la nouvelle Secrétaire
Générale de l'OIF le 30 novembre 2014 à Dakar où
devant leur difficulté à dégager un consensus sur un
candidat issu du continent pour succéder à Abdou Diouf à
la tête de l'OIF, les chefs d'États Africains ont pratiquement
"offert" au Canada la seule organisation multilatérale à
caractère international qu'ils présidaient encore en portant
à sa tête « une ressortissante canadienne d'origine
haïtienne, qui fut il n'y a pas si longtemps la représentante de la
reine d'Angleterre dans son propre pays »162(*).
B. Le déséquilibre croissant entre le
Nord et le Sud.
Au cours de l'histoire, le monde a fait l'objet de multiples
divisions. Ainsi, les Romains ont divisé le monde entre l'Empire romain
et le monde des Barbares. Après les voyages de Christophe Colomb, on
parlait de Nouveau Monde et d'Ancien Monde. À la fin de la
deuxième Guerre mondiale, un «rideau de fer» a
été érigé pour séparer l'Europe de l'Est et
l'Europe de l'Ouest. Et, plus récemment, avec l'accentuation des
inégalités socio-économiques entre les peuples, l'on parle
désormais de la division du monde entre le Nord riche et
développé et le Sud pauvre et sous développé. En
effet, avec la mondialisation dont le rythme s'est accentué à la
fin du 20é siècle du fait des progrès
technologiques, le déséquilibre qui existait déjà
entre les pays du Nord et les pays du Sud n'a cessé de croître,
atteignant aujourd'hui des proportions démesurées. Ainsi, de nos
jours, les Sept pays les plus riches du monde assurent les deux tiers de la
valeur produite annuellement sur la planète, alors qu'ils ne regroupent
que 12% de ses habitants. À l'opposé, la quarantaine
d'États les plus pauvres représentent moins de 2% de la valeur
produite alors qu'ils regroupent 20% de la population mondiale163(*).
Du fait de ce déséquilibre qui existe entre le
Nord et le Sud, l'on observe une configuration du système international
actuel dans lequel les pays riches apparaissent comme un
« centre » qui contrôle et décide alors que
les pays pauvres constituent une
« périphérie » dépendante qui subit le
centre164(*). Dès
lors, ce dernier groupe (Sud) auquel fait partie la quasi-totalité des
États africains se voit donc exclu et même exploité par le
premier (Nord) sur la scène internationale. Ainsi par exemple, sur le
plan commercial il existe une inégalité doublée d'une
injustice dans les échanges entre le Nord et le Sud. L'on constate en
effet que, pour beaucoup de pays du Sud, les exportations sont
constituées en majeure partie de produits agricoles ou miniers brut,
à destination des pays du Nord et que les importations font la part
belle à des produits manufacturés à forte valeur
ajoutée provenant du Nord. Or si pour les pays du Nord il peut sembler
normal que les vendeurs dictent leurs prix, on constate que les marchés
des matières premières sont également
contrôlés par ces mêmes pays, les acheteurs fixant en
l'occurrence les prix des matières premières ; ce qui permet
aux pays développés de maintenir au plus bas les prix de ce
qu'ils achètent aux pays sous-développés tout en
élevant les prix de ce qu'ils leur vendent. De même, sur le plan
politique, cet état de domination du Nord sur le Sud est encore plus
perceptible notamment à travers le Conseil de Sécurité des
Nations Unies où aucun pays du Sud ne dispose d'un siège
permanent, et pourtant la majorité des décisions qui y sont
prises concernent ces pays du Sud.
Ainsi, la configuration du système international
actuel caractérisé par le déséquilibre et les
inégalités entre le Nord et le Sud constitue une véritable
impasse à l'intégration internationale des États du Sud en
général et des États africains en particulier.
Les développements précédents ont permis
de mettre en lumière les limites et les difficultés d'une
intégration internationale des Etats africains au travers de la
Francophonie. Dès lors, il sied dans la section qui suit de faire une
analyse prospective afin d'identifier les conditions à remplir pour la
réalisation de l'intégration internationale de l'Afrique par
l'OIF.
Section 2 : Pour une intégration
internationale plus efficace des Etats africains par la Francophonie.
Afin de dépasser les limites qui ont
été relevées plus haut, il apparait que la
réalisation d'une intégration internationale des États
africains au travers de l'OIF repose à la fois sur le
développement d'une Francophonie économique efficiente
(Paragraphe 1) et le renforcement des capacités
d'influence internationale des États africains (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Le développement d'une
Francophonie économique efficiente.
Le développement du secteur
économique est primordial pour toute entité souhaitant être
intégrée dans la mondialisation. Dès lors,
l'intégration des États africains dans la mondialisation au
travers de la Francophonie passe par la mise en valeur de l'espace
économique francophone (A) et l'encouragement de
partenariats économiques internationaux (B).
A. La mise en valeur de l'espace économique
francophone.
Aujourd'hui, l'Organisation Internationale
de la Francophonie c'est 80 États et gouvernements membres
répartis sur les 5 continents, soit le tiers des pays du monde et
presque 13% de la population du globe. Par ailleurs, l'ensemble francophone
représente aujourd'hui 14% du revenu national brut (RNB) mondial et 20%
des échanges mondiaux164(*), en outre les investissements effectués par
les pays francophones représentent le quart des investissements
mondiaux. À la vue de ces statistiques, il apparaît que la
Francophonie est dotée d'un poids majeur dans l'économie
mondiale. Cependant force est de constater que ce potentiel considérable
est faiblement mis en valeur par la Francophonie. Or, si cette organisation
regroupe en son sein, des pays membres du G8 et du G20, la grande partie de ses
États membres, africains pour la plupart, figurent parmi les 48 pays les
moins avancés. Dès lors, la valorisation du potentiel
économique francophone constitue la clé de l'insertion
internationale des États africains dans la mondialisation au travers de
leur appartenance à l'OIF.
Cette valorisation de l'espace économique francophone
passe principalement par la réalisation d'un espace économique
francophone intégré en vue non seulement de renforcer les
échanges entre les pays francophones mais également de donner au
pays francophones les moins avancés tels que la majorité des pays
africains francophones, un moyen de pouvoir, grâce à leur
appartenance à cet espace économique francophone
intégré, avoir plus de poids dans les négociations
économiques avec d'autres aires géoéconomiques. En effet,
la mise en place par la Francophonie d'un espace économique
intégré contribuerait de manière efficiente à
l'accentuation des échanges commerciaux, de la coopération
économique et de la solidarité entre les pays francophones telle
que souhaitée par l'OIF dans sa charte165(*). Ce qui assurerait non seulement la cohésion
interne des pays les plus fragiles, mais également leur insertion dans
l'économie et les échanges internationaux. En outre, une mise en
place d'un espace économique francophone plus intégré,
mieux organisé et plus solidaire permettra également
d'améliorer son attractivité pour les investissements
internationaux au profit des États francophones les moins avancés
comme ceux d'Afrique qui pourront s'en servir comme levier pour leur
développement économique.
Cependant, la mise en place d'un tel espace nécessite
plusieurs préalables qui font encore défaut dans l'espace
francophone. En effet, pour qu'un espace économique
intégré soit viable, il faut avant tout que la libre circulation
des personnes et notamment des acteurs économiques soit effective dans
cette espace166(*).
Étant donné que la circulation des idées, des innovations
et le développement des partenariats innovants constituent le fondement
de la construction d'une économie mondiale durable il faudrait donc,
pour un espace économique francophone véritablement efficace, la
création d'un visa francophone sur le modèle du visa
Commonwealth167(*) afin
de permettre aux acteurs économiques francophones de circuler librement
dans cet espace. Par ailleurs, afin de renforcer l'espace économique
francophone, il faudrait également améliorer l'environnement des
affaires dans l'espace francophone, notamment par la densification des
relations économiques entre les différents réseaux
institutionnels, professionnels et d'entreprises francophones168(*).
B. L'encouragement des partenariats commerciaux
Sud-Sud.
Dans le cadre de la mondialisation, les
négociations commerciales internationales sont de plus en plus complexes
à appréhender. Le défi pour les pays francophones du Sud
est de taille puisque leur développement actuel et futur dépend,
en grande partie, de leur capacité à défendre leurs
intérêts dans un système commercial international
gouverné par le capitalisme et dominé par les grandes puissances
occidentales. Or, en ce début de 21é siècle,
l'économie mondiale est marquée par la libéralisation des
échanges, notamment commerciaux. Cette tendance lourde, amorcée
dès 1944 avec les accords de Bretton Woods, s'accentue au fil des
grandes négociations commerciales multilatérales menées
notamment dans le cadre de l'OMC. Les enjeux soulevés par ces
négociations sont considérables, en particulier pour les pays du
Sud qui, tout en prenant la mesure des opportunités offertes par
l'ouverture des marchés, sont néanmoins conscients de leur
vulnérabilité et doivent donc faire valoir leurs
intérêts spécifiques afin de pouvoir s'insérer
efficacement dans l'économie mondialisée.
Dès lors, étant donné que le commerce
est un puissant moyen de développement pour les pays pauvres lorsque les
parties en présence sont en situation de relatif équilibre. Il
apparaît clair que, au-delà de la contribution au renforcement des
capacités en négociation commerciale des pays francophones les
moins développés, l'amplification par la Francophonie de
partenariats commerciaux équilibrés Sud-Sud non seulement entre
ses membres, mais également entre ceux-ci et d'autres aires
géoéconomiques constitue un important levier à la fois
pour la maîtrise des mutations du système économique
mondial par les pays du Sud, l'élargissement de leurs marchés et
aussi pour l'atténuation des effets pervers de la crise et de la
gouvernance économique et financière mondiale sur les
États francophones les moins avancés. À cet effet, la
Francophonie devrait aider et soutenir les pays du Sud dans l'identification et
la conquête de nouveaux marchés, en particulier dans le cadre de
la coopération inter-régionale Sud-Sud.
Si le développement d'une Francophonie
économique plus efficient constitue une condition nécessaire
à l'intégration des États Africains francophones dans la
mondialisation, cela ne saurait être efficace sans le renforcement des
capacités d'influences internationales des États africains.
Paragraphe 2 : Le renforcement des capacités
d'influences internationales des États Africains.
Étant donné des limites exogènes qui ont
été évoquées plus haut, il s'avère qu'une
meilleure intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation
nécessite également un renforcement des capacités
d'influence internationale des États Africains. Et cela passe aussi bien
par l'approfondissement des réformes politico-économiques au sein
de ces derniers (A) que par une réalisation de
l'unité Africaine à travers de la mise en place d'une
intégration régionale effective (A).
A. L'approfondissement des réformes
politico-économiques en Afrique.
L'Afrique a longtemps été
infortunée du fait que ses gouvernements et ses partenaires
extérieurs ont relevé la nécessité des
réformes politico-économiques mais sans reconnaître qu'il
existe un lien entre ces réformes et le développement ; les
politiques d'ajustement structurelles en témoignent. Dès lors,
face aux risques liés à la mondialisation actuelle, les
États Africains ont besoin de mettre sur pied des réformes
politico-économiques fiables basées sur la promotion du
développement et une gouvernance démocratique adaptée
à leur contexte.
En ce qui concerne le développement, il peut
être perçu comme une amélioration de la qualité de
vie des populations par l'adoption d'un programme national qui accorde une
attention particulière à la réduction de la
pauvreté à travers l'allégement de la dette et des
mouvements concessionnels et coordonnés169(*). Celui-ci requiert une
politique macro-économique saine soutenue par les politiques sociales
centrées sur le développement du capital humain. En effet, les
différents rapports du PNUD sur le développement ont
préconisé un paradigme de développement qui place l'homme
au centre. Concrètement parlant, il s'agit pour les États
sous-développés tels que la majorité des États
d'Afrique francophone de mettre en oeuvre des politiques et des programmes
visant à développer l'homme par l'éducation et la
formation, ainsi que par la répartition équitable des ressources
nationales, et visant également le développement par l'homme
à travers sa participation dans les processus de construction
nationale.
Quant à la gouvernance démocratique, il s'agit
d'un sujet qui suscite beaucoup d'émotion en Afrique,
puisqu'étant souvent considérée comme une adaptation
incontestée du modèle politique occidental qui est
étranger à la culture et à la tradition africaine. Ainsi,
le défi pour l'Afrique est d'intégrer les concepts et les valeurs
traditionnels de participation dans les systèmes ou modes de vie
démocratiques modernisés. Ceci devrait donner lieu à
l'adoption des politiques et pratiques qui débouchent sur la
décentralisation de la prise de décision car, force est de
constater que les sociétés qui permettent le choix et la
participation des communautés locales décentralisées
suscitent la créativité et la productivité de leurs
peuples. Et cela conduit à une activité économique en
expansion qui offre des perspectives rassurantes d'une croissance et d'un
développement durables. Cette croissance et ce développement
durables constituent des éléments essentiels de vitalité
économique et de concurrence, facteurs d'intégration dans le
système économique mondial.
B. La réalisation de l'Unité
Africaine.
Un saut dans l'histoire nous montre que, la
division du monde au lendemain de la deuxième guerre mondiale en deux
blocs dominés par les deux principales superpuissances (USA et URSS) n'a
pas manqué d'avoir des répercussions et des attraits sur les
jeunes États africains nouvellement indépendants. C'est ainsi
qu'au lendemain même de leur accession à la souveraineté
internationale, les États du continent africain se retrouvèrent
divisés en blocs antagonistes au moment de construire leur unité
continentale entre le bloc de Casablanca à tendance
progressiste qui, prônait la mise sur pied des États unis
d'Afrique et la création d'un marché commun africain et le bloc
de Brazzaville-Monrovia à tendance modérée qui au
contraire préconisait le renforcement des États-nations en
affirmant l'égalité absolue entre eux et le respect de la
souveraineté de chacun, de même que le maintien, voire le
renforcement des relations économiques avec les anciennes
métropoles afin d'attirer les capitaux nécessaires au
développement . De cette division naquit l'OUA le 25 mai 1963 à
Addis-Abeba en Éthiopie avec la signature solennelle d'une charte la
régissant. Cependant, du fait qu'elle était plus un instrument de
coopération et non d'intégration politique comme l'avait
souhaité Nkwame Nkrumah et à cause des divisions qui la
caractérisaient, l'OUA n'a pas pu réaliser cette unité
africaine pour laquelle elle avait été créée et
dont elle portait le nom. Le constat de cet échec a poussé les
chefs d'États africains 39 ans après sa création à
la remplacer par l'Union africaine le 09 juillet 2002 à Durban (Afrique
du Sud) avec pour objectif de « bâtir une Afrique
intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses
citoyens et constituant une force dynamique sur la scène
mondiale »170(*). Malgré ce changement, les divisions
et le manque de consensus subsistent toujours au sein du continent et l'UA n'a
pas jusqu'à présent réellement réussi à
réaliser l'unité dont l'Afrique à impérativement
besoin pour faire face de manière plus efficace aux défis de la
mondialisation.
Ainsi, plus que toute autre région, l'Afrique a besoin
d'intégration régionale pour mieux promouvoir son
développement économique et mettre en place les capacités
de compétitivité requise pour devenir partie intégrante de
l'économie mondiale et «échapper à la
marginalisation dont elle fait l'objet sur la scène internationale
aujourd'hui mondialisée171(*) ». En effet, au regard des
défis que doivent affronter les pays du Sud pour s'adapter au contexte
de la mondialisation, « Il semble qu'une insertion
stratégique de groupes régionaux ou sous régionaux, soit
la réponse la plus adaptée, comparativement à la
stratégie de "cavalier solitaire" en vue d'une insertion globale de
chaque pays »172(*). Ainsi, en réalisant leur unité
continentale, les pays africains pourraient mieux tirer profit des
opportunités de la mondialisation. Le défi étant pour ces
derniers de mettre en place une intégration régionale
crédible et de s'en servir comme tremplin pour s'intégrer de
manière fructueuse dans l'économie et la politique mondiales.
Cependant, afin d'y parvenir, ceux si doivent transcender les divisions qui ont
toujours subsisté depuis les indépendances et l'avènement
de l'OUA.
Par ailleurs, l'Afrique a d'autant plus que besoin d'une
intégration régionale sur le plan économique car, si
l'intégration africaine est conçue et mise en oeuvre au sein
d'une stratégie de développement plus large visant à
promouvoir la diversification économique, celle-ci pourra entre autre
renforcer les capacités productives des pays africains, réaliser
des économies d'échelle, améliorer la
compétitivité, créer de nouvelles possibilités et
surtout servir de rampe de lancement à la participation effective des
économies africaines à l'économie mondiale. De plus, ayant
en face d'elle de puissants regroupements régionaux tels que l'union
européenne, les États-Unis d'Amérique où encore la
Chine, l'Afrique n'a pas d'autre choix que de se présenter unie à
la table de négociations internationales pour défendre ses
intérêts et pouvoir occuper la place qui lui revient sur la
scène internationale.
La réflexion menée dans ce chapitre avait pour
but de déterminer les difficultés liées à une
intégration des États africains dans la mondialisation au travers
de leur appartenance à l'OIF et de faire une analyse prospective afin
d'identifier des solutions pour y remédier. Et il en ressort que, la
contribution de l'OIF à la dynamique d'intégration internationale
des États africains dans la mondialisation est limitée aussi bien
par des causes endogènes telles que la relative emprise de cette
organisation sur les États africains et l'influence limitée de
son volet économique, que par des causes exogènes telles que la
désunion persistante entre les États africains et le
déséquilibre croissant entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Dès lors, il s'avère qu'une meilleure intégration
internationale des États Africains nécessite à la fois, le
développement d'une Francophonie économique efficiente au travers
d'une mise en valeur de l'espace économique francophone et
l'encouragement par elle de partenariats économiques Sud-Sud. Par
ailleurs, la réalisation de cette intégration nécessite
également le renforcement des capacités d'influence
internationale des États africains par l'approfondissement des
réformes politico-économiques basées sur le
développement et une gouvernance démocratique au sein de ces
derniers, de même que par la réalisation d'une intégration
régionale plus efficace de l'Afrique.
CONCLUSION GENERALE
Au moment où cette réflexion va connaitre son
dénouement, la perspective d'une intégration internationale des
États africains au travers de leur appartenance à l'Organisation
Internationale de la Francophonie se confirme. En effet, tout au long de ce
travail de recherche, nous avions pour ultime but de démontrer que la
Francophonie joue un rôle majeur dans la dynamique d'intégration
internationale des États africains dans la mondialisation. Il s'agissait
de prouver concrètement, et conformément à notre boussole
de recherche à savoir l'hypothèse selon laquelle, l'OIF offre non
seulement des voies pouvant être utilisées par les États
Africains pour mieux s'insérer dans le système international.
Mais également contribue à la mise en oeuvre des conditions
nécessaires à une intégration internationale de ses
États membres en général et des États africains
francophones en particulier.
Ainsi, il s'est agi dans un premier temps de démontrer
que l'OIF est un vecteur d'intégration internationale pour ses
États membres et surtout pour les États d'Afrique francophone qui
ne disposent pas d'assez de capacités d'influence sur la scène
internationale. À cet effet, il a été établi au
cours de notre argumentaire que la Francophonie à travers ses valeurs,
ses objectif et sa vision du monde véhicule des idéaux favorables
à une intégration internationale. De même, il a
également été montré dans cette première
partie que le dynamisme politico-diplomatique de la Francophonie sur la
scène internationale constitue un moyen propice à
l'intégration internationale de l'Afrique dans la mondialisation. Par la
suite, il a été question de relever dans une deuxième
partie que, s'il est vrai que l'OIF à travers ses actions pour la
promotion de la paix en Afrique et l'insertion des pays africains dans
l'économie mondiale, contribue à mettre en oeuvre les conditions
nécessaires à l'intégration internationale des
États africains, ces actions restent cependant limitées par de
nombreux facteurs liés à la fois au climat
politico-économique des pays africains, et à certaines
réalités directement attachées à la faiblesse du
volet économique de la Francophonie. Dès lors, il a
été émis comme perspective pour une meilleure
intégration des États africains dans la mondialisation le
développement d'une Francophonie économique efficiente et le
renforcement des capacités d'influence internationale des États
Africains à travers la réalisation de l'unité africaine et
l'approfondissement des réformes politico-économiques en
Afrique.
Toutefois, il faut dire que conclure ce travail de recherche
uniquement sur un simple rappel des éléments ayant
structuré notre argumentaire ôte à cette partie sa
plus-value scientifique. Ainsi, sur le plan de la théorie des Relations
internationales, cette étude nous démontre que même si
l'État reste le réfèrent central des relations
internationales comme l'estiment les réalistes, ce dernier a cependant
besoins des Institutions internationales telles que l'Organisation
internationale de la Francophonie pour pouvoir pleinement tirer profit du
système internationales très anarchisé. Par ailleurs,
cette étude permet également une ouverture sur de nouvelles
perspectives de réflexion. Ainsi, au moment où nous voulons
mettre un terme à cette recherche, s'ouvrent de nouvelles interrogations
susceptibles de constituer des axes de réflexion pour d'éventuels
travaux de recherche visant à décrypter les nouvelles
stratégies d'influence internationale de la Francophonie. Il s'agit plus
précisément de la problématique du rapport entre les
enjeux économiques de la mondialisation et l'ambition de rayonnement
politico-économique de la Francophonie sur la scène
internationale en ce début de 21éme siècle.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES GENERAUX.
1. ARCHER, C. International Organizations, Routledge,
London, 1992.
2. ARON., R. Paix et guerre entre les nations,
Calmann-Lévy. Paris, 1962.
3. BADIE, B et SMOUTS M-C. Le retournement du monde.
Sociologie de la scène internationale, 3e édition revue et
mise à jour, presses de Sciences Po et Dalloz, 1999
4. BATTISTELLA, D. Théories des relations
internationales, 4è édition mise à jour et
augmentée, Paris, Presses de Sciences Po, 2012.
5. BERGES, M (dir). Penser les relations
internationales, Paris, l'Harmattan, 2008.
6. CHAZELLE, J. La Diplomatie, Paris, Puf, "Que
sais-je?"N°129, 1962.
7. DEVIN, G ; SMOUTS M, C ; Les organisations
internationales, Armand Colin, Paris, 2011.
8. DEUTSCH, K. BURREL, S. KANN, K. Lee Jr, M. LICHTERMAN,
M..., Political community and the North Atlantic Area, International
organization in light of historical experience , Princeton University
press, 1957.
9. DIANGITUKWA, F., Géopolitique,
intégration régionale et mondialisation ; plaidoyer pour la
création d'une communauté économique des pays
côtiers de l'Afrique Centrale. Ed. Harmattan, Paris, 2006.
10. DUMONT, R. L'Afrique noire est mal partie.
Edition le Seuil, Paris. 1962.
11. EASTON, D. Analyse du système politique,
Paris, Armand Colin.1974.
12. FERRANDÉRY, J. L. Le point sur la
mondialisation, Paris, PUF, 1998.
13. HAAS, E. The Uniting of Europe. Political, social and
economic forces. Published under the auspices of the London Institute of
world affairs, 1958.
14. HUNTINGTON, S. P., Le choc des civilisations,
Paris, Odile Jacob, 2000.
15. LAHRECHE-REVIL, A. Intégration internationale
et interdépendances mondiales, Éditions La
Découverte, collection Repères, Paris, 2002.
16. MORGENTHAU, H. Politics among Nations, New York
Knopf, 1948.
17. ROSENAU J. N., Turbulence in World Politics: A Theory
of change and Continuity, London, Princeton University Press, 1990.
18. SARKOZY, N. Ensemble, Saint-Amand-Montrond, XO
Édition, 2007.
19. SIDANI, S. Intégration et déviance au
sein du système international, les presses de sciences Po, coll.
« Relations internationales », Paris, 2014.
20. SVEN STEINMO et al., structuring politics: Historical
Institutionalism in Comparative Analysis, Cambridge University Press,
Cambridge, 1992.
21. TARDY, T. Gestion de crise, maintien et consolidation
de la paix, Edition de Boeck, Bruxelles, 2009.
22. WALTZ, K. Man, the State and War: A Theoretical
Analysis, New York, Columbia University Press, 1954.
II. OUVRAGES SPECIALISES SUR LA F(f)
FRANCOPHONIE.
1. ARNAUD Serges et al, Les défis de la
Francophonie. Pour une mondialisation humaniste, Paris, Alpharès,
collection « Planète francophone » 2005.
2. ATTALI, J. La Francophonie et la Francophilie, moteurs
de croissance durable, rapport à François HOLLANDE,
président de la république française août 2014.
3. BARRAT, J et MOISEI, C. Géopolitique de la
Francophonie : Un nouveau souffle ? , Paris, la Documentation
française, 2007.
4. CHAUPRADE, A. L'espace économique
francophone, Paris Ellipses, 1996.
5. DEREUMAUX, R. L'Organisation internationale de la
Francophonie, l'institution internationale du XXIème siècle,
L'Harmattan, Paris, 1995.
6. GALLET, D. Pour une ambition francophone,
l'Harmattan, paris, 1995,
7. GUILLOU, M. Francophonie-Puissance,
L'équilibre multipolaire, Paris, Ellipses Éditions, 2005.
8. NDAYWEL E NZIEM et al (dir), Francophonie et
gouvernance mondiale : vues d'Afrique, colloque international de Kinshasa,
Paris, Riveneuve, 2012.
9. TABI MANGA, J. La Francophonie. Lieu de mémoire,
projet d'espoir, Afredit, Yaoundé, 2010.
10. PHAN, T, GUILLOU, M, et AYMERIC, D. Francophonie et
mondialisation, Tome2 : les grandes dates de la construction de la
Francophonie institutionnelle, Éditions Belin, paris, 2012
11. WILLAR, C. La Francophonie : hégémonie ou
contre hégémonie, dans Michel BERGES (dir), Penser les
relations internationales, l'Harmattan, Paris, 2008.
12. WOLTON, D. Demain la francophonie, Paris,
Flammarion, 2006.
. III. DICTIONNAIRES ET OUVRAGES
METHODOLOGIQUES.
1. Le Robert, Dictionnaire de la langue
Française, Edition poche, paris, 1998.
2. BOUSSAQUET L., Jacquot S., RAVINET P, (dir.),
Dictionnaire des politiques publiques, Presses de la Fondation
Nationale des Sciences Politiques, Paris, 2004.
3. HERMET, G. BADIE, B. BIRNBAUM, P. et BRAUD, P.
Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques,
7e Edition, Armand Colin, Paris, 2010.
4. DUVERGER, M. Méthodes des sciences
sociales, P.U.F, paris, 1961, p340.
5. LOUBERT des Bayle, J-L. Initiation aux méthodes
des sciences sociales, L'Harmattan, Paris-Montréal, 2000.
. IV. ARTICLES.
1. ABDOU DIOUF., « Francophonie et Mondialisation
», Revue Hermes, No 40, 2004. pp.335-359.
2. ARON, R. «What is a Theory of International Relations?
», Journal of International Affairs, vol. XXI, no 2.1967. pp.
506-531.
3. ATANGANA AMOUGOU, J-L, « Francophonie et
résolution des conflits en Afrique » Revue internationale des
mondes francophones, No2, Printemps-été 2010. pp.83-89.
4. BEKOLO EBE, B ; « L'Afrique face aux défis
économiques à l'ère de la mondialisation », Acte
du Colloque international préparatoire de la XXIème
Conférence des chefs d'État et de gouvernement d'Afriques et de
France sur le thème « L'AFRIQUE FACE AUX DEFIS DE LA
MONDIALISATION », Volume II. pp. 123-135.
5. BRASPENNING D. T., « Constructivisme et relations de
puissance. Essai sur l'internationalisme de la théorie sociale »,
Notes et Études de l'Unité de Science politique et de
Relations internationales, Département des Sciences politiques et
sociales, Université catholique de Louvain, 2001. pp.1-26.
6. DAVID MORIN et Lori-Anne THÉROUX-BÉNONI,
« Maintien de la paix et espace Francophone », Bulletin du
maintien de la paix, no96, novembre 2009.pp. 1-4.
7. DAVID MORIN; THÉROUX-BÉNONI et ZAHAR, «
When peacekeeping intersects with La Francophonie: Scope, Significance and
Implications », International Peacekeeping, V.19, No.3, September
2012. Pp. 1-35.
8. DE SENARCLENS, P., « Les organisations internationales
face aux défis de la mondialisation », Revue internationale des
sciences sociales, no 170, 2001. Pp. 559-572.
9. GRAHAME, T. « Introduction : situer la mondialisation
», Revue Internationale des Sciences Sociales, no. 160, juin
1999.pp. 159-174.
10. HOFFMANN, S. « Vers l'étude systémique
des mouvements d'intégration international », Revue
française de science politique, volume 8, 1959. pp. 474-485.
11. KINZOUNZA, K, « Déontologie de la Fonction
Publique et Développement Économique et Social » Cahiers
Africains d'Administration Publique N°25 Tanger, Maroc, 1985. Pp.
15-25.
12. LAVROFF, G.D., « Les aspects de l'unification de
l'Afrique noire francophone », Année Africaine 1, 1961.
Pp. 45-65.
13. LECOURS, A., « L'approche
Néo-institutionnalistes en science politique: Unité ou
diversité? », Politique et sociétés, vol 21,
no 3, 2002. pp. 3-19.
14. MARCH. J ET OLSEN. J, « The New Institutionalism:
Organizational Factors in Political Life», American Political Science
Review, Vol. 78, 1984. pp. 734-749.
15. MARION JULIA ; « l'évolution de la
coopération entre l'ONU et les organisations régionales :
l'exemple de l'Organisation Internationale de la Francophonie », Actes
des sixièmes entretiens de la Francophonie, Hanoi, 1er et 2
février 2007. pp. 185-200.
16. MASSART-PIERARD, F. « La Francophonie, un nouvel
intervenant sur la scène internationale », Revue internationale
de politique comparée, n01, vol 14.2007. pp. 69-93.
17. MOHAMED LARDI HAOUAT, « Quel impact
de la Francophonie sur le rêve Africain ! »
GÉOSTRATÉGIQUES n° 36 · 2e TRIMESTRE 2012.
pp. 159-172.
18. MOREAU DEFARGES, P, « Quels ordres ou quels
désordres pour l'Europe », in Cahiers Français,
n0 257, Paris, 1993. pp. 132-136.
19. OUEDRAOGO, A. « L'Afrique face aux défis de
la coopération internationale à l'ère de la mondialisation
», Acte du Colloque international préparatoire de la
XXIème Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement d'Afriques
et de France sur le thème « L'AFRIQUE FACE AUX DEFIS DE LA
MONDIALISATION », Volume II. pp. 384-390.
20. NTUDA EBODE, J. V. « De la politique
étrangère des Etats africains: ruptures et continuités
d'une diplomatie contestée », in African journal of
international Affairs, vol.2, N0 1, 1999. pp. 62-96.
21. SOLDATOS, P. « La sociologie de l'intégration
internationale : essai de bilan critique », Études
internationales, vol. 5, no 3, 1974. pp. 7-42.
22. ZAKI LAÏDI. « Le déclassement
international de l'Afrique ». Politique étrangère
N°3. 1988. pp. 667-675.
V- THESES ET MEMOIRES.
1. AWONO EYEBE. P, Le dispositif Francophone de
prévention des conflits et de gestion des crises : du normatif au
stratégique, Mémoire de Master en sciences Politique,
option Relations Internationales, Spécialité Francophonie et
Mondialisation IRIC. 2014.
2. NGARLEM TOLDÉ, E ; La francophonie et la
résolution des conflits : réflexion sur la notion de tiers,
Thèse de doctorat de Science Politique, Université Jean
Moulin, Lyon 3. 2012.
3. NGOUAKA-TSOUMOU. A, L. La diplomatie francophone,
Thèse de Doctorat de Sciences Politiques, Université Jean Moulin,
Lyon 3. 2010.
4. PAPA LAFATIME SÈNE ; Les initiatives
d'intégration en Afrique, Mémoire de Master de Droit
international public et européen, université de Grenoble II,
2005.
VI. DOCUMENTS OFFICIELS.
1. Acte constitutif de l'UNION AFRICAINE adopté le 11
juillet 2000.
2. Convention sur la Biodiversité, les changements
climatiques et la lutte contre la désertification, Rio de
Janeiro.1992.
3. Protocole de Kyoto sur la réduction des
émissions de gaz à effet de serre, le 11 décembre 1997.
Japon.
4. OIF: Cadre Stratégique décennal de la
Francophonie, Ouagadougou. 27 novembre 2004.
5. OIF : Cadre Stratégique de la Francophonie
2015-2022, Dakar. 30 novembre 2014
6. OIF : Stratégie économique pour la
Francophonie, Dakar. 30 novembre 2014.
7. OIF : Bilan de l'action de l'OIF dans le domaine
économique, Paris. octobre 2014.
8. OIF: Déclaration de Saint-Boniface, 14 mai 2006.
9. OIF : Déclaration de Bamako, 03 novembre
2000.
10. OIF : Déclaration de Beyrouth, 20 octobre
2002.
11. OIF : Déclaration de Montreux, 24 octobre
2010
12. OIF : Déclaration de Kinshasa, 14 octobre
2012.
13. OIF : Déclaration de Dakar, 30 novembre
2014.
14. OIF: Rapport du Secrétaire général de
la Francophonie, de Moncton à Beyrouth, 1999-2001;
15. OIF: Rapport du Secrétaire général de
la Francophonie, de Ouagadougou à Bucarest, 2004-2006;
16. OIF: Rapport du Secrétaire général de
la Francophonie, de Bucarest à Québec, 2006-2008;
17. OIF: Rapport du Secrétaire général de
la Francophonie, de Québec à Montreux 2008-2010 ;
18. OIF: Rapport du Secrétaire général de
la Francophonie, de Montreux à Kinshasa 2010-2012.
19. UNESCO: Convention sur la Protection et la Promotion de la
Diversité des Expressions Culturelles, 20 octobre 2005.
VII. WEBOGRAPHIE.
1.
http://www.eeas.europa.eu/delegations/madagascar/eu_madagascar/integration/index_fr.htm.
2. http://www.fidh.org.
3. http//www.francophonie.org.
4. http://www.francophonie.org/chronologie.
5. http://www.francophonie.org/ Développement
local.htm.
6. http://www.francophonie.org/Promotion de l'emploi par
l'entreprenariat.htm.
7. http//www.iframond.com/index.php?option.
8.
www.JeuneAfrique.com.
9.
http://www.languefrançaise.net
10. http://www.ong-francophonie.net.
11. http//www.rfi.fr.
12. http//www.un.org/membres.
13.
http://www.wikipedia.org/wiki/Intégration_économique.
ANNEXE 1
Un extrait du préambule de la Charte de la
Francophonie
Adoptée par la Conférence
ministérielle de la Francophonie
Antananarivo, le 23 novembre 2005
Préambule
La Francophonie doit tenir compte des mutations historiques
et des grandes évolutions politiques, économiques, technologiques
et culturelles qui marquent le XXIe siècle pour affirmer sa
présence et son utilité dans un monde respectueux de la
diversité culturelle et linguistique, dans lequel la langue
française et les valeurs universelles se développent et
contribuent à une action multilatérale originale et à la
formation d'une communauté internationale solidaire.
La langue française constitue aujourd'hui un
précieux héritage commun qui fonde le socle de la Francophonie,
ensemble pluriel et divers. Elle est aussi un moyen d'accès à la
modernité, un outil de communication, de réflexion et de
création qui favorise l'échange d'expériences.
Cette histoire, grâce à laquelle le monde qui
partage la langue française existe et se développe, est
portée par la vision des chefs d'État et de gouvernement et par
les nombreux militants de la cause francophone et les multiples organisations
privées et publiques qui, depuis longtemps, oeuvrent pour le rayonnement
de la langue française, le dialogue des cultures et la culture du
dialogue.
Elle a aussi été portée par l'Agence de
coopération culturelle et technique, seule organisation
intergouvernementale de la Francophonie issue de la Convention de Niamey en
1970, devenue l'Agence de la Francophonie après la révision de sa
charte à Hanoi, en 1997.
Afin de donner à la Francophonie sa pleine dimension
politique, les chefs d'État et de gouvernement, comme ils en avaient
décidé à Cotonou en 1995, ont élu un
Secrétaire général, clé de voûte du
système institutionnel francophone, de même que la
Conférence ministérielle, en 1998 à Bucarest, a pris acte
de la décision du Conseil permanent d'adopter l'appellation «
Organisation internationale de la Francophonie ».
À Ouagadougou, en 2004, réunis en Xe
Sommet, les chefs d'État et de gouvernement ont approuvé
les nouvelles missions stratégiques de la Francophonie et ont pris la
décision de parachever la réforme institutionnelle afin de mieux
fonder la personnalité juridique de l'Organisation internationale de la
Francophonie et de préciser le cadre d'exercice des attributions du
Secrétaire général.
Tel est l'objet de la présente Charte, qui donne
à l'ACCT devenue Agence de la Francophonie, l'appellation d'Organisation
internationale de la Francophonie.
ANNEXE 2
Un extrait de la Déclaration de Bamako
2000
Nous, Ministres et Chefs de délégation
des États et gouvernements des pays ayant le français en partage,
réunis à Bamako pour le Symposium International sur le bilan des
pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans
l'espace francophone ;
Nous fondant sur les dispositions de la
Charte de la Francophonie, qui consacrent comme objectifs prioritaires l'aide
à l'instauration et au développement de la démocratie, la
prévention des conflits et le soutien à l'état de droit et
aux droits de l'Homme ;
Rappelant l'attachement de la Francophonie
à la Déclaration universelle des droits de l'Homme et aux Chartes
régionales, ainsi que les engagements des Sommets de Dakar (1989),
de Chaillot (1991), de Maurice (1993), de Cotonou (1995), de Hanoi
(1997) et de Moncton (1999) ;
Inscrivant notre action dans le cadre de la
Décennie des Nations Unies pour l'éducation aux Droits de l'Homme
(1995-2004) ;
Considérant l'action d'accompagnement des processus
démocratiques menée par la Francophonie ces dix dernières
années ;
Soucieux de progresser vers la
démocratie par le développement économique et social et
une juste répartition des ressources nationales pour un accès
égal à l'éducation, à la formation, à la
santé et à l'emploi ;
Souhaitant répondre à
l'objectif fixé au Sommet de Moncton, de tenir un Symposium
International sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et
des libertés dans l'espace francophone, pour approfondir la
concertation et la coopération en faveur de l'État de droit et de
la culture démocratique, et d'engager ainsi une étape nouvelle
dans le dialogue des États et gouvernements des pays ayant le
français en partage, pour mieux faire ressortir les axes principaux tant
de leur expérience récente que de leur
spécificité.
ANNEXE 3
Extrait de la déclaration de Saint-Boniface
2006
Nous, Ministres et Chefs de délégation des
États et gouvernements ayant le français en partage,
réunis à Saint-Boniface les 13 et 14 mai 2006, dans le cadre de
la Conférence ministérielle de la Francophonie sur la
prévention des conflits et la sécurité humaine;
Nous fondant sur les dispositions de la
Charte de la Francophonie adoptée à Antananarivo en novembre 2005
ainsi que sur les orientations définies par nos Chefs d'État et
de gouvernement dans le Cadre stratégique décennal de la
Francophonie, adopté lors du Sommet de Ouagadougou, en novembre 2004, et
Rappelant en particulier les objectifs stratégiques
arrêtés dans ce dernier, portant sur la consolidation de la
démocratie, des droits de l'Homme et de l'État de droit, ainsi
que sur la prévention des conflits et l'accompagnement des processus
de sortie de crises, de transition démocratique et de consolidation de
la paix ;
Convaincus que, dans un monde plus que
jamais interdépendant, confronté à des dangers communs
et à des menaces transnationales, le multilatéralisme
demeure le cadre privilégié de la coopération
internationale ; que la construction de la paix, le renforcement de la
sécurité collective et le développement durable à
l'échelle mondiale sont une tâche commune qui doit se
réaliser dans le respect de la souveraineté des États, de
l'égalité des droits des peuples et de leur droit à
disposer d'eux-mêmes, et que le recours à la force est du ressort
ultime du Conseil de sécurité, qui l'exerce dans le respect de
la Charte des Nations Unies et des règles du droit international ;
Persuadés que l'instauration du
dialogue des cultures et des civilisations, comme l'affermissement de la
solidarité entre les nations, sont de nature à réduire les
tensions, à prévenir les conflits et à renforcer la lutte
contre le terrorisme ;
Convaincus également que la
prévention des crises et des conflits repose aussi sur la
sécurité de l'individu, la satisfaction de ses besoins vitaux,
notamment celui de vivre en paix, le respect de tous ses droits, y compris le
droit au développement, toutes exigences conditionnées par
l'existence d'un État de droit démocratique ; Convaincus
enfin que la sécurité, la paix, le respect de tous les
droits de l'Homme - assortis de mécanismes de garantie -, la
démocratie et le développement, composantes essentielles de la
sécurité humaine, sont indissociables et constituent des
objectifs liés et interdépendants ;
Conscients de l'étape majeure que
représente l'adoption de la Déclaration de Bamako de novembre
2000, pour l'affirmation de la Francophonie politique et l'approfondissement
du dialogue et de la coopération entre nos États et
gouvernements autour de l'État de droit, de la démocratie et des
droits de l'Homme, et
Reconnaissant la contribution significative
de la mise en oeuvre du dispositif de Bamako aux progrès accomplis dans
la promotion de la paix au sein de l'espace francophone, dans une
démarche tant de prévention structurelle que d'accompagnement
des sorties de crises et des transitions ;
Faisant nôtres les conclusions du
Symposium international sur les pratiques de la démocratie, des droits
et des libertés dans l'espace francophone (Bamako +5) de novembre 2005,
telles qu'exprimées dans l'Acte final qui a confirmé
l'adhésion unanime aux engagements et au mécanisme de suivi
consignés dans la Déclaration de Bamako, ainsi que la
portée de celle-ci comme instrument normatif et d'action au service de
la paix, sous l'impulsion du Secrétaire général, et
qui a invité l'Organisation internationale de la Francophonie
à accroître ses efforts en faveur de la prévention des
conflits, grâce à l'alerte précoce et à la
diplomatie préventive, ainsi qu'à renforcer son interaction avec
les États et gouvernements membres.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE................................................................................................i
AVERTISSEMENT.......................................................................................ii
DEDICACES..............................................................................................iii
REMERCIEMENTS......................................................................................iv
LISTE DES SIGES ET
ABREVIATIONS.............................................................v
LISTE DES CARTES ET
TABLEAUX...............................................................vi
LISTE DES
ANNEXES.................................................................................vii
RESUME.................................................................................................viii
ABSTRACT................................................................................................ix
INTRODUCTION
GENERALE......................................................................1
A-CONTEXTE DE
L'ETUDE...........................................................................1
B-DELIMITATION DU
SUJET........................................................................2
C-CLARIFICATION DES
CONCEPTS...............................................................4
1.
FRANCOPHONIE......................................................................................5
2.
INTEGRATION.........................................................................................5
3.
MONDIALISATION....................................................................................8
D-INTERET DU
SUJET................................................................................10
E-REVUE DE
LITTERATURE........................................................................11
F-PROBLEMATIQUE..................................................................................16
G-HYPOTHESE ET OBJECTIF DE LA
RECHERCHE..........................................17
H-CADRE THEORIQUE
D'ANALYSE.............................................................17
1. Le
Réalisme.............................................................................................17
2. Le
néo-institutionnalisme.............................................................................18
I-CADRE
METHOLOGIQUE........................................................................20
1. Techniques de collecte de
données...................................................................20
2. Méthodes
d'analyse....................................................................................21
a. Méthode
hypothético-déductive.....................................................................21
b. Méthode
socio-historique.............................................................................22
J- ANNONCE DU
PLAN..............................................................................22
PREMIERE PARTIE : LA FRANCOPHONIE :
UN VECTEUR D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS
AFRICAINS................................................23
CHAPITRE I : LES VALEURS ET OBJECTIFS DE LA
FRANCOPHONIE : DES IDEAUX FAVORABLES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES
ETATS
AFRICAINS.............................................................................................25
Section 1 : Les valeurs de la Francophonie et
l'originalité de sa vision du monde.........26
Paragraphe 1 : L'originalité universelle des
valeurs francophones en faveur d'une mondialisation
multipolaire.............................................................................26
A- Les valeurs de liberté et de
diversité...............................................................26
B- Les valeurs de solidarité et de
dialogue............................................................28
Paragraphe 2 : L'originalité de la vision des
relations internationales sous l'angle de la
Francophonie.............................................................................................29
A- La primauté du
multilatéralisme....................................................................29
B- La promotion d'une mondialisation
humaniste...................................................30
Section 2 : Les objectifs de la Francophonie et
la promotion des facteurs d'intégration
internationale.............................................................................................31
Paragraphe 1 : Les objectifs en faveur de la promotion de
la paix.................................32
A- La préservation de la paix par la prévention
des conflits.......................................32
B- La gestion des crises et la consolidation de la
paix..............................................33
Paragraphe 2 : Les objectifs en faveur du
développement.........................................36
A- Contribution par la coopération multilatérale au
développement durable....................36
B- Favoriser l'essor économique des
États...........................................................38
CHAPITRE II : LES STRATEGIES
POLITICO-DIPLOMATIQUES DE LA FRANCOPHONIE : UNE MISE EN OEUVRE DES
CONDITIONS PROPICES A L'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS
AFRICAINS.....................40
Section 1 : Une stratégie politique
basée sur une double
coopération........................41
Paragraphe 1 : Une coopération
interne...............................................................41
A- Coopération entre l'OIF et les États
membres....................................................41
B- Coopération entre l'OIF, la Société
civil et les ONG............................................43
Paragraphe 2 : Une coopération
externe...............................................................45
A- Coopération entre l'OIF et
L'ONU.................................................................45
B- Coopération avec les autres organisations
internationales.......................................46
Section 2 : Une stratégie diplomatique
propice pour une intégration internationale des États
Africains...........................................................................................49
Paragraphe 1 : les acteurs stratégiques de la
diplomatie francophone.............................49
A- Le Secrétaire
générale................................................................................49
B- Les groupes des ambassadeurs
francophones.....................................................50
Paragraphe 2 : les caractéristiques de la
diplomatie francophone.................................52
A- Une diplomatie
bilatérale............................................................................52
B- Une diplomatie
multilatérale........................................................................53
DEUXIEME PARTIE : LA FRANCOPHONIE :
UN LEVIER D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS AFRICAINS LIMITEE DANS SES
ACTIONS...56
CHAPITRE III: LA FRANCOPHONIE COMME ACTEUR STRATEGIQUE
DANS LA DYNAMIQUE D'INTEGRATION INTERNATIONALE DES ETATS
AFRICAINS..............................................................................................58
Section 1 : La francophonie, un acteur dans
la gestion pacifique des conflits en
Afrique....................................................................................................60
Paragraphe 1 : Les actions de la Francophonie en
matière de prévention et de gestion des crises en
Afrique..........................................................................................61
A- Le dispositif francophone d'alerte précoce et la
Prévention des conflits en Afrique......61
B- La participation au règlement pacifique des crises
et l'accompagnement des transitions.63
Paragraphe 2 : les actions de la Francophonie en
matière de consolidation de la paix en
Afrique.....................................................................................................65
A- L'accompagnement aux missions de sortie de
crises...........................................65
B- Le soutient à la réforme du système de
sécurité et au renforcement des capacités
institutionnelles
nationales...............................................................................67
Section 2 : La Francophonie, un acteur de
l'intégration des États africains dans l'économie
mondiale....................................................................................69
Paragraphe 1 : Francophonie et contribution au
développement socio-économique des États
Africains...................................................................................................70
A- L'appui par la coopération aux efforts de
réduction de la pauvreté.........................70
B- L'accompagnement du développement du secteur
privé Africain............................72
Paragraphe 2 : Francophonie et contribution à
l'intégration de l'Afrique dans le commerce
international...............................................................................................74
A- Le renforcement de l'expertise en négociations
commerciales multilatérales..............74
B- Le développement des capacités de formulation
des politiques commerciales..............75
CHAPITRE IV : LIMTES ET ANALYSE PROSPECTIVE POUR
UNE INTEGRATION PLUS
EFFICACE................................................................77
Section 1 : Une Francophonie limitée dans
ces actions..........................................79
Paragraphe 1 : les limites endogènes à la
Francophonie.............................................79
A- La relative emprise de la Francophonie en
Afrique.............................................79
B- La modicité de son volet
économique............................................................81
Paragraphe 2 : les limites exogènes à la
Francophonie..............................................82
A- La désunion persistante des Etats Africains sur le
plan continental et international.......82
B- Le déséquilibre croissant entre les pays du
Nord et ceux du Sud............................83
Section 2 : Pour une intégration
internationale plus efficace des Etats africains par la
Francophonie.............................................................................................85
Paragraphe 1 : Le développement d'une
Francophonie économique efficiente.................85
A- La mise en valeur et le renforcement de l'espace
économique francophone................85
B- L'encouragement des partenariats commerciaux
Sud-Sud.....................................87
Paragraphe 2 : le renforcement des capacités
d'influences internationales des États
Africains....................................................................................................88
A- L'approfondissement des réformes
politico-économiques en Afrique.......................88
B- La réalisation de l'Unité
Africaine................................................................89
CONCLUSION
GENERALE.........................................................................92
BIBLIOGRAPHIE..........................................................................................x
ANNEXES................................................................................................xv
TABLE DES
MATIERES..............................................................................xxi
* 1Guillou, M.
Francophonie-Puissance, Paris, Éditions Ellipses, 2005,
p.11
* 2 Sarkozy, N.
Ensemble , Saint-Amand-Montrond, XO Édition, 2007, p.
79
* 3 OUEDRAOGO, A.
« L'Afrique face aux défis de la coopération
internationale à l'ère de la
mondialisation », Acte du Colloque international
préparatoire de la XXIème Conférence des chefs d'Etat et
de gouvernement d'Afriques et de France sur le thème
« L'AFRIQUE FACE AUX DEFIS DE LA MONDIALISATION », Volume
II, p.428.
* 4OUEDRAOGO, A.
« L'Afrique face aux défis de la coopération
internationale à l'ère de la mondialisation »,
Op.cit. p.429.
* 5 Huntington, S. P., Le
choc des civilisations, Paris, Odile Jacob, 2000.
* 6 Cité par M. Nguele
Abada, « La réception des règles du procès
équitable dans le contentieux du droit public », juridis
périodique, juillet-aout-septembre 2005, n°63, p. 20.
* 7 C'est en effet
dans « France, Algérie et colonies »
et plus précisément dans le chapitre consacré
à « La langue française, en Europe et dans le monde. La
langue d'oïl et la langue d'oc » qu'on trouve pour la
première fois le mot « francophonie ». Ce chapitre
du texte d'Onésime Reclus est disponible sur le Site
http://www.languefrançaise.net/dossiers/dossiers.php?id_dossier=40.
* 8 Phan, T, Guillou, M, et
Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, Tome2 : les grandes
dates de la construction de la Francophonie institutionnelle, Éditions
Belin, paris, 2012, p.8.
* 9 Le Robert, Dictionnaire de
la langue Française, Edition poche, paris, 1998.
* 10 Ibid. p.713.
* 11
http://www.wikipedia.org/wiki/Intégration_économique,
consulté le 28 janvier 2015 à 12h54.
* 12 Tshiyembe, M.
Organisations internationales : théorie générale
et étude de cas, collection « Géopolitique
mondiale », L'Harmattan, Paris, 2012. p. 108
* 13 Ibid.
* 14Tshiyembe, M.
Organisations internationales : théorie générale
et étude de cas, Op.cit. p. 109
* 15 Ibid.
* 16 Ibid.
* 17Hermet, G. Badie, B.
Birnbaum, P. et Braud, P. Dictionnaire de la science politique et
des institutions politiques, 7e Edition, Armand Colin, Paris, 2010.
p.223.
* 18 Union Européenne
-SEAE (Service Européen pour l'action extérieur) /
Intégration internationale,
http://www.eeas.europa.eu/delegations/madagascar/eu_madagascar/integration/index_fr.htm.
Consulté le 28/01/2015
* 19Hermet, G. et al. Op. Cit.
p.224.
* 20 David BOLDUC et Antoine
AYOUB, La mondialisation et ses effets: revue de la
littérature, GREEN -- Université Laval Québec,
Canada, Novembre 2000. p. 4.
* 21 Ferrandéry, J.
L. Le point sur la mondialisation, Paris, PUF, 1998. p.3
* 22Grahame, T.
« Introduction : situer la mondialisation », Revue
Internationale des Sciences Sociales, no. 160, juin 1999, pp. 159-174
* 23 Held, D. McGrew, A.
Goldblatt, D. Perraton, J. «Global Transformations», Stanford
University Press, Stanford, 1999.
* 24Hermet, G. et al. Op. Cit.
P. 305.
* 25 Terme propre au professeur
M. Guillou pour nommer la nouvelle dynamique de la Francophonie.
* 26 Phan, T, Guillou, M, et
Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, Tome2 : les grandes
dates de la construction de la Francophonie institutionnelle, Éditions
Belin, paris,, 2012, p.95.
* 27 Soldatos, P.
« La sociologie de l'intégration internationale : essai
de bilan critique », Etudes internationales, vol. 5, no
3, 1974, p. 519-541.
* 28 Soldatos, P.
« La sociologie de l'intégration internationale : essai
de bilan critique ». Op.cit. p. 524.
* 29 Ibid. p. 541.
* 30 Hoffmann, S.
« Vers l'étude systémique des mouvements
d'intégration internationale », Revue française de
science politique, vol .9, No.2, juin 1959, pp. 474-483.
* 31 Deutsch, K. BurreL, S.
Kann, K. Lee Jr, M. Lichterman, M..., Political community and the
North Atlantic Area, International organization in light of historical
experience , Princeton University press, 1957, Princeton.
* 32 Haas, E. The
Uniting of Europe. Political, social and economical forces. Published
under the auspices of the London Institute of world affairs, 1958.
* 33Hoffmann, S. op. Cit. p.
485.
* 34 Ibid. p. 477.
* 35 Ibid.
* 36 Ibid.
* 37 Sidani, S.
Intégration et déviance au sein du système
international, les presses de sciences Po, coll. « Relations
internationales », Paris, 2014
* 38Sidani, S.
Intégration et déviance au sein du système
international. Op. Cit. p.27.
* 39 Lahreche-revil, A.
Intégration internationale et interdépendances
mondiales, Editions La Découverte, collection Repères,
Paris, 2002
* 40 Ibid. p.54.
* 41 Ibid. p.59.
* 42 Lahreche-revil, A.
Intégration internationale et interdépendances
mondiales. Op.cit. p.60.
* 43 Archer, C.
International Organizations, London, Routledge, 1992.
* 44 Ntuda Ebode, J. V.
« De la politique étrangère des Etats africains:
ruptures et continuités d'une diplomatie
contestée », in African journal of international
Affairs, vol.2, N0 1, 1999.
* 45 Ibid. p. 62.
* 46 Ibid. p. 63.
* 47 Massart-Pierard, F.
« La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène
internationale », Revue internationale de politique
comparée, 2007/1, vol. 14, p. 64.
* 48 Gallet, D. Pour une
ambition francophone, l'Harmattan, Paris, 1995, p.36.
* 49 Aron, R. «What is
a Theory of International Relations? », Journal of International
Affairs, vol. XXI, 1967, no 2, pp. 185-206.
* 50 Waltz, K.
Man, the State and War: A Theoretical Analysis, New York,
Columbia University Press, 1954.
* 51 H. Morgenthau,
Politics among Nations, New York Knopf, 1948.
* 52 R. Aron., Paix et
guerre entre les nations, Calmann-Lévy. Paris, 1962.
* 53 Sven Steinmo et al.,
structuring politics: Historical Institutionalism in Comparative Analysis,
Cambridge University Press, Cambridge, 1992.
* 54 March. J et Olsen. J,
« The New Institutionalism: Organizational Factors in Political
Life», American Political Science Review, Vol. 78, 1984, pp
.734-749
* 55 Lecours, A., «
L'approche Néo-institutionnalistes en science politique: Unité ou
diversité? », Politique et sociétés, vol 21,
no 3, 2002, p. 8.
* 56 Ibid. p.9.
* 57 Lecours, A., «
L'approche Néo-institutionnalistes en science politique: Unité ou
diversité? », Op.cit. p.9.
* 58 Loubert des Bayle, J-L.
Initiation aux méthodes des sciences sociales, L'Harmattan,
Paris-Montréal, 2000. p.37.
* 59 Bernard, C.
Introduction à l'étude de la médecine
expérimentale, Paris, Garnier, 1966. p52.
* 60 Duverger, M.
Méthodes des sciences sociales, Paris , P.U.F, 1960,
p340.
* 61 Rosenau J. N.,
Turbulence in World Politics : A Theory of change and Continuity, New
York/
London, Princeton University Press, 1990, p. 36 et suivantes.
* 62 Phan, T, Guillou, M, et
Aymeric, D. Francophonie et mondialisation, op. cit. p. 135.
* 63 Boussaquet L., Jacquot S.,
Ravinet P, (dir.), Dictionnaire des politiques publiques,
Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques,
2004, p. 243.
* 64 Massart-Pierard, F.
« La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène
internationale », op.cit. p. 71.
* 65 Abdou Diouf., «
Francophonie et Mondialisation », Revue Hermes, No 40,
2004. p. 384.
* 66 Massart-Pierard, F.
« La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène
internationale », op.cit. p72.
* 67 Guillou, M.
Francophonie-Puissance, L'équilibre multipolaire,
Paris, Ellipses Éditions, 2005. p.19
* 68 Huntington, S. P., Le
choc des civilisations. Op. Cit.
* 69 Christian VALANTIN dans la
Préface de GUILLOU(Michel): Francophonie-
Puissance, op.cit., p.3
* 70 Ngouaka-tsoumou. A, L.
La diplomatie francophone, Thèse de Doctorat de Sciences
Politiques, Université Jean Moulin (Lyon), Lyon 3, 2010. P. 65
* 71 Wolton, D. Demain la
francophonie, Paris, Flammarion, 2006, p.32.
* 72 Braz , A. Pensez la
mondialisation, Paris, Ellipses, 2009, p.134.
* 73 Willar, C. « La
Francophonie : hégémonie ou contre
hégémonie », dans Michel BERGES (dir), Penser les
relations internationales, l'Harmattan, Paris, 2008, pp.362-387.
* 74 Phan, T. et Guillou. M,
op.cit., p.252.
* 75 Quif) 2005: Qui fait
la Francophonie?, op.cit., p.23
* 76 NGOUAKA-TSOUMOU
André Ludovic, La diplomatie francophone. Op. Cit. 66
* 77 SENGHOR. L, S.
Liberté3: Négritude et Civilisation de l'Universel,
Paris, Éditions du Seuil, 1977
* 78 NGOUAKA-TSOUMOU
André Ludovic, La diplomatie francophone. Op. Cit. 67.
* 79 BRASPENNING D. T., «
Constructivisme et relations de puissance. Essai sur l'internationalisme
de la théorie sociale », Notes et Études
de l'Unité de Science politique et de Relations internationales,
Département des Sciences politiques et sociales,
Université catholique de Louvain, 2001, n°1, p. 15.
* 80Massart-Pierard, F.
« La Francophonie, un nouvel intervenant sur la scène
internationale », op.cit. p77
* 81 Voir « Ordres et
désordre dans le monde », cahiers Français,
n0263, Paris, 1993.
* 82 De Senarclens, P.,
« Les organisations internationales face aux défis de la
mondialisation », Revue internationale des sciences
sociales, no 170, 2001, p. 559.
* 83 Moreau Defarges, P,
« Quels ordres ou quels désordres pour l'Europe »,
in Cahiers Français, n0257, Paris, 1993,
pp.132-136.
* 84 Charte de la Francophonie
du 23 novembre 2005, article 1.
* 85 Sidani, S.
Intégration et déviance au sein du système
international. Op. Cit
* 86 Voir Déclaration
de Bamako du 3 novembre 2000.
* 87 Atangana Amougou ;
J-L, « Francophonie et résolution des conflits en
Afrique » Revue internationale des mondes francophones,
No2, Printemps-été 2010. p.39.
* 88 OIF,
Déclaration de Québec, du 19 octobre 2008 point 12,
p.2.
* 89 Sidani, S.
Intégration et déviance au sein du système
international. Op. Cit. p.27.
* 90 Convention sur la
Biodiversité, les changements climatiques et la lutte contre la
désertification adoptée au Sommet de la Terre à Rio de
Janeiro en 1992.
* 91 Le protocole de Kyoto est
un accord international visant à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre signé le 11
décembre 1997 lors de la 3e Conférence des Parties à la
Convention (COP 3) à Kyoto, au Japon, et entré en vigueur le 16
février 2005.
* 92 OIF,
Déclaration de Québec, du 19 octobre 2008 point 8.
p.1.
* 93 Ce colloque avait
été organisé dans le cadre de la semaine de la
Francophonie par l'Université Senghor d'Alexandrie et il s'y
était tenu trois tables rondes qui traitaient des sujets suivants :
« Réalités économiques de la Francophonie »,
« La Francophonie et les perspectives de renouvellement économique
» et « Les industries culturelles ».
* 94 Il s'agit du Cadre
Stratégique de la Francophonie adopté lors du XVe
Sommet de l'OIF tenu à Dakar du 29 au 30 Novembre 2014, fixant les
objectifs de l'Organisation pour les 8 années à venir.
* 95 OIF : Rapport du
Secrétaire Général de la Francophonie de Montreux à
Kinshasa, 2010-2012.p.18.
* 96 Ngouaka-Tsoumou. A, L.
La diplomatie francophone, Thèse de Doctorat de Sciences
Politiques, Op Cit, p.87.
* 97 Chazelle, J. La
Diplomatie, Paris, Puf, "Que sais-je?"N°129, 1962.p18.
* 98 DIOUF (Abdou) in Rapport
du Secrétaire général de la Francophonie, de Ouagadougou
à Bucarest,
2004-2006, p.5
* 99 KINZOUNZA, K,
« Déontologie de la Fonction Publique et Développement
Economique et Social »
Cahiers Africains d'Administration Publique N°25
Tanger, Maroc, 1985, p.17
* 100 OIF, Rapport du
Secrétaire général, de Beyrouth à Ouagadougou,
2002-2004.p.139.
* 101 Cette liste peut
être consultée sur le site http://www.ong-francophonie.net.
* 102 OIF, Charte
d'Antananarivo du 23 novembre 2005.
* 103 Ce terme doit être
entendu au sens large car les textes officiels des Nations Unies ne donnent
aucune définition précise de la notion d'Organisation
régionale. Dès lors, cette dernière renvoie à
toutes les organisations coopérant avec l'ONU.
* 104 Julia, M ;
« l'évolution de la coopération entre l'ONU et les
organisations régionales : l'exemple de l'Organisation
Internationale de la Francophonie », Actes des sixièmes
entretiens de la Francophonie , Hanoi, 1er et 2 février
2007.p.187.
* 105 Voir la Charte des
Nations Unis, Chapitre 8 « Accords
régionaux ».p15.
* 106 Résolutions
A/RES/33/18 du 10 novembre 1978, A/RES/50/3 du 16 octobre 1995, A/RES/52/2 du
17 octobre 1997 ; A/RES/54/25 du 15 novembre 1999 ; A/RES/56/45 du 7
décembre 2001 ; A/RES/57/43 du 21 novembre 2002 ;
A/RES/59/22 du 8 novembre 2004 ; A/RES/61/7 du 20 octobre 2006 etc.
* 107 C'est au terme de cette
conférence qu'a été adopté la Déclaration de
Saint-Boniface le 14 mai 2006.
* 108 Ngouaka-Tsoumou. A, L.
La diplomatie francophone, Op.cit. p. 108.
* 109 OIF, Charte
d'Antananarivo du 23 novembre 2005. p.3
* 110 OIF, Charte
d'Antananarivo du 23 novembre, Op.cit.
* 111 Ibid.
* 112 Julia, M ;
« l'évolution de la coopération entre l'ONU et les
organisations régionales : l'exemple de l'Organisation
Internationale de la Francophonie », Op cit.p.194.
* 113 OIF, Rapport du
Secrétaire général, de Beyrouth à Ouagadougou. Op
cit.p.136
* 114 Ngouaka-Tsoumou. A, L.
La diplomatie francophone, Op.cit. p. 124.
* 115 Ibid.p.131.
* 116
http://www.francophonie.org/chronologie, consulté le 10 juin 2015.
* 117 Ce colloque avait
été organisé le 27 octobre 2011 et avait pour
thème : « Cap sur les partenariats innovant »
et regroupait des représentants de plusieurs organisations
internationales partenaires de l'OIF.
* 118 Cnuced/ Rapport de
la treizième session, Doha du 21 au 26 avril. p.8
* 119 OIF/ Rapport du
secrétaire général, de Montreux à Kinshasa
2010-2012.p.26.
* 120 Ibid.
* 121 Ibid.
* 122 Devin, G ; Smouts
M, C ; Les organisations internationales, Armand Colin, Paris,
2011.p.86
* 123 Awono Eyebe, P ;
Le dispositif francophone de prévention des conflits et de gestion
des crises : du normatif au stratégique, contribution à la
construction d'une Francophonie-puissance, Mémoire de Master en
science politique, option Relations Internationale, spécialité
Francophonie et Mondialisation, IRIC, 2013, p.71.
* 124 Sidani, S.
Intégration et déviance au sein du système
international, Op.cit.
* 125 Zaki Laïdi.
« Le déclassement international de l'Afrique ».
Politique étrangère N°3. 1988. p.667.
* 126 Dumont, R .
L'Afrique noire est mal partie. Edition le Seuil, Paris. 1962.
* 127 OIF/ Rapport du
secrétaire générale, de Kinshasa à Dakar,
2012-2014.p.80.
* 128 Mohamed El Hacen Lebatt
est Professeur de droit, ancien recteur, ancien ministre mauritanien des
affaires étrangères, il a également été
envoyé spécial du secrétaire général de
l'OIF au Tchad.
* 129 José
Ramos-Horta est Prix Nobel de la paix, ancien président du Timor-Leste,
représentant spécial du Secrétaire général
des Nations unies en Guinée-Bissau
* 130 OIF/ Rapport du
secrétaire général. Op.cit.p81.
* 131 OIF/ Rapport du
secrétaire générale. Op.cit.
* 132 OIF/ Rapport du
secrétaire générale, de Montreux à Kinshasa,
2010-2012.p.66
* 133 OIF/ Rapport du
secrétaire générale, de Kinshasa à Dakar,
Op.cit.p.81.
* 134 David Morin et Lori-Anne
Théroux-Bénoni, « Maintien de la paix et espace
Francophone », Bulletin du maintien de la paix,
no96, novembre 2009, p.1.
* 135 OIF/ Rapport du
secrétaire général, de Kinshasa à Dakar,
Op.cit.p.87.
* 136Morin, D et
Théroux-Bénoni, « Maintien de la paix et espace
Francophone », Op.cit.p.2.
* 137 Morin, D ;
Théroux-Bénoni et Zahar, « When peacekeeping intersects
with La Francophonie : Scope, Significance and Implications »,
International Peacekeeping, V.19, No.3, Septembre 2012, p.290.
* 138 Morin, D ;
Théroux-Bénoni et Zahar Op.cit.
* 139 Sidani, S.
Intégration et déviance au sein du système
international. Op. Cit. p.27
* 140 Discours de Louis
Michel, Commissaire européen au Développement et à l'Aide
humanitaire, prononcé lors de la réunion des Ministres du
Développement du G8 sur le thème "L'intégration de
l'Afrique dans l'économie mondiale", Berlin, 26-27 mars 2007.
* 141 L'Indice de
Développement Humain (IDH) est un indicateur du niveau
développement d'un pays qui tient compte de l'espérance de vie
à la naissance, du taux de scolarisation et d'alphabétisation
ainsi que du produit intérieur brut par habitant ; il est compris
entre 0 et 1.
* 142
http://www.francophonie.org/
Développement local.htm, consulté le 15 juin
2015.
* 143 Ibid.
* 144
http://www.francophonie.org/Promotion
de l'emploi par l'entreprenariat.htm, consulté le 15 juin
2015.
* 145 Ibid.
* 146 Ibid.
* 147 Voir bilan de l'action
de l'OIF dans le domaine économique « Développer la
coopération au service du développement durable et de la
solidarité », p. 19.
* 148 Ibid.
* 149 Voir bilan de l'action
de l'OIF dans le domaine économique « Développer la
coopération au service du développement durable et de la
solidarité », p.16.
* 150 Mohamed Lardi HAOUAT,
« Quel impact de la Francophonie sur le rêve
Africain ! » géostratégiques n° 36
· 2e Trimestre 2012.p. 170.
* 151 Awono Eyebe. P, Le
dispositif Francophone de prévention des conflits et de gestion des
crises : du normatif au stratégique, mémoire de
Master, Op.cit.p.74.
* 152 Déclaration de
Bamako Op.cit.
* 153 En comparaison :
l'ONU c'est 5.5 milliard d'euros, l'UE c'est près de 141 milliards
d'euros.
* 154 Bourges, H ;
Pour une Renaissance de la Francophonie, Rapport remis à
Monsieur Alain JOYANDET, Secrétaire d'Etat chargé de la
Coopération et de la Francophonie, Juin 2008.p.4.
* 155 Jean TABI MANGA,
Francophonie. Lieu de mémoire, projet d'espoir, op.cit.,
p.132.
* 156 Le PSD (Programme
Spécial de Développement) est un programme conçu en 1975
dans le cadre de l'ACCT. Le PSD est un instrument financier et
économique destiné à financer des secteurs
spécifiques de production au niveau des localités. Pour plus
d'amples informations, consulter Trang PHAN et Michel GUILLOU, op.cit.,
p.202.
* 157. Jean Tabi Manga.
Op.cit. p.139.
* 158 CEMAC, CEDEAO, SADC,
UMA, CEA, COMESA...
* 159 C'est par exemple le cas
en Afrique centrale avec la CEMAC et la CEEAC et en Afrique de l'ouest avec
la CEDEAO, l'UEMOA et la CEAO qui regroupent à quelque exemption
près les mêmes pays.
* 160 DIANGITUKWA, F.,
Géopolitique, intégration régionale et
mondialisation ; plaidoyer pour la création d'une communauté
économique des pays côtiers de l'Afrique Centrale. Ed.
Harmattan, Paris, 2006.p.13.
* 161 LAVROFF, G.D.,
« Les aspects de l'unification de l'Afrique noire
francophone », Année Africaine 1, 1961.p.45.
* 162 Boisbouvier. C, Soudan.
F, Mehdi Ba et Boisselet. P, « Francophonie : comment l'Afrique a
perdu l'OIF »,
www.JeuneAfrique.com.
Consulté le 15 mars 2015.
* 163 PNUD, Rapport sur le
développement dans le monde, 2001.
* 164 Préambule de
la stratégie économique pour la Francophonie adopté au
XVe Sommet des chefs d'État et de gouvernement des pays ayant
le français en partage tenu à Dakar, les 29 et 30 Novembre
2014.
* 165 L'article 1 de cette
Charte donne pour objectif à la Francophonie de contribuer entre autre
au « renforcement de la solidarité entre les pays membres,
par des actions de coopération multilatérale, en vue de favoriser
l'essor de leurs économies ».
* 166 Hoffmann, S.
« Vers l'étude systémique des mouvements
d'intégration internationale », Op.cit. 485.
* 167 Wolton
« l'identité francophone dans la mondialisation »,
Op.cit.p.61.
* 168 Parmi les
réseaux Francophones, on peut citer le Réseau de normalisation
francophone (RNF), l'Union des Banques francophones (UBF) et le Réseau
des associations professionnelles francophones (RAPF).
* 169 Ellen Johnson-Sirleaf,
« L'Afrique face aux défis de la construction nationale à
l'ère de la mondialisation :
Démocratie, gouvernance et droits de l'homme»,
Acte du Colloque international préparatoire de la XXIème
Conférence des chefs d'État et de gouvernement d'Afrique et de
France sur le thème « L'AFRIQUE FACE AUX DEFIS DE LA
MONDIALISATION », Volume II. P.134.
* 170 Voir Acte constitutif de
l'UNION AFRICAINE adopté le 11 juillet 2000.
* 171 Papa Lafatime
Sène ; Les initiatives d'intégration en Afrique,
Mémoire de Master de Droit international public et
européen, université de Grenoble II, 2005.p.45.
* 172BEKOLO EBE, B ;
« L'Afrique face aux défis économiques à
l'ère de la mondialisation », Acte du Colloque
international préparatoire de la XXIème Conférence des
chefs d'État et de gouvernement d'Afriques et de France. Op.cit.,
p.182.
|