INTRODUCTION
I. CONTEXTEGENERALET JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
1. Contexte général de la recherche
Toute société humaine trouve son dynamisme dans
l'originalité de sa tradition et la vivacité de son patrimoine
culturel. Le peuple Dègah de Côte d'Ivoire ne fait pas exception
à cette évidence. En effet, bien que parfois assimilé aux
Abron et aux Koulango, ce peuple présente diverses formes d'expressions
culturelles qui lui confèrent une culture identitaire. Par ailleurs, en
dépit des mutations culturelles auxquelles elle s'est heurtée
dans son parcours migratoire qui l'a conduit à s'installer
définitivement en Côte d'Ivoire après un séjour
rythmé de conflits au Ghana en provenance de l'actuel Burkina Faso, et
malgré les influences de son environnement social, cette minorité
ethnique isolée dans le département de Bondoukou s'est toujours
voulue conservatrice. Au nombre de ses coutumes contemporaines
héritées du passé, l'on a les rites funéraires
annuels et la fête du nouvel an. Contrairement à la
majorité des sociétés ivoiriennes, le mode d'organisation
des rites funéraires prend une autre forme chez les Dègah. Ce
peuple a également la singularité de continuer à retrouver
ses repères temporels selon un calendrier traditionnel couronné
par des célébrations rituelles et festives pour marquer la
transition d'une année à une autre. Dans le village de Motiamo
particulièrement, ces deux (2) célébrations
couplées donnent lieu à une manifestation culturelle annuelle
dénommée « Gbônnô ». C'est sur
cet évènement que nous avons choisi de jeter un regard
anthropologique, pour en comprendre le sens et l'intérêt à
l'ère de la tendance globale vers le modernisme.
2. Justification du choix du sujet
La présente étude portant sur les rites
traditionnels en pays Dègah trouve son fondement dans le double
caractère de minorité ethnique que constitue le peuple
Dègah, mais doté cependant d'une riche culture identitaire qui le
distingue. Sur cette base, deux (2) raisons fondamentales justifient le choix
de cette réflexion.
Au plan personnel, en choisissant particulièrement de
jeter un regard sur le Gbônnô, nous entendons renforcer nos
connaissances personnelles sur notre propre histoire et notre culture pour
savoir la transmettre aux générations futures, mais
également promouvoir l'évènement et en faire un facteur de
perpétuation de l'identité du peuple Dègah. Aussi,
avons-nous été particulièrement sensible au mode
d'organisation des rites funéraires, couronnés notamment par des
rituels d'accompagnement définitif des morts et débouchant sur la
fête du nouvel an. Pour nous, il est important de savoir pourquoi les
funérailles ne se font pas une seule fois comme ailleurs et quel est le
sens de cette tradition.
Sur le plan scientifique, deux (2) réalités
essentielles nous confortent dans le choix de ce sujet. Il y'a d'abord le
manque d'écrits sur les rites traditionnels Dègah. De fait, l'on
est resté jusque-là dans les témoignages empiriques
s'agissant de la transmission de la tradition Dègah. Il faut constater
ensuite l'impact de l'environnement social sur la célébration,
notamment l'influence des religions révélées avec leurs
principes quelques fois aux antipodes des pratiques traditionnelles; ce qui
constitue une menace sur la perpétuation de l'évènement.
En entreprenant donc cette étude, il est question pour nous,
conformément à l'article 89 de la loi N0 2014 - 425 du
14 juillet 2014 portant politique culturelle nationale, de contribuer à
la sauvegarde de l'évènement au regard de sa valeur identitaire
pour le village de Motiamo.
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