Refondation de l'etat et bonne gouvernance. une nécessité pour la rdc( Télécharger le fichier original )par Ruben NDJODJI Université de Kinshasa - Licence 2015 |
§5. De la transition non aboutissanteLa crise politique encore appelée transition épuise les régimes qui se suivent et dont aucun n'arrive à se structurer et à se consolider sur les ruines du précédent. La plus longue que l'Afrique connait depuis les conférences nationales, elle a culminé dans une guerre meurtrière dont les congolais ne pensent pas à établir la comptabilité du nombre de morts, des dégâts matériels, des pertes et dégradations de tout genre. Comme en 1960 quand l'ex Congo Belge sombra dans le chaos, ravagé par une crise généralisée, par des sécessions et dissidences politiques, le démon de la destruction a de nouveau investi l'imaginaire du politicien. L'espace actuel dénommé RDC, est redevenu l'homme malade de l'Afrique55(*). La période de transition consacrée entre 1990 et 1997 fut donc celle caractérisée par une ethnicisation croissante de la politique ou, pour reprendre les mots de Peemans, par la « multiplication des réseaux multifonctionnels d'autonomisation », accompagnée d'une militarisation croissante56(*). Subséquemment, l'objectif principal des élites n'était plus uniquement de se garantir un accès privilégié aux ressources contrôlées par l'État, mais plutôt de rechercher les bases qui leur permettraient une accumulation privée de richesse et qui leur offriraient une légitimité aux niveaux régional et local. Les dernières années du régime du dictateur Mobutu ne peuvent pas être simplement réduites à des conflits politiques sans fin entre l'opposition démocratique et le régime mais plutôt le développement de réseaux de plus en plus autonomes qui sapait la stabilité fragile du régime Mobutu et qui menaçait l'intégrité de l'Etat. Il est évident qu'à partir de cette conférence, le régime de la transition est devenu un régime démocratique mais conditionné qui pouvait impliquer tous les acteurs dans toutes les institutions, selon une répartition équitable de telle façon que si chacune des institutions pouvait bloquer l'Etat selon des intérêts personnalisés, aucune cependant ne pouvait plus décider seule dans les affaires de l'Etat Donc, la longue période de la conférence nationale souveraine, n'a pas abouti à une résolution satisfaisante de la crise politique de la part de la classe politique congolaise au contraire cette conférence a contribué à fragiliser d'autres classes politiques en autre l'opposition ou la société civile, tout en privilégiant les intérêts de la classe dirigeante au pouvoir, ce qui conduit à une crise de l'Etat et à l'émergence du conflit57(*). Les caractéristiques des périodes de la transition de 1997, étaient plus la centralisation et la concentration du pouvoir par le président de la République, et l'abolition des activités politiques. Le mauvais départ de la nouvelle transition. §6. La troisième République et l'effondrement des ruines de l'État bureaucratiqueLe début de la IIIème République est considéré comme une période désastreuse, un certain nombre d'événements se produisirent et un certain nombre de décisions furent prises, dans différents domaines, qui ont eu pour effet d'accélérer la spirale descendante afin d'aboutir à un écroulement total et irréversible de l'Etat encore en situation très difficile. Dans un premier temps, la pression nationale et internationale avait insisté sur l'introduction d'une concurrence et d'élections multipartites dans un pays jusque-là dévasté visant la tentative de la nouvelle dictature. Ce processus, qui était supposé être l'instrument politique qui permettrait l'amélioration de l'organisation étatique sous la deuxième République, s'avéra en fait être une étape marquante de l'effondrement final de l'Etat qui entre encore en conflit interne dans la lutte pour la libération des différents belligérants. Les principales causes des troubles de la république précédente étaient supposées être la nature autoritaire et clientéliste du régime Mobutu combinée avec un manque de transparence, des caractéristiques que l'on a qualifié de corruption ou de mauvaise gouvernance et qui se sont vite répercuté après l'assassinat du président Laurent Désiré Kabila, le nouveau président en 2001. Selon la sagesse politique, la démocratie constitue l'instrument pour surmonter ce type de problèmes, et elle est en même tant supposée être un préalable nécessaire à l'exercice du pouvoir de la nation. En dernier ressort, il a fallu plusieurs années d'efforts militaires et diplomatiques, en provenance d'Afrique et d'Occident, pour forcer et soutenir les belligérants à accepter de se plonger dans une guerre d'agression du nouveau régime encore jeune dans son fonctionnement pour la conquête de libération, car, ce nouveau régime envisageait la dictature. La logique primordiale de cet effondrement de la nouvelle république se reprend avec l'influence significative sur les décisions militaires et politiques prises durant la guerre soutenue par l'Ouganda et le Rwanda qui pour la plupart étaient les organisateurs et les principaux déstabilisateurs de l'Etat. En dépit du fait qu'ils acceptèrent des traités de paix, on ne sait toujours pas dans quelle mesure leurs intérêts respectifs, que ce soit en termes de sécurité le long de leurs propres frontières, en termes de partage de la richesse, ou en termes d'influence politique à l'est de la RDC, étaient satisfaits. Les conséquences économiques de la guerre d'agression furent désastreuses, depuis 1993 et 2002, la production interne déclina d'encore 20 %. Et l'économie était informelle, la grande majorité composée d'activités illégales et violentes. Activité économique et activité guerrière étaient inséparables. Tout ce constat rendait l'Etat plus fragile et incapable de surmonter ses missions régaliennes et primordiales58(*). L'avènement de l'État en RDC serait, selon Guy Aundu59(*), entravé par les caractéristiques de la structure économique. Dans le cas illustratif, le système colonial reposait principalement sur l'économie de plantation qui par essence était tournée vers l'exportation. Or, la rupture des liens de la colonisation renversait cette logique sans pouvoir lui substituer une nouvelle logique marchande faute d'une définition de marché intérieur bien identifié, pas plus qu'elle ne pouvait donner naissance à un capitalisme national par manque d'accumulation. La destruction de toutes les structures léguées par la colonisation, la faillite de la flotte maritime et aérienne, l'effacement des structures de communication, la déliquescence des structures de télécommunication publiques et du système bancaire,..., constituent les marques d'un pays avant-gardiste du sous-développement aggravé. Ainsi, l'histoire politique et constitutionnelle de la RDC depuis son origine apparaît comme une course troublée vers la recherche d'une identité étatique dans l'action gouvernementale. Celle-ci se comprend comme l'effort d'adaptation d'un cadre juridique moderne aux conditions particulières d'une société surgie de la colonisation où la cohésion nationale s'est vexée en permanence aux appétits de pouvoir et à une tribalisation du champ politique. Les jugements et les analyses n'ont pas manqué sur les caractères de la société congolaise depuis l'indépendance, elle est restée qui pour le sociologue MbelaHiza à bien des égards une énigme identitaire60(*). * 55 LOMBEYA BOSONGO,« rebâtir le Congo-rebâtir l'économie congolaise : quelle peut être la contribution de l'économie informelle », in centre d'actions pour le développement des entreprises en Afrique CADEA, série socio-économie, Kinshasa, 2004, p1. * 56PEEMANS, op cit, p22. * 57 KABUYA LUMUNA SANDO, op cit, p167 * 58De Villers, Gauthier,« La guerre dans les évolutions du Congo-Kinshasa », in Afrique contemporaine, n° 215, 2005, pp. 47 à 70. * 59AUNDU M. G, l'Etat au monopole éclaté, Paris, l'Harmattan, 2012, p24. * 60 Entretien avec le professeur MBELA HIZA, auteur de « la réforme de la police nationale congolaise dans le processus de la refondation de l'Etat » in MES. Le 23/4/2015. |
|