Epigraphe
« Quand les blancs commenceront à dire vos
biens, interrogez-vous à quel moment avez-vous trahi l'Afrique ?
».
René Dumont
In memoriam
Une pensée profonde, à toi Christian
LisongoMbolowe mon ami intime et ma grand-mère
YanzapaWembele Joséphine qui ne peuvent plus
apprécier le fruit de ma chasse. Que cette dissertation puisse vous
immortalisé à jamais.
Paix à vos âmes.
Ruben NDJODJI BAMBE
DEDICACE
À mon père Freddy Ndjodji et ma
mèreYazemangi Anne-Marie, pour tout ce que je sais que c'est votre
devoir !
A mes frères et soeurs tous nésNdjodji
A Gracia MbokangaMbaotama valeur ajoutéepour les conseils
d'encouragement, de la persévérance et surtout l'assistance
morale.
AVANT PROPOS
La rédaction de ce mémoire couronne la fin de
notre cursus académique. Nous mettons, ainsi, à la disposition
des acteurs sociaux à tout le niveau notre modeste contribution dans la
résolution des problèmes de l'Etat en RDC.
Nous remercions de tout coeur le Professeur Dr. IngangeIkyo B.
Georges, qui en dépit de ses multiples tâches, a su mettre son
talent à la lecture, à la direction, ainsi qu'à la
correction du présent travail, nous lui en sommes très
redevable.
Nos remerciements s'adressent par ailleurs, au Chef de Travaux
MukuluNduku Patrice pour avoir été le premier à explorer
notre travail et en donner une orientation y afférente, nous lui en
sommes reconnaissant.
Nous sommes également reconnaissant à
l'égard du sénateur et professeur LombeyaBosongo. A cette liste,
s'ajoute les professeurs MbelaHiza, MeyaNgemba, Guy-Bernard NkwembeUnsital pour
qui, nous gardons de souvenir d'aides et de conseils éloquents
très constructifs.
Nous tenons aussi à remercier le Chef de Travaux
Jean-Paul BotongaMputu notre père scientifique pour son soutien tout au
long de notre cursus académique, pour la réalisation de ce
travail et ses conseils avisés. Il nous a permis à plusieurs
reprises de ne pas nous égarer, de trouver le courage et la force de
nous impliquer toujours plus.
Nous remercions les Chefs de Travaux, BolimaBolitsi W.,
Gerendawele Henry, Bofala Jeudi et les Assistants Mbola Dominique, Ruffin
Makengo, Léonard Ifete pour leur soutien moral, psychologique, psychique
tout en nous encourageant dans une performance scientifique que voici, nous
leurs disons merci.
Nous devons aussi beaucoup aux amis et collègues qui
nous ont aidé à peaufiner ce travail de diverses manières.
Un merci particulier à nos amis de Golgotha, Olivier Tovu, Tshilambikila
Martin, Serge Kaniki, Zabo Patrick, Ali Sizwa.
Nos sentiments de reconnaissance à tous nos compagnons,
Affranchie Saka, DjodjoOhelo, Moïse Lobiko, Jérémie Samora,
KombaNando Guy, JeancyIlumueni, Joël Anyo, Poly Salumu, William Ferouzi,
KabuyaMutombo, Dieu Merci Tovu, Meschac Moko, Jeef Kiro et tous ceux qui nous
ont aidé de loin ou de prêt trouvent ici l'expression de notre
indéfectible gratitude.
Ruben NDJODJI BAMBE
INTRODUCTION
1. Objet d'étude
La plupart des problèmes que connaissent les Etats
Africains et c'est le cas de la République Démocratique du Congo
ne peuvent être résolus que dans une logique d'une bonne
gouvernance. Cet exercice se définit généralement par des
principes des compétences partagées entre différents
niveaux. Il s'agit d'une révolution copernicienne, conduisant à
une réforme profonde des rapports entre les différentes
structures de l'Etat.
Dans le cadre de ce travail, cependant, notre objet n'est pas
aussi étendu que celui d'autres auteurs. Notre attention se fixe sur le
lien qui existe entre la refondation de l'Etat et la bonne gouvernance pour
asseoir le développement de la RDC. Ceci étant, la bonne
gouvernance part toujours de l'efficacité et la promotion de l'Etat. La
bonne gouvernance a pour point de départ l'idée que la meilleure
gouvernance est celle qui applique et met en oeuvre la répartition
équitable de richesse de manière optimale, tout en veillant
à ce que toute personne placée sous la juridiction de l'Etat
jouisse de la totalité des droits.
2. Etat de la question
L'état de la question consiste à la revue de la
littérature pour laquelle, un chercheur procède au
recensementdes différents travaux concourant avec son analyse et en
dégager quelques éléments de divergences
caractérisant l'authenticité de ses cherches1(*).
Cette étape est considérée comme un
examen critique des travaux antérieurs ayant trait à un
problème en vue de connaitre les démarches et les possibles
conclusions auxquelles les précédents chercheurs ont abouti afin
de trouver les moyens devant déboucher sur le nouveau
développement à la matière.
La thématique qui est au centre de notre étude a
déjà fait l'objet de plusieurs travaux aussi bien dans le monde,
en Afrique qu'en République Démocratique du Congo. S'il n'est pas
possible de faire le recensement de toutes ces études sur la refondation
de l'Etat et de la bonne gouvernance, il est cependant possible de
sérier les principales orientations dans lesquelles elles
s'inscrivent.
Ivan Crouzel2(*), dans son article « refonder
l'état : l'administration publique au coeur d'une réforme
politique », pense qu'à l'ère de la gouvernance que vit
le monde contemporain, l'action publique est devenue une affaire
partagée. Pour cet auteur, les institutions étatiques n'ont plus
le monopole de la définition et de la mise en oeuvre des politiques
publiques.
L'auteur poursuit ses idées, tout en disant qu'en
définitive, la refondation de l'Etat peut crédibiliser ses
institutions à tout point de vue. Mais elle ne peut être effective
qu'avec la volonté de modernisation de l'Etat et de la réforme
effective des services publics.
Dans sa conclusion, l'auteur dit que la refondation de
l'État de son administration publique, de ses modalités d'action
et d'évaluation, de son interaction avec la société doit
avant tout s'inscrire dans une vision politique intégrée
et stratégique, définie dans le cadre de processus
légitimant. Cependant, reconnaître et prendre en compte la
dimension politique ne suffit pas. Il suffit de rendre des réformes
effectives, de les mettre en oeuvre par l'intermédiaire d'outils
opérationnels des structures organisationnelles et des dispositions
juridiques.
Bruno MupinganayiKadiakuidi3(*), dans son ouvrage « Education à la
citoyenneté. Passage obligé vers un Congo nouveau »
analyse le paradigme de la refondation de l'Etat en RDC. Pour lui, la
refondation de l'Etat est un processus de longue haleine. Il soulève
quelques motifs qui peuvent militer en faveur de cette démarche
historique.
L'auteur part du motif lié au déficit de la
justice, des compétences dans la gestion de l'Etat, de la carence de la
comptabilité publique, de la violation des droits de l'homme, du manque
de services de base, de l'incapacité de gérer le patrimoine des
établissements publics, manque de cohésion entre la population et
les agents de l'ordre, de la sécheresse idéologique, de l'absence
de la sécurité sociale, de l'archaïsme de l'Etat, de la
protection diplomatique, de l'inadéquation entre la richesse du pays et
la pauvreté de la population, de la vénération des
martyres de la démocratie et enfin de l'usurpation du pourvoir populaire
par les dirigeants.
L'auteur propose, dans sa conclusion une révolution
sociale qui marquera la fin d'un monde qui est celui des antivaleurs et le
commencement d'un autre qui sera celui de l'excellence et du progrès
socio-économique pour réaliser une société
émergente dans le cadre de la RDC à l'image de l'Etat de
droit.
Kä Mana4(*) dans sa réflexion sur « l'invention
et la refondation de l'Etat en RDC,crée un nouvel imaginaire
politique ». L'auteur soulève la problématique selon
laquelle les problèmes que connait la nation Congolaise dans tous les
secteurs de la vie nationale sont liés à la nature de l'Etat dont
on a hérité et qui n'a pas fondamentalement changé. Pour
cet auteur, cinquante ans après l'indépendance, la population
congolaise vit dans un Etat conçu et organisé pour exploiter les
richesses naturelles de son espace physique en vue d'alimenter les
marchés internationaux.
Il aboutit à la conclusion selon laquelle, la
refondation de l'Etat en RDC, ou la construction d'un nouvel imaginaire
à partir du paradigme de l'indépendance exige une nouvelle
dynamique éducative. Il appui la logique que sans une telle
éducation, la refondation de l'Etat en RDC ou la fondation d'un nouvel
imaginaire politique ne sera qu'une coquille vide et vaine.
Frédéric BoyengaBofala5(*) dans son ouvrage intitulé
« Congo-Zaïre, refaire la République : mission
sacrée d'une génération », soulève la
problématique selon laquelle l'Etat en RDC a longtemps vécu dans
l'ignorance des échelons étatiques. Et que ces échelons
étatiques, n'ont pas existé, mais les efforts fournis à
la suite de réformes institutionnelles par le gouvernement n'ont
conféré à ces entités que de simples missions de
gestion de service de proximité.
Il approfondi son étude, tout en soulignant que la RDC
traverse une crise la plus grave. Il estime que la gestion du pays après
l'indépendance constitue un échec.
Cet auteur conclue son ouvrage tout en donnant aux congolaises
et congolais la mission de mettre fin à l'incivisme
généralisé qui a été modelé par des
rapports sociaux d'une vie politique de trente années de pensée
unique, et à l'irresponsabilité, au risque que la RDC soit
exposée à une disparition pure et simple, parce qu'elle n'aurait
pas été capable de mettre en place un Etat performant, d'assurer
la cohésion sociale, le relèvement du niveau de vie,
l'amélioration constante des conditions de vie et d'emploi, le
développement, la défense et la sécurité afin de
construire un Etat modèle et puissant au coeur de l'Afrique.
Agnès Pouillaude6(*), dans son article sur « la bonne
gouvernance, dernier né des modèles de
développement : aperçu de la Mauritanie », fait le
constat selon lequel la bonne gouvernance est issue de la synthèse de
gouvernance techniciste et de gouvernance démocratique. Cet auteur
constate que la globalité des réformes proposées,
notamment celle de la fonction publique, de la décentralisation, du
cadre légal, etc., contribuent à l'instauration de l'Etat de
droit et par ricochet la bonne gouvernance.
Elle conclue son article en disant que le schéma de
développement souvent imposé par les institutions
financières internationales (FMI et BM) contribue souvent au blocage du
processus de la gouvernance et propose l'instauration d'un Etat nouveau,
adaptant ses missions à ses capacités et palliant aux
échecs du marché, notamment par l'élaboration d'un cadre
institutionnel favorable au développement des entreprises et à
l'expression de la société civile.
Face à ce constat, le renforcement de l'Etat est
considéré comme une nécessité pour mettre en oeuvre
des politiques publiques qui répondent de manière effective aux
aspirations et aux besoins des citoyens. La refondation de l'Etat en RDC
nécessite enfin d'adopter un nouveau regard sur les réformes
institutionnelles, de les concevoir à travers le prisme plus large de
bonne gouvernance et de sortir ainsi de réformes essentiellement
conçues selon des logiques internes de son administration pour agir au
concert des Etats afin de transformer la société congolaise sur
une vision du développement et de l'engagement politique responsable et
solidaire .
A l'heure actuelle où la RDC est à la
quête de son épanouissement, l'approche en termes de bonne
gouvernance conduit donc à la nécessité d'une refondation
de l'Etat, avec la participation d'une diversité d'acteurs en action
publique, l'Etat en RDC devra évoluer dans son fonctionnement et dans
son mode de légitimation.
3. Problématique
L'accession de la RDC à l'indépendance a
été suivie des turbulences politiques, à tel enseigne que
le gouvernement central n'était pas à mesure au regard de cette
situation de répondre aux attentes de la population.
Depuis ce moment, le pays se trouve être plongé
dans une sorte de chaos dont les signes les plus manifestes ont commencé
à paraître avec le déclin de sa politique et de son
économie, voire même de son Administration Publique au
début des années 90. La crise se manifeste par un constat de
faillite de plusieurs services ou entreprises publiques. Les politiques
publiques mises en oeuvres se sont révélées
contreproductives et les milieux ruraux se dépeuplent, cette situation
aggrave les problèmes d'urbanisation et de l'insécurité
dans les villes.
La grandepartie de l'échec de la transition peut
être attribuée à la mauvaise gouvernance et à la
corruption de la classe politique actuelle de la RDC. De par son histoire, le
paysest toujours sous le fardeau d'une certaine forme de
gouvernementalité qui est l'obstacle principal à la
reconstruction du pays et une prise en main adéquate de la crise
humanitaire à laquelle elle est confrontée. À tous les
niveaux de l'appareil de l'État, la fonction publique est
considérée comme un moyen d'acquérir des fortunes
personnelles et des privilèges. Pour les fonctionnaires de rang
inférieur, qui sont sous-payés ou ne sont pas payés, la
petite corruption est une stratégie pour survivre. Mais cette excuse ne
vaut pas pour les pratiques corrompues des leaders du pays, qui portent une
grande responsabilité dans la situation dont le prochain gouvernement
héritera. Le détournement à grande échelle de fonds
affectés à des fins militaires a rendu l'armée nationale
inefficace qui ne parvient pas à assurer son rôle primordial qui
est celui de la défense et de la sécurité de l'Etat.
A ce 21ème siècle, on assiste aux
derniers soubresauts d'une période historique de la RDC qui se meurt,
celle de la période post-dictature. Il est vrai que les crises
actuelles, mais aussi et surtout, lentes mais réelles réveillent
des consciences sociales visibles, dans la demande accrue en
démocratie, en mieux-être, en éducation, en information, ce
sont aussi les signes que la RDC est en transition politique, sociale et
culturelle.
L'Etat dans le contexte de la RDC est celui qui patauge dans
une anarchie généralisée faite de régression
sociale, de violence et corruption. Cette situation perdure parce qu'elle
profite à des acteurs internes qu'externes. Le reste du monde continue
à aider cet Etat qui failli au lieu d'envisager des alternatives de
développement de celui-ci mais accentue sa peine.
Dès lors nos préoccupations seront celles de
savoir :
u Pourquoi refonder l'Etat en RD Congo ?
u Que faire pour inverser les tendances implacables au
déclin de l'Etat encore effondré en RDC ?
u Quels sont les contenus précis qu'il faut donner
à la bonne gouvernance dans la refondation de l'Etat ?
Toutes ces interrogations qui hantent notre esprit constituent
un champ de réflexions plus fertiles pour ce travail.
4. Hypothèses
Les hypothèses sont considérées comme des
réponses provisoires anticipées et risquées que le
chercheur propose à la question principale de son travail, c'est une
prise de position qui montre l'opinion du chercheur sur le sujet à
traiter dans lequel il tient compte de la variable indépendante et
dépendante susceptible d'influencer la première7(*).
De notre part, l'hypothèse est une réponse
provisoire à la question soulevée dans la problématique et
qui doit être soumise à l'épreuve des faits de façon
à être confirmée ou infirmée.
La République Démocratique du Congo, l'Etat au
coeur de l'Afrique, n'a pas été capable de se donner une
politique efficace de décolonisation autre que celle de se
conférer ses caractères propres des cadres non
préparés au travail de la promotion de l'Etat, des cadres
incapables de gérer l'avenir de la nation et de lui donner ses ambitions
aux fins locales. Refonder l'Etat en RDC, est nécessaire, parce que le
plus souvent les situations de crise interne ou de blocage qui
génère toutes réformes entreprises dans l'organisation de
cet Etat, le déficit budgétaire, problèmes de
légitimité des pouvoirs publics constituent une énorme
déchéance pour cet Etat afin de surmonter ses problèmes.
Pour inverser les tendances implacables au déclin de
l'Etat encore effondré en RDC, il s'agit, dans ce cas, de
procéder d'abord à l'examen des conditions et des
capacités du peuple congolais d'assumer la vocation géopolitique
de l'Etat l'organisé comme modèle historique de l'Etat
léopoldien, l'Etat combattant et militant pour la promotion et la
protection de son peuple.
La bonne gouvernance en tant que l'un des principes relatifs
aux droits de l'homme, est le poumon de la refondation de tous les Etats en
général, les contenus essentiels seront ceux de la
responsabilisation des mandataires publics dans leur intégration
à tous les niveaux de la gestion de la respublica afin de promouvoir
l'intérêt général ; la lutte contre la
corruption qui est le déclencheur et le phénomène
aggravant les conflits politiques ; la primauté du droit qui sera
plus liée à la gouvernance démocratique de la nouvelle
vision de l'Etat refondé ; l'équité liée
à la possibilité d'améliorer ou de maintien des conditions
de vie dans le respect des droits de l'homme et enfin une vision
stratégique.
5. Méthodologie
La méthodologie peut se définir comme
étant l'étude du bon usage des méthodes et techniques. Il
ne suffit pas de les connaître, encore faut-il savoir les utiliser comme
il se doit, c'est-à-dire savoir comment les adapter, le plus
rigoureusement possible, d'une part à l'objet précis de la
recherche ou de l'étude envisagée, et d'autre part aux objectifs
poursuivis8(*).
a.
Méthode
La méthode est la procédure logique d'une
science, c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières
qu'elle met en oeuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et
de ses théorisations soit clair, évident et
irréfutable9(*).
La méthode est aussi constituée d'un ensemble
de règles qui, dans le cadre d'une science donnée, sont
relativement indépendantes des contenus et des faits particuliers
étudiés en tant que tels. Elle se traduit, sur le terrain, par
des procédures concrètes dans la préparation,
l'organisation et la conduite d'une recherche10(*).
En se référant à cette définition,
la méthode de recherche est comme l'ensemble des opérations
intellectuelles permettant d'analyser, de comprendre et d'expliquer la
réalité étudiée.
Dans le cadre de cette recherche, par rapport à la
complexité des faits à analyser, nous avons porté notre
choix sur la méthode systémique. Selon Jean William La Pierre,
elle est un ensemble d'éléments interdépendants
liés entre eux par des relations telles que si l'un d'entre eux est
modifié, les autres les sont aussi et par conséquent c'est tout
l'ensemble qui est modifié11(*).
Cette méthode a comme avantage de consolider chaque
structure comme émergeante dans un ensemble beaucoup plus vaste ou les
sous-ensembles agissant les uns sur les autres à la manière de
leurs éléments constitutifs.
La méthode systémique analyse la politique
Congolaise ou l'Etat en RDC en terme de système tel que immergé
dans son double environnement à la fois interne et international. Elle
nous aura permis d'analyser les différents aspects du système
institutionnels congolais en observant les situations d'expertise et de
dynamiques politiques complexes qui ont conduit à leur adoption.
b.
Techniques
Généralement, les techniques sont des
moyensprécises pour atteindre un résultat partiel, à un
niveau et à un moment bien déterminé de la recherche.
Cette atteinte de résultat est directe et relève du concret, du
fait observé, de l'étape pratique et limitée.
Les techniques sont aussi, en ce sens, des moyens ou des
outils dont on se sert pour couvrir des étapes d'opérations
limitées dans une recherche scientifique12(*).
Pour notre recherche, nous avons recouru aux techniques
suivantes :
- L'observation directe, elle est à
l'origine de cette recherche et cette dernière nous a aidé
à observer le système fonctionnel et organisationnel de l'Etat
congolais, qui selon son devenir historique a été un Etat
puissant politiquement, économiquement voir socialement et qui s'est
effondré et tombé en faillite vers les années 90.
- La technique documentaire ou l'observation
indirecte, elle porte sur l'étude et l'analyse des documents
écrits pour arriver à déterminer les faits ou
phénomènes dont le document porte des traces. Cette technique qui
consiste en la recension des écrits; nous a aidé en ce qu'elle
nous a permis de consulter un certain nombre d'ouvrages
spécialisés, des thèses, des mémoires de fin
d'étude, des revues, des cours ayant trait à notre
étude.
- L'interview libre, elle consiste en
procès-verbal de communication entre un chercheur et
l'interviewé, procès au cours duquel le chercheur essaie
d'obtenir les informations dont il a besoin et qui porte sur son
étude ; nous a aidé enfin de procéder à des
entretiens probatoires avec certains auteurs qui voient d'un mauvais oeil
l'organisation de l'Etat en RDC, acteurs politiques et partenaires
internationaux qui militent pour la bonne gouvernance.
6. Choix et intérêt du sujet
Tout travail scientifique ne peut se réaliser sans
qu'on ait un intérêt ou un but précis à atteindre.
En choisissant ce sujet, notre souci est d'appréhender comment est-ce
qu'il sera nécessaire de refonder l'Etat dans le contexte de la RDC,
enfin de consolider la bonne gouvernance dans la gestion publique au quotidien
à ce 21ème siècle en mutation.
Ce travail revêt un double intérêt.
- Sur le plan scientifique, cette étude pourra servir
de référence aux chercheurs, aux acteurs politiques qui
envisageraient d'entreprendre des travaux analogues.
- Sur le plan social, cette étude nous permet de
scruter la refondation de l'Etat dans le contexte de la RDC, enfin de redorer
à ce dernier sa robe d'avant 1990 comme puissance régionale au
coeur de l'Afrique, Etat oeuvrant pour la promotion et la protection de sa
population, garant de la paix voire même de la justice sociale.
7. Délimitation du sujet
Restreindre son champ d'investigation ne devrait pas
être interprété comme une attitude de faiblesse ou de fuite
de responsabilité mais, bien au contraire comme une contrainte de la
démarche scientifique. Comme le dit ShombaKinyamba13(*).
La délimitation spatio-temporelle fixe le champ
d'investigation de façon à mieux analyser, comprendre le sujet
sous examen. Dans le sens de cerner notre problématique et nos
hypothèses, nous avons circonscrit notre étude dans l'espace et
dans le temps.
Ø Plan spatial, le choix spatial se justifie dans le
cadre de son espace géographique depuis son accession à la
souveraineté nationale et internationale, la RDC qui est un Etat dans sa
phase de reconstruction.
Ø Plan temporel, nous avons choisi la période
allant de 2007 à 2012, parce qu'elle a connu plusieurs tentatives des
réformes institutionnelles dans le cadre de redressement des structures
de l'Etat en RDC après l'installation des nouvelles institutions issues
des élections de 2006.
8. Subdivision du travail
En plus de l'introduction et de la conclusion, notre travail
comprend trois chapitres dans son développement.
t Le premier chapitre est intitulé précisions
terminologiques. Ce chapitre éclaire les concepts clés et
opératoires de notre travail.
t Le deuxième chapitre est axé sur
l'aperçu historique d'effondrement de l'Etat en RDC ;
t Le troisième chapitre traite la bonne gouvernance et
refondation de l'Etat en RDC.
9. Difficultés
rencontrées
La rédaction de ce travail de fin d'étude dans
sa grande partie a été piquetée par des
péripéties malencontreuses. Il nous était difficile en
premier lieu combiner engagement aux cours et la rédaction ce celui-ci.
Nous étions butés des difficultés d'ordre matériel
qui sont liées à la problématique de la conjoncture
caractérisant la précarité
économico-financière des familles qui a eu des
répercussions sur nous, mais nous avons eu à les
surmonté.
CHAP. I. PRECISIONS TERMINOLOGIQUES
Tout travail scientifique n'aura
de sens et de la valeur que lorsque ses résultats sont mis à la
disposition des praticiens ou lecteurs et son contenu ne posent pas des
problèmes et d'application.
C'est ainsi qu'avant d'aborder le fond de notre travail, il
est utile pour nous d'en définir les principaux concepts
opératoires afin de mieux cerner le sujet sous examen.
Section 1.
Définition des concepts
§1. Etat
Aucune société humaine ne se conçoit sans
ordre ni discipline. Cette dernière peut être le fait d'un
individu ou d'un groupe d'individu qui les imposent à la
société14(*).
Lorsqu'on tente de réfléchir sur l'idée
même de politique, c'est-à-dire de s'interroger simplement sur ce
dont on parle, il s'avère immédiatement que l'on doit utiliser
des termes et des idées qui ne sont pas réellement définis
ou du moins dont les définitions présupposées sont
historiquement variables, voire contradictoires et, en tous cas, sujets
d'interprétations.
a. Quelques définitions de l'Etat
Le terme même d'Etat s'est imposé relativement
tardivement. Il correspond à la koinoniapolitikegrecque
(que l'on peut également traduire par société civile) ou
à la respublica romaine (la chose publique), ou, plus
clairement, au stato utilisé par Machiavel pour
désigner les cités-États d'Italie15(*). Ce terme est apparu en
français sous l'Ancien Régime, et il désigne alors
plutôt la situation de la personne dans la société et,
au-delà, la condition politique et sociale de certains groupes (le
clergé, la noblesse, le tiers état) : cette
étymologie commune découle du latin stare et
renvoie à la notion de stabilité, de permanence.16(*)
Etymologiquement, l'Etat est issu du latin « status
» (action de se tenir) et de « stare » se tenir debout. Le mot
latin signifie déjà également forme de gouvernement mais
aussi situation d'une personne. Tous ces sens se retrouvent en français
et sont liés par l'idée générale de manière
d'être17(*).
C'est seulement qu'à la fin du XIVème
siècle que ce terme de l'Etat va désigner un groupement humain
soumis à une même autorité puis l'autorité
souveraine qui s'exerce sur l'ensemble d'un peuple et d'un territoire. S'y
trouvent alors réunis les quatre éléments qui en
étayent la structure : L'autorité, la souveraineté, le
peuple, et le territoire. Et c'est ce dernier qui me semble être à
l'origine de tout18(*).
Dans son évolution, l'Etat est à la fois une
réalité historique et une construction théorique, ce qui
explique la difficulté de le définir de manière pleinement
satisfaisante. Comme le défini Carré de Malberg, l'Etat est
une "communauté d'hommes, fixée sur un territoire propre et
possédant une organisation d'où résulte pour le groupe
envisagé dans ses rapports avec ses membres une puissance suprême
d'action, de commandement et de coercition". Cet auteur, souligne ainsi la
double acception de la notion d'État, qui correspond à
un mode d'organisation sociale territorialement défini et
à un ensemble d'institutions caractérisées par
la détention du monopole de l'édiction de la règle de
droit et de l'emploi de la force publique19(*).
L'Etat est une entité artificielle composée de
fonctionnaires assujettis à un gouvernement et à ses
règles ; c'est une personne morale souveraine, plus ou moins
centralisé, qui impose des normes et organise la société.
L'Etat dispose donc d'un grand pouvoir, toutefois limité par les textes
dans un Etat de droit. La personnalité morale lui permet d'avoir une
existence extérieure aux gouvernants, qui ne possèdent pas les
territoires gouvernés et ne sont pas détenteurs du pouvoir ; les
gouvernants peuvent donc changer tandis que l'Etat perdure. Les gouvernants
restent évidemment des individus, seulement titulaires d'une fonction
dont ils ne sont pas propriétaires. Aussi, le patrimoine des gouvernants
diffèrent de celui de l'Etat20(*).
L'Etat est donc aussi une personne morale de droit public,
une entité abstraite qui repose sur un régime exorbitant du droit
commun (qui déroge au droit commun en raison de sa qualité de
personne publique). Les collectivités locales (régions,
départements, communes) et les établissements publics constituent
également des personnes morales de droit public. La notion de personne
morale est une fiction construite par les hommes en raison pour qualifier les
instances qui n'ont pas d'existence concrète, qui n'existent qu'à
travers leurs représentants.
Le dictionnaire Robert définit l'Etat comme une
« autorité souveraine s'exerçant sur l'ensemble d'un
peuple et d'un territoire déterminé par exemple l'ensemble
des services généraux de la nation synonyme : pouvoirs
publics, administratifs, pouvoir central ». Deuxième approche
: « Groupement humain fixé sur un territoire
déterminé, soumis à une autorité et pouvant
être considéré comme une autorité et pouvant
être considéré comme une personne morale: synonyme :
nation, pays, puissance »21(*).
Par extension, l'Etat désigne l'ensemble
des institutions et des services qui permettent de gouverner et
d'administrer un pays : ministères, directions, préfectures,
délégations, administrations déconcentrées ou
décentralisées. On peut aussi parler :
-
Etat-nation : L'Etat coïncide avec
la nation définie en fonction d'une
identité commune
et qui lui confère sa légitimité.
-
Etat-Providence : conception de l'Etat qui met l'accent sur le
rôle particulièrement important de celui-ci en matière
de
redistribution des
richesses, de régulation de l'
Economie,
d'assistance aux plus défavorisés et de fourniture de biens
collectifs22(*).
b. Les
éléments constitutifs de l'Etat
Pour parler de l'Etat, il faut la combinaison de trois
choses :
v Le territoire : Pour qu'il y ait Etat, il
faut qu'il y ait territoire, C'est un espace physique défini par des
frontières. Dépassement actuel de la dimension terrestre du
territoire, par la définition de nouvelles frontières maritimes
et aériennes.
v La population : Il ne saurait y avoir
d'Etat sans population, qui est une ensemble des personnes habitants sur un
sol. Modalités d'attribution de la nationalité ;
« Le droit de sol : " jus soli ", Le droit de sang : " jus sanguinis
".
v Le pouvoir de contrainteouGouvernement:
seul l'Etat dispose du monopole de contrainte. En son sein, le pouvoir
politique édicte les normes contraignantes et les met en oeuvre au nom
de la collectivité nationale. Cette prévalence repose sur
l'idée de " souveraineté "
En transférant les attributs de sa souveraineté
à ses dirigeants politiques, le peuple accepte de se soumettre et de
consentir à la contrainte. Il en résulte une reconnaissance de la
légitimité du pouvoir en place qui exercera ses
prérogatives par l'intermédiaire des institutions
constitutionnelles.
Définition de Hans Kelsen : " Il y a un Etat lors qu'il
y a un peuple, un territoire et une puissance publique et il y a un peuple, un
territoire et une puissance publique lorsqu'il y a un Etat "23(*).
c. Les formes de l'Etat24(*)
1. L'Etat Unitaire
C'est une forme de l'Etat où les divisions
territoriales résultent de la volonté unilatérale de
l'Etat lui-même.Les collectivités ou les entités qui le
composent ne disposent pas de compétences constitutionnelles ou
législatives.
L'Etat unitaire connaît deux formes d'organisation :
centralisé et décentralisé.
v L'Etat unitaire centralisé : souvent
dans ce modèle d'organisation, toutes les décisions
émanent des administrations centrales. Les normes établies au
niveau national s'appliquent à toute l'étendue du territoire.
Ce mode d'organisation connaît cependant deux variantes
:
- L'Etat Unitaire concentré : Tout
pouvoir de décision émane de la capitale. Ce sont les agents
centraux qui en assurent l'application. Ce modèle demeure cependant
purement théorique : il n'est valable que pour les entités
exiguës ; il ne l'est pas pour les vastes étendues
territoriales.
- L'Etat unitaire déconcentré :
Le pouvoir de décision y est accordé à des agents locaux
dépendants du pouvoir central. Une autorité locale
désignée par l'autorité centrale y prend les
décisions d'intérêt local.
v L'Etat unitaire décentralisé
: mode d'organisation de l'Etat dans lequel il attribut ou transfère
certaines compétences qui lui sont attribuées à des
collectivités locales autonomes dotées d'une personnalité
juridique et de l'autonomie organique distincte de celle de l'Etat. Il y a
donc prépondérance des organes autonomes dans la prise de
décision.
Là encore, il y a deux variantes :
t La décentralisation territoriale :
cette forme consiste en ce que d'importants pouvoirs de décision
d'intérêt local soient confiées à des
collectivités ou entités territoriales autonomes,
administrées par des organes locaux élus.
La décentralisation implique la réunion de trois
conditions :
- La reconnaissance par l'Etat de l'existence d'un
intérêt général différent de celui de la
collectivité nationale ;
- La renonciation à la gestion de ces affaires au
profit d'entités locales autonomes dotées de leur propre
personnalité juridique et de leur autonomie financière ;
- Le maintien d'un droit de regard sur les activités de
ces entités locales par le biais d'un contrôle de
tutelle25(*).
t La décentralisation technique :
cette forme consiste à doter certains services publics d'une autonomie
organique et de gestion. La liberté d'action leur est ainsi
conférée par le biais de leur personnalité juridique
autonome par rapport à celle de l'Etat.
v L'Etat régional : C'est aussi
une forme d'organisation de l'Etat unitaire qui est en nette progression. Elle
s'est développée essentiellement en Espagne (les
communautés autonomes) et en Italie (les régions). Dans ces deux
pays, les entités régionales disposent du pouvoir d'adopter
certaines lois dans un certain nombre de matières
énumérées par la Constitution.
Il s'agit d'une véritable décentralisation
politique, dans le sens que l'Etat reste unitaire, mais transfère une
partie de ses compétences législatives aux régions
autonomes.
5. L'Etat fédéral
Dans cette forme de l'Etat, il est composé
d'entités plus autonomes que celles qui composent l'Etat unitaire.
L'Etat fédéral se superpose aux Etats qui le
composent :
- Ceux-ci ont des appellations différentes :
« cantons Suisses », « länders
Allemand », « républiques Yougoslaves »,
« états Américains », etc.
- Ces Etats membres d'une fédération disposent
d'une autonomie constitutionnelle, législative et réglementaire.
Ils ont leur exécutif propre et leurs propres instances
judiciaires.
Historiquement, il existe deux modèles :
t L'Etat fédéral par association : ce cas se
traduit le plus courant par la volonté de plusieurs entités
autonomes de s'associer au sein d'une collectivité
fédérale : Canada, Suisse, etc...
t L'Etat fédéral par dissociation : Il s'agit
d'éclatement d'un Etat unitaire (exemple de la Belgique en 1993 qui
évolua d'un Etat unitaire vers un Etat fédéral dans le
cadre de la solution des antagonismes entre les régions flamande et
wallonne).
6. La confédération d'Etats
Elle est une forme d'organisation qui tend plutôt vers
une formule d'association d'Etats que vers une forme de fusion. Elle est
différente de la fédération par sa nature
relâchée des liens qui existent entre les Etats membres.
a. Les fonctions de
l'Etat26(*)
L'Etat a comme principale fonction, d'abord celle de
défense et de l'intérêt général. L'Etat a
également connu de nombreuses fonctions ou missions traditionnelles :
- Maintenir l'ordre ;
- Rendre la justice ;
- Défendre le pays ;
- Administrer le pays ;
- Entretenir des relations avec les pays étrangers.
§2. Gouvernance
Tenter de définir un concept plus large et aussi
multiforme que celui de la gouvernance présente un défi certain,
un peu de fureur peut-être. L'usage qui est fait de ce terme nous
amène à croire qu'un besoin d'éclaircissement est
réel et présent dans plusieurs littératures. Bien
évidemment, nous sommes conscients que nous ne sommes ni les seuls, ni
les premiers à avoir tenté pareille aventure.
Etymologiquement, la gouvernance provient du verbe grec
« kubernân» qui signifie « piloter un navire ou un char
». Utilisé depuis l'antiquité par Platon, ce terme
était employé en français comme synonyme de «
gouvernement » jusqu'à la fin du XVIIIe
siècle pour être repris dans le sens anglais «
governance» dans les années 80. Depuis, deux nouveaux usages de la
notion de gouvernance émergent dans le monde anglo-saxon où
l'on a distingué la gouvernance publique de la gouvernance
d'entreprise27(*).
Ce concept apparu, dans la sphère privée
en premier lieu, comme un standard de comportement des dirigeants ou
des membres du conseil d'administration leur permettant de se
protéger contre une mise en cause judiciaire de leurs
responsabilités par les actionnaires. Dès lors, ce concept n'a
cessé d'envahir plusieurs domaines de la vie en
société28(*).
Pour tenter de définir la gouvernance, nous nous sommes
fondés, dans un premier temps, sur les définitions que certaines
institutions internationales utilisent dans leur opérationnalisation et
dans un deuxième temps, sur la définition opératoire de ce
concept.
La Banque mondiale donne une définition large de la
gouvernance comme étant l'ensemble des traditions et institutions par
lesquelles le pouvoir s'exerce dans un pays avec pour objectif la
réalisation de l'intérêt
général»29(*). Cette définition est intéressante en
ce sens qu'elle lie l'exercice du pouvoir de l'Etat à la recherche du
bien commun ou de l'intérêt général. Cette
idée est donc, dans ce cadre, au coeur de cette définition de la
gouvernance.
La Commission européenne, quant à elle donne la
définition adaptée au contexte de développement
européen. Ainsi, pour elle, la gouvernance désigne les
règles, les processus et les comportements qui influent sur l'exercice
des pouvoirs des Etats et/ou des entreprises au niveau européen,
particulièrement du point de vue de l'ouverture, de la participation, de
la responsabilité, de l'efficacité et de la
cohérence30(*). Un
peu plus précise, cette définition présente des
éléments qui deviendront centraux, dont la notion de
participation est bien éclaircie dans cette définition et cette
notion est mise en relation avec la notion de responsabilisation.
Bon nombre d'auteurs mentionnent l'aspect indéfini de
cette notion de la gouvernance, ou de son aspect « fourre-tout ».
Pour Lamy, la gouvernance renvoie plus simplement à l'utopie du «
gouvernement sans les gouvernants », même dans les cas où le
choix des dirigeants est le résultat d'un processus électoral
démocratique régulier31(*).
Dans la logique la plus large et plus simplement, lorsque la
démocratie représentative n'arriverait plus à combler les
attentes de sociétés qui exigent plus d'actions, plus
d'imputabilité et plus de participation ; Campbel insiste sur le
contexte de désenchantement démocratique qui amène les
citoyens à se détourner des formes plus traditionnelles de
participation politique, telles que le vote électoral ou l'affiliation
partisane. Ce mode de gouvernement est que la gouvernance serait donc
utilisée afin de modifier les méthodes de régulation dans
l'espace public de façon à accroître la
participation32(*).
La gouvernance est souvent évoquée et
pointée du doigt lorsqu'il y a un problème de performance
au sein d'un système, que l'on soit en entreprise, au niveau
de l'Etat, d'une région, ou d'un territoire. Les problèmes de
gouvernance qu'elle soit bonne ou mauvaise, sont souvent sans réellement
comprendre de quoi il s'agit33(*).
Dès lors, l'apparition d'une logique de la gouvernance
serait le résultat d'un bouleversement dans les rapports entre la
politique, l'économie et la société civile. Cette remise
en question de l'État-providence et du phénomène de
mondialisation interrogent les capacités de l'Etat, et organisations
gouvernementales, de réguler les sociétés34(*).
Les propositions visant à mettre la gouvernance en
oeuvre ouvrent voie à la négociation, à la
coopération et aux partenariats publics ou privés qui pullulent
la participation de nombreux acteurs différents et propagent la
responsabilisation de la régulation sur l'ensemble plus large diminuant
par le fait même l'intensité de la responsabilité de
l'Etat. Du même coup, on assiste à un déplacement des
légitimités de décisions et d'actions des acteurs
étatiques vers la société civile et ces groupes/individus
la composant et prenant part à cette démarche de
gouvernance35(*).
La gouvernance dans son ensemble permet, dans un contexte
particulier, d'appréhender les divers types de régulation
à l'extérieur de la simple action de l'Etat, qui n'est pas pour
autant entièrement rejetée, elle permet aussi d'accorder une
certaine responsabilité aux acteurs de la société civile,
cette responsabilité est jugée conforme aux croyances et aux
motivations associées à l'agir politique partagé à
ce moment-là par un nombre important d'acteurs.
§3. Bonne gouvernance
L'origine et l'évolution historique du concept de la
bonne gouvernance permet de comprendre les objectifs de ce concept qui
s'inscrit dans des politiques néolibérales.
Le concept de la bonne gouvernance tire son origine des
institutions financières internationales. Dans le contexte d'une
économie internationale d'endettement vers les années 70. Les
institutions de Bretton Wood sont intervenues dans la détermination des
politiques des initiatives des pays endettés au travers des programmes
d'ajustement structurel (programmes de réformes économiques).
La notion de bonne gouvernance fait alors son apparition dans
la publication par la Banque Mondiale du rapport sur l'Afrique
Sub-saharienne en 1989. Le bilan, que fait la Banque Mondiale justifie
l'impossibilité d'application de son programme d'ajustement structurel,
par le manque de bonne gouvernance des pays concernés. L'appareil
étatique doit être d'avantage efficient, fort et autonome afin
d'avoir les capacités de mettre en place les programmes de la Banque
Mondiale et développer une économie stable et
compétitive. La banque mondiale propose alors des réformes
institutionnelles pour les pays en voie de développement36(*).
Issue du terme de gouvernabilité, la bonne gouvernance
pourrait se définir comme le remodelage des politiques de gestion
publique en vue de faire face aux défis du développement. Cette
définition fait du développement, l'intérêt
principal de la bonne gouvernance.
La réinvention de la bonne gouvernance remonte vers les
années 90, que l'approche des institutions de « Bretton
Wood » omettant la démocratie et les droits de l'Homme, a
été largement critiquée. Le FMI et la Banque mondiale
développe alors ensemble l'initiative des pays pauvres fortement
endettés (PTT) en 1996, l'éradication de la pauvreté
intègre maintenant les conditions de bonne gouvernance des institutions
financières. Désormais, les principes afférant à la
bonne gouvernance sont le management du secteur public, la
responsabilité, l'implantation d'un cadre juridique, la transparence,
l'information, la règle de droit et la lutte contre la
corruption37(*).
L'approche de la bonne gouvernance selon cette institution
était similaire à celle de la Banque Mondiale, en mettant
l'accent sur le développement économique, ce volet de bonne
gouvernance a donc été introduit dans les programmes de ses
organismes internationaux de financement. Des réformes institutionnelles
ont été préconisées au côté des
programmes économiques néo-libéraux et justifiées
pour la poursuite du développement économique. Ces
réformes ont été promues non pas pour que s'affirment les
considérations sociales et politiques sur l'économique mais bien
pour affirme, rendre ces programmes plus efficaces38(*).
Pour ce qui est de l'Union Européenne qui a
identifié la bonne gouvernance sous l'angle des droits de l'Homme et de
la démocratie. Selon cette approche, les principes de la bonne
gouvernance sont la séparation des pouvoirs, l'indépendance
judiciaire, la liberté d'association, d'expression, des élections
libres et un système politique multi partis. Cette vision
considère le rôle de la société civile comme
hautement importante39(*).
L'approche de la notion de bonne gouvernance des institutions
de Bretton Wood paraît se rapprocher d'avantage de celle de l'Union
Européenne. En effet, ces différentes organisations
internationales imposent la conditionnalité du respect de la
démocratie et des droits de l'homme dans l'aide au
développement.
Le FMI et l'Union Européenne ont la même approche
du contenu normatif de la bonne gouvernance. Les principes communs sont la
démocratie au travers des élections et du pluralisme politique,
l'État de droit au travers de la séparation des pouvoirs, du
système judiciaire indépendant, du respect des droits de l'homme,
la transparence au travers de la lutte contre la corruption et enfin la lutte
contre la pauvreté40(*).
On retrouve aussi la définition commune de la bonne
gouvernance dans les travaux du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) qui quant à elle conçoit cette
dernière comme « le remodelage des politiques de gestions
publiques en vue de faire face au défi de
développement»41(*). Mais dans les politiques de développement des
organisations internationales, la « bonne gouvernance » a
des contenus bien différents selon les acteurs en présence.
L'origine et l'évolution historique du concept de bonne gouvernance
permet de comprendre les objectifs de ce concept qui s'inscrit dans des
politiques néolibérales.
Dans une perspective de la bonne gouvernance, l'État
doit pouvoir assurer la stabilité des marchés à travers
une réelle politique monétaire et fiscale. Ainsi, l'objectif de
développement est purement économique et ne prend pas en compte
les facteurs sociaux et culturels. En effet, l'instauration d'institutions
stables a pour objectif d'attirer les investissements du secteur privée,
cette démarche purement économique et l'omission de la dimension
de la démocratie et des droits de l'Homme s'expliquent notamment par le
statut de la Banque Mondiale. En effet, pour accorder un prêt, la Banque
mondiale doit se fonder exclusivement sur des considérations
économiques, tandis que les considérations d'ordre politique sont
expressément exclues42(*).
CHAP. II. APERCU HISTORIQUE D'EFFONDREMENT DE L'ETAT EN
RDC
L'Etat moderne en RDC est apparu avec la mise en
place d'une administration monarchique léopoldienne la fin du
XIXème siècle. Comme la plupart des autres
États africains modernes, sa trajectoire est profondément
ancrée dans l'histoire de la colonisation belge. Dans une certaine
mesure, la formation de l'Etat post -indépendant résulte
de la construction étatique entamée sous le régime
colonial discriminatoire.
Compte tenu des nombreux éléments de
continuité dans la formation de l'Etat colonial, puis post -colonial,
une mise en perspective historique est nécessaire afin de servir
le point de départ à l'analyse de cet État dans le
contexte de la RDC.
Ce chapitre vise à présenter et analyser
les antécédents historiques ; il implique une analyse
détaillée des principaux courants de l'histoire politique du pays
qui ont façonné l'évolution de l'Etat en RDC dans ses
différentes phases d'effondrement.
§1. Léopold II et la Propriétisation de
l'Etat
Les causes de la découverte de l'Afrique dans un
premier temps étaient individuelles telles que la curiosité
personnelle et le goût d'aventure. Avec le temps, d'autres raisons sont
venues s'ajouter : l'exploration de l'Afrique intérieure, les
rivalités des nationalismes européens, la croissance et la
concurrence de leurs industries, la supériorité écrasante
de leurs armements.
L'histoire de ce pays la RDC au début de sa
transformation étatique passe, comme pour la plupart d'Etats africains,
par la colonisation. Perçue comme un motif pour le transfert de la
civilisation, la colonisation a constitué un enjeu de taille pour les
grandes puissances européennes43(*).
Le souverain Belge, le Roi Léopold II avant toutes ses
tractations avait créé le comité d'Etude du haut Congo.
Quelques soient ses qualités, la communauté internationale
symbolisée par les grandes puissances plantaires n'ont pas
ménagé les efforts et surtout cachés leur volonté
de pouvoir régler les questions restées pendant longtemps
principales en Afrique.
Pour le Roi Léopold II, l'inquiétude fut celle
de la stratégie à présenter aux yeux des puissances
à base de l'initiative de la convocation de la conférence de
Berlin, étant donné que l'association internationale du Congo
était jusque-là, une organisation mal connue par elles, ce qui
explique la faiblesse qui se fait voir à travers les tractations
menées, les conventions signées.
L'Etat indépendant du Congo est né par l'acte de
la conférence de Berlin, et que le 1er juillet 1885, à
Vivi le premier Administrateur général du Congo Sir Francis de
Winton proclame la constitution et c'est aussi la naissance de l'Etat du Congo.
Un mois après, le souverain Belge Léopold II notifiait son
avènement comme seul maitre et propriétaire de ce nouvel Etat aux
puissances étrangères présentes à Berlin et prenant
l'engagement de la neutralité d'un nouvel Etat. Mais dans le
fonctionnement de cet Etat, le Roi Léopold II sera buté par le
manque de moyens nécessaires pour réaliser ses objectifs.
La gestion de cet Etat apparait comme la démarcation du
roi souverain de l'acte de Berlin, avec une forte dose d'exploitation
économique de la colonie.
En vue d'opérationnaliser son projet individuel, le Roi
souverain Léopold II à travers les agents de ce nouvel Etat, se
mit à commettre plusieurs actes dont la relégation des valeurs
humaines à cause du souci exagéré d'enrichissement
personnel, ce qui justifie à titre illustratif, la décision de
châtiments corporels infligés aux autochtones dans les provinces
de Bandundu et de l'Equateur, pour n'avoir pas accompli le nombre de kilo ou la
quantité de litre de copal et de caoutchouc, tels qu'exigés par
les agents coloniaux. Cette punition allait de 50 coups de fouet à
l'amputation de la main droite44(*).
Le régime de l'Etat indépendant du Congo
s'appuya notamment sur les travaux forcés pour la maximisation de
production, le domaine de la couronne, et des terres vacantes, ce qui faisait
la faiblesse de cet Etat liturgique qui pouvait consacré le pouvoir aux
plus braves autochtones qui rendaient bien service pour le compte du roi
souverain Léopold II45(*).
§2. Colonisation Belge et le paternalisme
La colonisation Belge marque, l'apogée d'une certaine
bourgeoisie bien-pensante en RDC. Le système colonial Belge s'articulait
autour de trois axes confiés respectivement à l'Etat, à
l'église et au capital, il s'agit de la trinité coloniale qui est
une organisation non structurée chargée de coordonner la
politique coloniale de la métropole en RDC.
Pendant cette colonisation les signes palpables de la
manifestation de la confiscation de l'Etat n'ont pas pu avoir une réelle
importance sur la dimension économique de la gestion parce qu'ils
avaient trait à une bonne politique et une bonne administration qui a
semblé être la plus traumatisante, compte tenu de la
détermination de l'administration coloniale belge d'interdire les
activités politiques aux autochtone congolais.
La faible protection que bénéficiait les
indigènes par l'Etat colonisateur était latenteet rendait
l'administration coloniale impuissante. Il s'agit selon Georges Burdeau
« le heurt des doctrines, sous l'apparence de l'opposition des
partis, d'une situation qui ressuscite l'instabilité de la fonction
gouvernementale, et de l'imposition d'impérialisme des pouvoirs plus
agressif et de la confusion des buts sociaux conçus comme possibles
naît l'incapacité des gouvernants à faire prévaloir
leur autorité »46(*).
La Belgique pour maintenir durablement les congolais dans un
état éternel, ce que Bongeli E. Yeikelo appelle Etat
bébé47(*),
tous les moyens matériels et immatériels ont été et
continuaient d'être déployés. Pour les colonisateurs, il
faut bloquer toute velléité de libération pour ne pas
éveiller cet éléphant qui dormait et qui regorgeait en son
sein une richesse.
Les valeurs coloniales jouissaient de la faveur du grand
nombre, lorsque la crise est survenue. Il faut cependant constater que, si
l'enthousiasme qui les avait poussé à des cours fort
élevés a été remplacé par un
désenchantement aigri, toutes les autres valeurs de l'Etat ont
également courbé la tête sous la rafale et le pourcentage
de baisse est sensiblement équivalent dans la plupart des compartiments
de la cote boursière.
Par ailleurs, l'administration coloniale était
caractérisée par une gestion purement
ségrégationniste en matière non seulement de
l'administration de la justice mais encore de l'organisation économique
et sociale qui pour la quasi-impossibilité des noirs de créer
une entreprise, les graves disparités constatées en ce qui
concerne la rémunération, l'avancement en grade, ... comme
problème majeur de la gestion de l'Etat.
§3. Première République et Etat
inachevé
Si la période coloniale a laissé une image
très négative sur le plan de la protection de l'Etat en
matière plus des droits humains, il se dégage qu'un minimum
d'organisation a peut-être eu une constatation pendant que la RDC
actuelle ou la République du Congo dans le temps cherchait une puissance
émergence de son Etat48(*).
Ce constat a été établi depuis longtemps
et remonte dès la conférence de Berlin, que les structures
publiques et l'institutionnalisation du champ politique souffraient d'une
profonde carence. Cette carence trouve ses racines dans les conditions de
l'avènement de la Nouvelle République en Afrique centrale
à la moitié du 20ème siècle.
Le nouvel Etat du Congo, en tant que territoire unifié
et projet commun depuis son héritage colonial, était largement un
concept remis en cause par beaucoup de parties vives qui doutaient de son
avènement, l'accession du pays à l'indépendance, il
n'existait aucune forme d'autorité établie par les nouveaux
dirigeants, qu'elle soit, émanant d'un gouvernement central, il ne
semble pas que ces derniers aient senti la nécessité de doter ce
nouvel Etat d'une Constitution proprement interne. Les premiers textes
officiels sont muets sur le régime politique et les stratégies du
développement car, c'était purement un modèle occidental
et Belge en particulier (Loi fondamentale).
La vraie problématique de cet Etat inachevé a
été observé de fois qu'il n'existait pas non plus
d'autorité qui animait clairement la contestation dans chacune des
différentes provinces en conflit, qui de fois soit proclamée
autonome ou non. Les premiers gouvernements étaient destitués ou
remis en cause au moment même où ils essayaient
d'établir leur autorité sur toute l'étendue du
territoire nationale, parfois, plus de quatre gouvernements
parallèles en compétition cohabitèrent au même
moment, essayant chacun d'établir son autorité sur le
Congo49(*).
L'accession du pays à sa souveraineté
très précoce et le retrait immédiat après cette
indépendance du personnel administratif et militaire belge laissa
à la tête de l'Etat, une nouvelle élite congolaise
réduite et fragmentée de définir ses aspirations et ses
programmes de conduite, de constater le peu de pouvoir dont elle
disposait pour mettre en oeuvre les différentes politiques de
développement cohérentes. Le cadre constitutionnel et
institutionnel nouvellement construit, composé du Gouvernement et
d'un Parlement, s'avéra trop faible pour résoudre les
conflits sans faire appel à la violence militaire
internationale50(*).
L'accession à cette souveraineté de la RDC
signifiait aussi l'entrée en vigueur du système d'appropriation
criminelle et primitive des biens et propriétés des colons
belges, par l'élite congolaise de l'époque.
L'incapacité de cette nouvelle élite au pouvoir
à poursuivre des ambitions clairement définies par l'Etat
colonisateur, même à un niveau infranational, et son état
d'épuisement, les amena à une instabilité institutionnelle
et à une crise au sommet de nouvel Etat encore à la recherche de
son émergence.
§4. La Deuxième République et la
médiocrité de l'Etat
Entre 1960 et 1965, il y a eu fragmentation de la vie
politique qui était sur base économique, et s'il semblerait que
l'intégration de cette économie fut loin d'être atteinte
sous la domination ou la colonisation belge, la production agricole et
même de l'exploitation minière était en déclin,
combiné par l'incapacité du gouvernement central à
percevoir des impôts qui laissa les coffres de l'État
désespérément vides.
Après l'indépendance nouvellement acquise qui ne
procédait pas d'un projet politique élaboré et une
première république tumultueuse, l'avènement du
président Joseph Désiré Mobutu à la tête de
l'État aura poussé le plus loin le modèle de la
souveraineté du peuple, en se proclamant « Guide
éclairé » et devint capable de contrôler les
systèmes de patronage les plus influents dans les secteurs militaires,
administratifs et financiers, mais il devait faire face à des
difficultés de plus en plus grandes pour maintenir tous ses clients
satisfaits51(*).
Le nouveau président de la république, visant
à mettre en oeuvre son projet à la tête de l'Etat sans
programme réel du développement, tombe dans le domaine
privé d'individualisme avec une tendance certaine à la
personnalisation du pouvoir. Cette dérive empruntera les voies du
messianisme empêchant du même coup l'émergence d'un socle
institutionnel de type étatique. Plébiscité par ses pairs
qui constituent la seule autorité organisée du pays.
Les nouveaux dirigeants posent la base d'organisation de leur
pouvoir fondée sur la dictature et était une
nécessité obligée d'essence militaire, tout comme la
relation avec la population l'était.
Cette architecture paraît logique dans la mesure
où Mobutu et ses milices ne disposent pas d'autres normes que
l'autorité et l'organisation militaires où ils ont fait leurs
nouvelles classes. Il aurait fallu pour eux, comme cela s'est produit ailleurs
dans d'autres nouveaux Etats, que l'armée s'adapte à la gestion
civile pour contribuer aux tâches de reconstruction et favoriser
l'unité nationale. Il n'en a rien été pour le cas de la
prise de pouvoir par le coup d'état de 1965, car les chefs militaires
sont restés des chefs de clan.
Ces nouveaux maîtres de la nouvelle République
procèdent à la logique des modèles politiques
imposés par l'ancienne puissance coloniale pour la conquête et
l'exercice du pouvoir.La constitution du 1er aout 1964 illustre
à merveille cette attitude trop conformiste du modèle colonial.
Avec les honneurs et les pompes d'usage, les nouveaux leaders de la
république croient faire un nouveau jeu d'alliance à l'ancienne
puissance coloniale vaincue.Cette constitution de 1964, loin de contribuer
à la mise en place d'un espace public, confronte la confusion entre
pouvoir militaire, pouvoir personnel et clientélisme.Cette constitution
a été un instrument de domination au service d'un homme, et elle
eut pour conséquence d'enfiévrer les rivalités et de
rompre le fragile consensus qui avait suivi l'indépendance. Le
président Mobutu élimine, l'enthousiasme de la liberté
nouvellement conquise par l'indépendance cinq ans après et le
pays se retrouvait face à elle-même, livré aux
rivalités d'une oligarchie fragmentée.
La zaïrianisation fut la genèse de la culture
d'enrichissement par rattrapage de la classe dirigeante. Les
critères familiaux, amicaux, etc., mêlés à
l'absence de la culture d'entreprise typiquement congolais dans le chef de
ses principaux bénéficiaires, ont expliqué son cuisant
échec et sont à la base du déclin économique
tragique de ce pays qui, jadis, représentait l'une des pièces
maîtresses pour la construction africaine. Le peuple congolais
est dépourvu de traditions socio productives ; tradition
asséchée tout au long de la période de cueillette
postcoloniale.
Dans ce contexte problématique, le régime
lui-même a dû prendre une multitude de décisions qui
reflétaient la prise de pouvoir d'institutions
néo-patrimoniales concurrentes liées parfois par le remplacement
des anciennes capacités de l'État construites par les
colonisateurs par des personnes recrutées sur des critères de
loyauté vis-à-vis du patron, ou le fait de se reposer sur des
réseaux auxquels la confiance était accordée sur des bases
personnelles, réseaux qui allaient rapidement prendre une coloration
ethnique, accompagnèrent les tentatives pour essayer de «
joindre les deux bouts »52(*). L'organisation de la vie, dans toutes les
sphères d'activité, devint de plus en plus informelle ou tomba
dans une multiplicité déconcertante de cadres institutionnels
causées par instabilité constitutionnelle (20) constitutions.
La longue déchéance de l'État
bureaucratique en faveur des réseaux de patronage sous cette
république fut essentiellement déclenchée par le
déclin économique, qui entraîna une baisse des impôts
et une réduction massive de la capacité à promouvoir
la croissance et à construire un secteur capitaliste.
L'intervention du FMI négligea totalement, ou sous-estima largement,
cette menace, et causa une nouvelle réduction inéluctable de
l'accumulation des actifs et des capacités de l'État. De
plus, les interventions militaires constituèrent non seulement une
menace pour l'État, mais visent également en avant, de
façon évidente, le fait que ce dernier avait perdu son monopole
du pouvoir, monopole qui ne pouvait être restauré que par des
interventions extérieures ou internationales53(*).
Déjà à partir de 1975, le FMI
devint le principal décideur dans un contexte de désastre
économique mondial. Bien qu'il fût convaincu de contribuer
à une stabilité macroéconomique de bon aloi, le Fonds, au
travers de ses interventions, ne réussit pas à produire les
effets désirés de stabilisation de l'économie, sans
même parler de stimulation de la croissance et de transformation
capitaliste. Les effets concrets de ces interventions furent la
destruction des actifs du pays et un affaiblissement des capacités
administratives de l'État54(*).
En réponse à la crise, le régime Mobutu
se transforma de ce qui avait commencé comme un projet de construction
de l'État de plus en plus en un régime néo patrimonial
tendant à conserver le pouvoir par tous les moyens possibles. Mobutu
lui-même se mua en patron ou en despote, en ce sens qu'il devint
la référence ultime dans tous les domaines.
§5. De la transition non aboutissante
La crise politique encore appelée transition
épuise les régimes qui se suivent et dont aucun n'arrive à
se structurer et à se consolider sur les ruines du
précédent. La plus longue que l'Afrique connait depuis les
conférences nationales, elle a culminé dans une guerre
meurtrière dont les congolais ne pensent pas à établir la
comptabilité du nombre de morts, des dégâts
matériels, des pertes et dégradations de tout genre.
Comme en 1960 quand l'ex Congo Belge sombra dans le chaos,
ravagé par une crise généralisée, par des
sécessions et dissidences politiques, le démon de la destruction
a de nouveau investi l'imaginaire du politicien. L'espace actuel
dénommé RDC, est redevenu l'homme malade de l'Afrique55(*).
La période de transition consacrée entre
1990 et 1997 fut donc celle caractérisée par une
ethnicisation croissante de la politique ou, pour reprendre les mots de
Peemans, par la « multiplication des réseaux multifonctionnels
d'autonomisation », accompagnée d'une militarisation
croissante56(*).
Subséquemment, l'objectif principal des élites
n'était plus uniquement de se garantir un accès
privilégié aux ressources contrôlées par
l'État, mais plutôt de rechercher les bases qui leur permettraient
une accumulation privée de richesse et qui leur offriraient une
légitimité aux niveaux régional et local.
Les dernières années du régime du
dictateur Mobutu ne peuvent pas être simplement réduites
à des conflits politiques sans fin entre l'opposition
démocratique et le régime mais plutôt le
développement de réseaux de plus en plus autonomes qui sapait
la stabilité fragile du régime Mobutu et qui
menaçait l'intégrité de l'Etat.
Il est évident qu'à partir de cette
conférence, le régime de la transition est devenu un
régime démocratique mais conditionné qui pouvait impliquer
tous les acteurs dans toutes les institutions, selon une répartition
équitable de telle façon que si chacune des institutions pouvait
bloquer l'Etat selon des intérêts personnalisés, aucune
cependant ne pouvait plus décider seule dans les affaires de l'Etat
Donc, la longue période de la conférence
nationale souveraine, n'a pas abouti à une résolution
satisfaisante de la crise politique de la part de la classe politique
congolaise au contraire cette conférence a contribué à
fragiliser d'autres classes politiques en autre l'opposition ou la
société civile, tout en privilégiant les
intérêts de la classe dirigeante au pouvoir, ce qui conduit
à une crise de l'Etat et à l'émergence du conflit57(*).
Les caractéristiques des périodes de la
transition de 1997, étaient plus la centralisation et la concentration
du pouvoir par le président de la République, et l'abolition des
activités politiques. Le mauvais départ de la nouvelle
transition.
§6. La troisième République et
l'effondrement des ruines de l'État bureaucratique
Le début de la IIIème
République est considéré comme une période
désastreuse, un certain nombre d'événements se
produisirent et un certain nombre de décisions furent prises,
dans différents domaines, qui ont eu pour effet
d'accélérer la spirale descendante afin d'aboutir à
un écroulement total et irréversible de l'Etat encore en
situation très difficile. Dans un premier temps, la pression
nationale et internationale avait insisté sur l'introduction d'une
concurrence et d'élections multipartites dans un pays
jusque-là dévasté visant la tentative de la nouvelle
dictature.
Ce processus, qui était supposé être
l'instrument politique qui permettrait l'amélioration de
l'organisation étatique sous la deuxième République,
s'avéra en fait être une étape marquante de
l'effondrement final de l'Etat qui entre encore en conflit interne dans la
lutte pour la libération des différents belligérants.
Les principales causes des troubles de la
république précédente étaient supposées
être la nature autoritaire et clientéliste du régime
Mobutu combinée avec un manque de transparence, des
caractéristiques que l'on a qualifié de corruption ou de
mauvaise gouvernance et qui se sont vite répercuté après
l'assassinat du président Laurent Désiré Kabila, le
nouveau président en 2001. Selon la sagesse politique, la
démocratie constitue l'instrument pour surmonter ce type de
problèmes, et elle est en même tant supposée être
un préalable nécessaire à l'exercice du pouvoir de la
nation.
En dernier ressort, il a fallu plusieurs années
d'efforts militaires et diplomatiques, en provenance d'Afrique et
d'Occident, pour forcer et soutenir les belligérants à accepter
de se plonger dans une guerre d'agression du nouveau régime encore jeune
dans son fonctionnement pour la conquête de libération, car, ce
nouveau régime envisageait la dictature.
La logique primordiale de cet effondrement de la nouvelle
république se reprend avec l'influence significative sur les
décisions militaires et politiques prises durant la guerre soutenue par
l'Ouganda et le Rwanda qui pour la plupart étaient les organisateurs et
les principaux déstabilisateurs de l'Etat. En dépit du fait
qu'ils acceptèrent des traités de paix, on ne sait toujours pas
dans quelle mesure leurs intérêts respectifs, que ce soit en
termes de sécurité le long de leurs propres frontières, en
termes de partage de la richesse, ou en termes d'influence politique à
l'est de la RDC, étaient satisfaits.
Les conséquences économiques de la guerre
d'agression furent désastreuses, depuis 1993 et 2002, la production
interne déclina d'encore 20 %. Et l'économie était
informelle, la grande majorité composée d'activités
illégales et violentes. Activité économique et
activité guerrière étaient inséparables. Tout ce
constat rendait l'Etat plus fragile et incapable de surmonter ses missions
régaliennes et primordiales58(*).
L'avènement de l'État en RDC serait, selon Guy
Aundu59(*), entravé
par les caractéristiques de la structure économique. Dans le cas
illustratif, le système colonial reposait principalement sur
l'économie de plantation qui par essence était tournée
vers l'exportation. Or, la rupture des liens de la colonisation renversait
cette logique sans pouvoir lui substituer une nouvelle logique marchande faute
d'une définition de marché intérieur bien
identifié, pas plus qu'elle ne pouvait donner naissance à un
capitalisme national par manque d'accumulation.
La destruction de toutes les structures léguées
par la colonisation, la faillite de la flotte maritime et aérienne,
l'effacement des structures de communication, la déliquescence des
structures de télécommunication publiques et du système
bancaire,..., constituent les marques d'un pays avant-gardiste du
sous-développement aggravé.
Ainsi, l'histoire politique et constitutionnelle de la RDC
depuis son origine apparaît comme une course troublée vers la
recherche d'une identité étatique dans l'action gouvernementale.
Celle-ci se comprend comme l'effort d'adaptation d'un cadre juridique moderne
aux conditions particulières d'une société surgie de la
colonisation où la cohésion nationale s'est vexée en
permanence aux appétits de pouvoir et à une tribalisation du
champ politique. Les jugements et les analyses n'ont pas manqué sur les
caractères de la société congolaise depuis
l'indépendance, elle est restée qui pour le sociologue MbelaHiza
à bien des égards une énigme identitaire60(*).
CHAP. III. BONNE GOUVERNANCE ET REFONDATION DE L'ETAT EN
RDC
La question de la bonne gouvernance demeure une
préoccupation majeure en RDC, en dépit des efforts
déployés par les gouvernements de la transition avec l'aide de
ses partenaires. Les conflits et les guerres que le pays a connus sont généralement mis en cause.
Ce chapitre consacre l'analyse de la bonne gouvernance et
refondation de l'Etat en RDC. Il offre cadre d'analyse des volets prioritaires
de la refondation en RDC et quelques propositions visant à instaurer un
Etat fort, prospère en RDC.
L'obligation qui est notre à ce niveau de
réflexion, consiste, avant d'analyser les faits de la bonne gouvernance
en RDC, à dire un mot sur son institutionnalisation, tout en esquissant
la morphologie de la refondation de l'Etat en RD. Congo.
Section 1. Bonne
gouvernance nécessité des réformes en RDC
§1. Bonne gouvernance et
développement de la RDC
Depuis quelques décennies, la notion de
gouvernance est au centre de toutes préoccupations des
gouvernements des pays africains et des gouvernés, ainsi que des
organismes au service du développement.
La RDC, comme tous les Etats en développement ou envoi
de développement, est réputée de promouvoir la bonne
gouvernance dans la gestion des affaires publiques dans le cadre du
processus de développement. Dans ce sens, une étroite relation
et plus positive est en train d'être reconnue entre la bonne
gouvernance et le développement durable en RDC.
Dans un régime qui se dit parfait, la bonne
gouvernance est l'expression même du développement. En effet, ce
dernier était perçu comme un processus prioritaire de
transformation des moyens de production sous la tutelle de régimes
reléguant la réforme du système de gestion des affaires
publiques à l'état de promesse du lendemain.
Dans le cadre du développement de la RDC,
gouvernance, paix et stabilité de la société sont
des questions interdépendantes et indivisibles. Pour ce qui est de la
paix et de la stabilité de la société, elles sont
impossibles sans la bonne gouvernance intégrée à tout le
niveau des couches organisationnelles de l'Etat. On ne peut instaurer ou
institutionnaliser la bonne gouvernance sans la paix et la
stabilité de la société.
Il est vrai que la croissance économique en RDC comme
signe de développement dépend de facteurs économiques
manifestés par la qualité des ressources disponibles et leur
quantité de production, mais la logique a montré que cette
croissance économique, pour qu'elle puisse être durable et
équitable, dépendra de la qualité des politiques
économiques, de l'administration publique, du système judiciaire
légal, ainsi que de la mise en application effective des règles,
des normes et des lois.
Pour la RDC, la mise en oeuvre de contrôle et
d'évaluation des politiques publiques économiques et de
développement pourra avoir plus d'importance dans son cycle
d'élaboration, dans le sens de construire une meilleure vision
stratégique axée sur le plan spécifique des
réformes institutionnelles. Il faut effectivement parler de cycle de
gouvernance économique, c'est-à-dire le processus se
déroulant dans le temps.
Ainsi, depuis 1994, marquant le début de
l'application des programmes d'ajustement structurels et l'entrée
de la RDC dans les politiques économiques libérales et
orthodoxes, qui se traduit par le commencement de la privatisation des
entreprises publiques, de la libération des prix et du commerce
jusqu'à nos jours, il est toujours question pour ce pays de la
réforme économique, de la mise à niveau ou le
redressement des entreprises publiques, de la privatisation, de
l'investissement étranger, des réformes agricoles et
industrielles et autres, sans réel achèvement de ce
processus61(*).
La raison pour laquelle, l'économie actuelle de la RDC
vit des dysfonctionnements liés à la problématique du
pouvoir d'achat ou l'augmentation des prix, à l' incapacité
des entreprises publiques à créer de la richesse, au
chômage exagéré, de la spéculation et
désorganisation du système du marché des matériaux
de construction, de l'alimentation, de l'agriculture. Ce que nous avons
soulevé montre la nécessité de donner une importance au
cycle de la gouvernance économique et son impact sur le
développement de la RDC.
De même, l'on doit prendre en considération le
partage des rôles aux différentes étapes du cycle, le choix
des indicateurs, la construction de l'opinion publique et l'organisation de la
scène de débat public pour la construction de cette
politique de développement. Devant ce constat, le
développement qu'envisage la RDC doit sortir de l'économie de
rente pour entrer dans une économie favorisant la création
de la vraie richesse, en passant par le plan stratégique et
dynamique tout en utilisant entre autres des outils statistiques
performâtes et des réseaux d'information modernes adaptés
à l'évolution du monde.
Il s'agit pour la RDC, de préciser que la notion du
temps global et précis est au coeur de la bonne gouvernance qui
dépendra d'un certain nombre d'objectifs importants mis en place par le
gouvernement de faire vivre la prospérité durable et la paix
intérieure dans l'ensemble de la population; d'assurer
l'équilibre économique des différents marchés ;
de la gestion à long terme les ressources naturelles; d'offrir à
la communauté congolaise des opportunités plus grandes
d'épanouissement ; de permettre le développement scientifiques
et techniques avec le passage à une économie de la connaissance;
de s'adapter à l'environnement économique lié aux
évolutions du monde tout en conservant son identité profonde
favorable à ses réalités.
Pour assurer le vrai décollage économique
pour ce qui est le cas de la RDC, il est question d'application effective
des règles et stratégies cohérentes, de plus de
transparence dans la gestion des affaires publiques et d'intensification
des efforts de lutte contre la pauvreté et de création
d'entreprise. De même, les travaux de recherche relatifs aux relations
économiques internationales montrent que le développement passe
toujours par une observation effective de la bonne gouvernance notamment
économique et de la stabilité politique62(*).
En somme, les contraintes et les ressources nécessaires
pour engager les réformes ne sont pas prises en compte dans les
recommandations des bailleurs de fonds. Cet aspect rend le modèle de la
bonne gouvernance inapplicable de nouveau par un gouvernement qui y serait
décidé. Ainsi, aujourd'hui en RDC, comme au début des
années 90, la volonté de gouverner selon ces nouveaux principes
pour accroître l'effectivité des politiques
socio-économiques ne suffit pas, les modes d'interventions les plus
adaptés et les plus prometteurs restent encore à explorer.
Ces critiques d'ordre général sont encore
renforcées par l'application de chacun des préceptes de la bonne
gouvernance. Ainsi, les difficultés associées à
l'appui à la gouvernance démocratique par les bailleurs de fonds,
l'impossibilité de proposer un manuel pour étendre
l'effectivité et la mise en oeuvre de la décentralisation et
les échecs relatifs des politiques visant à faire
évoluer la fonction publique en RDC sont les contraintes d'une bonne
gouvernance pour ce qui est de notre pays.
La bonne gouvernance en RDC est confrontée à
plusieurs problèmes qui se posent souvent dans la pratique de ce
nouveau cadre de gestion, la res-publica. Il s'agit notamment dans cette
gestion, des pratiques comme le tribalisme, le favoritisme, le
clientélisme, la corruption, les détournements,
l'impunité, la privatisation de l'Etat63(*).
Mais, seule la corruption, les détournements et
l'impunité retiendront notre attention dans le cadre de la refondation
de l'Etat dans le contexte de la RDC.
1. La corruption
En partant de la définition même de la bonne
gouvernance, elle fustige la corruption, par ce qu'elle exclut cette
dernière dans sa pratique et la combat à tous les niveaux de la
gestion de la respublica si elle apparaît.Ainsi, la lutte contre la
corruption est aujourd'hui très médiatisée. En R.D.C, les
réflexions sur les contours de la corruption présente cette
dernière comme une dégradation de la santé morale d'un
ordre politique prédateur fondé sur les anti-valeurs existants
depuis la décolonisation mais manifestement amplifiés sous la
IIe République du président Mobutu et lesquels ont abouti
à la détérioration des conditions économiques,
sociales, juridiques et politiques... de l'Etat64(*).La situation de corruption au
cours des années serait due aux conditions sociales des agents et
fonctionnaires de l'Etat au sein de l'Administration publique et dans les
secteurs publics. Les agents et fonctionnaires de l'Etat demeuraient sans
être payés de leur salaire des mois et des mois.
En conséquence, ils ont cherché un autre moyen
pour subvenir à leurs besoins, terme lancé «
ezamadesuyabana » ou « sokinasaliboye te nakolia
l'Etat65(*) ? ». Ce qui les a
entraîné dans la pratique de la corruption. De ces
réflexions, on serait tenté d'affirmer que les faits de la
corruption relèveraientde la conjoncture, il suffit que les conditions
sociales des agents publics et fonctionnaires de l'Etat changent pour
éradiquer les pratiques corruptrices. Pour le moment, cette
réflexion ne peut plus tenir, car la corruption s'est fortement
structurée, enracinée et ficelée proportionnellement
à ses stratégies de lutte et continue aisément son chemin
dans toute organisation oeuvrant en RDC.
v La lutte contre la corruption
L'approche holistique, mieux globale du
phénomène de la corruption atteste que la RDC n'est pas
épargnée par le fléau de la corruption qui fragilise
l'équilibre des Etats et ralentit le développement des Nations du
monde.
Phénomène transfrontalier, la corruption est
ainsi assimilée à une pandémie qui détruit le tissu
socio-économique des Etats modernes, accroit les
inégalités sociales et accentue la pauvreté.
La manifestation de la corruption en RDC ne date pas
d'aujourd'hui. Elle trouve ses origines lointaines dans le modèle
même de gestion de l'Etat Indépendant du Congo, où seul un
individu pouvait tirer profit d'immenses richesses que regorge le bassin du
Congo au détriment de son royaume et de son protectorat.
La transparence constituant une clé du
succès de la construction d'un État effectif, la lutte contre
la corruption demeure une composante majeure de l'agenda global des
réformes du secteur public dans notre pays. La faiblesse de la
gouvernance se traduit par de mauvaise politique gouvernementale, ainsi qu'un
environnement économique et politique qui décourage les
investisseurs. Elle peut également se manifester par la corruption
et une bureaucratie peu ouverte aux contrôles qui ne répond
plus au pays.
En effet, la lutte contre la corruption doit se situer dans
une volonté plus large de réformer le secteur public.
Christoph Stückelberger conclut que « l'avenir de l'approche
judiciaire de la lutte contre la corruption est en jeu en RDC
»66(*).
2. Détournements
Ce fait est prévu et puni par le législateur
congolais. Il est une utilisation, hors de sa destination, d'un bien, d'une
voix de droit ou d'un pouvoir. On peut l'illustrer par la confiscation des
fonds destinés aux agents et fonctionnaires de l'Etat ou pour la
réalisation d'ouvrage d'intérêt public et que ces fonds
n'arrivent pas à la destination. Ce qu'on déplore en R.D.C est
que même si il y a dénonciation d'un détournement de fonds
publics, il n'y a pas des poursuites judiciaires. Ce qui entraîne
l'impunité et fragilise l'efficacité de l'Etat.
3. Impunité
Souvent quand on parle de l'impunité, lorsqu'il s'agit
de manque des sanctions contre les crimes commis en violation des droits
humains, dans des situations des guerres ou après des conflits
armées internes ou internationaux. Mais, l'impunité ne concerne
pas que les « crimes de sang ». Les malversations
socio-politiques et économiques telles que le détournement de
deniers publics, la corruption, la concussion, l'abus de confiance d'un agent
public de l'Etat, etc., auxquelles il n'est donné aucune suite laissent
également ses auteurs agir impunément.
Observons les autorités publiques et animateurs
étatiques en RDC qui concentrent les richesses du pays et
détournent des fonds publics à des fins personnelles, à
tous ceux qui ont pillé et pillent les ressources naturelles du pays,
les exploitent au détriment de la population locale ou encore, les
échangent en contrebande contre les armes ou pour financer les milices,
rebelles encore actifs dans le pays.
Ainsi, l'impunité « est la situation qui
résulte de l'absence de sanction pénale contre un ou des
individus accusés d'avoir commis des crimes »67(*).Toutefois, le code pénal congolais puni les actes
qui tombent dans les malversations économiques et financières des
agents mais personne ne s'inquiète, car la sanction ne se prononce pas.
Dans le cas de la RDC où la justice n'est pas encore
décentralisée, cette sanction aurait pu être
décidée par une autorité nationale, locale ou même
internationale, mais plusieurs obstacles existent tels que :
- l'absence d'enquête judiciaire et de poursuite par
l'Etat, que ça soit par manque de moyens ou par complaisance ;
- l'immunité diplomatique ou parlementaire au profit
des certains auteurs des détournements, des corruptions...les
difficultés d'accéder aux archives administratives, judiciaires
ou militaires, soit qu'elles ont été détruites, soit
qu'elles sont mise sous secret ;
- les difficultés de recueillir les témoignages
des victimes à cause de risques de représailles.
De ce qui précède, il y lieu de retenir la
gestion transparente de la chose publique (Etat, province, entité
territoriale décentralisée), de la responsabilité des
gouvernants (devant leurs acteurs et leurs institutions compétentes), et
l'obligation de rendre compte de leur gestion (devant les cours et tribunaux,
et le pouvoir législatif), du refus de la corruption, de la
participation collective au destin commun, du respect des droits de l'homme, de
la démocratie et de l'Etat de droit donnera à la RDC une vision
projetée de son développement. En effet, l'Etat dans le contexte
de la RDC doit s'approprier de la bonne gouvernance afin de la mettre en
application pour se développer dans son ensemble.
§2. Nécessité des Reformes en RDC
Les réformes de la gouvernance en RDC, peuvent
être principalement vues comme une réponse à la
démission de l'Etat en matière de fourniture de services publics
sur toute l'étendue de son territoire.
Ces réformes s'inscriront dans une logique de
renforcement des capacités du secteur public en matière de
fourniture de services et pourront donc être
considérées comme partie intégrante du processus global de
restauration des nouvelles capacités de l'Etat, qui implique la
résolution de plusieurs questions relatives à la transparence,
à l'exercice de l'indépendance de la justice, à
l'efficacité du service public, à la gestion
financière et à la déconcentration ou à la
décentralisation du pouvoir. Ces réformes se traduisent
aussi en une réforme et un renforcement institutionnel.
Le principal facteur à l'origine de la
réforme pourrait être relié au cadre global de la
construction de l'Etat en RDC vue sous l'aspect de
faillite.L'incapacité croissant de ce dernier a fournis les
services sous l'effet de la mauvaise gouvernance et du conflit qui pendant une
décennie rendent les réformes nécessaires mais pas pris
en compte par la classe dirigeante.
Le rétablissement des institutions étatiques
fortes, l'accroissement des revenus, la transparence et la fourniture de
services sociaux constituaient les principales motivations à
l'origine de ces réformes, qui auront pour but de renforcer la
capacité de l'Etat et le rendre plus efficace et fonctionnel si cela
s'orientera dans une approche de la résolution de la crise
institutionnelle.
Pendant que la vision globale de ces réformes sont
conduites par des besoins domestiques, leurs inspirations institutionnelles
et de durabilité dépendent largement des facteurs externes
pour qui, elles sont imposées.
a. Les Réformes de gouvernance et politiques
publiques
Les réformes de gouvernance en RDC peuvent
être tracées au retour du multipartisme avec des partis
politiques qui ont des projets de société constructifs et de
vision projetée pour l'avenir.
Le programme global qui constitue la base des reformes de la
gouvernance aborde les aspects suivants :
- renforcer les capacités du gouvernement, plus
particulièrement, aux niveaux législatif et exécutif,
tant en matière de formulation des politiques publiques qu'en
termes d'analyse, de gestion, de contrôle et d'évaluation de
leur efficacité;
- réactiver les institutions locales à
travers la décentralisation de l'autorité;
- améliorer le niveau de sensibilisation des citoyens
sur leurs droits et leurs obligations, et accroître leurs
capacités à participer pleinement à la vie sociale,
politique et économique du pays ;
- renforcer les capacités et l'efficacité du
secteur public en matière de fourniture de services essentiels, de
manière à décourager la corruption et à stimuler
la transparence ;
- renforcer les instruments judiciaires afin de sauvegarder
l'Etat de droit et les droits individuels.
En outre, la conduite des réformes de la
gouvernance de l'Etat Congolais nécessite un ordre politique
fonctionnel et stable. Un ordre politique légitime qui permettrait
en effet aux groupes sociaux de concourir à l'autorité
gouvernementale sans avoir recours à la violence. Un ordre politique
marqué par une compétition violente réduit la
portée de l'effectivité de la gouvernance. Stevens et Teggeman
cité par W. Easterly, mentionnent que dans les pays où «
l'environnement politique est moins favorable, les composantes de la
réforme doivent être soigneusement sélectionnées
et taillées à la mesure des réformes fondamentales
et politiquement moins sensibles tout en créant des
opportunités pour une réforme plus générale et un
cadre incitatif »68(*).
Depuis la fin du conflit, le pays ne connaît un ordre
politique relativement instable qui se traduit par des élections
caractérisées d'irrégularités voire même par
de contestation, l'éclosion d'associations citoyennes et
l'instauration d'un Etat de droit ne sont pas au rendez-vous.
L'insistance des bailleurs de fonds sur la
légitimité politique comme condition préalable au
maintien de leur soutien eut également un effet tout en
créant un environnement favorable au processus de réforme.
La conjugaison des conditionnalités des bailleurs en ce termes,
qui insistèrent sur la construction de structures politiques
légitimes, et de l'évolution de certaines
pratiques69(*).
b. La réforme de la fonction
publique
Les réformes de la fonction publique constituent
un élément central dans toute démarche de modernisation
de la fourniture des services publics dans nombreux de pays d'Afrique sub
-saharienne en général et celui de la RDC en particulier depuis
longtemps discrédités par des administrations publiques
inefficientes et inadaptées. Il en résulte que ces
réformes doivent s'inscrire dans le cadre de l'objectif global de
restauration de la capacité du service public.
Lors de l'indépendance de la RDC en 1960, la
fonction publique fut saluée pour son efficacité et sa
capacité à fournir des services de qualité. Très
appréciée du public, elle était considérée
comme une des institutions publiques les plus honorables de l'Afrique
Centrale. Bien avant l'indépendance, les fonctionnaires de la RDC
occupaient de hautes positions dans l'administration coloniale de cette
sous-région. Les questions de recrutement, de formation et de
promotion étaient traitées de manière juste et
objective.
L'Administration publique congolaise fait face des
défis de normalité, de modernité et de mise en oeuvre de
la réforme elle-même. Ce triple défi pose le
véritable problème de capacité pour l'Administration
publique à soutenir l'Etat et à renforcer son
efficacité du fait des dysfonctionnements qui la caractérise.
Dans ce contexte, l'Administration publique congolaise devient le facteur le
plus explicatif de l'inefficacité de l'Etat dans l'accomplissement
de ses missions et fonctions et partant, de la perte de sa
crédibilité face à des engagements plusieurs fois
renouvelés mais non tenus à défaut des politiques
publiques non crédibles tant du point de vue des choix
stratégiques que de la formulation, mise en oeuvre et du
suivi-évaluation du progrès vers les résultats.
c. Les réformes
macro-économiques
Depuis la fin de la guerre en 2002, des progrès
considérables ont été accomplis dans
l'amélioration de la performance économique du pays
grâce à un programme de réforme élargi. Les
principaux axes de ce programme de réforme sont :
l'amélioration de la gestion des finances publiques ainsi que
la promotion d'un environnement micro-économique sain pouvant
stimuler la croissance, le renforcement des investissements dans le secteur
privé, la consolidation de la privatisation et la bonne
gouvernance dans l'industrie du diamant. La nécessité d'une
performance accrue au niveau micro-économique doit être vue
comme une réponse à la mauvaise gestion économique
enregistré e durant des années.
Au fur des années, on a observé
généralement que les régimes personnalisés en
Afrique ont failli à leur devoir d'assurer le
développement économique ou institutionnel. A cet
égard, la RDC est un cas typique. Il illustre de manière
patente les effets de la gouvernance néo-patrimoniale sur
l'économie politique, la gestion financière et le changement
institutionnel. Cette situation a engendré la baisse de la
croissance économique, la stagnation de la production, l'augmentation
de la dette extérieure, une crise financière
générale et l'extension de la pauvreté.
d. La réforme du secteur de la
justice
A la différence des autres réformes, les
réformes du secteur de la justice se sont en partie inspirées
de l'héritage du conflit et plus particulièrement de la
nécessité d'améliorer la capacité de l'Etat
à remplir ses obligations en termes de respect des Droits de
l'Homme. Suite au dénouement du conflit en 2002, les
réformes judiciaires servirent de base au programme global de
réforme du gouvernement qui cibla les questions de
responsabilité en matière de Droits de l'Homme et la
corruption dans le secteur de la justice. Il est utile de préciser que
le secteur de la justice intègre la police, la police judiciaire, le
Ministère de la Justice et les prisons.
v L'héritage de la mauvaise gouvernance
La construction d'un système de justice
pénale viable et respectueux des Droits de l'Homme constitue l'un
des principaux défis du processus de transition du pays vers une
démocratie post-conflictuelle. Pendant des années, le
système judiciaire fit face à de nombreuses difficultés
qui entamèrent la capacité de l'Etat à rendre la
justice.
Le système était étouffé par
des lois obsolètes dont la plupart n'avaient subi aucune
modification depuis la fin de l'administration coloniale, ce qui est
notamment le cas de la loi sur l'ordre public. Hormis la caducité des
lois, les infrastructures de l'administration judiciaire étaient dans
un état déplorable. La précarité de la logistique
(les équipements, les moyens de transport, les logements, les
systèmes d'archivage et de classement), était
réelle.
e. La décentralisation
La réforme la plus significative a
été la décentralisation progressive de l'État.
Comme l'observe MeyaNgemba, « l'administration locale est l'innovation
constitutionnelle la plus importante en RDC, probablement encore pour les
vingt-cinq prochaines années ». La réforme de
l'administration locale peut être vue comme une réponse à
l'héritage centralisateur de l'État au fil des années.
Cette tendance contribua à élargir le fossé entre
l'État et la société, tout en sapant les
capacités de l'État à assurer les services au
niveau local70(*).
Depuis le retour au multipartisme et la fin du conflit,
le gouvernement aussi bien que les bailleurs de fonds ont lancé un
programme de décentralisation, dans le cadre d'une approche plus
globale de reconstruction des institutions de l'État à partir du
niveau local. Malgré ces signes positifs, le processus demeure
confronté à des obstacles auxquels s'ajoutent les
problèmes plus généraux inhérents à la
décentralisation dans la plupart des pays africains.
En premier lieu, la RDC est confrontée au
problème de dépendance du niveau local vis-à-vis du
centre, plus particulièrement en matière de capacités et
de finances. En outre, le rôle ambigu joué par le système
de chefferies dans l'administration locale vient compliquer le programme
réformateur. Enfin, il faut noter le risque de transformer le
processus en une nouvelle arène de politique, ce qui entraînerait
un changement du pouvoir politique local.
Face à l'échec d'un renforcement des
capacités institutionnelles réalisé par-devers de la RDC,
la coopération internationale doit trouver un autre mode d'action.
C'est pourquoi, la Banque mondiale dans son discours a
développé l'importance de l'appropriation des réformes
parallèlement, à celui de la bonne gouvernance71(*). De cette manière, la
responsabilité des échecs des réformes de l'organisation
étatique est rejetée sur les pays eux-mêmes, sans pour
autant expliciter le contexte social, politique et économique dans
lequel il est préférable d'entamer les changements, ni la
séquence de ces derniers.
Section 2. De la refondation de l'Etat en RDC
Analyser la logique de la refondation de l'Etat en RDC, c'est
prendre en compte les huit volets prioritaires permettant à l'Etat
d'agir comme garant et protecteur de l'ensemble du territoire national. Ces
huit volets sont : la refondation de la nation ;la refondation de la
puissance publique ; la refondation de la gouvernance ; la refondation de
l'économie; la refondation de la politique institutionnelle de paix et
de sécurité ; la refondation des forces de
sécurité; la refondation du système de délivrance
des services à la population et du débat public; la refondation
de l'aide internationale.
En préconisant tous ces volets, l'avenir de l'Etat en
RDC sera entre le devoir plus profond du processus de la réforme et de
l'impérative de renaissance. Ainsi, tout programme de reconstruction de
l'Etat partira d'un aspect global et sera nécessaire dans le sens
d'organisation territorial. Dans un contexte actuel du monde mondialisé,
il importe d'examiner les conditions et les capacités de l'Etat à
assumer sa vocation géopolitique et son intégration dans le
concert des Etats du monde.
§1. La refondation de la nation
« Pourquoi détruisez-vous votre
pays », « vous avez un beau pays, regardez ce que vous en
avez fait », une phrase lancée par un expatrié
français à Brazzaville72(*). Et « vous ne valez rien »,
« un peuple de chanteurs et de danseurs » ne cesse de
clamer les autres africains, « les congolais sont des gens à
acheter ; si ce n'est pas avec de vrais dollars, c'est avec les belles
filles Tutsi » déclarait Kagame73(*) avant l'invasion des
territoires à l'Est du pays, ce sont autant des déclarations qui
démystifient des causes réelles de la crise de la nation
Congolaise.
Dans le cadre de la refondation de la nation, il ne suffit pas
d'avoir un drapeau, une devise, une armée, des frontières et une
diplomatie pour constituer une communauté vivante. Celle-ci repose sur
le sentiment d'un destin commun et sur la responsabilité que chaque
membre se sent à l'égard de tous les autres, ce que nous appelons
dans le cadre de la RDC « l'esprit
commun Congolais» ou la construction et la codification du
« commun désir de vivre ensemble » doit se
faire dans les langues et dans les références culturelles
que ces communautés comprennent.Il faut pour l'entretenir, des
processus instituant, lors de moments décisifs de la vie de la nation
(vote référendaire, élection, manifestations, etc.).
Très souvent, on confond processus instituant et
Assemblée constituante. Mais une Assemblée constituante se
centre sur un objectif unique : la rédaction d'une constitution.
Celle-ci est supposée énoncer les fondements du « vivre
ensemble », mais en réalité rares sont les cas où la
rédaction d'une constitution mobilise réellement l'ensemble de
la population. Cette rédaction en effet privilégie des
discussions institutionnelles et juridiques dont les gens ne voient pas la
portée pratique et bien des constitutions adoptées à une
très large majorité se voient remises en cause sans que la
population lève le petit doigt pour les défendre. C'est donc de
tous les autres processus qu'il faut envisager pour refonder l'Etat dans le
contexte de la RDC.
Il s'agit d'organiser un vaste processus de réflexion
impliquant tous les secteurs de la société, étalé
dans le temps et débouchant sur des perspectives partagées. C'est
ce processus qui est désigné par nous sous le terme
d'Assemblée congolaise de tribus.
Cette démarche de bas en haut, qui partira des villages
et des différentes catégories de la population, les amène
à dire les valeurs auxquels ils sont attachés et leur conception
du vivre ensemble, au lieu comme c'est si souvent le cas, de les inviter
à égrener un catalogue de leurs besoins. A partir de là,
les propositions remontent au niveau des cercles puis des provinces, en
même temps que les différents acteurs économiques et
sociaux sont invités à formuler leur propre vision. Ainsi par des
synthèses successives se dégagent les fondements d'un projet de
la RDC de société.
La conviction de chacun que sa bouche a été
entendue, la traçabilité des propositions issues de la base
jusqu'à la synthèse finale compteront autant et plus que les
énoncés des conclusions. Les esprits en seront marqués
pour une génération et rendront l'ensemble de l'Etat plus fort.
§2. La refondation de la puissance publique
Il est plus aisé de constater et de décrire la
puissance publique que d'en élucider la notion, l'expliquer en
profondeur, tant ses modes d'exercice sont bien connus. Néanmoins, on
peut quand même la définir comme « l'ensemble des
pouvoirs de l'État et des autres personnes publiques ».
C'est le premier membre de la définition qui intéresse
principalement mon propos et qui est synonyme du pouvoir politique. Celui-ci
désigne le pouvoir suprême qui dirige la vie de la
société et pour l'exercice duquel sont institués les
pouvoirs publics constitutionnels, c'est-à-dire les autorités
immédiatement instituées par la constitution. On peut donc
entendre par puissance publique le pouvoir étatique fractionnant
en trois pouvoirs traditionnels : le Législatif, l'Exécutif
et le Judiciaire. L'activité de ce pouvoir suprême doit être
effectivement conforme à la loi dans un État de droit74(*).
La puissance publique pour ce qui est le cas de la RDC,
consiste de poser le problème de la relation à la loi des
détenteurs de cette puissance dans l'exercice de leurs fonctions
et la visibilité des actions publiques à entreprendre.
La prise en compte du besoin collectif qui fait naître
l'Etat comme artisan de protection et de sécurité de son espace
ainsi, comme Thomas Hobbes l'a théorisé, le Léviathan est
chargé d'assurer la sécurité de tous ; en imposant l'ordre
dans un état de nature où chacun éprouve le besoin de se
débarrasser de la peur, de devoir recourir à l'usage de la force
pour se protéger contre son voisin, considéré comme une
menace permanente. C'est le HomoHomini lupus75(*).
En fait, le besoin de protection et de sécurité
en appelle à la catégorie des missions dites régaliennes
de l'Etat. Il s'agit des missions de souveraineté qui demeurent
nécessaires.
Dans toutes les constructions politiques de l'Etat, la
population congolaise a d'abord intérêt à ce que son
Etat le débarrasse de la peur, de la menace de l'autre en assurant de
manière souveraine l'ordre interne pour le bien de tous, tout en
protégeant sa population entière contre les menaces
extérieures.
La puissance publique qui est le socle de force d'un Etat,
pourra dans le contexte de la RDC être dans une dimension de
viabilité afin d'apprécier la capacité de l'Etat à
assurer sa survie en tant qu'Etat garant de la paix et sécurité
de son territoire, par rapport à son utilité
socio-économique interne et par rapport à son utilité
vis-à-vis de l'environnement extérieur76(*).
En définitive, la viabilité de la puissance
publique de l'Etat par rapport à sa sécurité, la
défense de son espace, à sa population et à ses
partenaires extérieurs constitue un souffle pour son
développement.
§3. La refondation de la gouvernance
La gouvernance dans son acceptation universelle recouvre
l'ensemble de la gestion de la société. Elle englobe les
institutions publiques, la répartition des pouvoirs entre les
différents niveaux dans la société, le rôle des
différentes instances de régulation formelle ou informelle,
coutumière ou importée, les modalités de choix collectif
et de délivrance des services à la population, les valeurs qui
s'attachent au bien commun, l'esprit de service public ou son absence, les
formes d'exercice du pouvoir et les conditions de sa légitimité,
les rapports entre l'Etat et la population, le contrôle des citoyens sur
l'action publique, les modalités d'accès aux
responsabilités publiques, le mode de perception de l'impôt et de
sa redistribution, le partage des rentes tirées tant des ressources
naturelles que de l'aide internationale, etc... La gouvernance est un fait
social total.
Si dans le contexte de la RDC, c'est l'ensemble de la
gouvernance qui doit aujourd'hui être refondée, cela implique des
transformations profondes qu'ilfaut assumer avec rigueur et continuité.
Il faut garder et renforcer l'esprit de liberté et de franchise, dans
son animation rigoureuse garantissant des méthodes sans lesquelles la
démocratie est un vain mot. Qui soumettrait l'analyse exigeante
après les différentes élections aux processus
électoraux eux-mêmes.
On connaît par les enquêtes d'opinion
internationales le paradoxe de la démocratie : qui selon le principe
c'est le peuple qui choisit ses dirigeants et pourtant il n'a pas confiance en
eux. Ce paradoxe est poussé en RDC à son comble : les
règles électorales, le financement des partis, la concentration
des pouvoirs aux mains du président promeuvent, de l'aveu de tous, des
dirigeants politiques plus attachés à leurs propres
intérêts qu'à celui du pays. La refondation de la
gouvernance dans le cadre de l'Etat en RDC pourra définir et inventer
des mécanismes différents permettant de choisir librement des
dirigeants en qui la société peut mettre sa confiance et
répartir les richesses de manière équitable.
§4. La refondation du système de délivrance
des services à la population et du débat public
On a voulu voir dans les débats électoraux le
moment privilégié de la confrontation entre différentes
visions d'avenir pour la RDC. Mais ce n'est pas vraiment le cas, pas plus que
dans les pays où la démocratie est mieux assise.
En observant l'Etat en RDC, la gouvernance actuelle n'est pas
en mesure d'apporter à la société les services auxquels
elle aspire, les meilleurs possibles eu égard aux contraintes
financières et techniques. Aujourd'hui, les services apportés
à la population Congolaise sont déterminés pour
l'essentiel en dehors d'elle, et par l'Etat. Le contrôle des
dépenses publiques échappe aux citoyens. L'expérience
internationale prouve que les services publics sont d'autant mieux
adaptés qu'ils sont définis et délivrés
localement, en partenariat avec la population elle-même, qu'il s'agisse
de la conception, de la réalisation, de la tarification ou de la
maintenance77(*). Leur
gestion est d'autant plus rigoureuse que le contrôle des citoyens
s'exerce directement sur les dépenses publiques.
Tous les services ne peuvent être conçus et
financés au niveau des collectivités de base, commune ou autres
entités territoriales. Il est indispensable de fixer les règles
de coopération entre les différents niveaux d'administration :
c'est ce que l'on appelle la gouvernance à multi-niveau. Et chaque
niveau est appelé à respecter des principes directeurs qui
se dégagent de l'expérience Congolaise et internationale,
c'est ce que l'on appelle le principe de subsidiarité active.
La décentralisation, dans les années 2006 avait
fait naître de grands espoirs. Les moyens n'ont pas suivi. L'Etat semble
plutôt avoir fait marche arrière. Il faut renouer avec
l'espérance, créer un système de gouvernance des services
qui combine mieux la diversité des contextes et la cohésion de
l'ensemble, pour cela frapper un grand coup, en créant un fonds de
développement permettant d'aider les collectivités territoriales
à financer la création et le fonctionnement de dix services de
base : eau, assainissement, déchets, énergie, transports,
organisation des marchés publics, éducation, culture,
santé et sécurité. Ce fonds devra représenter
à terme 30% au moins des budgets publics alloués à ces
services.
§5. La refondation de système éducatif et
de l'innovation technologique
La politique n'est, en principe, rien d'autre que
l'organisation et la gestion de la cité. Gouverner un pays signifie le
gérer dans ses différents secteurs traditionnels
d'activités appelés généralement ministères
ou départements. Cela veut dire aussi et surtout qu'il faut
prévoir ce qu'on peut faire et ce qui peut arriver dans tel ou tel
secteur.
Le secteur de l'éducation est un secteur clé.
Une nation dont l'éducation n'est pas organisé est tout
simplement appelée à disparaitre car, c'est de la formation de la
jeunesse que dépend l'avenir du pays. Mais la remarque est que la RDC a
démissionné depuis longtemps devant ses
responsabilités78(*). A cause de cette démission, le pays connait
aujourd'hui un faible taux de scolarisation des enfants, et un système
éducatif très faible que d'autres pays d'Afrique.
La RDC qui voudra se développer lorsqu'elle est
acquière de plus en plus de capacités propres
d'intervention sur elle-même dans un sens qui
améliore durablement le cadre et la qualité de vie de sa
population, sans distinction. Deux dimensions de ce renforcement des
capacités concourent particulièrement à cette
édification d'un Etat nation pour ce pays : l'éducation comme
tâche de former l'élite capable de gérer l'Etat dans trois
ordres de régulation : ordre institutionnel ; ordre juridique
et ordre moral, la formation, ou l'acquisition des connaissances (scientifique,
technique...).
La perspective de l'Etat plurinational comme la RDC,
définit la collectivité en tant que champ d'expression de la
citoyenneté,c'est-à-dire l'espace public, commun aux
différentes nations composantes de son Etat, dans lequel
l'individu exprime, par son être et par ses actes, son statut
et son désir d'appartenir à cette communauté
de nations. Et ce qui fonde cette citoyenneté, naît d'abord de
la conscience et du statut d'appartenance de l'individu à une
communauté. La citoyenneté matérialise le pacte social
par lequel différentes nations sociologiques adhèrent
au sein d'un même Etat.
Le relèvement des capacités éducatives,
scientifiques et techniques nationales, constitue l'autre défi
au développement de la RDC. Cela suppose de revoir en profondeur
l'enseignement et le système d'enseignement. L'école, depuis
longtemps sortie de la société, du fait de l'extraversion
de l'Etat, doit réinsérer les communautés.
L'enseignement ne peut plus continuer d'être déconnecté
des réalités du milieu. Mais le défi du
renforcement des capacités comporte des aspects qui
dépassent le simple cadre de l'école. La configuration actuelle
de l'exécution des programmes de développement en RDC, est
telle que la capitalisation profite d'avantage aux expatriés
qu'aux nationaux. Ils occupent les créneaux essentiels de la
conception et de l'évaluation...Dans ce contexte, l'assistance
technique, au lieu de libérer, contribue à asservir.
§6. La refondation des forces de défense et de
sécurité
Les évènements de l'Est de la RDC ont
révélé la déliquescence de l'Etat et de
l'armée congolaise (FARDC). Le carnage à l'Est a à la fois
révélé l'exaspération d'une société
congolaise où le fossé entre riches et pauvres s'est
creusé d'année en année, et l'absence de respect que
portaient certains éléments de l'armée aux institutions
républicaines, renouant avec le coup d'Etat militaires qui ont
ponctué l'histoire de la RDC et créant une profonde
défiance entre l'armée, la population et les dirigeants
politiques. Du fait de cette longue histoire, un cercle vicieux s'est
instauré, la défiance des milieux politiques les poussant
à affaiblir l'armée perçue comme un danger plutôt
que comme un rempart.
Le défi auquel est aujourd'hui confronté la RDC
n'est pas seulement de se doter d'une armée réduite en nombre
mais capable d'intervenir efficacement quand l'intégrité du
territoire est menacée. Il est, aussi et surtout, de redéfinir
les rôles respectifs des forces de sécurité, armée,
police, gendarmerie et de fonder une armée républicaine, bien
formée, respectueuse des droits de l'homme et des institutions, et
à son tour respectée par la population aux yeux de laquelle elle
sera le garant de la tranquillité et même, dans les zones
éloignées du territoire, un précieux auxiliaire pour la
délivrance des services de base comme la santé,
l'éducation ou les infrastructures.
L'expérience internationale comme aux Etats-Unis,
montre qu'une telle refondation des forces de sécurité est un
effort de longue haleine et cela peut durer plusieurs années. L'Etat
congolais pourra se procurer de son industrie d'armement afin de muser des
nouvelles innovations sécuritaires pour la sauvegarde de son territoire.
§7. La refondation de l'économie
Dans le cadre de cette refondation, chaque peuple est
appelé à définir son propre itinéraire de
développement, en prenant en compte ses ressources humaines et
naturelles, sa place dans le monde et les défis auxquels est
confronté l'humanité aux différentes phases de son
histoire. Cet itinéraire de développement s'étale sur des
décennies. L'expérience internationale montre qu'il appelle un
consensus entre toutes les forces vives d'un pays et qu'il doit, comme les
autres domaines de la gouvernance, se concevoir et se déployer aussi
bien au niveau local qu'au niveau national voire même au niveau
régional.
Un tel itinéraire de développement n'existe pas
aujourd'hui en RDC. La faiblesse de la réflexion économique
collective et la domination occidentale lui ont substitué des plans
d'action sectoriels, formatés par les exigences et agenda des bailleurs
de fonds, sans même se rendre compte parfois que ces plans d'action ne
forment pas une réelle stratégie de son développement. On
pressent que l'apport de devises fortes, par l'aide internationale ou par
l'exportation de matières premières, est loin d'irriguer de
façon optimale l'ensemble de l'économie et tend à se
concentrer en quelques mains, à se convertir rapidement en importation
de biens industriels profitant surtout à une classe moyenne
concentrée dans la capitale.
La RDC pourra s'inspirer de l'itinéraire des grands
pays émergents, comme la Chine pour une étude approfondie de la
chiniologie79(*)ou de
l'inde des petits dragons asiatiques pour amorcer son plan économique.
Disposant de grandes masses de main d'oeuvre et d'un niveau de formation
appréciable, en mesure de combler leurs retards technologiques
grâce à des partenariats avec des entreprises multi-nationales,
ces pays ont commencé l'apprentissage de l'économie moderne,
industrielle et tertiaire, par des activités de production de faible
valeur ajoutée, pour progressivement monter en gamme vers des produits
et services plus sophistiqués, jusqu'à rivaliser avec les anciens
pays développés sur leur propre terrain comme le montre la Chine
avec les trains à grande vitesse ou l'Inde avec les technologie de
l'information et de la communication.
La refondation de l'économie sera donc la
création des nouvelles voies, correspondant aux réalités
du vingt et unième siècle, que la RDC va devoir explorer
hardiment, pour éviter de se tromper d'époque. Il aura besoin
pour cela d'un élan collectif de toutes ses forces vives et d'un effort
d'imagination et de renouvellement des outils de l'économie, en invitant
les pays qui lui apportent leur aide de s'associer à cette invention.
Pour cela il faudra rompre avec l'approche centralisée
qui prévaut trop souvent. La transition vers des sociétés
durables, en passe de devenir un mot d'ordre mondial implique une remise en
cause des modes de pensée et de régulation connus
jusqu'à présent. Cette transition se conduit d'abord à
l'échelle des territoires locaux, amène à vivifier
et densifier les économies locales, y compris en recourant
à des approches nouvelles, comme les monnaies locales.
Au moment où l'on prend conscience dans le monde entier
du désastre causé par la gaspillage d'énergie fossile,
tant par la dépendance qu'elle crée vis à vis de
ressources limitées et concentrées que par son effet
dévastateur sur le climat, la RDC se retrouve à la tête
d'une énergie solaire à la fois abondante,
régulière, renouvelable et décentralisée. De
même qu'en RDC la perversité du modèle économique
actuel se lit dans l'abondance des terres agricoles sous exploitées et
la dépendance pour son alimentation.
C'est en s'inscrivant dans l'effort mondial de transition vers
des modèles de société durable que la RDC comblera le
mieux son retard et sortira progressivement de la dépendance à
l'égard de l'aide internationale.
Un fonds de développement économique
tourné vers les territoires locaux, prenant en compte la
nécessité de mettre en place des capacités de
réflexion, de transfert technologique et d'entreprenariat au niveau
local permettra de doter le pays des capacités d'imagination,
d'initiative et de réalisation dont il a un urgent besoin.
§8. La refondation de l'aide internationale
« Aucun peuple ne peut développer l'autre
peuple ». Du fait du poids de l'aide publique dans le budget, la
gouvernance de l'aide est partie intégrante de la gouvernance de la RDC.
Cette gouvernance actuelle est un des facteurs constitutifs de la crise
structurelle du pays. C'est donc à une refondation de cette aide qu'il
faut inviter les Partenaires Techniques Financiers (PTF), accoutumés
à se percevoir comme ceux qui jugent plutôt que ceux qui sont
jugés.
La coordination de l'aide, sur quoi les efforts ont
porté jusqu'à présent, a de grands mérites mais
peut aussi avoir pour effet pervers de réduire encore les marges de
liberté de peuple congolais, face à des prescriptions et
conditionnalités définies en dehors d'eux. Le transfert de l'aide
par projet à l'aide budgétaire était supposé
répondre à cette critique mais il s'est concentré sur le
niveau national et n'a pas permis ou stimulé la réflexion en
amont sur les modalités de la gouvernance congolaise elle-même.
L'aide internationale, au même titre que les ressources
naturelles, est une rente et sa distribution devient un des enjeux majeurs de
la conquête du pouvoir politique, d'autant plus que la rente est
concentrée au niveau national. S'entretenant mutuellement dans
l'aveuglement d'une RDC bon élève de la coopération
internationale, les responsables de l'aide et les responsables politiques de la
RDC se sont trouvé prisonniers, voire victimes, de la fiction qu'ils
avaient eux-mêmes construite et dont il devient de plus en plus difficile
de sortir.
Les différents volets de la stratégie de
refondation de la RDC ont déjà permis d'esquisser les grandes
lignes d'une refondation de l'aide.
v Consacrer 1% de l'aide à l'effort de refondation
permettra aux différents acteurs sociaux du pays de mener la
réflexion collective nécessaire pour l'ensemble du pays tout en
prenant en compte la spécificité de chaque secteur.
v Consacrer 10% de l'aide à un fonds
dédié à la délivrance des services à la
population et 10% à un fonds de développement économique
privilégiant le développement local permettra à la fois
une transparence de l'aide vis à vis des citoyens, ce qui est la
meilleure garantie de lutte contre la corruption, une redistribution de l'aide
au profit des différentes provinces de la RDC.
Tant que les pays riches ou développés
continueront de faire de l'aide au développement un de leurs
instruments de politique et d'influence dans le domaine diplomatique et
commercial, l'esprit de cette aide continuera d'être
dévoyé, corrompu par des considérations qui n'ont
rien à voir avec les motivations exprimées et les
finalités déclarées. Dès lors que cette idée
est rompue, il est possible d'établir entre tous les
partenaires des cadres et des mécanismes de convergence de l'aide au
développement, qui rationalisent celui-ci et le rendent plus
efficaces. Dans ce cadre, l'on doit accepter que ce soient
les partenaires nationaux, bénéficiaires de cette aide qui
définissent les orientations et fixent les priorités et
non l'inverse.
Section 3. Propositions
Dans le cadre de l'Etat, si ce dernier est incapable de
résoudre et de répondre efficacement liés aux menaces
externes ou d'antagonismes internes, nous ne voyons pas d'autres termes que
celui de « fantôme» pour le qualifier, car « la forte
institutionnalisation qui le caractérise lui donne, notamment de
meilleurs chances d'imposer sa légitimité comme
représentant de la volonté générale aussi bien
vis-à-vis de l'environnement extérieur que dans les conflits
susceptibles d'opposer entre elles les diverses composantes de la
société»80(*).
Puisque nous avons décidé d'analyser la
refondation de l'Etat et bonne gouvernance dans le contexte de la RDC l'Etat
failli et thanatocratique, phénomène caractérisant la
plupart des Etats africains, post-dictature, nous adoptons la même
attitude en ce qui concerne des remèdes à proposer à ces
maux dont en souffre tout le temps, ces Etats.Les propositions
sont les suivantes :
a. Renforcer les capacités (éducation
des citoyens, formation) et la participation de tous
L'éducation est une action de donner une
capacité à une dynamique nouvelle de penser une RDC nouvelle et
capable de redynamiser nos responsabilités afin de trouver des
idées créatrices pour l'innovation du pays.
En conséquence, l'éducation à la
citoyenneté, c'est la socialisation de l'homme appelé à
partager avec honneur et responsabilité l'espace dans la cité
avec ses semblables. Ce renforcement des capacités du citoyen à
vivre dans la cité pour son épanouissement personnel, pour la
grandeur et la survie de la nation peut être une obligation de tous afin
de consolider un nouvel homme en RDC.
b. Recomposer la politique et la stabilité
ministérielle
La recomposition du paysage politique et
l'analyse de la libéralisation politique qui constitue un
élément du processus de restauration de l'Etat fort dans le
cadre de la RDC, il s'agira de mettre en évidence le processus de
construction d'une autorité politique légitime,
l'émergence de la société civile et
l'établissement d'institutions étatiques et le processus de
justice efficace et égalitaire pour tous. Cette recomposition
politique a le caractère essentiel de l'instauration d'un ordre
politique viable pour la reconstruction de l'Etat en RDC.
La recomposition prendra comme point de départ
l'hypothèse formulée par Guilhotpour qui « la
démocratisation est une formule de réforme de l'Etat
»81(*). cette
affirmation s'appuie sur l'opinion largement répandue selon
laquelle l'Etat en faillite comme celui de la RDC doit être
reconstitué en tant qu'Etat démocratique fort.,
Reconstruire ou recomposer dans ce contexte signifiait pour la
RDC le choix des options claires qui doivent renforcer simultanément et
cumulativement l'élan vers la paix, la stabilité et le
développement. Les ministères doivent être stables dans sa
nomenclature et dans son programme d'action afin de trouver une
continuité gouvernementale
c. Assurer la sécurité intérieure
et extérieure
Réduire les dernières poches de
résistance des forces de sécurité et de la
gendarmerie. Pour assurer la sécurité intérieure. A
l'extérieur, elle pourra lancer des attaques pour assurer sa
sécurité afin de vanter sa puissance publique.
Dans le vrai souci de consolider sa puissance, la RDC dans le
cadre de nouvel ordre mondial de la sécurité développera
une armée, police, gendarmerie forte et multiplier les services
spéciaux de renseignement pour s'assurer une forte
sécirité.
d. Assurer une justice réparatrice,
réconciliatrice, promouvoir les Droits de l'Homme et lutter contre
l'impunité
Dans le cadre de cette justice, la RDC pourra
développerles instruments judiciaires efficaces pour résorber le
contentieux juridiques.Il s'agit du système judiciaire classique
de la RDC et des juridictions traditionnelles. Dans cette quête de
paix et de justice, la RDC pourra soutenir le fonctionnement de ces trois
instruments judiciaires de manière indépendante.
e. S'appuyer sur l'assistance humanitaire pour
développer le social et l'économique
L'assistance humanitaire était incontournable, dans le
contexte de la RDC; l'aide humanitaire devait accompagner et servir de
fondement à la reconstruction. La prise en charge et l'assistance
humanitaire, des refugiés, des personnes déplacées, des
traumatisées, des prisonniers, des personnes infectées du
VIH/SIDA, des veuves, des orphelins et la réintégration
des combattants démobilisés etc. représentent une
tâche énorme. L'Etat devra prendre des dispositions pour
assurer progressivement le relais des humanitaires.
f. Mobiliser les ressources de tout genre
Les congolais peuvent fonder de grands espoirs sur la
mobilisation de toutes les ressources naturelles et synthétiques pour
le financement de la reconstruction du pays. Amorcer le processus de
l'élan de solidarité humanitaire qui se manifestera à la
sortie du sous-développement qui s'estompera quand il s'agira de
financer des programmes durables de politiques publiques. Il faut compter
d'abord sur les ressources propres. En cela, la diaspora congolaise
pourra fortement se mobiliser en vue de la reconstruction du pays.
g. Renforcer le pouvoir socio-économique et
politique des femmes
La participation des femmes à la reconstruction du pays
est à prendre avec beaucoup de sérieux car elles sont
présentes à tous les niveaux dans les actions de
développement, enlèvement des ordures, entretien des jardins
et édifices publics, responsabilité dans la gestion des
entreprises etc. dans les institutions étatiques ou non, augmenter
cette participation dans le sens de les impliquer dans la consolidation de la
paix et stabilité territoriale.
Le renforcement de la décentralisation doit permettre
d'asseoir une gouvernance locale qui, par l'effet de la proximité et de
la légitimité directes des autorités élues, est
capable de mettre en oeuvre des mécanismes institutionnels,
législatifs et opérationnels qui garantissent la transparence,
l'équité et la participation de tous à la vie de l'espace
local et la résolution de ses problèmes de développement.
CONCLUSION
La refondation de l'Etat et la bonne gouvernance qui a fait
l'objet de notre étude dans le contexte de la RDC, constitue une
nécessité pour ce pays. Il est évident que la crise
de l'Etat post-dicature est une crise d'autorité, liée
à la capacité à gérer efficacement une
administration publique pouvant générer des ressources,
fournir les services publics et améliorer sa
légitimité.
Après avoir fait une introduction et
dégagé certaines démarcations dans notre état de la
question, nous avons présenté alors une problématique
à l'issue de laquelle nous avons soulevé certaines questions de
savoir, Pourquoi refonder l'Etat en RD Congo ?Que faire pour inverser les
tendances implacables au déclin de l'Etat encore effondré en RDC
?Quels sont les contenus précis qu'il faut donner à la bonne
gouvernance dans la refondation de l'Etat ?
A la première préoccupation, nous avons
soulevé la question de refondation de l'Etat en RD Congo pour promouvoir
l'Etat afin de procéder à un choix meilleur dans la construction
de l'Etat dans le contexte de la RDC.
A la deuxième préoccupation, nous avons dit
pour inverser ces tendances implacables, il s'agit dans le cas de la RDC
d'examiner des conditions et des capacités du peuple congolais à
assurer la vocation géopolitique de son Etat.
La troisième préoccupation, la bonne gouvernance
poumon même de la refondation de l'Etat peut avoir comme contenus la
responsabilité des mandataires publics et leur intégration
à tous les niveaux de la gestion tout en impliquant les principaux
principes incluant la bonne gouvernance dont l'obligation de rendre compte, la
transparence, l'efficience et l'efficacité, la
réceptivité, la prospective, la primauté du droit et enfin
la démocratie et la paix.
Pour élargir et approfondir cette réflexion
aussi pertinente soit-elle, nous avons recouru à la méthode
systémique et à certaines techniques dont l'observation directe,
la technique documentaire ou l'observation indirecte et l'interview libre.
Le long du premier chapitre, nous avons défini les
concepts opératoires pouvant nous guidé d'évaluer notre
analyse. Le deuxième chapitre lui aussi s'est intéressé de
l'aperçu historique de l'effondrement de l'Etat en RDC, ce chapitre a
analysé l'Etat dans de différentes tentatives dans chaque
époque historique d'organisation étatique qu'a connue notre pays
jusqu'à ce jour.
Le troisième chapitre, était focalisé
à l'analyse de la bonne gouvernance et refondation de l'Etat en RDC. Ce
chapitre a fourni toutes les explications visant le développement de la
RDC en instituant la bonne gouvernance et autres moyens dans le cadre de la
normalisation de l'Etat, tout en donnant les volets prioritaires de la
refondation.
Si nous nous penchons à nouveau sur les deux grands
modèles, la refondation l'Etat et bonne gouvernance qui ont
été mis en évidence dans ce travail, il est
évident que l'ordre politique est l'élément clé
de la construction des Etats en général et celui de la RDC en
particulier. Développer un tel ordre dépend non seulement de la
mise en place d'institutions formelles, mais également du
contexte social émergent dans lequel ces institutions
fonctionnent.
La refondation de l'Etat en RDC n'est pas un simple exercice
de renforcement des capacités ou de transplantation de «
meilleures pratiques » employées ailleurs avec succès. Il
s'agit davantage de faire encadrer la société par l'Etat,
de bâtir des relations constructives de la population avec l'Etat.
Ceci explique largement l'importance des processus conduits localement
dans la construction de l'Etat. De même qu'est
démontré l'impact limité de la dépendance vis
-à-vis de l'extérieur.
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages
1. TEGERAA., SEMATUMBAO., Gouvernance et Refondation de
l'Etat en République Démocratique du Congo, Goma, éd.
Pole institute, Collection Culture & Mémoires Vivants, 2013.
2. BADIEB., BIRNBAUMP., Sociologie de l'Etat, Paris,
Hachette, 1994.
3. BONGELI E., la Mondialisation, l'occident et le Congo
Kinshasa, Paris, L'Harmattan, 2008.
4. BOURDIEU G., Esprit d'État. Genèse et
structure du champ bureaucratique, Paris, Seuil, 1992.
5. BRAUD, P., Penser l'Etat, Paris, PUF, 2004.
6. CAMPBELL B. (dir.) Qu'allons-nous faire des pauvres ?
Réformes institutionnelles et espaces politiques, ou les pièges
de la gouvernance pour les pauvres, Paris, L'Harmattan, 2005.
7. . SCHNEIDERD. K., Méthodologie des sciences
sociales et approche qualitative des organisations, Montréal, Les
Presses de l'Université du Québec, 2006.
8. DORVAL B., (dir), GOUVERNANCE. Théories et
pratiques, Montréal Éditions de l'Institut international de
Montréal, 2010.
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10. BOYENGA B.F., Congo-Zaïre, refaire la
République : mission sacrée d'une
génération, Berlin, Publisud, Clamecy, 2001.
11. CORNU G., Vocabulaire juridique, 4e
édition, Paris, PUF, 2003, Verbis « Puissance publique».
12. GAUDIN J.-P., Pourquoi la bonne gouvernance ?
Paris, Presses de Sciences Po, 1999.
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Seuil, 2009.
14. AUNDU M. G., l'Etat au monopole
éclaté, Paris, L'Harmattan, 2012.
15. HOGENBOOM, Les non-dits de la bonne gouvernance,
pour un débat politique sur la pauvreté et la gouvernance,
Paris, édition Karthala, 2001.
16. LOUBET DEL BAYLEJ-L., Initiation aux méthodes
des sciences sociales, Paris-Montréal, éd. Harmattan,
2000.
17. KA MANA, Réflexion sur l'invention et la
refondation de l'Etat en RDC. Créer un nouvel imaginaire politique.
Premier volume des actes du colloque de Goma, Goma, éd. Pole
institue, OGP, juin 2012.
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19. KAMITATU-M., Cleophas, Kilombo ou le prix
à payer pour rebâtir la R-D Congo., Paris, L'Harmattan,
2007.
20. KASONGO NUMBI K., l'Afrique se recolonise : une
relecture du demi-siècle de l'indépendance du
Congo-Kinshasa, Paris, L'Harmattan, 2008.
21. MBELA HIZA & LAMES, Comprendre la sociologie. De
sa genèse à la construction de son langage, Kinshasa,
éd. Chaire Unesco, 2007.
22. MICHAL, J., l'Etat libre du Congo : Paradis
perdu. L'histoire du Congo 1876-1900, 2ème volumes,
Borgloon, éd. Paula Bellings, 1996.
23. MUPINGANAYI K. B., Education à la
citoyenneté. Passage obligé vers un Congo nouveau,
éd. CARI, Kinshasa, 2011.
24. PEEMANS, Jean-Philippe, Crise de la modernisation et
pratiques populaires au Zaïre et en Afrique, Paris, L'Harmattan,
1997.
25. BEZESP., Réinventer l'Etat. Les
réformes de l'administration française, Paris, PUF,
2009.
26. ROSANVALLONP., L'État en France de 1789
à nos jours, Paris, Seuil, 1990, p126.
27. SHOMBA K. S., Thèse de doctorat, essence,
impératifs, typologie et apport, éd. ICREDES,
Kinshasa-Montréal-Washington-Bruxelles, 2014.
28. SHOMBA K., S., Méthodologie et
Epistémologie de la Recherche Scientifique, étapes, contraintes
et perspectives, Kinshasa, éd. MES, 2005.
29. William EASTERLY, Les pays pauvres sont-ils
condamnés à le rester ?, Paris, Nouveaux Horizons,
2010.
II. Articles, Revues, Périodiques
1. POUILLAUDEA., « La bonne gouvernance, dernier
né des modèles de développement : aperçu de la
Mauritanie », in Centre d'économie du développement,
Université Montesquieu-Bordeaux IV- France, n° spécial,
2011.
2. DARBON. D, 2003, « Reformer ou Reformer les
Administration projetées des Afriques » In Revue
Française d'Administration Publique. No 105/106.
3. D'ARGENT P., « Réconciliation,
Impunité, Amnistie : quel droit pour quel mot ? »
in La Revue Nouvelle, Paris, nov. 2003.
4. De VILLERS, GAUTHIER, « La guerre dans les
évolutions du Congo-Kinshasa », in Afrique contemporaine,
n° 215, 2005.
5. HESSELBEIN G., « Essor et déclin de l'Etat
Congolais : un récit analytique de la construction de
l'Etat », Documents de travail, in Crisis States Research Centre,
série N°2, WorkingPapers, Bruxelles, 2007.
6. IVAN CROUZEL, « refonder l'état :
l'administration publique au coeur d'une réforme politique »,
in IRG, n°46, Bogota, 2011.
7. LOMBEYA B., « rebâtir le
Congo-rebâtir l'économie congolaise : quelle peut être
la contribution de l'économie informelle », in centre
d'actions pour le développement des entreprises en Afrique CADEA,
série socio-économie, Kinshasa, 2004.
8. SERGE SUR, « Sur les États défaillants
» in revue Commentaire, n°112, Paris, 2005.
9. TAMBWE N., « La corruption dans l'Administration
publique Congolaise: de la corruption survie à la privatisation de
l'Etat», in Analyses sociales, Vol X, Kinshasa, oct.- 2007.
10. VERHAEGEN, « Le Programme du Gouvernement
de coalition : Bonne Gouvernance et rôle de la société
civile », in Congo- Afrique, no 414, Kinshasa,
Avril, 2007.
III. Thèses, Mémoires, TFC, Notes de
cours
1. BONGELI E., Méthode de Recherche en Sciences
Sociales, cours inédit, G2SPA/UNIKIN, 2011-2012.
2. CHRISTOPH STÜCKELBERGER, Vaincre la corruption dans
la société et dans les Églises - c'est possible, Cours aux
Universités protestantes, UEA/Bukavu, ULPGL Goma, UPC Kinshasa, Nov.
2010.
3. INGANGE IKYO B., crise politique, conférence
nationale et la refondation de la démocratisation en Afrique noire. Cas
du Benin, Congo et la RDC, thèse de doctorat, SPA, FSSAP, Unikin, 2013.
4. INGANGE IKYO B., Histoire politique et administrative du
Congo, notes de cours inédites, G1SPA/FSSAP/ULK, 2014-2015, p12.
5. IPAYA IKOKO A., Droit constitutionnel et Institutions
politiques, cours inédit, G2SPA/FSSAP/Unikin, 2011-2012.
6. KINKELA NSABI Jean-Marie, Méthode de recherche en
Sciences Sociales, Cours inédit, G2 soc/FSSAP/UNIKIN et FASE/UPC,
L1ISC/Matadi, 2014-2015.
7. MEYA NGEMBA A., la décentralisation de la RDC.,
Enjeux et Défis. Vers la création des sociétés
d'économie mixte locale, une stratégie managériale pour
une territoriale de développement, thèse de doctorat en SPA,
FSSAP/Unikin, 2009-2010.
8. TSHILOMBO Toussaint, Système Administratif
comparé, cours inédit, L1SPA, FSSAP, UNIKIN, 2013-2014.
IV. Entretien, Emission
1. Henri-Bongongo, Chef de groupement-ILOKWAMPELA, entre
1969-1994, son expérience en tant messager pendant l'époque
coloniale au Professeur INGANGE IKYO B.
2. KAGAME PAUL, interview à Berlin, lors de son
séjour, défendant les troupes rwandaises accusées de
meurtre à l'Est de la RDC le 24/09/2012. France 24 TV.
3. MBELA HIZA, auteur de « la réforme de la
police nationale congolaise dans le processus de la refondation de
l'Etat » in MES. Le 23/4/2015.
V. Conférence, Colloque, Allocution
1. DOMINIC JOHNSON, La fragmentation des Etats en Afrique et
les leçons pour la RDC, Colloque international sur la Gouvernance et la
Refondation de l'Etat en RDC, Goma, Pole Institute 2012.
2. MWAKA BWENGE A., les enjeux géopolitiques de guerre
de l'est de la République Démocratique du Congo, intervention
à la conférence sur la balkanisation de la RDC : mythe ou
réalité, Radio et Télé 7 et Groupe la presse le
Potentiel en collaboration avec la FSSAP, Unikin, 22/05/2012.
3. Philippe EGOUME, Bonne gouvernance et croissance
économique, allocution au BAD, du 12/07/2013.
VI. Autres
1. BANQUE MONDIALE, L'Afrique sub-saharienne. De la crise
à une croissance durable. Etude de prospective à
long terme, Washington, 1989.
2. BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans
le monde : L'État dans un monde en mutation, Washington, D.C., Banque
mondiale, 1997.
3. COMMISSION EUROPEENNE, Rapport présenté
à la table ronde sur le renouvellement de la gestion des affaires
publiques, Bruxelles, 2000.
4. Etude n°470/2008 de la Commission Européenne,
Gret HALLER, annexe II La notion de bonne gouvernance
5. PNUD, Renforcer la gouvernance au moyen du Renforcement
de la capacité nationale. Document de stratégie pour
l'Afrique sub-saharienne, New York, Nations Unies, 1995.
VII. Webographie
1. http://www.uni-mm.org/refaire-la-république,
stratégie de gouvernance/ politique intérieure.html,
consulté, le 19/06/2015, à 22h passé.
2.
http://www.minambiente.gov.co/codeChocó.
3.
http://www.viepublique.fr/decouverte/institutions/institutions/approfondissements/qu-est-ce-que-etat.html.
4. Vie publique La documentation française, qu'est-ce
que l'Etat, consulté sur
www.ladocumentationfrançaise.com
14/03/2015.
TABLE DES MATIERES
Epigraphe
i
In memoriam
ii
DEDICACE
iii
AVANT PROPOS
iv
INTRODUCTION
1
1. Objet d'étude
1
2. Etat de la question
1
3. Problématique
6
4. Hypothèses
7
5. Méthodologie
9
a. Méthode
9
b. Techniques
10
6. Choix et intérêt du
sujet
11
7. Délimitation du sujet
12
8. Subdivision du travail
13
9. Difficultés rencontrées
13
CHAP. I. PRECISIONS TERMINOLOGIQUES
14
Section 1. Définition des concepts
14
§1. Etat
14
b. Les éléments constitutifs
de l'Etat
17
c. Les formes de l'Etat
18
d. Les fonctions de l'Etat
21
§2. Gouvernance
21
§3. Bonne gouvernance
24
CHAP. II. APERCU HISTORIQUE D'EFFONDREMENT DE
L'ETAT EN RDC
28
§1. Léopold II et la
Propriétisation de l'Etat
28
§2. Colonisation Belge et le paternalisme
30
§3. Première République et Etat
inachevé
32
§4. La Deuxième République et la
médiocrité de l'Etat
34
§5. De la transition non aboutissante
37
§6. La troisième République et
l'effondrement des ruines de l'État bureaucratique
39
CHAP. III. BONNE GOUVERNANCE ET REFONDATION DE
L'ETAT EN RDC
42
Section 1. Bonne gouvernance
nécessité des réformes en RDC
42
§1. Bonne gouvernance et développement
de la RDC
42
1. La corruption
46
2. Détournements
48
3. Impunité
48
§2. Nécessité des Reformes en
RDC
50
a. Les Réformes de gouvernance et
politiques publiques
51
b. La réforme de la fonction
publique
52
c. Les réformes
macro-économiques
53
d. La réforme du secteur de la
justice
54
e. La décentralisation
55
Section 2. De la refondation de l'Etat en RDC
56
§1. La refondation de la nation
57
§2. La refondation de la puissance
publique
59
§3. La refondation de la gouvernance
60
§4. La refondation du système de
délivrance des services à la population et du débat
public
61
§5. La refondation de système
éducatif et de l'innovation technologique
63
§6. La refondation des forces de
défense et de sécurité
64
§7. La refondation de l'économie
65
§8. La refondation de l'aide
internationale
67
Section 3. Propositions
69
a. Renforcer les capacités
(éducation des citoyens, formation) et la participation de tous
70
b. Recomposer la politique et la
stabilité ministérielle
70
c. Assurer la sécurité
intérieure et extérieure
71
d. Assurer une justice réparatrice,
réconciliatrice, promouvoir les Droits de l'Homme et lutter contre
l'impunité
71
e. S'appuyer sur l'assistance humanitaire
pour développer le social et l'économique
71
f. Mobiliser les ressources de tout
genre
72
g. Renforcer le pouvoir
socio-économique et politique des femmes
72
CONCLUSION
73
BIBLIOGRAPHIE
75
TABLE DES MATIERES
81
* 1KINGHOMBE WA KINGHOMBE
cité par BONGELI E., Méthode de Recherche en Sciences
Sociales, cours inédit, G2SPA/UNIKIN, 2011-2012, p26.
* 2IVAN CROUZEL,
« refonder l'état : l'administration publique au coeur d'une
réforme politique », in IRG, n°46, Bogota, 2011, p36.
* 3 MUPINGANAYI K. B.,
Education à la citoyenneté. Passage obligé vers un
Congo nouveau, éd. CARI, Kinshasa, 2011, p29.
* 4KA MANA, Réflexion
sur l'invention et la refondation de l'Etat en RDC. Créer un nouvel
imaginaire politique. Premier volume des actes du colloque de Goma, éd.
Pole institue, OGP, Goma, juin 2012, p58.
* 5Frédéric
BOYENGA BOFALA, Congo-Zaïre, refaire la République :
mission sacrée d'une génération, Berlin, Publisud,
Clamecy, 2001, p12.
* 6AGNES POUILLAUDE,
« La bonne gouvernance, dernier né des modèles de
développement : aperçu de la Mauritanie », in
Centre d'économie du développement, Université
Montesquieu-Bordeaux IV- France, n° spécial, 2011, p22.
* 7 SHOMBA KINYAMBA,
Thèse de doctorat, essence, impératifs, typologie et
apport, éd. ICREDES, Kinshasa-Montréal-Washington-Bruxelles,
2014, p38.
* 8 Daniel K. Schneider,
Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des
organisations, Montréal : Les Presses de l'Université du
Québec, 2006, p48.
* 9Idem
* 10 Jean-Louis LOUBET DEL
BAYLE, Initiation aux méthodes des sciences sociales,
Paris-Montréal, éd. Harmattan, 2000, p58.
* 11 William La PIERRE,
cité par TSHILOMBO Toussaint, Système Administratif
comparé, cours inédit, L1SPA, FSSAP, UNIKIN, 2013-2014, p28.
* 12 KINKELA N. JM,
Méthode de recherche en Sciences Sociales, Cours inédit, G2
soc/FSSAP/UNIKIN et FASE/UPC, L1ISC/Matadi, 2014-2015.
* 13SHOMBA K., S.,
Méthodologie et Epistémologie de la Recherche Scientifique,
étapes, contraintes et perspectives, Kinshasa, éd. MES,
2005, p29.
* 14 MBELA HIZA &
LAMES,Comprendre la sociologie. De sa genèse à la
construction de son langage, Kinshasa, éd. Chaire Unesco, 2007,
p138.
* 15Vie publique, La
documentation française, qu'est-ce que l'Etat, consulté sur
www.ladocumentation française.com 14/03/2015.
* 16Vie publique La
documentation française, op cit.
*
17http://www.viepublique.fr/decouverte/institutions/institutions/approfondissements/qu-est-ce-que-etat.html.
* 18 Georges BURDEAU,
L'Etat, Paris, éd. Seuil, 2009, p46.
* 19Carré de Malberg,
la théorie générale de l'État (1921),
cité par IPAYA IKOKO A., Droit constitutionnel et Institutions
politiques, cours inédit, G2SPA/FSSAP/Unikin, 2011-2012, p67.
* 20Bertrand BADIE, Pierre
BIRNBAUM, Sociologie de l'Etat, Paris, Hachette, 1994, p52.
* 21 Dictionnaire Le Robert,
Paris, encyclopédie, 2010
* 22
http://www.toupie.org/dictionnaire/redistribution.htm
* 23 Hans KELSEN cité
par P. Bourdieu, « Esprit d'État. Genèse et structure du
champ bureaucratique », Paris, Seuil, 1992, p. 49.
* 24
http://www.toupie.org/dictionnaire/redistribution.htm
* 25 Pierre ROSANVALLON,
L'État en France de 1789 à nos jours, Paris, Seuil,
1990, p126.
* 26
http://www.toupie.org/dictionnaire/redistribution.htm
* 27DORVAL BRUNELLE (dir),
GOUVERNANCE. Théories et pratiques, Éditions de
l'Institut international de Montréal, Montréal, 2010, p46.
* 28Idem, p54.
* 29BANQUE MONDIALE, Rapport
sur le développement dans le monde : L'État dans un monde
enmutation, Washington, D.C., Banque mondiale, 1997, p34.
* 30 COMMISSION EUROPEENNE,
Rapport présenté à la table ronde sur le renouvellement de
la gestiondes affaires publiques, Bruxelles, 2000, p23.
* 31 LAMY, cité par la
COMMISSION EUROPEENNE, op cit, p38.
* 32 CAMPBELL B. (dir.)
Qu'allons-nous faire des pauvres ? Réformes institutionnelles et
espaces politiques, ou les pièges de la gouvernance pour les
pauvres, Paris, L'Harmattan, 2005, p95.
* 33DORVAL BRUNELLE (dir), op
cit, p61.
* 34
http://www.minambiente.gov.co/codeChocó.
* 35 Philippe BEZES,
Réinventer l'Etat. Les réformes de l'administration
française, Paris, PUF, 2009, p93.
* 36 BANQUE
MONDIALE, L'Afrique sub-saharienne. De la crise à une
croissance durable. Etude de prospective à long
terme, Washington, 1989, p48.
* 37Jolle DEMERS, Alex
E.FERNANDEZ, Jilbertoet Barbara HOGENBOOM, Les
non-dits de la bonne gouvernance, pour un débat politique sur la
pauvreté et la gouvernance, Paris, édition
Karthala, 2001, p122.
* 38 GAUDIN J.-P.,
Pourquoi la bonne gouvernance ? Paris, Presses de Sciences Po, 1999,
p201.
* 39Etude n°470/2008 de
la Commission Européenne, Gret HALLER, annexe II La notion de
bonne gouvernance
* 40GAUDIN J.-P., op cit,
p205.
*
41 PNUD, Bonne gouvernance et croissance
économique,
* 42GAUDIN J.-P., op cit,
p208.
* 43 INGANGE IKYO B.,
Histoire politique et administrative du Congo, notes de cours inédites,
G1SPA/FSSAP/ULK, 2014-2015, p12.
* 44 Ces propos ont
été relatés par Henri-Bongongo, Chef de
groupement-ILOKWAMPELA, entre 1969-1994, son expérience en tant messager
pendant l'époque coloniale au Professeur INGANGE IKYO B.
* 45 INGANGE IKYO, op cit,
p23.
* 46BURDEAU, G., cité
par INGANGE IKYO B., crise politique, conférence nationale et la
refondation de la démocratisation en Afrique noire. Cas du Benin, Congo
et la RDC, thèse de doctorat, SPA, FSSAP, Unikin, 2013, p377.
* 47 BONGELI E. YEIKELO,
la Mondialisation, l'occident et le Congo Kinshasa, Paris,
L'Harmattan, 2008, p135.
* 48 Michal, J., l'Etat
libre du Congo : Paradis perdu. L'histoire du Congo 1876-1900,
2ème volumes, Borgloon, éd. Paula Bellings, 1996,
p28.
* 49Gabi HESSELBEIN,
« Essor et déclin de l'Etat Congolais : un récit
analytique de la construction de l'Etat », Documents de travail, in
Crisis States Research Centre, série N°2, WorkingPapers, Bruxelles,
2007, p24.
* 50 KASONGO NUMBI
KASHEMUKUNDA, l'Afrique se recolonise : une relecture du
demi-siècle de l'indépendance du Congo-Kinshasa, Paris,
L'Harmattan, 2008, p212.
* 51 KABUYA LUMUNA SANDO,
Manuel de sociologie Politique, Kinshasa, PUK, 2011, p150
* 52 PEEMANS, Jean-Philippe,
Crise de la modernisation et pratiques populaires au Zaïre et en
Afrique, Paris, L'Harmattan, 1997, p76.
* 53Gabi HESSELBEIN, op cit,
p32.
* 54Gabi HESSELBEIN, op cit,
p36.
* 55 LOMBEYA
BOSONGO,« rebâtir le Congo-rebâtir l'économie
congolaise : quelle peut être la contribution de l'économie
informelle », in centre d'actions pour le développement des
entreprises en Afrique CADEA, série socio-économie, Kinshasa,
2004, p1.
* 56PEEMANS, op cit, p22.
* 57 KABUYA LUMUNA SANDO, op
cit, p167
* 58De Villers,
Gauthier,« La guerre dans les évolutions du
Congo-Kinshasa », in Afrique contemporaine, n° 215, 2005, pp.
47 à 70.
* 59AUNDU M. G, l'Etat au
monopole éclaté, Paris, l'Harmattan, 2012, p24.
* 60 Entretien avec le
professeur MBELA HIZA, auteur de « la réforme de la police
nationale congolaise dans le processus de la refondation de l'Etat »
in MES. Le 23/4/2015.
* 61ALOYS TEGERA, ONESPHORE
SEMATUMBA, Gouvernance et Refondation de l'Etat en République
Démocratique du Congo, Goma, éd. Pole institute, Collection
Culture & Mémoires Vivants, 2013, p49.
* 62PNUD, Renforcer la
gouvernance au moyen du Renforcement de la capacité nationale.
Document de stratégie pour l'Afrique sub-saharienne, New York,
Nations Unies, 1995, p85.
*
63VERHAEGEN, « Le Programme du Gouvernement de
coalition : Bonne Gouvernance et rôle de la société
civile », in Congo- Afrique, no 414, Kinshasa,
Avril, 2007, p215.
* 64TAMBWE NGONGO,
« La corruption dans l'Administration publique Congolaise: de la
corruption survie à la privatisation de l'Etat»,
in Analyses sociales, Vol X, Kinshasa, oct.- 2007,, p37.
* 65 C'est la nourriture des
enfants ou si je ne fais pas ceci, je vais manger l'Etat ?
* 66CHRISTOPH
STÜCKELBERGER, Vaincre la corruption dans la société et
dans les Églises - c'est possible, Cours aux Universités
protestantes, UEA/Bukavu, ULPGL Goma, UPC Kinshasa, Nov. 2010.
www.globethics.net
* 67D'ARGENT P.,
« Réconciliation, Impunité, Amnistie : quel droit
pour quel mot ? » in La Revue Nouvelle, Paris, nov.2003,
p16.
* 68STEVENS ET TEGGEMAN
cité par William EASTERLY, Les pays pauvres sont-ils
condamnés à le rester ?, Paris, Nouveaux Horizons,
2010, p214.
* 69Voir DARBON. D, 2003,
« Reformer ou Reformer les Administration projetées des
Afriques » In Revue Française d'Administration Publique.
No 105/106, 135-152.
* 70MEYA NGEMBA A., la
décentralisation de la RDC., Enjeux et Défis. Vers la
création des sociétés d'économie mixte locale, une
stratégie managériale pour une territoriale de
développement, thèse de doctorat en SPA, FSSAP/Unikin, 2009-2010,
p126.
* 71 Banque Mondiale,
cité par Philippe EGOUME, Bonne gouvernance et croissance
économique, allocution du 12/07/2013
* 72 MBELA HIZA, entretien, op
cit
* 73 KAGAME PAUL, magazine,
France 24, interview à Berlin, lors de son séjour,
défendant les troupes rwandaises accusées de meurtre à
l'Est de la RDC le 24/09/2012.
* 74 G. CORNU,
Vocabulaire juridique, 4e édition, Paris, PUF,
2003, Verbis « Puissance publique».
* 75 http
://www.uni-mm.org/refaire-la-république, stratégie de
gouvernance/politique intérieure.html, consulté, le 19/06/2015,
à 22h passé.
* 76 MWAKA BWENGE A., les
enjeux géopolitiques de guerre de l'est de la République
Démocratique du Congo, intervention à la conférence sur la
balkanisation de la RDC : mythe ou réalité, Radio
Télé 7 et Groupe la presse le Potentiel en collaboration avec la
FSSAP, Unikin, 22/05/2012, p17.
* 77DOMINIC JOHNSON, La
fragmentation des Etats en Afrique et les leçons pour la RDC, Colloque
international sur la Gouvernance et la Refondation de l'Etat en RDC, Goma, Pole
Institute 2012, p6.
* 78NGOMA BINDA P., E.,
Principes de gouvernance politique éthique...et le Congo sera
sauvé, Louvain-La-Neuve, coll. Espace Afrique, éd.
Bruylant-Academia, 2009, p86.
* 79Chiniologie, étude
des modalités et stratégies adoptées par la chine pour son
développement.
* 80BRAUD, P., Penser
l'Etat, Paris, PUF, 2004, p.118.
* 81 GUILHOT cité
par KAMITATU-MASSAMBA, Cleophas,Kilombo ou le prix à payer
pour rebâtir la R-D Congo., Paris, L'Harmattan, 2007, p160.