4.2.3 L'approvisionnement des ménages
enquêtés en eau
La question d'approvisionnement en eau potable demeure un
épineux problème dans la zone étudiée, l'eau du
puits, du forage et de la pluie sont encore très utilisées
(tableau 16 page 80). Le puits reste la principale source d'alimentation.
L'accès à cette source d'eau non potable est gratuit et rendu
facile par la proximité de la nappe phréatique. Le réseau
d'adduction en eau potable, quant à lui, dessert effectivement les
quartiers étudiés mais sur les ménages
enquêtés seulement sept y sont connectés. Ces
ménages entretiennent alors un circuit informel de commercialisation
où le litre d'eau se négocie au robinet à partir de 5Fcfa
et en bouteille à 25Fcfa.
Tableau 16: Utilisation de l'eau par les populations de
la zone d'étude
Usages
Source
d'approvisionnement
|
Boisson
|
Cuisson
|
Ménage
|
Lessive
|
CDE
|
|
ü X
|
X
|
X
|
Fontaine
|
|
ü X
|
X
|
X
|
Puits
|
|
|
|
|
ü ü ü ü Pluie
|
|
|
|
|
ü ü ü ü Source :
enquête de terrain 2010
ü = utilisée
X = pas utilisée
L'utilisation des eaux de puits s'effectue sous toutes les
formes. Précisons tout de même que ces eaux servent de boisson
lorsque le ravitaillement en eau potable est impossible (coupures
intempestives, rupture d'abonnement). Sur le terrain ces puits sont
aménagés sans grand soin généralement
laissés à ciel ouvert à la merci des intempéries et
des eaux souillées des inondations.
4.2.4 Le niveau de perception des risques
étudiés par les populations
Les premières enquêtes exploratoires nous ont
permis de relever un fait curieux. Au cours des entretiens verbaux non
structurés, sur un échantillonnage de 10 personnes vivant dans la
zone d'étude, tiré au hasard dans les secteurs à priori
exposés, toutes connaissaient le phénomène d'inondation
mais refusaient en être exposés et admettaient
parallèlement en être victimes. Visiblement elles ne ressentaient
pas l'« épée de Damoclès » au dessus
de leur tête. Les enquêtes ménages ont donné un
résultat presque similaire (Tableau17 page 81).
Tableau 17 : Résultats d'enquête sur la
perception des phénomènes étudiés par les
populations
Questions
|
Oui %
|
Non%
|
SR*
|
Total
|
Nkolmintag
|
Q1- connaissez-vous le
phénomène d'inondation ?
|
100
|
-
|
-
|
100
|
Q2- connaissez-vous les remontées de
capillarité ?
|
14,01
|
81,65
|
04,34
|
100
|
Q3- êtes-vous exposés aux
inondations ?
|
26,53
|
71,2
|
2,2
|
100
|
Q4- avez-vous déjà
été victime d'inondations et/ou remontées de
capillarité ?
|
94,35
|
03,24
|
02,41
|
100
|
Nylon
|
Q1-
|
100
|
-
|
-
|
100
|
Q2-
|
09,56
|
89,44
|
01
|
100
|
Q3-
|
05,47
|
92,63
|
01,9
|
100
|
Q4-
|
68
|
32
|
-
|
100
|
Tergal
|
Q1-
|
100
|
-
|
-
|
100
|
Q2-
|
40,86
|
59,14
|
-
|
100
|
Q3
|
49,21
|
50,79
|
-
|
100
|
Q4-
|
97,6
|
02,4
|
-
|
100
|
*SR (Sans réponse)
Source : enquête de terrain 2010
Cette attitude qui consiste à dénier
l'exposition au risque peut s'expliquer par trois arguments.
Premièrement, il est probable que les années de viabilisation du
site par les populations, renforcée par l'action de la MAETUR, a
considérablement baissé la fréquence des inondations.
Deuxièmement, il est tout aussi plausible, que les populations
interrogées faces preuve d'une amnésie cyndinique ou qu'elles se
soient accoutumées à ces phénomènes et les
banalisent à présent. Troisièmement cette perception peut
être liée au comportement propre aux phénomènes
naturels étudiés. Car d'une part les remontées de
capillarité s'effectuent sans brutalité et peuvent être
perçues comme sans conséquences, d'autre part il y a une grande
variation de l'ampleur des inondations suivant les années. Ainsi entre
deux inondations de grande ampleur, la population s'installe dans un pseudo -
sentiment de sécurité, rejetant l'idée d'être sous
la menace d'une future inondation.
Tout compte fait, les observations de terrain (planche1 et 2
pages 43 et 45) et le bilan de l'inondation du 03 août 2000 (perte en vie
humaines, annexe1) contrastent avec le niveau de perception des risques
hydrologiques étudiés par les populations. Ce contraste est
révélateur non seulement de l'absence de la culture du risque,
mais aussi d'un certain conditionnement social qui relativise la catastrophe.
|