À mon cousin,
KAMGHO WAMBO Aurel
Jaurel, décédé.
REMERCIEMENTS
Je remercie L'Eternel Dieu Tout-Puissant, dont la
providence nous accompagne.
Je remercie également:
Ø Pr NGO BALEPA Aurore, Chef de département de
géographie de l'Université de Douala, pour avoir personnellement
demandé que nous soyons reçus à la faculté de
géographie de Yaoundé I, lors des analyses de nos
échantillons de sol en laboratoire.
Ø Pr TCHAWA Paul, chef de département de
géographie de l'Université de Yaoundé I, pour la mise
à notre disposition dudit laboratoire.
Ø Dr TCHIADEU Gratien, mon directeur de mémoire
pour sa disponibilité, ses conseils, sa rigueur scientifique et
l'intérêt qu'il a porté à ce travail.
Ø Tous les enseignants du département
géographie qui m'ont formé, notamment :
Pr KUETE Martin, Pr ELONG Gabriel, Pr TCHAWA Paul, Pr ASSAKO
ASSAKO René Joly, Pr FOGWE NJI Zephania, Dr TCHIADEU Gratien Dr FOUDA
Martin, Dr BAANA, Dr MBAHA Pascal, Dr MAYI, Dr MEVA' ABOMO Dominique, Dr MOPOU,
Dr DZALLA NGANGUE Charly, Dr KALDJOB.
Ø M. DOUANLA, laborantin au département de
géographie de Yaoundé I, avec qui nous avons effectué
l'analyse granulométrique.
Ø Tous les membres de ma famille, pour leur inlassable
soutien, en particulier :
Mon père, KAMSU KAMGHO Jean-Marie, ma mère
KAMMOGNE Véronique.
Ø Mes frères et soeurs, MODJO CEDRIC, BOUMDA
FOTSO Alice, NGEMTCHUENG Gay, MAFFO Francine, MINDOU Suzanne, FOTSO
Valère, MAGNE Rita, KENMEGNE Nina, pour leurs encouragements.
Ø Mon oncle et son épouse M. et Mme MOUHOUE,
pour leur soutien financier.
Ø Tous mes amis pour leurs encouragements et à
tous mes camarades de promotion, spécialement : FEMPOL Fabien,
MVONDO Brice, CHEUTEU Boniface, TEGUIA Gilles, YENGOUA Guy, BIYAGA Paul, VAMON
NEBA, MEUTOU Christine, ENGANEBEN Amélie, pour leurs conseils et leur
soutien multiforme.
Tous ceux qui de près ou de loin, de quelque
manière que ce soit, ont participé à ce travail.
AVANT PROPOS
La présente étude vient sanctionner la
seconde étape de notre parcours universitaire. Elle nous a permis de
faire nos premiers pas dans le monde de la recherche appliquée. Les
résultats que nous proposons ici sont l'aboutissement de cette
passionnante expérience. En effet, le but était d'apporter une
contribution à la compréhension et à l'évaluation
des risques d'inondations et de remontées de capillarité dans les
quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal. L'atteinte de cet objectif a
nécessité une approche originale. Ainsi, ce travail repose sur un
assemblage de conceptions du risque naturel élaborées par des
auteurs incontournables dans le domaine. Ce pari était assez
risqué, car l'éventualité de l'incompatibilité de
ces conceptions, aurait pu biaiser les résultats attendus. Fort
heureusement, la flexibilité des concepts, a garanti leur exploitation
sur le terrain. C'est donc dire que notre analyse s'est affinée
progressivement autour d'un compromis entre la phase théorique et la
partie pratique du travail. Cet aller et retour permanent, nous a permis de
récolter un bon nombre d'informations susceptibles d'éclairer
notre compréhension des phénomènes étudiés.
Toutefois le travail se termine sur quelques questionnements : les
populations présentes sur le site ne contribuent- t - elles pas à
la modification de la dynamique de l'aléa ? N'existe -t-il pas
d'autres éléments de vulnérabilité dans la
zone ? Notre approche peut - elle s'appliquer à d'autres espaces
à risque ? Autant de questions qui s'inscrivent dans le
prolongement de cette étude et que nous aurions souhaité
explorer ! Par ailleurs les résultats que nous présentons
ici sont limités par nos horizons personnels et nos moyens. Ce n'est
donc que le fruit d'un raisonnement qui ne saurait avoir la profondeur de celui
d'un chercheur chevronné.
RESUME
Pendant la saison de pluie de nombreux quartiers de la ville
de Douala sont touchés par les inondations et les remontées de
capillarité. Les quartiers pauvres comme Nkolmintag, Nylon et
Tergal sont parmi les plus affectés. En effet, ces
phénomènes qui mettent en danger la vie des populations sont des
aléas inhérents aux caractéristiques du milieu physique.
Autrement dit les inondations et les remontées de capillarité ont
tendance à prendre un développement dangereux dans cette zone
à cause des pluies abondantes, de la topographie plane du site, des sols
sablo - argileux ou sablo - limoneux, de la densité du drainage ;
l'affleurement de la nappe souterraine. Finalement, ces conditions physiques
augmentent la susceptibilité de la zone. De l'autre côté
les populations déjà fragilisées par leur faible statu
socio économique - visible à travers les facteurs d'implantation
sur le site et certains éléments tels que le revenu mensuel,
l'habitat, la source d'approvisionnement en eau - se retrouvent dans une grande
vulnérabilité. Les enjeux mis en péril sont
essentiellement économiques, sociaux et sanitaires.
Au demeurant, nous pensons qu'une cartographie des risques
étudiés, leur prévision et un renforcement de la culture
du risque peuvent permettre de réduire l'exposition des populations qui
vivent dans ce milieu.
Mots clés : inondation et remontées
de capillarité, aléa, susceptibilité,
vulnérabilité, conditions physiques, facteurs d'implantation,
enjeux.
ABSTRACT
During the rainy season, several quarters of the Douala town
are attacked by floods and the rise of capillarity. Poor quarters such as
Nkolmintag, Nylon and Tergal are among the most affected areas. In fact, these
phenomena that put the life of the population in danger are hazards inherent to
the characteristics of the physical environment. Putting it differently,
inundations and the rise of capillarity tend to take a dangerous proportion in
these quarters because of abundant rain falls, the flat topography of the
region, the sandy -clayey soil or the sandy- muddy soil, the density of the
drainage and the rise of the underground water. These physical conditions
finally enhance the susceptibility of the region. The populations on their part
are in a great exposure; being already weakened by their impracticable
socio-economic status noticeable through the reasons of their settling in the
site and other elements such as their monthly income, their habitat and their
source of water supply. Economic, social and sanitary stakes are particularly
in danger.
However, we think that cartography of studied risks, the
prevision of these risks and the strengthening of the awareness about the risks
can reduce the exposure of the population who live in these environments.
Key words: flood and capillarity rise, risk,
susceptibility, vulnerability, physical conditions, reasons of Settling,
stakes.
Sommaire
DEDICACES.............................................................................................
i
REMERCIEMENTS...................................................................................
ii
AVANT -
PROPOS......................................................................................
iii
RESUME..................................................................................................
iv
ABSTRACT.............................................................................................
v
TABLE DES
MATIERES.............................................................................
vi
LISTE DES
TABLEAUX............................................................................
xi
LISTE DES
FIGURES................................................................................
xii
LSTE DES PLANCHES
PHOTOS..................................................................
xiii
LISTE DES
ABREVIATIONS......................................................................
Xiv
INTRODUCTION
GENERALE..........................................................................
1
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE
L'ETUDE................. 3
Introduction...................................................................................................
3
1.1- CADRE THEORIQUE DE
L'ETUDE.............................................................. 3
1.1.1- Contexte de
l'étude...................................................................................
3
1.1.1.1- contexte
général...................................................................................
3
1.1.1.2- Contexte
scientifique..................................................................................................
5
1.1.2 Justification du choix du sujet et délimitation
spatiale.......................................... 7
1.1.2.1 Justification du choix du
sujet.................................................................... 7
1.1.2.2 Délimitation
spatiale...........................................................................
7
1.1.3 Problématique de
recherche........................................................................
9
1.1.3.1
Problème.............................................................................................
9
1.1.3.2
Débat...........................................................................................
10
1.1.3.3
Positionnement..................................................................................
10
1.1.4 Questions de
recherche................................................................................
11
1.1.5 Objectifs de la recherche et hypothèses
........................................................... 11
1.1.5.1 Objectifs de la recherche
....................................................................... 11
1.1.5.2 Hypothèses de recherche
...................................................................... 12
1.1.6 Présentation des théories et des concepts
liés à l'étude.........................................
12
1.1.6.1 Présentation des théories en rapport
avec l'objet d'étude.................................... 12
1.1.6.2 Présentation des concepts ou conceptualisation
en rapport avec l'objet d'étude........ 16
1.1.7 L'intérêt de
l'étude....................................................................................
30
1.1.7.1 L'intérêt
scientifique.............................................................................
30
1.1.7.2 L'intérêt socio -
économique...................................................................
30
1.1.8 Résultats
attendus....................................................................................
31
1.9 La revue de la
littérature................................................................................
31
1.2 APPROCHE
METHODOLOGIQUE...............................................................
36
1.2.1 Méthodes de collecte de
données..................................................................
36
1.2.1.1 La recherche
documentaire.....................................................................
36
1.1.12 Les descentes sur le
terrain.....................................................................
36
1.2.2 Méthodes d'analyse et de traitement de
données................................................ 38
1.2.2.1 Les données
qualitatives...................................................................
38
1.2.2.2 Les données
quantitatives................................................................
39
1.2.2.3 Les données de
prélèvement des
sols................................................... 39
1.2.2.4 Les données
cartographiques............................................................
39
Conclusion...................................................................................................
39
CHAPITRE 2 : INONDATIONS ET REMONTEES DE
CAPILLARITE :
TYPOLOGIE ET ETUDE DES FACTEURS DES ALEAS
HYDROLOGIQUES..................................................................................
40
Introduction.............................................................................................
40
2.1 Les inondations et les remontées de
capillarité : définition et
typologie.......................... 40
2.1.1
Définition........................................................................................
40
2.1.2 Les types d'inondation et de remontée de
capillarité....................................... 40
2.2 Les facteurs d'inondations et des remontées de
capillarité dans la zone d'étude............. 42
2.2.1 Les facteurs des
inondations...................................................................
42
2.2.1.1 Les
pluies....................................................................................
42
2.2.1.2 La
crue.......................................................................................
45
2.2.2 Les facteurs des remontées de
capillarité...................................................... 46
2.2.2.1 La proximité de la nappe
phréatique...................................................... 46
2.2.2.2 La porosité du
sol...........................................................................
46
Conclusion..................................................................................................
47
CHAPITRE 3 : ETUDE DE LA SUSCEPTIBILITE COMME FACTEUR
AGGRAVANT DES
ALEAS............................................................................
48
Introduction................................................................................................
48
3.1 La contribution du relief et des précipitations
à l'occurrence des inondations et des
remontées de capillarité.......
.................. 48
3.1.1 Un relief monotone 48
3.1.2 Les pentes un facteur de stagnation des eaux
50
3.1.2 Des précipitations abondantes 50
3.2 La contribution des cours d'eau et des sols
à l'occurrence des phénomènes étudiés .
52
3.2.1 Un drainage assez dense 52
3.2.1.1 Présentation générale des
cours d'eau 52
3.2.1.2 La longueur des drains 53
3.2.1.3 Le lit des drains et la hauteur de la lame
d'eau 54
3.2.1.4 Les débits 55
3.3 Analyse des sols de la zone d'étude
57
3
3
1 Formation des sols du bassin de Douala 57
3
3.2 Nature des sols de la zone d'étude 57
3.3.3 La Granulométrie des sols de la zone
d'étude 59
3.3.3 Le rôle des sols dans l'occurrence des
phénomènes hydrologiques étudiés ........ 62
Conclusion.................................................................................................
64
CHAPITRE 4 : LES FACTEURS ET LES ELEMENTS DE VULNERABILITE
DANS
LA ZONE D'ETUDE ... 65
Introduction.............................................................................................
65
4.1 Les facteurs de vulnérabilité dans
la zone d'étude 65
4.1.1 Les facteurs économiques 65
4.1.1.1 Le mirage économique de la ville de
Douala 65
4.1.1.2 le revenu des chefs de ménage
enquêtés 66
4.1.1.3 Le prix des terrains et du logement dans la
zone d'étude 67
4.1.2 Les facteurs démographiques. 69
4.1.2.1 Historique du peuplement de la zone
d'étude ......................... 69
4.1.2.2 L'origine des chefs de ménage
70
4.1.2.3 L'âge des chefs de ménage
71
4.1.3 Les facteurs sociologiques 72
4.1.3.1 Le mode d'accès au sol 72
4.1.3.2 Le besoin du chez - soi et la présence
d'un proche 73
4.1.3.3 L'organisation fonctionnelle des quartiers
74
4.2 Les indicateurs de vulnérabilité
dans la zone d'étude 77
4.2.1. Le type d'habitat 77
4.2.2 Nature du matériau du sol des maisons
enquêtées 79
4.2.3 L'approvisionnement des ménages
enquêtés en eau 79
4.2.4 Le niveau de perception des risques
étudiés par les populations .......... 80
4.3 Les enjeux vulnérables dans la zone
d'étude 82
4.3.1 Les enjeux économiques 82
4.3.1.1 Les activités économiques
82
4.3.1.2 Les biens domestiques de valeur des chefs de
ménage 83
4.3.2 Les enjeux sociaux vulnérables dans la
zone d'étude 83
4.3.3 Les enjeux sanitaires 85
4.3.3.1 La relation entre les phénomènes
étudiés et les maladies hydriques 85
4.3.3.2 Bilan des cas maladies enquêtées
dans la zone d'étude 87
Conclusion................................................................................................
88
CONCLUSION
GENERALE ........................................................................
89
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................
91
ANNEXE...............................................................................................
96
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Quelques dates marquantes des inondations dans
la zone d'étude.................. 43
Tableau 2 : Ordre de grandeur de l'ascension capillaire
suivant la texture du sol............... 47
Tableau 3 : Fiche d'identité des drains de la zone
d'étude.......................................... 56
Tableau 4 : Valeurs des pesées de chaque
échantillon de sol....................................... 60
Tableau 5 : Fiche granulométrique de sols
tamisés................................................... 60
Tableau 6 : Quelques valeurs du coefficient de
perméabilité de Darcy (d'après Costany,
1967)........................................................................................................
61
Tableau 7 : caractéristiques des sols de la zone
d'étude............................................. 63
Tableau 8 : Evolution de la population dans la ville de
Douala et de l'occupation des
surfaces dans la Zone
d'étude............................................................ 66
Tableau 9 : Estimation des revenus des chefs de
ménage par rapport à l'activité exercée.......
67
Tableau 10 : Estimation des prix de
terrain............................................................ 68
Tableau 11 : comparaison entre le prix moyen d'un loyer dans
la zone d'étude et dans un
Quartier
exondé............................................................................................
68
Tableau 12 : Effectif réel
(Nij)...........................................................................
76
Tableau 13 : Résultat du
Khi2............................................................................
76
Tableau 14 : Contribution de chaque élément au
Khi 2.............................................. 77
Tableau 15 : Matériau de construction des maisons et
revêtement de la surface du sol........... 79
Tableau 16 : Utilisation de l'eau par les populations de la zone
d'étude........................... 80
Tableau 17 : Résultats d'enquête sur le niveau
de perception des phénomènes étudiés par les
populations..................................................................................................
81
Tableau 18 : Les activités économiques
menées dans la zone d'étude............................. 82
Tableau 19 : Enjeux sociaux dans la zone
d'étude................................................... 83
Tableau 20 : Quelques maladies auxquelles s'exposent les
habitants de la zone d'étude...... 86
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Localisation de la zone
d'étude.............................................................
9
Figure 2 : Conceptualisation du risque naturel
inspirée de Carrega............................... 18
Figure 3 : Conceptualisation de l'aléa en rapport
avec l'objet d'étude............................ 20
Figure 4 : Conceptualisation de la susceptibilité en
rapport avec l'objet d'étude inspirée de
Carrega......................................................................................................
22
Figure 5 : Conceptualisation de la
vulnérabilité en rapport avec l'objet d'étude
inspirée de
D'ercole.......................................................................................
26
Figure 6 : Conceptualisation de la santé en rapport
avec l'objet.................................... 29
Figure 7 : Pluviométrie (en mm) des mois de septembre
et d'octobre 2011 (source : Douala
météo).......................................................................................................
44
Figure 8 : Les courbes de niveau dans la zone
d'étude............................................... 49
Figure 9 : Régime pluviométrique moyen (en mm)
de 1960 à 2008 (Source : Douala météo
2008).........................................................................................................
51
Figure 10 : Les principaux drains de la zone
d'étude................................................. 53
Figure 11 : Coupe schématique du sol de nylon au lieu
dit Barcelone............................... 58
Figure 12 : Susceptibilité de la zone
d'étude............................................................
64
Figure 13 : Répartition des chefs de ménage de
la zone d'étude en fonction de leur origine...... 71
Figure 14 : Effectifs des chefs de ménages de la zone
d'étude par âge.............................. 72
Figure 15 : Facteurs d'installation des populations sur la
zone d'étude............................... 75
Figure 16 : Occupation du sol dans la zone
d'étude.................................................... 85
Figure 17 : Nombre de cas de maladies hydriques dans la zone
d'étude............................ 87
LISTE DES PLANCHES
PHOTOS
Planche 1 : Les remontées de
capillarité « in
door ».............................................. 42
Planche 2 : Inondation dans le quartier
Nkolmintag............................................... 44
Planche 3 : Urbanisation anarchique et occupation du lit
du des cours d'eau ................. 55
Planche 4 : Un habitat en
mutation...................................................................
78
LISTE DES ABREVIATIONS
ARAN : Agence de Restructuration et d'Aménagement de
la zone Nylon.
BUCREP : Bureau Central des Recensements et d'Etude de la
Population.
CLUVA : Climate Urban Vulnerability Asset.
CUD : Communauté Urbaine de Douala.
CNRS : Centre National de Recherche Scientifique.
GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Experts du Climat.
GPS : Global Positionning System.
IGN : Institut Géographique national.
MAERTUR : Mission d'Aménagement et d'Equipement des
Territoires Urbains et Ruraux.
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique.
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
PDU : Projet de Développement Urbain.
PER : Plan d'Evaluation des Risques.
POS : Plan d'Occupation du Sol.
PPR : Plan de Prévention des inondations.
SMIC : Salaire Minimum de Croissance.
UNESCO : Organisation des Nations unies pour l'Education, la
Science et la Culture.
UTM : Univers Travers Mercator.
INTRODUCTION GENERALE
La croissance urbaine modifie très souvent certaines
caractéristiques du milieu naturel, ce qui perturbe en retour
l'équilibre de la ville (Patrick P., 1994). Ce phénomène
complexe et difficile à maîtriser, se déroule en Afrique
subsaharienne de façon extrêmement rapide et s'accompagne de
profondes mutations spatiales, environnementales, sociales (Fotsing J.M et
Etouna J., 2002).
Au Cameroun, pays de l'Afrique centrale, situé au fond
du golfe de Guinée, le processus d'urbanisation a conduit à la
naissance de plusieurs villes, parmi lesquelles Yaoundé et Douala sont
respectivement capitale politique et économique. De même que dans
la majorité des villes des pays en développement, les questions
de production d'un cadre de vie sain et agréable se posent dans ces deux
métropoles avec persistance.
La ville de Douala qui nous intéresse, se
trouve sur l'estuaire du Wouri, à 30 kilomètres de l'océan
Atlantique. Elle se distingue tant par ses caractéristiques
naturelles que par son évolution spatiale. En ce qui concerne le milieu
physique, il est marqué par un relief presque plat et des sols
hydromorphes. Quant à la croissance spatiale, elle se déroule
sans grand contrôle administratif et s'explique surtout par la forte
pression démographique. En 1976 la population de Douala était de
458 426 habitants contre plus de 1 907 479 aujourd'hui (Rapport
BUCREP, 2010). Cette explosion démographique doublée du non
respect des règles d'aménagement urbain aboutit à un
étalement de la ville sur des espaces vulnérables et à
risque (Mainet G., 1986). En réalité les problèmes de
logements, d'accès au sol et à la propriété
accentués par la pauvreté ambiante amènent les populations
démunies à s'installer dans les zones marécageuses
sujettes aux risques hydrologiques.
Cette situation soulève un ensemble de
problématique propre à l'occupation des zones où planent
les risques hydrologiques, par des populations urbaines en quête de
réussite économique. Nkolmintag, Nylon et Tergal situés au
sud Est de la ville, objet de cette étude, font partie de ces quartiers
qui se sont développés hors de tout contrôle des pouvoirs
urbains et sur un espace marécageux, peu propice à l'habitat.
Peuplés en majorité des populations au faible niveau de vie, ces
quartiers, sont soumis aux risques hydrologiques tels que : les
inondations et les remontées de capillarité. Dès lors, il
semble intéressant de présenter, dans un premier temps, les
risques étudiés; ensuite de mettre en évidence le
rôle des éléments du milieu naturel lors des inondations et
des remontées de capillarité et enfin de ressortir les
éléments de vulnérabilité en vue d'aider à
la gestion de ce problème.
Sans la prétention de faire oeuvre originale, ce
travail se propose d'apporter - en dépit des perceptions
réductrices du « champ du probable » des
phénomènes étudiés, par les populations et les
décideurs - des éléments qui témoignent de la
prégnance des risques hydrologiques sur le site
étudié ; une analyse sur les caractéristiques du
milieu naturel qui participent au développement des
phénomènes étudiés ; et enfin une
évaluation de l'impact social, économique et sanitaire possible,
lié à la concrétisation des risques hydrologiques
étudiés.
Notre but ultime est de contribuer à l'atteinte des
objectifs du millénaire, conformément à la cible
« 7D » qui prévoit
d' « améliorer de moitié les conditions de 100
millions d'habitants de taudis ». Nous voulons également
soulever ici des axes de réflexion susceptibles de conduire à
l'amélioration des conditions de vie des populations de la zone
étudiée, prises malheureusement au filet de la
marginalité.
CHAPITRE 1 :
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE
Introduction
Cette étude porte sur l'analyse des risques
d'inondation et de remontées de capillarité à travers
l'approche : aléa - susceptibilité -
vulnérabilité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal.
Elle cherche à comprendre les mécanismes en oeuvre dans
l'occurrence des phénomènes ci-dessus et évaluer le danger
réel qu'ils représentent pour les populations de la zone
d'étude. Afin d'y parvenir, nous avons défini le cadre
théorique de l'étude dont les lignes maîtresses sont :
le contexte de l'étude, la problématique et le questionnement qui
en découle, la présentation des théories et des concepts
à étudier.
1.1. - CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
1.1.1 - Contexte de l'étude
1.1.1.1 - Contexte général
Les inondations font partie des catastrophes naturelles qui
affectent le plus les sociétés humaines. De 1971 à 1991
seulement, elles ont causé la mort de trois millions de personnes et
bouleversé la vie de 800 millions d'autres (UNESCO, 1991 in
Simard M., 1999) ; selon le Dartmouth Flood Observatory (2004), au
cours de l'année 2004 on a recensé près de 200 inondations
de grande ampleur dans le monde, responsables de la mort de plus de 200,000
personnes et du déplacement de près de 51 millions d'individus.
Les dégâts selon ce même observatoire, sont estimés
à 7500 milliards de dollars américains. Ces chiffres sont
d'autant plus préoccupants que les prédictions des experts du
G.I.E.C font état d'un accroissement de la fréquence du nombre
des inondations dans les zones déprimées du globe probablement
dû aux effets induits du réchauffement climatique.
Contrairement aux inondations, le phénomène de
remontée de capillarité, encore appelé remontée de
nappe, ne menace pas directement la vie des individus. Il se produit uniquement
dans les points marécageux où la nappe phréatique est
affleurant. Son impact économique et social est assez limité.
Cependant ses conséquences sanitaires sont indéniables.
En Afrique ces deux phénomènes sont bien
connus, surtout en milieu urbain. Toutefois seules les inondations sont
considérées comme une véritable préoccupation,
étant donné que les villes de ce continent, déjà
meurtries par la pauvreté, subissent régulièrement les
dégâts liés à ce phénomène. Ces villes
sont particulièrement touchées à cause de leurs fortes
densités humaines et d'un aménagement qui échappe au
respect des normes urbanistiques. Il règne donc au sein des villes
d'Afrique noire une anarchie qui débouche sur l'occupation des bas
fonds, des plaines inondables sans aucun encadrement sécuritaire. Au
Gabon par exemple certains quartiers de la ville de Libreville, pour des
raisons sus mentionnées, sont depuis deux décennies
confrontés à une accentuation des problèmes d'inondation
(Mouganga M.D., 2005).
Au Cameroun, bien qu'il existe très peu de
données archivées sur les inondations, on sait à partir
des relais médiatiques et des travaux de recherche, qu'elles posent
d'énormes difficultés aux Collectivités Territoriales
Décentralisées (CTD). Les villes de Limbé, Kribi, Maroua,
sont fréquemment touchées (Direction de la Protection Civile
2003). Par ailleurs, les inondations survenues au mois de septembre de cette
année, au nord, à l'extrême - nord, à l'est, et au
nord - ouest du pays, entraînant la mort de près de 20 personnes
et le déplacement de 40 000 autres, n'ont fait que révéler
la vulnérabilité du territoire national à ce
phénomène.
La ville de Douala, connaît également des
inondations fréquentes. En effet on ne compte plus les cas d'inondation
graves qui surviennent chaque année. La crue de référence
reste celle du 03 Août 2000, qui a entraîné deux pertes en
vies humaines (Mutation 04 août 2000) et de nombreux dégâts
matériels. La plupart des victimes se trouvaient dans les quartiers
défavorisés et appartenaient à la couche de population
démunie.
Les autorités urbaines mettent en oeuvre des
projets d'assainissements pour contourner cette contrainte. Or, les limites
des opérations d'assainissements comme réponse aux inondations
sont tangibles, particulièrement dans notre zone d'étude. Car il
est à noter qu'au cours des années 1970 l'acuité des
problèmes liés aux inondations dans cette partie de la ville a
conduit les autorités à engager une vaste opération de
restructuration pilotée par l'ARAN (Ndjanteng M.C., 2005). Cette
restructuration a permis de reconfigurer les lots, de tracer des routes,
d'ouvrir des canalisations, de drainer le quartier. Mais à l'heure
actuelle la zone connaît régulièrement des inondations et
des remontées de capillarité, ce qui contraint la
communauté urbaine de Douala (CUD) à cureter les drains, sans
pour autant résoudre le problème.
Dans la perspective de l'autonomisation des CTD, avec la
constitution du 18 janvier 1996 et les lois portant orientation de la
décentralisation du 22 juillet 2004, les communes se verront
transférer de plus en plus de compétences. Il est donc urgent que
les CTD, principaux intervenants de la gestion du risque d'inondation sortent
du cadre réduit de l'assainissement dans lequel ils mènent leurs
actions depuis quelques décennies pour rentrer résolument dans
celui de la gestion durable et intégrée des bassins versants
(Fogwe Z. et Tchotsoua M., 2005).
De leur côté, les riverains ayant
été à l'avant-garde de la viabilisation de ces quartiers
estiment que le pire est derrière eux et évoluent par
conséquent dans ce milieu avec une quiétude étonnante.
L'accoutumance aux rigueurs du milieu naturel et la sous estimation du risque
perçu peuvent expliquer un tel état d'esprit qui, en
réalité, est loin d'être rassurant pour tout
spécialiste des questions du risque. La situation est encore plus
criarde quand on sait qu'une grande partie des populations de la zone
étudiée vit en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de
1,25 dollar par jour).
1.1.1.2 Contexte scientifique
Le risque est omni présent dans la
société moderne (Veyret Y., 2004). Pratiquement toutes les
disciplines traitent directement ou indirectement des risques, car ils engagent
inévitablement une réflexion transversale allant aussi bien des
sciences humaines aux sciences dures. Toutefois le champ d'action du risque,
à l'interface nature-culture, et la réflexion
épistémologique qu'il engage, en ont consacré
l'étude aux sciences sociales, précisément à la
géographie.
En géographie, on distingue les risques
technologiques et les risques naturels. Les questions sur les risques naturels,
thématique de cette étude, sont très anciennes. Cependant
celles-ci font leur incursion dans le monde scientifique suite à
l'étude des catastrophes (Veyret Y., 2004). En effet, l'essor du
positivisme au XIXe siècle, dans les sociétés
occidentales, fait reculer l'interprétation théologique ou
magique des catastrophes au bénéfice d'explications rationnelles
et logiques. Cette approche heuristique sécularise la perception des
évènements naturels dommageable. Ainsi les catastrophes et
incidemment les risques naturels sortent de la sphère
métaphysique pour devenir des objets d'étude scientifique
à part entière. La place est alors faite à l'analyse des
principes et des lois universelles de la physique régissant les
évènements extrêmes (Allard P., 2006).
La géographie anglo-saxonne va s'inscrire pendant
longtemps dans ce créneau. La plupart des contributions se cantonne
à l'analyse de la partie physique du risque c'est-à-dire
l'aléa. Quant à la vulnérabilité elle est
considérée comme une composante passive moins importante
(Reghezza N., 2004). Il s'agit là d'une analyse monocausale,
déterministe, taxée de naturaliste par certains auteurs. En fait,
celle-ci cherche à expliquer le risque par la seule activité de
l'aléa. D'ailleurs, Hewitt G. (1997) cité par Pigeon P.
(2002) qualifie cette démarche - qui étudie le
phénomène naturel dans sa régularité, ses temps
forts et son intensité afin de l'anticiper ou de le contrer -
d' « hazard paradigm » ; pour signifier
qu'elle se concentre uniquement sur « l'effet de la
nature », en ignorant volontairement l'action des
sociétés à l'intérieur desquelles cet
« effet » se produit. Dans le même ordre
d'idée la géographie française, avec des figures comme
Pardé à Grenoble et Tricart à Strasbourg, tous deux
géographes physiciens, s'intéresse prioritairement à
l'étude des processus naturels en rapport avec le risque
spécialement le risque d'inondation (Ribas P., 1994).
Ce n'est qu'à partir des années 1980 que la
géographie française, sous l'influence de l'école
vidaliènne, et les travaux des universitaires américains
tels que White G., Burton et Kates, font évoluer la réflexion
vers l'étude des processus humains qui déterminent le risque. On
assistera à la valorisation de la dimension
« vulnérabilité », parfois au
détriment de l'aléa. « Ce courant connu sous
le nom de « Hazard Research » se penche sur les
« impacts » des situations de risque et cherche à
connaitre les modalités d'un ajustement adéquat des
sociétés aux caprices du milieu » (Rebotier J.,
2011). Dans contexte nouveau, pour le moins déterministe, les travaux
portent non seulement sur l'évaluation de la vulnérabilité
de trois manières : quantitative, qualitative ou
selon « l'analyse multicritères » (Theys et
Fabiani in Veyret Y. et al., 2004), mais aussi sur sa représentation
cartographique.
Actuellement les publications sur les risques naturels
s'alimentent de cette conception dualiste : aléa +
vulnérabilité, déjà profondément
ancrée dans l'interprétation des spécialistes.
Malgré les mérites de ce paradigme, il comporte plusieurs
faiblesses. D'un côté, au plan sémantique il est impropre
de parler d'aléa purement naturel puisque le peuplement agit en retour
sur ce dernier. Autrement dit, il y a presque toujours une anthropisation des
causes naturelles d'un sinistre (Pigeon P., 2002). De l'autre, au niveau
conceptuel, la vulnérabilité est limitée pour rendre
compte des réalités dynamiques dans le temps, l'espace et les
sociétés, qu'elle est supposée recouvrir (D'Ercole R.
1998). C'est pourquoi, ce dernier préfère parler de
système de vulnérabilité. La réflexion
épistémologique se poursuit actuellement autour de
l'évaluation quantitative exacte de l'endommagement ; de
l'adéquation entre l'évaluation et la réduction de la
vulnérabilité.
Il faut noter l'introduction d'un nouveau concept dans
l'étude des risques qui est celui de la susceptibilité. Ce
concept est présent dans les travaux de Carrega sur les risques
d'incendie de forêt dans la région de la
méditerranée. En effet, la susceptibilité permet de
rechercher des paramètres sur la prédisposition du milieu naturel
à amplifier l'aléa. Cette démarche aboutit à une
meilleure compréhension de l'aléa et à sa cartographie, ce
qui permet ensuite une prédiction fine de son comportement.
En Afrique la recherche sur les risques naturels est assez
récente. Elle se conjugue avec l'urbanisation et reste le domaine
privilégié des géographes. Une fois de plus la part belle
est consacrée à l'étude de l'aléa qui s'appuie sur
des réalités géophysiques - certes évolutives mais
dont les structures sont assez stables (climat, sol, hydrographie) - en oeuvre
dans le déclenchement des risques naturels. La tendance actuelle, ne
s'inscrit pas en faux de l'acception traditionnelle du concept de risque
naturel, en même temps elle incorpore la dynamique spatio - temporelle du
risque selon les territoires, les legs coloniaux, les particularismes
socio-culturels. On note également un travail de cartographie et de
géo - référencement des risques (Zoning A., 2010).
Nous voulons nous inscrire dans la méthode hydrologique
des crues. Cette dernière suit actuellement trois lignes :
l'étude des mécanismes d'écoulement sur des bassins
expérimentaux, l'étude hydrologique de certains épisodes
catastrophiques, l'analyse de la relation eaux souterraines eaux superficielles
dans les épisodes d'inondations (Ribas P., 1994).
1.1.2 Justification du choix du sujet et
délimitation spatiale
1.1.2.1 Justification du choix du sujet
Deux raisons concourantes expliquent le choix de ce sujet.
Dans un premier temps, l'étude des risques
hydrologiques en tant que croisement entre l'aléa, la
susceptibilité et la vulnérabilité est un domaine
d'étude nouveau et encore peu exploré dans notre contexte. En
effet, l'urbanisation des sites marécageux par les populations à
faible revenu pose aux villes africaines plusieurs problèmes parmi
lesquels les inondations et les remontées de capillarité. Les
villes camerounaises, particulièrement Douala, ne sont pas
épargnées par ces phénomènes.
Deuxièmement, ce travail qui est
réalisé en vue de l'obtention d'un Master II en géographie
option « Homme - Milieu » ne sacrifie pas à la
tradition de l'analyse spatiale du géographe. Cela nous donne
également une possibilité de tester, de manière pratique,
la pertinence du trinôme aléa-
susceptibilité-vulnérabilité dans l'étude des
risques naturels en milieu urbain.
1.1.2.2 Délimitation spatiale de la zone
d'étude
Les quartiers Nkolmintag, Nylon, Tergal se situent à
l'ancienne périphérie sud - Est de la ville de Douala. Ces
quartiers appartiennent à la zone Nylon et sont compris entre les
Communes d'Arrondissement de Douala IIème (Nkolmintag) et Douala
IIIème (Nylon, Tergal) (fig1) ; ils présentent une quasi
homogénéité de peuplement et sont assez
représentatifs des sites de topographie plane dans la ville de Douala.
Ils sont limités :
- Au Nord par le plateau Bassa sur lequel se trouve le centre
industriel.
- A l'Ouest par le quartier de New - Bell au lieu dit
casino.
- Au Sud - Ouest par la barrière de
sécurité de l'ancien aéroport et vers le Sud - Est par le
quartier Brazzaville.
- A l'Est se trouve le quartier Oyack
Notre zone d'étude appartient au bassin versant du
Mgoua. Elle est traversée au nord par le boulevard des Nations Unies qui
la sépare du plateau Bassa. La limite entre Nkolmintag et Nylon est
marquée par le passage de l'autoroute de l'aviation.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol4.png)
Source : CUD et travaux de terrain 2011
Fig1 :
Localisation de la zone d'étude
1.1.3. Problématique de recherche
1.1.3.1 Problème
La position estuarienne de la ville de Douala, sa
topographie, ses données climatiques et hydrologiques y compris son
poids démographique, prédisposent certains quartiers aux
inondations et aux remontées de capillarité en saison pluvieuse
(Mainet G., 1986).
C'est le cas des quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal,
où la platitude du relief, la nature du sol et les cours d'eau
produisent des conditions propices à l'occurrence des risques
hydrologiques étudiés. Aujourd'hui plusieurs milliers de
personnes, pauvres pour la plupart, habitent cette zone à risque. Ces
dernières sont réellement exposées aux risques
hydrologiques étudiés. Lors des inondations et des
remontées de capillarités on enregistre très souvent des
pertes matérielles, de nombreux sinistrés et une
dégradation du milieu de vie.
1.1.3.2 Débat
Au delà du cadre de cette étude, la
prégnance du risque d'inondation dans la ville de Douala
intéresse plusieurs chercheurs. Leurs positions sur ce risque naturel
sont diverses. Sans être exhaustif, les travaux de Meva'a D. et al.
(2010) sur « l'analyse spatiale du risque d'inondation dans le
bassin versant du Mbanya, à Douala capitale économique du
Cameroun », reposant sur une problématique de gestion
pré - catastrophe, s'inspirent de l'approche classique
aléa-vulnérabilité. Toutefois cet auteur donne une
dimension « sociétale » à l'aléa.
Ce qui permet de mettre en lumière les logiques individuelles qui
plombent la gestion préventive et participative des inondations et de
leurs corollaires dans le bassin versant du Mbanya. Ce postulat rend
effectivement compte de la connexité des rapports entre risque naturel
et société. Travaillant sur les facteurs d'aggravation du risque
d'inondation dans la ville de Douala, Onana V.P. et al., (2005),
démontrent que ceux-ci sont dus à sa croissance spatiale
anarchique. Cette dernière exerce une pression sur l'environnement qui
se traduit par « un étranglement des réseaux de
drainage naturel ou des cours d'eau et une colonisation des berges des
réseaux de drainage naturels et des environs des plans
d'eau », principale cause des inondations. Cette étude
conçoit également le risque comme un croisement entre
l'aléa et la vulnérabilité. La
vulnérabilité, telle que définit par l'auteur, est
supposée rendre compte d'une réalité statique or
l'étude est diachronique. Ce décalage, susceptible de restreindre
l'action politique, provient de l'insuffisance de ce concept à
interpréter des réalités dynamiques (Pigeon P., 2002).
D'autres auteurs pensent que le risque d'inondation est préoccupant dans
certains bassins versants de la ville de Douala parce qu'il est mal
géré depuis plus d'une décennie par les autorités
urbaines (Fogwe Z. et Tchotsoua M. 2007). On voit bien qu'ici la question
du comment réduire le risque, est abordée sous l'angle
de la vulnérabilité fonctionnelle, c'est - à - dire que
l'exposition au risque d'inondation relève d'un déficit
d'appropriation de cette contrainte en tant que point focal de la gestion des
sites urbains exposés.
1.1.3.3 Positionnement
Ce travail se propose, de traiter des risques hydrologiques
étudiés en tant que synthèse d'une combinaison de
l'aléa, de la susceptibilité et de la
vulnérabilité. Ceci dit, nous pensons que la survenance des
inondations et des remontées de capillarité est
nécessairement liée aux caractéristiques du milieu
physique et à l'occupation du site par des populations au faible statut
économique.
1.1.4 Questions de recherche
Ø Question principale
Les risques hydrologiques identifiés dans les quartiers
Nkolmintag, Nylon et Tergal sont-ils le produit de la rencontre entre
l'aléa naturel, la susceptibilité du milieu et la
vulnérabilité des populations ?
Ø Questions spécifiques :
- Quel est le type d'inondation et de remontée de
capillarité qui se produisent dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et
Tergal ?
- Comment se décline la susceptibilité aux
risques hydrologiques étudiés dans les quartiers Nkolmintag,
Nylon et Tergal ?
- Quelle évaluation peut-on faire de l'exposition des
populations de Nkolmintag, Nylon et Tergal aux risques hydrologiques
étudiés ?
1.1.5 Hypothèses et objectifs de recherche
1.1.5.1 Objectifs de recherche
Ø Objectif principal
L'objectif principal est de déterminer les variantes
des phénomènes d'inondation et de remontées de
capillarité afin de comprendre leur comportement, et surtout leur
impact sur les populations des quartiers étudiés.
Ø Objectifs spécifiques
Cette étude vise à :
- Présenter les spécificités des
aléas hydrologiques étudiés dans les quartiers Nkolmintag,
Nylon et Tergal.
- Contribuer à une meilleure connaissance du rôle
joué par chaque élément du milieu naturel dans la
production des aléas étudiés.
- Identifier les facteurs et les éléments de
vulnérabilité, à partir de l'approche semi quantitative de
D'ercole.
1.1.5.2 Hypothèses de recherche
Ø Hypothèse principale
L'hypothèse sur laquelle repose ce travail est la
suivante : les risques hydrologiques étudiés sont entretenus
par la susceptibilité du milieu et la vulnérabilité
socio-économique des populations.
Ø Hypothèses secondaires
- L'occurrence des inondations et des remontées de
capillarité n'est pas déterminée par la hauteur d'eau
tombée au cours d'une averse.
- Les inondations et les remontées de
capillarité sont aggravées par les caractéristiques
physiques du milieu.
- Les inondations et les remontées de
capillarité sont responsables de l'endommagement de nombreux biens, et
de fragilisation de la santé des populations de Nkolmintag, Nylon et
Tergal.
1.1.6. Présentation des théories et des
concepts liés à l'étude
1.1.6.1 Présentation des
théories en rapport avec l'objet d'étude
Ø Le déterminisme et le
naturalisme
Le déterminisme est une théorie
énoncée pour la première fois par Laplace (1776) et
largement exploitée en philosophie. Il a été introduit
dans le milieu géographique par les auteurs allemands tels que, Ritter
(1779 - 1859) ; Ratzel (1884 - 1904).
Ce courant de pensée appliquée en
géographie renvoie à un postulat qui accorde une place
prépondérante au milieu naturel dans l'analyse et l'explication
des sociétés (Berdoulay V., 2005). Cette théorie accorde
notamment une grande part à l'influence des éléments
naturels sur les paysages et sur les sociétés humaines. Dans
cette optique on peut comprendre et analyser les dislocations paysagères
en milieu urbain (quartiers riches ; quartiers pauvres) ; par des
contraintes naturelles qui s'y exercent. Bien plus le déterminisme
étant soutenu par la loi de causalité, tout espace soumis aux
mêmes conditions naturelles devrait en principe avoir des paysages
identiques. En considérant l'urbanisation de la ville de Douala on
s'aperçoit bien qu'il y a une forte ressemblance physionomique entre
certains quartiers spontanés de la ville. En sachant que ces quartiers
répondent aux mêmes conditions topographiques (bas fonds) ;
édaphiques (sols hydromorphes) et climatiques ; ne faut-il pas
penser qu'il y a là une mécanique sous - jacente en action
(causalité) attribuable au milieu naturel ? Bref, ne peut - on pas
conclure à un résultat de cause à effet ? Sans verser
dans un déterminisme arriéré nous voulons simplement
comprendre le poids du milieu naturel dans la production des quartiers à
habitat précaire.
En rapport avec l'objet d'étude, cette théorie a
fortement imprégné le courant naturaliste de l'approche du
risque, forgée par les auteurs anglo-saxons. En effet, pendant longtemps
la démarche explicative des catastrophes naturelles consistait à
les présenter comme la déclinaison de la toute puissance de la
nature « natural uncotrollable physical events »
(Pigeon P., 2002). Dans cette trajectoire, l'ampleur des dégâts
est intimement liée à l'intensité du
phénomène naturel contre laquelle la société ne
peut rien faire. De là, s'élabore le concept de
« natural hazard » dont le contenu, exclut la
société de la dynamique de l'aléa.
Même si elle peut être crédible cette
théorie comporte plusieurs failles dont la plus prononcée est
« sa méconnaissance des processus humains sur le
risque » (White G., 1936) et les capacités psychiques,
intellectuelles et technologiques de l'homme à dépasser
l'aliénation ou la tyrannie de la nature. D'où
l'intérêt pour la vulnérabilité (Veyret Y.,
2004).
Ø Théorie de la formation socio -
spatiale et le constructivisme
La théorie de la formation socio spatiale sera la
clé de voûte de ce travail.
En effet comment donner un visage aux risques sur lesquels
nous planchons, ou du moins comment les comprendre et les maitriser si un
effort de territorialisation des phénomènes en question n'est pas
réalisé ? En ce sens, pour mieux inscrire les risques
étudiés dans le territoire nous allons recourir à
l'approche de Di Méo G. (1998) qui envisage le territoire sous ses
aspects superstructurels et infrastructurels.
Il est question, dans un premier temps, d'une instance
immatérielle du territoire se déclinant en deux dimensions :
idéologique et politique.
La sphère idéologique englobe l'ensemble des
héritages culturels, cultuels, moraux... plus au moins positifs qui
déterminent la mise en valeur d'un espace. Ce processus peut se traduire
par des signatures spatiales (emblèmes, symboles, pratiques....), qui
trahissent non seulement les perceptions qu'ont les groupes sociaux de leur
espace de vie mais aussi le lien qu'ils entretiennent avec ce même
espace. Partant de là et en s'appuyant sur une démarche
phénoménologique -- qui, à partir des faits rend compte
des mobiles qui les ont préalablement déterminés -- nous
pourrions établir le rapport que la population cible entretient avec le
milieu naturel.
Sachant que le territoire cristallise toutes les intensions de
développement, la contrainte posée par les risques hydrologiques
peut enrayer cette dynamique d'autant plus que nous sommes en milieu urbain.
Alors un territoire urbain à risque oblige nécessairement une
gestion spécifique. C'est ainsi que la puissance publique chargée
de garantir la sécurité et le bien être des
collectivités doit s'employer à fixer des règles
normatives (régime foncier, Plan d'occupation du sol, schéma
directeur, permis de bâtir...) dont la visibilité spatiale
témoigne du niveau de territorialisation des risques hydrologiques
étudiés.
Dans le cadre de ce travail, on peut s'interroger sur le poids
des décisions qui relèvent de la sphère politique sur
l'évolution du territoire que nous étudions. Car de
l'efficacité de ces mesures dépend la limitation des dommages
causés par les inondations et les remontées de
capillarité.
Au total tout territoire relève d'abord de
l'idéel où des considérations idéologiques et des
décisions politiques s'entremêlent pour produire une vision d'un
objet identitaire qui s'inscrit aisément dans l'échelon local,
régional, national ou international.
Toujours selon la théorie de la formation socio -
spatiale le territoire dans sa dimension géographique comporte une
facette physique qui est le milieu naturel et une facette économique qui
est l'espace produit (Leberre M., 1991).
Le milieu naturel est fait de ressources valorisables et, leur
mise en valeur demeure tributaire des représentations et de la
règlementation en la matière. Il est à souligner que
l'abondance d'une ressource peut rendre un milieu moins attractif en raison du
niveau de développement technologique ou des perceptions des groupes
sociaux sensés le valoriser.
Ainsi on peut comprendre que notre zone d'étude aux
sols hydromorphes (gorgés d'eau), soit considérée comme
répulsive par certains (natifs et classe bourgeoise) et très
attrayant pour d'autres (migrants et classes défavorisées). Force
est de reconnaitre que ce milieu où plane les risques hydrologiques est
une niche idéale pour les populations économiquement
marginalisées, car loin de tout contrôle, elles peuplent des
espaces à risques. De toute évidence les catastrophes qui
découleront de l'occupation de l'espace à risque ne pourront
logiquement être taxées de naturelles.
De ce constat nait le constructivisme, qui entrevoit le risque
comme le fruit d'un construit social où le phénomène
naturel n'est qu'un facteur et non une cause. Cette dernière doit
être recherchée dans les représentations, les perceptions
et les discours que le corps social tient sur le risque. Selon cette
théorie les déterminants de la vulnérabilité de la
société face aux risques s'expriment par les déterminants
sociaux (héritage colonial, représentation symbolique, niveau de
vie...) et même politiques (discours, actions, gestion...) Rebotier J.,
(2011).
Dans le cadre de cette étude nous prendrons en compte
d'une part la perception du risque dans la zone d'étude et d'autre part
les logiques et les pratiques des groupes sociaux face aux contraintes du
milieu physique. Cela nous permettra d'apprécier le niveau de
territorialisation des risques hydrologiques étudiés.
Ø Le structuralisme et l'individualisme
méthodologique
Le structuralisme est développé par le linguiste
Saussure (1916). Il sera repris et divulgué par l'ethno anthropologue
Levi - Strauss C. (1950). Il se construit autour de l'idée que tout
phénomène s'inscrit dans un système ou une structure selon
des lois plus au moins explicites. Alors il suffit parfois de remonter à
l'idée inconsciente qui dicte chaque phénomène pour
obtenir un principe d'interprétation pouvant se
généraliser à d'autre cas.
Cette théorie fait son apparition en géographie
récemment. Elle considère « qu'une catégorie
de faits doit être étudiée selon un ensemble
organisé, structuré ». (Bailly A. et Al., 1997).
Pour donner à cette théorie une force opérante, il serait
primordial d'établir des « invariants, des fondamentaux
qui ont une signification pour la connaissance des systèmes sociaux et
spatiaux ». (Bailly A. et Al 1997). Ainsi l'analyse de la
structure socio - économique du groupe évoluant sur l'espace
étudié permettra d'avoir une idée sur le profil mental des
populations de Nkolmintag, Nylon et Tergal. D'autres théories
complètent celle du structuralisme.
La théorie de la praxis vient du néomarxiste
Althusser (1965). Elle affirme qu'il y a une relation dialectique entre d'une
part l'homme et la nature et d'autre part l'homme et l'environnement social. Ce
paradigme voudrait que l'homme, en transformant la nature et l'environnement
social par son travail, finisse par se transformer lui - même. Cela
pourrait expliquer le fait que les populations de la zone d'étude, en
viabilisant le milieu naturel et en exerçant une activité
économique cherchent à s'arracher définitivement aux
structures écotopiques (climat, inondations, maladies) et socio -
économiques (pauvreté, marginalisation, classes) parfois
oppressantes.
La théorie de l'habitus de Bourdieu P. (1979)
correspond à une capacité acquise socialement par un individu et
qui lui permet d'avoir la réaction immédiate et approprié
à un environnement. Selon cette théorie bourdienne quand
l'habitus est atteint, tous semble naturel à l'individu. Celui-ci peut
alors effectuer des choix correctes c'est - à - dire ceux conformes
à son ethos (la culture de son groupe). D'un point de vue
géographique il s'agit simplement du degré d'appropriation de
l'espace par un individu et des liens sociaux qui en découlent.
Selon certains auteurs, le structuralisme ou l'holisme conduit
à de redoutables à priori. Pour eux les contraintes
sociales présentes, agissent exclusivement sur les individus qui sont
impliqués dans la relation « Intention -
action », de ce fait un individu n'ayant pas
« d'intentions » n'est soumis à aucune
contrainte (Boudon R. et Al., 1982).
Il est donc important de s'intéresser aux
« micro comportements »pour comprendre et
expliquer certains phénomènes. En rapprochant cette
théorie de notre sujet d'étude cela nous aidera à mettre
en évidence les logiques individuelles des populations qui vivent dans
la zone. On constate justement qu'en fonction des individus cet espace est
choisi suivant une stratégie de lutte contre la pauvreté ;
ou de recherche d'un logement individuel, ou encore de recherche de
proximité par rapport au centre ville.
Toutes ces théories nous aideront à mettre en
relation les phénomènes sociaux associés aux risques et
les doctrines épistémologiques qui les expliquent
1.1.6.2 Présentation des concepts ou
conceptualisation en rapport avec l'objet d'étude
Nous avons choisi de structurer ce travail autour de trois
principaux concepts :
Ø Le risque
Dans son étymologie le mot risque vient d'un terme
italien du moyen âge : risco, provenant lui - même du
latin : resecum qui signifie
« coupant » ; risco désigne
littéralement le roché escarpé, l'écueil (Veryet et
Al., 2004).Le sens qu'on accorde à ce terme aujourd'hui varie selon les
milieux. Pour le commun des mortels, le risque représente un danger, une
menace, une potentialité de perte conformément aux racines
étymologiques du mot. Tandis que chez le géographe ce terme a un
sens plus systémique.
De manière classique le risque est décrit
suivant l'équation : risque = aléa +
vulnérabilité. Le risque est donc la confrontation d'un
aléa (phénomène naturel dangereux) et d'une zone
géographique où existent des enjeux qui peuvent être
humains, économiques ou environnementaux. Cette définition est
insuffisante elle ne laisse pas apparaitre le résultat catastrophique
possible de cette confrontation. La cindynique, science qui étudie les
risques, les définit comme « la probabilité
d'occurrence de phénomènes d'intensité donnée
dommageables pour une société donnée.»
L'analyse critique et la fonctionnalité de ce parangon
conceptuel du risque révèlent quelques failles, en rapport avec
la vraisemblance de l'épithète naturel à aléa et
l'incapacité de la vulnérabilité à exposer les
réalités qu'elle recouvre (Pigeon P., 2005). Pourtant beaucoup
d'auteurs et même de décideurs continuent de travailler sur ce
paradigme, « le dogme pourrait-on dire, est : risque =
aléa + vulnérabilité » (Pigeon, 2003cité
par Metzger et D'ercole 2011).
Présentant les confusions conceptuelles ou usuelles de
la division traditionnelle du risque en aléa et
vulnérabilité, Carrega P., propose d'ajouter une troisième
composante : la susceptibilité. Cet auteur la définit comme
« la potentialité qu'un aléa puisse entrainer un
développement dangereux ». Il s'agit en quelque sorte du
maillon manquant entre les deux piliers du risque. Autrement dit l'aléa
et la vulnérabilité ne permettent pas de comprendre la
distribution géographique non seulement de l'intensité du
phénomène mais surtout des dommages possibles à
l'intérieur d'un espace donné. Le supplément ici est la
perspective d'étudier et de quantifier simultanément les facteurs
physiques aggravants du risque (à priori indépendants de
l'aléa exemple : la topographie, le sens des masses d'air...) et
les facteurs humains (à priori indépendants de la
vulnérabilité exemple : l'urbanisation, les remblais, la
présence d'une autoroute,...). La conceptualisation du risque suivant le
modèle aléa - susceptibilité -
vulnérabilité, répond selon Carrega au besoin
« de quantifier » de prédire efficacement le risque
pour en garantir une meilleure prise de décision.
Dans un article, « réflexion sur les
notions et les méthodes en géographie des risques dit
naturels », Pigeon P. expose, outre les ambiguïtés
posées par la définition classique du risque, les
problèmes d'ordre méthodologiques qui en découlent. Pour
lui, la géographie des risques naturels devrait vider les
absurdités sou jacentes de son discours et redéfinir ses
méthodes afin d'avoir dans un premier temps un discours logique ensuite
de donner une plus grande opérationnalité à ses concepts.
Pigeon P., pour sa part, définit le risque en tant que :
« probabilité d'occurrence de dommage compte tenu des
interactions entre processus physiques d'endommagement (aléas) et
facteurs de peuplement (vulnérabilité) ». Il
entend par processus physiques d'endommagement la modification que subit le
phénomène naturel et induite par le peuplement qui en retour lui
donne un potentiel destructeur. Cette action (peuplement) - rétroaction
(milieu agressif) met l'homme au coeur de la genèse du risque
(anthropisation de l'aléa) ; les facteurs de peuplement
résument les actions et/ou les non-actions territoriales (modes
d'occupation du sol, densité de peuplement, politiques de gestion...)
pouvant conduire à « l'endommagement effectif ou
potentiel ». Une telle conception bouleverse les habitudes et
les pratiques car elle impose de sortir de l'analyse courante monocausale (soit
c'est le milieu naturel qui entretient le risque soit c'est la
société) pour effectuer une analyse combinatoire. De plus
l'endommagement effectif ou potentiel s'évalue suivant une
démarche à postériori. Cette approche
conceptuelle a prouvé son opérationnalité à
Chablais (Pigeon P. 2005).
La notion de risque hydrologique quant à elle renvoie
au risque lié à l'eau. L'adjectif
« hydrologique » est pris ici au sens relatif à
l'eau et non au sens propre (relatif à l'hydrologie). Certes, elle est
peu usitée et n'est définit dans aucun texte officiel mais elle a
été indirectement « officialisée » par
le CNRS dans l'un de ses programmes nationaux qui porte sur cette
problématique et qui s'appelle « risques
hydrologiques » au même titre que d'autres programmes sur
« les risques volcanologiques » et les « risques
sismiques » (Carbonnel J., et Margat J., 1996).
Au cours de cette étude, qui vise justement à
étudier les risques hydrologiques dans les quartiers Nkolmintag, Nylon
et Tergal, sous le prisme aléa -susceptibilité-
vulnérabilité nous nous en tiendrons à la
définition du risque tel que proposée par Carrega P. Toutefois
nous envisagerons également la vulnérabilité selon
l'acception de D'Ercole R.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol5.png)
I
SUSCEPTIBILITE
VULNERABILITE
I- approche classique ;
II- approche de l'étude
-- Fig. 2 : conceptualisation du
risque naturel inspirée de Carrega
Ø L'aléa
L'alea se définit, au sens large, comme toute source
de danger. L'alea peut sembler impropre que son équivalent anglo-saxon
« hasard » pour designer la composante naturelle
du risque (Laganier R 2006), « l'aléa
caractérise le phénomène physique »
(OnanaV.P., 2005). On retrouve cette approche chez
Carrega, « l'aléa est par contre
considéré comme assez indépendant de l'homme, il est
l'évènement naturel à la source du
risque ». En cindynique, il se définit à partir de
son intensité : c'est alors, la probabilité d'occurrence
d'un phénomène d'intensité donnée. Au sens le plus
complet, l'aléa est donc un évènement ou un processus
naturel défini par une intensité, une occurrence spatiale et
temporelle (Dauphiné, 2001). De ce qui précède
l'aléa est un élément distinct de la
vulnérabilité car supposé naturel. Or cette distinction
n'est jamais facile à opérer « on peut se demander
au fond où cesse l'aléa et où commence la
vulnérabilité ?» (Carrega 2003). Ce
problème se pose de manière précise en milieu urbain,
lorsqu'il s'agit d'étudier les inondations, puisqu'ici on assiste
à une anthropisation de l'aléa par l'imperméabilisation
des surfaces, la réduction des chéneaux d'écoulement, la
colonisation des champs d'expansion des crues... (Meva'a D., et al., 2010).
Compte tenu de cette interrelation indéniable entre le peuplement des
zones à risque et les transformations de l'aléa, Pigeon parle
d'endommagement physique au lieu d'aléa. L'endommagement physique, n'est
rien d'autre que les modifications apportées par l'homme à un
phénomène qui au départ est naturel, inoffensif mais dont
la dangerosité lui est attribuée par l'action humaine.
Pour nous, l'aléa est un phénomène
naturel doté d'une dynamique intrinsèque ou provoquée,
potentiellement dommageable aux sociétés. Nous opérons
ainsi, une subtile distinction entre les fondements naturels de la source de
danger et sa manifestation destructrice, fruit d'un ajustement aux processus
naturels ou humains. Par conséquent l'aléa ici est rendu agressif
en raison de la susceptibilité, c'est-à-dire, la propension du
milieu à jouer sur l'intensité du phénomène.
La littérature
Crue
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES
VARIABLES
INDICATEURS
Les marqueurs spatiaux
Spatiale
Un ancien marécage
Eaux stagnantes
Observations directes
Inondations
Documents d'urbanisme
Structure en charge
Gestion
Territoriale
Action institutionnelle
Protection
Action individuelle
ALEA
Niveau de la nappe
Quartier
Densité de drainage
Spatiale
Encaissement
Site
Remontées de capillarité
Etat des murs et du plancher
Humidité
Intensité
Temporelle
Fréquence
Eaux résurgentes
Saisonnière
Intermittente
Liens de dépendance
Liens interdépendants
Liens indirects
Fig. 3 : Conceptualisation de
l'aléa en rapport avec l'objet d'étude.
Ø La susceptibilité
La notion de susceptibilité est bien connue dans le
domaine de la médecine spécialement celui de la recherche
génétique. Il s'agit d'un paradigme selon lequel les infections
communes seraient favorisées par des dizaines de gènes de
susceptibilité, chacun d'eux apportant une modeste contribution au
déclenchement de la maladie. Laurent Abel et Jean-Laurent Casanova
(2011) expliquent que : « des pathologies graves et
communes telles que la lèpre et la tuberculose reflètent en fait
l'existence d'un gène majeur de susceptibilité, du moins dans
certaines populations. »
Ce concept est introduit dans l'étude
géographique des risques par Carrega. Les travaux de terrain de cet
auteur ont montré que la quantification et la spatialisation des
risques, en vue de les prévenir, ne peut convenablement se faire suivant
le schéma simpliste aléa-vulnérabilité. En effet,
la susceptibilité est : « le potentiel physique de
développement d'une crise », il l'explique de la
manière suivante : « à conditions
météorologiques égales... une averse donnée
provoque une plus forte crue sur un substrat imperméable (argiles) et un
réseau hydrographique hiérarchisé ». Ce
troisième agrégat du risque est nécessaire dans la
caractérisation de la sensibilité spatio-temporelle
(extrêmement variable) d'un lieu à un risque donnée. Il
s'agit des éléments du milieu naturel qui, sans être
rattachés directement à l'aléa peuvent l'aggraver, en
créant une sorte de forçage. Dans cette logique l'aléa est
d'autant plus dommageable que l'espace où il se produit est susceptible.
La prise en compte de ce conditionnement naturel permet d'établir une
cartographie fine de l'intensité du phénomène.
Susceptibilité
Conjoncturelle
Physiographie
Altimétrie
Interannuelle
Relief
Structurelle
Relief
Climat
Hydrosystème
Sol
Mensuelle
Superficielle
Souterraine
Structure
Texture
Topographie
Altitudes
Pentes
Hauteur mensuelle des pluies
Distribution annuelle des pluies
Hauteurs journalières du le plus mois pluvieux
Séquences journalières du mois le plus pluvieux
Longueurs et largeurs des drains
Hauteur de la lame d'eau et débit
Variation piézométrique
Ecoulement souterrain
Superposition des couches de sol
Coupe du sol
La perméabilité
La porosité
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES VARIABLES
INDICATEURS
Liens de dépendance
Liens interdépendants
Liens indirects
Fig. 4 : Conceptualisation de la
susceptibilité en rapport avec l'objet d'étude
inspirée de Carrega
Ø La vulnérabilité
Ce concept « souffre d'un trop - plein
sémantique puisqu'il évoque aussi bien la dépendance ou la
fragilité, la centralité, la complexité, l'absence de
régulations efficaces, le gigantisme ou la faible
résilience » (Fabiani J![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol6.png)
F. et Theys J. 1987) il existe donc une pluralité de
définition parfois contradictoires (Veyret Y. et al., 2004).
Les ingénieurs, les aménageurs, les
économistes définissent la vulnérabilité comme
« le niveau de conséquences prévisibles d'un
phénomène sur des enjeux (hommes, biens,
milieux) » (P.P.R, 1997). Cette conception est analytique, parce
qu'elle procède d'une estimation quantitative de la
vulnérabilité. Elle repose par conséquent sur une juste
évaluation des éléments dommageables. Or cette
évaluation, faite avant la catastrophe, comporte volontairement des
biais (D'Ercole et al., 1994) et ne peut être fidèle à la
réalité.
Dans les sciences sociales, ce concept, partie faible de la
définition des risques (Gilbert, 2009), est à
géométrie variable. Veyret in les risques
naturels (2004) présente d'abord son évolution et
propose ensuite une approche communément admise. En effet, initialement
la vulnérabilité exprime le degré de perte et de dommage
causés par la survenance de l'aléa. Par la suite, elle
s'étend au degré au degré d'exposition à la source
de danger. Plus tard elle devient l'incapacité pour un bien ou un groupe
social à absorber la catastrophe. La vulnérabilité est
alors fonction du seuil d'acceptabilité et de la résilience du
groupe social en danger. La tendance actuelle venant de l'école anglo -
saxonne consiste à distinguer deux types de
vulnérabilité :
- La vulnérabilité biophysique : c'est
« une fonction de l'aléa, de l'exposition et de la
sensibilité aux impacts de l'aléa ». Cette
vulnérabilité n'est rien d'autre que le croisement entre un
élément naturel (physique) source de danger et un complexe
d'éléments pouvant être endommagés (biologique). Les
enjeux sont définis comme vulnérables lorsqu'ils sont sensibles
à l'aléa. Du reste l'exposition à une source de danger
sans conséquence dénote d'une absence de fragilité du
système biologique. Toutefois, son évaluation se fait à
posteriori, c'est-à-dire qu'elle vise à comptabiliser les
dommages après une catastrophe au détriment d'un examen de la
solidité, de la résistance du système avant la survenance
de l'aléa. Ce concept a servi de base aux travaux sur les risques
liés au changement climatique.
- La vulnérabilité sociale quant à elle
fait appel à une mécanique « d'auto
régulation du système vulnérable » En
d'autres termes elle s'exprime ou se mesure à partir de
« la capacité d'absorption du choc, de réponse et
de redressement par rapport à l'impact de l'évènement sur
la population ». La vulnérabilité proviendrait
donc de l'incapacité d'un retour à l'état initial. Les
enjeux sont d'autant plus vulnérables qu'ils recouvrent difficilement
l'équilibre ancien après le choc. Cette approche se soucie peu de
l'aléa et met l'accent sur la capacité des structures mentales ou
socio - économiques à digérer la catastrophe. Dans ce
cas, la vulnérabilité résulte du
déséquilibre fragilités - capacités. Cette
école réalise un compromis entre ce que les auteurs appellent la
vulnérabilité passive (propension à subir l'aléa)
et active (propension à modifier l'aléa). Sur le plan pratique il
est moins évident de déterminer la vulnérabilité.
Dans le cadre d'un travail sur la vulnérabilité
des villes africaines face aux changements climatiques lancé par le
CLUVA, la vulnérabilité est subdivisée et
étudiée en quatre variables : « asset
vulnerability » (vulnérabilité individuelle),
« institutional vulnérability »
(vulnérabilité institutionnelle), « attitudinal
vulnerability » (vulnérabilité sociale), enfin
« physical vulnérability »
(vulnérabilité physique). Il faut noter que cette traduction
littérale décrit difficilement le contenu de chacune des
variables. Toutefois l'existence des vulnérabilités montrent que
cette notion est intégrative et qu'il s'agit en réalité
d'un système.
On retrouve cette idée de système chez D'Ercole
(1994), qui définit la vulnérabilité comme,
« l'expression synthétique d'un certain contexte, d'un
certain nombre de conditions propices, ces dernières étant
susceptibles d'engendrer des dommages et/ou dysfonctionnements majeurs en cas
de concrétisation de l'aléa ». Selon cet auteur,
vu que les risques en milieu urbain sont intrinsèques au système
urbain (November V., 1994), on ne peut convenablement les étudier,
spécialement la partie vulnérabilité, que dans ce
système. Peut-on parler de la vulnérabilité liée
aux phénomènes naturels indépendamment de la
vulnérabilité liée aux phénomènes
sociaux ? L'approche systémique est donc de mise. Cette
dernière conçoit la vulnérabilité, objet
d'étude composite où se distinguent les facteurs de
vulnérabilité et les éléments de
vulnérabilité. Cette distinction est créée
artificiellement afin de simplifier la compréhension des interrelations
et interactions qui se combinent au coeur d'un système
vulnérable. D'après cette logique, il existe trois
démarches dans l'approche de la vulnérabilité : la
démarche qualitative portant sur les facteurs de
vulnérabilité ; la démarche semi-quantitative portant
à la fois sur les facteurs de vulnérabilité et les
éléments de vulnérabilité ; la démarche
quantitative relative aux éléments de
vulnérabilité.
En somme le concept de vulnérabilité est
polysémique, il varie en fonction de chaque auteur. Dans ce travail nous
nous appuierons sur la conception de D'Ercole qui premièrement embrasse
notre approche méthodologique (systémique globale) et
deuxièmement la perspective d'analyse qu'elle offre, cadre bien avec
notre problématique (démarche semi-quantitative). Cependant, nous
n'aborderons que des facteurs préalablement définis et des
éléments repérables sur le terrain. Economique
Locale
Superstructurelle (facteurs)
Prix du loyer
Profession des chefs de ménage
Socioprofessionnelle
Revenu mensuel des chefs de ménage
Sociale MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Origine des chefs de ménage
Sociodémographiques
Statut, ancienneté
Biens estimables
Habitations, chantiers
Individuelle MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Mobiliers, commerces
Vie humaine
Biens non estimables MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Santé
Infrastructurelle (éléments)
Services publics
Communale MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Transcommunale
MATERIELLE MATERIELLE
Marchés, gare routière
Avenues
Aires sociales
Collectif MATERIELLEMATERIELLE MATERIELLE
Relance économique dès 1945
Contingente
Crise des années 1990
Prix des terrains
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES VARIABLES
INDICATEURS
VUNERABILITE
Fig. 5 : Conceptualisation de la
vulnérabilité en rapport avec l'objet
d'étude inspirée de
D'Ercole
Ø Marchés, gare routière
Avenues
Aires sociales
La santé
De manière Courante, la santé se confond
à l'absence de maladie, pourtant elle va bien au delà d'un
dysfonctionnement biologique du corps humain. Selon L'O.M.S (1946)
« La santé est un état de complet bien être
physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de
maladie ou d'infirmité ». Cette définition est
assez satisfaisante car elle prend en compte toutes les dimensions de
l'individu. Cependant elle semble être un idéal, un luxe hors de
portée des êtres humains. Peut-on espérer atteindre un
état de santé quand on sait combien cette dernière est
précaire ?
Hippocrate propose une réponse « si
quelqu'un désire la santé il faut lui demander s'il est
prêt à supprimer les causes de sa maladie. Alors seulement il est
possible de l'aider ». C'est une solution un peu radicale,
puisqu'il existe des maladies d'origine congénitale ou sociétale.
L'idée dans cette affirmation est bien de montrer que la santé ne
se résume pas à la prise de médicaments et qu'elle est un
enjeu ou un capital susceptible d'être dégradé par des
agents pathogènes d'origines diverses (biologiques, psycho - sociales,
environnementales)
La santé s'exprime et s'exerce donc dans chacune de
ces dimensions, biologique, psycho - sociale, environnementale (La charte de
Ljubljana 2006). Dès lors la recherche en santé échappe
aux seules préoccupations biomédicales (Lebel J. 2003) ;
elle épouse par conséquent une démarche
transdisciplinaire. Les sciences comme l'anthropologie, la sociologie, la
psychologie ont une tradition de l'étude de la santé humaine.
L'intérêt pour cette notion en géographie est assez
récent surtout dans les pays en développement et se justifie par
le fait que les questions de santé exigent l'étude de
l'écologie de la maladie.
L'écologie de la maladie est tout ce qui contribue
à l'émergence de la maladie (la charte de Ljubljana 2006). Elle
fait appel à une démarche écosystémique dans
laquelle le géographe s'intéresse aux conditions naturelles et
humaines capables de déterminer le développement des agents
infectieux à l'extérieur du corps humain. Au bout du compte c'est
une discipline qui est au coeur des problèmes de santé, tant il
est vrai que bon nombre de maladies sont d'origine environnementale (O.C.D.E
2003).
Dans ce travail la santé se décline en
deux dimensions :
Elle est d'une part, une réalité
spatiale, dans ce sens où les caractéristiques
du milieu physique déterminent très souvent la distribution
géographique des maladies et donc de la santé. C'est le cas des
zones de forte prévalence ou d'endémicité de certaines
maladies liées à un habitat naturel qui leur est propice. Or
cette écologie de la maladie peut être créée ou
amplifiée par les aléas naturels.
D'autre part, la santé revêt une dimension
socio-économique, puisque d'un côté le coût
élevé des soins de santé, l'absence d'assurance maladie,
la vente au noir des produits pharmaceutiques de qualité douteuse. De
l'autre, les modes de construction, l'incivisme des populations, une vision
fataliste de la maladie, l'auto médication... sont autant de
paramètres qui influent sur la santé des populations dans notre
zone d'étude.Coûts de traitement
Coûts d'internements
Accès aux soins de santé
Les établissements sanitaires
Discours courants sur la maladie
Lien entre maladie et milieu de vie
Maladies hydriques
Hybridation des traitements
Exposition des puits
Disposition des latrines
Remontée de capillarité
Humidité accrue
Prévalence des maladies hydriques
Achat de médicaments dans la rue
Eaux stagnantes
Inondations
Suivi médical
Offre de soin de santé
Perceptions et conceptions
Pratiques sociales
Insécurité
Inconfort
Etat de santé des populations
Insalubrité
Economique
Sociale
La maison
Le quartier
Spatiale
SANTE
Socio- économique
CONCEPT DIMENSIONS
COMPOSANTES VARIABLES
INDICATEURS
Liens interdépendants
Liens indirects
- Fig. 6 : Conceptualisation de la santé
en rapport avec l'objet
1.1.7 L'intérêt de l'étude
Cette étude revêt un triple
intérêt : scientifique, socio - économique et
environnemental.
1.1.7.1 L'intérêt scientifique
Le problème de l'occupation des zones à risque
par les groupes humains, généralement défavorisés,
fil conducteur de cette recherche, nous a permis de tester la pertinence des
concepts tels que : l'aléa, la susceptibilité et la
vulnérabilité.
En effet, cette étude apporte un éclairage
supplémentaire à la compréhension des risques
d'inondation et des remontées de capillarité dans les quartiers
Nkolmintag, Nylon et Tergal. De plus, la mise à jour des données
géophysiques, socio-économiques et sanitaires, collectées
directement sur le terrain peuvent être utilisées dans le cadre de
recherches ultérieures.
1.1.7.2 L'intérêt socio -
économique
Les quartiers sont supposés être des espaces de
bien-être social. Or, ici les inondations et les remontées de
capillarité mettent en péril la vie des populations et
empêchent leur épanouissement. Cette étude focalisée
sur l'analyse de ces risques peut aider d'abord à une bonne
compréhension de ces phénomènes ensuite permettre de
limiter les dommages sociaux qu'ils entrainent.
Sur le plan économique, on constate que les
dégâts matériels causés par l'inondation et les
coûts engagés dans leur prévention et leur
réparation sont colossaux. Réduire l'impact de ce
phénomène aiderait tous les acteurs en particulier les
ménages, à économiser beaucoup d'argent. Plus largement on
observe que le marché de la sécurité dans la ville de
Douala est encore en gestation, précisément celui des assurances
sur les risques naturels. En effet les acteurs de ce secteur ne
s'intéressent pas à l'élaboration d'un produit
spécifique pour couvrir les dommages des catastrophes naturelles,
pourtant il y a là une bonne opportunité d'affaire.
1.1.7.3 L'intérêt environnemental
Une gestion efficace des inondations et des remontées
de capillarité contribuera significativement à la production d'un
cadre de vie sain dans la zone d'étude. Dans le même ordre
d'idée, ce travail met en exergue les risques sanitaires
inhérents à la dégradation des conditions d'habitat par
les phénomènes hydrologiques étudiés. Leur prise en
compte pourra aider à la réduction du taux d'infection de
certaines maladies dans la zone d'étude.
1.1.8 Les résultats attendus
Cette étude débouchera, a priori, sur :
Ø Une présentation des aléas
étudiés.
Ø L'identification des variables naturelles en cause
dans le phénomène d'inondation et des remontées de
capillarité.
Ø Le mode d'action des variables naturelles en cause
dans le phénomène d'inondation et des remontées de
capillarité.
Ø Les facteurs de peuplement du site d'étude.
Ø Réalisation d'une carte de
susceptibilité.
Ø Une identification et une hiérarchisation des
enjeux exposés aux inondations et aux remontées de
capillarité.
Ø Répertorier les menaces sanitaires
liées aux risques étudiés.
1.1.9 La revue de la littérature
La thématique qui est la nôtre nous a conduit
vers une littérature très variée que nous pouvons
regrouper autour des axes suivants :
Ø Ouvrages généraux
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol8.png)
L'urbanisation
C'est le processus de création et de
développement des villes. Pigeon P. (1994) pense que la ville naît
de la polarisation des flux de personnes et de biens de son environnement
immédiat et lointain. Ainsi les migrations qui en résultent,
influencent en retour l'espace urbain. Il y a en effet un jeu
d'action /retro - action entre la ville et la campagne environnante. Ce
qui est source de nombreuses mutations de l'espace urbain. L'émergence
des risques naturels, spécialement celui d'inondation fait partie de ces
mutations. Il préconise que la gestion des risques naturels soit
intégrée, qu'elle puisse combiner une gestion moins
réglementaire mais davantage pragmatique de la
vulnérabilité ; aux travaux de correction en tenant compte
du phénomène dans sa globalité. Ce document nous a permis
de comprendre la complexité des rapports entre la ville et son
environnement, les défis qu'implique la croissance spatiale d'une ville.
Bref que la ville est un organisme vivant qui se régule et s'auto
régule.
Granotier B. (1980) ; Laulan Y. (1974) ; Canel P.,
Décis Ph., Giraud (1990) ; Antoine Ph., et al (1987) ; se sont
intéressés aux villes africaines. Il ressort de leurs
publications que les villes subsahariennes se distinguent par leur paysage
hétéroclite et la misère qui y est rampante. Pour eux, le
monde urbain en Afrique se caractérise par un dualisme qui laisse
apparaître une ville bien aménagée correspondant à
la ville coloniale et une ville anarchique où évoluent les
populations déshéritées. Celles-ci sont exclues de la
plupart des biens et services classiques d'une ville et doivent donc faire face
à tout type de problème dont celui des inondations. Ces travaux
témoignent non seulement des difficultés à calquer le
modèle d'urbanisation à l'occidental, mais aussi des
conséquences socio-spatiales d'une mauvaise maîtrise de ce
phénomène. Ces auteurs rangent généralement les
inondations dans le cortège des phénomènes qui contribuent
à la marginalisation des quartiers non planifiés. Grâce
à ces publications nous réalisons que le processus de
construction des villes africaines est un facteur de vulnérabilisation
d'une catégorie de population.
Mainet G. (1986), Mouafo D. (1992), Dongmo J.L. (1980),
Haeringer PH. (1993), ont traité de l'urbanisation au Cameroun avec
comme objet d'étude la ville de Douala qui nous intéresse. Sans
mener un travail spécifique sur les problèmes d'inondation, ils
remarquent néanmoins l'ampleur de ce phénomène sur la
ville et spécialement dans les quartiers périphériques.
Leurs analyses convergent vers la reconnaissance du poids de l'héritage
climatique, géomorphologique et pédologique du milieu naturel qui
doublée de la pression démographique et foncière constante
dans le déclenchement des inondations des quartiers de la ville de
Douala. Ceci participe d'une recherche des causes des inondations, susceptible
d'éclairer notre réflexion
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol10.png)
Les inondations
Le phénomène d'inondation est un sujet
très fouillé dans la littérature, tout d'abord parce que
c'est un problème ancien Allard P. (2000), ensuite parce que le risque
d'inondation continue et continuera de planer sur nos
sociétés, « le risque zéro »
étant une pure chimère Veyret Y. et al (2004). Laganier R. (2006)
étudie le risque d'inondation en le mettant en relief avec le
territoire. Ceci lui permet de jeter un regard critique sur les outils de
gestion du risque d'inondation dans les bassins versants de la Semoy, l'Aude et
la Lys en France. A la fin de l'analyse, il recommande que le risque soit
intégré au territoire, non pas un territoire administratif mais
celui qui lui est propre et qui ne respect pas très souvent les limites
conventionnelles (administratives) ; Il abonde dans le même sens en
prescrivant une gestion concertée du risque entre tous les acteurs,
cette dernière doit s'inscrire dans une politique holistique en
adéquation avec la réalité du terrain. L'apport de cette
étude, pour nous, est indiscutablement : les méthodes
originales d'évaluation de l'efficacité des plans de lutte contre
les inondations (P.P.R.I ; P.E.R ; P.O.S ...) ; La mise en
exergue des facettes de cet alea et de sa flexibilité qui lui permet de
contourner des mesures purement techniques visant à le contrer ; Il
procède finalement à une évaluation minutieuse de la
vulnérabilité des habitants de la zone étudiée. Cet
ouvrage nous aidera à concevoir une enquête sur la
vulnérabilité dans notre zone d'étude, même si un
effort de contextualisation reste à fournir.
Mouganga M.D. (2007) montre l'impact des inondations sur
l'aménagement de l'espace urbain. En effet à partir de ses
travaux menés dans la ville de Libreville, il montre que les inondations
sont déclenchées par une combinaison d'éléments
naturels et qu'elles sont aggravées par la squattérisassion des
zones vulnérables par des populations peu nanties. Autrement dit,
l'insuffisance de l'offre foncière, de logement et l'absence de
planification rigoureuse de l'occupation des espaces sensibles, aboutissent
à une grande exposition des populations à faible niveau de vie.
L'analogie de cette production scientifique avec notre sujet d'étude est
frappante, d'où son intérêt.
Tadonki G. (1992) à son tour montre que les inondations
dans le bassin versant du Tongo Bassa sont un facteur aggravant de la
marginalisation des groupes de populations migrantes installées
clandestinement dans cette zone. Il expose également les techniques
originales déployées par ces populations pour contrer les effets
ravageurs de ce phénomène. Sa conclusion est en quelque sorte une
interpellation des autorités urbaines à tirer avantage de la
formidable énergie débauchée par ces riverains pour
valoriser ce site marécageux. Cette approche humaniste n'est pas
nécessairement partagée, toutefois ce travail retient notre
attention à partir du moment où l'unité écologique
explorée (marécage) est similaire à la nôtre.
Wade S., Rudant J.P., Ba K., Ndoye B. (2007)
s'intéressent aux inondations qui touchent régulièrement
la côte Sénégalaise précisément dans la ville
de Saint Louis, située sur le site amphibie du delta du fleuve
Sénégal. Ces auteurs mettent à contribution la
télédétection et les SIG (Système d'Information
Géographique) dans l'étude de ce phénomène ;
ils réalisent une collecte minutieuse des données satellitaires
(Landsat) climatiques, hydrologiques et cartographiques. Ce qui leur permet
ensuite d'analyser le fonctionnement des crues. Si dans cette analyse les
auteurs soulignent l'importance des caractéristiques du milieu sur les
inondations ils ne font pas fi des facteurs sociaux (dynamique urbaine) qui
exposent les populations. Cette approche a le mérite d'intégrer
l'utilisation des SIG dans la compréhension du risque d'inondation.
Zoning A. (2010), travaillant sur les villes de Yaoundé
et Douala se situe dans la même mouvance. A l'aide des images
satellitaires et des SIG, il réalise une cartographie fine du
phénomène d'inondation dans ces métropoles. Ce qui permet
de discriminer les zones ou les quartiers les plus vulnérables de ceux
qui le sont le moins. Onana V. pour sa part, se sert des images satellitaires
pour mettre en relation la croissance spatiale de la ville de Douala et
l'aggravation des phénomènes d'inondation.
Fogwe Z. et Tchotsoua M. (2007) publient les résultats
d'une analyse froide et rigoureuse de la lutte contre les inondations dans la
ville de Douala depuis deux décennies, leurs conclusion est
amère, que d'énergie gaspillée ! Et des sommes
d'argent trébuchantes dépensées sans résultat
durable. Ils critiquent notamment la méconnaissance du
phénomène se traduisant par la réalisation de travaux
ponctuels et inefficaces par les autorités urbaines en charge de ces
questions. Le second auteur, a également publié une série
d'article sur les problèmes des inondations dus, en grande partie,
à la présence du barrage de Lagdo dans la vallée de la
Benoué.
Ø Ouvrages spécialisés
- Les risques naturels
La littérature relative à cette
thématique abonde, spécialement les articles. Parmi les auteurs
consultés nous avons : Carrega P. (2003) ; D'ercole R.
(1998) ; Pigeon P. (2005) ; Veyret Y. (2004) ; November V.
(2004). Il s'agit pour l'essentiel des travaux de réflexion
épistémologique qui renseignent sur l'évolution et les
ambiguïtés des concepts rattachés au risque. En effet tandis
que les uns proposent une redéfinition de ces concepts (Pigeon), les
autres préfèrent les maintenir, soit en intégrant de
nouveau concept (Carrega), soit en élargissant les domaines de ces
concepts. Ces publications nous ont permis de nous situer par rapport à
ces divergences conceptuelles et même méthodologiques.
- Caractéristiques du milieu naturel
Même si les documents exploités n'avaient pas
toujours un lien direct avec notre zone d'étude, ils ont éclairci
beaucoup de points de notre analyse.
Suchel B. (1988), travaillant sur les climats du Cameroun
décrit les caractéristiques climatiques du bassin
géologique de Douala dans lequel se trouve la ville de Douala. Il montre
que le climat ici subit fortement l'influence de la mousson atlantique dont le
paroxysme est atteint au mois d'août. Focalisant sur les
précipitations Tchiadeu G. (2010) s'intéresse à la date de
démarrage des pluies dans la ville de Douala. Grâce à une
méthode qui paraît la plus objective il détermine, sans
doute avec un certain degré d'incertitude, la date du début des
pluies dans la ville de Douala. Ses résultats sont d'autant plus
importants pour cette étude qu'ils donnent une précision sur
l'élément principal responsable du déclenchement des crues
qui entrainent parfois des inondations.
Quant aux sols, Bertrand R. et Gigou J. (2000) mettent en
relief l'influence des paramètres des sols tropicaux (indice de
stabilité, texture, structure, stabilité...) sur la
productivité agricole. Nous emprunterons certaines techniques d'analyse
des caractéristiques sols afin d'établir la contribution de
ceux-ci aux phénomènes d'inondation et de remontée de
capillarité dans les quartiers étudiés.
L'hydrosystème est un élément central du
phénomène d'inondation dans son ouvrage pédagogique
intitulée les eaux courantes (Cosandey et al., 2003)
ressort les formules et les méthodes utiles aux différents
calculs hydrologiques. En effet cet ouvrage donne la possibilité
d'explorer les notions d'évapotranspiration, bilan hydrique,
d'appréhender les mouvements horizontaux et verticaux de l'eau aussi
bien dans le sol qu'à la surface. C'est une aubaine pour ce travail dont
le centre d'intérêt réside dans le fonctionnement de
l'hydrosystème du terrain d'étude.
Dans un autre registre, celui de la pollution des eaux de
surface Fogwe Z. (2005) montre que les eaux du bassin versant de la Mgoua
auquel appartient notre zone d'étude sont largement polluées par
les effluents industriels et domestiques. Tandis que Moukoko N., Gaye C. (2001)
mais cette fois à Brazzaville relèvent le problème de
contamination des eaux des nappes souterraines par rejets domestiques. Ils
concluent que les nappes des sites de bas fond ou des plaines sont plus
susceptibles d'être infectées lorsque les sources de pollution
sont à proximité et en aval du sens d'écoulement des
nappes phréatiques. Bien que géographiquement
éloigné de notre zone d'étude ce sujet montre que la
résurgence des eaux gravifiques n'est pas sans risque sur la
santé des populations. Les remontées de capillarité qui
s'observent dans les domiciles à Nkolmintag, Nylon, Tergal ne sont pas
anodines.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol13.png)
La zone Nylon
Le PDU (1980) dans son étude de factibilité
réalisée par le cabinet Halcrow fait une description plus ou
moins monographique de la zone Nylon en vue définir une meilleure
méthodologie d'aménagement des quartiers de la zone Nylon. La
quintessence de ces travaux peut s'effectuer suivant une double articulation il
s'agit d'une description sommaire du milieu naturel et des résultats
des enquêtes socio- démographiques sur le statut socio
-économique des chefs de ménage.
Ismaïla (2005) pour sa part, s'interroge justement sur le
bilan de ce projet. Il constate que les réalisations de l'ARAN ont beau
être nombreuses elles restent cependant insuffisantes au niveau des
avancées en terme des conditions de vie. L'opération a donc un
succès mitigé pour le moment et les populations au centre de ce
projet, quoique assistée par des O.N.G demeurent très
vulnérables.
Tchounkoué S. (1978) Roumy M. (1973), Lemaire A.
(2004), ont également travaillé sur la zone nylon. Leur
contribution présente les vicissitudes de la zone nylon à
s'intégrer dans la ville en termes d'équipement,
d'intégration aux différents réseaux, de normalisation de
l'habitat...
Mbassi Elong (1972) travaillant sur le problème
d'accès et de qualité de l'eau à Douala
spécialement dans la zone Nylon expose des résultats d'analyse
bactériologiques qui attestent que les eaux souterraines ici sont
contaminées. Il va plus loin en montrant que cet espace
marécageux est un gîte larvaire de l'Aèdes principal
vecteur de plasmodium falciparum et de plasmodium vivax agents
pathogènes du paludisme. Cette contribution nous permet d'envisager les
eaux des inondations et des remontées de capillarités comme des
habitats naturels des vecteurs de cette maladie.
1.2 - APPROCHE METHODOLOGIQUE
L'analyse de ce sujet de recherche se fera
par le biais de l'approche hypothético - déductive.
C'est-à-dire que les hypothèses formulées plus haut seront
soumises à une vérification dans les chapitres à venir.
1.2.1 Méthode de collecte de données
1.2.1.1 La recherche documentaire
Elle vise à regrouper une somme de documents pouvant
nous aider à mieux cerner notre problématique. Elle nous a
conduit vers des bibliothèques notamment celle de l'Université de
Douala et de l'ENSET, du Centre culturel Français, la
bibliothèque municipale de Douala 2ème, dans les
centres de documentation, spécialement celle de la communauté
urbaine et de la MAETUR. Nous avons également consulté des
mémoires au département de Géographie de Douala et de
Yaoundé. L'étape suivante a été la descente sur le
terrain.
1.2.1.2 Descente sur le terrain
Elle s'est effectuée en plusieurs phases :
Ø Les enquêtes exploratoires
Les premières descentes visaient à une
reconnaissance de terrain et à l'observation empirique des indicateurs
retenus dans notre étude. Cette technique exploratoire nous a d'abord
permis de parcourir l'étendue de la zone d'étude en observant des
faits frappant et en établissant des premiers contacts avec les
populations ; ensuite d'avoir une représentation de la structure du
relief, du paysage atypique de ces quartiers enfin des contraintes
d'aménagement liées aux inondations. Les prémisses de
résultats engrangés au cours cette opération nous ont
imprégné de la réalité de notre terrain.
Ensuite nous sommes passés à des entretiens
verbaux non structurés avec des habitants du quartier. Il était
question de mesurer leur intérêt pour le sujet, de vérifier
le niveau de conscience par rapport à la problématique et enfin
l'existence d'une volonté de changement.
Parallèlement, à l'aide des entretiens
guidés, nous avons discuté avec des responsables des quartiers et
de la MAETUR en charge de la viabilisation de la zone. L'objectif était
d'avoir une version officielle sur la réalité du
phénomène, sur l'impact de ce phénomène dans la
gestion du quartier enfin de compte sur les stratégies mis en oeuvre
pour résorber cette épineuse question d'inondation.
Dans le but d'obtenir des informations précises sur
l'incidence des inondations sur la vie des populations nous nous sommes
adressés directement à elles.
Ø Les enquêtes ménages
Elles nous ont permis de collecter des données
qualitatives et quantitatives relatives aux modalités d'occupation de
l'espace, le niveau de conscience des risques étudiés, les
stratégies pour les contourner et l'impact de ceux - ci sur le plan
sanitaire. Nous avons procédé à un échantillonnage
de la population. Cette démarche nous a permis de retenir 222
ménages à qui nous avons administré directement un
questionnaire. La population ciblée était les chefs de
ménage.
La distribution du questionnaire s'est faite de bloc en bloc
(structure de base du quartier) privilégiant les zones les plus
affectées. Toutefois cette distribution était loin d'être
systématique car il n'était pas rare d'essuyer des fins de non
recevoir. Bien plus le tracé des rues était parfois
dévoyant et incohérent. On a donc été astreint
d'opter pour un recouvrement extensif et aléatoire dans l'optique de
balayer un périmètre très large.
Ø Les prélèvements de
sol
La problématique de cette étude nous a
mené vers une analyse de sol. Après un recoupement de la carte
topographique IGN 1962 et celle de l'occupation du sol, nous avons
décidé d'effectuer des prélèvements de sol à
Nkolmintag, Nylon et Tergal.
Nous avons choisi des lieux facilement identifiables. A
Tergal le prélèvement s'est effectué à
l'intérieur de l'hôpital de district. A Nylon, il s'est
déroulé au centre du service social ; A Nkolmintag au niveau
de la chefferie du quartier.
La méthode de prélèvement était
assez modeste nous nous sommes muni d'une pioche, nous avons creusé le
sol, à Nkolmintag et à Nylon, sur une profondeur d'environ 30 cm.
Les échantillons étaient directement retirés sur la masse
de terre qui avait été dégagé. A Tergal, compte
tenu de l'engorgement du sol nous avons effectué le
prélèvement à l'aide d'un tube, ces échantillons
ont été portés au laboratoire de géomorphologie de
L'Université de Yaoundé I pour analyse.
Ø les mesures hydrologiques
Au cours des travaux de terrain nous avons
mesuré, à l'aide d'un mètre ruban, les dimensions des
drains (largeur du lit, profondeur du drain, hauteur de la lame d'eau) qui
traversent les quartiers étudiés et dont le débordement
entrainerait des dommages. Dans le même temps nous avons
réalisé des mesures utiles au calcul les débits de base ou
normaux et instantanés ou à ras le bord. Les mesures des
débits normaux ont été effectuées au mois de mars
une fois encore grâce à un mètre ruban ; tandis que
les débits instantanés ont été mesurés au
mois de juillet, à partir d'un jaugeur et d'un chronomètre.
Toutes les informations recueillies seront appliquées dans
différents calculs hydrologiques.
Ø les cartes
Les données cartographiques ont été
collectées en deux temps. Premièrement nous avons d'abord
recherché les cartes du mode d'occupation du sol de 1992, du
linéaire disponibles à la Communauté Urbaine de Douala et
le feuillet topographique n °5 IGN. Deuxièmement nous sommes
allés sur le terrain munis d'un GPS (Global Positionning System) pour
relever les coordonnées des éléments spatiaux en rapport
avec notre problématique, afin de les intégrés dans des
cartes géoréférencées.
1.2.2. Méthodes de traitement et d'analyse des
données
1.2.2.1. Les données qualitatives
Elles portent principalement sur les modalités
d'occupation du sol et la perception que les populations ont de leur milieu de
vie. La somme d'informations des enquêtes semi -
directives ont été dépouillé manuellement et
représenter à l'aide du logiciel Excel version 2007. En
supplément nous avons mis en corrélation certaines variables
qualitatives et ce à partir du khi 2 de Pearson.
1.2.2.2. Les données quantitatives
Elles proviennent principalement des données
météorologiques de précipitation disponible au service
météorologique de douala ; de l'enquête socio -
économique et des données épidémiologiques. Le
traitement statistique de toutes ces données a été
effectué grâce au logiciel Excel en raison de leur volume
relativement bas.
1.2.2.3 Les données de prélèvement
des sols
Les échantillons prélevés ont
été acheminé à Yaoundé 24 heures
après le prélèvement. Une fois au laboratoire ils ont
été pesés, séchés pendant deux jours ensuite
soumis à une étude granulométrique. En
réalité, après avoir été
séché, ils ont été lavés et ressuyés
pendant 6 heures. Ensuite ils ont été tamisés et
pesés, les résultats se trouvent en Annexe. (Le
prélèvement de Tergal, ressuyé ne pesait que 24g, il n'a
donc pas suivi le reste des analyses.)
1.2.2.4 Les données cartographiques
Les différentes cartes qui illustreront ce travail ont
été traitées grâce au logiciel Arcgis 9.2. La
vectorisation du feuillet topographique n°5 IGN a permis de passer les
informations cartographiques du support papier au support numérique.
Cette nouvelle carte géoreférencée puis, projetée
suivant le système de coordonnées UTM (Univers Travers Mercator),
a servi de base de données pour la réalisation du profil
topographique. Les autres cartes de ce travail ont été obtenues
après ajustement des cartes disponibles à la Communauté
Urbaine.
CONCLUSION
En définitive, les différents
paliers du champ théorique que nous avons développé,
permettent de nous situer clairement, dans la mouvance de la réflexion
épistémologique sur les risques d'une part et d'autre part,
par rapport à l'objet même de cette étude. Dès lors,
il ne nous restait plus qu'à préciser notre approche
méthodologique. Notre approche méthodologique consiste à
collecter un ensemble de données sur les faits physiques et humains qui
influencent de près ou de loin les risques hydrologiques dans notre zone
d'étude. Ces données seront exploitées par des techniques
courantes tel que : les techniques quantitatives et qualitatives, les
analyses en laboratoire (pour les sols prélevés), et la
cartographie assisté par ordinateur.
CHAPITRE 2 : INONDATION ET REMONTEE DE
CAPILLARITE : TYPOLOGIE ET ETUDE FACTEURS DES ALEAS
INTRODUCTION
Les aléas hydrologiques peuvent se définir
comme des phénomènes qui émanent des dysfonctionnements de
l'hydrosystème. Les inondations et les remontées de
capillarité constituent les aléas hydrologiques les plus
observés de notre zone d'étude. Ils résultent de la
saturation du milieu en eau de pluie. L'objectif de ce chapitre est
d'étudier le type d'inondation et de remontées de
capillarité afin de mieux les comprendre.
2.1- Les inondations et les remontées de
capillarité : définition et typologie
2.1.1 Définition
L'inondation est une submersion des terres qui en temps
normal ne sont pas submergées (Natech, 2011). En d'autres termes
l'inondation se manifeste par la présence gênante d'un plan d'eau
sur une surface ordinairement exondé.
Les remontées de capillarité quant à
elles, renvoient au cheminement ascensionnel des eaux souterraines vers la
surface (Musy A., Soutter M., 1991).
2.1.2. Les types d'inondation et de remontées de
capillarité
Veyret et al., 2004, distinguent plusieurs types
d'inondation à savoir :
Les inondations rapides : par convention c'est une
inondation dont le temps de concentration des eaux est inférieur
à 12 heures.
Les inondations lentes ou de plaine : Ici la
montée des eaux s'effectue à un rythme lent. Elle est liée
à la fois à des pluies prolongées ; un relief
monotone et des sols perméables.
Les inondations par ruissellement urbain : Elles sont
liées à l'inadéquation des ouvrages d'évacuation
des eaux pluviales et à l'imperméabilisation des surfaces.
Les inondations par torrent ; Elles se produisent
lorsque des cours d'eau chargés dévalent les pentes
La submersion marine : c'est une inondation des zones
côtières liée soit à la rupture d'un cordon dunaire
ou d'une digue, soit à des vagues de fortes amplitudes
entraînées par des glissements sous - marins
L'inondation estuarienne : Elle est due à la
conjonction d'une crue fluviale et de la marée ce qui entraîne le
ralentissement voire le blocage de l'évacuation des eaux.
Les inondations par remontée de la nappe : La
remontée du niveau de la nappe ou remontée de capillarité
peut entraîner des inondations lors des fortes pluies
En ce qui concerne les remontées de capillarité,
nous pouvons distinguer de manière empirique :
Les remontées « out
door » : Elles se produisent sur sol libre, lors d'un
gonflement du niveau des nappes d'eau souterraines.
Les remontées « in door » :
Elles se produisent sur sol bâti, sous la forme courante, elles se
manifestent par une humidification dangereuse des bases du mur jusqu'à
une hauteur maximale 1,50m ; sous la forme prononcée, par contre,
elles se transforment en eaux résurgentes qui se répandent dans
la maison (Planche1, page 42).
Photo 1 : l'humidification des murs par l'effet de
capillarité
Photo 2 : flaque d'eau capillaire « in
door »
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol16.png)
Photo 4 : l'eau de capillarité décape le
mur
Photo 3 : l'eau de capillarité trace un chemin dans
la maison
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol18.png)
Ø Planche 1 : Les
remontées de capillarité « in door »
2.2 Les facteurs d'inondation et des remontées
de capillarité
2.2.1 Les facteurs des inondations
2.2.1.1 Les pluies
Elles constituent le facteur le plus déterminant des
inondations. Car en saison sèche le risque de voir une inondation se
produire est nul tandis qu'il est élevé pendant la grande saison
de pluie (tableau 1 ci-après).
Tableau 1 : Quelques dates marquantes des inondations
dans la zone d'étude
Les dates marquantes des inondations dans la zone
d'étude
|
Août 1971
|
Juillet 1986
|
03 Août 2000
|
Août 2006
|
27 Sept 2011
|
15 Oct. 2011
|
Sources
|
mémoires
|
P.D.U
habitants
|
Journaux
Habitants
Auteurs
|
Habitants
|
Enquête de terrain
|
Enquête de terrain
|
Source : enquête de terrain + autres sources
Cependant l'occurrence des inondations et ne s'effectue
pas systématiquement après une pluie. Fusse - t - elle
abondante.
Au cours des descentes sur le terrain, il nous a
été donné d'observer deux inondations : la
première a eu lieu le mardi 27 septembre 2011 et la seconde le samedi 15
octobre 2011 (Planche 2, page 44)
Photo 2
Photo1
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol19.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol21.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol22.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol23.png)
Photo3
photo4
- de la droite vers la gauche : Photos 1 et 2
inondations du 27 septembre à Nkolmintag ; Photos 3 et 4
inondations du 15 octobre dans le même quartier (2011).
Ø Planche 2 : Inondations
dans le quartier Nkolmintag
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol24.png)
Or, en croisant ces inondations avec la
pluviométrie des mois de septembre et d'octobre 2011 (fig.1, page 44),
on s'aperçoit que les jours de l'inondation ne correspondent pas aux
jours les plus pluvieux.
Hauteur des pluies en mm
Fig. 7 : Pluviométrie (en mm) de septembre et
d'octobre 2011 (source : Douala météo)
Cette figure révèle que la quasi-totalité
des jours du mois de septembre et d'octobre sont pluvieux. Au début du
mois de septembre, après un premier jour sec, s'enchainent 06 jours
consécutifs de pluies. S'amorce ensuite une trêve qui ne dure pas.
Entre le mercredi 21 et le 27 on note le passage intermittent de 02 jours secs
mais immédiatement après le deuxième jour sec on a une
recrudescence des pluies qui va durer 03 jours. C'est donc au petit matin du
troisième jour que se produit l'inondation photographiée
(planche2, page 44).
A en juger par la montée progressive des eaux on
peut dire que l'accumulation des jours pluvieux, marquée par des
séquences de plus d'une semaine, produit un engorgement ou une
saturation des sols et des nappes phréatiques qui entraîne
l'expansion des eaux sur les surfaces exposés du quartier.
La pluviométrie du mois d'octobre et la survenance de
l'inondation sus présentée permet de faire le même
développement. Ici, après deux jours de répit s'ouvre une
longue séquence de 02 semaines arrosées, au cours desquelles aura
lieu l'inondation du 15, aux environs de 8 heures. La hauteur d'eau
tombée ce jour est de 55mm, finalement assez modeste pour
déclencher des inondations.
Il est plausible que la source de danger soit la longueur
des séquences pluvieuses et beaucoup moins le volume d'eau qui s'abat
immédiatement dans la zone d'étude. Il est donc fort possible que
les inondations observées pendant nos enquêtes de terrain n'aient
pas été causées par les eaux tombées fraichement ce
jour mais par des eaux déjà présentes dans le sol :
« si la pluie est bien à l' origine des crues, ce n'est
pas souvent majoritairement l'eau de la pluie qui vient de
tomber... » qui en est responsable (Cosandey, 2003).
2.2.1.2 La crue
Les cours d'eau de la zone d'étude connaissent des
crues en saison pluvieuse. Toutes les crues ne sont pas débordantes, il
peut simplement s'agir d'un rehaussement du niveau des eaux après une
averse. Des sources de terrains appuyées par des articles de journaux
(annexe1) présentent la crue du 03 Août 2000 comme la plus
exceptionnelle. Il faut dire que cette crue a entrainé des inondations
dans la majorité des bassins versants de la ville de Douala. Le
débordement des eaux a atteint près de 6m par endroit.
Outre cette crue de référence, la zone
d'étude est le plus souvent soumise à des crues `'modestes'' mais
non moins responsables des inondations. En effet l'exhaussement des eaux
pendant la crue agit comme une barrière aux eaux de ruissellement, ce
qui ralentit l'évacuation des eaux pluviales. A ce moment si les eaux de
drainage prennent de l'importance une inondation peut se produire.
D'autre part les eaux du cours d'eau peuvent déborder
pendant une averse au point de s'étaler sur une certaine enveloppe du
lit majeur, ceci produit des inondations localisées (photo2,
Planche3 page 55).
Les crues à Nkolmintag se distinguent par une
montée progressive des eaux, qui finissent par remonter les petits
chenaux d'écoulement. Ce qui n'était alors que de minces filets
d'eau traversant le quartier se transforment en de véritables cours
d'eau qui s'étalent sur les routes et dans les maisons. Cette
montée des eaux se produit généralement au milieu de
l'averse et diminue aussitôt quelque temps après. La lame d'eau
stagnante est très souvent de coloration blanchâtre et très
peu chargée de matière en suspension, elle sert quelque fois
d'eau de baignade aux enfants du quartier.
A Nylon, les crues sont rares, les inondations sont
difficilement imputables aux crues débordantes. Lors de la pluie, on
assiste à la naissance spontanée des chenaux d'écoulement
à travers les rues non bitumées du quartier. Ces chenaux, se
nourrissent des eaux pluviales qui cherchent à intégrer le
système de drainage, gonflent et recouvrent des rues.
A Tergal, le réseau de drains est aussi dense que
le quartier est exposé aux crues. Quand il y a une averse les eaux
recouvrent les zones déprimées et la plupart des ruelles
tortueuses. L'empilement des eaux peut atteindre 15 cm à leur niveau
moyen. L'écoulement de ces eaux est plus rapide qu'à Nkolmintag
en raison de la pente.
2.2.2 Les facteurs des remontées de
capillarité
2.2.2.1 La proximité de la nappe
phréatique
Les pluies sont la principale source d'alimentation en eau de
l'hydrosystème souterrain. Autrement dit, l'augmentation du niveau
piézométrique est largement tributaire des pluies, vu que la
nappe phréatique est située à de très faibles
profondeurs. En effet lorsque celle - ci gonfle, elle atteint facilement la
zone non saturée du sol. Dès lors, la présence d'un
conduit poreux fin suffit à faire remonter les eaux à la surface.
Des grandes quantités d'eau peuvent s'exfiltrer pendant l'averse et
même quelques jours après.
2.2.2.2 La porosité du sol
La porosité, c'est le rapport du volume total au
volume vide. Elle dépend du diamètre et de la disposition des
grains. La porosité des couches superficielles du sol conditionne
l'infiltration et
l'exfiltration des eaux. Elle est très
déterminante dans les phénomènes hydrologiques
étudiés. En effet les vides laissés par les grains se
comportent comme des canaux au travers desquels l'eau circule du haut vers le
bas et vise versa. Il existe 4 types de porosité
Ø Lorsque les vides laissés par les grains sont
importants (0,2 à 2mm de diamètre), on parle de macro
porosité, la force de rétention est presque nulle et l'eau
circule librement vers le bas sous l'effet de la gravité.
Ø Lorsque les vides ont un diamètre compris
entre 0,2mm et 6um, on parle de méso - porosité : l'effet de
la gravité se fait moins ressentir et l'eau de drainage souterrain est
moins rapide.
Ø Lorsque les vides mesurent entre 6um et 0,2um de
diamètre on parle de micro porosité. La force de rétention
est très importante et l'eau circule très lentement.
Ø Lorsque les pores sont extrêmement fins, on
parle de porosité matricielle. L'eau est retenue énergiquement.
La gravité n'a plus d'effet et les forces de sussions déclenchent
un mouvement ascensionnel des eaux vers la surface lorsque le sol est
saturé en eau. C'est ce mécanisme qui conduit aux
remontées de capillarité.
Tableau 2 : Ordre de grandeur de l'ascension capillaire
suivant la texture du sol.
Type de sol
Hauteur (en m)
|
Sol sableux grossier
|
0,35 à 0,4 m
|
Sol à sable fin
|
0,70 à 0,80 m
|
Sol limoneux
|
1 à 1,2 m
|
Sol argileux
|
1, 2 à 1,5 m
|
Source : Bertrand R. et Gigou J. (2000)
CONCLUSION
Les quartiers Nkolmintag, Nylon, Tergal constituent un espace
voué à l'occurrence des inondations et des remontées de
capillarité, dans la mesure où les cumuls pluvieux sont
importants. De surcroît les crues sont régulières en saison
de pluie et la nappe phréatique peu profonde. Il importe à
présent d'examiner les processus naturels qui peuvent induire tout
développement dangereux des aléas hydrologiques mis en cause.
Chapitre 3 : ETUDE DE LA SUSCEPTIBILITE COMME FACTEUR
AGGRAVANT DES ALEAS
HYDROLOGIQUES.
INTRODUCTION
La susceptibilité au risque naturel est la
prédisposition ou l'inclinaison d'un lieu à subir une
amplification de l'aléa du fait de ses caractéristiques physiques
(Carrega 2003). La situation littorale de la ville de Douala détermine
une bonne partie ses caractéristiques physiques notamment le climat et
la topographie. Or, avec la croissance démographique rapide
doublée d'une offre foncière et en logement limitée, on
assiste géneralement à une occupation anarchique des bas reliefs.
Il est donc question pour nous d'étudier les composantes
mésologiques des quartiers étudiés et leurs influences sur
les phénomènes mis en cause.
3.1 La contribution du relief et des
précipitations à l'occurrence des inondations et des
remontées de capillarité
3.1.1 Un relief monotone
Le relief de la ville de Douala est marqué par deux
grands ensembles : d'un côté on a de vigoureux interfluves
argileux sableux et de l'autre des bas fonds marécageux
(Kuété M., 2005). Notre zone d'étude est une
étendue marécageuse, aujourd'hui urbanisée. En effet,
l'espace étudié marque le point de rupture entre le plateau Bassa
et les basses terres du Sud - Est de la ville. Cette démarcation
s'effectue à travers un front de dénivellation, qui varie de 15
à 35 m de haut d'est en ouest. La dénivellation laisse place
à une étendue de terres déprimées au relief
monotone en allant vers le sud (fig. 8, page 49).
Ce qui frappe sur le terrain c'est la platitude du relief. Il
s'agit décidément d'une micro-plaine drainée par des cours
d'eau de faible importance. Toutefois l'analyse du feuillet N°5 de la
carte topographique de Douala IGN (1962), qui a servi à la
réalisation du modèle numérique de terrain permet de
relever quelques petites nuances de relief selon les quartiers.
A Nkolmintag, les altitudes de terrain varie de 1 à 8
m. Les courbes de niveau sont dans l'ensemble très
relâchées ce qui donne un profil sensiblement linéaire,
où se distinguent difficilement des pentes. Compte tenu de la platitude
de ce bas relief, les eaux débordantes ont tendance à stagner sur
les surfaces inondées.
A Nylon, le relief est tout aussi linéaire. Le point
le plus élevé est à 8,4m et le plus bas à 1m.
L'altitude maximale s'observe vers la lisière ouest à
proximité de l'autoroute de l'aéroport. Tandis le point le plus
bas se trouve à l'extrémité sud - Est à la
confluence des cours d'eau qui drainent le quartier. Le reste est une
étendue plane interrompue par endroit des monticules de remblais.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol25.png)
A Tergal, le relief est légèrement
différent car, on remarque dans la partie nord-est un versant
surélevé qui peut atteindre les 40 m de hauteur. Ce versant est
le prolongement Est de la ligne d'escarpement sus évoquée (Mbassi
Elong, 1972). Toutefois, nous nous intéresserons uniquement à la
partie en aval, affaissée, nivelée, et sujette aux inondations et
aux remontées de capillarité. Il est évident que la
configuration de ce relief entraine une mobilisation rapide des eaux de pluies
vers l'aval susceptible de créer des phénomènes
hydrologiques extrêmes.
Source : CUD + travaux de terrain 2011
Fig. 8 : Les courbes
de niveau de la zone d'étude
3.1.2 Les pentes un facteur de stagnation des eaux
En ce qui concerne les pentes, les séquences
topographiques que nous avons étudiées montrent qu'elles sont
très faibles, même si le quartier Tergal se distingue par sa forte
déclivité dans la partie Nord (la dénivellation est de 40
m). À Nkolmintag et à Nylon la platitude du relief adoucit
considérablement les pentes d'où leur inclinaison d'environ 2%.
C'est pourquoi lors des abats pluvieux l'onde de crue se propage très
lentement, le niveau du cours d'eau monte progressivement jusqu'à
envahir le lit majeur et les habitations qui s'y trouvent. De l'autre
coté, à Tergal les choses sont assez différentes sur les
50 premiers mètres nord sud de la ligne de faille on a une pente qui
suit une inclinaison de 45°. Ensuite elle diminue sensiblement
jusqu'à devenir sensiblement nulle sur les 100 derniers mètres
(fig.9, page 51). Ce paramètre influe sur le comportement des eaux de
ruissellement car celles-ci dévalent la pente et arrivent avec une
grande célérité vers l'aval. Ainsi, pour une même
averse, le temps de réponse (temps nécessaire au
déclanchement du ruissellement de l'eau de pluie) à Nkolmintag et
Nylon est différé de quelques secondes par rapport à celui
de Tergal. Toutefois la vitesse de propagation de l'onde de crue reste en
général faible.
En définitive la disposition du relief, la faible
déclivité des pentes, la topographie plane du site sans oublier
le drainage et la nature des sols prédisposent notre zone d'étude
aux phénomènes d'inondation et de remontées de
capillarité.
3.1.3 Des précipitations abondantes
La ville de douala a un climat de mousson Atlantique (Suchel
B., 1988). Ceci dit l'étude de la répartition saisonnière
des précipitations est un paramètre à prendre en compte
dans la compréhension des aléas mis en cause.
Les donnés pluviométriques mensuelles de
1960 à 2008 collectées auprès du service
météorologique de la région du littorale et
mesurées à la station de P.K 30 (Douala), nous ont permis
d'élaborer un régime pluviométrique moyen (Fig.9 page
51)
Hauteur des pluies en mm
Mois
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol26.png)
Fig. 9 : Régime pluviométrique moyen (en mm)
de 1960 à 2008 (Source : Douala météo)
Le régime pluviométrique obtenu, permet
d'isoler deux périodes fortes qui coïncident elles - même
avec les « temps forts » des phénomènes
naturels étudiés. Il s'agit de la période d'indigence
pluviométrique et de la période de prodigalité des
pluies.
La première période qui va de novembre à
février correspond, à la saison sèche. Elle se
caractérise par une diminution drastique des abats pluvieux. Les pluies
qui tombent alors sont peu efficaces, au sens hydrologique du terme, et leur
incidence sur les inondations et les remontées de capillarité est
négligeable.
La deuxième période, va de mars à octobre
et marque le début de la saison de pluie. Elle démarre
statistiquement selon le critère agroclimatique le 9 mars (Tchiadeu G.,
2010). Toutefois, il serait intéressant de distinguer à
l'intérieur de cette période une « petite »
et une « grande » saison de pluie.
La « petite saison de pluies » va de Mars
à juin. A ce moment les pluies qui arrivent sont
précédées de vents violents, elles sont battantes et de
courtes durées. Ces pluies amorcent la recharge des nappes
phréatiques. Dès lors la sensibilité du milieu aux pluies
ultérieures est alors accrue.
La « grande saison de pluies »
s'étale de juillet à octobre, c'est la période du
règne de mousson S.S, magnifiée par des pluies
journalières régulière et incessante :
« ces jours de pluies qui, certaines années se
succèdent sans interruption pendant des semaines et des mois et tendent,
en fait, à se présenter comme une alternance de séquence
fortement ou faiblement pluvieuse » (Suchel B., 1988). Le total
des précipitations de cette saison sur notre série est de 2457.36
mm soit plus de deux tiers du total annuel. Une telle alimentation en eau n'est
que de nature à mettre à rude épreuve le système de
drainage existant.
3.2 La contribution des cours d'eau et des sols
à l'occurrence des phénomènes étudiés
3.2.1 Un drainage assez dense
3.2.1.1 Présentation générale des
cours d'eau
De manière générale, la zone
d'étude se situe dans la partie aval du bassin de la Mgoua. Son niveau
de base est le fleuve Wouri. Ce cours d'eau arrose notre zone d'étude
par le biais de trois chenaux d'écoulement : le Casino, le Picasso,
et le Lébipaga (qui signifie rivière des carpes en Ewondo) (fig.
10, page 53). De nos jours ils ont perdu leur richesse biologique et la plupart
des espèces animales exploitables ont disparu à cause de la
pollution permanente des eaux. Pendant la « grande saison de
pluies » (juillet à octobre), ces cours d'eau regagnent leur
vitalité et ont tendance à reconquérir leur espace de
liberté. L'espace de liberté pouvant être défini
comme « l'espace du lit majeur à l'intérieur duquel
le ou les chenaux fluviaux assurent des translations latérales pour
permettre une mobilisation des sédiments ainsi que le fonctionnement
optimum des écosystèmes fluviaux et terrestre »
(Epteau et Al., in Lagarnier R., 2003).
En effet, pendant les pluies, certaines crues se
caractérisent par un exhaussement de la lame d'eau qui envahit les rives
en aggravant les inondations. Il devient donc primordial de comprendre le
fonctionnement de ces cours d'eau si on veut élucider la
prégnance des inondations et des remontées de capillarité
dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol29.png)
Picasso
Casino
Lebipaga
.
Source : CUD + travaux de terrain 2011
Fig. 10 : carte des principaux drains
de la zone d'étude
3.2.1.2 La longueur des drains
Lors de l'étude de factibilité de la
restructuration de la zone Nylon menée par le cabinet Halcrow et Fox
(1980) les longueurs des drains ont été mesurées. Par
défaut d'instrument de mesure nous avons décidé de
travailler avec ces mêmes longueurs sachant que certains drains ont pu
être recalibré, mais sans impact majeur sur leur longueur.
Ainsi le 1er drain qui marque la limite naturelle
entre le quartier New - Bell et Nkolmintag portant le référent de
« Casino » mesure près de 880 m de long et
s'écoule du Nord - Ouest au Sud - Est. Le 2nd drain
appelé le « Picasso » traverse le quartier
Nkolmintag, mesure environ 550m de long et s'écoule suivant la
même direction que le précédent. Le 3ème
drain le « Lébipaga », sépare les quartiers
Nylon et Tergal (carte 3 ci-dessus). Son bras gauche traverse le quartier Nylon
au lieu dit « Foyer Bangou ». Il a la même
longueur que le drain précédent et s'écoule du Nord au
Sud. Tous ces drains sont collectés par le Mgoua à hauteur du
quartier Brazzaville. Les eaux prennent leur source sur le plateau Bassa (25
à 30 m) et drainent un petit bassin versant de 158 ha. Leur action
érosive s'applique autant sur le fond du lit que sur les flancs du cours
d'eau, elle est très intense pendant la période des crues en
saison pluvieuse.
3.2.1.4 Le lit des drains et la hauteur de la lame
d'eau
Pour obtenir les données de la largeur du lit majeur,
du lit mineur et de la hauteur de la lame d'eau, nous avons effectué des
mesures directes au mois de Mars sur le drain Casino, le drain Picasso, le
drain Lebipaga à l'aide d'un mètre ruban. Les mesures
réalisées en aval du drain Casino donnent une hauteur moyenne de
la lame d'eau de 9 cm, sur une section de 5m. Et une largeur maximale du lit
mineur de 1,30m et 5,90m pour le lit majeur. Quant au Picasso les mesures
ont été prises à l'amont où nous avons obtenu une
hauteur moyenne de la lame d'eau de 6 cm, sur 5 m ; pour un lit mineur de
1,90m de large et un lit majeur de 6m. Enfin, pour le Lébipaga, les
mesures ont été effectuées juste quelques mètres
avant qu'il ne rejoigne le quartier Brazzaville, nous avons enregistré
une hauteur moyenne de la lame d'eau de 4 cm sur 5 m, avec un lit mineur de
1,20m de large et un lit majeur de 5,50m.
Avec le phénomène d'urbanisation anarchique le
lit majeur des cours d'eau est parfois occupé ou obstrué par les
populations (planche3, page 55). Lors des crues majeures, le cours d'eau
reconquiert son espace de liberté entrainant des inondations assez
localisées et de moindre importance. Le lit mineur pour sa part est
l'arène où s'observe le dépôt des sédiments
transportés. Ce processus aboutit au rétrécissement du
chenal d'écoulement qui ralentit la vitesse d'écoulement des
eaux.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol30.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol31.png)
Photo1 : Maison construite sur un drain
photo2 : la reconquête de l'espace occupé par les eaux
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol32.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol33.png)
Photo3 : Sacs remplis de sable, un dispositif anti-crues
photo4 : Bouteilles usagers qui obstruent un drain
Planche 3 : Urbanisation
anarchique et occupation du lit des cours d'eau
La profondeur de l'eau qui s'écoule est
étroitement liée aux précipitations. Elle diminue
considérablement en l'absence de pluie, mais augmente de manière
exponentielle pendant une averse, au point de regagner lit majeur (photo2 de la
planche3). Cette forte variation de la hauteur des eaux met à rude
épreuve le système de drainage.
3.2.1.5 Les débits
Le débit représente le volume d'eau qui
s'écoule dans un cours d'eau ou un fleuve en un point donné en
mètre cube par seconde (m3/s.). Il est tributaire de la
pente, du rythme des précipitations et des conditions
atmosphériques. A partir des données sus-jacentes nous avons
calculé, à partir de la formule hydraulique classique: d =
l*h*d - où (l) est la largeur du lit ; (h) la hauteur de la
lame d'eau et (d) la distance de la section d'écoulement des eaux - les
débits de base ou normaux de la zone d'étude au mois de Mars. Il
ressort que :
Le Casino possède un débit de base de 0,26
m3/s ; celui du Picasso est de 0,57m3/s enfin pour
le Lébipaga on a 0,87m3/s. Ces modestes débits de base
du mois de Mars signifient qu'à cette période précise
l'éventualité d'une crue débordante est peu probable. Dans
ce cas les débits instantanés sont plus significatifs.
Les débits instantanés se calculent lors d'une
crue. Parmi les méthodes qui permettent d'effectuer ce calcul nous avons
retenu la méthode de jaugeage aux flotteurs, car elle est
simple à effectuer, pratique et recommandée en l'absence d'un
outillage adéquat ; elle est néanmoins imprécise
(Cosandey, 2003). Lors du calcul des débits instantanés des cours
qui nous intéressent nous avons obtenu : 7,434 m3/s pour
le Casino ; 5,04 m3/s pour le Picasso ;
13,44 m3/s pour le Lebipaga.
Ces débits peuvent sembler dérisoires
comparés à ceux des grands fleuves. Mais beaucoup moins si on
considère l'écart entre le débit de base et le
débit de pointe (instantané). Cette dynamique saisonnière
des cours d'eau amène parfois les populations à occuper le lit
majeur, moyennant de graves désagréments en cas de crue
débordantes
Tableau 3: Fiche d'identité des drains de la zone
d'étude.
caractéristiques
Drains
|
Longueur (m)
|
Pente (0)
|
Largeur du lit mineur (m)
|
Largeur du lit majeur (m)
|
Profondeurs
de la lame
d'eau (cm)
|
Débits (m3/s)
|
Casino
|
880
|
2
|
1,3
|
5,9
|
9
|
7,434
|
Picasso
|
550
|
2
|
1,9
|
6
|
6
|
5,04
|
Lébipaga
|
550
|
60
|
1,2
|
5,5
|
4
|
13,44
|
Source : enquête de terrain 2010
Il faut dire que ces cours d'eau subissent des modifications
continuelles : dans un premier temps du fait de leur mobilité dans
un deuxième temps par les acteurs territoriaux. Ces cours d'eau sont
largement mis en cause dans le phénomène d'inondation. Quelques
fois des opérations qui visent à réduire leur
capacité de nuisance sont réalisés (curetage,
déguerpissement, nettoyage...). Actuellement ceux - ci sont
rétrécis, dénaturés et dépourvus de toutes
richesses faunistiques. Interrogé sur le Lebipaga, le chef du quartier
Tergal répond : « ce cours d'eau était
beaucoup plus grand, les pirogues y circulaient et les femmes du quartier,
à l'aide des nasses y péchaient du poisson». De ce
cours d'eau, il ne reste qu'une mince lame d'eau qui se fraie difficilement un
chemin dans son lit encombré. La perte de vitalité de ce cours
d'eau pousse les populations à occuper son lit inondable.
3.3 Analyse des sols de la zone d'étude
Le vaste bassin géologique de Douala, est
entouré d'un socle continental en forme de voûte qui tranche avec
les accumulations sédimentaires de l'estuaire du Wouri (fig4, page 58).
Cette accumulation est de près de 8000m de profondeur au niveau de Kwa
Kwa (Chiarelli A., 1973).
La mise en place de cette série stratigraphique aurait
débuté il y a 180 millions d'années. Bien qu'il existe des
périodes géologiques lacunaires, le processus se serait
déroulé normalement jusqu'à la période la plus
récente du mio - pliocène (Chiarelli A., 1973). Il faut dire que
l'hydrodynamisme superficiel ou souterrain, amplifié par la
pluviométrie, et la position estuarienne de Douala participent à
l'empilement de nouvelles couches sédimentaires sensibles aux
activités humaines (Zoning A., 1983)
3
3
1 Formation des sols du bassin de Douala
Le bassin géologique de Douala présente une
succession de couches disposées en demi - croissant allant de la bordure
méridionale aux échancrures littorales du socle, lui-même
orienté nord ouest - sud et constitué de roches volcaniques.
La série géologique en question s'est
constituée au fil des ères géologiques dont la plus
ancienne est le crétacé et la plus récente le
pléistocène (Chiarelli A., 1973). Elle laisse apparaître
du bas vers le haut : une strate de grès de base, des calcaires
gréseux, des argiles schisteuses à intercalation de
grès ; Suivi des grès marneux, des marnes noires, des sables
fluviatiles et des limons typiques littoraux propres à la ville de
Douala (Zoning A., 1973). Il s'agit donc des sols essentiellement
sédimentaires, peu consolidés.
3
3.2 Nature des sols de la zone d'étude
Le Toponyme « Nylon », que porte la
grande zone à laquelle appartient notre zone d'étude, vient de la
réaction des sols face aux eaux de pluies. En effet, les premiers
habitants du quartier nylon, précisément le chef de la
communauté bassa Biteck Emmanuel, aurait constaté qu'après
une averse les sols laissaient couler de l'eau comme des fibres
synthétiques (Roumy M., 1973).
En ce qui concerne la structure du sol, un sondage
réalisé au pénétromètre statique par une
équipe du Labogenie au lieu dit Barcelone dans le quartier Nylon donne
le résultat suivant
m
0,00
0,5
A (zone évaporation)
0,8
B (zone d'infiltration)
1,40
C (zone d'aération)
3,25
D (zone de saturation)
A et B: remblai fait de sable
argileux rougeâtre et quelques quartz roulés ; C :
sable fin gris ; D : argile sableuse grise.
Fig. 11 : Coupe schématique du sol de nylon au
lieu dit Barcelone (source : Labogenie 1982)
Avant toute analyse, cette coupe qui n'est valable qu'au
lieu du sondage est assez révélatrice du contexte
pédologique de cette étude.
La couche A ou zone d'évaporation, est la partie
superficielle du sol qui reçoit directement l'eau de pluie. Elle
régente les mouvements verticaux des eaux. L'infiltration vers les
couches sous- jacentes est largement tributaire de sa
perméabilité (Cosandey, 2003). C'est une zone de
prélèvement par évaporation mais en même temps elle
assure une réserve hydrique et une réserve hygrométrique
(portion d'eau liée autour des grains). La réserve hydrique est
le stock d'eau utilisable par les plantes lors des déficits
pluviométriques. Cette couche n'a qu'une épaisseur de 0,5m au
lieu dit Barcelone et la masse d'eau qu'elle mobilise ne peut être
utilisée par défaut de végétation. Par
conséquent, en saison de pluie cette réserve d'eau
inutilisée, gonflée de l'élévation du niveau
piézométrique provoque un engorgement du sol. Ce qui augmente la
susceptibilité du site aux phénomènes hydrologiques
étudiés.
La couche C ou zone d'aération se situe, quant
à elle, à l'interface entre la zone d'évaporation et de la
zone de saturation. Son épaisseur, au lieu dit Barcelone, est de 0,6m.
C'est une structure de transit qui assure les déplacements verticaux des
eaux infiltrées. Sa teneur en humidité est quasi constante et ne
varie que lors des précipitations (Cosandey, 2003). C'est la zone
où s'effectue le battement saisonnier du niveau de la nappe. Lorsque le
toit de celle - ci est à son plus haut niveau (0,5 m), les
phénomènes hydrologiques étudiés sont susceptibles
de se produire, en cas d'évènement pluvieux. Mentionnons
également que le séjour de l'eau qui percole à travers
cette section dépend de la superficie totale des grains ou surface
spécifique, qui elle - même varie selon le diamètre de ces
grains. Ainsi les grains sont-ils d'autant plus grossiers que la
capacité de rétention de cette partie du sol est faible. Par
conséquent les eaux y circulent facilement. Le niveau de la nappe dans
la zone d'aération est un révélateur pertinent de
l'imminence des phénomènes hydrologiques extrêmes qui nous
intéresse, dans la mesure où la hauteur d'eau
précipitée ne représente un danger qu'à partir du
moment où elle ne peut être drainée ni stockée.
La zone de saturation pour sa part abrite en permanence la
nappe d'eau libre. Elle se trouve juste en dessous de la zone d'aération
à partir de 1,4 m (à Barcelone). En effet c'est le lieu de
stockage des eaux d'infiltration (saison pluvieuse) ou de percolation (saison
sèche). Sa limite inférieure dénote la présence
d'une surface imperméable. L'eau contenue dans cette zone circule
horizontalement pour ravitailler les cours d'eau et les puits. Dès lors
cet écoulement très important en saison pluvieuse augmente le
débit des cours d'eau, pouvant alors générer les
inondations. Dans le même ordre d'idée, compte tenu de la faible
profondeur de la zone de saturation, lorsque le volume de la nappe d'eau est
à son maximum, elle sature les horizons supérieurs et
empêche les infiltrations. A ce moment les eaux de pluies peuvent soit
stagner comme à Nkolmintag, soit ruisseler rapidement comme à
Nylon et Tergal pour achever leur course dans les cours d'eau qui serpentent
ces quartiers.
3.3.3 La Granulométrie des sols de la zone
d'étude
Les données granulométriques ont
été obtenues à partir de l'analyse en laboratoire des
échantillons de sol prélevé sur le terrain.
La granulométrie des sols tient une place importante
dans la mécanique d'infiltration et d'exfiltration des eaux, qui agit
à son tour sur l'intensité des phénomènes
hydrologiques étudiés.
L'analyse en laboratoire des échantillons
prélevés a donné les résultats contenus dans le
tableau4 ci- après
Tableau 4: Valeurs des pesés de chaque
échantillon de sol
|
Poids brut
|
Poids séché
|
Poids séché et tamisé
|
Nkolmintag
|
200g
|
168g
|
100,9g
|
Nylon
|
200g
|
115,20g
|
18,57g
|
Tergal
|
200g
|
12g
|
0g
|
Source : laboratoire de géomorphologie de
l'université de Yaoundé I (2010)
Ce premier résultat permet de constater que la masse
d'eau contenue dans le sol de Nkolmintag est d'environ 32g contre 84,80g pour
Nylon et 188g pour Tergal.
Tableau 5: Fiche granulométrique de sols
tamisés.
Diamètres en (mm)
|
<0,040
|
0,040 à 0,080
|
0,1 à 0,2
|
0,25 à 0,5
|
0,6 à 0,8
|
1 à 2
|
Masse (g) Nylon
|
0
|
3,65
|
7,02
|
4,02
|
0,98
|
0,82
|
Masse (g) Nkolmintag
|
0,01
|
13,02
|
23,11
|
34,8
|
17,74
|
19,67
|
Nature des particules
|
limons
|
Sable très fin
|
Sable fin
|
Sable moyen
|
Sable grossier
|
Sable très grossier
|
Source : laboratoire de géomorphologie de
l'université de Yaoundé I (2010)
Le tableau ci-dessus nous donne la proportion des types de
particules présentes dans chaque échantillon. Il indique que les
sols de cette zone sont de nature hydromorphes à hauteur des lieux de
prélèvement. Le sol de Nkolmintag est surtout constitué de
sables moyens tandis qu'à Nylon les sables fins prédominent. Ces
caractéristiques ont une incidence sur la perméabilité et
la porosité des sols, sont sans doute impliquées dans
l'occurrence des inondations et des remontées de capillarité.
La perméabilité c'est la capacité d'un
sol à laisser circuler un liquide, c'est donc la valeur du flux d'eau
qui traverse le sol. Elle s'exprime en m/s. Elle ne se mesure que lorsque le
sol est saturé. La perméabilité d'un sol dépend de
sa granulométrie et de sa porosité. Elle est décrite par
la loi expérimentale de Darcy (Bertrand R., et Gigou J., 2000):
k = d/si où d : débit de
l'eau au travers d'une colonne (s) sous un gradient (i)
k : coefficient
perméabilité
Cette formule permet de déterminer un coefficient de
perméabilité lorsque le sol est saturé et la
température des eaux souterraines constantes. Connaissant leur nature,
le coefficient de perméabilité des sols de la zone
étudiée peut être déduit à partir du tableau
suivant proposé par Costany in cosandey 2003.
Tableau 6 : Quelques valeurs du coefficient de
perméabilité de Darcy (d'après Costany, 1967)
Nature du matériau
|
Argiles
|
limons
|
Sables fins
|
Sables grossiers
|
Sables très grossiers
|
k (m/s)
|
< 10-9
|
1,8, 10-7 à
66,10-7
|
1,8. 10-5 à
7,3.10-5
|
2,9.10-4 à
6,4. 10-4
|
1,8. 10-3 à
7,3. 10-3
|
Degré de perméabilité
|
Nulle
|
Médiocre
|
Médiocre
|
Bonne
|
Bonne
|
Type de formation
|
Imperméables
|
Semi- perméables
|
Semi- perméables
|
Perméable
|
Perméable
|
Source : Cosandey (2003)
Au regard de la relation entre la granulométrie et la
perméabilité, que présente ce tableau et les
résultats de notre analyse granulométrique nous pouvons conclure
que la perméabilité de la zone d'évaporation est bonne
à Nkolmintag et médiocre à Nylon. Ceci dit, après
une averse l'eau va immédiatement disparaître à la surface
du sol de Nylon, comme s'il était recouvert d'une paroi filtrante,
à l'inverse elle aura tendance à s'infiltrer grandement à
Nkolmintag créant des points de stagnation des eaux, une saturation
précoce du sol. Logiquement les inondations seront plus marquées
à Nkolmintag.
3.3.3 - Le rôle des sols dans l'occurrence des
phénomènes hydrologiques étudiés
Les résultats du sondage au
pénétromètre statique et de l'analyse
granulométrique sus-présentés, permettent d'établir
la relation entre l'eau et les sols étudiés. Il faut dire que
cette relation est très déterminante dans la survenance des
inondations et des remontées de capillarité.
En considérant le sondage au
pénétromètre statique on peut constater, au lieu de
l'essai, la faible épaisseur des couches géologiques,
spécialement la couche B (fig.11, page 58). A l'évidence, la
capacité d'absorption de ces couches est réduite,
indépendamment de leur perméabilité. Autrement dit pendant
l'évènement pluvieux l'infiltration de l'eau se trouve
limitée, ce qui induit des excès d'eau pouvant être
responsables des inondations et/ou des remontées de
capillarité.
Pour ce qui est de l'interprétation des
résultats de l'analyse granulométrique, il ressort que les sols
sont assez hydromorphes (tableau 5, page 60), d'où leur
sensibilité aux apports hydriques pluvieux. Par ailleurs les
caractéristiques de perméabilité et de porosité
vérifient, à un certain degré, la production des
phénomènes hydrologiques incriminés dans cette
étude.
En effet, les sols de Nkolmintag et de Nylon ont
respectivement une perméabilité bonne et médiocre (tableau
7 page 63). En raison de ces degrés de perméabilité, il se
trouve qu'après une averse à Nkolmintag, le sol se sature et
empêche l'infiltration. Les eaux s'amassent alors à la surface et
s'écoulent difficilement (à cause de la nullité des
pentes), stagnent dans les rues et inondent les édifices. A Nylon le
scenario est un peu différent. Ici, l'étale d'eau qui se forme au
cours de l'averse à tendance à disparaitre rapidement. Ce qui
traduit une bonne faculté de ressuyage de ce sol.
Les remontées de capillarité se manifestent dans
la zone d'étude à cause du type de porosité. En
réalité pour qu'il y ait remontée de capillarité,
il faut que l'espace vide du sol forme des canaux de diamètres
extrêmement fins pour permettre l'ascension des eaux, sous l'effet des
forces de sussions. Ce phénomène s'observe lorsqu'on place une
mèche dans du pétrole lampant. Les remontées de
capillarité « in - door » (c'est - à dire
à l'intérieur de la maison) qui nous intéressent sont
amplifiées par l'affleurement de la nappe phréatique et l'effet
de l'ombre. L'effet de l'ombre est le maintient de l'humidité du sol par
obstruction des rayons lumineux par les constructions. Dans ce cas, les
excès d'eau ne pouvant être prélevés par
évaporation remontent sous forme visible ou invisible (planche 2, page
44).
Au demeurant, les inondations dans la zone d'étude sont
fortement liées au caractère hydromorphes des sols,
ajouté à de faible capacité des drains chargés de
l'évacuation des eaux de pluie. Les remontées de
capillarité tiennent simplement du type de porosité des sols. On
ne saurait évacuer l'effet du peuplement qui est responsable de
l'imperméabilisation des surfaces, de l'occupation du lit majeur voire
mineur des cours d'eau et des remblais qui modifient la mécanique des
sols.
Par ailleurs nous avons tenté de déterminer le
seuil d'infiltrabilité des sols étudiés, qui pour nous
représente le volume potentiel d'eau qu'un sol peut recueillir dans ses
structures inférieures lors d'une séquence d'infiltration des
pluies. En nous appuyant sur l'évolution de la vitesse d'infiltration au
cours du temps sur sol sec (annexe 3), nous avons pu établir
mathématiquement que : pour atteindre le seuil
d'infiltrabilité dans notre zone d'étude, il suffit de 10cm d'eau
tombée au bout de 3h, au cours de la saison de pluie. Or il est
établit que les pluies de récurrence de 25 ans dans la ville de
Douala dépassent largement ce seuil (P.D.U). Ceci dit pour les pluies de
cette récurrence on est en droit de s'attendre à une saturation
complète des sols, susceptible de provoquer les inondations graves et
les remontées de capillarité soutenues.
Tableau 7 :
caractéristiques des sols de la zone d'étude.
|
Profondeur
|
Texture
|
Degré de perméabilité
|
Porosité
|
Nylon
|
3,25m
|
Sablo- limoneuse
|
Médiocre
|
Méso- porosité
|
Tergal
|
/
|
argileuse
|
Médiocre
|
Micro- porosité
|
Nkolmintag
|
/
|
Sablo- limoneuse
|
Bonne
|
Macro- porosité
|
Source : enquête de terrain (2010)
Il faut dire que les sols sur lesquels nous avons
travaillé ont été modifiés par l'urbanisation,
notamment par les remblais et l'imperméabilisation de certaines
surfaces. Notre analyse tient implicitement compte de ces paramètres et
permet de dresser une carte de susceptibilité de la zone aux
phénomènes étudiés (fig. 12, page 64).
Madagascar
Brazzaville
Nkoulouloun
Kilomètre 5
New-Bell nouveau terrain
Centre industriel Bassa
Oyack
Limite des quartiers
Nylon
Tergal
Nkolmintag
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol41.png)
Source : CUD + travaux de terrain 2011
Fig.12 :
susceptibilité de la zone d'étude aux risques
hydrologiques
CONCLUSION
La combinaison de ces différents éléments
du milieu naturel fait de notre zone d'étude une zone
écologiquement fragile, encline aux catastrophes liées à
la concrétisation des phénomènes hydrologiques
étudiés. D'ailleurs lorsque la ville s'y est étendue,
c'était un vaste marécage déclaré impropre pour
l'habitation par L'O.M.S (Baron C. 2003). Aujourd'hui l'homme n'a pas seulement
occupé ce milieu il l'a profondément modifié. Pourtant les
réalités climatiques, pédologiques et hydrologiques
continuent de favoriser des inondations par saturation du sol et les
remontées de capillarité. On peut donc se demander quels sont les
facteurs qui expliquent le peuplement de cette zone et surtout quels sont les
enjeux mis en péril ?
Chapitre 4 : LES FACTEURS ET LES ELEMENTS DE
VULNERABILITE DANS LA ZONE D'ETUDE
INTRODUCTION
L'étude du milieu physique nous a
révélé que la zone étudiée était peu
propice au développement de l'habitat. Il s'agit donc a priori
d'un milieu naturel répulsif. Curieusement le phénomène
urbain s'y est répandu et de manière anarchique. En effet, les
populations qui occupent cet espace s'exposent aux phénomènes
hydrologiques étudiés. Aussi doit-on étudier les processus
qui ont conduit à cette exposition et établir les dommages
possibles d'une catastrophe afin de pouvoir établir les composantes
majeures de la vulnérabilité des populations de notre zone
d'étude.
4.1 Les facteurs de vulnérabilité dans la
zone d'étude
Il est question de tous les faits : historiques,
économiques et sociaux qui ont conduit à l'occupation de la zone
d'étude et donc à l'exposition permanente des populations aux
inondations
4.1.1 Les facteurs économiques
4.1.1.1 Le mirage économique de la ville de
Douala
Après les années 1945, on assiste à
Douala à la reprise du trafic maritime et à des
réalisations du plan Dorian, qui se traduisent par le lancement de
nombreux chantiers d'intérêt public (extension du port,
construction des routes, du pont rail-route). Il va sans dire que ce
rayonnement économique de la ville de Douala va polariser d'importants
flux migratoires nationaux et internationaux (Dizian R., Cambon 1962). Par
ailleurs le déferlement d'une importante partie de cette vague
migratoire aura lieu à New - Bell. De fait le seuil
d'habitabilité sera très rapidement atteint. Cette pression
démographique étire le tissu urbain dans la direction du sud-est,
d'où la naissance des quartiers Nkolmintag, Nylon, et Tergal (Mainet G.,
1985). C'est au cours de cette extension spatiale peu contrôlée
que ces quartiers précaires vont naitre. Ils deviendront ensuite un
bassin de peuplement, pour des populations qui recherchent des conditions de
vie favorables. Ce schéma va presque se reproduire lors de la crise
économique du début des années 80.
La majorité des Etats africains y compris le Cameroun
ont connu entre 1985 et 1995 un marasme économique sans
précédent cette période de dépression de
l'économie Camerounaise sera marquée par :
« L'âpreté des mesures de stabilisation et
d'ajustement [.....] À la suite de deux baisses successives des salaires
des agents de l'Etat et du réalignement monétaire de janvier 1994
(dévaluation du franc CFA) l'on a assisté à l'expansion de
la pauvreté surtout en milieu urbain » (Dzalla G., 2000).
La ville de Douala déjà perçue comme un
eldorado : « Depuis plus de vingt-cinq ans, l'attrait
exercé sur les ruraux par ce « paradis » urbain
a été constant et continu » Franqueville A.
(1980), est alors la destination prioritaire des migrants venant tous azimut et
qui veulent échapper à la morosité économique du
moment.
Tableau 8 : Evolution de la population dans la ville de
Douala et de l'occupation des surfaces dans la Zone d'Etude (ZE).
Années
|
1955
|
1964
|
1976
|
1980
|
1990
|
2005
|
Population de Douala
|
113 000
|
196 000
|
458 000
|
612 000
|
1 204 000
|
1 612 923
|
Occupation des surfaces dans la Z.E (ha)
|
/
|
87
|
153
|
170
|
174
|
176
|
Source : PDU et enquête de terrain
Des lignes qui précèdent il ressort que cette
crise a conduit à une forte concentration des populations et à
une densification des habitations dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et
Tergal.
4.1.1.2 le revenu des chefs de ménage
enquêtés
Les `'income'' des chefs de ménage varient en
fonction de leur emploi. Le récapitulatif des enquêtes de terrain
donne le tableau suivant :
Tableau 9: Estimation des revenus des chefs de ménage
par rapport à l'activité exercée.
Profession
|
Revenu mensuel (en F.cfa)
|
Effectifs %
|
Employé d'Etat / du Privé
|
[100 000 - 110 000[
|
07,20
|
Commerçant
|
[65 000 - 75 000[
|
37,02
|
Maçons / Menuisiers
|
[60 000 - 70000[
|
09
|
Chauffeurs
|
[45 000 -55 000[
|
15,85
|
Agent de sécurité
|
[40 000 - 50 000[
|
13,02
|
Coiffeur / Couturier
|
[35 000 - 45 000[
|
09,45
|
Sans emploi fixe
|
[20 000 - 30 000[
|
18,37
|
Source : enquête de terrain 2010
Ces résultats sont à prendre avec beaucoup
de circonspection car le revenu ne peut être mesuré exclusivement
à partir du revenu mensuel brut, il devrait également
intégrer l'aide familiale, les tontines, les emprunts. S'ajoute le fait
que la question sur le revenu est assez intrusive voire embarrassante et
suscite parfois des réponses peu péremptoires. Bien que les chefs
de ménage aient été interrogés sur le sujet par le
biais d'une question orientée, ils avaient tendance à choisir des
revenus minimaux pour faire valoir leur situation de précarité,
mieux encore celle des personnes en détresse qu'il faut urgemment
secourir. En dépit de cette hypothétique distorsion entre les
déclarations de revenu des chefs de ménage et la
réalité des faits, l'enquête révèle que 72%
des revenus sont plus élevés que le S.MI.C qui est de près
de 28.000 F.
4.1.1.3 Le prix des terrains et du logement dans la
zone d'étude
La valeur marchande des terrains dans les quartiers
étudiés est actuellement d'environ 2000 FCFA/m² contre 900
FCFA/m2 dans les années 1960. Cette fluctuation des prix se
justifie d'abord par la mutation des conditions du milieu physique et par la
situation péricentrale de la zone. Ces prix sont parmi les plus bas qui
se pratiquent dans ce rayon de la ville (Tableau10 page 68), même si la
plupart des terrains ont déjà trouvé preneur et sont
bâtis.
Tableau 10 : estimation des prix de terrain
Position et statut du terrain
|
Central exondé
|
Péricentral exondé
|
Péricentral inondé
|
Périphérique exondé
|
Périphérique inondé
|
Prix (FCFA/m²)
|
[8000 - 10000[
|
[6500-8500[
|
[2000-2500[
|
[5000-7500[
|
[1000 - 7500[
|
Source : Estimation d'un agent immobilier
Par ailleurs le prix du bail varie en fonction du site. Les
habitations situées loin du lit majeur et proche des routes sont un peu
plus cher que celles qui sont situées dans le lit majeur. Quant à
celles qui se trouvent très proche d'un cours d'eau ou dans des zones
légèrement encaissées le prix est encore plus bas
(tableau11 page 68). Ces maisons portent des marques apparentes de leur
vulnérabilité (matériau de récupération,
accès difficile...), mais leurs prix sont tellement minables que les
chefs de ménage sont prêts à s'exposer au risque
d'inondation et de remontées de capillarité. La plupart d'entre
eux sont de jeunes célibataires ou des chefs de familles
extrêmement pauvres. Lorsque les eaux envahissent la maison, les objets
les plus précieux sont mis hors d'atteinte (matelas, vêtements,
pièces d'Etat civil...) ; les chefs de famille peuvent
également compter sur la solidarité des voisins en termes de
secours, d'hébergement, d'assistance.
Tableau 11 : comparaison entre le prix moyen (en Fcfa)
d'un loyer dans la zone d'étude et dans un quartier exondé
Prix moyen d'un trois pièces dans la Z.E
(fcfa)
|
Situation
matériau
|
Lit majeur
|
Lit mineur
|
Zone de remontée de capillarité
|
Dur
|
[25 000 20 000[
|
[10.000 15 000[
|
[15 000 - 12 000[
|
Evolutif (parpaing, planche)
|
[18 000 - 15 000 [
|
[10.000 - 7 000[
|
12 000 - 10 000[
|
précaire
|
[15 000 - 10 000 [
|
[8 000 - 7 000 [
|
[10 000 - 7 000 [
|
Prix moyen d'un deux pièce à Ndogbong
(fcfa)
|
Situation
Standing
|
proche d'une avenue
|
Non loin d'une avenue
|
Loin d'une avenue
|
Haut
|
[150 000 - 100 000[
|
[100 000 - 90.000[
|
[100 000 - 80 000[
|
Moyen
|
[90 000 - 70 000[
|
[80 000 - 50 000 [
|
[70 000 - 40 000 [
|
Bas
|
[45 000 - 30 000[
|
35000 - 25000 [
|
[30 000 - 25000[
|
Source : Estimation d'un agent immobilier
Les prix dérisoires de la location des maisons dans ce
quartier représentent un autre attrait pour les populations. Les chefs
de ménage en location dans la zone sont généralement des
hommes qui sont soit réellement incapables de louer une maison dans un
quartier exondé soit décident de tirer profit des
aménités économiques d'un bail peu couteux, au
détriment des conditions d'habitat, mais dans l'espoir de
réaliser suffisamment d'économie pour s'installer un jour sur un
plateau bien aménagé (Dzalla N. 2000). Cependant une
évolution s'observe au niveau du bâti. Il n'est pas rare de
rencontrer des maisons construites à partir des parpaings. Ceci
s'explique par l'immatriculation des parcelles par la MAETUR, ce qui donne lieu
à d'importantes transactions et restaurations immobilières. La
présence de ces maisons en dur augmente inévitablement la valeur
quantitative des enjeux mis en péril en cas d'inondation ou de
remontées de capillarité.
Ce différentiel de prix aussi bien au niveau des
terrains que du loyer, rend la zone étudiée attractive pour les
populations qui ont un faible pouvoir d'achat.
4.1.2 Les facteurs démographiques
4.1.2.1 Historique du peuplement de la zone
d'étude
En recoupant des sources historiques, nous avons pu retracer
le peuplement de la zone d'étude. L'occupation des quartiers Nkolmintag,
Nylon et Tergal découle d'une croissance spatiale anarchique liée
en partie aux errances de l'administration colonial. En réalité
l'étirement du tissu urbain dans la direction du sud - est,
consécutive de l'occupation du quartier périphérique New -
Bell, émane de décisions arbitraires prise d'abord par les
allemands ensuite par les français (Haeringer Ph., 1973).
En effet, l'empire allemand après la signature des
accords de protectorat avec les chefs Douala le 12 Juillet 1884, décide
ensuite d'installer son administration dans le quartier Bonanjo. Celle - ci
conçoit un projet d'équipement en infrastructures urbaines les
plateaux de la façade maritime (Bonanjo, Akwa, Deido) Mainet G.
(1986).
Au cours de la réalisation de ce projet,
l'administration allemande exproprie les populations natives et les implante
sans encadrement sur les versants Est des plateaux à aménager,
au
delà de la « Frei zone » zone libre en
français, précisément dans les quartiers New
Bell, New
Akwa, New
Deido. Ces déguerpissements entrainent une première
extension urbaine non planifiée.
Suite à l'arrivée de la puissance
mandataire à fin de la guerre de 1914, une autre dynamique spatiale sera
enclenchée. En effet le clan Bell meurtri par les expropriations,
profite pour refluer vers leur ancien territoire. Ce faisant, il libère
le quartier New - Bell, espace marécageux, et s'installe dans l'ancienne
« Frei zone »
dont la véritable raison d'être était de
créer une démarcation spatiale entre la « ville
Blanche », propre, bien aménagée et la
« ville noire », dangereuse, et désordonnée -
en créant les quartiers tel que Bali, Bonadoumé (Mainet G.,
1986). La France hérite donc d'une situation foncière tendue.
Pourtant sa gestion et son aménagement de la ville porte, toute
proportion gardée, les mêmes schèmes
ségrégationnistes raciaux (Tadonki G., 1996). Puisque le plan
directeur d'urbanisme de 1925, envisageant l'extension des quartiers
européens et l'organisation des quartiers africains ne prend pas en
compte le quartier New - Bell ; alors considéré par
l'administration française comme « un bien collectif, en
indivision du clan Bell » (Dizian et Cambon 1962). Cette
exclusion entraine la naissance d'un bidonville, réceptacle pour les
nouveaux migrants désoeuvrés dont le nombre ne cesse de
s'accroitre.
Désormais le tissu urbain doit composer avec un nouvel
organisme, qui tel un kyste « s'auto régule ». Les
conséquences de cette situation sont très graves
« le cas de New - Bell avait déjà le
caractère d'une véritable catastrophe urbaine »
(Dizian et Cambon, 1962). C'est alors qu'en 1956 l'administration pour des
raisons de stabilité et de sécurité lance quelques travaux
de percement de rues, de construction certains équipement de base,
entrainant des déguerpissements (Baron C. et al 2003). Les populations
déguerpies, de revenu modeste, sont installées à
Nkolmintag, zone marécageuse frontalière à New - Bell.
D'autres populations, qui avaient des problèmes de
cohabitation avec les Bassa à Nkolounloung vont immédiatement
solliciter des terrains dans ce quartier en création. En
réalité des sources orales, que nous n'avons malheureusement pas
critiquées, relatent que la communauté Béti dans une
situation délétère avec les Bassa à Nkolounloung,
viendra s'installer dans le quartier et le baptisera du toponyme :
« Nkolmintag », qui signifie « colline de la
paix ». Ce réfèrent toponymique montre bien qu'il
y a eu une vague de migration dominante de cette communauté. Les
quartiers Nylon et Tergal seront des excroissances de Nkolmintag.
4.1.2.2 L'origine des chefs de ménage
Les chefs de ménage vivant dans notre zone
d'étude sont d'origines diverses, d'aucuns sont issus des premiers
courants migratoires, d'autres arrivent nouvellement dans le quartier. La
majorité est originaire de la région de l'ouest (80%), le reste
vient du centre (11%), du grand nord (7%) et des autres régions (2%)
(fig.5 page 71)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol58.png)
Source : enquête de terrain 2010
Fig. 13 : Répartition des chefs
de ménage de la zone d'étude en fonction de leur
origine
La zone d'étude est donc peuplée de
migrants. Cependant le lien entre l'origine des populations et leur
vulnérabilité aux phénomènes étudiés
est peu probable. Dans le cas échéant, la
vulnérabilité provient plutôt des insuffisances du
système urbain à produire des espaces viables aux migrants moins
nantis. Ceci dit le véritable facteur de vulnérabilité est
la difficulté d'accès au sol - qui sera étudiée
plus bas - pour les populations migrantes au faible statut économique
4.1.2.3 L'âge des chefs de ménage
De l'enquête sur l'âge des chefs de
ménages, il ressort de notre que la tranche dominante est celle de [30
à 40 ans [ (fig.6 page 72). Il s'agit des jeunes nés pour la
plupart dans la zone d'étude. Certains ont procédé
à la construction de leur propre maison, d'autres vivent au domicile
parental qu'ils auraient hérité. Ces chefs de ménage n'ont
pratiquement pas vécu l'époque où le milieu était
totalement marécageux et très répugnant. L'assainissement
du cadre de vie par les pionniers et par la MAETUR a placé ces derniers
dans un pseudo - sentiment de sécurité vis-à-vis des
risques hydrologiques étudiés. De surcroit, ils ont adopté
une attitude attentiste qui les pousse à vivre en indifférence
avec le milieu naturel. Ce qui se traduit par : le dépôt des
déchets dans les cours d'eau, le rejet de toute forme de mutualisation
d'efforts et de moyens pour assainir et sécuriser davantage le cadre de
vie.
âges
Effectifs
Source : enquête de terrain 2010
Fig. 14: Effectifs des chefs de ménages
de la zone d'étude par âge
Les chefs de ménages qui ont un âge
avancé compris entre [50 - 60[ ans ont pour la plupart passé le
clair de leur vie dans la zone étudiée. Ils l'ont vu
évoluer et de nos jours, ils sont stupéfaits qu'on vienne leur
parler des problèmes d'inondation ou de remontée de
capillarité. Pour eux le fait de ne plus vivre quotidiennement dans la
puanteur du marais signifie qu'il n'y a plus de raison d'évoquer
l'inondation parmi les problèmes de la zone. On comprend en creux que
ceux-ci éprouvent un réel soulagement après les travaux
d'assainissement de la zone par les pouvoirs publics et que de nos jours ils
minimisent le risque d'être frappé par une éventuelle
catastrophe hydrologique.
On note également qu'une infime partie des chefs de
ménage fait partie du 3ème âge [70,80[ ans.
Cette composante de la population correspond aux tous premiers migrants. Ils
sont les témoins vivants de la période où la zone
était complètement marécageuse. Aujourd'hui affaiblis par
le poids de l'âge ils sont très exposés aux
problèmes des inondations et des remontés de
capillarités.
4.1.3 Les facteurs sociologiques
4.1.3.1 Le mode d'accès au sol
L'échec de l'aménagement planifié est
dû en partie à l'ambigüité du statut juridique du sol
en Afrique (Touna Mama et al. 2004). En effet le droit naturel ou coutumier a
prévalu pendant longtemps sur les terres de la ville de Douala. Suite
aux accords de protectorat et au processus de création d'un Etat
indépendant du Cameroun le droit positif ou moderne va désormais
s'appliquer sur toutes « les terres vacantes et sans
maitre ».
Toutefois en raison du lien ombilical qui lie l'homme à
sa terre en Afrique, l'administration coloniale d'abord et le nouvel Etat
indépendant du Cameroun ensuite vont définir un domaine national
qui n'inclut pas les terres coutumières. Les terres coutumières
sont alors circonscrites à l'espace mis en valeur par le clan et sont un
bien indivis. Or la propriété collective des terres n'exclut
généralement pas des transactions individuelles. Cette
dérogation légale du Régime Foncier (1963),
consacrée par les pratiques, va poser le problème de la
délimitation des terres vacantes sans maitres (domaine national) et des
terres appartenant au clan (domaine traditionnel). Ainsi se heurte- t - on
à un chevauchement du droit naturel et du droit positif. Ceci
débouche sur une attribution des droits de propriété
foncière délivrés d'abord de manière
« illégale » par les ayants droit coutumiers et de
manière légale par l'administration. Ce mode d'accès au
sol pratiqué dans notre zone d'étude pourrait expliquer
l'occupation anarchique du sol y compris des zones sujettes aux inondations et
aux remontées de capillarité. Il est vrai que de nos jours pour
la seule filière d'accès au sol dans notre zone reste la MAETUR.
Il n'en demeure pas moins que des transactions informelles subsistent.
Dans le même ordre d'idée, l'ordonnance
n0 74 - 1 du 07 juillet 1974 sur le régime foncier,
déclare toutes les terres marécageuses comme zone
« non aedificandi » faisant partie du domaine
public de l'Etat. La notion de marécage renvoie certainement à un
terrain au sol hydromorphe, pas encore appropriés, comme l'était
la zone que nous étudions. Cette disposition légale passe pour
être une mesure normative visant à éviter l'exposition des
populations. La zone d'étude étant marécageuse, n'aurait
jamais dû rentrer dans le patrimoine d'un individu. Pourtant les
« ayants droit coutumiers », en toute
légitimité, l'ont attribué à des jeunes migrants
par une convention de donation (annexe) à titre d'usage. La distribution
des lots va se faire entre les migrants au simple gré à
gré et surtout sur la base de l'appartenance tribale.
4.1.3.2 Le besoin du chez - soi et la présence
d'un proche
Toute la littérature sur l'occupation des quartiers
populeux où plane le risque, révèle une soif
irrépressible chez les habitants d'avoir un « chez -
soi » (Mainet G. 1985). Cette aspiration fondamentale répond
à une construction sociale du groupe tribal prédominant dans la
zone d'étude.
Le droit au logement est inhérent à tous les
individus, c'est sans doute pour disposer pleinement de ce principe naturel que
les individus recherchent des habitations individuelles et personnelles. Or,
dans une ville comme Douala, tout le monde ne peut pas se construire une maison
qui plus est respecte les normes d'urbanisme. Dans cette perspective les
populations les moins nantis vont entreprendre des démarches peu
courantes pour obtenir un lopin de terre et se bâtir coûte que
coûte une maison. Ces populations au revenu modeste ne vont pas
hésiter à s'établir dans des zones inondables. Dans notre
zone d'étude l'enquête de terrain révèle que 23,42%
de chefs de ménage se retrouvent sur le site parce qu'ils avaient
là l'opportunité de posséder un chez soi.
Posséder un « chez - soi » a une
forte valeur symbolique chez le bamiléké. Car le regard et la
considération familiale et sociale que l'on porte sur un homme sont
d'autant plus positifs, qu'il est propriétaire de son propre domicile. A
vrai dire être « chez soi » est un signe de
réussite sociale. Cette perception du domicile est
sédimentée par l'idée latente selon laquelle le jeune
homme qui réside encore chez ses parents est un éternel
assisté qui vit au crochet de sa famille. Il y a donc dans ce groupe une
pression morale liée à la culture qui amène les jeunes
chefs de ménage en quête de prestige et d'estime à devenir
propriétaire d'une habitation. Quitte à la bâtir dans un
quartier inondable.
Les enquêtes révèlent que 2 ,8% des
habitants interrogés se sont installés dans la zone
d'étude en recherchant la proximité d'un proche. On peut donc
s'imaginer qu'à ce moment, les chefs de ménage choisissaient de
s'installer dans le quartier pour se rapprocher ou habiter chez un frère
du village. Cette filière de migration se fonde sur les liens de
solidarité et permet une reconstitution identitaire post tribale, bien
avantageuse dans un contexte urbain de pauvreté et de maitrise
laborieuse du milieu naturel.
A présent, très peu de chefs de ménage
arrivent dans les quartiers étudiés par ce type de migration. Car
le milieu naturel a beaucoup évolué et les prix immobiliers ont
flambé. Ceci dit la zone accueille maintenant très peu de courant
migratoire en provenance du monde rural. On note cependant une migration intra
- urbaine et ceux qui s'y installent recherchent plutôt la
proximité au centre ville (Bonanjo, Akwa) ; aux
marchés : Central, Madagascar où ils exercent des
activités génératrices de revenus.
4.1.3.3 L'organisation fonctionnelle des quartiers
A l'intérieur du groupe social établit dans
la zone étudiée, il existe une forme d'organisation du pouvoir
qui est basée sur l'unité territoriale du quartier qui est la
parcelle de terre.
La parcelle est propriété d'un chef de
ménage : il est responsable de sa viabilisation et de son
inviolabilité. Evoluant pour la plupart dans l'illégalité,
car ne possédant pas de titre de propriété dûment
délivré, celui-ci peut aménager sa parcelle selon son
dessein. Dès lors la disposition du bâti sur la parcelle n'est
assujettie à aucun plan d'ensemble (plan d'alignement, plan de
construction), ce qui conduit parfois à l'obstruction ou à la
déviation des drains. Ces logiques individualistes - accentuées
par une prise de décision non encadrée et légitimée
par l'antériorité de l'occupation du site par les populations sur
l'aménagement de la puissance publique - est source d'une grande
exposition aux risques d'inondation et de remontée de
capillarité.
En somme, les populations se retrouvent sur ce site où
le risque d'inondation et de remontées de capillarité plane telle
une « épée de Damoclès », en
majorité, pour des raisons d'ordre socio-économiques (fig.7 page
75). A partir des résultats de l'enquête nous avons soumis ces
facteurs qui poussent les populations à s'installer dans la zone
d'étude, au test de Khi2 de Pearson, afin d'isoler statistiquement la
variable prépondérante.
Recasés
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol60.png)
Fig.15 : Facteurs d'installation des
populations sur la zone d'étudeTableau initial 12 :
effectif réel (Nij)
|
recasés
|
Prix des terrains
|
Chez - soi
|
Proximité du centre urbain ou d'un
frère
|
total
|
Nkolmintag
|
17
|
59
|
13
|
04
|
94
|
Nylon
|
02
|
40
|
21
|
06
|
69
|
Tergal
|
1
|
33
|
18
|
08
|
59
|
Total
|
20
|
132
|
52
|
18
|
222
|
Source : enquête de terrain 2010
Tableau 13: résultat du Khi2
|
Déguerpissement
|
P.T
|
C.S
|
P.
|
T.
|
Nkolmintag
|
4,76
|
0,15
|
6,23
|
4
|
15,14
|
Nylon
|
8
|
0,01
|
1,19
|
0
|
9,21
|
Tergal
|
16
|
0,12
|
0,88
|
9,38
|
26,38
|
Total
|
28,76
|
0,29
|
8,3
|
13,38
|
50,73
|
Source : enquête de terrain 2010
- Test du Khi 2. u= (k - 1) (P - 1)
= (3 - 1) (4 - 1)
u = 6
Le Khi2 fourni par la table (annexe3) est de 12,59 au
seuil de 5%. Ainsi le Khi2 calculé étant supérieur au Khi2
fourni par la table on rejette l'hypothèse d'indépendance entre
les deux caractères c'est-à dire qu'il y a une relation entre la
présence des populations dans ces quartiers et les facteurs
présélectionnés. Alors il ne reste plus qu'a
déterminer l'intensité de cette liaison
cij = ( ni'j - nij') 2
Nij
C = 0,23
La valeur de C montre que la relation entre les deux
caractères est relativement faible. Dès lors on peut rechercher
l'élément explicatif qui contribue le plus à cette
liaison.
Tableau 14 : Contribution de chaque élément
au Khi 2
|
recasement
|
Prix de terrain
|
Le chez-soi
|
Recherche de proximité
|
Nkolmintag
|
0,20%
|
0
|
0,7%
|
0,06%
|
Nylon
|
0,05%
|
0
|
0,03
|
0
|
Tergal
|
0,06%
|
0
|
0,08
|
0,17
|
Total
|
0,31%
|
0
|
0,81%
|
0,21
|
De ce qui précède nous pouvons dire que le
besoin d'avoir un chez soi semble être la principale raison pour laquelle
les populations prennent le risque de s'installer en zone inondable. La prise
en compte de cette réalité pourrait réduire les
éléments de vulnérabilité sur le site
étudié.
4.2 Les indicateurs de vulnérabilité dans
la zone d'étude
4.2.1. Le type d'habitat
C'est l'élément le plus frappant sur le terrain.
Il est très diversifié : sur la façade principale des
rues on a quelques immeubles qui contrastent avec les habitations
précaires en arrière plan (Panche4 page 78).
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol61.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol62.png)
photo1 : maison haut standing face à l'autoroute
de l'aéroport photo2 : maison précaire faites de
matériaux
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol63.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol64.png)
photo3 :-maison construite à partir des
matériaux de récupération photo 4 : maison
précaire en subsidence
Planche 4 : un habitat en mutation
Notre intérêt sera porté sur le type
d'habitation construit à partir des matériaux précaires.
Ces habitations correspondent à des résidences individuelles
groupées. Elles ne respectent aucun plan d'alignement, ce qui rend
beaucoup d'entre elles peu accessibles. Dès lors une hypothétique
intervention en cas d'inondation ne peut se faire dans les meilleurs
délais.
Comme nous l'avons susmentionné le type d'habitation
dominant est construit à base de matériau provisoire, Il s'agit
notamment de la maison en planche. Encore appelée maison en
« Carabotte » c'est un indice du faible statu
économique des populations de la zone étudiée et par
conséquent du niveau de vulnérabilité.
4.2.2 Nature du matériau du sol des maisons
enquêtées
L'observation du phénomène de remontée
de capillarité nous a mené à l'intérieur de
certains domiciles. Seulement 46 ménages ont bien voulu nous laisser
franchir le seuil de leur porte. Qu'a cela ne tienne nous avons obtenu les
résultats suivants (tableau 15 page 79).
Tableau 15 : Matériau de construction des maisons
et revêtement de la surface du sol
Type d'habitation
état du sol
|
Chutes de planches
|
Tôle
|
Evolutif
|
Parpaing
|
Total
|
Cimenté entièrement
|
14
|
X
|
4
|
31
|
49
|
Cimenté partiellement
|
72
|
2
|
20
|
4
|
98
|
Terre nue
|
45
|
23
|
5
|
X
|
73
|
Carreau
|
X
|
X
|
X
|
2
|
02
|
Total
|
131
|
25
|
29
|
37
|
222
|
Source : enquête de terrain 2010
X = pas d'observation.
Soulignons que si la surface du sol de certaines maisons est
partiellement cimentées c'est parce que l'humidité permanente du
sol et les remontées de capillarité créent des fissures
sur la couche de ciment et finissent par la dégrader. A ce moment les
eaux résurgentes viennent s'accumuler dans les différentes
pièces de la maison. Tout contact avec ces eaux est potentiellement
dangereux pour la santé. Nous observons également que le sol
à l'intérieur de bon nombre de maisons n'est pas revêtit.
Cet état de la surface du sol témoigne de la
vulnérabilité économique de cette population.
4.2.3 L'approvisionnement des ménages
enquêtés en eau
La question d'approvisionnement en eau potable demeure un
épineux problème dans la zone étudiée, l'eau du
puits, du forage et de la pluie sont encore très utilisées
(tableau 16 page 80). Le puits reste la principale source d'alimentation.
L'accès à cette source d'eau non potable est gratuit et rendu
facile par la proximité de la nappe phréatique. Le réseau
d'adduction en eau potable, quant à lui, dessert effectivement les
quartiers étudiés mais sur les ménages
enquêtés seulement sept y sont connectés. Ces
ménages entretiennent alors un circuit informel de commercialisation
où le litre d'eau se négocie au robinet à partir de 5Fcfa
et en bouteille à 25Fcfa.
Tableau 16: Utilisation de l'eau par les populations de
la zone d'étude
Usages
Source
d'approvisionnement
|
Boisson
|
Cuisson
|
Ménage
|
Lessive
|
CDE
|
|
ü X
|
X
|
X
|
Fontaine
|
|
ü X
|
X
|
X
|
Puits
|
|
|
|
|
ü ü ü ü Pluie
|
|
|
|
|
ü ü ü ü Source :
enquête de terrain 2010
ü = utilisée
X = pas utilisée
L'utilisation des eaux de puits s'effectue sous toutes les
formes. Précisons tout de même que ces eaux servent de boisson
lorsque le ravitaillement en eau potable est impossible (coupures
intempestives, rupture d'abonnement). Sur le terrain ces puits sont
aménagés sans grand soin généralement
laissés à ciel ouvert à la merci des intempéries et
des eaux souillées des inondations.
4.2.4 Le niveau de perception des risques
étudiés par les populations
Les premières enquêtes exploratoires nous ont
permis de relever un fait curieux. Au cours des entretiens verbaux non
structurés, sur un échantillonnage de 10 personnes vivant dans la
zone d'étude, tiré au hasard dans les secteurs à priori
exposés, toutes connaissaient le phénomène d'inondation
mais refusaient en être exposés et admettaient
parallèlement en être victimes. Visiblement elles ne ressentaient
pas l'« épée de Damoclès » au dessus
de leur tête. Les enquêtes ménages ont donné un
résultat presque similaire (Tableau17 page 81).
Tableau 17 : Résultats d'enquête sur la
perception des phénomènes étudiés par les
populations
Questions
|
Oui %
|
Non%
|
SR*
|
Total
|
Nkolmintag
|
Q1- connaissez-vous le
phénomène d'inondation ?
|
100
|
-
|
-
|
100
|
Q2- connaissez-vous les remontées de
capillarité ?
|
14,01
|
81,65
|
04,34
|
100
|
Q3- êtes-vous exposés aux
inondations ?
|
26,53
|
71,2
|
2,2
|
100
|
Q4- avez-vous déjà
été victime d'inondations et/ou remontées de
capillarité ?
|
94,35
|
03,24
|
02,41
|
100
|
Nylon
|
Q1-
|
100
|
-
|
-
|
100
|
Q2-
|
09,56
|
89,44
|
01
|
100
|
Q3-
|
05,47
|
92,63
|
01,9
|
100
|
Q4-
|
68
|
32
|
-
|
100
|
Tergal
|
Q1-
|
100
|
-
|
-
|
100
|
Q2-
|
40,86
|
59,14
|
-
|
100
|
Q3
|
49,21
|
50,79
|
-
|
100
|
Q4-
|
97,6
|
02,4
|
-
|
100
|
*SR (Sans réponse)
Source : enquête de terrain 2010
Cette attitude qui consiste à dénier
l'exposition au risque peut s'expliquer par trois arguments.
Premièrement, il est probable que les années de viabilisation du
site par les populations, renforcée par l'action de la MAETUR, a
considérablement baissé la fréquence des inondations.
Deuxièmement, il est tout aussi plausible, que les populations
interrogées faces preuve d'une amnésie cyndinique ou qu'elles se
soient accoutumées à ces phénomènes et les
banalisent à présent. Troisièmement cette perception peut
être liée au comportement propre aux phénomènes
naturels étudiés. Car d'une part les remontées de
capillarité s'effectuent sans brutalité et peuvent être
perçues comme sans conséquences, d'autre part il y a une grande
variation de l'ampleur des inondations suivant les années. Ainsi entre
deux inondations de grande ampleur, la population s'installe dans un pseudo -
sentiment de sécurité, rejetant l'idée d'être sous
la menace d'une future inondation.
Tout compte fait, les observations de terrain (planche1 et 2
pages 43 et 45) et le bilan de l'inondation du 03 août 2000 (perte en vie
humaines, annexe1) contrastent avec le niveau de perception des risques
hydrologiques étudiés par les populations. Ce contraste est
révélateur non seulement de l'absence de la culture du risque,
mais aussi d'un certain conditionnement social qui relativise la catastrophe.
4.3. Les enjeux vulnérables dans la zone
d'étude
Il s'agit des endommagements possibles liés à
l'occurrence d'une catastrophe hydrologique.
4.3.1 Les enjeux économiques
4.3.1.1 Les activités
économiques
Les activités économiques sont nombreuses dans
la zone. Les exploitations économiques les plus remarquables sont :
les hôtels, les Boulangeries, les pharmacies, les ventes emportées
ou « bars », les boutiques de vente en détail, des
ateliers de coutures, de menuiserie... (Tableau 18 page 82)
Tableau 18 : Les activités économiques
menées dans la zone d'étude
Activités
Quartiers
|
Hôtels
|
Boutiques
|
Pharmacies
|
Ateliers
|
Bars
|
Nkolmintag
|
4
|
19
|
3
|
12
|
15
|
Nylon
|
2
|
26
|
7
|
6
|
28
|
Tergal
|
01
|
17
|
/
|
31
|
19
|
Total
|
07
|
64
|
10
|
49
|
52
|
Source : Enquête de terrain 2010
La zone étudiée connait donc un bon nombre
d'activités économiques qui s'installent et s'exercent sans tenir
compte des caprices du milieu naturel. Il n'est pas rare que des
commerçants constatent avec amertume que la marchandise (sucre, lait en
poudre, farine...) ait été endommagée. Les chiffres sur
les dégâts matériels subits par les commerces dans la zone
étudiée sont malheureusement inexistants, mais un chef de
ménage qui tient une petite boutique de biens manufacturés dans
le quartier, nous rapporte qu'il a déjà été victime
de plusieurs pertes dues aux inondations. En effet, l'eau s'est
infiltrée dans son échoppe à une hauteur d'un demi -
mètre lors des inondations d'Août 2000 et a détruit tous
les produits qui s'y trouvaient.
4.3.1.2 Les biens domestiques de valeur des chefs de
ménage
Les inondations et les remontées de capillarité
sont responsables de la destruction des habitats. On compte environ 30 maisons
abandonnées ou inachevées, envahies par les eaux stagnantes.
Les eaux de remontée de capillarité et
d'inondation menacent également les biens immobiliers présents
dans les maisons. Car en dépit de leur état parfois
précaire elles sont généralement équipées en
télé, radio, meuble... ces biens matériels peuvent
être détruits en cas d'inondations ou de remontées de
capillarité.
4.3.2 Les enjeux sociaux vulnérables dans la zone
d'étude
Il existe plusieurs lieux sociaux dans les quartiers
étudiés, ceux qui nous intéressent le plus sont :
Etablissements scolaires, les foyers sociaux, les terrains de football (tableau
19)
Tableau 19 : Enjeux sociaux dans la zone
d'étude
Enjeux sociaux
Quartiers
|
Etablissements scolaires
|
Foyers sociaux
|
Terrains de football
|
Nkolmintag
|
04
|
03
|
02
|
Nylon
|
06
|
03
|
01
|
Tergal
|
02
|
01
|
01
|
Source : Enquête de terrain 2010
Les établissements scolaires sont soit des
écoles primaires soit des écoles maternelles. Certains
établissements privés sont crées de manière
clandestine. Les 09 établissements de la zone d'étude accueillent
environ 725 enfants, âgés en moyenne de 04 à 11 ans. Parmi
ces écoles seules trois sont aménagées durablement, le
reste est construit en matériaux de récupération et dans
des conditions sanitaires déplorables. S'il est vrai que la
période des inondations la plus redoutable coïncide avec celle des
grandes vacances (juillet à octobre), il n'en demeure pas moins que, les
pluies du mois d'avril et de mai dégradent l'état du sol dans les
salles de classe au plancher non cimentées. Les jeunes
élèves se trouvent alors dans un environnement malsain, source
d'exposition à des maladies et à des frustrations. De plus, une
perturbation du cycle saisonnier des pluies peut conduire à des
évènements pluvieux extrêmes, au moment où tous ces
enfants sont à l'école. Ces derniers se retrouveront alors
à la merci des eaux.
Les Foyers sociaux sont des salles construites pour le
regroupement de certaines communauté évoluant dans ou hors de la
zone d'étude. Ce sont des lieux où s'organise et se manifeste la
solidarité entre les membres d'une même communauté
villageoise. Nous en avons dénombré plus d'une dizaine construits
de façon durable. Lors des inondations ces quartiers ne sont pas
fréquentables à cause de la stagnation des eaux et des
difficultés d'accès, cela bloque ces mouvements communautaires,
pourtant utiles à l'obtention de petits prêts (tontines) et autres
formes d'aide.
Les terrains de football dans cette zone sont les derniers
espaces de loisirs. Ils permettent aux jeunes de se fréquenter et de
s'intégrer facilement dans le quartier et même dans la ville. Ces
quartiers passent pour être parmi les plus chauds de la ville, la
présence de telles infrastructures ne peut que canaliser positivement
l'énergie de la jeunesse désoeuvrée. Or en période
de pluie ces terrains deviennent impraticables et cela ne va pas sans accroitre
un certain ressentiment déjà enraciné par la
pauvreté ambiante ( fig.16, page 85).
Madagascar
Brazzaville
Nkololoun
Kilomètre 5
New-Bell nouveau terrain
Centre industriel Bassa
Oyack
Nylon
Tergal
Nkolmintag
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol65.png)
Lebipaga
Casino
Picasso
Source : CUD + travaux de terrain
2010
Fig.16 : occupation du
sol dans la zone d'étude
4.3.3 Les enjeux sanitaires
4.3.3.1 La relation entre les phénomènes
étudiés et les maladies hydriques
Les inondations et les remontées de capillarité
produisent des conditions physico chimiques propices au développement de
certains agents pathogènes. Il s'agit spécialement des agents des
maladies hydriques. En effet la stagnation des eaux provenant de ces
phénomènes agissent de manière directe, par contact ou
alimentation, ou indirecte en tant que habitat d'organismes pathogènes,
dans la transmission des maladies suivantes (tableau20)
Tableau 20 : Maladies auxquelles s'exposent les
habitants de la zone d'étude
Maladies
|
Agent pathogène
|
Rôle de l'eau
|
Phénomène responsable
|
Ankylostosomiase
|
Ankylostome
|
Contact avec une eau souillée
|
Inondation
Remontée de capillarité
|
Paludisme
|
Anophèle femelle
|
Niche des eaux stagnantes sont des niches larvaires
Habitat pour le germe pathogène
|
Inondation
|
Dysenterie bacillaire
|
salmonelle
|
Absorption d'une eau contaminée
|
-Inondation
-remontée de capillarité
|
Filariose lymphatique
|
Anophèles culex, aèdes
|
Habitat pour le germe pathogène
|
Inondation
|
Bilharziose
|
Schistosome
|
Contact avec des eaux contaminées
|
-Inondation
-remontée de capillarité
|
Amibiase
|
amibe
|
Absorption d'une eau contaminée
|
-Inondation
-remontée de capillarité
|
Fièvre typhoïde
|
Bacille d'Ebert
|
Absorption d'une eau contaminée
|
-Inondation
-remontée de capillarité
|
Source : OMS + enquêtes de terrain
On peut également évoquer le
choléra dont le spectre pèse sur tous les quartiers
précaires de la ville ( ASSAKO ASSAKO R.J.,et al 2004.) En effet les
eaux pluviales agissent comme un facteur d'endémicité dans la
mesure où les produits humains porteurs de germes sont
libérés, par les populations, dans les eaux de ruissellement. Ces
eaux entraînent alors la dilution du capital bactérien et sa
pérennité au niveau des exutoires Félix H. (1991).
4.3.3.2 Bilan des cas maladies enquêtées
dans la zone d'étude
L'enquête réalisée auprès des
ménages à propos des maladies les plus récurrentes montre
que plus de 80% (fig.8 page 87) des chefs de ménages sont touchés
par le paludisme. Il peut s'avérer que les déclarations des
ménages ne soient pas les conclusions d'un diagnostic posé par
une autorité médicale. Mais cette maladie a déjà
fait tellement de victimes que ses symptômes sont bien connus.
L'anophèle femelle qui transmet la maladie trouve dans les quartiers
étudiés des conditions propices à son
développement. En effet, la permanence des plans d'eau favorise la
reproduction des moustiques. Leur prolifération augmente les risques de
transmission de cette maladie.
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol66.png)
![](Analyse-des-risques-hydrologiques--inondation-et-remontees-de-capillarite-dans-les-quartiers-Nkol67.png)
Fig.17 : Nombre de cas de maladies hydriques dans la
zone d'étude
A ce titre le nombre élevé de cas de paludisme
dans ces quartiers s'explique en grande partie par la sensibilité de ce
milieu aux inondations et aux remontées de capillarité. La
fièvre typhoïde, la dysenterie et les gastro -entérites sont
également très récurrentes. Elles n'ont pas un lien direct
avec l'inondation. Cependant il faut signaler que l'eau de cuisson provient
majoritairement des puits qui sont très souvent aménagés
de façon sommaire. En cas d'inondation ceux - ci sont parfois
infectés. Dès lors toute absorption peut entraîner de
troubles gastriques et d'autres complications.
Les remontées de capillarité entraînent
aussi des infections sanitaires. Car les eaux qui s'exfiltrent sont de
qualité douteuse en raison du principe de vase communicant qui met les
eaux souterraines en contact avec des sources de pollution
éloignées (effluents industriels et domestiques, fosse d'aisance
qui ne respectent pas les règles d'hygiènes). Quand ce
phénomène se produit à l'intérieur de la maison,
les enfants surtout ceux qui ont entre 1 et 5 ans sont très
vulnérables puisqu'ils peuvent jouer dans cette eau ou encore
l'absorber.
On note également les maladies de la peau comme
la filariose qui s'attrape ici par contact avec l'eau sale. Les inondations et
les remontées de capillarité agissent comme des vecteurs de cette
maladie. En effet lorsqu'il y a une inondation les populations
n'hésitent pas à plonger les pieds dans l'eau pour allez vaquer
à leur occupation. Il arrive quelque fois que les enfants se baignent
dans les piscines d'eau souillées qui se créent. Les habitants de
ces quartiers savent qu'à partir du moment où le niveau d'eau est
en dessous de la ceinture il n'empêche pas le déplacement.
Pourtant cette eau, forcément contaminée, est source de maladies
épidermiques.
CONCLUSION
En somme, notre zone d'étude est réellement
exposée aux inondations et aux remontées de capillarité.
Une crue exceptionnelle poserait de graves dommages matériels et
affecterait la vie de milliers de personnes. Au delà du pouvoir
destructeurs des eaux pluviales, celles - ci créent dans le milieu des
conditions écologiques propices au développement des maladies
hydriques. Les problèmes de santé qui en découlent
constituent une menace supplémentaire à laquelle il faut
veiller.
CONCLUSION GENERALE :
Les risques d'inondations et de remontées de
capillarité dans les quartiers Nkolmintag, Nylon et Tergal ont
été analysés tout au long de ce travail. En effet, la
possibilité de tester l'approche
aléa-susceptibilité-vulnérabilité tout en
vérifiant nos hypothèses de départ, a guidé ce
travail. L'utilisation de l'approche
aléa-susceptibilité-vulnérabilité a
été fondamentale, car elle nous a permis de disloquer
artificiellement le sujet en éléments simples et faciles à
étudier. Même si elle semble linéaire, elle a l'avantage de
permettre une meilleure détermination et spatialisation des
phénomènes incriminés, et de cerner les facettes de la
vulnérabilité. Quant à nos hypothèses, la
première s'est partiellement vérifiée. En
réalité, notre développement montre que les risques
d'inondation et de remontées de capillarité ne se produisent pas
forcement après une forte pluie. La deuxième hypothèse,
pour sa part s'est largement vérifiée. Ceci dit, c'est la
concentration des évènements pluvieux sur les mois de
« la grande saison de pluie » combinée à la
topographie plane du site, sa faible altitude, ses pentes insignifiantes, ses
sols sablonneux, et ses cours d'eau très actifs qui amplifient les
phénomènes hydrologiques étudiés. Il ne fait donc
pas de doute que lorsque ces conditions naturelles sont celles d'un milieu
habité, les populations vulnérables sont affectées. Ceci
nous pousse à passer à la troisième hypothèse dont
l'analyse a montré que les populations des quartiers Nkolmintag, Nylon
et Tergal sont réellement exposées aux risques d'inondation et de
remontées de capillarité. En effet, les facteurs
économiques (conjoncture globale, coût des terrains et des loyers,
revenus...), sociologiques (l'âge, mode d'accès au sol...)
agissent comme des forces qui créent une grande
vulnérabilité des habitants de la zone d'étude. Cette
vulnérabilité est perceptible à travers le type d'habitat
dominant, les sources d'approvisionnement en eau et le revêtement de la
surface du sol des habitations... Ensuite, il existe plusieurs enjeux qui
peuvent être affectés dans l'espace étudié notamment
la santé humaine, les commerces, les établissements scolaires,
les commerces... L'état des lieux décrit dans cette étude
impose quelques recommandations. Afin de maitriser les risques hydrologiques
analysés, nous proposons :
Ø la création d'un observatoire de veille et de
lutte contre les phénomènes hydrologiques
étudiés.
Ø La réalisation d'un document
stratégique de réduction des risques d'inondation et de
remontées de capillarité.
Ø La délimitation des espaces de libertés
des cours d'eau à l'aide des outils cartographiques et de la
télédétection et éventuellement leur
dépeuplement.
Ø La surveillance de l'évolution des
précipitations afin de déclencher l'alerte.
Ø La mise en place d'un organisme autonome de gestion
des catastrophes.
Ø La conservation sur le terrain de la mémoire
des ces phénomènes afin d'éviter l'oubli.
Ø La construction des logements sociaux qui tient
compte des contraintes du milieu moyennant leur gratuité pour les
occupants actuels du site, voire un recasement.
Ø La délimitation par la MAETUR d'un zonage en
fonction de la gravité des phénomènes hydrologiques
étudiés.
Ø L'installation, pour les domiciles où se
produisent les remontées de capillarité, d'un dispositif
léger et durable qui est l'électro osmose inverse. Sommairement
il permet d'inverser le champ electro - magnetique produit par le
déplacement de l'eau ce qui inverse le sens déplacement. On le
réalise par un cerclage du bâtiment avec un fil de cuivre sur
lequel on place des anodes (électrode cuivre) à espaces
réguliers dans le mur; ce fil est relié à une cathode
(Fiche d'acier galvanisé dans le sol) mis à la terre. Les anodes
sont reliées à un générateur de courant continu (6
à 8 volts) ; qui pourra fonctionner à énergie solaire
Ø La prise en compte et la sensibilisation des
populations aux politiques et aux actions de réduction de la
vulnérabilité.
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