III.2. PERCEPTION DU MARCHE DU TRAVAIL DE KINSHASA
Cette section présente les points de vue de nos
enquêtés. Il s'agit de leur lecture de la situation qu'ils
vivent.
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Graphique 3.13 : Facteurs qui handicapent l'insertion
professionnelle
des diplômés universitaires
45 40 35 30 25 20 15 10
5
0
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Source : Auteur
Note: R1: Supériorité du nombre
d'universitaires par rapport à la demande du marché ; R2 :
Inadéquation entre la formation universitaire et les besoins des
entreprises ; R3 : Le niveau de la productivité à l'embauche qui
ne correspond pas au salaire payé par les employeurs ; R4 :
discrimination à l'embauche ; R5 : manque d'expériences
professionnelles ; R6 : Manque de moyens financiers pour rechercher l'emploi ;
R6 : Autre.
Sur 130 diplômés universitaires
enquêtés, la discrimination à l'embauche vient en
première position et est considérée par 40 individus, soit
30,7% de diplômés universitaires, comme étant le facteur
qui handicape le plus leur insertion sur le marché du travail. Alors que
36 individus, soit 27,6%, affirment que leur offre sur le marché du
travail est supérieure par rapport à leur demande. De ce fait,
ils s'insèrent difficilement. Il y a 20 diplômés de l'ESU,
soit 15,3%, qui pensent que c'est l'inexistence ou le manque
d'expériences professionnelles qui compliquent cette insertion ; 10
individus, soit 7,6%, estiment plutôt que c'est le niveau de la
productivité à l'embauche qui ne correspond pas au salaire
payé par les employeurs, 9 diplômés, soit 6,9%, tiennent
compte de l'inadéquation entre la formation
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universitaire et les besoins des employeurs en personnel
formé, c'est-à-dire la formation qu'ils reçoivent à
l'université ne correspond pas aux exigences des employeurs en personnel
formé et les 9 autres pensent que c'est à cause de manque
d'emploi qu'ils n'arrivent pas à s'insérer sur le marché
du travail et enfin 4,6%, soit 6 diplômes, avancent comme raison qu'ils
manquent de moyens financiers pour rechercher activement et efficacement
l'emploi.
Graphique 3.14 : Moyens d'augmenter
l'employabilité
50 45 40 35 30 25 20 15 10
5
0
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R1 R2 R3 R4
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Source : Auteur
Note : R1 : Réaliser des formations
complémentaires ; R2 : Effectuer un stage professionnel non
rémunéré ; R 3 : Réaliser une formation
professionnelle recherchée par les entreprises ; R 4 : Autres.
L'observation de ce graphique montre que 35,3%
réalisent des formations complémentaires pour augmenter leur
chance de trouver un emploi. Pour ce faire, ils apprennent : l'informatique, la
langue anglaise, la télécommunication, suivre les
séminaires, lecture des livres etc. Alors que 32,3%
préfèrent effectuer un stage professionnel non
rémunéré dans le but d'accroitre leur employabilité
et 28,4% de diplômés optent à réaliser une formation
professionnelle recherchée par les
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entreprises. Parmi les 3,8% diplômés restants,
2,3% font recours aux manuels des tests d'aptitude les plus fréquents
lors de concours d'embauche et 1,5% diplômés
préfèrent effectuer un stage professionnel
rémunéré.
De ce qui précède, nous remarquons que plus les
diplômés universitaires sont en situation de chômage, plus
ils s'instruisent dans le but d'accroitre leur chance de trouver l'emploi. Il
ressort qu'ils apprennent plus la langue anglaise et l'informatique car dans le
processus de recrutement, les employeurs se basent plus à la
connaissance de ces deux éléments.
Graphique 3.15 : Critères de recrutement de la
main d'oeuvre
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
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R1 R2 R3 R4
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Source : Auteur
Note : R1 : Expérience professionnelle ; R2 :
Qualités personnelles ; R3 : Diplôme ; R4 :
Autre.
La lecture de ce graphique montre que 72,3% de
l'échantillon pensent que les employeurs embauchent plus les candidats
qui ont l'expérience professionnelle. Pourtant, 13, 8% estiment que les
employeurs recrutent plus ceux qui ont les qualités personnelles et 7,6%
jugent que le diplôme constitue un critère primordial dans le
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processus de recrutement. Enfin, 6,1% diplômés
restants avancent comme critère : les relations personnelles.
Parmi ces trois critères classiques d'embauche
(l'expérience professionnelle, les qualités personnelles et le
diplôme), nous constatons que, dans la ville de Kinshasa, les employeurs
se basent de moins en moins sur le diplôme. Pour ce faire, certains
d'entre eux acceptent d'effectuer les stages professionnels non
rémunérés en raison d'accroitre leur expertise dans tel ou
autre domaine.
Graphique 3.16 : Raison de non recherche
d'emploi
60 50 40 30 20 10
0
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R1 R2 R3 R4 R5 R6
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Source : Auteur
Note : R1 : Il n'existe pas d'emploi ; R2 : Ne sait pas
comment rechercher un emploi ; R3 : Ne pense pas pouvoir obtenir de travail ;
R4 : N'en a pas besoin ou n'a pas envie de travailler ; R5 : Attend la
réponse à une demande d'emploi ; R6 : Autre.
Il se dégage à la lecture de ce
graphique que 43% de diplômés enquêtés ne recherchent
pas d'emploi parce qu'ils attendent la réponse à une demande
d'emploi introduite au sein des entreprises, tandis que parmi les 12,3%
diplômés, 7,6% ne recherchent pas d'emploi parce qu'ils veulent
travailler pour leur propre compte et 4,6% n'en recherchent pas parce qu'il n'y
a pas assez d'emploi correspondant à leur
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domaine d'étude. Autrement dit, ils
préfèrent trouver un emploi correspondant à leur domaine
d'étude. 10,7% diplômés de l'ESU ont choisi
involontairement de ne pas travailler parce qu'il n'existe pas d'emploi, alors
que 2,3% ne pensent pas pouvoir obtenir de travail. 31,5% de
diplômés restants sont indifférents.
La plupart de diplômés universitaires qui
attendent la réponse à une demande d'emploi ne sont plus
motivés pour rechercher l'emploi parce que leur mode de recherche
d'emploi est basé plus sur les relations personnelles. Pour ce faire,
ils préfèrent ne pas supporter les coûts pour rechercher
l'emploi car ils sont sûrs d'une suite favorable eu égard à
leur demande d'emploi. Pour ceux qui avancent des raisons involontaires de ne
pas rechercher l'emploi, le marché du travail kinois est
caractérisé par le désengagement de l'Etat, concernant son
organisation. Néanmoins, nous pensons que, plus le gouvernement
définit une réelle politique de promotion de l'emploi, plus le
taux de chômage dans la ville de Kinshasa pourrait diminuer.
Le graphique ci-dessous présente les différents
types d'emploi occupés par 52% de diplômés universitaires
enquêtés.
Graphique 3.17 : Types d'emploi
occupés
25 20 15 10 5 0
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R1 R2 R3 R4 R5 R6 R7
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Source : Auteur
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Note : R1 : Administration publique ; R2 : Entreprise
publique ou Para-publique ; R3 : Société privée ; R4 : PME
; R5 : Micro-entreprise ou à votre compte ; R6 : Entreprise associative
(coopérative, syndicat, etc.) ; R7 : Indifférent.
Sur 52% de diplômés universitaires
employés, 33,8% travaillent dans l'administration publique,
27,9% se retrouvent dans une grande société
privée et ceux qui sont dans une micro-entreprise ou à leur
propre compte représentent 14,7%. Il s'en suit que, 8,8%
diplômés sont indifférents, 7,3% travaillent dans une
petite et moyenne entreprise(PME), 5,8% occupent un emploi dans une entreprise
publique ou para-publique. Enfin 1,4% est dans une entreprise associative
(coopérative, syndicat, etc.). Moins nombreux sont des jeunes qui
travaillent dans l'administration publique ou au sein des entreprises
publiques. Ce qui justifie ce faible taux soit 5,8% des diplômés
universitaires qui travaillent dans des entreprises publiques, alors que ceux
qui sont vieux (33,3%) se retrouvent plus dans
l'administration publique. Par contre, les jeunes diplômés
universitaires se concentrent plus dans des sociétés
privées et ceux qui ne veulent pas être pris en charge par les
mécanismes de prise en charge collective des personnes sans emploi qui
sont d'ailleurs peu existants, préfèrent travailler pour leur
propre compte.
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Graphique 3.18 : Canaux de recherche d'emploi
50 45 40 35 30 25 20 15 10
5
0
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R1 R2 R3 R4 R5 R6 R7 R8
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Source : Auteur
Note : R1 : Relations personnelles ; R2 : Directement
auprès des employeurs ; R3 : Petites annonces ; R4 : ONEM ; R5 :
Concours ; R6 : Internet ; R7 : Autres services de placement.
Nous constatons que dans leur recherche du travail, les
diplômés universitaires (travailleurs 45,5% ou chômeurs
34,6%) font principalement recours aux relations personnelles.
C'est-à-dire ils usent de leurs relations pour trouver du travail. En
effet, certains d'entre eux sont recommandés par leurs parents, tandis
que d'autres par leurs amis, etc. L'usage massif de cette voie subjective de
recherche d'emploi peut être source de nombreux maux tels que le
découragement de ceux qui n'ont pas des relations pouvant les aider
à s'insérer, la discrimination, l'asymétrie de
l'information, et dans une certaine mesure elle peut favoriser la corruption.
Du reste, 23% de chômeurs et 7,3% de diplômés qui
travaillent vont directement auprès des employeurs pour rechercher
l'emploi et ceux qui font usage de concours en représentent 25% pour
ceux qui travaillent et 16,1% pour des chômeurs. L'internet est, pour
5,8% travailleurs et 14,6% qui sont en situation de chômage comme un
moyen de recherche d'emploi. Ce faible taux d'utilisation d'internet se
justifie du fait
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que la plupart de diplômés universitaires ne
maitrisent pas la manipulation de l'outil informatique ; ce qui leur motivent
à suivre des formations pour l'apprendre en vue d'augmenter leur chance
de trouver l'emploi. Ainsi, 2,9% de travailleurs et 6,1% de
diplômés universitaires chômeurs utilisent ONEM alors que
2,9% de travailleurs également et 5,3% de diplômés
chômeurs emploient les petites annonces pour rechercher l'emploi. Ce taux
qu'accusent les agences de placement provient sans doute de leur faible
connaissance et couverture géographique. Ceci explique une forte
désinformation dans le marché d'emploi au sein de la ville de
Kinshasa et donc en RDC. De ce fait, beaucoup de diplômés
universitaires apprennent des formations complémentaires qui ne
correspondent pas aux exigences des entreprises. Le chômage frictionnel
ne peut que s'installer. 8,8% de diplômés universitaires
employés pensent avoir trouvé leur emploi grâce à
leurs efforts personnels et 1,4% d'entre eux avait recouru aux autres services
de placement.
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