Dans les économies occidentales, la croissance est de
plus en plus fondée sur l'exploitation des connaissances scientifiques.
Cependant, dans ces économies, on observe, depuis les années
1990, qu'une proportion importante de diplômés se trouve en
situation d'emploi précaire ou au chômage. (Bolito R., 2014).
La RDC n'est pas en reste de ce phénomène. En
effet, le nombre des diplômes universitaires en RDC a connu ces
dernières décennies une augmentation sensible. Selon l'annuaire
statistique de Ministère de l'Enseignement Supérieur et
Universitaire (2008), 308739 étudiants étaient inscrits à
l'année académique 20072008 et 379867 étudiants en
2008-2009, soit une augmentation de 71.128 étudiants. En proportion, la
croissance est donc de 23%. Cet accroissement est théoriquement
favorable à l'amélioration de la qualité de la
main-d'oeuvre de haut niveau, facteur indispensable pour amorcer le processus
du développement économique et social. Cependant, cette
augmentation de diplômés déversés sur le
marché de l'emploi rencontre toujours le problème
d'absorption.
En considérant les résultats des enquêtes
1-2-3 effectuées en RDC de 2004 à 2005, il est à signaler
que 11,3% de docteurs, 10,74% de gradués et 9,27% de licenciés
sont au chômage. De ce fait, les occupés, c'est-à-dire la
population employée, se retrouvent confinés dans des emplois de
qualité souvent critiquables et très peu stables. En plus,
d'après ces mêmes enquêtes, une analyse des chômeurs
dans les groupes d'âges en relation avec le diplôme le plus
élevé, met en évidence des taux de chômage
très élevés dans les rangs des jeunes (25-34 ans). En
effet, les graduats représentent un taux de chômage de 20,75%, les
licenciés en représentent 21,38% et enfin 21% pour les docteurs.
Il s'en suit de ce qui précède, les enquêtes ont
également considéré les chômeurs par rapport au
niveau d'études atteint: les non formels 10,52%, les secondaires 5,32%
et les universitaires 9,73%. Les moyens
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utilisés pour rechercher l'emploi sont repris comme
suit: les relations personnelles (78,7%), puis directement auprès des
employeurs (13,5%) et enfin (0,6%) auprès de l'Office National pour
l'Emploi (Enquête 1-2-3, 2004-2005).
En somme, le taux de chômage est élevé
pour l'ensemble du pays et cela touche, en particulier, plus les
diplômés universitaires. Comme l'avait déjà
constaté Lututala (2002), « la production du système
éducatif évolue indépendamment des possibilités
d'emploi du système économique ». Norro (1969) soulignait
aussi que: «... plus loin ces futurs diplômés diront que le
problème n'est pas que l'université formerait trop de
diplômés, il est plutôt que le secteur économique qui
n'emploie pas assez ». Des études ont montré
également qu'au Cameroun, 72% de jeunes travaillent dans le secteur
informel (Mambou, 2006). En allant au Côte d'Ivoire, Bomisso (2008)
trouve que la part des chômeurs dans la ville de Yaoundé est
estimée à 34% et qu'elle est constituée plus par des
primo-demandeurs d'emploi. Au canada, Boudarbat et Chernoff (2009), ont
démontré que 35% de diplômés universitaires occupent
des emplois qui ne correspondent pas avec leurs études
universitaires.
De tout ce qui précède, il est opportun de
vouloir comprendre les problèmes de l'insertion professionnelle des
jeunes diplômés. Comprendre ces problèmes revient à
identifier les obstacles liés à l'insertion professionnelle.
La question fondamentale de recherche est donc celle de
savoir quels sont les facteurs qui handicapent le plus l'insertion
professionnelle des diplômés de l'ESU à Kinshasa ?
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