III.1.2. L'évolution du système financier
III.1.2.2. Situation monétaire et position
extérieure
Il faut noter également qu'en général, le
creusement du déficit public de 1980 à 2001 a entrainé une
baisse de l'épargne nationale. Puisque étant exclusivement
couvert par la planche à billets, il a engendré une forte
inflation qui a négativement affecté la position nette
extérieure du pays et a entrainé une forte
dépréciation de la monnaie nationale. Le taux de change est
passé de 0.83 zaïre en 1977 à 262.55 zaïres en 1988,
soit une dépréciation de 31 532.53%. Durant la période
sous analyse, la gestion monétaire semble donc avoir été
accommodante au désordre des finances publiques.
Tableau n°3. Situation
monétaire et position extérieure : 1980-2001
Indicateurs
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1980-1990
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1991-2001
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Déficit public (en % du PIB)
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-6.3
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-10.2
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Epargne nationale (en % du PIB)
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6.1
|
2.8
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Variation de la masse monétaire (en %)
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77,4
|
1962,5
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Taux d'inflation (en %)
|
77,9
|
2137,9
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Solde du compte courant (en % du PIB)
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-5,1
|
-8,4
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Taux de croissance de l'indice du taux de change (en
%)
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16.4
|
20.2
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Source : BAD, BCC, nos calculs.
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Il ressort du tableau que la création monétaire
a alimenté l'inflation qui a entrainé une
dépréciation de la monnaie nationale et la naissance de la
dollarisation. Il importe de noter aussi que la variation de la masse
monétaire a évolué avec le déficit public. Durant
la décennie 1980, la situation politico-sécuritaire du pays a
été relativement stable, mais cela n'a pas été un
gage pour une nette amélioration de la situation macroéconomique.
Le déficit public est resté relativement profond, la position
extérieure nette du pays s'est considérablement
détérioré à cause du fardeau de la dette et des
termes de l'échange quand bien même le pays avait souscrit aux
PAS.
La situation durant la décennie 1990 n'a fait
qu'empirer, le solde du compte courant en % du PIB s'est situé à
-8.4% en moyenne, la variation de la masse monétaire et le taux
d'inflation ont été exacerbés, passant respectivement de
77.4% en 1980-1990 à 1962.5% en 1990-2001, en moyenne annuelle, et 77.9%
en 1980-1990 à 2137.9% en 1990-2001.
Graphique I.2. :
Variation de la masse monétaire, taux d'inflation et compte
courant
On observe sur ce graphique des évolutions
parallèles entre la variation de la masse monétaire, le taux
d'inflation et le solde du compte courant.
Le taux de change en RDC était en régime fixe de
1990 au 28 mai 2001. De 1990 jusqu'à la démonétisation du
Zaïre (Z), 1Z équivalait 0.34 USD. Le 22 octobre 1993 au moment de
la réforme ayant introduit l'unité monétaire
dénommée « Nouveau Zaïre » (NZ), 1NZ
équivalait 0.33 USD. A l'avènement du Franc congolais, le 30 juin
1998, 1FC équivalait 0.71 USD. Enfin, le 28 mai 2001, les
autorités monétaires ont instauré le régime
flottant. A cette date, 1CDF équivalait 0.0031 USD. La
précarité des réserves de change conduit la monnaie
nationale à se déprécier. En change fixe, la
dépréciation du Z, NZ et du CDF s'observent à travers les
écarts apparaissant entre le cours officiel et le taux de change
parallèle. C'est ainsi que ce soit hebdomadairement ou
mensuellement, la Banque centrale dégageait un cours moyen indicatif
afin de fixer un taux de change. Techniquement, toutes ces manipulations ont
été considérées comme des dévaluations
nécessitées par la persistance des pénuries de devises et
le souci de rétablir autant que possible les équilibres
fondamentaux rompus [MASANGU, 2007].
Vu que le solde de la balance des paiements est resté
négatif [-227.1 en 1997, -560.7 en 2000, -176.6 en 2005, -659.1 en 2008,
en millions de USD], durant la période 1997-2010, le taux de change a
une tendance constante vers la hausse. Heureusement la reprise de la
coopération permet à la Banque Centrale de
bénéficier des appuis à la balance de paiement. Cette aide
financière est bénéfique à la BCC. Elle lui permet
d'appliquer sa politique de change d'adjudications des devises afin de
rétablir la parité entre le franc congolais et les devises
étrangères en cas de dépréciation.
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