UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR (UCAD)
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
(FLSH)
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE MASTER 2 EN ESPACES SOCIETES ET
DEVELOPPEMENT.OPTION : GESTION ET DEVELOPPEMENT DES ESPACES RURAUX
(GDER)
THEME :
ETUDE DES MUTATIONS DE LA GESTION
DE
L'ELEVAGE BOVIN DANS LA MOYENNE
VALLEE DU FLEUVE SENEGAL
(COMMUNAUTE RURALE DE
GUEDE-VILLAGE)
1
Présenté par : Sidaty Sow
Sous la direction de : Encadrement scientifique
:
Alioune Kane Mame Arame Soumaré
Professeur Maitre-assistant
ANNEE ACADEMIQUE : 2012-2013
2
SIGLES, ACRONYMES, ABREVIATIONS :
AI : Aménagement
Intermédiaire.
ANACIM : Agence nationale de la climatologie
et de la météorologie.
ANSD : Agence nationale de la statistique et
de la démographie.
BAD : Banque Africaine de
Développement.
BU : Bibliothèque Universitaire.
CADL : Centre d'Appui au Développement
Local.
CR : Communauté Rurale.
CONDESERIA : Conseil pour le
développement des sciences sociales en Afrique.
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal.
CORAD : Coordination des agro-pasteurs pour
le développement.
COPEC : Coopérative d'épargne
et de crédit.
ENDA TIERS MONDE : Environnement et
développement en Afrique et dans le tiers monde.
ESEA : Ecole Supérieure Economie
Appliquée.
EISMV : Ecole Inter-Etats des Sciences
Médecines Vétérinaires.
FAO : Organisation des nations unies pour
l'alimentation et la nourriture.
FONSTAB : Fond d'appui à la
stabulation.
GIE : Groupement Intérêt
Economique.
GDER. : Gestion et développement des
espaces ruraux
GA : Grand Aménagement.
IRD: Institut de Recherché pour le
Développement.
3
OMD: Objectif du Millénaire pour le
Développement.
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé.
OMVS: Organisation pour la mise en valeur du
fleuve Sénégal.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
PLHA: Plan Local Hydraulique et
Assainissement.
POAS : Plan d'occupation et d'affectation des
sols.
PIP: Périmètre irrigué
privé.
PIV : Périmètre irrigué
villageois.
PAPEL : Programme d'appui pour le
développement de l'élevage.
SDEL : Service Départemental de
L'élevage.
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de
Dakar.
UBT : Unité Bête Tropicale.
ZAPA : Zone à priorité
agriculture.
ZAPE : Zone à priorité
d'élevage.
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AVANT-PROPOS
L'élevage est une activité économique qui
existe toujours dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal,
à coté des activités telles que l'agriculture, la
pêche et le commerce. Il est pratiqué par tous les groupes sociaux
vivants, dans la moyenne vallée. Il demeure l'activité principale
de l'ethnie peulh, qui a un lien historique et culturel avec le bovin, faisant
d'elle un peuple réputé voyageur, pour ses déplacements
d'une zone à l'autre, à la recherche de pâturage et
d'eau.
Après des décennies de politiques coloniales,
marquées par la construction de forages, dans le jeeri, afin de
fixer les éleveurs et de les contrôler, pour le paiement des
impôts à la métropole française, et l'expansion
hydro-agricole actuelle, l'accès du cheptel à la zone humide, en
saison sèche, devient très difficile. Mais, l'élevage
maintient présentement son développement dans la vallée du
fleuve Sénégal, même si les politiques de l'Etat sont
visiblement favorables à une agriculture moderne. Ainsi, pour se
maintenir solidement dans la vallée, les éleveurs ont
apporté des innovations dans la pratique de leur activité, en
s'ouvrant de plus en plus vers d'autres types de l'élevage.
Cependant, l'élevage bovin dans la communauté
rurale de Guédé-village, est un exemple solide, qui
révèle des innovations dans sa pratique, dans un contexte de
changement environnemental, socio-économique, régnant
actuellement dans cet espace géographique.
Ainsi, notre étude des mutations dans la gestion de
l'élevage bovin dans la communauté rurale de Guédé
village, est facilitée par un stage que l'institut de recherche pour le
développement (IRD) nous a accordé au laboratoire LPED
(Laboratoire Population, Environnement et Développement). Il a
été financé par le projet ANR-ESCAPE (ANR-10 CEPL-005).
Ce stage est l'oeuvre de Mame Arame Soumaré, à
qui nous témoignons notre gratitude pour les gros efforts qu'elle a
fournis afin de nous mettre dans de très bonnes conditions de travail au
sein de l'IRD, mais aussi son sens de rigueur dans la recherche.
Nous exprimons notre reconnaissance à l'ensemble du
corps professoral du département de Géographie, qui nous a
formé et accompagné au cours de notre formation universitaire.
Nous remercions nos parents descendants de Samba Sogui et de
Sogni Bineta à Bellynamary, qui n'ont jamais cessé de formuler
des prières pour notre réussite.
5
A nos tuteurs à Ndombo, Saint Louis et Dakar, nous vous
témoignons notre reconnaissance.
Nous remercions nos camarades du département de
géographie et amis avec qui, nous avons partagé le cursus
scolaire ; à Amadou Diop, Abdou Ba, Mamoudou Ndiath, Djiby Sam, Mamadou
Moustapha Diallo, Bokara Sy, Mouhamed Ndiaye, Ousseynou Diop, Khady Mbengue, El
hadji Badiane, Mamour Fall, El hadji Taye et Mamadou Ngom.
A mes collègues stagiaires à l'IRD ; à
Cheikh Tine, Tamsir Faye, Alioune Goudiaby, Jean charles Turpin, Jean Paul
Diaga Faye, Djiby Ndong, Abou Diallo.
A monsieur Yoro Diaw, inspecteur départemental de
l'élevage à Podor, qui nous a fourni beaucoup d'information sur
l'élevage ; nous vous remercions chaleureusement.
Nous témoignons notre reconnaissance à Abdoulaye
Racine Hann, agro-pasteur à Khodith qui nous a facilité
l'exploration de son système de production de l'élevage bovin.
Ce travail est dédié à notre père
Oumar Sow et mère Khardiata Sow qui nous ont toujours appuyé,
mais aussi à toute la famille de Cheikhna Cheikh Sadibou Aidara de
Nimzatt, pour les prières formulées à notre
égard.
6
INTRODUCTION GENERALE.
L'élevage est une activité économique de
grande taille au Sénégal de par les produits laitiers et de
viande qu'il procure. Il participe à hauteur de 7,5% du PIB national et
35% de la valeur ajouté du secteur agricole, selon les statistiques de
la direction de l'élevage. La pratique de l'élevage
préoccupe 13% de la population sénégalaise et constitue la
principale activité de l'ethnie peulh, présente dans toutes les
régions du Sénégal, avec un cheptel composé de
bovins, d'ovins et de caprins. Ce système est globalement de type
pastoral, avec des déplacements saisonniers ou périodiques
suivant des itinéraires de transhumance, bien maitrisés dans
l'espace à la recherche de pâturages. Ainsi, les ressources
naturelles (eaux, végétation) régissent
généralement l'élevage sénégalais. De ce
fait, l'état de ces ressources naturelles influe sur la pratique de
cette activité agricole.
Dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal,
malgré le choix politique de l'Etat d'une zone à vocation d'une
agriculture irriguée, la pratique de l'élevage reste une
activité économique développée par les populations.
Le cheptel est estimé dans le département de Podor en 2012,
à 1021270UBT et concerne 36% de la population, d'après les
statistiques du service départemental de l'élevage (SDEL, 2013).
Dans la zone waalo, l'élevage est pratiqué avec
l'agriculture et par tous les groupes sociaux. Il constitue la seule source de
revenus des populations essentiellement peulh, dans le jeeri.
Par ailleurs, les mutations liées à
l'accroissement de la population, aux besoins en terme de nourriture et
d'espace, et à des politiques d'aménagements ; telles que les
installations hydro-agricoles sont sources de changements environnementaux et
socio-économiques influents sur la pratique de l'élevage actuel.
Ces influences se traduisent par des bouleversements dans le mode
d'accès aux ressources eaux et pâturages.
Néanmoins, les éleveurs s'intègrent dans
cette nouvelle configuration spatiale de la moyenne vallée et continuent
à pratiquer l'élevage en innovant la prise en charge du
bétail. Ainsi, le système de l'élevage bovin pour
diversité et de son enjeu socio-économique, dans la
communauté rurale de Guédé-village, constitue une parfaite
illustration d'une nouvelle dynamique de l'élevage, dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal, à travers une
évolution dans sa pratique, par les populations agricoles. Il
soulève des interrogations sur :
7
? Le système actuel de production de l'élevage
bovin ;
? Les changements intervenus dans la gestion de l'élevage
bovin ;
? Les effets des mutations relatives à la gestion de
l'élevage bovin dans la communauté rurale de
Guédé-village.
Nous allons essayer de répondre à ces questions
dans la deuxième partie de notre travail de recherche (TER),
après une étude explicite des potentialités naturelles,
humaines et socio-économiques de notre périmètre de
recherche, dans la première partie.
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I. PROBLEMATIQUE. 1. Contexte
d'étude.
La gestion actuelle de l'élevage bovin dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal (communauté rurale de
Guédé-village) se pose dans un contexte environnemental,
socio-économique et politique nouveau. En effet, le système de
production agricole traditionnel de la vallée du fleuve
Sénégal est aujourd'hui modifié suite à la nouvelle
configuration spatiale relative aux aménagements hydro-agricoles
modernes. La vie dans vallée du fleuve Sénégal fut
longtemps rythmée par le système « agro-halio -pastoral
», complémentaire dépendant de la crue du fleuve et des
précipitations en hivernage (P. Pélissier, 1966). Ainsi,
l'élevage basé sur la transhumance entre le waalo et le
jeeri, bénéficiait de la vaine pâture des champs
de décrue et ces derniers étaient fertilisés par les
déjections des troupeaux pour un bon rendement. De ce fait,
l'accès des troupeaux dans les champs du waalo était
permis et souhaité par les agriculteurs qui vivaient en parfaite
harmonie avec les éleveurs.
Présentement, l'agriculture devient une activité
quotidienne dans la vallée du fleuve, suite à la maitrise de
l'eau du fleuve, par la construction des barrages de Diama et de Manantali. Par
des systèmes modernes de canalisations, de grandes exploitations
agricoles avec des types de cultures variées, sont irriguées.
La complémentarité entre agriculteur et le
pasteur à la recherche de pâturage est de ce fait
bouleversée par cette nouvelle dynamique hydro-agricole, hostile
à toute activité pastorale, dans les périmètres
irrigués. En effet, les agriculteurs utilisent actuellement des engrais
chimiques pour fertiliser les sols afin de maximiser leurs productions
agricoles. Ainsi, l'élevage pastoral dans la zone waalo, est
aujourd'hui réduit aux parcours de bétail et aux zones non
cultivées.
Sur le plan politique, l'option de l'Etat du
Sénégal dans son programme de développement agricole,
n'est pas favorable à l'élevage dans la vallée du fleuve
où il mise beaucoup l'autosuffisance rizicole. En effet, l'Etat
accompagne techniquement les agriculteurs par la Société
d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta et de la
Falémé (SAED) et financièrement par la Caisse Nationale de
Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS), pour une bonne
production agricole. Par contre, aucun programme gouvernemental favorable
à l'intégration de
9
l'élevage dans les périmètres
irrigués, n'est mis en oeuvre. L'Etat du Sénégal encourage
plutôt la concentration des éleveurs dans le jeeri, par
les constructions de forages pastoraux.
L'autre facteur de mutation de l'élevage bovin est
lié au nouveau profil de l'éleveur peulh. En effet, avec
l'aménagement hydro-agricole de la vallée, des éleveurs se
sont mis à la culture irriguée (Santoir Christian, 1995).
Plusieurs d'entre eux ne sont plus des nomades et se fixent dans des gros
villages, à l'image de Dioundou-décollé et de
Diambo-diaobé qui s'urbanisent de plus en plus. Cette vie
sédentaire d'éleveurs dans la partie waalo, s'accompagne
aussi d'infrastructures de base (école, case de santé,
mosquée, boutique) modernisant ainsi, la vie de cette population. Elle
influe déjà sur sa relation avec le bétail.
Au niveau du jeeri, l'éleveur s'est plus ou
moins sédentarisé autour des forages d'où une transhumance
faiblement orientée vers le waalo ; autrefois lieu de refuge
des troupeaux en saison sèche.
Ces facteurs d'ordre socio-spatial et environnemental qui font
que l'accès aux pâturages devient de plus en plus difficile pour
le pasteur, ont abouti aux changements dans la gestion de l'élevage ;
particulièrement de l'élevage bovin, dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal.
2. Justification du sujet d'étude.
Le choix de notre sujet sur l'étude des mutations de la
gestion de l'élevage bovin, est le fruit de notre volonté de
connaitre les changements environnementaux et sociaux, en vigueur dans les
espaces ruraux et qui sont relatifs aux systèmes de production
agricole.
Le thème demeure aussi une problématique de la
géographie rurale, qui a connu des évolutions dans son approche
d'étude. En effet, « la géographie rurale était une
géographie agraire ; elle s'intéressait particulièrement
aux paysages agraires dont on étudiait deux composantes : la morphologie
agraire et l'habitat », Bailly .A (2001). De ce fait, l'étude de
cette branche était fondée sur la description des paysages
agraires. Aujourd'hui, avec le nouveau parcours que mène la
géographie humaine, ainsi que les mutations et enjeux du monde rural, la
géographie rurale s'est libérée de la monographie et des
composantes de l'espace rural. Elle devient une branche de la
géographie, dont l'objet est l'étude des rapports entre le
peuplement, les ressources naturelles et les activités dans un espace
rural.
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Notre sujet est dans une logique de la nouvelle
géographie rurale puisqu'il nous renseigne non pas seulement sur la
morphologie et l'habitat, mais il nous fournit des informations sur
l'élevage bovin dans un espace rural.
Enfin, il reste un sujet pratique de notre
spécialité d'étude en gestion et développement des
espaces ruraux (GDER).
3. Etat de l'art
3.1 Discussion des concepts
Dans cette partie, il s'agit de faire une analyse des mots
clés, pour bien élucider la question posée, qui porte sur
l'étude des mutations dans la gestion de l'élevage bovin, dans la
moyenne vallée du fleuve Sénégal, à
l'échelle de la communauté rurale de Guédé-village.
Le dictionnaire de la géographie de Pierre George et le dictionnaire
Universalis (2011), nous ont servi de supports d'analyse de ces concepts.
La gestion renvoie à l'art de gérer (Universalis
2011). Il est donc l'ensemble des pratiques sur lesquelles un individu ou un
groupe s'entend préserver, exploiter et utiliser ses ressources.
Les mutations sont définies comme l'ensemble des
transformations ou des changements intervenus.
En résumé, les mutations dans la gestion de
l'élevage bovin désignent les changements intervenus dans la
pratique de l'élevage bovin, étudiés à
l'échelle de la communauté rurale de Guédé-village.
Cette dernière est une collectivité locale promulguée par
la loi 72-02 du 11-021972, dans le cadre de la politique de l'Etat du
Sénégal de la décentralisation.
3.2 Discussion des théories
Notre thème de recherche qui porte sur l'élevage
bovin, est l'objet de réflexions et de discussions dans des approches
géographiques, sociologiques, économiques et agronomiques .Il a
intéressé les décideurs politiques et des chercheurs.
C'est le cas au Sénégal, particulièrement dans la
vallée du fleuve où beaucoup d'études ont
été portées sur l'élevage pastoral. Ces
études, varient en ouvrages généraux, articles
scientifiques, présentés à des colloques le plus souvent
mais aussi, des thèses et mémoires en géographie. Parmi
ces documents on peut citer :
11
« La carte de l'élevage pour le
Sénégal et la Mauritanie » de François Bonnet
Dyperon. Effet, cet ouvrage qui date 1951, nous fait une présentation de
l'élevage. Il nous donne tous les éléments descriptifs de
l'élevage pastoral au Sénégal : son histoire, le
système de production dans le passé, avec des cartes de
localisation à l'appui. Ainsi, ce document à l'heure actuelle,
nous permet d'analyser et d'apprécier l'évolution de
l'élevage pastoral dans la moyenne vallée du
Sénégal de, 1951 à nos jours.
Faire une revue documentaire sur l'élevage pastoral
dans la vallée du Sénégal, sans citer les oeuvres
multiples de Christian Santoir, peut être synonyme d'une
compréhension limitée du sujet ; vu les productions scientifiques
qu'il a fourni sur l'élevage dans la vallée du fleuve
Sénégal. Parmi ses travaux on a : «
l'espace pastoral dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal » en 1979, « Décadence et
résistance du pastoralisme : les peulh de la vallée du fleuve
Sénégal » en 1994, « Raison pastorale et politique de
développement : les peulh face aux aménagements » en 1983,
« une ressource durable : l'élevage chez les villageois du Fouta
(vallée du fleuve Sénégal) » en 1997. Ainsi, à
travers ces travaux de Christian Santoir, nous avons eu connaissance de
l'élevage, particulièrement sur le système pastoral des
peulh éleveurs dans notre zone d'étude. Il n'a cessé de
présenter et d'expliquer l'évolution relative à la
pratique de cette activité, dans la vallée du
Sénégal. En effet, dans sa présentation de
l'évolution de l'élevage, l'auteur montre que la pratique de
l'élevage dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal,
qui depuis longtemps est considéré comme moyen de subsistance des
éleveurs, était basée sur une
complémentarité des ressources entre le waalo et le
jeeri. En saison des pluies, les éleveurs de la vallée,
remontaient dans le jeeri où le pâturage était
abondant, et revenaient dans le waalo en saison sèche du fait
de la rareté du pâturage pendant cette période de
l'année. Aujourd'hui, la valorisation agricole, fruit de la maitrise de
l'eau du fleuve, ajoutée à l'irrégularité des
précipitions, a profondément bouleversé le système
waalo /jeeri. De ce fait, l'éleveur a deux choix : changer son
système d'élevage ou sortir de cette zone, du fait que la
politique de l'Etat est en faveur de l'agriculture irriguée.
De même, le document de Jean Schmitz intitulé
: « évolution contrastée de
l'agro-pastoralisme. » publié en 1995, nous
apprend sur l'orientation actuelle de l'élevage pastorale. Aujourd'hui,
dans la vallée avec le développement de la culture
irriguée, beaucoup d'éleveurs sont impliqués dans
l'exploitation agricole qui modifie le pastoralisme dans cet espace. On parle
de l'agro-
12
pastoralisme dans la vallée qui révèle
une fixation définitive de nombreux éleveurs dans le waalo
avec une nouvelle formule de satisfaction du bétail (son de riz,
drèches de tomates etc.). D'après l'auteur, les résidus de
récolte ne pouvant satisfaire qu'une partie des besoins du
bétail, les éleveurs ont tendance à diviser leurs familles
en deux : une partie chargée de l'exploitation agricole et l'autre
chargée de conduire le bétail aux pâturages.
L'ouvrage de Crousse Bernard et al intitulé «
espaces disputés en Afrique Noire : les pratiques foncières
locales », publié en 1986, présente les problèmes
fonciers en Afrique Noire. Il nous explique les enjeux fonciers qui se
caractérisent dans cet espace de l'Afrique, par des logiques
différentes entre acteurs de la terre. Il s'agit d'un débat
autour de l'organisation et de l'exploitation de la terre qui est en question,
dans cette étude dont l'élevage pastoral constitue un sujet
essentiel.
L'ouvrage de Philipe Delville Lavigne et al «
gérer le foncier en Afrique de l'ouest : dynamiques
foncières et interventions publiques », illustre
la dynamique foncière dans cette partie de l'Afrique. L'intervention
dans l'espace aujourd'hui en Afrique se traduit par de nouvelles configurations
où, « L'accès et le contrôle de l'espace devient de
plus en plus conflictuels et tendent à reposer sur des stratégies
d'exclusion et non de complémentarité entre activités
». En effet, dans plusieurs contrées en Afrique de l'Ouest, comme
dans la vallée du fleuve Sénégal, l'organisation de
l'espace était fondée sur la complémentarité entre
les différentes activités telles que l'élevage,
l'agriculture et la pêche. Cette politique était source de
cohésion sociale entre ethnie où chacun pratiquait ses
activités en fonction des dispositions réglementaires prises
autour du terroir commun.
Par contre, dans les options prisent par le
Sénégal visant l'autosuffisance alimentaire, l'agriculture,
favorisée est valorisée au détriment de l'élevage.
L'agriculture est considérée comme seule source de mise en valeur
au Sénégal, selon la loi sur le domaine nationale. Ainsi,
l'espace pastoral se rétrécit au bénéfice des
exploitations agricoles, qui augmentent leurs surfaces cultivées. Cette
dynamique foncière qui pousse les éleveurs dans le ferlo du
Sénégal de parler « de la divagation des champs », sur
leurs terroirs d'élevage est source de conflit entre acteurs de l'espace
rural, Le Roy. E et al (1996).
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Notre thème de recherche est aussi un sujet de
réflexion dans nos universités, à travers des
mémoires et des thèses. Parmi ces réflexions qui
concernent notre zone d'étude, on peut citer :
La thèse de Cheikh Ba en 1982 intitulée : «
les peul du Sénégal ; étude géographique
», nous fait une présentation géographique
des sociétés peulh, ainsi que l'activité de
l'élevage pastoral à laquelle ils s'identifient. Ainsi, c'est un
document d'analyse de l'élevage pastorale. Il parle de la
répartition géographique des peulh, leur système
d'élevage pastoral, leur genre de vie et les menaces qui pèsent
sur ce système face aux mutations spatiales relatives à
l'expansion agricole. Ce peuple dispersé partout en Afrique, maitrise
les espaces, par le système de transhumance.
Mame A .Soumaré en 1997, dans sa thèse
intitulée : « Evolution des systèmes de production
agro-pastoraux dans la moyenne Vallée du fleuve Sénégal
(Rive gauche) : Approche géographique », nous informe sur les
mutations admises dans cette zone, suite à la maitrise de l'eau du
fleuve par la construction du barrage de Diama. Elle note une évolution
de l'agriculture et de l'élevage qui étaient fondés sur
des mouvements d'échange et de complémentarité des
activités entre le waalo et jeeri. Avec la nouvelle
forme d'exploitation des terres de la vallée, l'intégration de
l'élevage dans la partie waalo devient de plus en plus
compromise, même si beaucoup d'éleveurs après la
récolte s'investissent sur l'achat du bétail, surtout les petits
ruminants, comme le mouton qu'ils prennent en charge, grâce aux
résidus de récolte.
Abou Diallo (2010/2011) dans son mémoire de Master II
intitulé : « La variabilité temporelle des
précipitations de 1941 à 2010 et son impact sur le milieu
agro-pastoral : le cas de la communauté rurale de Guédé
Village (Podor) », est une étude qui porte sur notre
périmètre de recherche. Ainsi, après avoir analysé
les précipitations dans cette zone de 1941 à 2010, l'auteur nous
informe sur les effets induits par les variations pluviométriques sur le
milieu agro-pastoral. En effet, la faiblesse de la pluviométrie, dans
cette partie du Sénégal est synonyme d'une fragilité de
l'activité pastorale. Par conséquent, d'après l'auteur,
les éleveurs ne pouvant plus satisfaire le cheptel en fourrages sont
obligés de rallier le ferlo et même le bassin arachidier, à
la recherche de pâturage suffisant pour le bien être du
bétail.
En somme, les études qui ont été faites
sur l'élevage dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal sont nombreuses et datent de la période coloniale
à nos jours. Elles peuvent être situées en deux
périodes:
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? la période coloniale ;
? l'époque des aménagements hydro-agricoles.
Les réflexions anciennes (période coloniale) sur
cette pratique de l'élevage, étaient le plus souvent
limitées à une description du système de l'élevage.
La relation basée sur des échanges et de
complémentarité entre agriculture et élevage a
été mise aussi en exergue dans les études anciennes.
Ainsi, durant cette période, après la récolte des cultures
de décrue dans le waalo, les animaux venaient chercher de la
vaine pâture et enrichissaient les champs en fumure. Agriculteurs et
éleveurs échangeaient sous forme de troc les produits laitiers et
les produits de récolte comme le mil. L'éleveur durant cette
période, par des mouvements saisonniers entre le waalo et le
jeeri, arrivait à prendre en charge son troupeau, sans
provoquer de heurts à l'endroit des agriculteurs.
Par ailleurs, les nouvelles études sur l'élevage
pastoral, qui coïncident avec les aménagements hydro-agricoles ont
donné un visage nouveau à l'élevage pastoral, dans la
vallée du fleuve Sénégal. Il s'agit des
problématiques qui cherchent à comprendre l'état, le sort
et la stratégie actuelle du système pastoral, dans un contexte de
mutations agricoles en vigueur. En effet, le Sénégal a
concrétisé la politique coloniale qui avait entamé le
projet de l'aménagement de la vallée, afin d'être une zone
à vocation agricole. Désormais, avec la construction du barrage
de Diama, l'agriculture est devenue une activité quotidienne des
populations du waalo, avec des systèmes d'irrigation moderne
tout le long du fleuve. L'Etat opte la valorisation de l'agriculture
irriguée à grandes échelles, pour réussir sa
politique d'autosuffisance alimentaire en riz. Ainsi, les programmes de l'Etat
de soutien au développement dans la vallée, sont globalement
relatifs au développement de l'agriculture irriguée. Pour
beaucoup d'études, le soutien à l'élevage se résume
en aliment de bétail, campagne de vaccination. Ainsi, les
éleveurs qui, après la récolte revenaient dans les berges
du fleuve, pour la vaine pâture des cultures de décrue, se
replient le plus souvent vers le ferlo, pour trouver la quantité de
pâturages nécessaires à l'alimentation de leur
bétail. Ainsi, avec le développement de la culture
irriguée, la zone waalo ne peut plus contenir le cheptel, dans
ses périmètres. Il faut aussi noter que cette perte de
pâturages dans le waalo, s'accompagne d'un
rétrécissement de l'espace pastoral, d'où la
récurrence des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Par
contre, il est important de souligner l'implication des éleveurs dans
l'agriculture irriguée, dans ces études. Cette implication est
accentuée par les dommages
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causés par les périodes de sécheresse qui
se sont succédé, dans cette partie du Sahel. En effet, beaucoup
d'éleveurs font de l'agro-pastoralisme en investissant les revenus des
récoltes pour l'achat de petits ruminants. D'autres, adoptent la
division de la famille en deux : une partie chargée des exploitations
agricoles et l'autre qui amène le bétail aux pâturages.
Les études faites sur l'élevage que nous avons
présenté ci-dessus, sont pour la plupart des recherches
généralisées et anciennes. Au regard des
aménagements hydro-agricoles au profit de l'agriculture,
l'élevage reste néanmoins une activité présente et
vivante dans la moyenne vallée du Sénégal. De ce fait, il
serait intéressant de comprendre l'actuel mode de gestion de
l'élevage. Par conséquent, notre sujet qui porte sur
l'étude des mutations dans la gestion de l'élevage bovin dans la
moyenne vallée du fleuve Sénégal (communauté rurale
de Guédé-village), va contribuer à la connaissance des
évolutions dans la gestion des troupeaux bovins en cours, dans la
moyenne vallée du Sénégal.
4. Objectifs
Les objectifs sont d'ordre général et
spécifique. 4.1 L'objectif général.
L'objectif général de cette étude est de
comprendre les changements intervenus dans la gestion des troupeaux bovins,
dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal,
particulièrement dans la communauté rurale de
Guédé-village.
4.2 Les objectifs spécifiques.
Les objectifs spécifiques s'articulent à :
? montrer les particularités physiques, humaines et
économiques de la communauté rurale de
Guédé-village ;
? connaitre les innovations dans le système de
production et de reproduction de l'élevage bovin ;
? voir l'impact des mutations dans la gestion de l'élevage
bovin.
16
Ainsi, pour atteindre nos objectifs, il est nécessaire
de dégager des hypothèses qui sont des réponses à
priori à notre problème de recherche.
5. Hypothèses
Les mutations dans la gestion de l'élevage bovin dans
la moyenne vallée du fleuve Sénégal (communauté
rurale de Guédé-village), s'articulent autour des
hypothèses suivantes :
? L'achat de vaine pâture, des aliments de bétail
et le développement de cultures végétales, sont les
nouvelles sources d'alimentation propres à la zone waalo.
? L'insémination artificielle, l'achat de taureau bon
géniteur, constituent des actions novatrices concernant la
transformation de la race bovine et la reproduction animale.
? L'accès aux crédits agricoles, la
professionnalisation du commerce des produits laitiers et le
réinvestissement des revenus agricoles sur le bétail, sont aussi
des innovations dans l'exploitation du cheptel bovin.
17
II. METHODOLOGIE.
Notre méthodologie est conçue autour de la
recherche documentaire, le travail de terrain et le traitement des
données par des outils informatiques.
1. La recherche documentaire.
Cette étape de notre recherche consiste d'abord
à des consultations d'ouvrages généraux, dans lesquels
l'élevage constitue le thème principal. Il s'agit d'ouvrages
trouvés :
À la bibliothèque centrale de l'Université
Cheikh Anta Diop (BU),
Au centre de documentation de l'Institut de Recherche pour le
Développement (IRD), À la bibliothèque de l'Ecole
Inter-Etats des Sciences Médecines Vétérinaires (EISMV)
À la salle multimédia de l'ENDA tiers monde ;
À la bibliothèque du Conseil pour le
Développement des Sciences Sociales en Afrique(CODSRIA) ;
À la bibliothèque de l'Ecole Supérieure
d'Economie Appliquée ; ex Ecole Nationale de l'Economie Appliquée
(ENEA).
Des thèses, des mémoires en géographie
qui traitent de l'élevage surtout dans la vallée et
particulièrement l'élevage dans la CR de
Guédé-village, ont été consulté à la
salle de travail du département de Géographie de
l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et à la
Bibliothèque centrale. Ils nous ont servi à mieux connaitre notre
terrain de recherche et nos cibles.
En outre, des documents qui font l'objet de programme ou plan
de développement d'élevage ; des rapports d'évaluation
annuelle sont aussi consultés. Ils sont trouvés au service
départemental de l'élevage, au ministère de
l'élevage, à la maison des éleveurs du
Sénégal, à la délégation de la SAED /Podor.
Ces documents ont permis de comprendre les politiques gouvernementales et non
gouvernementales d'appui au développement d'élevage, dans la
moyenne vallée du fleuve Sénégal.
18
Des articles relatifs à notre thème dans la
vallée alluviale du fleuve Sénégal, sont aussi
traités et publiés via Internet et ont servi à une large
connaissance de la question étudiée.
2. La recherche sur le terrain.
Cette étape fondamentale de la collecte s'est faite
d'abord sur le terrain en deux phases. La première nous a permis
d'explorer le terrain et de nous entretenir avec des personnes ressources et
des éleveurs. Dans la seconde étape, nous avons mené des
enquêtes auprès des institutions dont les activités et
politiques sont liées à l'élevage bovin.
Pour bien réussir cette collecte d'information relative
à notre problématique de recherche, nous avons adopté les
méthodes suivantes :
2.1 L'interview semi structurée.
Elle a pour cible le sous préfet, le président
de la communauté rurale, des chefs de villages, l'inspecteur
départemental de l'élevage, le chef du centre d'appui au
développement local, le délégué
général de la SAED de Podor, l'agent des eaux et forets, les
agents des institutions financières des éleveurs.
2.2 Les enquêtes ménages
Il s'agit des entretiens et des focus groupes avec des
pasteurs et des agro-pasteurs ; des organisations de producteurs en
matière de l'élevage bovin et des associations de
développement de l'élevage. Ces méthodes ont ciblé
toutes les zones géographiques de la communauté rurale
malgré les difficultés de transport. Elles ont obéit aux
critères suivants :
? L'importance de l'élevage bovin dans le terroir,
? La dynamique des mutations de l'élevage bovin et
l'enjeu des activités agricoles dans la localité ;
? Les disparités physiques et sociales entre terroir du
waalo, jeeri et du jejeengol.
2. Le traitement des données
19
Les données quantitatives ont été
traitées par le logiciel Excel, notamment les calculs des pourcentages
et des moyennes, ainsi que l'élaboration des graphiques et des tableaux.
Le logiciel ARC-GIS a été utilisé pour la confection des
cartes.
ETUDE DES POTENTIALITES DE LA COMMUNAUTE RURALE DE
GUEDE-VILLAGE.
PREMIERE
PARTIE
20
21
Dans cette première partie, il s'agit de faire une
présentation géographique de la zone d'étude, son cadre
physique (positon géographique, géologie, l'hydrographie, la
pédologie, la végétation et le climat), humain
(peuplement, localités, aspects sociaux-culturels) et d'analyser les
systèmes de productions agricoles (agriculture, élevage,
pêche) ainsi que les services sociaux de base.
Cette partie est scindée en 4 chapitres :
? analyse des facteurs physiques de la CR de
Guédé-village.
? Etude de l'occupation humaine de l'espace communautaire de
Guédé-village.
? Les systèmes de productions agricoles.
? Diagnostic des services sociaux de base dans la CR de
Guédé-village.
22
Carte 1 : Localisation de la CR de
Guédé-village
23
CHAPITRE I : ANALYSE DES FACTEURS PHYSIQUES.
Notre zone d'étude appartient géographiquement
à la moyenne vallée du fleuve Sénégal qui
s'insère dans la partie sud du Sahel. C'est une zone à faibles
précipitations avec une alternance de saison humide et de saison
sèche.
Elle correspond administrativement à la communauté
rurale de Guédé-village, et est située entre la latitude
16°41nord et 16°nord et la longitude 15°11ouest et
16°ouest.
Elle couvre une superficie de 1511,9 km2 ; soit 11 ,5%
de la superficie totale du département de Podor.
Elle est limitée :
Au nord par le fleuve Sénégal,
Au sud par la communauté rurale de
Tessekéré-forage,
À l'ouest par la communauté rurale de
Ndiayéne-Pendao, À l'est par la communauté rurale de
Gamadji-Saré.
Ainsi, la communauté rurale de Guédé-village
fait partie des dix (10) communautés rurales que compte le
département de Podor et appartient à l'Arrondissement de
Gamadji-Saré. Ce dernier regroupe trois (3) communautés rurales
(Guédé-village, Gamadji-saré, Dodel).
I. ETUDE GEOLOGIQUE DE LA CR DE GUEDE-VILLAGE.
1. Evolution géomorphologique.
La structure géomorphologique actuelle de la
vallée du fleuve Sénégal est le résultat d'un long
processus entamé depuis le quaternaire ancien. En effet, le creusement
de la vallée par le fleuve Sénégal date du quaternaire
ancien, (Wane A, 2009).
C'est au cours du quaternaire récent que les
différentes unités géomorphologiques qui ont donné
actuellement à la vallée une topographie basse et
diversifiée se sont individualisées. Ainsi, le bassin versant du
fleuve Sénégal qui intègre notre périmètre
de recherche, présente de roches de nature et d'âge
différentes qui se sont remodelées dans le temps et dans
l'espace, sous l'effet
24
combiné des variations climatiques et des variations du
niveau marin. Elles se caractérisent par des cycles de
dessèchements et d'inondations, des cycles d'érosion alluviale et
de dépôts alluvionnaires.
De ce fait, les dunes, les cordons littoraux, les
dépressions, le glacis sableux et les terrasses ferrugineuses
constituant la structure géologique actuelle de la vallée du
fleuve Sénégal, sont l'aboutissement d'alternance de mouvements
régressifs et transgressifs, qui se sont longuement
succédé dans cet espace.
2. Les caractéristiques du relief.
Le paysage actuel de la vallée du fleuve
Sénégal appartenant au bassin sédimentaire
sénégalo-mauritanien est assez homogène. En effet, il se
distingue par un relief plat qui est généralement inferieur
à100m d'altitude. Ainsi, selon P. Michel (1973), l'évolution
géomorphologique présente les unités
géomorphologiques suivantes :
Un cordon dunaire de la zone non inondable (jeeri)
d'orientation NNE-SSW .Ces dunes sont aussi appelées dunes
ogolienne du fait de leur étage supérieur. Elles se
présentent en couleur rouge, brun rouge, orange grâce à
l'effet de l'oxyde de fer. Les terrasses Nouackchottiens qui sont de bas
glacis, désignant de modelés de formations de transitions entre
la partie inondable (waalo) et la partie non inondable
(jeeri).Ces unités géomorphologiques sont rarement
inondées par la crue du fleuve. Ces formations sont
désignées sous l'appellation jejeengol ;
Les levées anciennes ou fondé,
constituent des bourrelets de berge, édifiés par le fleuve. Elle
date de la période tchadien ;
Les levées récentes ou diacré,
sont des formations subactuelles et actuelles issues des sapements des
levées, qui gainent les lits du fleuve Sénégal et de ses
affluents ;
Les cuvettes de décantation ou
hollaldé, sont issues en contrebas des hautes levées et
occupent de grandes superficies.
Ainsi, la CR de Guédé-village a un relief peu
accidenté et se caractérise par une topographie plane,
légèrement entrecoupée de dunes, dans la partie non
inondable et de dépressions.
25
L'existence d'un relief homogène et plat dans
l'ensemble, favorise son aménagement hydro-agricole et facilite les
mouvements des populations humaines et animales.
II. Etude des potentialités pédologiques
et hydrauliques.
1. Les types de sols et leur rôle dans le
développement de l'agro-pastoralisme.
La structure pédologique de la vallée du fleuve
Sénégal n'est pas homogène. Les types de sols se
différencient d'une zone à l'autre .Ainsi, quatre (4) types de
sols sont identifiés, selon leur structure et leur texture (OMVS, FAO
1973) :
Le hollaldé : il s'agit de sols hydro-morphes,
situés dans les petites levées et les cuvettes de
décantation. Ce type de sol est de 50% à 75% argileux (sols
argileux), occupe la zone inondable de la communauté rurale de
Guédé-village ; dans sa rive avec le fleuve Sénégal
et le Doué, mais aussi 9700 hectares, soit 6,5% de la communauté
rurale de Guédé-village, est occupée par ce type de
sol.
Le faux hollaldé : il est argileux-limoneux
avec une teneur de 30 à 50% (sols argileux-limoneux). Il est aussi
présent dans la partie nord de la communauté rurale ; dans les
zones de Guia et de Khodith.
Il faut noter que ces types de sols (hollaldé et faux
hollaldé) sont favorables à la riziculture. De ce fait, les zones
où ils prédominent sont de vastes casiers rizicoles
s'étendant à perte de vue. Ces types de sols reflètent
aussi une zone à prédominance agricole avec des
aménagements hydro-agricoles modernes.
Le fondé : il est constitué de sols de
sables fins et de limons. Il est caractérisé par une teneur en
argile faible (sols limoneux). Il prédomine la zone de transition entre
la partie waalo de la communauté rurale et le jeeri
(jejeengol), soit une superficie de 11600 hectares (7,7% de la
communauté rurale).
Il est favorable à la polyculture ; d'où
l'importance de productions agricoles diversifiées telles que, l'ognon,
tomate, patates, etc.
Les sols sableux ou sols Dior : ils caractérisent la
partie jeeri, sur une superficie de 116100 hectares. La teneur en
argile y est presque inexistante. Ils contiennent 80 à 90% de sable
(sols
26
sableux). Il s'agit donc de sols meubles, fragiles et
dénudés et qui s'exposent à l'érosion
éolienne. Ils font l'objet d'une pratique de culture pluviale, avec des
variétés de culture comme le mil, le niébé, le
maïs et les pastèques. Les sols présents dans la
communauté rurale de Guédé-village ont des atouts dans
l'exploitation de produits agricoles variés, surtout dans la partie
waalo, où ils sont arrosés par les eaux de surface.
Carte 2 : Les types de sol de la Cr de
Guédé village
0000684
0000..4
00008.4
00006.4
0000484
0000284
0000E84
0000484
pppg'aa Inc:cursi'nru.4 ·nnnnnaL
pH:do-ionodo-udio-wKan auno-g
el
r=
a'
E
N
28
2. La distribution du réseau hydrographique et son
enjeu socioéconomique.
Notre périmètre de recherche dispose des eaux de
surfaces et des eaux souterraines. Les eaux de surfaces présentent
quatre (4) sources qui sont :
· Le fleuve Sénégal qui traverse la
communauté rurale de Guédé-village dans sa partie Nord,
sur une longueur de 28Km ;
· Le Doué, bras du fleuve Sénégal
constitue la limite sud de l'Ile amorphile. Il a une longueur de 33 km ;
· Le Gayo, affluent du fleuve Sénégal est
présent sur environ 16Km ;
· Le Ngalenka est un canal long de 6km creusé par
la Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du
Delta et de la Falémé (SAED), dans son programme d'appui au
développement de la culture irriguée des terres de la
vallée.
Ce réseau hydrographique fort dans la partie waalo
de la communauté rurale, offre des potentialités pour un
développement agricole dynamique et bénéfique à la
population vouée à l'agriculture irriguée.
Des mares temporelles (bélli) fonctionnent
pendant la saison des pluies et peuvent parfois rester inondées
1à 2 mois après la saison des pluies (Novembre, Décembre),
dans les environs de Biddi, Maffré et de Gawdé-Boffé ;
elles assurent l'abreuvement du bétail en période pluvieuse
(Nduggu).Celles ci reposent les éleveurs des paiements d'eaux
aux forages pour l'abreuvement des cheptels pendant 3mois.
Puits et forages sont les autres sources d'eaux. Ils sont
alimentés par un système de nappe d'eau profonde composé
de :
· Maestricien (10 à 25m) ;
· Du Paléocène où l'eau douce se situe
entre 100 à150m ;
· Du continental terminal de 15à50m (OMVS, 2007).
29
Les eaux souterraines sont exploitées dans la zone du
jeeri, à cause du manque d'eau et l'importance du cheptel, dans
cette partie de la communauté rurale.
La distribution du réseau hydrographique, a crée
de disparités entre la partie waalo bien arrosée par les
cours d'eaux ,toute l'année et un jeeri où les
conditions d'accès à l'eau sont très pénibles,
nécessitant parfois de longs trajets quotidien des populations à
la recherche de l'eau.
Le réseau hydrographique dans la Communauté
rurale de Guédé-village est assez dense. Il offre des
possibilités de développement du secteur agricole qui
préoccupe la majorité des populations. La zone waalo de
Guédé-village, serait un immense paysage vide d'occupation
humaine, sans les eaux de surface qu'elle dispose. Grâce à cette
distribution du réseau hydrographique, elle reste l'une des zones les
plus dynamiques sur le plan agricole, dans le département de Podor.
III. Etude du climat et de son influence sur les
activités socio-économiques.
L'étude du climat a une place fondamentale dans toute
étude géographique. Ainsi, selon Sagna .P (2006), « le
climat est un élément variable dans le temps et dans l'espace
(...) le climat est un élément régulateur de la vie sur
terre. Il favorise le développement de plusieurs activités :
agriculture, élevage, pêche ». De ce fait, le climat permet
de connaitre le temps qu'il fait sur un lieu, la température, les
précipitations, l'insolation, l'humidité relative et la pression
atmosphérique. Dans la moyenne vallée, comme toute la partie nord
du Sénégal, le climat est de type sahélien.
1. La circulation atmosphérique et les vents dans
notre zone d'étude.
La circulation atmosphérique au niveau de la
Communauté rurale de Guédé-village n'est pas
spécifique ; elle intègre les mécanismes de la circulation
atmosphérique générale de l'Afrique subsaharienne.
Elle est régie par les centres d'actions d'origines et
de caractéristiques différentes qui sont : Les anticyclones des
Açores dans l'océan atlantique nord, d'origine dynamique ;
Les anticyclones de Sainte Hélène dans
l'océan atlantique sud, d'origine dynamique aussi ; Et enfin les
antyclones Saharo-libyen d'origine thermique.
30
Ces centres d'action, organisent la circulation
atmosphérique générale en Afrique subsaharienne, par des
déplacements sous différentes formes des flux de masses d'airs
qui se structurent ainsi:
À partir de novembre et décembre, l'anticyclone
des Açores envoie du vent frais vers l'Afrique subsaharienne qui
pénètre au Sénégal par le nord-ouest. Ce vent frais
au début de son parcours dans la partie maritime, devient chaud et sec
au fur et à mesure qu'il pénètre l'intérieur de la
partie continentale du pays. Ainsi, plus une zone est proche de l'océan
atlantique, plus ses vents sont frais. Ceci explique les disparités
climatiques au Sénégal, entre la zone côtière
globalement fraiche et humide et l'intérieur du pays, chaud et sec.
Cette masse d'air devient frais et sec durant cette période de
l'année, du fait de son éloignement de l'océan atlantique
qui la conférait une grande humidité.
En outre, à partir du mois de mars, le climat est
marqué par l'influence de l'anticyclone Sahara libyen, d'origine
thermique et pénètre au Sénégal par le nord-est. Il
se caractérise par une très grande chaleur ; d'où la
présence de l'harmattan ; un vent chaud et sec qui balaye toute cette
partie nord du Sénégal et du centre et s'accompagne de grains de
poussières.
A partir du mois de juin, notre climat est
déterminé par l'anticyclone de Saint Hélène qui
provient de l'atlantique Sud. En effet, cette anticyclone est à
l'origine de la présence de mousson qui est un alizé ayant
traversé l'équateur météorologique et favorise
l'installation d'une saison pluvieuse au Sénégal, qui prend fin
au mois d'octobre dans la CR de Guédé-village.
En somme, le climat est déterminé d'abord par
les anticyclones des Açores et saharo-libyenne qui se traduisent par les
présences des alizés maritimes et continentaux, dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal et enfin par l'anticyclone de
Saint Hélène, se caractérisant par la présence de
mousson.
2. Impacts des températures et précipitations
sur l'élevage de la CR de Guédé-village.
2.1 Etude des températures.
Dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal,
les températures sont élevées et suivent un régime
bimodale avec un maximum principal de 30°C, enregistré au mois de
mai et un maximum secondaire de 31,8°C, enregistré au mois
d'octobre ; le minimum principal enregistré au mois de
31
janvier est de 23,5°C et le minimum secondaire
enregistré au mois d'août est de 30,9°C, à la station
de Podor en 2011, selon ANACIM.
Figure 1: évolution des températures de la
station de Podor de 1982 à 2011. (Source : ANACIM,
2012).
L'analyse de cette figure d'évolution des
températures, montre une variabilité des températures dans
l'année. En effet, la température est très
élevée à partir du mois d'avril et atteint parfois plus de
45°C au mois de mai ; elle connait une baisse remarquable aux mois de
décembre et janvier avec une moyenne maximale de 31°C. Ainsi, vu la
normale 1961- 1990 par rapport à la moyenne de 1982-2011, nous
déduisons une nette évolution des températures, source de
réchauffement climatique.
De même, des températures inhabituelles à
notre zone et semblables à celles des zones froides, s'imposent parfois
et induisent des effets négatifs sur l'environnement physique, humain et
animal. En effet, en 2011, la baisse des températures jusqu'à
14°C accompagnée de pluies hors saison, avait amené la perte
immense du cheptel et de personnes âgées par incapacité
d'une résistance au froid. Ainsi, la sécheresse de 1973 au
Sénégal et les intempéries de 2001, demeurent deux (2)
événements gravées dans la mémoire des
éleveurs ; vu les pertes de bétail qu'ils ont subi durant ces
périodes de calamités naturelles. Beaucoup d'éleveurs
illettrés prennent référence ces dates pour situer
l'âge de leurs enfants, le mariage ou la mort d'un proche. Cela traduit
la vulnérabilité des sociétés pastorales face aux
variations climatiques.
32
2.2 Les précipitations et leurs impacts sur
l'élevage bovin.
La réussite socio-économique des
sociétés pastorales dépendent d'une bonne saison
pluviométrique, capable de générer un tapis herbacé
dense et pouvant assurer la nourriture des cheptels, jusqu'aux prochaines
pluies, annonçant la fin de la saison sèche. La
pluviométrie dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal, est caractérisée par des pluies
très faibles, avec une moyenne annuelle dépassant rarement de 300
mm.
Tableau 1: moyenne des précipitations à la
station de Podor de 1982 à 2011 en mm.
mois
|
jan.
|
fév.
|
Mars
|
avril.
|
Mai
|
Juin.
|
juil.
|
Aout.
|
Sept
|
oct.
|
nov.
|
déc.
|
P (mm)
|
3,9
|
0,5
|
0,3
|
0,2
|
1,2
|
7,2
|
48,1
|
80,8
|
77,5
|
9,6
|
0,2
|
0,78
|
1961-
1990
|
1
|
2
|
1
|
T
|
T
|
1
|
41
|
77
|
73
|
16
|
T
|
1
|
(Source ANACIM 2012)
L'analyse des données pluviométriques
reflète des précipitations très faibles dans l'ensemble.
La pluviométrie mensuelle n'a jamais excédé 100mm dans la
zone couverte par la station de Podor. Les mois d'août (77,5mm) et de
septembre (80,8mm), bénéficient de la quasi-totalité des
précipitations annuelles ; ils marquent la période de repos pour
les éleveurs de la zone jeeri, confrontés aux manques
d'eaux et de pâturages, pendant plusieurs mois. En effet, les
précipitations annuelles n'arrivent pas à générer
un tapis herbacé suffisant et des marres d'eaux capables d'assurer
totalement la charge du bétail, en pâturages et en eaux toute
l'année. Ainsi, la pratique de l'élevage y demeure très
difficile, à cause des conditions climatiques hostiles au
développement de l'élevage ; ces difficultés sont plus
visibles dans la partie jeeri, du fait de l'absence des eaux de
surfaces permanentes.
IV. Etude des ressources Végétales.
1. Apports socio-économiques des ressources
végétales.
Appartenant au domaine sahélien, notre zone
d'investigation dispose des formations végétales de type
steppique, avec une strate herbacée, arbustive et arborée (Diallo
A, 2011).
La végétation varie en fonction de la saison
pluvieuse et de la saison sèche. En effet, en saison de pluies, la
strate arborée est herbacée est florissante et dense, dans toutes
les parties de la
33
communauté rurale. Durant la saison sèche, la
végétation perd sa verdure partout ; à l'exception des
rives des cours d'eaux de la zone humide, ainsi que sa densité à
cause du surpâturage et des feux de brousse récurrents dans le
milieu jeeri.
La végétation constitue une ressource vitale
pour le bétail, qui en majorité dépend de la
disponibilité des ressources végétales pour se nourrir.
Ainsi, la survie du cheptel est fortement en corrélation avec une
disponibilité des ressources végétales en quantité
et en qualité. De ce fait, les éleveurs restent dans leurs
villages respectifs, autant que le pâturage reste disponible.
La végétation procure aussi aux populations des
fruits d'arbres qui sont commercialisés dans les marchés
hebdomadaires de la communauté rurale, et même dans les grandes
villes, comme Dakar. Il s'agit des fruits issus de : Zizyphus mauritania
(diabé), Balanites aegyptiaca
(mourtodé). Cette commercialisation est le plus souvent
une activité propre aux femmes qui leurs procure assez d'argent
après commercialisation.
2. Les principales espèces végétales
retrouvées dans notre espace d'étude.
Tableau 2: les principales espèces
végétales de l'espace communautaire de
Guédé-village.
Noms scientifiques
|
Appellations locales
|
Zones géographiques
|
Zizyphus mauritania
|
Diabé
|
Waalo
|
Acacia nilotica
|
Gaoudi
|
Brachiara ramosa
|
Paguiri
|
Ingofera oblongifolia
|
Balboré
|
Acacia radiana
|
Thilloky
|
Jejeengol
|
Balanite aegyptiaca
|
Mourtoki
|
Tamarindus indica
|
Diamboulé
|
Guiéra senegalensise
|
Guéloki
|
Boséa senegalensise
|
Guisslé
|
|
34
Balanite aegyptiaca
|
Mourtoki
|
Jeeri
|
Acacia Sénégal
|
Patouki
|
Acacia albida
|
Thiassky
|
(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013
; données service des eaux et forets)
Ce tableau 2 montre une diversité des espèces
végétales existantes, dans notre espace d'étude, tant au
niveau de la strate arbustive, arborée qu'herbacée. En effet, la
différence est liée à la variabilité climatique et
pédologique notée dans les trois zones géographiques
(waalo, jeeri, jejeengol). Ainsi, avec l'exploitation agricole moderne
dans la zone waalo, beaucoup d'espèces sont menacées de
disparition et laissent le désert s'installer progressivement.
Par ailleurs, malgré la pression des
aménagements agricoles sur les zones potentielles irrigables et
l'exploitation intensive des pâturages par les cheptels, la
communauté rurale de Guédé-village, garde quelques
forêts classées qui couvrent une superficie de 13410 ha, soit
9,36% de la superficie de la communauté rurale. Il s'agit des forets de
Ndiawara, Donaye, Ngaolé et de Mboyo (Services des eaux et forets,
2012).
Enfin, l'étude des conditions physiques,
révèle des caractéristiques géomorphologiques,
climatiques et hydrographiques qui ont évolué dans le temps,
donnant la configuration territoriale actuelle.les éléments
physiques ont déterminé dans l'ensemble la dynamique agricole,
dans la communauté rurale de Guédé-village.
L'existence d'un réseau hydrographique sur des sols
potentiellement irrigables, a déterminé l'occupation humaine dans
cet espace de la moyenne vallée où les activités agricoles
demeurent source de vie.
35
CHAPITRE II : ETUDE DE L'OCCUPATION HUMAINE DE LA CR DE
GUEDE-
VILLAGE.
La communauté rurale de Guédé-village qui
regroupe 38 villages officiels, est érigée en communauté
rurale en 1980 dans le cadre de la politique de l'Etat de la
décentralisation, suite au décret de création des
collectivités locales en 1972. Le peuplement de la CR de
Guédé-village est ancien ; son histoire a fais l'objet de
plusieurs discussions écrites et orales.
I. Etude du peuplement de la Communauté rurale
de Guédé-village.
Notre périmètre de recherche appartient
historiquement à l'empire du Fouta Toro, l'un des plus anciens empires
de l'Afrique, porteur d'une civilisation culturelle riche, avec une
diversité de peuples ayant occupés cet espace
géographique. Ainsi, plusieurs dynasties ont eu à succéder
sur le trône de l'empire, avant le règne de Koli Tengela (Kane A.
F 2010). Il s'agit de :
La dynastie des Dia-ogo (508-720), forgerons venus du Nil.
Cette dynastie mit en oeuvre une organisation politique et administrative,
très solide afin de sursoir sa domination.
La dynastie des Tonjon (720-826), venue aussi du nord avec des
connaissances sur l'agriculture ; ils ont posé les premiers pas d'une
civilisation fondée sur l'agriculture.
La dynastie des Manna (826-1082), qui correspond à une
ouverture plus large du Fouta Toro aux autres contrées et peuples,
grâce aux activités commerciales du commerce transsaharien.
Des berbères (1082-1122) régnèrent au
Fouta-toro grâce à leur politique d'Islamisation, facilitée
par les échanges commerciaux avec la dynastie des Manna,
précédemment dominante de l'empire.
La dynastie des lam Termes (1122-1456), cinquième
règne à la tête de l'empire, destitua les berbères ;
Elle s'agit des Fulbé Jawbé venus sud. A la suite de
cette succession dynastique, l'empire fut longuement dominé par le grand
empire du Ghana.
Le Tekrour, fut sous la domination de l'empire du Ghana
pendant plusieurs années, avant de tomber à la main des
mandingues de l'empire du Mali.
36
Cette domination par l'empire du Mali ne va pas rester
éternelle, puisqu'au XVI siècle, le Peulh Denyanké, du nom
de Koli Tengela, sous la conduite de 3333 hommes affronte les mandingues et
reprend l'empire, Wane (1966). Il rebaptise l'empire au nom de sa
contrée d'origine Fouta Toro. Après la mort de Koli tengela,
l'empire est bouleversé par des querelles de successions et à la
propagande de l'Islam dont certains successeurs auraient embrassés. Avec
cette fragilité politique de l'empire, des marabouts,
dévoués à la cause de l'Islam, se coalisèrent sous
la direction de Thierno Souleymane Bal et installèrent la dynastie
torodo (1778-1881). L'empire connait une profonde mutation sous le
symbole de l'Almamy ; nom de l'empereur du Fouta toro. Durant cette
période, Fouta fut divisé en province qui sont : le Dimar, le
Toro, le Lao, le Yiirlabé, le Boseya, le Nguenaar, et le Damga. Elle
marque aussi une modification du régime foncier, qui se traduit par une
hiérarchisation sociale dans l'accès à la terre, au profit
de la dynastie régnante (torobé). De ce fait, ce
favoritisme dans la distribution des terres par les Almamy du Fouta, a
eu des effets durables. Ainsi, les torobé sont toujours les
plus grands propriétaires actuels de terre, dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal, à cause de
l'héritage dynastique, malgré la promulgation de loi domaniale en
1964 qui prône la démocratisation dans l'accès à la
terre.
II. Analyse de la répartition du peuplement
humain et son évolution.
1. La distribution de la population dans l'espace
communautaire de Guédé-village.
La population de la communauté rurale de
Guédé-village est estimée à 48067, selon le dernier
PLD (Programme Local de Développement 2007-2010). Elle se repartit
aujourd'hui en 38 villages et 126 hameaux rattachés aux villages. La
population de la communauté rurale de Guédé-village se
repartit inégalement dans l'espace. Les villages ont beaucoup de
disparités par rapport à leur densité, le type d'habitat
et la dynamique économique.
Dans la zone waalo et la zone centre (jejeengol),
on y localise des villages qui dépassent 1000 habitants et
concentrent plus de 89% de la population totale (PLHA, 2011). Il s'agit des
villages de: Décollé-Taredji, Guédé-village,
Lérrabé, Guia, Bantou, Diambo. Ces villages sont peuplés
en général par des toucouleurs qui sont des agriculteurs
(remobé) et de pécheurs (cubbalbé).
Cette concentration de population dans ces villages qui s'accompagne d'une
urbanisation galopante et moderne, est liée à la dynamique
économique de cette partie de la communauté rurale, due aux
aménagements hydro-agricoles. En effet, l'agriculture irriguée
à laquelle est vouée la population,
37
fournit des revenus agricoles agissant positivement sur le
cadre de vie de ces populations. Ainsi, les villages de Taredji
(Décollé et Donaye) rivalisent économiquement et
socialement aujourd'hui, avec les communes de Podor et de Ndioum et
apparaissent pour leur position géographique, le futur pôle
économique du département de Podor.
A la différence de la partie waalo et du
centre, le jeeri est moins peuplé. À l'exception de
Nénette et Décollé, qui ont une population envoisinant
1000 habitants, les villages du jeeri dépassent rarement 500
habitants. C'est la zone par excellence de l'élevage pastorale et
spécifiquement des peulh. Ces derniers vivent de façon
dispersée, autour des forages de Biddi et de Maffré constituants
les lieux principaux d'abreuvages des cheptels.
Carte 4: répartition géographique des
villages dans la Communauté rurale de
Guédé-village
2. Dynamique démographique de la population.
La population de la Communauté rurale de
Guédé-village, comme l'ensemble de la population
sénégalaise évolue considérablement. En effet,
d'après les estimations de l'Agence Nationale de
38
la Statistique et de la Démographie (ANSD), la
population de Guédé-village est passée de 41820 habitants
en 2002, à 58010 habitants en 2012. Ainsi, elle a connu une hausse de
plus de 25% en 10 ans
Tableau 3 : estimation selon le genre de la population de
la CR de Guédé-village en 2012.
Sexes
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Femmes
|
29855
|
51,4%
|
Hommes
|
28155
|
48,6%
|
Total
|
58010
|
100%
|
(Source : ANSD 2012)
Cette hausse de la population s'explique par
l'amélioration du niveau de vie des populations. En effet, Les
populations ont des revenus économiques liés à
l'agriculture, l'élevage, le commerce, la pêche et
l'émigration leur permettant d'accéder aux services sanitaires de
base.
Aussi, comme au niveau national, la population féminine
est légèrement majoritaire dans la communauté rurale de
Guédé-village avec un taux de 51,4% en 2012, d'après les
sources de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
(ANSD).
Par ailleurs, la forte migration vers les autres
régions du Sénégal et de l'extérieur qui touche
plus d'hommes que de femmes, pourrait être un des éléments
justifiant les disparités démographiques entre genre, dans cet
espace communautaire.
II. Les aspects socioculturels pour la CR de
Guédé-village.
1. La composition ethnique.
L'une des spécificités remarquable dans la
moyenne vallée du fleuve Sénégal, c'est la domination de
la langue pulaar. En effet, le pulaar est la langue la plus
parlée, dans toute la vallée du fleuve Sénégal.
Ainsi, toucouleurs et peulh s'unissent autour de
l'appellation halpulaars et sont la communauté majoritaire dans
la vallée du fleuve Sénégal, particulièrement dans
la communauté rurale de Guédé-village. Les peulh
représentent 5O% de la population ; les toucouleurs 39% de
la population. Ces derniers (peulh et toucouleurs), sous l'unité
linguistique
39
halpulaars, représentent prés de 90%
des populations de la CR, selon le PLHA (2011). Par contre, les ethnies
minoritaires sont les wolofs 4%, maures 3% et d'autres ethnies composées
de Sarakolés, de diolas et sérères venus travailler,
constituent 3% de la population. Cette disparité ethnique reflète
une domination culturelle par la communauté halpulaar,
influençant sociologiquement les communautés minoritaires
implantées, dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal.
Figure 2 : la composition ethnique de la CR de
Guédé-village (source : enquête de terrain, projet
ESCAPE, 2013 ; données CADL, Guédé-village.)
2. Les potentialités culturelles de la CR de
Guédé-village.
Les populations ont une culture liée aux
activités agricoles telles que l'agriculture (remobé),
la pèche (cubbalbé) et l'élevage
(aynabé). En effet, les agriculteurs et pêcheurs sont des
toucouleurs qui ont une identité culturelle liée l'eau et
à l'agriculture. Ils occupent globalement la partie waalo et du
centre de la CR de Guédé-village, et sont voués à
l'agriculture irriguée, aux commerces et à
l'émigration.
Les peulh culturellement attachés à
l'élevage pastoral, occupent en général la partie
jeeri qui est plus étendue afin de pratiquer librement, leur
activité de l'élevage pastoral. L'identité peulh est
symbolisée par son dévouement à l'élevage bovin,
qui est sa source de vie.
40
Cependant, l'ouverture au monde extérieur par
l'école, la télévision, les échanges, l'expansion
urbaine, imprime de plus en plus la culture occidentale, dans la zone au
détriment de la tradition du Fouta toro. La jeunesse adopte le mode de
vie occidental, qui se reflète par l'accoutrement.
Sur le plan religieux, notre zone constitue un symbole
historique de la pénétration et de la propagande de l'Islam, dans
toutes les contrées du Sénégal. La vallée du fleuve
Sénégal, est le berceau des plus grands guides religieux au
Sénégal ; tels que Cheikh Omar Foutiyou Tall, Cheikh Ahmadou
Bamba ; le fondateur du mouridisme, El hadji Malik Sy ; qui est la
relève de Cheikh Omar Foutiyou Tall dans la propagande du Tidjianisme au
Sénégal.
Ainsi, 99% de la population de la communauté rurale de
Guédé-village est musulmane, avec 85% de la population Tidiane,
10% de Khadre, 4% pour les autres confréries. Par contre, 1% de la
population est pour la plupart des étrangers venus travailler sont
Chrétiens et animistes.
L'attachement des populations à l'Islam se traduit par
la maitrise du coran dans des écoles coraniques (ndoudal) qui
sont implantées par des marabouts (Ceernebé), dans
presque tous les villages.
En somme, le peuplement dans notre zone d'étude est
ancien, avec la marque d'une identité culturelle construite autour du
fleuve Sénégal. Ce dernier, avec ses potentialités
hydro-agricoles qu'il a longuement offert aux populations (agriculteurs,
pécheurs et éleveurs), a déterminé l'occupation de
l'espace.
La population est inégalement repartie dans la
communauté rurale et pratique diverses activités agricoles,
telles que l'élevage, l'agriculture et la pêche.
41
CHAPITRE III : LES SYSTEMES DE PRODUCTION
AGRICOLES.
La vallée du fleuve Sénégal est l'une des
régions les plus viables du pays, de par l'importance et la
diversité de ses activités économiques. Ainsi,
l'agriculture, l'élevage et la pêche sont les principales
activités dominantes dans la CR de Guédé-village.
I. L'agriculture : activité la plus dynamique
dans la CR de Guédé-village.
L'agriculture est la principale activité avec 60% de la
population, selon la SAED (2012). Elle est pratiquée sous 3 trois formes
: l'agriculture sous pluies, de décrue, et l'agriculture
irriguée.
1. L'agriculture de décrue et sous pluie.
1.1 L'agriculture de décrue.
L'agriculture de décrue est un système
d'agriculture qui consiste à l'exploitation agricole des terres
inondables de la vallée du fleuve Sénégal, suite aux
retraits des eaux de crue du fleuve. C'est un système traditionnel qui a
longuement participé à l'organisation sociopolitique des
populations, autour de la vallée du fleuve Sénégal. En
effet, pour la satisfaction de leurs besoins alimentaires, les populations
installées aux rives de la vallée, ont développé
des cultures vivrières sur les zones atteintes par les crues. Parmi les
principales variétés, nous pouvons citer : le mais, le mil,
sorgho et le niébé. Il faut noter que les exploitations agricoles
dans le lit majeur, sont plus aptes à une bonne production agricole, du
fait de la forte humidité. De là, naissent des conflits
d'intérêts qui ont abouti à une répartition des
terres inondables selon les clans. Ainsi, les basses terres furent
attribuées aux castes dites des nobles (Torobé), les
moyennes terres aux libres, les hautes terres aux capturés
(Maccubé). De ce fait, en cas de mauvaise crue, les
capturés adoptaient le métayage avec les nobles afin d'exploiter
les basses terres, pour avoir un bon rendement agricole.
L'agriculture de décrue qui constituait la
spécificité agricole de la vallée et
particulièrement dans la communauté rurale de
Guédé-village, est quasiment révolue ; même si
certaines populations de la zone waalo s'y attèlent toujours,
dans la partie Doué et du fleuve Sénégal, vers Boyo. La
culture irriguée est aujourd'hui la principale forme d'agriculture,
depuis l'avènement des barrages de Diama et de Manantali.
42
1.2 L'agriculture sous pluie.
L'agriculture sous pluie est un type de pratique
dépendante des précipitations de la saison pluvieuse. Dans la
communauté rurale de Guédé-village, l'agriculture sous
pluie est le domaine des populations occupant pour la plupart le
jeeri. Elle est pratiquée autour des hameaux et villages,
entourés de haies vives pour la protection d'éventuels cas de
divagation par des animaux, dans cet espace à vocation pastorale.
Les principales cultures sont vivrières. Il s'agit du
mil, le niébé et la pastèque. En effet, la production est
le résultat de la force de travail ; les cultivateurs utilisent des
matériaux rudimentaires tels que la houe et la charrue pour
l'exploitation de la terre, et font rarement usages des produits chimiques afin
de fertiliser les sols. Parmi les principaux villages concernés on a :
Biddi, Gawdé-Boffé, Petel-Diéguess.
À la différence de la zone waalo
(ZAPA), selon le POAS, la partie jeeri, est
réservée dans le POAS, à la zone à priorité
d'élevage (ZAPE). En effet, les spéculateurs des cultures de sous
pluie dans ce milieu, sont obligés de surveiller quotidiennement leur
périmètre d'exploitation agricole contre les divagations de
troupeaux, du fait de l'exploitation agricole d'une zone à vocation
d'élevage. Ainsi, le jeeri constitue le terroir de revanche
sociale des éleveurs contre les agriculteurs, en cas de divagation dans
la zone aménagée (ZAPA).
2. L'agriculture irriguée.
L'une des spécificités de la moyenne
vallée, est l'importance des superficies irriguées et l'ancrage
des populations à l'agriculture. C'est un système d'agriculture
qui résulte d'une canalisation des eaux du fleuve et des cours d'eaux,
dans des aménagements agricoles à grandes échelles.
L'agriculture irriguée est développée
dans la communauté rurale de Guédé-village, à la
suite de la construction des barrages de Diama et de Manantali sur le fleuve
Sénégal. Ainsi, elle remplace la culture de décrue et
donne une nouvelle configuration spatiale, de la zone waalo qui se
transforme de jours en jours en vaste chantiers d'aménagements
hydro-agricoles, développés par la SAED. Cette dernière
est le précurseur des aménagements hydro-agricoles dans la
vallée du fleuve Sénégal.
43
Aujourd'hui, dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal, on distingue différents types
d'aménagements agricoles. Il s'agit des :
Périmètres irrigués privés (PIP),
qui sont des aménagements appartenant et exploités par des
groupements d'agriculteurs, indépendamment de la SAED. Ainsi, les PIP
ont une superficie de 2419,04ha, dans la Communauté de
Guédé-village (SAED/Podor 2012) ;
Les grands aménagements (GA), qui s'agissent des
aménagements de la SAED destinés aux agriculteurs et qui sont
relatifs aux investissements de l'Etat du Sénégal, dans son
programme d'autosuffisance alimentaire. Ils couvrent une superficie de 498,13
ha, dans la communauté rurale de Guédé-village (SAED/Podor
2012) et concernent le grand périmètre de Niangua ;
Les aménagements intermédiaires (AI), sont
relatifs aux périmètres qui sont des réalisations
d'entreprises privées avec la participation des paysans, à un
coût de 1,3million de Franc CFA. Ils représentent 388,1ha dans la
communauté rurale de Guédé-village ;
Les périmètres irrigués villageois (PIV)
sont de petits aménagements agricoles sur des sols «
fondé » à l'échelle des villages ; ils ont
été mis en oeuvre manuellement par les paysans avec des outils
traditionnels et équipés par des groupes de motopompe (GMP). Les
surfaces aménagées des PIV dans la communauté rurale de
Guédé-village, couvrent 2462,75ha de terres (SAED/Podor 2012).
Figure 3 : les différents
périmètres aménagés dans la Communauté
Rurale de Guédé-village de 1972 à 2012 (source :
enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013 ; données
SAED/Podor).
44
Cette figure ci-dessus montre une avancée notoire des
surfaces aménagées, depuis l'avènement des barrages avec
un cumul de 5768,02ha de superficies aménagées de la
communauté rurale de Guédé-village, en 2012.
Les principales spéculations sont
commercialisées ; il s'agit du riz, des ognons, tomates et le sorgho. Le
matériel agricole est constitué de motopompes, de tracteurs et de
moissonneuses batteuses. Les villages de Guia, Diawara, Diambo, Boyo, Bantou,
et Wouro-Madihou, constituent les principaux acteurs de l'agriculture
irriguée. Leur proximité géographique avec les cours
d'eau, a facilité la pratique de l'agriculture irriguée.
Dans ce type d'agriculture, les exploiteurs font recours aux
produits chimiques, tels que les engrais chimiques, les herbicides, afin de
fertiliser les sols. Ces produits chimiques, ont des impacts néfastes
sur l'environnement. En effet, beaucoup d'hectares, sont abandonnées du
fait qu'elles ne sont plus cultivables, à cause de l'usage massif des
produits chimiques. Cela, soulève la question de développement
durable dans la production agricole.
L'expansion agricole est source des difficultés
foncières, dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal. En effet, les éleveurs à la recherche de
pâturage, dans la zone waalo, sont limités aux parcours
de bétails et aux surfaces non cultivables. Ainsi, des cas de divagation
opposent souvent agriculteurs éleveurs dans ce terroir où
l'agriculture est prioritaire sur les activités de l'élevage
(POAS /Guédé-village). Ainsi, Le délégué
général de la SAED soutient avoir arbitré des conflits
entre agriculteur et éleveur pour des cas de divagations, dans le
périmètre de Niangua.
I. L'élevage : une activité agricole
viable dans la CR de Guédé-village.
1. La place de l'élevage dans le département
de Podor.
L'élevage est une activité économique
présente dans toutes les régions du Sénégal. Dans
la communauté rurale de Guédé-village, toutes les couches
sociales pratiquent l'élevage et concernent 36% de sa population (SDEL,
2012). Le cheptel est composé de bovins, ovins, caprins, arsins et
d'équins. Elle est la deuxième activité après
l'agriculture et constitue la spécificité des peulh. Le cheptel
du département de Podor est estimé en 2012, à 1021970 UBT,
selon le service départemental de l'élevage. Le cheptel ovin est
plus important dans le département avec une estimation de 453551UBT en
2012.
45
En outre, la CR de Guédé-village a un cheptel
estimé à 88700 UBT en 2012 (SDEL, 2012). Elle arrive en
sixième position sur les 22 collectivités locales du
département de Podor. Ainsi, ce nombre élevé du cheptel
montre le poids important du secteur de l'élevage sur l'économie
de la zone.
Estimation cheptel département Podor
2012
Figure 4 : estimation cheptel département Podor
2013 (source : enquête de terrain, projet ESCAPE ;
données SDEL/Podor).
Cette figure d'estimation du cheptel départemental de
Podor fournit par le service de l'élevage, montre que le cheptel des
communautés rurales est plus important que celui des communes. En effet,
les communautés rurales sont plus étendues et regorgent les
populations dont les activités sont essentiellement liées
à l'agriculture, l'élevage, et la pêche. L'élevage
extensif y domine avec des systèmes de transhumance à grande
échelle pour nourrir le cheptel.
Par contre, les communes ont une population citadine dont les
activités sont en général tournées vers les
services. Les populations élèvent quelques bêtes dans leurs
maisons avec une prise en charge alimentaire sur place. Elles sont plus
dynamiques dans le volet de l'élevage des volailles. En effet, dans les
villes de Dioum, Podor et Guédé-chantier, des jeunes disposent de
fermes
46
avicoles et produisent des chairs de poulets et d'oeufs,
sources de revenus économique après vente aux acheteurs,
généralement des services restaurant.
Les communes constituent aussi un marché
économique pour les commerçants du bétail
(dioulabé) qui ravitaillent les bouchers propriétaires
de dibiteries dans ces villes, d'animaux (bovin, ovin, caprin) bien
engraissés. Ces derniers sont achetés le plus souvent dans les
marchés hebdomadaires de la moyenne vallée, qui constituent les
lieux de vente et de ravitaillement des éleveurs essentiellement
peulh.
2. Dynamique de l'élevage dans la Communauté
Rurale de Guédé-village.
La communauté rurale de Guédé-village est
une zone qui a une grande connotation de l'élevage du fait de
l'importance de la population peulh réputée éleveur
pasteur. Même, les grands agriculteurs dans la zone waalo des
périmètres irrigués ont des cheptels assez importants.
Tableau 4 : estimation cheptel de la Communauté
Rurale de Guédé-village.
Espèces
|
Effectifs
|
Bovin
|
26800
|
Ovin
|
36424
|
Caprin
|
23240
|
Equin
|
2236
|
Source : (service départemental de
l'élevage de Podor, 2012).
Ce tableau donne les effectifs du cheptel de la
communauté rurale de Guédé-village qui reflète un
élevage généralement extensif. En effet, les ovins et les
caprins qui ont un taux d'accroissement respectivement 2,6% et 3% sont plus
importants par rapport aux bovins qui ont un taux d'accroissement
s'élevant à 1,7% d'après les données du service
vétérinaire de Podor.
Les équins et asins augmentent de 1,9% par an .Ils sont
destinés généralement aux transports (transports des
personnes éleveurs aux marchés, transports d'eau du forage au
village ; transports de transhumants).Ainsi, vu l'importance et le rôle
joué par les équins ou les asins dans la
47
pratique quotidienne des activités liées
à l'élevage, il est rare de remarquer une famille
d'éleveur sans un animal de traction.
L'importance numérique du cheptel varie aussi en
fonction des terroirs de la communauté rurale. En effet, dans le
jeeri où l'élevage est la seule source de revenus des
populations peulh, nos enquêtes de terrain nous ont permis de voir dans
cette zone, des éleveurs disposant d'un cheptel dépassant 500
têtes de bétail.
A la différence du jeeri, la zone waalo
dans laquelle l'élevage est associé à l'agriculture
irriguée, le cheptel est y moins important, à cause de
l'accès difficile à des ressources fourragères, lié
aux aménagements hydro-agricoles et qui sont à l'origine de
conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs.
L'éleveur dans ce milieu dispose rarement plus de 50 têtes de
bétail du fait de l'agriculture irriguée comme activité
principale.
3. Les ressources halieutiques de la Communauté
Rurale de Guédé-village.
L'existence d'un réseau hydrographique dense a permis
le développement de la pêche dans la moyenne vallée du
fleuve Sénégal. C'est un système artisanal et
spécifique aux sociétés cubbalbé
(pêcheurs) dans la communauté rurale de
Guédé-village. En effet, par pirogue, ces pêcheurs
sillonnent quotidiennement les eaux du fleuve Sénégal et les
cours d'eau comme le Doué à la recherche de poissons. Ainsi, ce
produit de la pêche est écoulé dans les différents
villages et les marchés hebdomadaires par des femmes le plus souvent ou
des « bana bana », à la recherche du profit.
Les principaux sites de pêcheurs sont les villages de
Guia et de Diambo-cubbalbé qui ont une tradition liée à la
pêche.
Cependant, il faut noter que la pratique de la pêche
connait une forte régression dans la communauté rurale de
Guédé-village. En effet, l'aménagement hydro-agricole de
la vallée du fleuve Sénégal qui se traduit par des
endiguements, des canaux d'irrigation tout au bord des cours d'eau, a
changé la proximité géographique des pécheurs avec
la ressource halieutique. De ce fait, la pêche qui fut longtemps la
vocation des peuples cubbalbé donne place à
l'agriculture irriguée. Ainsi, des cubbalbé qui jadis
étaient de grands pêcheurs ont déposé les filets
et
48
deviennent aujourd'hui de grands exploiteurs agricoles dans
les périmètres irrigués de Boyo, de Guia et de
Diambo-cubbalbé.
II. La dynamique des échanges des productions
agricoles.
L'importance des activités agricoles dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal a imprimé une
viabilité économique. Le commerce occupe bon nombre de personnes
dans la communauté rurale de Guédé-village. En effet, les
marchés hebdomadaires constituent les points de rencontre et
d'échange de produits agricoles. Ainsi, dans la communauté rurale
de Guédé-village, 5 marchés hebdomadaires sont
notés ; il s'agit des marchés de : Guia, Agnam, Taredji,
Guédé-village et de Biddi.
Dans ces marchés, éleveurs, agriculteurs,
pêcheurs ramènent leurs produits de vente. Les produits agricoles
tels que le riz, les ognons, les tomates et patates sont vendus par les
producteurs aux banas banas (commerçants de détaille)
qui les revendent dans les marchés et dans les autres régions
comme Dakar, Thiès.
Les produits de l'élevage (bovin, ovin, caprin) sont
vendus aux dioulas qui sont des commerçants de bétail. Le
bétail est vendu aux dioulas le plus souvent par un tefanké qui
est un intermédiaire commercial entre l'acheteur et le vendeur de
bétail.
En outre, le prix des productions agricoles dépend des
rendements obtenus. Cela signifie que si la production est importante,
jusqu'à tel point qu'elle inonde le marché en produits
alimentaires, les prix de ventes seront bas dans les marchés. Au cas
contraire, les prix seront très élevés. De ce fait, les
prix ne sont pas contrôlés et dépendent de la
production.
Le prix du bétail aussi dépend de l'existence ou
non du pâturage. En effet, en période de pré-hivernage
(Mai, Juin), qui se caractérise souvent par un manque de pâturage,
et le besoin de l'éleveur d'un achat d'aliment de bétail,
l'animal est vendu à un prix faible dans les marchés
hebdomadaires. Par contre, durant la saison des pluies (Nduggu), le
cheptel arrive à se prendre en charge avec l'immense pâturage
humide présent jusque dans les maisons. En ce moment, la charge de
l'éleveur démunie ; ce qui fait que la vente du lait de par sa
quantité produite en cette période pourrait régler les
besoins nécessaires de l'éleveur qui s'abstient le plus possible
à la
49
commercialisation de ses animaux. Ainsi, les ventes deviennent
faibles et les prix chers aux acheteurs.
Tableau 5 : les différents prix du
bétail commercialisé aux quatre périodes de l'année
dans les marchés hebdomadaires.
Espèces
|
Ndabundé (décembre
février)
|
Ceedu
(mars- avril)
|
Ceencellé
(juin aux premières pluies)
|
nduggu
(juillet-octobre)
|
Bovin
|
110000 -300000CFA
|
90000-200000CFA
|
80000-190000CFA
|
120000-350000CFA
|
Ovin
|
14000 -37000CFA
|
11000 -27500CFA
|
11000 -20000CFA
|
18000-33000CFA
|
Caprin
|
10000- 32000CFA
|
7500- 25000CFA
|
8000- 24000CFA
|
10000 -30000CFA
|
(Source : enquête de terrain projet ESCAPE,
2013)
Ndabundé : est la saison froide où les
vents froids d'origine polaire peuvent provoquer des pluies hors saison
(heug).
Ceedu : constitue la saison la plus chaude et la plus
sèche avec des vents d'harmattan. C'est la période de
surpâturage du bétail qui y reste le plus longtemps possible. Elle
correspond aussi à l'assèchement des marres et la ruée
vers les forages pastoraux.
Ceencellé: c'est la saison qui annonce
l'installation de la période pluvieuse par des incursions de vents du
sud (mousson).Elle est la période de soudure des éleveurs qui
sont entre transhumance pour le Ferlo ou rester dans leur zone en assurant la
nourriture du cheptel par l'achat des aliments du bétail à cause
du manque de pâturage.
Nduggu : c'est la saison pluvieuse. Elle est la
période phare des sociétés d'éleveurs avec
l'abondance de l'herbe humide et du lait.
50
CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC DES SERVICES SOCIAUX DE
BASE.
Les services sociaux de base sont relatifs à
l'accès à l'eau potable, à l'éducation, aux
infrastructures sanitaires, et aux marchés pour les populations rurales.
De ce fait, pour répondre aux attentes des objectifs du
millénaire pour le développement (OMD) en 2015, qui visent
l'accès aux services sociaux de base des populations, nos Etats,
élus locaux, organisation non gouvernementales, ont pu réaliser
des infrastructures de base utiles pour les populations jugées
très vulnérables. Ainsi, dans la communauté rurale de
Guédé-village, des infrastructures hydrauliques, sanitaires et
éducatives sont notées. Mais, elles sont inégalement
reparties dans ce territoire.
Nous allons présenter les services sociaux de base dans
la communauté rurale de Guédé-village, mais aussi analyser
leurs impacts sur les populations locales, particulièrement
éleveurs.
I. L'accès à l'eau dans la
Communauté Rurale de Guédé-village.
L'accès à l'eau potable dans la CR de
Guédé-village, est lié d'abord aux potentialités
des eaux de surface qu'elle dispose. En effet, notre zone d'étude est
traversée dans sa partie nord par le fleuve Sénégal sur
une longueur de 36km ; au centre par le Gayo qui est un défluent du
fleuve sur une longueur de 24km ; au sud le Doué qui est un bras du
fleuve Sénégal. Il traverse la Communauté Rurale sur un
parcours de 68km. Avec le fleuve, le Doué forme ainsi l'Ile à
Morphil ; à l'ouest nous avons le Ngalenka dans sa partie aval.
Ensuite, l'accès à l'eau potable est aussi
facilité par les eaux souterraines dont dispose
Guédé-village. Rappelons que la communauté rurale de
Guédé-village fait partie du bassin sédimentaire
sénégalo-mauritanien. De ce fait, elle dispose d'une nappe des
sables du Maestrichtien dont le toit varie entre 70m à proximité
du fleuve à 220 m au sud de la communauté rurale.
Parlant de la disponibilité de ces ressources
hydrauliques naturelles, les organes de décision et de
développements telles que l'Etat, les élus locaux avec l'appui
des bailleurs de fond, ont pu réaliser des infrastructures, telles que
les forages et les adductions d'eau à l'échelle de la
Communauté Rurale. Ainsi, la Communauté Rurale dispose de
13forages, 4 stations de traitement des eaux et de 14 puits modernes (PLHA
2011). Le taux d'accès à l'eau potable s'élève
à 87% de la population. En effet, ce taux ne reflète pas tout
à fait la couverture d'eau potable à l'échelle de toute la
communauté rurale. Cependant, la partie jeeri, demeure le
terroir le
51
plus soif .Ceci est lié à la forte demande d'eau
par la population, ainsi que le cheptel qui n'a que forages et puits pour
s'abreuver à la différence du waalo, disposant en plus
de forages, des cours d'eau du fleuve pouvant prendre en charge les besoins du
bétail et du ménage. Ainsi, le défi dans l'accès
à l'eau potable cible le jeeri, qui peine à prendre en
charge le cheptel à cause des pannes récurrentes des forages,
obligeant les éleveurs à faire des dizaines de km, d'un forage
à l'autre à la recherche de l'eau.
II. L'éducation.
L'histoire dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal, révèle un peuple ancré à
l'éducation coranique qui est liée à la
pénétration de l'Islam au Sénégal par le nord.
Ainsi, la population est assez instruite. De ce fait, les populations ont
reçu soit un enseignement coranique, un enseignement en français
ou ont subi une alphabétisation en langue pulaar. En effet, la
communauté rurale de Guédé-village dispose de 39
écoles primaires ,01 collège d'enseignement moyen, d'un
lycée, 17 centres d'alphabétisation, et de 59 daaras (CADL
/Guédé-village, 2013).
L'école est plus fonctionnelle dans la partie waalo
et du centre que la zone jeeri. En effet, les deux
premières zones sont pour la plupart des villages d'agriculteurs qui se
fixent dans leurs localités ; d'où les conditions d'une forte
scolarisation des enfants. Ainsi, ces zones reflètent un niveau
d'instruction élevé des populations de par leur attachement
à l'école française.
Par contre, dans le jeeri, les populations sont en
majorité des éleveurs et peuvent transhumer à n'importe
quelle période dans l'année, à la recherche du
pâturage et d'eau pour le cheptel. L'activité pastorale demande
une main d'oeuvre importante et prend beaucoup de temps aux familles
d'éleveurs. C'est pourquoi, l'école ne constitue pas une grande
préoccupation des sociétés d'éleveurs, même
si des avancées sont notées dans ce cadre. Les éleveurs
tiennent aussi plus à l'enseignement coranique ou arabe que de
l'école française. Les parents d'éleveurs envoient le plus
souvent un de leurs enfants au daara (ndoudal) pour la
mémorisation du coran.
Par ailleurs, les infrastructures de l'éducation
(lycée, collège) ne sont pas encore suffisantes. Effet, disposant
qu'un seul lycée et d'un collège d'enseignement moyen qui se
trouve à Taredji, les élèves font des kilomètres
pour y parvenir quotidiennement. C'est le cas des élèves qui
marchent quotidiennement de Diambo (5km de l'école) pour étudier
au lycée de Taredji. Ainsi,
52
beaucoup d'élèves partent à Podor ou
à Dioum pour y continuer leurs études moyennes et secondaires.
III. Les infrastructures sanitaires.
Les activités agricoles qui sont propres au milieu
rural, dépendent pour la plupart de la force de travail. La vie
économique dans la campagne varie donc avec la santé des
populations. Ainsi, des infrastructures sanitaires sont implantées dans
différentes localités de la communauté rurale de
Guédé-village. En effet, la communauté rurale de
Guédé-village dispose d'un infirmier pour 7598 habitants .Ceci,
est largement inferieur aux normes fixées par l'Organisation Mondiale de
la Santé (OMS) qui sont de : 01 infirmier pour 300 habitants. Ainsi, cet
écart par rapport aux normes internationales, s'explique par le manque
de personnel de santé ainsi qu'une mauvaise répartition des
services sanitaires, dans l'espace communautaire (PLHA, 2011).
Malgré cette faible couverture en personnels
sanitaires, la communauté rurale dispose huit (8) postes de santé
et plus de 10 cases de santé inégalement repartis. Ainsi, la zone
waalo et du centre concentre 7 postes de santé et 01 seule
poste de santé dans la partie jeeri (poste de Biddi). Cette
inégale répartition des infrastructures sanitaires, peut
être liée à la faible densité de la population dans
le jeeri, à la différence des autres parties de la
communauté rurale qui sont très peuplées.
Par ailleurs le secteur de la santé n'est pas
totalement contrôlé. De ce fait, des médicaments sont
vendus directement par des marchands ambulants, dans les villages et lors des
marchés hebdomadaires de la communauté rurale, sans l'avis d'une
personne médicale. Ainsi, beaucoup de personne se procurent des
médicaments de la rue pour se soigner.
IV. L'électrification rurale.
L'électrification de la communauté rurale de
Guédé-village est très faible. D'après le CADL, six
(6) villages seulement sont électrifiés, soit un taux de 15,1%
seulement des localités. Il s'agit du village de Taredji
(Décollé et Donaye), de Guédé, Diatar, Boyo, Attiya
et de Tehende-yaly. Aucun village du jeeri n'a bénéficié
d'une électrification.
Cependant, l'inaccessibilité à
l'électricité des villages d'éleveurs demeure un
problème dans la conservation des produits laitiers. En effet, en
période de pluies, le lait est déversé pour les
53
animaux à cause de l'importance de la quantité
produite et de l'inexistence des moyens de conservation et de transformations
de ces produits du cheptel.
CONCLUSION.
Les caractéristiques physiques de la CR de
Guédé-village sont globalement favorables à l'occupation
humaine dans cet espace de la moyenne vallée du fleuve
Sénégal, malgré les conditions physiques pénibles
que la société pastorale subit, dans le jeeri.
L'eau et la terre, facteurs de développement agricole
sont les principales potentialités offertes par la nature dans la partie
waalo, faisant d'elle un espace plein enjeu socio-économique.
La partie waalo demeure une attraction de tous les groupes sociaux et
de toutes les activités agricoles. Agriculteur, pêcheur et
éleveur, restent très dynamiques pour le contrôle de cet
espace, fruit d'une pratique agricole viable. Ainsi, elle demeure plus
peuplée et vivante économiquement, avec une présence
majoritaire de toucouleurs, dans l'agriculture et la pêche comme
activités principales.
Cependant, la distribution des ressources naturelles n'est pas
équitable à l'échelle de la communauté rurale de
Guédé-village. Le jeeri, ne dispose pas d'un
réseau hydrographique permanent, pouvant rendre son espace très
dynamique, même s'il est constitué de sols sableux favorables
à la poussé de graminées en saison des pluies, utiles pour
les animaux.
Elle demeure le terroir des éleveurs pasteurs peulh qui
s'organisent autour des forages et de puits leur système
d'élevage, essentiellement à caractère pastorale.
L'activité économique reste principalement liée à
l'élevage. Ce dernier est déterminé par l'importance de la
pluviométrie capable de générer des pâturages
pouvant supporter la charge du bétail, pendant plusieurs mois en saison
sèche.
La communauté rurale de Guédé-village
reste globalement équipée de services sociaux de base. Ces
derniers ont nettement amélioré la vie de ces populations rurales
qui ont accès à l'eau potable, aux infrastructures sanitaires, et
à l'éducation.
Par contre, ces services sociaux de base (eau, dispensaire,
école) sont généralement concentrés dans la partie
waalo, d'où la vulnérabilité des populations du
jeeri qui peinent à trouver de l'eau et de se soigner sans
difficultés.
54
De toute façon, les potentialités de la
communauté rurale de Guédé-village sont acceptables par
rapport à d'autres espaces géographiques de la région de
Saint louis. Elles justifient les enjeux socio-environnementaux qui
prévalent actuellement dans cet espace.
55
ANALYSE DES INNOVATIONS DE LA GESTION DE L'ELEVAGE BOVIN
DANS LA CR DE GUEDE-VILLAGE.
DEUXIEME PARTIE
56
Dans cette partie, nous analysons les changements notés
dans la gestion de l'élevage bovin dans la CR de
Guédé-village qui se traduit par des actions innovatrices dans le
système de l'élevage bovin de cette société
généralement pastorale.
Elle est divisée en 4 chapitres :
? Le système actuel de production de l'élevage
bovin dans la CR de Guédé-village. ? La transformation
génétique de la race bovine et la santé animale.
? Le mode d'exploitation des cheptels bovins.
? L'impact des mutations dans la gestion de l'élevage
bovin et le diagnostic des ses contraintes.
57
CHAPITRE III : LE SYSTEME ACTUEL DE PRODUCTION EN
ELEVAGE BOVIN.
Etudier le système actuel de production de
l'élevage bovin dans ce chapitre, revient à montrer les
stratégies présentement utilisées par les éleveurs
pour nourrir et faire abreuver l'animal bovin, selon les différentes
formes de l'élevage bovin pratiqué, dans les zones
géographiques de la CR de Guédé-village.
I. Les différents types d'élevage bovin
dans notre périmètre de recherche.
1) La stratégie traditionnelle dans la gestion de
l'élevage bovin.
L'élevage bovin est une activité historique dans
la moyenne vallée du fleuve Sénégal. Il a participé
avec l'agriculture et la pêche à l'organisation
socio-économique et politique des populations Halpulaars,
polarisées par les ressources hydrographiques. En effet, la convoitise
de l'espace de la vallée par des acteurs agricoles (agriculteurs,
pêcheurs, éleveurs) a amené ces derniers à
s'organiser pour que chacun d'eux pratique aisément son activité
agricole. La crue du fleuve était la période florissante des
pêcheurs (cubbalo) pour l'importance de poissons
capturés. La décrue permettait aux agriculteurs de semer des
cultures vivrières, telles que mil, maïs et sorgho, sur les terres
humides. La fin des récoltes permettait l'accès du bétail
dans les champs (niaygaal), à la recherche de vaine
pâture. Ainsi, cette organisation sociale de la vallée dont les
activités étaient complémentaires dans l'utilisation de
l'espace de production et le mode d'échange des produits agricoles
(poissons, lait, mil, maïs, sorgho). Elle fut une réussite
cohabitation, source de bon climat social entre acteurs d'activités
différentes sur un seul terroir.
Durant cette époque, le système d'élevage
était essentiellement de type transhumance entre la zone waalo
et jeeri. En effet, en période d'hivernage, les
éleveurs s'implantaient dans la partie jeeri pour nourrir le
cheptel bovin du pâturage abondant, arrosé par les eaux de pluies.
C'était la période de repos des éleveurs qui ne sillonnent
plus des dizaines de kilomètres à la recherche d'eau et de
pâturage pour le bien être du cheptel.
En saison sèche, après la fin des
pâturages et l'épuisement des mares d'eau du jeeri, les
éleveurs repliaient avec leurs familles et bovins, dans la partie
waalo afin de bénéficier gratuitement de la vaine
pâture dans les champs de décrue et du fleuve, pour l'abreuvement
du cheptel. Ce système de transhumance décerne aux
sociétés pastorales, essentiellement peulh, un caractère
nomade du fait d'une mobilité nécessitant le déplacement
de toute la famille du chef de ménage (jom gallé)
58
avec le troupeau. De ce fait, ces déplacements
périodiques des troupeaux bovins entre waalo et jeeri
constituaient le mode d'adaptation des éleveurs face aux variations
bioclimatiques de la vallée du fleuve Sénégal .Cependant,
ce système de l'élevage traditionnel dans la moyenne
vallée du fleuve Sénégal, va connaitre une
véritable mutation avec l'aménagement hydro-agricole des terres
du waalo et la multiplication des forages, dans la zone
jeeri.
2) Les types actuels de l'élevage bovin dans la
communauté rurale de Guédé-village.
2.1 L'élevage bovin en zone waalo.
L'élevage sur parcours (élevage mobile) et
l'élevage à domicile (l'élevage sur place) constituent
actuellement les deux principaux types de l'élevage bovin dans la CR de
Guédé-village. En effet, le développement agricole de la
vallée, par la modernisation des systèmes d'exploitation agricole
a diminué l'accès des bétails dans le waalo,
à cause des aménagements hydro-agricoles.
Les acteurs de l'élevage mobile sont les
éleveurs disposant d'un grand nombre de cheptel bovin (jargaa)
qu'ils ne peuvent nourrir sur place. Ainsi, ces éleveurs font
parcourir dans les lieux non cultivés les troupeaux bovins, sous la
conduite quotidienne d'un berger (gaynako).Ce dernier est
chargé d'amener les bovins aux pâturages, aux points d'eau du
fleuve (toufdé), mais aussi de les surveiller contre les
divagations dans les périmètres agricoles.
2.2 L'élevage bovin en milieu jeeri.
Dans la partie jeeri, les bovins ont plus de
liberté avec l'absence des aménagements agricoles. Ils peuvent
parcourir cet espace sans la conduite d'un berger ; il les attend aux forages
qui sont des lieux d'abreuvement du cheptel. En effet, les forages constituent
aujourd'hui des lieux de forte concentration du cheptel bovin. Le travail du
berger dans le jeeri, consiste à assurer l'abreuvement de son
cheptel qui est un travail pénible ; vu le nombre élevé
des troupeaux qui convergent dans ces lieux, à la recherche d'eau.
Ainsi, la différence de l'élevage de la zone waalo et du
jeeri, réside sur le fait qu'en milieu jeeri, le
troupeau à l'exception de vaches laitières (mbessdi)
peut passer des jours à paitre dans la nature, sans retour au
village d'origine.
59
Par contre à l'échelle du waalo, le
cheptel en plus d'être surveillé de près par le berger,
rentre chaque soir et obtient une complémentation d'aliments de
bétail (tourteaux d'arachides, son de riz) et de la paille du riz.
2.3 Etude comparative de l'élevage de
transhumance et l'élevage à domicile.
Comparé à l'élevage sur parcours
(élevage de transhumance), l'élevage à domicile ou
élevage de case est un type d'élevage auquel le cheptel est
totalement pris en charge, par son propriétaire sur place. Ce type
d'élevage est en général pratiqué dans les
agglomérations urbaines à Taredji, Mbantou, Guia. Le cheptel
dépasse rarement 10 têtes et les acteurs sont pour la plupart des
agriculteurs, des opérateurs économiques, surtout les femmes et
même des fonctionnaires (enseignants, infirmiers). En effet, les
éleveurs de case réinvestissent dans l'achat de bovins des
revenus issus des récoltes, du commerce et des salaires. Dans ce
système pour nourrir l'animal, l'éleveur achète des
aliments de bétail (tourteaux d'arachide, farine basse, son de riz)
.Certains qui sont des agriculteurs ramènent de l'herbes, dans des sacs
qu'ils récupèrent dans leurs champs et des résidus de
récolte pour ravitailler leurs bêtes, le soir quant ils reviennent
à la maison.
D'autres qui ont des activités connexes comme le
commerce, en plus des aliments achetés, payent des enfants pour qu'ils
leur ramènent des résidus de récolte. Ainsi, c'est un
système d'élevage intensif où l'éleveur est
voué à l'engraissement de ses bêtes pour les vendre
à bon prix dans les marchés hebdomadaires, ou pendant les
événements culturels (mariages, cérémonies
culturelles, religieuses).
Malgré l'ancrage à la transhumance, les peulh
qui sont les principaux éleveurs adoptent petit à petit
l'élevage à domicile. En effet, certains retiennent des bovins
devenus faibles par manque de nourriture ou problème de santé
dans leurs domiciles et les prennent en charge, afin de les intégrer
dans le cheptel après rétablissement.
D'autres, retiennent une vache laitière qu'ils prennent
en charge à domicile afin de se procurer du lait en période
sèche ; un moment de faible productivité laitière des
vaches .En guise d'illustration, Mamadou Ba éleveur à
Maffré témoigne, : « durant la saison sèche
(ceedu), la production laitière est très faible, c'est pourquoi
je retiens dans ma maison deux vaches laitières que je nourrit par des
pâturages ramassés dans la nature et des tourteaux d'arachide
que
60
j'achète à chaque marché hebdomadaire
de Taredji ». En effet, conscient que leurs repas journaliers se font
généralement à base de lait, les éleveurs
dépensent assez d'argent dans l'achat d'aliment de bétail durant
la saison sèche (ceedu) afin de rendre très productif
les vaches laitières.
Tableau 6 : présentation des types de
l'élevage bovin dans notre terroir de recherche.
Modes de l'élevage bovin
|
Systèmes de production en élevage
bovin
|
Avantages
|
Difficultés
|
Elevage sur parcours
|
les bovins parcourent les
|
diversification du
|
récurrence des divagations du bétail
|
ou de transhumance
|
aires de pâturages ;
|
mode d'accès à la
|
dans les périmètres irrigués ;
|
|
aliments de
|
nourriture ; cheptel
|
dégradation des ressources
|
|
complémentation (son de
|
bovin important ;
|
naturelles par surpâturage du
|
|
riz, ognons, rakal) des
|
liberté de
|
cheptel bovin ; faible productivité ;
|
|
cheptels de la zone waalo
|
déplacement du
|
élevage dépendant de la
|
|
au retour le soir. La
|
bétail dans la zone
|
pluviométrie.
|
|
distance de parcours
varie en fonction de la disponibilité du
pâturage.
|
jeeri.
|
Récurrence des cas de vol
|
Elevage à domicile
|
Bovins prisent en charge
|
Stabulation des
|
Fort taux d'investissement;
|
ou « élevage de
|
sur place par le
|
bovins ; source de
|
Animal bovin sécurisé
|
case »
|
propriétaire dans son
domicile ; achat
quotidien d'aliment de bétail.
|
revenu après vente ; bovin d'appoint
|
|
Source : (enquête de terrain, projet ESCAPE,
2013).
61
II. Les stratégies des éleveurs pour une
prise en charge alimentaire des bovins.
1. Le parcours journalier des aires de pâturages de
la zone waalo et l'achat de vaine pâture aux agriculteurs des
périmètres irrigués.
Rappelons que la prise en charge alimentaire des bovins avant
l'aménagement hydro-agricole de la vallée du fleuve
Sénégal était basée sur un système de
transhumance périodique entre le jeeri, où le
pâturage est abondant jusqu'à la fin des récoltes des
champs de décrue, marquant un replie du cheptel bovin dans le waalo,
à la quête des vaines pâtures disponibles.
Dans la partie waalo, la mutation dans l'accès
aux nourritures du cheptel bovin est liée à l'intégration
dans l'appropriation et l'exploitation des pasteurs peulh aux
périmètres irrigués, issus des aménagements
agricoles conçus par la SAED.
Présentement, les activités des peulh du
waalo ne se résument seulement au pastoralisme ; ils sont
devenus des agro-pasteurs car disposant des exploitations agricoles dans les
périmètres irrigués. En guise d'illustration, on peut
citer les villages de Diambo-diaobé et de Dioundou-décollé
qui sont des villages d'éleveurs disposant des superficies agricoles,
arrosées par le canal de Ngalenka. Ainsi, le bétail est conduit
par le berger le matin dans les aires de pâturages qui se trouvent d'une
part aux abords des exploitations agricoles et d'autre part dans les terres non
cultivées de waalo. Les bovins sont accompagnés d'un
berger veillant aux tentatives de divagation des troupeaux, dans les surfaces
cultivées et qui les ramènent le soir à la maison pour la
complémentation.
Retour du cheptel le soir pour la
complémentation.
3
2
Aires de pâturages de la zone waalo
Lieu d'abreuvement du cheptel (toufdé)
1
Troupeaux bovin sous la conduite d'un berger
62
Figure 5 : Schéma descriptif de la prise en
charge alimentaire quotidien des bovins (source :
enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013).
Le schéma ci dessus, montre la routine quotidienne du
cheptel bovin à la quête de pâturage dans la zone waalo.
La complémentation est de la paille de riz, des drèches de
tomates et d'ognons que l'éleveur rapporte des champs qu'ils exploitent
dans les périmètres irrigués. Le transport de ces
résidus de récolte se fait en charrette, ou par voiture et sont
déposés dans une clôture en grillage ou sous un hagard.
1.2. L'achat des projets de vaine pâture
après récolte, dans les périmètres irrigués
ou dans les champs de décrue.
L'achat de la vaine pâture constitue l'une des mutations
remarquables dans l'accès aux pâturages. Les agriculteurs des
périmètres irrigués ne libèrent plus gratuitement
leurs champs après récolte, permettant l'accès des
troupeaux aux résidus des récoltes ainsi qu'à la
fertilisation naturelle des sols par les déjections animales.
Actuellement, les résidus de récolte sont monnayés avec
les éleveurs de la zone waalo pour prendre en charge le cheptel
bovin. Ainsi, les témoignages des éleveurs soutiennent la rupture
de complémentarité et de solidarité entre éleveurs
et agriculteurs, à la recherche de revenus agricoles. Ainsi, Moussa
Ndiaye éleveur au village de Namardé, qualifie le système
d'élevage bovin dans la zone waalo, d'un «
élevage de poche », du fait des investissements importants
des éleveurs pour satisfaire le bétail et témoigne que :
« j'ai acheté un projet de vaine pâture qui va durer
2à 3mois avec un coût de 300.000FCA pour nourrir mes bovins
». Ainsi, après l'achat de cette parcelle des résidus de
récolte, l'éleveur y conduit chaque matin ses bovins.
Photo 1 : cheptel bovin dans un projet de vaine
pâture, acheté par un éleveur à Diambo
63
(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE,
2013).
Ce système de gestion est le plus souvent
utilisé par des agro-pasteurs dont le cheptel bovin dépasse
rarement 50 UBT .Ceux qui ont un cheptel élevé
c'est-à-dire supérieure à 50 UBT, ont tendance à
transhumer vers le jeeri ou le ferlo. Les éleveurs ne
pourront supporter l'investissement d'achat des résidus de
récolte pour un cheptel bovin très nombreux ; le cheptel est
conduit avec un membre de la famille accompagné de sa femme et de ses
enfants chargés de la gestion des troupeaux bovins ou un seul berger qui
logera chez une famille d'accueille ayant un lien de parenté avec sa
famille d'origine. Ainsi, ce cheptel issu de la zone humide, entre donc dans
une zone géographique à caractère typiquement pastoral et
dont l'alimentation du bétail dépend de la couverture du tapis
herbacé, qui varie en fonction de la pluviométrie.
1.3 Le parcours quotidien du cheptel bovin des
pâturages du jeeri et une transhumance tournée vers le sud (ferlo,
Sénégal oriental).
Le mode de prise en charge alimentaire n'a pas beaucoup
varié à l'échelle du jeeri. Il reste un parcours
journalier sur les pâturages du tapis herbacé, disponibles dans un
espace multidimensionnel dépourvu d'aménagements agricoles,
à l'instar de quelques périmètres des champs de cultures
sous pluies. Ici, les pâturages sont liés à une bonne
pluviométrie ; les troupeaux bovins pâturent dans l'aire
géographique du jeeri et reviennent le soir au village
d'origine pendant la saison des pluies. Cette dernière marque le temps
de repos des éleveurs ; du fait de l'abondance et l'accès facile
aux pâturages verts. C'est pourquoi, les sociétés
pastorales
64
durant cette période, se livrent le plus souvent aux
mariages, aux événements culturels et religieux, après une
bonne pluviométrie, source de stabilité dans le secteur de
l'élevage.
Les modifications notées dans la politique alimentaire
du cheptel bovin des éleveurs du jeeri, résident dans la
réorientation de l'itinéraire de transhumance après la fin
des pâturages, en saison sèche (ceedu). Auparavant, les
éleveurs peulh du jeeri, venaient s'implanter dans le waalo
afin d'exploiter les résidus de récolte des champs de
décrue qui étaient des cannes de mil, de sorgho et de
niébé. Ainsi, la vaine pâture arrivait à assurer la
nourriture du cheptel, en attendant l'arrivé prochainement de la saison
des pluies (nduggu) qui marque le retour du cheptel au
jeeri.
Aujourd'hui, à chaque fin des pâturages dans le
jeeri, les éleveurs orientent le parcours du bétail vers
le ferlo et le Sénégal oriental pour accéder aux
pâturages. Cette nouvelle orientation des éleveurs vers le sud est
relative à la nouvelle configuration spatiale de la vallée,
conduisant à une dislocation des échanges entre agriculture et
élevage. En effet, beaucoup d'éleveurs soutiennent d'une part,
une difficulté d'accès aux pâturages dans le Walo, à
cause des exploitations agricoles nécessitant l'accompagnement quotidien
des troupeaux par un berger et d'autre part à l'accès aux
résidus de récolte, qui est désormais un produit
commercialisé, jugé aussi très cher par l'éleveur.
Ainsi, l'éleveur du jeeri, préfère transhumer
vers le sud où l'accès aux pâturages est gratuit ; au lieu
de dépenser beaucoup d'argent dans l'achat de vaine pâture et du
paiement des dommages de divagation.
2. Achat d'aliments de bétail : une consommation
principale du cheptel bovin
élevé à domicile.
Par ailleurs, les populations vouées à «
l'élevage de case », se localisent généralement dans
les agglomérations urbaines de la bretelle Taredji-Dioum, concernant les
gros villages de Taredji, Guédé, Lérabé et de la
bretelle Taredji-Podor qui regroupe les localités de Ndiawara, Diambo et
de Guia. Ces populations, qui ont d'autres activités principales telles
que l'agriculture et le commerce, investissent de gros moyens financiers pour
nourrir sur place leur bovin dépassant rarement 10UBT. L'animal bovin
est nourri d'aliment de bétail et des herbes ramassés ou
coupés directement dans les champs par l'éleveur, disposant d'un
périmètre agricole. Les propriétaires de bovin qui n'ont
pas d'exploitations agricoles, sont obligés d'acheter tous les vivres de
l'animal. Marieme Sy, qui développe un élevage sur place à
Taredji témoigne, « j'ai élevé 2
65
vaches à l'intérieur de notre maison, que je
nourris des tourteaux d'arachide à hauteur de 4 kg/jour et des fourrages
que je ramasse aux champs à l'aide de mes enfants ». En effet, ces
propos traduisent les gros efforts d'investissement pour l'acquisition
d'aliment de bétail. Ainsi, les tourteaux d'arachide constituent la
principale ration journalière de l'animal et dont le prix du sac de 50kg
varie en fonction de la disponibilité des pâturages naturels.
Tableau 7: Analyse des différents prix des
tourteaux d'arachide et la ration journalière par bovin
Saisons
|
Prix d'un sac de 50kg
|
Ration d'un bovin par jour
|
Saison sèche
|
6000 à 8000 CFA
|
2 à 3 kg
|
Saison pluvieuse
|
4500 à 5500 franc CFA
|
0,5 à 1kg
|
(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE,
2013).
Ce tableau traduit une variabilité du coût
d'achat des tourteaux d'arachide et la ration journalière du bovin. En
effet, en saison sèche, avec la rareté des pâturages
naturels, les pasteurs achètent des sacs de tourteaux d'arachide
(rakal) pour les vaches laitières en général, qui
sont très vulnérables à cette période
délicate pour l'élevage. De ce fait, le prix du sac augmente dans
les marchés hebdomadaires, à cause de la forte demande de la
denrée par tous les groupes d'éleveurs, au secours de leur
cheptel bovin.
La ration par bovin, va aussi augmenter à cause de
l'absence des fourrages naturels que les éleveurs ramassaient aux
environs de leurs villages, constituant des ressources supplémentaires
dans la nourriture de l'animal.
Le prix du sac revient à la baisse dès la saison
pluvieuse ; de même que la ration du bovin par jour. En effet, les pluies
sont sources de végétation arborée et herbacée
florissantes que les éleveurs à domicile exploitent comme sources
de pâturages supplémentaires pour leurs bovins, entretenus sur
place. Ainsi, l'éleveur diminue la consommation des aliments du
bétail achetés durant cette période en augmentant la
ration journalière, par l'herbe humide, prisent dans le terroir
gratuitement ou payés aux enfants qui vendent le sac de 50kg rempli
d'herbe humide à un coût de 200FCFA.
3. Le développement de la culture
végétale : une nouvelle alternative alimentaire
du cheptel bovin.
Beaucoup d'acteurs scientifiques, ont eu à souligner
dans leurs écrits, le manque d'innovation et de créativité
des éleveurs dans la pratique de leur activité d'élevage.
Ils dépendent énormément de la pluviométrie qui est
très faible pour assurer les besoins des cheptels bovins en
pâturages durant toute l'année.
Malgré cette forte dépendance à la
nature, certains éleveurs ont pu maitriser la nourriture du
bétail par la pratique de cultures de prairie dans les
périmètres irrigués de la zone waalo et des
cultures fourragères autour de certains forages dans le jeeri ;
à l'image de Biddi. Là, il s'agit de la naissance d'une
véritable révolution indépendante, prise par ces
éleveurs afin de donner aux cheptels la nourriture quotidiennement sans
la bénédiction de la nature (sans dépendance aux
précipitations). En effet, les éleveurs investissement des
techniques agricoles modernes pour développer des cultures
fourragères et de la prairie en saison sèche, dans les
aménagements hydro-agricoles. Ces agro-pasteurs pour enrichir leurs
terres, divisent leur espace en deux qu'ils alternent en
périmètre de cultures de rente et de cultures
végétales. Ainsi, la photographie ci dessous présente un
troupeau de bovin d'Abdoulaye Racine, habitant au village de khodith entrain de
paitre sur une parcelle de prairie qu'il a produit dans ses terres par
l'irrigation.
(Source : enquête de terrain ; projet ESCAPE,
2013).
66
Photo 2 :troupeaux bovins sur une parcelle de
prairie
67
Cette image explique des efforts entamés par certains
éleveurs dans la modernisation de l'accès à la nourriture
du cheptel bovin. En effet, dans les aménagements agricoles du canal de
Niangua, Ablaye Racine a montré son savoir faire pour un système
agro-pastoral productif. Il a profondément modernisé son
système de l'élevage. Son bétail ne manque pas de
pâturage ; son cheptel bovin est en sécurité du fait de la
disponibilité de pâturages ; il ne transhume plus vers le
jeeri en saison sèche ; il produit du lait toute
l'année.
Actuellement, conscient, de la réussite d'Abdoulaye
Racine dans son innovation agricole, certains agro-pasteurs ont
formalisé des projets de cultures de prairie pour rentabiliser leur
pratique agricole, longuement hostile à l'intégration de
l'élevage dans les périmètres irrigués, du fait de
l'option politique de l'Etat d'un développement porté uniquement
par l'agriculture irriguée.
Tableau 8 : le modèle de production de cultures
végétales par Abdoulaye Racine Hann.
Nom de l'agro-
pasteur
|
Superficie aménagée
pour la culture végétale
|
Nombre UBT
|
Durée
d'exploitation
|
Durée
d'utilisation
par le cheptel bovin
|
Coût de
production
|
Avantages de ce système
d'élevage
|
Ablaye racine hann
|
1ha
|
20
|
1 mois
|
3 mois
|
200.000
FCFA au maximum
|
Cheptel nourrit
suffisamment ;
disponibilité du
lait ; habitat fixe.
bovin engraissé; source de revenus
après vente de bovin.
|
(Source : enquête de terrain ; projet ESCAPE,
2013).
68
Ce système de production montre la possibilité
d'intégration de l'élevage dans les périmètres
irrigués, mais aussi un modèle source de développement
durable. En effet, l'agro-pasteur par cette stratégie d'alternance des
terres de production d'élevage et terres agricoles, n'a pas besoin
d'acheter des engrais chimiques pour enrichir les sols ; il
bénéficie des déjections du cheptel bovin qui fertilisent
ses exploitations agricoles.
Dans le jeeri, le développement des cultures
fourragères arrosées par les forages est d'actualité. En
effet, l'Etat du Sénégal dans sa volonté de moderniser le
secteur de l'élevage et de répondre aux besoins alimentaires du
bétail, a initié par le biais de ses services
départementaux de l'élevage des projets d'exploitation de
cultures fourragères. Le forage de Biddi est l'un des sites
ciblés où un projet de cultures fourragères est en phase
d'expérimentation.
Ce modèle de production de l'élevage bovin mis
en oeuvre dans les périmètres irrigués, a
défié la politique d'aménagement de la moyenne
vallée du fleuve Sénégal, qui n'a pas pris en compte les
potentialités économiques et écologiques d'intégrer
l'élevage dans l'agriculture irriguée.
4. Les moyens d'abreuvement du cheptel bovin.
4.1 L'abreuvement du bétail en milieu waalo.
L'accès du cheptel bovin à l'eau est une
préoccupation fondamentale et quotidienne des acteurs de
l'élevage. En effet, la distribution de la ressource eau n'est pas
homogène ; la zone waalo est arrosée à partir du
nord par les cours d'eaux du fleuve Sénégal ; elle est le terroir
généralement humide de la communauté rurale
Guédé-village. Dans cette partie, les troupeaux bovins
s'abreuvent directement aux points d'eaux du fleuve (tufdé) qui
sont bien connus par le cheptel conduit par le berger. En effet, le POAS a
identifié 43 points d'accès aux cours d'eau par le bétail
.Malgré les aménagements hydro-agricoles tout au long des cours
d'eau de notre zone, les points d'accès aux eaux de surfaces, sont
ouverts par des pistes de bétail, facilitant la conduite des bovins aux
pâturages après l'abreuvement.
Les cheptels bovins qui s'abreuvent aux cours d'eau du fleuve
appartiennent généralement aux éleveurs habitants les
villages waalo tels que Dioundou, Diambo-diaobé, Boyo et aussi de
troupeaux bovin de la zone centre ou moyen jeeri
(Décollé-Taredji, Medina-Fresbé) après le
tarissement des marres d'eau.
69
En outre, disposant d'une charrette attelée à
deux ou trois ânes, les éleveurs transportent l'eau des cours
d'eau au village dans des chambres à air ou des bidons afin d'abreuver
les veaux et les bovins vulnérables à domicile. Dans cette
partie, l'accès à l'eau des cheptels bovins est favorable de par
les potentielles des eaux de surface offertes par la nature même si
certains éleveurs notent des difficultés d'accès à
cause des périmètres irrigués.
4.2 Système d'abreuvement du cheptel bovin dans
la partie jeeri.
Les difficultés d'accès à l'eau des
cheptels constituent un frein au développement de l'élevage au
niveau de la zone jeeri. Rappelons que le jeeri n'est pas
concerné par les cours d'eaux traversant la partie nord de la
communauté rurale de Guédé-village. L'accès
à l'eau y demeure souvent un acte pénible pour les
sociétés pastorales chargées de satisfaire tout un
cheptel. Forages et puits restent les principaux sources d'eau, hormis les
marres des saisons de pluies qui peuvent rester jusqu'au mois de
décembre pour tarir.
Cependant, dans une volonté de répondre aux
besoins des populations du jeeri ; essentiellement éleveurs, la
politique Communautaire a favorisé l'implantation des forages pastoraux
qui sont au nombre de six (6) forages. Ces infrastructures hydrauliques sont
localisées à Bellel-Kellé, Maffré, Mbiddi,
Mboyo-Diéri, Nénette, Petel-Diéguess.
Ces infrastructures en eaux ont réussi d'une part
à l'organisation de la société peulh mais aussi à
diminuer la transhumance vers des destinations extérieurs
(Sénégal oriental, ferlo, waalo). En effet, les forages
constituent aujourd'hui des points de convergence des troupeaux bovins à
la recherche d'eau mais aussi des lieux de retrouvailles et d'échanges
des pasteurs peulh. Ainsi, dans cette zone, les troupeaux n'ont pas besoin
l'accompagnement d'un berger aux pâturages, mais il reste au forage pour
les aider à s'abreuver correctement et de les pousser vers les
pâturages (ortinowo). Tant que le tapis herbacé est
disponible, les éleveurs resteront fixer dans leurs localités qui
sont aujourd'hui de gros village ; à l'image de Biddi et
Maffré.
Face à la saturation des forages par un nombre
élevé de troupeaux, aux pannes récurrentes, et la perte de
temps des troupeaux aux forages pendant la saison sèche, les cheptels
bovins s'abreuvent rarement chaque jour. Comme dans la partie waalo,
l'éleveur du jeeri ramène l'eau des forages au village
dans une chambre à air ou des bidons sur une charrette attelée
d'ânes sous
70
la conduite d'une femme ou de l'enfant de l'éleveur
pour permettre aux veaux et les vaches laitières de s'abreuver sur place
(à domicile).
En somme, les acteurs de l'élevage qui sont des
agro-pasteurs avec l'implication de tous les groupes sociaux-ethniques, dans la
partie waalo, et pasteurs essentiellement peulh dans la zone jeeri,
sont très dynamique dans la pratique de l'élevage bovin. Ainsi,
les acteurs de l'élevage bovin dans l'espace communautaire de
Guédé-village, tendent à l'amélioration de la
production du cheptel bovin. Dans le jeeri, le manque d'eau rend
très difficile la pratique de l'élevage bovin ; les
éleveurs du jeeri perdent beaucoup de temps aux forages et aux
puits pour chercher de l'eau.
71
CHAPITRE IV : LA REPRODUCTION GENETIQUE DE LA RACE
BOVINE ET LA SANTE ANIMALE.
Dans ce chapitre, il s'agit d'analyser les innovations dans
l'évolution génétique de la race bovine, et
d'étudier les actions en cours pour une sécurité sanitaire
des animaux bovins, dans la communauté rurale de
Guédé-village.
I. Dynamique et évolution de la race bovine.
1. Le zébu cobra : la race historique des
sociétés pastorales dans la CR de Guédé-
village.
Dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal,
le zébu gobra (Bos indicus) constitue la principale race
élevée par les éleveurs ; essentiellement peulh. Selon
Pajal (1985), cité par Nkolo.S C (2009), la race zébu gobra :
« c'est un bovin à bosse de grande taille (1,25à 1,40)
et de format moyen. Le poids adulte est estimé à 415 kg chez le
mâle et 332 kg chez la femelle. Les cornes en forme de lyre sont courtes
chez la femelle et longues chez le mâle. La bosse est très
développée, la robe est généralement blanche ou
blanc rayée, le fanon est large et plissé prés des
membres. La production laitière de la femelle zébu gobra est
estimée à 1,5L à 2L du lait par jour et la durée de
lactation est de 150 à 180 jours ».Traditionnellement, la
relation entre l'éleveur peulh et son zébu gobra est
qualifiée par beaucoup d'acteurs scientifiques et politiques, comme un
attachement non pas à caractère d'ordre économique, mais
plutôt affectif et culturel. Le zébu gobra est un patrimoine peulh
qu'il doit garder le plus longtemps possible dans le cheptel. Ainsi, la vache
traditionnelle de l'éleveur peulh porte le plus souvent un nom ;
l'éleveur connait la généalogie de la vache, son
caractère et sa possibilité de production laitière. Ainsi,
beaucoup d'éleveurs adoptent la stratégie de distribution des
bovins de type zébu gobra au sein de tous les membres de la famille,
afin de les conserver durablement dans le cheptel de la famille.
L'économie de subsistance basait sur le troc entre produits laitiers et
de la récolte (mil, maïs, niébé), limitait aussi le
rapport entre l'éleveur à la vache à une seule
exploitation des produits laitiers.
L'autre attachement des éleveurs à
l'élevage de race zébu gobra, est lié à sa
capacité de supporter de long déplacement et la
variabilité bioclimatique. Ainsi, durant les périodes sans
pâturages ; à l'image de la sécheresse de 1973 au
Sénégal, des cheptels ont pu quitter la CR de
Guédé-village
72
pour se rendre jusqu'au Saloum et dans le
Sénégal oriental (Vélingara, Tambacounda) à la
quête du pâturage, témoigne un éleveur pasteur
à Maffré.
Cependant, la règne de la monnaie comme principal moyen
d'échange dans la vallée du fleuve Sénégal et le
phénomène de la « mondialisation », ont fortement
bouleversé le lien solide longuement noué entre l'éleveur
et la race bovine de type zébu gobra.
2. L'appropriation de nouvelles races bovines.
La déperdition culturelle qui se traduit par la perte
de valeurs propres à une société humaine, est un «
virus » qui a pu affecter également la société
d'éleveurs de la moyenne vallée du fleuve Sénégal.
Présentement, les éleveurs sont entrain de transformer leur
cheptel par l'adoption de nouvelle race bovine telle que la race pakistanaise
(boussera) et le zébu maure (safroyé).
La race pakistanaise se caractérise par sa grande
taille et de grosses oreilles. Elle provient de l'Asie durant le début
des années 1990 et accède aux éleveurs par les
marchés hebdomadaires de daaras, de Niassanté et de Wido. Elle
grandit très vite et a une assez bonne capacité de production
laitière.
Le zébu maure (safroyé) s'identifie par
sa robe rouge ou rouge blanche en général, ainsi qu'une bonne
production laitière. « Elle est considérée comme une
bonne laitière et produit en élevage extensif 800 à 1000L
de lait à 4,5% de matière grasse en 240 jours », selon
Kabera (2007). Son importance aujourd'hui, est facilité par la
proximité géographique avec la Mauritanie (voire Carte
localisation Guédé-village).En effet, notre zone constitue un
lieu de transit du cheptel mauritanien à la recherche de pâturage
et à la conquête des marchés de bétail. Ainsi, les
agriculteurs des périmètres irrigués qui pratiquent
l'élevage à domicile le plus souvent, sont les principaux
éleveurs du zébu maure. Il est la race d'embouche des
agro-pasteurs de préférence.
Avec l'élevage de ces nouvelles races, les
éleveurs s'ouvrent dans une ère où la recherche d'animal
à forte potentielle productive est d'actualité. Ils ont besoin de
race capable de fournir beaucoup de lait et précoce pour répondre
aux besoins du marché.
73
II. L'insémination artificielle : un renouveau
scientifique dans la transformation
génétique de la race bovine
1. Définition et historique de l'insémination
artificielle.
L'insémination artificielle est une technique qui
consiste à reposer à l'aide d'un instrument approprié et
au moment opportun, la semence d'un mâle dans la partie la plus
convenable des voies génitales d'une femelle sans qu'il ait un acte
sexuel.
La découverte de l'insémination artificielle
date depuis le XVIIIe siècle en Europe ; elle fut utilisée pour
la première fois en 1779 par Lauro Spallanzani chez la chienne, selon
Serge Claire Nkolo (2009). En Afrique, elle a été introduite pour
la première fois en 1935 au Kenya par Anderson.
C'est n'est qu'en 1995 que l'insémination artificielle
a été initiée au Sénégal par le Programme
d'Appui au développement de l'élevage (PAPEL), à l'aide la
Banque Africaine de Développement(BAD), dans le cadre de sa politique de
modernisation de l'élevage afin de maximiser la production
laitière. Ceci traduit, une volonté politique visant à
répondre aux besoins des populations qui dépendent trop du lait
importé de l'Europe et de l'Asie ; ce qui est paradoxale souvent si les
éleveurs témoignent qu'ils déversent du lait pour les
animaux en saison pluvieuse par manque de moyen de conservation ou de
transformation des produits laitiers.
2. Les résultats de la pratique de
l'insémination artificielle dans la CR de
Guédé-village.
Malgré les réticences notées dans
l'adoption de cette technique moderne par beaucoup d'éleveurs, le
service départemental de l'élevage démontre que
l'insémination artificielle a abouti à 45% de gestation en 2012
sur 1486 vaches inscrites. En effet, dans notre périmètre de
recherche, l'insémination s'organise annuellement dans les
différents parcs de vaccination, que dispose la Communauté Rurale
de Guédé-village. En effet, suivant un calendrier bien
défini, le service vétérinaire chargé du programme
d'insémination, informe les chefs des villages de la date retenue. Ces
derniers transmettent le message aux éleveurs qui dès le jour
fixé par le vétérinaire, ramènent au parc de
vaccination 1 à 5 vaches en âge de vêlage prête
à l'insémination.
74
Tableau 9: campagne d'insémination artificielle
communauté rurale de Guédé-village 2012.
Centres d'insémination
|
Vaches inscrites
|
Vaches synchronisées
|
Guia
|
75
|
98
|
Ndiawara
|
90
|
68
|
Diatar
|
22
|
68
|
Dioundou
|
47
|
14
|
Guédé village
|
111
|
00
|
Taredji
|
50
|
38
|
Medina fresbé
|
22
|
27
|
Maffré
|
75
|
212
|
Mbiddi
|
80
|
62
|
Gawdé-boffé
|
00
|
28
|
(Source: enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013
; données SDEL).
Ce tableau reflète les villages de la CR de
Guédé-village qui sont en phase au programme
d'insémination artificielle. En effet, il s'agit de 10 villages
comprenant les 3 zones géographiques de la communauté rurale de
Guédé-village qui ont opté l'insémination
artificielle soit 38% de l'ensemble des villages officiels.
Le nombre de vaches synchronisées est différent
d'un village inscrit à l'autre. Mais, il est important de remarquer que
les éleveurs du jeeri ont eu plus de vaches
synchronisées par rapport aux villages de la zone waalo. Par
exemple, à Maffré le nombre de vaches synchronisées est de
212 vaches, contre 98 vaches synchronisées à Guia où la
synchronisation est meilleure dans la partie waalo. Cette
disparité dans la portée de l'insémination artificielle,
s'explique d'une part par l'importance de l'élevage dans le jeeri,
par rapport au waalo dont les activités agricoles sont
75
dominées par l'agriculture irriguée et d'autre
part à la volonté des éleveurs pasteurs à
moderniser l'élevage bovin.
Toutefois, Les éleveurs ont noté des
complications dans cette méthode scientifique qui les poussent à
rejeter le plus souvent ce programme d'amélioration
génétique élaboré par l'Etat du
Sénégal. En effet, les éleveurs ont notés que les
vaches où la gestation a échoué après
insémination restent 3 à 4 années sans reproduire ; ce qui
menace l'augmentation de leur cheptel bovin. Ainsi, un éleveur
témoigne avoir vendu une vache inséminée de son cheptel
qui est resté 3 ans sans se reproduire.
Néanmoins, les actions actuelles de
l'amélioration génétique ont des résultats visibles
dans la communauté rurale de Guédé village, même si
les populations d'éleveurs sont généralement pessimistes
au regard des programmes de modernisation du secteur de l'élevage que
l'Etat juge archaïque ou inadapté, dans un contexte de mutation
sociale et économique.
Ci-dessous une illustration des résultats de
l'insémination artificielle dans la CR de Guédé-
village.
76
Photo 3: bovin de l'insémination artificielle dans
le village de Khodith.
(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE,
2013).
Cette photo montre l'engagement de certains éleveurs
dans l'amélioration génétique de la race bovine. En effet,
ce type de race a une capacité productive en lait plus important que
celle de race locale. Ainsi, elle est une source d'exploitation
économique de l'éleveur qui a besoin d'énorme
quantité de lait, très prisé en saison sèche
à cause de sa rareté et de sa forte utilisation dans les repas
journaliers des populations de la moyenne vallée du
Sénégal.
Tableau 10: Analyse des capacités productives
des différentes races bovines dans la CR de
Guédé-village.
Type de race
|
prix de vente d'un taureau âgé de
3ans
|
production laitière par traite
|
Zébu gobra
|
85000 à 110000
|
1 à 2
|
Boussera ou pakistanaise
|
125000 à 160000
|
2 à 2,5
|
Race maure ou safroyé
|
85000 à 130000
|
3 à 4
|
Bovin de l'insémination
|
350000à 400000
|
5 à 8
|
(Source: enquête de terrain, projet ESCAPE,
2013).
77
Ce tableau traduit les potentielles productives qu'offrent les
différentes races bovines .Il reflète de grandes
disparités dans la capacité de production laitière et
à procurer de l'argent après vente. Ainsi, la race locale offre
une production faible par rapport à la race boussera et surtout
le bovin issu de l'insémination qui a une capacité productive,
variant de 5 à 8 litre de lait par traite.
Par ailleurs, les éleveurs s'intéressent aussi
à l'achat de taureau bon géniteur pour rendre leur cheptel bovin
plus productif et bénéfique économiquement, dans un espace
où l'échange est de plus en plus monétarisé. En
effet, les races exotiques comme la race pakistanaise et celle issue de
l'insémination sont vendues très chères dans le
marché du fait de leurs capacités à produire beaucoup plus
de lait, par rapport au zébu gobra dont la production laitière
est quasiment nulle en saison sèche. De ce fait, certains
éleveurs de la communauté rurale de Guédé-village
sont plus que jamais déterminés dans la transformation de leurs
cheptels, généralement zébu gobra en race exotique
répondante aux besoins du marché bétail.
III. La santé animale : un programme majeure des
éleveurs bovins.
1. Généralités sur la situation
sanitaire du cheptel bovin.
La santé de l'animal bovin est une préoccupation
du service de l'élevage et des éleveurs dans, la
communauté rurale de Guédé-village. En effet, l'une des
actions majeures de l'Etat demeure la campagne de vaccination annuelle
organisée gratuitement dans tous les centres pastoraux. Ainsi, la
campagne de vaccination effectuée en 2012, a concerné 35500UBT
dans la CR de Guédé-village. Ainsi, les différentes
données statistiques obtenus pour notre connaissance de la santé
animale, ne concernent strictement pas notre zone d'étude ; mais sont
des chiffres globaux de toutes les collectivités qui composent le
département de Podor.
78
Tableau 11 : épidémiologie des
différentes affections des cheptels bovins dans le département de
Podor.
Affections
|
Foyers
|
Morbidité
|
Mortalité
|
Localisation (Arrondissement)
|
Pasteurellose bovine
|
01
|
707
|
73
|
Thillé Boubacar, Gamadji Saré, Cas-cas.
|
Clavelée
|
01
|
106
|
16
|
Thillé Boubacar, Gamadji Saré, Cas-cas.
|
Avortement
|
01
|
30
|
00
|
Saldé
|
Distomatose
|
02
|
30
|
00
|
Thillé Boubacar
|
Botulisme
|
01
|
106
|
16
|
Gamadji Saré
|
(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE,
2013).
Ce tableau évoque les différentes affections
animales bovines dans le département de Podor. En effet la pasteurellose
bovine, la clavelée et le botulisme paraissent plus fréquentes
dans l'arrondissement de Gamadji-Saré à laquelle appartient notre
zone d'étude. La pasteurellose bovine une mortalité estimé
à 73UBT, restent l'affection la plus présente.
En outre, le service vétérinaire a noté
l'apparition dans la zone waalo de nouvelles maladies bovines telles
que la bilhargeoise animale ou schistomatose, l'hermoparasitose ou maladie du
sang. Ces maladies sont apparues avec la modernisation agricole qui se traduit
avec l'utilisation des engrais chimiques affectant l'écosystème
de la zone.
2. Dynamique de la prise en charge sanitaire des
bovins.
L'éleveur pasteur peulh a toujours eu une
méfiance à toute politique ou appui extérieur à son
mode de gestion d'élevage à cause des croyances culturelles. De
ce fait, beaucoup d'éleveurs utilisent des stratégies locales et
traditionnelles pour soigner leurs cheptels selon des connaissances transmises
par les ancêtres. Ainsi, les campagnes de vaccination était
considérée par les éleveurs comme un moyen
élaboré uniquement par l'Etat pour estimer et contrôler les
cheptels ; ce qui est contradictoire à la culture du pasteur peulh.
C'est pourquoi l'adhésion des pasteurs peulh à la vaccination des
troupeaux bovins a pris assez de temps.
79
Aujourd'hui, les éleveurs ont visiblement montré
un intérêt aux moyens sanitaires modernes pour la santé
animale. En effet, l'engouement des éleveurs lors des campagnes de
vaccination devient de plus en plus fort, ainsi qu'à l'achat de
médicaments et de vaccins pour soigner leurs bovins. Aliou Sow, un
éleveur à Mbiddi témoigne, « j'ai toujours avec moi
des médicaments et des vaccins que j'achète lors du marché
hebdomadaire de Mbiddi pour prendre soins de mes animaux en cas de maladies
». Ainsi, les éleveurs conscients de l'intérêt des
sciences vétérinaires actuelles, investissent des moyens
financiers pour s'offrir de médicaments et de vaccins pour le
cheptel.
Cependant, les éleveurs à domicile sont
très préoccupés pour une bonne santé de l'animal.
En effet, les éleveurs à domicile font généralement
l'embouche bovine et sont intéressés par l'engraissement de leurs
sujets bovin pour les vendre à bon prix. De ce fait, ils font un suivi
périodique de la santé animale mais aussi achètent des
médicaments vitamines pour accélérer l'engraissement des
animaux bovins.
Enfin, la pratique de l'élevage bovin subit des
changements allant de la reproduction génétique à la
santé animale.
Les éleveurs, dans le souci de rendre très
productif l'élevage bovin dans la communauté rurale de
Guédé-village et les mutations sociaux environnementaux de la
moyenne vallée du Sénégal, ont entamé la
modernisation de l'élevage par l'insémination artificielle et
l'achat de race exotique.
80
CHAPITRE III : LE MODE D'EXPLOITATION DU CHEPTEL
BOVIN.
L'exploitation du cheptel bovin dans la CR de
Guédé-village connait présentement des changements ; elle
n'est plus seulement limitée à la vente du lait pour prendre en
charge les besoins alimentaires de base de l'éleveur, ni à la
transhumance périodique pour assurer la nourriture du cheptel. Les
éleveurs sont aujourd'hui de véritables acteurs dynamiques dans
la gestion des cheptels bovins, en cherchant à rendre plus productif
leur secteur économique et s'ouvrent aux institutions financières
et techniques pour mieux exploiter le cheptel bovin.
I. Les stratégies de multiplication du cheptel
bovin.
1. L'investissement des revenus agricoles sur l'achat de
bovins.
La possession d'un cheptel bovin ou d'un
périmètre irrigué dans la moyenne vallée du fleuve
Sénégal, garantit l'investissement des acteurs concernés
dans le secteur agricole. Conscients de cela, les agro-pasteurs,
réinvestissent le plus souvent leurs revenus de l'agriculture dans
l'achat de bovin après la vente des produits de récolte. Ce
bétail acheté est généralement élevé
à domicile et est totalement pris en charge par le propriétaire ;
elle peut intégrer le cheptel et transhumé si la taille du
cheptel d'accueille est de type extensif. L'acquisition du bétail
acheté par les bénéfices issus de la vente des produits de
récoltes, permettrait aux agro-pasteurs de multiplier leur cheptel bovin
afin de sécuriser les fonds des revenus de l'agriculture. En outre,
dès la préparation d'une campagne agricole dans les
périmètres irrigués, certains agro-pasteurs, vendent
quelques bovins pour réaliser l'exploitation agricole qui
nécessite beaucoup de moyen financier. En guise d'illustration, Hamet
Coly Dia ; chef de village de Diambo-diaobé, témoigne dans nos
entretiens, « on n'a pas besoin de contracter une dette avec la Caisse
Nationale de Crédit Agricole (CNCAS) pour financer nos activités
agricoles ; il nous suffit de vendre des bovins pour le financement de la
campagne ». Cette stratégie des agro-pasteurs, montre la
détermination d'acteurs qui veulent plus de liberté et de
bénéfices dans leurs pratiques agricoles. Ainsi, la CNCAS
principale partenaire des agriculteurs de la vallée du fleuve
Sénégal, avec un taux d'intérêt de 7%, est
décriée par les paysans qui n'ont pas d'autres sources de
financement. De ce fait, ceux qui disposent de cheptel bovin ; à l'image
des agropasteurs du village de Diambo-diaobé maximisent leurs
productions agricoles et n'ont généralement aucun souci avec les
institutions financières comme la CNCAS.
81
A. Bénéfice de la campagne
agricole.
B. Achat de C .Vente de bovins
pour une nouvelle
bovine. Campagne agricole.
Figure 6: mode d'épargne des agro-pasteurs
(enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013)
2. Le rajeunissement du cheptel bovin.
En cas de vieillissement du cheptel bovin, la
productivité diminuerait .Conscients de cela, les éleveurs, ont
tendance à vendre des vaches dont les capacités de production
sont menacées par l'atteinte à l'âge maximale. En effet,
beaucoup d'éleveurs ne laissent mourir des bovins en âge de
vieillissement ; ils les trient dans le cheptel et les vendent dans les
marchés hebdomadaires aux agriculteurs qui les engraissent avant de les
revendre dans les marchés hebdomadaires ou lors des
cérémonies religieuses (Gamou).
Cette stratégie de commercialisation, permet aux
éleveurs de prendre en charge leurs dépenses familiales mais
aussi d'acheter d'autres sujets bovins plus aptes à la production.
3. Le recours aux institutions financières pour la
gestion de l'élevage bovin.
Les éleveurs, font recours aux institutions
financières et investissent sur le bétail. Les uns sont de
véritables opérateurs économiques qui empruntent de
l'argent pour faire de l'embouche bovine ; les autres éleveurs font des
prêts pour l'achat de nourriture de leur bétail, à la fin
des pâturages naturels. Les éleveurs ont en général
deux (2) sources de financement :
Le Fond d'Appui à la Stabulation (Fonstab) ;
La Coopérative d'Epargne et de Crédit (COPEC).
82
3.1 Le fond d'appui à la stabulation (FONSTAB) :
un financement de l'Etat
Le fond d'appui à la stabulation est un investissement
de l'Etat du Sénégal, lancé en 2008 pour financer les
éleveurs dans le cadre du programme de modernisation de
l'élevage.
Les objectifs spécifiques de ce fond d'investissement,
selon le ministère de l'élevage sont de faciliter le financement
de certaines activités telles que:
« -La réalisation d'infrastructures respectant
les normes modernes d'élevage , ·
-L'acquisition d'équipement de production, de
transformation, de conditionnement, et de commercialisation des produits
animaux , ·
-La pratique de cultures fourragères
, ·
-l'acquisition d'intrants et des facteurs de production
pour les animaux en stabulation et la modernisation des pratiques
, ·
-L'installation d'unités artisanales, semi
industrielles et industrielles de modernisation et d'intensification des
techniques de production animales » .En effet, ce fond logé
à la CNCAS de chaque département, est géré par les
services départementaux de l'élevage chargés
d'étudier et d'autoriser le financement après une étude de
la viabilité du projet de l'éleveur. Dans le département
de Podor, les éleveurs s'organisent en GIE (Groupement
d'Intérêt Economique) ou sont des individuelles pour demander le
financement de leur activité d'élevage. Ce programme
d'investissement initié par l'Etat du Sénégal a connu un
succès dans le département de Podor avec 84% de remboursement en
2013, selon le service départemental de l'élevage. La
stratégie de ces emprunteurs, s'articule à acheter des bovins en
période sèche, les prendre en charge à domicile afin de
les revendre à bon prix quelques mois après engraissement.
3.2 La COPEC : une initiative locale pour le
financement des agropasteurs.
La COPEC est un programme mis en oeuvre par la coordination
des agro-pasteurs pour le développement (CORAD) pour financer les
activités de l'élevage et de l'agriculture. Elle connait une
vaste adhésion des populations de la communauté rurale de
Guédé-village avec 1743 membres dont 925 femmes. Ce programme de
la CORAD, traduit les actions de développement
83
initiées et conçues par les acteurs
économiques locaux et dont les éleveurs participent
activement.
D'après notre entretien avec l'agent de la mutuelle
à Taredji, la majorité des emprunteurs sont des éleveurs
avec un taux de 90% de remboursement. En effet, en saison sèche, le
coût de vente des bovins étant très faible, les
éleveurs préfèrent emprunter de l'argent à la
mutuelle pour prendre en charge leurs besoins vitaux et les besoins du cheptel
durant cette période difficile au lieu de bazarder leurs bovins dans les
marchés hebdomadaire. Ainsi, ils achètent des tourteaux
d'arachide et des projets de vaines pâtures pour la
complémentation de la nourriture du cheptel. Après la saison des
pluies, les bénéficiaires pourront vendre quelques bovins
à bon prix afin de rembourser la somme contractée à la
mutuelle.
II. Les innovations dans la commercialisation et la
transformation du lait de vache :
Exemple du GIE Dental Bamtaré
Toro.
Jadis, le commerce des produits laitiers se faisait sous forme
de troc (thipaal) ; les éleveurs spécifiquement des
femmes, écoulaient leur production laitières dans les villages
d'agriculteurs (remobé) et de pêcheurs
(cubbalbé) contre du riz, maïs, mil, et du
niébé.
Actuellement, le système d'échange des produits
laitiers se fait généralement contre la monnaie ; des
avancés sont notés avec l'initiative révolutionnaire
entamée par le GIE Dental Bamtaré Toro, dans le cadre de
la transformation et de la commercialisation du lait. En effet, Le Dental
Bamtaré Toro est une association pour le développement,
crée le 15/01/1987, dans la communauté rurale de
Guédé-village et regroupe vingt (20) villages. Sa première
activité est l'alphabétisation. En 1992, pour palier au manque de
vétérinaire elle a formé 43 auxiliaires
vétérinaires, choisis dans chaque village de la communauté
rurale.
Dental Bamtaré Toro, s'est investi dans
l'exploitation des produits laitiers, par l'implantation d'une unité de
conservation et de transformation laitière à Taredji. Cette
unité laitière, dirigée par une femme peulh, montre une
rupture de la hiérarchisation sociétale dans le Fouta et
l'engagement des femmes dans la modernisation de l'élevage. Cette
laiterie achète de lait frais chez les éleveurs des villages
peuls environnants, le transforme en lait caillé et le met dans des
sachets propres à l'entreprise sous le label Dental. Ce produit laitier
transformé est vendu sur place à Taredji, dans les centres
urbains comme Dioum et Podor et dans les marchés
84
hebdomadaires tels que Fanaye, Guia par les revendeurs. Les
éleveurs qui ravitaillent la laiterie sont
rémunérés chaque mois en fonction de la quantité du
lait fournit. Les producteurs laitiers sont organisés d'après
Djiby Ba coordinateur à la laiterie, qui témoigne, « Les
villages d'éleveurs nous produisent du lait ; chaque village a une
section avec qui nous discutons des modalités de partenariat. ». En
effet, ce système de commercialisation formalisé, amorce une
professionnalisation du secteur de l'élevage bovin. Ainsi, les
éleveurs associés à cette entreprise ont été
déchargés des vas et viens dans les maisons d'agriculteurs pour
vendre leur produits laitiers ; ils ont désormais une destination unique
qui est l'unité laitière et ne bazardent plus le prix du lait
selon l'entretien avec Sada Sow, agent service communautaire de
Guédé-village. Ainsi, l'éleveur producteur du lait
à la laiterie pourra percevoir une bonne somme d'argent à la fin
du mois et subviendrait à ses besoins vitaux en laissant son cheptel
bovin à l'abri de la vente.
Par ailleurs les variabilités climatiques influent sur
la commercialisation de ce produit laitier issu des bovins. En effet, en
période d'hivernage, la production laitière fournit par les
éleveurs diminue et devient très élevée en
période d'hivernage. De ce fait, le prix acheté par
l'unité laitière n'est pas fixe ; il varie en fonction de la
quantité du lait de lait produit et livré. Ainsi, la production
laitière est de 40litres en moyenne par jour.
Ce mode d'exploitation des produits laitiers entamé par
le GIE Dental Bamtaré Toro, ouvre les éleveurs dans le
marché de l'innovation du secteur de l'élevage qui regorge
d'énormes potentielles de développement non exploitées
allant des déjections animales ; à la fertilisation des sols, en
passant par la viande jusqu'à la peau de la vache.
Pour conclure ce chapitre, nous avons vu la stratégie
des éleveurs pour la multiplication des cheptels bovin qui se
résume en : investissement des revenus agricoles et le recours aux
institutions financières en période de soudure.
L'élevage bovin constitue une source d'épargne
des agro-pasteurs afin de financer la campagne agricole, sans emprunts à
la CNCAS.
L'accès aux financements par les éleveurs bovins
est un mode de gestion permettant aux éleveurs de satisfaire leurs
besoins vitaux, en saison sèche et de vendre quelques têtes de
bovin à bon prix en saison des pluies, pour le remboursement du
prêt.
85
CHAPITRE IV : IMPACTS DES MUTATIONS DANS LA GESTION DE
L'ELEVAGE BOVIN ET LE DIAGNOSTIC DES SES CONTRAINTES.
Les évolutions notées dans la gestion de
l'élevage bovin sont facteurs d'impact dans la gestion foncière,
sur le développement économique, social et culturel des
sociétés d'éleveurs. Dans ce chapitre, nous
retraçons l'ensemble des effets liés aux mutations dans la
gestion de l'élevage bovin et les principales difficultés de
l'élevage.
I. Les effets des mutations dans la gestion de
l'élevage bovin.
1. Les effets environnementaux.
Le changement du rapport agriculture et élevage a
fortement influé l'environnement de la zone waalo. En effet,
les déjections animales dans les champs de décrue rendaient les
sols fertiles à l'exploitation agricole. Considérant que la vaine
pâture est vendue actuellement dans les périmètres
irrigués après les récoltes, les éleveurs qui ont
un cheptel élevé ou ceux qui n'ont pas de moyens financiers pour
acheter cette vaine pâture, préfèrent rester dans la zone
jeeri ; autour des forages. Désormais, après la fin des
pâturages dans le jeeri, aux mois de mai et juin, les
éleveurs transhument vers le sud du Sénégal et se
déplacent à la fin des pâturages vers le ferlo. Avec cette
nouvelle orientation des éleveurs vers d'autres horizon que le waalo,
autrefois lieux de refuge des troupeaux du jeeri en saison
sèche, les agriculteurs utilisent intensivement les engrais chimiques
pour fertiliser les sols aménagés.
Cette utilisation abusive d'engrais chimiques a rendu
plusieurs hectares de terres incultivables dans la communauté rurale de
Guédé-village, selon le délégué
général de la SAED de Podor. C'est pourquoi, les agriculteurs
voient la production agricole diminuée avec l'épuisement des sols
et sont obligés de trouver d'autres terres arables pour mener
l'activité agricole. Ainsi, l'appauvrissement des terres
aménagées et cultivées dans les périmètres
irrigués, est l'une des origines du rétrécissement de
l'espace agro-pastoral du fait que les paysans ont l'exploitation de nouvelles
terres comme alternative, pour une meilleure production agricole.
De même, les engrais chimiques utilisés dans la
fertilisation des sols, contaminent les cours d'eaux par les canaux
d'irrigation qui arrosent les surfaces aménagées. Et, le cheptel
qui s'abreuve aux points d'eaux (toufdé) est exposé
à des maladies infectieuses d'origine chimique.
86
2. L'impact socioculturel et économique lié
aux mutations dans la gestion de l'élevage bovin.
La gestion actuelle de l'élevage bovin a eu un impact
social dans la vie des éleveurs. En effet, la société
pastorale, essentiellement peulh, fut considérée comme peuple
sans domicile fixe ; un peuple dépendant de la disponibilité du
pâturage et de l'eau pouvant supporter les besoins du bétail. Dans
la moyenne vallée du fleuve Sénégal, ces éleveurs
par des mouvements saisonniers, s'implantaient dans le jeeri en saison de pluie
et dans la zone waalo en saison sèche.
Aujourd'hui, beaucoup d'éleveurs de la zone waalo ont
renoncé au nomadisme qui constituait le déplacement de toute une
famille de l'éleveur vers le jeeri avec le cheptel en saison
sèche. En effet, les éleveurs de la zone waalo sont en même
temps des agriculteurs qui se livrent quotidiennement à la culture
irriguée. Ainsi, la transhumance actuelle vers le jeeri, concerne
généralement un membre de la famille chargé de prendre en
charge le cheptel (aggo).
Les éleveurs de la zone jeeri, qui n'ont que
l'élevage comme activité économique, transhument rarement
vers le waalo en période post récolte ; ils restent
autour des forages de Biddi et de Maffré jusqu'à la fin des
pâturages afin de remonter vers le ferlo pour récupérer
très tôt l'hivernage s'installant progressivement au
Sénégal à partir du sud-est. Là aussi, toute la
famille de l'éleveur ne se déplace pas avec le cheptel bovin ; un
seul membre accompagné de sa femme et de quelques jeunes bergers
(sourgabé) font cette transhumance temporelle.
Cette nouvelle configuration du pastoralisme dans notre zone,
est à l'origine de la stabilisation des éleveurs dans leur
terroir ; d'où l'existence de gros villages d'éleveurs. Dans le
jeeri, de gros villages comme Maffré, Biddi, Petel-Diéguess se
concentrent autour des forages, mais aussi autour des périmètres
irrigués, dans la partie waalo (Diambo, Dioundou).Ces villages disposent
des services sociaux de base (école, case de santé, eau potable,)
et des types d'habitats qui s'évoluent considérablement vers des
constructions en ciment, à la place des cases en paille.
Cette concentration de villages d'éleveurs est
marquée par la scolarisation des enfants d'éleveurs à
l'enseignement français. Les éleveurs étaient
réticents à l'école française qu'ils
considéraient comme outil de déracinement à la culture
peulh que les générations doivent conserver. Mais aussi, les
enfants jouaient un rôle fondamental dans la conduite des troupeaux aux
pâturages et aux points d'eaux. De ce fait, les premiers
diplômés de l'école française dans notre
périmètre de
87
recherche sont le plus souvent issus des familles
d'agriculteurs et de pêcheurs. Ainsi, le mode actuel de l'élevage
qui se traduit par la fixation progressive des sociétés
pastorales, dans de gros villages facilitent l'acceptation de l'école
française dans ses villages peulh qui s'intègrent de plus en plus
dans le monde extérieur où l'éducation est primordiale. La
société pastorale, à l'égard des agriculteurs et
pêcheurs, s'intéressent à l'éducation qui se traduit
par l'émergence de nouvelles élites dont les parents sont
éleveurs peulh pasteurs.
L'autre effet résultant des mutations dans la gestion
de l'élevage bovin dans la communauté rurale de
Guédé-village, est l'apport de revenus économiques aux
éleveurs. Rappelons que l'élevage bovin n'est plus une
activité de substance où l'éleveur échange
seulement ses produits laitiers avec les récoltes de l'agriculteur pour
vivre ; l'élevage est actuellement source de production
économique. En effet, l'insémination artificielle, l'achat de
taureau bon géniteur et des projets de vaines pâtures, rentrent
dans une nouvelle conscience de rendre plus productif l'élevage
bovin.
Ces nouvelles formes d'élevage bovin ont aussi des
effets économiques ; les éleveurs réinvestissent dans le
commerce. Ainsi, dans les agglomérations comme Taredji, des
éleveurs ont investi le commerce en ouvrant des boutiques d'alimentation
générale, d'autres parcourent les marchés hebdomadaires en
commercialisant des marchandises (vivres, vêtements, chaussures,
médicaments). Donc, les éleveurs ne se limitent plus à
l'élevage ; ils diversifient leurs activités d'élevage en
y associant le commerce et l'agriculture.
II. Les difficultés de
l'élevage bovin dans la communauté rurale de
Guédé-village.
1. Les problèmes majeurs de l'élevage dans la
CR de Guédé-village.
Les éleveurs sont confrontés à des
contraintes énormes dans la pratique de l'élevage. Ainsi, les
principales difficultés sont :
? Le manque de pâturage suffisant pouvant supporter
annuellement la charge du bétail ; ? La cherté des aliments de
bétail pendant la saison sèche, après la fin des
pâturages ; ? La fragilité du bétail face aux pathologies
;
88
? Le manque d'eau dans la zone jeeri, avec une
récurrence des pannes des forages où s'abreuvent des milliers de
bovins par jour ;
? Des conflits avec les agriculteurs à cause des cas de
divagations, dans les périmètres irrigués.
L'autre problème de l'élevage est lié
à la faiblesse des investissements de la part de l'Etat. En effet,
l'appui de l'Etat aux éleveurs est limité qu'aux programmes de
vaccination, et des subventions des aliments de bétail à la fin
des pâturages. Les infrastructures d'élevage
élaborées par l'Etat sont très faibles.
Carte 5 : Infrastructures de l'élevage de la CR de
Guédé-village
Cette carte des infrastructures de l'élevage dans la
communauté rurale de Guédé-village, montre que les efforts
de l'Etat et des élus locaux sont encore minimes dans le cadre
d'équipement
89
d'élevage. Ainsi, en matière de conservation et
de transformation laitière, seule la localité de Taredji dispose
d'une unité laitière qui est même une réalisation
locale d'organisation d'éleveurs. Les éleveurs, surtout ceux du
jeeri, manque d'équipement de conservation du lait en
période pluvieuse pendant laquelle la quantité produite est
très élevée.
L'insuffisance de forages pastoraux qui sont au nombre de
six(6) dans la CR de Guédé-village freinent le
développement de l'élevage dans la partie jeeri
où les populations pasteurs font des km à la recherche de
l'eau.
2. Les feux de brousse : un souci majeur pour la
préservation des pâturages de la CR de
Guédé-village.
Le feu de brousse (Cummu) est l'ennemi numéro un
(1) de l'éleveur. Pourtant, il ravage chaque
année des milliers d'hectares dans les espaces ruraux,
obligeant les éleveurs à la transhumance vers le ferlo et le
Sénégal oriental à la recherche du pâturage.
Tableau 12 : les conséquences des feux de brousse
en 2012.
Période
|
Localité
|
CR
|
Superficie brulée
|
Dégâts causés
|
24 au 27 octobre
2012
|
De Ndogmami à Ganina
|
Dounga Lao, Dodel, Gamadji Saré,
Guédé village, Ndiayéne Pendao, Fanaye
|
65000Ha
|
Tapis herbacé ; animaux, récoltes,
écoles brulés.
|
30 octobre 2012
|
|
Guédé village, Gamadji Saré
|
700 ha
|
Tapis herbacés brulés.
|
(Source : enquête de terrain, projet ESCAPE, 2013 ;
données service des eaux et forets).
Ce tableau est un exemple des dégâts
causés annuellement par les feux de brousse touchant notre zone
d'étude. En effet, ces deux (2) feux de brousse en 2012 ont brulé
65700ha dans neuf (9) collectivités du département. Cette
superficie ravagée montre la vulnérabilité de ces espaces
ruraux face aux dégâts. Ainsi, les populations et les services des
eaux et forets n'ont pas les
90
moyens nécessaires pour lutter contre les feux de
brousse. L'importance des surfaces brulées en cas de feux de brousse
n'est plus à démontrer dans cet espace géographique.
91
CONCLUSION GENERALE.
Au terme de notre travail de recherche scientifique sous un
approche géographique, nous retenons que la gestion de l'élevage
bovin dans la communauté rurale de Guédé-village a subi
des mutations, tant au niveau de la prise en charge alimentaire, que sur le
plan de la reproduction et de l'exploitation du cheptel bovin. Ces
évolutions dans la gestion de l'élevage bovin, constituent
simplement des stratégies d'adaptation des éleveurs aux
changements environnementaux et sociaux présentement visibles dans la
moyenne vallée du fleuve Sénégal. En effet, l'espace
pastoral se rétrécit au profit des aménagements
hydro-agricoles dans la zone waalo où l'Etat du
Sénégal, avec l'appui de ses partenaires au développement,
a mis des moyens techniques, financiers et juridiques pour l'expansion de
l'agriculture irriguée en riz. Il oublie le rôle social,
économique et écologique de la complémentarité
agriculture/élevage pastoral et pêche qui était à la
base de l'organisation des peuples vivants dans cet espace. Par
conséquent, dans cette partie de la communauté rurale de
Guédé-village, les éleveurs confrontés à des
difficultés d'accéder aux pâturages, entrent souvent en
conflit avec les agriculteurs du fait de la récurrence des divagations
de bovins dans les périmètres irrigués.
Face à ce nouveau paysage de la zone waalo,
les éleveurs dépensent aujourd'hui beaucoup de revenus financiers
dans l'achat de vaine pâture, et d'aliment de bétail pour
entretenir le cheptel bovin. C'est pourquoi, les éleveurs de la zone
waalo diversifient leurs activités en pratiquant l'agriculture,
le commerce du bétail et de la viande dans les agglomérations
urbaines et lors des marchés hebdomadaires. L'élevage
traditionnel à lui seul n'arrive plus à supporter la charge
animale et celle de la famille, dans une société où les
échanges sont désormais monétarisés. L'accès
aux produits alimentaires se fait avec la monnaie remplaçant le troc des
produits de l'agriculture (mil, mais, riz, sorgho, niébé), de
pêche (poissons) et de l'élevage (lait).
Pour s'adapter à la configuration spatiale de la zone
waalo, favorable à l'agriculture, les éleveurs ont aussi
développé des innovations dans la reproduction et l'exploitation
du cheptel bovin .Certains d'entre eux ont accepté l'insémination
artificielle des vaches laitières et l'appropriation de races exotiques,
plus productives que le zébu gobra. Il s'agit d'un renouveau dans la
transformation génétique du cheptel bovin des
sociétés pastorales pour qui, le zébu gobra est
considéré comme « un patrimoine » à cause de son
lien historique avec l'éleveur.
92
Les changements notés dans la gestion de
l'élevage bovin dans la zone jeeri, sont
généralement observés dans les mouvements
périodiques ou saisonniers du cheptel bovin et le mode de transhumance
des éleveurs. En effet, l'expansion hydro-agricole dans le
waalo, ne facilite pas aujourd'hui la présence des cheptels
bovins venus du jeeri, en saison sèche, à la recherche
de pâturage. Les éleveurs restent autour des forages pastoraux
avec les animaux et transhument vers le sud du Sénégal, à
la fin des pâturages. Ainsi, l'espace jeeri, se densifie avec
l'émergence de gros villages d'éleveurs, avec
l'amélioration d'un cadre de vie des éleveurs qui se traduit par
l'implantation des services sociaux de base.
Enfin, malgré les changements climatiques qui se
traduisent par des variations des températures, des
précipitations et le rétrécissement de l'espace pastoral
par l'expansion agricole, l'élevage reste une activité
présente et développée dans la communauté rurale de
Guédé-village. Il permet aux éleveurs d'investir sur
l'exploitation agricole et le commerce, dans un but de diversifier les
activités économiques et d'assurer l'entretien du bétail,
qui n'est possible que par l'accès à des ressources
supplémentaires.
93
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100
GLOSSAIRES DE MOTS VERNACULAIRES
Aggo : individu spécialisé
à l'élevage pastoral.
Aynabé : éleveurs
Ban bana : commerçant de
détail.
Bamwami : Colotropis procera.
Balboré : Ingofera
oblongifolia.
Ceedu : Saison sèche.
Ceernebé : Marabouts.
Cipowo : vendeuse du lait.
Cubbalbé : pécheurs.
Cummu : Feux de brousse.
Diabé : Zizyphus
mauritania.
Diacré : Bourrelets recouverts par la
crue moyenne rarement cultivés et occupés par les
acacias.
Dioula : Commerçant de bétail.
Dental Bamtaré : Association pour le
développement.
Fondé : Hautes levées
anciennes.
Gawdé : Acacias
nilotica.
Halpulaar : Individu qui parle la langue
Pulaar.
Hollaldé : Argile.
Jeeri : Zone non inondable dans la vallée
du fleuve Sénégal.
Jejeengol : Zone de transition entre le Jeeri et
le Waalo.
Jom gallé : Chef de ménage.
Mbessdi : Vaches laitières.
Maccubé : esclaves.
Ndabunde : Contre saison froide.
Niaygaal : Pénétration des
troupeaux dans les champs après récolte pour les résidus
de récolte.
Ortinowo : Conducteur des troupeaux aux
pâturages après abreuvement.
Remobé : Agriculteurs.
Rakal : Tourteaux
d'arachides.
Sourgabé: Employés ou
apprentis.
Safroyé : Zébu maure.
Toufdé : Point d'eau du fleuve.
Thilloky: Acacia radiana.
Torodo: Classe noble du Fuuta
Toro.
Waalo : Zone inondable par la crue du fleuve.
LISTE DES CARTES :
Carte 1 : Localisation de la communauté
rurale de Guédé village.
Carte 2 : Sols de la communauté rurale de
Guédé village.
Carte 3 : Répartition des
localités de la communauté rurale de Guédé
village.
101
Carte 4 : Infrastructures d'élevage de la
communauté rurale de Guédé village.
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Evolution des températures de
la station de Podor.
Figure 2 : Composition ethnique de la CR de
Guédé village.
Figure 3 : Les différents
périmètres aménagés dans la CR de
Guédé village.
Figure 4 : Estimation cheptel département
Podor.
Figure 5 : Schéma descriptif de la prise
en charge alimentaire des bovins.
Figure 6 : Mode d'épargne des
agro-pasteurs.
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Cheptel bovin d'un éleveur
à Diambo dans un projet de vaine pâture. Photo 2 :
Troupeaux bovins sur parcelle de cultures fourragères.
Photo 3 : Vache issue de l'insémination
artificielle.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Moyenne des précipitations
à la station de Podor de 1982 à 2011 en mm.
Tableau 2 : Les principales espèces
végétales de l'espace communautaire de la CR de
Guédé-
village.
Tableau 3 : Estimation par sexe de la population
de la CR de Guédé-village en 2012.
Tableau 4 : Estimation cheptel CR
Guédé-village.
Tableau 5 : Les différents prix du
bétail commercialisé selon les 4 périodes de
l'année.
Tableau 6 : Présentation des types de
l'élevage bovin dans notre terroir de recherche.
Tableau 7 : Analyse des différents prix
des tourteaux d'arachides et la ration journalière par
bovin.
Tableau 8 : Le modèle de production de
cultures végétales par l'agro-pasteur d'Abdoulaye
Racine Hann.
Tableau 9 : Campagne d'insémination
artificielle CR de Guédé-village 2012.
Tableau 10 : Analyse des capacités
productives des différentes races bovines, dans notre zone
d'étude.
Tableau 11 : Epidémiologie des
différentes affections des cheptels bovins.
Tableau 12 : Les feux de brousse et leurs
conséquences en 2012.
102
ANNEXE 1
Cumul des précipitations de 1951 à 2011
(station de Podor). Cumul par décennie
De 1951 à 1960
ANNEE
|
1951
|
1952
|
1953
|
1954
|
1955
|
1956
|
1957
|
1958
|
1959
|
1960
|
PRECIPITATIONS
|
384
|
366
|
337
|
199
|
793
|
334
|
279
|
375
|
223
|
310
|
De 1961 à 1970
ANNEE
|
1961
|
1962
|
1963
|
1964
|
1965
|
1966
|
1967
|
1968
|
1969
|
1970
|
PRECIPITATIONS
|
309
|
125
|
329
|
352
|
342
|
247
|
271
|
210
|
431
|
255
|
De 1971 à 1980
ANNEE
|
1971
|
1972
|
1973
|
1974
|
1975
|
1976
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
PRECIPITATIONS
|
137
|
110
|
153
|
151
|
225
|
264
|
132
|
315
|
227
|
220
|
De 1981 à 1990
ANNEE
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
PRECIPITATIONS
|
140
|
169
|
76
|
57
|
143
|
246
|
201
|
297
|
340
|
128
|
De 1991 à 2000
ANNEE
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
PRECIPITATIONS
|
135
|
158
|
283
|
153
|
284
|
168
|
234
|
259
|
246
|
201
|
De 2001 à 2011
ANNEE
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
PRECIPITATIONS
|
402
|
228
|
348
|
159
|
338
|
312
|
197
|
221
|
327
|
385
|
211
|
Evolution des températures de 1982 à 2011
(station de Podor).
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Moy.
|
T°max
|
31
|
33,9
|
36,7
|
39,4
|
45,4
|
40,8
|
37,7
|
36,7
|
37,2
|
39
|
36,2
|
33,6
|
36,9
|
T°min
|
16
|
18
|
20,1
|
22
|
24,6
|
24,9
|
25
|
25,2
|
25,4
|
24,7
|
20,9
|
17,6
|
22
|
Am
|
15
|
15,9
|
16,6
|
17,4
|
16,8
|
15,9
|
12,7
|
11,5
|
11,8
|
14,3
|
15,3
|
16
|
14,9
|
Moy.
|
23,5
|
26
|
28,4
|
30,7
|
33
|
32,8
|
31, 3
|
30,9
|
31,3
|
31,8
|
28,5
|
25,6
|
29,4
|
Source : (ANACIM, 2012)
Estimation cheptel (bovins, ovins, caprins,
équins) département de Podor
103
Collectivités locales
|
Total cheptel
|
Bollo Birane
|
111468
|
Bokki dialoubé
|
100749
|
Dunga lao
|
71928
|
Madina ndiathbé
|
88371
|
Méri
|
66038
|
Gamadji Saré
|
103275
|
Dodel
|
76258
|
Guédé village
|
88700
|
Fanaye
|
112268
|
Ndiayéne Pendao
|
105236
|
Podor
|
6743
|
Ndioum
|
17685
|
Ngolléré
|
7484
|
Ndiandane
|
8952
|
Galoya
|
4029
|
Peté
|
4765
|
Mboumba
|
12789
|
Aéré lao
|
18593
|
Bodé lao
|
1870
|
Démette
|
6300
|
Walaldé
|
5948
|
Guédé chantier
|
6349
|
Estimation cheptel bovin département de Podor
2012.
Collectivités locales
|
Total cheptel
|
Bollo Birane
|
23657
|
Bokki dialoubé
|
26928
|
Dunga lao
|
25066
|
Madina ndiathbé
|
25150
|
Méri
|
16446
|
Gamadji Saré
|
29860
|
Dodel
|
19150
|
Guédé village
|
26800
|
Fanaye
|
26244
|
Ndiayéne Pendao
|
23911
|
Podor
|
935
|
Ndioum
|
3091
|
Ngolléré
|
1115
|
Ndiandane
|
1520
|
Galoya
|
1420
|
Peté
|
1650
|
Mboumba
|
1050
|
Aéré lao
|
3718
|
104
Bodé lao
|
1108
|
Démette
|
1230
|
Walaldé
|
1050
|
Guédé chantier
|
950
|
(Source SDEL/Podor)
ANNEXE 2
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE PRESIDENT DE LA CR
RURALE.
· La politique du conseil rural pour l'élevage
bovin.
· Les projets du conseil rural portant sur le
développement de l'élevage.
· Si les infrastructures de l'élevage sont elles
réalisées par le conseil rural.
· L'apport de l'élevage à
l'économie de la zone d'étude.
· Si des terres sont elles affectées aux
éleveurs.
· Si oui ces terres sont elle intégrées
dans un système agro-pastoral ?
· Comment est l'évolution du foncier pastoral de
1974 à nos jours ?
· Liste des infrastructures de l'élevage ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE CHEF DU CADL
Quel est le programme conçu par l'Etat pour
l'élevage ?
Quelles sont les réalisations de L'Etat en
matière d'élevage ?
Dans quel domaine technique l'appui de l'élevage bovin
est accentué ?
Y'a-t-il changements dans la pratique de l'élevage
bovin ?
Comment se présente ces changements ?
Y'a-t-il des financements aux projets d'élevage bovin
?
105
Quels sont les actions et démarches du CADL face aux
risques climatiques ?
Quels sont les bailleurs de fond pour appuyer le
développement de l'élevage bovin ?
Quel est l'évolution de l'appui de l'Etat au secteur de
l'élevage bovin dans la zone de 1974 à nos
jours. GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE SOUS
PREFET
Quelle est la place de l'élevage bovin dans la
communauté rurale de Guédé-village ?
Existe-t-il des règles ou normes relatives à la
bonne cohabitation des activités agriculture et élevage ?
Quelle est votre appréciation du climat social actuel
entre éleveur et agriculteur dans la zone d'étude ?
Connaissez-vous le code pastoral ? Est-il en vigueur dans la
Communauté rurale ?
Quelle évaluation peut-on faire des politiques sources de
changement et d'innovation en matière de l'élevage bovin ?
Quelle est l'évolution du foncier pastoral ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES PRESIDENTS D'ASSOCIATION
D'ELEVEURS
Nom de l'association
Qui composent cette association d'éleveurs ?
Pourquoi l'association est elle crée ?
Quels sont les objectifs de l'association ?
L'association a-t-elle une vision de modernisation de
l'élevage bovin ?
106
Dire le ou les domaines dans lequel l'association a
réussi à moderniser l'élevage ?
Quels sont les partenaires de l'association ?
Quelle est la priorité de l'association ?
Quelles sont les limites et les défis de l'association
?
Quel est votre point de vue sur l'évolution du climat
durant ces dernières décennies ?
Quelles sont les modifications intervenues dans la pratique de
l'élevage de 1974 à nos jours ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES ORGANISMES FINANCIERES DE
L'ELEVAGE BOVIN.
Nom d'institution financière ? Lieu
d'implantation . ?
Les types de financements aux éleveurs bovins ?
Quelle est la principale aire géographique (Waalo,
jejeengol, jeeri) des éleveurs emprunteurs ?
Quelle est la motivation des éleveurs à
solliciter un prêt ?
Quelle est la période des prêts et de
remboursement par les éleveurs durant l'année ?
Le taux de remboursement des emprunts par les éleveurs
bovins ?
Quelle différence entre le financement attribué
aux éleveurs et aux agriculteurs ?
Les difficultés rencontrées dans le financement
des éleveurs bovins ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES ELEVEURS BOVINS
|
107
Prénom Nom Village
? Faire un tableau récapitulatif du système
d'élevage bovin selon la zone géographique où se trouve
l'éleveur bovin.
Aire
géographique
|
Type de
l'élevage
|
Espèce bovine
|
Mode de prise en
charge alimentaire
|
Moyens
d'abreuvement des bovins
|
Système de
production et
d'exploitation du bétail
|
Méthodes pour la santé animale
|
Impacts des
changements environnementaux
et sociaux sur l'élevage bovin
|
zone waalo
|
|
|
|
|
|
|
|
Jejeengol
|
|
|
|
|
.
|
|
|
zone jeeri
|
|
|
|
|
|
|
|
Y'a-t-il une nouveauté dans la pratique de
l'élevage ? Si oui de quelle manière cette nouveauté
s'apprécie ? Cette nouveauté est elle rentable ?
Où se situe cette rentabilité ?
Est-ce qu'il existe des projets d'appui au développement
de l'élevage ? Quels genres de projets sont-ils ?
Ces projets d'appui ont-ils abouti à des
réalisations ?
Quelles sont les réalisations de ces projets d'appui
à l'élevage ?
108
Connaissez-vous la loi domaniale et la procédure
d'acquisition de terres ?
Est-ce que les éleveurs bénéficient-ils des
terres réservées uniquement à la pratique de
l'élevage ?
Si oui, les terres d'élevage affectées
suffisent-elles pour la charge animale ?
Est-ce que le besoin en nourriture du bétail suffit-il
aujourd'hui dans cette zone?
Si non quelle alternative l'éleveur a t'il adopté
pour la satisfaction totale des besoins du bétail ?
Quelles stratégies les éleveurs utilisent pour
l'accès à l'eau du bétail ?
Y'a-t-il des aménagements hydrauliques
réservés aux éleveurs ?
Quelle est la relation actuelle entre l'éleveur et
l'agriculteur ?
Comment s'apprécie la cohabitation
agriculteur/éleveur ?
Existe-t-elle une solidarité ou un partenariat entre
l'agriculture et l'élevage ?
Comment est le comportement actuel de l'élevage face aux
aménagements hydro-agricoles ?
L'élevage est-il intégré dans le
système agricole de la zone ?
Comment est pratiqué l'élevage par rapport aux
exploitations agricoles ?
L'élevage bénéficie t'il de l'exploitation
agricole de la zone ?
Si oui dans quel domaine l'élevage profite t'il de
l'exploitation agricole ?
Le troupeau a-t-il augmenté ? Est-il plus productif ?la
situation sanitaire du bétail a-t-elle évolué ?
Quels types d'animaux de bétail l'éleveur
s'investit le plus ? Dans quel but ? Y'a-t-il innovations dans les
marchés de bétail ?quelles sont ces innovations ?
L'éleveur est il conscient des changements climatiques ?
Comment il perçoit ces changements sur l'élevage ?
109
Quelles sont les stratégies d'adaptation de
l'élevage face aux changements climatiques ?
Quelles sont les alternatives que l'éleveur a
adoptées face aux changements sociaux-démographiques et
politiques du terroir ?
L'éleveur est-il doté de moyens techniques,
financiers, matériels pour faire face aux risques climatiques et
réussir sa pratique actuelle de l'élevage ?
Quelles sont les contraintes liées à la pratique de
l'élevage ? Quelles sont les difficultés du bétail
liées à la nourriture, l'accès à la terre à
l'eau et au marché ?
Quelle est la différence entre l'élevage actuel et
l'élevage d'aujourd'hui ? Est-ce une réussite ? Comment
l'éleveur perçoit l'avenir de son activité ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC L'AGENT DES EAUX ET
FORETS.
Quel est le rôle d'agent forestier dans la pratique de
l'élevage ?
Existe-t-il des projets intégré de protection
d'environnement avec les éleveurs ?
Si oui quelles sont les réalisations de ces projets ? La
gestion de l'environnement est-elle participative avec les éleveurs ? Le
code forestier est-il respecté ?
Quelles sont les résultats de cette protection de la
nature ?
Quelle est le comportement des éleveurs face aux forets
classés de la zone ? Quelle est la dynamique des ressources
végétales de 1974 à nos jours ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC L'INSPECTEUR DEPARTEMENTAL DE
L'ELEVAGE.
110
Quelle est la situation sanitaire du bétail ?le
bétail est il plus productif ? Quelle est la politique et les
réalisations pour le bien être de l'élevage ? Les
éleveurs adoptent t'ils la nouvelle politique sanitaire ?
La Vaccination et l'insémination artificielle sont-elles
dans l'agenda des éleveurs ? Quel est le bilan des politiques sanitaires
? Quelles sont les maladies liées aux mutations actuelles de
l'environnement ?
Y'a-t-il accroissement du bétail ? Si oui dans quel type
de bétail cet accroissement est notée ? Quelle est
l'évolution de la sante animale de 1974 a nos jours ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LA PRESIDENTE DE L'UNITE DE
TRANSFORMATION ET DE CONSERVATION DES PRODUITS LAITIERS
|
Nom de l'unité Lieu d'implantation Année de
création
Quels sont les objectifs et les réalisations de
l'unité laitière ?
Quel est le système de transformation et de conservation
du produit laitier ? Quels sont les éleveurs producteurs du lait de
vache pour l'unité laitière ? Quel est le taux de production
annuelle par les producteurs laitiers ?
La production laitière et le prix du lait varient t'ils en
fonction de la saison pluvieuse et de la saison sèche ?
Quel est le mode de commercialisation des produits laitiers ?
Quelles sont les difficultés rencontrées dans
l'accès au lait de vache et de sa commercialisation ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LE DELEGUE GENERAL DE LA SAED DE
PODOR.
111
Quelle est la politique agricole de la SAED ?
L'élevage est-il intégré dans la
politique agricole dans la SAED ? Sino pourquoi ?
Comment est structuré le Plan d'Occupation et
d'Affectation des Sols de la Cr de Guédé
village?
Quelle est la place de l'élevage dans le POAS ?
Quel est le rôle de la SAED dans les conflits
agriculteurs éleveurs ?
Quels sont les perspectifs de la SAED dans l'appui des
agro-pasteurs ?
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES COMMERCANTS DE
BETAIL
Qui sont les commerçants de bétail dans la
communauté rurale de Guédé-village ?
Comment s'organise le commerce des bovins dans la zone ?
Quel est l'intervalle des prix des bovins dans les
marchés ?
Qu'est ce qui est à l'origine de la variation des prix
de bovin d'un marché à l'autre ou d'une
période à une autre ?
Quelle est la période où le marché est
saturé de bovins ? La période qui correspond à une
vente
de bovin faible par les éleveurs ?
Quels sont les types d'éleveurs qui sont les plus
grands fournisseurs de bovins dans les marchés ?
Quels sont les principaux acheteurs de bovins de la zone ?
Quel est le type de bovin acheté ? Quelle est la race
bovine la plus chère ? Pourquoi cette
différence de prix entre race bovine ?
Quels sont les grands changements notés dans la
commercialisation de bovin ?
Quelles les difficultés dans la commercialisation de
bovins ?
112
Table des Maatières
SIGLES, ACRONYMES, ABREVIATIONS : 1
AVANT-PROPOS 4
INTRODUCTION GENERALE. 6
CHAPITRE I : ANALYSE DES FACTEURS PHYSIQUES. 23
CHAPITRE III : LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLES. 41
II. L'élevage : une activité agricole viable
dans la CR de Guédé-village. 44
1. La place de l'élevage dans le département de
Podor. 44
2. Dynamique de l'élevage dans la Communauté
Rurale de Guédé-village. 46
3. Les ressources halieutiques de la Communauté Rurale
de Guédé-village. 47
III. La dynamique des échanges des productions
agricoles. 48
CHAPITRE IV : DIAGNOSTIC DES SERVICES SOCIAUX DE BASE. 50
I. L'accès à l'eau dans la Communauté
Rurale de Guédé-village. 50
II. L'éducation. 51
III. Les infrastructures sanitaires. 52
IV. L'électrification rurale. 52
CONCLUSION. 53
CHAPITRE III : LE SYSTEME ACTUEL DE PRODUCTION EN ELEVAGE
BOVIN. 57
1. Les types actuels de l'élevage bovin dans la
communauté rurale de Guédé-village. 58
2.1 L'élevage bovin en zone waalo. 58
2.2 L'élevage bovin en milieu jeeri.
58
2.3 Etude comparative de l'élevage de transhumance et
l'élevage à domicile. 59
II. Les stratégies des éleveurs pour une prise
en charge alimentaire des bovins. 61
1. Le parcours journalier des aires de pâturages de la
zone waalo et l'achat de vaine pâture aux
agriculteurs des périmètres irrigués.
61
2. Achat d'aliments de bétail : une consommation
principale du cheptel bovin élevé à domicile. 64
3. Le développement de la culture
végétale : une nouvelle alternative alimentaire du cheptel bovin.
66
4. Les moyens d'abreuvement du cheptel bovin. 68
I. Dynamique et évolution de la race bovine. 71
1. Le zébu cobra : la race historique des
sociétés pastorales dans la CR de Guédé-village.
71
2. L'appropriation de nouvelles races bovines. 72
II. L'insémination artificielle : un renouveau
scientifique dans la transformation génétique de la race
bovine 73
113
1. Définition et historique de l'insémination
artificielle. 73
1. Généralités sur la situation
sanitaire du cheptel bovin. 77
2. Dynamique de la prise en charge sanitaire des bovins.
78
CHAPITRE III : LE MODE D'EXPLOITATION DU CHEPTEL BOVIN. 80
I. Les stratégies de multiplication du cheptel bovin.
80
1. L'investissement des revenus agricoles sur l'achat de
bovins. 80
II. Les innovations dans la commercialisation du lait de vache
: Exemple du GIE Dental Bamtaré
Toro. 83
CHAPITRE IV : IMPACTS DES MUTATIONS DANS LA GESTION DE
L'ELEVAGE BOVIN ET
LE DIAGNOSTIC DES SES CONTRAINTES. 85
I. Les effets des mutations dans la gestion de
l'élevage bovin. 85
1. Les effets environnementaux. 85
2. L'impact socioculturel et économique lié aux
mutations dans la gestion de l'élevage bovin. 86
III. Les difficultés de l'élevage bovin dans la
communauté rurale de Guédé-village. 87
1. Les problèmes majeurs de l'élevage dans la
CR de Guédé-village. 87
2. Les feux de brousse : un souci majeur pour la
préservation des pâturages de la CR de
Guédé-village.
89
CONCLUSION GENERALE. 91
BIBLIOGRAPHIE 93
LISTE DES CARTES : 100
LISTE DES FIGURES 101
LISTE DES PHOTOS 101
LISTE DES TABLEAUX 101
ANNEXE 1 102
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