CONCLUSION GENERALE.
Au terme de notre travail de recherche scientifique sous un
approche géographique, nous retenons que la gestion de l'élevage
bovin dans la communauté rurale de Guédé-village a subi
des mutations, tant au niveau de la prise en charge alimentaire, que sur le
plan de la reproduction et de l'exploitation du cheptel bovin. Ces
évolutions dans la gestion de l'élevage bovin, constituent
simplement des stratégies d'adaptation des éleveurs aux
changements environnementaux et sociaux présentement visibles dans la
moyenne vallée du fleuve Sénégal. En effet, l'espace
pastoral se rétrécit au profit des aménagements
hydro-agricoles dans la zone waalo où l'Etat du
Sénégal, avec l'appui de ses partenaires au développement,
a mis des moyens techniques, financiers et juridiques pour l'expansion de
l'agriculture irriguée en riz. Il oublie le rôle social,
économique et écologique de la complémentarité
agriculture/élevage pastoral et pêche qui était à la
base de l'organisation des peuples vivants dans cet espace. Par
conséquent, dans cette partie de la communauté rurale de
Guédé-village, les éleveurs confrontés à des
difficultés d'accéder aux pâturages, entrent souvent en
conflit avec les agriculteurs du fait de la récurrence des divagations
de bovins dans les périmètres irrigués.
Face à ce nouveau paysage de la zone waalo,
les éleveurs dépensent aujourd'hui beaucoup de revenus financiers
dans l'achat de vaine pâture, et d'aliment de bétail pour
entretenir le cheptel bovin. C'est pourquoi, les éleveurs de la zone
waalo diversifient leurs activités en pratiquant l'agriculture,
le commerce du bétail et de la viande dans les agglomérations
urbaines et lors des marchés hebdomadaires. L'élevage
traditionnel à lui seul n'arrive plus à supporter la charge
animale et celle de la famille, dans une société où les
échanges sont désormais monétarisés. L'accès
aux produits alimentaires se fait avec la monnaie remplaçant le troc des
produits de l'agriculture (mil, mais, riz, sorgho, niébé), de
pêche (poissons) et de l'élevage (lait).
Pour s'adapter à la configuration spatiale de la zone
waalo, favorable à l'agriculture, les éleveurs ont aussi
développé des innovations dans la reproduction et l'exploitation
du cheptel bovin .Certains d'entre eux ont accepté l'insémination
artificielle des vaches laitières et l'appropriation de races exotiques,
plus productives que le zébu gobra. Il s'agit d'un renouveau dans la
transformation génétique du cheptel bovin des
sociétés pastorales pour qui, le zébu gobra est
considéré comme « un patrimoine » à cause de son
lien historique avec l'éleveur.
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Les changements notés dans la gestion de
l'élevage bovin dans la zone jeeri, sont
généralement observés dans les mouvements
périodiques ou saisonniers du cheptel bovin et le mode de transhumance
des éleveurs. En effet, l'expansion hydro-agricole dans le
waalo, ne facilite pas aujourd'hui la présence des cheptels
bovins venus du jeeri, en saison sèche, à la recherche
de pâturage. Les éleveurs restent autour des forages pastoraux
avec les animaux et transhument vers le sud du Sénégal, à
la fin des pâturages. Ainsi, l'espace jeeri, se densifie avec
l'émergence de gros villages d'éleveurs, avec
l'amélioration d'un cadre de vie des éleveurs qui se traduit par
l'implantation des services sociaux de base.
Enfin, malgré les changements climatiques qui se
traduisent par des variations des températures, des
précipitations et le rétrécissement de l'espace pastoral
par l'expansion agricole, l'élevage reste une activité
présente et développée dans la communauté rurale de
Guédé-village. Il permet aux éleveurs d'investir sur
l'exploitation agricole et le commerce, dans un but de diversifier les
activités économiques et d'assurer l'entretien du bétail,
qui n'est possible que par l'accès à des ressources
supplémentaires.
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