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REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix - Travail -
Patrie
REPUBLIC OF CAMEROON Peace - Work -
Fatherland
MINISTERE DE L'EMPLOI ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE
MINISTRY OF EMPLOYMENT AND VOCATIONAL TRAINING
Centre International de Formation
Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique
et Gouvernance (CIFADDEG)
International Applied Training Center in Democracy,
Development, Ethics and Governance (CIFADDEG)
Mémoire de fin de formation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant en Droits de l'Homme et
Droit International Humanitaire (DIPEC)
Rôle du ministère tchadien chargé des
Droits
de l'homme dans la promotion et
l'instauration
d'une culture de Droits et de
démocratie
Présenté et soutenu par : BERAMGOTO SINGABE
JEAN-CLAUDE (Elève Expert-Consultant en Droits de l'Homme et
Humanitaire)
Sous la Direction de : Docteur NGA BEYEME Crescence
(Enseignante à l'Université de Yaoundé II Ð
Soa)
Année Académique 2009 - 2010
Rôle du ministère tchadien chargé des
droits de l'homme dans la promotion et l'instauration d'une culture de droits
et de démocratie
Sommaire
Dédicace
Remerciements
Liste des abréviations
INTRODUCTION GENERALE
1ère Partie : ANALYSE CRITIQUE
DU ROLE INITIAL DU MINISTERE
CHAPITRE I - UNE MISSION D'APPUI ET DE PROMOTION DES
DROITS
DE
L'HOMME ET DES LIBERTES
Section 1ère : Appui institutionnel et formation
humaine
Section 2ème : Promotion des droits et des
libertés
CHAPITRE II - LES LIMITES AUX ACTIONS DU MINISTERE
Section 1ère : Limites théoriques :
liées à la volonté politique
Section 2ème : Limites fonctionnelle :
liées à l'application de sa mission
2nde Partie : LES APPROCHES
POSSIBLES D'UNE CULTURE DES DROITS ET DE DEMOCRATIE
CHAPITRE I - LES ACTIONS SUSCEPTIBLES D'INSTAURATION D'UNE
CULTURE DE DROITS
Section 1ère : La redéfinition des
priorités du ministère
Section 2ème : L'Extension des activités
du ministère
CHAPITRE II - L'ENRACINEMENT DES DROITS DE L'HOMME
Section 1ère : La collaboration du
ministère avec les associations pour permettre une appropriation des
droits de l'homme par les citoyens
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère tchadien chargé des
droits de l'homme dans la promotion et l'instauration d'une culture de droits
et de démocratie
Section 2ème : La consolidation des droits de
l'homme par la population
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages généraux
Textes législatifs et réglementaires
Ouvrages spécifiques
Rapports et dossiers
Webographie
ANNEXES
Table des matières
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du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère tchadien chargé des
droits de l'homme dans la promotion et l'instauration d'une culture de droits
et de démocratie
Dédicace
A celle qui m'a comblé de tout son amour jusqu'à
son dernier souffle
(ma grand-mère paternelle)
Je dédie ce travail.
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
iv
Rôle du ministère tchadien chargé des
droits de l'homme dans la promotion et l'instauration d'une culture de droits
et de démocratie
Remerciements
D'abord, je veux rendre grâce à Dieu, pour sa
bénédiction, sa protection, son amour et surtout pour les signes
visibles de sa grâce tout au long de cette laborieuse formation.
Je tiens par ailleurs, à adresser mes vives
reconnaissances à ma Directrice de mémoire Dr NGA BEYEME
Crescence, qui malgré ses multiples occupations, n'a jamais cessé
un instant, de répondre favorablement à mes sollicitations.
Au-delà de cette disponibilité permanente, je voudrais qu'elle
retrouve entre ces lignes, l'expression de ma sincère gratitude pour son
encadrement et la transmission de ses connaissances. Je ne saurais laisser
à la marge, tout le corps enseignant du CIFADDEG et le personnel
administratif qui a contribué dans le même sens à ma
formation.
A ma petite famille (mes enfants et mon épouse) pour
qui, ce temps consacré aux études m'a empêché de
leur accorder la moindre attention leur revenant de droit. Elle (ma famille) a
accepté de souffrir du manque de présence affective à
travers des absences, des journées et nuits entières tout au long
de cette formation, les mots me manquent pour lui exprimer ma profonde marque
d'affection, d'amour et de reconnaissance.
J'adresse mes vifs remerciements à Antoine
Sougnabé Misset, Régine Momadji, Honré François,
Syanbé Abel, Guéning Massama dont les soutiens tant
matériels, moraux et financiers ont été très
déterminants pour la réussite de cette formation. Qu'ils
reçoivent ici l'expression de ma sincère reconnaissance.
Je tiens aussi à remercier M. Pinabei Bani, mes
parents, toute la grande famille BERAMGOTO sans exception, Me Nadji Madou, la
famille Doul Hiroua, particulièrement Guenangbeye Doul et Nadine Doul,
la famille Houningar, particulièrement Falmata Houningar, Haoua
Houningar, Madjimta Houningar, mes amis et collègues et tous ceux que je
n'ai cité ici nommément, mais qui ont contribué de
quelques manières que ce soit, à ma réussite dans le cadre
de cette formation.
Vivement, merci à tous !
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
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droits de l'homme dans la promotion et l'instauration d'une culture de droits
et de démocratie
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADH : Association de Droits de l'Homme
AJAC : Association Jeunesse Anti-Clivage
APLFT : Association pour la Promotion des
Libertés Fondamentales au Tchad
CARMA : Campagne pour
l'Accélération de la Réduction de la Mortalité
Maternelle en Afrique
CELIAF : Cellule de Liaison des Associations
Féminines
CIFADDEG : Centre International de Formation
Appliquée en Démocratie,
Développement, Ethique et gouvernance
CNDH : Commission Nationale des Droits de
l'Homme
CNS : Conférence Nationale
Souveraine
CSM : Conseil Supérieur de la
Magistrature
DCP : Droits Civils et Politiques
DESC : Droits Economiques, Sociaux et
Culturels
DUDH : Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme
HCC : Haut Conseil de la Communication
Km2 : Kilomètre
carré
LTDH : Ligue Tchadienne des Droits de
l'Homme
MCDH : Ministère Chargé des
Droits de l'Homme
MCDHPL : Ministère Chargé des
Droits de l'Homme et de la Promotion des
Libertés
MINURCAT : Mission des Nations Unies en
République Centrafricaine et au
Tchad
MJ : Ministère de la Justice
ONU : Organisation des Nations Unies
PM : Premier Ministre
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
développement
PR : Présidence de la
République
PROREJ : Projet Reforme de la Justice
SGG : Secrétariat
Général du Gouvernement
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
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Mémoire de fin de formation pour l'obtention
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
INTRODUCTION GENERALE
Contexte Général
Les Droits de l'homme sont des prérogatives
inhérentes à la vie humaine. Ils constituent le fondement de la
liberté, de la justice et de la paix. Leur respect favorise
l'épanouissement de l'homme, son développement et une vie de
cohésion sociale avec ses semblables.
L'Organisation des Nations unies
(ONU)1 occupe une place essentielle dans la
légitimation et la promotion de ces droits, ainsi que leur
universalisation. Ce qualificatif «universel» a été
inscrit dans le titre du texte fondateur des droits de l'homme
(Déclaration Universelle des Droits de l'Homme -
DUDH)2.
Ce principe de l'universalité des droits de
l'homme est la pierre angulaire de la législation internationale des
droits de l'homme. Il a été réitéré dans de
nombreuses conventions, déclarations et résolutions. La
Conférence mondiale de Vienne sur les droits de l'homme tenue en 1993 a
noté dans ce sens, que tous les Etats ont pour devoir de promouvoir et
protéger tous les droits de l'homme et toutes les libertés
fondamentales, quelque soit le système politique, économique ou
culturel.
Mais la région de l'Afrique prenant en main sa
destinée à travers les indépendances, a eu du mal à
intégrer ces droits de l'homme dans sa politique. Ses leaders de
premières heures, héritiers du pouvoir colonial ont pour la
plupart assis leurs politiques sur des bases dictatoriales.
C'est avec la chute du mur de
Berlin3 que le vent de la
démocratie a commencé à souffler sur l'Afrique pendant les
années 1990. Dès lors, opposants déclarés ou
démocrates et patriotes n'hésitaient plus à critiquer
ouvertement la monocratie
1 ONU : Organisation des Nations Unies,
créée en 1945 à la suite de la SDN (Société
des Nations).
22 'nave e 'nscron sur ce exe onaeur aaren en : urse,
omae e omme oue
politique ranas.
L'initiative
de
l'inscription
UNIVERSEL sur ce texte
fondateur
appartient à
René CASSIN :
juriste,
diplomate et homme
français. Membre
du gouvernement de la France libre pendant la seconde Guerre mondiale,
principal auteur de la déclaration universelle des droits de l'homme en
1948, président de la Cour européenne des droits de l'homme, il
reçut le prix Nobel de la paix en 1968.
3 La chute du mur de Berlin en novembre 1989 scelle
définitivement le sort du socialisme dont la décadence a
commencé avec la « perestroïka » prônée par
GORBATCHEV, et ouvre une nouvelle ère marquée par la fin de la
guerre froide entre l'ex-URSS et les Etats-Unis. Ce bouleversement radical dans
la marche du monde a pour effet de changer les conceptions occidentales
à l'égard des régimes africains, qui devront
désormais se mettre à l'école de la démocratie
occidentale et du capitalisme érigés en système
mondial.
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
partisane appuyée sur l'armée établie
dans les Pays africains. Ainsi, naissent très rapidement les forces
politiques organisées, les grèves et les manifestations de toute
sorte tendant à la réorganisation des structures politiques des
Etats sur des bases démocratiques et le respect des droits de
l'homme.
Le Tchad à l'instar des autres pays africain n'est pas
resté à la marge de ces changements. Placé au carrefour
où se rencontrent l'Afrique du Nord arabo-musulmane et l'Afrique
subsaharienne, le Tchad, comme nombre de pays africains est une création
coloniale. Devenu République le 28 novembre 1958, il acquiert son
indépendance le 11 Août 1960. Il couvre une superficie de
1.284.000 Km2 sur laquelle vivent 11,27
millions4 d'individus. Après son indépendance, le
Tchad a connu une période de paix relative puis des conflits
armés successifs. Ils sont pour les uns
internationaux5 ; Pour les autres et la plupart, non
internationaux6. Cette période d'instabilité
politique et de guerre permanente aura des répercutions très
graves sur les conditions socio-économiques des citoyens et le
fonctionnement des institutions.
La prise de pouvoir du Président IDRISS DEBY
ITNO7 a été l'espoir tant attendu des tchadiens
pour une amélioration de leur niveau de vie et de la situation des
droits de l'homme. Contrairement à ses prédécesseurs,
Idriss Deby Itno a promis au peuple tchadien dans son premier discours du 04
décembre 1990 : «(...) je vous apporte ni or, ni
argent, mais la liberté(...)». Ce faisant, un
processus démocratique lent et hésitant a effectivement
commencé, avec une presse indépendante, une naissance des partis
politiques à partir de janvier 1992 et l'organisation d'une
Conférence Nationale Souveraine8 pendant le premier
trimestre de l'année 1993.
La tenue de cette conférence marque le début
d'une nouvelle ère avec la période de transition dont la fin a
été sanctionnée par l'entrée en vigueur d'une
nouvelle Constitution basée sur la Démocratie et l'Etat de Droit,
ainsi que les premières élections pluralistes. L'élection
étant devenue la nouvelle forme d'accession au pouvoir politique au
Tchad.
4 Résultat globaux du deuxième
recensement général de la population et l'habitat (RGPH2), P.
30
5 Conflit tchado-libyenne sur la bande d'Aouzou
6 Guerre civile de 1979, coup d'Etat de 1975, 1982,
1990.
7 1er
Idriss Deby Itno : Président actuel de la
République du Tchad, arrivé au pouvoir le décembre 1990
à travers un coup d'Etat ; élu
démocratiquement Président de la République
en 1996 ; réélu en 2001 puis en 2006.
8 La Conférence Nationale Souveraine du Tchad
s'est tenue du 15 janvier au 7 avril 1993 à N'Djaména.
3
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du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
C'est ainsi qu'ont eu lieu les présidentielles en 1996,
ensuite en 2001, la dernière en 2006 et la prochaine prévue pour
avril 2011. Quant aux législatives, elles ont eu lieu en 1997 puis en
2002, la troisième est prévue pour février 2011. Et enfin
les toutes premières élections communales prévues pour
juin 2011.
La nouvelle Constitution du 31 mars 1996 qui exprime dans son
préambule la volonté commune des tchadiens « ...
de bâtir un Etat de Droit et une Nation Unie et Fondée sur les
libertés et Droits Fondamentaux de l'Homme, de la dignité de la
personne et le pluralisme politique, sur les valeurs africaines de
solidarité et de fraternité » est la
consécration juridique de ces changements démocratiques.
La consolidation de cette démocratie, désormais
irréversible avec une mise en place progressive d'un Etat de droit a
aussi été matérialisée par la signature et la
ratification de plusieurs conventions et traités internationaux de
portée régionale aussi bien qu'internationale, ainsi que la
création de certaines institutions nationales de protection des droits
de l'homme, notamment la création de la Commission Nationale des
Droits de l'Homme (CNDH en 1994)9, de la Médiation
Nationale (en 1997)10, et enfin celle du Ministère
Chargé des droits de l'homme en 2005.
Ces différentes actions de l'Etat favorisent la
promotion des droits et l'éclosion de nouvelles initiatives de la
société civile en matière de droits de l'homme. Ce qui
peut contribuer sans nul doute à l'instauration progressive d'une
culture de paix.
Raisons de choix du sujet
En considération des réalités anciennes
et actuelles de la société tchadienne, l'importance que
recèlent les droits de l'homme n'est plus à démontrer. Il
suffit, pour s'en convaincre, de faire une rétrospective sur les trois
décennies d'instabilité politique dans laquelle a sombré
le Tchad avant les changements découlant de la démocratie.
9 La Commission Nationale des Droits de l'Homme du
Tchad est créée parla loi N° 031/PR/94 du 09 septembre
1994.
10 La Médiature Nationale du Tchad est
instituée par le décret N° 340/PR/PM/97 du 12 août
1997, puis est devenue Médiature de la République par la loi
N° 031/PR/2009 du 11 décembre 2009.
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
4
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Malgré ces réalités, le Tchad apparait
comme l'un des rares pays d'Afrique centrale, qui par souci de promouvoir les
droits de l'homme, a consacré un ministère en charge
spécifique des droits de l'homme, contrairement aux autres pays qui soit
n'en ont pas (Cameroun, Centrafrique, Niger) ou soit le rattache au
ministère de la justice (Congo) ou au ministère des relations
avec le parlement (Gabon). La spécificité de cette
création à la tchadienne retient notre attention et nous pousse
à explorer et analyser les enjeux et implications d'une telle structure
dans un pays sortant d'une longue période de dictature remplie de
conflits armés.
Il est certes vrai qu'à côté des
institutions étatiques, il existe de multiples organisations de la
société civile qui oeuvrent indépendamment de l'Etat en
faveur des droits de l'homme. Mais lorsque l'on sait qu'il n'est pas moins vrai
que cette société civile ne peut atteindre ses buts sans la
volonté politique de l'Etat, il y a lieu de considérer le choix
porté sur une institution étatique plutôt que non
étatique.
En effet, faire une recherche sur « Le rôle
du ministère tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture des droits » permettra
de réveiller la conscience des décideurs politiques et des
acteurs nationaux et internationaux sur les enjeux, les carences et
perspectives de ce ministère et surtout, la pertinence de sa mission
qu'il faudra préserver.
Le constat certes malheureux est que, malgré le nouvel
ordre mondial des droits sous les auspices des Nations Unies, et les efforts au
plan national du Tchad sous la démocratie, nous ne cessons d'assister
à des violations graves des droits de l'homme et à des
théâtres de conflits armés qui font toujours de victimes et
qui mettent de nombreuses personnes dans un état d'indigence. On en
voudra pour preuve, la tentative de prise de pouvoir du 2 février 2008
qui a causé plus de quatre cent (400)11 morts et disparus
sans compter avec le départ de nombreux Tchadiens réfugiés
dans les pays voisins.
Traiter donc de ce thème pour le Tchad recèle
une importance considérable et reste d'actualité eu égard
à cette dégradation fréquente de la situation politique du
pays. Ce document permettra ainsi de comprendre pourquoi malgré
l'élaboration et l'amélioration au plan normatif des textes
relatifs aux droits et malgré la création des
11 Rapport 2008 sur la situation des droits de l'homme
au Tchad de la Ligue tchadienne des droits de l'homme (LTDH) P.
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
institutions et organes chargés de leur mise en oeuvre,
la situation des droits de l'homme au Tchad n'a pas connue des avancées
notables.
Il convient de mettre en exergue l'importance de ce
ministère en tant qu'outil de promotion, d'éducation citoyenne
des droits de l'homme et de prévention contre les crises et conflits et
surtout en quoi cela contribue à l'instauration d'une culture de
droits.
En outre, cette étude contribuera à
appréhender l'importance grandissante des droits de l'homme face aux
nouveaux défis de la mondialisation, et de la globalisation et les
moyens adaptés à mettre en oeuvre.
Intérêt du sujet
Une décennie après les indépendances, le
Tchad est entré dans un cercle infernal de guerre qui a fragilisé
les bases des Institutions étatiques. Cette situation a eu de
sérieuses conséquences sur le développement,
l'organisation administrative et institutionnelle avec pour principale victime,
la population qui est soumise à une vie dans l'incertitude,
l'insécurité et la violation flagrante de ses droits.
Rappelons que la rupture avec les régimes autoritaires
et dictatoriaux s'est opérée pendant la fin de l'année
1990. La manifestation concrète de la démocratie s'observe
à travers la bonne gouvernance, la justice équitable, mais aussi
et surtout par la participation citoyenne à la gestion du pays qui
traduit ainsi, une connaissance étendue à la base, des notions de
droits de l'homme, d'où l'existence réelle d'une culture des
droits.
Vouloir réfléchir sur la promotion et
l'instauration d'une culture des droits, c'est d'abord se pencher sur
l'intérêt d'une telle étude au plan scientifique, ensuite,
son impact sur le plan sociopolitique.
Sur le plan scientifique, cette étude aura le
mérite de montrer la stratégie développée par le
ministère dans son rôle de promotion du Droit pour tous ; le
respect et l'application des lois. Elle permettra aussi d'identifier les forces
et les faiblesses du ministère en la matière afin de jauger son
apport réel et spécifique comparativement
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
aux multiples actions des organisations de la
société civile dans la protection des droits de l'homme au
Tchad.
Sur le plan sociopolitique cette étude va offrir aux
citoyens l'occasion de comprendre qu'ils sont concernés par les droits
de l'homme et ont pour devoir de participer activement à son
éclosion. Quant à l'Etat, elle lui servira à ajuster sa
politique dans le domaine des droits de l'homme ainsi qu'à opérer
des éventuels réformes adaptées aux missions
assignées au dit ministère.
En somme, ce travail présente un intérêt
pratique en ce sens qu'il constitue une précieuse source d'information
relative aux méthodes par lesquelles les droits de l'homme sont
entretenus au niveau de l'Etat ; il nous éclaire sur les obstacles
liés à la lutte contre les violations de droits de l'homme, sur
notre devoir d'être acteur des droits de l'homme et nous oriente sur les
nouvelles pistes pour repenser au mieux, la politique d'instauration d'une
culture de droits et de paix.
Au-delà de son intérêt académique,
ce sera un outil efficace contribuant à la planification des politiques
démocratiques et à la recherche de la paix et la
sécurité durables.
Définition des concepts
Culture : La culture est, selon le sociologue
québécois Guy Rocher, "un ensemble lié de
manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées
qui, étant apprises et partagées par une pluralité de
personnes, servent, d'une manière à la fois objective et
symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité
particulière et distincte." (définition tirée du site
Wikipédia Ð
www.wikipedia.org)
Droits de l'homme : Les droits de l'homme sont les
droits inaliénables de tous les êtres humains, quelques soient
leur nationalité, lieu de résidence, sexe, origine ethnique ou
nationale, couleur, religion, langue ou toute autre condition. Nous avons tous
le droit d'exercer nos droits de l'homme sans discrimination et sur un
même pied d'égalité. Ces droits sont intimement
liés, interdépendants et indivisibles.
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Les droits de l'homme sont inaliénables parce que
personne ne peut les perdre, temporairement ou définitivement,
volontairement ou non et universels car fondés sur la raison et non sur
les particularismes culturels.
Culture de droits : nous définissons la culture
des droits comme un ensemble de manière de penser, et d'agir commune
à un ensemble d'individus dans un esprit de respect des droits et
d'obéissance aux lois.
Elle peut se définir aussi comme un processus dynamique
de relations entre les individus et groupes visant à créer des
conditions sociales, comportementales et idéologique émergeant
d'une nouvelle citoyenneté dans le droit, la démocratie, la
justice et le respect mutuel.
Etat de droit : L'état de droit (appelé
principe de primauté du droit) est une situation juridique dans laquelle
chacun est soumis au respect du droit, du simple individu jusqu'à la
puissance publique. C'est une notion très lié au respect de la
hiérarchie des normes, de la séparation des pouvoirs et des
droits fondamentaux.
L'état de droit est celui dans lequel les mandataires
politiques (en démocratie : les élus) sont tenus par le droit qui
a été édicté. L'état de droit s'oppose donc
aux monarchies absolues de droit divin et aux dictatures, dans lesquelles
l'autorité agit souvent au mépris des droits fondamentaux.
Revue de la littérature
Plusieurs auteurs se sont intéressés à la
question des droits de l'homme sous différents aspects. Les branches
liées aux droits de l'homme sont multiples. De même la culture des
droits de l'homme a plusieurs corollaires dont les questions d'alternance
politique qui se manifestent par les élections, les questions
d'égalité qui se manifestent par la justiciabilité des
droits, et aussi les questions d'application qui se manifeste par une
connaissance étendue des droits de l'homme.
Nous pouvons citer parmi les auteurs qui ont
déjà abordé certaines questions se rapportant à la
culture des droits de l'homme : Cyrille APALA MOIFFO qui s'est
intéressé à «l'émergence d'une culture de
droits de l'homme au Cameroun«. Son
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
étude portait beaucoup plus sur les aspects propres aux
droits civils et politiques. Ces droits selon lui semblent être
l'orientation des gouvernants et reflètent les aspirations profondes des
populations, et leur respect conditionne la pleine jouissance des droits
économiques et sociaux, lesquels supposent quand même un certain
niveau de développement économique. Une esquisse de
réponse à ces différentes questions l'on conduit à
constater que l'appropriation de la culture des droits de l'homme au Cameroun
est un processus émergent, mais qui reste à consolider compte
tenu des nombreux obstacles qui jonchent le processus d'enracinement de ces
droits.
Un autre auteur : Eugène LE-YOTHA NGARTEBAYE
s'est lui intéressé au «Contentieux
électoral et l'Etat de droit au Tchad«. Dans son
études, il était question de montrer la manière avec
laquelle l'organisation et le déroulement du contentieux
électoral participe à la protection des droits garantis par les
textes. L'auteur a déclaré que l'organisation des
élections au Tchad, s'agissant des actes préparatoires et une
partie du contentieux sont confiées respectivement à la
commission nationale de recensement électoral (devenue Bureau Permanent
des Elections) et à la Commission Electorale Nationale
Indépendante, et l'ensemble du contentieux au Conseil Constitutionnel.
Il en conclut que si le but affiché de l'Institutionnalisation de ces
organes était d'éloigner un peu l'administration de
l'organisation des élections, il reste cependant difficile à se
réaliser, eu égard à l'implication de plus en plus grande
de l'administration dans l'organisation pratique. Cette situation ne fait que
raviver les tensions dans le milieu politique. C'est pourquoi le juge doit
intervenir pour rétablir l'équilibre.
Il dit en outre qu'investi du rôle de gardien de
liberté, le juge est chargé de défendre les droits des
citoyens contre la volonté capricieuse des pouvoirs politiques. Mais
force est de constater que dans le contentieux électoral,
l'indépendance et la neutralité du juge se trouve limitée
tant par le contexte socioculturel que par l'immixtion du politique. Il
déplore que le pays n'ait pas encore connu des élections locales.
C'est seulement dans le déroulement de ces dernières que l'on
pourrait apprécier la « juste contribution » du juge
dans la construction de l'Etat de droit, et partant de la démocratie.
9
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Enfin, un autre auteur encore, Enoch
DJONDANG, dans un ouvrage général intitulé
«Les droits de l'homme : un pari difficile pour la renaissance du
Tchad et de l'Afrique», a pour sa part abordé la question des
droits de l'homme à travers le parcours de son mouvement de
défense des droits humains et son expérience personnelle. Il a
tenté d'attirer l'attention sur les aspects occultés mais
déterminant de la quête de la liberté et de la
dignité des tchadiens en situation critique perpétuelle. En effet
contrairement à la réputation des tchadiens à
l'extérieur, où ils sont considérés comme des
seigneurs de guerre et de violence. L'auteur montre au-delà de ces
clichés médiatiques, que beaucoup de citoyens d'Afrique et du
monde civilisé ignorent les contours et les ampleurs réels de la
vie chaotique endurée par ce peuple diversifié et
tétanisé.
L'auteur a précisément décrit les
événements du pays, les témoignages de violations des
droits de l'homme, les ratés des transitions politiques et les
tentatives de la société civile. Il survole les pesanteurs
sociopolitiques et l'inévitable dimension éthique des engagements
humanistes.
De ce fait, son ouvrage est un récit de
témoignages croisés et d'analyse critique. Ce qui
différencie toutes ces études effectuées, de notre
étude basée sur l'analyse des activités d'une institution
avec des approches de suggestions pour réaliser une culture des
droits.
En effet, notre thème sur le rôle du
ministère tchadien des droits de l'homme dans la promotion et
l'instauration d'une culture des droits possède des approches
inexplorées par les auteurs ayant abordés des questions
similaires ; notamment l'analyse critique des activités
spécifiques à cette institution et les facteurs et conditions
d'instauration d'une culture de droits.
Délimitation du sujet
Situé au coeur du continent africain, le Tchad est
limité au Nord par la Libye, à l'Est par le Soudan, à
l'Ouest par le Cameroun, le Niger et le Nigeria et au Sud par la
République Centrafricaine. Secoué plusieurs fois par des conflits
internes, le Tchad n'a commencé à connaitre les droits et
libertés qu'avec l'avènement récent de la
10
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
démocratie. Il y a eu depuis lors et jusqu'aujourd'hui,
trois échéances
législatives12 ; deux
référendaires13 et trois
présidentielles14. Mais il n'y a jamais eu des
élections locales. Ces échéances constituent les signes
visibles d'un Etat de droit et d'une démocratie. Il n'en demeure pas
moins de l'existence de la Médiature Nationale, de la Commission
Nationale des Droits de l'Homme et du Ministère des Droits de l'homme.
C'est ce dernier que nous définissons comme cadre de notre étude,
avec une délimitation aux champs de sa mission de protection des droits
et libertés. Plus précisément les actions de promotion et
d'instauration d'une culture de droits depuis la création de ce
ministère en 2005, jusqu'à nos jours.
Problématique
Beaucoup d'études ont été consacré
aux mécanismes de protection, de promotion et de répression des
droits et libertés en Afrique. C'est pourquoi certains auteurs se sont
focalisés sur les élections et ses structures de gestion et
d'autres sur la problématique de l'Etat de droit ou encore sur
l'appropriation des droits de l'homme par la population. Mais l'heure est
actuellement à la réflexion sur la consolidation des acquis issus
de la démocratie.
Les acquis de cette démocratie sont nombreux tant sur
le plan normatif qu'institutionnel. Mais cela n'a pas empêché que
le Tchad continue de vivre de graves violations de droits de l'homme et le non
respect des libertés.
Ce paradoxe qui résulte de l'existence des textes et
institutions appropriés de protection, et la persistance du non respect
des droits de l'homme aiguise notre curiosité. C'est
pourquoi nous nous interrogeons :
En quoi l'existence des législations et des
institutions spécifiques de promotion des droits et libertés
participe-elle à l'édification d'un Etat de droit ? Suffit-il de
disposer d'une institution publique investie d'une mission promotionnelle des
droits de l'homme pour croire en sa capacité d'établissement
d'une culture de droits ? Autrement dit, quelles sont
les limites
12 Elections législatives de 1997, de 2002 et
de 2011.
13 Référendums constitutionnels du 31
mars 1996 et du 6 juin 2005
14 Elections présidentielles de 1996, de 2001
et de 2006
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
11
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
aux actions du ministère et les
démarches à adopter pour parvenir à l'instauration d'une
culture de droits au Tchad ?
Hypothèses
Nous entendons par hypothèse les tentatives de
réponses provisoires à une question donnée. Ainsi, dans le
cas d'espèce, notre hypothèse principale est que la promotion des
droits de l'homme et des libertés entretenue par le ministère des
droits de l'homme à travers des activités routinières ne
garantie pas l'instauration d'une culture de droits. C'est pourquoi nous
pensons que l'édification d'une culture de droits est
conditionnée par :
§ La réorientation des activités du
ministère et la mise à disposition des moyens nécessaire
à la promotion et protection des droits de l'homme ;
§ La volonté politique de l'Etat manifestée
par les actions concrètes de lutte contre les violations diverses des
droits de l'homme étendue à plusieurs niveaux ;
§ L'appropriation même des droits de l'homme par la
population tchadienne sous forme de manières de penser et d'agir ;
§ Et la consolidation de ces droits.
Méthodologie
Pour cette étude, nous avons utilisé la
méthode juridique et la méthode systémique. La
première nous a permis de faire l'examen des textes fondamentaux du
ministère qui définissent ses attributions ainsi que la
cohérence entre la législation nationale et internationale
relative à la protection des droits de l'homme et à la promotion
des libertés.
La seconde nous a conduit à faire une
appréciation générale de la manière dont le
ministère exécute sa mission et met en oeuvre ses projets. Elle
nous a aussi permis de faire un état de lieu de la situation des
violations de droits de l'homme au Tchad et nous permet ainsi de
déterminer la méthode la mieux adaptée pour
remédier à la situation.
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
L'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles nous réaliserons notre travail est orienté sur les
documents mais aussi sur le stage pratique ainsi qu'une descente sur le terrain
auprès des leaders et défenseurs des droits de l'homme.
L'étude documentaire consistait pour nous à
faire une analyse du contenu des documents internes et externes du
ministère afin de chercher le fondement juridique de sa mission, les
lacunes et les divergences qui peuvent s'y trouver. Le stage pratique nous a
facilité la confrontation entre les dispositions législatives et
règlementaires et leurs mises en oeuvre pratique. Enfin, la descente sur
le terrain qui consistait à réaliser des interviews avec les
défenseurs de droits de l'homme a renforcé nos jugements
personnels et nous permis d'être mieux orienté sur les pistes de
solutions.
Nous avons procédé à une recherche
bibliographique dans les villes de Yaoundé et N'Djaména. Dans la
première, ces recherches ont eu lieu dans les bibliothèques de
l'UCAC (Université Catholique d'Afrique Centrale) et à la
bibliothèque de l'Université de Yaoundé II - Soa. Dans la
seconde ces recherches se sont déroulées à la banque
tchadienne de données juridiques du CEFOD (Centre d'Etudes et de
Formation pour le Développement), au Centre des oeuvres universitaires
de l'Agence Universitaire de la Francophonie ainsi qu'à la documentation
fournie par les associations de protection des droits de l'homme et du
Ministère des droits de l'homme. Nous ne manquerons pas de faire mention
des recours à l'orientation et avis des personnalités ressources
du ministère ainsi qu'à ceux des leaders des droits de
l'homme.
Annonce du plan
Notre travail sera axé sur deux grandes parties avec
deux chapitres chacune : La première partie sera consacrée
à l'analyse critique du rôle du ministère des droits de
l'homme. Il sera question de faire un aperçu et une analyse des
éléments sur lesquels se fondent la mission de protection et de
promotion du ministère et la mise en oeuvre de la mission du
ministère (Chapitre I) ; ainsi que sur les limites et carences
auxquelles sont confrontées les actions du ministère. Les
critiques s'appesantiront davantage sur la mauvaise volonté politique de
l'Etat, tandis que les
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
carences concernent les manquements liés à
l'application de la mission du ministère (Chapitre II).
La deuxième partie intitulée les approches
possibles de mise en oeuvre d'une culture de droits portera d'une part sur les
actions d'instauration d'une culture de droits (Chapitre I). Nous nous
attèlerons aux actions susceptibles d'instauration d'une culture de paix
; et d'autre part sur l'enracinement des droits de l'homme (Chapitre II). Ce
qui suppose une appropriation et une réelle consolidation de ces
droits.
Enfin, une conclusion interviendra pour retracer le
résumé de l'ensemble du travail, justifier les hypothèses
et l'interprétation des résultats obtenus pour favoriser
l'expression d'un avis personnel sur le sujet.
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
1ère Partie :
ANALYSE CRITIQUE DE LA MISSION DU MINISTERE
Les exigences du respect des droits de l'homme, gage d'une
justice et d'une cohésion sociale harmonieuse, n'ont pas laissé
indifférents les dirigeants des pays africains, et
particulièrement, ceux du Tchad ; Aussi, compte tenu des attentes que
les dirigeants africains nourrissent vis-à-vis des partenaires
bilatéraux, multilatéraux ainsi que des Institutions
internationales, les efforts pour le respect des droits de l'homme s'imposent
dans leurs pays respectifs.
En effet, les raisons ayant favorisé une politique
d'amélioration des droits de l'homme au Tchad, comme dans de nombreux
Etats africains, tournent autour de l'instauration de l'Etat de droit et de
l'établissement des régimes démocratiques reconnus par
l'opinion internationale. Et nous le savons tous, les retombées de cette
reconnaissance internationale.
Le Ministère chargé des droits de l'homme
(MCDH)15, une des institutions mises sur pied pour défendre
les questions des droits de l'homme et des libertés fondamentales au
Tchad jouit d'une considération politique non négligeable. Mais
ses actions peuvent lui conférées une renommée encore plus
grande, si elles sont menées en synergie avec tous les acteurs
impliqués dans les questions des droits de l'homme.
Dernier-né des Départements Ministériels
du Tchad, le Ministère Chargé des Droits de l'Homme et de la
Promotion des Libertés dès sa création le 08 Août
2005 était d'abord un ministère délégué
auprès du Premier Ministre, avant de se voir détaché de
celui-ci quelques mois plus tard. Devenu aujourd'hui un ministère
autonome, celui-ci s'implante progressivement et commence à se faire
connaître.
15 Ancienne appellation de l'actuel ministère
chargé des droits de l'homme et de la promotion des libertés
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
15
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Situé au Sud-ouest de la Ville de N'Djaména, le
locale qui abrite le siège du Ministère chargé des Droits
de l'homme et de la promotion des libertés (MCDHPL) est limité au
Nord par les locaux de l'ancienne Présidence de la République ;
au Sud par les locaux du ministère de la Défense nationale et du
secrétariat Général du Gouvernement (SGG) ; à l'Est
par l'Ambassade de la Grande Jamahiriya Arabe libyenne et à l'Ouest par
les locaux de la Primature.
Au regard du champ très vaste que couvrent les droits
de l'homme, notre étude circonscrit au rôle du ministère
s'appesantira davantage sur les aspects propres à la mission de ce
ministère (I) à travers le fondement de sa mission, ses
détails et réalisations, en vue de déterminer les
insuffisances (II) liées aux imperfections de cette mission.
16
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
CHAPITRE I - UNE MISSION D'APPUI ET DE PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME
ET DES LIBERTES
|
La mission du Ministère chargé des droits de
l'homme repose d'abord sur les valeurs fondamentales contenues dans la
Constitution16 de la République du Tchad.
Ces valeurs fondamentales résultant de la Constitution
sont entre autres, l'Etat de droit, qui implique la soumission de l'ensemble
des institutions à la loi, la séparation des pouvoirs, le libre
exercice des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que
l'égalité devant la loi de tous les tchadiens et de toute
personne vivant au Tchad. Ce qui implique l'administration d'une bonne justice.
Elles sont aussi, le développement humain, exigeant la
réalisation du progrès économique dans des conditions de
répartition équitable de ses ressources dans une
démocratie véritable et le respect des droits de l'homme.
Elle repose ensuite sur les valeurs supranationales
énoncées dans les instruments régionaux et internationaux
ratifiés par le Tchad17.
Les valeurs supranationales énoncées dans les
instruments régionaux et internationaux auxquels le Tchad est partie
prenante découlent notamment, des traités et résolutions
des Nations Unies et de l'Organisation Internationale de la Francophonie.
Enfin, cette mission repose aussi sur les dispositions du
Décret N° 720/PR/PM/2009 du 13 juillet 2009 et du
décret N° 753/PR/PM/MCDH/07 du 28 septembre 2007 portant
respectivement Structure générale du gouvernement et organigramme
du Ministère Chargé des Droits de l'Homme. Ces textes fondateurs
du ministère déterminent son cahier de charge, son organisation
et les structures qui le composent. Cette mission est orientée vers la
protection et de promotion des droits de l'homme.
16 Préambule de la Constitution de mars 1996,
modifié en 2005.
17 Voir annexe N° 3 : liste des conventions
ratifiées par le Tchad
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
17
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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En 1990, le Tchad s'est proclamé Etat de droit. En
proclamant la démocratie, il se situe dans une posture de promotion et
de protection des droits de l'homme et donc du respect des règles et des
principes de droits de l'homme.
La création du Ministère Chargé des
Droits de l'Homme et de la Promotion des Libertés est la manifestation
du gouvernement à traduire dans les faits sa volonté de garantir
et de protéger les droits de l'homme au Tchad. Sa mission concerne la
conception, la coordination, le suivi et la mise en oeuvre de la politique du
Gouvernement en matière des droits de l'homme. Mais comment cette
mission se spécifie et s'effectue-t-elle ?
Section 1ère : Appui institutionnel et
formation
Pour mieux coordonner son action et apporter une
réponse spécifique aux nombreux défis des droits de
l'homme, le gouvernement a créé ce Ministère chargé
des Droits de l'Homme et de la Promotion des Liberté dont les
attributions ont pour la plupart un caractère transversal et oblige
celui-ci à collaborer avec les autres départements
ministériels qui sont principalement en charge : de l'Intérieur
et de la Sécurité Publique, de la femme, l'Action sociale, de la
Solidarité nationale et de la Famille, de l'Education nationale, de
l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la
Formation Professionnelle, de la Justice, de la Santé publique, et de la
Défense. En plus de ces institutions étatiques, le MCDHPL
collabore avec les organisations de la société civile oeuvrant
dans le domaine des droits de l'homme et les agences onusiennes. Nous
examinerons la mise en oeuvre de la mission de ce ministère.
Paragraphe 1. Au plan organisationnel
L'organisation pratique et la mise sur pied des organes du
MCDHPL se fait progressivement. Il est structuré comme suit :
· Une Direction de cabinet placé sous
l'autorité d'un Directeur dont l'organisation et les attributions sont
définies dans le Décret N°
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
333/PR/PM/2002 du 26 juillet 2002. La direction de
cabinet, le secrétariat général, la direction des affaires
administratives, financières et du matériel ne sont pas la
spécificité du ministère des droits de l'homme, ce sont
des structures communes à chaque département ministériel
avec toutes un même cahier de charge défini dans le décret
N° 333 du 26 juillet 2002 en ce qui concerne les directions des cabinets ;
dans le décret N° 332 du 26 juillet 2002 pour ce qui concerne les
secrétariats généraux ; et le décret N° 352 du
21 août 2002 pour ce qui concerne les directions des affaires
administratives, financières et du matériel.
· Un Secrétariat Général
placé sous l'autorité d'un Secrétaire
Général dont l'organisation et les attributions sont
définies dans le Décret N° 332/PR/PM/2002 du 26
septembre 2002. Le Secrétariat Général coordonne les
activités des différentes directions techniques revêtues
des missions spécifiques. Le Secrétariat général du
MCDHPL est placé dans l'enceinte du ministère et en face du
cabinet du ministre. Il est dirigé par un Secrétaire
général assisté d'un adjoint.
- Une Inspection Générale qui est un organe qui
veille au bon fonctionnement des services et assure le contrôle et
l'application de la politique de ce département ministériel. Avec
un accès à tous les dossiers, documents et livres détenus
par les services centraux et régionaux. Ayant rang et
prérogatives du secrétariat général, elle
relève de l'autorité directe du Ministre.
Ses missions spécifiques concernent la
préparation en vue de soumettre au Ministre, les objectifs et programme
généraux de mission d'inspection ; le contrôle de
l'application des textes législatifs, règlementaires et des
instructions administratives régissant le fonctionnement administratif,
financier et comptable des services du ministère ; de veiller à
l'application de la législation et de la réglementation relatives
aux droits de l'homme ; de proposer au Ministre, toutes mesures susceptibles
d'améliorer le fonctionnement des services techniques ; d'assurer pour
le compte du Ministre, le suivi des activités des associations de
protection et de promotion
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démocratie
des droits de l'homme ; d'effectuer toutes autres
tâches ou missions qui lui seront confiées par le ministre.
· Des Délégations Régionales des
Droits de l'homme qui sont des services déconcentrés du
ministère et qui peuvent couvrir une ou plusieurs Régions
administratives. Placée sous l'autorité d'un
Délégué Régional, les Délégations
Régionales ont rang et prérogatives d'une sous-direction de
services centraux et relève de l'autorité directe du
Secrétariat général du ministère. Elles sont
opérationnelles dans les vingt deux (22) Régions que compte le
pays en raison d'une délégation par région.
Les Délégations Régionales sont des
services déconcentrés propres à certains
départements ministériels, mais avec des activités propres
à leurs ministères respectifs. Celles du MCDHPL sont
chargées du traitement de toutes les questions relatives aux Droits de
l'homme, notamment la protection et la promotion des droits de l'homme sur
l'étendue de la Région. Le Tchad qui se subdivise en 22
Régions compte donc 22 Délégations Régionales pour
le compte du MCDHPL. Il en est de même des autres ministères
disposant de cette structure.
De manière générale, depuis
l'avènement de la démocratie, de nouvelles institutions
concourant au renforcement de la mise en oeuvre des engagements internationaux
du Tchad dans le domaine des droits de l'homme ont été
créées. Il s'agit des Ministères en charge des questions
sectorielles et plus spécifiquement du Ministère chargé du
contrôle général d'Etat et de la moralisation, du Haut
Conseil de la Communication (HCC) et plus particulièrement du
Comité technique interministériel chargé du suivi des
instruments internationaux.
Ces nouvelles structures oeuvrent ainsi aux
côtés des institutions déjà créées en
vertu de la Constitution telles la Présidence de la République,
la Primature, l'Assemblée Nationale (AN), la Cour Suprême (CS) et
les autres Cours et tribunaux, le Conseil Constitutionnel (CC), la Haute Cour
de Justice (HCJ) et le Conseil Economique, Social et Culturel (CESC).
Toutefois, la création en 1994 de la CNDH, à la différence
des autres institutions, comportait dès l'origine des insuffisances qui
l'ont affaibli et la rendent aujourd'hui inopérante.
20
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Paragraphe 2. Au plan pratique
La mise en oeuvre de la mission du ministère au plan
pratique s'est matérialisée par plusieurs actions et
activités soient notamment :
- La soumission de plusieurs rapports initiaux et
périodiques aux organes
conventionnels des droits de l'homme des Nations Unies ;
-
-
-
- La participation du Tchad à l'Examen
Périodique Universel (EPU) ;
La tenue en octobre 2009 d'un forum régional des
droits de l'homme à Abéché, en prélude d'un forum
national, avec l'appui des partenaires dont la MINURCAT18. Ce forum
régional avait pour finalité l'évaluation de la situation
des droits de l'homme à l'Est du Tchad. Rappelons que la zone de l'Est
du Tchad abrite plusieurs Camps de réfugiés soudanais et est en
proie aux multiples actions des rébellions armées.
L'organisation du 09 au 11 mars 2010 du 1er Forum
National sur les droits de l'homme au Tchad. Le forum national visait à
créer un cadre de dialogue, d'échanges et de partenariat entre le
Ministère chargé des Droits de l'Homme, les autres institutions
nationales et les associations de la société civile en vue de
faire l'état des lieux des violations des droits de l'homme,
déterminer les causes ainsi que les auteurs et évaluer les
capacités de réponses institutionnelles et juridiques de l'Etat
pour y remédier. Il visait en outre à évaluer la
capacité des autres acteurs de la société civile
impliqués dans la promotion des droits de l'homme en vue de leur
renforcement.
L'organisation de septembre à octobre 2010 d'une
série d'ateliers de vulgarisation des résultats de l'Examen
Périodique Universel, des recommandations des organes de traités
et du Forum national des droits de l'homme ayant conduit à
l'élaboration d'un plan d'action national des droits de l'homme au Tchad
qui intègre lesdites recommandations et établit un
mécanisme de suivi de sa mise en oeuvre.
18
Mission des Nations Unies en République Centrafricaine et
au Tchad déployée au Tchad pour la sécurisation des
frontières liée aux
activités des humanitaires et dont le mandat a pris fin
le 31 décembre 2010 sur injonction du Gouvernement tchadien.
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
-
|
La création de la Maison des Avocats à
Abéché à l'Est dans le cadre du Projet d'Assistance et
d'Aide Juridique appuyé par le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD).
|
|
- L'élaboration d'un plan d'action national, en
partenariat avec le Haut
Commissariat aux Droits de l'Homme et l'appui technique de la
MINURCAT, en vue de se doter d'un cadre de référence de
protection et de promotion des droits de l'homme qui favorise l'ancrage de
l'état de droit et une culture de respect de tous les droits de la
personne humaine. Tous les acteurs intervenant dans le domaine des droits
humains y compris la société civile, ont été
associés au processus d'élaboration de ce plan de manière
à établir des programmes consensuels qui répondent aux
besoins des tchadiens ressortis lors du premier forum national des droits de
l'homme, tout en intégrant les préoccupations exprimées
par la communauté internationale à travers les recommandations
des organes de traités et les résultats de l'Examen
Périodique Universel.
A son actif s'inscrit également, une campagne
nationale pour encourager la scolarisation des filles et leur maintien à
l'école et la création d'une Division de la promotion de
l'éducation féminine au sein du ministère de
l'éducation nationale.
Enfin des campagnes de sensibilisation et d'information
menées par les associations de la société civile avec
l'appui des partenaires techniques et financiers :
- Les « seize jours d'Activisme », une campagne
d'information, de sensibilisation, de conscientisation de la population sur les
violences faites aux femmes et les violences basées sur le genre
organisée par la CELIAF19 du 27 au 29 octobre 2009 dans le
cadre de la Campagne Nationale de lutte contre les violence basée sur le
genre lancée du 17 octobre au 15 décembre 2009 sous le Haut
patronage de la Première Dame du Tchad ;
19 CELIAF : Cellule de liaison des associations
féminines; ONG de la société civile tchadienne.
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
- sous le Haut patronage également de la
Première Dame, le lancement de la Campagne pour
l'Accélération de la Réduction de la Mortalité
Maternelle en Afrique (CARMA) le 15 décembre 200920.
Conformément aux données du plan d'action
national, la mise en oeuvre d'autres missions spécifiques de ce
ministère s'est traduite par des programmes de modernisation dans les
domaines suivants :
- L'amélioration de l'état civil qui a permis
l'élaboration d'une Stratégie Nationale de l'état civil et
d'un projet de loi réglementant l'état civil au Tchad avec
l'appui du PNUD et l'Union Européenne ;
- La lutte contre la traite des personnes en particulier des
femmes laquelle s'insère dans un plan régional de lutte
signé le 7 juillet 2006 à Abuja (Nigeria) ;
- La lutte contre la pauvreté avec la stratégie
nationale de réduction de la pauvreté qui depuis 2007, fait de la
bonne gouvernance politique et de la consolidation du processus
démocratique, un des moyens d'atteindre les objectifs du
millénaire pour le développement ;
- La réforme de la justice (PROREJ) qui a permis la
création des Cours d'Abéché et de Moundou afin de
décongestionner la Cour d'Appel de Ndjamena, la création d'un
Tribunal de commerce dans six villes du Tchad, la construction en cours de
tribunaux dans les provinces du pays dont à Koumra, Moussoro, Biltine et
Doba, la construction de quatre nouvelles prisons. Le PROREJ a son terme, a
été relayé par le Programme de Réforme de la
Justice qui a axé ses interventions sur le renforcement des
capacités des personnels de la Justice ; la modernisation et diffusion
du droit positif et mise en harmonie avec les engagements internationaux ; le
soutien aux initiatives des acteurs non étatiques ; amélioration
de l'environnement de travail des acteurs.
20 Contenu du Plan d'action national des droits de
l'homme produit par le ministère des droits de l'homme en octobre
2010.
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Section 2 : Promotion des droits et des
libertés
La protection et la promotion des droits de l'homme sont des
notions complémentaires qui semblent être tous deux, intimement
liées à la notion même des droits de l'homme. En effet, la
protection des droits de l'homme concernent beaucoup plus les activités
des défenses des droits de l'homme ; notamment les actes de
dénonciation des violations (communiqué de presse, point de
presse, publication...), les conseils juridiques et orientations, les
assistances judiciaires dans les cas de détentions et arrestations
arbitraires etc. ; tandis que la promotion se focalise davantage sur les
activités de sensibilisation, de vulgarisation, d'éducation et de
communication. Le terme promotion s'entend comme les différentes
stratégies ayant pour objet de développer la connaissance des
droits de l'homme, à travers des actions de sensibilisation,
auprès de tous les membres de la société. Mais dans tous
les cas, promotion ou protection contribue tous deux aux respects des droits de
l'homme et telle est la mission du ministère des droits de l'homme du
Tchad.
Ce Ministère a bénéficié d'une
vocation toute particulière dans la structure générale du
Gouvernement tchadien. Un détail des missions dudit ministère en
distinguant sa mission globale de sa vocation promotionnelle est possible
(paragraphe 2), mais nous examinerons d'abord les fondements de cette mission
(paragraphe 1).
Paragraphe 1. Fondement de la mission du
ministère
Dans le but d'une part de matérialiser les
dispositions de sa loi fondamentale et d'autre part d'ajuster sa politique en
matière des droits de l'homme sous la pression internationale
découlant de ses engagements relatifs aux dépôts des
rapports initiaux et périodiques sur les Instruments Internationaux de
droits de l'homme, le Tchad a décidé de se doter d'un
ministère chargé des droits de l'homme pendant l'année
2005.
Le Titre II de la Constitution tchadienne est consacré
aux libertés, droits fondamentaux et devoirs et comporte quarante six
(46) articles, la naissance de ce
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
ministère puise son fondement dans les valeurs
fondamentales énoncées dans ce titre 2 et dans le
Préambule de cette Constitution tchadienne de 1996 ; lequel dispose que
:
« (...) Nous Peuple Tchadien :
- Affirmons par la présente Constitution
notre volonté de vivre ensemble dans le respect des diversités
ethniques, religieuses, régionales et culturelles ; de bâtir un
État de droit et une Nation unie fondée sur les libertés
publiques et les droits fondamentaux de l'Homme, la dignité de la
personne humaine et le pluralisme politique, sur les valeurs africaines de
solidarité et de fraternité ;
- Réaffirmons notre attachement aux
principes des Droits de l'Homme tels que définis par la Charte des
Nations-unies de 1945, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme
de 1948 et la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples de 1981
(...)»
Au-delà de cette disposition dans la loi fondamentale
du Tchad, l'exigence de mettre sur pied une institution gouvernementale trouve
également son fondement dans les nombreux textes onusiens que le Tchad a
ratifié de plein gré. Notamment les Pactes jumeaux, la Charte
africaine des droits de l'homme et des peuples ainsi que beaucoup d'autres
instruments.
En effet, le Ministère Chargé des Droits de
l'Homme dès sa création le 08 Août 2005 avait
été rattaché à la Primature. C'était donc
à ses débuts un ministère délégué
auprès du Premier Ministre chargé des droits de l'homme. Il a
ainsi fonctionné pendant trois années. Et c'est fut avec le
Décret N°039/PR/PM/2007 du 18 janvier 2007 portant
structure générale du gouvernement et attributions de ses
membres, que le ministère a vu son statut se modifié pour devenir
indépendant de la primature, devenant ainsi, un ministère
autonome, avec une indépendance structurelle au sein du gouvernement.
Mais c'est plus tard, à travers le Décret
N°753/PR/PM/MCDH/0721 puis le Décret
720/PR/PM/200922 que ses missions ont été
clairement redéfinies.
21 Décret N 753/PR/PM/MCDH/07 du 28 septembre
2007 portant organigramme du ministère chargé des droits de
l'homme.
22 Décret N 720 portant structure
générale du gouvernement et attribution de ses membres
signé le 13 juillet 2009
25
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
C'est aussi à partir de ce dernier décret que
le volet «Promotion des libertés» a été
ajouté à son titre et partant, à ses attributions.
Paragraphe 2. Détails de la mission du
ministère
A la lecture des textes fondateurs du MCDHPL, notamment le
Décret 753 du 28 septembre 2007 et le Décret 720 du 13 juillet
2009, la mission du ministère peut se scinder en une mission principale
qu'on peut nommer mission globale et des missions secondaires que l'on peut
nommer missions spécifiques.
Mission globale
Comme mission globale du MCDHPL, on peut citer
conformément aux textes en vigueur (les décrets cités
ci-haut) :
- La conception, le suivi et la mise en oeuvre de la
politique du gouvernement en matière des droits de l'homme23
;
- la représentation du gouvernement dans les instances
traitant des questions de droits de l'homme et la défense des positions
du gouvernement dans toutes les questions relatives aux droits de l'homme ;
- La promotion des libertés ;
- La protection et la défense des droits de l'homme ;
- La coordination et le suivi des activités de la
Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH) ;
- L'Elaboration et le suivi de la mise en oeuvre des
Instruments Internationaux des droits de l'homme.
Nous avons bien voulu donner l'appellation globale à
l'ensemble des volets ci-dessus cités parce que nous estimons que chacun
de ces volets peut se scinder en plusieurs actions spécifiques.
23 Confère article 30 du Décret 720/PR/PM/2009 du
13 juillet 2009 portant structure Générale du Gouvernement et
attributions de ses membres. Voir extrait dans annexe N° 1.
26
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Par exemple, la mission de conception peut de traduire en
plusieurs conformément aux champs des droits de l'homme, dont une
conception de programme relatif aux droits civils et politiques, une autre pour
les droits économiques, sociaux et culturels, une autre encore pour la
protection catégorielle, etc.
Le MCDHPL s'est aussi vu attribué la double vocation
promotionnelle et protectrice des droits de l'homme et des libertés
fondamentales. Cette vocation promotionnelle du ministère des droits de
l'homme découle de la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en
matière des droits de l'homme. Celle-ci consiste à initier des
sessions de formation, des campagnes de sensibilisation et des ateliers afin de
vulgariser et favoriser la connaissance des droits de l'homme au sein de la
population tchadienne. Aussi, elle impose à ce ministère
d'organiser des rencontres avec tous les acteurs impliqués dans la
défense des droits de l'homme, notamment les associations, organisations
et structures de promotion et de défense des droits de l'homme,
débouchant sur des forums et séminaires relatifs à la
promotion et protection des droits de l'homme au Tchad.
A cette exigence de vocation promotionnelle, s'ajoute une
dimension protectrice qui consiste quant à elle, à mettre en
oeuvre la lutte contre les arrestations arbitraires et les détentions
illégales ; ainsi que les actions pratiques favorisant le respect du
droit à un procès équitable. Car, ces dernières
activités concernent particulièrement les manquements des agents
de l'Etat.
Cette mission globale de conception, de suivi et de la mise
en oeuvre de la politique du Gouvernement en matière des droits de
l'homme telle qu'expliquée ci-haut suppose des sections
spécifiques que nous citerons, avant de voir comment cette mission se
traduit-elle dans les faits pour justifier de son exécution
réelle.
Missions spécifiques
Les missions spécifiques du ministère des
droits de l'homme et de la promotion des libertés ne sont pas clairement
spécifiées, mais peuvent se déduire à travers
les
27
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
attributions dévolues aux directions
techniques24 énoncées dans le décret 753 du 28
septembre 2007. Ces directions techniques qui assurent l'exécution des
taches courantes du ministère sont au nombre de cinq dont :
· Une Direction des Etudes, de la législation et du
contentieux ;
· Une Direction des Droits civils et politiques ;
· Une Direction des Droits économiques, sociaux et
culturels ;
· Une Direction des Droits des personnes vulnérables
;
· Une Direction de la Promotion et de la vulgarisation
des droits de l'homme et des relations avec les organisations de la
société civile.
A ces cinq directions techniques s'ajoute une Direction des
affaires administratives, financières et du matériel (DAAFM).
Cette direction est placée sous l'autorité d'un directeur avec
des attributions définies dans le Décret N°
352/PR/PM/2002 du 02 août 2002 portant attribution des DAAFM.
Nous ne comptons pas cette direction parmi les
spécificités du ministère des droits de l'homme, parce
qu'elle n'est pas propre à ce ministère ; elle existe dans tous
les ministères. C'est des structures de gestion du matériel et
d'appui administratif et financier au fonctionnement des départements
ministériels. Conformément au décret N°
334/PR/PM/2002 du 26 juillet 2002 portant création des directions
des affaires administratives, financières et du matériels, les
Directeurs placés à la tête de ces DAAFM sont des
techniciens du ministère des finances et du budget Le décret
ci-dessus cité énonce les attributions communes de ces
directions.
Les autres missions du ministère que nous avons
appelé spécifiques, sont celles confiées aux directions
techniques suivantes en vertu du décret 753 :
1. La Direction des études, de la législation et
du contentieux avec les missions spécifiques suivantes :
24 Décret 753 portant organigramme du
ministère chargé des droits de l'homme signé le 28
septembre 2007.
28
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
- La réalisation des études
nécessaires au fonctionnement et au renforcement des capacités du
Ministère ;
- L'élaboration et l'amélioration en
collaboration avec les autres directions techniques, les projets de textes en
matière de droits de l'homme ;
- La réception et l'examen des interpellations et
plaintes à caractère non judiciaire formulées par les
citoyens ou organisations de la société civile en vue de les
régler ou les orienter vers les structures compétents ;
- La constitution de la documentation relative aux droits
de l'homme et aux libertés fondamentales ;
- La tenue des statistiques relatives aux violations des
droits de l'homme ;
- Le dépouillement, le traitement et l'analyse des
rapports périodiques, revues et journaux traitant des droits de l'homme
pour le compte du Ministère.
Ce ministère dans la pratique, est la structure
faîtière des autres directions techniques. Elle s'applique
beaucoup à la tache des droits de l'homme et travaille beaucoup en
concertation avec le secrétariat général du
ministère ainsi qu'avec les représentations des agences
onusiennes du Tchad et de l'extérieur. Son cahier de charge est assez
volumineux comparativement à celui des autres directions.
2. La Direction des droits civils et politiques qui s'est vu
confiées les missions spécifiques suivantes :
- La mise en oeuvre des mesures gouvernementales tendant
à protéger et promouvoir les droits civils, politiques et les
libertés fondamentales ;
- La participation à la mise en oeuvre des
instruments internationaux sur les droits civils et politiques et en assurer le
suivi pour le compte du ministère ;
- La participation à la rédaction des
rapports sur les instruments relatifs aux droits civils et politiques ;
- Le suivi et l'appui des actions de protection des droits
civils et politiques initiées par les organisations de la
société civile ;
- La préparation et la soumission à
l'attention du ministre, de tout dossier concernant les violations des droits
civils et politiques.
29
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Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
La Direction des droits civils et politiques en vertu ses
attributions est la garante des activités liées à la
promotion et à la protection des droits civils et politiques. Cette
direction a pour repère le pacte international sur les droits civils et
politiques et les textes législatifs et règlementaires s'y
référent.
3. La Direction des droits économiques, sociaux et
culturels sont attribuées les missions suivantes :
- La mise en oeuvre des mesures gouvernementales tendant
à la protection des droits économiques, sociaux et culturels
;
- La participation à la mise en oeuvre des
instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et des
libertés fondamentales et en assurer le suivi pour le compte du
ministère ;
- La participation à la rédaction des
rapports sur les instruments internationaux relatifs aux droits
économiques, sociaux et culturels ;
- Le suivi et l'appui des actions de protection des droits
économiques, sociaux et culturels initiées par les organisations
de la société civile ;
- La préparation et la soumission à
l'attention du ministre, tout dossier concernant les violations des droits
économiques, sociaux et culturels.
Au regard de ses attributions, cette direction comme la
précédente, s'appliquera à la protection et à la
promotion des droits économiques, sociaux et culturels dans la
conformité avec le pacte international sur les droits
économiques, sociaux et culturels et les législations nationales
y relatives. Elle peut conformément à l'article 180 de la
Constitution, faire des consultations auprès du Conseil Economique,
Social et Culturel (CESC)25 sur des questions relevant de sa
compétence.
4. La Direction des droits des personnes vulnérables,
sont assignées les missions suivantes :
- La participation et l'élaboration des
stratégies relatives à la protection et à la promotion des
droits de la femme ;
25 Organe consultatif prévu par le Titre IX de
la Constitution tchadienne en vigueur et institué par la loi N°
30
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
- La participation à la mise en oeuvre des mesures
gouvernementales tendant à la protection des droits de la femme
;
- Le suivi et la mise en oeuvre des textes nationaux
protégeant la femme ;
- Le suivi et la mise en oeuvre des conventions
internationales sur les droits de la femme ;
- Le suivi et l'appui des actions de protection des droits
de l'homme initiées par les organisations de la société
civile ;
- En collaboration avec le ministère de l'action
sociale et de la justice assurer la protection juridique de l'enfant ;
- Assurer le suivi de l'application des instruments
internationaux relatifs aux droits de l'enfant ;
- La proposition des projets de textes nationaux pour la
protection des enfants victimes de violence, d'abus sexuels, de l'exploitation
et de discrimination avec les départements concernés ;
- Le suivi et l'appui des associations et autres
organisations nationales oeuvrant pour la protection des droits de l'enfant
;
- En collaboration avec le ministère de l'action
sociale, proposer des projets de textes législatifs et
réglementaires en faveur des personnes handicapées ;
- Le suivi de l'application de la législation
relative à la protection des droits des personnes handicapées
;
- La participation à la lutte contre toutes les
formes de violences et atteintes à l'intégrité physique et
morale des personnes handicapées ;
- L'appui des associations et organisations qui oeuvrent
en faveur des personnes handicapées.
Cette direction quant à elle doit traiter de la promotion
et protection des droits des personnes vulnérables. Plusieurs textes lui
servent de repères, notamment les textes
sur la protection des groupes vulnérable que l'on
appelle aussi protection catégorielle. La protection
catégorielle concerne principalement les enfants, les femmes et les
personnes handicapées.
5. La Direction de la promotion, de la vulgarisation des
droits de l'homme et des relations avec les organisations de la
société civile a les missions spécifiques suivantes :
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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- La mise en oeuvre des mesures gouvernementales tendant
à protéger et à promouvoir une culture de paix, des droits
de l'homme et des libertés fondamentales ;
- La conception, la mise en oeuvre, le suivi et
l'évaluation des actions de communication du ministère en
matière de droits de l'homme et des libertés fondamentales
;
- Assurer l'information, la formation et la
sensibilisation des citoyens sur les droits de l'homme ;
- La vulgarisation des textes et documents relatifs aux
droits de l'homme ;
- La proposition de toutes les mesures de promotion et de
vulgarisation des droits de l'homme ;
- L'appui des actions de promotion des droits de l'homme
initiées par les organisations de la société civile
;
- Assurer les relations avec les organisations nationales,
régionales et internationales de protection et de promotion des droits
de l'homme et autres partenaires.
Cette dernière direction se voit attribuer une mission
promotionnelle des droits de l'homme en général, avec une
implication des acteurs impliqués dans sa défense.
Le cahier de charge du ministère des droits de l'homme
est très vaste en activité, et peut contribuer à la
promotion et à la protection des droits de l'homme. Mais très
souvent, il est possible de remarquer qu'entre les principes écrits et
leurs applications, il y a toujours des écarts. C'est pourquoi, il
importe d'analyser la mise en oeuvre de la mission de ce ministère.
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
CHAPITRE II - LES LIMITES AUX ACTIONS DU MINISTERE
|
Le Tchad a ratifié de nombreuses conventions et
traités internationaux. Cependant la réalité de la
situation des droits de l'homme laisse croire que sa responsabilité de
protection des droits des populations s'est limitée à sa seule
adhésion aux instruments internationaux de protection des droits de
l'homme.
En effet, l'acte juridique fort que constitue une
adhésion restera un postulat ou un acte politique symbolique tant qu'il
existera un écart considérable entre l'arsenal juridique existant
des législations en matière des droits de l'homme et la pratique
réelle ou leur mise en oeuvre.
L'avènement de l'état de droit au Tchad, vieux
de vingt années devrait en principe créer des avancées
visibles en matière des droits de l'homme tant au niveau politique,
institutionnel que dans la vie courante. Malheureusement, force est de
constater que les violations massives des droits de l'homme continuent de
porter ombrage à la démocratie et les efforts de l'Etat semblent
être un coup d'épée dans l'eau.
Le Ministère chargé des droits de l'homme et de
la promotion des libertés, qui est l'outil de mise en oeuvre de la
politique du gouvernement en matière des droits de l'homme peine
à réaliser sa mission. Les missions assignées à ce
ministère sont certes très réalistes et peuvent concourir
à l'amélioration de la situation des droits de l'homme au Tchad.
Mais les moyens mise à disposition semblent insuffisant ; le pouvoir qui
est sien aussi semble être dépourvu d'indépendance et de
liberté d'action. De ce fait, malgré l'importance des normes
législatives et règlementaires auxquelles s'ajoutent les
institutions spécifiques de protection et de promotion des droits
humains, l'effectivité des droits humains au Tchad ne sera pas pour
demain, si des solutions aux problèmes existants ne sont pas
trouvées.
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
33
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
L'application pratique de la mission du ministère des
droits de l'homme quant à elle est confrontée à plusieurs
difficultés qui limitent considérablement ses actions. Elles sont
pour les uns, liées à la mauvaise volonté politique de
l'Etat et pour les autres aux carences de sa mise en oeuvre.
Section 1ère : Des limites liées à
la mauvaise volonté politique
Le ministère des droits de l'homme et de la promotion
des libertés est très limité dans ses activités par
des problèmes qui peuvent se résoudre par la simple
volonté politique de l'Etat. En effet, les rapports analytiques 2010 des
associations de défense de droits de l'homme notamment celui de
l'Association tchadienne pour la promotion des droits de l'homme
(ATPDH)26 et de la Ligue tchadienne des droits de l'homme
(LTDH)27 font état d'un statistique qui estime à 60%
les cas de violation des droits de l'homme qui sont imputables à l'Etat
parce que ces violations sont commis par les agents de l'Etat (les forces de
l'ordre et les administrateurs dans les poste de commandement). Cet avis est
partagé par la plupart des leaders de droits de l'homme au Tchad ainsi
que les citoyens lambda.
En effet, on dénombre plus de quatre vingt dix (90)
associations oeuvrant pour les droits de l'homme en général et la
promotion des libertés. Le répertoire du ministère des
droits de l'homme que nous avons consulté comporte quarante trois (43)
associations de la société civile tchadienne oeuvrant dans les
différents domaines liés aux droits humains qui collaborent
activement et qui sont connues des responsables du ministère.
Ces associations ont de multiples activités très
diversifiées dans le domaine des droits de l'homme depuis
l'avènement de la démocratie. Malheureusement, l'éclosion
d'une nouvelle culture basée sur le droit dans la société
tchadienne prônée par ces associations n'atteint pas son but en
raison des actions politiques de l'Etat, qui vont
26 ATPDH : association tchadienne pour la promotion et
la défense des droits de l'homme, organisation de la
société civile tchadienne, membre du collectif des associations
des droits de l'homme.
27 LTDH : organisation de la société
civile tchadienne, affiliée de la fédération
internationale des droits de l'homme (FIDH) ; membre fondateur de l'Union
Interafricaine des Droits de l'Homme (UIDH) ; Lauréate du Prix
International des Droits de l'Homme 1992 ; Membre observateur de la Commission
Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples.
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
en sens inverse par rapport à celles de ces
associations. Il s'agit par exemple des auteurs de crimes ou de graves
violations que les associations dénoncent et parfois, réussissent
à faire emprisonner, mais qui sont par la suite purement et simplement
libérer, sans jugement ou sans purger totalement leurs peines.
Les associations de la société civile tchadienne
estiment qu'elles n'ont pas le pouvoir d'assumer le rôle de l'Etat, elles
font la part de la mission qui est la leur ; laquelle mission devrait
être relayée par les actions positives du gouvernement pour
apporter un changement réel dans la situation des droits de l'homme.
Hélas, le gouvernement ne prend pas sa part de responsabilité.
En réalité, les associations n'ont aucun pouvoir
d'aller sensibiliser dans les casernes militaires, ou d'aller rencontrer les
autorités administratives, les Gouverneurs, les préfets ou
commandants de brigade pour ordonner d'arrêter les violations des droits,
de punir les auteurs des infractions, d'arrêter avec la corruption,
d'arrêter les arrestations et détentions arbitraires ou arnaques
etc. Elles se limitent à la dénonciation de ces faits et
violations et au besoin à la libération des victimes d'injustice.
Car ce pouvoir appartient à l'Etat, et lui seul peut décider de
mettre fin à ces problèmes. Ces difficultés persistent
parce que l'impunité s'est installée et l'autorité de
l'Etat a pris fuite devant celle-ci. Et tout cela est causé par la
mauvaise volonté politique de l'Etat. Aussi longtemps que les agents de
l'Etat investis de pouvoir de commandement continueront à entretenir ces
violations, les associations eux n'auront pas d'autres solutions que la
dénonciation et le plaidoyer.
A travers les termes du décret 720 relatif à
l'attribution du ministère il est inscrit au troisième tiret de
l'article 30, la protection et la défense des droits de l'homme. L'Etat
confère ainsi au ministère des droits de l'homme le pouvoir
d'agir contre les exemples de violations ci-haut citées. Mais si la
pratique se révèle autrement, ce qu'il y a un problème
d'exécution de cette disposition et nous avons de bonnes raisons de dire
que le ministère qui est sensé protéger est devenu un
voile qui couvre les violations causées par l'Etat.
Aussi cette position se renforce par le rapport annuel 2009
publié par l'Ambassade des Etats Unies au Tchad dans lequel il est
inscrit que : «le gouvernement tchadien
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
continue de faire obstacle aux travaux des organisations
locales des droits de l'homme. Les responsables du gouvernement étaient
généralement ouverts aux recommandations des droits de l'homme,
mais ne réagissaient pas souvent ou étaient hostiles à
leurs résultats28.» La non réaction suppose
un cautionnement de ces violations et l'hostilité exprime une position
tranchée en faveur de celles-ci.
Paragraphe 1. Les violations des droits imputables à
l'Etat
La libre circulation des biens et des personnes à
l'intérieur du pays reste préoccupante. Car
l'insécurité des personnes et de leurs biens demeure des sujets
d'actualité dans nos contrés. La cohabitation pacifique est
très fragile. Pour un simple problème portant sur un sujet
déterminé, les communautés en viennent à la
violence jusqu'à causer des morts d'homme. Les présumés
coupables, les prévenus et les détenus mettent assez du temps
pour voir leur situation se clarifiée. Ils croupissent dans des
conditions défavorables et sont traités de façon indigne
d'un être humain. Les responsables des forces de l'ordre qui sont les
auxiliaires de la justice font la loi et rendent justice sans se soucier des
instances judiciaires. Tels sont les problèmes qui minent la mise en
oeuvre des droits de l'homme dans le pays.
Mais il ressort des rapports des délégations
régionales, six (6) aspects de situation des violations des droits de
l'homme que vivent les paisibles citoyens dans les régions du Tchad :
l'insécurité, les conflits communautaires, les détentions
trop prolongées, les tortures et traitements inhumains et
dégradants, la justice parallèle, et les mauvaises conditions des
détentions.
La synthèse des rapports émanant des
délégations régionales des droits de l'homme fait
ressortir les situations suivantes :
L'insécurité va grandissante dans les
régions. Dix (10) délégations sur vingt deux (22) l'ont
évoquée. Les cas d'insécurité soulignés dans
les rapports résultent d'une part des exactions commises par les agents
de l'état qui doivent veiller à la sécurité des
citoyens et d'autres part des crimes causés par des groupes des
personnes mal
28 Rapport de la situation des droits de l'homme au
Tchad en 2009, publié par le Bureau de la démocratie, des droits
de l'homme et du travail de l'ambassade des Etats Unies au Tchad - mars
2010.
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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intentionnés armés (coupeurs de route, des
bandits de grand chemin) avide de gains faciles.
Les citoyens tchadiens ne peuvent pas circuler librement d'un
point à un autre. Ils sont constamment contrôlés par des
agents de l'Etat qui les arnaquent. Si ce ne sont pas les agents de l'Etat, ce
sont des personnes en tenues et armées qui les braquent, les pillent et
leur ôtent même la vie. De même, ils sont en
insécurité dans leur village. Ils se voient
déposséder de leurs biens par ceux-là qui sont
sensés assurer leur sécurité et protection.
Certaines délégations ont relevé des cas
des conflits communautaires. Les trois cas notés tournent autour des
problèmes fonciers. Ces problèmes fonciers ont causé assez
de pertes des vies humaines et des dégâts matériels. Ils
attisent des haines entre les communautés qui sont condamnées
à vivre ensemble sur le sol tchadien. Chaque citoyen tchadien a droit
à un espace vital sur le sol tchadien. Les tchadiens se refusent des
terrains parce que l'autre n'est pas du terroir. Ils acceptent difficilement
les verdicts de la justice. Chaque jour qui passe, les communautés se
soulèvent les unes contre les autres endeuillant des familles sous le
regard complice de l'Etat, pour des problèmes qui peuvent se
résoudre pacifiquement.
Les délégués qui ont eu le temps de
visiter les lieux des détentions (commissariats de police, brigades de
la gendarmerie et maisons d'arrêt) dans leur région ont
évoqué des cas de manquement graves à la privatisation des
libertés des détenus. Dans les commissariats de police et les
brigades de la gendarmerie, les détentions trop prolongées sont
le fait du non respect de la garde à vue et ces lieux deviennent par
excellence des prisons. Ces lieux qui sont des lieux de détention pour
des enquêtes préliminaires sont malheureusement devenus des
prisons toutes faites ou les présumés et les suspects purgent des
peines et sont amendés fortement. Aussi, l'absence de la session de la
cour criminelle fait croupir les détenus de la maison d'arrêt qui
attendent d'être jugés pendant très longtemps.
En plus, les présumés coupables et les
accusés subissent des tortures et des sévices corporels de la
part des agents de force de l'ordre qui les appréhendent. C'est un fait
notoire dans les commissariats de police et les brigades de la
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
gendarmerie qui est contraire aux conventions ratifiées
par le Tchad dans ce domaine.
Les commandants de la compagnie de la gendarmerie et des
brigades et les agents de la police jugent, amendent les citoyens
présumés coupables et les suspects. Ils outrepassent leurs
attributions d'officier de la police judiciaire sous les regards complices
sinon complaisants des autorités hiérarchiques
compétentes.
Il faut souligner que nos maisons d'arrêt sont
construites à l'époque coloniale. Elles sont construites pour
accueillir un nombre restreint des détenus. Aussi, la plupart sont
vétustes. Aujourd'hui, elles ne remplissent pas les conditions des
règles minima des détenus. A cela s'ajouter le non suivi
sanitaire des détenus.
D'autres cas de violations graves non exprimées mais
qui existent réellement sont le harcèlement des journalistes et
des défenseurs des droits de l'homme, les agressions concernant les
magistrats, les menaces, les harcèlements, les intimidations ainsi que
les enlèvements du personnel humanitaire, etc.
La faible couverture judiciaire du territoire29
crée le lit de l'impunité et favorise l'enracinement d'une
justice alternative entretenue par le système traditionnel dont les
règles sont non écrites, variant d'un groupe ethnique à un
autre et pour la plupart en contradiction avec les standards internationaux des
droits de l'homme.
Toutes ces situations qui ne sont que la synthèse des
rapports émanant des délégations régionales des
droits de l'homme, ne sont un secret pour personne. Ces situations sont bien
connues des autorités compétentes de l'Etat qui acceptent
d'entretenir de telles situations au gré de leurs intérêts.
De plus, ces situations sont décriées quotidiennement par les
organisations de défense des droits de l'homme. Alors, ce n'est que du
superflu, sinon de la comédie que de nommer des
délégués aux droits de l'homme pour recenser ces
violations déjà connues de tous.
En tant que responsables des services
déconcentrés de leur ministère, les
Délégués aux droits de l'homme sont chargés du
traitement de toutes les questions relatives aux droits de l'homme, notamment
la protection et la promotion des droits de
29 Selon l'Association du Barreau du Tchad, il y a 63
avocats au Tchad dont 98% réside à Ndjamena et le reste à
Moundou. Données de 2009.
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
l'homme sur l'étendue de leurs régions
respectives et malgré que la plupart de ceux-ci aient pris service en
Août 2008, après avoir été nommés par
décret N° 607/PR/PM/MCDH/2008 du 16 avril 2008, ce n'est
qu'à l'occasion du forum national organisé à
N'Djaména le 09 au 11 mars 2010 que ceux-ci ont présenté
des rapports. Mais aucune réalisation concrète en matière
de protection ou de promotion des droits de l'homme n'est perçue dans
ces rapports.
Et les plus grandes questions à poser, c'est que
entre les agents de commandement de l'Etat qui violent allégrement les
droits de l'homme au quotidien et les responsables chargé de promotion
et de défense de ces droits de l'homme qui rapportent ces cas de
violation, qui est Etat et qui ne l'est pas ?qui fait son travail et qui ne le
fait pas ?
En effet, l'analyse des rapports gouvernementaux, ceux de la
société civile et des organisations internationales font
état d'une situation sombre des droits de l'homme
caractérisé par un nombre accru de victimes et de groupes
vulnérables. Par ailleurs les conclusions du premier forum national des
droits de l'homme, les résultats de l'Examen Périodique Universel
et les recommandations des organes de traités s'accordent sur les
insuffisances qui affectent la protection des droits de l'homme au Tchad
conformément aux standards internationaux. Il est ainsi établi
que certains dispositifs ou mécanismes informatifs, éducatifs,
législatifs, judiciaires ou de sensibilisation se rapportant aux droits
de l'homme sont inopérants pour l'une ou l'autre des raisons
ci-après :
- L'arsenal juridique interne n'est pas conforme aux obligations
prescrites en
vertu de la ratification des instruments juridiques
internationaux. A titre d'illustration, le code pénal en vigueur dans
son article 151 retient la torture comme étant une circonstance
aggravante d'une infraction, mais n'en fait pas une infraction à part
entière, telle que définie, prévue et punie dans la
Convention contre la Torture ;
- Les limites du juge répressif en raison du vide
juridique ou de l'insuffisance
de certains textes de loi auquel il est confronté pour
des faits incriminés par les instruments internationaux, cependant non
transposés dans le
39
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
dispositif interne bien que portant atteinte à
l'intégrité physique de la personne humaine et à d'autres
droits inhérentes à la personne humaine (cas des MGF :
mutilations génitales féminines, de la traite, et de
l'exploitation économique etc.) ;
- Les conditions d'application de l'état d'urgence ne sont
pas précisées dans
Ordonnance n°44 du 27 octobre 1962, relative à
l'état d'urgence ; ce qui ouvre la porte à l'arbitraire ;
- La non application des recommandations des organes de
traités telle que
la séparation des détenus mineurs des majeurs
conformément au Décret N°371CSM/MJ/77 du 09
novembre 1977, portant statut des établissements pénitentiaires
du Tchad en son article 1er ;
- Le recours systématique à l'emprisonnement au
détriment des mesures
alternatives prescrites par la loi N° 07/PR/99
du 06 avril 1999, portant procédure de poursuites et de jugement
des infractions commises par les mineurs de 13 à moins de 18 ans ;
- La méconnaissance de la Convention Relative aux Droits
de l'Enfant et les
Principes fondamentaux la gouvernant, dont l'intérêt
supérieur de l'enfant ;
Certaines mesures manquent d'efficacité, pendant que
d'autres manquent d'intensité. Et ces insuffisances sont toutes
imputables à l'Etat. Le ministère des droits de l'homme qui doit
s'évertuer à cette cause ne le fait pas. Cela nous amène
à dire que ce ministère cautionne les violations causées
par les agents de l'Etat ; ce qui n'est pas normale vis-à-vis de sa
mission. Au-delà de ce cautionnement, il voile cette situation car, il
n'engage aucune action pour y remédier.
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Paragraphe 2. Manque de professionnalisme et insuffisance
du
personnel
Le personnel du ministère des droits de l'homme pour
être à la hauteur de sa tâche doit avoir une certaine
compétence avérée en matière de droits de l'homme.
Or dans la réalité, cet aspect est négligé et n'est
pas pris en compte dans la nomination des agents au sein de ce
ministère. La formation académique en droit public ou
privé ne dote pas les bénéficiaires de toutes les
aptitudes nécessaires à l'accomplissement de la mission de
protection des droits de l'homme.
Les agents du ministère qui sont de formation juridique
ou de la magistrature pour la plupart ne sont pas incapables d'assurer les
responsabilités qui leurs seront confiées au sein de ce
ministère, mais il leur faudra beaucoup d'efforts supplémentaires
à consentir pour y arriver.
En effet, l'affectation des professionnels des droits de
l'homme facilitera l'avancée de la situation et l'efficacité des
actions. Car cela éviterait au ministère d'organiser des
activités de recyclage ou de formation permanente. Aussi, un
professionnel en la matière fera plusieurs réalisations et
propositions innovantes au profit du ministère contrairement à un
juriste de formation.
A ces difficultés, s'ajoute le nombre insuffisant du
personnel de ce ministère. La plupart des Directions techniques
chargées de la mise en oeuvre des missions spécifiques
fonctionnent sans personnel d'appui et voire même sans secrétaire
de direction, ni réceptionniste ou chargé de courrier et moins
encore un planton. Le nombre de personnel de certaines directions se limite
à deux, dont le Directeur et son adjoint. Ce qui rend la tache
très exaltante pour ceux-ci. Ils ne disposent plus de temps
matériels pour concevoir des programmes, des activités ou actions
liées à leur domaine d'intervention. Ils sont obligés de
s'occuper de toutes les taches administratives dont le secrétariat,
l'enregistrement des courriers, la lecture, la rédaction des
correspondances, la saisie de leurs réponses, et au besoin, la
distribution de certaines correspondances urgentes et lorsqu'ils sont
conviés à une
41
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
réunion, une rencontre ou un séminaire, la
direction reste fermée et n'ouvrira sa porte qu'à leur retour. Il
en est de même quand ces responsables prennent des permissions pour des
convenances personnelles.
Par ailleurs, il ressort de la synthèse des rapports
produits par les délégations que l'un des
délégués aux droits de l'homme aurait confondu le
ministère chargé des droits de l'homme au ministère de la
justice, ce qui aurait retardé son installation. Même un titulaire
d'une formation en administration générale sans une connaissance
approfondie en droit ne peut confondre le ministère de la justice
à celui des droits de l'homme. Cela remet en cause le problème de
niveau d'instruction des responsables et cadres de ce ministère en
général et celui des délégués aux droits de
l'homme en particulier ; en même temps que l'assimilation de la missions
qui est la leur.
La mauvaise volonté politique de l'Etat est à la
base de toutes ces situations. Car, ce n'est pas des spécialistes de
droits de l'homme qui manquent au Tchad ; chaque année, plusieurs
étudiants nantis des diplômes de droits de l'homme de
l'UCAC30 ou de l'IDHL31 rentrent au pays et sont parfois
intégrés à la fonction publique. Mais on
préfère les affecter dans d'autres ministères que celui
des droits de l'homme. Quelques fois, ils se retrouvent dans des
ministères dont la mission n'a rien à voir avec leur formation ou
parfois, viennent en supplément d'effectif et passent leur temps dans
des services sans trouver quelque chose à faire.
Ce désordre peut être résolu si l'Etat se
décide à assainir la fonction publique, ou même à
faire appel à des volontaires d'autres ministères ayant une
formation ou expérience en droits de l'homme en vue de renforcer les
capacité opérationnelles de ce ministère. Sinon, tant
qu'il y aura ce désordre, le fossé ne fera que s'agrandir en ce
qui concerne les carences liées à l'application de sa mission.
Section 2ème : Carences liées à
l'application de sa mission
Investi d'une mission transversale, le ministère
réalise difficilement ses activités. Les causes de ce
problèmes sont nombreux parmi lesquelles il y a l'inefficacité de
ses
30 UCAC : Université Catholique d'Afrique
Centrale de Yaoundé.
31 IDHL : Institut Droits de l'Homme de Lyon en
France.
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
actions, le manque de moyen pour conduire à bout ses
actions et l'inadaptation de certaines de ses actions.
La mauvaise volonté politique n'est pas la seule raison
occasionnant les manquements reprochables à ce département
ministériel. L'application de la mission du ministère souffre de
plusieurs autres carences qui rendent ses actions moins pertinentes. La
volonté politique manquante contribue à une mauvaise application
de la mission. Mais l'inefficacité même de ses bonnes actions et
les problèmes de collaboration avec ses partenaires peuvent être
comptés dans le lot.
Paragraphe 1. L'inefficacité des activités de
protection
La jeunesse du ministère peut apparaitre comme une
excuse à certains manquements qui lui sont imputables. Toutefois, si les
carences liés aux manques de moyens et de personnel est imputable
à l'Etat, il y a des carences dont le ministère lui-même
est responsable. Il est vrai que les directions techniques du ministère
n'ont pas les moyens de leur politique, car elles n'ont pas de budget propre
permettant de gérer au quotidien certaines situations des droits de
l'homme qui imposent la diligence. Ce qui ne favorise pas l'organisation
permanente des activités. Mais il existe des possibilités avec
les partenaires opérationnels, si des projets sérieux sont
conçus. Malheureusement, la conception des projets et d'activités
pose encore un problème d'inefficacité de certains agents.
Car, plusieurs responsables de ce ministère auraient
reçu des formations arabophones et sont nommés à des
postes de responsabilité du ministère. Ceux-ci brillent par leurs
absences en longueur de semaine au profit des affaires du quartier et ne se
présentent au bureau que pour les divertissements sur leurs ordinateurs.
Ils ne conçoivent rien, et semblent ne pas être à la
hauteur de leurs taches.
Par ailleurs certains leaders des droits de l'homme, trouvent
qu'il y'a des activités qui sont réalisées dans un but
purement politique sans tenir compte de la finalité de cette
activité. Ces leaders pensent que le ministère choisi quelques
fois de bonnes actions telles que les forums. Mais l'activité perd son
efficacité parce que la priorité
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
est donnée au tapage autour de l'intérêt
que l'Etat accorde à la question des droits de l'homme et la noble
finalité et l'effet que doit produire l'activité sont
négligés au point ou l'activité est déviée
de son objet.
A titre d'exemple, Mr BALDAL OYAMTA32 dans une
interview33 déclare : «(...) pour le récent
forum national, beaucoup des organisations de défense des droits de
l'homme n'ont pas participé parce que la plupart des invitations
étaient pour assister à l'ouverture et la clôture. De plus,
ce forum a été vidé de son contenu parce qu'on ne peut pas
faire un forum de ce genre sans relever ce qui se passe, ou sans faire un
diagnostic, or le diagnostic a été
refusé(...)».
Cette déclaration s'inscrit dans l'inefficacité
des actions du ministère. En effet, si le ministère ne pense pas
à une réorientation de ses actions, il se retrouverait en train
de faire le travail que les activistes des droits de l'homme font
quotidiennement et tombera ainsi en désuétude.
Les forums, les campagnes de sensibilisation, les sessions de
formation et autres activités déjà pratiquées sur
le terrain par les leaders de droits de l'homme ont montré leurs
limites. Donc le ministère doit se lancer dans des missions innovantes
et inexplorées par ces organisations de défense des droits de
l'homme, où encore le ministère doit aller un plus loin,
là où eux en tant qu'organisation des droits de l'homme, ne
peuvent pas aller, par contre que lui en tant que ministère, peut y
aller. Cela pour donner de l'efficacité à ses actions.
De plus, les Délégués des droits de
l'homme en accord avec les cadres du ministère devraient se pencher sur
des questions telles :
- Pourquoi après vingt ans de démocratie, les
violations des droits de l'homme n'ont pas connues des améliorations
significatives ?
- Pourquoi, malgré les efforts déployés
par la société civile avec ses partenaires, le problème
des droits de l'homme reste alarmant ?
32 Coordinateur National de la Ligue Tchadienne des
Droits de l'Homme (LTDH).
33 Interview réalisée par BERAMGOTO
Singabé Jean-Claude le 04 février 2011 dans le cadre de ses
recherches.
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
- Pourquoi malgré la création par l'Etat des
institutions oeuvrant en faveur de la paix et de la démocratie telles
que la CNDH, la Médiature de la République, le ministère
des droits de l'homme ainsi que les normes législatives et
réglementaires, la question des droits de l'homme n'a pas connue des
avancées notables ?
Les tentatives de réponses à ces questions avec
l'implication de la société civile peuvent permettre au
ministère de déceler le véritable problème et les
pistes de solutions envisageables. Car il ne sert à rien de continuer
à sensibiliser et organiser des séminaires et forum pour recenser
les violations, ou encore créer des nouvelles lois.
Paragraphe 2. La difficile collaboration avec les
associations de défense des droits de l'homme
Le ministère crée en 2005 a déjà
trouvé sur le terrain, plusieurs organisations de la
société civile oeuvrées dans son domaine. En tant que
nouveau, sinon profane, le ministère devrait s'appuyer sur
l'expérience et les réalisations de ces structures pour mener
à bien ses activités. Mais la réalité s'est
montrée différente. Le ministère les prend pour des
adversaires. Car selon Mr Baldal Oyamta, toujours dans l'interview, la
collaboration avec le ministère évolue en dents de scie parce que
les responsables du ministère des droits de l'homme ont la perception
que les organisations de défense des droits de l'homme sont des
structures rattachées à leur ministère et donc doivent
rendre compte de toutes leurs activités ; soumettre tous les rapports
d'activités avant leurs publications et transmissions aux partenaires ;
et demander l'aval du ministère pour exécuter toute autre
activité. Cela continue encore avec l'installation des
délégués qui imposent ces exigences aux
représentations locales de ces associations.
Ces propos démontrent le climat peut luisant qui existe
entre le ministère et les associations. Pourtant, la mission
assignée au ministère par le décret 753 démontre
bien que le ministère et les associations ont les mêmes objectifs
et donc la même mission. En principe, le ministère des droits de
l'homme et toutes les organisations de défense des droits de l'homme
devaient se mettre dans une synergie d'action, qui
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
devait permettre des avancées à un rythme
effréné. Mais hélas, c'est la situation contraire qui se
fait voir.
De l'autre coté, les associations eux aussi à
leur niveau, devaient créer entre eux une petite synergie d'action pour
avoir un planning d'activités assez dynamique et éviter le
saupoudrage. Malheureusement la question de programmes d'action, c'est une
«chasse gardée» de chaque association, malgré
que plusieurs d'entre eux se soient mises dans une plate-forme. Même
celles qui se sont mises dans une même plate-forme ne connaissent pas les
activités les unes et autres. Le plus touchant est que les exploits et
réussites des uns crées des relents de jalousie chez d'autres ;
au lieu de les stimuler à faire autant ou un peu plus.
Pour complément, nous citons les Propos de Mr Enoch
DJONDANG34 qui dans son ouvrage affirme : « en effet, il
est un trait de mentalité constante qui existe au Tchad selon lequel
toute distinction des mérites d'un individu ou groupe suscitait d'abord
la jalousie et ensuite l'animosité des autres. Rares sont les talents
nationaux, dans n'importe quel domaine, qui reçurent l'écho
mérité de leurs compatriotes à la suite d'une distinction
juste. Parfois, cela déclenche le processus de la mise en disgrâce
de l'intéressé qui sera ainsi combattu et piégé
jusqu'à ce que son étoile puisse en pâtir.»
A titre d'exemple, nous citerons l'Association Jeunesse
Anti-Clivage (AJAC)35 qui a connu l'antipathie de ses
associations-soeurs pour deux de ses réalisations primées :
d'abord pour avoir invité Mr Idriss Deby en tant que Président de
la République à ouvrir une Colonie de vacance qu'elle a
organisé en 1997 visant à créer un brassage entre tous les
jeunes en vue de casser les barrières ethniques, tribales et
régionales. Regroupant plus de trois cent (300) jeunes venant de
différentes régions du Tchad, cette colonie a connu une
récompense du Chef de l'Etat. Ce qui a poussé les autres
associations à discréditer l'AJAC soi-disant qu'elle fait la
politique du gouvernement. Ensuite pour le Prix Droits de l'Homme de la
République française de l'an 2000,
34 Juriste tchadien spécialisé dans les
questions de développement et de la bonne gouvernance ; Fondateur de la
LTDH, Enoch DJONDANG est un ancien membre de gouvernement du Tchad.
35 AJAC : Association de la société
civile tchadienne de lutte contre les discriminations. Membre de l'Organisation
Mondiale contre la Torture (OMCT) et du Bureau International de la Paix (IPB) ;
Lauréate du Prix Shalom (Allemagne 1997) et du Prix droits de l'homme de
la République française (France 2000).
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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décerné par le Premier ministre français
pour encourager l'investissement de l'AJAC dans la lutte contre la traite des
enfants utilisés comme «bouvier»36 au sud
du Tchad.
Ainsi, l'entente au sein des associations entre
elles-mêmes est rendue difficile, ce qui rend encore plus difficile une
saine collaboration avec le ministère. Parce que les détracteurs
des uns et des autres vont manipuler les responsables du ministère au
profit de leurs intérêts. Dans un tel climat, le ministère
et les associations ne pourront s'entendre pour trouver une issue commune de
stratégies de lutte. Ce qui ouvre les portes à ces violations des
droits de l'homme qui se hissent à un niveau élevé et les
défient tous.
Au-delà de ce problème de collaboration qui est
un frein à une synergie d'action, il y a encore d'autres obstacles
à la mise en oeuvre des droits de l'homme qui sont communes à la
fois aux actions des associations et à celles du ministère. Ces
obstacles sont d'ordre socioculturel.
Il s'agit d'abord de la difficile conception des droits
humains dans certains milieux, certaines ethnies chez lesquels des actes
réprimés par le droit sont des pratiques traditionnelles
reconnues et enseignées de génération en
génération. En effet, dans certaines régions au Tchad
(Région du Batha, du Ouaddaï, du Mayo Kebbi...) le vol et le
braquage sont des actes de bravoure pour tout jeune homme. Il doit
réaliser ces actes avant d'être admis au mariage. Dans d'autres
régions (dans la Région de Tandjilé, le Mayo Kebbi, Moyen
Chari...), le viol est un acte de bravoure faisant partie du processus
préalable au mariage. Il en est de même pour le crime qui est un
acte de bravoure et de vengeance dans les régions de l'Ennedi, du Wadi
Fira ... Tuer et voler dans beaucoup de régions sont des gestes aussi
naturel que dormir et se réveiller.
Il est très difficile pour des personnes ayant
été éduqué à une pratique de vol, de viol,
de crime comme acte culturel de bravoure humaine, d'accepter que ces actes sont
des violations de droits de l'homme. C'est un pari difficile à gagner
tant du côté de l'Etat que des associations de défense des
droits de l'homme.
Il y a ensuite la question des valeurs citoyennes qui n'existe
plus. Car le vandalisme et l'incivisme ont pris la place. Nous avons perdu nos
valeurs citoyennes. L'exemple
36 Phénomène de semi-esclavage d'enfants
Saras (Sudistes) vendus comme bergers aux éleveurs (Nordistes)
transhumant leur région.
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
le plus frappant est celui des événements de
février 2008 pendant lesquels la population s'est mise à piller
allègrement les biens publics, à détruire les archives
etc. Le civisme a disparu parce que la population ne se rend pas compte qu'elle
vole ses propres biens ; elle pense que c'est les biens de l'Etat, les biens de
l'individu qui gouverne. Comment faire inculquer à cette population, une
culture de droits de l'homme, pendant qu'elle ignore ses devoirs civiques et
ses valeurs citoyennes ? Ce pari n'est pas aussi des moindres.
Aussi la corruption pratiquée sur les rues par les
policiers ; les forces de l'ordre qui tabassent les gens comme bon leur semble
; les hommes en tenus qui au lieu de protéger les citoyens, les
maltraitent sans jamais être inquiétés parce qu'ils sont
considérés comme des supra-citoyens. Toutes ces situations qui ne
sont pas exhaustives constituent des grands obstacles pour l'application des
actions en faveur des droits de l'homme.
Parvenu à l'issu de cette première partie, nous
nous permettons de dire que la mission dévolue au ministère des
droits de l'homme est grande et mérite beaucoup d'efforts de la part du
gouvernement pour arriver à bon port.
En effet, conformément au Décret 720, le pouvoir
de concevoir de suivre et de mettre en oeuvre la politique du gouvernement en
matière des droits de l'homme est pleinement accordé sans aucune
restriction. Ce qui donne main libre à ce ministère pour
concevoir une politique permettant une lutte efficiente, et adaptée aux
problèmes des droits de l'homme au Tchad. Malheureusement, l'analyse
critique nous démontre d'une part une mauvaise volonté politique
de l'Etat dans l'accomplissement de cette tâche. Cette mauvaise
volonté politique se traduit par :
- le manque d'effectivité des engagements internationaux
signés ;
- le manque de cohérence et d'application des normes
législatives et réglementaires ;
- le recrutement du personnel non qualifié au sein du
ministère ;
- le manque de formation ou de recyclage en matière de
droits de l'homme au profit du personnel du ministère ;
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
- le manque de diagnostic réel lié aux
problèmes spécifiques des droits de l'homme au Tchad ;
- le manque de synergie d'action avec les organisations et
partenaires opérationnels du domaine.
D'autre part elle démontre une difficile collaboration
avec les autres acteurs impliqués dans la même lutte,
malgré, qu'une franche collaboration peut mener à des solutions
consensuelles plus justes et efficace.
Toutefois, au-delà de cette volonté politique,
une stratégie dynamique de mise en oeuvre de cette mission
s'avère indispensable, eu égard aux insuffisances de
professionnalisme signalées. Car, l'Etat peut y mettre de sa
volonté politique, en rendant disponibles les moyens adéquats
à cette politique. Mais les sales habitudes résultantes d'une
impunité devenue chronique et d'une promotion des cancres
érigée en système peuvent être des obstacles
à la réussite de cette mission.
De ce qui précède, la mission du
ministère chargé des droits de l'homme est une mission bien
formulée et très noble qui peut permettre l'instauration
effective d'une culture de droits au Tchad. Cependant, la politique de mise en
oeuvre de cette mission est émaillée de plusieurs manquements qui
méritent d'être corrigés. Car, malgré qu'elle soit
bien conçue, cette mission ne peut atteindre son but, si elle n'est pas
bien exécutée.
C'est ainsi que nous examinerons dans la seconde partie, les
approches possibles pour réussir d'enracinement des droits de l'homme au
Tchad en sachant que cet enracinement doit commencer nécessairement par
l'amélioration des situations actuelles des droits de l'homme pour
déboucher sur les éléments concrets de cet
enracinement.
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
2nde Partie :
APPROCHES POSSIBLES D'UNE CULTURE DES DROITS ET
DE DEMOCRATIE
La question de l'instauration d'une culture des droits de
l'homme au Tchad doit être perçue dans toute sa dimension, et peut
nécessiter un recul pour prendre en compte les multiples conflits
armés que le pays a connu depuis son accession à
l'indépendance jusqu'à l'ère de sa démocratie.
En effet, pour que les droits de l'homme puissent
éclore et s'enraciner durablement dans la société, il faut
la réunion de deux pré-conditions : un environnement politique
favorable et un environnement socio-économique juste. En d'autres
termes, ces droits ne peuvent véritablement être garantis que dans
un contexte de tolérance, d'acceptation de l'autre, de soumission de
tous à la loi qui est générale et impersonnelle, et dans
un cadre de juste répartition des richesses nationales.
Or, l'analyse de la situation politique et
socio-économique du pays montre clairement que ces deux
pré-conditions ne sont pas réunies. Car, depuis son
indépendance, le Tchad a connu successivement des régimes de
monopartisme et de dictature pendant au moins trois décennies. La
succession de la démocratie qui fait son chemin depuis plus de vingt ans
trébuche à tout moment. On en voudra pour preuves, le manque
d'alternance politique institué par la modification de la constitution
tant au niveau de l'exécutif (à travers le troisième
mandat d'avril 2006) qu'au niveau du législatif (à travers la
prorogation anticonstitutionnelle du mandat des députés). Aussi
malgré la rente pétrolière, l'environnement
socio-économique semble davantage se détériorer par les
expropriations des populations, le coût de vie de plus en plus cher, les
détournements massifs des deniers publics et l'enrichissement illicite
du seul clan au pouvoir, créant ainsi des inégalités
sociales démesurées.
Rôle du ministère
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démocratie
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Mais au delà de toute considération politique
partisane, les approches d'une mise en oeuvre dynamique des droits de l'homme
au Tchad peuvent s'opérer à travers des efforts réels
à consentir dans l'exécution des actions concrètes
susceptible d'instaurer une culture des droits de l'homme (Chapitre I). Ces
actions supposent une reformulation ou redéfinition des priorités
du ministère des droits de l'homme ainsi qu'une extension de ses actions
à plusieurs niveaux ; Puis à travers les facteurs d'enracinement
d'une culture de droits (Chapitre II) que sont l'appropriation des droits de
l'homme par les citoyens pour favoriser leur consolidation.
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démocratie
CHAPITRE I - LES ACTIONS SUSCEPTIBLES D'INSTAURATION D'UNE CULTURE DES
DROITS
|
Le Tchad a vécu une période bien longue
d'instabilité politique marquée par les conflits armés
successifs. Il s'est épuisé, vidé de ses bras valides, de
ses fils et filles. Il mérite une ère de tranquillité, une
période sans trouble pour favoriser l'éclosion d'un
développement durable et une cohésion sociale entre tous ses
fils.
La bonne cohésion sociale exige de l'Etat, un
rétablissement normal (retour à la normale) de cette situation
qui s'est suffisamment détériorée au profit d'un sursaut
permettant de transcender les abus de droit, les traumatismes issus du drame
tchadien et leurs velléités pour fonder une nouvelle
société plus juste et plus digne.
Ce rétablissement normal doit s'inscrire dans le cadre
d'une part de la reformulation des stratégies d'actions des institutions
impliquées dans la mise en oeuvre des droits de l'homme y compris leurs
partenaires, mais aussi, tous les autres acteurs qui contribuent de
manière indirecte à cette mise en oeuvre et d'autre part dans
l'extension de ses activités à plusieurs niveaux de la
société.
C'est des actions de longue haleine, dont les effets
immédiats ne seront pas facilement perceptibles, mais qui au bout de
quelques années, peuvent montrer leurs efficacités.
Assurément, c'est un projet à long terme (10 à 15 ans),
qui nécessite des études préalables, l'identification des
actions concrètes et l'investissement de gros moyens financiers.
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Section 1ère : La redéfinition des
priorités du ministère
La redéfinition des priorités du
ministère n'est pas une action qui remet en cause la noble mission de ce
ministère ni une reformulation des différents volets
d'activités contenus dans sa mission.
Bien au contraire, c'est une remise en ordre dynamique de ses
actions en accordant la priorité aux oeuvres de grande
nécessité avant certaines autres actions, pour permettre une
efficacité idéale dans l'application des droits de l'homme.
La redéfinition des priorités du
ministère impose à celui-ci des rencontres de concertation,
d'échanges et un cadre de réflexion centré sur les grandes
priorités susceptibles d'avoir des résultats et effets
immédiats.
Cette action de redéfinition passe par des actions
cohérentes et respectueuses des standards de la législation
internationale et le renforcement des capacités
opérationnelles.
Paragraphe 1. La cohérence des actions du
ministère et des lois
Pour réussir à créer une bonne
cohérence dans les actions du ministère, il faudra
nécessairement une saine collaboration avec le ministère de la
justice, ainsi qu'une participation effective et complémentaire
réciproque des deux ministères dans toutes les activités.
De cette collaboration, naitra l'échelonnement des activités,
suivant les priorités et la cohérence avec les exigences et
standards existant. Ce qui aboutira à la révision même de
plusieurs dispositifs de lois tchadiennes.
Car, parmi les réalisations
énumérées à l'actif du ministère, on peut
facilement constater qu'il y manque une cohérence ; ou soit les mesures
ne sont pas adaptées : c'est le cas de l'interdiction de la torture
alors qu'elle n'a pas été préalablement définie et
incriminée dans le code pénal conformément à la
Convention contre la Torture. Le ministère des droits de l'homme devra
revoir cette situation avec celui de la justice pour que ce manquement soit
pris en compte ;
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démocratie
Parfois certaines lois sont inappropriés dans le sens
qu'elles peuvent porter atteintes aux droits à la sécurité
; ou elles manquent d'efficacité : cas des violences domestiques par
exemple. Mais il y a aussi des lois qui ne sont pas appliquées avec
rigueur ; cas des mutilations génitales féminines.
Il existe aussi beaucoup de règles qui ne sont pas
claires : application de l'état d'urgence par exemple. Ainsi que
d'autres mesures manquent d'effectivité : la séparation des
détenus majeurs/mineurs établi par l'article 234 du Code
pénal tchadien qui n'est jamais respectée.
Aussi, certaines mesures correctives prises ne s'inscrivent
pas dans la durée. C'est le cas des enfants victimes de traite ;
d'autres ne sont pas étendues à l'ensemble des groupes cibles :
c'est le cas de l'information sur la Convention des droits de l'enfant ;
Beaucoup d'autres mesures manquent d'intensité (prise
en compte du principe de l'intérêt supérieur de l'enfant)
ou sont incomplètes. C'est le cas par exemple des campagnes de
sensibilisation contre la torture qui ne traitent pas du caractère
interrogeable de l'interdiction de la torture, etc.
Ces exemples permettent de se rendre compte qu'il y a un
besoin urgent d'avoir parmi les priorités, la confrontation des textes
nationaux aux textes régionaux et internationaux ratifiés par le
Tchad. Cette confrontation permettra de déceler avec exactitude les
textes et lois non conforme à la législation internationale.
Cette démarche favorisera la mise sur pied d'une équipe pour
réviser ces textes et lois, puis créer une conformité avec
la législation internationale, et au besoin, créer de nouvelles
dispositions ou de nouveaux textes pour combler les manques et insuffisances
des textes et lois incriminés, en accord avec les autres
autorités compétentes.
Mais avant cette démarche, un diagnostic à fond
de la situation des droits de l'homme s'inscrit aussi dans les
priorités. Ce diagnostic sera basé sur l'étude des
obstacles et solutions à l'édification d'une
société de droits au Tchad. Ce qui déterminera les grands
axes de mise en oeuvre d'une culture de droits au Tchad.
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démocratie
Ensuite, il sera question pour le ministère d'assainir
ses problèmes de collaboration avec les organisations de la
société civile. Deux actions doivent être menées
à ce niveau. La première action consistera à
redéfinir les actions du ministère par rapport à celles
des associations de droits de l'homme.
En effet, il y a des actions que le ministère peut bien
faire et que les associations ne peuvent pas faire telles que les instructions
à des institutions de l'Etat. De même le ministère ne peut
pas se dénoncer lui-même car on ne peut être juge et partie.
D'où une redéfinition claire de leurs actions réciproques.
La deuxième action concerne la redéfinition des activités
des associations entres elles-mêmes : qui fait quoi, quand et comment.
Ceci pour éviter la dispersion dans les mêmes activités.
Une fois que les textes et lois sont harmonisés
conformément aux normes internationales, et que les activités
sont partagées entres les associations de défense des droits de
l'homme ainsi que l'intervention et actions de l'Etat à travers le
ministère des droits de l'homme. Ce dernier s'attèlera d'abord
à la résolution des problèmes d'éducation civique
et de la formation citoyenne, avant de chercher à mettre en oeuvre sa
stratégie de lutte contre les violations des droits de l'homme et
d'instauration d'une culture de droits, issue de son diagnostic ci-dessus
exprimé.
Le diagnostic à fond de la situation des droits de
l'homme d'où sortira la stratégie d'instauration d'une culture de
droits comportera les besoins en termes de ressources humaines
nécessaires qui bénéficieront d'un renforcement de
capacité. Mais le renforcement de capacité ne se limite pas
qu'aux ressources humaines nécessaires, mais aussi à la formation
de tout le personnel.
En effet, le domaine des droits de l'homme est complexe et
multiforme. Au stade actuel, le Ministère ne dispose pas de toutes les
ressources humaines dont il aurait besoin et le personnel dont il dispose n'a
pas toutes les qualifications requises. Il importe donc de permettre à
ce personnel de renforcer progressivement ses capacités
opérationnelles et ses performances, notamment à travers des
formations. Les formations tiendront compte des besoins des différentes
directions. Ce qui
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
suppose au préalable, que chaque direction connaisse
ses besoins en fonction de son cahier de charges.
Paragraphe 2. Le renforcement des capacités
Le renforcement des capacités vise à doter le
MCDHPL des capacités opérationnelles nécessaires pour
assurer au mieux ses missions de promotion et de protection des droits de
l'homme. Au regard des missions assignées au ministère, la
redéfinition de ses priorités doit prendre en compte son plan
d'action national qui doit se traduire par la mise en place de nouvelles
structures et l'allocation de moyens subséquents.
Les besoins prioritaires de renforcement des capacités
du Ministère sont importants et multidimensionnels. Ainsi le
département a besoin de ressources humaines en quantité et en
qualité pour faire fonctionner les structures chargées de la mise
en oeuvre de ses missions essentielles. Le besoin le plus urgent, et qui
conditionne l'acquisition et le déploiement des ressources humaines est
celui des infrastructures. En effet, les locaux actuellement disponibles au
niveau central et déconcentré ne peuvent pas abriter les
structures centrales et déconcentrées qui seront mises en oeuvre
dans le cadre d'une réforme institutionnelle du Ministère. De
même, il existe des besoins en équipements importants pour assurer
un fonctionnement efficace des services.
Par ailleurs, pour une meilleure visibilité de ses
actions et pour assurer une plus grande implication des différents
acteurs des droits de l'homme dans la mise en oeuvre de ses programmes, un
renforcement de la communication et de la déconcentration s'avère
indispensable.
C'est pourquoi, les structures du MCDHPL seront
organisées selon le nouveau cadre institutionnel qui permettra la prise
en charge plus efficace des programmes du Ministère.
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démocratie
En raison de l'accroissement prévisible du personnel,
une Direction des ressources humaines doit être créée. Au
niveau déconcentré, les 22 délégations
régionales devront être plus étoffées pour devenir
de véritables services administratifs avec tous les attributs, leur
personnel et leurs équipements doivent être renforcés afin
de mieux accompagner le processus de décentralisation qui est une
responsabilisation des communautés à la base. La connaissance des
droits de l'homme est un levier indispensable pour une participation consciente
des élus locaux et des communautés à la prise de
décision et au contrôle de l'exécutif local.
Le personnel actuel du Ministère chargé des
droits de l'homme est composé de personnes ressources et de personnel
d'appui en provenance d'autres départements ministériels. Compte
tenu de la mission spécifique du département, il importe de
planifier le développement de ses ressources humaines, afin de lui
permettre de disposer d'une expertise propre, susceptible de prendre en charge
les différentes tâches spécifiques concourant à
l'exécution de sa mission.
Le ministère doit aussi renforcer les capacités
opérationnelles de ceux qui peuvent s'occuper de ses projets. Il doit
organiser des formations dans le domaine de la gestion des projets, de la
communication non violente et de la gestion des conflits.
Pour ce faire, le Ministère devra s'investir dans
l'octroi des bourses d'études et de stage permettant à son
personnel de se professionnaliser dans le domaine des droits de l'homme et
organiser des recyclages en droits de l'homme à l'intention de ses
cadres. A défaut, s'investir pour la création d'une
filière « droits de l'homme » dans les facultés de
droit des universités tchadiennes.
Il est nécessaire d'élaborer des programmes
annuels des activités en début d'année. Le programme
annuel d'activités indiquera les activités, les responsables et
la période d'exécution. Ce qui servira de cadre d'orientation
annuelle des activités, et évitera le fonctionnement à
vide.
En termes de renforcement des capacités
financières, le ministère doit mettre sur pied une politique de
financement des associations de défense des droits de
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l'homme. Ce qui lui facilitera une meilleure collaboration et
un regard critique sur les activités de celles-ci. Car, a ce propos, un
leader des droits de l'homme a affirmé :
« Nos subventions, on les reçoit que des
partenaires extérieurs. Nous les recevons suffisamment pour faire le
travail. Mais pour nous, c'est une faiblesse parce qu'on aurait pu recevoir des
subventions de notre Etat, de nos organismes nationaux, ça allait
être un plus. Et si on prend cela sous une autre analyse, cela montre un
peu le désintérêt du gouvernement par rapport à la
question des droits de l'homme ».37
En effet, l'Etat tchadien a considéré pendant
longtemps, les associations de défense des droits de l'homme comme des
adversaires, des ennemis, voire même des rebelles. Pourtant, celles-ci
sont des partenaires qui régulent la question de justice sociale. C'est
des organisations apolitiques, donc neutres vis-à-vis de la politique,
qui comble certaines insuffisances de l'Etat, et l'aide à asseoir un
Etat de droit. L'Etat devrait prévoir le financement de leurs
activités dans son budget, en prenant en compte leur statut de
partenaire, à travers l'importance de leurs apports dans le processus de
développement et d'appui à l'instauration d'un Etat de droit.
L'insuffisance des infrastructures est un handicap majeur
à l'accomplissement des missions assignées au Ministère.
En effet, le MCDHPL ne dispose pas de moyens lui permettant d'accroître
l'opérationnalité de ses structures centrales et d'étendre
son action sur l'ensemble du territoire national. Il s'avère donc
indispensable de planifier sa dotation en infrastructures pour lui permettre un
développement harmonieux et une déconcentration progressive.
Par ailleurs, le MCDHPL doit intégrer dans son
programme de renforcement des capacités, la restructuration de la
Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH). Parce que l'une des missions
du ministère est la coordination et le suivi des activités de
cette Commission (CNDH)38. Cette restructuration doit être
accès sur la
37 Propos de BALDAL OYAMTA, Coordinateur national de
la LTDH dans une interview.
38 Article 30 du décret 720/PR/PM/2009 du 13
juillet 2009 portant structure générale du gouvernement et
attributions de ses membres.
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révision de ses textes fondateurs, de ses organes et sa
mission ; ensuite une dotation en local pour abriter son siège, ainsi
que les dotations en matériels modernes de travail, en
équipement, moyen roulant avec du personnel compétent. Ce qui
pourra la rendre opérationnelle.
Aussi, pour remplir au mieux ses missions de promotion et de
protection des droits de l'homme, le MCDHPL doit initier et développer
des actions susceptibles d'implications des populations. Pour ce faire, il est
souhaitable que le Ministère développe une stratégie et un
plan de communication afin de rendre visibles ses actions, d'assurer la
mobilisation des différents acteurs impliqués dans la promotion
et la protection des droits et de forger leur adhésion aux valeurs
défendues par le Ministère.
Section 2ème : L'extension des actions du
ministère
L'existence même du ministère chargé des
droits de l'homme et de la promotion des libertés échappe
à plusieurs personnes. Beaucoup de tchadiens méconnaissent
l'existence de ce ministère ; même ceux qui la connaissent ne
savent pas quel est son rôle exact. Ce qui prouve que les actions du
ministère ne sont pas perçues aux niveaux des populations.
Beaucoup de leaders de droits de l'homme ignorent la mission qui lui est
assignée au ministère. L'extension de ses actions à
plusieurs niveaux permettra de résoudre ces différentes questions
d'ignorances et de méconnaissances.
La redéfinition des actions prioritaires du
ministère à travers la recherche de la cohérence et le
renforcement des capacités aura pour finalité, l'extension de ses
activités à plusieurs niveaux. Cette extension permettra de
créer des effets étendus dans les structures de l'Etat et au
niveau de la base.
L'extension des activités du ministère suppose
de créer une implication réelle et effective de la population
dans les oeuvres du ministère. En effet cette implication n'imposera pas
aux populations d'être acteurs des oeuvres de ce ministère, mais
en tant que bénéficiaires, même passives, peuvent
participer aux différentes reformes.
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Cette extension doit commencer d'abord au sein du gouvernement
et auprès des acteurs poursuivant les mêmes objectifs, ensuite,
elle s'intensifiera auprès de la société civile et les
populations locales.
Paragraphe 1. Au niveau gouvernemental
L'extension des activités du ministère des
droits de l'homme pour être perçu dans tous les secteurs doit
s'intensifier au niveau du gouvernement.
En effet, la première activité qui mérite
d'être étendue à tous les départements
ministériels, c'est d'abord la formation en droits de l'homme. La
formation aux notions essentielles des droits de l'homme et à une
citoyenneté responsable doit se réaliser dans tous les
ministères sans exception. Seulement, un accent particulier doit
être mis en faveur des ministères tels que : l'Administration du
territoire, ceci pour former et améliorer la mentalité
rétrograde de ses agents investis de pouvoirs de commandement ; la
Justice ; l'Education Nationale ; la Jeunesse et Culture ; l'Action Sociale et
la Famille ; la Santé Publique ; Enseignement Supérieur,
Formation Professionnelle et Recherches Scientifiques ; l'Intérieur et
la Sécurité Publique ; la Défense Nationale.
Ces ministères sont celles qui peuvent collaborer
efficacement dans la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en
matière des droits de l'homme à travers l'application de
certaines mesures favorables aux droits de l'homme. Le MCDHPL ne doit pas
perdre de vue les autres institutions telles que l'Assemblée Nationale,
le Haut Conseil de la Communication, le Conseil Economique, Social et Culturel,
la Haute Cour de Justice, la Cour Suprême, la Primature, le Conseil
Constitutionnel, la Médiature de la République ...
La seconde action du MCDHPL qui mérite d'être
étendue à tous les niveaux, c'est la lutte efficace contre
l'impunité et la lutte pour la restauration de l'autorité de
l'Etat. En réalité, l'impunité s'est installée
confortablement dans toutes les institutions au point où l'ordre est
oublié. Injustice, usurpation de titre, insubordination, insolence,
impolitesse, non respect hiérarchique, vol, viol, crime etc. sont les
conséquences
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
causées par cette impunité. De même
l'autorité de l'Etat est bafouée et dans ces conditions, l'Etat
ne peut contraindre la population au respect des lois et règlement ; car
l'autorité de l'Etat est le gage de respect des mesures administratives,
de bon fonctionnement de l'administration et de l'obéissance civile de
la population.
Le ministère des droits de l'homme doit réaliser
des actions pour enrayer en même temps l'impunité et restaurer
l'autorité de l'Etat, à travers un plaidoyer auprès des
institutions concernées. Pour parvenir à cette fin, le
ministère de l'Administration du territoire et le ministère de la
Justice seront les partenaires privilégiés du ministère
des droits de l'homme.
Ces ministères peuvent se mettre dans une synergie
d'action pour adopter ensemble des stratégies de lutte efficiente
auprès des autres départements ministériels, institutions
et agents de l'administration pour mettre fin à l'impunité et
restaurer de l'autorité de l'Etat.
La troisième activité à étendre
est celle de la lutte contre la corruption. La corruption est un mal qui
gangrène tellement nos sociétés pendant cette
dernière décennie. Un bon combat contre la corruption pourra
contribuer positivement à la mise en oeuvre de la mission du
ministère des droits de l'homme. Car, la corruption est une grande
barrière à l'application stricte des lois et règlements.
Il existe au sein du gouvernement de la République du Tchad, un
ministère en charge de la Moralisation39, de la lutte contre
la corruption et de la promotion de la bonne gouvernance. C'est à ce
ministère que revient la lourde mission d'enrayer la corruption. Le
MCDHPL travaillera en étroite collaboration avec ce dernier dans le
cadre de cette lutte anti-corruption.
Paragraphe 2. Auprès de la société
Le plus grand défi du ministère réside au
niveau de l'extension de ses activités auprès de la population.
Car, l'une des pesanteurs qu'il faut encore épingler réside dans
le sentiment de désintéressement politique qui a gagné de
larges couches de la
39 Ministère crée par décret
présidentiel N°413/PR/PM/2004 du 15 septembre 2004
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population. Ce phénomène s'explique par le fait
de l'incapacité de l'Etat à sécuriser les masses et
à leur offrir des services appropriés. Les populations
tchadiennes se définissent selon une identité sub ou trans -
étatique. C'est ici qu'il faut mettre en cause la rationalité qui
structure l'Etat post - colonial de l'accession du pays à
l'indépendance à nos jours. La mentalité comporte en son
sein des germes de violence et de nocivité qui ont fondamentalement
convaincu les populations de son caractère destructeur et de son
incapacité transformationnelle.
Dans une société où les dirigeants se
sont livrés à des scènes de théâtralisation
de la violence étatique, de détournement des deniers publics et
d'utilisation des considérations identitaires comme instrument
politique, la démocratie ne peut devenir une réalité que
si des efforts considérables sont fournis par des leaders dans le sens
d'incarner à nouveau les aspirations des populations et leur offrir un
nouvel horizon d'espoir. C'est pourquoi, le ministère doit agir
vigoureusement avec l'appui des organisations de la société
civile.
En effet, la société est le cadre idéal
des effets de l'action gouvernementale. Toutes les mesures et les actions
visent comme destinataire, la société. Le ministère des
droits de l'homme n'aura atteint sa mission que si ses activités sont
ressenties et vécues au sein de la société. C'est une
raison qui justifie l'extension ses actions au niveau de la population et de la
société civile.
Les ONG devraient cesser d'envisager leur action dans une
logique de confrontation permanente avec les pouvoirs publics, et se
positionner en partenaires de l'administration dans la recherche de
l'amélioration constante de la situation des droits de l'homme. Il
s'agit pour elles de devenir des interlocuteurs incontournables, des relais de
l'action des gouvernants, mais aussi des critiques, dans une approche
constructive.
Les pouvoirs publics semblent d'ailleurs avoir
intégré la nécessité de cette collaboration ; c'est
par exemple le cas des associations reconnues d'utilité publique,
lorsqu'il est établi que leurs actions contribuent de façon
significative au développement national et à la
réalisation de missions d'intérêt général.
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
On peut cependant préconiser la formalisation d'un
cadre juridique de collaboration avec l'Etat qui préciserait par
exemple, les conditions et les niveaux d'appui que l'Etat pourrait accorder
à celles dont les activités sont palpables sur le terrain, les
modalités d'organisation d'un cadre de concertation permanent, les
exonérations fiscales que l'Etat pourrait consentir dans le cadre
exclusif de leurs activités.
Pour atteindre toutes les couches de la société,
le ministère des droits de l'homme doit avoir fini l'extension de ses
activités au niveau gouvernemental ainsi que réaliser ses
reformes institutionnelles. Ce qui lui permettra d'amorcer l'implication de la
société dans ses activités. Cela suppose l'implication des
associations de la société civile, les organisations
coutumières et traditionnelles, ainsi que les églises et les
mosquées.
En effet, l'Eglise se positionne comme un acteur majeur dans
le champ de la promotion et de la protection des droits de l'homme au Tchad.
Elle s'impose comme une autorité morale dont l'opinion et les prises de
position sur les questions sociales, politiques et économiques ne
manquent pas d'influencer le comportement des populations.
La doctrine de l'Eglise et la philosophie des droits de
l'homme se situent sur un terrain commun et c'est à juste titre que
l'Eglise prêche la justice, le respect du prochain, la
préservation de la dignité humaine et affirme
l'égalité de tous les hommes devant Dieu.
Afin de mieux diffuser les enseignements y relatifs l'Eglise
catholique, a mis sur pied des « Commissions Justice et Paix40
» dans les pays de la sous région. Ces Commissions sont des
véritables instruments de promotion de la justice, de construction de la
paix et de la réalisation du développement intégral des
peuples par la défense de la dignité et des droits fondamentaux
de la personne humaine. Elles développent leurs activités dans
chaque diocèse dans le cadre des Commissions diocésaines Justice
et Paix, et sont relayées dans les paroisses par des Comités,
pour une action de proximité auprès des malades, des prisonniers
à travers des visites, des dons etc.
40
Commission Justice et Paix: organisation religieuse de l'Eglise
catholique ayant pour mission de régler les différents litiges
internes à
travers la médiation et promouvoir la paix.
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démocratie
Les mosquées, qui comme les églises, mobilisent
un nombre important des croyants, peuvent eux aussi, être des acteurs de
promotion et de protection des droits de l'homme, d'éducation citoyenne,
et d'instauration d'une culture de paix.
L'extension des activités du ministère des
droits de l'homme doit commencer d'abord par des accords préalables
entre la société civile et le ministère, sur la mise en
oeuvre d'un plan d'action qui sera exécuté de commun accord avec
la société civile et aussi avec les églises et
mosquée. Car, ces dernières constituent aussi des cadres
idéaux de promotion et de protection des droits de l'homme. Ensuite, un
appui opérationnel auprès des organisations religieuses. Cet
appui sera défini après identification des besoins et des valeurs
religieuses pertinentes, concourant à la promotion des droits de l'homme
et des libertés. Le ministère se doit de garantir tant
matériellement que financièrement, cet appui, qui sera né
d'une action concertée entre le ministère, les ONGs et les
organisations religieuses.
Par ailleurs, la restructuration de la commission nationale
des droits de l'homme (CNDH) contribuera de façon efficiente à
l'extension des activités du ministère auprès de la
population. Car, la CNDH constitue le relais avec la population. Elle devrait
être l'organe chargé de recevoir des requêtes émanant
des individus de toutes catégories sociales confondues, des ONG, et
même de certaines institutions étatiques, pour donner lieu
à des auditions, et à des investigations. Ces actions aboutissent
à des résultats probants en terme de déclenchement
d'actions judiciaires contre les mis en cause, de libération des
personnes illégalement gardées à vue ou de paiement de
compensations aux victimes ou à leurs familles.
La médiation de la CNDH permet aussi de
déboucher sur la conciliation des parties concernées par la
violation, de faire des recommandations aux autorités habilitées
à mettre fin à la violation. La CNDH constitue ainsi le cadre le
plus proche de la population par lequel le ministère peut facilement
étendre ses activités.
Il convient aussi de noter que les activités communes
envisagées par le ministère avec l'appui de la
société civile et les autorités religieuses auront pour
priorités, les sensibilisations et instructions aux droits de l'homme au
profit de la population. Ces sensibilisations et instructions se feront aussi
dans les langues nationales, afin de permettre la compréhension
réelle et la perception des concepts de droits de l'homme par la
population. Au-delà des concepts de droits de l'homme, elles
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concerneront aussi les techniques de gestions et
résolutions non violentes des conflits.
La collaboration avec les mosquées et églises
est un gage de réussite, si le ministère tient à atteindre
toutes les couches sociales de la population tchadienne. Et
l'intérêt d'atteindre toute la population, après avoir
acquis les institutions gouvernementales, c'est d'évoluer vers
l'enracinement des droits de l'homme.
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démocratie
CHAPITRE II - L'ENRACINEMENT DES DROITS DE L'HOMME
|
L'enracinement des droits de l'homme dans la
société tchadienne est une action qui nécessite au
préalable, les réformes ci-haut citées. Car, on ne peut
parler de l'enracinement d'une chose, que si cette chose existe.
De même on ne peut parler de l'enracinement des droits
de l'homme que si les droits de l'homme existent et sont vécus dans la
société tchadienne. L'enracinement est une action centrée
vers la durabilité ; vers la solidité.
Ce qui suppose que le ministère doit
préalablement résoudre les divers obstacles à la promotion
des droits de l'homme au Tchad que sont : la reforme institutionnelle, la
reforme du dispositif législatif au regard des standards internationaux,
l'impunité, la redynamisation de la Commission Nationale des Droits de
l'Homme (CNDH), la prévalence des pratiques culturelles non conformes
à la législation nationale et aux obligations régionales
et internationales, ainsi que la sensibilisation et l'instruction des
populations sur les droits de l'homme.
L'enracinement se fera aisément à travers une
bonne politique d'appropriation et de consolidation des droits de l'homme,
à condition que les obstacles ci-haut cités soient
définitivement enrayés.
Section 1ère : L'appropriation des droits de
l'homme par les citoyens
La non-discrimination et l'égalité de tous
devant la loi sont les principes fondamentaux de la Charte internationale des
droits de l'homme. Ces principes sont traduits par la Constitution de la
République du Tchad à travers des dispositions qui garantissent
l'égalité de tous devant la loi, le droit à la vie, le
respect des diversités ethniques, religieuses et culturelles,
l'interdiction de toutes formes d'exploitation
Rôle du ministère
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démocratie
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notamment la torture, les traitements cruels, inhumains ou
dégradants. Toutefois, ces principes resteraient abstraits, donc sans
effet, s'ils ne sont pas portés à la connaissance des populations
afin de prévenir ou éviter les violations des droits de
l'homme. C'est pourquoi l'éducation est prioritaire.
L'éducation permet une connaissance des droits. Par
conséquent, elle favorise une meilleure protection de ces droits.
La prise en compte de l'enseignement des droits de l'homme
dans le système formel en collaboration avec les ministères en
charge de l'éducation et de l'enseignement supérieur permet de
former des citoyens responsables. L'introduction de l'enseignement des droits
de l'homme dans l'éducation non formelle en collaboration avec le
ministère en charge permettra d'atteindre les personnes qui ne sont pas
allées à l'école classique. Il est nécessaire de
toucher cette population par plusieurs canaux tels que les centres
d'alphabétisation, les centres d'éducation de base non
formelle.
Il est également essentiel de mener des
activités de sensibilisation par les médias, le
théâtre, le cinéma, en relation avec le ministère en
charge de la communication et de la culture. Les forums nationaux, à
organiser avec les associations de défense des droits de l'homme et les
acteurs étatiques sont des activités à privilégier,
de même que la formation des organisations de la société
civile. La formation de la population active aux droits humains est
également indispensable pour assurer la protection des droits. Des
groupes cibles tels que le personnel judiciaire, les média, les
militaires et paramilitaires sont des groupes socioprofessionnels clés
dont les ministères de tutelle seront sollicités.
L'éducation aux droits de l'homme est un processus à long terme
sinon permanent, visant à inculquer au citoyen une véritable
culture des droits de l'homme. Les modules et le matériel
pédagogique devront constamment être améliorés.
L'éducation aux droits de l'homme est une action durable du MCDHPL, car
de cette éducation, dépend l'implication effective de la
population dans les activités de protection et de promotion des droits
de l'homme.
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Paragraphe 1. L'instruction et l'éducation à
tous les niveaux des
citoyens
Il s'agit principalement d'introduire l'enseignement des
droits de l'homme dans les programmes d'éducation, en relation avec les
ministères en charge de l'éducation. L'introduction de
l'enseignement des droits de l'homme dans les programmes éducatifs doit
concerner toutes les structures d'éducation et de formation depuis les
écoles maternelles, jusqu'aux universités, sans oubliés
les centres de formations professionnelles.
La mise en oeuvre de la politique d'instruction et
d'éducation du ministère des droits de l'homme peut commencer
d'abord par l'organisation d'un ou de plusieurs rencontres de concertation avec
les Ministères en charge de la formation professionnelle, de
l'éducation et de l'enseignement supérieur. Ces rencontres ne
peuvent exclure les ministères tels que celui de la jeunesse et sport
qui dispose des instituts de formation ; celui de la santé pour ses
écoles sociaux sanitaires ; celui des travaux publics ; ainsi que celui
du pétrole.
Le MCDHPL doit aussi réaliser un plaidoyer
auprès du conseil des ministres pour l'adoption d'un décret
introduisant l'enseignement des droits de l'homme dans les programmes
d'éducation du fondamental au supérieur y compris le
professionnel. L'exécution de ce plaidoyer suppose l'élaboration
par le centre national de curricula (CNC)41 de modules de formation
et de supports pédagogiques à tous les niveaux de
l'enseignement.
Le ministère doit en outre organiser des sessions de
formation des formateurs des enseignants sur les modules de droits de l'homme
et prévoir des formations continues et recyclage afin de permettre et
rendre fiable l'enseignement des modules de formations en droits de l'homme
conçus.
Ces formations et programmes doivent s'effectués au
niveau national et impliqués largement les acteurs d'éducation et
d'instruction. Ce qui suppose que cette action
41 CNC: institution tchadienne rattachée au
ministère de l'éducation, chargée des programmes
scolaires, des horaires et supports d'enseignement
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
doit s'élargir au profit des Centres
d'alphabétisation fonctionnelle et les Centres d'éducation non
formelle. Le ministère doit veiller à ce que les
modules et les supports pédagogiques soient traduits de façon
à inclure des modules et supports adaptés aux apprenants à
des besoins éducatifs spéciaux ; au besoin dans les
différentes langues nationales.
La société tchadienne étant
composée de plusieurs groupes socioprofessionnels (avocats, policiers,
médecins, journalistes, travailleurs sociaux, etc.). Les droits de
l'homme devront être incorporés dans les valeurs, principes et
critères à la base des missions des groupes socioprofessionnels
ciblés. L'identification des groupes cibles sera faite selon les
critères possibles qui suivent :
· Les professionnels du droit (magistrats, avocats,
huissiers de justice, notaires, greffiers, etc.) ;
· Les groupes ayant des fonctions incluant un exercice
direct de la coercition sur les populations (police, gendarmerie, personnel
pénitentiaire, agents des eaux et forêts, etc.) ;
· Les groupes qui, en raison de leurs fonctions,
méritent d'avoir des connaissances en droits de l'homme et en droit
international humanitaire (militaires principalement) ;
· Les professionnels des secteurs sociaux qui
travaillent avec/pour les groupes vulnérables comme les enfants en
difficulté, les femmes, les personnes handicapées, les personnes
âgées ;
· Les leaders d'opinion (journalistes, chefs coutumiers
et religieux, les responsables de partis politiques, les élus locaux,
les parlementaires et les membres du parlement des enfants etc.).
Le MCDHPL doit jouer un rôle catalyseur dans ce
processus d'éducation aux droits de l'homme dont les maîtres
d'oeuvre sont les institutions et Ministères concernés. Il peut
aussi assurer la formation continue de certains groupes socioprofessionnels
en
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
pratique des droits de l'homme à travers l'organisation
de séminaires de courte durée.
Sur certains aspects spécifiques des droits de l'homme
et en attendant l'élaboration du matériel pédagogique, il
est nécessaire que le ministère organise des séminaires de
formation ou des rencontres sur des problématiques particulières
en direction de certains groupes socioprofessionnels spécifiques. Dans
ce cadre, les activités suivantes peuvent être organisées
au cours de l'année de démarrage du programme au profit de
groupes spécifiques (magistrats, avocats, gardes de
sécurité pénitentiaire) ; au profit des
députés et aussi au profit des élus locaux.
La réussite de ces activités contribuera sans
nul doute à l'enracinement des droits de l'homme dans la
société tchadienne ; d'où découlera surement
l'implication efficace de la population.
Paragraphe 2. L'implication réelle de la population
dans la défense des droits de l'homme
L'implication de la population dans les activités de
défense des droits de l'homme exige de cette population une bonne
connaissance de droits et une culture de paix. La connaissance des droits
évitera à la population de poser des actes
répréhensibles ; et la culture de paix imposera à cette
population la tolérance face aux divergences de point de vue, aux
agressions et provocations.
La tolérance est la clé de voûte des
droits de l'homme, du pluralisme politique, culturel et religieux, de la
démocratie et de l'État de droit. Sa promotion permet de
comprendre et d'endiguer la violence (physique, morale, psychologique) qui est
source de multiples violations des droits de l'homme. Comme le soulignait Koffi
Annan42, ancien Secrétaire général de
l'Organisation des Nations Unies, « la promotion de la
tolérance favorise une attitude active et positive, inspirée par
la connaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et permet
ainsi de cultiver les différences et de prévenir la violence
liée à l'intolérance ». L'importance de cette
prévention est indéniable dans la mesure où lorsque la
violence prédomine dans un
42 Koffi ANNAN : Ancien Secrétaire
Général de l'ONU et actuel Médiateur International de
l'ONU.
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Etat, elle anéantit tout espoir de développement
économique et social. Le Tchad relève à peine de
nombreuses crises institutionnelles et politiques qui ont engendré des
conflits armés pendant plus de trois décennies et au cours
desquelles toutes sortes de violations graves de droits de l'homme et des
libertés fondamentales et collectives ont été
enregistrées. Pour instaurer une paix durable, il est nécessaire
de reconstruire le vivre ensemble et pour ce faire promouvoir une culture de
tolérance et de paix afin de la transmettre aux
générations futures et sortir définitivement ainsi le pays
de la spirale de l'intolérance et de ses effets pervers.
La promotion d'une culture de la tolérance et de la
paix nécessite de disposer d'un diagnostic approfondi sur le contexte
socioculturel, les acteurs et partenaires ainsi que les moyens
appropriés. Or en supposant une logique dans notre travail, la phase de
diagnostic approfondi aura déjà eu lieu, ainsi que les
sensibilisations et instructions des populations sur les droits de l'homme.
Donc, la population doit être à une phase où elle doit
elle-même prôner la tolérance, s'impliquer dans la
résolution non violente des conflits en son sein et adopter des
attitudes responsables que sont l'éducation familiale des enfants
basée sur les droits de l'homme et la tolérance ;
l'éducation religieuse des enfants centrée sur les grandes
valeurs religieuses de respect d'autrui, d'amour fraternel et de dignité
; la participation effective aux différentes activités de
promotion et de protection des droits de l'homme.
L'implication réelle de la population dans les
activités de défense des droits de l'homme implique une
population au centre des actions de promotion et protection des droits humains
; une population actrice de la culture de paix.
Section 2ème : La consolidation des droits de
l'homme par la population
Paragraphe 1. La pérennisation des activités
et l'innovation face à la mondialisation
Au regard de l'acquisition des connaissances significatives
des populations en matière de droits de l'homme, la pérennisation
des activités consistera à renouveler
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
toutes les actions susceptibles de favoriser l'instauration
d'une culture de droits de démocratie. Qu'il s'agisse des reformes
institutionnelles, de la formation et des recyclages, de la redynamisation des
organes de mise en oeuvre des droits de l'homme, de la sensibilisation et
instruction des personnes analphabètes ; la pérennisation suppose
la reprise ou l'accroissement de ces diverses activités dans le temps.
Il s'agira plus précisément d'évaluer et améliorer
les activités ayant occasionnées un succès dans la
promotion des droits de l'homme, afin de tendre vers la perfection. Il s'agira
entre autres des activités suivantes :
L'organisation périodique des causeries suivant une
programmation nationale par région et par département ;
l'organisation d'un jeu concours sur les droits de l'homme dans les
lycées et collèges ; l'organisation d'un jeu concours
radiophonique sur les droits de l'homme dans les radios publiques et
privées ; l'organisation très fréquente des jeux concours
sur le civisme et la propreté dans les écoles primaires du pays ;
l'organisation annuel des forums régionaux sur les droits de l'homme et
des forums nationaux tous les deux ans ; l'instauration des journées des
droits de l'homme dans les régions ainsi que des conférences
périodiques en milieu scolaire, dans les écoles de formation
professionnelle, centres d'alphabétisation et les centres
d'éducation non formelle ; l'organisation des tournées annuelles
de théâtre forum et des campagnes de vulgarisation des textes sur
les droits de l'homme dans les régions.
Ces actions, si elle sont bien menées, favoriseront
l'augmentation des pourcentages d'élèves et d'apprenants
formés aux droits de l'homme dans le système formel et non formel
; Le pourcentage de personnes formées aux droits de l'homme parmi les
groupes socioprofessionnels ciblés ; Le pourcentage de membres des
organisations de la société civile formés aux droits
humains ; Le nombre de la population sensibilisée aux droits de l'homme
à travers les tournées de théâtre, le cinéma
mobile et les conférences publiques, etc.
En effet, trois axes majeurs permettent de pérenniser
les activités des droits de l'homme : il s'agit d'abord des campagnes
d'éducation aux droits de l'homme. La société civile dans
ce cadre participent d'une démarche préventive qui vise à
faire
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
que les citoyens de tous bords s'approprient l'esprit des
droits de l'homme, les intègrent dans les pratiques quotidiennes, afin
de mieux lutter contre leurs violations.
La contribution des ONG ou associations des droits de l'homme
en tant que composantes de la société civile, nous permettra de
mieux cerner l'impact de cette éducation. Leur action en faveur de
l'éducation est assez édifiante. L'accomplissement de cette
mission passe par la diffusion des textes y relatifs, leur vulgarisation,
à travers les conférences, tables rondes, l'organisation des
sessions de formation, les colloques ou séminaires, l'assistance
juridique aux victimes des violations des droits de l'homme, les supports de
publication.
Ces associations laïques côtoient dans leur action
les mouvements associatifs religieux qui font également de la cause de
l'homme dans la société leur cheval de bataille.
De nombreuses ONG et associations ont vu le jour avec pour
objectifs spécifiques la défense, la protection, l'encadrement
des groupes sociaux vulnérables ou des couches sociales
défavorisées à l'exemple des enfants, des femmes des
personnes handicapées et âgées.
Quelques ONG et associations font de l'enfant la cible de leur
action et oeuvrent surtout pour les protéger et les défendre
contre les sévices sociaux (travail et exploitation sexuelle,
maltraitances, fugues, délinquance, utilisation des drogues, etc.). Pour
ce faire, elles offrent des prestations d'encadrement, d'éducation, de
soins, de formation aux petits métiers, de réinsertion dans le
milieu familial, de loisirs.
D'autres associations oeuvrent aussi pour la protection et la
promotion de la femme et mènent des activités de terrain qui
portent sur la conscientisation de l'opinion au sujet des violences faites aux
femmes, et sur l'assistance directe aux femmes victimes ou non.
Enfin, en raison de leur fragilité et de la
considération sociale qui leur est réservée, les
handicapés recueillent aussi l'intérêt de certaines ONG.
L'action de ces structures couvre les domaines de la scolarisation, de
l'insertion socio-professionnelle, de la prise en charge sociale et
médicale de ces personnes handicapées. Mais, la
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
précarité qui caractérise la condition
des personnes du troisième âge ne laisse pas la
société civile indifférente.
La protection des personnes âgées ne fait
malheureusement courir que très peu des ONG et associations qui
préfèrent orienter leurs actions vers des champs beaucoup plus
porteurs.
En dépit des mesures prises par l'Etat pour promouvoir
et protéger ces couches vulnérables, le rôle joué
par les associations est plus significatif, permanent et plus visible sur le
terrain. Malheureusement, leur champ d'action géographique est
très limité car, la plupart d'entre elles exercent dans les
grands centres urbains, au détriment des villes secondaires où
les besoins sont tout aussi urgents.
En marge de ces actions qui touchent directement les personnes
cibles, les ONG du secteur des droits de l'homme n'hésitent pas à
fustiger quand il le faut, les dérives des pouvoirs publics et des
individus.
Il s'agit pour les associations de défense des droits
de l'homme d'un devoir de parole et de dénonciation qui consiste
à interpeller les gouvernants sur les violations graves commises par les
agents publics (fonctionnaires, forces de police, gendarmerie...). Leur action
dans ce sens s'exerce par le canal des communiqués de presse
radiodiffusés et des revues ou bulletins et des rapports
périodiques qu'elles publient, et dans lesquels elles mettent en
lumière les atteintes quotidiennes aux droits des citoyens et
préconisent des mesures visant à empêcher la
répétition des actes incriminés.
De ce point de vue, on peut considérer que la
dénonciation des atteintes aux droits et libertés fondamentaux
des individus, aussi bien au plan vertical qu'horizontal, revêt une
dimension prophylactique. De façon générale, les militants
des droits de l'homme utilisent les média privés comme
alliés dans la stratégie de dénonciation des atteintes aux
droits de l'homme.
Nous ne perdrons pas de vue la nécessaire innovation
face à la mondialisation. En effet de ce point de vue, il faudra noter
que le ministère doit adapter ses actions en
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
fonction de l'évolution des droits. Il ya par exemple
une évolution dans le domaine de l'environnement, ainsi que de la
prévention contre les actes terroristes.
Paragraphe 2. Les preuves d'une appropriation des droits de
l'homme par la population
La consolidation des droits de l'homme apparaît comme un
ensemble de mesures qu'il convient de prendre afin de permettre la pleine
jouissance par les populations de leurs droits et libertés, mais aussi
l'accomplissement des devoirs qui leur incombent vis-à-vis de l'Etat et
des autres membres de la société. Etant donné qu'elle
suppose le souci de l'intérêt général, nous pensons
qu'il est nécessaire pour la consolider :
De restructurer la CNDH43
- De poursuivre la lutte acharnée contre la corruption
en vue d'assainir et de moraliser les comportements.
- De mettre fin à l'impunité à travers
des sanctions exemplaires contre les responsables des atteintes à la
fortune publique et aux droits et libertés fondamentaux.
- Restaurer le culte du mérite, de l'effort et de la
compétence, comme critères exclusifs des promotions et
nominations dans l'administration publique et les consolider dans le secteur
privé, afin d'inverser la tendance qui consiste à les percevoir
« comme une gratification du pouvoir à telle ethnie ou à
tel clan ».
- Restaurer la neutralité de l'appareil administratif
dont les hauts responsables ont tendance à se mettre plus au service
d'un corporatisme politique.
En tout état de cause, l'efficacité des mesures
ci-dessus préconisées ne peut prendre corps que si
l'éducation aux droits de l'homme est renforcée.
L'effectivité de l'Etat de droit et de la
démocratie implique cependant que la société civile joue
pleinement son rôle de levain dans l'appropriation par les citoyens de la
culture des droits de l'homme. Pour ce faire, elle doit ajuster son
organisation pour
43 CNDH: Commission Nationale des Droits de l'Homme
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
tenir compte des exigences d'un environnement démocratique
et de bonne
gouvernance.
Nous l'avons souligné, la société civile
se positionne comme un acteur majeur dans le champ de la défense et de
la promotion des droits de l'homme au Cameroun. Le nombre important des ONG et
associations des droits de l'homme témoigne non seulement du contexte
libéral favorable à leur création, mais aussi de leur
dynamisme qui constitue une véritable chance pour la mise en place et la
consolidation d'une culture des droits de l'homme. En réalité,
loin de n'être qu'un atout, la pluralité des associations peut
paraître aussi comme un facteur d'affaiblissement du rôle de la
société civile.
Et la consolidation des droits de l'homme au sein de la
population tchadienne peut s'observer sous différentes formes dans la
vie civile et politique du pays.
En effet, un peuple qui s'est approprié les droits de
l'homme est un peuple au sein duquel les notions élémentaires des
droits sont perçues d'abord dans les ménages, dans les milieux de
vie, dans les milieux professionnels et lors des manifestations publiques. La
maturité d'un tel peuple se manifeste seule à travers le respect
de l'autre, le respect des biens d'autrui et des biens communs, la bonne
gestion de l'administration, la paix, la sécurité, la
quiétude, et le développement.
L'appropriation des droits de l'homme par la population et sa
consolidation s'observera en plus d'un comportement responsable de la
population mais aussi et surtout sa maturité et son exigence
vis-à-vis de l'Etat. En effet, un peuple qui connaît ses droits et
libertés imposera a son Etat, l'application entière de ses droits
contenus dans les deux pactes dont surtout, celui relatif aux droits
économiques, socioculturels.
L'Afrique qui a hérité ces concepts et mode de
vie de l'occident, aura du mal à appliquer pleinement ces droits et
libertés dans son ensemble car, ce sont des opérations qui
nécessite de grands moyens financiers, mais aussi et surtout une
alphabétisation quasi-complète de ses populations, pour
accéder a la compréhension même de ses différentes
notions.
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
CONCLUSION GENERALE
Arrivé au terme de notre étude sur le rôle
du ministère tchadien des droits de l'homme dans la promotion et
l'instauration d'une culture de droits, il nous parait judicieux de rappeler
les démarches, la problématique, et les hypothèses ayant
conduit à l'issu de ce travail afin d'en justifier les résultats.
Ce qui nous permettra en définitive de donner notre point de vue sur ce
thème dont l'intérêt et les enjeux sont exprimés au
début de notre travail.
En effet, nous avons utilisé la méthode
juridique et la méthode systémique. qui a permis d'une part de
réaliser l'analyse approfondie des textes fondamentaux du
ministère qui définissent ses attributions ainsi que la
cohérence entre la législation nationale et internationale
relative à la protection des droits de l'homme et à la promotion
des libertés. Et d'autre part à opérer une
appréciation générale de la manière dont le
ministère exécute sa mission et met en oeuvre ses projets. Elle
nous a aussi permis de faire un état de lieu de la situation des
violations de droits de l'homme au Tchad et nous permet ainsi de
déterminer les approches les mieux adaptées pour remédier
à la situation.
Aussi, les problématiques nous nous avons retenu ont
permis d'obtenir des réponses aux interrogations suivante :
En quoi l'existence des législations et des
institutions spécifiques de promotion des droits et libertés
participe-elle à l'édification d'un Etat de droit ? Suffit-il de
disposer d'une institution publique investie d'une mission promotionnelle des
droits de l'homme pour croire en sa capacité d'établissement
d'une culture de droits ? Autrement dit, quelles sont les limites aux
actions du ministère et les démarches à adopter pour
parvenir à l'instauration d'une culture de droits au Tchad ?
Les hypothèses que nous avons émises nous ont
permis de démontrer que les activités du ministère
n'étaient pas adaptées à sa mission et ne permettaient pas
l'atteinte de ses objectifs et qu'il était nécessaire d'effectuer
une réorientation des
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
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activités du ministère et la mise à
disposition des moyens nécessaire à la promotion et protection
des droits de l'homme. Aussi, nous avons pu démontrer un manque de
volonté politique de l'Etat qui devrait se faire restaurer à
travers des actions concrètes. Enfin, nous avons démontrer que
l'instauration d'une culture de droits passe par l'appropriation même des
droits de l'homme par la population tchadienne sous forme de manières de
penser et d'agir ; gage de sa consolidation.
Dans l'ensemble, le ministère doit revoir
entièrement les fondamentaux de sa politique en matière de droit
de l'homme au niveau fonctionnel, pour réussir sa mission de promotion
des droits de l'homme et des libertés. Or un homme politique
français Daniel Mayer44 avait dit : «
Il ne faut jamais déléguer à un État ou à un
groupe d'États la conduite du combat des droits de l'Homme. C'est aux
organisations de citoyens non gouvernementales de le mener... ». Cette
déclaration nous pousse à poser la problématique de la
garantie des droits de l'homme. Appartient-elle à l'Etat ou à la
société civile ?
Les associations de la société civile
mènent des activités de proximités sur la vulgarisation et
la défense des droits de l'homme. Ce rôle leur est reconnu au sein
des populations. Car dans leurs activités de défenses, elles
dénoncent les dérives du gouvernement, les injustices et les
inégalités. Elles apparaissent dés lors comme des organes
régulateurs des actions du gouvernement. L'Etat lui même, avant de
se lancer dans des actes de non-droit craint généralement la
réaction souvent inattendue des associations de droits de l'homme.
Malheureusement, face à ces dénonciations, il y a des
gouvernements qui répriment violemment les leaders des droits de
l'homme.
Deux situations se posent donc en ce qui concerne la garantie
des droits de l'homme :
Dans la première situation, les associations
apparaissent comme les garants des droits de l'homme, car elles exercent des
actions de façon désintéressée, pourvu que les
droits violés soient dénoncés publiquement. Ce qui leur
offre la légitimité de la garantie des droits de l'homme.
Malheureusement, en dehors de la dénonciation,
44
Daniel Mayer est un home politique et socialiste français,
Auteur du livre Socialisme : le droit de l'homme au bonheur
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démocratie
la société civile n'a aucun moyen pour
contraindre l'Etat à réparer ou le pénaliser pour ses
abus.
Dans la deuxième situation, l'association a le
rôle et le pouvoir de dénoncer les abus de droits. Mais ces
dénonciations ou actions des associations sont
généralement réprimées par l'Etat, à travers
les persécutions à l'endroit des leaders et dirigeants des
associations. Ce qui ôte à ces associations, la liberté
d'être garant réelle des droits de l'homme.
Et lorsqu'on sait bien qu'une association ne peut exister que
si l'Etat lui accorde l'autorisation de fonctionner. De plus au nom de l'ordre
public ou de sa souveraineté, l'Etat peut retirer son autorisation, ou
interdire la réalisation des activités de l'association, il y a
lieu d'affirmer que l'exercice des droits de l'homme appartient aux
associations ou à la société civile. Mais la garantie des
droits de l'homme appartient à l'Etat qui peut à tout moment
exercer des abus qui ne peuvent être ni réprimés, ni
interdite, car l'Etat détient « le bâton et la carotte
».
Ce qui nous permet de conclure que le ministère
tchadien des droits de l'homme et des libertés n'a pas actuellement les
pourvoir et les moyens nécessaires pour prétendre instaurer une
culture de droits. Mais l'instauration d'une culture de droits n'est pas
impossible pour lui. Comme nous l'avons souligné dans nos
hypothèses, il suffit d'une bonne volonté politique, et toutes
les reformes que nous avons exprimées tout au long de notre travail
s'imposeront a cette volonté, d'ou, une réelle culture de
droit.
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages généraux
- Enoch DJONDANG (2005) «Les droits de l'homme : un pari
difficile pour la
renaissance du Tchad et de l'Afrique» ; Etudes
africaines - l'Harmattan
- Equipe du CEFOD (1994) «Les Droits de l'homme et les
Devoirs du citoyen»
Changer la société ; Edition CEFOD
Textes législatifs et réglementaires
- Constitution de la République du Tchad de 2006
- Loi N° 031/PR/94 du 09 septembre 1994 portant
création de la Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH).
- Loi N° 039/PR/2009 du 11 décembre 2009 portant
création de la Médiature de la République ;
- Décret N° 340/PR/PM/97 du 12 août 1997
portant création d'une Médiature Nationale ; - Décret
N° 039/PR/PM/2007 du 18 janvier 2007 portant structure
générale du gouvernement et attributions de ses membres ;
- Décret N° 753/PR/PM/MCDH/07 du 28 septembre 2007
portant organigramme du Ministère des droits de l'homme ;
- Décret N° 720/PR/PM/09 du 13 juillet 2009
portant structure général du gouvernement et attribution de ses
membres.
Rapports, Mémoires et Dossiers
o Plan d'action National des Droits de l'homme-Ministère
des droits de l'homme Ð octobre 2010.
o Résultats Globaux du deuxième Recensement
général de la population et de l'habitat Ð septembre 2009.
81
Mémoire de fin deformation pour l'obtention
du Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
o SILVA, ROMESH, JEFF KLINGNER et SCOTT WEIKART,
«Violations de droits de l'homme par l'Etat tchadien sous le
régime de Hissène Habré» - février
2010.
o Cyrille APALA MOIFFO (Mémoire)
«l'émergence d'une société de droits au
Cameroun» année 2005-2006
o Eugène LE-YOTHA NG. (Mémoire)
«Contentieux électoral et Etat de droit au Tchad»
2007
o Rapport DHSF 2006 sur la situation des droits de l'homme au
Tchad
o Rapport 2009 de l'Ambassade des Etats-Unis au Tchad
o Rapport 2009 et 2010 LTDH
o Rapport ATPDH 2005, 2006 et 2010
o Rapport sur les crimes de l'Etat tchadien
o Rapport de Stage au Ministère des droits de l'homme du
Tchad de Béramgoto Singabé Jean-Claude
Webographie
www.memoireonline.com
www.mcdhpl.org
www.wikipedia.org
www.tchadactuel.com
www.ialtchad.com
www.presidencetchad.org
www.cefod.org
82
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
ANNEXES
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Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Annexe N° 1 : Décret N°
753/PR/PM/MCDH/07 du 28 septembre 2007 portant organigramme du ministère
de droits de l'homme.
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
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tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Annexe N° 2 : Questionnaire
A L'ATTENTION DES LEADERS ET MILITANTS DES DROITS DE
L'HOMME
Dans le cadre de la formation supérieure
professionnelle pour l'obtention d'un diplôme d'Expert Consultant en
Droits de l'homme et Droit International Humanitaire, nous devons produire des
travaux de recherche en vue d'une soutenance publique. Nous avons choisi de
travailler sur un sujet relatif à l'instauration d'une culture de droit
et de démocratie au Tchad et cherchons à avoir des informations
auprès des acteurs impliqués dans cette démarche. C'est
pourquoi, nous vous prions de bien vouloir répondre honnêtement
à ce questionnaire dans l'anonymat. Soyez rassurer que vos
réponses qui nous seront d'une grande utilité resteront
très confidentielles. Merci !
BERAMGOTO S. Jean-Claude (Elève Expert
Consultant en Droits de l'homme et Humanitaire)
QUESTIONNAIRE
Homme
|
Etudiant
|
Entre 15 et 25 ans
|
Entre 26 et 45 ans
|
Femme
|
Salarié
|
Entre 46 et 60 ans
|
Au-delà de 60 ans
|
Autre
N.B : Si les lignes prévues pour les
réponses sont insuffisantes, prière écrire au verso de la
feuille en précisant le numéro de la question, ou utiliser
d'autres feuilles et y joindre.
1. Quelle est la dénomination et l'objectif de votre
association ou organisation?
2. Combien d'années d'expériences avez-vous
personnellement dans le domaine des droits de l'homme?
3. Quelles sont les réalisations de votre association dans
le domaine des droits de l'homme depuis sa création ?
91
4. Quels sont les projets de votre association dans le domaine
des droits de l'homme?
92
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Rôle du ministère
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promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
5. Quel genre de relation entretenez-vous avec le
ministère des droits de l'homme?
6. Avez-vous déjà participé aux
activités de ce ministère ? si oui, lesquelles?
7. Pensez-vous que les actions du ministère des droits de
l'homme contribuent à l'instauration d'une culture de droit et de
démocratie au Tchad ? si oui, comment ? si non, pourquoi?
8. Avez-vous des critiques et des suggestions à faire
à l'endroit du ministère des droits de l'homme dans le cadre de
l'instauration d'une culture de droit et de démocratie ? si oui
lesquelles?
a) Critiques :
93
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
b) Suggestions :
9. Quelles appréciations faites-vous du rôle du
ministère des droits de l'homme?
10. La mission dévolue au ministère des Droits de
l'homme est-elle convenable ? Si oui pourquoi ? Si non, quelle devrait
être la mission de ce ministère?
11. Quelles sont vos relations avec la Commission Nationale des
Droits de l'Homme (CNDH) ?
12. Quels sont les efforts de la société civile
tchadienne dans la mise en oeuvre d'une culture de droit et de
démocratie au Tchad?
13. Quelles sont les difficultés réelles de la
mise en oeuvre d'une culture de droit et de démocratie au Tchad ?
94
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Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
14. Quels sont les défis majeurs des droits de l'homme et
de la démocratie au Tchad?
15. En quoi une culture des droits de l'homme peut-elle
être bénéfique pour le Tchad?
16. Votre propre opinion sur les enjeux des droits de l'homme au
Tchad?
Merci pour votre sincère
collaboration.
95
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
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Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Annexe N° 3 : Liste des conventions
ratifiées par le Tchad.
I- CONVENTIONS AFRICAINES
Conventions
|
Signature
|
Adoption
|
Ratification Par le Tchad
|
Dépôt
|
Réserve ou déclaration
|
Traité instituant la Communauté Economique
Africaine
|
|
|
26/06/1993
|
|
|
Acte constitutif de l'Union Africaine
|
|
|
16/01/2001
|
|
|
Protocole relatif au Conseil de Paix et de
sécurité
|
|
|
7/04/2004
|
|
|
Protocole relatif au Parlement panafricain
|
|
|
7/01/2004
|
|
|
Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples
|
29/05/1986
|
|
9/10/1986
|
11/11/1986
|
|
Charte Africaine des Droits et du bien-être de l'Enfant
|
|
|
30/03/2000
|
|
|
Charte culturelle africaine
|
|
|
15/08/1990
|
|
|
Convention de l'OUA régissant les aspects propres
aux Réfugiés
|
|
|
12/08/1981
|
|
|
Protocole relatif aux droits de la femme en Afrique
|
6/12/2004
|
|
|
|
|
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Protocole relatif à la Cour Africaine de Justice
|
6/12/2004
|
|
|
|
|
Charte africaine relative à la démocratie, les
élections et la gouvernance
|
|
|
|
|
|
Convention de l'UA sur la prévention contre la
corruption
|
6/12/2004
|
|
|
|
|
Protocole à la Charte relative à la Cour Africaine
des Droits de l'Homme
|
6/12/2004
|
|
|
|
|
Charte africaine des droits et sur le bien-être de
l'enfant
|
6/12/2004
|
|
30/3/2000
|
|
|
Charte africaine de la jeunesse
|
22/10/2007
|
|
|
|
|
Accord multilatéral de coopération régionale
de lutte contre la traite des personnes en particulier des femmes et des
enfants (CEEAC/CEDEAO)
|
|
|
7/7/2006
|
|
|
II- CONVENTIONS INTERNATIONALES
|
|
|
|
|
Reserve
|
Convention
|
Signature
|
Adoption
|
Ratification
|
Dépôt
|
ou
|
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Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
98
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
|
|
|
|
|
déclaration
|
Statut de la Cour Pénale Internationale
|
20/10/1999
|
|
01/11/2006
|
|
|
Pacte international sur les droits civils et politiques
|
|
|
9/06/1995
|
|
|
Protocole facultatif se rapportant au Pacte relatif aux droits
civils et politiques
|
|
|
9/06/1995
|
|
|
Deuxième Protocole Facultatif se rapportant au Pacte
international sur les droits civils et politiques, visant à abolir la
peine de mort
|
|
|
|
|
|
Pacte international sur les droits économiques, sociaux et
culturels
|
|
|
9/06/1995
|
|
|
Convention relative à toutes les formes de discrimination
à l'égard des femmes
|
|
|
9/6/1995
|
|
|
Convention internationale sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination raciale
|
|
|
17/8/1977
|
|
|
Convention pour la prévention et la
|
|
|
|
|
|
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
répression du crime de génocide
|
|
|
|
|
|
Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la
production et du transfert des mines anti-personnel et leur destruction
|
6/7/1998
|
|
6/5/1999
|
|
|
Convention relative au statut des réfugiés
|
|
|
19/8/1981
|
|
|
Protocole relatif au statut des réfugiés
|
|
|
19/8/1981
|
|
|
Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruel, inhumains et dégradants
|
|
|
9/06/1995
|
|
|
Convention internationale sur la protection de tous les
travailleurs migrants et de leur famille
|
|
|
|
|
|
Convention internationale pour la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées
|
|
|
|
|
|
Convention sur la réduction des cas d'apatridie de 1961
|
|
|
12/08/1999
|
|
|
Protocole additionne I
|
|
|
03/06/1982
|
|
|
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
99
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
aux Conventions de Genève
|
|
|
|
|
|
Protocole additionne
II aux Conventions de Genève
|
|
|
03/06/1982
|
|
|
Protocole additionne
III aux Conventions de Genève
|
|
|
12/12/2002
|
|
|
Convention relative aux droits de l'enfant
|
30/09/1990
|
|
02/10/1990
|
|
|
Protocole facultatif à la Convention relative aux droits
de l'enfant concernant l'implication des enfants dans les conflits
armés
|
03/05/2002
|
|
28/08/2002
|
|
|
Protocole facultatif à la Convention relative aux droits
de l'enfant concernant la vente, la prostitution et la pornographie mettant en
scène des enfants
|
03/05/2002
|
|
28/08/2002
|
|
|
100
Mémoire de fin deformation pour l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert Consultant (DIPEC)
Rôle du ministère
tchadien chargé des droits de l'homme dans la
promotion et l'instauration d'une culture de droits et de
démocratie
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE 1
1ERE PARTIE : 14
ANALYSE CRITIQUE DE LA MISSION DU MINISTERE
14
CHAPITRE I - UNE MISSION D'APPUI ET DE PROMOTION DES
DROITS DE
L'HOMME ET DES LIBERTES 16
SECTION 1ERE : APPUI INSTITUTIONNEL ET FORMATION
17
SECTION 2 : PROMOTION DES DROITS ET DES LIBERTES 23
CHAPITRE II - LES LIMITES AUX ACTIONS DU MINISTERE
32
SECTION 1ERE : DES LIMITES LIEES A LA MAUVAISE
VOLONTE POLITIQUE 33
SECTION 2EME : CARENCES LIEES A L'APPLICATION DE SA
MISSION 41
2NDE PARTIE : 49
APPROCHES POSSIBLES D'UNE CULTURE DES DROITS ET DE
DEMOCRATIE 49
CHAPITRE I - LES ACTIONS SUSCEPTIBLES D'INSTAURATION
D'UNE CULTURE DES
DROITS 51
SECTION 1ERE : LA REDEFINITION DES PRIORITES DU
MINISTERE 52
SECTION 2EME : L'EXTENSION DES ACTIONS DU MINISTERE
58
CHAPITRE II - L'ENRACINEMENT DES DROITS DE L'HOMME
65
SECTION 1ERE : L'APPROPRIATION DES DROITS DE
L'HOMME PAR LES CITOYENS 65
SECTION 2EME : LA CONSOLIDATION DES DROITS DE
L'HOMME PAR LA POPULATION 70
CONCLUSION GENERALE 77
|