CONCLUSION
Au terme de notre travail relatif à la microfinance et
le développement socio-économique de la ville de Kinshasa : cas
de la Coopérative d'Epargne et de Crédit de la Communauté
Evangélique de l'Alliance au Congo de la Commune de Matete, il est
impérieux de tirer une conclusion.
Cette conclusion est faite en deux volets. D'abord, nous
établissons un constat sur la COOPEC CEAC/Matete ; ensuite, nous
formulons quelques recommandations.
Après avoir effectué une enquête sur un
échantillon de 50 membres de la COOPEC CEAC/Matete, nous pouvons dire
que l'absence d'un travail rémunérateur, la baisse des
activités quotidiennes, l'instabilité macroéconomique, le
manque de suivi des bénéficiaires des microcrédits, le
désengagement des autorités politico-administrative et
l'instabilité des institutions de l'Etat favorisent la
dégradation du niveau de vie des ménages, déjà
pauvres, de la ville de Kinshasa.
Il sied de souligne qu'en dépit des dépenses
qu'effectuent les bénéficiaires des microcrédits, les
ménages pauvres arrivent à couvrir leurs besoins socio-familiaux
et à payer leurs frais et charges, réalisant ainsi, tant soit
peu, l'amélioration de leurs conditions de vie. Grâce aux
microcrédits qui leur sont accordés, ces ménages arrivent
à réaliser des bénéfices par rapport aux diverses
activités et surtout de commerce qu'ils exercent. L'amélioration
des conditions de vie reste leurs priorités, d'autant qu'ils sont et
demeurent affectés par le chômage, qui sévit dans notre
pays.
La raison majeure pour laquelle les
bénéficiaires du microcrédit demandent du crédit
est le commencement d'un commerce ou d'une activité qui rapporte des
bénéfices.
Nous avons aussi relevé que les
bénéficiaires des microcrédits avaient un crédit
moyen de 1000$ US et réalisaient des
bénéfices. Ces derniers sont généralement
affectés aux dépenses personnelles, et au réinvestissement
dans le capital du commerce et d'autres activités. Ces
microcrédits sont généralement remboursés à
échéance.
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De ce qui précède, nous pouvons affirmer que
l'hypothèse de notre travail, selon laquelle le crédit de la
COOPEC CEAC/Matete améliorerait significativement les conditions de vie
des ménages pauvres de la ville de Kinshasa, est confirmée.
Nous avons aussi constaté qu'après l'octroi du
microcrédit, la COOPEC CEAC/Matete abandonne les
bénéficiaires de ce microcrédit à eux-mêmes,
alors qu'ils devraient bénéficier d'un encadrement ou d'un suivi
de sa part. Etant donné qu'en dépit de ce manque d'encadrement ou
suivi, comme dit plus haut, les enquêtés arrivent en
général à améliorer leurs conditions de vie, notre
deuxième hypothèse selon laquelle le manque d'encadrement du
crédit serait la cause du non amélioration des conditions de vie,
est infirmée.
Notons en passant que l'amélioration des conditions de
vie grâce à la microfinance dépend des facteurs comme la
source de revenu, le montant du crédit, le taux d'intérêt
débiteur, le niveau de revenu, et le secteur d'affectation du
crédit ou du microcrédit.
Ainsi, une politique susceptible d'améliorer le
fonctionnement de la COOPEC CEAC/ Matete consisterait, comme l'ont
suggéré les enquêtés, à intensifier les
actions de cette dernière, à baisser son taux
d'intérêt, à améliorer les conditions de
sécurité des ses clients, à encadrer ces derniers dans la
gestion du microcrédit octroyé, et à augmenter la
durée de l'échéance du remboursement de celui-ci.
Quelques autres propositions nous semblent pertinentes :
- le secteur judiciaire étant un préalable au
bon climat des affaires, son amélioration conditionne le
rétablissement de la confiance entre différents agents
économiques comme ceux intervenant dans le secteur de la microfinance
;
- la BCC devrait renforcer sa capacité de
contrôle, etant donné la tâche lui assignée ; elle
devrait notamment mettre sur pied des normes prudentielles nationales tenant
compte des spécificités congolaises ;
- la BCC devrait encourager les institutions qui manifestent
l'envie de se conformer à son instruction N° 1, en allégeant
les conditions d'agrément ; car en oeuvrant en marge de la loi, ces
institutions occasionnent un manque à gagner pour le trésor
public ;
- que tous les programmes du gouvernement et ceux des
partenaires au développement, comprenant une rubrique relative à
la microfinance, puissent être associés, dans leur
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exécution, à des institutions
agréées. Ce qui pourrait augmenter le coût
d'opportunité des institutions qui sont dans l'informel et constituer un
encouragement pour les autres ;
- qu'il y'ait une coordination des bailleurs de fonds du
secteur de la microfinance. Ce qui pourrait jouer un rôle important dans
la formalisation de ce secteur, en adoptant un nombre minimum des conditions
d'exigibilité communes ;
- en ce qui concerne le professionnalisme, il serait
souhaitable que cette question soit résolue à long terme et en
amont en introduisant des cours de microfinance dans les universités
;
- que les institutions de microfinance puissent constituer,
à l'insu des clients, des groupes de contrôle qui leur
permettraient de mesurer régulièrement leur impact sur la vie de
leurs clients.
Enfin, les différents acteurs intervenant dans le
secteur de la microfinance ont encore un rôle important à jouer,
à divers niveaux, pour que ce secteur puisse émerger et
contribuer à la réduction de la pauvreté en RDC.
Sans minimiser ni louer le travail que nous venons
d'effectuer, en sachant qu'aucune oeuvre humaine n'est ni parfaite, ni
exhaustive, vue que la vie nationale d'un pays représente un tout
cohérent, nous estimons que le succès et la réussite des
solutions préconisées restent tributaire de la volonté
politique, de l'implication des décideurs et de la relance de
l'économie globale du pays. Nous pensons avoir apporté notre
humble contribution aux études relative à la microfinance et au
developpement.
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