II/ EXPERTISE GEOGRAPHIQUE DU DARFOUR
1 - Historique et Contexte du Darfour
Historique :
La région du Darfour peut difficilement supporter une
importante densité de population, à l'exception des monts Marrah,
et de leurs alentours. C'est à partir de là que différents
groupes de population se répandirent pour contrôler la
région. L'histoire du Darfour est repartie en trois périodes :
L'ère des royaumes, il faut comprendre que les Dajous,
habitants du Jebel Marra, semblent avoir été le groupe dominant
au Darfour dans les plus anciens récits connus. La durée de leur
période de domination est incertaine, étant donné le peu
d'informations disponibles sur la chronologie des souverains. Selon la
tradition, la dynastie Dajou fut déposée, et l'islam introduit,
aux environs du XIVe siècle par les Toundjour (sans certitudes, sans
doute d'origine arabe), qui pénétrèrent au Darfour par le
Bornou et le Ouaddaï.
Ensuite, la période de la domination égyptienne
où les habitants du Darfour étaient réticents à
l'occupation égyptienne. Plusieurs révoltes furent
réprimées, mais en 1879, le général Gordon
(gouverneur-général du Soudan) suggéra la remise sur le
trône de l'ancienne famille royale. Cela ne se fit pas, et en 1881, le
bey Slatin (Sir Rudolf von Slatin) fut désigné gouverneur de la
province. Slatin fit la guerre contre les troupes du Mahdi autoproclamé
Mohammed Ahmad, qui étaient dirigées par un cheik rizeigat
appelé Madibbo, mais il fut obligé de se rendre (décembre
1883), et le Darfour fut incorporé aux dominions du Mahdi. Les habitants
du Darfour trouvèrent sa façon de gouverner aussi
déplaisante que ce qu'avait été celle des
Égyptiens, et une constante résistance aboutit au retrait
progressif des forces du Mahdi de la région. Après
l'éviction du successeur du Mahdi à Omdurman en 1898, le nouveau
gouvernement anglo-égyptien du Soudan reconnut Ali Dinar en 1899, un
petit-fils de Mohammed-el-Fadhl, comme sultan du Darfour, sous condition de
paiement d'un tribut annuel. Sous Ali Dinar, qui avait été
emprisonné à Omburman durant l'ère du Mahdi, le Darfour
put jouir d'une période de paix et d'un retour à une
indépendance effective.
Enfin, l'ère de la domination britannique et de
l'indépendance au milieu de la Première Guerre mondiale en 1916,
Ali Dinar s'allia avec l'Empire ottoman et déclara la guerre à la
Grande-Bretagne. La rébellion fut vaincue à la bataille de
Beringia le 22 mai 1916, Ali Dinar poursuivi et tué le 06 novembre
suivant et le pays incorporé au Soudan britannique. Le Darfour fut
intégré à la République du Soudan lors de
l'indépendance du pays en 1956. Après l'indépendance, le
Darfour servit de base au parti Oumma, dirigé par Sadeq al-Mahdi. En
1994, le Darfour fut divisé en trois États fédéraux
au sein de la République du Soudan : Nord (Chamal), Sud (Janoub), et
Ouest (Gharb) Darfour. La capitale du Nord-Darfour est Al-Fachir, Nyala pour le
Sud-Darfour et Al-Djounaïnah pour le Darfour.
La crise humanitaire au Darfour (Soudan)
Contexte :
Le Darfour en arabe (Ñæ ÑÇÏ,
DârFûr) signifie maison des « maison des Fours
» ou Fòòra, nom affectueux donné par les
peuples fours considérés comme les peuples autochtones de ladite
région. Le Darfour est en effet une région montagneuse
située au Nord - Ouest du Soudan couvrant une superficie très
proche de la France, environ 510 000 km2 de surface. Il s'étend sur le
Sahara et le sahel subsaharien. Composée essentiellement d'un plateau
aride, des monts Marrah (djebel Marrah), d'une chaîne volcanique
culminant à 3 088 m, formant le centre de la région. Le nord est
couvert d'un désert de sable, alors que le sud est couvert d'une savane.
Le Jebel Marra est le château d'eau de toute la région. Il culmine
à 3000 mètres d'altitude. Cependant, la sécheresse qui
s'est prolongée dans le Sahel a fait 300 000 morts dus à une
chute des précipitations jusqu'à 30 % en 40 ans et la progression
du Sahara. Avec une population estimée à 06 million d'habitants
en 2002 en majorité musulmane et nomades sur environ 40 millions de la
population totale du Soudan, le Darfour héberge quatre principaux
peuples qui sont d'abord les fours, qui ont donné leur nom au Darfour,
les Masalits, les Zaghawas et les Arabes. Compte environ 30 ethnies. Sa partie
Sud et son centre voient se cotoyer des populations paysannes
sédentaires et des nomades. Il existe de nombreuses tribus, qui sont
toutes musulmanes, mais qui seulement pour certaines parlent l'arabe.
Malgré les différences ethniques, ces peuples ont toujours bien
cohabité dans l'histoire. Leurs sources de revenus proviennent de
l'agriculture (dans le Djebel Marrah, existe une agriculture significativement
développée), de l'élevage, de la chasse, et d'autres
activités liées à l'exploitation du sous - sol
(pétrole, diamant, cuivre, uranium etc.), ailleurs prédominent
des zones de savane et de désert laissant donc la possibilité au
développement d'agropastoralisme et de semi - pastoralisme.
Les principales ressources naturelles du Darfour sont, le
pétrole, l'uranium, le cuivre, gaz, etc.
Les cultures traditionnelles de ladite région sont le
mil, le sorgho, l'arachide, le sésame, les fruits, la gomme arabique. Il
faut évidemment penser en termes de transition d'une économie
d'autosubsistance à une économie monétarisée, avec
un rôle croissant des commerçants et du négoce des
récoltes pour l'économie familiale. Les migrations vers les
grandes villes ou comme travailleurs agricoles dans les zones irriguées
se sont également intensifiées depuis les années 1960 et
participent aussi de la prise de conscience politique des populations. Dans la
partie septentrionale, essentiellement au Nord du Darfour mais aussi dans une
partie du Darfour occidental, compte tenu de la rareté des pluies, pour
l'essentiel, ovins et camélidés sont élevés par les
Beni Hussein, les Zeyadiyya, les Mahamid, les Mahariyya, les Ereigat, les
Zabalat.
Administrativement, le Darfour est divisé depuis 2012
en cinq États : le Darfour-Central, le Darfour du Nord, le Darfour du
Sud, le Darfour-Occidental et le Darfour-Oriental.
Les tensions qui agitaient le Darfour depuis très
longtemps ont dégénéré en un conflit armé
entre les forces non conventionnelles, les groupes milices « Janjawids
» et l'armée loyaliste du Soudan d'Omar El - BECHIR en 2003.
La crise humanitaire au Darfour (Soudan)
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