UNIVERSITE DE
KISANGANI
BP : 2012 KISANGANI
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET
POLITIQUES
APPUI DE L'UNION EUROPEENNE ALA REFORME DU SECTEUR DE
SECURITE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO. DE 2003 A 2015
251660800Département des Relations
Internationales
ANNEE ACADEMIQUE : 2015 - 2016
MEMOIRE
Présenté envue de l'obtention de Diplôme de
Licence en Relations Internationales.
Directeur : Prof EDIBA YENGEME
Encadreur : Ass. CATHERINE MOYAMU ABILO
251659776Par
Paul SAMANGUA OKITALANGE
EPIGRAPHE
« Il n'y a pas de développement sans
sécurité, il n'y a pas de sécurité sans
développement, et il ne peut y avoir ni sécurité, ni
développement si les droits humains ne sont pas
respectés »
Kofi Annan (2005)
DEDICACE
A nos chers parents, Papa Jean-Pierre OKITALANGE et Maman
Henriette WAMANU pour nous avoir légué le meilleur
héritage du monde, le chemin de l'école.
REMERCIEMENTS
La réalisation du présent mémoire de fin
d'études universitaires a été rendue possible grâce
au concours de plusieurs personnes soucieuses de nos études et qui
méritent bien de remerciements de notre part.
A tout Seigneur tout honneur, nous remercions en premier lieu,
DIEU Tout puissant, maitre de temps et des circonstances pour son amour envers
nous et surtout pour nous avoir donné l'intelligence et la sagesse mais
aussi pour nous avoir protégé durant ce long parcourt
universitaire.
Nos remerciements s'adressent en suite au professeur EDIBA
YENGEME, pour son soutien sans faille, ses conseils, ses encouragements, sa
disponibilité, et surtout pour nous avoir donné la notion de
rigueur, le goût de la recherche et du travail bien fait en sa
qualité de directeur et à l'assistante Catherine MOYAMU ABILO,
elle qui malgré ses occupations, n'a cessé de nous encourager et
surtout de nous aider à surmonter les obstacles rencontrés dans
la réalisation de ce travail pour sa qualité d'encadreur.
Nous remercions toutes les autorités de
l'Université de Kisangani en générale et celle de la
faculté des sciences sociales, administratives et politiques en
particuliers pour avoir assuré notre éducation.
Nous remercions nos parents, papa Jean-Pierre OKITALANGE et
maman Henriette WAMANU pour tous les efforts consentis à notre
éducation.
Nous pensons également à nos frères et
soeurs : Dr Cosmas NGANDU, Henriette ESANGA, Louise AKONDJAWO, Michel
WETSHOKONDA, Rémy WEMBOLOWA, Samuel WETSHIWONYA, Médard EHEKA,
François SHOK'AHONGO, pour leur affection fraternelle.
Nos hommages les plus déférents s'adressent
à notre tante Charlotte KOMBEYA et son époux Jules MUHEMEDI pour
leurs divers conseils et contributions, sans lesquels nous ne saurions pas
arriver au terme de nos études, nous vous disons encore merci.
Nos sincères remerciements s'adressent à tous
les camarades étudiants, compagnons de lutte, combattant de science en
l'occurrence : Augustin BATUKU, Patience KITATE, Timothée SURUBE,
Christian MBAVAZI, Fiston EKANGA, Pascal KOMBOZI pour le climat de
solidarité.
Nous demeurons reconnaissant à l'endroit des familles
Jules MUHEMEDI père, Fiston KIPATA, SHONGANYA, pour leurs soutiens moral
que matériel.
Nous remercions nos amis et collègues : Antoine
OMASOMBO, Michel POY, Jean LOLA, Firmin PENAWONGO, Jean-Hilaire SHOTSHA,
Benjamin AMENDJE, Raphaël OKEKE, Cédric KENGE et Maguy DEMBO NYIMA
pour les bons moments passés ensemble.
Nos vifs remerciements s'adressent à tous les membres
de la famille qui ont porté secours de près ou de loin, nous
citons ici : Maitre Trésor K, notre tante Helene MBOYANGAWO, nos
oncles Albert DJONGA et Raphael OKONGA.
Nous remercions enfin, Monsieur Blaise qui, à chaque
fois que nous sommes à la fin d'un cycle assure toujours la saisie de
nos différents travaux. Nous vous disons merci.
Que tous ceux dont les noms ne sont pas repris, trouvent ici
l'expression de notre profonde reconnaissance pour leurs diverses
contributions, la liste n'étant pas exhaustive.
Paul SAMANGUA OKITALANGE
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AEDH: Agir Ensemble pour les Droits de l'Homme
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo
ASSEN : Réseau Africain du Secteur de la
Sécurité
ALPC : Armes légères et de petit calibre
ANR : Agence Nationale de Renseignements
CAD : Comité d'Aide au Développement
CIAT : Comité International d'Accompagnement
à la Transition
CENI : Commission électorale nationale
indépendante
CIMIC : Coopération civilo-militaire
CONADER : Commission Nationale de Désarmement,
Démobilisation et Réintégration
CPR : Corps de Protection Rapproché
CSM : Conseil Supérieur de la Magistrature
DDR : Désarmement, démobilisation et
réintégration
DFID : Département pour le Développement
International (Royaume-Uni)
DGM : Direction Générale de Migration
EMG : Etat-major Général
EUPOL : Mission de Police de l'Union Européenne en
RDC
EURAC : Réseau européen pour l'Afrique
Centrale
EUSEC : Mission de Réforme du Secteur de la
Sécurité de l'Union Européenne en RDC
FAC : Forces Armées Congolaises FAC : Forces
Armées Congolaises
FARDC : Forces Armées de la République
Démocratique du Congo
FAZ : Forces Armées Zaïroises
FED : Fonds Européens de Développement
FIB : Brigade d'intervention de l'ONU en RDC (Force
Intervention Brigade)
GRIP : Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix
et la Sécurité
IDH : Indice de Développement Humain
IMATT : Equipe Internationale d'Assistance et Formation
Militaire
ISSAT : Equipe internationale de conseil au secteur de la
sécurité
ISSSS : Stratégie internationale d'appui en
matière de sécurité et de stabilisation
IT : Technologies de l'information
JT : Justice transitionnelle
MDNAC : Ministère de la Défense Nationale
et des Anciens Combattants
MISDAC : Ministère de l'Intérieur,
Sécurité, Décentralisation et Affaires
coutumières
MJDH : Ministère de la Justice et des Droits de
l'Homme
MLC : Mouvement de Libération du Congo
MNC : Mouvement National Congolais
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
MONUC : Mission des Nations Unies au Congo (RDC)
MONUSCO : Mission des Nations Unies pour la Stabilisation
au Congo (RDC)
OCDE : Organisation pour le Coopération et le
Développement économique
OIF : Organisation Internationale de la Francophonie
OMCT : Organisation mondiale contre la torture
ONU : Organisation des Nations Unies
PAQ : Plan d'Action Quinquennal
PARJE : Programme d'Appui en Renforcement de la Justice
à l'Est de la RDC
PARP : Programme d'Appui à la Réforme de la
Police en RDC
PNC : Police Nationale Congolaise
PIR : Programme indicatif régional
PROGRES : Programme d'Appui à la Réforme du
Secteur de la Défense en RDC
PESDC : Politique Extérieure de
Sécurité et de Défense commune
RCD : Rassemblement des Congolais pour la
Démocratie
RDC : République Démocratique du Congo
RRSSJ : Réseau pour la Réforme du Secteur
de la Sécurité et de la Justice
RSS : Réforme du Secteur de la
Sécurité
SINGAMIL : Système Informatique pour la Gestion et
l'Administration des Militaires
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UNHCR : Haut-commissariat des Nations Unies pour les
Réfugiés
UPI : Unité de Police Intégrée
INTRODUCTION
L'on se convient d'affirmer l'importance de la
réforme du secteur de sécurité dans le
développement d'une paix durable en République
Démocratique du Congo. En RDC, les services de sécurité
sont confrontés à deux défis majeurs : maintenir
l'ordre pendant les élections et réduire le taux de
mortalité galopant (30 000 décès par mois)
résultant du conflit. Du côté militaire, il s'agit de
créer une armée efficace disposant d'une chaine de commandement
unique plutôt que de focaliser toute l'attention sur la
démobilisation des anciens combattants1(*).
Les interventions de la communauté internationale
n'ont cessé d'augmenter en particulier depuis les années 1990. A
y regarder de plus près, elles s'inscrivent dans le prolongement des
débats et des initiatives pour répondre aux défis de la
prévention des conflits violents qui n'ont cessé d'augmenter, la
reconstruction post conflit et de la consolidation de la paix ainsi que ceux de
la bonne gouvernance. Malgré la multiplication des initiatives, des
interrogations subsistent sur la définition du concept de la
réforme du secteur de sécurité et ses dimensions, ainsi
que sur l'impact de cette réforme sur terrain, notamment dans les pays
africains post-conflit. Il n'existe non plus d'approches partagées par
tous les acteurs en matière de conception et de la formulation de
politiques opérationnelles dans ce domaine.
Parlant de la quête de puissance par la RDC,
OSSOKAPITA2(*) a
définit les conditions et les stratégies de la quête de
puissance par la RDC pour la période allant de 1998 à 2010.
Il pense que devenir une puissance n'est pas une mince
affaire, il est question de s'organiser au niveau interne et externe, car ceux
qui sont appelés aujourd'hui puissants ne sont pas nés puissants
et les faibles ne sont pas nés également faibles mais c'est un
problème de la redynamisation des stratégies à
émettre d'autant plus qu'il n'est pas question de rester ferme à
la conception de considérer que ceux qui sont aujourd'hui fort resteront
éternel et les faibles demeurons.
Consacrant la réflexion sur Reforme du secteur de
sécurité en RDC, le groupe international Crisis3(*) pense que :
Les efforts de réforme de l'armée et de la
police en RDC doivent recommencer à partir de zéro. Pendant des
années, voire des décennies, l'armée et, dans une
moindre mesure, la police, ne servaient pas à assurer la
sécurité publique mais étaient essentiellement des
organes «prédateurs» à la solde de politiciens et
d'officiers poursuivant des buts politiques et économiques personnels
tout en perpétrant des violations massives des droits de l'homme. Les
nouvelles institutions congolaises et les bailleurs de fonds doivent
éviter les écueils du passé.
Le groupe est parti encore de la réflexion selon la
quelle, actuel système de sécurité est le descendant
direct des structures mises en place pendant la période coloniale et
maintenues sous la dictature de Mobutu Sese Seko: une armée
omniprésente aux effectifs trop grands et une police faible.
Contrairement aux autres puissances coloniales, le roi Léopold II
et, plus tard, l'État belge, n'ont pas fait la distinction entre
les forces militaires et policières. Une «Force publique»
unique fut mise en place en 1888 afin de maintenir l'ordre public interne et
protéger le pays contre les menaces externes.
Le groupe a conclu que même si les forces de police, de
gendarmerie et de la garde civile ont existé à
différentes époques après l'indépendance, Mobutu
avait tendance à utiliser l'armée contre les menaces
aussi bien externes qu'internes. Craignant un coup d'État, il a
placé aux postes clés des officiers de sa tribu et de sa
région natale, la province de l'Équateur, et
éliminé violemment ceux qui appartenaient à d'autres
groupes ethniques.
S'agissant de la réforme du secteur de
sécurité dans les pays en développement et en transition,
Hubert Wulf4(*) se
résume en ces mots :
Les politiques des donateurs sont harmonisées mais dans
de nombreux cas, diamétralement opposées. De nombreuses
organisations internationales qui mettent en avant la démocratie comme
une norme universelle n'adhèrent pas forcément à ces
normes.
Il pense que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International sont guidés par les principes de leurs importants
actionnaires du «Nord» tout en imposant des programmes de
réformes structurelles sur les pays hôtes afin de
réaliser la démocratie et la bonne gouvernance. Même
l'ONU n'est pas démocratiquement organisée, elle compte
beaucoup de pays membres non démocratiques influençant ses
programmes.
Pour les donateurs, un test décisif dans la
réforme du secteur de la sécurité est de savoir si les
relations de défense (en particulier les intérêts
sur les armes exportées) font partie ou non de leurs programmes
de réforme du secteur de la sécurité. Il semble que loin
de suivre cette voie, les principaux donateurs poursuivent leurs
intérêts dans les exportations à travers leurs
ministères et leurs agences de l'économie et du commerce
extérieur, tandis que leurs ministères des affaires
étrangères et leurs agences de coopération
économique poursuivent l'ordre du jour de la réforme du secteur
de la sécurité.
Ainsi il conclu que, l'aide étrangère dans
cette zone est caractérisée par le manque de
cohérence parmi les différents donateurs et dans de
nombreux pays entre les différentes agences prenant part à
la coopération économique et pour le développement.
Ceci est en contraste flagrant avec l'assentiment général
sur le fait que le manque de sécurité des personnes est un
obstacle fondamental au développement. L'implication dans la
réforme du secteur de la sécurité requiert au moins une
application stricte des critères de développement pour «ne
pas faire de mal» («do no harm»).
Fred Ngoy5(*) dit que La réforme a pour but de garantir
à l'Etat et aux populations une sécurité efficace et
responsable. Elle modifie les institutions pour qu'elles soient plus
professionnelles et pour qu'elles soient tenues de rendre des comptes. C'est un
processus dirigé par les autorités nationales, et la
réforme doit être menée sans discrimination et dans le
plein respect des droits de l'homme et de l'État de droit.
Il pense qu'il n'existe pas de modèle universel de
secteur de la sécurité. L'ONU considère néanmoins
que ce secteur doit normalement comprendre des structures, des institutions et
un personnel responsable de la gestion, de la garantie et du contrôle de
la sécurité. Par exemple: les forces armées, les services
de répression, les services pénitentiaires, les services de
renseignement, et les institutions responsables du contrôle des
frontières, des douanes et de la protection civile.
Dans certains cas, le secteur comprend également
certains éléments du système judiciaire appelés
à connaître des cas de délit et de mauvais usage de la
force. Le secteur de la sécurité doit également comporter
des organes de gestion et de contrôle et, dans certains cas, peut faire
appel à la participation de prestataires informels ou traditionnels de
services de sécurité.
Il conclu que dans d'autres contextes, la réforme du
secteur de la sécurité peut même empêcher qu'un
conflit ou une crise n'éclate ou ne reprenne et c'est un processus
auquel beaucoup d'États ont recours périodiquement pour faire
face à des menaces émergentes ou à des pressions internes
ou externes potentielles.
ISSA HAMZATI a cherché à savoir en quel terme
faut-il inscrire le défi que l'armée nationale aura à
faire face à l'intégrité territoriale après le
retrait des troupes étrangère de la RDC.
A l'issue de ses recherches, il a conclu que la reconstruction
et la réorganisation de l'armée nationale pourraient se buter
à des obstacles comme séquelles de divisions des politiques et
des militaires par l'effet des différentes guerres dans notre pays,
l'absence de la prise de conscience, l'influence des pays voisins, l'ethnisme,
le tribalisme.
S'agissant de la politisation des FARDC face au défi de
la formation d'une armée républicaine, IPUNGU KANYOMBE6(*), a voulu savoir pour quoi la
formation d'une armée républicaine ne pas jusque là
effective ? Il a aussi voulu savoir s'il existe au sein des FARDC une
neutralité face aux idéologies politiques.
L'auteur a conclu que la formation d'une armée n'est
pas encore effective suite à l'instrumentalisation directe ou indirecte
des FARDC par les acteurs politiques et les puissances tutélaires
Il a encore conclu qu'il n'existe aucune neutralité des
FARDC face au pouvoir politique d'autant plus que celles-ci font partie de
l'ordre de dirigeant. L'élite militaire congolaise est dans la
majorité des cas membre à part entière des configurations
dirigeantes et ne sauraient par conséquent remettre en cause
l'équilibre des positions dans la hiérarchie des positions de
pouvoir. L'armée comme élément de la coalition dirigeante
est donc solidaire des intérêts du groupe dominant.
VIAUD et DELESTAPIS7(*) ont mis en exergue les détails matériels
des armées dont celle du Zaïre. Ils ont voulu faire voir
l'importance qu'accordent les pays africains ou du moins les leaders africains
à la coopération militaire avec les pays du nord pour la
fourniture et l'entretien des équipements militaires. Ils ont
précisés les acquisitions ainsi que les modifications des
unités matérielles des armées africaines de 1971 à
1986, les pays occidentaux qui leur en sont les principaux fournisseurs ainsi
que la masse budgétaire mobilisé à cette fin. De cet
ouvrage apparait l'importance de la coopération militaire pour
l'acquisition des matériels nécessaires à l'appui des
effectifs humains et du devoir de la puissance publique d'arrêter un
programme rigoureux et régulier dans le but de promouvoir les
potentialités d'une armée.
De leur côté, KOSSI AGOKILA et ALL8(*), pensent que la
théorisation et cette mise en oeuvre de la réforme du secteur de
sécurité ne sauraient bien sûr minimiser par outre mesure
le fait que les réalités et défis que la réforme du
secteur de sécurité est censée relever sont globalement
communs à la plu part des Etats africains quelque soit leur
héritage colonial. Cependant, comme leurs analyses les démontrent
abondamment, pour répondre spécifiquement aux défis aux
quels sont confrontés les Etats francophones, la réforme du
secteur de sécurité, dans la pratique, devra être
guidée par la prise en compte des particularités propres à
cet espace linguistique et politique, particulièrement celle de
l'héritage institutionnel dans lequel s'inscrivent la structure et le
fonctionnement des différentes composantes des secteurs de
sécurité.
Boubacar N'Diaye9(*), après avoir posé le postulat du lien
intrinsèque entre le parlementarisme, la réforme du secteur de
sécurité et démocratie évoque le système de
contrôle parlementaire en Afrique francophone qui dérive lui aussi
largement du système institutionnel français.
Ainsi, les institutions africaines inspirées des
institutions de la république reconnaissent-elles indéniablement
un certain nombre de prérogatives au pouvoir législatif par
ailleurs, la plupart des constitutions des Etats africains francophones
reconnaissent que l'organisation de la défense nationale relève
du domaine de la loi. Cependant, à la primauté de
l'exécutif, le parlement se trouve dans une large mesure
marginalisé.
Ces derniers auteurs se sont beaucoup penchés sur
quelque chose d'important d'autant plus que le cadre institutionnel,
inspirateur des pays en développement est un facteur déterminant
dans les enjeux de la réforme du secteur de sécurité, si
bien que leur analyse tend à revêtir la dimension
politico-culturelle qui n'est pas du tout statique dans la perception des
affaires politiques en Afrique.
Ce qui nous démarque de ces auteurs est que nous
analysons un cas concret, l'appui de l'Union Européenne à la
réforme du secteur de sécurité en RDC, nous essayons de
montrer pourquoi le gouvernement congolais a-t-il initié la RSS et
comment elle est appuyer par l'Union Européenne.
Au cours de la dernière décennie, la reforme du
secteur de sécurité est devenue un élément central
de l'agenda international dans les Etats touchés par les conflits. Il
existe un consensus croissant parmi les bailleurs sur la
nécessité de mettre en place une reforme de secteur de
sécurité pour toute stabilisation et reconstruction efficaces.
Depuis 2003, cette prise de conscience s'est traduite en RDC
par une variété d'initiative menée avec le soutien des
bailleurs dans les secteurs de la police, de la défense et de la
justice. Si certaines de ces initiatives ont pu paraitre initialement
prometteuses, globalement, les progrès en matière de reforme de
secteur de sécurité en RDC sont très limités.
Les observateurs tiennent pour responsables des
problèmes actuels à la fois le gouvernement et la
communauté internationale10(*) : la communauté internationale parce
qu'elle n'a pas si comprendre la complexité de l'environnement des
reformes, fournir une mission de maintien de la paix d'une ampleur et d'une
force suffisantes, investir les ressources nécessaires et coordonner
efficacement les nombreuses initiatives d'assistance bilatérale et
multilatérale ; le gouvernement est pour sa part critiqué
pour son manque d'engagement politique11(*) dans le processus de reforme, pour avoir
accordé la priorité aux actions ou opérations militaires
pour défaire les rebelles au détriment des reformes
institutionnelles et à la protection de la population civile et pour ne
pas su s'attaquer à la culture de l'impunité qui
caractérise les forces de la sécurité.
Ainsi, concernant notre étude ; nous tenterons de
répondre aux préoccupations suivantes :
1. Pourquoi le gouvernement congolais a-t-il initié la
reforme du secteur de sécurité et quelles sont les actions
prioritaires de cette reforme ?
2. Comment l'Union Européenne appuie le gouvernement de
la RDC dans la reforme du secteur de sécurité et quel bilan peut
on faire de cet appui ?
Répondre à ces questions constitue pour nous les
voies et moyens pouvant conduire notre travail vers un résultat
escompté. Toute fois, il nous importe d'émettre les
hypothèses à ces questions.
L'hypothèse, selon PINTO12(*), se définit comme une
réponse provisoire à la question posée, une proposition
relative à l'explication d'un problème, d'un
phénomène, d'une cause provisoire. C'est une relation
supposée en une cause et un effet.
Par ailleurs, Grawitz13(*) affirme que l'hypothèse doit être
formulée à des termes tels que l'observation et l'analyse
puissent fournir une réponse à la question posée. De ce
qui précède, nous aurons à vérifier les
hypothèses selon lesquelles
1. La destruction des forces de sécurité, les
années de crise et des guerres ayant affaiblies l'autorité de
l'Etat, l'incapacité des systèmes judiciaires (cours et tribunaux
civil et militaire), parlementaires d'exercer un contrôle externe des
forces de sécurité affectés par la corruption et les
violations graves des droits de l'homme seraient les causes de l'initiation de
la RSS par le gouvernement de la RDC. Les actions prioritaires seraient la
restructuration et l'intégration de l'armée, la formation d'une
police intégrée d'une part, l'amélioration du
système judiciaire et de la bonne gouvernance d'autre part.
2. L'Union Européenne appuierait le gouvernement
congolais par ses missions de conseil et d'assistance en matière de RSS
(missions EUSEC et EUPOL. Le bilan serait signifiant car Les ressources
investies par l'UE et d'autres partenaires internationaux en RDC auraient
permis de réaliser des progrès significatifs en matière de
Réforme du Secteur de la Sécurité. Les missions de la
PESDC de l'UE, EUSEC et EUPOL, auraient soutenu le Gouvernement congolais dans
l'adoption de législations indispensables pour une RSS cohérente
et efficace. De plus, l'enregistrement biométrique des soldats et la
division claire entre la chaîne des paiements et la chaîne de
commandement ont contribué à une plus grande cohérence au
sein de l'armée et à une efficacité accrue des FARDC.
Cependant, des défis considérables
persisteraient en vue de l'approfondissement de cette réforme et de la
consolidation des acquis engrangés pour les trois piliers de la RSS,
à savoir: l'armée, la police, et la justice.
En entreprenant cette étude, nous nous sommes
fixés 2 objectifs :
- Montrer pourquoi le gouvernement congolais a-t-il
initié la RSS et d'en présenter le plan de la dite reforme;
- Montrer comment l'Union Européenne appuie cette
reforme tout en faisant un bilan.
La méthode telle que conçue par OTEMIKONGO
MANDEFU14(*), c'est
une « démarche intellectuelle exigée par le
schéma théorique approprié en vue d'expliquer une
série des phénomènes observés ». Elle est
donc l'ensemble des opérations intellectuelles par les quelles une
discipline cherche à atteindre la vérité qu'elle poursuit,
les démontre et les vérifies.
A la suite d'OTEMIKONGO, nous disons tout simplement que la
méthode est une voie qu'empreinte le chercheur pour arriver à
l'explication de fait observés. Elle coordonne en outre plusieurs
techniques qui sont les moyens concrets.
Pour réussir l'explication du problème sous
examen, nous avons fait recours à la méthode d'analyse
stratégique de M. Croisier et E. Freiberg15(*) qui consiste à se
servir des données recueillies lors des entretiens pour définir
les stratégies futures probables que les acteurs vont poursuivre les uns
à l'égard des autres.
Conformément au Protocol descriptif de cette
méthode, l'opérationnalisation de notre objet d'étude
s'effectue en neuf étapes de la manière suivante :
1. Listage des acteurs du processus
étudié : individus ou groupe d'individus censé
réagir spécifiquement à la question de la réforme
du secteur de sécurité. On cite ici l'armée, la police,
les cours et tribunaux, partenaires internationaux et autres institutions de la
République ;
2. Observation et description des stratégies des
acteurs : à savoir les actions coordonnées de ces acteurs,
ce qui nous a permis d'en saisir les objectifs qui se résument en la
défense l'intégrité territoriale et de l'ordre public, en
la protection des personnes et de leurs biens, au maintien de la justice et au
concours de la paix et de la sécurité nationale. Le tout
constitue pratiquement le noeud ;
3. Repérage des enjeux de pouvoir : les
élections de 2006, 2011 et 2016 qui se prêtent à l'horizon
constituent des enjeux forts favorables à l'intégration effective
de la réforme du secteur de sécurité dans les programmes
institutionnels du pays contre bien sûr les ambitions
démesurées et antidémocratiques ne cessant de nourrir
certains politiques congolais. La méthode d'analyse stratégique
nous a fait comprendre à travers cette étape que la corruption,
la politique des alliances, etc. sont également des enjeux fort
négatif pouvant bloquer la promotion de la réforme du secteur de
sécurité ;
4. Détermination des ressources des acteurs par rapport
à leurs objectifs : certes, les groupes d'acteur
susmentionnés ont chacun des instruments d'influences politiques, l'un
vis-à-vis de l'autre, qui peut faciliter le processus. Notamment, la loi
fondamentale demeure au coeur de tous les instruments dont on peut avoir
besoin ;
5. Saisie de la culture des acteurs : en
République Démocratique du Congo ; les militaires et les
policiers face à leur mauvais traitement salarial s'obligent à
des actions susceptibles de tout bloquer. De même, les magistrats n'ont
pas de choix devant celui qui est au pouvoir, car tout dépend de lui. Ne
parlons plus des institutions parlementaires devenues des véritables
bastions des théâtres politiques où se démontrent,
à une plus forte expertise et ingéniosité, le savoir
maintenir sa survie et celle de sa progéniture. Les grandes questions
sécuritaires font pratiquement objet de poésie et de sentence de
toute qualité ;
6. Hypothèse sur l'attitude future probable : le
respect de la loi reste le principe le plus crucial qui déclencherait
positivement le processus de la réforme du secteur de
sécurité. Car plus la loi resterait les lettres mortes, moins le
pays sera consolidé par la réforme du secteur de
sécurité et moins le défi de la révolution de la
modernité sera relevé ;
7. Le bilan en matière de sécurité en
République Démocratique du Congo est tellement sombre qu'il ne se
passe des jours sans l'on puisse apprendre des échos y afférents.
Donc la situation sécuritaire est catastrophique et demande des actions
très concertés et réfléchies pour la
réforme du secteur de sécurité son intégration dans
le programmes institutionnels ;
8. Risque encouru : le pays étant envahi des
politiques avides d'argent et de pouvoir et non épris des valeurs
républicaines ; il y a lieu de savoir toujours que la
matière d'éducation civique est un domaine important pour
décourager des acteurs prêts à tout et éveiller la
conscience du congolais sur sa responsabilité citoyenne vis-à-vis
de sa propre sécurité sans la quelle le développement tant
entendu ne sera possible ;
9. La recherche des points faibles et proposition de
correction en matière de sécurité : le tribalisme, le
régionalisme, la politisation du secteur de sécurité
étant des faiblesses caractérisant notre pays, il est
préférable d'organiser ce secteur en tenant compte de
compétences, des réalités géostratégiques et
de l'intérieur national, quand en ce qui concerne la promotion et
l'affectation des acteurs, la définition de terme de
référence dans des contextes spécifiquement
sécuritaires.
Pour la récolte des données, nous avons fait
recours à la technique documentaire, à l'interview libre et
à l'observation participante.
La technique documentaire nous a permis de rassembler les
informations relatives à notre recherche à partir des archives,
des articles, de revue, des dictionnaires, des documents officiels,...
L'interview libre nous a permis de recueillir au près
de certains officiers de la police et de l'armée certaines informations
cadrant à notre sujet.
Quand à la technique d'observation directe, elle nous a
aidé à suivre par nous même le déroulement du
processus de la réforme du secteur de sécurité en
République Démocratique du Congo.
Pour la technique de traitement des données, nous avons
utilisé la technique d'analyse de contenue.
Toute étude en relations Internationales n'a de sens
que lorsqu'elle est fondée sur une théorie. Cependant, nous avons
recouru dans cette étude à la théorie
d'interdépendance complexe de Robert Keohane et Joseph Nye.
Cette théorie montre que la dépendance mutuelle
des Etats et la limitation de leurs manoeuvres traditionnelles soulignent leur
connexion les un à l'égard des autres par des réseaux
complexes d'échange.
De ce fait, les Etats sont de moins à moins libre
d'agir seuls et deviennent de plus en plus interdépendant sur le plan
économique, militaire, technologique, culturel16(*),...
Notre travail revêt un double
intérêt : un intérêt pratique et
scientifique.
Scientifique dans le sens que ce travail est notre
contribution à la politique internationale et l'approfondissement du
débat sur la coopération internationale en matière de
sécurité dans le pays poste conflit.
Pratique du fait qu'il servira d'un cadre de
référence susceptible de permettre aux hommes politiques
congolais, aux différents acteurs institutionnels ainsi qu'aux
principaux donateurs de se comporter conséquemment, et c'est avec toute
citoyenneté possible, vis-à-vis des contraintes pouvant faciliter
l'intégration de la réforme du secteur de sécurité
dans le programme d'action nationaux.
Dans un travail scientifique, il est de coutume de
délimiter le travail dans le temps et dans l'espace. Dans le temps notre
étude couvre la période allant de 2003 à 2015. Date
à la quelle l'Union Européenne a déployée sa tout
première force en Afrique plus particulièrement en RDC
Sur le plan spatial, il couvre l'ensemble du territoire
national de la RDC et certains donateurs internationaux dont nous citons en
premier lieu l'Union Européenne, les Nations Unies et le Comité
d'Aide au Développement.
Hormis l'introduction et la conclusion, le présent
travail est subdivisé en trois chapitres : le premier chapitre
traite des généralités, le deuxième chapitre parle
du cadre historique et juridique de la réforme secteur de
sécurité en RDC et le dernier est consacré à
l'analyse du soutien de l'Union Européenne dans la réforme du
secteur de sécurité en RDC.
Il est quasi impossible de ne pas rencontrer des
difficultés dans la réalisation d'un travail scientifique. Dans
la réalisation de ce travail nous nous sommes buté aux
problèmes de documentation. L'impossibilité de consulter certains
documents officiels ayant trait à notre objet d'étude a
constitué notre difficulté majeure qui a été
contourné par l'internet.
CHAPITRE I. CONSIDERATIONS
GENERALES
Les points suivants seront traités dans ce
chapitre : le premier point portera sur la compréhension des
concepts, le deuxième sur la considération théorique et
l'émergence du concept réforme de secteur de
sécurité et le troisième et dernier point portera sur la
présentation des milieux d'études.
1.1. COMPREHENSION DES CONCEPTS
Il est question de définir dans ce point les concepts
suivants : appui, réforme et sécurité.
1.1.1. Appui
Selon le dictionnaire le Robert17(*), le terme
« appui » signifie action d'appuyer, de s'appuyer sur
quelque chose, ce qui sert à soutenir.
Le dictionnaire Larousse de poche quant18(*) à lui définit le
mot « appui » comme, un soutien, un support, une aide, une
protection pour servir la conformation.
Quant à nous, nous définissons le terme appui
comme étant un soutien apporter dans un secteur pour son
amélioration.
1.1.2. Réforme
Selon le Petit Larousse19(*), le concept « Réforme »
renvoie à deux signifiants, à savoir : retour à une
observance stricte de la règle primitive dans un ordre religieux ;
changement important, radical apporté à quelque chose, en
particulier à une institution, en vue de l'améliorer.
Le Dictionnaire Français le Robert20(*) définit quant à
lui la « Réforme », comme étant un changement
qu'on apporte (dans les moeurs, lois, les institutions) afin d'en obtenir de
meilleurs résultats. Il s'agit d'un changement progressif (opposé
à la révolution).
Dans le cadre de notre étude, par réforme, nous
entendons toutes politiques mises en oeuvre pour le changement,
l'amélioration et le développement des institutions (lois et
organismes)
1.1.3. Sécurité
La notion de sécurité est omni présente
dans les préoccupations quotidiennes des individus et touche
pratiquement tous les aspects de la vie. On parle de la sécurité
sociale, de la sécurité aérienne, de la
sécurité routière, de la sécurité
environnementale, etc.
En fait, la notion de sécurité parait si
évidente que l'on ne se donne pas la peine de s'interroger sur elle.
Elle est là, elle va de soi. Or comme le dit Arthur Koestler21(*), les choses les plus
évidentes sont celle qui méritent le plus d'être
examinées.
Pendant long temps, sous l'influence de la vision
réaliste du monde, la réponse qui emporta l'adhésion
quasi-totale de tous a été de concevoir la sécurité
comme une question de survie et de lui pré supposer une menace
existentielle. On l'appréhende essentiellement comme ayant trait
à la survie physique de l'Etat nation et l'agression armée
potentielle contre lui. Réduite ainsi à une question de
protection et de défense, elle fut considérée comme
constituant l'objet privilégié des études de la
défense et de la stratégie.
Sous l'emprise de cette approche, les analyses en relations
internationales se sont cantonnées à appréhender la
sécurité plus comme un objet empirique que comme un concept. Ce
choix s'explique par la fusion effectuée par le réalisme entre
les notions de sécurité et de puissance. La
sécurité a été reléguée au statut
d'indicateur des succès des Etats dans la compétition militaire.
Dès lors, les analyses portant sur elle se sont réduites à
une cartographie de la puissance et des menaces militaires.
Traditionnellement, en relations Internationales, le concept
« sécurité » signifiait la protection d'un
Etat, est donc de sa population, contre une menace, normalement militaire. A
une époque où les débats sur l'ontologie des
théories des relations internationales remettent en cause l'idée
que l'Etat soit l'acteur principal du système international, et que l'on
explore les différentes sources possibles de menace ou
d'insécurité, cette vision simpliste de la sécurité
ne tient plus.
Parler de sécurité suppose répondre
à au moins six questions. Premièrement, il faut savoir quoi ou
qui doit être sécurisé. Autrement dit quel est l'objet
référent de la sécurité ? Deuxièmement
quelle est la nature de la menace ? Celle-ci n'est plus essentiellement
militaire22(*).
Troisièmement qui doit assurer la
sécurité car traditionnellement, l'Etat ne suffit plus ?
D'une part les institutions internationales se voient dotées d'un
rôle de plus en plus important sur le plan de sécurité
internationale, et de la sécurité à l'intérieur des
Etats, et d'autre part, on assiste à une privatisation grandissante de
la sécurité ; non seulement sous forme des mercenaires dans
les pays envoie de développement mais aussi dans les pays
industrialisés où les sociétés de
sécurité privées prennent de plus en plus de place.
Quatrièmement, comment assure-t-on la
sécurité ? À une époque où la
sécurité ne se limite plus au domaine militaire, les instruments
militaires ne suffisent plus pour protéger contre certains types de
menace. Etroitement liée à celle-ci est une cinquième
interrogation :
Avons-nous une conception positive ou négative de la
sécurité ? Une conception négative voit la
sécurité avant tout comme l'absence de la menace, et donc la
meilleur façon d'assurer qu'une telle situation existe est
d'éliminer physiquement la menace en question, à défaut de
quoi il faut renforcer ses défenses contre celle-ci. Une conception
négative de la sécurité est fondée sur la
méfiance de l'autre et sur l'existence perpétuelle à un
dilemme de la sécurité. Une vision plus positive de la
sécurité suppose au moins deux idées : souvent la
meilleure façon de chercher la sécurité est de rassurer
ceux qui se méfient de vous ; la sécurité ne signifie
pas seulement éliminer la menace immédiate mais aussi de
travailler sur les sources de l'insécurité. Dans la pratique, la
plupart des Etats industrialisés mélangent ces deux
conceptions.
Enfin, sixièmement, on doit se demander dans quelle
mesure il est possible de distinguer la sécurité internes ;
externe de la sécurité internationale ? La
sécurité interne appartenait au domaine de l'Etat, la
sécurité extérieure au domaine de la politique
étrangère tandis que la sécurité internationale
était la préoccupation principale des adeptes des relations
internationales au sens strict du terme. A l'époque de la globalisation,
il est de moins en moins certain que l'on pourra tenir de telles
distinctions.
Le Dictionnaire le Robert23(*) définit encore le terme
`sécurité » comme étant un état d'esprit
confiant et tranquille. Absence réelle de danger.
Sans entrer dans toute discussion sur la nature de la
sécurité depuis la fin de la guerre froide, on peut dire que
même dans les approches les plus classiques, la notion de
sécurité n'est plus tout a fait ce qu'elle était du moins
dans le cadre de notre étude, elle signifie tout simplement l'ensemble
d'indices qui garantissent le bien être.
1.2. CONSIDERATION THEORIQUE ET
EMERGENCE DU CONCEPT REFORME DU SECTEUR DE SECURITE
L'émergence du concept de la réforme du secteur
de sécurité s'inscrit dans l'évolution des débats
sur les questions de sécurité et de développement
menées par les donateurs depuis la fin de guerre froide.
La formulation du concept de « Security
first » en 1997 par le comité d'aide au développement
(CAD) de l'organisation de coopération et de développement
économique (OCDE) constitue un moment important. Elle affirme pour la
première fois l'interdépendance entre sécurité et
développement en soulignant en même temps le rôle de la
coopération au développement dans la prévention des
conflits et la construction de la paix dans le but d'instaurer une
stabilité structurelle24(*).
Les réflexions sur la réforme du secteur de
sécurité s'inscrivent dans ces processus des années 90
où les donateurs cherchent à s'adapter à
l'évolution des pays en développement caractérisée
par la multiplication des conflits violents intra-étatiques et
l'instauration du multipartisme politique.
Cette conception semble avoir été adoptée
par différents donateurs dans leurs lignes directrices avec, parfois,
des variantes mineures. Si le comité d'aide au développement a
été pionnier en matière de réflexions sur la
réforme du secteur de sécurité dès le milieu des
années 90, la problématique est devenue aujourd'hui la
priorité au niveau de l'ensemble des acteurs de la coopération
internationale. Les initiatives suivantes en témoignent25(*) :
- Dans le cadre du comité d'aide au
développement de l'organisation et de développement
économique, des lignes directrices intitulés
« réforme des systèmes de sécurité et de
gouvernance : principes et bonnes pratiques » ont
été conceptualisées, puis traduites en principes
politiques et opérationnels
- L'Union Européenne a adopté le concept pour le
soutien à la réforme du secteur de sécurité en
matière de politique extérieure de sécurité et de
défense (2003) et une communication de la communauté
européenne précise les modalités de son appui en la
matière (2006)26(*).
En outre, l'Union Européenne a déployée
plusieurs missions de PESD (Politique Extérieure de
Sécurité et de Défense) dans la réforme du secteur
de sécurité (en RDC et au Guinée Bissau), et s'efforce de
développer une approche intégrée et inter piliers,
c'est-à-dire prenant en compte tous les instruments de la
communauté européenne, Fond européens au
développement (FED) et instrument de stabilité.
L'ONU dispose également d'un cadre stratégique
en matière d'appui à la réforme du secteur de
sécurité proposé dans le rapport du secrétaire
général de janvier 2008 à la demande de l'assemblée
générale et du Conseil de Sécurité. Il s'ajoute aux
actions déjà menées notamment par le PNUD et dans le cadre
des opérations de la paix.
- Enfin, plusieurs donateurs bilatéraux ont
également développé ou développent des
stratégies nationales d'appui à la réforme du secteur de
sécurité, notamment la Grande Bretagne, les pays Bas et la
France27(*).
La plupart des donateurs se référent aux lignes
directrices et aux principes du comité d'aide au développement de
l'organisation de coopération et de développement
économique, qui travaille sur la réforme du secteur de
sécurité depuis 1997, à travers notamment son
réseau. Sur le conflit, la paix et la coopération pour le
développement c'est dire que les travaux récents sur la RSS
s'inscrivent dans le prolongement et l'approfondissement des travaux
antérieurs. Pour l'organisation de coopération et de
développement économique, la RSS est une composante de l'action
engagée à l'appui de la « sécurité
humaine » même si les objectifs de cette dernière
dépassent ceux de la réforme de secteur de
sécurité.
Le concept de réforme du secteur de la
sécurité est souvent utilisé pour définir le
processus, par lequel un pays donné s'attache à évaluer et
à améliorer l'efficacité et la responsabilité des
prestataires des services de sécurité et de justice. Même
si le concept continue d'évoluer et si cette définition
connaît quelques variantes, on entend généralement par la
RSS :
Ø un processus qui nécessite une appropriation
réelle des autorités nationales et dont l'objectif est d'assurer
que les prestataires des services de sécurité et de justice
fournissent...
Ø des services de sécurité et de justice
efficaces qui répondent aux besoins de la population. Il faut aussi que
les prestataires des services de sécurité et de justice
soient...
Ø responsables de leurs actions à l'Etat et
à ses citoyens, tout en respectant les principes de la bonne
gouvernance, de l'état de droit et des droits de l'homme.
1.3. PRESENTATION DE L'UNION
EUROPEENNE ET DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Les points suivants seront traités
dans cette section : présentation de l'Union Européenne,
présentation de la RDC.
1.3.1. PRESENTATION DE L'UNION
EUROPEENNE
Il est question ici de donner les grandes dates de la
construction de l'Union Européenne ainsi que le fonctionnement de ses
principales institutions.
1.3.1.1. Grande dates de la
construction de l'Union Européenne
L'Union Européenne s'est construite progressivement
depuis 60 ans :
Le 9 mai 1950 ; le ministre français des affaires
étrangères, Robert SCHUMAN, prononce, lors d'une
conférence de presse au quai d'ers ay, une déclaration
historique. Il appelle à la mise en commun des productions de charbon et
d'acier de la France et de l'Allemagne, au sein d'une organisation ouverte aux
pays de l'Europe.
Son but est d'assurer une paix durable en Europe, grâce
au développement d'une solidarité de production entre la France
et l'Allemagne, rendant impossible tout affrontement entre ces deux pays. Cette
organisation constituerait une première étape vers une
fédération européenne. Le plan proposé dans cette
déclaration a été élaboré par Jean MONNET,
alors commissaire général au plan28(*).
Le 18 avril 1951, la communauté européenne du
charbon et d'acier (CECA) est créée, pour une durée de 50
ans, avec la signature du traité de Paris par six pays : la
Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la
République fédérale d'Allemagne.
Le 25 mars 1957, deux traités sont signés
à Rome par les six pays européens ayant participé à
la création de la CECA. Le premier institue la communauté
économique européenne (CEE), qui a pour but la mise en place d'un
marché commun, et le second la communauté européenne de
l'énergie atomique (CEEA) dite EURATOM.
A la différence du traité de la CECA, les deux
traités de Rome sont conclus pour une durée illimitée.
Le 14 janvier 1962, les premiers règlements sur la
politique agricole commune.
Le 1er juillet 1968, les droits de douanes entre
les six membres de la CEE sont totalement supprimés. Un tarif douanier
commun est mis en place aux frontières extérieures de la CEE.
Le 1er janvier 1973 l'Europe des 9 : premier
élargissement de la CEE avec l'adhésion du Danemark, de
l'Irlande et du Royaume-Uni.
Le 1er janvier 1981 : une Europe à 10,
deuxième élargissement, la Grèce entre dans la CEE.
Le 14 juin 1985, la France, la Belgique, le Luxembourg, les
Pays-Bas et la République fédérale d'Allemagne (RFA) signe
à Schengen des accords prévoyant la suppression progressive des
frontières entre ces Etats et la libre circulation des personnes, mais
la convention d'application n'est signée que le 19 juin 1990 et entre en
vigueur seulement le 26 mars 1995.
Le 1er janvier 1986, l'Europe de 12 : un
troisième élargissement de la CEE avec l'arrivé de
l'Espagne et du Portugal. Le 17 et 28 février 1986, les 12 pays signent
à Luxembourg et la Haye, l'acte unique qui modifie le traité de
Rome sur la CEE (9 Etats signent le 17, le Danemark, l'Italie et la
Grèce signent le 28). Il fixe l'échéance pour la
réalisation du marché intérieur unique au 31
décembre 1992. Celui-ci entre en vigueur le 1er janvier
1993.
Le 07 février 1992 à Maastricht, est
signé le traité sur la création de l'Union
Européenne. Celle-ci se constitue de 3 piliers : les
communautés (CECA, CE, CEEA), la politique étrangère et de
sécurité commune (PESC), la coopération en matière
de justice et d'affaires intérieures (JAC). Par ailleurs, la CEE devient
la communauté européenne (CE)
Dans ce traité de Maastricht, une citoyenneté
européenne est instituée, les pouvoirs du parlement
européen sont renforcés, et l'union économique et
monétaire (UEM) est lancée. Le traité de Maastricht entre
en vigueur le 1er novembre 1993.
Le 1er janvier 1995, l'Europe de 15 :
quatrième élargissement avec l'entré de l'Autriche, la
Finlande, et la Suède dans l'Union Européenne.
Le 02 octobre 1997 à Amsterdam, les ministres des
affaires étrangères des 15 Etats membres signent un traité
sur l'union européenne (TUE) et celui instituant la communauté
européenne (TCE). La communauté européenne acquiert de
nouveaux domaines de compétences. Le traité entre en vigueur le
1er mai 199929(*).
Le 1er janvier 1999, 11 Etats forment à
cette date la « zone euro » : Autriche, Belgique,
Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal et
la République Fédérale d'Allemagne. L'euro devient alors
officiellement la monnaie légale de ces Etats.
La Grèce les rejoindra le 1er janvier 2001,
la Slovénie le 1er janvier 2007, Chypre et Malte le
1er janvier 2008, la Slovaquie le 1er janvier 2009,
l'Estonie le 1er janvier 2011, la Lettonie le 1er janvier
2014 et la Lituanie le 1er janvier 2015, faisant ainsi passer
à 19 le nombre de pays de la « zone euro ».
Les pièces et les billets en euro n'ont
été mis en circulation que le 1er janvier 2002. Mais
les particuliers pouvaient déjà payer leurs impôts ou
émettre des chèques en euros dès 1999.
Le 26 février 2001, signature du traité de
Nice : suite au conseil européen qui s'est tenu du 7 au 9
décembre 2000, un traité est signé entre les 15 Etats qui
modifie à nouveau le traité sur l'Union Européenne (TUE)
et celui instituant la communauté européenne (TCE)
Ce traité devrait permettre d'assurer un bon
fonctionnement des institutions européennes en prévision du
prochain élargissement de l'union européenne aux pays d'Europe
centrale et orientale. Les discussions se sont concentrées sur le poids
de chaque Etat au sein des institutions européennes (Nombre de
représentant au parlement, pondération de voix au conseil de
l'union européenne, nombre de commissaires européens). Le
système définit à Nice a abouti à une sur
représentation des « petits pays ». Le traité
entre en vigueur le 1er février 2003.
Le 16 avril 2003, vers une Europe à 25 : un
traité d'adhésion à l'Union Européenne de dix
nouveaux Etats est signé à Athènes. Il s'agit de Chypre,
de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie de Malte, de la
Pologne, de la République Tchèque, de la Slovaquie et de la
Slovénie.
Pour entrer en vigueur, le traité doit être
ratifié par les 15 et par les 10 nouveaux membres avant le
1er mai 2004.
Le 18 juillet 2003, une constitution européenne ?
la convention sur l'avenir de l'Europe présidée par Valery
Giscard d'Estaing, remet le 18 juillet 2003 un projet de traité
établissant une constitution pour l'Europe présentant les
adaptations du cadre institutionnel et politique de l'Union Européenne
en vue de l'élargissement prévu en 2004.
Cette convention a été convoquée par la
déclaration de Laeken du 15 décembre 2001 de 3 chefs d'Etat et de
gouvernement de 15. Elle s'est réunie entre le 28/02/2002 et le
18/07/2003. Il a été décidé que le projet de
convention servirait de document de base à la conférence
intergouvernementale chargé entre octobre 2003 et le printemps 2004
d'entretenir la nouvelle réforme de l'union européenne.
Les 12 et 13 décembre 2003, échec du sommet de
Bruxelles : les 25 chefs des Etats membres et futurs membres de l'U.E se
réunissent à Bruxelles afin de se mettre d'accord sur le projet
de constitution. Aucun accord n'est possible. Les discussions reprennent au
premier semestre 2004 sous la présidence Irlandaise de l'union.
Le 1er mai 2004, une Europe à 25 :
entrée en vigueur du traité signé à Athènes
le 16 avril 2003 : les 10 futurs membres deviennent membres effectif.
Le 29 octobre 2004 signature du projet de constitution
européenne : Réunis à Bruxelles les 17 et 18 juin
2004, les dirigeants de 25 Etats de l'union adoptent, après d'ultimes et
difficiles négociations, le premier « traité
constitutionnel » de l'Union Européenne. Signé à
Rome le 29 octobre 2004, il rassemble en un seul document, plus simple et
lisible, l'ensemble des textes qui organisent le fonctionnement de l'U.E. pour
que ce que l'on appelle la constitution européenne entre en vigueur,
elle doit être ratifiée par chacun des Etats avant la fin 2006.
Cela n'a pas été le cas.
Le 29 mai et le 1er juin 2005, la France et les
Pays-Bas disent « non » au projet de constitution
européenne : le 29 mai les français sont appelés
à se prononcer par referendum pour ratifier le traité
établissant une constitution européenne. Ils le rejettent par
54,67% de voix. Le débat a été très nourri et la
participation électorale forte (69,37% des électeurs). Le
1er juin 2005, les Néerlandais rejettent à leur tour
ce texte par referendum avec 61,6% de « non ». La
participation a été également forte (63,4%).
Après les résultats négatifs de ces deux
referendums, les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres
décident, lors du conseil européen des 16 et 17 juin 2005, que le
processus de ratification pourrait se poursuivre. Plusieurs Etats ont suspendu
leur processus de ratification, d'autres ont ratifié le texte.
Le 1er janvier 2007, une Europe à 27 :
entrée en vigueur du traité d'adhésion signé le 25
avril 2005. La Roumanie et la Bulgarie deviennent membres de l'union
européenne.
Le 13 décembre 2007, signature du traité de
Lisbonne : à l'issu d'une période de réflexion
entamée après les referendums français et
néerlandais, les chefs d'Etat et de gouvernement s'accordent sur
l'idée d'un traité simplifié pour sortir du blocage
institutionnel.
Lors du conseil européen des 21 et 22 juin 2007, une
conférence intergouvernementale est convoquée afin de
rédiger un projet de « traité
modificatif » modifiant les traités existants. Les 27 chefs
d'Etat et de gouvernement, après être parvenus à un accord
final sur le nouveau « traité modificatif » lors du
sommet informel à Lisbonne les 18 et 19 octobre 2007, signent ce
traité le 13 décembre dans cette même ville30(*).
L'ensemble des ratifications se font par la voie
parlementaire, sauf en Irlande. Ce pays rejette le traité par un premier
referendum le 12 juin 2008 avant de l'accepter par un second referendum le 2
octobre 2009. Le traité entre alors en vigueur le 1er
décembre 2009.
En France, une réforme institutionnelle a
été nécessaire pour ratifier le traité,
estimé contraire à la constitution par le conseil
constitutionnel. La loi autorisant la ratification a été
promulguée le 13 février 2008.
Le 1er juillet 2013, une Europe à 28 :
l'entrée en vigueur du traité d'adhésion signé
à Bruxelles le 9 décembre 2011. La Croatie devient membre de
l'Union Européenne et forme ainsi le 28e pays de l'Union. La
population de l'U.E atteint désormais plus de 508 millions de
personnes.
Tableau n°1 : liste des Etats membres de
l'Union Européenne
N°
|
Pays
|
Capitale
|
Langue nationale
|
Monnaie
|
Date d'adhésion
|
1
|
Allemagne
|
Berlin (pays fondateur)
|
Allemand
|
Euro
|
1er janvier 1957
|
2
|
Autriche
|
vienne
|
Allemand
|
Euro
|
1er janvier 1995
|
3
|
Belgique
|
Bruxelles (pays fondateur)
|
français, néerlandais, allemand
|
Euro
|
1er janvier 1957
|
4
|
Bulgarie
|
Sofia
|
Bulgare
|
Lev
|
1er janvier 2007
|
5
|
Chypre
|
Nicosie
|
grec ; turc
|
Euro
|
1er mai 2005
|
6
|
Croatie
|
Zagreb
|
Croate
|
Kunar
|
1er juillet 2013
|
7
|
Danemark
|
Copenhague
|
Danois
|
couronne danoise
|
1er janvier 1973
|
8
|
Espagne
|
Madrid
|
Espagnol
|
Euro
|
1er janvier 1986
|
9
|
Estonie
|
Tallinn
|
Estonien
|
Euro
|
1er mai 2004
|
10
|
Finlande
|
Helsinki
|
Finnois
|
Euro
|
1er janvier 1995
|
11
|
France
|
paris (pays fondateur)
|
Français
|
Euro
|
1er janvier 1957
|
12
|
Grèce
|
Athènes
|
Grec
|
Euro
|
1er janvier 1981
|
13
|
Hongrie
|
Budapest
|
Hongrois
|
Forint
|
1er mai 2004
|
14
|
Irlande
|
Dublin
|
Irlandais,Anglais
|
Euro
|
1er janvier 1973
|
15
|
Italie
|
Rome (pays fondateur)
|
Italien
|
euro
|
1er janvier 1957
|
16
|
Lettonie
|
Riga
|
Letton
|
Euro
|
1er mai 2004
|
17
|
Lituanie
|
Vilnius
|
Lituanien
|
Euro
|
1er mai 2004
|
18
|
Luxembourg
|
Luxembourg (pays fondateur)
|
luxembourgeois ; français, allemand
|
Euro
|
1er janvier 1957
|
19
|
Malte
|
la valette
|
malteur, anglais
|
Euro
|
1er janvier 2004
|
20
|
pays bas
|
Amsterdam (pays fondateur)
|
néerlandais frison limbourgeois
|
Euro
|
1er janvier 1957
|
21
|
Pologne
|
Varsovie
|
Polonais
|
Zloty
|
1er janvier 2004
|
22
|
Portugal
|
Lisbonne
|
Portugais
|
Euro
|
1er janvier 1986
|
23
|
Roumanie
|
Bucarest
|
Roumain
|
Leu
|
1er janvier 2007
|
24
|
royaume uni
|
Londrès
|
Anglais
|
livre sterling
|
1er janvier 1973
|
25
|
Slovaquie
|
Bratislava
|
Slovaque
|
Euro
|
1er mai 2004
|
26
|
Slovénie
|
Ljubljana
|
Slovène
|
Euro
|
1er mai 2004
|
27
|
Suède
|
Stockholm
|
Suédois
|
couronne suédoise
|
1er janvier 1995
|
28
|
tchèque
|
Prague
|
Tchèque
|
Couronne tchèque
|
1er Janvier 2004
|
Source :
www.touteleurope.eun/les-pays-de-l-union-europeene.html
consulté à Kisangani le 17 Février 2016
Commentaire : Ce tableau a
répertorié les Etats membres de l'Union Européenne, leur
capitale, monnaie, langue nationale ainsi que leur date d'adhésion
à l'organisation.
Tableau n°2 : liste de quelques candidatures
en cours dans l'union européenne
N°
|
Pays
|
Capitale
|
Monnaie
|
Date de dépôt
|
Début de discussion
|
1
|
Albanie
|
Tirana
|
Lek
|
Oct. 2013
|
26 juin 2014
|
2
|
Ancienne République yougoslave de
macédoine(ARYM)
|
Skopje
|
Denar
|
Déc. 2005
|
17 déc. 2005
|
3
|
Monténégro
|
Podgorica
|
Euro
|
Déc. 2005
|
Juin 2012
|
4
|
Serbie
|
Belgrade
|
Dinar serbe(CSD)
|
Mars 2012
|
Juin 2013
|
5
|
Turquie
|
Ankara
|
Livre turque
|
1999
|
3 oct. 2005
|
Source :
www.touteleurope.eun/les-pays-de-l-union-europeene.html
Commentaire : Le tableau 2 a
présenté quelques candidatures en cours d'adhésion dans
l'Union Européenne, leur monnaie, date de dépôt de leur
candidature et la date de début des négociations de leur
candidature au sein de l'Union.
1.3.1.2. Fonctionnement des
principaux organes de l'Union Européenne
Les institutions de l'Union Européenne sont au nombre
de sept (7) :
a. Le conseil européen
Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne
le 1 er décembre 2009, le conseil européen figure parmi les
institutions de l'union européenne.
Un président permanent est désormais à la
tête de l'institution pour une durée de 2 ans et demi
(renouvelable une fois) l'objectif étant de donner une voix et un visage
à l'Union Européenne. Il est élu à la
majorité qualifié par les membres du conseil européen.
Le conseil européen est constitué de chefs
d'Etat et de gouvernement de 28 Etats membres de l'union. Ils se
réunissent au minimum deux fois par semestre mais le président
peut convoquer une réunion extraordinaire si besoin31(*).
Le conseil européen « donne à l'union
les impulsions nécessaires à son développement et en
définit les orientations politiques générales »
(art D du traité de Maastricht).
Le président du conseil européen assure aussi la
représentation pour les matières relevant de la politique
étrangère et de la sécurité commune.
b. Le conseil de l'Union Européenne (où le
conseil)
Le conseil est l'une des instances décisionnelles
principales de l'Union Européenne (organe législatif)
conjointement avec le parlement Européen, il crée la
législation européenne en adoptant les propositions que lui
soumet la commission.
Il exerce également avec le parlement européen
la fonction budgétaire.
Le conseil est l'organe représentant
l'intérêt général des gouvernements des Etats
membres de l'union. Il réunit les ministres de 28 pays membres (un
représentant par Etat). Les ministres ne se réunissent pas de
manière systématique, ni de manière
régulière une fois par mois ou une fois par semaine mais en
fonction de la question inscrite à l'ordre du jour. Ainsi s'il s'agit de
l'agriculture, c'est les ministres d'agricultures qui vont se réunir, du
transport c'est les ministres de transport...
Les 28 ministres du conseil se réunissent pour adopter
la législation européenne. Ils sont donc amenées à
arrêter des actes juridiques (des règlements des directives, des
décisions, ...) au niveau européen.
A l'heure actuelle, les décisions au sein du conseil
sont prises à la majorité simple (minimum aucune
procédure particulière n'est prévue par le
traité) ; à la majorité qualifiée (vote
nécessitant 55% des membres soit 16 pays sur 28 et représenter un
minimum de 65% de la population totale de l'UE) à l'unanimité
(pour certains sujets sensibles comme la politique étrangère de
sécurité commune).
Le siège du conseil est à Bruxelles. La
présidence est exercée à tour de rôle par les Etats
membre pour une durée de 6 mois.
c. La commission européenne
La commission qui, dans un grand nombre de domaines,
détient le monopole d'initiative au niveau communautaire, joue un
rôle dans la préparation puis dans l'exécution de la
politique européenne.
Parallèlement à ses occupations administratives
et son pouvoir d'initiative, la commission a également d'autres
tâches :
v Elle veille à l'application des traités et de
la législation Européenne (gardienne des
traités) ;
v Elle est chargée de l'exécution
budgétaire annuelle de l'Union Européenne ;
v Elle représente l'Union Européenne sur la
scène internationale (sur instruction du conseil, notamment dans les
négociations commerciales excepté la PESC).
Le travail de la commission européenne est accompli par
un collège de 28 personnes dits « commissaires ».
Chaque Etat membre dispose d'un commissaire dont le mandat est de 5 ans. Les
commissaires se réunissent une fois par semaine. Le siège est
à Bruxelles.
d. Le parlement Européen
Le parlement européen permet aux citoyens de l'Union
Européenne de participer directement à la politique
européenne. Les citoyens européens élisent leurs
députés dans les circonscriptions nationales pour une
période de 5 ans, les députés vont pendant cette
même période représenter les intérêts de leurs
électeurs au niveau européen.
Le parlement dispose d'un président élu pour une
durée de 2 ans et demi. Depuis 1957, les pouvoirs du parlement se sont
progressivement renforcés et étendu32(*) :
v Le parlement occupe un rôle essentiel dans la gestion
de l'UE du fait qu'il participe directement à l'élaboration des
directives, règlements (en collaboration avec la commission et le
conseil)
v Le parlement constitue avec le conseil l'autorité
budgétaire de l'UE. C'est le parlement qui arrête le budget
définitif de l'union.
Le siège du parlement se trouve à Strasbourg
où se tiennent toutes les sessions plénières et
l'institution ainsi que la session budgétaire. Des sessions
additionnelles se tiennent à Bruxelles tandis que le Secrétariat
Général du parlement se trouve à Luxembourg !
e. La cour de justice de l'Union
Européenne
La cour de justice de l'Union Européenne veille au
respect du droit européen. Ses principes tâches sont celles
d'interpréter et d'assurer l'application du droit communautaire. Elle a
son siège à Luxembourg.
Il est important de ne pas confondre la cour de justice
européenne avec la cour européenne de droit de l'homme
installé à Strasbourg qui veille au respect de droit de
l'homme.
La cour de justice se compose de 28 juges (un par Etat membre)
ainsi que de neuf avocats généraux tous nommées pour une
durée de six ans renouvelable d'un commun accord par les Etats
membres.
f. La cour des comptes
La cour des comptes est responsable du contrôle du
budget communautaire. Elle assure la bonne gestion financière de l'union
européenne. Il revient ainsi à la cour des comptes de
contrôler la légalité et la régularité des
toutes les recettes et les dépenses de la communauté.
La cour des comptes est installée au Luxembourg et se
compose de 28 membres qui son nommées pour une période de six ans
après consultation du parlement européen sur base de proposition
des Etats membres.
g. La banque centrale
européenne
Le traité de Lisbonne confère à la banque
centrale européenne le statut d'institution à part
entière. Depuis francfort (Allemagne), elle conduit la politique
monétaire des Etats membres dont la monnaie est l'euro. Elle est en
particulier chargée de veiller à la stabilité des
prix33(*).
Ces institutions sont assistées de deux organes
consultatifs :
v Le comité économique et social européen
(CESE) qui est chargé de respecter les intérêts des
différentes catégories de la vie économique et sociale
européenne (ex employeurs, travailleurs, agriculteurs, professions
libérales etc.
v Le comité des régions chargé de
représenter les intérêts des collectivités
régionales et locales des Etats membres de l'union européenne.
Le fait de ne pas figurer parmi les « institutions
de l'union européenne ne veut pas dire être sans
importance ».
La banque européenne d'investissement par exemple a
pour mission de contribuer au développement équilibré du
marché intérieur de l'union européenne. Elle finance (par
des prêts et l'octroi de garanties) des projets de développement
dans les régions moins développées de l'union
européenne ou encore des projets de création d'emplois et de
modernisation ou de reconversion d'entreprises.
1.3.2. Présentation de
la RDC
1.3.2.1.
Présentation politico-historique
La République Démocratique du Congo a toujours
existé sous diverses formes. Bien avant la pénétration
européenne, elle avait la forme des sociétés segmentaires
existant dans une autarcie exceptionnelle. L'ouverture de l'une vers l'autre
signifiait la guerre.
Peu après, elle a pris forme des royaumes et empires.
Personne ne peut ignorer à cette époque les structures
politico-administratives des royaumes Kongo, Luba, Lunda, Kuba, Grenganze du
grand M'SIRI. Tous ces empires et royaumes symbolisent l'existence de la
République actuelle. L'arrivée sur le sol congolais de
l'européen n'a pas seulement changé les habitudes sociales,
culturelles, mais aussi politiques34(*). En 1876 s'est tenue à Bruxelles, la
conférence géographique de Bruxelles pour l'exploration du bassin
de l'Afrique centrale.
Le Congo sous la mouvance du roi Léopold II a
commencé à être façonné. L'Association
Internationale Africaine est de venue Association Internationale du Congo et
les objectifs avoués du roi ont totalement changé : lutter
contre les lutte fratricides, lutter contre la traite des noirs et lutter
contre les maladies épidémiques. Tout semble se jouer en 1885
avec la tenue à Berlin sous l'égide du chancelier Allemand OTTO
VON BISMARCK, la grande conférence internationale de Berlin.
Après la reconnaissance des USA et de la France,
puissances importantes de l'époque, le roi Léopold II devient
souverain du Congo et de par les compagnies à charte et l'Eglise
catholique Romaine. Les agents de la colonie se mettront à
l'exploitation minière et agricole des terres possédées
jusqu'à 1960. La décolonisation du Congo se fait tout à
fait en sourdine. Quelques revendications, assistées par l'environnement
international propice, le plan van Bilzen est rejeté pour une
indépendance immédiate. Point n'est besoin de rappeler que cette
indépendance a été accordée sans une
préparation acceptable.
Conséquence, la période post coloniale du Congo
caractérisée par une très forte instabilité
politique. Les élections de 1960 donne gagnant la cohabitation nationale
animée par Patrice LUMUMBA. Ses détracteurs n'acceptent pas qu'il
forme un gouvernement sans leur présence. C'est ainsi qu'on assiste aux
cessassions, aux mutineries, aux rebellions de toutes parts. Moise Tshombe et
Albert KALONJI font cessassions respectivement au Katanga et au sud Kasaï
sur la liste des rebellions, on note celle de KWILU animée par Pierre
MULELE, celle de l'Est commandée par KASHAMURA et SUMIALO. Pour vouloir
calmer les choses, l'ONU envoie au Congo une opération de maintien de la
paix, l'ONUC. Celle-ci parvient à peine à calmer la situation,
Lumumba est assassiné ; Mobutu, devenu chef d'Etat-major de
l'armée congolaise, fonction qu'il assumera jusqu'à son coup
d'Etat de novembre 1965.
Avec Mobutu, ce pays connait dans un premier temps un semblant
de stabilité et paix qui pousse l'exécutif national à des
excès. Sur le plan politique, il instaure un parti Etat qui consacre
durant toute la période des années 70-90, une personnalisation du
pouvoir, une dictature extrême qui pourtant est soutenue, la guerre
froide oblige, par l'occident démocratique. Les politiques
économiques du gouvernement sont mal gérées par les
mandataires et pays commence un cycle infernal d'inflation et de
pauvreté sans précédent. Après la guerre froide,
certaines considérations changent sur le plan national qu'international,
les évêques prennent conscience de la situation et
élaborent un mémorandum demandant au président l'ouverture
politique. Au plan international, le vent de Glasnost et de la
pérestroïka souffle sans épargner les autres continents. En
Afrique ce vent souffle et ce sont les conférences nationales qui
commencent au Benin et s'étend sur l'Afrique dans la grande partie.
Mobutu fait une tournée de consultation populaire pour
aboutir au même constat. C'est pour cela qu'il annonce lors de son
discours historique du « comprenez mon émotion »
l'ouverture au multipartisme. L'histoire politique du Congo des années
90-97 est grandement marquée par les excitations politiques et par la
démonstration du talent politique du Marechal Mobutu, homme
incontournable de l'époque qui, malgré son retrait virtuel,
continuait à gouverner le pays par personne interposée. Cette
période qui, malgré les opportunités lui accordées,
n'a pu gagner les négociations avec la mouvance
présidentielle35(*).
Tout semble se jouer de 1996-1997 quand une coalition
militaire commence une petite rébellion à l'Est,
précisément à Lamera au sud Kivu. Sous le commandement de
Laurent Désiré KABILA, les troupes de l'alliance des forces
démocratique pour la libération du Congo prennent
petit-à-petit des villes jusqu'à Kinshasa, après
l'échec des négociations de l'Olteniþa I et II.
Soulignons que Mobutu étant dangereusement affaibli par
la maladie et ses soldats n'ont pas combattu. L'AFDL a gagné du terrain
principalement par la trahison des autorités militaires et le soutien
populaire dont elle a bénéficié. Le 17 mai 1997 KABILA
devient président de la République. Sa gestion du pouvoir n'est
pas acceptée par les forces politiques internes et par la
communauté internationale. Accusé d'ingratitude, la partie
Rwandaise de force de coalition tente à partir de Goma, de prendre le
pouvoir en passant par le Bas-Congo36(*).
A la fin du mois d'août, les rebelles entrent à
Kinshasa et sont brulés par les populations. Cette situation de crise
aigue et persistant a abouti à une occupation et à une
répartition du fait du territoire national avec la présence de
plusieurs armées étrangères, en dépit de la
proclamation de la 3ème république en 1997.
Cette succession de crise à un profond retentissement
sur les indicateurs économiques, sociaux et sanitaires du pays.
Cependant, les différents belligérants s'accordent à la
Recherche de la paix depuis la signature des accords de LUSAKA en 1999 et dont
l'application effective sur terrain connait d'importantes
difficultés.
A cet égard il faut signaler la présence d'un
gouvernement de transition soutenue par la communauté internationale
jusqu'à la tenue des élections de 2006.
1.3.2.2. SITUATION GEOGRAPHIQUE
Avec une superficie de 2.345.409 km2, la république
démocratique du Congo est le 2ème plus vaste pays
d'Afrique. Il s'étend de l'océan atlantique aux plateaux de l'Est
et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo. Le nord est
un des plus grands domaines de la forêt équatoriale au
monde ; l'est du pays est le domaine des montagnes, des collines, des
grands lacs mais aussi des volcans.
Le sud et le centre, riche en savanes arborées, forme
un haut plateau en minerais divers. Le climat général du pays est
chaud et humide. Mais cette situation varie selon les provinces l'existence
d'un tel climat produit une végétation dense et régie les
activités agricoles de la population congolaise.
La république démocratique du Congo est
habitée par quelque 250 groupes ethniques37(*) dont la répartition
géographique est très complexe. Parmi les groupes les plus
nombreux, retenons : les Bakongo, les Mongo et les Zandé dans la
cuvette, les Baluba au nord est du Kasaï et au nord du Katanga.
Dans la partie septentrionale, les peuples sont d'origine
soudanaise. Certains peuples de confins orientaux qui sont d'origine nilotique
sont surtout éleveurs. Presque totalement isolés au sein de la
forêt équatoriale, les pygmées, considérés
comme premiers occupants du pays vivent essentiellement de la chasse et de la
cueillette.
Le pays partage ses frontières avec l'enclave de
Cabinda (Angola) et la république du Congo à l'ouest, la
république centrafricaine et le soudan au nord, l'Ouganda, le Rwanda, le
Burundi et la Tanzanie à l'Est, la Zambie et l'Angola au sud.
En dehors de la langue officielle, le français, quatre
autres expressions linguistiques sont tissées au rang de langues
vernaculaires nationales : le swahili, le tshiluba, le lingala et le
kikongo.
Ce chapitre avait pour visée principale de donner le
champ thématique des concepts utilisés dans cette étude et
de présenter nos milieux d'étude qui sont l'Union
Européenne et la République Démocratique du Congo. Les
objectifs étant réalisés, nous allons dans le
deuxième chapitre traiter le cadre historique et juridique de la RSS en
RDC.
Chapitre II : CADRE
HISTORIQUE ET JURIDIQUE DE LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO
Le deuxième chapitre retrace le schéma
historique et politique ; les actions prioritaires envisagées par
le gouvernement Congolais dans la reforme en RDC ainsi que le cadre juridique
président au processus de la RSS en RDC.
2.1. CONTEXTE HISTORIQUE ET
POLITIQUE DE LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
Domaine privé du roi Léopold II sous
l'appellation d'Etat du Congo (EIC, 1885-1908), puis colonie Belge (1908-1960),
la république démocratique du Congo accède à
l'indépendance le 30 juin 1960 au terme d'une période politique
agitée entre l'élite politique congolaise et la métropole
(Belgique).
Pendant la colonisation, la force publique avait pour
rôle essentiel l'implantation de la colonie et au lendemain d'une
indépendance politique arrachée à contre coeur à la
Belgique, le Congo est entré dans une première période
chaotique (1960-1965), marquée par des rebellions armées
mulelistes38(*) contre
l'armée nationale congolaise jusqu'au coup d'Etat militaire du 24
novembre 1965 qui a porté le général Mobutu au pouvoir.
Pour asseoir son pouvoir, Mobutu s'est appuyé sur
l'armée, baptisée « forces armées
congolaises » (FAC), instaurant une dictature militaire
doublée d'un monopartisme politique où les pouvoirs de l'Etat
étaient organisés au sein d'un unique parti, le mouvement
populaire de la révolution (MPR, 1967-1990), parti Etat. Durant cette
période, le pouvoir législatif, appelé conseil
législatif, fondé dans le parti, n'avait aucun pouvoir de
contrôle effectif sur les forces de sécurité en
commençant par les FAC, devenues forces armée zaïroises
(FAZ, 1971-1997), et sur divers services de renseignement existants. Boucliers
de la dictature, rattachés directement à la présidence de
la république, les services de renseignement avaient pour mission
essentielle de recherche des renseignements sur les personnes et les
activités jugées subversives pour la sécurité du
régime.
Dans ces conditions, il n'était évidement pas
possible de s'entendre sur un quelconque contrôle démocratique du
secteur de sécurité reposant sur la responsabilité, la
redevabilité et la transparence des services de sécurité
vis-à-vis du peuple et de ses représentants. Bien au contraire,
et comme ce fut le cas pendant la période coloniale, les forces de
sécurité s'étaient renforcées en procédant
à la répression de la population, créant ainsi un
fossé toujours difficile à combler à ce jour. Dans un tel
contexte, la quasi-totalité des activités militaires et de
renseignement étaient considérées comme secret
défense. Toute idée de responsabilité était
ignorée, compte tenu de la suprématie de l'armée et des
autres services de sécurité, fers de lance de la dictature, sur
les autres institutions.
Concernant le rôle du parlement dans le contrôle
du secteur de sécurité un contexte de dictature, Boubacar
Ndiaye39(*),
écrit : « ... ce type de régime politique
était caractérisé par une concentration excessive du
pouvoir au niveau de l'exécutif, voire entre les mains d'un seul homme.
En conséquence, le rôle du parlement consistait essentiellement
à entériner et valider les décisions essentiellement
prises ailleurs pratique reflétant la notion de parlement chambre
d'enregistrement. Ceci était encore plus vrai lorsque ces
décisions concernaient les forces armées et de
sécurité, ou d'une manière générale de la
défense ou sécurité. Celles-ci étaient
censées être domaine réservé du chef de l'Etat, de
ses conseillers en matière de sécurité, et des hauts
gradés des forces armées.
Par ailleurs, dès lors que les représentants du
peuple n'exerçaient pas de contrôle sur le secteur, il va de soi
que la société civile était elle aussi mise à
l'écart de la gouvernance démocratique. En fait, cette
société civile est constituée des organisations oeuvrant
au sein du mouvement populaire de la révolution. Ces organisations
rentrent, pour la plupart, sous l'appellation d'organisations non
gouvernementales de développement (ONGD), dont les principales
activités sont la lutte contre la malnutrition, le développement
de l'agriculture et les activités culturelles. L'implication de la
société dans la gouvernance démocratique est
récente.
En effet, elle remonte au lendemain de l'ouverture de la
sphère politique dans les années 1990. Plus récent encore
est l'engagement de la société dans la surveillance
démocratique du secteur de sécurité.
Ces brèches d'ouverture au multipartisme sont
renforcé par le vent de la démocratie, appelé aussi vent
de la perestroïka, qui balaie le continent africain. Les dictatures
militaires sur le continent sont, malgré elles, contrainte d'abdiquer et
de laisser un peu plus d'espace au pouvoir législatif. Mais commence par
une économie déjà moribonde : la dictature s'obstine
au pouvoir et n'envisage aucune alternance armée, soutenue de
l'intérieur par la population et l'extérieur par le Rwanda,
l'Ouganda et certains acteurs du nord.
Rongées par la crise et la corruption et
spécialisées dans la répression des civils, les forces de
sécurité, jusqu'alors piliers de la dictature, organisent alors
une vague de pillage à travers le pays, précipitant à la
mort des rares entreprises qui existaient encore40(*). Cependant, en mai 1997, ces
forces de sécurité sont contraintes d'abdiquer devant
l'opposition militaire conduite par les forces de l'alliance des forces
démocratiques pour la libération du Congo, l'AFDL. Cette guerre a
notamment pour conséquences majeures la destruction des forces de
sécurité.
Malheureusement, cette destruction n'aura pas encore permis
une réorganisation des forces qu'une seconde guerre, dite cette fois
« guerre de la correction » et impliquant les armées
régulières de sept (voir neuf) pays africains, une multitude de
mouvements rebelles et de milices congolaises étrangères, en plus
des nombreux acteurs privées du continents et de l'occident, s'est
internationalisé à point qu'elle finit par être
qualifiée de « première guerre mondiale
africaine ».
Pour mettre fin à cette seconde guerre, les
négociations politiques seront engagées entre congolais en
Afrique du sud (2002-2004) après signature de nombreux accords et
rencontres.
En fait, les négociations politiques congolaises
d'Afrique du sud (2002-2004) ont jeté les bases de la réforme du
secteur de sécurité et de la justice. Elles seront suivies d'un
processus de désarment, démobilisation et réinsertion des
combattants menées avec l'appui de la communauté internationale
ouvrant la voie à la réforme de l'armée. Les anciens
groupes et forces armées seront brassés et intégrés
dans la nouvelle armée congolaise appelée les forces
armées de la république démocratique du Congo (FARDC).
Mais certains bataillons, particulièrement ceux issus de
l'ex-rébellion du rassemblement congolais pour la démocratie
Goma, refuseront d'être brassés avec les autre forces bloquant le
processus et opposant une farouche résistance aux forces loyalistes
pendant près de quatre ans (2003-2007) avant d'entamer une nouvelle
phase de négociation envue de leur intégration, connue sous le
nom de mixage dont les résultats sont restés mitigés.
A la veille d'organisation des élections
présidentielles et parlementaires (juillet 2006), près de 18
brigades intégrées sont passées par des centres de
brassage plusieurs unités de la police ont suivi des formations sur le
maintien et le rétablissement de l'ordre public pour la
sécurité des élections.
Outre la destruction des forces de sécurité, les
années de crise et de guerres (1990-2003) ont profondément et
durablement affaibli41(*)
l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du pays : des zones
entières échappent au contrôle de l'Etat et à
l'exercice de son pouvoir administratif au profit des groupes armés
étrangers ou congolais, les structures sociales sont très
affectées par la crise politique et économique doublement
décennale. Dans un tel paysage, l'insécurité est
multiforme, allant du manque de garantie pour l'intégrité
physique des personnes aux graves violations des droits humains en passant par
le manque des moyens de subsistance.
En outres, le système judiciaire, les cours et
tribunaux militaires et civils, sont très affectées par la
corruption et incapables d'exercer un contrôle externe des forces de
sécurité. De telles institutions, pourtant appelées
à équilibrer le pouvoir exécutif et à éviter
la dérivé autoritaire de ses actions, sont demeurées
incapables d'offrir une jouissance paisible des droits et libertés aux
citoyens.
Ainsi, la réforme de ces services, à
défaut de leur transformation, est une étape indispensable pour
le développement social, humain et économique durable du pays.
En signant à Addis-Abeba le 24 février 2013
l'accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération
pour la RDC et la région le gouvernement congolais s'est engagée
à approfondir la réforme de l'armée et de la police.
En octobre 2013, le président Joseph BAKILA42(*) présentait la RSS comme
« la priorité des priorités ». Malgré
les déclarations répétées du gouvernement de faire
la RSS une priorité politique, le processus dans son ensemble manque
d'un engagement sincère à procéder aux réformes.
Cette fiable appropriation a compliqué le processus
d'élaboration d'une vision congolaise spécifique sur la paix et
la sécurité qui puisse progressivement devenir autonome de
l'expertise étrangère.
2.2. CADRE JURIDIQUE ET
APPROCHES DES PRINCIPAUX DONATEURS EN MATIERE DE REFORME DE SECTEUR DE
SECURITE
2.2.1. Cadre juridique
La RSS en RDC repose sur quatre documents majeurs : les
accords de Lusaka du 10 juillet 1999 sont le premier. Vient ensuite l'Accord
global et inclusif, signé le17 décembre 2002, à Pretoria
par les ex-belligérants congolais. Ce document prévoit
expressément un chapitre sur l'armée et le Conseil
supérieur de la défense. Le troisième document est la
constitution de la transition promulguée le 2 avril 2003 tandis que le
quatrième est l'Acte d'engagement de Dar-es-Salaam signé par les
autres chefs des groupes armés non signataires de l'Accord de
Pretoria43(*).
Pour matérialiser cette volonté, il fut
créé le Programme National de Désarmement,
Démobilisation et Réinsertion (PNDDR). Cette structure visait
à appuyer de manière systématique le processus de
pacification et la réforme de l'armée
La RSS congolaise fut initiée dans un contexte
politique ambigu où aucune des parties belligérantes n'avait
véritablement gagné militairement la guerre. Bâtissant sur
un fragile consensus une politique caractérisée par la mise en
place d'un gouvernement dit 1+4 (le gouvernement+les anciens mouvements de
rébellion), il s'imposait la nécessité de composer avec
tout le monde.
Ce modèle de partage de pouvoir et de positions fut
répliqué dès lors à tous les niveaux de structures
de l'Etat, incluant les forces armées et la police.
Dans ce cadre, le gouvernement congolais a adopté, en
mai 2005, un plan stratégique de réforme de
l'armée44(*).
Basé sur les actions réalisées depuis juillet 2003, le
plan présente les objectifs poursuivis, décrits les actions
à mener, évolue les moyens à mobiliser pour mettre en
oeuvre et identifier les rôles des différents acteurs. Ainsi
est-il rappelé que l'objectif de l'intégration est de constituer
l'embryon des forces armées de la république démocratique
du Congo sur base des éléments éligibles issus des
composantes et des entités membres du gouvernement de transition.
Le plan prévoit trois étapes dans le processus
de brassage, à savoir la formation d'une brigade d'infanterie pour le
maintien de la sécurité pendant les élections ; la
formation d'une unité de réaction rapide et enfin,
l'établissement d'une force de défense forte à l'horizon
2010.
Plus précisément, l'intégration de
l'armée et la police concerne les forces et les groupes
suivants :
- Les ex-forces armées congolaises (FAC),
c'est-à-dire les anciennes forces gouvernementales ;
- Le mouvement pour la libération du Congo (MLC)
dirigée par Jean Pierre BEMBA qui est un des quatre vices
présidents congolais ;
- Le rassemblement congolais pour la démocratie
mouvement de libération (RDC-ML) crée par Wamba dia wamba
après son départ du RCD Goma, il est dirigé par Mbusa
nyamwisi et est signataire de l'accord de Pretoria ;
- Le rassemblement congolais pour la démocratie
national (RDC-N) basé au nord de l'Ituri ;
- Les Maï-maï : signataires de l'accord de
Pretoria, ils recouvrent une pluralité de milices ethniques et parfois
de groupes d'auto défense organisés en force militaire au nord
et au sud Kivu ainsi que dans le Katanga ;
- Les signataires de l'acte d'engagement de Dar-es-Salam
c'est-à-dire les groupes FNI, PUSIC, UPC/RP, FAP, FDPC ;
- Les groupes armés non signataires des accords de
paix, implanté à l'Est du pays et qui acceptent le
désarmement volontaire ;
- Enfin, les combattant congolais se trouvant encore à
l'extérieur du pays
La longue liste des ex-belligérants concernés
par l'intégration témoigne de l'ampleur des défis à
relever pour réussir la restructuration. La problématique est
d'autant plus complexe et difficile que le secteur de la sécurité
ne se limite pas à l'armée et la police. Il concerne aussi la
justice, les douanes, la gouvernance et le système carcéral. En
outre, d'autres domaines clefs de la vie nationale sont aussi dans un
état de délabrement qui exige les moyens et des efforts
significatifs pour les remettre en marche.
2.2.2. Approches des principaux
donateurs en matière de Reforme du Secteur de Sécurité
Le concept de RSS a été largement reconnu et
conceptualisé par plusieurs organisations internationales, telles que
notamment l'organisation pour la coopération et le développement
économique (OCDE), l'Union Européenne ou encore l'Union
Africaine.
· Une approche
Locale et nationale
251652608
Une approche
251654656En 2014, le Conseil de Sécurité de
l'ONU adoptait une résolution (2151)45(*) qui établissait les principes directeurs de la
RSS. La communauté internationale a dès lors convenu de
l'importance de certains éléments clés décrits
ci-dessous pour mener avec succès un processus de RSS.
Deux objectifs
251657728
· Efficacité
· Redevabilité
251653632
Trois dimensions
251656704
· Holistique
· Technique
· Politique
251655680
Le succès d'un processus de RSS repose principalement
sur l'appropriation locale de toutes les parties prenantes (acteurs publics ou
non) dans le pays à savoir les prestataires des services de
sécurité et de justice mais également tous les
bénéficiaires (la population et la société civile).
La RSS est le processus par lequel un pays cherche à réviser et
à améliorer l'efficacité des services de
sécurité afin d'améliorer le fonctionnement de l'Etat et
le bien-être général de sa population. Elle inclut
également une dimension de redevabilité qui implique
l'établissement de procédures de contrôle et de
règlementation sur l'ensemble du secteur de la sécurité
qui comprend notamment l'armée, la police, la justice et les prisons,
mais également la garde présidentielle, les services de
renseignements, les services secrets, les services frontaliers et
douaniers46(*).
Aucun programme de RSS n'aboutira à long terme si
l'Etat de droit et les structures adéquates de redevabilité et de
gouvernance sont négligés.
Trois dimensions essentielles de la RSS peuvent être
identifiées :
- Une vision holistique qui comprend tous les acteurs
susmentionnés et requiert la compréhension du caractère
indissociable des diverses composantes du secteur de la sécurité
et de la justice
- La complexité technique car la RSS qui requiert une
vaste série de compétences et l'adoption d'une approche
multidisciplinaire. Parmi les compétences spécifiques requises
figurent une connaissance et une expérience substantielles des domaines
spécifiques de la réforme (police, défense, intelligence,
justice et gouvernement local) mais également des questions
transversales appropriées telles que la budgétisation, la
logistique, la communication et la technologie de l'information,
l'expérience du changement et de la gestion des programmes ;
- Une sensibilité politique parce qu'elle a un impact
directe sur le monopole de l'Etat pour l'usage de la force. S'engager dans un
processus de RSS exige par conséquent un niveau lithique, ainsi que des
compétences analytiques en recherche et en négociation, du tact
et de la diplomatie.
Accent spécifique sur la justice : la
réforme de la justice vise à fournir un système judiciaire
impartial et indépendant, l'accès de la population à la
justice (en particulier pour le moins favorisés, notamment les fermes et
les jeunes), l'interprétation et la mise en place effectives des lois et
l'exécution adéquate des décisions judiciaires47(*).
La réforme de la justice et la RSS sont
étroitement connectées, sans système judiciaire
compétent à mesure d'interpréter les lois, de les
appliquer et sanctionner les violations avérés, le bon
fonctionnement de la RSS et ses résultats s'en trouveraient fortement
entravés.
Comme recommandé par l'OCDE48(*) dans ses lignes directrices,
la réforme de la justice aboutie à l'indépendance,
l'impartialité et l'efficacité de tous les acteurs et
institutions impliqués. En outre, une bonne coopération entre les
forces de justice et de sécurité est indispensable.
En effet, il est important de soutenir la bonne gouvernance et
la redevabilité des forces armées grâce à un
système judiciaire efficace. Les mécanismes judiciaires doivent
participer au cadre de contrôle pour ces dernières l'obligation de
rendre des comptes.
Bien que la RSS ne puisse pleinement englober la
réforme de la justice à elle seule, un accent particulier doit
être porté sur les aspects y étant étroitement
associés :
- L'amélioration du fonctionnement de la justice
criminelle en renforçant le professionnalisme des forces de
sécurité ;
- Renforcement du rôle des institutions légales
et judiciaire dans le contrôle des institutions de sécurité
vis-à-vis des droits humains ;
- Un plaidoyer pour une plus grande indépendance du
système judiciaire ;
- L'amélioration de la gestion et de l'administration
du système judiciaire (y compris les prisons) ;
- Un meilleur accès à la justice pour l'ensemble
de la population ;
- La promotion de la conciliation et de la médiation
dans les situations post-conflits ;
- L'harmonisation des pratiques coutumières avec le
système légal et de justice formelle.
Une attention particulière doit être
accordée au système carcéral, intimement lié
à la réforme de la justice. Selon l'OCDE, les prisons contribuent
à protéger la communauté, à décourager les
criminels et à mettre en oeuvre les décisions judiciaires. Elles
constituent donc une partie importante de la chaine pénale.
Cependant, les centres de détention sont souvent
extrêmement49(*)déplaisants, dans la mesure où de
nombreuses violations des droits humains, violences et mauvais traitements s'y
produisent au quotidien.
Accent spécifique sur la gouvernance, le secteur de la
sécurité est souvent utilisé par les dirigeants politiques
pour renforcer leur pouvoir au dépens de la protection civile. C'est
pourquoi les citoyens sont souvent confrontés à la violence et
aux violations des droits humains. Renforcer la composante
« gouvernance de forces de sécurité » est un
moyen de contribuer à une RSS solide et cohérente ».
La gouvernance englobe un large éventail d'acteurs
privés et publics. La RSS ne doit pas uniquement se concentrer sur les
acteurs étatiques tels que les pouvoirs exécutif,
législatif et judiciaire, mais également inclure la participation
de la société civile50(*).
Le système de sécurité doit être
géré comme le reste du secteur public, c'est-à-dire en
respectant le devoir de redevabilité et de transparence.
Dans l'approche européenne, la gouvernance
démocratique repose sur quelques principes parmi lesquels l'Etat de
droit, le droit à la participation politique, et des institutions
transparentes et responsables.
Au sein de la RSS, ces principes peuvent être traduits
comme.
- Le respect par les organes de sécurité du
droit international et du droit constitutionnel national ;
- La redevabilité des organes de sécurité
vis-à-vis des autorités civiles et de la société
civile ;
- L'acceptation d'une hiérarchisation claire de
l'autorité entre les autorités civiles et les organes de
sécurité, l'énoncé précis des droits et
obligations mutuels entre les autorités civiles et les organes de
sécurité ;
- Capacité des autorités civiles d'exercer un
contrôle politique et constitutionnel sur le secteur de
sécurité ;
- La capacité de la société civile de
superviser le secteur de sécurité et contribuer de manière
constructive au débat politique sur les politiques de
sécurité ;
- La transparence des questions relatives à la
sécurité (notamment le budget) ;
- Respect par le secteur de la sécurité des
principes de gestion des dépenses qui sont à l'oeuvre dans les
autres secteurs publics ;
- L'accès des forces de sécurité à
une formation professionnelle conforme aux exigences des sociétés
démocratiques ;
- Une priorité haute accordée à la paix
et à la sécurité régionale et sous régionale
par les décideurs politiques.
La redevabilité des forces armées est toujours
difficile à mettre en oeuvre étant donné que le
gouvernement ou les forces armées n'acceptent que rarement de se
soumettre au contrôle d'autres institutions ou autorités civiles.
Le contrôle démocratique et la transparence restent cependant
essentiels pour le bon fonctionnement du secteur de la
sécurité.
2.3. Plan d'action de la
Reforme du Secteur de Sécurité en RDC
L'insécurité surgissant au pays et surtout dans
les provinces de l'Est avaient poussée le gouvernement de la RDC
à initier la reforme de son secteur de sécurité.
Tout est partit de l'accord global et inclusif du 17
décembre 2002 suivi de l'acte final signé à Sun City par
les ex belligérants le 2 Avril 2003 qui prévoyait la formation
d'une armée nationale, restructurée et intégrée.
A la suite de la ratification en 2005 de la constitution de la
troisième république Congolaise, la tenue des élections
à 2006 marquant la fin de la transition permettant la formation en 2007
d'un gouvernement, un programme du gouvernement est adopté
prévoyant une reforme globale du secteur de sécurité,
l'élaboration du concept national ainsi que les actions prioritaires de
la reforme dans les domaines de la police, des forces armées, et de la
justice.
2.3.1. Restructuration et
intégration de l'armée
Le processus de l'intégration consiste à
l'identification, la sélection, le brassage et le recyclage des
éléments éligibles dans le cadre de la mise sur pied d'une
nouvelle armée nationale. Celle-ci devrait faciliter la création
des conditions de sécurité indispensable à l'organisation
des élections et à la reprise économique.
Conçu et supervisé par le conseil de
supérieur de la défense et le gouvernement, le processus est mis
en oeuvre par la structure militaire d'intégration (SMI)
créée par le décret n04/014 du 26 Janvier 2004 et rendue
opérationnelle en Mai 2004 par le décret n04/039 du 13 Mai 2004
portant nomination des ses membres du bureau.
Cette étape devrait conduire les forces armée
à :
Ø Être à
l'écoute des besoins de la population, anticiper les problèmes et
agir de façon préventive en luttant contre les causes de
l'insécurité ;
Ø être un service public national, accessible,
professionnel, apolitique, respectant les droits humains ;
Ø respecter les instruments juridiques nationaux,
régionaux et internationaux ;
Ø produire un service de qualité et un accueil
des victimes.
La SMI devrait collaborer avec le Ministère de la
défense et la commission nationale de désarmement,
démobilisation et réintégration (CONADER). Elle est
bénéficiait l'appui de la MONUC, de la CIAT et des autres
partenaires internationaux.
Dans la pratique, les candidats au brassage doivent remplir
sept conditions :
Ø Avoir la nationalité congolaise,
Ø Le choix volontaire,
Ø l'aptitude physique, médicale et mentale,
Ø une bonne moralité,
Ø un bon profil psychologique,
Ø un minimum de six ans d'études primaires,
Ø avoir l'âge requis, c'est-à-dire 18 ans
au minimum et 40 au maximum pour la troupe et les sous officiers, 45 ans
maximum pour les officiers supérieurs51(*).
La restructuration devrait aussi permettre de connaitre la
taille de l'armée qui demeurait inconnue et ce par un recensement
biométrique qui permettra à chaque militaire d'avoir une carte
biométrique. L'intégration de l'armée devrait se faire
à plusieurs séquences dont les plus importantes sont :
Ø Le regroupement des compagnies au point de
cantonnement (pour le contrôle des listes nominatives) et ce lui des
groupes ou individus armés au point de désarmement par la
MONUC ;
Ø Le transport des forces vers le quartier
général de brigade où s'opère le recensement des
personnes et du matériel ainsi que la récupération des
armes avec la MONUC. A ce stade, les enfants soldats sont directement
confiés aux organisations spécialisées ;
Ø Le transport vers les centres d'orientation
gérés conjointement par la SMI et la CONADER. Des
activités dits « tronc commun » consistent à
l'identification, l'orientation, et le choix volontaire des combattants. Des
non combattants sont renvoyés chez eux à ce stade.
Ø Enfin, le transport, d'une part, des
éléments éligibles vers les centres de brassage de
l'armée où s'opèrent la sélection militaire, le
brassage et le recyclage pendant une période de 45 jours et d'autre
part, le transfert des éléments non éligibles au programme
de DDR pour une réinsertion dans la société. Des personnes
jugées inaptes militairement dans les centres de brassage sont
également envoyées au programme DDR pour un retour à la
vie civile.
2.3.2. Formation d'une police
nationale intégrée
Depuis que le gouvernement a pris l'engagement de faire de la
RDC un Etat de Droit, une série des reformes ont été
initiées dont celle de la police nationale congolaise. On ne peut parler
de l'état de droit sans faire allusion à la police qui, de tout
temps a été considérée comme le « support
de la démocratie ». Mais son profil ne lui permettait pas de
remplir convenablement ses missions suivant les exigences
démocratiques.
La reforme de la police permettra à la RDC d'avoir une
police civile, unique, apolitique, républicaine, professionnelle, et
accessible à l'écoute de la population et soumise à
l'autorité civile. Cette police respectera les lois de la
république et les droits fondamentaux, elle sera régie des
principes de transparence et de bonne gouvernance.
Pour parvenir à ce niveau des standards internationaux,
le plan d'action triennal et le cadre stratégique à long terme,
développé par le comité de suivi de la reforme de la
police (CSRP) offrent un cadre de mis en oeuvre approprié au
commissariat général de la PNC et aux partenaires tant nationaux
qu'internationaux.
Le mémorandum sur l'armée et les forces de
sécurité signé le 29 Juin 2003 par les signataires de
l'accord sur la transition prévoit la création de deux
unités de la police. La première est un corps de protection
rapproché (CPR), responsable de la sécurité des leaders
politiques et des sites des institutions de la transition. La deuxième
est une unité de police intégrée (UPI), chargée
d'assurer la sécurité dans le pays.
S'agissant de la mise en oeuvre de cette reforme, son
démarrage effectif à été tributaire des travaux de
conception réalisés par le secrétariat exécutif du
CSRP.
2.3.3. La justice et la lutte
contre l'impunité
Dans un contexte d'insécurité et des violations
généralisées, l'un des principaux problèmes
soulevé est les violations des droits humains qui sont
perpétrées telles que les agressions sexuelles des femmes et des
jeunes filles, les pillages, les exécutions sommaires, les travaux
forcés, les arrestations et exécutions arbitraires, le manque
d'indépendance des cours et tribunaux font que la population locale se
méfie de la justice.
Pour regagner la confiance de la population à la
justice, le gouvernement congolais avait fait du secteur de la justice une
priorité pour la reforme.
A cet effet, il préconisa dans son plan de
reforme :
Ø La lutte contre les violences faites aux
genres ;
Ø La lutte contre toutes sortes de violation de droits
de l'homme, l'impunité et la corruption;
Ø L'amélioration des prisons,
Ø La bonne gestion des ressources humaines,
financières,...
Ce chapitre a donné le cadre historique et politique de
la RSS en RDC, le cadre juridique et approches des principaux donateurs en
matière de la RSS ainsi que le plan stratégique de la reforme en
RDC. Ainsi, nous passons donc au troisième et dernier chapitre pour
évaluer le soutien de l'Union Européenne à la RSS en
RDC.
Chapitre III. ANALYSE DES
SOUTIENS DE L'UNION EUROPEENNE A LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC
La communauté internationale a investi des ressources
considérables dans la RSS en RDC au cours de deux dernières
décennies. Le soutien et l'engagement de l'Union Européenne,
ainsi que d'autres partenaires internationaux, ont désormais atteint un
tournant décisif puis qu'après 16 ans de présence dans le
pays, la mission de l'ONU en RDC devrait progressivement toucher à sa
fin et l'Union Européenne a décidé la clôture de ses
missions EUPOL et EUSEC.
La décision rapide et inattendue de clôturer les
missions de l'Union Européenne relève d'avantage d'une certaine
« fatigue du Congo » qui prédomine au sein des
ministères des affaires étrangères de certains Etats
membre de l'U.E, combinée à une demande de clôturer les
anciennes missions de la PSDC en vue d'en ouvrir des nouvelles dans d'autres
zones (au Mali ou en République Centrafricaine par exemple),
plutôt que de l'atteinte réelle et durable des principaux
objectifs des missions52(*).
Les défis liés aux forces de
sécurité restent considérable : si d'une part
l'appropriation locale doit être renforcée, il est important
d'assurer la consolidation du travail accompli. Les efforts de la
communauté internationale doivent par conséquent être
poursuivis.
Grace à leurs missions respectives ambitieuses, l'ONU
et l'UE ont permis des améliorations. Mais comme nous l'expliquerons
plus loin, les progrès réalisés restent limités.
Alors que l'ONU décidait en mars 2015 de renouveler le
mandat de la MONUSCO pour un an, y compris sa composante de soutien à la
RSS, l'UE décidait quant à elle d'établir une
« micro mission » d'un an envie de garantir la fermeture en
douceur de la mission EUSEC (juin 2015- juin 2016) et de lancer un nouveau
programme de soutien à la RSS sous le 11e FED (Fond
Européen de Développement 2014-2019).
Dans ce chapitre nous allons d'abord faire une brève
description de soutien de l'Union Européenne à la RSS en RDC,
ensuite faire une analyse de ce soutien pour chuter à l'avenir du
soutien de l'Union Européenne à la RSS en RDC tout en
présentant les défis qui restent à relever pour que la RSS
soit effective en RDC.
3.1. BREVE DESCRIPTION DU
SOUTIEN DE L'UNION EUROPEENNE A LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC
(2003-2015)
Depuis 2003 l'Union Européenne s'est engagé
à soutenir les efforts de la RSS (déploiement de deux forces
Artémis et EUFOR à Kinshasa et en Ituri, soutien pour les
secteurs de la justice et de la police) et deux missions de la PESDC
(2005-2015) : EUSEC et EUPOL. Le principal objectif de l'UE consistait
à aider et soutenir le gouvernement congolais pour assurer la
sécurité dans l'ensemble du pays et créer un environnement
favorable au développement.
En parallèle, l'engagement de l'UE dans la RSS
était également censé garantir une bonne coordination
entre les différentes interventions bilatérales en matière
de RSS menées par les Etats membres de l'UE en RDC.
3.1.1. Présentation de
la mission de l'armée de l'Union Européenne en RDC
(EUSEC_RDC)
Le rôle d'EUSEC a été d'aider les
autorités congolaises dans l'établissement d'un dispositif de
défense capable de garantir la sécurité de la population
congolaise, tout en respectant les normes démocratiques, les droits
humains et l'Etat de droit ainsi que les principes de bonne gouvernance et de
transparence53(*). Le
mandat original d'EUSEC (2005-2012) consistait à :
v Soutenir le processus d'intégration des groupes
armés au sein des FARDC ;
v Améliorer la gestion des ressources humaines via le
recensement des militaires ;
v Mettre en oeuvre le projet de chaine de paiement.
EUSEC a progressivement étendu son mandat et
diversifié ses activités à partir de 2009 en vue de
moderniser tant l'administration que la gestion des ressources humaines.
Lors de la phase finale d'EUSEC (2012-2015), la mission a
concentré son action sur trois domaines :
· Maintenir le soutien au niveau stratégique tout
en intégrant les activités en lien à la compagne contre
l'impunité et en conservant les autorités militaires sur la mise
en oeuvre d'un plan de réforme de l'armée ;
· Maintenir le soutien à la consolidation de
l'administration et à l'établissement d'un système de
gestion des ressources humaines. La mission a entrepris une formation du
personnel de gestion opérationnelle des FARDC pour assurer une bonne
gestion des troupes ; elle a également tenté
d'améliorer de la logistique ;
· Améliorer les capacités
opérationnelles des FARDC, en collaboration avec les autorités
militaires en vue de la durabilité du système d'éducation
militaire et en se concentrant sur les écoles pour les officiers et sous
officiers.
Alors que la mission EUSEC s'est achevée le 30 juin
2015, une « micro-mission » de la PSDC sera maintenue
jusqu'au 30 juin afin que l'UE puisse continuer à soutenir les
autorités militaires congolaises dans les activités qui ne
peuvent être réalisées dans le cadre du 11e fond
européen de développement, telles que les conseils
stratégiques et le soutien aux écoles militaires54(*).
La mission fut composée de 30 individus en 2015 et ce
nombre sera progressivement réduit à 10 individus en 2016. La
« micro-mission » de la PSDC continuera d'assister les
autorités congolaises dans mise en oeuvre des réformes au sein de
l'armée.
Elle procède en prodiguant des conseils au niveau
stratégique, en soutenant la modernisation administrative,
l'établissement d'un système efficace de gestion des ressources
humaines, et la création d'un système d'éducation
militaire de haute qualité y compris des écoles pour officiers et
sous officiers.
3.1.2. Mission de police de
l'Union Européenne en RDC (EUPOL RDC)
L'Union Européenne a réalisé sa
première mission de police financée par la PSDC à Kinshasa
d'avril 2005 à juin 2007. L'objectif d'EUPOL Kinshasa était
d'appuyer l'unité intégrée de la Police Nationale
Congolaise à Kinshasa dès qu'elle serait opérationnelle et
sous commandement congolais. Le budget disponible pour la mission était
d'environ 8,5 millions d'euros.
EUPOL Kinshasa a été suivie en juillet 2007 par
EUPOL RD Congo. Le mandat d'EUPOL consiste à soutenir la PNC et le
ministre de l'intérieur en prodiguant des conseils opérationnels
pour le développement des principes de la réforme de la police et
sa mise en oeuvre.
Elle a également soutenu la lutte contre
l'impunité dans les domaines des droits humains et des violences
sexuelles, et renforcé l'interaction entre la police et la justice.
L'interface police et justice vise à instaurer un lien
solide entre ces deux institutions. Une inspection générale
d'audit a été mise en place pour couvrir toute éventuelle
infraction légale, administrative et financière
perpétrée par la police. Cet organisme devrait jouer un
rôle clé dans la consolidation de la redevabilité des
policiers conformément au principe de l'Etat de droit.
La réforme de la police judiciaire est également
incluse dans EUPOL sous la forme d'un soutien technique au niveau des
procédures d'investigation, de la rédaction de textes de base, de
la coordination de l'assistance pour le processus décisionnel et de la
lutte contre les crimes violents.
De 2009 à 2013, EUPOL s'est concentrée sur
l'accompagnement, la supervision et le conseil55(*) des officiers de la PNC et elle a organisé des
formations pour formateurs. EUPOL comprenait également un volet
spécifique d'identification des policiers à travers la RDC en vue
d'aboutir notamment à l'informatisation des fiches de paie.
La mission a fourni une assistance technique à 3
projets européens (délégation de l'UE en RDC, la France et
le Royaume-Uni) destinées à soutenir la sécurité
des élections de 2011 en RDC.
En 2014, EUPOL a aidé la PNC à mettre en oeuvre
le concept « police de proximité » en collaboration
avec d'autres partenaires européens et congolais tels que la Belgique,
le Royaume-Uni et la société civile congolaise.
En outre, EUPOL a fourni des formations et un soutien en
investigations criminelles à la police judiciaire et à la police
technique et scientifique à Kinshasa, dans les provinces du nord et du
sud Kivu.
En septembre 2014, la mission EUPOL RDC a été
formellement clôturée.
3.1.3. ARTEMIS ET EUFOR
L'Union Européenne a envoyé sa toute
première force en Afrique particulièrement en RDC connue sous le
nom du code « ARTEMIS » le 06/09/2003.
Cette force a été envoyée sous la
décision du Conseil de Sécurité de l'ONU, décision
prise le 1er/03/2003 pour assurer la sécurité à
BUNIA suite au conflit opposant les LENDU et les HEMA. ARTEMIS avait une
durée de 3 mois.
Une deuxième force a été encore
envoyée cette fois à Kinshasa pour assurer la
sécurité aux élections de 2006. Cette force était
connue sous le nom d'EUFOR.
3.2. EVALUATION ET BILAN DU
SOUTIEN DE L'UNION EUROPEENNE A LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC
Nous faisons dans cette section, une évaluation du
soutien de l'Union Européenne à la RSS en RDC. Nous analysons
notamment les missions EUPOL et EUSEC, les forces ARTEMIS et EUFOR, le soutien
à la justice et à la bonne gouvernance.
De manière générale, le manque de
volonté politique de la part du gouvernement congolais de
développer un plan sérieux de RSS est indiqué par beaucoup
comme l'un des ses principaux obstacles à l'atteintes des objectifs
visés par les missions. Des questions subsistent quant à savoir
si l'Union Européenne aurait pu en faire d'avantage et pourrait encore
faire d'avantage pour approfondir son dialogue avec les congolais afin
d'accroitre cette volonté politique.
En outre, l'assemblée nationale congolaise n'a que
très faiblement joué un rôle de contrôle
parlementaire. Que cela soit dû au fait que le parlement congolais est
relativement dominé par la majorité présidentielle,
faisant de l'assemblée nationale un acteur faible en matière de
surveillance parlementaire, où à un manque de formation des
parlementaires sur leur rôle de contrôle qu'ils devraient jouer
concernant la RSS, la marge des manoeuvres pour renforcer le parlement et
augmenter le contrôle démocratique sur le processus de la RSS en
RDC est bien réelle.
3.2.1. Evaluation
d'Artémis et Eufor
Les deux forces de l'Union Européenne envoyées
en RDC respectivement pour la sécurité à BUNIA (ARTEMIS)
et pour la sécurité aux élections à Kinshasa
(EUFOR) par la demande de l'ONU ont un bilan positif.
En effet, à l'issue de son mandat qui était de 3
mois, ARTEMIS a réussit à instaurer la paix dans la région
de BUNIA par contre EUFOR après les élections a joué un
rôle d'interposition pour séparer ou mettre fin à
l'affrontement qui avait opposé la garde républicaine aux milices
de Jean Pierre BEMBA.
3.2.2. Evaluation de la mission
de l'armée (EUSEC)
La réforme des FARDC est une tâche ardue dans la
mesure où l'armée doit parvenir à se réformer
elle-même tout en assumant en parallèle ses missions ordinaires
telles que la lutte contre les groupes armées et la protection des
civiles.
En analysant les principaux objectifs d'EUSEC, on peut dire
qu'en dépit de quelques améliorations, des problèmes
sérieux subsistent en ce qui concerne la situation des soldats56(*).
3.2.2.1. Evaluation d'EUSEC
concernant la gestion des ressources humaines
L'un des principaux aboutissements d'EUSEC a été
son soutien au recensement biométrique des troupes réalisé
au sein des FARDC.
Au début du processus, le gouvernement congolais avait
estimé que les forces armées étaient composées
d'environ 343. 000 hommes et femmes. Le recensement biométrique a
aboutit à l'enregistrement effectif de 145. 000 militaires en 2015 ce
qui a permit d'augmenter les salaires des soldats sans augmenter le budget de
l'armée.
Il y a cinq ans, un soldat était
rémunéré 17 dollars par mois alors qu'aujourd'hui il est
payé 100 dollars par mois. Le recensement à également
permis de réaliser que le nombre d'officiers ou de hauts-gradés
était disproportionné par rapport au nombre de soldats.
D'après le recensement biométrique en 2009, les
FARDC étaient composées de 24, 43% d'officiers, 36,88%
d'adjudants et seulement 38,19% de soldats.
Le recensement a conduit à la distribution de cartes
d'identité militaires, pré requis à la mise en place d'un
projet de « chaine de paiement ». Ce projet visait à
séparer la chaine de paiement de la chaine de commandement afin de
garantir la rémunération des soldats et réduire la
corruption. La première étape du projet a été un
succès puis qu'elle a permis de fournir de cartes d'identité
militaire à plus de 80% des militaires avant fin 2015. De nombreuses
améliorations concernant le paiement de salaires ont été
reportées, mais le retard de paiement (de plusieurs mois) est toujours
très fréquent.
Le manque général de moyens mis à la
disposition de l'armée entrave considérablement ses
capacités et affaiblit la gestion de son personnel qui reste quasi
inexistante. Ce manque de moyens a des répercussions57(*) directes sur la situation des
soldats : ils ne bénéficient par exemple d'aucun
système de pension, alors qu'on estime aujourd'hui que près de
60. 000 FARDC sont en âge de prendre leur retraite. Cette situation
engendre également des conséquences pour les familles des soldats
qui comptent bien souvent sur leur paie pour survivre pour l'instant, seule une
petite compensation (17 dollar par mois par soldat) est offerte aux familles
pour les aider à ses nourrir, suivre les soldats lorsqu'ils sont
déployées et payer pour les funérailles en cas de
nécessité.
La question de la taille de l'armée congolaise a
souvent été soulevée. Il semble que les FARDC soient trop
nombreuses. Il a été estimé que le gouvernement ne
pourrait se permettre de payer 75.000 des 145.000 militaires recensés.
Cependant depuis 2012 le gouvernement poursuit le recrutement de nouveaux
soldats ! Compte tenu de la taille actuelle de l'armée et des
limites de son budget, la question se pose de savoir si l'armée a
réellement besoin des recrues supplémentaires et si les
ressources financières ne devraient pas plutôt se concentrer sur
le fait d'avoir des troupes bien formées et correctement
rémunérés ? Toute fois cette question est
considérée comme extrêmement sensible car elle est au coeur
de la souveraineté congolaise58(*).
Malgré ces difficultés, EUSEC a eu impact
positif sur les capacités des FARDC. Un système de technologie de
l'information (IT) pour la gestion des troupes, l'administration et les
contrôles biométriques ont été mis en place avec le
soutien de la mission.
En effet, EUSEC a mis en oeuvre le système informatique
pour la gestion et l'administration des militaires (SINGAMILI) et
amélioré le réseau informatique des FARDC avec
l'installation de 400 ordinateurs à Kinshasa et 400
supplémentaires dans les autres régions militaires à
travers le pays près de 600 soldats ont suivi une formation en
informatique.
EUSEC a également contribué à
améliorer la gestion des armes, des munitions et les conditions de leur
stockage en construisant 6 armureries et 5 dépôts des munitions
à travers le pays 195 bâtiments et 180 bureaux ont
été rénovés.
En termes de formation, EUSEC a soutenue la mise en place d'un
concours de recrutement sur toute l'étendue du territoire de futures
stagiaires des écoles militaires. EUSEC a modernisé
l'infrastructure, le mobilier, l'équipement IT et de formation dans ces
écoles EUSEC y a ainsi construit 42 classes, 4 réfectoires et des
dortoirs (1.621 lits).
La formation des troupes par EUSEC a principalement
été orientée vers les officiers FARDC, tandis que la
formations des bataillons a été prise en change par les Etats
membres à travers le programme bilatéraux (comme la Belgique, la
France). On compte actuellement 23 écoles des officiers à travers
le pays parmi lesquelles 11 sont opérationnelles, la formation des
bataillons s'est principalement concentrée sur les nouvelles recrues.
Plusieurs programmes ont également été
consacrés à la prévention des crimes contre les civils
(comme prévention de violence sexuelle). EUSEC a soutenu le
développement d'un nouveau « code de conduite » qui
a été distribué à tous les soldats. Une
évaluation qualitative effectuée dans chaque région
militaire montre des résultats encourageants cependant, la
prévention des crimes contre les civils doit continuer a être
priorité des bailleurs et doit être renforcée par la
participation et l'engagement actif, de la population et des organisations de
la société civile impliquées dans le programme de
protection.
3.2.2.2. Evaluation
concernant le conseil stratégique
EUSEC a contribué, conjointement avec les
autorités nationales, à rédiger différentes lois,
ordres, réglementations et directives :
- Loi organique portant organisation et fonctionnement des
forces armées de la RDC- 2011 adoptée et publiée au
journal officiel59(*)
- Loi portant statut des militaires des FARDC-2013
adoptée et publiée au journal officiel. Elle est le moteur de
l'amélioration des conditions de vie des soldats
- Loi de programmation de la réforme des FARDC :
inachevée pour le moment.
La loi organique et la loi sur le statut militaire des FARDC
sont toutes deux extrêmement importantes en termes de contenu. Si elles
étaient correctement mises en oeuvre, elles pourraient amener un
changement significatif. Mais leur mise en oeuvre repose sur la publication de
la loi de programmation qui devrait assurer que les ressources
financières soient adéquatement allouées. La
réticence des autorités à s'engager dans les
réformes via la publication de la loi de programmation entrave le
déboursement des ressources financières nécessaires
à la mise en oeuvre de la réforme de l'armée.
EUSEC a soutenu la RDC dans la réorganisation des
régions militaires comme prévu dans la loi organique. Cette loi
promulguée en août 2011 a finalement été mise en
oeuvre deux ans plus tard par le président KABILA. On compte aujourd'hui
3 zones de défense militaire60(*) :
- La première zone comprend Kinshasa et les anciennes
provinces de Bandundu, Bas-Congo et Equateur ;
- La deuxième comprend les anciennes provinces du
Kasaï-Oriental, Kasaï-Occidental et du Katanga
- La troisième comprend l'ancienne province orientale
et les provinces du Maniema, nord et sud Kivu.
Malgré les améliorations, un changement
systémique et structurel au sein de la gestion de l'armée est
toujours nécessaire, et des sérieuses préoccupations sont
soulevées quant à la durabilité des résultats
obtenus par EUSEC après sa fermeture.
Une autre préoccupation demeure celle de la
coordination de la réforme de l'armée qui doit encore être
améliorée. Bien qu'ils soient importants, les programmes
bilatéraux risquent de fragmenter les efforts et de compromettre les
résultats. Malgré le groupe de travail des partenaires sur les
forces armées coordonnée par la MONUSCO et le groupe technique
des partenaires pour le secteur de la justice coordonné par EUSEC, il
semble que la coordination de la réforme demeure l'un des principaux
défis à relever.
L'objectif de ces groupes était d'échanger des
informations entre différents acteurs engagés dans la RSS en RDC.
Cependant, il semble que tous les partenaires ne soient pas prêts
à partager leurs informations, ce qui porte atteinte aux chances de
succès de ces groupes. Il semble que cela soit aussi le cas de l'Union
Européenne qui aussi rencontré des difficultés dans la
coordination de son action avec celles des Etats membres engagés dans la
RSS en RDC.
Plusieurs questions subsistent quant à l'avenir de la
réforme et sa coordination. La plate forme de la société
civile réseau pour la réforme du secteur de la
sécurité et de la justice (RSSJ) a suggéré qu'un
« comité de suivi » soit mis en oeuvre pour la
réforme de l'armée de la même manière qu'il avait
été pour la réforme de la police. Cela pourrait
s'avérer un bon moyen de garantir la coordination de la réforme
par le congolais eux-mêmes après la fermeture d'EUSEC.
3.2.3. Evaluation de la mission
de police (EUPOL)
La mission EUPOL est souvent décrite comme une
réussite par les institutions européennes. Elle a effectivement
conduit à plusieurs améliorations du fonctionnement de PNC, mais
ces dernières ne doivent cependant pas masquer les problèmes qui
persistent.
3.2.3.1. Evaluation
concernant la conduite de la reforme
Les améliorations amenées par EUPOL
résultent notamment du fait que les instruments appropriés pour
la conduite de la réforme ont été mis en place. Une grande
attention a été accordée à l'appropriation de la
réforme par les autorités publiques et la société
civile61(*). A cet
égard, plusieurs comités chargés de la réforme ont
été mis sur pied.
Le groupe mixte sur la réforme (GMR3) comprenait des
représentants de la PNC, d'EUPOL, d'UNPOL et des diplomates. Le groupe a
travaillé sur l'élaboration d'une loi organique et sur la mise en
place d'un nouveau comité chargé du contrôle de la
réforme appelé comité de suivi de la réforme de la
police (CSRP). Le CSRP était composé de sept ministres congolais
(affaires intérieures, défense, justice, budget, finance, service
public et genre), d'ambassadeurs (Belgique, France, Royaume-Uni, Chine,
Canada), des responsables d'EUPOL et d'UNPOL et des membres de la
société civile.
En outre, un secrétariat exécutif a
été établi afin de préparer la mise en oeuvre du
programme. Le CSRP visait à coordonner toutes les actions relatives
à la réforme de la police et à instaurer un dialogue entre
tous les acteurs impliqués. Le secrétariat exécutif
était composé de neuf groupes de travail, du ministère
d'affaires intérieures, d'experts nationaux et internationaux (UE et
ONU) et des représentants de la PNC.
En 2010, un comité spécial a été
constitué pour s'occuper également de « l'appropriation
et la mise en oeuvre » de la réforme (CAMO). Ce nouveau
comité remplace à présent l'ancien CSRP62(*).
Ces aspects civils et politiques sont essentiels pour le
succès d'une réforme, et le mérite de la mission EUPOL a
été de développer un projet de réforme bien
préparé, doté des instruments appropriés. Cette
programmation particulière a permis une plus grande appropriation de la
réforme par le gouvernement, la PNC et la société
civile.
3.2.3.2. Evaluation
concernant les ressources humaines
Malgré les acquis d'EUPOL, plusieurs défis
restent à relever en vue d'avoir une police efficace et
opérationnelle en RDC.
La PNC est encore trop
« militarisé ». Ce qui entrave sa capacité
à jouer son rôle de protection de la population. « la
militarisation » de la police est également visible dans les
dominations et les grades qui sont similaires à ceux utilisés
pour l'armée. En outre, bien que la constitution congolaise de 2006 ne
considère plus la police comme un acteur « militaire elle est
encore actuellement sous la juridiction militaire. Une mise à jour de la
législation s'avère dès lors nécessaire afin de
supprimer cette contradiction 63(*)».
Les conditions de service restent très difficiles pour
les policiers : salaires sont bas et bien souvent ils ne sont pas
versés pendant plusieurs mois. Par conséquent, la taxation
illégale de la population, les vols et la corruption
généralisée restent de mise.
En outre, plusieurs cas de violation des droits humains
perpétrés par la PNC contribuent à renforcer le sentiment
de méfiance de la population à l'égard de la police.
Des programmes, celui de DFID axé sur le
développement d'une « police de proximité »,
ont réussi à améliorer la qualité de la formation
de la police et à impacter positivement l'attitude des policiers et leur
relation vis-à-vis de la population. Une évaluation interne,
comparant la situation en 2011 et 2013, a également souligné que
la confiance de la population à l'égard de la police a
considérablement augmenté.
La décision de DFID de mettre fin au programme, en
partie prise suite aux violations massives des droits humains
perpétrées par la police pendant l'opération LIKOFI
(novembre 2013-février 2014), risque de compromettre le progrès
mentionnés ci-dessus.
Les violations des droits humains ne sont pas souvent
sanctionnées et l'impunité de la police reste un problème
récurrent malgré la mise en place de programmes
spécifiques (la création de l'inspection générale
de la PNC ou le programme de redevabilité du secteur de la
sécurité et de réforme de la police-SSAPR)
3.2.3.3. Evaluation
concernant les conseils stratégiques
Des nombreux progrès ont été
réalisé concernant le cadre législatif de la police EUPOL
a appuyé la création des nouvelles lois :
- Loi portant organisation et fonctionnement de PNC-2011
votée et publiée au journal officiel ;
- Loi portant statut du personnel de carrière de la
PPNC-2013 votée et publiée au journal officiel.
Le mérite de ces lois est qu'elles prévoient le
développement d'un budget précis et garantit que les
dépenses apparaissent dans le budget général de l'Etat.
Toute fois, la réticence des autorités congolaises à
débourser les fonds nécessaires pour mettre la réforme en
oeuvre demeure une réalité.
En 2015 par exemple, des crédits spéciaux ont
été alloués à la réforme de la police dans
le budget global, mais l'argent n'a jamais été
déboursé. La réforme de la police est planifiée au
niveau national à travers le « plan d'action
quinquennal » (PAQ). Le PAQ a démarrée en 2013, mais
à la fin 2015 seul 3% du plan ont été
réalisés64(*), soulevant des questions sur la positivité de
terminer la réforme avant fin 2017.
Suite à la fermeture d'EUPOL, et à la
lumière des importants défis subsistant en matière de
réforme de la police, il est crucial que l'UE et les partenaires
internationaux restent engagés. Néanmoins, il sera impossible de
réaliser cette réforme sans une stratégie gouvernementale
précise pour augmenter les capacités financières de la
police. EUPOL a contribué à financer la réforme, mais il
est à présent nécessaire que le gouvernement congolais
prenne en main le financement. Le secteur de la police a besoin d'une politique
nationale qui établisse un cadre précis pour la réforme
car EUPOL n'a pas été en mesure d'établir des structures
durables.
De plus étant donné qu'aucune
« stratégie de sortie » d'EUPOL n'a
été prévue par l'UE et le gouvernement congolais, les
acquis d'EUPOL pourraient rapidement disparaitre. Deux défis majeurs
subsistent pour éviter ce scénario : tout d'abord, il est
fondamental que le gouvernement congolais intègre les projets de la
communauté internationale dans la stratégie congolaise de
réforme à travers un plan d'action. En suite, il est essentiel
que le gouvernement alloué un budget spécifique à la mise
en oeuvre de la réforme et de manière générale
qu'il consacre suffisamment des fonds pour l'opération de la PNC.
3.2.4. Evaluation de la justice
et la lutte contre l'impunité
Depuis 2001, l'UE a élaboré plusieurs projets de
soutien au secteur de la justice : soutien au programme de la justice
(PAJ), 2001-2003 soutien au programme de la gouvernance (PAG 2003-2008),
soutien au programme de restauration de la justice (REJUSCCO 2008-2013) ;
soutien au programme de la réforme de la justice (PAR), 2011-2016,
soutien à la réforme de la justice dans l'est (PARJE/Uhaki Safi,
2012-2016). Ce qui présenterait un total de 50 millions d'euros investi
dans la réforme de la justice65(*).
L'évaluation stratégique de la
coopération de l'UE avec la RDC (2008-2013) a montré quelques
améliorations mais également des nombreuses lacunes en termes
d'administration de la justice (bâtiments, gestion des ressources
humaines, finances, redevabilité). Ces lacunes tendent à ralentir
le progrès et l'évolution de la RSS en général et
de la réforme du secteur de la justice en particulier.
En dépit des résultats engendrés par les
programmes de l'UE et des autres bailleurs (USAID pro justice, ONU, ONG), la
réforme de la justice nécessite une approche plus
complète. Les programmes de justice précédents et actuels
sont axés sur une région spécifique (le plus souvent l'Est
de la RDC) soit sur un objectif trop spécifique, ce qui, la plupart du
temps, met en avant le rôle répressif de la justice (par exemple
la lutte contre l'impunité ou contre la violence fondée sur le
genre). Les deux approches semblent trop étroites et négligent
les besoins d'une vision globale : la justice doit également
être considérée dans son rôle préventif et
social, également comme outil de prévention des conflits
(conflits intrafamiliaux conflits liés à la terre, etc.) et un
mécanisme de protection des droits humains.
En se concentrant sur une province en particulier, des efforts
considérables peuvent être perdus lors que les juges ou des
autorités de haut rang partent pour occuper des nouvelles fonctions, ce
qui se produit fréquemment dans le pays. L'accès à la
justice devrait également être une priorité. Les
premières étapes d'une stratégie nationale d'assistance
légale ont été réalisées, mais le ministre
de la justice doit prendre les devants et mettre la stratégie en place
dans l'ensemble du pays.
De plus, il est essentiel de tenir compte des défis que
représentent la fragilité de l'Etat et le poids de la corruption
au sein du système judiciaire congolais comme stipulé dans la
déclaration de paris sur l'efficacité de l'aide de 2005, les
Etats fragiles66(*) ont
besoins et exigences particuliers lorsqu'il s'agit de renforcer leurs
institutions judiciaires et de lutter contre l'impunité. Par exemple,
les tribunaux ne devraient jamais être aveuglement soutenue ni par des
ONG internationales, ni par des agences étrangères de
développement public si ces institutions ne font que confirmer les
officiers de l'Etats corrompus dans leurs positions. Les défis tels que
la fraude et la corruption doivent être suffisamment pris en compte pour
que les programmes de l'UE puissent atteindre leurs objectifs, ce qui n'a pas
été le cas sous les 9ème et
10ème FED.
Le soutien techniques et les campagnes de sensibilisation ne
pourront atteindre aucun de leurs objectifs de réforme structurelle
approfondie si la corruption n'est pas abordée simultanément.
Entant que composante essentielle de l'Etat de droit, la lutte contre
l'impunité s'applique à tout le monde y compris les dignitaires
de haut rang et les magistrats.
L'Union Européenne doit également mettre mieux
en avant son approche orientée sur les droits humains dans ses
programmes de soutien à la réforme du secteur de la justice. Cela
exige une meilleure analyse de la situation sur terrain (évaluation des
connaissances des droits humains au sein de la police et de l'armée)
ainsi qu'un dialogue politique plus soutenu avec le gouvernement congolais
à propos des violations graves des droits humains67(*).
En ce qui concerne la police et l'armée, les tribunaux
(militaire) pourraient jouer un rôle clé en matière de
redevabilité de ces deux forces vis-à-vis des citoyens
congolais.
Pour réaliser cet objectif, la justice militaire doit
être réformée pour devenir indépendante de la
hiérarchie militaire et bénéficier d'un soutien global en
termes de formation, de gestion financière et de mécanismes de
redevabilité.
L'Union Européenne doit soutenir la mise en oeuvre
effective du statut de Rome dans la législation domestique. Ce n'est
qu'en juin 2015 que le parlement congolais a adopté la loi sur
l'organisation, le fonctionnement et juridiction des tribunaux, qui garantit la
compétence des tribunaux civils pour poursuite des crimes sérieux
conformément au statut de Rome. Cependant, la division des
compétences entre les tribunaux civil et militaire reste floue et la
réforme en ce sens doit toujours être encouragée.
De plus, concernant la mise en vigueur du cadre légal,
la constitution congolaise de 2006 demande la réorganisation du
système judiciaire dans le pays. Trois nouvelles institutions sont
censées être mises en place : une cour constitutionnelle, un
conseil d'Etat et une cour de cassation. Aujourd'hui, seule la cour
constitutionnelle a été établie via la loi portant
organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle qui a
été votée, publiée et mise en oeuvre. L'UE doit
encourager le gouvernement congolais à poursuivre les autres
réformes législatives.
Enfin, l'engagement de l'UE dans le secteur de la justice et
de la sécurité en RDC doit envisager d'accroitre les moyens
budgétaires et en ressources humaines consacré au plaidoyer et au
dialogue politique de haut niveau.
3.2.5. Evaluation
spécifique de la bonne gouvernance
Promouvoir la gouvernance équivaut à promouvoir
la participation inclusive, la redevabilité, et l'efficacité de
la gestion publique. L'efficacité des services de sécurité
est étroitement liée à la redevabilité.
La RSS est un processus hautement politique étant
donné que l'un de ses objectifs centraux est de modifier la
hiérarchie au sein de l'autorité publique quant à l'usage
de la force de coercition.
De par ses missions PSDC, l'UE a contribué à
réaliser des améliorations en matière de gouvernance des
forces armées. Son implication dans le projet « chaine de
paiement » ainsi que dans la création d'une base de
données sur l'équipement militaire et la gestion logistique
à une valeur politique considérable68(*).
Cependant une analyse réaliste du processus de la RSS
en RDC nous amène à conclure que la redevabilité des
forces de sécurité congolaises vis-à-vis de la population,
de la société civile et du parlement congolais fait toujours
défaut.
Les civils et la société civile comprennent
qu'ils ont un rôle à jouer en demandant au gouvernement de
réagir aux violations des droits humains perpétrées par la
police et l'armée en RDC et en prenant part au processus de la reforme
proprement dit, leurs préoccupations étant d'avantage
liées à la possibilité de jouer pleinement ce rôle.
Lors que les forces de sécurité représentent une source
d'insécurité plutôt que le contraire, les citoyens
congolais et les collectivités doivent comprendre la réforme et
le rôle qu'ils peuvent jouer.
L'intégration des organisations de la
société civile dans le suivi démocratique de la RSS est
vitale. Une approche centrée sur la personne est indispensable pour
développer une compréhension des besoins en
sécurité de la population ainsi que de la dynamique et de la
confiance ou méfiance à l'égard des acteurs formels de la
sécurité.
A cet égard, la mise en oeuvre des lois de
programmation devient essentielle : ces lois (tant dans le cas de la
réforme de la police que de l'armée) contiennent les dispositions
pertinentes qui, si adéquatement appliquées, renforceraient la
bonne gouvernance des forces de sécurité. Elles comprennent
notamment le besoin de transparence des dépenses en matière de
défense ou le renforcement du rôle de contrôle du parlement
et de sa commission défense. Selon le rapport sur la transparence du
budget de la défense publié par transparency
international69(*) en
2011, la RDC figure dans la pire catégorie de gouvernements.
L'index analyse des critères tels que le manque
d'informations sur les dépenses en matière de défense,
l'inadéquation ou l'inexistence de lois portant sur le contrôle du
budget, la capacité de budgétisation de la défense et le
niveau des dépenses militaires.
En ce qui concerne le contrôle parlementaire, la
commission de défense du parlement congolais ne dispose pas d'espace
politique suffisant pour que ses membres puissent pleinement exercer ce
rôle de contrôle. Souvent, les questions posées au
gouvernement a propos de la défense restent sans réponse au nom
du « secret défense », régulant dans la
pratique, le parlement en un acteur invisible de la RSS.
3.3. AVENIR DU SOUTIEN DE
L'UNION EUROPEENNE A LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC
3.3.1. La nouvelle
programmation de l'UE à la RSS en RDC
L'union européenne a décidé de poursuivre
son soutien à la RSS via le 11ème fond européen
de développement qui prévoit de consacrer 620 millions d'euros
d'aide bilatérale à la RDC sur une période de 6 ans
(204-2020)
En outre le 11ème FED prévoit
d'allouer 350 millions d'euro à l'Afrique centrale par le biais du
programme indicatif régional 2014-2020 (PIR). Le budget global PIR
alloue 43 millions d'euros au programme thématique « paix et
sécurité70(*) ».
La nouvelle programmation européenne
développée au 11ème FED comporte 3 grandes
priorités
1. La lutte contre la pauvreté ;
2. Contribuer à la paix et à la
stabilité de la région des grands lacs
3. Renforcer la démocratie et les droits humains.
A partir de ces trois objectifs principaux, quatre volets
prioritaires ont été établis parmi les quels un volet sur
le renforcement de la gouvernance 160 millions d'euros (ce qui
représente 25% du budget total du FED pour la RDC) y seront
alloués. Grace à cette priorité thématique, l'UE
veut garantir le renforcement de la démocratie, lutte contre
l'impunité et la promotion d'une paix juste et durable en RDC.
Les résultats liés à la gouvernance
devraient être obtenus grâce à des programmes et projets
soutenant des réformes dans les secteurs de la police, de l'armée
et de la justice. Une attention particulière sera accordée
à la gestion des finances publiques. Une partie des fonds alloués
à la gouvernance pourraient également être utilisée
pour soutenir l'organisation des élections de 2016.
Le volet sur la gouvernance est divisé en trois
secteurs, chacun comprenant des objectifs et résultats
spécifiques. Ces objectifs et résultats ont été
opérationnalisés dans les programmes suivants :
a. Justice le programme : PARJE
Les objectifs de ce projet sont résumés comme
suit :
- Améliorer le fonctionnement du secteur judiciaire
congolais pour que le système judiciaire congolais devienne plus
impartial, efficace et protecteur des droits humains en vu de restaurer la
confiance des citoyens dans le système judiciaire ;
- Soutenir la révision et la mise en place d'un plan
national de réforme de justice ;
- Améliorer la gestion des ressources humaines du
ministère de la justice et des droits de l'homme (MIJDH) et du nouveau
conseil supérieur de la magistrature (CSM) ainsi que la gestion des
finances judiciaires publiques, en tenant notamment compte du problème
des inégalités de genre ;
- Soutenir la révision et la mise en oeuvre de la
politique de formation pour les gestionnaires, agents et autres acteurs du
milieu judiciaire dépendant du MIJDH et du CSM par
l'intermédiaire du nouvel institut national de formation
judiciaire ;
- Améliorer la couverture des prisons sur le territoire
et les conditions de détention, en accordant une attention
particulière aux enfants ;
- Renforcer la lutte contre l'impunité et les
violations des droits humains
En ce qui concerne la justice militaire, l'UE a adopté
un nouveau programme « contribution à la phase II du projet de
soutien à la justice militaire en RDC via le renforcement des cellules
d'appui aux poursuites judiciaires » (2,2 millions d'euros sur une
durée maximum de 36 mois).
b. Police : le programme PARP
- Soutenir la mise place de PAQ en matière de
réforme de la police par des mesures d'appui et de conseil au
ministère de l'intérieur, de la sécurité, de la
décentralisation et des affaire coutumières (MISDAC) et au
commissariat général de la PNC ;
- Renforcer la gestion des ressources financières et
humaines et, plus largement la gouvernance administrative de la PNC et du
MISDAC tout en tenant compte des inégalités de genre71(*) ;
- Renforcer le cadre et le contenu de la formation de la PNC
par la création de l'académie de police en vue de garantir le
professionnalisme et le renouvellement du personnel de la PNC en accordant une
attention particulière à la satisfaction des attentes des
citoyens.
c. Armée : le programme
PROGRESS
- Soutenir la mise en oeuvre d'un plan de réforme de
l'armée, y compris aux niveaux législatifs et
règlementaires, par des mesures d'aide et de conseil au ministère
de la défense nationale et des anciens combattants (MDNAC) et
l'Etat-major général (EMG), tout en accordant une attention
particulière aux normes internationales et en terme de protection des
droits humais, des droits de la femme et des enfants, et par conséquent
à la redevabilité du MDNAC.
Afin d'atteindre cet objectif, l'UE prévoit de soutenir
la création d'un comite de suivi multipartite composé des
représentants de la société civile, et des membres de
l'assemblée nationale et qui sera chargé de surveiller la mise
en oeuvre du plan de réforme de l'armée ;
- Renforcer la gouvernance du MDNAC et de l'EMG, et plus
spécifiquement la gestion des ressources humaines et financières,
tout en tenant compte des inégalités de genre ;
- Renforcer les structures du MDNAC comme un
élément clé de la professionnalisation et du
renouvellement du personnel des FARDC ;
- Appuyer l'intégration socio-économique de ceux
qui ne remplissent pas les conditions pour être intégrés
comme élément de l'armée professionnelle, et soutenir les
actions de démobilisation et de réintégration des anciens
combattants des mouvements rebelles.
Le 11ème FED prévoit d'allouer 25
millions d'euros à PROGRESS pour une période de 3 ans
(2015-2017). Le programme PROGRESS assure la continuité des certaines
actions entreprises par l'ancienne mission de la PSDC (EUSEC), à
l'exception des activités qui peuvent être
considérées comme typiquement du ressort de la coopération
militaire qui ne peuvent être couverte par le FED (qui est censé
être consacré à la coopération qu'au
développement). De cette manière, le FED se désengage du
soutien direct aux conseils stratégiques72(*) et à la formation des FARDC et il concentre
son appui sur le renforcement de la capacité de l'administration
militaire (MDNAC et EMG).
Pour les aspects non typiquement militaires, une
période de transitions entre EUSEC et PROGRESS est garantie
jusqu'à juin 2016, date annoncée de la fermeture de la
« Micro-mission » d'un an de la PSDC. Comparé
à EUSEC, PROGRESS se concentre d'avantage sur la redevabilité
interne et externe de la réforme de l'armée. Pour
améliorer la redevabilité externe, PROGRESS inclut un programme
spécifique d'éducation pour les civils et il soutiendra la
création d'un « comité de suivi »
multipartite.
3.3.2. Evaluation de la
nouvelle programmation de l'UE pour le soutien à la RSS en RDC
En principe, le nouveau programme développé dans
le cadre du 11ème FED permettra plus de transparence,
comparé au précédent programme PSDC.
En effet, l'UE est obligée d'entreprendre une
évaluation externe indépendante des programmes du FED.
L'évaluation plus transparente des programmes permettra de mettre en
lumière les « enseignements tirés »
après la première phase de mise en oeuvre en vue de
réorienter les missions si nécessaire.
Eurac73(*) considéré d'ailleurs cet aspect comme
des évolutions essentielles du soutien de l'UE à la RSS en RDC,
car le pays entre dans une nouvelle période électorale qui risque
de provoquer une recrudescence des tensions et des actes de violence si les
forces de sécurité ne sont pas formées et
commandées pour réagir aux manifestations publiques de
manière professionnelle et cohérente.
Etant donné que le FED est un fond pour le
développement, il doit principalement se concentrer sur
l'amélioration du bien être de la population. C'est une bonne
occasion pour l'UE de changer son approche vis-à-vis de la RSS en se
concentrant sur la question de la gouvernance et des corolaires :
l'indépendance de la justice, la protection des civiles, l'inclusion de
la société civile, la protection des droits humains et la
redevabilité des forces armées.
Insister sur la redevabilité des forces armées
est crucial et nous considérons comme un grand pas en avant le fait que
l'UE ait proposé d'inclure la population dans le processus de
contrôle démocratique de la RSS. La position de l'UE de mettre sur
pied un comité multipartite composé du gouvernement, de
parlementaires et de la société civile améliora
l'attention accordée à la gouvernance démocratique de la
RSS, un enjeu largement soulevé dans cette étude.
Une autre amélioration de la nouvelle programmation
c'est également la proposition de lancer un programme spécifique
d'éducation sur la réforme de l'armée pour la population
civile.
Une attention plus grande accordée à la
gouvernance devrait conduire l'UE à assurer que son approche ne se
concentre pas uniquement sur les aspects purement techniques de la RSS pour
intégrer progressivement les dimensions de bonne gouvernance et de
redevabilité dans ses programmes à tous les niveaux.
De plus, une attention spécifique doit être
accordée à la coordination des différents acteurs dans les
processus
Tout ceci peut une fois encore s'avérer relativement
difficile dans un contexte où l'engagement du gouvernement congolais en
faveur de la RSS reste théorique et ne dépasse que rarement les
déclarations d'intention. Il est temps que l'UE profite activement des
opportunités offerte par l'accord de Cotonou en terme de dialogue
politique (art 8) pour exercer la pression sur le gouvernement de la RDC afin
qu'il respecte ses engagements pris lors de l'accord d'Addis-Abeba, y compris
la mise en oeuvre de son plan de réforme de l'armée.
Pour aboutir à des améliorations plus
significatives, les futurs programmes de RSS prévus sous le
11ème FED devraient reposer sur l'évaluation des
interventions en matière de RSS précédentes entreprises
par les partenaires internationaux et surtout celles des anciennes missions
(EUPOL, EUSEC)74(*).
Une approche plus politique est nécessaire pour
améliorer l'engagement congolais à s'investir dans la
réforme (appropriation), la redevabilité et la gouvernance des
services de sécurités congolais, ainsi que sa capacité
à garantir la protection de la population.
3.4. DEFIS A RELEVER
Eu égard de ce qui précède, plusieurs
défis stratégiques doivent être relevées
conjointement par la communauté internationale et le gouvernement pour
préparer le terrain politique d'une véritable RSS en RDC :
a. Fin du conflit dans les provinces de
l'Est.
Le premier et le plus important des défis consiste
à mettre un terme à la violence cyclique dans l'Est où il
existe une forte interprétation des agendas étrangers et locaux.
Ce phénomène se manifeste le plus clairement à propos de
la « militarisation75(*) » du commerce dans l'Est du pays, où
plusieurs forces et groupes armées opposés sont devenus
directement impliqués dans les activités commerciales relatives
à la protection, à l'extraction et au commerce des ressources
minérales.
Les réformes structurelles profondes impliquées
par RSS et qui sont particulièrement nécessaires en RDC ne
peuvent être menées tant que l'armée et le reste de
l'appareil de sécurité sont mobilisés dans la conduite de
la guerre contre les groupes armés rebelles. De même, il est
évident que l'arrêt de la violence dans l'Est est peu probable
tant qu'une certaine dose de réforme orientée vers la gouvernance
n'est pas mise en place et qu'un commandement et un contrôle plus
efficaces ne sont exercés sur les unités de l'armée
opérant à l'Est. Or, ce type de réforme n'a jusqu'à
présent pas été une priorité du gouvernement et de
la communauté internationale dont les efforts se sont concentrés
sur l'amélioration des capacités militaires pour
accélérer la fin du conflit à l'Est.
b. Restauration d'un niveau de base en
matière de sécurité et moyen d'existence
Le second défi stratégique pour la RSS en RDC
consiste à restaurer un niveau de base en matière de
sécurité et moyens d'existence pour les populations
affectées par le conflit dans le pays plus particulièrement dans
l'Est. Cela inclut non seulement les civils qui supportent le plus gros de la
douleur et de la souffrance, mais aussi les différents groupes
armés rivaux impliqués dans le conflit si les besoins
élémentaires de ces derniers et ceux de leurs familles ne sont
pas satisfaits, la prédation brutale ciblant les civils ne manquera pas
de se poursuivre.
Un dilemme de base se présentera quand un terme sera
mis à la violence qui touche le pays et surtout sa partie Est, que ce
soit par des moyens politiques ou militaires. Il restera en effet en place dans
les provinces orientales des nombreux militaires de FARDC avec un cadre
logistique très faible pour les soutenir, des structures de commandement
et de contrôle fragmentées et un pouvoir politique
centralisé ne disposant que d'un contrôle limité sur la
politique militaire menée dans la région. Il restera
également des nombreux groupes armés, y compris 4 à 5000
des FDLR, qui continueront de poser des actes de menace à la paix et
à la sécurité de la population locale. Sans programme de
DDR de grande ampleur, cette menace ne pourra sans doute pas être
neutralisée.
c. Développement d'un plan de
reforme contrôlé par les congolais
Malgré la prise de conscience de la
nécessité d'une reforme des forces de sécurité et
de la justice depuis les dialogue inter congolais, aucune vision globale
congolaise de la RSS ne s'est dégagée avant la première
tentative organisée lors de la table ronde sur la RSS de février
2008. Depuis, aucun plan stratégique global de la RSS n'a suivi;
laissant aux différents acteurs le champ libre de s'organiser sans
définir les indépendances pouvant conduire à une RSS avec
des plans sectoriels évoluant dans différents sens.
Parallèlement à cette inexistence d'une vision
globale de la RSS dans le pays, plusieurs autres facteurs entrent en ligne de
compte, notamment le rôle de plus en plus prépondérant de
la coopération multilatérale et bilatérale et aussi le
manque des ressources tant financières qu'humaines. La volonté
politique et les enjeux sécuritaires dans les provinces de l'Est,
dominées par des guerres successives impliquant des groupes armés
congolais et étrangers contre les FARDC, constituent des facteurs
supplémentaires non négligeables76(*).
En ce qui concerne les acteurs multilatéraux, et
principalement de système des Nations Unies et de l'UE, ceux-ci
accordent une assistance multidimensionnelle (technique, matérielle,
organisationnelle, ...) aux forces de sécurité du pays. Mais il
s'agit souvent d'une transplantation des expériences
implémentées dans d'autres pays, sans pris en compte efficace des
spécificités locales. En fait, la RSS a été souvent
perçue par certains acteurs multilatéraux comme faisant partie de
la coopération bilatérale. Dans certains domaines ces
expériences ont montré leurs limites. Ainsi la mise en oeuvre du
programme national de DDR s'est heurtée à des difficultés
majeures pour les prévisions budgétaires relatives au transport
des combattants dans leurs milieux respectifs de réinsertion.
Quant à la coopération bilatérale, au
delà de la visibilité recherchée par le pays donateurs,
les références pour la RSS s'inspirent de leurs propres pays.
L'assistance donnée au pays a travers la coopération
bilatérale privilégie très peu la concertation avec les
autres acteurs et est donc l'occasion d'une dispersion des énergies et
des ressources.
Une des conséquences de cette faiblesse de la
coordination entre différents acteurs de la coopération, est que
la RSS est presque soumise à un ballottement dans tous les sens. En
guise, d'exemple pour la police, plusieurs pays ont accordé une
assistance technique à cette structure en suivant leurs propres
expériences, ce qui a pour effet le manque d'uniformité dans les
formations dispensées.
d. Garde fous démocratique pour
la RSS
Sans pouvoir parlementaire capable de jouer pleinement son
rôle législatif et de contrôler les actions de
l'exécutif, il n'y a pas de véritable démocratie, et sans
contrôle parlementaire effectif et compétent de la politique de
sécurité et des activités de l'appareil de
sécurité, pas de reforme véritable au secteur de
sécurité77(*). Au lendemain des premières élections
démocratiques depuis l'indépendance, la RDC s'est doté en
2006 d'un parlement bicaméral constitué d'une assemblée
nationale et d'un sénat. Mais en ce qui concerne le contrôle
démocratique par l'assemblée nationale, les coalition politiques
ont façonnées une majorité en vue de la désignation
d'un premier ministre et de la constitution du gouvernement, ce qui fait que
les enjeux de la RSS tiennent aux difficultés du parlement et plus
particulièrement de la chambre basse, à exercer un contrôle
effectif du secteur sans mettre en péril les intérêts des
membres de l'exécutif qui sont de la même émanation
politique qu'eux-mêmes. Selon certains observateurs, dans ce secteur, la
majorité parlementaire s'est parfois prêtée à la
protection des intérêts de l'exécutif contre les actions
amorcées par l'opposition politique.
En outre, il n'existe pas encore de tradition du
contrôle parlementaire dans le secteur de sécurité.
Celle-ci tente de se frayer son chemin face à des services
sécuritaires enclins aux pratiques d'une gouvernance opaque.
Néanmoins, le rôle des parlementaires dans la définition du
cadre légal et du vote du budget du secteur s'est accru au cours de ces
dernières années.
En ce qui concerne la société civile, cette
dernière a été longtemps tenue a l'écart de la
gouvernance du secteur de sécurité, le quel était
hermétiquement fermé. La société civile ne commence
à s'impliquer dans la surveillance de l'action de l'exécutif
qu'au lendemain de l'ouverture politique(1999), avec la création de
quelques associations de défense des droits de l'homme. Mais ces
associations sont taxées d'être à la solde de l'opposition
politique et intérêts des occidentaux hostiles au pouvoir.
Très récemment, le rôle de la
société civile dans la gouvernance démocratique, et plus
particulièrement la participation de cette dernière à la
formulation des politiques de reforme et son implication dans la
redevabilité, se renforce progressivement. La société
civile doit cependant encore fournir un gros effort pour être
considérée comme un véritable partenaire de la reforme. Un
premier pas a été franchi lorsque le gouvernement a
accepté d'associer la société civile aux discussions de la
loi portant organisation et fonctionnement de la police, ainsi que
d'intégrer ses experts dans le comité de suivi de la formation de
la police.
La société civile a été
également associée aux travaux de la commission de défense
et sécurité de l'assemblée nationale pour examiner le
projet de loi portant organisation et fonctionnement des FARDC et le projet de
loi sur le conseil supérieur de la défense ainsi que le projet de
loi sur la défense.
Ces opportunités doivent être capitalisées
par la société civile pour une intégration des attentes
publiques sur les politiques de sécurité.
Ce chapitre avait pour visé de faire une analyse des
soutiens de l'Union Européenne à la reforme du secteur de
sécurité en RDC. Le but étant atteint, passons aux grandes
lignes pour donner la conclusion générale du travail.
CONCLUSION ET
SUGGESTIONS
Nous voici au terme de notre étude portant sur l'appui
de l'Union Européenne à la reforme du secteur de
sécurité en RDC.
Ce travail poursuivait les objectifs suivants :
- Montrer pourquoi le gouvernement congolais a-t-il
initié la RSS et d'en présenter le plan de la dite reforme;
- Montrer comment l'Union Européenne appuie cette
reforme tout en faisant un bilan.
Nous avons eut à vérifier les hypothèses
suivantes :
- La destruction des forces de sécurité, les
années de crise et des guerres ayant affaiblies l'autorité de
l'Etat, l'incapacité des systèmes judiciaires (cours et tribunaux
civil et militaire), parlementaires d'exercer un contrôle externe des
forces de sécurité affectés par la corruption et les
violations graves des droits de l'homme seraient les causes de l'initiation de
la RSS par le gouvernement de la RDC. Les actions prioritaires seraient la
restructuration et l'intégration de l'armée, la formation d'une
police intégrée d'une part, l'amélioration du
système judiciaire et de la bonne gouvernance d'autre part.
- L'Union Européenne appuierait le gouvernement
congolais par ses missions de conseil et d'assistance en matière de RSS
(missions EUSEC et EUPOL).Le bilan serait signifiant car Les ressources
investies par l'UE et d'autres partenaires internationaux en RDC auraient
permis de réaliser des progrès significatifs en matière de
Réforme du Secteur de la Sécurité. Les missions de la
PESDC de l'UE, EUSEC et EUPOL, auraient soutenu le Gouvernement congolais dans
l'adoption de législations indispensables pour une RSS cohérente
et efficace. De plus, l'enregistrement biométrique des soldats et la
division claire entre la chaîne des paiements et la chaîne de
commandement ont contribué à une plus grande cohérence au
sein de l'armée et à une efficacité accrue des FARDC.
Cependant, des défis considérables
persisteraient en vue de l'approfondissement de cette réforme et de la
consolidation des acquis engrangés pour les trois piliers de la RSS,
à savoir: l'armée, la police, et la justice.
Pour atteindre les explications nous avons recouru à la
méthode d'analyse stratégique de M. Crozier et E. Freiberg. Cette
méthode consiste à se servir des données recueillies lors
des entretiens pour définir les stratégies futures probables que
les acteurs vont poursuivre les uns à l'égard des autres.
Cette méthode à été
secondée des techniques documentaire, de l'interview libre et celle de
l'observation directe. La technique d'analyse de contenu nous a permis
d'analyser les données recueillies.
Après analyse et explication, nous sommes aboutis aux
résultats suivants :
- La destruction des forces de sécurité, les
années de crise et des guerres ayant affaiblies l'autorité de
l'Etat, l'incapacité des systèmes judiciaires (cours et tribunaux
civil et militaire), parlementaires d'exercer un contrôle externe des
forces de sécurité affectés par la corruption et les
violations graves des droits de l'homme sont les causes de l'initiation de la
RSS par le gouvernement de la RDC. Les actions prioritaires sont la
restructuration et l'intégration de l'armée, la formation d'une
police intégrée d'une part, l'amélioration du
système judiciaire et de la bonne gouvernance d'autre part.
- L'Union Européenne appuie le gouvernement congolais
par ses missions de conseil et d'assistance en matière de RSS (missions
EUSEC et EUPOL). Le bilan est signifiant car Les ressources investies par l'UE
et d'autres partenaires internationaux en RDC ont permis de réaliser des
progrès significatifs en matière de Réforme du Secteur de
la Sécurité. Les missions de la PESDC de l'UE, EUSEC et EUPOL,
ont soutenu le Gouvernement congolais dans l'adoption de législations
indispensables pour une RSS cohérente et efficace. De plus,
l'enregistrement biométrique des soldats et la division claire entre la
chaîne des paiements et la chaîne de commandement ont
contribué à une plus grande cohérence au sein de
l'armée et à une efficacité accrue des FARDC.
Cependant, des défis considérables persistent en
vue de l'approfondissement de cette réforme et de la consolidation des
acquis engrangés pour les trois piliers de la RSS, à savoir:
l'armée, la police, et la justice.
Au vue de ce qui précède, nous affirmons nos
hypothèses du départ.
La reforme du secteur de sécurité est bien plus
explicitement politique que d'autres activités traditionnellement
soutenues par la commission et demande un plus grand engagement politique sur
le terrain pour être efficace. Ainsi, nous suggérons :
v Aux autorités Congolaises :
Ø D'élargir le plan de l'UE de séparation
de la chaine de paiement et de commandement, en majorant les soldes et
améliorer les conditions de vie des hommes de troupe, en conditionnant
l'assistance militaire à la prompte exécution de ces
mesures ;
Ø En consultation avec les bailleurs de fonds, faire un
examen approfondi de l'armée permettant de déterminer les menaces
de sécurité et d'établir un équilibre entre les
besoins et les ressources disponibles, dans le cadre d'une stratégie
sécuritaire à long terme.
v A l'Union Européenne :
Ø D'accroitre les investissements dans
l'intégration de l'armée afin qu'il corresponde au soutien
accordé au processus de démobilisation, en utilisant les fonds
notamment pour l'équipement, le logement, les soins de santé et
les frais de scolarité aux enfants des soldats en priorité aux
brigades intégrées ;
Ø Améliorer la communication entre les donateurs
et les institutions Congolaises, notamment la PNC, et harmoniser les programmes
de formations
Nous n'avons pas la prétention de réaliser un
travail exhaustif, ainsi les chercheurs ultérieurs pourront
compléter cette étude en se spécialisation par exemple sur
la reforme de la justice ou de la bonne gouvernance ou encore en analysant
l'appui d'autres partenaires internationaux comme les Etats-Unis.
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TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE...............................................................................................................i
DEDICACE..................................................................................................................ii
REMERCIEMENTS......................................................................................................iii
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS...............................................................iv
0. INTRODUCTION 8
CHAPITRE I. CONSIDERATIONS GENERALES 20
1.1.1. Appui
16
1.1.2. Réforme
16
1.1.3. Sécurité
17
1.2. CONSIDERATION THEORIQUE ET EMERGENCE DU
CONCEPT REFORME DU SECTEUR DE SECURITE
20
1.3. PRESENTATION DE L'UNION EUROPEENNE ET DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
23
1.3.1. PRESENTATION DE L'UNION EUROPEENNE
23
1.3.1.1. Grande dates de la construction de l'Union
Européenne
23
1.3.1.2. Fonctionnement des principaux organes de
l'Union Européenne
31
Le parlement Européen
33
La cour de justice de l'Union Européenne
34
La cour des comptes
34
La banque centrale européenne
35
1.3.2. Présentation de la RDC
36
1.3.2.1. Présentation
politico-historique
36
Chapitre II : CADRE HISTORIQUE ET JURIDIQUE DE
LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
41
2.1. CONTEXTE HISTORIQUE ET POLITIQUE DE LA REFORME
DU SECTEUR DE SECURITE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
41
2.2. CADRE JURIDIQUE ET APPROCHES DES PRINCIPAUX
DONATEURS EN MATIERE DE REFORME DE SECTEUR DE SECURITE
46
2.2.1. Cadre juridique
46
2.2.2. Approches des principaux donateurs en
matière de Reforme du Secteur de Sécurité
49
Plan d'action de la Reforme du Secteur de
Sécurité en RDC
54
Restructuration et intégration de
l'armée
54
Formation d'une police nationale
intégrée
56
La justice et la lutte contre l'impunité
57
Chapitre III. ANALYSE DES SOUTIENS DE L'UNION
EUROPEENNE A LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC
59
3.1. BREVE DESCRIPTION DU SOUTIEN DE L'UNION
EUROPEENNE A LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC (2003-2015)
60
3.1.1. Présentation de la mission de
l'armée de l'Union Européenne en RDC (EUSEC_RDC)
60
3.1.2. Mission de police de l'Union
Européenne en RDC (EUPOL RDC)
62
3.1.3. ARTEMIS ET EUFOR
64
3.2. EVALUATION ET BILAN DU SOUTIEN DE L'UNION
EUROPEENNE A LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC
64
3.2.1. Evaluation d'Artémis et Eufor
65
3.2.2. Evaluation de la mission de l'armée
(EUSEC)
65
3.2.2.1. Evaluation d'EUSEC concernant la gestion
des ressources humaines
65
3.2.2.2. Evaluation concernant le conseil
stratégique
68
3.2.3. Evaluation de la mission de police
(EUPOL)
70
3.2.3.1. Evaluation concernant la conduite de la
reforme
70
3.2.3.2. Evaluation concernant les ressources
humaines
71
3.2.3.3. Evaluation concernant les conseils
stratégiques
73
3.2.4. Evaluation de la justice et la lutte contre
l'impunité
74
3.2.5. Evaluation spécifique de la bonne
gouvernance
77
3.3. AVENIR DU SOUTIEN DE L'UNION EUROPEENNE A LA
REFORME DU SECTEUR DE SECURITE EN RDC
79
3.3.1. La nouvelle programmation de l'UE à
la RSS en RDC
79
Justice le programme : PARJE
80
Police : le programme PARP
81
Armée : le programme PROGRESS
81
3.3.2. Evaluation de la nouvelle programmation de
l'UE pour le soutien à la RSS en RDC
83
3.4. DEFIS A RELEVER
85
Fin du conflit dans les provinces de l'Est.
85
Restauration d'un niveau de base en matière
de sécurité et moyen d'existence
86
Développement d'un plan de reforme
contrôlé par les congolais
86
Garde fous démocratique pour la RSS
88
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
90
BIBLIOGRAPHIE
95
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* 14 OTEMIKONGO MANDEFU
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* 15 M. Crozier et E.
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* 17 Le Robert,
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* 18Dictionnaire la rousse
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* 19PETIT LAROUSSE
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* 20 Le Robert,
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* 21 Arthur Koestler,
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* 28
http://www.vie publique.fr :
quelles sont les grandes dates de la construction de l'union
européenne ? Consulté le 10 Février 2016
à 11H
* 29
http://www.Vie publique.fr, op.cit.
* 30
http://www.viepublique.fr quelles sont
les grandes dates de la construction de l'union européenne ?
Consulté le 17 Février 2016
* 31
http://www.stasbourg-europe.eu/explications-détaillées-sur-les-organes-de-lunion-europénne,
consulté le 17 Février 2016
* 32
http://www.strasbourg-europe.eu,
op. cit.
* 33 MWAYILA TSHIYEMBE,
« Régionalisme et problèmes d'intégration
économique. Aléna, Mercosur, union européenne, union
africaine », paris, l'harmattan, 2015 P11O
* 34 BISCHOFF, A,
« Congo Kinshasa, la décennie 1997_2007 », éd
du cygne, paris, 2008, P240
* 35 BISCHOFF, A ; op
cit.
* 36 COQUERY_VIDROVITCH,
C, « Congo, de la rébellion à
l'insurrection », in Monde Diplomatique, Janvier 1999, P10_11
* 37 MOIKIMA MOTUNDU, A,
« Reforme de secteur de sécurité en RDC. Défis
et Enjeux »mémoire de licence inédit FSSAP/SPA/UNIKS,
2012, P31
* 38 Dylan Hendrickson
et Missak Kasongo, la RSS en RDC : Enjeux stratégique,
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* 39 Boubacar Ndiaye,
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post-autoritaire », in acte de la conférence sur
l'expérience de la RSS en Afrique, African Security network, Kinshasa,
juin 2009, P6
* 40 LANOTTE,
O, « République Démocratique du Congo, guerre sans
frontières de Joseph-Désiré MOBUTU à Joseph KABILA,
éd GRIP_COMPLEXE, Bruxelles, 2003, P1O5
* 41 LANOTTE, O, op.cit.
* 42Discours du chef de
l'Etat sur l'état de la nation du 24 OCT 2013, disponible sur
radiokapi.net
* 43Dans un souci de paix,
d'unité et de réconciliation, le mécanisme pour la
formation d'une armée précise devra inclure le RCD_ML, RCD_N et
les MAI_MAI, selon les modalités définies par les institutions de
la transition issue du dialogue inter congolais.
Une réunion des états majors des FAC, RCD, MLC,
RCD_ML, RCD_N, et MAI_MAI sera convoquée avant l'installation du
gouvernement de transition. Elle procédera à l'élaboration
du mécanisme militaire chargé de la formation des autres
états-majors jusqu'au niveau des régions militaires.
Il est créé un conseil supérieur de la
défense. Il est présidé par le président de la
république et, en cas d'absence par le vice président ayant la
défense dans ses attributions.
Le conseil supérieur de la défense est
composé comme suit :
· Le président de la république,
· Les quatre vices présidents,
· Le ministre de la défense,
· Le ministre des affaires
étrangères,
· Le ministre de l'intérieur,
décentralisation et sécurité
· Le chef d'état-major général de
l'armée (ses adjoints y peuvent participer)
Les chefs d'état-major des forces aérienne,
terrestre, navale.
http://www.grands-lacs.net/doc/2811.PDF,
Journal officiel, accord global inclusif du 17.12.2002, consulté le
18/02/2016
* 44Dans un souci de paix,
d'unité et de réconciliation, le mécanisme pour la
formation d'une armée précise devra inclure le RCD_ML, RCD_N et
les MAI_MAI, selon les modalités définies par les institutions de
la transition issue du dialogue inter congolais.
Une réunion des états majors des FAC, RCD, MLC,
RCD_ML, RCD_N, et MAI_MAI sera convoquée avant l'installation du
gouvernement de transition. Elle procédera à l'élaboration
du mécanisme militaire chargé de la formation des autres
états-majors jusqu'au niveau des régions militaires.
Il est créé un conseil supérieur de la
défense. Il est présidé par le président de la
république et, en cas d'absence par le vice président ayant la
défense dans ses attributions.
Le conseil supérieur de la défense est
composé comme suit :
· Le président de la république,
· Les quatre vices présidents,
· Le ministre de la défense,
· Le ministre des affaires
étrangères,
· Le ministre de l'intérieur,
décentralisation et sécurité
· Le chef d'état-major général de
l'armée (ses adjoints y peuvent participer)
· Les chefs d'état-major des forces
aérienne, terrestre, navale.
http://www.grands-lacs.net/doc/2811.PDF,
Journal officiel, accord global inclusif du 17.12.2002, consulté le
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* 45 Conseil de
sécurité de l'ONU, résolution 2151 sur la RSS avril
2014, disponible sur
http://unssr.unlb.org/ressources/UN-documents/tabid/255/SMID/498/itemld/124/default.ASPX
* 46 DCAF_ISSAT,
« manuel de formation : introduction à la
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* 47OIF, « la
reforme du système de sécurité et de justice en Afrique
francophone », OIF, paris, Mars 2010.
* 48
OCDE, « Manuel de l'OCDE CAD sur la RSS : soutenir la
sécurité et la justice », paris, 2007.
* 49 OCDE, op.cit.
* 50 MARCEL
WETSH'OKONDA KOSO, « la justice militaire et le respect
des droits de l'homme, l'urgence du parachèvement de la
reforme », AfriMap & open society initiative for
southern Africa, 2009
* 51
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* 52 AGATHE
PLAUCHUT, « Fin de la mission EUPOL RD CONGO : Quelles
perspectives sécuritaires à l'approche des
élections ? GRIP, avril 2015
* 53Union
européenne, action commune du conseil 2009/709/CFSP& union
européenne, action commune du conseil 2010/565/FSP disponible sur
http://eeas.europa.EU/CSdp/Missions-and-operations/EUSEC-DRC/index-fr.htm
* 54Service européen
pour actions extérieures, « mission de conseil et d'assistance
en matière de RSS en RDC dans le domaine de la
défense » (EUSEC RDC) disponible sur
http://www.europal.europa.EU
* 55Union
européenne, décision du conseil 2011/537/PESC modifiant et
prorogeant la décision 2010/565/PESC relative à la mission de
conseil et d'assistance de l'UE et son interface avec le système de la
justice en RDC (EUPOL RDC) 12 SEPT 2011
* 56
http://eeas.europa.eu/CSdp/Mission-and-operations/EUSEC-rd-congo/index-fr.htm
* 57Georges BERGHEZAN,
«FARDC : le chaos institutionnalisé ?
», GRIP, janvier 2014
* 58Propos du colonel
ILUNGA BISIBO, directeur des opérations à l'état-major de
la 31ème région militaire de la province de la
tshopo/Kisangani, propos recueilli lors d'un échange durant notre
période de notre stage à la dite institution.
* 59 RRSSJ,
« Processus de paix en RDC : le rêve d'un
sourd ! », juin 2015
* 60 RRSSJ, op.cit.
* 61 Conférence EUPOL
RDC : « impact sur la RSS et perspectives
futures », Egmont Institute, 7 OCT 2014
* 62 Conférence EUPOL
RDC, op.cit.
* 63Charles A.
Bambara, « La reforme sécuritaire, l'Alpha et l'Omega de
la paix en RDC », échos de la MONUSCO, n° 44, avril 2015,
p. 2.
* 64 St einitz
Nina, « MIS guided Involment in Kivu security-strategic
Interaction between External and local security gouvernance in the police
Reform process », Discours présenté à la
6ème conférence européenne des études
africaines-ECAS, Université Paris I Sorbonne, 10 juillet 2015
* 65 A.D.E. Itad et COWI,
évaluation de la coopération de l'Union Européenne
avec la RDC 2008-2013, aout 2014, p-p. 47-53
* 66 Voir la définition
des Etats fragiles données par le comité d'aide au
développement de l'OCDE : « ceux qui ne peuvent
répondre aux besoins de base tels que la sécurité et la
protection aux populations pauvres car ils sont réticents ou incapables
de le faire », OCDE, op.cit. p.30
* 67 Par exemple,
l'opération LIKOFI menée fin 2014 à Kinshasa, les
troubles autours de la révision de la loi électorale (janvier
2015) ou l'arrestation et la détention des mouvements citoyens Filimbi
et Lucha en mars 2015.
* 68 Laura DAVIS «The
EU and peace building in the DRC », civil society Dialogue Network,
Discussion paper n°9, p. 11.
* 69 Transparency
International, The transparency of National Defense Budgets, Londres,
octobre 2011.
* 70
Xinghua, « L'UE renforce son soutien à l'Afrique
Centrale avec 350 millions d'euros » Africa time, 24 juin 2015(
en ligne sur fr.
africatim.com/RDC/db/lue-renforce-son-soutien-lAfrique-centrale-avec 350
millions d'euros.
* 71 Xinghua
op.cit.
* 72Commission
européenne et gouvernement de la RDC, programme indicatif
national-11ème FED 2014-2020, juin 2014, p. 6.
* 73 EURAC, FIDH et al,
RDC : prendre position à la RSS, 2012.
* 74 EURAC et al, op.cit.
* 75 Garrett N. and Mitchell
H., « Trading conflit for development: utilizing the trade in
Minerals from Eastern DR.Congo for development » Ressource consulting
service.
* 76 ICG, Congo : une
stratégie globale pour désarmer les FDLR, Rapport Afrique
n°. 151.
* 77BOUBACAR NDIAYE
op.cit, p.5.
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