1.2. Croissance économique
La croissance économique désigne l'augmentation
de la production de biens et de services dans une économie sur une
période donnée, généralement une période
longue. En pratique, l'indicateur utilisé pour la mesurer est le produit
intérieur brut ou PIB. Il est mesuré « en volume » ou
« à prix constants » pour corriger les effets de
l'inflation.9
Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB
c'est-à-dire c'est la variation relative en volume d'une année
sur l'autre. Mathématiquement cela s'explique comme suit :
Yt - Yt-1
g = x 100
Yt-1
où g est le taux de croissance
yt est le PIB en volume ou à prix constant de
l'année t yt-1 est le PIB en volume ou à prix constant de
l'année t-1
On utilise souvent la croissance du PIB réel par
habitant comme indication de l'amélioration du niveau de
vie10. La croissance est un processus fondamental des
économies contemporaines, lié notamment à la
révolution industrielle et au progrès technique. Elle transforme
la vie des populations dans la mesure où elle crée davantage de
biens et de services. À long terme, la croissance a un impact important
sur le niveau de vie (à distinguer de la qualité de vie) des
sociétés qui en sont le cadre. De même, l'enrichissement
qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire
reculer la misère matérielle. Certaines conséquences de la
croissance économique notamment : la pollution, le réchauffement
climatique et accentuation des inégalités sociales sont souvent
considérées comme des effets pervers qui obligent à
distinguer croissance et progrès.11
1.2.1. Source de la croissance économique
Les théories récentes sur la comptabilisation
de la croissance permettent de déterminer ses sources à partir
d'une fonction de production du type Cobb-Douglas. Cette fonction a comme
variables explicatives : d'abord le capital, mesuré en termes
d'accumulation de stock ; ensuite le travail exprimé en nombre de
personnes résidentes de l'économie travaillant par rapport au
nombre d'heures et de jour par an ; enfin le progrès technique traduit
sous forme de technique ou de savoir susceptible d'améliorer la
productivité du travail.
9 Barro, R. Sala-i-Martin, La croissance économique,
McGraw Hill, éd. édiscience, 1995, PP. 45.
10 (http:/ / www. canadianeconomy. gc. ca/ francais/ economy/
economic_growth. html)
11 Birdsall, N., Ross, D., Sabot, R. (1995). «Inequality
and growth reconsidered: lessons from East Asia», The world
bank economic review, vol.9, n°3.
14
Mathématiquement ceci peut-être illustré
par cette fonction de production du type Cobb-Douglas ci-après :
Y = Ka (AL) 1-a
Où Y représente la production
totale de l'économie, A la productivité globale
des facteurs (aussi appelée niveau technologique ou niveau de
progrès technique), K le capital et L
le travail.12
L'Equation du PIB Y = C + I + G
Où C est la consommation des
ménages, G les dépenses publiques et I
l'investissement, égal à l'épargne.
L'Equation d'épargne I = sY
L'épargne (donc également l'investissement
puisque I=S) est proportionnelle à Y,
avec s la propension marginale à épargner.
L'Equation d'évolution du capital ?K =
sY - äk
L'épargne est intégralement investie, ce qui
accroît le stock de capital de l'économie, et par ailleurs le
capital en place se déprécie, au rythme du taux de
dépréciation du capital 6 (à chaque
période, une part du capital 6 est ainsi perdue).
L'Evolution de la force de travail
Lt+1 = Lt (1+g) où g est le taux de
croissance de la force de travail L. 1.2.2. Types de
croissance
Il sera question sur ce point de distinguer les
différents types de croissance économique afin de permettre une
meilleure compréhension.
12 Robert M. Solow, « A Contribution to the Theory of
Economic Growth », Quarterly Journal of Economics, vol. 70,
no 1, 1956, pp. 65-94.
15
1.2.2.1. Selon l'horizon et leurs mesures
respectives
· Croissance à court terme
Selon la définition de François Perroux, la
croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue
pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension,
pour une nation, le produit global net en termes réels. » À
court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'«
expansion », qui s'oppose à « récession », et qui
indique une phase de croissance dans un cycle économique. Rappelons
qu'à court terme il n'y a pas d'effets d'accumulation des
facteurs.13 Ce sont les effets sur la demande qui vont affecter la
croissance (aspects conjoncturels).
A court terme, les déterminants de la croissance
économique sont les composantes du PIB, ainsi nous avons :
· · La croissance de l'activité
Elle est mesurée par : PIB réel, PIB courant et
PIB physique. Toutefois, on se sert d'autres proxis pour mesurer la croissance
de l'activité infra-annuelle, il s'agit par exemple : le niveau de
production industrielle, l'indice trimestriel de l'activité, la
production manufacturelle, le solde des opinions des chefs d'entreprise
converti en indice (baromètre de la conjoncture de la BCC). L'objectif
est d'arriver à partir des enquêtes qualitatives à amorcer
d'un indice sous forme de proxis de la mesure de la croissance à
court-terme.14
· · La consommation des ménages
Les observateurs se polarisent sur ce déterminant.
Dès que les ménages dépensent plus, un optimisme ne
s'empare des commentateurs. La demande est certes importante car son
augmentation est le signe d'un regain de confiance des ménages dans
l'avenir et, surtout, elle incite les entreprises à produire plus pour
la satisfaire, faisant ainsi fonctionner l'économie plus fortement.
· ·
L'investissement
L'investissement ne concerne pas seulement l'investissement
privé en capital des entreprises, mais aussi l'investissement en
logement des ménages. Lorsque l'investissement des entreprises augmente,
on s'attend à ce que le niveau de la production s'accroisse.
13 François Perroux, Dictionnaire économique
et social, Hatier, 1990 , PP.30
14 Rapport annuel de la Banque Centrale du Congo,
2009.
16
La place de l'investissement en logement des ménages
dans les déterminants de la croissance explique le rôle primordial
donné au secteur de l'immobilier, à ses périodes de
hausses et de baisses. Notons que l'investissement peut également
être de nature publique : infrastructures, immobilier...
· · Les dépenses
publiques
L'accroissement des dépenses publiques permet de
relancer la demande et de stimuler la croissance économique. Les
dépenses publiques sont l'outil principal de la politique
budgétaire.
· · Le solde
extérieur
Exportations-Importations : si le solde extérieur est
positif, le pays exporte plus qu'il n'importe, ce qui accroît les
richesses du pays.
· Croissance à long terme
La croissance économique de longue période est
de loin plus important déterminant du bien-être des citoyens de
tous les pays. Tous les autres phénomènes qu'étudient les
macroéconomistes - inflation, chômage, déficit
commercial..., font comparativement piètre figure à cet
égard.
Fort heureusement, les économistes savent beaucoup de
choses sur les facteurs qui régissent la croissance économique
tels que l'évolution du capital physique, du travail et du
progrès technique détermine l'évolution de la croissance
économique à long terme. Deux séries de modèles
tentent d'expliquer la croissance à long terme : les modèles de
croissance exogène (Modèle de Solow) et les modèles de
croissance endogènes.15
· · Décomposition de la croissance
L'objectif est de répartir le taux de croissance de la
production globale entre la contribution des facteurs de production,
habituellement le capital, le travail et la croissance du progrès
technique.16
15 Macroeconomics by N. Gregory Mankiw, sixth edition, 2007, P.
316
16 Ravallion, M., Datt, G. (1991). Growth and
redistribution components of changes in poverty measures. A decomposition with
applications to Brazil and India in the 1990s, Washington, LSMS,
working papers nE83, Banque mondiale.
17
L'analyse débute avec une fonction de production
néoclassique habituelle :
Yt = At * F (Kt, Lt)
Y est le niveau de production, A est le progrès
technique ou la productivité totale des facteurs, K le stock de capital
et L le stock de travail.
Log (yt) = log (At) + log (F (Kt,Lt))
? ay
y
|
OA = A +(AY
k)*8K +(AY
i)*a
|
? ay
Y
? ay
Y
|
aA+ A*FK * K)*aK +
A*FL * L)*
aL
A ( Y K ( Y L OA+
PmK * K)*a" +(PmL *
L *aL
A ( Y K Y ) L
|
Si le marché est concurrentiel, le produit marginal de
chaque facteur est égal à son prix, c'est-à-dire PmK est
égal aux prix du capital r et PmL au prix du
travail w. de ce fait le terme (PmK
~* K) représente la part du revenu national servant
à payer les rentes et l'expression (PmL ~* L)
représente la part du revenu
national destiné au salaire. Supposons que nous
disposions des données sur les quantités Y, K et L, ainsi que les
prix des facteurs r et w. Nous pourrions alors calculer les factoriels ainsi
que les taux de croissance de Y, K et L. le seul terme ne pouvant être
calculé est le taux de croissance de la technologie. Nous pouvons
l'obtenir indirectement par l'équation suivante :
OA ay - ~~~~
= ~ * ~~ * ~~ ~ - (~~~
~ * ~) * ~~ ~
~ ~
En d'autres termes, nous pouvons mesurer le taux de croissance
du progrès technique comme un résidu.
1.2.2.2. Selon la nature
v Croissance exogène
La croissance exogène est une théorie de
croissance économique qui considère le progrès technique
comme exogène. Le modèle de croissance exogène le plus
connu est le modèle de Solow. Dans les années 1980 se sont
développées les théories de la croissance endogène
qui ont tenté d'expliquer la croissance du progrès technique.
18
~ Le modèle de Solow
L'intérêt du modèle de Solow est de mettre
en avant-plan le rôle crucial du progrès technique dans la
croissance économique. Selon ce modèle, le développement
économique s'explique par trois paramètres : les deux premiers
sont l'accroissement des deux principaux facteurs de production à savoir
le capital (au sens d'investissement) et le travail (quantité de main
d'oeuvre), et le troisième n'est rien d'autre que le progrès
technologique.17 Ce modèle tente également de
répondre aux préoccupations suivantes :
· Pourquoi certains pays sont riches et d'autres pauvres
?
· Pourquoi certains pays sont-ils en situation de
croissance et d'autres stagnent ?
· Quel est le moteur de la croissance ? Quel est le
mécanisme qui préside à la croissance soutenue de la
production ?...
Pour répondre à ces préoccupations,
Solow s'est servi d'une fonction de production de type néoclassique dont
la modélisation repose sur deux équations fondamentales à
savoir :
( La fonction de production, elle nous renseigne sur le
produit qu'une économie pourrait réaliser à l'aide de sa
technologie et des facteurs de production dont elle dispose et,
( La fonction d'accumulation du capital, elle décrit
le processus de formation du capital physique au sein d'une économie.
Pour arriver à élaborer son modèle,
Solow retient les mêmes hypothèses que celles de Harrod et Domar
à l'exception de deux hypothèses qui créent du coup une
démarcation entre ces deux modèles. Ces deux hypothèses
sont la fonction de production utilisée qui est à facteurs
substituables, et la variabilité du coefficient du
capital18.
Cependant, les principales hypothèses retenues par
Solow sont les suivantes :
· L'économie fonctionne en concurrence pure et
parfaite ;
· Les ménages sont composites c'est-à-dire
sont à la fois producteurs et consommateurs (l'économie à
la Robinson Crusoé) ;
· L'économie est en autarcie, produit et consomme
un seul bien (absence du commerce international) ;
17 Solow, R.M., 1956, «A
contribution to the Theory of Economic Growth »,
Quarterly journal of Economics, Vol. 70.
18 http:/ / pub. paran. com/ econ22/ Solow(1957). pdf=
19
· Le plein emploi est assuré sur le
marché du travail ;
· La technologie de production est exogène
dans ce sens que les firmes ne peuvent pas la modifier par leurs
dépenses de R&D ;
· La fonction de production est du type
néoclassique et à facteurs substituables ;
· Le coefficient du capital n'est pas fixe mais
plutôt variable
La fonction de production retenue par Solow impose
quelques hypothèses additionnelles notamment :
· Les productivités marginales sont
positives et décroissantes :
FK, L' (.) i 0 et FK, L (.) <
0,
· Les rendements d'échelle sont constants :
oc + f3 = 1. C'est-à-dire une fonction homogène
de degré 1 ;
· La fonction doit remplir les conditions de
régularités fixées par Inada, soit :
(a) limk,L - 8 F'(.) = 0
(b) limk,L - 0 F'(.) = 8 (c) F (0, L) = F (K, 0) =
0
Les conditions (a) et (b) veulent tout simplement
dire que plus un facteur est abondant, moins sera sa productivité
marginale et moins abondant est un facteur, plus élevée sera sa
productivité marginale. La condition (c) signifie que pour produire, il
faut la présence de ces deux facteurs de production. Sans l'un ou
l'autre la réalisation de la production est impossible.
· Version simple du modèle de
Solow
Ce modèle est qualifié de simple en ce
que le progrès technique n'est pas pris en compte dans l'analyse de la
croissance. De ce fait, seuls le facteur capital et travail expliquent le
niveau de l'activité économique et constituent les sources de la
croissance économique19.
· Présentation du modèle A. La
fonction de production
Soit la fonction suivante : Y = F (K, L)
Avec Y la production, K le stock de capital et L le
travail ou la main d'oeuvre. Ramenons le tout en termes per capita en les
divisant par L, il vient :
19 http:/ / www.ofce. sciences-po. fr/ pdf/ revue/ 1-83. Pdf=
20
F(K,L)
Y= = F (K 1) Y =
f(K) (1)
L L
L , /
L'équation (1) est la première
équation fondamentale du modèle de Solow. Avec y = Y L ,
K = KL , f'(K) > 0 et f''(K) < 0. ces deux dernières
conditions
impliquent que la fonction de production per capita a une
allure concave. Cette fonction peut être représentée par le
graphique suivant :
Fig.1 : Courbe représentative de la fonction de
production per capita
Y
Il ressort de ce graphique que la production totale de
l'économie peut être donnée par la relation Y= Lf(k) et les
rendements factoriels peuvent se définir comme suit :
Pmk - dY/dK = f'(k) et pmL - dY/dL=
f(k) - Kf'(k), car l'intensité capitalistique est donnée par le
rapport K/L et sa dérivée par rapport à L est égale
à -k/L.
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