L
a République Démocratique du Congo a sans nul
doute renoué avec le taux de croissance positif depuis 2002, et cela
après une longue décennie (19902000) marquée par la
destruction des richesses, attestée notamment par une récession
économique profonde et une baisse drastique de la production
reflétée par une longue série des taux de croissance
économique négatifs, laquelle récession s'est
accompagnée des chocs de l'offre agrégée ( chute de mines
de KAMOTO, deux pillages consécutifs en 1991 et 1993), et finalement
deux guerres qui ont laminé l'appareil productif et le tissu
économique de la RDC.1
En effet, c'est à partir de 2001, après la mise
sur pied par le Gouvernement Congolais des mesures courageuses tirées du
programme intérimaire renforcé, que la RDC recouvra une
stabilité du cadre macroéconomique qui alignera cette
dernière sur le sentier de la croissance positive, lequel sentier qui
à ce jour est tellement raffermi qu'il est considéré par
les experts du Fonds monétaire international comme étant
résilient. Cependant, en dépit de tous les efforts
conjugués par le gouvernement et par certains de ses partenaires, le
chômage demeure une situation préoccupante. Le marché
congolais du travail est fortement déséquilibré. La
demande d'emploi s'accroît rapidement en raison de la pression
démographique alors que l'offre connait depuis 1990 une importante
régression suite aux pillages, aux guerres et aux autres chocs ayant
secoué l'économie.2
Cette situation a favorisé l'émergence du
secteur informel. Environ 80 % de la population active se trouve en-dehors du
marché du travail, ce qui laisse apparaître un taux de
chômage avoisinant 73 %.3 Les jeunes accèdent
très difficilement à un emploi. En raison du nombre limité
de postes proposés, de l'inadéquation entre la formation et les
aptitudes recherchées par les employeurs, du rythme lent de
départ en retraite des fonctionnaires, plus de 70 % d'entre eux sont au
chômage.4 Les plus touchés de jeunes sont ceux qui sont
dans la fourchette de 15?24 ans vivant en milieu urbain. Du fait de la fuite
des cerveaux et
1 Mukoko Samba, 2003, « Politiques
économiques en RDC : les leçons des trois dernières
décennies », Notes de conjoncture, n01, Kinshasa.
2 Kabuya Kalala et Tshiunza Mbiye, 2001, «
L'économie congolaise en 2000 - 2001 : contraction, fractionnement et
enlisement » in S. Marysse et F. Reyntjens, L'Afrique des Grands des Lacs
Annuaire 2000-2001, Paris, L'Harmattan, Pg 15.
3
www.Africaneconomicoutlook.org
4
www.Africaneconomicoutlook.org
Dans le cadre de notre étude, nous avons poursuivi un
objectif général et quelques objectifs spécifiques.
7
de la crise dans le secteur éducatif, la demande en
expertise des ressources humaines demeure élevée dans le pays.
Mais les diplômes étrangers sont plus
appréciés que les diplômes nationaux et ouvrent un
accès plus facile au marché du travail, surtout pour les postes
de responsabilité.
Ainsi donc, la présente étude tentera de
constater l'impact de cette résilience de la croissance de
l'économie congolaise sur le chômage, telle que nous renseigne la
loi d'Okun, pour qui lorsqu'une économie bénéficie des
performances en matière de la croissance économique, elle doit
à tout pris résorber le chômage.
La préoccupation qui sous-tend notre réflexion
sur cette étude est de mesurer l'ampleur de la résilience de la
croissance en RDC entre les périodes de 2002 à 2012, pour en
identifier les impacts sur le chômage. Autrement dit, vérifier si
elle a influé positivement ou négativement sur le chômage
et enfin en proposer les pistes de solution.
Avant d'approfondir notre réflexion, il nous revient
de nous poser des questions fondamentales ci-après :
· Quel est l'impact de la résilience de la
croissance sur la persistance de chômage en RDC ?
· Est-ce la loi d'Okun peut-elle se vérifier dans
le cadre de l'économie congolaise ?
· Quel type de main d'oeuvre que concerne la croissance
économique en RDC pour qu'il y ait persistance de chômage ?