4. 2. Déterminants institutionnels de
l'itinéraire thérapeutique
Un certain nombre de conditions doivent être remplies
avant de choisir un secteur de soins et y accéder. Le malade ou ses
parents doivent avoir les capacités du recours qui se traduisent en
termes d'accessibilité géographique et/ou financière du
système de soins. Selon THOMAS et al. 1984 (cité par BICABA,
2007, p 77), l'accès aux soins c'est « la relation entre la
localisation des services et celle des patients, prenant en compte la
mobilité des patients, la durée, la distance et le coût du
trajet. C'est une mesure de proximité ».
L'accessibilité financière est caractérisée par le
pouvoir d'achat des ménages. De même, en plus de leur
présence physique, les services de soins doivent être à
mesure de fournir les prestations sanitaires adaptées aux besoins des
malades.
4. 2. 1. Itinéraires thérapeutiques selon
l'estimation de la distance du CSPS
Pour cette étude, les mères estimant que le CSPS
est éloigné de leur localité optent majoritairement pour
l'automédication (51,7%). Toutefois, la quasi-totalité des
mères (3,6%) n'ayant pas traité leurs enfants, affirment pourtant
que le centre de soins moderne est proche de leur localité ou de leur
domicile. Sachant que la consultation moderne est considérée
comme coûteuse par la population en milieu rural qui manque
généralement de moyen financier, il va sans dire qu'a
défaut de faire l'automédication, les mères
préfèrent ne pas traiter l'enfant malade. Il faut noter que les
mères qui sont proches du centre de santé moderne utilisent aussi
bien ce service (49,5%) qu'elles font l'automédication (45,0%).
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40
80
70
60
50
30
20
10
0
Aucun recours Consultaion Moderne Consultation
Traditionnelle Automédication
Graphique 4. 4 : Recours
thérapeutique selon l'estimation de la
distance du CSPS
3,6
49,5
Proche Moyennement proche Eloigné
Distance
1,8
45,0
70
30
3,4
41,4
3,4
51,7
Source : Enquête de terrain, (2008)
La primauté est accordée, selon les données
collectées, à la consultation moderne en cas de maladie des
enfants de moins de 15 ans. Elle se justifie du fait que le rayon
58
moyen d'action de l'aire sanitaire est de 6km environ.
L'objectif national qui voudrait qu'un village ne soit pas
éloigné d'un service de santé moderne de plus de 10 km est
relativement respecté. Ainsi, les populations sont
géographiquement proches du centre de santé de Bomborokuy, donc
des distances de déplacement a priori faibles ;
déplacements facilités par l'absence d'obstacles
géographiques naturels notables, même si les infrastructures
routières ne sont pas en très bon état.
Toutefois, il est certain qu'il existe bien, à
l'échelle des villages, des inégalités dans le recours aux
soins. Selon la distribution spatiale des villages, nous remarquons que le
recours à la médecine moderne diminue au fur et mesure que l'on
s'éloigne du site du CSPS. Ainsi, le taux de recours est de 51,9% pour
Bomborokuy contre 30,8% pour le village le plus éloigné
(Gombélé) en passant par Niankouini (48,3%) et Sacko (31,3%) (Cf.
Tableau Annexe 5). Rappelons que Gombélé est distant de
Bomborokuy de 8km ; Sacko, de 6km et Niankouini, de 4km. L'influence de la
distance varie en fonction de l'utilité que la personne attribue au lieu
vers lequel elle se déplace ou peut se déplacer. En cela, la
perception de la distance relève des représentations des
personnes.
La distance de recours thérapeutique ne pose pas de
problèmes manifestes pour certaines mères pour le choix du type
de soins à utiliser selon qu'il soit géographiquement accessible
ou pas (proche ou éloigné du patient). Elle ne représente
sans doute pas un obstacle psychologique suffisant en témoignent ces
propos d'une mère à Gombélé : « En
matière de maladie, tu ne peux pas dire qu'un centre de soins est
éloigné. C'est la santé de ton enfant que tu cherches,
donc tu ne vois pas la distance ».
La distance est un facteur parmi tant d'autres entrant dans
l'orientation des itinéraires thérapeutiques.
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