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Agriculture et croissance inclusive.

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par Joël Madue wanet
Université de Kinshasa - licencié en économie publique 2014
  

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2.3. DESEQUILIBRE DE LA STRUCTURE DES INVESTISSEMENTS

Les entreprises constituent une machine uniquement destinée à produire des biens et services. Ils jouent un rôle fondamental et croissant dans la production des richesses, le profit constitue son oxygène indispensable.18 Les entrepreneurs, Auteurs essentiels de l'activité économique, disposent d'un certain nombre de caractéristiques communes, notamment, le goût du risque, la prise d'initiative, l'esprit de compétition. En effet, la création d'activité commence par une prise d'initiative, une volonté de relever un défi, et cela nécessite que d'incitations appropriées émanant des pouvoirs publics. Joseph Schumpeter a le mérite de mettre en lumière la relation qui existe entre l'entrepreneuriat et la croissance économique, par l'intermédiaire du processus de destruction créatrice de l'innovation. Sous sa plume, on peut lire que :

« La croissance est le fait d'innovation, de la diffusion et de l'assimilation de nouvelles conditions du progrès technique [...J ».

Précisant sa pensée, l'auteur explique que :

17Lire pour ce faire le document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP), MINISTERE DU PLAN, p.63.

18 Voir Philippe MERLANT, René PASSET et Jacques ROBBIN : « SORTIR DE L'ECONOMISME : une alternative au capitalisme néolibéral » Op. p.94.

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« L'entrepreneur innovateur, par son innovation permet ainsi une transformation dans le processus de production et d'organisation du travail entraînant dans son sillage des imitateurs et donnant un signal aux possibilités des profits. Les innovations qui se diffusent dans l'économie vont ainsi bouleverser les modes de consommation en suscitant de nouveaux besoins, et les marchés en seront alors profondément modifiés. L'environnement économique serait en perpétuel changement par le déclin et l'ascension sans cesse renouvelés des besoins à travers le processus d'imitation-innovation [...J ».

Malheureusement, le contexte national congolais ne favorise pas l'activité entrepreneuriale, en particulier dans le secteur agricole. La structure des investissements au Congo est caractérisée par la prépondérance des investissements directs étrangers et la quasi-absence des investissements locaux. La croissance économique de la RDC repose sur une base dont les propriétés n'appartiennent pas à un congolais. Gardons à l'esprit que les investissements qui viennent alimenter notre croissance étant étrangère. En 2010, le taux d'investissement représentait 23.5% du PIB alors que les IDE représentaient 13.3%, soit près de la moitié de ces investissements. Ce qui fait que lorsqu'il y a croissance, les entrepreneurs étrangers commencent d'abord par rapatrier leurs bénéfices vers leurs pays d'origine.

Tableau 4 : évolution de transferts des bénéfices de l'investissement de 2007 à 2013 (en millions CDF)

Années

Revenus des investissements

De l'extérieur vers l'économie

De l'économie vers l'extérieur

Source : banque centrale du Congo, 2013.

2007

 

2008

2009

2010

2011

2012

2013

 
 
 
 
 
 
 

886

1719

5281

29530,7

49282

5573,3

148811,1

341590,8

504113,9

624254

939675,3

1127694

929009

2621966

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Voilà toutes les richesses créer au sein du territoire national sont évaporé vers l'extérieur avec toute célérité en témoignent le tableau ci-dessus. A ce propos, la banque mondiale est sur la même longueur d'onde, elle nous informe que 131 millions de dollars de bénéfices tiré des investissements directs étrangers ont été rapatrié en 2010. Ne sont-ce pas là des bénéfices évidents qui, une fois réinvesti dans l'acquisition de la technologie de pointe, peuvent générer d'importantes recettes fiscales, booster la croissance du PIB et amorcer le processus de la diversification de l'économie congolaise ? Mais ces bénéfices sont rapatriés en toute précipitation et sans aucun prélèvement. D'où la détérioration de la balance des paiements. Il sied de signaler que les investissements direct étrangers (IDE) au Congo ne viennent pas investir dans le secteur agricole, ils sont restés concentré dans les secteurs des ressources naturelles (les mines, le pétrole) et le secteur tertiaire (banques, télécommunications et commerce), quand on sait que huit sur dix congolais sont des paysans et dépend essentiellement de l'activité l'agricole.

*

* *

L'Etat congolais doit mettre en place de politiques appropriées susceptible d'encourager les afflux massif d'investissement direct étrangers dans l'agrobusiness congolais en raison de leur engagement de faire prospérer l'économie nationale et faire sortir la population de l'état de misère dans lequel elle croupit, car un encadrement judicieux des IDE débouchera sur un transfert de technologies profitable, à long terme, aux entreprises locales détenues par des nationaux. Tout compte fait, le manque criant des grandes entreprises détenues par les autochtones créent le divorce entre la croissance économique et le niveau de vie de la population. Une économie contrôlée par les étrangers ne peut pas être prospère et dynamique.

L'investissement local et l'investissement direct étranger doivent être considérés comme deux aspects complémentaires d'une même problématique. Intensifier l'émergence des PME et des champions nationaux dans l'agrobusiness va créer la valeur ajoutée locale, générer la richesse et sédentariser les populations dans les centres de production. Chaque effet d'investissement est appelé à devenir à son tour la cause d'autres effets : effets d'entraînement. Nos populations jouiront à la fois, d'abord des premiers effets, ensuite des effets secondaires provenant des causes invisibles situées à l'arrière-plan des effets visibles.

On aura compris que la qualité de la croissance fait le point de départ entre une nation résignée vivant dans une économie appauvrissante et une société entreprenante se mouvant dans une économie qui satisfait amplement les besoins de ses membres, la divergence des structures économiques demeure le support de cette différence. Seule une croissance inclusive pourra permettre à la RDC de bondir d'un coup en le faisant sauter du Moyen Age au XXIème siècle, en moins d'une décennie. Et qui dit croissance inclusive, dit changement de la structure économique actuelle.

*

* *

En matière de croissance, la première borne kilométrique sur le très long itinéraire qui conduit de la pauvreté à la prospérité passe par le changement de la structure économique actuelle : modification de la structure de production, en renforçant la corrélation entre les secteurs primaire et secondaire, élément déclencheur des effets d'entrainement à impact visible ; et refonte de la structure des circuits de distribution, en privilégiant la consommation intérieure et le marché régional. C'est n'est pas du tout sorcier.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand