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Agriculture et croissance inclusive.

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par Joël Madue wanet
Université de Kinshasa - licencié en économie publique 2014
  

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L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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EPIGRAPHE

« Si vous faites des projets pour une année, semez du blé. Si c'est pour une décennie, plantez des arbres. Si c'est pour la vie, éduquez et instruisez les hommes (...) ».

Le philosophe chinois KUAH-TZU

« La croissance économique [...J des sociétés et la richesse des nations sont ô l'avant plan des préoccupations ».

Prof. Achille HANNEQUART

MADUE WANET JOEL.

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IN MEMORIAM

A mon grand frère, Dadou MADUE BONGO, toi que la vie m'as ravis très tôt, à jamais je ne t'oublierai.

A mon grand frère, Randy MADUE MABOSO toi qui as conduit mes premiers pas à l'Université, paix éternel à son âme.

J'aurais bien voulu rendre hommage à mon regretté grand-père WANET KIWA André ainsi que ma regrettée grand-mère ETABE MOSEKA pour qui ce travail aurait été un objet de fierté.

Paix éternelle

***

MADUE WANET JOEL.

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REMERCIEMENT

Le bon sens déclare : « on ne peut pas broyer l'os avec une seule dent. » ma joie d'avoir achevé ce travail est à partager avec toutes les personnes qui, à différents niveaux, ont mis la main à la pâte tout au long de la lente gestation de ce travail. A toutes ces personnes, j'aimerais exprimer ma reconnaissance la plus profonde. Je commencerais par remercier prioritairement l'Eternel Dieu Tout-Puissant, Par sa grâce, il a su me bénir et rendre possible la réalisation de ce travail. Gloire, louange lui soient rendus pour cet ouvrage, fruit de son Amour pour moi.

Je ne peux m'empêcher de remercier mon père MADUE BONGO Marcel Antoine et ma mère WANET MASSA Marie-Julienne, qui ont toujours accordé une grande importance à l'éducation et à la formation, ce travail vous doit tout. Je serais ingrat si j'oubliais de remercier ma famille : mes tantes, BIJOUX MOSEKA, VERONIQUE et ADOLOPHINE WANET et aussi mon oncle Blaise WANET et que mon cousin Mika LIFAEFI BONGO, Rany MADUE et Clément LIFAEFI trouve également le vif sentiment de ma gratitude. Que se travail serve d'exemple à ma petite soeur Davina ETABE MOSEKA, Djulia BENDE, Guygumba MANZANZA et ainsi qu'à Nancy et Pamela MBALA. Que ma seule et l'unique grand-mère Madeleine DIEMA soit chaleureusement remercié.

Ma dette est très grande vis-à-vis de Herve ZIA et Narcisse KAHOZI SISI dont l'aide, l'amitié et les encouragements, au quotidien, m'ont été d'une grande utilité pour la réalisation de ce travail. A mon amie, Miya KISAKA à qui nous devons beaucoup.

Je tiens également à remercier, Mes amis avec qui nous avons vécu sur le campus de l'UNIKIN durant ces longues années d'études dans l'apprentissage des sciences économiques, Bob WAMBALA, Gloire MBOKO, Gloire TSHISUAKA, Norbert NIMI, Pathy MILWALA, Lionnel PENGELE, Anderson KABANGU, Zareth SAMBA et Xavier TSHADU.

AVANT PROPOS

Nous exprimons nos profonds sentiments de gratitudes au Professeur Séraphin MVUDI MATINGU qui, en dépit de ses multiples occupations, a bien voulu diriger ce mémoire. Mes remerciements s'adressent également au chef de travaux Elie KUKUNGAMA KUMBI KUMBI, qui est resté pour nous plus qu'un rapporteur.

Nous exprimons notre reconnaissance à l'endroit de tous les professeurs de la faculté de sciences économiques et de gestion de l'Université de Kinshasa, très particulièrement aux très respectueux Monsieur le doyen de la FASEG prof. Joachim TIKER TIKER et le vice doyen le professeur LIYUNDULADIO NZINGA, au défunt prof. MUBAKE MUMEME Michel, à le regrettée prof. LUKUSA DIABONDO Théophile et ainsi qu'au monsieur le professeur jean G. NYEMBO SHABANI, et au professeur florentin MOKONDA BONZA de m'avoir incité à l'esprit scientifique.

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ACRONYME ET ABREVIATIONS

BM : Banque Mondiale

DSCRP : Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la

Pauvreté

FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FASEG : Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

FMI : Fonds Monétaire Internationale

IDE : Investissement Direct Etrangers

IDH : Indicateur du Développement Humain

INERA : Institut National pour les Etudes et la Recherche Agronomiques

ITIPAT. : Institut pour la Technologie et l'Industrialisation des Produits

Agricoles Tropicaux

ONU : Organisation des Nations Unies

PAM : Programme Agricole Minimum

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNB : Produit National Brut

PNIA : Programme National d'Investissement Agricole

RDC : République Démocratique du Congo

SNSA : Service National de Statistique Agricole

VAR : Vecteur Auto Régressif

UNIKIN : Université de Kinshasa

ZES : Zones Economiques Spéciales

0. INTRODUCTION GENERALE

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01. ENONCE DU PROBLEME

Vue à travers des lunettes macroéconomiques, la RDC connait à long terme une stagnation de sa productivité agricole et son économie reste non résiliente, extravertie et vulnérable aux chocs extérieurs, la réduction des prix des matières premières exportées et l'augmentation constante des prix des produits importés détériorent les termes de l'échange de la RDC. L'activité économique se subdivise en trois secteurs : le primaire (l'agriculture et les mines), le secondaire (la transformation des produits issus du secteur primaire), et le tertiaire (l'ensemble des facilitations encadrant la production et la distribution des biens). La production reste cependant le mot-clé, car c'est le bien à créer qui justifie et conditionne les services subséquents, et le bien originel est celui du secteur primaire (le produit de la terre, qu'il soit agricole ou minier), lui qui ouvre la voie à la transformation (le secteur secondaire) et aux facilitations de tous genres (le secteur tertiaire). Et au sein du secteur primaire, l'agriculture impose sa préséance sur les mines, pour ces trois raisons essentielles : (i) c'est elle qui, en le nourrissant, subvient quotidiennement au besoin physiologique élémentaire de l'homme ; (ii) elle fournit ensuite les intrants du secteur manufacturier de l'agro-industrie ; (iii) et, au plan national, elle sécurise l'indépendance du ventre, car un pays peut manquer de mines mais pas d'agriculture.

En matière des ressources naturelles et des potentialités agricoles, la RDC est riche, plus riche que beaucoup de nations aujourd'hui développées et industrialisées. La RDC dispose d'une variété d'immenses ressources agricoles, minérales, aquatiques, forestières, énergiques et animales. Ce à quoi il faut ajouter les ressources halieutique. Enfin, elle possède de grandes étendues de terres fertiles, en même temps qu'une pluviométrie abondante et comme disait Franz FANON « l'Afrique a la

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forme d'un revolver dont la gâchette est placée au Congo ».1 Cette position géostratégique forte avantageuse et cette variété d'immenses ressources font de la RDC une puissance économique potentielle en Afrique. Malheureusement, la RDC est sous-exploitée en termes agricoles, Le pays possède 80 millions d'hectares (ha) de terres arables en friche, dont seuls 9 à 10% sont actuellement cultivées.

Les vastes étendues disponibles pour le pâturage permettraient d'élever plus de 40 millions de têtes de bétail alors que le troupeau national n'en compte actuellement qu'environ 700.000 (contre 1,5 millions en 1990).2 Pour les éleveurs traditionnels congolais, le nombre de têtes de bétail est un élément de prestige social, tout au plus une réserve stratégique, à l'image d'un compte bancaire bloqué à très long terme, pour faire face aux imprévus uniquement. Ce patrimoine échappe à l'ordinaire économique, il est dormant. La productivité agricole a connu une baisse constante depuis un demi-siècle et la régression des cultures pérennes/industrielles (café, cacao, thé, hévéa, palmier à huile, coton) a été spectaculaire. La RDC était le premier producteur africain du coton avec plus de 180.000 tonnes de graines produites par 800.000 petits producteurs : la production de coton a pratiquement disparu aujourd'hui (moins de 6.000t/ an). De même, les productions d'hévéa, d'arabica, de robusta et de thé ont toutes chuté de façon spectaculaire.

Il sied de noter que la transformation industrielle des produits agricoles étant faible, ce qui signifie que le lien entre les secteurs primaire et secondaire étant quasi-inexistant dans un Congo champion de l'exportation des matières premières à l'état brut. En RDC, non seulement l'agriculture constitue un atout absolu, elle est même un avantage comparatif certain, dans la perspective des échanges internationaux. Elle constitue la plus grande richesse d'investissement caché. Sa part dans le

1 Voir notamment l'ouvrage de Vital KAMERHE : « LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE TRANSATLANTIQUE DE LA RDC, la terre d'espoir pour l'humanité », Op. p.33

2 Voir J.P. Chausse, Thomas KEMBOLA, R. NGONDE : «L'agriculture : pierre angulaire de l'économie congolaise » p.4. Editions MEDIASPAUL, 2012.

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revenu national a atteint jusqu'à 50% dans les années 1990, en partie à cause de l'effondrement des autres secteurs de l'économie nationale.

Depuis 2002, la RDC donne des signes évidents de vitalité en réalisant une forte croissance économique. Le PIB réel ayant augmenté de plus de 8% en moyenne au cours de la période 2002-2015. Ce niveau de la croissance réjouit les gouvernants, nettement supérieure à la moyenne africaine de 5,8%, traduit la vigueur de l'activité économique. Cette croissance a été impulsée par la performance du secteur minier, du commerce de gros et de détail, des bâtiments et travaux publics. Néanmoins, l'analyse de la qualité de cette croissance met en lumière sa nature faiblement inclusive. En effet, elle reste caractérisée notamment par sa faible capacité à réduire la pauvreté et à générer des emplois décents pour la majorité de la population. Cette situation est considérée comme un symptôme de maladie et non un signe de santé. Dans le même d'ordre d'idées, le secteur minier porteur de cette croissance économique est géré par les expatriés et il contribue faiblement au trésor public. C'est dans cette perspective que nous nous sommes préoccupées de savoir pourquoi la croissance économique de la RDC n'est pas inclusive.

Au regard du rôle que doit nécessairement jouer l'agriculture dans la croissance économique, quelques questions majeures méritent d'être posées :

? Quelle est l'incidence de l'agriculture dans la croissance économique ?

? Quels sont les facteurs explicatifs du phénomène du non inclusivité de la croissance économique en RDC ?

02. OBJECTIFS DE L'ETUDE

L'objectif général de ce travail est celui d'évaluer l'impact du secteur agricole dans la croissance économique par rapport aux autres secteurs de l'économie nationale.

Les objectifs spécifiques sont :

? Définir les concepts de base liées à l'agriculture et à la croissance économique inclusive ;

? Donner les pistes de solution pour relancer le secteur agricole. ? Formuler les suggestions pour arriver à une croissance inclusive.

03. HYPOTHESES DU TRAVAIL

Les réponses aux questions posées dans la problématique sont données sous forme d'hypothèse qui est une réponse provisoire à la question soulevées dans la problématique. En considérant que l'agriculture étant l'unique source de la richesse des nations comme disait les physiocrates nous formulons l'hypothèse en disant que :

? L'incidence de l'agriculture dans la croissance économique est peu significative à cause des problèmes structurels au niveau interne qui bloquent le développement de l'agriculture.

? Le phénomène du non inclusivité de la croissance économique de la RDC résulte de la conjugaison des facteurs tant structurels que conjoncturels, en l'occurrence, la croissance a été saisie par des grandes entreprises sans un essor significatif des petites et moyennes entreprises détenues par des autochtones et la faible diversification de l'économie nationale.

04. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Le choix de ce sujet est motivé dans le sens que la RDC dépense à peu près 1 milliards et demi de dollars pour importer tout jusqu'aux cure-dents, Depuis des longues années, le pays a orienté principalement sa politique économique sur l'exploitation et commercialisation des produits miniers et le pays est absorbé dans un chômage de masse. Comment ne pas s'intéresser au secteur qui peut permettre à la RDC de mettre fin aux importations, d'avoir l'auto suffisante alimentaire, de réduire le taux de chômage. Tous les pays développés sont ceux qui ont réussi à réserver une

réponse positive aux problèmes posé par la prééminence de l'agriculture qui agitent la marche leurs citoyens. Ce travail revêt un intérêt particulier dans ce sens qu'elle donne occasion aux pouvoirs publics, aux opérateurs économiques de saisir les atouts dont dispose la République démocratique du Congo et de disposer des outils nécessaires pour la promotion du développement économique du pays.

05. METHODOLOGIE ET DELIMITATION DU TRAVAIL

Ce travail s'appuie sur les méthodes descriptives, empiriques en s'appuyant aussi par les méthodes économétriques ainsi que la technique documentaire. La méthode descriptive nous a permis de définir et d'expliciter le vrai sens des concepts et des notions couramment utilisées. La technique documentaire nous a permis de consulter les bibliothèques tant matérielles que virtuelles ainsi que les notes des cours. Et la méthode économétrique nous a permis de faire de modèle et des vérifier nos hypothèses. La délimitation de ce travail se fait dans le temps et dans l'espace, dans le temps il concerne la période de 1980-2010 et dans l'espace il concerne exclusivement la RDC.

06. CANEVAS DU TRAVAIL

Outre l'introduction et la conclusion, ce travail comportera quatre chapitres qui sont :

? Chap.1 : généralités conceptuelles ;

? Chap.2 : l'inclusivité de la croissance en RDC ;

? Chap.3 : l'impact de l'agriculture sur la croissance économique ; ? Chap.4 : pistes pour le développement de l'agriculture

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CHAPITRE PREMIER

GENERALITES SUR LES CONCEPTS DE BASE

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Après l'introduction, Il est important de préciser la signification de certaines expressions dont leur importance se révélera déterminante dans la compréhension de ce travail. Ce chapitre sera en effet subdivisé en quatre sections qui auront le mérite de nous ouvrir les voies d'accès aux définitions de quelques concepts. La définition de l'agriculture, de la politique agricole, l'origine de l'agriculture en Afrique centrale et la sécurité et autosuffisante alimentaire va constituer le point de départ de cette démarche. Elle sera suivie de l'agriculture intensive et extensive, et puis définition, caractéristique, mesure et les facteurs de la croissance. Et la croissance inclusive clôturera ce premier chapitre.

1.1. DEFINITION DES CONCEPTS 1.1.1. Définitions de l'agriculture

En parlant de l'agriculture, on lui attribue tantôt un sens large, tantôt un sens strict ou étroit. Au sens large, l'activité agricole doit comprendre la production agricole, l'élevage (activités pastorales), l'exploitation forestière, les activités de soutien ou d'appui à la production ou à la commercialisation ainsi que, évidement, leurs interactions avec le milieu et la préservation des ressources naturelles. Par contre, au sens strict, l'agriculture ne comporte que l'activité de production agricole, c.à.d. l'exploitation des cultures vivrières et maraîchères ainsi que des cultures industrielles.3

1.1.2. Les origines de l'agriculture en Afrique centrale

L'histoire rapporte qu'à la fin du 15ème siècle de notre ère, les premiers explorateurs portugais qui ont foulé le sol africain, se sont trouvé nez à nez avec des royaumes bantous structurés, au sommet de leur faste culturel, administratif et économique.

A part les pygmées, premiers occupants de la cuvette centrale depuis des millénaires, qui vivaient principalement de la chasse et de la cueillette dans leur garde-manger naturel inépuisable, les immigrés

3 Lire MOKONDA.B : « les notes des cours ECONOMIE RURAL », p.5, G3 UNIKIN

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bantous, derniers venus, étaient cultivateurs et forgerons. Ils ne tardèrent d'ailleurs pas à tirer de l'usage du fer une supériorité écrasante sur les populations autochtones qu'ils colonisèrent jusqu'à leur imposer, au fil du temps, la langue bantoue. Les pygmées n'avaient commencé à fumer la viande de forêt que pour s'en servir comme monnaie d'échange contre tantôt des objets en fer forgé tels que les pointes de lance utiles à la chasse, tantôt des poteries à usage de rangement, ou du sel, ainsi que toute la panoplie des produits agricoles (ignames, taros, bananes, maïs, manioc, arachides, cannes à sucre, patates douces et légumes) apportés par les Bantous. Ces derniers préféraient sous-traiter la chasse aux pygmées, plus aguerris en la matière.4 Bref, l'agriculture était pratiquée en Afrique bien avant l'époque coloniale, mais cette activité sociale n'avait jamais franchi le seuil de l'unique satisfaction des besoins de subsistance communautaire, pour devenir un instrument d'expansion économique. Ce sont les puissances coloniales qui développeront plus tard, sur le continent, une agriculture de rente, orientée prioritairement vers l'exportation, aux côtés des produits d'extraction minière.

1.1.3. POLITIQUE AGRICOLE

Une politique agricole n'est qu'un aspect et certainement le plus ancien de la politique économique d'un gouvernement. Elle peut être définie comme l'ensemble des décisions ou mesures cohérentes et systématiques prises par un gouvernement visant à promouvoir le développement de l'agriculture, de manière à lui faire jouer son rôle historique à savoir :

? Fournir les denrées nécessaires en quantité et en qualité pour la satisfaction des besoins alimentaires de la population ;

? Libérer une fraction du facteur pour une utilisation judicieuse dans d'autres secteurs d'activité à haute productivité ;

? Générer des ressources en devises, notamment par la promotion des exportations, pour le financement du développement du pays ;

4 Lire Bob TUMBA MATAMBA : « la priorité agricole RD Congo/Afrique », l'Harmattan, p. 144

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? Approvisionner les industries en matières premières et servir de débouché aux produits industriels.5

1.1.4. SECURITE et AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE

La sécurité alimentaire peut se définir comme « l'accès de tous les individus à tous les moments à suffisamment de nourriture pour mener une vie saine et active ». Par contre, dès 1983, la FAO adoptera une définition plus large. Pour elle, en effet, rechercher la sécurité alimentaire, c'est « assurer en tout temps et à tous les hommes l'accès matériel et économique aux aliments de base dont ils ont besoin »

Les trois composantes de la sécurité alimentaire

Au stade actuel des connaissances sur la sécurité alimentaire, il est permis de distinguer trois éléments fondamentaux dans le contenu de la sécurité alimentaire, à savoir :

? la présence des disponibilités alimentaires suffisantes ;

? la stabilité des approvisionnements dans le temps et dans l'espace ; ? l'accès matériel et économique de tous les individus aux approvisionnements disponibles.

Depuis le début des années 1970, la plupart de pays d'Afrique noire ont mis au point des politiques agricoles dont l'objectif recherché était l'autosuffisance alimentaire. Dans un pays, on considère que « l'autosuffisance alimentaire » est atteinte lorsque tous les besoins alimentaires et nutritionnels sont entièrement couverts quantitativement par la production intérieure. Le plan de Lagos adopté en 1980 par les chefs de l'Etat africains considérait l'autosuffisance alimentaire comme l'un des objectifs primordiaux de la croissance économique pour le continent. Dans notre pays, le mot d'ordre « agriculture, priorité des priorités » n'avait de sens que dans la mesure où l'objectif poursuivi se résumait dans la conquête de l'autosuffisance alimentaire. Or, malgré, les plans ou

5 Voir à ce propos prof. MOKONDA BONZA : notes de politique agricole et développement rural.

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6 Lire prof .MOKONDA BONZA notes des cours « ECONOMIE ALIMENTAIRE », p.p. 58, 59, 68.

7 Lire pour ce faire prof. TIKER TIKER : notes des cours « ECONOMIE RURAL » G3 UNIKIN.

programmes conçus et exécutés, cet objectif ambitieux, néanmoins réalisable est resté un voeu pieux.6

1.1.5. AGRICULTURE INTENSIVE ET EXTENSIVE

Par système de production, on veut désigner le type de combinaison entre facteurs de production participant à l'activité agricole. On parle alors de système de production du type extensif lorsque la primauté est accordée au facteur terre (des cultures à rendement médiocre qui se pratiquent sur des vastes étendues) ; alors qu'on parle que l'agriculture intensive requiert l'introduction dans les méthodes de production des technologies plus performantes, notamment des semences sélectionnées et améliorées, plus d'heures de travail (semis en ligne, binages, sarclages, etc.), irrigation, assainissement et drainage, meilleur assolement, engrais verts. Le système de production du type intensif à base du capital fait appel massif aux équipements et consommations intermédiaires.7

Dans le système extensif, la primauté accordée au facteur terre tient vraisemblablement au fait que ce facteur est plus abondant par rapport aux autres facteurs. L'importance du facteur terre aura une incidence sur la méthode utilisée pour la conservation du sol et la méthode employée reposera sur la jachère de longue durée. Dans un système d'agriculture intensive à base de travail, on demande au sol de fournir de rendement très important (l'intensif nourrit et l'extensif rapporte).

Tableau 1 : production de principaux produits vivriers (en tonnes)

Source : SNSA, ministère de l'agriculture/ agriculture en chiffre

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8 Voir Mme FATEN MEZIOU et WASSILA FOURATIE : notes des cours « ECONOMIE GENERALE » p.6 université virtuelle de Tunis.

Il saute aux yeux que les principales cultures vivrières de la RDC sont le manioc, le maïs, le riz, l'arachide la banane plantain et le haricot. Elles représentent l'essentiel (80%) du PIB agricole. Le manioc est la principale culture vivrière du pays. Il est cultivé dans toutes les régions de la RDC. Les autres spéculations ont une importance variable en fonction des régions : le maïs dans le sud (Katanga) et le haricot dans l'est. A cause de la détérioration des infrastructures de transport et de la désorganisation des circuits de commercialisation, la production vivrière est largement destinée à l'autoconsommation et/ou à l'approvisionnement des marchés de proximité. La production est de type traditionnel c.à.d. basée sur une technologie archaïque à très faible productivité et les rendements sont très faibles.

1.2. CROISSANCE ECONOMIQUE

1.2.1. Définition de la croissance économique

Lorsqu'on parcourt la littérature économique, on est frappé par la diversité des auteurs qui ont pensé à définir la croissance économique. La croissance économique se définit comme étant l'accroissement quantitatif de la production nationale selon un rythme soutenue, régulier et en longue période.8 Comme pour faire à cette assertion, Simon Kuznets renchérit en termes ci-après :

« La croissance économique d'un pays peut être défini comme une hausse sans cesse élargie des biens économiques. Cette capacité de croissance est fondée sur le progrès technique et les ajustements institutionnels et idéologiques qu'elle requiert (...) ».

L'autre définition qui a fait école est celle de l'économiste français François Perroux :

9 Voir Prof. G. KANKWANDA ebulelang : « THEORIES DE CROISSANCE ECONOMIQUE » p.p.16-17.

« La croissance économique est l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles quasi décennaux, d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réel9 »

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D'où la pertinence de la thèse de richard A. EASTERLING affirme que :

« Depuis le milieu du 20ème siècle, la caractéristique essentielle de l'histoire est le phénomène de la croissance économique moderne. Dans les régions où elle a commencé, cette croissance a plus que décuplé le niveau de vie matériel de l'individu moyen et totalement transformé la vie de tous les jours ».

1.2.2. Caractéristiques de la croissance économique

? La croissance se confond avec la notion d'avoir, elle est d'ordre quantitatif, mesurable, la possession des biens matériels.

? La croissance économique est un indicateur statistique de performance dans la production des biens et services.

? La croissance n'est pas une fin en soi, elle est un moyen dont la performance se mesure par sa contribution au développement.

? La croissance est limitée, elle est physiquement bornée par la disponibilité des ressources naturelles non renouvelables qui est nécessaire à la production.

Pour les pays développés et les nations émergentes, la croissance économique paraît aussi naturelle comme l'oxygène que l'on respire, car le pays dans lequel on est fier et content de vivre est ceux qui connaissent une prospérité économique mesurée par le PIB. Aussi rares sont-ils les destins personnels qui ne sont pas plus ou moins dictés par la prospérité économique. Tout bien considéré, les faits conduisent à percevoir la croissance comme une valeur universelle, largement partagée par le plus grand nombre possible d'hommes et des femmes de notre ère. Le moins

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que l'on puisse dire est que si la croissance ne fait pas le bonheur, elle y contribue très largement, raison pour laquelle il importe d'explorer les voies et moyens susceptibles de l'atteindre. Le bien être individuel est étroitement fonction du succès de cette quête de la croissance.10

1.2.3. Mesure de la croissance économique

La croissance économique est mesurée quantitativement par l'augmentation du PIB (Produit intérieur Brut) ou du PNB (Produit National Brut).

? Le PIB comprend l'ensemble de valeurs ajoutées des agents économiques résidants sur le territoire national d'un pays.

? La valeur ajoutée définie, quant à elle par la différence entre la production et les consommations intermédiaires.

? Le PNB comprend l'ensemble des valeurs ajoutées des agents économiques de même nationalité, résidants sur le territoire national ou à l'étranger.11

Le PIB est calculé selon trois optiques :

1. Optique « production » : le PIB est calculé comme la somme des valeurs ajoutées brutes, à laquelle on ajoute les impôts sur les produits moins les subventions sur les produits.

2. Optique « dépenses, ou demande ou emploi » : le PIB est égal à la somme de emplois finals intérieurs (consommation finale, formation brute de capital fixe, variation des stocks), augmentée des exportations et diminuée des importations.

3. Optique « Revenu » : le PIB est calculé selon la répartition du revenu qu'il a générée : PIB= Rémunération des salaires + Excèdent brut d'exploitation + impôts indirects nets des subventions.

10 Voir prof. NYEMBO SHABANI : notes du cours « ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT », p.p.8-9

11 D'où le PNB = PIB + Transferts extérieurs nets (exemple : VA des congolais non résidants - VA des étrangers résidents en RDC).

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Soit par exemple une économie où n'existent que deux entreprises, la première produisant du blé (l'agriculteur), et la deuxième produisant du pain (le boulanger). L'agriculteur consomme un quintal de blé (semence...) pour en produire onze quintaux, à 20Fc, tandis que le boulanger produit une tonne de pain valant 360Fc, à l'aide d'une tonne de blé. Calculer le PIB de cette économie.

Solution :

Agrégats entreprises

PRODUCTION

CONSOMMATION INTERMEDIAIRE

VALEUR AJOUTEE

AGRICULTEUR

11Q.20Fc=220Fc

1Q.20Fc = 20

220 - 20= 200D

BOULANGER

360Fc

10Q.20D = 200

360 - 200=160D

Source : tableau élaboré à partir des données de l'exercice.

Le PIB = Ó VA = 200 D + 160 D = 360D.

Dans le calcul du taux de croissance, le PIB peut être exprimé aux prix courants (de l'année considérée) ou aux prix constants (d'une année de base)

soit le PIB aux prix courants de la RDC en 1991 a été de 12,131$ contre 10,990$ en 1990. Calculons le taux d'accroissement du PIB en 1991 aux prix courants. 12

Soit : (PIB 1991 - PIB 1990) = 10,4%

PIB 1990

? Ce taux n'est pas significatif car il comporte des effets de la hausse des prix entre 1990 et 1991. En effet, la croissance économique peut être faussée par l'augmentation des prix. Il nous faut donc le PIB de 1991 aux prix constants de 1990. Les statistiques nous donnent ce PIB 1991 (prix constants de 1990) = 11,375$

12 Voir Mme FATEN MEZIOU et WASSILA FOURATIE, Op.cit., page 8.

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D'où le taux de croissance, aux prix constants de 1990, devient :

11,375 - 10,990 = 3,5%

10,99O

La différence : 10,4 - 3,5 = 6,9% représente l'effet de l'inflation.

Graphique I croissance du PIB et du revenu réel par habitant

Source : banque centrale du Congo 2010.

Il coule de source que l'environnement économique de la République Démocratique du Congo a été globalement caractérisé, en 2010, par la consolidation de la reprise de l'activité économique, en dépit d'un contexte international difficile. En effet, le taux de croissance économique a été estimé à 7,2 % en 2010 contre 2,8 % réalisé en 2009. Cette évolution de la croissance traduit la vigueur de l'activité économique. Considérant l'approche par l'offre, l'activité économique est restée soutenue par le dynamisme affiché dans les secteurs des Mines, du Commerce, de l'Agriculture ainsi que des Bâtiments et travaux publics. Du point de vue de

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l'approche par la demande, cette croissance est tirée essentiellement par l'absorption.

1.2.4. Les Facteurs de la croissance économique

Par définition, la croissance économique suppose une augmentation quantitative de la production, laquelle production résulte de la combinaison des facteurs de production traditionnels et d'efficacité. Ce deuxième facteur (d'efficacité), le plus difficile à évaluer, qui associe les institutions et la productivité, est à l'origine des différences de croissance entre les nations.13

1.2.4.1. Les facteurs traditionnels

Pour les économistes, les facteurs de production sont la terre, la main d'oeuvre et le capital, Combinés efficacement ils contribuent au progrès économique, L'essentiel du problème économique est ces trois facteurs de production doivent être consacrés à l'emploi le plus rentable.

La terre comprend non seulement la surface mais les ressources du sous-sol et du sol. Du point de vue du développement économique, les traits saillants d'un territoire à développer sont l'espace, le sol et les richesses naturelles. Cependant, ces caractéristiques déterminant les opportunités et les contraintes ainsi qu'un volume nécessaire de matières premières ont besoin de main-d'oeuvre, de bras ainsi que de capitaux pour que la production réponde au rendez-vous de la croissance.14

1.2.4.2. Les facteurs d'efficacité

Dans un état donné de la technologie, il arrive un moment où le rythme de la croissance économique s'essouffle. Le plafonnement de la production ne peut être relevé qu'en améliorant l'efficacité des combinaisons productives. Plusieurs facteurs entrent dans ce cadre : il s'agit essentiellement des facteurs suivant :

13 Voir à ce propos GUY SORMAN : « L'ECONOMIE NE MENT PAS »/fayard/ 2008/p. 21.

14 Voir N. SHABANI, Op.cit. P.p. 148

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a. Le progrès technique Ce dernier concerne

? La façon de produire : il permet un accroissement de la productivité ou des rendements des facteurs.

? La nature des produits : il permet essentiellement la production de biens nouveaux assurant une meilleure ou une plus large satisfaction des besoins.

a. Le développement de la connaissance scientifique

Il est clair que c'est là la source de tout progrès. En particulier, le développement de la fonction Recherche et Développement dans les entreprises et les universités est un moyen très efficace pour la découverte de nouvelles technologies.

b. L'éducation et la formation

? L'éducation intervient pour assurer au facteur humain un niveau d'instruction nécessaire à l'adaptation aux techniques modernes.

? La formation assure une qualification minimale aux travailleurs et permet d'entretenir leurs aptitudes professionnelles.

c. Les échanges extérieurs

L'ouverture sur l'extérieur permet, par le biais des échanges, de bénéficier des progrès réalisés ailleurs (transfert technologique). La libéralisation des échanges extérieurs, permet d'ouvrir de nouvelles débouchées à la production nationale. A ce titre, la croissance des exportations d'un pays devient une condition nécessaire à la croissance.

d. Un contexte favorable à la croissance

Un ensemble de facteurs ont en commun de créer une ambiance favorable à la croissance. Ce sont notamment :

? L'innovation et l'esprit d'entreprise : l'innovation est un facteur
incontournable de progrès. Elle implique une imagination fertile et

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23

des recherches continues. L'esprit d'entreprise est l'aptitude à créer et à gérer des entreprises : l'entrepreneur type ne craint pas le risque de perte inhérent à tout projet. Il est fonceur, dynamique et courageux.

? L'épargne : condition nécessaire à la réalisation de l'accumulation
du capital.

? La souplesse (flexibilité) : elle facilite l'adaptation aux
changements qui accompagnent la croissance.15

1.2.5. CROISSANCE INCLUSIVE

1.2.5.1. Définition de la croissance économique inclusive

Si la croissance est généralement nécessaire pour qu'un pays puisse élever le niveau de vie de sa population, elle ne peut, seule, assurer la réduction de la pauvreté ou l'amélioration souhaitée du bien-être de tous. Depuis quelques années, on s'est intéressé à la qualité de cette croissance, à sa durabilité et à sa capacité à profiter à de larges couches de la population. Malgré l'intérêt qu'elle revêt, il n'existe pas encore une définition universellement acceptée de la « croissance inclusive ».

Cependant, il est reconnu que le concept de « croissance inclusive » se réfère à une croissance qui profite à un plus grand nombre de la population. Ce qui revient à affirmer que la croissance inclusive, est une croissance qui offre davantage de possibilités de développement socio-économique au plus grand nombre de personnes, avec une attention particulière aux groupes vulnérables.

Klasen (2010) est à ce propos plus explicite et particulièrement plus convaincant. Sa religion ne laisse l'ombre d'aucun doute. Il l'exprime en termes ci-dessous :

15 Voir plus haut Mme F. MEZIOU et W. FOURATIE, Op.cit.

« Une croissance inclusive est une croissance profitant à tous c.à.d. que la croissance doit profiter à toutes les couches de la société, y compris les pauvres, les quasi-pauvres, les groupes vulnérables et les riches. Elle implique la participation d'un grand nombre au processus de la croissance ; elle implique également aussi que les bénéfices de la croissance profitent à un plus grand nombre(...) ».

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24

Tout donne à croire que c'est une croissance économique qui crée des opportunités pour tous les segments de la population et qui distribue les dividendes de la prospérité accrue, tant en termes monétaires que non monétaires, équitablement à travers l'ensemble de la société.

1.2.5.2. Caractéristiques de la croissance inclusive

La croissance inclusive se caractérise par une croissance :

? Elevée, soutenue, diversifiée entre les secteurs ;

? Partagée en incluant une large partie de la population active en offrant des opportunités égales d'accès aux marchés et aux ressources.

? Une croissance inclusive suppose que les individus, quels que soient leur statut socio-économique, leur sexe, leur religion, lieu de résidence ou leur origine ethnique, devraient avoir des chances équitables de contribuer à la croissance et que leur contribution devrait générer des retombées équitables.

? L'augmentation de la productivité agricole qui emploie la plus grande partie de la population rurale ; la présence d'industrie manufacturière et une création d'emplois décent à l'ensemble de la population en vue de réduire les inégalités sociales.

*

* *

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

25

De là à être persuadé que, quelle que soit le concept de croissance inclusive adopté, la création d'emplois de qualité sera un élément essentiel et l'un des grands défis à relever pour que la croissance puisse être réellement inclusive. D'où l'intérêt spécifique que revêt la croissance inclusive dans la marche général des pays pauvres et dans le vécu quotidien d'un large frange de l'ensemble de la population du tiers monde au point qu'elle passe comme une réalité fondamentale de notre ère, le pivot de nos aspirations terrestres et comme le seul avenir souhaitable et possible.

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26

CHAPITRE DEUXIEME

L'INCLUSIVITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE

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27

Ce deuxième chapitre sera consacré à une meilleure connaissance de l'inclusivité la croissance économique en RDC. Dans cette perspective, ce chapitre sera structuré en trois sections traitant successivement l'analyse de la croissance, le processus de diversification de l'économie nationale et le déséquilibre de la structure des investissements fera l'objet de la dernière section.

2.1. L'ANALYSE DE LA CROISSANCE

La croissance inclusive constitue une nouvelle direction à donner au développement économique en RDC. Il s'agit de mettre l'accent non seulement sur le taux mais aussi sur le type de croissance. Le coeur du problème est d'engendre une croissance économique porteuse des richesses et créatrice d'emplois au plus grand nombre de personnes, avec une attention particulière aux couches de la population le moins favorisé. Pour réussir ce pari, il est urgent de créer une économie nationale prospère et dynamique par la mise en oeuvre des politiques industrielles de transformation locale qui amèneront à un accroissement du taux de croissance en tant que richesse créée par les activités économiques et non d'une augmentation des volumes des matières premières exporté.

Tableau 2 : évolution des paramètres macroéconomique de 2001 à 2012

 

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

Taux de

croissance du

-2,1

3,5

5,8

6,6

7,8

5,6

6,3

6,2

2,8

7

6,9

7,2

PIB

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

PIB per capita

78,7

79,3

81,7

84,8

88,8

91

93,9

96,8

96,6

100,5

104,5

110

(USD au prix de 2000)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Taux d'inflation

135,1

15,8

4,4

9,2

22,7

18,2

9,8

27,2

54,3

9,8

15,4

2,72

Taux de change

207

347

405

399

474

468

517

559

810

906

919

920

Réserves de changes

-

-

-

0,9

0,4

0,3

0,2

0,1

1,2

1,3

1,3

1,4

Investissement public en % du

6,7

7,4

9,4

12,8

13,8

13,2

18,2

22,4

18

23,5

20,5

28,2

PIB

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : FMI (2012), BM (2013) et Banque Centrale du Congo.

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Il coule de source qu'après la stagnation économique des décennies 1980-1990, la RDC a marqué un redressement significatif qui s'est traduit par les indicateurs macroéconomiques qui sont positifs et visiblement au rendez-vous, la stabilité de la monnaie ne se démontre plus, les réserves de change en constante augmentation, le taux d'inflation en deçà de 1% et une forte croissance de son PIB réel, à la faveur, d'une part, du changement d'orientation en matière de politique économique depuis le début de l'année 2001 et, d'autre part, de la reprise de la coopération avec les Institutions financières multilatérales. Celui-ci a augmenté de 5,3 % en moyenne entre 2001 et 2012, largement supérieur à la moyenne de l'Afrique subsaharienne. Cependant, ce taux de croissance demeure encore inférieur à celui souhaité comparativement au potentiel du pays.

*

* *

En effet, face aux enjeux du développement, cette croissance revêt la caractéristique d'un costume confectionné sur mesure. C.à.d. il ne s'agit pas de la croissance économique en tant domestication de richesse créé par les activités économiques mais plutôt d'une croissance assis sur les volumes des matières premières (l'augmentation du volume des matières premières exporté vers les pays demandeurs). D'où l'absence de la réduction de la pauvreté et de la création des emplois décent pour la majorité de la population. L'analyse de la qualité de cette croissance a mis en lumière que cette croissance n'est que de mirage. A titre illustratif, la croissance économique poursuit sa trajectoire à la hausse observée au cours des dix dernières années, mais ne s'accompagne pas d'une création d'emplois suffisante susceptible de réduire sensiblement le taux de chômage moyen, lequel reste élevé autour de 50,0 % de la population active. Par ailleurs, en dépit d'une hausse de l'IDH, son niveau demeure toujours très faible, soit 0,3.

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Graphique 2. Croissance économique, chômage et l'IDH

Source : Banque centrale du Congo, rapport annuel 2012

Il convient de relever que la non inclusivité de cette croissance peut s'expliquer par les faits suivants :

4 La croissance a été essentiellement impulsée par les secteurs de mines, du commerce, et de construction sans qu'elle puisse s'intéresser aux secteurs structurants tels que l'agriculture et la manufacture qui couvrent souvent un large segment de la population. Cette situation est symbolique du mur quasi-étanche qui sépare les activités agricoles et l'industrie manufacturière et le commerce général.

4 Les opportunités économiques générées par la croissance de la dernière décennie ont été essentiellement saisies par de grandes entreprises sans un essor significatif des petites structures du secteur privé telles que les micros, petites et moyennes entreprises et sans un accroissement considérable de leur savoir-faire, ni de la création d'emplois productifs locaux ;

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

30

 

4 Malgré l'accroissement du PIB au cours des dernières années, de fortes inégalités entre les hommes et les femmes persistent dans plusieurs domaines comme l'accès aux soins de santé, à l'éducation et à l'habitat salubre. Conception pas très éloignée de la thèse de gregory mankiw convaincu que tout en étant :

« Le PIB ne reflète pas la santé de nos enfants, la qualité de leur éducation et le plaisir dans leurs jeux [...] ».

Il convient de noter que le secteur minier est le principal moteur de cette croissance, il représente plus du tiers de la croissance du PIB réel. Or, le secteur minier ne créent pas beaucoup d'emplois, il demande une main d'oeuvre qualifié, il est géré par les expatriées, il contribue faiblement au budget de l'Etat et il a une chaine de valeur peu développé :

Exploration
des
matières
premières

Implantatio
n des
activités

Extractio
ns des
minerais

Traitemen
t de la
production

Exportatio
ns des
minerais

Il saute aux yeux que, seule l'exploration qui exige une main d'oeuvre qualifiée et abondante et toutes les autres étapes n'exigent pas assez une main d'oeuvre abondante et sont importée. D'où la nécessité de diversifiée l'économie nationale pour réduire sa dépendance vis-à-vis du secteur minier en vue de garantir la résilience économique pour permettre à la RDC de rebondir après les chocs exogènes. La diversification de l'économie est un processus de longue haleine, mais qui aboutit à de bon résultat. N'arrive - t - il pas que des accouchements pénibles et douloureux naissent de très beaux bébés ?

2.2. PROCESSUS DE DIVERSIFICATION DE L'ECONOMIE

La diversification de l'économie peut se faire de deux manières à savoir : la diversification sectorielle et la diversification géographique.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

31

Selon une étude menée par la banque mondiale en collaboration avec le ministère national du commerce et des PME, la diversification tant

? La diversification sectorielle : suppose l'élargissement d'une gamme donnée de sources de production pour développer davantage l'économie. A titre d'exemple : l'agriculture, les mines, l'industrie, les transports, l'eau et les infrastructures, etc.

? La diversification géographique : concerne la répartition des activités économiques sur le territoire nationale et international. ? Au niveau national ; cette diversification géographique procède par les pôles de développement qui ont pour vocation d'induire les effets d'entraînement sur le développement de l'ensemble du territoire, au départ d'une unité motrice.

? Au niveau international ; cette diversification se matérialise à travers la création des corridors et des filières de développement, qui ont pour rôle l'accélération du processus de développement par le biais des richesses générées par le commerce extérieur.

2.2.1. L'ETAT DE LIEUX DE LA DIVERSIFICATION DE L'ECONOMIE CONGOLAISE

La diversification de l'économie est possible, aussi bien sur le plan sectorielle que sur le plan géographique. Trois facteurs fondamentaux militent généralement en faveur de la diversification sectorielle et conditionnent l'installation géographique de différents secteurs d'activités économiques. Il s'agit de :

? Potentiel naturel ; conditions climatiques, présences des ressources, abondances des matières premières, etc.

? L'accès au marché ; la mutualisation d'un réseau structurant d'infrastructure de base (routes, chemins de fer, ports, aéroports, électricité et eau, etc...).

? Densité de la population ; consommateurs potentiels, main d'oeuvre, etc.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

32

sectorielle que géographique n'est pas assez développée dans le pays, pour les raisons suivantes :

1. De nombreuses zones de production sont, à l'heure actuelle, privées de leurs marchés potentiels à cause de la détérioration des infrastructures de transport, moins du tiers de la population congolaise a accès à une route praticable en toute saison, ce qui rend les coûts de transport et les délais d'acheminement des marchandises deux à trois fois supérieurs à ceux des autres régions du monde.

2. De zones de production potentielles subissent actuellement d'une faible densité de la population, ce qui limite la concentration de la main-d'oeuvre et rend difficiles les conditions de production.

Une parfaite illustration de cette faiblesse dans la diversification tant sectorielle que géographique en RDC nous est donnée par le tableau suivant

Tableau 3 : corridors et secteurs économiques clés de la RD Congo

 

Agriculture

Foresterie

Exploitation minière

intégration

Corridors intérieurs

 
 
 
 

(1) Matadi-Kinshasa-

Lubumbashi (route, rail)

+

 
 

+

(2) Kisangani-Kinshasa (fleuve)

+

+

 
 

(3) Lubumbashi-Goma- Kisangani

+

 
 

+

 

Corridors extérieurs

 
 
 
 

(1) Kinshasa-Brazzaville- pointe noire

 

+

 
 

(2) Lubumbashi-Durban (route et rail)

 
 

+

 

(3) Lubumbashi-Dar-es- Salam (rail)

 
 

+

 

(4) Lubumbashi-Lobito (rail)

 
 

+

 
 

Source : Banque Mondiale (en collaboration avec le Ministère du commerce et des PME : Etude diagnostic sur l'intégration du commerce)

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

33

Il coule de source que ce tableau visualise l'insuffisance de secteurs moteurs de développement répertoriés (sont trois seulement) concentrés autour de trois pôles de développement interne et de 4 corridors extérieurs, Au départ de seules villes de Kinshasa et de Lubumbashi. On retiendra aussi de ce tableau que seuls les axes reliant Matadi à Lubumbashi et Lubumbashi à Kisangani sont favorables à l'intégration du commerce intérieur. Ce tableau laisse voir que l'exploitation minière est totalement destinée au marché extérieur, contrairement à l'agriculture dont la production est essentiellement écoulée sur le marché local. Ce qui n'est guère de nature à créer une complémentarité porteuse d'avenir entre la diversification sectorielle et la diversification géographique.16

2.2.2. LA DIVERSIFICATION GEOGRAPHIQUE ET SECTORIELLE DE L'ECONOMIE CONGOLAISE

Une croissance visible et soutenue est indispensable pour la création d'emploi durable et la réduction de la pauvreté dans le but de réduire les inégalités sociales. Afin d'atteindre cet objectif, les pouvoirs publics doivent amorcer le processus de la diversification des sources de la croissance de manière à y garantir la résilience économique en vue de réduire l'éternel drame de l'extraversion économique, qui dresse un mur infranchissable entre les secteurs primaire et secondaire de l'économie, empêchant ainsi la concrétisation du miracle des effets multiplicateurs porteurs d'avenir. Un accent particulier doit être mis sur la relance des activités agricoles, de la pêche et de l'élevage qui aura le triple bénéfice sur l'économie : booster la croissance du PIB, stopper la saignée des devises affectées à l'importation des vivres d'origine agricole, absorber le chômage de masse.

*

* *

16Voir Joël MUKENI MAFUKU une revue de « CONGO AFRIQUE : quatre recettes pour faire la RDC un pays émergent ».p.499.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

34

La diversification de l'économie et la réduction de sa dépendance vis-à-vis du secteur minier se feront nécessairement par le biais de l'agriculture et de l'agrobusiness intégrés identifiés comme secteurs porteurs prioritaires. Leur développement permettra d'améliorer la sécurité alimentaire et de créer rapidement des opportunités d'emplois, en particulier pour les jeunes.17 Les priorités pour le gouvernement comprennent l'actualisation du schéma directeur de l'industrialisation, la promotion et le soutien des industries en difficultés ou en péril, la relance des filières prioritaires (l'agrobusiness, agro-alimentaire, agro-industriel), la mise en place des zones économiques spéciales (ZES) et des corridors de développement.

2.3. DESEQUILIBRE DE LA STRUCTURE DES INVESTISSEMENTS

Les entreprises constituent une machine uniquement destinée à produire des biens et services. Ils jouent un rôle fondamental et croissant dans la production des richesses, le profit constitue son oxygène indispensable.18 Les entrepreneurs, Auteurs essentiels de l'activité économique, disposent d'un certain nombre de caractéristiques communes, notamment, le goût du risque, la prise d'initiative, l'esprit de compétition. En effet, la création d'activité commence par une prise d'initiative, une volonté de relever un défi, et cela nécessite que d'incitations appropriées émanant des pouvoirs publics. Joseph Schumpeter a le mérite de mettre en lumière la relation qui existe entre l'entrepreneuriat et la croissance économique, par l'intermédiaire du processus de destruction créatrice de l'innovation. Sous sa plume, on peut lire que :

« La croissance est le fait d'innovation, de la diffusion et de l'assimilation de nouvelles conditions du progrès technique [...J ».

Précisant sa pensée, l'auteur explique que :

17Lire pour ce faire le document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP), MINISTERE DU PLAN, p.63.

18 Voir Philippe MERLANT, René PASSET et Jacques ROBBIN : « SORTIR DE L'ECONOMISME : une alternative au capitalisme néolibéral » Op. p.94.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

35

« L'entrepreneur innovateur, par son innovation permet ainsi une transformation dans le processus de production et d'organisation du travail entraînant dans son sillage des imitateurs et donnant un signal aux possibilités des profits. Les innovations qui se diffusent dans l'économie vont ainsi bouleverser les modes de consommation en suscitant de nouveaux besoins, et les marchés en seront alors profondément modifiés. L'environnement économique serait en perpétuel changement par le déclin et l'ascension sans cesse renouvelés des besoins à travers le processus d'imitation-innovation [...J ».

Malheureusement, le contexte national congolais ne favorise pas l'activité entrepreneuriale, en particulier dans le secteur agricole. La structure des investissements au Congo est caractérisée par la prépondérance des investissements directs étrangers et la quasi-absence des investissements locaux. La croissance économique de la RDC repose sur une base dont les propriétés n'appartiennent pas à un congolais. Gardons à l'esprit que les investissements qui viennent alimenter notre croissance étant étrangère. En 2010, le taux d'investissement représentait 23.5% du PIB alors que les IDE représentaient 13.3%, soit près de la moitié de ces investissements. Ce qui fait que lorsqu'il y a croissance, les entrepreneurs étrangers commencent d'abord par rapatrier leurs bénéfices vers leurs pays d'origine.

Tableau 4 : évolution de transferts des bénéfices de l'investissement de 2007 à 2013 (en millions CDF)

Années

Revenus des investissements

De l'extérieur vers l'économie

De l'économie vers l'extérieur

Source : banque centrale du Congo, 2013.

2007

 

2008

2009

2010

2011

2012

2013

 
 
 
 
 
 
 

886

1719

5281

29530,7

49282

5573,3

148811,1

341590,8

504113,9

624254

939675,3

1127694

929009

2621966

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

36

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

37

Voilà toutes les richesses créer au sein du territoire national sont évaporé vers l'extérieur avec toute célérité en témoignent le tableau ci-dessus. A ce propos, la banque mondiale est sur la même longueur d'onde, elle nous informe que 131 millions de dollars de bénéfices tiré des investissements directs étrangers ont été rapatrié en 2010. Ne sont-ce pas là des bénéfices évidents qui, une fois réinvesti dans l'acquisition de la technologie de pointe, peuvent générer d'importantes recettes fiscales, booster la croissance du PIB et amorcer le processus de la diversification de l'économie congolaise ? Mais ces bénéfices sont rapatriés en toute précipitation et sans aucun prélèvement. D'où la détérioration de la balance des paiements. Il sied de signaler que les investissements direct étrangers (IDE) au Congo ne viennent pas investir dans le secteur agricole, ils sont restés concentré dans les secteurs des ressources naturelles (les mines, le pétrole) et le secteur tertiaire (banques, télécommunications et commerce), quand on sait que huit sur dix congolais sont des paysans et dépend essentiellement de l'activité l'agricole.

*

* *

L'Etat congolais doit mettre en place de politiques appropriées susceptible d'encourager les afflux massif d'investissement direct étrangers dans l'agrobusiness congolais en raison de leur engagement de faire prospérer l'économie nationale et faire sortir la population de l'état de misère dans lequel elle croupit, car un encadrement judicieux des IDE débouchera sur un transfert de technologies profitable, à long terme, aux entreprises locales détenues par des nationaux. Tout compte fait, le manque criant des grandes entreprises détenues par les autochtones créent le divorce entre la croissance économique et le niveau de vie de la population. Une économie contrôlée par les étrangers ne peut pas être prospère et dynamique.

L'investissement local et l'investissement direct étranger doivent être considérés comme deux aspects complémentaires d'une même problématique. Intensifier l'émergence des PME et des champions nationaux dans l'agrobusiness va créer la valeur ajoutée locale, générer la richesse et sédentariser les populations dans les centres de production. Chaque effet d'investissement est appelé à devenir à son tour la cause d'autres effets : effets d'entraînement. Nos populations jouiront à la fois, d'abord des premiers effets, ensuite des effets secondaires provenant des causes invisibles situées à l'arrière-plan des effets visibles.

On aura compris que la qualité de la croissance fait le point de départ entre une nation résignée vivant dans une économie appauvrissante et une société entreprenante se mouvant dans une économie qui satisfait amplement les besoins de ses membres, la divergence des structures économiques demeure le support de cette différence. Seule une croissance inclusive pourra permettre à la RDC de bondir d'un coup en le faisant sauter du Moyen Age au XXIème siècle, en moins d'une décennie. Et qui dit croissance inclusive, dit changement de la structure économique actuelle.

*

* *

En matière de croissance, la première borne kilométrique sur le très long itinéraire qui conduit de la pauvreté à la prospérité passe par le changement de la structure économique actuelle : modification de la structure de production, en renforçant la corrélation entre les secteurs primaire et secondaire, élément déclencheur des effets d'entrainement à impact visible ; et refonte de la structure des circuits de distribution, en privilégiant la consommation intérieure et le marché régional. C'est n'est pas du tout sorcier.

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38

CHAPITRE TROISIEME

L'IMPACT DE L'AGRICULTURE DANS LA CROISSANCE
ECONOMIQUE

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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Dans ce troisième chapitre la section 3.1 est consacrée à la problématique de fixation des priorités dans une économie aux prises avec une crise multiforme. L'apport spécifique de l'agriculture dans la croissance économique est étudié en 3.2. Enfin, la vérification empirique de l'approche économétrique fera l'objet de la section 3.3.

1.1. LA FIXATION DES PRIORITES DANS UNE ECONOMIE AUX PRISES AVEC UNE CRISE MULTIFORME

Le budget annuel de l'ancienne colonie belge est modique, Il ne permet pas à la nation de sortir d'ici un quart de siècle de sa misère pour frapper à la porte des pays à l'économie émergente. La RD Congo se trouve placée sur une orbite qui l'éloigne de plus en plus d'un niveau minimum de bien-être collectif, voire de survie. Son revenu annuel par habitant oscillerait aujourd'hui autour de 120 dollars américains. De telles données régulièrement publiées par les institutions de BRETTON WOODS révéleraient que le Congolais moyen, en plein 21ème siècle et en cette aube du 3è millénaire après Jésus- Christ, a pour sa subsistance 10 dollars américains par mois, soit 0,33 dollar par jour. Pourtant, le minimum requis pour tout être humain, tel qu'établi par le F.M.I., est de 30 dollars américains par mois. Le peuple congolais vit aujourd'hui moins bien qu'en 1960. Dans sa grande majorité, il végète en deçà de seuil de pauvreté. D'où la réalité selon laquelle tout est prioritaire.

En effet, d'un pays à l'autre, d'une époque à l'autre, d'un niveau économique à l'autre, sa priorité. C'est dire que selon les pays, selon les époques, selon le niveau du vécu quotidien, les priorités diffèrent. Leurs ordres ne sont donc pas immuables. Elles varient d'une époque a d'autre, d'un pays à l'autre, et surtout selon le niveau atteint par l'économie concernée. Mais, dans un pays confronté à une crise multiforme comme le nôtre tout est prioritaire. A l'homme d'Etat et des sciences d'approfondir la problématique des priorités, Il n'est pas facile à un bébé de courir avant de commencer à se mettre débout et à marcher. La priorité dans la course pour la bataille de la croissance inclusive est la

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

40

mise en valeur des secteurs qui apportent à l'économie des ressources financières dans une première phase de développement. Ce secteur existe, Il constitue même nos sérieux avantages comparatifs dans la course aux investissements extérieurs. Face à la ridicule modicité de notre budget national (moins de 10 milliards USD) nous disposons d'immenses terres arables en friche capables de faire entrer la RDC dans le club de nations émergentes. En effet, leur mise en exploitation constitue la priorité des priorités, la première borne kilométrique à planter sur la route qui conduit aux conditions d'émergence de l'économie congolaise.

Gardons à l'esprit que dans le monde actuel, tout pays- si petit soit-il, pour peu qu'il relance le secteur agricole, acquiert l'inéluctable capacité de s'auto-développer, les moyens de stimuler la croissance de son PIB et de générer des ressources en devises, par la promotion des exportations.

1.2. L'APPORT SPECIFIQUE DE L'AGRICULTURE DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

L'agriculture a toujours constitué la base de toute économie et en particulier dans une première phase de développement. A ce titre, la croissance économique reste tributaire de l'expansion du secteur agricole. C'est ici qu'on épouse la pensée du célèbre économiste ROBERT BADOUIN qui a mis l'accent sur le rôle de l'agriculture dans la croissance économique, avec ses trois fonctions essentielles notamment :

(i) le rôle de lancement (c.à.d. un accroissement du volume de production agricole est inducteur d'activités nouvelles : apparition des

industries de transformation, commercialisation, transport,
conditionnement, emballage, etc.) ; (ii) le rôle de financement (primo, dans cette optique le secteur agricole comme principale source de l'épargne qui est basé sur le surplus agricole. Secundo, le mode de formation de l'épargne se fait par le mécanisme de fiscalité ou de parafiscalité. Par

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

41

l'impôt foncier, l'impôt sur les consommations, etc.) ; (iii) le rôle de l'ajustement (par les équilibres qu'il permet d'établir sans lesquels tout effort lors de l'accession au développement serait voué à l'échec).

D'où cet hymne aux vertus de l'agriculture, hymne écrit et chanté par Bob TUMBA MATAMBA en ces termes :

« L'agriculture fait office de l'infrastructure de base sur laquelle s'appuient les deux superstructures que sont le secteur industriel et celui des services. L'industrie se nourrit de l'agriculture, avant d'alimenter à son tour les services. Cette chaîne de solidarité intersectorielle, partie de l'agriculture comme centre d'impulsion, engendre des effets d'entraînement cumulatifs qui feront exploser la superstructure (l'industrie et les services) jusqu'à la rende dominante dans la composition de la pyramide du PIB, au détriment même de la part relative de l'agriculture [...] ».19

A travers cet hymne à la gloire de l'agriculture se profile une autre réalité beaucoup plus important que le secteur tertiaire est, dans l'ordre chronologique, l'ultime mais plus gros bénéficiaire de l'effet domino des richesses induites, résultat d'interaction entre les trois secteurs économiques. L'agriculture, foyer de départ et donateur de feu d'artifice, devient minorisée dans la pyramide de l'économie nationale. Mais cette magie de l'expansion économique n'est possible qu'à la condition d'une totale intégration de l'agriculture dans la structure productive. Dans cette lignée du décalage progressif vers le tertiaire, on vient à parler du secteur quaternaire des activités économiques, qui regroupe les industries hi-Tech (les technologiques informatiques, l'ingénierie aérospatiale- lancement des satellites, la bio-industrie, etc.) ainsi que les autres services très sophistiqués (recherche et éducation de pointe, ingénierie financière, médecine de pointe etc.)

19 Voir Bob TUMBA MATAMBA : « la priorité agricole RD Congo/AFRIQUE » op.cit. p.p.139-140

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

42

En fin de compte, les services sont devenus la principale production des économies mondiales, quoiqu'étant une production immatérielle et non stockable. Dans les pays développés, les services y représentent entre 70 et 80% de la production nationale (PIB) et sont devenus, en dernier ressort, le principal moteur de la croissance économique. Mais par un seul point de départ : seule l'agriculture qui peut jouer le rôle catalyseur au bénéfice de toute la pyramide de l'économie nationale.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

43

1.3. APPROCHE ECONOMETRIQUE

Tableau 5 : contributions des différents secteurs au PIB (valeurs ajoutées en millions de CDF aux prix de 2000)

Années

Agriculture

Industries

Services

PIB

1980

91927,616

164502,049

217723,300

483829,556

1981

94133,879

173404,513

217994,245

495441,466

1982

98592,852

172537,490

216904,274

492964,258

1983

99983,011

179969,419

214963,473

499915,054

1984

105532,068

189957,722

226893,946

527660,340

1985

106059,728

190907,511

228028,416

530298,641

1986

116699,546

200056,365

233399,093

555712,125

1987

119767,749

205316,141

239535,497

570322,613

1988

172123,365

154911,028

229497,820

573744,549

1989

175370,759

147085,153

226284,850

565712,125

1990

179647,543

121526,279

216633,801

528375,125

1991

183876,657

96777,188

193554,376

483885,939

1992

190554,283

64961,687

173231,170

433077,916

1993

194769,875

59929,192

116112,810

374557,451

1994

190831,660

57609,558

108017,921

360059,735

1995

188573,590

61649,058

108792,456

362641,520

1996

182887,705

68134,635

103994,970

358603,343

1997

176387,564

54273,097

101762,056

339206,854

1998

173323,846

53330,414

99994,526

333315,088

1999

165922,744

57434,796

92533,838

319082,200

2000

146671,300

59570,700

87263,200

297065,500

2001

140907,300

58564,000

86213,100

290827,100

2002

141563,900

64039,500

89331,700

300914,400

2003

143299,500

71850,900

96928,500

318341,200

2004

144219,800

85015,000

103264,200

339478,900

2005

148358,900

97432,000

112235,000

365960,770

2006

153175,800

101830,50

122334,000

386386,000

2007

158154,0

105712,1

137982,5

410565,100

2008

136514,4

179811,40

12738,600

435835,800

2009

140318,2

36826,30

22078,400

447925,600

2010

145389,5

37423,200

24562,00

479952,600

Source : BCC, Rapport annuel 2012 p.46

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

44

20 L'essentiel de cette partie est tiré de l'ouvrage de BOURBONNAIS, ECONOMETRIE, 9ème Editions, Dunod 2015, Op. 279-292.

Dans notre analyse empirique nous allons utiliser le modèle VAR pour faire des analyses dynamiques de l'agriculture, l'industrie et le commerce sur la croissance économique. Le modèle VAR va nous aider a bien voir la causalité entre les variables, ensuite voir la réponse du PIB face aux chocs ou aux innovations (politique) de l`agriculture, de l`industrie et du commerce et enfin voir quel est l`impact de l`agriculture sur la croissance économique.

3.3.1. LA SPECIFICATION DU MODELE VAR

3.3.1.1. Présentation du modèle VAR20

Un vecteur autorégressif (VAR) est un système d'équations linéaires dynamiques dans lequel chaque variable est écrite comme fonction linéaire de ses propres valeurs retardées et de celles des autres variables. Considérons par exemple deux variables Y1t et Y2t ayant deux décalages. Chaque variable est fonction de ses propres valeurs passées mais aussi des valeurs passées et présentes des autres variables.

3.3.1.2. Les étapes du modèle VAR

Les étapes à suivre pour utiliser un modèle VAR d'ordre p sont les suivantes :


·
· Etude de stationnarité ;


·
· La détermination du Lag optimal ;


·
· Estimation du VAR ;


·
· Le test de la causalité ;


·
· Stabilité du VAR ;


·
· Fonction de réponse impulsionnelle ;


·
· Décomposition de la Variance

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

45

Les paramètres du processus VAR ne peuvent être estimés que sur des séries temporelles stationnaires. L'estimation du modèle se fait alors

3.3.1.2.1. L`Etude de la stationnarité des variables

Les séries économiques sont très souvent des séries non stationnaires. Pour appréhender la stationnarité d'une série, on applique des tests de racine unitaire. Il existe de nombreux tests de racine unitaire, nous présentons ici uniquement le test de Dickey et Fuller visant à tester l'hypothèse nulle de non stationnarité contre l'hypothèse alternative de stationnarité.

Depuis Nelson et Plosser (1982), les cas de non stationnarité sont analysés à partir de deux types de processus :

? Processus TS (Trend Stationary) qui représente le processus caractérisé par un non stationnarité de nature déterministe.

? Processus DS (Difference Stationary), qui représente le processus dont le non stationnarité est de nature stochastique ou aléatoire. Il convient de noter que la non stationnarité a des conséquences fondamentales sur le plan économétrique, notamment elle peut conduire à estimer des régressions qui ont l'air statistiquement très correctes entre les variables qui n'ont en réalité aucun lien entre elles ; il s'agit du célèbre problème des régressions fallacieuses.

3.3.1.2.2. La détermination du nombre de décalage optimal

Il faut également s'intéresser au problème du nombre de retards optimal dans l'estimation du modèle VAR. Cette dernière nécessite le choix du nombre de retards p. Pour déterminer le nombre de retards ou de décalage optimal pour VAR(p), on peut utiliser les critères d'Akaike et de Schwarz.

Une procédure type consiste à estimer tous les modèles VAR pour des ordres p allant de 0 à un certain ordre h fixé de façon arbitraire (nombre de retards maximum pour la taille d'échantillon considéré, ou nombre de retards maximum compatible avec une théorie ou une intuition économique).

3.3.1.2.3. Estimation des paramètres du modèle VAR

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46

sur le modèle réduit. Deux techniques VAR d'estimation sont possibles après avoir rendu les variables stationnaires :

? Estimation de chaque équation du modèle par la méthode des moindres carrés ordinaires ;

? Estimation par la technique du maximum de vraisemblance.

Pour un modèle VAR stationnaire, la stationnarité de la série va entraîner la convergence et la normalité asymptotique des estimateurs obtenus par la méthode des moindres carrés ordinaires, ce qui permet de mener des tests sur les paramètres du modèle.

3.3.1.2.4. Tests de causalité

La notion de causalité joue un rôle important en économie dans la mesure où elle permet de mieux comprendre les relations entre les variables économiques. De ce fait, théoriquement, la mise en évidence de relations causales entre les variables économiques fournit des éléments de réflexion favorables à une meilleure compréhension et interprétation des phénomènes économiques. Il existe deux tests de causalité : la causalité au sens de Granger et la causalité au sens de Sims. Dans notre analyse nous allons tester seulement la causalité au sens de granger.

*

* *

Causalité au sens de Granger

Granger (1969) a proposé les concepts de causalité et d'exogénéité. Afin de présenter cette notion, considérons deux variables

Y1t et Y2t. On dit que y1t cause Y2t au sens de Granger si la prévision
Y2t de fondée sur la connaissance des passés conjoints de y1t et Y2t est la meilleure que la prévision fondée sur la seule connaissance du passé de Y2t. Autrement, la variable y1t est la cause de la variable Y2t, si la prédictibilité de Y2t est améliorée lorsque l'information relative à y1t est incorporée dans l'analyse.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

47

? L`industrie demeure un des principaux moteurs de l'activité économique en termes de valeur ajoutée et d'emploi. Elle exerce un

3.3.2. EVALUATION DES EFFETS DE L`AGRICULTURE, L`INDUSTRIE ET DU SERVICE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

L`évaluation des effets de chaque secteur sur la croissance économique se fera en construisant un modèle intégrant comme variables l`agriculture, l`industrie, le service et le PIB. Il s'agira à l'aide de la modélisation VAR de vérifier dans quelle mesure un choc ou une innovation de politique agricole et/ou l`industrie et/ou le service se répercute sur la croissance économique et d'estimer l'horizon temporel au bout duquel la réponse est observée. Les estimations seront faites sur les données annuelles allant de 1980 à 2010.

3.3.2.1. Choix des variables du modèle

Les effets de la politique agricole, industrielle et commerciale sur la croissance économique peuvent s'apprécier à partir de leurs impacts sur la croissance économique. Nous avons retenu trois variables de secteurs d`activité économique sur lesquelles sont stimulés les chocs : le secteur agricole, le secteur industriel et le secteur de commerce (service). Bien que les méthodes VAR soient souvent considérées comme non théoriques, il y a de nombreux points qui doivent être nécessairement précisés, notamment les variables à inclure dans le modèle ainsi que leur ordre. Cet ordre est significatif aussi bien pour la décomposition de la variance que pour la fonction des réponses impulsionnelles.

Le choix de ces variables se fonde sur certaines considérations théoriques que pratiques ci-après :

? L`agriculture est considéré comme le secteur clé des activités économiques. De tous les leviers connu de la croissance économique, le secteur agricole est celui qui a le plus fort potentiel de réduction de la pauvreté et la meilleure panacée en termes de réduction du chômage.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

48

effet d'entraînement puissant sur l'ensemble des activités, en particulier par ses consommations intermédiaires.

? Le service par la dynamique de commerce a joué et continue à jouer un rôle majeur dans le développement économique du pays.

? En économie, toute la richesse d'un pays se retrouve ramassée dans le sigle « PIB » : c'est l'ensemble des biens et services produits et commercialisées dans le pays.

? Soit Yt le vecteur constitué des cinq variables endogènes représentant l'économie congolaise. Comme nous avons décrit à la section précédente, le modèle VAR sous forme réduite est spécifié comme suit :

Yt = A0 + A1Yt-1 + A2Yt-2 +.........+ ApYt-p + åt

Où Yt représente le vecteur des variables endogènes, Yt-i celui des

variables endogènes décalées et åt le vecteur des erreurs qui sont normalement distribuées. Le vecteur des variables endogènes est constitué des cinq variables.

3.3.2.2. Test de stationnarité sur les variables

Avant de nous plonger dans la modélisation VAR, nous avons besoin d'étudier la stationnarité des variables que nous allons utiliser. Nous mettons en place des tests de racine unitaire sur les variables, afin de vérifier leur stationnarité. Si les variables ne sont pas stationnaires, c'est-à-dire qu'elles possèdent une racine unitaire, il sera nécessaire de les intégrer. Parmi les tests de racine unitaire, nous allons mettre en place le test de Dickey-Fuller augmenté. Ce test nous permet de tester l'hypothèse H0 : le processus est intégré au moins d'ordre 1.

Nous allons utiliser, aussi, les trois types de test admis par la méthode de Dickey-Fuller, qui correspondent à trois modèles différents : le modèle sans tendance et sans terme constant ; le modèle sans tendance

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

49

et avec terme constant ainsi que le modèle avec tendance et avec terme constant.

Le test de racine unitaire de Dickey-Fuller dont les résultats sont consignés dans le tableau ci-dessous nous permet de confirmer la stationnarité de la série ou de la série différenciée si la statistique ADF(négative) en valeur absolue est supérieure aux valeurs critiques de MacKinnon (VCM) en valeur absolue, ou la non stationnarité dans le cas contraire.

Ce test est effectué à l'aide du logiciel Eviews 7. Le tableau ci-dessous présente les résultats de ce test pour les quatre variables retenues (pour plus de détails cf. annexes) :

Tableau 5.1. Test de Dickey Fuller Augmenté

Variable

ADF

VCM au seuil de 5%

Ordre

d'intégration

Décision

AGR

-5,95

-3,57

I(1)

Stationnaire

IND

-7,88

-3,61

I(2)

Stationnaire

 

SER

-6,92

-3,61

I(2)

Stationnaire

PIB

-5,22

-3,58

I(2)

Stationnaire

Source : estimation de l'auteur avec le logiciel Eviews7

Sur ce tableau, la variable taux agriculture (AGR) est stationnaire en différence première (ou intégrées d'ordre 1). Les autres variables, notamment l`industrie (IND), le service (SER) et le produit intérieur brut (LPIB) sont intégrées d'ordre 2, c'est-à-dire stationnaires en deuxième différence. Ce qui nous amène à utiliser le modèle VAR(p) car toutes les variables sont devenues stationnaires.

3.3.2.3. La détermination (Recherche) du Lag optimal

L'estimation d'un modèle VAR exige le choix explicite de la longueur de retards dans les équations du modèle. Des choix alternatifs donneront des séries d'innovations différentes et probablement provoqueront une différence dans la décomposition des variances et la fonction des réponses impulsionnelles.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

50

Pour déterminer le nombre de retards p du modèle VAR, nous allons utiliser les critères d'Akaike et de Schwarz pour des décalages h allant de 0 à 3. On retient le retard p qui minimise ces critères.

Tableau 3.2. Nombre de retards optimal suivant les critères d'information

Lag

AIC

SC

0

87,54803

87,7464

1

84,84132

85,83318

2

83,24183

85,02717

3

82,8184

85,39723

Source : estimation de l'auteur avec le logiciel Eviews 7 AIC = Akaike Information Criterion SC = Schwarz Criterion

Le tableau 3.2 nous montre que le critère AIC est minimisé au troisième décalage par contre le critère de SC est minimisé au deuxième décalage. Ce qui nous place devant un dilemme mais selon le principe de la parcimonie, on accepte le modèle qui comprend moins de paramètres estimés. be plus, économiquement il est plus facile d'interpréter un VAR dont le décalage est 2 que celui qui a un décalage plus élevé. Ce qui nous amène à retenir un processus VAR(2). Nous pouvons maintenant estimer le modèle var.

Estimation du modèle var(2)

La spécification et la forme réduite de notre modèle var(2) :

bAGRt = a1 + b1 bAGRt-1 + c1 bAGRt-2 + d1 bbPIBt-1 + e1 bbPIBt-2 + f1 bbINbt-1 + g1 bbINbt-2 + h1 bbSERt-1 + i1 bbSERt-2 + v1

bbPIBt = a2 + b2 bAGRt-1 + c2 bAGRt-2 + d2 bbPIBt-1 + e2 bbPIBt-2 + f2 bbINbt-1 + g2 bbINbt-2 + h2 bbSERt-1 + i2 bbSERt-2 + v2

bbINbt = a3 + b3 bAGRt-1 + c3 bAGRt-2 + d3 bbPIBt-1 + e3 bbPIBt-2 + f3 bbINbt-1 + g3 bbINbt-2 + h3 bbSERt-1 + i3 bbSERt-2 + v3

bbSERt = a4 + b4 bAGRt-1 + c4 bAGRt-2 + d4 bbPIBt-1 + e4 bbPIBt-2 + f4 bbINbt-1 + g4 bbINbt-2 + h4 bbSERt-1 + i4 bbSERt-2 + v4

Où ai, bi, ci, di, ei, fi, gi, hi et ii sont les paramètres à estimer ; vi sont les termes d`erreur

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

51

Il y a quatre spécifications qui sont bien illustrées dans l`output ci-haut, mais dans le cadre de notre analyse nous allons plus s`appesantir sur l`équation du PIB et analyser les impacts de l`agriculture, de l`industrie et du service sur la croissance du PIB.

DDPIBt = 1142,929 + 2,400237 DDPIBt-1 + 0,060237 DDPIBt-2 - 2,920323

[0,34204] [2,34223] [0,18871] [-2,425]
DAGRt-1 + 2,369299 DAGRt-2 - 2,097033 DDINDt-1 + 0,268072 DDINDt-2

[1,81268] [-2,06323] [0,98485]
- 2,762054DDSERt-1 - 0,284923DDSERt-2

[-2,78468] [-0,69962]

3.3.2.4. La causalité

L`analyse des relations causales entre les variables économiques nous fournit des éléments de réflexion pour une meilleure compréhension des phénomènes économiques.

Le test de causalité au sens de granger nous indique au seuil de 5% :

? Toutes choses égales par ailleurs, La croissance économique cause l`agriculture et l`agriculture aussi cause la croissance du PIB ou économique, donc ils ont une causalité bidirectionnelle c`est -à -dire qu`il est préférable de prédire ou d`étudier la croissance économique (ou l`agriculture) en connaissant l`évolution de l`agriculture (ou la croissance économique);

? L`industrie cause l`agriculture et l`agriculture aussi cause l`industrie ; ? Le service cause l`agriculture et l`agriculture cause le service ;

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

52

? L`industrie cause la croissance économique et la croissance économique aussi cause l`industrie ;

? Le service cause la croissance du PIB mais la croissance du PIB ne cause pas le service ;

? Le service cause l`industrie et l`industrie cause le service.

A travers ces résultats nous allons dégager le schéma d`interrelation entre nos variables :

Schéma de causalité entre les variables

DDSER

DDPIB

DAGR

DDIND

Source : l'auteur, sur base des estimations économétriques

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53

3.3.2.5. Stabilité du modèle VAR

Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial

1.5 1.0 0.5 0.0 -0.5 -1.0 -1.5

 

-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5

Notre modèle est stable puisque tous ces points (les paramètres estimés) sont à l`intérieur du cercle c`est-à-dire que les paramètres estimés sont stables, donc il n`y a aucun problème dans notre estimation. Maintenant nous pouvons faire des analyses dynamiques.

3.3.2.6. Analyse dynamique ou impact des politiques agricoles, industrielles et commerciales sur la croissance du PIB

Nous arrivons maintenant au coeur de notre analyse empirique. Généralement on a recours au processus VAR au plan pratique pour déterminer les réactions impulsionnelles. La modélisation VAR et les fonctions des réponses impulsionnelles sont un outil puissant pour l'analyse et la prévision des politiques économiques. Elles modélisent par essence les relations dynamiques entre un groupe de variables choisies pour caractériser un phénomène économique particulier. Certes, la fonction des réponses impulsionnelles représente l'effet d'un choc d'une innovation sur les valeurs courantes et futures des variables du système. Un choc sur une variable peut affecter directement cette variable, en même temps qu'il se propage à l'ensemble des autres variables au travers de la structure dynamique du VAR.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

54

Dans cette section nous allons étudier l`impact de chaque secteurs sur la croissance économique et voir la réaction ou la réponse de la croissance économique face aux innovations ou aux chocs (politiques économiques) sur ces différents secteurs. Il est particulièrement important de noter que ces différents graphiques ci-dessous sont fondés sur l'expérience et des données vérifiables, empiriquement démontrables. On se réfère ici aux travaux d'une génération d'économistes dont l'ambition est d'aborder les sciences sociales, les sciences politiques et l'histoire en faisant recours aux outils mathématiques pour décrire, comprendre et prévoir les comportements collectifs.

*

* *

3.3.2.7.1. Réponse de la croissance économique par rapport à un choc ou une innovation (politique agricole) de l`agriculture

A l`espace de dix ans, la croissance du PIB varie de manière négative durant la première année jusqu`à la cinquième année puis elle variera positivement à la sixième année, ensuite elle baisse encore entre la fin de la sixième et la septième année, puis elle varie positivement entre la septième et la huitième année, enfin elle varie de manière négative du neuvième jusqu`à la dixième et devient constante.

*

* *

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

55

Graphique 5.1. Réponse de la croissance du PIB suite à une innovation sur l`agriculture

Response of DDPIB to Cholesky

One S.D. DAGR Innovation

10,000

5,000

0 -5,000 -10,000 -15,000 -20,000

 
 

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : représentation faîte à l'aide de logiciel Eviews 7

Il coule de source que le graphique ci-dessus illustre la grande stagnation de la production agricole en RDC, à vocation d'autosubsistance, majoritairement familiale et artisanale, sous-mécanisée, elle consomme beaucoup d'espace, ignorant ou négligeant la fertilisation des sols et la quasi-inexistence des routes de desserte agricole. Par conséquent, ces différentes difficultés n'ont pas permis au secteur de contribuer de manière efficace à la croissance économique. Actuellement le gouvernement congolais veut moderniser le secteur agricole avec son programme baptisé « PNIA » (Programme Nationale d'Investissement Agricole) via l'installation des différents projets agro-industriels sur le territoire national. Le premier projet pilote est installé à BUKANGA LONZO (province de BANDUNDU), communément appelée parc agro-industriel de BUKANGALONZO. Un projet doté de 82 millions USD sur 80 mille hectares, espérons que ces projets dans le futur peuvent accroitre la contribution du secteur agricole dans la croissance économique.

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56

3.3.3.2.7.2. Réponse de la croissance économique par rapport à l`innovation ou au choc (politique industrielle) de l`industrie

Nous constatons que la réaction de la croissance économique face à l`industrie : la croissance économique varie de manière positive de la première à la troisième année, à partir de la troisième année jusqu`à la cinquième année elle est négative et après elle reste stable jusqu`à la fin.

Graphique 5.2. Réponse de la croissance du PIB suite à un choc sur l`industrie

Response of DDPIB to Cholesky

One S.D. DDIND Innovation

15,000 10,000 5,000 0 -5,000 -10,000

 
 

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : représentation faîte à l'aide de logiciel Eviews 7

Il saute aux yeux que le secteur industriel a un impact très significatif sur la croissance du PIB. Cela est dû aux deux succès de la privatisation qu'a subit l'industrie cuprifère congolais à savoir : (i) soit l'augmentation substantielle de la production. Ainsi la production obtenue en 2013 a atteint des records de presque #177;1.000.000 de tonnes de cuivre ; (ii) soit l'amélioration de la qualité du cuivre produit et vendu. En effet, avant les mesures de privatisation de son secteur minier, la RDC n'exportait que du cuivre brut blister qu'il fallait envoyer en Belgique pour

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

57

être raffiné et transformé. C'était du Cuivre tirant 99,90%. Aujourd'hui, les compagnies ayant bénéficié de mesures de privatisation de l'industrie cuprifère ont introduit de nouvelles technologies qui leur permettent de produire des cathodes dites grade A à 99,99%. C'est donc du cuivre pur qui ne peut plus être raffiné avant d'être vendu.21 Il s'ensuit que la RDC d'aujourd'hui se passe de travaux de raffinage de son cuivre à Hoboken (Belgique). Elle livre directement sa production aux utilisateurs, consommateurs finaux. C'est un progrès qu'il faut saluer.

3.3.3.2.7.3. Réponse de la croissance économique par rapport aux politiques commerciales

Durant la première année à la troisième année, la croissance du PIB est négative et à partir de la troisième année jusqu`à la fin la croissance du PIB reste stable.

Graphique 5.3. Réponse de la croissance du PIB suite à un choc sur le commerce

Response of DDPIB to Cholesky

One S.D. DDSER Innovation

8,000 6,000 4,000 2,000 0 -2,000 -4,000 -6,000 -8,000 -10,000

 

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : représentation faîte à l'aide de logiciel Eviews 7

21 Voir Prof. NYEMBO SHABANI, Document Inédit.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

58

Il coule de source que le commerce a un impact très significatif sur la croissance économique. Suite au privilège accordé aux relations commerciales Sud-Sud. En effet, la plus grande partie de la production cuprifère congolaise était vendue en Occident. Depuis quelques années, la Chine représente 40% de la consommation mondiale de cuivre. C'est d'ailleurs la croissance rapide de ce pays qui pousse les prix du cuivre à la hausse. On ne s'étonnera donc pas que la chine soit aujourd'hui le principal client de la production cuprifère congolaise. Ce qui a pour conséquence d'accroitre la part du commerce dans la croissance économique.

3.3.2.7. Analyse des chocs ou des innovations de l`agriculture, de l`industrie et du commerce par décomposition de la variance de l'erreur

La décomposition de la variance indique que l`erreur de prévision de la croissance économique est due à 18% aux innovations de l`agriculture ou aux politiques agricoles, à 62% à ses propres innovations, à 13% aux politiques industrielles et à 7% aux politiques commerciales. Un choc sur la croissance du PIB. A beaucoup d`impact sur elle-même puis sur l`agriculture, sur l`industrie et sur le commerce.

3.3.2.7.1. Impact de l`agriculture, l`industrie et du commerce sur la croissance économique par la Décomposition de la variance de l`erreur

? L`impact de l`agriculture sur la croissance du PIB est de 6% en moyenne ;

? L`impact de l`industrie sur la croissance est de 32% en moyenne ;

? L`impact du commerce sur la croissance est de 20% en moyenne.

* *

*

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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Vu à travers un éclairage économétrique et une prise en compte de différent temps, l`industrie et le commerce, toutes choses égales par ailleurs, ont plus d`impact sur la croissance économique alors que l`agriculture a moins d`impact sur la croissance économique. Cette situation est symbolique de la vulnérabilité de la croissance économique de la RDC, faute d'interaction entre les trois secteurs de l'économie nationale. Quand les différents secteurs de l'économie nationale ne s'emboîtent pas, la solidarité interactive qui aurait dû souder les différentes branches d'activité économique devient inopérante. Conséquence immédiate : chaque branche dispersée sur le territoire national, dans son isolement, devient sec faute d'apport d'un liquide vivifiant qui lubrifie tout corps structuré.22 D'où l'impérieuse nécessité de souder l'agriculture, la manufacture industrielle et le commerce, car ce mariage obéit à une logique : il est fécond dans les effets multiplicateurs cumulatifs et il est à impact visible, susceptible de laisser une signature ineffaçable des Pouvoirs publics au sein de la population Congolaise, et plus particulièrement pour la génération à venir.

D'où l'importance capitale de donner les pistes pour le développement de l'agriculture en RDC. La science économique dominante n'enseignent-elle pas que le développement du secteur agricole est la clé de voûte de l'essor général d'une nation ?

22 Voir à ce propos B. TUMBA MATAMBA : « la priorité agricole RD Congo/Afrique » l'Harmattan, Op.Cit.p.177.

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CHAPITRE QUATRIEME

PISTES POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AGRICULTURE

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Le chapitre qui précède a montré que l'industrie et le commerce ont plus d'incidence dans la croissance économique alors que l'agriculture a moins d'incidence. Pour que l'agriculture joue réellement et efficacement ce rôle de « take off » de l'économie nationale, elle doit être performante. De tout temps, il est de coutume en RDC de proclamer que l'agriculture est la priorité des priorités sur le chemin qui mène à la croissance économique. A l'épreuve des faits, ce n'est là qu'une vue de l'esprit, devenue un simple slogan à force d'être répétée. L'ossature de ce chapitre s'articule autour de trois sections d'importance inégale. La première section consacre ses délibérations vers l'asphyxie des secteurs producteurs des biens alimentaires, la deuxième section examine en profondeur la modernisation du secteur agricole et enfin la troisième section aborde les produits à relancer et l'élevage et la pêche.

4.1. L'ASPHYXIE DES SECTEURS PRODUCTEURS DES BIENS ALIMENTAIRES

Alors que le bateau économique de la RDC sombrait faute d'un capitaine expérimenté, le Roi de l'Agro-industrie, Monsieur William DAMSEAUX, vient de jeter l'éponge et décider de fermer ses activités agro-industrielles sur l'ensemble du territoire national. Le Groupe Orgaman a nourri pendant plusieurs dizaines d'années la population de l'ancienne province de Léopoldville pour ne parler que d'elle. Il était propriétaire d'une société de pêcherie industrielle dans le lac Albert et dans l'Océan Atlantique. Bien avant l'indépendance, il avait des élevages bovins et dominait le marché de la volaille qu'il élevait dans la ceinture verte de Kinshasa.

La chute de ce groupe a été précédée par la faillite de l'Elakat au Katanga, du groupe multinationale britannique UNILEVER qui était implantée dans le Bandundu où elle produisait industriellement de l'huile de palme, de J.V.L. dans le Bas-Congo et tant d'autres entreprises agro-industrielles. Le fait capital est que derrière le dépôt du bilan de l'Elakat, du groupe Orgaman, d'UNILEVER et de J.V.L se profile une évidence :

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notre pays n'est plus autosuffisant alimentairement. Il est devenu

importateur des produits vivriers pourtant à son accession à
l'indépendance (le 30 juin 1960), la RDC était autosuffisante sur le plan alimentaire, et même exportatrice nette des produits agricoles.23 On n'est pas indépendant tant que l'on ne dispose pas de l'indépendance du ventre : La quasi-totalité des biens alimentaires qu'on trouve dans des Grandes Surfaces de Kinshasa et de Lubumbashi sont importés et donc achetés de l'extérieur. Il s'agit entre autres du riz, du sucre, du fromage, maïs, des pommes de terre, de la farine de blé, de la viande bovine, des poulets, etc. même les cure-dents, alors que nous hébergeons la deuxième méga-forêt du monde après l'Amazonie. Autant dire que la République Démocratique du Congo dépense pour nourrir la population l'essentiel de ses maigres devises tirées de la vente de ses ressources minérales.

Tableau 6 : importations des produits vivrières (en tonnes), 2005-2010

Produits

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Huile végétale

-

30042,4

46378,9

15919,4

53653,7

48482,0

Maïs

-

167,0

160,3

442,9

6348,3

-

Farine de maïs

-

1304,1

10166,2

3666,9

23205,0

35377,0

Farine de

froment

34140,0

25371,5

36529,3

28077,6

55425,0

40747,0

Riz

262662,0

519645,6

185532,9

111454,8

178796,4

102743

Haricot

-

3801,2

6458,5

8517,4

11771,5

11508,0

Petit pois

-

190,8

1876,8

-

10569,5

-

sucre

-

53961,0

102015,0

96682,0

138860,0

67045,0

Source : SNSA, ministère de l'agriculture/ agriculture en chiffre

23 Lire pour ce faire STEPHAN SMITH : negrologie : POURQUOI L'AFRIQUE MEURT, paris, hachette littérature, 2003, p.p.51-52.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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Un chercheur universitaire de Lubumbashi finit par émettre malgré tout sur la même longueur d'onde que bon nombre de ses pairs puisqu'il observe que :

« Autre problème à résoudre pour Lubumbashi : l'absence d'autosuffisance alimentaire. Depuis toujours, la ville dépend trop largement de l'extérieur pour se nourrir. Le repas d'un lushois moyen, composé de pâté de farine de maïs et de poissons chinchards, (...J est dans sa totalité d'origine étrangère. La Zambie fournit de maïs, la Namibie le chinchard, l'huile de palme raffinée vient de Malaisie, le sel de cuisine du Botswana, etc.»24

*

* *

Ce constat nous interpelle, car il montre à quel point le secteur agricole est à l'agonie. Cependant, nourrir la population en recourant massivement aux importations revient à financer la production alimentaire, les travaux des champs, les élevages et les pêcheries des pays étrangers au détriment des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs autochtones. Ce faisant, la RDC se suicide pour avoir oublié que la dépendance alimentaire est la plus contraignante de toutes. bu reste, recourir massivement aux vivres importés pour approvisionner le marché national alors que ces vivres peuvent être produits dans le pays, c'est programmer la mort inexorable de l'agriculture et des agriculteurs ainsi que du secteur agro-industriel local. Il n'existe pas de pays développés et même des nations en transition qui dépendent de l'extérieur pour la consommation de leurs biens alimentaires de base. La première indépendance d'un pays est de trouver l'essentiel de ses biens alimentaires à l'intérieur des frontières nationales sans recourir massivement aux importations.

24 J. MULOWAYI KATSHIMWENA : « Lubumbashi, cent ans d'histoire » ouvrage collectif paru en 2013 aux éditions le harmattan.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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production agricole de la RDC

12%8%

81%

8%

2011

CEREALES

RACINES ET TUBERCULES LEGUMINEUSES OLEAGINEUX FRUITS

Tableau 7 : toute la production agricole de la RDC (2011) en tonnes

CEREALES 1519639 8%

Maïs

1156106

 

Riz Paddy

318748

 

Millet/Sorgho

44782

 

RACINES ET TUBERCULES

15462724

81%

Manioc

15025515

 

Patate Douce

250607

 

Igname

91334

 

Pomme de terre

95268

 

LEGUMINEUSES

198089

1%

Haricot

116250

 

Niebe

63660

 

Petit Bois

1380

 

Pois Cajan

5957

 

Voandzou

10842

 

OLEAGINEUX

412879

2%

Arachide

393901

 

Soja

18978

 

FRUITS

1535268

8%

Banane Douce

316983

 

Banane Plantin

492151

 

Banane a bière

726134

 

AGREGATS

19128596

100%

Source : SNSA, Ministère de l'agriculture/ agriculture en chiffre.

Il saute aux yeux que ce tableau illustre qu'il y a une forte domination du manioc (racines et tubercules : 81% du total de la production agricole), signe de caractère marqué d'une agriculture dédiée à l'autosubsistance alimentaire. Et la place du manioc dans le menu des congolais mérite une attention particulière. Cependant, malgré ce tonnage important vous ne trouvez pas une seule minoterie qui moud le manioc dans tout le Congo, pour produire la farine de manioc pourtant manipulé quotidiennement par des millions de ménagères et aucune infrastructure de stockage appropriée n'y a été construite pour le manioc. Par ailleurs, la faiblesse des autres postes de production (19)%, explique la présence massive d'aliments importés (céréales, fruits, légumes, etc.) dans les rayons des surfaces commerciales des grandes villes du pays. Ce qui veut simplement dire que le congolais ne se nourrit pas de l'agriculture du Congo Démocratique, il dépense beaucoup plus pour des produits vivriers importés, mais que la RDC peut tout aussi bien produire en bonne qualité.

4.2. MODERNISATION DU SECTEUR AGRICOLE

L'un des grands thèmes de l'histoire et de la théorie économiques est que le meilleur indicateur du potentiel de croissance et de développement d'une nation est l'instauration d'un secteur agricole performant. C'est- à -dire qu'une économie nationale est sur la voie d'une

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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25Voir HEILBRONER l. Robert. Le Grand Essor. La lutte pour le développement économique, op.p.29-33.

croissance durable lorsqu'elle devient capable de produire suffisamment des denrées alimentaires pour assurer les besoins de la population de plus en plus denses tout en réservant d'abondants surplus nécessaires aux centres et agglomérations urbains, dynamiques foyers de développement.

C'est là répondre aux sirènes des exemples tirés des expériences réalisées dans une partie du monde qui a sa propre dimension historique et culturelle. Ces sirènes ont amené la science économique dominante - donc officielle - à imposer es cathedra un postulat :

« [...J la modernisation de l'agriculture est le levier de la croissance et du développement pour n'importe quelle nation ».

Dans cette condition, la sécurité alimentaire, l'autosuffisance alimentaire devient la seule et unique clé qui ouvre la porte de la croissance cumulative, durable et auto entretenue.25De là à se persuader que les décideurs politiques de n'importe quel pays à la traîne, pour développer leur nation, n'ont qu'une seule voie, une seule solution : faire de l'agriculture la priorité des priorités. Selon cette vision des choses, seule la modernisation de l'agriculture est capable de faire à l'économie nationale un saut qualitatif porteur d'avenir puisque générateur d'un impact en termes de création des valeurs, d'emplois et ce dans le reste de tous les secteurs de l'économie du pays. Cette vision explique la nième décision des Chefs d'Etat Africains lors du Sommet de l'Union Africaine (UA), tenu à Malabo (Guinée Equatoriale) en juin 2013. A cette conférence, les dirigeants africains ont réaffirmé, une fois de plus, que l'agriculture était au centre de leurs préoccupations et de s'engager illico à allouer à cette dernière 10% de leur budget annuel.

Cependant, cela fait aujourd'hui presque plus d'un demi-siècle (50 ans) que les gouvernements congolais qui ont succéder à la tête du pouvoir ne cessent de proclamer « l'agriculture priorité des priorités » et de s'engager à augmenter la part du secteur agricole dans leur budget au-delà

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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de 10%. Mais, le problème se pose lorsque l'on veut savoir Pourquoi ce programme se limite toujours à un simple slogan ? En d'autre terme, très rare sont les gouvernements congolais qui ont respecté leur engagement.

Ce n'est pas la mauvaise foi, ce n'est là que le résultat d'un diagnostic qui ignore les réalités locales. Or, lorsque le diagnostic posé est erroné, le remède prescrit est inopérant et le malade ne sera jamais guéri, car toute prise de conscience n'est porteuse d'avenir que si elle saisit la nature et la profondeur de la maladie qui rongent la santé du patient. Tout simplement parce l'Etat congolais aime toujours mettre la charrue devant les boeufs26, S'il est vrai que l'agriculture demeure la première source d'emplois en RDC et le meilleur remède dans la réduction de la pauvreté. Il est aussi vrai qu'elle ne peut opérer qu'à la condition de disposer d'énormes ressources financières, de bénéficier d'un bon environnement macroéconomique, assis sur des reformes structurelles visant la gestion des finances publiques et la bonne gouvernance, sans oublier les préalables en amont à surmonter avant de réussir le programme qui fait de l'agriculture priorité des priorités.

4.2.1. LES PREALABLES EN AMONT

4.2.1.1. Les changements des mentalités, des habitudes culturelles

Aucun programme agricole ne peut porter des fruits aussi longtemps que certaines mentalités n'ont pas changés. A titre d'exemple, dans notre pays l'agriculture n'est pas encore considérée comme un métier, encore moins un métier noble. Dans la culture bantoue l'agriculture est destinée à ceux qui n'ont pas eu la chance de réussir leur scolarité. Combien de fois on n'a pas entendu un père de famille dire à son enfant que s'il n'aime pas l'école, il sera renvoyé au village pour cultiver les champs. Ainsi, l'agriculture n'est pas considérée comme un métier noble alors que le démarrage économique de la République Démocratique du Congo dépend dans une grande mesure de la capacité de ses paysans de cultiver des

26Mettre la charrue devant les boeufs c.à.d. commencer par où l'on devrait finir.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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produits vivriers et de leur capacité de gagner suffisamment d'argent pour créer un marché à la production manufacturière.

De la même manière qu'à l'époque coloniale, le service militaire était l'apanage des indisciplinés, aujourd'hui, quand on veut humilier et punir un récalcitrants ou un prisonnier politique, on le relègue dans son village d'origine, équipé de houes et de semences, pour qu'il retourne travailler la terre. Derrière de telles initiatives se profile une réalité : la terre n'est pas perçue comme un facteur économique, un capital à fructifier, à l'instar de n'importe quel business. Bien au contraire, le travail de la terre souffre d'un préjugé social défavorable, qui le considère comme une corvée réservée aux classes inferieurs. Ce qui explique le nombre très réduit des écoles rurales où l'on forme des cultivateurs.

4.2.1.2. L'existence des institutions de crédit agricole

Il est tentant d'assurer que l'agriculture est le secteur clé des activités économiques, Elle s'impose comme la priorité des priorités. Mais, n'est-il pas important de créer des institutions de crédit en milieu rural en faveur des petits paysans ?

Le crédit agricole devient indispensable dès que l'agriculteur dépasse le seuil de l'agriculture dédiée à l'autosubsistance alimentaire et s'engage dans un processus de la production pour le marché. Depuis des années le gouvernement congolais proclament l'agriculture priorité des priorités. Mais sur le terrain, tout le programme se réduit au niveau de slogan. Ce n'est certainement pas de mauvaise foi : les moyens financiers manquent et sans eux l'agriculture ne peut pas jouer le rôle de locomotive de l'ensemble des secteurs d'activité. Le manque de crédit constitue pour la plupart de temps l'un des principaux obstacles à la croissance de la production agricole dans les pays en développement. L'une des voies indiquées pour accroitre cette production est de s'inspirer de l'expérience réussie du professeur YUNUS, en instaurant un système de micro finance agricole au profit de ces petits exploitants qui peuvent s'organiser en

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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coopérative ou tout autre mode d'association.27 Il est donc nécessaire aux pouvoirs publics d'inscrire dans leur politique agricole les priorités de crédit rural en faveur des personnes physiques.

4.2.1.3. Les réseaux routiers, ferroviaires et fluviales, infrastructure de stockage

Avant de réussir le programme qui fait de l'agriculture priorité des priorités, il y a une autre priorité en amont. C'est l'existence des réseaux routiers, ferroviaires et fluviaux de qualité susceptible de désenclaver durablement l'intérieur du pays et relier ainsi les zones de production aux centres de consommation (généralement les zones urbaines). Ainsi que, l'existence des infrastructures de stockage tel que les silos pour le stockage des graines (maïs, riz, sorgho, haricot, blé), les citernes conviennent bien pour le stockage des huiles, tandis que les greniers ou les hangars et dépôts peuvent être utilisés pour les arachides en gousse, le café en baies sèches ou décortiqué. La non évacuation des biens alimentaires produits et l'inexistence des infrastructures de stockage décourage les paysans et les pousse à ne plus cultiver les cultures. Ce qui pose le problème des secteurs prioritaires dans l'ensemble des pays comme le nôtre. Par ailleurs, il est important de mettre un accent tout particulier sur l'aménagement de l'espace vital dans des zones des cultures : habitats salubres, routes praticables en toute saison, l'eau potable, dispensaires, écoles et énergie électrique. Ce sont là des facteurs susceptibles de favoriser l'installation définitive des paysans dans les milieux ruraux.

4.2.1.4. Les instituts de recherche agronomique

Oui, pour lancer la roue du développement, il est impérieux de faire de l'agriculture priorité des priorités. Mais peut-on donner vie à l'agriculture, à une agriculture porteuse d'avenir sans qu'en amont existent des centres de Recherche agronomique qui fixent les semences,

27 YUNUS, vers un monde sans pauvreté, l'autobiographie du « banquier des pauvres » cité par Vital KAMERHE : « LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE TRANSATLANTIQUE »Op.cit. p.p.135

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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améliorent les boutures, inventent de nouvelles espèces végétales, proposent les meilleurs engins aratoires ?

L'agriculture congolaise est donc centrée sur la production de vivres et principalement les tubercules, dont le manioc, produit pondéreux et de faible valeur. Depuis des décennies, les cultures des denrées alimentaires n'ont pas varié et leur nombre n'a pas varié. Il se limite à moins de 10 spéculations, dont le maïs, le manioc, le riz, le haricot, l'huile de palme etc. Mais ce qui est vrai, c'est que le Congo, l'on a guère jusqu'ici tenté de varier les cultures traditionnelles alors qu'il existe de nombreuses espèces de plantes dont nous ignorons les propriétés. La recherche agronomique peut avoir le pouvoir d'industrialiser certaines cultures et leurs donner les utilisations que l'on ne soupçonne pas, car la révolution dans l'agro-industrie passe impérativement par une modification de la filière agricole traditionnelle : « du champ à l'assiette » doit se muer en « du champ à l'usine, et l'usine au marché ». L'introduction de la notion d'usinage est une cassure qui enterre la notion d'autosubsistance et fait disparaitre l'assiette comme destination privilégiée des produits agricoles. Ce produit emprunte désormais le chemin de l'usine, et au sortir de la fabrique, il sera happé par le marché. Prenons le cas du Kasaï Oriental. Les Baluba cultivent une plante appelée « mudibu » dont ils consomment les feuilles comme légumes, la chair du fruit ressemble à celle du melon, et son enveloppe sert de calebasse. Cependant, faute d'un institut de recherche, cette plante continue de pousser à l'état sauvage et donc risque de disparaître.

Il en est de même d'une boisson « indigène » appelée « munkoyo » consommée au Kasaï Oriental et dans le Haut- Katanga. L'arbuste dont elle est extraite à la propriété d'hydrolyser extrêmement rapidement un empois d'amidon en sucre fermentescible. Mais par défaut d'un institut de recherche agricole, cette bière très répandue et appréciée par la population n'est pas industrialisée. L'arbre dont la racine sert à fabriquer le « munkoyo » pousse lui aussi à l'état sauvage et est appelé à disparaître

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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puisqu'il n'attire pas l'attention des scientifiques. Et pourtant, grâce à l'un de ses instituts de recherche scientifique, la Zambie a industrialisé la bière dit « kibuku », faite à partir des déchets de la farine de maïs. On remarquera que cette bière est produite dans des usines, mise en bouteille, vendue dans les grandes surfaces et cantines ainsi que dans les restaurants et hôtel où elle peut être servie comme boisson sous pression.

*

* *

Tout compte fait, parmi les éléments qui font le plus défaut en RDC, on citera en premier lieu les Instituts de recherches agronomiques chargés de mettre au point des techniques adaptées aux produits agricoles du terroir. Il en existe un en Côte d'Ivoire, l'I.T.I.P.A.T Ses recherches ont abouti à lancer un produit révolutionnaire : une poudre très bon marché fabriqué à partir d'igname ou de la banane plantain, poudre qui, par adjonctions d'eau, se transforme instantanément en une sorte de purée semblable à le purée de pommes de terre.

Mais, pour la RDC il reste tant d'autres matériaux à exploiter. Ainsi, les bananes peuvent servir à la fabrication de sirops, de sodas aromatisés, de farine pour les enfants, de crème de fruits, de vin blanc, et de fourrage pour le bétail. L'ananas peut donner des résultats analogues : jus, sirops, tranches séchées, parfums pour la confiserie. Les avocats, à partir des écarts de triage, peuvent fournir de l'huile destinée aux industries de parfumerie.28 En tout état de cause, le succès de tout programme agricole dépend entre autres de la qualité des instituts de recherche agronomique, situés en amont de l'activité, travaux des champs.

4.2.1.5. La nécessité de la mécanisation et des fertilisants

L'introduction progressive de la mécanisation telle que les tracteurs, outils divers, moteurs et pompes, matériel d'irrigation,

28Voir Désiré GAIGNEAUX : « AGRICULTURE PREMIER IMPERATIF DU EVELOPPEMENT »p.p.141 Editions Universitaires, 115, Rue du Cherche-Midi, Paris 6.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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tuyauteries, dans les travaux des champs est une des conditions nécessaires pour l'augmentation substantielle de la production des vivres. Ce qui aura pour conséquence la diminution sensible des congolais qui souffrent de la faim, de la malnutrition. La préoccupation majeure de l'économie nationale est entre autres l'accroissement des disponibilités agricoles. Pour atteindre cet objectif, il est impérieux de transformer rapidement les méthodes d'agriculture, aboutir à une élévation de la productivité. La mécanisation est un des moyens le plus efficace pour réussir l'augmentation sensible du rendement des cultures vivrières. Pour la RDC, le tracteur occupe le premier rang dans l'ensemble des équipements mécaniques agricoles. A l'heure actuelle, le paysan congolais armé de sa houe et de sa hache peut mettre plus d'un moins pour défricher un champ d'à peine 2 hectares. Le tracteur mettra à peine un seul jour pour défricher un champ d'une superficie de 10 hectares.29

Il y a là un progrès à la base de deux résultats positifs. Le premier est l'allègement très sensible de la pénibilité des travaux des champs. Le deuxième résultat est l'éventuel enrichissement financier de l'agriculteur qui, au lieu de se contenter de cultiver un champ d'une superficie d'à peine la moitié d'un hectare de superficie, sera encouragé, toutes proportions gardées, d'étendre son champ même au-delà de 5 hectares, voire plus. Il y a cependant un problème, celui du coût d'un tracteur. Le paysan ne dispose pas de moyens financiers pour l'acquérir, même s'il fait partie d'un grand nombre d'agriculteurs regroupés dans une coopérative agricole. Ce qui d'ailleurs ne répond pas à la mentalité bantou. D'où la nécessité de mettre en oeuvre une politique agricole efficace par l'achat des tracteurs. On répartit les milieux ruraux en districts agricoles spécialisés. Selon les spéculations et on relie entre eux ces différents districts par des routes de desserte agricole, par des moyens de transport réguliers et logistique. Ceci pour rendre facile l'utilisation des tracteurs. Ces derniers resteront la propriété de l'Etat. Ils auront pour

29 Voir plus haut Désiré GAIGNEAUX Op.cit. p.p.65.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

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tâche les défrichements des lopins de terre des paysans et ce gratuitement. Mais lors d'opérations de récoltes et de ventes de celles-ci, l'Etat aura droit de récupérer un petit pourcentage sur le résultat obtenu en produits ou en monnaie afin d'assurer l'entretien des équipements.

Cependant, pour la transformation et la modernisation de l'agriculture paysanne, le tracteur seul ne suffit pas. Il faut qu'il soit accompagné de l'utilisation des engrais et des pesticides. Ces derniers sont la clé de l'accroissement de la productivité, facteur capable d'assurer des surplus et d'aider les agriculteurs de pratiquer une politique d'épargne. A la date d'aujourd'hui, dans les milieux ruraux, une superficie cultivée produit par hectare à peine 500 à 600 kg. En épandant des engrais sur le même champ, on obtient facilement 5 à 7 tonnes par hectare. Dans les environs de Kinshasa une plantation de 10.000 hectares de maïs. Avec le recours d'engrais, on espère obtenir 10 tonnes de maïs par hectare.

Néanmoins, avec la volonté et l'ambition de l'Etat, on peut se passer en partie des engrais chimiques qui coûtent cher et utiliser en leur lieu et place des ressources locales (les engrais organiques) : le « guano ». Toutes les grottes congolaises en renferment, plus spécialement dans le Bas-Congo et la Province Orientale. Le guano - excréments humains, a servi de fertilisant pendant des décennies et a contribué à la richesse de la Chine en faisant rebondir la productivité de la production vivrière de ce dernier.

4.3. LES PRODUITS A PROMOUVOIR et/ou A RELANCER 4.3.1. Cultures vivrières

4.3.1.1. Le blé

Jadis l'aliment de base très prisé par les habitants de Kinshasa, la capitale, était la chikwangue fabriquée à base du manioc. Depuis plus de deux décennies cette dernière a été détrônée par le pain à base de farine de froment et donc du blé importé. Aujourd'hui la quasi-totalité de blé utilisé en RDC est importé. Ce qui occasionne une forte sortie des devises

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30 Lire pour ce faire SHIVA VANDANA : le terrorisme alimentaire. Comment les multinationales affament les tiers-monde, paris, fayard, 2001, p.11.

du pays. Or la RDC dans toute son étendue à des zones où le sol et le climat sont propices à la culture du blé.

Si on y investit des moyens considérables, le Congo peut non seulement être autosuffisant mais devenir exportateur nette du blé sur ce vaste marché que constitue-le reste du monde. Car n'oublions pas que tous les pays de la planète consomment le pain. Dans le Nord-Kivu, plus spécialement à Masereka, dans le cadre de la loi des Fonds des Conventions de Développement, la population rurale avait cultivé pendant plus de 10 ans du blé. Le pain que les habitants du Nord-Kivu consommaient alors était manufacturé à partir du blé local. Avec la fin de la Deuxième République, la Midema s'est retirée du partenariat, le blé importé lui rapportant beaucoup de profits.

Or, il n'est un secret pour personne que le blé importé est fortement subventionné. Appliquée à la RDC, cette pratique tue l'agriculture et les agriculteurs congolais. Chaque fois que l'on consomme un pain au sein de notre territoire national, nous finançons l'agriculture et les paysans étrangers tout en tuant nos compatriotes installés dans les communautés villageoises. Les aliments représentent notre besoin le plus fondamental : ils sont la matière même de la vie.30 A ce propos, une attention toute particulière doit être attirée par les richesses agricoles potentielles des districts de Banza-Ngungu et Kimpesé. Leur sol et leur climat sont connus pour être propices à la culture du blé. La RDC doit mettre fin aux importations de blé, Elles saignent nos finances.

4.3.1.2. Le Riz

Bien avant l'indépendance, la République Démocratique du Congo était autosuffisante en riz. Nous avions 3 grandes zones de production : Bumba, Lodja et Kasongo. Toute la province de Léopoldville était approvisionnée par Bumba, le Katanga dépendant du riz produit à Kasongo (Maniema). Lodja était un grand producteur du riz et approvisionnait le

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75

grand Kasaï. Lubutu nourrissait en riz la Province Orientale. Le riz vendu aujourd'hui dans les grandes- surfaces est importé dans sa totalité, ce pour cela la RDC se suicide parce qu'elle dépend, pour presque tout, du reste du monde. Le riz est la culture par excellence en Afrique. L'importance stratégique du riz a été démontrée en 2008, lors des émeutes de la faim qui ont suivi la hausse des prix du riz à Haïti, un certain samedi quand un policier nigérian de l'ONU a été tué par balles à Port-au-Prince, après la destitution du premier ministre, et en dépit de l'annonce par le président René Préval d'une baisse du prix du riz pour apaiser la colère de la population.31 Voilà une spéculation à promouvoir étant donné son importance nutritive, Nous avons des sols propices à la rizicole.

4.3.1.3. Le Maïs

Le maïs est la principale céréale produite en RDC, avec un niveau de production quatre fois plus important que le riz. Sa culture est très répandue en RDC, mais particulièrement au Katanga, dans les deux Kasaï, le Bandundu et dans le nord de l'Équateur. C'est le seul produit agricole dont la production semble avoir (faiblement) augmenté depuis les années 90 (de 1 million de tonnes en 1990 à 1,2 million en 2002).32 L'utilisation du maïs est très varié Seul ou mélangé à la farine du manioc, le maïs intervient dans le repas quotidien des habitants de la plupart des régions du pays : sous forme d'épis (frais) bouillis ou grillés, sous forme de bouillie surtout pour les enfants, de semoule ou de pâte. Dans les grandes villes, la farine de maïs est mélangée à la farine de manioc pour former le Foufou. Les autres utilisations du mais incluent : (i) la fabrication de bière artisanale appelé Lotoko ; (ii) l'utilisation par les sociétés brassicoles et (iii) la fabrication d'aliments de bétail (dans les villes de Kinshasa, Goma et Lubumbashi), spécialement pour la volaille et le porc).

31 Voir Bob TUMBA MATAMBA Op.cit p.41

32 Voir J.P. Chausse, Thomas KEMBOLA, R. NGONDE : «L'agriculture : pierre angulaire de l'économie congolaise » Op.cit. p.4..

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76

La production d'amidon et dérivés (sirops, dextrose, dextrine, polyols) issus du maïs et utilisés dans d'autres pays dans l'agro-alimentaire, la papeterie et d'autres applications industrielles, telles que l'éthanol, ne se trouvent pas encore en RDC et leur émergence ne se fera que dans le long-terme. Les conditions agro- climatiques de la RDC sont toutefois favorables à la production de maïs et permettent au Congo non seulement de s'auto-suffire (éliminant les importations en particulier de la Zambie), mais encore de se positionner après réhabilitation des infrastructures de transport et avec un accès satisfaisant aux semences de qualité et aux intrants comme le grenier à céréales de la sous-région.

4.3.1.4. Le Manioc

Le manioc occupe une place centrale dans la production agricole de la RDC (il représente en effet environ 75% en poids du volume total des produits vivriers). Il est cultivé et consommé à travers toutes les provinces du pays, à des degrés divers, particulièrement dans le Nord-Ouest du pays (Bas-Congo, Bandundu, Équateur, Kasaï et Orientale). Les produits les plus consommés par les ménages sont le pondu (feuilles de manioc), la Chikwangue (pate issue de la transformation par voie humide de racines de manioc), le fou-fou (farine fermenté) et les racines crues. Les produits industriels les plus importants en RDC, essentiellement présents à Kinshasa et dans les grands centres urbains, sont (i) la farine non-fermentée, utilisée par les boulangeries/pâtisseries en substitution à la farine de froment pour fabrication de pain, biscuit, gâteau, beignet et autres produits snacks et (ii) on peut étendre son utilisation à la fabrication de l'amidon, du combustible.

Malgré sa large popularité sur le pays, il est regrettable de remarqué une faible transformation industrielle du manioc, limitée par ailleurs à de petites unités artisanales. La non intégration industrielle du principal produit agricole congolais, est indicateur majeur de l'extraversion de la structure économique du pays, la première cause de son sous-développement. Les autres cultures vivrières importantes

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

77

sont l'arachide, le haricot, pomme de terre et la banane Plantin. Elles ont tous connus des régressions remarquables de production, et seuls quatre produits phares affichent encore un niveau moyen de statistiques de réalisation : le manioc, le sucre de canne, l'huile de palme et le maïs. Ci-après leur classement par ordre décroissant des quantités produites annuellement :

Item

value

Unit

Manioc

16.000.000

Tonnes

Sucre de canne

1.950.000

Tonnes

Huile, noix de palme

1.250.000

Tonnes

maïs

1.200.000

Tonnes

Source : FAOSTAT 2012.

*

* *

4.3.2. Cultures Commerciales

Les cultures commerciales sont notamment le palmier à huile, hévéa, café, cacao, thé, coton, elles représentaient une source importante de production des ressources en devises pour la RDC jusqu'à la fin des années 60. Elles étaient produites essentiellement dans le nord du pays (Bas-Congo, Équateur, Province orientale, Kivu) à l'exception du coton, qui était aussi produit dans le Kasaï et le Katanga. La crise agricole en RDC est principalement celles des cultures d'exportation, celles-ci avaient fortement crû à l'époque coloniale du fait des prix favorables, des structures d'encadrement (des fermiers et des petits producteurs), de l'existence des liaisons en amont (engrais, semences, techniques) et en aval (commercialisation, transports, stockage, sécurité de débouchés, etc...).33 Aujourd'hui, la plupart des cultures industrielles/ d'exportation ont connu une stagnation et leur exportation ont totalement disparue. Mais, la

33 Voir à ce sujet l'ouvrage de PHILIPPE HUGON : « ECONOMIE DE L'AFRIQUE », p.34. 4è Editions, paris, 2003.

34 Idem pp.36.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

78

République Démocratique du Congo exporte encore du café (robusta et arabica), du cacao, huile palmiste, caoutchouc mais en quantités dérisoire.

Tableau 8 : Exportation des produits agricoles (en tonnes), 2005-2010

Produits

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Café robusta

4309

3666

8070

10358

4506

3836

Café arabica

3883

4489

4563

4693

4564

5771

Cacao

1289

950

950

1685

608

691

Huile palmiste

111

128

253

128

-

-

Caoutchouc

5578

3269

6678

6472

6472

-

Bois grumes

117844

120505

213308

140711

107415

203528

Source : SNSA/ agriculture en chiffre.

Il coule de source que le bois grumes bat le record en termes d'exportation en témoignent l'évolution des chiffres, signe le caractère marqué de déboisement à outrance. L'évolution à long terme de la balance commerciale agricole de la RDC depuis l'indépendance à subi un effet de cisaille : les exportations agricoles ne représentent actuellement qu'environ 10% de la production intérieure brut (PIB) contre 40% en 1960, par contre les importations, essentiellement de denrées alimentaires, ont connue augmentation rapide et régulière pour approvisionner le marché local. L'agriculture est la principale source du surplus, mais davantage par le jeu des différentiels de prix entre producteurs et prix d'exportation que par des progrès de productivité accroissant les volumes. A l'heure actuelle, la faible productivité de l'agriculture se répercute sur l'ensemble de l'économie.34La conséquence de cet état des choses est la rigidité et le goulot d'étranglement que caractérise l'économie congolaise. la plus part des cultures commerciales sont sinistrées et leurs exportations ont rendu l'âme dès les années 70 en raison d'abord de la politique de zaïrianisation qui a fortement amoindri les capacités techniques et managériales du secteur, puis des différents conflits qui ont affecté les principales zones de production (pillages de 1991-93, guerres 1996-2001).

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

79

Tout bien considéré, pour réussir une agriculture intensive en RDC, il faudra, faire doter le pays d'un arsenal des infrastructures stratégiques, les voies d'évacuations des produits vers les points de consommation, une amélioration des rendements à l'hectare, via la mécanisation de la production, par le recours à la fertilisation des sols même si la terre congolaise est propice à l'agriculture, ce à quoi il faut ajouter le développement de la recherche tant dans le domaine de l'agriculture que dans celui de l'agro-industrie.

4.4. L'ELEVAGE

Lorsqu'il nous arrive de faire du shopping pour consommer de la viande fraîche dans des grandes surfaces commerciales, éparpillées dans la ville de Kinshasa, une attention particulière est attirée sur l'absence quasi totale des viandes fraîches locales. C'est dire que notre agriculture ne fournit pas l'essentiel à la population citadine. Mais que la RDC peut tout aussi bien produire en bonne qualité. Car il dispose d'atouts considérables pour le développement des élevages : bovins, porcins, ovins, capriciens et avicoles. Elle est capable de s'auto-suffire en viande et d'en réserver un surplus pour l'exportation. Les vastes étendues de savanes boisées et d'herbages aujourd'hui inexploitées, près de 90 millions d'hectares de pâturage, soit un plus du tiers de la superficie totale du pays, qui pourraient accueillir quelque 40 millions de unités gros bovins et fournir près de 1,5 millions de tonnes de viande par année, même en élevage extensif, soit 23 kg/ habitant.

La production animale : cheptels totaux en RD Congo

espèces

têtes

BOVINS

748.348

OVINS

904.984

CAPRINS

4.058.237

PORCINS

981.154

VOLAILLES

20.127.655

Source : SNSA 2011

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

80

La production de viande a été fortement chutée par les évènements sociopolitiques qui ont bouleversé le pays, notamment les évènements de la fin des années 1990 et du début des années 2000. En outre, selon les enquêtes budget consommation, la consommation annuelle de la viande à Kinshasa (3,3 kg/habitant) a diminué de 50% depuis 1975, tandis que celle de poisson (frais et conservé, notamment le mpiodi) s'est maintenue à 10-11 kg/habitant.35 Les principales contraintes au développement de l'élevage en RDC : manque d'encadrement des coopératives d'éleveurs, pénurie d'obtention d'aliments pour le bétail, absence de vaccinations et de services vétérinaires, absence de la recherche scientifique dans le domaine de l'élevage et la production animale fait défaut de races améliorées pour la reproduction de toutes les espèces animales et infrastructures en ruines. Les conflits fonciers constituent également de sérieux obstacles. En tout état de cause, la terre est là, les espaces sont là, moindre encouragement au niveau des gouvernants permettra à la RDC de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur en ce qui concerne les denrées alimentaires.

4.5. LA PECHE

En matière de pêcherie, la RDC est riche en cours d'eau. Le réseau formé par le fleuve Congo et ses affluents ne constitue pas la seule source halieutique du pays. Il faudra compléter cette richesse avec les réserves de poissons qui pullulent dans les multiples lacs du pays. Cette richesse est propice au développement de la pêche industrielle et artisanale comme au développement de la pisciculture à grande échelle. Il est évident que ce potentiel est actuellement sous-exploité. Souvent, les poissons de qualité tels que le capitaine, le tilapia... meurent de vieillesse dans le fleuve, les lacs et les rivières du Congo. L'absence d'investissements et d'encadrement dans ce secteur a fait que depuis les années 1980, le pays

35TOLLENS,E. « les défis :sécurité alimentaire et cultures de rentes pour l'exportation. Principales orientations principales orientations et avantages comparatifs de l'agriculture en RD Congo », table ronde sur l'agriculture en RDC, p.p.20, mars 2004.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

81

est devenu importateur du poisson chinchard (200.000 tonnes en 2006) qui représente une valeur d'environ 75 millions d'USD (FAQ).

Seule la pêche artisanale qui fournit l'essentiel des poissons consommés par la grande majorité des populations riveraines. Ne bénéficiant pas des structures adéquates de conservation, ni de transformation, les poissons d'eau douce du Congo sont soit vendus en l'état, soit transformés en poissons fumés ou salés. Tout compte fait, le développement de la pêche doit être impérativement renforcé par l'adoption de techniques et d'équipements modernes de pêche (canots à moteur), par l'organisation des pêcheurs pour faciliter la commercialisation de leurs produits. Des diverses innovations techniques, telles que les lampes au kérosène pour la pêche de nuit, les filets en matière synthétique et la motorisation des bateaux. Des routes rurales et des infrastructures commerciales sont donc cruciales pour le développement du sous-secteur de la pêche.36

*

* *

Il convient de signaler que la production animale souffre de la concurrence d'importations massives de viandes et poissons surgelés à bon marché. La raison en est le prix extraordinairement bas des produits alimentaires importés. La viande, de poissons et de poulets qui viennent de l'Europe, de l'Amérique du Nord et de l'Asie du Sud-Est sont intensément subventionnée par les pays exportateurs. Ces produits vivriers se vendent au quart du prix de celles produites localement. Par conséquent il y a disparition des producteurs autochtones des vivres. C'est là une des voies utilisées pour freiner économiquement le Tiers-Monde.37

36Voir J.P. Chausse, Thomas KEMBOLA, R. NGONDE Op.cit. p.15. Editions MEDIASPAUL, 2012

37 Voir à ce sujet SHIVA VANDANA, le terrorisme alimentaire. Comment les Multinationales affament le Tiers-Monde. Op.cit.

EPILOGUE ET SUGGESTIONS

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

82

Le moins que l'on puisse dire que si la RDC refuse la croissance inclusive et le développement, elle en payera un prix extrêmement élevé. Car il lui sera difficile de porter son poids démographique (taux de natalité élevée, épidémie grandissante, etc.) D'où la prise de conscience qui incite de faire de sorte que le processus appelé croissance et développement se produisent nécessairement partout dans l'univers où les institutions politiques donne priorité au secteur agricole. Il est vrai que la transformation de l'agriculture est le levier de la croissance de tous les pays de la planète. Le travail que nous avons voulu présenter au public chercheur s'était fixé pour objectif principal d'évaluer l'impact de l'agriculture dans la croissance économique par rapport aux autres secteurs de l'économie nationale. Pour y arriver, nous avons utilisé le modèle VAR pour vérifier nos hypothèses. Ainsi, nous avons posé la question de savoir si l'agriculture à une incidence dans la croissance économique et Quels sont les facteurs explicatifs du phénomène du non inclusivité de cette croissance économique. Pour ce faire, nous avons subdivisé notre travail en 4 chapitre traitant successivement : (i) les définitions conceptuelles ;(ii) l'incluisivité de la croissance économique ;(iii) l'impact de l'agriculture dans la croissance économique (iv) pistes pour le développement de l'agriculture.

En effet, tout au long de cette étude, nous avons montré que la croissance économique poursuit sa trajectoire à la hausse observée au cours des dix dernières années, mais ne s'accompagne pas d'une création d'emplois suffisante susceptible de réduire sensiblement le taux de chômage. Durant le parcours de notre travail, nous avons utilisé quatre variables qui sont le PIB, l'agriculture, l'industrie et le commerce. Pour ce faire, le modèle VAR nous a montré que la croissance économique cause l`agriculture et l'agriculture cause la croissance ; l`industrie cause l`agriculture et vice versa ; le service cause l`agriculture et vice versa ; l`industrie cause la croissance économique et vice versa ; le service cause

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

83

la croissance du PIB mais la croissance du PIB ne cause pas le service ; le service cause l`industrie et vice versa. Dans ces analyses, il ressort la conclusion selon laquelle l'agriculture a peu d'impact sur la croissance économique (6% en moyenne), alors que l'industrie et le commerce ont plus d'impact sur la croissance économique (32% et 20% en moyenne). Cette situation nous laisse persuader que les différentes composantes de l'économie congolaise ne sont pas soudées, ils évoluent chacun dans son isolement. D'où la nécessité de construire l'économie congolaise. Ainsi, nous confirmons la première et la deuxième hypothèse de notre étude, car l'incidence du secteur agricole dans la croissance économique est peu significative et il y a certains facteurs structurels et conjoncturels qui bloquent la croissance inclusive et les objectifs assignés sont atteints.

L'occasion nous est donnée de conclure par ce mot décisif prononcé plus tard par TUMBA MATAMBA à savoir que : La construction économique est un puzzle à l'échelle nationale. Le puzzle, appelé aussi « casse-tête », est un jeu de patience qui contient un dessin ou une image découpé en nombreux petits morceaux, et qui exige un effort soutenu avant d'être reconstitué. Les pièces du puzzle économique sont dotées d'un dynamisme latent, ou potentiel de travail, qui ne se déclenche que lorsque tous les morceaux du jeu sont rassemblés. Quand le dynamisme des morceaux s'active, le tablier ou plateau de jeu s'agrandit de façon exponentielle, et peut passer de 1 à 1000 en un clin d'oeil. C'est la magie des effets d'entraînement, magie due par la diversification qui permet de souder les différentes composantes d'une économie nationale. Ce plateau qui explose, c'est la pyramide économique du pays, son PIB. Comme tous les jeux de puzzle, celui de la construction économique est aussi un jeu de patience et d'imagination créatrice, dans lequel les morceaux à rassembler existent éparses sur le territoire national, mais l'image à reconstituer est connue d'avance par tous : la croissance économique inclusive.

A l'Etat congolais nous suggérons que pour la RDC, la solution à son problème de la croissance part d'une évidence : longtemps le seul problème

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

84

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

85

de la RDC a été celui de se nourrir. De là à être persuadé que l'Etat congolais désireux de relever le défi de la misère qui sévit au Congo doivent commencer leur croisade par assurer la sécurité alimentaire des congolais, car c'est là la clé qui conditionne le présent et l'avenir de la nation. C'est pourquoi tout Etat, Tout gouvernement est apprécié par la capacité de donner suffisamment à manger à leurs peuples. Ce qui revient à conclure que le premier objectif de la croissance est d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. L'Etat congolais doit faire de sorte que la nourriture soit suffisamment abondante à la table des Congolais. Pour réussir une agriculture intensive, le gouvernement congolais, devra faire doter le pays d'un arsenal des infrastructures stratégiques, les voies d'évacuations des produits vers les centres de consommation, une amélioration des rendements à l'hectare, en mécanisant la préparation des sols, par le recours aux engrais et pesticides, en améliorant le système de stockage des produits agricoles en vigueur. Ce à quoi il faut ajouter le développement de la recherche dans le domaine de l'agro-industrie et la mise en place d'un régime foncier adéquat. Par ailleurs, il est important de mettre un accent tout particulier sur l'aménagement de l'espace vital dans des zones des cultures : habitats salubres, routes praticables en toute saison, l'eau potable, dispensaires, écoles et énergie électrique. Ce sont là des facteurs susceptibles de favoriser l'installation définitive des paysans dans les milieux ruraux.

L'Etat congolais doit mettre l'accent sur la diversification de l'économie congolaise tant du point de vue sectorielle que géographique, l'entrepreneuriat local et l'orientation des IDE dans le secteur agricole et l'agrobusiness et la redistribution équitable du revenu national, la transformation de la structure économique en vigueur en renforçant l'interdépendance entre le secteur primaire et secondaire, élément déclencheur des effets d'entrainement à impact visible ; et révision de la structure des circuits de distribution, en privilégiant la consommation intérieure. C'est n'est pas du tout sorcier.

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES

I. OUVRAGE

1. BOURBONNAIS : « ECONOMETRIE », 9ème Editions, Dunod 2015.

2. D. GAIGNEAUX : « AGRICULTURE PREMIER IMPERATIF DU DEVELOPPEMENT » Editions Universitaires, 115, Rue du cherche-Midi, paris 6.

3. HEILBRONER I. Robert : « LE GRAND ESSOR : la lutte pour le développement économique », presses universitaires de France, 108, boulevard saint-germain, paris, 1968.

4. KAMERHE vital : « LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE TRANSATLANTIQUE DE LA RDC, terre d'espoir pour l'humanité, 2011 »

5. MULOWAYI KATSHIMWENA : « Lubumbashi, cent ans d'histoire » ouvrage collectif paru en 2013 aux éditions le harmattan.

6. PHILIPPE HUGON : « ECONOMIE DE L'AFRIQUE », 4e éd. - Paris : La Découverte, 2003. - (Repères ; 117)

7. Philippe MERLANT, René PASSET et Jacques ROBBIN : « SORTIR DE L'ECONOMISME : une alternative au capitalisme néolibéral », les editions de l'atelier, paris, 2003.

8. SORMAN Guy: « L'ECONOMIE NE MENT PAS », librairie arthème FAYARD, 2008.

9. STEPHAN SMITH : negrologie : POURQUOI L'AFRIQUE MEURT, paris, hachette littérature, 2003.

10. SHIVA VANDANA : le terrorisme alimentaire. Comment les multinationales affament les tiers-monde, paris, fayard, 2001.

11. TUMBA MATAMBA : « la priorité agricole RD Congo/Afrique », Edition l'Harmattan, France, 2014.

II. ARTICLES ET REVUES

1. J.P. Chausse, Thomas KEMBOLA, R. NGONDE : «L'agriculture : pierre
angulaire de l'économie congolaise
» Editions MEDIASPAUL, 2012.

2. MUKENI MAFUKU une revue de « CONGO AFRIQUE : quatre recettes pour faire la RDC un pays émergent ».

3. TOLLENS,E. « les défis :sécurité alimentaire et cultures de rentes pour l'exportation. Principales orientations principales orientations et avantages

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

86

comparatifs de l'agriculture en RD Congo », table ronde sur l'agriculture en RDC, mars 2004

III. NOTES DES COURS

1. FATEN MEZIOU et WASSILA FOURATIE : notes des cours « ECONOMIE GENERALE » université virtuelle de Tunis.

2. KANKWANDA ebulelang : « THEORIES DE CROISSANCE ECONOMIQUE ».

3. MOKONDA BONZA note des cours « ECONOMIE ALIMENTAIRE ».

4. MOKONDA.B : « les notes des cours ECONOMIE RURAL » G3 UNIKIN.

5. MOKONDA BONZA : notes de politique agricole et développement rural. L2 ECONOMIE, UNIKIN.

6. MUSA MUNDEDI : notes du cours « THEORIES ET DOCTRINES ECONOMIQUE ET SOCIALE », L1 ECONOMIE, FASEG.

7. NYEMBO SHABANI : notes du cours « ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT ». L2 ECONOMIE, UNIKIN.

8. TIKER TIKER Joachim : notes des cours « ECONOMIE RURAL » G3 UNIKIN

IV. MEMOIRES

1. BELESI : « Relance de la production agricole et croissance économique en RDC » 2008.

2. INNOCENT : « Problématique de l'agriculture comme moteur au développement économique en RDC à travers l'intensification du maïs », 2006.

V. AUTRES DOCUMENTS

1. Banque centrale du Congo, rapport annuel 2013.

2. Banque centrale du Congo, rapport annuel 2012.

3. Banque centrale du Congo, rapport annuel 2010.

4. Banque mondiale (2013), rapport et suivi de la situation économique et financière de la RDC.

5. Ministre de l'agriculture et développement rural, agriculture en chiffre.

6. Ministre du plan (2010), document de la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP), Kinshasa, RDC.

7. Ministère du plan (2007), document stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté, Kinshasa, novembre 2007.

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

87

EPIGRAPHE 1

IN MEMORIAM 2

REMERCIEMENT 3

AVANT PROPOS 4

ACRONYME ET ABREVIATIONS 5

0. INTRODUCTION GENERALE 6

1. ENONCE DU PROBLEME 6

2. OBJECTIFS DE TRAVAIL 8

3. HYPOTHESES DU TRAVAIL 9

4. CHOIX ET INTERET DU SUJET 9

5. METHODOLOGIE ET DELIMITATION DU TRAVAIL 10

6. CANEVAS DU TRAVAIL 10

CHAP.1 GENERALITES SUR LES CONCEPTS DE BASE 11

1.1. DEFINITION DES CONCEPTS 12

1.1.1. Définitions de l'agriculture 12

1.1.2. Les origines de l'agriculture en Afrique centrale 12

1.1.3. POLITIQUE AGRICOLE 13

1.1.4. SECURITE et AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE 14

1.1.5. AGRICULTURE INTENSIVE ET EXTENSIVE 15

1.2. CROISSANCE ECONOMIQUE 16

1.2.1. Définition de la croissance économique 16

1.2.2. Caractéristiques de la croissance économique 17

1.2.3. Mesure de la croissance économique 18

1.2.4. Les Facteurs de la croissance économique 21

1.2.5. CROISSANCE INCLUSIVE 23

CHAP.2 L'INCLUSIVITE DE LA CROISSANCE ECONOIQUE Error! Bookmark not defined.

2.1. L'ANALYSE DE LA CROISSANCE 27

2.2. PROCESSUS DE DIVERSIFICATION DE L'ECONOMIE 30

2.2.1. L'ETAT DE LIEUX DE LA DIVERSIFICATION DE L'ECONOMIE CONGOAISE 31

2.2.2. LA DIVERSIFICATION GEOGRAPHIQUE ET SECTORIELLE DE l'ECONOMIE

CONGOLAISE 33

2.3. DESEQUILIBRE DE LA STRUCTURE DES INVESTISSEMENTS 34

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

88

CHAP.3 L'IMPACT DE L'AGRICULTURE DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE Error!

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1.1. LA FIXATION DES PRIORITES DANS UNE ECONOMIE AUX PRISES AVEC UNE

CRISE MULTIFORME 39

1.2. L'APPORT SPECIFIQUE DE L'AGRICULTURE DANS LA CROISSANCE

ECONOMIQUE 40

1.3. APPROCHE ECONOMETRIQUE 43

3.3.1. LA SPECIFICATION DU MODELE VAR 44

3.3.2. EVALUATION DES EFFETS DE L`AGRICULTURE, L`INDUSTRIE ET DU

SERVICE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE 47

CHAP.4 PISTES POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AGRICULTURE 60

4.1. L'ASPHYXIE DES SECTEURS PRODUCTEURS DES BIENS ALIMENTAIRES 61

4.2. MODERNISATION DU SECTEUR AGRICOLE 65

4.2.1. LES PREALABLES EN AMONT 67

4.3. LES PRODUITS A PROMOUVOIR et/ou A RELANCER 73

4.3.1. Cultures vivrières 73

4.3.2. Cultures Commerciales 77

4.4. L'ELEVAGE 79

4.5. LA PECHE 80

EPILOGUE ET SUGGESTIONS 82

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES 85

ANNEXES 89

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

89

ANNEXES

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

90

1. Series

obs

PIB

AGR

IND

SER

1980

483829.556

91927.616

164502.049

217723.3

1981

495441.466

94133.879

173404.513

217994.245

1982

492964.258

98592.852

172537.49

216904.274

1983

499915.054

99983.011

179969.419

214963.473

 

527660.339999

 
 
 

1984

9999

105532.068

189957.722

226893.946

 

530298.640999

 
 
 

1985

9999

106059.728

190907.511

228028.416

1986

555712.125

116699.546

200056.365

233399.093

1987

570322.613

119767.749

205316.141

239535.497

1988

573744.549

172123.365

154911.028

229497.82

1989

565712.125

175370.759

147085.153

226284.85

1990

528375.125

179647.543

121526.279

216633.801

1991

483885.939

183876.657

96777.188

193554.376

1992

433077.916

190554.283

64961.687

173231.17

1993

374557.451

194769.875

59929.192

116112.81

1994

360059.735

190831.66

57609.558

108017.921

1995

362641.52

188573.59

61649.058

108792.456

1996

358603.343

182887.705

68134.635

103994.97

1997

339206.854

176387.564

54273.097

101762.056

1998

333315.088

173323.846

53330.414

99994.526

1999

319082.2

165922.744

57434.796

92533.838

2000

297065.5

146671.3

59570.7

87263.2

2001

290827.1

140907.3

58564

86213.1

2002

300914.4

141563.9

64039.5

89331.7

2003

318341.2

143299.5

71850.9

96928.5

2004

339478.9

144219.8

85015

103264.2

2005

365960.77

148358.9

97432

112235

2006

386386

153175.8

101830.5

122334

 

410565.110557

 
 
 

2007

348

158154

 
 
 

435835.805218

 
 
 

2008

14

1365.1

1798.1

1273

 

447925.551605

 
 
 

2009

734

1403.1

3682.6

2207.8

 

479952.224066

 
 
 

2010

29

1453.8

3742.3

2456.2

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

91

2. Illustrations graphiques des informations

600,000 500,000 400,000 300,000 200,000 100,000

0

 
 

80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10

 
 
 
 

PIB AGR IND SER

 
 
 
 
 
 

3. Stationnarité

3.1. PIB stationnaire en deuxième différence

Null Hypothesis: DDPIB has a unit root

Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=6)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -5.223720 0.0012

Test critical values: 1% level -4.323979

5% level -3.580623

10% level -3.225334

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(DDPIB)

Method: Least Squares

Date: 12/14/15 Time: 16:02

Sample (adjusted): 1983 2010

Included observations: 28 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

DDPIB(-1) -1.052990 0.201579 -5.223720 0.0000

C -2957.925 7194.004 -0.411165 0.6845

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

92

t-Statistic Prob.*

@TREND(1980)

254.0067

392.0426 0.647906

0.5230

R-squared

0.521947

Mean dependent var

1215.216

Adjusted R-squared

0.483702

S.D. dependent var

23187.84

S.E. of regression

16661.35

Akaike info criterion

22.38053

Sum squared resid

6.94E+09

Schwarz criterion

22.52326

Log likelihood

-310.3274

Hannan-Quinn criter.

22.42416

F-statistic

13.64771

Durbin-Watson stat

1.924067

Prob(F-statistic)

0.000099

 
 

3.2. Agriculture stationnaire en différence première

Null Hypothesis: DAGR has a unit root

Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -5.951795 0.0002

Test critical values: 1% level -4.309824

5% level -3.574244

10% level -3.221728

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(DAGR)

Method: Least Squares

Date: 12/14/15 Time: 16:05

Sample (adjusted): 1982 2010

Included observations: 29 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

DAGR(-1)

-1.159915

0.194885 -5.951795

0.0000

C

20796.30

12677.20 1.640449

0.1130

@TREND(1980)

-1530.709

723.3107 -2.116254

0.0441

R-squared

0.576769

Mean dependent var

-74.32976

Adjusted R-squared

0.544213

S.D. dependent var

44849.86

S.E. of regression

30279.04

Akaike info criterion

23.57200

Sum squared resid

2.38E+10

Schwarz criterion

23.71344

Log likelihood

-338.7939

Hannan-Quinn criter.

23.61630

F-statistic

17.71609

Durbin-Watson stat

2.043519

Prob(F-statistic)

0.000014

 
 

3.3. Industrie stationnaire en deuxième différence

Null Hypothesis: DDIND has a unit root

Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

93

Augmented Dickey-Fuller test statistic -7.877308 0.0000

Test critical values: 1% level -4.394309

5% level -3.612199

10% level -3.243079

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(DDIND)

Method: Least Squares

Date: 12/14/15 Time: 16:07

Sample (adjusted): 1983 2006

Included observations: 24 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error t-Statistic

Prob.

DDIND(-1)

-1.498101

0.190179 -7.877308

0.0000

C

-3261.622

7568.863 -0.430926

0.6709

@TREND(1980)

245.1007

471.8435 0.519453

0.6089

R-squared

0.747643

Mean dependent var

72.95779

Adjusted R-squared

0.723609

S.D. dependent var

30227.10

S.E. of regression

15891.27

Akaike info criterion

22.30140

Sum squared resid

5.30E+09

Schwarz criterion

22.44865

Log likelihood

-264.6168

Hannan-Quinn criter.

22.34046

F-statistic

31.10769

Durbin-Watson stat

2.218569

Prob(F-statistic)

0.000001

 
 

3.4. service stationnaire en deuxième différence

Null Hypothesis: DDSER has a unit root

Exogenous: Constant, Linear Trend

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=5)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -6.919312 0.0000

Test critical values: 1% level -4.394309

5% level -3.612199

10% level -3.243079

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation

Dependent Variable: D(DDSER)

Method: Least Squares

Date: 12/14/15 Time: 16:09

Sample (adjusted): 1983 2006

Included observations: 24 after adjustments

Variable

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

DDSER(-1)

-1.390436

0.200950

-6.919312

0.0000

C

-3106.324

6612.126

-0.469792

0.6433

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

94

@TREND(1980)

256.1422

412.2148 0.621380

0.5410

R-squared

0.695111

Mean dependent var

103.7132

Adjusted R-squared

0.666074

S.D. dependent var

24084.26

S.E. of regression

13917.40

Akaike info criterion

22.03614

Sum squared resid

4.07E+09

Schwarz criterion

22.18339

Log likelihood

-261.4336

Hannan-Quinn criter.

22.07520

F-statistic

23.93880

Durbin-Watson stat

2.144162

Prob(F-statistic)

0.000004

 
 

4. Causalité au seuil de 5%

Pairwise Granger Causality Tests Date: 12/14/15 Time: 16:11 Sample: 1980 2010

Lags: 2

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Prob.

DAGR does not Granger Cause DDPIB

27

1.48853

0.0076

DDPIB does not Granger Cause DAGR

 

0.28262

0.0065

DDIND does not Granger Cause DDPIB

23

0.70408

0.0077

DDPIB does not Granger Cause DDIND

 

1.06599

0.0352

DDSER does not Granger Cause DDPIB

23

1.16174

0.0303

DDPIB does not Granger Cause DDSER

 

4.03044

0.4358

DDIND does not Granger Cause DAGR

23

0.63235

0.0427

DAGR does not Granger Cause DDIND

 

1.09854

0.0447

DDSER does not Granger Cause DAGR

23

0.07598

0.0271

DAGR does not Granger Cause DDSER

 

0.35135

0.0085

DDSER does not Granger Cause DDIND

23

0.09485

0.0100

DDIND does not Granger Cause DDSER

 

0.93860

0.0095

Output du résultat de l`estimation du modèle var(2)

DDPIB

DAGR

DDIND

DDSER

DDPIB(-1) 2.400237

(1.02476)

[ 2.34223]

DDPIB(-2) 0.060237

(0.31920)

[ 0.18871]

0.480655

(0.96478)

[ 0.49820]

0.158458

(0.30052)

[ 0.52728]

-0.637379

(1.17530)

[-0.54231]

-0.202562

(0.36609)

[-0.55331]

2.780377

(0.71142)

[ 3.90821]

0.024216

(0.22160)

[ 0.10928]

DAGR(-1) -2.920323

-0.556422

1.183606

-2.685705

(1.20415)

(1.13367)

(1.38104)

(0.83596)

[-2.42521]

[-0.49082]

[ 0.85704]

[-3.21273]

DAGR(-2) 2.369299

1.025689

-1.290765

2.852501

(1.30707)

(1.23055)

(1.49907)

(0.90740)

[ 1.81268]

[ 0.83352]

[-0.86104]

[ 3.14359]

DDIND(-1) -2.097033

-0.677074

0.365745

-2.065474

(1.01638)

(0.95688)

(1.16569)

(0.70560)

[-2.06323]

[-0.70758]

[ 0.31376]

[-2.92726]

DDIND(-2) 0.268072

0.049092

-0.210970

0.266992

(0.27220)

(0.25626)

(0.31218)

(0.18897)

[ 0.98485]

[ 0.19157]

[-0.67579]

[ 1.41291]

DDSER(-1) -2.762054

-0.498955

0.709509

-3.098162

(0.99187)

(0.93381)

(1.13758)

(0.68859)

[-2.78468]

[-0.53432]

[ 0.62370]

[-4.49931]

DDSER(-2) -0.284923

-0.048300

-0.016768

-0.146023

(0.40726)

(0.38342)

(0.46708)

(0.28273)

[-0.69962]

[-0.12597]

[-0.03590]

[-0.51648]

C 1142.929

1225.228

526.2516

-850.6861

(3341.54)

(3145.93)

(3832.41)

(2319.79)

[ 0.34204]

[ 0.38946]

[ 0.13732]

[-0.36671]

R-squared 0.511261

0.202036

0.408035

0.686907

Adj. R-squared 0.231982

-0.253943

0.069770

0.507996

Sum sq. resids 3.14E+09

2.78E+09

4.13E+09

1.51E+09

S.E. equation 14978.06

14101.27

17178.33

10398.18

F-statistic 1.830644

0.443082

1.206257

3.839385

Log likelihood -248.0564

-246.6690

-251.2089

-239.6624

Akaike AIC 22.35273

22.23209

22.62686

21.62282

Schwarz SC 22.79706

22.67641

23.07118

22.06715

Mean dependent 585.8450

2312.730

-131.8882

523.4696

S.D. dependent 17091.09

12592.72

17810.90

14824.26

Determinant resid covariance (dof adj.)

5.42E+30

 
 

Determinant resid covariance

7.45E+29

 
 

Log likelihood

-921.5444

 
 

Akaike information criterion

83.26473

 
 

Schwarz criterion

85.04203

 
 

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

95

L'agriculture et la croissance inclusive en RDC Madue Wanet Joël

96

Note : écart type (...) et t-statistique [...]

5. Décomposition de la variance du PIB

Varian ce

Decom position of

DDPIB:

Period S.E. DDPIB DAGR DDIND DDSER

1

14978.06

41.00002

0.103328

37.37535

29.72410

2

17134.91

46.46588

2.998457

29.62320

19.83191

3

18712.83

45.26825

6.412828

31.90334

19.08453

4

19512.29

50.05758

6.345060

33.73413

17.95531

5

20266.81

41.61449

6.305947

33.75562

20.73645

6

20654.54

39.63947

6.382056

33.73272

19.80192

7

20781.23

39.82029

6.378405

33.74183

20.59859

8

20928.92

41.16960

6.396216

33.62724

21.46549

9

20953.35

45.07533

6.427135

33.69662

21.47716

10

20972.60

49.12749

6.428252

33.77432

21.57225

6. Tableau: croissance du PIB et revenue reel per capita

Années

Taux de croissance du PIB

2001

-2,1

2002

3,5

2003

5,8

2004

6,6

2005

7,8

2006

5,6

2007

6,3

2008

6,2

2009

2,8

2010

7,2

2011

6,9

2012

7,2






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