I-2. Analyse de la vulnérabilité au
niveau du bassin:
Comme nous l'avions évoquée, la
vulnérabilité est la susceptibilité d'un système
naturel ou humain à être affecté par les effets des
changements climatiques. Pour le cas du moyen Bani, nous évoquons la
vulnérabilité sociale, la vulnérabilité
économique et la vulnérabilité environnementale.
I-2-1. Vulnérabilité sociale:
La population du Moyen Bani est vulnérable dans sa
structure. Selon le recensement général de la population en 1998,
la zone a une population estimée à 187 742 habitants. Selon les
tranches d'âge, elle est repartie comme suit : 0 à 14 ans : 35,4%;
15 à 59 ans; 57,2%; 60 et plus : 7, 4%. Par sexe, les hommes
représentent 49,2% contre 50,8 % pour les femmes. La population active,
c'est-à-dire le groupe dont l'âge est compris entre 15 et 59 ans,
est de 57,2%, soit 107 388 habitants.
Si nous considérons ces chiffres, nous constatons qu'il
y a une tendance à la féminisation de la population. Les hommes,
étant les gros travailleurs, sont moins nombreux.
Avec les aléas climatiques, nous observons des
indicateurs montrant la vulnérabilité de cette population:
diminution des revenus des ménages avec l'augmentation des
dépenses, perte de pouvoir d'achat, crise alimentaire. Cette situation a
engendré une migration (saisonnière et permanente) massive de
toutes les catégories socioprofessionnelles de la zone (agriculteurs,
éleveurs, pêcheurs) vers d'autres zones à la recherche du
minimum vital. Le taux d'absence par rapport à la population totale est
de 16,6% et par rapport à la population active (15 à 59 ans) il
est de 25%7.
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- PMB (étude agro-socio-économique, 1984)
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Sur les plans sanitaire et éducatif, avec la baisse du
pouvoir d'achat de la population, peu d'actions ont été faites,
en moyenne on a un centre de santé communautaire pour plus de 10
villages et une école pour 23 villages.
I- 2-2. La vulnérabilité
économique:
L'économie du moyen Bani repose sur le secteur primaire
(l'agriculture, l'élevage et la pêche).
L'agriculture occupe la première place dans
l'économie de la zone et emploie plus de 90% de la population. Les
systèmes de production sont du type agro - pastoral et les
spéculations agricoles portent sur les cultures sèches (mil,
sorgho, maïs etc..).
Les productions agricoles sont destinées à la
consommation locale et le surplus est le plus souvent écoulé sur
les marchés hebdomadaires locaux. Mais, depuis quelques
décennies, la zone connaît un déficit pluviométrique
et par conséquent, une dégradation générale des
conditions de vie. Les populations qui cultivaient du riz pluvial ou riz
flottant, l'ont abandonné au profit des cultures sèches car les
étangs, les mares et le lit d'inondation du fleuve Bani se sont tous
progressivement asséchés. Les cultures sèches souffrent
également des extrêmes climatiques et leurs rendements baissent
continuellement. Les agriculteurs compensent ce déficit en faisant
toujours de nouvelles friches. C'est ainsi que les superficies cultivées
pour les céréales sont passées de 18 500 ha en 1987
à 72 020 ha en 2000 soit une hausse de 53 520 ha8.
L'élevage joue un grand rôle. Elle porte sur
l'élevage des bovins, des ovins et caprins, des asins et des
équins. Ces animaux profitaient de l'herbe fraîche; et
sèche, et des résidus de récolte. Avec la persistance de
la sécheresse au cours des dernières décennies,
l'équilibre agro-pastoral qui préexistait dans la zone s'est
nettement modifié. Les éleveurs des grands ruminants (bovins
surtout), sont tous rares car les espèces fourragères se sont
raréfiées. Ils se sont dirigés vers le sud, dans les zones
pastorales de Koutiala et de Sikasso, où les conditions sont un peu
meilleures. Seuls sont nombreux, les petits ruminants qui
bénéficient de l'abondance de la végétation
épineuse et xérophile.
La pêche est l'activité principale des Bozos et
des Somonos installés sur les bourrelets des berges. Elle est
pratiquée sur le long du Bani de Douna à Tabara en passant par
Nani, Sakarala, Ngoron, Talodaga, Dogona et Goualabougou.
Cette activité économique, non moins importante
pour la zone, dure en moyenne 6 à 8 mois selon les années, et est
repartie en quatre périodes: la période de crue, pendant laquelle
la pêche, moins importante, est pratiquée dans les plaines
d'inondation, la période de hautes eaux, durant laquelle la pêche
se trouve moins importante. La période de décrue, de novembre
à février, est propice à la pêche. La période
d'étiage, d'avril à juin, après la levée des mises
en défend des plans d'eau du cours principal du Bani. Les engins de
pêche utilisés par les pêcheurs se composent essentiellement
de filets maillant, de filets éperviers, de palangres, de lignes, de
nasses, de sennes, de harpons.
Les pêcheurs tirent leur revenu de la pêche. Mais
la faiblesse des pluies et celle des crues ont anéanti cette
activité. On assiste à la diminution des productions halieutiques
et à la disparition de certaines espèces de poissons. C'est
pourquoi, maintenant certains pêcheurs se sont convertis en extracteurs
de sable, en agriculteurs, en éleveurs, en commerçants ou tout
simplement déserté la zone.
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- PMB (étude-agro-socio-économique, 1984)
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