III-1-5. Dégradation des galeries
forestières :
La greffe des actions de dégradation de la forêt
(activités agricoles, surpâturage, déboisement, feux de
brousse, déficit pluviométrique etc...) a conduit à la
déforestation qui, à son tour, a provoqué la
dénudation des berges du fleuve, le ruissellement exacerbé, le
lessivage et la destruction des structures du sol et une érosion accrue.
En effet, tout le système hydrographique du Moyen-Bani se trouve
aujourd'hui menacé par le tarissement et l'ensablement. Cependant, la
pluviométrie ayant diminué le fleuve ne reçoit plus
beaucoup d'eau et avec le défrichement considérable des galeries
forestières, l'érosion draine des tonnes de sable au fond du
fleuve.
Ce qui fait qu'en certains endroits, on peut traverser le
fleuve à pied, entre le mois de mars et le mois de mai.
En somme, avec la péjoration climatique et les actions
anthropiques, la déforestation gagne du terrain au Moyen-Bani.
III-3-La perception des changements climatiques par les
populations et les stratégies d'adaptation locales et planifiées
:
Selon la Convention Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques (CCNUCC)25 :«l'adaptation se
réfère à tout ajustement dans les systèmes naturels
ou dans les activités humaines, en réponse aux impacts du
changement climatique réels ou prévus, ajustement permettant d'en
atténuer les effets néfastes ou d'en exploiter les
opportunités bénéfiques. Quelle soit anticipative (prise
avant que les impacts initiaux aient eu lieu) ou réactionnelle
(conçue et mise en oeuvre en réponse aux impacts initiaux) permet
de réduire la vulnérabilité aux changements climatiques du
secteur considéré».
Cependant, les changements climatiques sont une
réalité au moyen Bani comme partout au Mali. Les habitants de la
zone, même s'ils n'ont pas une notion concrète sur ce
phénomène, savent que beaucoup de choses ont changé sur le
plan climatique. C'est ainsi qu'ils tentent de s'y adapter tant bien que mal
à travers certaines actions. Mais avant d'évoquer ces actions,
voyons d'abords leurs perceptions au phénomène.
III-3-1-La perception des changements climatiques par les
populations de la zone:
Lors de nos enquêtes trois aspects fondamentaux ont
été relatés par les populations en guise de perception des
changements climatiques. Il s'agit de la réduction des revenus, la
dégradation du cadre de vie et l'augmentation des tâches
quotidiennes.
III-3-1-1-La réduction des revenus:
Les populations sont unanimes que la pluviométrie a
baissé, que la température a augmenté, que le début
des opérations culturales a changé etc. Ces bouleversements ont
porté atteintes aux secteurs économiques.
Dans le secteur de l'agriculture, elles relatent la
dégradation des terres agricoles, l'appauvrissement des sols, la baisse
des rendements des cultures entraînant la raréfaction des
25 Madiodio Niasse et al. ; (2002) page 3
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denrées alimentaires, le déficit alimentaire et
l'augmentation des prix de production.
Dans le secteur de l'élevage, les éleveurs
avancent le dessèchement des plantes fourragères
(herbacées et aériennes) créant un manque de nourriture et
l'assèchement des points d'eau avec des problèmes d'abreuvement
à l'appui pour le cheptel. Ceux qui entraînent la baisse de la
production et de la productivité du cheptel.
Les pêcheurs quant à eux se plaignent de la
réduction des aires de pêche, la raréfaction des
poissons.
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