1.2.2. Dettes
C'est la possibilité pour une institution de contracter un
prêt auprès d'un tiers afin de soit investir pour renforcer ses
capacités infrastructurelles soit pour refinancer son portefeuille pour
l'accroître.
1.2.2.1. Epargne
L'épargne définit l'action de mettre une partie
du revenu courant de côté, afin de la consommer ou l'investir
ultérieurement. L'argent épargné peut soit être
gardé à la maison, soit être déposé sur un
compte d'épargne ou encore investi dans différents types de
capital. L'épargne sous forme monétaire est un moyen parmi
d'autres de gérer les liquidités du ménage. (DDC,
2004)
Christopher MUKOKA BETUKUMESO
12
Il est établi que les ménages pauvres sont
prêts à déposer leur épargne financière
auprès d'établissements financiers lorsqu'il existe des formules
d'épargne qui leur conviennent.5
a) Motivations de l'épargne
Comprendre les raisons qui poussent les ménages pauvres
est indispensable pour élaborer des produits d'épargne
adaptés à leurs besoins.
La plupart d'études sur le comportement
d'épargne des ménages pauvres de par le monde semblent s'accorder
sur les différents motifs d'épargne. Seules les approches et les
terminologies diffèrent.
Voici les quatre motifs qui ont particulièrement retenu
notre attention (DDC, 2004 :10):
- Réduire leur
vulnérabilité
Les personnes à faible revenu vivent constamment dans
l'incertitude quant à leur capacité de couvrir tous les besoins
de consommations de base de leur famille. Cette incertitude est
exacerbée par le contexte socio-économique des pays en voie en
développement dont l'une des caractéristiques essentielles est
l'insuffisance d'infrastructures de base.
Dans ce sens, l'épargne est une sorte d'assurance pour
les cas d'urgence tels que les mauvaises récoltes, les maladies et la
perte d'emploi.
L'épargne leur permet alors d'équilibrer leur flux
de liquidité.
- Accumuler des sommes forfaitaires
Les ménages peuvent, par des ponctions
régulières de leur revenu, constituer un fonds à de
nombreuses fins parmi lesquelles :
- Couvrir des dépenses relatives aux besoins du cycle
de vie : mariage, enterrement, etc.
- Augmenter son capital: investir dans une formation (capital
humain), investir dans une machine (capital physique) pour augmenter le revenu
du ménage, investir dans des biens de luxe (capital social6)
;
- Léguer de l'argent à des
tiers
5 Stratégie de mobilisation de l'épargne
: leçons tirées de l'expérience de quatre institutions.
6 Capital social dans le sens du statut que l'on a
dans la société.
13
Il peut s'agir, comme à KINSHASA, d'un cas classique
concernant un citadin qui économise pour envoyer de l'argent à
ses parents restés au village.
L'on peut considérer également,
l'éventualité où un parent souscrit à un plan
d'épargne pour son fils qui vient de naître.
- Obtenir ou rembourser un crédit
Ce motif est souvent cité dans les études
empiriques sur l'épargne des ménages pauvres dans les
institutions financières formelles et informelles.7
L'on considère souvent ce motif comme étant la
raison principale pour laquelle les pauvres épargnes en microfinance.
Notamment, parce que bon nombre d'institution
(Coopérative surtout) impose comme condition d'avoir un historique
d'épargne avant d'avoir un crédit.
b) Facteurs incitatifs
Il est flagrant que les ménages sont disposés
à déposer leurs épargnes auprès
d'établissements financiers lorsque les formules d'épargne sont
adaptées à leurs besoins.
Des éléments qui affectent la décision
d'ouvrir un compte épargne, nous pouvons évoquer (CGAP,
1998) :
- La sécurité de l'épargne et la confiance
en le dépositaire ;
- La liquidité : il est particulièrement
important pour les ménages pauvres de pouvoir disposer rapidement de
leurs fonds en cas d'urgence ;
- Les coûts de transactions : le temps
nécessaire pour se rendre à l'établissement financier,
attendre son tour et accomplir les formalités peut représenter un
coût tel que le rendement de l'épargne devient négatif,
même s'il est positif en apparence, ce qui incite les petits
épargnants à se tourner vers le secteur informel ;
- Le taux d'intérêt réel : Bien que l'on
ait constaté que les ménages ruraux épargnent même
si les rendements réels dans le secteur informel sont négatifs,
l'expérience d'un grand nombre de pays montre que la demande de produits
d'épargne par tous les épargnants, y compris les pauvres,
augmente avec les taux d'intérêt.
c) Mobilisation de l'épargne
La mobilisation de l'épargne va de la collecte de
l'épargne jusqu'à sa transformation
Christopher MUKOKA BETUKUMESO
7 Pour plus de détails voir Rutherford (2002),
Goldstein et Barro (1999), Dauner (1998).
Christopher MUKOKA BETUKUMESO
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en crédit. Elle peut aider les institutions
financières à développer leur portefeuille de prêt
et élargir leur rayon d'action avec comme corollaire plus
d'indépendance à l'égard des bailleurs de fonds.
Dans de nombreux pays, les institutions de microfinance ne
sont pas autorisées à mobiliser l'épargne même si
elles ont une licence en tant qu'institutions financières et
supervisées par les autorités responsables.
La réglementation de la BCC, par exemple, interdit aux
`'entreprise de microcrédit» de collecter l'épargne.
Dans bien des cas, les ménages pauvres ont plus besoin
des services d'épargne que de services de crédit. Il se peut, en
particulier, que les plus démunis recourent à l'épargne
avant d'avoir un besoin effectif de crédits.
De plus, les dépôts des particuliers sont une
source de financement plus stable que d'autres et moins couteuse aussi.
Toutefois ces coûts financiers plus faibles peuvent
être contrebalancés par le coût relativement
élevé de la mobilisation et de l'administration de petits
dépôts.
d) Type d'épargne
L'épargne peut être divisée en deux
catégories : l'épargne obligatoire (ou forcée),
l'épargne volontaire (dépôts à vue et à
terme).
L'épargne obligatoire est liée au crédit
et sert de garantie. Bien qu'elle contribue à promouvoir le comportement
d'épargne dans le chef des ménages, elle augmente le coût
d'emprunt effectif pour le client.
Cette épargne forcée pourrait ne pas être
perçue comme un service en soi, mais une partie du crédit. Il
peut être, par conséquent, difficile pour l'institution de faire
ultérieurement la transition vers des services d'épargne
volontaire (Robinson, 1997).
En ce qui concerne les `'dépôts à
vue», ils sont davantage en adéquation avec les besoins des
ménages très pauvres. En effet, ceux-ci recherchent
prioritairement des services d'épargne accessibles, flexibles et
très liquides. Ces petits dépôts permettent à
l'institution de mobiliser des montants importants sur une base stable, bien
que les coûts administratifs soient très élevés
(exacerbés par la fréquence des transactions).
Les dépôts à terme, par ailleurs, peuvent
également mobiliser des sommes considérables de la part des
particuliers à revenus moins modestes ou des institutionnels.
Ils ont l'avantage d'avoir un coût administratif
réduit, bien que les coûts financiers soient plus
élevés. En effet les épargnants de cette catégorie
sont plus sensibles au taux d'intérêt.
Christopher MUKOKA BETUKUMESO
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e) Exigences et Facteurs de succès pour
l'institution
On peut citer :
- Le niveau de formalité : il faut
remplir les conditions requises par la réglementation en vigueur ;
- La Gestion professionnelle et la viabilité
financière : L'institution doit posséder les ressources
financières et le savoir-faire (informatisation du SIG)
nécessaires afin de traiter un plus grand volume de transactions moins
prévisibles ;
- L'image et l'accessibilité :
l'institution qui veut capter l'épargne doit refléter une image
de sécurité (coffre-fort, bâtiment sécurisé)
et d'accessibilité (heures d'ouverture, emplacement, unités
mobiles) ;
- Les contrôles interne et externe :
les IMF devraient développer des mécanismes de
contrôle interne efficaces conduits par une unité spéciale
de supervision et de contrôle. Ces contrôles doivent être
combinés avec les services d'un auditeur externe.
- Une offre diversifiée : pour prendre
en compte la diversité des besoins, la gamme des produit devraient
inclure, d'une part, des produits très liquides à taux
d'intérêt
bas et, d'autre part, des dépôts à terme avec
des taux d'intérêts plus élevés.
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