Conclusion partielle
L'objet de ce chapitre final était d'examiner quelques
voies et moyens susceptibles d'améliorer la mobilisation des ressources
financières par les ISFD congolaises.
Pour se faire, il a fallu déterminer quelques
éléments clés capables de booster l'attractivité du
secteur de microfinance afin d'attirer toujours plus d'investisseurs ; mais
également mettre en exergue les conditions d'amélioration de la
mobilisation de l'épargne entendue comme une source de financement
potentiellement importante et bon marché. De la sorte, nous avons pu
confirmer la dernière partie de note troisième hypothèse
selon laquelle « la création d'un marché
financier embryonnaire dédié à la microfinance peut
booster la mobilisation des ressources financières et la titrisation
peut s'avérer un mécanisme de refinancement viable dans le
contexte congolais sous certaines conditions. »
Il en ressort globalement que, d'un côté, l'Etat
a la lourde responsabilité de mettre en place les conditions propices
à la floraison des activités les ISFD. On a parlé de
stabilité politico-socio-économique mais également de
renforcement de la supervision pour sécuriser les clients et les
investisseurs.
De l'autre, les ISFD ont la lourde tâche de migrer vers
la professionnalisation de leurs activités. Il est question
d'améliorer leur image à travers la consolidation de la
viabilité (financière, sociale, opérationnelle) de leur
modèle économique.
Christopher MUKOKA BETUKUMESO
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Conclusion Générale
L'objet de notre recherche était d'apporter quelques
éléments de réponse à la question de savoir
comment améliorer la capacité des IMF congolaises
à mobiliser des ressources financières.
Pour y parvenir, nous avons d'abord identifié quelques
mécanismes de refinancement mis en lumière dans la
littérature et leur application en microfinance.
Ensuite, nous sommes adonnés à l'estimation de
l'offre et de la demande de refinancement en RDC. En ce qui concerne l'offre de
refinancement nous nous sommes focalisé sur l'analyse de `l'emprunt' et
de l'épargne.
Pour l'emprunt, nous avons analysé essentiellement le
modèle du FPM, en particulier le FPM SA : la branche
dédiée au refinancement. Pour l'épargne, cependant, nous
avons effectué des simulations sur base de l'enquête
réalisée sur 100 clients. La demande, quant à elle, a
été estimée sur base de l'analyse financière des
états financiers des institutions de notre échantillon : FINCA,
MECRE, GUILGAL, HEKIMA et PAIDEK.
Nous avons, enfin, formulé des recommandations pour
l'amélioration de ces mécanismes et également
proposé la mise en place d'un marché financier embryonnaire
susceptible de booster la mobilisation des ressources financières par
les ISFD.
En ce qui concerne l'épargne, la littérature a
fait état de l'importance pour les clients d'avoir confiance dans le
dépositaire et en sa capacité à sécuriser son
épargne. Elle a également fait état d'un ensemble de
facteurs clé de succès tels que la liquidité des comptes
épargnent et de faibles coûts de transaction pour les clients,
couplé à une gamme diversifiée de produits
d'épargne.
De même l'analyse financière de notre
échantillon, nous a permis de constater que trois ISFD sont en besoin de
financement (GUILGAL, PAIDEK et FINCA), une en capacité de financement
(MECRECO) et une dernière dont la situation est
indéterminée (HEKIMA).
Ces résultats ont permis de confirmer toutes nos
hypothèses à savoir :
? H1 : les mécanismes de refinancement peuvent
être analysés en tenant compte des sources de financement. On
parle de sources interne et externe dont on peut identifier les principaux
éléments tels que les subventions, les dettes et les fonds
propres.
? H2 : L'épargne et l'offre de refinancement sont
potentiellement à même de couvrir les besoins en financement des
ISFD. Pourtant l'offre effective n'est pas à la hauteur de leurs
ambitions notamment suite à la méfiance de la population envers
le système financier en général, couplé à
l'existence d'un seul VIM au niveau national ;
? H3 : Des mesures d'optimisation de la collecte
d'épargne doivent être prise afin d'améliorer sa
mobilisation à l'instar de : l'investissement dans l'informatisation de
la gestion de l'épargne, l'élaboration de produits
réellement adaptés aux besoins
Christopher MUKOKA BETUKUMESO
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de la cible et le renforcement de la confiance des clients
dans l'institution ; mais aussi la création d'un marché financier
embryonnaire dédié à la microfinance peut booster la
mobilisation des ressources financières et la titrisation peut
s'avérer un mécanisme de refinancement viable dans le contexte
congolais sous certaines conditions.
L'essence des recommandations formulées dans cette
étude se cristallise dans la professionnalisation du secteur congolais
de microfinance. D'une part, les institutions doivent de respecter les normes
prudentielles en vigueur et investir dans le renforcement de leur
capacité organisationnelle afin de mobiliser plus et de manière
efficiente. De l'autre, les pouvoirs publics doivent garantir un cadre
d'existence sain pour les institutions de microfinance grâce une
supervision efficace des activités de microfinance soutenue par une
réglementation adéquate et cohérente.
Bien qu'ayant permis de formuler des recommandations
pertinentes, notre travail comme tout oeuvre humaine, souffre de certaines
lacunes dont celles relatives à l'échantillon qui aurait pu
compter beaucoup plus d'éléments, aussi bien pour les
institutions que pour les épargnants interrogés.
Un grand nombre de mécanismes ont été
mentionné dans cette recherche, nous proposons aux prochains chercheurs
les thèmes ci-après :
? La syndication comme moyen de densifier la relation entre
les banques et les institutions de microfinance ;
? La simulation d'une opération de titrisation sans
marchés financiers par une institution de microfinance congolaise,
partant du classement du portefeuille en créances (plus ou moins)
homogènes jusqu'à la vente des titres.
Christopher MUKOKA BETUKUMESO
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