SECTION II : L'INSUFFISANCE DE MOYENS FINANCIERS
Pour réaliser son objectif de lutte contre les
changements climatiques, le Cameroun s'est doté d'un plan ambitieux (de
par son financement) de réduction en 2035 des émissions de GES
à hauteur de 32% par rapport à 2010. Son coût
s'élève à des dizaines de milliers de milliards de francs
CFA. Dans le CPDN dans lequel ce plan est contenu, il en ressort que sa
réalisation est conditionnée par l'appui de la Communauté
Internationale. Le coût de ce plan pourrait laisser penser à une
surenchère. Il est vrai, la lutte contre les changements climatiques est
très coûteuse, il convient néanmoins de relever que
consacrer autant de fonds à l'atténuation des émissions de
GES pour un pays comme le Cameroun dont la part des émissions à
l'échelle internationale tend à être nulle est
irréaliste. Autant d'investissement semble-t-il risque de ne pas
être réalisable. Pourtant, il existe une multitude de fonds et
organismes de financement de la lutte contre les changements
climatiques75. Du coup, c'est du côté de l'adaptation
aux effets des changements climatiques qu'il convient de regarder. Tout porte
à croire que l'obtention de ces financements relève de
l'irréalisable, ce d'autant plus que la procédure devant le FEM
est compliquée. Ainsi, il existe un déficit de moyens
consacrés au climat du Cameroun (Paragraphe I), et l'aide internationale
reste limitée (Paragraphe II).
Paragraphe I : Le déficit des moyens
consacrés au climat
Les ressources financières sont insuffisantes par
rapport au volume d'idées et de projets. Les moyens financiers
consacrés à l'environnement sont insuffisants au Cameroun. Ainsi,
cela rend difficile l'application des instruments juridiques internationaux de
lutte contre les changements climatiques. Le déficit des moyens
financiers consacrés au climat résulte d'une part des contraintes
de développement économique, le Cameroun étant un pays en
développement (A) ; en plus les problèmes de gouvernance viennent
davantage accentuer ce déficit (B).
75 On peut ainsi citer : Le Fonds spécial de
priorité stratégique pour l'adaptation (ci-après : «
SPA »), un projet de la caisse du FEM en matière
d'adaptation fourni à hauteur de 90millions de dollars ; Le Fonds
spécial pour les changements climatiques (ci-après : «
FSCC ») géré par le FEM ; Le Fonds pour les pays
les moins avancés, géré par le FEM ; les Fonds
d'investissement climatiques. Il s'agit-là du financement à un
cadre multilatéral. Dans une perspective bilatérale, on peut
évoquer : l'Initiative climat et forêt (ci-après :
« CFI ») de la Norvège ; le fonds Amazone
(Brésil), etc. Cette liste est loin d'être exhaustive. Voir
Innocent EBODE, Lutte contre les changements climatiques. Ce sont les fonds qui
manquent le moins, in HYSACAM, BOSANGI-le Magazine trimestriel de
l'environnement, avril-mai-juin 2014, numéro 38, pp. 19-20.
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A. La primauté des contraintes de
développement économique
A titre de rappel, le Cameroun est un pays en
développement avec un Indice de Développement Humain
moyen76; c'est l'une des plus pauvres du monde. La population
camerounaise manque encore de subvenir à ses besoins, même des
plus élémentaires tels l'éducation, la santé, le
logement, l'accès à l'eau et à
l'électricité, etc. Il revient donc à l'Etat de subvenir
aux besoins de ses populations. En même temps, il doit se
préoccuper d'autres aspects tel l'environnement et partant les
changements climatiques dont dépend la santé de ses populations.
Cependant, entre le développement économique et la lutte contre
les changements climatiques, il faut opérer un choix. Le choix ici
n'étant pas, bien entendu, de choisir l'un au détriment de
l'autre. Mais plutôt de privilégier soit les dépenses de
développement économique, soit celles relatives à la lutte
contre les changements climatiques. Les moyens financiers dont dispose le
Cameroun ne suffisent d'ailleurs pas pour financer le développement
économique. A titre de rappel, le budget du Cameroun au cours de
l'exercice budgétaire 2015 s'élève à quatre (04)
mille milliards. Cette somme semble insuffisante, ce d'autant plus que le
Cameroun s'est engagé dans un vaste programme de développement
d'infrastructures (ponts, routes, autoroutes, centrales, logements sociaux,
stades de football, etc.). Il en ressort ainsi que le développement
climatique prime sur des enjeux climatiques. Le climat semble être le
secteur de l'environnement le plus en vue actuellement, il n'en demeure pas
moins vrai que l'enveloppe budgétaire y allouée soit
partagée entre les changements climatiques et d'autres secteurs de
l'environnement.
Si les dépenses de développement
économique priment sur celles consacrées à la lutte contre
les changements climatiques, cela n'altère en rien l'ardeur des acteurs
de la mal gouvernance.
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