De tous les continents, c'est en Afrique que les IST/VIH-SIDA
se propagent le plus rapidement. En dépit d'une inflexion à la
baisse de leur vitesse de propagation relevée ces dernières
années, les projections de l'ONUSIDA et de l'OMS continuent de faire
craindre le pire si des actions toujours plus énergiques ne sont pas
prises afin de faire face à la menace.1
Dans le cadre de la lutte contre les IST/VIH/sida, la plupart
de pays africains se sont dotés d'un Conseil National de Lutte contre le
sida (CNLS) et d'un Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) dont la
vocation première est de prévenir la transmission du VIH et d'en
freiner la propagation. En appui à cette réaction des Etats, de
nombreux organismes internationaux multiplient, grâce aux médias
de masse, des actions d'information, d'éducation, de sensibilisation et
de marketing social non seulement pour faire prendre conscience des risques que
représentent les IST/VIH/sida pour la population sexuellement active,
mais aussi pour lui fournir à moindre coût, des
préservatifs.
Les effets conjugués des interventions multiformes
d'éducation et/ou de sensibilisation et les opérations de
marketing social du préservatif ont concouru à faire prendre
à la population sexuellement active une conscience de plus en plus
grande du risque d'être infecté par le VIH et à rendre le
préservatif plus proche d'elle. Cependant, force est d'admettre qu'en
dépit de ces actions, le véritable changement de comportements,
notamment l'utilisation consistante du préservatif lors des rapports
sexuels à risque, tarde à s'opérer et à s'enraciner
dans les réflexes de cette population, de sorte que la menace que
constitue le VIH/sida continue de peser lourdement sur elle.2
Dans leur explication des résistances au changement de
comportements sexuels dans les sociétés africaines, plusieurs
auteurs ont avancé que les programmes de sensibilisation mis en oeuvre
jusqu'alors dans ces sociétés ne sont
1URD (2006) «Prévalence du VIH chez les
jeunes, connaissances attitudes et pratiques en matière de VIH/SIDA
auprès de la population générale au Togo et sur la
disponibilité et l'accès au préservatif» ; Rapport
d'étude, Lomé, Mars 2011, p1.
2 Idem
2
parvenus, ni à affaiblir les préjugés
défavorables dont le condom est victime, ni à vaincre les
réticences sans fondement de nombreux individus à se
protéger lors des rapports sexuels. Aussi, compte tenu de la
pluralité des contraintes liées à l'utilisation du condom,
des conditions différentielles de vie des individus et de la
diversité des expériences sexuelles, il importe de promouvoir
dans chaque contexte social, un programme de sensibilisation adapté qui
aurait pour vocation, non seulement d'informer et d'éduquer la
population sexuellement active sur les risques de contracter les IST/VIH/sida,
mais aussi de corriger, voire d'annihiler, les idées et perceptions
fausses ou non fondées qu'une partie de cette population continue
d'entretenir sur le VIH/sida et le préservatif. En clair, selon le
contexte social, les programmes de lutte contre les IST/VIH/sida, gagnent
à intégrer des actions de sensibilisation qui donnent du
préservatif une image plus favorable et qui accroissent son acceptation
par les individus sexuellement actifs.3
Tous les jours au cours de l'année, l'humanité
toute entière et la RDC en particulier subissent le drame
provoqué par d'innombrables décès dus à l'impact
des MST et celui de l'infection à VIH/SIDA qui frappe toutes les couches
de la population mondiale et surtout les jeunes.
Selon le rapport publié par l'ONUSIDA en 2006, on
estime que 38,6 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, 2,8
millions de décès dus au SIDA et 4,1 millions (3,4-6,2 millions)
des nouvelles infections du VIH au cours de l'année 2005.4
D'après les estimations, en 2012, 35,3 (32,2-38,8)
millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde. On constate une
augmentation par rapport aux années précédentes due
à l'augmentation du nombre de personnes sous thérapie
antirétrovirale. À l'échelle mondiale, 2,3 (1,9-2,7)
millions de nouvelles infections à VIH ont été
signalées, soit un recul de 33 % par rapport aux 3,4 (3,1-3,7) millions
de 2001. Les décès liés au sida enregistrent
également une baisse, passant de 2,3 (2,12,6) millions en 2005 à
1,6 (1,4-1,9) million en 2012.5
En Afrique on comptait en 2009 plus de 25 millions de
séropositifs et elle héberge environ 70% des personnes
infectées de la planète. La pauvreté,
3 URD (2006) op.cit.
4 MIZABA MAKELELE Bernard : Utilisation des
préservatifs en milieu universitaire, cas de la faculté de
Médecine de l'UNIGOM, TFC, 2006-2007, Inédit.
5 ONUSIDA ; Rapport sur l'épidémie
mondiale de SIDA ; 2013, p4.
3
l'inégalité entre les sexes et le
déplacement des personnes du fait d'un conflit ou d'une catastrophe
naturelle constituent les facteurs socioéconomiques susceptibles
d'accroître la vulnérabilité des personnes à
l'infection du VIH.6
En 2011, on estimait à 69% des cas des infections en
Afrique.
En RDC, la prévalence du VIH/SIDA était de 3,5%
en 2005, de 4% en 2006 et dans la partie Est du pays, précisément
dans la ville de Goma, en 2005, la prévalence du VIH/SIDA était
de 5,8%.7
Au cours de l'année 2007, la RDC présentait une
prévalence du VIH/SIDA de 4,3% par rapport au monde, avec 6,7% de
nouvelles infections à VIH.8 Dans la province du Nord-Kivu,
la prévalence, au cours de cette année était de
3,5%.9
Durant l'année 2011, la prévalence du VIH en RD
Congo était de 2,57%10 dans la population
générale ; et toutes les provinces étaient
frappées. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, tous paient un lourd tribut
à cette maladie. La situation s'est aggravée davantage avec
l'état de troubles civils qui a sévi dans le pays surtout
à l'Est de la République. Les mouvements de personnes
réfugiées et déplacées (Rwanda, Burundi, Ouganda),
dont la séroprévalence est difficile à évaluer
à cause de leur mobilité et de leur précarité,
ainsi que les actes de viol trop fréquents ont augmenté l'impact
du SIDA dans la population.11
Aujourd'hui, cette pandémie a fait des ravages et
s'est imposée au pays comme l'un des problèmes prioritaires de
développement au regard de sa vitesse de propagation et des
conséquences dévastatrices sur le plan économique et
socio-sanitaire du pays.12
Vue cette tendance d'augmentation de la prévalence au
fil des années, le choix d'un moyen de prévention contre cette
pandémie du VIH/SIDA s'avère indispensable pour arrêter la
contamination des personnes non encore infectées.
Ce choix dépend de plusieurs facteurs comme
l'âge, le sexe, la religion, la culture et la catégorie
socioprofessionnelle.
6 Rapport ONUSIDA 2009 ; 09 AIDS Epidemic Update.
7 Province du Nord-Kivu : Document de
stratégie de réduction de la pauvreté,
décembre 2005, p65.
8 Rapport du PNMLS : LUTTE CONTRE LE VIH ET LE
SIDA EN RDC, REALISATIONS ET DEFIS, 2008.
9 Idem
10 PNMLS : Rapport d'activité sur la riposte
au VIH/SIDA en RD Congo, 2012, p5.
11 Médecins d'Afrique : «
Sensibilisation VIH à Goma/ Nord Kivu dans le cadre de la
Journée Mondiale
de Lutte contre le VIH », Rapport
d'activités, Décembre 2011, p2.
12 Idem
4
Parmi les moyens envisagés pour la prévention
des populations contre les infections, l'utilisation des préservatifs
est encore le meilleur mais elle suscite une longue observation au sein des
groupes d'individus.
Si nous observons la prévalence du VIH à l'Est
de la RDC, elle nous montre que la pandémie continue à infecter
d'autres personnes, or l'utilisation des méthodes locales, surtout
l'utilisation systématique et correcte du préservatif masculin en
latex est préconisée comme l'un des principaux moyens
d'interrompre la propagation des MST et l'infection à VIH.
Mais, vue la difficulté qu'ont de nombreuses femmes
à convaincre leur partenaire d'utiliser le préservatif masculin,
le préservatif féminin offre aux femmes une possibilité
supplémentaire importante de se protéger elles-mêmes et
leurs partenaires des grossesses non désirées et des infections
sexuellement transmissibles.
Les étudiants étant classés parmi les
catégories socioprofessionnelles à risque vis-à-vis de ces
infections (population sexuellement active) et économiquement active,
cette discussion ne les épargne pas.
C'est ainsi que pour bien évaluer leurs savoir,
savoir-être et savoir-faire sur l'utilisation des préservatifs,
notre travail s'articulera autour d'une problématique basée sur
les questions suivantes :
- Les étudiants ont-ils des connaissances suffisantes
en matière des préservatifs ?
- Quels comportements adoptent-ils face aux IST et VIH/SIDA
?
- Les étudiants connaissent-ils l'utilité
(avantage) des préservatifs ?
- Les-utilisent-ils ? Entre le condom et le
préservatif féminin, lequel est le plus utilisé par les
étudiants ?
- Depuis combien de temps les utilisent-ils ?
- Les variables âge, religion, facteurs sociaux et
personnels influencent-ils la non-utilisation des préservatifs ?