3.2. Le lien entre le taux de change réel
à l'incertain et la croissance économique
Cette deuxième étude économétrique
va consister à étudier le lien entre la croissance
économique et le taux de change réel. Pour ce faire, notre
modèle est inspiré de la théorie de la croissance
endogène néoclassique. Selon la théorie de la croissance
endogène, une économie est supposée être toujours
dans son état stationnaire et les variables explicatives captent alors
les divergences entre les niveaux stationnaires de croissance des
différents pays.
Nous allons utiliser les données de 1987 à 2010
en se référant au World Development Indicators (WDI) et le Global
Development Finance (GDF) de la Banque Mondiale ; le World Economic Outlook
(WEO) du Fonds Monétaire International (FMI) ; la base de données
de la Banque Centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et de la Fondation
pour les Etudes et Recherches sur le Développement International
(FERDI).
Nous aurons pour variables :
- la croissance économique mesurée par le taux
de croissance du PIB réel par habitant, comme variable expliquée.
Les autres variables suivantes étant des variables explicatives.
- le taux de change réel Euro/CFA : selon nos
hypothèse, le signe attendu est le signe négatif.
- la position initiale est représentée par une
mesure du stock de capital humain. L'étude de Barro (1991) utilise le
nombre moyen d'années de scolarité de niveau secondaire de la
population âgée de 25 ans ou plus comme approximation du stock de
capital humain. Mais faute de données disponibles, nous allons utiliser
l'indice Human Assets Index (HAI) qui est un indice composite
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d'éducation et de santé utilisé pour
l'identification des Pays Moins Avancés (PMA) par l'United Nations
Committee for Development Policy (UNCDP) mais qui est développé
par la fondation FERDI. La théorie néoclassique et la
théorie de la croissance endogène prédisent que le
coefficient du stock de capital humain devrait être positif car les pays
mieux dotés en capital humain devraient jouir d'une croissance plus
élevée.
- la part de l'investissement dans le PIB. Le signe attendu est
le signe positif.
- l'instrument de politique monétaire utilisé
par la banque centrale représenté par la monnaie et quasi monnaie
M2 en pourcentage du PIB. Selon le modèle Mundell-Fleming, la politique
monétaire est inefficace en régime de change fixe.
- la politique budgétaire représentée par
les dépenses gouvernementales de consommation en pourcentage du PIB.
L'impact des dépenses gouvernementales sur la croissance
économique est indéterminé car les dépenses
publiques favorisent la croissance en cas de recul d'investissement du secteur
privé mais comme Barro et Sala-i-Martin (1995) l'ont souligné, la
variable relative à la consommation du secteur public vise à
représenter les dépenses publiques qui n'influent pas directement
sur la productivité mais qui peuvent fausser les décisions du
secteur privé. Le coefficient de cette variable serait donc
négatif.
- l'ouverture commerciale mesurée par la somme des
exportations et des importations rapportées au PIB. Le signe attendu est
le signe positif.
- l'instabilité politique mesurée par le nombre
de coup d'Etat réussi ou non. Le signe attendu est le signe
négatif.
- l'inflation mesurée par l'indice des prix à la
consommation. Le résultat attendu concernant cette variable reste
mitigé car le coefficient peut être positif jusqu'à un
certain seuil (Sarel ; 1996).
- une variable muette de temps qui prend en compte les
répercussions des chocs mondiaux sur la croissance économique
telles que les crises de change des années 1990 et la crise
financière des années 2000. Le signe attendu est le signe
négatif.
- l'effet propre au pays qui représente les facteurs
non observables qui varient selon les pays et non selon les périodes. Il
saisit l'incidence des déterminants du taux de croissance du pays qui
n'est pas déjà prise en compte par les autres variables
explicatives.
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Ces variables sont inspirées d'Aloui et Sassi (2005) et
Youbgaré (2009).
Pour étudier les effets du taux de change réel
sur la croissance économique dans la zone UEMOA, nous allons estimer une
équation en données de panel non dynamique.
Notre modèle est donc un modèle semi-logarithmique
:
i= 1,...,8 et t=1987, ..., 2010
Où est le taux de croissance du P113 réel par
habitant du pays i l'année t ; est l'effet propre
au pays i. est une variable muette qui capte les effets des chocs
externes sur la croissance
économique ; il s'agit par exemple la crise de change des
années 1990 et de la crise financière de
2007. représente le vecteur des sources potentielles de la
croissance. est le terme d'erreur
de moyenne nulle et de variance finie. représente les
déterminants de la croissance définis au début de la
période t. Cette variable est une mesure du stock de capital humain
représenté par l'indice HAT.
comprend le taux de change réel à l'incertain de
la zone UEMOA, la part de l'investissement dans le P113, la monnaie et quasi
monnaie (M2) en pourcentage du P113, les dépenses gouvernementales de
consommation en pourcentage du P113, la somme des exportations et des
importations rapportées au PTB, le nombre de coup d'Etat réussi
ou non, l'indice des prix à la consommation.
Nous allons faire de même que la régression
précédente en vérifiant, par la matrice des coefficients
de corrélation, si les variables explicatives sont fortement
corrélées entre elles.
Par la suite, nous allons effectuer les tests suivants :
? Le test de stationnarité de Im-Pesaran-Shin
(2003) ? Le test de Hausman (1978)
? Le test d'endogénéité de
Hausman (1978) pour tester si les variables explicatives sont
endogènes ou exogènes au modèle.
? Le test
d'hétéroscédasticité de Breusch-Pagan (1979) ? Le
test d'autocorrélation de Wooldridge (2002)
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? Le test de validité des instruments de Sargan
(1958) qui nous permettra de savoir si nos instruments utilisés
dans le cas d'un modèle à variables instrumentales sont
valides.
? Le test de Chow (1960) qui nous permettra de
tester la stabilité des coefficients avant et après la
dévaluation de 1994.
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