0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. Introduction
Depuis l'année 2000, l'OMS a préconisé de
relancer l'engagement mondial en faveur de la nutrition appropriée du
nourrisson et du jeune enfant, en particulier de l'allaitement maternel et de
l'alimentation complémentaire. En collaboration avec l'UNICEF un rappel
sur l'importance avérée de la nutrition dans les premiers mois et
les premières années de vie et sur le rôle crucial des
pratiques d'alimentation appropriées dans la réalisation d'un
état de santé optimale a été faite dans
différentes recommandations. Il a été ainsi conclu que le
défaut d'allaitement maternel, notamment le défaut d'allaitement
maternel exclusif durant les six premiers mois de la vie sont des facteurs de
risque importants de morbidité et de mortalité qu'une
alimentation complémentaire inadaptée ne fait qu'aggraver (1). Au
niveau mondial, on estime que plus de 95% des nourrissons reçoivent un
allaitement maternel, mais avec une grande variabilité quant à la
durée de cet allaitement. Bien que la période d'allaitement
maternel exclusif recommandée en 2001 par l'OMS porte sur une
période de 6 mois, les données récentes publiées
par l'UNICEF suggèrent encore une période d'allaitement de 4 mois
(2). Pas plus de 35% des nourrissons dans le monde bénéficient
d'un allaitement maternel exclusif pendant les quatre premiers mois et d'une
alimentation complémentaire qui commence fréquemment trop
tôt ou trop tard, les aliments sont souvent inadéquats du point de
vue nutritionnel et peu sûrs (1).
L'application des recommandations sur l'allaitement est
constatée en nette progression à travers les nations. Cependant
elle demeure confronter à certains problèmes. Notamment la
malnutrition, responsable, directement ou indirectement, de 60% des 10,9
millions de décès annuels d'enfants de moins de cinq ans (1),
également de l'état de santé et l'état nutritionnel
de la mère qui sont intimement liés à ceux de son enfant,
du respectde la protection, de l'encouragement et de la réalisation des
principes acceptés des droits de la personne humaine dont la mère
et l'enfant en ont aussi droit (1), des transformations sociales et
économiques rapides font intensifier les difficultés auxquelles
les familles sont confrontées pour alimenter leurs enfants et de
s'occuper d'eux de manière satisfaisante (1). Et enfin la
pandémie de VIH et le risque de transmission mère-enfant du VIH
par l'allaitement au sein constituent un défi particulier pour la
promotion de l'allaitement maternel, même dans les familles qui ne sont
pas touchées (1). Les situations d'urgence complexes, souvent
caractérisées par des déplacements de population,
l'insécurité alimentaire et des conflits armés, sont plus
fréquentes et plus intenses, compromettraient encore davantage les soins
et l'alimentation du nourrisson et du jeune enfant dans le monde entier
(1).
Si l'allaitement maternel exclusif a augmenté de
près de 10% (de 42 à 46%) dans le monde au cours de la
décennie, la moitié seulement des nourrissons est nourrie
exclusivement au sein dans les pays en développement pendant les 4
premiers mois de la vie (2). Ces chiffres sont inquiétants et conduisent
à s'interroger sur les raisons pour lesquelles le taux d'allaitement
maternel exclusif est limité à 37% dans les pays les moins
avancés et à 46% dans l'ensemble des pays en
développement. Plusieurs obstacles à l'allaitement maternel
exclusif, sources de difficultés à faire appliquer la
recommandation de l'OMS dans ces pays ont été identifiés,
notamment l'administration de liquide avant l'âge de 6 mois, l'abandon de
l'allaitement maternel et le recours aux préparations lactées
industrielles et la problématique du VIH et allaitement maternel (2).
En dépit des tous ces problèmes, une
série des mesures destinée à encourager l'allaitement
maternel exclusif ont été prise par l'OMS et l'UNICEF. C'est
notamment l'Initiative « Hôpitaux Amis des bébés
répandue dans certains pays comme le Brésil, l'Iran et la Zambie,
mais continue à perdre du terrain dans de nombreux autres pays (2).
D'autres initiatives sont, l'organisation des Campagnes de promotion de
l'allaitement auprès des mères, la rédaction d'un code
international de commercialisation des substituts du lait maternel et la
publication des recommandations sur l'allaitement maternel et l'infection
à VIH (1). Si le concept d'allaitement maternel exclusif jusqu'à
6 mois s'impose logiquement pour beaucoup, il se heurte encore à de
nombreuses barrières culturelles dans ces pays. Le
bénéfice de cette pratique n'est pas toujours accepté
à sa juste valeur par les responsables, y compris par les responsables
de la Santé. Sans l'adhésion et le soutien de la famille et de la
communauté, il est vain d'espérer que toutes les mères
allaitantes se conforment à cette recommandation (2).
En Afrique subsaharienne l'allaitement n'a pas subi le recul
que l'on redoutait, mais il se trouve maintenant placé devant une
nouvelle menace, d'ampleur sans précédent:
l'épidémie de sida. Dans les pays où la prévalence
de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine est
élevée, le sida pourrait bouleverser les pratiques d'allaitement
puisque le virus peut être transmis à l'enfant par le lait de la
mère (2).
En Afrique les pratiques d'allaitement sont sous l'influence
de nombreux déterminants culturels, sociaux et économiques.
En RD Congo, une loi nationale réglementant la
commercialisation des substituts du lait maternel a été
publiée en 2006 pour soutenir la promotion de l'allaitement maternel
exclusif. Les leçons à retenir de l'expérience dans notre
pays sont, l'action nationale pour renforcer la protection, l'encouragement et
le soutien de l'allaitement maternel reste placée dans un plan
multifactoriel, la mise à contribution de la communauté, des
structures de santé, des médias dans l'exécution des
recommandations de l'OMS sur la législation nationale pour la
commercialisation des substituts du lait maternel. A l'interface entre
l'Initiative Hôpitaux Amis des Bébés et la
législation nationale (3).La récente Enquête
Démographique et de Santé (EDS) de 2008 a relevé que 36%
seulement des mères allaitaient leurs enfants de manière
exclusive au sein pendant les 6 premiers mois (4). Au Sud Kivu, une
enquête menée par des experts de Lwiro a relevé que 74,2%
des mères pratiquaient l'allaitement maternel exclusif jusqu'à
six mois (5).
En Afrique subsaharienne, bien que la période de
l'allaitement maternel exclusif recommandée par l'OMS soit de 6 mois,
les données fournies par l'UNICF portent encore sur une période
ne dépassant pas 4 mois. Cependant cette réalité n'est pas
la même dans des nombreux pays d'Afrique. C'est le cas du Rwanda
où le taux d'allaitement maternel exclusif atteint 88% pour une
durée de 24,9 mois. Par contre en RD Congo il est de 36% pour une
durée moyenne de 20,5 mois dans l'ensemble du pays avec une grande
variabilité observée selon les milieux. La littérature
observe des taux de 60,8% à Kapolowe, de 20% à Lubumbashi et de
74,8% au Sud Kivu (ZS Miti Murhesa). Certes l'usage et la disponibilité
des substituts des laits expliqueraient un taux faible d'allaitement maternel
dans les pays en développement. Certaines études ont
montré qu'une différence de taux et de la durée
d'allaitement maternel exclusif était observée selon que les
femmes accouchaient en maternité et selon qu'elles accouchaient à
domicile. C'est le cas de la France où la durée d'allaitement
maternel après le séjour en maternité était en
association d'une part aux facteurs sociologiques dont la catégorie
socioprofessionnelle et le diplôme de la mère et d'autre part au
facteur psychologique dont l'allaitement de la mère à sa
naissance. Aussi en RD Congo, à Kapolowe, il a été
constaté qu'il y avait une différence de taux d'allaitement
maternel exclusif entre les mères qui ont accouché en
maternité (52%) et celles qui ont accouché à domicile
(100%). Ces résultats ont montré à suffisance la place des
communautés pour la réussite des pratiques et les raisons du
faible taux en maternité dont la perdition ou d'abandon plus
élevées en maternité. De toute cette analyse, il se
dégage une série d'interrogations.
La présente recherche s'inscrit dans le cadre de la
compréhension des problèmes liés aux pratiques de
l'allaitement maternel exclusif en Afrique subsaharienne,
particulièrement en RD Congo au Sud Kivu, auprès des
épouses des militaires du CampSaïo à Bukavu.
0.2. Questions de recherche
Ainsi la question primordiale serait de savoir quelles
seraient les pratiques de l'allaitement maternel exclusif auprès des
épouses des militaires du CampSaïo dans le District Sanitaire de
Bukavu.
Et spécifiquement :
1. Quelle est la fréquence de l'allaitement maternel
exclusif auprès des épouses des militaires du CampSaïo dans
le District Sanitaire de Bukavu ?
2. Quels seraient les facteurs qui influenceraient les
pratiques de l'allaitement maternel exclusif en maternité et quels sont
les facteurs qui facilitent l'allaitement maternel exclusif après un
accouchement à domicile dans le contexte de notre étude ?
3. Quel serait l'impact de la communauté sur les
pratiques de l'allaitement maternel exclusif dans le contexte de notre
étude ?
4. Quel serait l'impact du personnel de santé sur les
pratiques de l'allaitement maternel exclusif dans le contexte de notre
étude ?
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