I.6. Biotopes du lac
Tanganyika
Du point de vue des critères physiques et biologiques
associés à la profondeur et même au profil du lac, on peut
distinguer (COULTER 1991) :
? Une zone littorale constituée d'habitats très
variés et parfois difficiles à fixer les contours.
? Une zone sub-littorale, de la limite littorale
jusqu'à la profondeur limite de l'oxygène dissous (environ 100 m
dans le bassin Nord et à 200 m dans le bassin Sud). Le fond est souvent
mou.
? Une zone pélagique située entre la surface des
eaux au large jusqu' à la limite de l'oxygène en profondeur.
C'est une zone favorable au plancton et à la grande biomasse de
poissons.
? Une zone profonde située au-delà de la limite
inférieure de l'oxygène dissous, elle est donc impropre à
la vie aérobie. Elle occupe à elle seule environ 70% de la
cuvette lacustre.
Selon POLL (1958), les biotopes des estuaires et des marais
sont des expansions des rivières, des marais et des marécages
autour du lac. Ce sont des habitats fluviatiles, c'est à-dire propre aux
rivières et aux affluents caractérisés par des conditions
écologiques différentes de celles du lac.
I.7. Faune et flore
Au total, il y a plus de 2.156 espèces des plantes et
d'animaux dans le lac.
I.7.1. La flore.
La flore est constituée d'espèces d'algues (759
espèces) et des plantes aquatiques (81 espèces) (Nshombo,
2004 ; Coulter 1994).
a. Le
Phytoplancton
Des collections de phytoplancton ont été faites
depuis les expéditions de 1904 - 1905 au Lac Tanganyika (West, 1907
inNshombo, 2004). A partir des travaux antérieurs, l'on a
enregistré dans les collections pédagogiques : 474 taxa
infra génériques de Diatomées, 224 taxa de Chlorophytes,
111 taxa de Cyanophytes, 59 taxa d'Euglenophytes, 21 taxa de
Chorophytes, 19 taxa de Dinophytes, 14 taxa de Cryptophytes, taxa de
Chrysophytes et un taxa de Prymnesiophytes. Huit pour cent des
Diatomées du Lac Tanganyika sont endémiques (Nshombo, 2004).
b. Les plantes
supérieures
Les communautés de végétations couvertes
des feuilles sont comparativement rares dans le Lac Tanganyika, et
contrairement à la situation du Lac Victoria, les études sur les
plantes ont largement manqué. La plupart des zones avec beaucoup de
végétation sont limitées aux embouchures des
rivières qui, dans le cas de la Malagarasi, donnent naissance à
un grand marécage. Ces marécages sont souvent dominés par
Cyperus papyrus, Typha carex et d'autres plantes
émergentes.
I.7.2. Faune : la faune est
diversifiée et les principaux groupes seront représentés
dans le tableau ci-dessous
Tableau n°1. Principaux groupes fauniques du Lac
Tanganyika (Nshombo, 2004).
Taxon
|
Espèces
|
% des endémiques
|
Protozoaires
Cnidaires
Spongiaires
Bryozoaires
Vers plats
Ascarides
Vers en crin de cheval
Vers à têtes épineuses
Pentastomides (petit groupe de parasites)
Rotifères
Escargots
Palourdes
Arachides (araignées, scorpions, miles, tiques)
Crustacées
Insectes
Poissons (Cichlidae)
Poissons (non Cichlidae)
Amphibiens
Reptiles
Oiseaux
Mammifères
|
71
02
09
06
11
20
28
09
01
70
91
15
46
219
155
250
75
34
29
171
03
|
78
33
64
35
61
07
75
60
37
58
12
98
59
|
Total
|
2.156
|
|
Parmi les groupes majeurs contribuant aux niveaux
élevés de diversité ce sont les poissons qui ont
reçu probablement le plus d'attention. On connaît à l'heure
actuelle plus de 325 espèces des poissons dans le Lac Tanganyika dont
250 espèces de Cichlidae et le reste repartie en 18 familles non -
Cichlidae (Nshombo,2004). Sur toutes les espèces de Cichlidae connues
à présent au Lac Tanganyika, seulement 5 ne sont pas
endémiques. Cela veut dire que plus de 97% de toutes les espèces
Cichlidae sont endémiques au Lac Tanganyika. La spéciation des
Cichlidae semble être une caractéristique de Grands Lacs du Rift
Albertin. Max Poll1986 a classé les Cichlidae du Lac Tanganyika en 12
tribus.
Milieu d'étude
L'extrême nord-ouest du Lac Tanganyika à Uvira
est un sous bassin du bassin de Bujumbura du côté de la R.D.Congo
qui est limité au nord par la plaine de la Ruzizi et au sud par la baie
Burton (Amundala et al., 2002 ; Safari, 2009). Ce sous bassin est
situé dans la partie médiane du système de la
vallée du Riff Est Africain. Il est caractérisé par deux
ensembles morphologiques dont une plaine littorale à 773m d'altitude qui
représente une formation sableuse et sinueuse de largeur variable, le
versant oriental des monts Mitumba avec un relief qui s'élève
progressivement au niveau d'Uvira de l'Est vers l'Ouest où il atteint
plus de 2500 m à certains endroits et où plusieurs affluents
prennent naissance (Kakogozo et al.,2000 in SAFARI, 2009). Kavimvira, Mulongwe
et Kalimabenge sont les rivières permanentes parcourant la cité
d'Uvira d'Ouest vers l'Est et font partie de ce réseau hydrographique.
Cependant, nos sites sont situés aux intervalles de ces principales
rivières (figure n°3).
Le climat dans cette région est du type tropical humide
caractérisé par une alternance des saisons humides et
sèches. La pluviométrie moyenne annuelle est de plus ou moins 800
mm et la température moyenne annuelle est à peu près de
24°C.
La zone littorale du lac Tanganyika à Uvira le plus
souvent alterne avec des plages de galets ou de sable et est souvent rocheuse
dans l'ensemble du lac (Coulter, 1991) et type de substrat du milieu est un
élément déterminant majeur des assembles des
espèces trouvées dans les régions littorales (Kawabata
&Mihigo, 1982 ; Hori et al., 1983 ; Nakai et al., 1994).
Poissons
Cichlidae
1°)
Description
La plupart des Cichlidae ont une forme corporelle typique,
similaire à la perche, mais de nombreuses variantes existent, d'un corps
faiblement élevé à très comprimé.
Extérieurement, les Cichlidae se caractérisent par une seule
narine de chaque côté de la tête à quelques
exceptions près, tous ont une ligne latérale divisée en
une section supérieure longue et une section inférieure courte
qui s'étend sur le pédoncule caudal. Sur le plan interne, ils
partagent une série de spécialisations anatomiques dont beaucoup
de modifications impliquent les os pharyngiens, inférieur et
supérieur .Ces os pharyngiens, extrêmement bien
développés, jouent un rôle primordial dans l'alimentation,
libérant ainsi efficacement les mâchoires buccales qui se
spécialisent dans la capture des proies alimentaires. Les
particularités de la forme et de la denture des os pharyngiens ont de la
forme et de la denture des proies alimentaires. Les particularités se
spécialisent dans la capture des proies pharyngiens ont une importance
considérable dans la taxonomie des Cichlidae. De même, la forme
des mâchoires buccales et leur dentition constituent des
caractères importants chez les Cichlidae, en particulier africains. Tous
les Cichlidae pratiquent des soins parentaux intensifs aux jeunes, souvent
longtemps après la ponte, la famille montrant un tableau complexe de
stratégies reproductives. La plupart des Cichlidae peut être
classés comme étant des pondeurs sur substrat ou comme
incubateurs buccaux, plusieurs catégories intermédiaires et
divers répertoires comportementaux existent dans chaque catégorie
et la biologie reproductive est importante dans la taxonomie et la
classification des Cichlidae. Les évaluations actuelles du nombre
d'espèces de cette grande famille sont très variables (1300-3000
espèces) et de nombreuses espèces nouvelles sont
découvertes chaque année (L.J. Stiassy et al., 2007).
2°)
Coloration
Les Cichlidae sont des poissons voyants avec un système
de communication complexe. Leur patron de coloration est formé par
l'interaction de milliers de chromatophores sous contrôle des
systèmes nerveux, il peut changer rapidement sous l'influence de
l'état de motivation ou au moment de la reproduction. Le patron de la
coloration est particulièrement important dans la communication des
Cichlidae et ces modules sont souvent très utiles dans la discrimination
taxonomique entre les espèces. De nombreuses informations sont
malheureusement perdues lors de la conservation, mais beaucoup de
caractères restent visibles, souvent pendant des années
après leur mort.
3°) Habitat
Le type de substrat est un élément
déterminant majeur des assemblages des espèces trouvées
dans les régions littorales et benthiques du lac (Brichard,
1978,1989 ; Fryer et Iles, 1972 ; Kawabata et Mihigo, 1982 ;
Nakai et al. ; 1994 ; Hori et al., 1983 ; Patterson et Makin,
1998 ; Axelrod et al.,1977; Lévêque et al., 1988). C'est
ainsi que l'on peut également séparer les Cichlidae en fonction
du type de substrat :
· rocheux
· sableux
· marécageux
· les zones de sédimentation des rivières
affluentes,
· les zones de dépôt de coquillages
La distribution des espèces de Cichlidae est
associée aux habitats où l'on trouve les espèces : il
s'agit de
ü la zone supérieure, zone très peu
profonde où les vagues se brisent sur des plages sableuses ;
ü le littoral, la zone supérieure jusqu'à
une profondeur de 20 m environ ;
ü la zone sous-littorale, la zone au-dessous d'une
profondeur de 20 m ;
ü le benthique, la plate-forme plus ou moins plate du
fond ;
ü la partie bathypélagique, les eaux profondes
mais encore oxygénées jusqu'à une profondeur de 80 m au
nord et de 240 m au sud du lac.
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