CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE
GUINÉE
UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST -
UNITÉ UNIVERSITAIRE À CONAKRY
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE
GESTION
PARCOURS -MANAGEMENT DE PROJETS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2014 - 2016
4È PROMOTION
MÉMOIRE DE MASTER
THÈME
CRÉATION D'ENTREPRISES EN GUINÉE : CAS
DES JEUNES DE CONAKRY
Candidat Sous la Direction de
Siba Théodore KOROPOGUI Dr Mory SIOMY
Présenté et soutenu à Conakry, le 25 mars
2017
CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DE
GUINÉE
UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST -
UNITÉ UNIVERSITAIRE À CONAKRY
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE
GESTION
PARCOURS - MANAGEMENT DE PROJETS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2015 - 2016
4È PROMOTION
THÈME
CRÉATION D'ENTREPRISES EN GUINÉE : CAS
DES JEUNES DE CONAKRY
CANDIDAT : SIBA THÉODORE KOROPOGUI
DIRECTEUR DE MÉMOIRE : DR. MORY SIOMY
CHEF DE DÉPARTEMENT : M. YAO STANISLAS AGBENO
DIRECTEUR DES MASTERS : DR. DAOUDA KOMAN
DIRECTEUR ADJOINT CHARGÉ DES ÉTUDES : M.
RAYMOND MARIE AUGUSTIN GNIMASSOU
AVANT-PROPOS
Ce mémoire s'intitule création d'entreprises
en Guinée : cas des jeunes de Conakry. Il se consacre à
l'analyse de la dynamique de création d'entrepriseschez les jeunes. Une
analyse d'autant importantequ'en Guinée du fait qu'on accorde, depuis un
certain temps, une attention particulière à l'entrepreneuriat. Il
est considéré comme solution à l'emploi des jeunes et des
femmes, bien qu'il existe toujours d'énormes difficultés en ce
qui concerne la mise en oeuvre des politiques favorables à sa
réussite.
Nous nous sommes intéressés à cette
thématique pour deux raisons fondamentales. Premièrement, nous
avons constaté qu'il y a peu (pour ne pas dire pas) d'études
réalisées en Guinée sur l'entrepreneuriat surtout en ce
qui concerne les jeunes. Pourtant, la réussite des initiatives, surtout
innovantes, nécessite une analyse approfondie afin que leur mise en
oeuvre permette d'atteindre le but ultime visé.
Une seconde motivation est le regard que nous portons sur la
situation des jeunes guinéens en général. Ce regard nous
amène à penser que si des précautions ne se prennent pas
maintenantpar les politiques pour pallier à certains problèmes
auxquels ils font face, le pays risque gros dans un proche avenir.
Les jeunes constituent l'espoir et l'avenir de la nation. Ils
doivent donc être préparés à assumer cette
responsabilité qui les attend. Malheureusement, les politiques sont
à des années lumières des défis. Au regard des
conditions de vie qu'ils traversent actuellement, l'espoir en un lendemain
meilleur semble utopique pour eux. Le désoeuvrement est actuellement
leur principale caractéristique, ce qui amène nombre d'entre eux
à se livrer à des actes délictueux qui menacent la
quiétude publique et sociale.
S'intéresseravec sérieuxà lasituation des
jeunes favoriserait une meilleure prise de conscience. La mise en oeuvre de
cette étude s'inscrit dans la droite ligne de cette
préoccupation. L'étude se consacre principalement à la
politique d'emploi la plus en vogue ces dernières années et qui a
porté ses fruits dans de nombreux pays : la promotion de
l'entrepreneuriat.
Le but recherché à travers cette étude
est d'approfondir notre compréhension des facteurs de blocageau passage
des jeunesdela ville de Conakry à l'acte entrepreneurial.C'est, d'une
certaine façon, une aventure à la recherche des facteurs qui
freinent la réussite des programmes d'appui à l'auto-emploi chez
les jeunes.
Cette aventure dans ce monde complexe de l'entrepreneuriat se
veutcontribuer à l'avancement des connaissances dans le domaine et
encourager un approfondissement de la thématique pour une politique
favorable à la lutte contre la pauvreté et à
l'émergence d'une société guinéenne autonome et
prospère.
L'étude comporte plusieurs articulations dont les
fondamentales touchent, d'une part, l'analyse et la compréhension de la
vision des jeunes du phénomène entrepreneurial, ainsi que leur
appropriation de la démarche entrepreneuriale et, d'autre part,
cellesdespolitiques en place pour booster l'entrepreneuriat jeune dans la ville
de Conakry.
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est le fruit d'un long processus de travail
laborieux dont la réussite n'a été possible que
grâce à l'appui que nous avons reçu de part et d'autre.
Nous tenons à remercier :
E Notre créateur, souverain de l'univers de qui nous
devons la vie, pour nous avoir permis d'arriver à bout de ce
travail ;
E Docteur Mory Siomy qui a accepté de diriger cette
recherche. Nous lui sommes reconnaissant pour l'attention particulière
qu'il a accordée à tout le processus de réalisation du
présent travail. Ses conseils et orientations nous ont permis de mener
à bien cette étude ;
E Notre épouse Sény Béatrice Haba, notre
fille Geneviève Odette, notre soeur Odette et notre frère Fassou
Pascalpour avoir accepté de se priver du copieux temps que nous avons
accordé à la réalisation de ce travail ;
E Nos oncles, tantes, grand-mère, beaux-parents pour
leur soutien qui nous a permis de persévérer dans ce
travail ;
E Docteur Daouda Koman, directeur des masters de
l'UCAO-UUCo1(*), pour avoir
contribué à l'amélioration de nos outils de collecte et sa
relecture du présent mémoire pour des fins d'amélioration.
Ses orientations nous ont permis de peaufiner le contenu du présent
mémoire ;
E Les autorités de l'UCAO - UUCo, en particulier le
vice-président Monsieur Raymond Marie Augustin Gnimassou pour ses
conseils et encouragements qui ont été une source de motivation
pour nous ;
E Tous les enseignants du programme de master management de
projets pour leur disponibilité et leurs conseils pleins d'amour qui
nous ont permis d'affiner nos outils de collecte. Nos remerciements vont
particulièrement vers le Professeur Alpha Amadou Bano Barry, grâce
aux conseils de qui nous avons été à même
d'élaborer et de faire validerle protocole de recherche ayant servi de
base à nos investigations ;
E Nous exprimons également notre reconnaissance envers
Docteur Daniel Lamah pour son appui à la réussite du
présent travail, surtout sa contribution à la production de la
carte de la zone d'enquête avec la localisation des
enquêtés ;
E Tous les membres de notre jury de soutenance pour avoir
accepté juger de la qualité de ce travail.
Notamment Docteur Kefing Condé, vice-président du jury, ainsi que
les autres membres précédemment cités (Pr. Alpha Amadou
Bano Barry, Dr. Daniel Lamah, Dr. Daouda Koman et Dr. Mory Siomy) ;
E Nos camarades de la 4è promotion du master
management de projets pour leurs encouragements et leur abnégation qui
nous ont donné du souffle dans la poursuite de nos
investigations ;
E Nos collaborateurs de l'Association « Centre de
recherche sociale et d'appui au développement »(A/CERESAD)
pour leurappui lors de la collecte des données ;
E Nos collègues de l'Association Coginta et
particulièrement Docteur Malek Garbouj pour ses conseils et orientations
dans l'utilisation des techniques informatiques pour le traitement des
données quantitatives ; ainsi que Laura Perchat, pour avoir fait
une relecture du présent mémoire. Ses commentaires nous ont
permis d'améliorer le contenu du document ;
E Tous ceux auprès de qui nous avons collecté
les données ayant servi à l'analyse et la production de ce
mémoire pour avoir accepté de se prêter à nos
questions ;
E Que tous ceux qui de près ou de loin ont
participé directement ou indirectement sous quelque forme que ce soit
à la réussite de ce projet trouvent ici l'expression de notre
gratitude.
DÉDICACE
À notre chère fille Geneviève Odette
À la mémoire de nos défunts parents Siba
et Geneviève Sandy
RÉSUMÉ
Ce mémoire se propose d'analyser le processus et les
dispositifsentrepreneuriaux guinéens. Pour mieux cerner les contours de
la thématique, l'extension de l'étude s'est limitée
à l'une des variantes du monde de l'entrepreneuriat. Il s'agit de son
application à la couche juvénile. L'objectif recherché est
de comprendre et d'expliquer les facteurs qui constituent un handicap au
passage des jeunes à l'acte entrepreneurial.
L'étude s'intéresse à la ville de
Conakry, capitale de la République de Guinée et zone de
concentration de la plupart des entreprises du pays. Les cibles de
l'étude sont en particulier les jeunes. Nous les avons
catégorisés en deux groupes. Le premier est constitué de
jeunes n'ayant aucune expérience entrepreneuriale et le second de jeunes
propriétaires d'entreprises. Il a été ajouté une
autre cible en fonction de sa présomption d'implication. Il s'agit des
structures d'appui à la création d'entreprises.
L'étude cherche à répondre à la
question : qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry
à l'acte entrepreneurial ? L'hypothèse de base ayant
guidé les différentes investigations stipule que l'inadaptation
des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la
complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un
effet à la baisse sur la culture entrepreneuriale et handicape le
passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial.
Une approche de recherche mixte composée de techniques
qualitatives et quantitatives a servi la mise en oeuvre de cette étude.
Spécifiquement, l'enquête par questionnaire, l'entretien
individuel semi-structuré et la recherche documentaire ont permis de
collecter les données nécessaires à la
compréhension et à l'explication du phénomène
entrepreneurial des jeunes guinéens.
Les résultats obtenus montrent que les jeunes de
Conakry sont animés d'une forte intention entrepreneuriale. Cela se voit
à travers la vision positive qu'ils ont de l'entrepreneuriat et leur
souhait de créer une entreprise dans les cinq années à
venir. Cette intention est en large mesure liée à l'influence de
l'environnement des jeunes (la famille, les voisins, bref l'entourage) qui les
encourage généralement à se lancer dans une
carrière entrepreneuriale.
Le principal problème à la création
d'entreprises par les jeunesse situe au niveau du passage à l'acte de
création lui-même. Peu de jeunes arrivent à transformer
leurs intentions en véritable création.Ils ont souvent une
mauvaise compréhensionde la notion de projet entrepreneurial. Quand ils
le comprennent, ils préfèrent ne plus continuer.Ceux qui
parviennent également à créer se rebutent à
d'énormes difficultés quant à la gestion et au
développement de l'entreprise ainsi créée.
Du point de vue des jeunes sans expérience
entrepreneuriale, dès lors qu'ils prennent conscience de la question de
financement de l'investissement de leurs projets, ils abandonnent croyant que,
sans moyens financier, rien n'est plus possible. D'autres manquent de confiance
en leur personne quant à leur compétence à gérer et
à développer leurs affaires. La complexité du processus
entrepreneurial qui leur est proposé est également un facteur qui
contribue à baisser leur envie d'entreprendre.
Quant aux jeunes qui sont déjà passés
à l'acte entrepreneurial, ils sont confrontés à des
difficultés de plusieurs natures. Trouver des clients pour leurs
produits/services, la faible rentabilité de l'entreprise qu'ils ont
créée, la non croissance de l'entreprise sont autantdecontraintes
auxquelles ilssont confrontés. Ces facteurs amènent
également ceux qui n'ont pas encore créés à ne pas
envisager créer pour ne pas se retrouver dans la même
situation.
En plus, les entreprises créées par les jeunes
évoluent dans des secteurs qui ne nécessitent pas un
investissement important. Ainsi,de telles entreprises ne mobilisent
généralement pas un chiffre d'affaires important. Elles ne
permettent donc pas à leurspropriétairesd'atteindre les objectifs
fixés, encore moins de se réaliser pleinement.
Du point de vue des politiques utilisées pour stimuler
et appuyer les initiatives entrepreneuriales, il faut reconnaître
qu'elles sont de type classique et donc, non holistes. Il n'y a que quelques
structures qui s'occupent des questions entrepreneuriales. En plus,
celles-ciconcentrent leurs efforts uniquement sur le développement de la
création d'entreprisesplutôt que d'infuser aux jeunes d'abord la
culture entrepreneuriale qui est un préalable et le fondement même
d'un processus entrepreneurial planifié.
Quant à la stratégie utilisée pour
appuyer l'entrepreneuriat des jeunes, de par sa nature traditionnelle, ne peut
pas permettre une réussite entrepreneuriale. Elle met les jeunes dans un
processus qu'ils ne maitrisent pas ou qu'ils ont du mal à
maîtriser du fait de sa complexité. Cela limite ou retarde leur
passage à l'action et contribue in fine à affaiblir leur
culture entrepreneuriale.
Mots clés :accompagnement
entrepreneurial -culture entrepreneuriale - processus entrepreneurial.
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
i
REMERCIEMENTS
iii
DÉDICACE
v
RÉSUMÉ
vi
LISTE DES FIGURES
x
LISTE DES TABLEAUX
xi
LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET
ACRONYMES
xii
LISTE DES ANNEXES
xiv
INTRODUCTION
1
PREMIÈRE PARTIE : DE LA
PROBLÉMATIQUE À LA COLLECTE DES DONNÉES
5
CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE
5
Section 1 : Hypothèse de
recherche
9
Section 2 : Objectifs de recherche
9
Sous-section 1 : Objectif
général
9
Sous-section 2 : Objectifs
spécifiques
9
CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET
THÉORIQUE
10
Section 1 : Accompagnement
entrepreneurial
10
Section 2 : Culture
entrepreneuriale
12
Section 3 : Processus
entrepreneurial
14
CHAPITRE III : REVUE DE LA
LITTÉRATURE
18
Section 1 : Paradigme de
l'opportunité d'affaires
18
Section 2 : Paradigme des traits
individuels
19
Section 3 : Paradigme du processus
entrepreneurial
21
CHAPITRE IV : DÉMARCHE
MÉTHODOLOGIQUE
23
Section 1 : Techniques de collecte
23
Sous-Section 1 : Recherche
documentaire
23
Sous-Section 2 : Enquête par
questionnaire
24
Sous-Section 3 : Entretien
individuel
24
Section 2 : Public cible et
échantillonnage
25
Section 3 : Analyse des
données
27
DEUXIÈME PARTIE : RÉSULTATS
29
CHAPITRE V : PRÉSENTATION DU CADRE
D'ÉTUDE
29
CHAPITRE VI : PRÉSENTATION DES
RÉSULTATS
33
Section 1 : Données
quantitatives
33
Sous-section 1 : Profil des
répondants
33
Sous-section 2 : Intention
entrepreneuriale
37
Sous-section 3 : Motivations
à la création d'entreprises
40
Sous-section 4 : Profil des
entreprises de jeunes
43
Sous-section 5 : Profil des jeunes
créateurs d'entreprises
46
Sous-section 6 : Jeunes et processus
entrepreneurial
47
Section 2 : Données
qualitatives
50
Sous-section 1 : Politique d'aide
à la création d'entreprises pour jeunes
50
Sous-section 2 : Stratégie
d'accompagnement des créateurs d'entreprises
51
Sous-section 3 : Obstacles
à l'appui à la création d'entreprises
54
CHAPITRE VII : INTERPRÉTATION DES
DONNÉES
57
Section 1 : Facteurs contribuant au
développement de la culture entrepreneuriale et de l'entrepreneurship
des jeunes de Conakry
57
Sous-section 1 :
Entrepreneur : fruit de son milieu
57
Sous-section 2 : Carrière
professionnelle et création d'entreprises
59
Sous-section 3 : Propension
à l'autonomie et création d'entreprises
61
Sous-section 4 : Niveau
d'instruction et création d'entreprises
62
Section 2 : Obstacles au
développement de la culture entrepreneuriale et de
l'entrepreneurship
64
Sous-section 1 : Processus
entrepreneurial en cause
64
Sous-section 2 : Passage à
l'acte entrepreneurial : goulots d'étranglement
67
Sous-section 3 : Politique d'appui
à l'entrepreneuriat en cause
70
CONCLUSION
75
Bibliographie
78
Annexes
XI
LISTE DES FIGURES
Figure 6.1 : Répartition des
enquêtés par sexe et par commune (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)
34
Figure 6.2 : Répartition des enquêtés
par niveau d'étude (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)
34
Figure 6.3 : Répartition des
enquêtés par ethnie (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)
35
Figure 6.4 : Répartition des
enquêtés par religion (questionnaire destiné aux jeunes
sans expérience entrepreneuriale)
35
Figure 6.5 : Répartition des
enquêtés par sexe et par commune (jeunes créateurs
d'entreprises)
36
Figure 6.6 : Option de préférence des
jeunes par sexe (jeunes sans expérience entrepreneuriale
38
Figure 6.7 : Raison du choix du domaine
d'activité (jeunes sans expérience entrepreneuriale)
39
Figure 6.8 : Répartition des entreprises
créées par les jeunes interviewés lors de l'enquête
en fonction du secteur d'activité
44
Figure 6.9 : Nombre d'années d'existence des
entreprises sondées
44
Figure 6.10 : Nombre d'employés de
l'entreprise par secteur d'activité
45
Figure 6.11 : Formation des jeunes en
entrepreneuriat et création d'entreprises
47
Figure 6.12 : Chiffres d'affaires
réalisés par les entreprises des jeunes en GNF
48
Figure 6.13 : Fréquence du bilan des
entreprises de jeunes
49
Figure 6.14 : Difficultés rencontrées
par les jeunes créateurs d'entreprises
49
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 6.1 : Formation des jeunes en
entrepreneuriat
36
Tableau 6.2 : Meilleur choix de carrière par
âge (jeunes sans expérience entrepreneuriale)
37
Tableau 6.3 : Secteur d'activité
souhaité par sexe (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)
39
Tableau 6.4 : Compétences nécessaires
à un entrepreneur
41
Tableau 6.5 : Principales raisons du manque
d'intérêt à la dynamique entrepreneuriale
42
Tableau 6.6 : Obstacles potentiels à
l'entrepreneuriat chez les jeunes
42
Tableau 6.7 : Raison du manque
d'intérêt à l'entrepreneuriat
43
Tableau 7.1 : Culture entrepreneuriale et
participation à la gestion d'entreprises
60
Tableau 7.2 : Culture entrepreneuriale et
expérience dans l'entreprise d'un proche
60
Tableau 7.3 : Culture entrepreneuriale et conviction
de la réussite du projet entrepreneurial d'un proche avec qui le jeune a
travaillé
61
Tableau 7.4 : Motivations à la
création chez les jeunes sans expérience
entrepreneuriale
62
Tableau 7.5 : Motivations du passage à l'acte
entrepreneurial chez les jeunes créateurs d'entreprises
62
Tableau 7.6 : Meilleur choix de carrière et
niveau d'instruction
63
Tableau 7.7 : Intention d'entreprendre et niveau
d'instruction
63
LISTE DES
ABRÉVIATIONS, SIGLES ET ACRONYMES
A/CERESAD
|
:
|
Association « Centre de Recherche Sociale et d'Appui
au Développement »
|
AGUIPE
|
:
|
Agence Guinéenne pour la Promotion de l'Emploi
|
AMS
|
:
|
Afric Managements Service
|
ANSEJ
|
:
|
Agence Nationale de Soutien à l'Emploi des Jeunes
|
APIP
|
:
|
Agence pour la Promotion des Investissements Privés
|
BIRD
|
:
|
Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
|
BIT
|
:
|
Bureau International du Travail
|
BOCEJ
|
:
|
Booster les Compétences pour l'Employabilité des
Jeunes
|
CCI
|
:
|
Chambre de Commerce et d'Industrie
|
CEC
|
:
|
Centre Éducatif et Culturel
|
CECOJE
|
:
|
Centre d'Écoute et d'Orientation des Jeunes
|
CFE
|
:
|
Centre de Formalité des Entreprises
|
CNUCED
|
:
|
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement
|
CPECG
|
:
|
Coopérative Populaire d'Épargne et de Crédit
de Guinée
|
CSV
|
:
|
Command Separated Value
|
CVRCE
|
:
|
Centre de Vigie et de Recherche sur la Culture Entrepreneuriale
|
DSRP
|
:
|
Document de Stratégie de la Réduction de la
Pauvreté
|
FMI
|
:
|
Fonds Monétaire International
|
FONIJ
|
:
|
Fonds National pour l'Insertion des Jeunes
|
GNF
|
:
|
Guinée Nouveau Franc
|
HHI
|
:
|
Harvard Humanitarian Initiative
|
INS
|
:
|
Institut National de la Statistique
|
IRDES
|
:
|
Institut de Recherche et Documentation en Économie de la
Santé
|
ISG
|
:
|
Institut Supérieur de Gestion
|
MEAD
|
:
|
Ministère des Affaires Étrangères et
Développement.
|
MEETFP
|
:
|
Ministère de l'Emploi, de l'Enseignement Technique et
de la Formation Professionnelle
|
MP4/MPEG-4
|
:
|
Moving Picture Experts Group - 4
|
OCDE
|
:
|
Organisation de Coopération et de Développement
Économiques
|
ONRG
|
:
|
Observatoire National de la République de Guinée
|
PDF
|
:
|
Portable Document Format / Format de Document Portable
|
PEA
|
:
|
Perspectives Économiques en Afrique.
|
PNUD
|
:
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PQIP/DCTP
|
:
|
Pôle de Qualité Inter-Pays sur le
Développement des Compétences Techniques et Professionnelles
|
RCCM
|
:
|
Registre de Commerce et de Crédit Immobilier
|
RGPH
|
:
|
Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
|
SARL
|
:
|
Société À Responsabilité
Limitée
|
SP-SRP
|
:
|
Secrétariat Permanent - Stratégie de la
Réduction de la Pauvreté
|
SPSS
|
:
|
Statistical Package for Social Science
|
STAO
|
:
|
Service Technique d'Appui aux Opérations
|
UCAO-UUCo
|
:
|
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest -
Unité Universitaire à Conakry
|
LISTE DES ANNEXES
Annexes
XI
Annexes 1 : Outils de collecte
XI
Appendice 1 : Questionnaire destiné aux
jeunes sans expérience entrepreneuriale
XI
Appendice 2 : Questionnaire destiné aux
jeunes créateurs d'entreprises
XIII
Appendice 3 : Guide d'entretien destiné aux
structures d'aide à la création d'entreprise
XVI
Appendice 4 : Grille d'analyse des données
qualitatives
XVII
Annexes 2 : Description de quelques outils de
traitement des données
XVIII
Appendice 1 : Application de
référencement bibliographique
XVIII
Appendice 2 : Application pour la conception des
questionnaires électroniques (Kobo ToolBox
XX
Appendice 3 : Collecte des données sur
smartphone & application KoBo Enum
XXI
Appendice 4 : Application pour la synchronisation
des données (KoBo Sync)
XXI
Appendice 5 : Applications de traitement statistique
(Excel et SPSS)
XXII
INTRODUCTION
La lutte contre la pauvreté à travers un
développement durablepermettant à tous de vivre le bonheur est
l'un des défis majeurs que les pays en développement se doivent
de relever. Celle-ci impose exigence et cohérence dans le choix à
la fois de la logique de progrès que de ses actions.Il ne s'agit pas de
la résolution d'une équation à une inconnue, mais
plutôt d'un polynôme à plusieurs degrés et plusieurs
inconnues(Siomy, 2007).
Les efforts fournis par les nations pour amorcer un
développement durable ont amené celles-ci à penser un
développement qui résulterait de la coopération entre les
différents pays du monde. Les pays développés devraient
apporter une assistance à ceux qui sont moins développés
afin de leur permettre de sortir de leur situation miséreuse.
Malheureusement, lacoopération internationale n'apas
permis d'éliminer la pauvreté. Certains individus qu'on pourrait
ironiquement qualifier de `'renards'', en profitent pour s'accaparer
une part importante du `'gâteau financier''. En plus, les pays
en développement qui profitent de l'aide au développement ne
cherchent plus les moyens de se passer de cette aide et assurer leur
autonomie.
Au regard de cette situation, quelle politique faut-il mettre
en place pour garantir un réel développement aux pays en
situationde pauvreté et de décadence économique ? Paul
Arthur Fortinrépondait à cette question dans son
célèbre ouvrage`'Culture entrepreneuriale, un antidote
à la pauvreté''. Il y indique que le véritable moyen
de lutter contre la pauvreté consiste à inciter les peuples
à créer de la richesse. Cette incitation doit viser à
développer la culture entrepreneuriale de ces peuples. La culture
entrepreneuriale à son tour favorise la création d'entreprises,
d'emplois et de la richesse(Fortin, 2002).
Le développement de la culture entrepreneuriale qui
favorise la création de la richesse est donc la clé du
développement, le vrai. Fortin (2002) indiquait d'ailleurs que la
pauvreté est un mal curable, mais cette guérison ne peut pas
venir de l'extérieur. Elle est endogène.Jean Jacques Rousseau
affirmait à ce sujet que « c'est en vain qu'on cherche le
bonheur au loin quand on oublie de le cueillir
soi-même ».Aussi, les nations pauvres ne peuvent trouver
la vraie solution à leurs problèmes en vivant dans la
dépendance économique. Il leur faut créer la richesse
nécessaire au peuple afin que celui-ci réalise ses ambitions.
Cependant, la création de la richesse n'est pas un
réflexe avec lequel l'on naît. Cette faculté qui, loin
d'être innée s'acquiert, s'entretient et se développe. Une
nation souhaitant se développer se doit de faire sa
promotion.Unepromotion qui doit viser à développer une nouvelle
programmation de l'esprit, une transformation de la culture des peuples vers le
réflexe entrepreneurial.
La culture entrepreneuriale doitêtre
développéechez ceux qui constituent l'avenir d'une nation :
les jeunes. Cette jeunesse qui est en réalité une nouvelle
génération doit développer en elle des valeurs constituant
un catalyseur [stimulus] poussant à la création d'entreprises et
de la richesse pour la prospérité de la nation.
Ayant pris conscience de la nécessité de pousser
les jeunes vers l'entrepreneuriat, le gouvernement guinéen et ses
partenaires au développement mettent désormais l'accent sur la
création d'entreprises et trouvent en elle le meilleur moyen de
favoriser et d'assurer l'emploi aux jeunes. Cette volonté se
matérialise par la mise en place de certaines initiatives d'appui
à la créativité des jeunes. La mise en place du Fonds
National pour l'Insertion des Jeunes et du projet « Booster les
Compétences pour l'Employabilité des Jeunes »dont l'une
des composantes vient en appui à l'entrepreneuriat des jeunes
constituent des exemples. L'émergence des incubateurset des entreprises
de coaching est également l'une des initiatives prometteuses de
l'éclosion entrepreneuriale.
Nonobstant la volonté politique et les efforts visant
à appuyer et à favoriser l'entrepreneuriat jeune, la situation
des jeunes guinéens est loin de s'améliorer.Celle-ci laisse
à désirer du fait du chômage qui touche la plupart d'entre
eux. Ils ont l'impression d'être négligés ou même
oubliés par la classe dirigeante, ce qui n'est pas une situation
désirable pour l'avenir même du pays. C'est pourquoi Vulliez
(2013)déclarait que « dans une société, le
niveau élevé de chômage est un drame, celui des jeunes, un
traumatisme »pour montrer toute l'importance de prêter une
attention particulière à la situation des jeunesdans un pays pour
éviter la catastrophe.
La question principale à laquelle nous nous proposons
de répondre à travers cette recherche est la suivante :
qu'est-ce qui empêche le passage des jeunes de Conakry à
l'acte entrepreneurial ?Tout au long de ce processus, divers aspects
de la question entrepreneuriale chez les jeunes guinéens seront
abordés. Notamment, la culture, le processus et l'accompagnement comme
des dimensions de l'entrepreneuriat.
L'étude se veut aiderà mieux comprendre et
expliquer les facteurs qui entravent la création d'entreprises par les
jeunes guinéens. C'est pour nous un moyen de contribuer à
l'accroissement des connaissances dans le domaine de l'entrepreneuriat des
jeunes. Ainsi, les politiques seront éclairées sur les
dispositifs favorables à la naissance et au développement d'une
société guinéenne entrepreneuriale, autonome et
prospère.
Le présent mémoire est structuré en deux
grandes parties. Chacune d'elles est subdivisée en chapitresqui sont
égalementorganisésensections et parfois en sous-sections. La
première partie s'intitule« De la
problématique à la collecte des
données »et la deuxième
partie« Résultats ».
Le chapitre I traite de la problématique de recherche.
Celle-ci fait l'ébauche de ce qui a été dit du sujet de
recherche. Elle est composée de deux (2) sections.La première
section traite de l'hypothèse de recherche et la dernière porte
sur les objectifs de la recherche.
Au chapitre II sont abordés quelques concepts
clés de larecherche. Intitulé « Cadre
conceptuel et théorique », il est
subdivisé en 3 sections. Chaque section traite d'un concept. Il s'agit
successivement des concepts « Accompagnement
entrepreneurial », « Culture entrepreneuriale »
et « Processus entrepreneurial ».
Le chapitre III traite des paradigmes ayant servi à
l'interprétation du phénomène entrepreneurial. Il est
intitulé « Revue de la
littérature ». Sestrois sections font
l'ébauche des paradigmes de l'opportunité d'affaires, des traits
individuels et de celui du processus entrepreneurial.
Le chapitre IV constitue le dernier de la première
partie du mémoire. Il traite de la démarche méthodologique
adoptéedans lacollecte et l'analyse des données. Il aborde les
techniques de recherche utilisées, le public cible et
l'échantillonnage ainsi que la méthode d'analyse des
données.
La deuxième partie du mémoire comporte trois (3)
chapitres (V, VI et VII). Elle présente globalement les résultats
de la recherche et en font une interprétation.
Le chapitre V fait une présentation de la zone
d'étude. Il est question de la délimitation géographique
de l'espace sur lequel les données ont été
collectées et sur lequel les résultats obtenus ont
été extrapolés.
Les chapitres VI et VIIfont laprésentation et
l'interprétationdes données collectées grâce aux
différentes investigations de terrain.
En guise de conclusion, après un rappel denotre
question de recherche, du contexte dans lequel s'inscrit l'étude,
deshypothèses formulées, de la démarche adoptée, et
des principaux résultats, nous suggérons des champs
d'études complémentaires pertinents que nous envisageons. Nous y
faisons également mention des limites de notre recherche.
PREMIÈRE
PARTIE : DE LA PROBLÉMATIQUE À LA COLLECTE DES
DONNÉES
CHAPITRE I :
PROBLÉMATIQUE
La question de l'emploi demeure au coeur des débats
politiques de développement de toutes les nations. Les gouvernements du
monde cherchent les moyens les plus appropriés pour pallier aux
problèmes de chômageet sortir leurs sujets de leur situation
miséreuse. Le souci principal étant de permettre à ceux-ci
de subvenir à leurs besoins d'une part, et de contribuer au
développement socio-économique du pays, d'autre part.Fort
malheureusement, le chômage continue de prendre de l'ampleur dans le
monde. Le Bureau International du Travail indiquait en 2006 que le nombre de
personnes sans-emploi dans le monde s'élevait à 195.2
millions(BIT2(*), 2006).
La frange de la population la plus durement touchée par
ce phénomène est celle des jeunes. Ils étaient 86,3
millionschômeurs dans la tranche d'âge de 18 à 24 ans en
2006. Ils représentent44% des chômeurs dans le monde(BIT, 2006).
Des initiatives ont depuis quelques années été prises pour
pallier à ce problème. Grâce à ces initiatives,le
nombre de jeunes chômeurs a un peu baissé. Un autre rapport de la
même institution estimait en 2013 le nombre de jeunes au chômage
à 73.4 millions de jeunes sans-emploi dans le monde(BIT, 2013). Cette
baisse reste néanmoins insignifiante.
Ces dernières années, la politique de
réduction du chômage la plus utilisée et encouragée
par les gouvernements et les organisations internationales est la promotion de
l'entrepreneuriat, surtoutdes jeunes et desfemmes, considéré
comme le meilleur outil de réduction du chômage des
jeunes(CNUCED3(*), 2014).Les
gouvernements trouveront donc la solution à la problématique de
l'emploi des jeunes enles incitant à créer et gérer leurs
propres entreprises.
Les pays développés sonten avance dans le
domaine du développement de la culture entrepreneuriale chez les
jeunes.Au Québec (Amérique du Nord) par exemple, cette politique
a eu du succès. Une étude a montré que plus de la
moitié de la populationavait une vision positive de l'entrepreneuriat au
moment de l'étude et 62.6% pensaient que créer sa propre
entreprise était le meilleur choix de carrière. Ainsi, quelques
années plus tard (c'est-à-dire en 2011), 9.5% de la population
québécoise étaient propriétaires
d'entreprises(CVRCE4(*),
2011).
Les jeunes sont ceux chez qui cette culture étaitlaplus
développée. L'étude précisait qu'ils étaient
38.3% à préférer choisir l'entrepreneuriat comme choix de
carrière(ibid.).Cela constitue une nette régression par
rapport à la situation d'il y a quelques années. En 2004, les
jeunes de moins de 35 ans qui avaient une vision positive de l'entrepreneuriat
représentaient 84.4%.Néanmoins, les jeunes
québécois ont une vision plus positive de l'entrepreneuriat comme
choix de carrière que ceux du reste du Canada qui, à la
même période (2004) représentaient une proportion de
71.7%'(Riverin et Jean, 2004).
Les politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune en
Europe ont favorisé l'essor de la culture entrepreneuriale chez les
jeunes. En Angleterre par exemple, dès 1997, 65% des jeunes
entrepreneurs avaient leurs entreprises à la maison. Parmi eux, 40%
travaillaient seuls, 14% avaient au moins un employé et 17% employaient
au moins six personnes(Chigunta, 2002). Ces indicateurs montrent que les
jeunes, de par leurs initiatives entrepreneuriales, créent de l'emploi
pour eux-mêmes et pour d'autres personnes.
En France, le quart (25%) des créateurs d'entreprises
sont des jeunes de moins de 30 ans.En 2012, 37% des jeunes envisageaient de
créer ou de reprendre une entreprise un jour'''(Barth, 2015). La culture
entrepreneuriale est donc élevée chez les jeunes
français.
En Afrique, certains pays disposent d'une jeunesse à la
culture entrepreneuriale relativement développée. En Tunisie par
exemple, de plus en plus de jeunes se lancent dans l'entrepreneuriat. Dans les
zones urbaines, environ 13.1% des jeunes hommes travaillent
indépendamment. En zone rurale, l'effectif tend à la baisse avec
une proportion de 7.9%'(BIRD5(*), 2014).
En 2002,un quart des jeunes zambiens avaient
créé leur emploi au moment de l'étude. La plupart de ces
entreprises évoluaient dans des activités de commerce et de
services(Chigunta, 2002). Malgré tout, le chômage des jeunes
constitue un réel défi à relever pour les autorités
zambiennes. En 2008, de nombreux jeunes des zones urbaines vivaient au
chômage. 63% des 15 à 19 ans et 48% des 20 à 24 ans
étaient au chômage. Ceux se situant entre 20 et 24 ans sont
del'ordre de 48%. Chaque année, ils sont près de 300 000 jeunes
à intégrer le marché du travail apathique où les
perspectives d'emploi se font rares et où le fort taux de chômage
des jeunes génère des tensions politiques et économiques
dans tout le pays(PEA6(*),
2012).
Au Mali, les initiatives de promotion de l'entrepreneuriat ont
été à la base d'un boum entrepreneurial chez les jeunes du
pays. Une étude réalisée dans quatre localités
indique que 31% des jeunes sont entrepreneurs contre 19% de salariés.
Bien que cela semble indiqué qu'il y a un potentiel entrepreneurial chez
les jeunes, le manque d'emploi pour les jeunes perdure dans le pays.
Lesrésultats de l'étude indiquent que la plupart des jeunes sont
au chômage (50% dont 27% de sans-emploi et 23% d'étudiants
sans-emploi)''(Dougnon et al., 2013).
Pour faire face au taux de chômage croissant des jeunes
de moins de 35 ans, qui représentent plus de la moitié de la
population (64%) estimé à 25%(Koffi, Faulet-Ekpitini, et Hanty,
2011), la Côte d'Ivoire, à travers son gouvernement a
décidé de développer la culture entrepreneuriale dans le
pays en introduisant des modules de formation en entrepreneuriat dans le
système éducatif. Cette initiative vise à renforcer les
compétences des jeunes et favoriser leur initiative personnelle, leur
créativité, leur autonomisation et leur responsabilisation(Koffi,
Faulet-Ekpitini, et Hanty, 2011).
En Guinée, lutter contre la pauvreté, qui frappe
pratiquement plus de 55.2% de la population, reste l'un des défis
majeurs à relever(SPSRP7(*), 2013), les autorités se rabattent ces derniers
temps sur la promotion de l'entrepreneuriat pour ceux qui sont les plus
durement frappés par le phénomène de
pauvreté : les jeunes et les femmes.
Cette volonté politique s'est traduite par plusieurs
initiatives. Entre autres, la création des Centres d'Écoute, de
Conseils et d'Orientation des Jeunes ;la promotion des micro-entreprises
en faveur des jeunes ; etc. Le pays bénéficie
également du soutien des institutions internationales qui ont mis en
place des programmes d'aide à l'autonomisation des jeunes. Ce soutien
s'est matérialisé par la mise en place du Fonds National
d'Insertion des Jeunes. Ce fonds vient en appui aux jeunes porteurs de projets
d'entreprises en guise d'aide pour financer leurs projets.Le
programme« Vivre contre Apprentissage », le programme de
volontariat jeunesse pour l'insertion socio professionnelle de 300 jeunes
diplômés et la tenue de salons d'emploi pour initier les jeunes
à la recherche de leur premier emploi sont d'autres initiatives qui
avaient pour but d'aider les jeunes à sortir du chômage(SPSRP,
2013).
Le Fonds National pour l'Insertion des Jeunes vise
àpallier au chômage des jeunes à travers des initiatives
entrepreneuriales. Son principal objectif est de faire en sorte que chaque
jeune puisse se prendre en chargeet contribuer au développement
économique du pays à travers la création de sa propre
entreprise'(Kabuya, 2015).
Grâce à des ressources mobilisées
auprès du gouvernement Espagnol, le PNUD8(*) a appuyé une initiative s'inscrivant dans le
cadre de l'entrepreneuriat des jeunes. Il s'agit du fonds de crédit
revolving intitulé « Foniké » (terme
soussou signifiant jeune en français). Cette initiative a
contribué à l'accès de 4 272 jeunes aux institutions
de micro finances afin de financer leurs projets d'entreprises'''''(PNUD,
2015).
Malgré cela, la situation du jeune guinéenlaisse
à désirer. Les études montrent que depuis le début
de l'année 2000,60% des chômeurs en quête du premier emploi
sont des jeunes. Ceux de la tranche d'âge de 25-34 ans
représentent 50% des chômeurs contre 15% de la tranche d'âge
de 45-64 ans et 13% pour ceux de la tranche d'âge de 35-44 ans. Les gens
ayant effectué des études supérieures sont
également du lot. Environ 33% des chômeurs sont d'un niveau
d'études supérieures contre 26% de ceux qui n'ont pas
fréquenté l'école et 12% de ceux de niveau d'étude
techniques/professionnelles(Kaba, 2014).
Ces statistiques mettent enlumière les
difficultés liées à la mise en oeuvre des politiques de
promotion de l'entrepreneuriat jeune. Le dispositif mis en place ne fonctionne
certainement pas comme il le faut. Les initiatives de promotion et de
développement des entreprises par les jeunes ne produisent pas le fruit
escompté. Cela amène à se poser la question
suivante : qu'est ce qui empêche le passage des jeunes de
Conakry à l'acte entrepreneurial ?
Pour traiter cette thématique, nous nous appuierons
surtrois (3) paradigmesdans le domaine de l'entrepreneuriat. Le paradigme des
opportunités d'affaires constitue le premier. Celui-ci explique le
facteur déclencheur de l'idée de création d'entreprises
par la découverte d'opportunités. Selon cette logique,
l'entrepreneur crée une entreprise lorsqu'il constatequ'il y a un besoin
non satisfait sur le marché. Il se sert de cette opportunité pour
bâtir toute une structure (l'entreprise)avecpour
objectif desatisfaire ledit besoin.
Le paradigme des traits individuels est le second sur lequel
nous nous sommes appuyés. Il soutientque l'initiative entrepreneuriale
dépenddes caractéristiques personnelles des créateurs
d'entreprises. Ainsi, un ensemble de variables sociodémographiques
influent sur la création d'entrepriseset la réussite
entrepreneuriale.
Le troisième paradigme est celui du processus
entrepreneurial. Il considère que l'analyse des étapes de ce
processus et sa gestion par les jeunes créateurs permet de cerner les
difficultés qu'ils rencontrent et qui peuvent constituer un facteur de
démotivation à la création, par conséquent un
blocage au passage à l'acte entrepreneurial.
Section 1 :
Hypothèse de recherche
Nous présumons que l'inadaptation des politiques de
promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la complexité du
processus entrepreneurial qui, à son tour, a un effet à la baisse
sur la culture entrepreneuriale et handicape le passage des jeunes de Conakry
à l'acte entrepreneurial.
Section 2 : Objectifs
de recherche
Sous-section 1 : Objectif
général
Cette étude vise à comprendre et à
expliquer les facteurs qui handicapent la création d'entreprises par les
jeunes de Conakry.
Sous-section 2 : Objectifs
spécifiques
Plus spécifiquement, il s'agira de:
ü décrire le profil des jeunes créateurs et
faire le portrait de leurs entreprises ;
ü mesurer l'intention entrepreneuriale des jeunes de
Conakry ;
ü identifier les facteurs de motivation à la
création d'entreprises par les jeunes ;
ü décrirele processus de création
d'entreprises et sa gestion par les jeunes;
ü identifier les difficultés rencontrées
par les jeunes créateurs ;
ü analyser les politiquesd'aide à la
création d'entreprises par et pour les jeunes.
CHAPITRE II : CADRE
CONCEPTUEL ET THÉORIQUE
Ce chapitre fait l'ébauche des concepts clés
utilisés dans cette étude. Leur analyse constitue un moyen
technique dans l'atteinte de nos objectifs. Composé de trois sections,
il traite du concept de « accompagnement
entrepreneurial »dans la section 1, du concept de « culture
entrepreneuriale » dans la section 2 et du concept de
« processus entrepreneurial » dans la section 3.
Section 1 :
Accompagnement entrepreneurial
Le fait pour une entreprise de bénéficier d'un
accompagnement contribue à sa réussite et sa pérennisation
(Leger-Jarniou, 2008b). Cela étant, la nécessité de
comprendre ce que veut dire accompagner s'impose. Sauf que, définir
l'accompagnement entrepreneurial n'est pas aisé. Il faut faire recours
aux travaux de recherche réalisés dans le domaine ''''(Sammut,
2008) car il est polymorphe (Sammut, 2016).
Les définitions données à
l'accompagnement entrepreneurial dépendent de la dimension
privilégiée par celui qui la donne. Les anglo-saxons la
définissent en privilégiant la notion de structures qui le
pratique (tels les incubateurs). Les francophones quant à eux mettent
l'accent sur les personnes et les formes d'accompagnement '(Chabaud, Messeghem,
et Sammut, 2011).
C'est ainsi que certains caractérisent l'acte
d'accompagner en utilisant alternativement les concepts de parrainage, de
mentorat, de tutorat, de coaching, de counseling, etc. Ces concepts lui sont
parfoissynonymes et antagoniques''''(Sammut, 2008). Cette orientation
définitionnelle s'appuie sur les formes d'accompagnement.
Nous n'utiliserons pas cette analyse car notre
préoccupation n'est pas de ressortir les différentes formes
d'accompagnement. Nous cherchons plutôt à mettre en exergue le
dispositif de l'accompagnement entrepreneurial et à expliquer sa
contribution au passage des jeunes à l'acte entrepreneurial.
Une analyse plus approfondie de l'accompagnement
entrepreneurial ressort d'autres dimensions de ce processus. ''''Sammut (2008)
indique que l'approche de l'accompagnement entrepreneurial citée un peu
plus haut, met l'accent sur une seule dimension: celle psychologique. Pourtant,
au-delà de celle-ci, l'accompagnement entrepreneurial intègre
trois autres dimensions : relationnelle, de synchronicité et
spatiale.
Ces dimensions ressortent de la définition selon
laquelle, l'accompagnement entrepreneurial implique de se joindre à
quelqu'un (dimension relationnelle) pour aller où il va (dimension
spatiale) en même temps que lui (synchronicité) ''''(Sammut,
2008). Cependant, ce caractère relationnel ne signifie pas que
l'accompagnateur doit faire tout pour l'accompagné et cela pour
toujours. Non ! Il ne se substitue pas à lui, il est juste un
passant du fait que son action s'inscrit dans le temps (Sammut,
2016).
Le processus d'accompagnement consiste donc à faire
passer une personne d'un état à un autre, voire à
l'influencer pour qu'elle prennent des décisions (Leger-Jarniou, 2008b).
Dans ce sens, il ressort l'idée de passeur. En d'autres termes, dans le
processus de l'accompagnement, l'accompagnant est considéré comme
un passeur ayant pour objectif de rendre l'accompagné plus fort
intellectuellement et psychologiquement (Sammut, 2016).
Nous partageons cette analyse de l'accompagnement
entrepreneurial, mais nous ne chercherons pas à étayer comment ce
processus d'accompagnement se déroule en contexte guinéen. Le
rôle de l'accompagnateur et la durée de sa prestation
auprès de l'entrepreneur ne sont pas les éléments que nous
cherchons à expliquer. Notre préoccupation est d'expliquer les
contributions de l'accompagnement entrepreneurial à favoriser au non la
création d'entreprises.
La définition qui nous semble plus adaptée au
sens que nous donnons au concept accompagnement entrepreneurial est celle
inspirée du livre blanc des structures d'accompagnement du Labex
entreprendre. Il définit l'accompagnement entrepreneurial comme un
processus organisé par une tierce partie, s'inscrivant dans la
durée et permettant à un (ou des ) porteur (s) de projet ou un
(ou des ) entrepreneur (s) de bénéficier d'une dynamique
d'apprentissage (formation, conseil, ...) ; d'un accès à des
ressources (financières, informationnelles, ...), d'une mise en
réseau, de services (administratifs, hébergement, etc.) et d'une
aide à la décision (coaching, mentorat, etc.) (Messeghem et
al., 2014).
Nous considérons l'accompagnement entrepreneurial comme
un outil pratique pour la création et le développement des
entreprises. La durée et la qualité de cet accompagnement
déterminent en grande partie la performance de ces entreprises
'(Leger-Jarniou et Saporta, 2013).
Ainsi, nous chercherons à analyser ce qui se passe
selon que le porteur de projets de création d'entreprises
bénéficie d'une ou des dimensions de l'accompagnement
entrepreneurial.
Section 2 : Culture
entrepreneuriale
Le vocable `'culture entrepreneuriale'' englobe deux
notions intimement liées. Il s'agit de la culture et de
l'entrepreneuriat. La premièreétant considérée
comme le préalable à l'émergence de la seconde. Ainsi,
donner sens au concept de culture entrepreneuriale revient à isoler ces
deux notions pour saisir leurs sens respectifs puis les recomposer etressortir
le lien entre elles.
De façon générique, la culture renvoi
à un ensemble de traits de caractère distinctif sur les plans
spirituels, matériels, intellectuels et affectifs. Elle constitue la
caractéristique principale d'un groupe social donnée
-(Léger-Jarniou, 2008a).
Cettenotion de culture est appréhendable à deux
niveaux (individuel et collectif). Du point de vue individuel, elle peut se
comprendre comme un ensemble de connaissances acquises, d'instruction, de
savoir, d'habilités et d'usage que l'individu acquiert par
expérience-(Léger-Jarniou, 2008a).
Du point de vue collectif, elle représente les
constructions sociales et les comportements collectifs caractéristiques
d'une société. La culture est ainsi une programmation mentale
collective propre à un groupe d'individus et forme de ce fait le
développement de certains traits de personnalité et les motivent
à s'engager dans des comportements -(Léger-Jarniou, 2008a).
L'entrepreneuriat est quant à lui
généralement défini comme un processus qui débouche
surla création d'entreprises. C'est un ensemble d'actions consistant
à partir d'une idée, à exploiter une certaine
opportunité en créant ou en reprenant une activité qui
sera par la suite développée par un individu ou un groupe
d'individus. Cet ensemble d'actions se solde par la création d'une
valeur nouvelle (Paturel, 2007) et l'individu ou le groupe réorganise
des ressources indépendantes d'une façon nouvelle afin de saisir
l'opportunité (Johannisson, 2003). Ce processus se matérialise
par la création d'une nouvelle organisation : l'entreprise
(Gartner, 1993).
Le phénomène entrepreneurial met en relation
l'entreprise et son créateur. Le créateur d'entreprises est
appelé entrepreneur. C'est lui qui crée une chose, une valeur.
C'est à travers cette valeur qu'il est définit (Bruyat, 1993). Il
crée, développe une entreprise contre vents et marées.
Cette initiative constitue pour lui une source de création de richesses
et d'emplois (Bruyat, 1993).
Définir le vocable `'culture entrepreneuriale''
nécessite de le démarquer de certains concepts qui sont,
à tort ou à raison, souvent employés pour le
désigner. Il s'agit des concepts esprit d'entreprises, esprit
d'entreprendre, envie d'entreprendre et esprit entrepreneurial.
L'utilisation de ces différents concepts provient des
différentes visions développées dans l'appréhension
du phénomène entrepreneurial. Fondamentalement, deux visions
prédominent dans ce monde.
D'un côté, le phénomène
entrepreneurial centré sur la création de nouvelles organisations
(entreprises) et l'identification d'opportunités qui existe
déjà. De cette vision provient la notion d'esprit d'entreprise
(Leger-Jarniou, 2008a). Cette notion s'inspire des travaux effectués par
Gartner (1993)qui considère l'entrepreneuriat comme un processus visant
à créer de nouvelles entités.
Cette première conception est celle que nous
utiliserons pour donner sens au concept entrepreneuriat. Ainsi,
l'entrepreneuriat est la création d'entreprises : une nouvelle
organisation. De ce fait, nous l'écartons de la définition que
nous donnons à la culture entrepreneuriale.
D'un autre côté, l'entrepreneuriat est
appréhendé comme un processus visant à créer de la
valeur(Bruyat, 1993). Dans ce processus, plusieurs facteurs sont pris en
compte. Entre autres, les manières particulières de concevoir les
choses, la prise d'initiative et l'action. De cette vision ressort
l'idée de l'existence de certains individus qui développent en
eux un certain nombre de comportements orientés vers la volonté
de faire de nouvelles choses ou de faire différemment certaines choses
(Leger-Jarniou, 2008a).
C'est de cette vision du phénomène
entrepreneurial que provient la notion d'esprit ou d'envie d'entreprendre.
Plusieurs facteurs favorables au développement de l'envie d'entreprendre
proviennent de cette définition de l'entrepreneuriat.
Par esprit entrepreneurial, nous entendons la capacité
à concevoir des idées novatrices et à les mettre en
oeuvre. Il suppose pour son possesseur de posséder et de
développer des aptitudes spécifiques comme la
créativité, la vision, l'innovation, la
persévérance, etc. nécessaires à la création
de la valeur. Certaines de ces aptitudes sont communes à tous les
entrepreneurs peu importe leur âge, leur origine, leur niveau
d'instruction (Cisneros, 2016).
La culture entrepreneuriale est, dans le sens que nous lui
octroyons, liée à l'esprit d'entreprendre et l'esprit
entrepreneurial. Elle est donc un système de valeurs, de croyances et de
traits de caractère d'un groupe social donné qui l'oriente vers
la dynamique de création d'entreprises-(Léger-Jarniou, 2008a).
Dans le cadre opératoire de cette recherche, nous
mettons en relation la création d'entreprises et la possession par les
entrepreneurs des aptitudes entrepreneuriales. Une augmentation des
créateurs d'entreprises ou de ceux qui ont une culture entrepreneuriale
développée selon qu'ils possèdent ou non ces aptitudes
confirmera ce modèle d'analyse.
Nous mesurerons la culture entrepreneuriale à partir de
trois variables. Il s'agit de la valorisation de l'entrepreneuriat, la
désirabilité de l'acte entrepreneurial et la volonté des
jeunes à passer à l'acte entrepreneurial.Ce sont ces trois
variables que nous combinerons à d'autres pour identifier les facteurs
qui déclenchent et favorisent la création d'entreprises.
Section 3 : Processus
entrepreneurial
L'entrepreneuriat est un processus amenant un individu ou un
groupe à initier un ensemble d'actions visant à détecter
et à exploiter une opportunité (Hernandez et Marco, 2006). Comme
tout processus, l'entrepreneuriat est composé d'un ensemble
d'étapes. L'entrepreneur est tenu de les traverser pour arriver à
créer son entreprise (CCI9(*), 2015).
Plusieurs classifications des étapes de la
création d'entreprises existent. Selon des auteurs, le processus
entrepreneurial est composé de 4 à 8 étapes. Ce nombre
d'étapes dépend des auteurs qui se prononcent sur le sujet.
La première analyse que nous faisons du processus
entrepreneurial s'inspire des travaux de Borges, Filion et Simard. Ils
expliquent le processus entrepreneurial en fonction des différentes
activités qu'entreprend l'entrepreneur pendant sa création. Sur
la base de ces activités, ils mettent l'accent sur quatre (4)
étapes principales. Il s'agit de l'initiation, de la préparation,
du démarrage et de la consolidation (Borges, Filion, et Simard, 2010).
La première étape (l'initiation), correspond
à celle au cours de laquelle l'entrepreneur identifie son occasion
d'affaires, réfléchit sur son projet et prend la décision
de créer son entreprise(Borges, Filion, et Simard, 2010).
Au cours de la deuxième étape (la
préparation), il réalise une étude de marché et
rédige son plan d'affaires. La constitution d'une équipe
entrepreneuriale et l'enregistrement d'une marque ou d'un brevet font
également partir de cette étape(Borges, Filion, et Simard, 2010).
À la troisième étape (le
démarrage), il procède à l'enregistrement juridique de
l'entreprise et se consacre à plein temps dans son projet. C'est le
moment de procéder aux installations et aux équipements, de
développer le premier produit ou service, d'embaucher les premiers
employés et de procéder aux premières ventes(Borges,
Filion, et Simard, 2010).
Pendant la dernière étape (consolidation), il
met en place une stratégie de promotion et de marketing de ses
solutions. C'est pendant ces moments qu'il cherche à atteindre le seuil
de rentabilité à travers la multiplication des ventes. La mise en
place d'une planification formelle et les pratiques de gestion deviennent des
instruments lui permettant d'atteindre ses objectifs(Borges, Filion, et Simard,
2010).
Ce processus entrepreneurial a été
utilisé par ces auteurs afin de mettre en exergue les difficultés
rencontrées par les créateurs d'entreprises à chaque
étape. Tout en procédant ainsi, ils font une comparaison entre
l'appréhension de ce processus par les jeunes entrepreneurs et leurs
aînés. À chaque fois, ils mettent la lumière sur la
nature et le niveau des difficultés chez les uns et les autres tout en
s'appesantissant sur le cas particulier des jeunes.
Cette approche du processus entrepreneurial n'est pas celle
que nous avons privilégiée dans le cadre de ce travail. La
dynamique de la création d'entreprises en Guinée ne s'appuie pas
cette démarche. Néanmoins, l'approche d'analyse utilisée
nous a paru assez pertinente. C'est pourquoi, bien que nous n'adoptions pas
dans notre analyse le processus entrepreneurial qu'ils ont proposée,
nous utiliserons quand même leur approche consistant à mettre en
exergue les différentes difficultés rencontrées par les
jeunes aux différentes étapes du processus.
Une autre classification des étapes du processus
entrepreneurial est celle qui met l'accent sur le parcours du créateur
d'entreprises. Selon celle-ci, le processus est composé de sept (7)
étapes.
La première étape de cette classification
correspond au moment où le créateur ou futur créateur
d'entreprisesdéveloppe une idée de projet. En d'autres termes, il
est amené à penser à une chose précise dont la mise
en place constituerait pour lui l'atteinte d'un objectif précis(CCI,
2015).
Une fois cette idée de projet acquise, la
deuxième étape du parcours intervient. Le créateur
procède à une étude commerciale qui lui permettra
d'analyser la demande des clients et de cerner la position des concurrents. Au
cours de celle-ci, il pourra déterminer la taille de son marché
cible, celle de son marché potentiel, le nombre de concurrents, leurs
forces et leurs faiblesses(CCI, 2015).
L'étape suivante (la troisième) est
l'étude financière au cours de laquelle l'entrepreneur fait
l'inventaire des investissements et des possibilités de profit. Il
s'agira de faire différentes simulations financières pour
s'assurer de la rentabilité du projet. Des instruments de la
comptabilité générale et des mathématiques
financières interviennent pour faciliter le travail (CCI, 2015)..
Au cours de la quatrième étape, le
créateur décide de la forme juridique et sociale de son
entreprise. Celle-ci dépendra de l'analyse qu'il fera des avantages et
des inconvénients liés à chacune des formes existantes ou
qui lui sont proposées(CCI, 2015)..
La cinquième étape correspond à la
recherche de financement. Au cours de celle-ci, le créateur compile
toutes les informations nécessaires de son projet dans un
document : le plan d'affaires. C'est ce dernier qu'il utilise pour trouver
du financement (ibid.).Le plan d'affaires est l'élément
qui permet au créateur de savoir si son projet tient la route. Il
facilitera notamment la levée de fonds pour le financement des
investissements du projet (Terrafemina, 2015). Tout financement externe
(surtout sous forme d'emprunts) dépend de la pertinence et de la
solvabilité qui ressortent du plan d'affaires.
La sixième étape consiste à faire des
démarches pour les formalités et l'immatriculation de
l'entreprise. Cette étape est également facilitée par les
centres de formalités des entreprises (CCI, 2015).
La septième étape quant à elle correspond
au lancement des activités de l'entreprise ainsi
créée(CCI, 2015).C'est le démarrage du
développement du premier produit ou service et la mise en place d'un
système de gestion de l'entreprise.
Cette classification des étapes du processus
entrepreneurial nous paraît être celle qui est adaptée au
contexte guinéen. Le processus de création d'entreprises en
Guinée utilise ces différentes étapes. Aussi, sur elle,
nous basons notre analyse du processus entrepreneurial. Nous avons
cherché à savoir si les jeunes entrepreneurs se donnent la peine
de suivre ce processus.
Ensuite, nous avons identifié pour chaque étape,
les différentes difficultés rencontrées et la contribution
de ces difficultés à la diminution de la culture entrepreneuriale
chez les jeunes de Conakry.
CHAPITRE III : REVUE
DE LA LITTÉRATURE
Ce chapitre traite des approches théoriques
utilisées pour l'ancrage théorique de l'étude.Ces
approches sont plutôt des paradigmes10(*) qui expliquent la dynamique entrepreneuriale. Le
chapitre est subdivisé en trois (3) sections. La première section
traite du paradigme des opportunités d'affaires.La seconde quant
à elle fait l'ébauche du paradigme des traits individuels. La
troisième section présente le paradigmedu processus
entrepreneurial.
Section 1 : Paradigme
de l'opportunité d'affaires
Inspiré du marketing, ce paradigme explique quel'examen
approfondi du comment, par qui et avec quels résultats sont
découvertes, évaluées et exploitées les
opportunités de création de futurs biens et services(Jaziri,
2009).
Ainsi, la raison première de la création d'une
entreprise réside dans le désir pour l'entrepreneur de
répondre à un besoin non satisfait sur le marché(Kirzner,
1997). Ces opportunités se classent à trois niveaux.
D'abord, les opportunités rencontrées sur le
marché sont le fruit de l'inefficience due à une asymétrie
de l'information ou aux limites de la technologie pour satisfaire des besoins
non satisfaits(Drucker, 2006).
Ensuite, ces opportunités peuvent être le
résultat d'un changement exogène qui touche aux conditions
sociales, politiques, démographiques ou économiques. En fin, ces
opportunités peuvent être le fruit d'inventions et de
découvertes et qui produisent ainsi de nouvelles connaissances(Drucker,
2006).
Une autre analyse du paradigme de l'opportunité
d'affaires présente deux prémisses du modèle
entrepreneurial. La première est associée à l'inefficience
des marchés. Cetteinefficience offre aux individus des
opportunités de profit(Venkataraman, 1997).
La dernière explique que même si le marché
approche un état d'équilibre, la condition humaine de
l'entreprise combinée à la tentation du profit et
l'avancée des connaissances et des technologies détruiront
l'équilibre tôt ou tard(Venkataraman, 1997).Ces deux
prémisses n'ont pas été utilisées dans le cadre de
nos analyses. Nous ne les trouvons pas pertinente dans le contexte
guinéen surtout par rapport aux jeunes.
La classification des types d'entrepreneurs faite par Coste
(2011) nous aide à mieux cerner ce paradigme. Celui-ci indique qu'il
existe quatre (4) types d'entrepreneurs. Le premier type d'entrepreneurs est
appelé « entrepreneur-expert » qui
crée son entreprise parce qu'il dispose de l'expertise dans le domaine
de sa création.
Le second type d'entrepreneurs est appelé
« entrepreneur-créateur » qui est
animé par le désir de créer. L'acte de création
constitue chez lui une passion. C'est le cas particulier des
« serials entrepreneurs » qui créent beaucoup
d'entreprises sans se préoccuper de leur développement (Coste,
2011).
Le troisième type d'entrepreneurs est
l' « entrepreneur-opportuniste ». Celui-ci
crée son entreprise pour faire des affaires. Il choisit donc son domaine
d'activité en fonction des opportunités qu'il parvient à
détecter sur le marché. Il bâtit son entreprise pour la
saisir (Coste, 2011).
Le quatrième type d'entrepreneurs est qualifié
d' « entrepreneur-militant » chez qui la
motivation à la création réside dans les valeurs
personnelles qu'il possède. Ces valeurs développent en lui une
forte conviction qui le motive et le pousse à se lancer (Coste,
2011).
Le paradigme de l'opportunité est celui qui explique la
motivation à la création chez les « entrepreneurs
opportunistes » de la classification de Philippe Coste.
L'intérêt de ce paradigme est de nous aider à expliquer le
facteur déclencheur de la création d'entreprises.En partant de
lui, nous prévoyons mettre en relation l'opportunité
identifiéeet l'action de créer une entreprise pour
déterminer la relation entre elles.
Section 2 : Paradigme
des traits individuels
Le paradigme des traits individuels explique que la
création d'entreprisesdépend des caractéristiques
personnelles du créateur. Selon cette tendance, les variables
sociodémographiques telles que : l'origine sociale, la
carrière professionnelle, les compétences, les motivations,
l'historique et la famille sont des facteurs qui déclenchent
l'initiative entrepreneuriale et qui favorisent la réussite des
créateurs d'entreprises(Jaziri, 2009).
Partant de cette approche, il existe une sorte de reproduction
des statuts sociaux au sein des familles(Passeron et Bourdieu, 1964). Les
entrepreneurs seraient des personnes qui proviennent de familles au sein
desquelles les parents ou alors un proche de la famille sont dans les
affaires'(Gasse et D'Amours, 2000). Ces personnes deviennent ainsi un
modèle(Diochon et Menzies, 2001) ou un groupe de
référence(Merton, 1997) pour les entrepreneurs.
Se pencher sur le paradigme des traits individuels, revient
à s'inscrire dans la dynamique des études réalisées
en entrepreneuriat qui sont parvenuesaux conclusions suivantes : le
développement de l'action entrepreneuriale est en grande partie
influencé par l'environnement. Le milieu immédiat influence
largement la création d'entreprises d'une région à l'autre
en fonction de l'inégalité des opportunités
d'affaires'''(Mezhoudi, 2001).
Ce paradigme met également l'accent sur le fait que le
niveau d'instruction des entrepreneurs est généralement plus
élevé que celui de l'ensemble de la populationsurtout dans le
domaine des technologies'(Gasse et D'Amours, 2000).
Contrairement à eux, Fortin (2002) explique que ceux
qui créent des entreprises sont généralement ceux chez qui
l'intelligence émotionnelle est plus grande que celle rationnelle.
Aussi, ceux qui ont un niveau d'instruction élevé entreprennent
moins que les autres.
Le dernier élément du paradigme des traits
individuels est la propension à l'autonomisation. Ainsi, Les
créateurs d'entreprises sont poussés par la recherche de
l'autonomie(Menzies et al. 2002).
Ce paradigme al'avantage de nous permettre de dresser le
profil des créateurs d'entreprises. Il consiste notamment à
répondre à la question : Qui est entrepreneur ?
Une fois la réponse à cette question établie, nous
serons à même d'identifier les variables qui déclenchent et
stimulent l'intention entrepreneuriale.
Nous prenons en considération toutes les analyses
développées au compte de ce paradigme. Ce sera une occasion pour
nous de les tester dans le contexte guinéen. Grâce à ces
différents tests, nous identifierons les différents profils
favorables au développement de la culture entrepreneuriale et de
l'entrepreneurship.
Section 3 : Paradigme
du processus entrepreneurial
Ce paradigme est en quelque sorte le point de rencontre des
précédents paradigmes. Il met l'accent sur le processus par
lequel passent les créateurs d'entreprises pour bâtir leurs
entreprises. Le paradigme du processus entrepreneurial consiste à
décrire et analyser les différentes étapes de la
création d'une nouvelle entreprise ou de la reprise d'une entité
existante, afin d'en élucider et cerner les problèmes pour y
remédier(Jaziri, 2009).
En analysant les différentes étapes du processus
entrepreneurial, certains auteurs ont pu mettre en exergue les étapes
qui causent plus de difficultés aux jeunes porteurs de projets
entrepreneuriaux.
Dans leur proposition du schéma du processus
entrepreneurial en quatre étapes, Borges, Filion, et Simard (2010)
mettent l'accent sur plusieurs éléments qui retardent le passage
des jeunes à l'acte entrepreneurial.
Dans un premier temps, ils indiquent que les jeunes
préfèrent avoir une expérience professionnelle plus
significative avant de se lancer dans une carrière entrepreneuriale
(Borges, Filion, et Simard, 2010). Ils ne pensent à
créer leurs entreprises que lorsqu'ils se sentent aptes à assumer
les fonctions d'un entrepreneur. L'expertise devient à leurs yeux la
clé pour réussir (Coste, 2011). Cette réflexion rejoint le
paradigme des traits individuels.
Dans un second temps, la mobilisation des ressources
financières n'est pas une chose facile pour les jeunes entrepreneurs.
Cela explique pourquoi ils mettent plus de temps que leurs ainés avant
de passer de l'idée de création à la décision de
créer (Borges, Filion, et Simard, 2010).
Ensuite, la réalisation d'une étude de
marché et la rédaction du plan d'affaires constituent toutes les
deux un véritable casse-tête pour les jeunes porteurs de projets
entrepreneuriaux. La réalisation de ces différentes
activités prend plus de temps chez les jeunes entrepreneurs que leurs
ainés. Dans la majorité des cas, ils ne se donnent même pas
la peine de faire une étude de marché et rédiger un plan
d'affaires(Borges, Filion, et Simard, 2010).
En fin, la phase de développement de l'entreprise est
celle qui cause encore plus de difficultés. Le développement des
produits/services, la commercialisation, l'embauche d'employés et
l'atteinte du seuil de rentabilité prennent plus de temps chez les
jeunes que ceux leurs ainés (Borges, Filion, et Simard, 2010).
Ce troisième paradigme est celui dont nous nous
servirons le plus pour expliquer notre sujet. Il nous aidera notamment à
passer en revue les différentes étapes de la création
d'entreprises.
En fonction de l'appréhension et de la gestion de ces
différentes étapes par les jeunes créateurs, nous pourrons
cerner les étapes qui constituent pour eux des goulots
d'étranglement. C'est une façon pour nous de mettre en exergue
les difficultés rencontrées par les jeunes créateurs
d'entreprises et les facteurs qui empêchent d'autres jeunes à se
lancer dans la dynamique entrepreneuriale.
CHAPITRE IV :
DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
Ce chapitre, présente la démarche pratique
utilisée pour collecter les données nécessaires à
la compréhension de notre problématiquede recherche. Il se
subdivise en trois (3) sections. La première traite des
différentes techniques de collecte de données. La seconde aborde
le public cible et l'échantillonnage et la dernière section quant
à elletraitede l'analyse des données.
Section 1 : Techniques
de collecte
Cette section est consacrée à la
présentation des techniques de collectes de données que nous
avons utilisées. Elle est composée de trois (3) sous-sections. La
première aborde la technique de recherche documentaire. La seconde
traite de l'enquête par questionnaire et la dernière, de
l'entretien individuel.
Sous-Section 1 : Recherche
documentaire
La recherche documentaire est une technique de collecte
transversale à toutes les grandes familles de méthodologie de
recherche (quantitative et qualitative) en sciences sociales. Elle est un
processus comportant les étapes suivantes : l'identification, la
récupération et le traitement des éléments divers
(chiffres, bibliographie, textes...) sur un sujet donné. Cette
identification est une étape indispensable à la synthèse
des connaissances et à la revue de la littérature'(IRDES11(*), 2016).
La particularité de la recherche documentaire
réside dans le fait qu'elle joue un rôle de
complémentarité. En d'autres termes, elle est utilisée
pour trianguler les données obtenues à partir d'autres
techniques(Lessard-Hébert, Boutin, et Goyette, 1997).
L'utilisation de cette technique dans notre recherche a
consisté à la lecture de documents à partir desquels nous
avons tiré des éléments nécessaires au
développement de notre sujet de recherche.Ces documents étaient
des ouvrages généraux, des ouvrages traitant de
l'entrepreneuriat, de la problématique juvénile, des questions
d'emploi, des articles scientifiques, la plupart publiés sur
Internet.
C'est par son biais que nous avons pu élaborer notre
problématique, faire l'analyse des concepts et développer notre
revue de la littérature. Durant le travail de recherche, ila
étéfréquemment faitrecours à elle pour donner un
sens à certaines observations provenant des enquêtes
menées. Un logiciel spécialisé a été
utilisé pour citer les sources des ouvrages utilisés et
générer la bibliographie. Il s'agit de Zotero Standalone12(*).
Sous-Section 2 :
Enquête par questionnaire
L'enquête par questionnaire est une technique directe
qui vise à poser des questions à un grand nombre d'individus,
habituellement de façon directive, pour faire un
prélèvement quantitatif(Angers, 1996).Elle permet de collecter
des informations sur divers aspects de la vie d'une large population. Son
utilisation requiert la conception d'un outil de collecte (le questionnaire)
renfermant les questions dont les réponses permettront d'obtenir des
renseignements(Angers, 1996). Il doit être soigneusement
élaboré avant le début de l'enquête et posé
sous une forme identique à tous les sujets interrogés. Les
questions sont choisies en fonction de l'objet de l'enquête(Loubet del
Bayle, 2000).
Les données collectées à travers cette
technique portent sur les comportements des informateurs, leurs opinions, leur
situation sociale, familiale ou professionnelle, leur niveau de connaissance ou
de conscience d'un phénomène, ou sur tout autre sujet(Angers,
1996).
Nous avons choisi d'utiliser cette technique, car nous
devrionscollecter des données destinées à une
quantification. Elle permet demesurer l'ampleur du phénomène
entrepreneurial chez les jeunes de la ville de Conakry.
Dans le cadre de cette étude, nous avons utilisé
deux questionnaires. Le premier ciblait les jeunes de la ville de Conakry
n'ayant aucune expérience entrepreneuriale et visait à obtenir
d'eux des informations permettant de mesurer l'intention entrepreneuriale. Le
second questionnaire a ciblé les créateurs et les gérants
d'entreprises. Il visait à détecter les difficultés qu'ils
rencontrent, leur profil et celui de leurs entreprises, les domaines
d'activités de leurs entreprises et leur connaissance du processus
entrepreneurial.
Sous-Section 3 : Entretien
individuel
L'entretien est une technique qui permet de collecter des
données qualitatives. C'est une discussion formelle entre un
intervieweur et un interviewé c'est-à-dire une personne choisie
pour servir d'interlocuteur à l'intervieweur(Bouchon, 2009).
Autrement appelée entrevue de recherche, cette
technique directe vise à interroger quelques individus afin de faire un
prélèvement qualitatif. L'entrevue de recherche collecte quelques
témoignages d'individus en les questionnant finement sur leurs
émotions, leurs expériences et leurs conceptions. Elle est
utilisée pour découvrir le motif commun du comportement des gens
etpermet d'aborder des domaines encore largement méconnus ou de se
familiariser avec les gens visés avant d'en rencontrer un plus grand
nombre en utilisant d'autres techniques(Angers, 1996).
L'idéal recherché en utilisant cette technique
est la diversification des projets c'est pourquoi il se déroule sous
forme de conversation orientée vers un but. Il permet de mettre en
évidence des représentations(Bouchon, 2009). Elle nous a permis
de collecter des informations auprès des structures d'aide à la
création d'entreprises et des établissements bancaires ou de
microfinance. Nous avons utilisé un guide d'entretien à
l'occasion. Les informations collectées grâce à ce guide
nous ont permis de faire une analyse de la politique d'accompagnement des
jeunes porteurs de projets d'entreprise.
Les structures rencontrées pendant la collecte des
données sont :
· Agence Guinéenne pour la Promotion de
l'Emploi;
· Fonds National pour l'Insertion des Jeunes;
· Afriland First Bank ;
· Coopérative populaire d'épargne et de
crédit de Guinée -Yètè Mali.
Nous avons choisi d'interviewer des représentants de
ces différentes structures parce qu'ils ont une présomption
d'implication dans notre sujet de recherche. Ces structures offrent aux jeunes
porteurs de projets d'entreprises un soutien qui peut prendre plusieurs formes.
Certaines aident les jeunes à obtenir le financement de leurs
investissements ; tandis que d'autres financent directement ces
investissements.
Section 2 : Public
cible et échantillonnage
Les données de cette étude ont été
collectées auprès des jeunes créateurs d'entreprises, des
jeunes sans expérience entrepreneuriale, des représentants de
structures d'aide à la création d'entreprises et
d'établissements financiers. Ce choix se justifie par le fait que ces
trois catégories d'individus ont une présomption d'implication
dans le phénomène étudié.
Avec les jeunes, nous avons fait usage de la technique
d'enquête par questionnaire. La technique d'entretien individuel a
été utilisée pour collecter des données
auprès des structures d'aide à la création d'entreprises
et des établissements financiers.Les individus interrogés pendant
les enquêtes par questionnaires ont été choisis à
travers la technique d'échantillonnage accidentel. C'est une technique
à partir de laquelle les individus qui composent l'échantillon
sont choisis sur la base de la convenance du chercheur(Angers, 1996).
Généralement, c'est la présence de l'individu lors du
passage de l'enquêteur et la volonté de participer à
l'enquête qui déterminent le choix.
Ce choix s'explique par l'absence de base de sondage à
partir de laquelleil seraitpossibled'appliquer une technique
d'échantillonnage probabiliste qui donne une garantie de
représentativité plus élevée.
Le questionnaire destiné aux jeunes sans
expérience entrepreneuriale a permis d'entrer en contact avec478
jeunes.Le questionnaire destiné aux jeunes créateurs
d'entreprisesa été administré à 66 jeunes. Ceux qui
ont participé aux entretiens individuels étaient aux nombre de
quatre (4)en fonction d'une personne par structure interviewée.
Les données ont été collectées au
cours d'une période de deux semaines allant du 5 au 18 septembre 2016.
Quatre enquêteurs ont été formés aux
différents questionnaires. Ils nous ont aidés à collecter
les données auprès des jeunes dans les différentes
communes. Nous nous sommes ensuite personnellement occupés de la
réalisation des entretiens auprès des structures d'appui à
l'entrepreneuriat.
Carte 1 : Localisation sondés pendant les
enquêtes dans les communes de Conakry
RATOMA
MATOTO
MATAM
DIXINN
Source : ONRG, 2010, Enquête du
candidat, 2016
Réalisation : Dr Daniel LAMAH,
Siba Théodore KOROPOGUI
Section 3 : Analyse
des données
Les données collectées à partir des
guides d'entretien ont été soumises à une analyse de
contenu manuel. Au cours de cette analyse les données ont
étéclassées dans une grille13(*) en fonction des divergences et
des convergences. Le verbatim de certaines informations a été
tiré et introduit dans l'interprétation des données.
L'analyse des données collectées à partir
des enquêtes par questionnaire a obéit à un processus
composé de plusieurs étapes. Dans le souci de réduire le
processus d'analyse et de permettre une facilité de manipulation des
données, la technique d'analyse automatique assistée
parl'ordinateur a été utilisée. Le processus a
commencé depuis la conception des outils de collecte. Les questionnaires
ont été conçus sur l'application
webKoboToolBox14(*). Toutes les questions y ont
été intégrées et codifiées.
Les questionnaires ont ensuite été
chargés sur l'application KoBoEnum15(*)sur Android 4.4.2.
Cette technique afacilité la collecte. L'étape suivante
a consisté à synchroniser les données des smartphones vers
l'ordinateur. Nous avons à cet effet utilisé l'application
KoboSync16(*)pour convertir les données collectées
afinqu'elles soient exploitables sous un autre logiciel d'analyse plus
sophistiqué. La préparation à l'exploitation des
données a été effectuée à partir du logiciel
SPSS (Statistical Package for Social Science). Le traitement
des données (épuration et dépouillement) a
été effectué à l'aide duTableur Excel
201317(*).Par son intermédiaire, les
différents tris (à plat et les tris croisés), les
traitements statistiques sur les variables numériques (mise en classe,
moyennes, maximum et minimum, médiane) et les représentations
graphiques ont été effectués.
La rédaction de ce rapport s'est faiteà l'aide
du traitement de texteMicrosoft Office Word 2013 sous
Windows 10.
La principale difficulté rencontrée au cours de
ce processus de recherche réside dans l'accès aux informateurs.
Nous avions souhaité interviewer plusieurs institutions
financières afin de comprendre le mécanisme d'octroi de
crédits aux porteurs de projets d'entreprises. Très
malheureusement, nous n'avons pas pu avoir accès à la plupart
d'entre elles. Nous nous sommes donc efforcé d'obtenir le plus
d'informations de celles qui ont accepté nous accorder un entretien.
La seconde difficulté était liée à
l'envergure du travail. Ne disposant pas de ressources financières
suffisantes pour effectuer les déplacements et se procurer du
matériel informatique nécessaire à la collecte et au
traitement des données, nous nous sommes fait aider par certains de nos
collaborateurs qui ont eu l'aimable volonté de mettre leurs appareils
(smartphones) à notre disposition. À cela s'ajoute les
difficultés liées à la collecte des données. Le
soutien financier de nos proches nous ont également permis de couvrir
les charges liées à la réalisation des enquêtes.
DEUXIÈMEPARTIE : RÉSULTATS
CHAPITRE V :
PRÉSENTATION DU CADRE D'ÉTUDE
La Guinée est un pays côtier de l'Afrique
occidentale, situé entre le 7e et le 13e
degré parallèle Nord, et entre le 8e et le
15e degré longitude Ouest. Elle est limitée au Nord
par le Mali, le Sénégal et la Guinée Bissau, à
l'Ouest par l'océan atlantique, à l'Est par la Côte
d'Ivoire, au Sud par le Libéria et la Sierra Leone. Le pays couvre une
superficie de 245 857 Km²(Diakité, 2004).
Le pays est subdivisé en quatre régions
naturelles. D'abord, la Basse Guinée ou Guinée maritime qui
abrite l'ethnie soussou (susu), majoritaire dans cette partie du pays. Ensuite,
La Moyenne Guinée ou Fouta Djallon est une région de plateaux et
de montagnes, couvrant près d'un tiers du pays où l'ethnie peule
domine numériquement. Puis, la Haute Guinée, habitée en
majorité par les Malinké, est une région de savane
occupant environ un tiers du territoire national. En fin, la Guinée
Forestière, région montagneuse et couverte de forêt, comme
son nom l'indique, regroupe plusieurs populations forestières dont les
Kissi, Toma et Guerzé(Diakité, 2004).
Du point de vue démographique, le pays compte
10.523.261 habitants (Institut National de la Statistique, 2016) avec une
densité 42.8 habitants par Km². Cette population est
majoritairement féminine et jeune. Les femmes représentent 52% de
la population. Les jeunes quant à eux constituent le quart de la
population(Kaba, 2014).
La croissance démographique est estimée à
2,5% par an. L'espérance de vie est de 54,5. La majorité de la
population est analphabète. Le taux d'alphabétisation est de 41%.
L'islam est la religion dominante avec une proportion de 85%. Le christianisme
est celle qui vient ensuite avec une proportion de 8%. Quant à
l'animisme, il est pratiqué par 7% de la population(MAED18(*), 2016).
Le pays dispose d'énormes potentialités.
Qualifié de « scandale géologique », il
regorge de richesses hydrographiques immenses ce qui lui vaut le titre de
château d'eau de l'Afrique de l'Ouest, d'un riche potentiel minier (un
tiers des réserves mondiales de bauxite, d'or, de diamant, de fer, de
manganèse, de zinc, de cobalt, de nickel, d'uranium) largement sous
exploité. Bien que disposant ces potentialités très
riches, son Produit Intérieur Brut par tête n'atteint que 588$. Ce
qui fait qu'il est classé parmi les pays très pauvres.
L'instabilité politique entre 2009 et 2013 a fortement handicapé
l'économie guinéenne : faible croissance,
accélération de l'inflation, doublement du déficit
budgétaire(MAED, 2016). À cela s'ajoute l'épidémie
de la Fièvre à virus Ébola qui a impactée la
dynamique globale de l'économie.
Cette étude porte essentiellement sur la capitale
guinéenne - Conakry - qui constitue le pôle d'attraction pour une
majorité de la population. Située sur le littoral de
l'océan atlantique, elle constitue le fief des affaires en
Guinée. À cause notamment de la présence de l'unique port
autonome, du seul aéroport international et d'une concentration de
toutes les structures ministérielles. Conakry est la plus grande ville
en termes de concentration démographique avec une population
estimée à1.660.973 habitants selon le dernier recensement
général de la population et de l'habitat (INS19(*), 2016).
La plupart des entreprises guinéennes sont
implantées dans la capitale Conakry. Celle-ci compte cinq communes. Il
s'agit de Kaloum, Dixinn, Matam, Matoto et Ratoma.
La commune de Kaloum s'étend sur une superficie
d'environ 25 km². Elle est délimitée par l'océan
Atlantique à l'ouest, au nord et au sud et par les communes de Dixinn
(nord-ouest) et Matam à l'est.
La population de la commune est passée de quelques 300
habitants en 1885 à 53 723 habitants en 1996 et 62 507 habitants en
2014, selon les chiffres du Recensement Général de la Population
et de l'Habitat. Une population constituée de 30 810 hommes et 31 697
femmes répartis dans 9 345 ménages(INS, 2016), avec un nombre
moyen de 7 individus par ménage et une densité urbaine de 2 500
habitants au km2.
La commune de Kaloum est le principal siège des organes
de gestion économiques et administratives du pays (Présidence,
Assemblée nationale, ministères, sièges de banques,
entreprises, le principal port du pays) et abrite le second plus grand
marché du pays (le marché Niger) (Coginta, 2016).
Les habitants de la commune sont plus actifs que ceux des
autres communes. Ce sont 45.7% qui sont actifs sur le marché du travail.
Une part relativement importante de femmes exerce une activité
professionnelle. Seules 51.2% d'entre elles sont des femmes qui s'occupent du
ménage. Les autres ont pour occupations principales, le commerce (36.6%)
et le secteur public (15%) (Coginta, 2016).
La pauvreté domine à Kaloum dont une partie de
l'habitat est fait de bâtiments en banco dotés de toits de
tôles hérité de l'époque coloniale. 36.1% des
résidents se qualifient de pauvres et 28.5% de modestes. Il n'y a que
16.7% des habitants qui classent leurs ménages dans la catégorie
des revenus moyens tandis que 18.8% déclarent avoir des revenus
supérieurs à la moyenne (Coginta, 2016).
Premier prolongement naturel de Kaloum, la commune de Dixinn
est composée de 22 quartiers.Sa population est estimée par le
recensement général de la population à 135 788 habitants
(68 574 hommes contre 67 214 femmes) répartis dans 20 063
ménages, soit environ 7 personnes par ménage (INS, 2016).
La commune de Dixinn abrite des infrastructures coloniales
comme la forêt de Camayenne et le cimetière de Cameroun, le stade
du 28 septembre, la 1ère Université nationale
(Université Gamal Abdel Nasser), le centre hospitalier universitaire
(CHU) de Donka, la cité ministérielle et la plus grande
mosquée de Conakry (Mosquée Fayçal) Le niveau de
pauvreté de Dixinn estimé par les habitants est de 34% de foyers
pauvres et 31.4% de foyers modestes (Coginta, 2016).
La commune de Matam est quant à elle limitée
à l'Est par la commune de Matoto, à l'Ouest par celle de Kaloum,
au Nord par Dixinn et au Sud par l'océan atlantique qui va de
Moussoudougou à Bonfi (bras de mer Dabondy) sur une distance de 8 km.
Elle couvre une superficie de 35 km² (Coginta, 2014). Elle compte 24
quartiers et une population estimée à 143 255 habitants pour 20
133 ménages avec une densité de 4 093 habitants au km2
(INS, 2016).
Le commerce et la pêche représentent 80% des
activités et occupent 70% de la population active. La commune de Matam
abrite le plus important centre commercial de la capitale et de la
Guinée : Madina. Ce poumon économique est le principal lieu
d'entrepôts et d'échanges de marchandises. Les transactions
journalières se chiffrent en milliards de francs guinéens. Ces
activités se font dans un environnement intense de mouvements de
personnes, de biens et de petits métiers comme les mécaniciens,
les réparateurs de tout type d'appareil, des tailleurs, des coiffeurs et
autres activités de commerce et d'artisanat (Coginta, 2014).
Dans cette commune, est située la principale
société des brasseries de Guinée (SOBRAGUI) et quelques
espaces de bureaux de sociétés minières (Rio Tinto) et
téléphoniques (Orange). Elle abrite aussi deux ministères
(celui de la Sécurité et de la Protection Civile et celui de
l'Environnement et des eaux et forêts). On y rencontre également
deux ambassades (Russie et Sénégal) et le siège du
système des Nations Unies (Coginta, 2014).
La commune de Matoto est l'une des deux grandes communes de la
ville de Conakry. Elle couvre une superficie de 36 km². Elle est
limitée à l'Est par la commune rurale de Manéah
(Préfecture de Coyah), à l'Ouest par la commune de Matam, au Nord
par le chemin de fer Conakry-Niger qui fait la limite avec la commune voisine
de Ratoma et au Sud par l'Océan atlantique.
Elle est la commune la plus peuplée de la ville de
Conakry avec une population de 666 640 habitants (dont 334 515 hommes
et 332 125 femmes) répartie entre 91 444 ménages. La taille
moyenne des ménages est de 7,29 personnes par ménage (INS,
2016).Ces ménages sont répartis dans 38 quartiers.
C'est également la commune de Matoto qui abrite
l'aéroport international de Conakry. On y rencontre également
deux des grands marchés de la ville. Il s'agit de ceux de Matoto et
d'Enta. Le nouveau grand marché de Conakry est également
situé dans l'un des quartiers de la commune (Dabondy 2).
La commune de Ratoma est la plus grande commune de la ville de
Conakry en termes de superficie. Elle s'étend sur une surface de 62
km². La commune est composée de 34 quartiers(Coginta, 2014). Elle
est limitée au nord par l'océan atlantique, à l'est par la
commune urbaine de Dubréka, au Sud par Matoto et à l'ouest par la
commune de Matam.
La population de la commune est de 652 783 habitants
(dont 328 320 hommes et 324 463 femmes) répartis dans
95 786 ménages(INS, 2016). La taille moyenne des ménages est
de 6.81 personnes par ménage.
CHAPITRE VI :
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS
Ce chapitre fait une présentation des données
collectées sur le terrain. D'originesdiverses,elles proviennent des
entretiens réalisés avec des jeunes sans expérience
entrepreneuriale, des jeunes créateurs d'entreprises et des structures
d'appui à la création d'entreprises. Le chapitre comporte deux
sections. La première présente les données obtenues
à partir des deux (2) questionnaires utilisés et la
dernière, les données obtenues à partir de la technique
d'entretien individuel.
Section 1 : Données
quantitatives
Cette section présente les résultats des
analyses faites sur les données quantitatives. Elles ont
été collectées auprès des jeunes sans
expérience entrepreneuriale et des jeunes créateurs
d'entreprises. Plusieurs variables sont entrées en ligne de compte dans
cette analyse. Celles-ci font l'objet des sous-sections qui composent cette
première section. Il y en a en tout six (6) sous-sections. Il s'agit
successivement : duprofil des répondants ;de l'intention
entrepreneuriale ;des motivations à la création
d'entreprises ;du profil des entreprises de jeunes ;du profil des
jeunes créateurs d'entreprises et des jeunes face au processus
entrepreneurial.
Sous-section 1 : Profil des
répondants
Plusieurs outils de collecte ont été
utilisés pour collecter les données. Parmi ces outils, deux
questionnaires ont essentiellement permis d'interroger les cibles directes de
cette recherche : les jeunes. Le premier questionnaire était
destiné à ceux qui n'avaient pas d'expérience en
matière d'entrepreneuriat (de 15 à 35 ans). Celui-ci visait
à disposer d'informations permettant de mesurer leurs intentions
entrepreneuriales.Le second questionnaire a été utilisé
pour entrer en contact avec des jeunes créateurs et gérants
d'entreprises. Le but était de réunir des informations permettant
de faire une description de leur profil, de celui de leur entreprise, des
facteurs les ayant poussé à créer des entreprises et des
difficultés qu'ils ont rencontrées pendant leurs démarches
entrepreneuriales.
Grâce au premier questionnaire, il a été
possible de toucher 478 jeunes dans toutes les communes de Conakry. Cet
effectif était composé de 52.06% d'hommes et 47.91% de femmes.
Comme indiqué sur la figure 6.1, 14.23% de ces sondés
résident dans la commune de Dixinn, 21.13% à Kaloum, 19.87%
à Matam, 21.76% à Matoto et 23.01% à Ratoma.
Figure 6.1 :
Répartition des enquêtés par sexe et par commune (jeunes
sans expérience entrepreneuriale)
Du point de vue de l'âge, 12.92% des sondés se
situent dans la tranche de 15 à 20 ans, 37.66% de 21 à 25 ans,
35.15% de 26 à 30 ans et 14.23% de 31 à 35 ans. Les jeunes
sondés sont pour la plupart célibataires (74.9%) et 25.11%
d'entre eux mariés.
Les jeunes sondés lors de cette recherche sont pour la
majorité de niveau universitaire. 36.61%d'entre eux ont
déclaré disposer d'un diplôme universitaire, tandis que
15.15% n'ont atteint que le second cycle du secondaire. Ceux qui ont atteint ou
complété le premier cycle du secondaire représentent
16.53% des sondés ; tandis que ceux qui ont atteint le niveau
primaire et effectué des études dans une école
professionnelle représentent chacun 9.83% de la population
sondées ; et ceux qui n'ont fait aucune étude
représentent 10.04%.
Figure
6.2 : Répartition des enquêtés par niveau d'étude
(jeunes sans expérience entrepreneuriale)
Notre investigation à couvert toutes les cinq (5)
communes de la ville de Conakry. La population de cette ville est largement
dominée par l'ethnie soussou dont la langue est la plus parlée.
Selon l'identité des jeunes sondés, 37.87% sont soussou, 27.41%
peulhs et21.97% malinké.Les ethnies kissi, kpèlè, toma et
konianké sont représentées successivement par 3.97%,
3.35%, 2.3% et 2.09% des sondés. 1.05% d'entre eux sont des
expatriés.
Figure
6.3 : Répartition des enquêtés par ethnie (jeunes sans
expérience entrepreneuriale)
Sur le plan religieux, la quasi-totalité des
sondés (89.54%) sont des musulmans, 10.25% se réclament du
christianisme (notamment, 5.86% sont catholiques, 3.35% de protestants, 1.04%
de témoins de Jéhovah) et 0.21% de libre penseur (sans
religion).
Figure
6.4 : Répartition des enquêtés par religion
(questionnaire destiné aux jeunes sans expérience
entrepreneuriale)
Grâce au questionnaire destiné aux
créateurs et gérants d'entreprises, nous avons
réalisé des interviews avec 66 créateurs et/ou
gérants d'entreprises. Cet effectif était composé de 80.3%
d'hommes et 19.7% de femmes. 77.27% étaient propriétaires
d'entreprises et 22.73% gérants d'entreprises.
La figure 6.5 ci-aprèsdonne plus de détails sur
la répartition de cet effectif par commune.
Figure
6.5 : Répartition des enquêtés par sexe et par commune
(jeunes créateurs d'entreprises)
Du point de vue de l'âge, 7.58% des créateurs
et/ou gérants d'entreprises sondés se situe dans la tranche de 15
à 20 ans, 31.21% de 21 à 25 ans, 40.91% de 26 à 30 ans,
30.30% dans celle de 31 à 35 ans. 43.94% sont mariés tandis que
56.06% se déclarent célibataires.
La plupart des créateurs et/ou gérants
d'entreprises interviewées durant cette étude étaient des
universitaires. 45.45% d'entre eux déclarent disposer d'un diplôme
universitaire. Ceux qui ont atteint le niveau baccalauréat
représentent la même proportion que ceux qui ont terminé le
premier cycle du secondaire (16.67% chacun). Ceux du niveau primaire et ceux
n'ayant pas fait des études représentent chacun 6.06% des
sondés.
Comme indiqué dans le tableau 6.1, plus de la
moitié des jeunes sondés (60.46%) n'ont eu aucune formation
liée à la création ou la gestion d'entreprise. Ceux qui
ont eu une formation en entrepreneuriat ou gestion d'entreprise ont cité
les cadres de formation suivants : lors d'une conférence ou
d'atelier de formation (20.09%), pendant un cours ou un module portant sur
l'entrepreneuriat ou la gestion d'entreprise (17.57%), lors d'une formation
aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat ou en gestion
d'entreprise (7.32%).
Tableau 6.1 :Formation des jeunes en entrepreneuriat
|
Fréquence
|
Aucune formation liée à la
création/gestion d'entreprises
|
60.46%
|
Lors d'une conférence ou d'un atelier
|
20.09%
|
Module/cours en entrepreneuriat
|
17.57%
|
Formation aboutissant à un diplôme en
entrepreneuriat
|
7.32%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
La plupart des jeunes entrepreneurs interrogés sont des
locuteurs de la languepoular. Le Poular est la langue maternelle de 33.33%. Les
locuteurs de la langue soussou représentent de25.76% des sondés,
ceux de la langue malinké 16.67%, le toma 9.09%, le kissi 6.06%, le
kpèlè et le konianké 4.55% pour chacun.
Du point de vue de la pratique religieuse des créateurs
et/ou gérants d'entreprises, il ressort de notre investigation que la
quasi-totalité (81.82%) des sondés sont des musulmans contre
18.18% de pratiquants des confessions chrétiennes (9.09% de catholiques,
7.58% de protestants et 1.52% de Témoins de Jéhovah).
Sous-section 2 : Intention
entrepreneuriale
Les jeunes de Conakry ont une vision positive de
l'entrepreneuriat. Interrogés sur le meilleur choix de carrière
pour un jeune, plus de la moitié des sondés (59.62%) ont
cité la création d'entreprises. Les autres quant à eux
préfèrent être salariés soit en qualité de
fonctionnaires d'État (15.48%), d'employés au sein d'une
entreprise privée (11.51%), d'employé d'une institution
internationale (11.09%) ou encore au sein d'une organisation non
gouvernementale nationale (2.30%).
Cette propensionà l'entrepreneuriat parait plus
développée chez les jeunes de la tranche d'âge de 21
à 30 ans que les autres tranches.Les gensse situant dans la tranche de
21 à 25 ans et voyant en la création d'entreprises le meilleur
choix de carrière représentent 23.43% des sondés.Ceux de
la tranche de 26 à 30 ans représentent 20.29% des
sondés.Cela ressort du tableau 6.2 ci-dessous.
Tableau 6.2 :Meilleur choix de carrière par
âge (jeunes sans expérience entrepreneuriale)
Meilleur choix de carrière pour jeune
|
Tranches d'âge
|
15 à 20 ans
|
21 à 25 ans
|
26 à 30 ans
|
31 à 35 ans
|
Total
|
Créer une entreprise
|
8.79%
|
23.43%
|
20.29%
|
7.11%
|
59.62%
|
Être fonctionnaire de l'État
|
2.51%
|
4.39%
|
4.39%
|
4.18%
|
15.48%
|
Être employé au sein d'une entreprise
|
1.26%
|
3.97%
|
3.97%
|
2.30%
|
11.51%
|
Travailler au sein d'une institution internationale
|
0.21%
|
5.02%
|
5.44%
|
0.42%
|
11.09%
|
Travailler au sein d'une ONG nationale
|
0.21%
|
0.84%
|
1.05%
|
0.21%
|
2.30%
|
Total
|
12.97%
|
37.66%
|
35.15%
|
14.23%
|
100.00%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
Pour mieux affiner notre compréhension de cette
intention d'entreprendrechez les jeunes de Conakry, nous les avons
amenés à faire un choix entre deux options. L'idée
était de cerner la place qu'ils accordent à l'option
entrepreneuriale suivant la disponibilité des moyens. Ces deux
opportunités étaient : le financement de ses études
et la création de son entreprise. Les résultats indiquent que
plus de la moitié (59.21%) des interviewés
préférèrentcréer leur entreprise s'ils disposaient
demoyens au lieu de financer leurs études. Cette dernière option
a été préférée par 40.79% des
sondés.
Ce sont surtout les jeunes femmes qui préfèrent
la carrière entrepreneuriale. Une analyse de niveau 2 (analyse
bidimensionnelle) entre l'option prioritaire et le sexe des sondés
indique que 30.54% de ceux qui préfèrent se lancer dans la
création d'entreprises sont des femmes contre 28.66% d'hommes.
Figure
6.6 : Option de préférence des jeunes par sexe (jeunes sans
expérience entrepreneuriale
Une autre analyse a fait ressortir que 85.36% des jeunes
sondés pensent pouvoir créer leur propre entreprise dans lescinq
(5) ans à venir. Sur cette proportion, 45.82% déclarent
être d'accord avec l'affirmation selon laquelle ils pourront créer
leur entreprise dans les cinq prochaines années, tandis que 39.54%
disent être fortement d'accord. Il y a par contre,14.64% des jeunes qui
pensent ne pas être à même de créer une entreprise
dans les cinq prochaines années bien qu'ils pensent pouvoir le faireun
jour.
Les jeunes qui souhaitent créer une entreprise
préfèrent investir principalement dans les activités du
secteur tertiaire. Le commerce est l'activité de
préférence de 34.73% des sondés. Les activités de
formation constituent la seconde préférence des jeunes qui
souhaitent se lancer dans une carrière entrepreneuriale. 13.60% d'entre
eux préfèrent se lancer dans ce domaine plutôt que dans
d'autres. Peu d'entre eux souhaitent se lancer dans des secteurs
nécessitant un investissement important. Le tableau 6.3 donne plus de
détails sur les domaines d'activités de préférence
des jeunes par sexe.
Tableau 6.3 : Secteur d'activité souhaité
par sexe (jeunes sans expérience entrepreneuriale)
Domaine d'activité souhaité
|
Sexe
|
Femme
|
Homme
|
Total
|
Commerce
|
19.04%
|
15.69%
|
34.73%
|
Éducation/Formation
|
4.60%
|
9.00%
|
13.60%
|
Service à la personne
|
6.69%
|
1.67%
|
8.37%
|
Industrie
|
2.72%
|
5.44%
|
8.16%
|
Prestation de service
|
2.51%
|
5.65%
|
8.16%
|
Agriculture/Élevage/Pêche
|
2.30%
|
3.56%
|
5.86%
|
Transport/Transit
|
0.84%
|
3.35%
|
4.18%
|
Nouvelles technologie de l'information et de la communication
|
1.26%
|
1.67%
|
2.93%
|
Sanitaire
|
1.88%
|
0.63%
|
2.51%
|
Immobilier/BTP
|
1.05%
|
0.63%
|
1.67%
|
Restauration
|
1.46%
|
0.00%
|
1.46%
|
Mines/Hydrocarbure
|
0.21%
|
0.42%
|
0.63%
|
Humanitaire
|
0.00%
|
0.42%
|
0.42%
|
NSP/RDR
|
2.72%
|
2.93%
|
5.65%
|
Autres
|
0.63%
|
1.05%
|
1.67%
|
Total
|
47.91%
|
52.09%
|
100.00%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
Le choix du domaine d'activités dans lequel les jeunes
souhaitent créer leurs entreprises dépend dans 34.94% des cas de
la rentabilité financière qu'ils y voient. 30.13% souhaitent
créer leur entreprise dans leur domaine de compétence, tandis que
16.95% veulent se lancer dans un domaine qui est lié à ce qu'ils
ont étudié. Les autres raisons de choix du domaine
d'activités sont : les raisons humanitaires et écologiques
(5.44%), des suggestions (3.97%), la passion pour le domaine (1.88%) et
l'absence d'autres choix (1.05%).
Figure 6.7 : Raison du choix
du domaine d'activité (jeunes sans expérience
entrepreneuriale)
Les jeunes créateurs d'entreprises ont, quant à
eux créé leur entreprise en majorité dans leur domaine de
compétence. 43.94% déclarent avoir choisi le domaine
d'activités de leur entreprise en tenant compte de l'expérience
qu'ils avaient de ce dernier. Ceux qui ont tenu compte de la rentabilité
du domaine pour faire leur choix représentent 36%. Les autres raisons du
choix du domaine évoquées par nos sondés sont : les
suggestions (7.58%) et le fait d'avoir fait des études en lien avec ce
domaine (3.03%).
Sous-section 3 : Motivations
à la création d'entreprises
Comme développé antérieurement, plus de
la moitié des jeunes sondés durant cette étude ont une
opinion positive de l'entrepreneuriat. Beaucoup trouvent en la création
d'entreprises le meilleur choix de carrière. Ils souhaitent créer
leurs propres entreprises et pensent pouvoir le faire dans les cinq prochaines
années ou l'ont déjà créé et sont en train
de la gérer. Nous avons voulu approfondir notre analyse du sujet en
cherchant à découvrir les facteurs de motivation à la
création d'entreprises.
Dans cette dynamique, nous avons mis à contribution
plusieurs variables afin d'en faire une analyse plus approfondie. Il s'agit
notamment de l'expérience entrepreneuriale des proches (membre de la
famille, amis, etc.), l'influence de l'entourage des jeunes et de
l'expérience du jeune dans une autre entreprise.
Il ressort de ces analyses que 58.37% des sondés ont
l'un de leurs proches qui sont ou ont été propriétaires
d'entreprises contre 41.42% qui n'en ont pas. 26.36% ont travaillé au
sein de l'entreprise de leurs proches et45.40% d'entre eux pensent que
l'entreprise de leur proche avec qui ils ont travaillé a
été un succès. Par contre, 10.25% d'entre eux gardent un
mauvais souvenir de l'expérience entrepreneuriale de leur proche avec
qui ils ont travaillé.
L'entourage des jeunes a une influence considérable sur
leur désir d'entreprendre. Une grande partie des sondés (72.8%)
dit avoir été encouragé par un procheà entreprendre
contre 26.78% qui ne l'ont pas été.75.52% des sondés
trouvent que leur entourage encourage généralement les jeunes
à se lancer dans la dynamique entrepreneuriale contre 23.64% qui pensent
le contraire.
Le fait d'avoir géré auparavant une entreprise
est un facteur qui contribue à accroitre le désir d'entreprendre
chez les jeunes. C'est ainsi que 55.44% des sondés déclarent
avoir auparavant géré une entreprise ou une organisation sociale
contre 44.14% qui ne l'ont jamais fait.
Étant donné qu'une proportion non
négligeable de jeunes préfèrele travail salarié au
détriment del'entrepreneuriat, nous avons voulu mieux comprendre les
motifs pour lesquels leur vision est différente de celle des autres.
Nous avons à cet effet fait recours à plusieurs
variables pour cerner les facteurs de démotivation à
l'entrepreneuriat. Deux de ces variables ont porté sur ce que pensent
les jeunes des compétences et qualités nécessaires
à un chef d'entreprise. Dans un premier temps, il a été
demandé aux jeunes de citer les qualités et compétences
nécessaires à un chef d'entreprise et en second lieu,il a
été posé la question de savoirauprès d'eux s'ils
possédaient au moins l'une de ces qualités ou
compétences.
Comme l'indique le tableau 6.4, les compétences et/ou
qualités les plus citées par les jeunes sont : l'art de
gérer les ressources humaines (62.97%), la disposition de
compétences en administration et finance (53.34%), le sens de
l'organisation (36.40%), la disposition d'un diplôme (26.78%), la
créativité et l'esprit d'innovation (25.31%) et l'amour du risque
(12.34%).
Tableau 6.4 : Compétences nécessaires
à un entrepreneur
|
Fréquence
|
Avoir l'art de gérer les ressources humaines
|
62.97%
|
Avoir des compétences administratives et
financières
|
53.34%
|
Être organisé
|
36.40%
|
Avoir un diplôme
|
26.78%
|
Être créatif/Innovant
|
25.31%
|
Aimer prendre le risque
|
12.34%
|
Être altruiste
|
2.93%
|
Être bien formé
|
1.46%
|
Être rigoureux
|
0.84%
|
Disposer d'un capital
|
0.63%
|
Avoir des relations
|
0.24%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
La majorité (81.8%) des sondés disposent au
moins de l'une de ces compétences et qualités. Par contre, 16.11%
d'entre eux ne disposent d'aucune de ces compétences et/ou
qualité.
Une autre variable étudiée portait sur les
principales raisons du manque d'intérêt de certains jeunes
pourl'option entrepreneuriale. Les raisons évoquées par les
sondés sont : « Cela demande trop d'argent »
(10 sondés), le manque d'intérêt (9 sondés), la
complication du processus entrepreneurial (6 sondés), l'influence des
échecs entrepreneuriaux constatés (4 sondés), le manque de
compétences et de qualifications nécessaires (2 sondés) et
la sensibilité au risque (2 sondés).
Tableau 6.5 : Principales raisons du manque
d'intérêt à la dynamique entrepreneuriale
|
Effectif
|
Cela demande trop d'argent
|
10
|
Je ne suis pas intéressé
|
9
|
C'est trop compliqué
|
6
|
J'ai de très mauvais exemples en matière
d'entrepreneuriat en tête
|
4
|
Je ne dispose pas de compétences et de qualifications
nécessaires
|
2
|
C'est trop risqué
|
2
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
L'opinion des jeunes sur ce qu'ils pensent êtredes
obstacles pour eux à se lancer dans la dynamique entrepreneuriale est
une autre variable que nous avons étudiée pour mettre en exergue
les facteurs de démotivation des jeunes à la création
d'entreprises.
L'analyse de cette variable indique que le manque de moyens
financiers est le principal obstacle potentiel à l'entrepreneuriat chez
les jeunes. Il a été cité par 83.05% des sondés.
Les autres obstacles cités sont : l'absence d'accompagnement
(6.28%) ; le manque de volonté (3.15%) ; le manque de
réseau relationnel solide (3.15%) ;l'absence de compétences
managériales (2.51%) ; la peur du risque (1.68%) et le manque de
formation (0.21%).
Tableau 6.6 :Obstacles potentiels à
l'entrepreneuriat chez les jeunes
|
Fréquence
|
Manque de moyens financiers
|
83.05%
|
Absence d'accompagnement
|
6.28%
|
Manque de volonté
|
3.15%
|
Manque de réseau relationnel solide
|
2.72%
|
Absence de compétences managériales
|
2.51%
|
Peur du risque
|
1.68%
|
Manque de formation
|
0.21%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
Conscient que la création d'entreprises
nécessite des investissements, nous avons fait usage d'une variable pour
mesurer la probabilité qu'un jeune porteur de projet
bénéficie de l'appui financier d'un proche. Il ressort des
résultats que 13.6% des sondés pensent qu'il est fortement
probable d'en bénéficieret 52.93% pensent cela probable. À
l'inverse, 21.13% pensent cela plutôt improbable et 11.09% qui pensent
que cela est fortement improbable.
Un autre niveau d'analyse pour cerner les facteurs de
démotivation à l'entrepreneuriat nous a amené à
nous pencher sur la connaissance des jeunes de l'existence de structures
d'appui à la création d'entreprises. Les données indiquent
que 59.62% des jeunes n'en ont aucune connaissance contre 28.03% qui disent
avoir connaissance de l'existence de telles structures.
Ceux qui ne souhaitent pas se lancer dans la dynamique
entrepreneuriale et ayant connaissance de l'existence d'un dispositif d'aide
à la création d'entreprisespensent que ces structures ne sont pas
à même de relever le défi en matière
d'entrepreneuriat des jeunes.Ils pensent que c'est uniquement du bluff
(30.76%) ;les conditions d'accès au dispositif mis en place ne sont
passatisfaisantes (30.76%) ; le manque de volonté (23.07%) et la
complexité du processus d'accès à l'appui de ces
structures (15.38%).
Tableau 6.7 :Raison du manque d'intérêt
à l'entrepreneuriat
|
Fréquence
|
C'est du bluff
|
30.76%
|
Les conditions d'accès ne sont pas profitables
|
30.76%
|
Manque d'intérêt à l'entrepreneuriat
|
23.07%
|
Le processus est trop compliqué
|
15.38%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
La maitrise du processus de création d'entreprises est
une variable que nous avons mise à contribution dans l'analyse des
facteurs de démotivation à l'entrepreneuriat. Interrogés
sur la connaissance qu'ils ont de ce processus, 57.95% des sondés
déclarent ne pas connaître les différentes étapes
contre 31.8% qui pensent les connaître.
Le fameux plan d'affaires considéré comme l'un
des éléments nécessaires à la création et
à la réussite d'entreprise est un outil dont 57.74% des
sondés déclarent ne pas savoir concevoir contre 28.03% qui
pensent en être à mesure.
Sous-section 4 : Profil des
entreprises de jeunes
Comme l'indique le graphique 6.8 ci-dessous, les entreprises
créées par les jeunes guinéens de Conakry évoluent
principalement dans le secteur tertiaire. Il s'agit notamment du commerce
(51.52%), de la prestation de service (30.3%), des services de beauté
(15.15%) et de la formation (3.03%).
Figure
6.8 : Répartition des entreprises créées par les
jeunes interviewés lors de l'enquête en fonction du secteur
d'activité
Plus de la moitié de ces entreprises (69.7%) sont des
propriétés individuelles contre 30.3% de propriété
collective. Au moment de l'enquête, ces entreprises avaient une
durée de vie comprise entre 1 et 25 ans (5.25 ans en moyenne). Une
distribution sur le nombre d'années d'existence indique que plus de la
moitié (53%) ont moins de 5 ans, 36.5% entre 5 et 10 ans, 6% entre 11 et
15 ans. Il n'y a que 5% des entreprises sondées qui ont une existence
qui va au-delà de 15 ans. Cette distribution est illustrée par la
figure 6.9 ci-dessous.
Figure
6.9 :Nombre d'années d'existence des entreprises sondées
Comme on peut le voir, plus de la moitié d'entre elles
évoluent sans aucune existence légale. Les résultats de
notre enquête indiquent que 53.03% de ces entreprises ne sont pas
enregistrées au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM)
contre 46.97% qui y sont enregistrées. Soit ces entreprises ne disposent
d'aucune forme juridique (71.21% des cas) ou encore sont des
sociétés à responsabilité limitée (28.79%
des cas).
Généralement de petites tailles, les entreprises
des jeunes ont un faible nombre d'employés. Elles comptent en leur sein
1 employé au minimum et 30 au maximum (3 employés en moyenne). La
mise en classe de cette série avec une amplitude constante de 2 indique
que 42.42% d'entre elles emploient entre 2 et 3 personnes et 34.85%
évoluent avec un seul employé(généralement le
propriétaire). Celles qui ont un nombre plus important
d'employéssont de l'ordre de 10.61% qui emploient entre 4 et 5
personnes, de 3.03% entre 6 et 7 personnes et 9.09% deplus de 8 personnes.
Une analyse bidimensionnelle (de niveau 2) nous a permis de
mieux cerner cette distribution. Nous avons à cet effet fait un
croisement entre le nombre d'employés de l'entreprise et le secteur
d'activités de celle-ci. Les résultats de cette analyse sont
présentés dans la figure 6.10 ci-dessous.
Figure
6.10 : Nombre d'employésde l'entreprise par secteur
d'activité
Ce sont les secteurs du commerce et de la prestation de
services qui embauchent un nombre élevé d'employés. Les
entreprises qui emploient entre 2 et 3 personnes sont celles qui exercent le
commerce (18.18%) et la prestation de services (16.67%). Il y a
également 7.58% dans les services de beauté.
Les entreprises qui emploient huit (8) personnes et plus sont
représentées à 4.55% dans le domaine du commerce, 3.03%
dans les services de beauté (service à la personne) et 1.52% dans
les prestations de service.
Les entreprises créées par les jeunes sont
généralement celles dont la création ne nécessite
pas un montant important en matière d'investissement. Notre
enquête a révélé que la création de 50% des
entreprises de jeunes a nécessité un investissement en
deçà de 10 millions de franc guinéens. 19.7% à un
montant de 10 à 20 millions, de 21 à 30 millions et de 31
à 40 millions, 3.03% chacun. Seulement 1.52% des entreprises
créées par les jeunes ont investi plus de 40 millions GNFau
moment de leur création.
Sous-section 5 : Profil des
jeunes créateurs d'entreprises
Certains jeunes ont exercé un autre emploi avant de se
lancer dans une carrière entrepreneuriale. Ils représentent
33.33% des entrepreneurs interrogés pendant l'enquête. Les autres
jeunes créateurs d'entreprises sondés (43.94%) ont
commencé leur carrière professionnelle en créant et en
gérant directement leur propre entreprise.Après s'être
lancés dans l'entrepreneuriat, 9.09% des entrepreneurs continuent
néanmoins d'exercer un autre emploi. Ils disent confier une partie de la
gestion de leur entreprise à une tierce personne.
Parmiles entrepreneurs qui ont exercé un autre emploi
avant de créer la leur propre, 13.64% ont fait plus de 4 ans dans
l'exercice de leur précédent emploi, 10.61% de 2 à 4 ans
et 9.09% de moins de 2 ans.
La formation en entrepreneuriat ne semble pas être un
facteur déterminant dans la décision d'entreprendre. 68.18% des
jeunes créateurs d'entreprisesdéclarent n'avoir
bénéficié d'aucune formation spécifique en
création ou gestion d'entreprise. Il n'y a que 28.9% des entrepreneurs
qui ont suivi au moins un module qui traite de l'entrepreneuriat et 3.03% qui
ont suivi une formation qui débouche sur l'obtention d'un diplôme
en entrepreneuriat ou création d'entreprises.
Figure
6.11 : Formation des jeunes en entrepreneuriat et création
d'entreprises
L'origine sociale semble être un facteur
déterminant dans le processus de décision de se lancer dans la
dynamique entrepreneuriale. 77.27% des jeunes entrepreneurs déclarent
avoir des parents qui sont ou ont été dans les affaires
entrepreneuriales contre 22.73%.
Sous-section 6 : Jeunes et
processus entrepreneurial
La création d'une entreprise est un processus qui
comprend un certain nombre d'étapes. Le créateur d'entreprises
doit avoir une vision globale de ces différentes étapes pour se
préparer et donner un élan vital à son entreprise.
Conscient de de fait, nous avons entrepris dans notre enquête
d'interroger ceux qui ont créé leur entreprise surla
maîtrise qu'ils pensent avoir de ce processus. Les réponses
obtenues indiquent que plus de la moitié (69.7%) des entrepreneurs ne
connaissent pas les étapes de ce processus contre 30.3%.
Dans la littérature entrepreneuriale traditionnelle, il
est conseillé de se renseigner sur le marché dans lequel l'on
souhaite se lancer. Il faut à ce sujet identifier ses concurrents, leurs
avantages et leurs faiblesses. Les données collectées indiquent
que 89.39% des entrepreneurs cohabitent avec leurs concurrents offrant les
mêmes produits/services qu'eux et dans le même secteur
géographique. Par contre, 10.61% n'ont pas de concurrents
évoluant dans la même aire géographique. Plus de la
moitié des entrepreneurs (57.58%)avaient connaissance de l'existence
d'entreprises concurrentes avant de créer la leur contre 12.12% qui n'en
avaient pas du tout connaissance.
Pour justifier pourquoi ils ont décidé
d'installer leur entreprise aumilieu de la concurrence, 36.36% des
entrepreneurs indiquent que « chacun a sa chance dans les
affaires ». Une proportion de 24.06% explique la qualité de
leurs produits/services dépasse celle de la concurrence. Pour 10.61%
d'entre les sondés, la présence des besoins non satisfait
malgré les solutions proposées par la concurrence, a
motivé leur passage à l'acte entrepreneurial.
Les entreprises créées par les jeunes sont
à 54.55% financées à partir des apports personnels de ou
des entrepreneurs, 28.79% par l'aide des parents ou de proches et seulement
3.04% qui ont bénéficié d'un emprunt auprès d'un
établissement financier (banque).
Une proportion de 72.73% des répondants déclare
ne pas être capable de concevoir un business plan contre 27.27% qui
déclare pouvoir le faire. 56.06% des créateurs n'ont pas
conçude plan d'affaires contre 21.21%.13.64% des créateurs ont eu
recours au service d'une tierce personne pour le concevoir contre 3.03% qui
l'on fait tout seul.
Ceux qui n'ont pas conçude plan d'affaires ne savent
pas ce que c'est (40.91%) ; pensent que c'est trop compliqué de le
concevoir (6.06%), n'ont pas été assisté par quelqu'un
pour le concevoir (6.06%), ne voulaient simplement pas le faire (1.52%) ou
pensent que ce n'est pas nécessaire d'en concevoir (1.52%).
Les entreprises de jeunes réalisent
généralement un chiffre d'affaire très faible. Les
entrepreneurs sondés lors de cette enquête déclarent dans
36.36% des cas avoir réalisé un chiffre d'affaires
inférieur à 5 millions GNF, 36.36% de 5 à 10 millions GNF
l'année ayant précédé l'enquête (2014). Seule
3.03% des entreprises ont généré un chiffre d'affaires
supérieur à 30 millions GNF. Voir la figure 6.12 ci-dessous.
Figure
6.12 : Chiffresd'affaires réalisés par les entreprises des
jeunes en GNF
Malgré cette faiblesse du chiffre d'affaires annuel
réalisé par les entreprises, la quasi-totalité (90.91%)
des entrepreneurs pensent réaliser des bénéfices contre
6.06% qui, au contraire, pensent être en situation de perte et 3.03%
pensent fonctionner au seuil de rentabilité (ne perdent ni ne
gagnent).
Il ressort de l'analyse des données que 80.3% des
répondants font un bilan régulier de leur entreprise contre 17.9%
qui n'en font pas. Ce bilan se fait en fonction du rythme décrit dans la
figure ci-dessous.
Figure
6.13 :Fréquence du bilan des entreprises de jeunes
Interrogés sur les difficultés
rencontrées pendant le processus de création de leur entreprise,
les jeunes entrepreneurs en ont évoqué plusieurs. Les
difficultés à trouver un local pour l'entreprise a
été cité par 59.1% des répondants. Quant à
la difficulté de trouver des fonds pour financer les investissements,
59.09% en ont fait mention. Les difficultés à gagner la confiance
des gens et/ou le manque de clients représentent 24.26%. L'obtention des
documents légaux est la dernière difficulté citée
(9.1%).
Figure
6.14 : Difficultés rencontrées par les jeunes
créateurs d'entreprises
Section 2 : Données
qualitatives
Cette section présente les différentes analyses
faites sur les données qualitatives. Ces dernières proviennent
des entretiens réalisésauprès de certaines structures
d'appui à la création d'entreprises. Ces informations ont
été regroupées dans deux sous-sections. La première
fait une présentation de la politique d'aide à la création
d'entreprises pour jeunes et la dernière traite de la stratégie
d'accompagnement des créateurs d'entreprises.
Sous-section 1 : Politique
d'aide à la création d'entreprises pour jeunes
La politique d'aide à la création d'entreprises
pour les jeunes s'exprime en termes d'accompagnement. Nos investigations ont
permis d'identifier différentes structures d'aide à la
création d'entreprises. Nous pouvons les regrouper en trois
catégories. Il s'agit des incubateurs, des structures étatiques
(publiques) d'aide à la création d'entreprises pour jeune et les
établissements financiers.
Les structures étatiques d'aide à la
création d'entreprises sont des organismes mis en place par le
gouvernement guinéen pour accroître l'employabilité des
jeunes. Ces organismes bénéficient d'un appui de la part des
institutions internationales dans le cadre de la réduction de la
pauvreté et de la promotion de l'emploi des jeunes.
Ces structures fournissent de l'aide sous plusieurs formes.
Cette aide vise à appuyer les entrepreneurs. Elle peut prendre la forme
d'un renforcement de capacité du créateur d'entreprises, la
structuration de son projet, l'appui à la recherche de financement, le
financement de la création et/ou du développement de
l'entreprise, l'appui à la gestion, etc.
L'aide apportée par ces organismes s'adresse uniquement
aux jeunes porteurs de projets d'entreprises. Il s'agit de ceux
âgés de 18 à 35 ans.Ces organismes d'aide ont pour
tâche,nous confiait l'un des interviewés,de :
S'occuper de la vie entrepreneuriale des jeunes,
c'est-à-dire de la politique à la conception, jusqu'à la
mise en oeuvre de toute la politique nationale liée à
l'auto-emploi des jeunes. Quand on parle de jeunes, ce sont ceux qui sont
âgés de 18 à 35 ans. Tous les jeunes qui sont
scolarisés, déscolarisés, non scolarisés, ou
même issus des familles très pauvres et qui n'ont pas cette
chance-là d'avoir une formation académique comme certains,
constituent en fait notre cible privilégiée dans
l'accompagnement.
Nous avons regroupé sous le vocable
`'établissements financiers'', toutes les institutions d'épargne
et de crédits. Il s'agit des banques primaires et des agences de
micro-finances. Ces institutions apportent leur soutien à
l'éclosion entrepreneuriale sous plusieurs formes.
Contrairement aux structures étatiques d'aide à
la création d'entreprises, les établissements financiers ne font
pas de l'âge un critère spécifique déterminant
l'accompagnement d'un porteur de projet. Ils proposent plutôt des
produits/services en tenant compte des besoins exprimés par ces
derniers.
Sous-section 2 :
Stratégie d'accompagnement des créateurs d'entreprises
Les structures étatiques d'aide à la
création d'entreprises offrent aux jeunes porteurs de projet une aide
que l'on peut situer à deux niveaux. Dans un premier temps, l'aide peut
consister en un appui à la constitution de l'entreprise et ensuite, en
une orientation des jeunes entrepreneurs pour une meilleure gestion de leurs
entreprises. Le propos ci-dessous recueillisauprès de l'une de ces
structures, illustre bien le fait :
L'aide que nous apportons va dans deux sens. D'abord la
formation et la mise à disposition des fonds. Nous avons tout un
mécanisme d'accompagnement, de l'idée d'entreprise à la
matérialisation de cette idée en business plan jusqu'à la
mise à disposition des fonds, et ensuite, nous les aidons à se
constituer et à gérer l'entreprise qu'ils viennent de
créer.
La mise à disposition des fonds prend deux formes
principales. La structure peut octroyer un montant bien déterminé
à l'entrepreneur pour financer sa création ou encore aider
celui-ci à obtenir le financement d'une institution internationale. Le
première forme de mise à disposition des fonds est une aide
« pour la création des micros entreprises, des petits
projets ». Le montant peut aller « de 20 000 0000
GNF à 50 000 000 GNF ».Les institutions internationales
partenaires de ces structures offrent un financement dont la
valeur« dépend du coût global du
projet » présenté par le jeune entrepreneur.
L'accès à l'appui des structures
étatiques d'aide à la création d'entreprises dépend
en grande partie de quatre conditions. Il faut : 1) être jeune,
2) de nationalité guinéenne, 3) porteur de projet et 4) accepter
se soumettre à l'idée de se faire accompagner par une institution
de promotion d'emploi des jeunes.
La durée de l'accompagnement fourni par les structures
étatiques est flexible. De la soumission du projet par le jeune
entrepreneur à la formation de celui-ci, peuvent s'écouler trois
(3) mois. Ces trois (3) mois sont mis à profit « pour
préparer le jeune à affronter le marché de
l'entrepreneuriat »nous disait l'un de nos
interviewés. Après la mise à disposition des
fonds, la durée de l'accompagnement « dépend de la
durée du projet qui peut aller de dix-huit mois à trois ans par
exemple ».
L'appui accordé par ces structures est gratuit. Seul le
montant du financement est à rembourser et généralement
avec un intérêt dont le taux est très faible en comparaison
àceluides banques. À propos de ce montant, l'une des structures
interviewées déclare : « C'est un crédit
révolving que nous avons et non une subvention. Quand on te donne de
l'argent pour financer ton entreprise, au retour il faut que tu puisses payer
cet argent avec un taux d'intérêt qui n'est pas
considérable comme les institutions bancaires. »
L'appui des établissements financiers à la
création d'entreprises est fonction de la catégorie à
laquelle elles appartiennent. Certains financent la création et le
développement de l'entreprise, tandis que d'autres ne financent
uniquement que son développement et non sa création.
En plus de l'octroi de prêts, les établissements
financiers orientent également les porteurs de projets. Ils leur
prodiguent des conseils et les aident à structurer leurs projets.
L'aide que nous apportons aux porteurs de projets
d'entreprises, en général c'est qu'ils nous demandent de
réévaluer leurs projets, de les lire, peut-être de leur
donner des conseils, leur apporter un accompagnement financier. Ce que les
gens oublient, c'est que la banque n'est pas là pour seulement donner de
l'argent. La banque peut aussi aider un promoteur à le structurer. Elle
peut aider un promoteur en lui donnant des conseils sur le choix de ses
partenaires par exemple. Donc, nous donnons parfois des conseils, des conseils
d'ordre financiers, bref, tous types de conseils qu'on peut donner.
Le cas spécifique des institutions de microfinance
fonctionnant sur le principe des coopératives est
particulièrement intéressant. Elles offrent un éventail de
solutions à leurs membres qui souhaitent développer leurs
affaires. En plus d'octroyer une aide financière sous forme de
prêt, un appui à l'organisation et une formation à la
gestion de l'entreprise, elles font aussi un accompagnement ennature.
L'accompagnement en nature se fait de la façon
suivante. On peut recevoir des coopératives de pêche par exemple.
Quand elles viennent, ce n'est pas de l'argent qu'on leur donne. On leur
demande ce dont ils ont besoin pour faire avancer leurs activités. Il
peut s'avérer que leur besoin soit de disposer de filets de pêche,
de moteur hors-bord, de pirogues, etc. À notre tour, au lieu de leur
donner de l'argent pour acheter ces équipements, nous les achetons
nous-mêmes et les mettons à leur disposition.
Comme développé précédemment,
l'aide apportée par ces établissements ne tient pas
forcément compte de l'âge de celui qui la sollicite. Les
établissements financiers offrent des produits/services à tous
ceux qui ont l'âge requis par la loi pour disposer d'un compte bancaire.
À la seule différence que ces institutions proposent des
produits/services adaptés aux besoins des clients.
Les membres des institutions de microfinances qui fonctionnent
sur le principe des coopératives ont droit à tous lesservices
qu'elles offrent. La plupart de ceux qui adhèrent à ces
coopératives sont des femmes, des jeunes, des organisations
non-gouvernementales et parfois des entreprises. Ces institutions appuient le
développement des entreprises qui existent déjà et non
celles qui sont en phase de création.
Nous, nous assistons des ONG, des organisations, des
groupements, des sociétés ou des organismes, mais pas celles qui
sont en phase de création. Nous assistons des ONG, des organisations,
des groupements, des sociétés ou des organismes de femmes qui
existent déjà, qui n'ont pas de moyens pour se développer
ou qui sont vers la faillite. Nous venons pour leur donner un coup de main pour
qu'ils se développent et ne tombent pas ou encore pour qu'ils
élargissent leurs activités. C'est le cas particulier des
commerçants.On ne donne pas de l'argent à quelqu'un pour qu'il
commence son commerce. Non ! Mais si tu es commerçant
déjà avec un capital de cinq millions, nous on peut venir
auprès de toi pour que tu accroisses ton commerce. On augmente tes cinq
millions à dix millions, par exemple.
Les établissements financiers octroient des prêts
aux entrepreneurs en fonction de certains paramètres. Les banques
primaires ne fixent généralement pas un montant maximum pour le
prêt à accorder à un porteur de projet. Leur financement
est fonction de la vision du projet, de sa rentabilité, de son
coût et des garanties de paiement. L'accès à un prêt
important auprès d'une institution de microfinance fonctionnant sous
forme de coopérative dépend en grande partie de
l'ancienneté du membre dans la coopérative (institution de
microfinance).
Ça dépend du projet et de la
fidélité de son porteur à notre coopérative. Toi tu
as fait un an, deux ans, trois ans avec nous, tu as
bénéficié d'un prêt, de deux prêts avec nous,
on ne peut pas te donner cinq millions et donner cinq millions à
quelqu'un qui est venu hier. Nous nous partons d'abord de la confiance. Il faut
travailler avec nous, avoir notre confiance et puis encore travailler avec. Le
montant dépend du projet. C'est de 100 000 GNF au minimum
à5 000 000 GNF en fonction de la durée, de la
fidélité, en un mot,de ce que tu as avec nous.
Outre cela, celui qui souhaite avoir un prêt
auprès de la coopérative de crédit doit au
préalable avoir épargné au moins 20 à 30% du
montant qu'il souhaite emprunter.
Les conditions d'accès aux prêts sont nombreuses
et varient d'une institution financière à l'autre et de la
catégorie à laquelle elle appartient. Fondamentalement, les
banques accordent un prêt à un porteur de projet après
avoir analysé son projet. Cette analyse porte dans un premier temps sur
le projet. L'un des représentants de ces structures nous a
confié:
Les conditions d'accès à la banque ou au
financement de la banque, c'est exclusivement le respect des procédures
de la banque. Il faut avoir la maitrise de ce que l'on veut
faire parce que c'est ce qui est le plus important. Avoir de
l'expérience et la logistique dans ce qu'on veut faire, avoir les hommes
qui peuvent porter le projet, qui peuvent conduire votre affaire. Lorsqu'on a
tout ça, on regardera ce que le projet apportera. Bref c'est l'analyse
du projet qui est la pièce fondamentale. Parce que c'est un
investissement que nous voulons faire dans ton projet.Donc nous chercherons
à savoir ce que le projet nous donnera en retour en termes de
profit.
Une fois que le banquier est rassuré de la
rentabilité et de la faisabilité du projet, il procède
à une seconde analyse. Celle-ci aura pour objet, le porteur de projet.
Le banquier cherchera à se rassurer que « le promoteur a
une bonne moralité, qu'il dispose des garanties (hypothèque par
exemple) et que le secteur de financement est un secteur dans lequel la banque
a défini un quota dans son budget »,nous confiaitl'un des
interviewés.
Les taux d'intérêt et les assurances sont
d'autres paramètres que la banque prend également en
considération. Le banquier et le porteur du projet doivent s'accorder
sur un taux avantageux pour chacun. L'approche de la banque sur les taux
d'intérêt dépend de la nature du prêt
sollicité par le porteur de projet. Le taux diffère selon que le
prêt soit à court, moyen ou long terme.
La durée de l'accompagnement d'un porteur de projet
dépend des besoins spécifiques qu'il exprime. Il peut concerner
la structuration de son projet ou sa nature même.
L'échéance de remboursement du prêt dépend du rythme
de génération des flux financiers du projet. L'analyse du projet
permet au banquier de déterminer la capacité de l'entrepreneur
à rembourser le prêt àl'échéancier
convenu.
Sous-section 3 : Obstacles
à l'appui à la création d'entreprises
De l'avis des structures étatiques d'aide à la
création d'entreprises et des établissements financiers,
l'accompagnement des jeunes porteurs de projets d'entreprise n'est pas toujours
facile.Les difficultés rencontrées par les structures d'aide
à la création d'entreprisesqui accompagnent les jeunes porteurs
de projets dans leur démarche entrepreneuriale sont liées
àla vision que ces jeunes ontde l'entrepreneuriat, de la nature,la
rentabilité et la structuration de leur projet.
Les structures étatiques d'aide à la
création d'entreprises reprochent aux jeunes guinéens le manque
de vision. Beaucoup s'intéressent peu ou pas du tout à
l'entrepreneuriat. Depuis la mise en place de ces structures, peu de jeunes ont
sollicité un accompagnement dans le domaine entrepreneurial. Le propos
ci-dessous de l'un de nos interviewés illustre bien ce fait :
Les jeunes sont très lents. Ça fait
près de deux ans et quelques mois mais nous n'avons même pas
encore 30 personnes qui soient inscrites dans notre banque de données.
Regardezvous-même dans la banque de données.Ça fait
près de 32 inscrits. Parmi les 32, nous n'avons que 6 dossiers et parmi
les six (6), nous avons trois (3) demandeurs d'emploi et trois (3) jeunes
promoteurs qui sont d'ailleurs installés déjà.
Ceux d'entre eux qui sollicitent un accompagnement pour se
lancer dans une carrière entrepreneuriale n'ont souvent pas la
motivation suffisante. Il arrive parfois qu'après avoir entamé le
processus, ils abandonnent. L'un de nos interviewés disait à ce
propos : « quand [les jeunes porteurs de projets] viennent
solliciter notre aide, nous les aidons à nettoyer leur projet.
Malheureusement,après le premier rendez-vous que nous leurdonnons, ils
entrecoupent. On ne les voit que deux mois plus tard et parfois
jamais ».
Le plus souvent, les jeunes renoncent à poursuivre la
démarche entrepreneuriale par manque de moyens financiers. En
sollicitant l'accompagnement auprès des structures, ils ne disposent
d'aucun moyen financier pour au moins couvrir les frais liés aux
démarches administratives. Pourtant, l'aide proposée par les
structures d'aide à l'entrepreneuriat jeune nécessite que le
porteur contribue financièrement à la réussite de son
projet pour être pris au sérieux par les financeurs. On peut le
voir dans ce que nous a confié l'un de nos interviewés.
Quand ils viennent solliciter de l'aide, certains se
buttent aux petites dépenses. Par exemple, il faut avoir une carte
d'identité, un certificat de résidence, un casier judiciaire,
mais ils ne les ont pas. Il y a l'un d'entre eux qui vient de quitter vous
l'avez peut-être croisé en venant, il n'a aucun de ces documents.
Je me dis mais écoute, ça on ne te dit même pas qu'il y a
des dépenses qu'il faut faire même avec le contact avec le
bailleur de fonds, si tu ne peux pas faire ça c'est que tu ne peux pas
te lancer dans l'entrepreneuriat.Si tu ne peux pas avoir une carte
d'identité, un certificat de résidence pour préparerles
dossiers pour le RCCM, mais si tu ne peux pas fournir les 100 000ou 200 000
qu'ils vont te demander pour immatriculer ton entreprise, tu ne peux pas ouvrir
une boite postale ni avoir un compte bancaire, tu ne peux pas avoir la
confiance du bailleur.
Comme évoqué antérieurement, les
établissements financiers ne financent pas la totalité des
investissements du projet. Ils viennent combler le manque.
Outre les éléments ci-haut cités, les
porteurs de projets n'ont souvent pas les compétences ou
l'expérience nécessaire dans le domaine où ils veulent se
lancer. Certains ne savent ni lire, ni écrire dans la langue de
communication officielle du pays.
Une autre difficulté dans l'accompagnement des jeunes
porteurs de projets est liée à la nature et à la
structuration des projets pour lesquels ils sollicitent un accompagnement.Leurs
projets sont souvent mal structurés, non rentables ou ne sont pas des
projets d'entreprises. L'un de nos interviewés, comme nous pouvons le
voir ci-dessous, est revenu sur ce faiten ces termes :
La plupart des jeunes qui viennent ici pensent que quand
on parle de projet, on parle de projet de développement et ça
c'est différent. C'est-à-dire pour un jeune qui vient avec un
projet, il vient avec un projet par exemple de tournoi de football ainsi de
suite.Pour lui, c'est un projet, alors que nous ce que nous demandons ce sont
des projets de création d'entreprises basés sur des idées
géniales et pouvoir accompagner les jeunes.Sinon,en termes de lacunes,
c'est que les projets sont mal montés.
Les établissements financiers aussi n'accordent de
prêtsaux porteurs de projets que s'ils trouvent le projet rentable. Un
ensemble de paramètres estpris en considération pour prendre la
décision d'accompagner ou pas. L'un de nos répondants
déclarait à ce sujet :« Notre décision
d'accompagner un porteur de projet dépend de l'analyse que nous faisons
de son projet, de ses coûts, de la maîtrise que le promoteur a de
son projet, des garanties que nous avons et de l'utilité même du
projet. »Le projet doit donc disposer d'une capacité
à générer des flux nécessaires au remboursement du
prêt, des garanties de remboursement du prêt et de
l'expérience du promoteur dans le secteur d'activités de sa
futureentreprise.
Les produits et/ou services fournis par l'entreprise en
constitution doivent également correspondre à un besoin
exprimé par la population de son environnement. Cela a été
évoquépar l'un de nos interviewés en ces termes.
Par exemple, je peux venir vous dire que j'ai un projet
d'importationen Guinée des pommes de terre. Supposons que je
désire installer mon entreprise à Labé et y importerde la
pomme de terre.Vous-même vous convenez avec moi d'abord que la production
interne de la zone est forte.Tu vas voir est ce qu'il y a une grappe que la
production interne ne peut pas couvrir.Cela va définir votre besoin
d'importation et c'est sur cela que la discussion avec le banquier portera. Si
jamais le projet que vous soumettez n'est pas utile, ne répond pas aux
besoins, bref ne vient pas couvrir une demande exprimée, ne
résout pas un problème concret, le banquier aura du mal ou ne va
pas le financer.
Les établissements financiers se retiennent
d'accompagner certains porteurs de projets pour des raisons liées
« au manque de garantie et l'inexpérience du promoteur. La
banque considère que l'octroi d'un prêt à un promoteur
qu'elle estime ne pas disposer de l'expérience nécessaire est un
gros risque »,nous a ditl'un de nos interviewés.
CHAPITRE VII :
INTERPRÉTATION DES DONNÉES
Ce chapitre porte sur l'interprétation des
données collectées et analysées de la présente
étude. Le chapitre est composé de deux (2) sections. La
première traite des facteurs qui contribuent au développement de
la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises. La seconde
quant à elle traite des facteurs qui constituent un obstacle au
développement de l'entrepreneuriat.
Section 1 : Facteurs
contribuant au développement de la culture entrepreneuriale et de
l'entrepreneurship des jeunes de Conakry
En nous servant du paradigme des traits individuels, nous
avons pu mettre en exergue plusieurs facteurs qui contribuent au
développement de la culture entrepreneuriale et de la création
d'entreprises chez les jeunes de Conakry. Les différentes variantes du
paradigme utilisées sont : les entrepreneurs viennent
généralement de familles où un membre est ou a
été entrepreneur ; les entrepreneurs viennent de milieux qui
valorisent l'entrepreneuriat ; la carrière professionnelle, la
propension à l'autonomie et le niveau d'instruction favorisent le
passage à l'acte entrepreneurial.
Sous-section 1 :
Entrepreneur : fruit de son milieu
Un entrepreneur se forge à partir des influences de son
milieu. Aussi, un milieu qui valorise l'entrepreneuriat développe
l'envie d'entreprendre des individus qui y vivent (Fortin, 2002).
Développer la culture entrepreneuriale et in fine
l'entrepreneurship, dépend dans une large mesure des influences du
milieu. Cela est vrai dans le cas des jeunes de Conakry. Nos analyses nous ont
amené à deux (2) rôles joués par ces influences sur
le phénomène entrepreneurial.
Premièrement,les jeunes de Conakry qui sont issus de
familles d'entrepreneurs ont une culture entrepreneuriale plus
développée que les autres. Il y a 61.29% d'entre eux qui pensent
que la carrière entrepreneuriale est la meilleure qui soit, 96.77%
désirent créer une entreprise dans le futur et 88.88% pensent
pouvoir y arriver dans les cinq prochaines années.
Cette envie d'entreprendre aussi significative chez les jeunes
de Conakry s'explique par le fait qu'ils sont généralement
influencés par les entrepreneurs qui sont de leurs familles. Ils les
considèrent comme des modèles à imiter et sont
fréquemment incités à entreprendre par les encouragements
qu'ils reçoivent de leur part. C'est ainsi que 76.84% de ceux qui ont
une opinion positive de l'entrepreneuriat déclarent avoir
été encouragés par un proche.
En plus, la croyance en la possibilité de passer
à l'acte entrepreneurial en moins de cinq ans est plus significative
chez les jeunes qui viennent d'une famille d'entrepreneurs ou d'un milieu qui
encourage les jeunes à l'entrepreneuriat. Les jeunes qui pensent arriver
à cet objectif représentent 88.88% de ceux qui viennent de
familles d'entrepreneurs, 85.6% de ceux qui ont été
encouragés par leurs familles à entreprendre et 65.36% qui
pensent que l'entrepreneuriat est valorisé par leur entourage. Il
s'ensuit donc que les entrepreneurs sont créés par leur
milieu.
Deuxièmement, les jeunes créateurs d'entreprises
de Conakry venant de familles où, au moins, un membre est entrepreneur
sont les plus nombreux. De nos résultats, il ressort que 74.51% des
jeunes entrepreneurs qui viennent de ce type de famille. Aussi, nous en
déduisons qu'il existe une espèce de reproduction des statuts
sociaux (Passeron et Bourdieu, 1964) dans les familles d'entrepreneurs de
Conakry.
Ces analyses confortent deux variantes du paradigme des traits
individuels. Il s'agit de la variante qui explique que les entrepreneurs
proviennent généralement de familles où les parents ou
l'un des proches sont dans les affaires ('Gasse et D'Amours, 2000) et de celle
qui explique que le milieu immédiat influence largement la
création d'entreprises '''(Mezhoudi, 2001).
Cependant, il ne faut pas en conclure que le
phénomène entrepreneurial est génétique. La famille
et l'entourage constituent des facteurs qui prédisposent à
l'entrepreneuriat. Par conséquent, il ne faut pas les considérer
comme des conditions sine qua non à la création
d'entreprises. Siomy (2007) expliquait d'ailleurs que le fait de penser qu'il
faut appartenir à une famille ou un clan d'entrepreneurs pour devenir
entrepreneur est un mythe.
Seulement, la famille et le milieu contribuent largement au
lancement de l'entrepreneur. Ce qui explique le fait qu'il y ait plus de jeunes
entrepreneurs venant de familles d'entrepreneurs à Conakry que d'entre
ceux venant des familles dans lesquelles il n'y en a aucun.
Boutillier et Dokou (2006), expliquent également que la
famille contribue de plusieurs façons au développement de
l'entrepreneurship. Elle offre à l'entrepreneur son soutien financier,
matériel et surtout psychologique (à partir des conseils et la
participation au fonctionnement de l'entreprise). Ce soutien est un facteur
déterminant dans la création de l'entreprise. Cela se
vérifie également dans le cas des jeunes de Conakry.
Les jeunes de Conakry qui ont créé des
entreprises déclarent avoir été appuyés
financièrement par les membres de leur famille. Cet appui a
contribué à accroître les capacités de financement
de leurs projets entrepreneuriaux. Par exemple, toutes les entreprises (100%)
que des jeunes ont créées en utilisant plus de
40 000 000 GNF dans les investissements ont
bénéficié de l'aide financière d'un membre de la
famille de l'entrepreneur. La moitié (50%) de celles qui ont
utilisées entre 31 millions et 40 millions GNF a également
bénéficié de cet appui.
En outre, la conviction de pouvoir bénéficier
d'un appui financier de la part des membres de sa famille pour son projet
entrepreneurial, développe la valorisation de la carrière
entrepreneuriale et le désir d'entreprendre chez les jeunes. Ainsi,
67.39% d'entre eux valorisent la carrière entrepreneuriale et 67.79%
veulent créer leurs propres entreprises.
Sous-section 2 :
Carrière professionnelle et création d'entreprises
L'une des variantes du paradigme des traits individuels
explique que l'expérience professionnelle est un facteur qui
déclenche l'initiative entrepreneuriale (Jaziri, 2009). Ainsi, le fait
d'avoir auparavant participé à la gestion d'une organisation
sociale, d'avoir travaillé avec un proche entrepreneur et de garder un
bon souvenir de l'entreprise de celui-ci, contribuent au développement
de la culture entrepreneuriale et au désir de passer à l'acte
entrepreneurial.
Les résultats de notre étude indiquent que les
jeunes qui valorisent la carrière entrepreneuriale, qui ont l'intention
de créer une entreprise et qui veulent passer à l'acte
entrepreneurial sont en grande partie influencés par leur
expérience professionnelle. Celle-ci a été mesurée
à partir de trois variables. Il s'agit du fait d'avoir
géré auparavant une organisation sociale (entreprise par
exemple), d'avoir travaillé dans l'entreprise d'un proche et le fait de
penser que l'entreprise de ce dernier a été une
réussite.
Comme indiqué dans le tableau ci-dessous, le fait
d'avoir participé à la gestion d'une organisation augmente la
culture entrepreneuriale des jeunes de Conakry. Ce sont 65.28% de ces jeunes
qui valorisent la carrière entrepreneuriale, 96.98% qui veulent
créer leur propre entreprise et 91.05% qui ont la conviction de pouvoir
passer à l'acte entrepreneurial dans les cinq prochaines années.
Tableau 7.1 : Culture
entrepreneuriale et participation à la gestion d'entreprises
|
Avez-vous auparavant géré une
organisation sociale ?
|
Culture entrepreneuriale
|
Oui
|
Non
|
Total
|
La création d'entreprise est le meilleur choix de
carrière pour un jeune
|
65,28%
|
34,72%
|
100%
|
J'ai l'intention de créer une entreprise
|
96,98%
|
3,02%
|
100%
|
Dans les cinq prochaines années, je créerai mon
entreprise
|
91,05%
|
8,95%
|
100%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
Le fait d'avoir travaillé dans une entreprise, et
surtout celle d'un proche, accroit la culture entrepreneuriale des jeunes de
Conakry. En effet, 65.08% d'entre eux valorisent la carrière
entrepreneuriale, 96.03% ont l'intention de créer leurs propres
entreprises et 88.09% ont la conviction qu'ils pourront créer leurs
entreprises dans les cinq prochaines années.
Tableau 7.2 : Culture
entrepreneuriale et expérience dans l'entreprise d'un proche
|
Avez-vous travaillé dans l'entreprise d'un
proche ?
|
Culture entrepreneuriale
|
Oui
|
Non
|
Total
|
La création d'entreprise est le meilleur choix de
carrière pour un jeune
|
65,08%
|
34,05%
|
100%
|
J'ai l'intention de créer une entreprise
|
96,03%
|
3,97%
|
100%
|
Dans les cinq prochaines années, je créerai mon
entreprise
|
88,09%
|
11,91%
|
100%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
La culture entrepreneuriale des jeunes est également
influencée par la réussite des proches parents qui
évoluent dans une carrière entrepreneuriale. Avoir la ferme
conviction qu'un proche parent qui est ou qui a été entrepreneur
a réussi dans son projet entrepreneurial développe la culture
entrepreneuriale des jeunes de Conakry.
En effet, 61.75% des jeunes qui pensent que le projet
entrepreneurial de leur proche a réussi valorisent la carrière
entrepreneuriale. D'un autre côté, 97.21% d'entre eux veulent
créer leurs propres entreprises et 90.18% ont la conviction de pouvoir
créer une entreprise dans les cinq prochaines années.
Tableau 7.3 : Culture
entrepreneuriale et conviction de la réussite du projet entrepreneurial
d'un proche avec qui le jeune a travaillé
|
Pensez-vous que votre proche entrepreneur a
réussi son projet entrepreneurial ?
|
Culture entrepreneuriale
|
Oui
|
Non
|
Total
|
La création d'entreprise est le meilleur choix de
carrière pour un jeune
|
61,75%
|
38,25%
|
100%
|
J'ai l'intention de créer une entreprise
|
97,21%
|
2,79%
|
100%
|
Dans les cinq prochaines années, je créerai mon
entreprise
|
90,18%
|
9,82
|
100%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
De ce qui précède, nous pouvons en
déduire que, dans le contexte actuel de la Guinée, plusieurs
variantes du paradigme des traits individuels expliquent le
phénomène entrepreneurial des jeunes. Il s'agit notamment de
l'origine sociale, de l'environnement et de la carrière professionnelle.
Les milieux, familles et sociétés qui accordent de la valeur
à l'entrepreneuriat et qui encouragent leurs jeunes à poursuivre
une carrière entrepreneuriale, stimulent la culture et les actes
entrepreneuriaux(Fortin, 2002).
Sous-section 3 : Propension
à l'autonomie et création d'entreprises
La troisième variante du paradigme des traits
individuels a également pu être vérifiée dans le cas
des jeunes de Conakry. Cette variante est celle qui explique la création
d'entreprises par la propension à l'autonomie. Le désir
d'être autonome ou indépendant pousse les jeunes à
préférer la carrière entrepreneuriale que celle du
salariat.
Ce sont 49.79% des jeunes sondés lors de nos
investigations qui expliquent leur envie d'entreprendre par le désir
d'être autonome. Ceux qui ont créés leurs entreprises sont
68.18% à affirmer avoir créé leurs entreprises pour
être autonomes ou indépendant.
Comme on peut le voir sur les tableaux ci-dessous, la
propension à l'autonomie est la principale raison et la plus
citée pour expliquer l'intention et le passage des jeunes de Conakry
à l'acte entrepreneurial. Que ce soit chez les jeunes qui ont
créés leurs entreprises ou chez ceux qui ne l'ont encore pas
fait, les tendances sont les mêmes.
Tableau 7.4 :
Motivations à la création chez les jeunes sans expérience
entrepreneuriale
|
Fréquence
|
Pour être indépendant (autonome)
|
49,79%
|
S'épanouir/Gagner plus d'argent
|
42,47%
|
Pour se lancer un défi/réaliser un rêve
|
11,51%
|
Pour créer de l'emploi et participer au
développement du pays
|
6,28%
|
Pour imiter un proche
|
4,81%
|
Répondre à un besoin non satisfait sur le
marché
|
3,56%
|
Par contrainte
|
1,05%
|
Pour des raisons humanitaires
|
0,84%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
Tableau 7.5 :
Motivations du passage à l'acte entrepreneurial chez les jeunes
créateurs d'entreprises
|
Fréquence
|
Pour être indépendant (autonome)
|
68,18%
|
S'épanouir/Gagner plus d'argent
|
28,79%
|
Répondre à un besoin non satisfait sur le
marché
|
10,61%
|
Pour se lancer un défi/réaliser un rêve
|
6,06%
|
Par contrainte
|
1,52%
|
Pour imiter un proche
|
1,52%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
Nous en déduisons donc que, la propension à
l'autonomie est bien l'un des facteurs explicatifs du développement de
la culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises chez les
jeunes de Conakry (Menzies et al., 2002).
Sous-section 4 : Niveau
d'instruction et création d'entreprises
La dernière variante du paradigme des traits
individuels n'a quant à elle pas pu être vérifiée
par nos résultats. Il s'agit du niveau d'instruction'(Gasse et D'Amours,
2000). Nos résultats indiquent que l'entrepreneuriat est valorisé
par les jeunes de Conakry quel que soit le niveau d'instruction.
Comme l'on peut le remarquer à partir du tableau
ci-dessous, la valorisation que les jeunes de Conakry ont de la carrière
entrepreneuriale est significative quel que soit le niveau d'instruction. Plus
de la moitié d'entre eux, en fonction de chaque niveau d'instruction,
accordent plus d'importance à l'entrepreneuriat qu'au salariat.
Tableau 7.6 : Meilleur
choix de carrière et niveau d'instruction
|
Niveau d'instruction
|
Quelle est le meilleur choix de carrière pour un
jeune ?
|
Aucun
|
Baccalauréat
|
BEPC
|
Primaire
|
Professionnel
|
Université
|
Total
|
Créer une entreprise
|
66,67%
|
60,98%
|
68,35%
|
59,57%
|
55,32%
|
54,29%
|
59,62%
|
Être employé au sein d'une entreprise
|
8,33%
|
12,20%
|
7,59%
|
21,28%
|
14,89%
|
10,29%
|
11,51%
|
Être fonctionnaire de l'État
|
18,75%
|
12,20%
|
18,99%
|
14,89%
|
23,40%
|
12,57%
|
15,48%
|
Travailler au sein d'une institution internationale
|
4,17%
|
12,20%
|
5,06%
|
4,26%
|
6,38%
|
18,29%
|
11,09%
|
Travailler au sein d'une ONG nationale
|
2,08%
|
2,44%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
4,57%
|
2,30%
|
Total général
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
100%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
La tendance est la même quand il s'agit de l'envie
d'entreprendre. Presque tous ces jeunes de Conakry veulent créer leurs
propres entreprises quel que soit le niveau d'instruction.
Tableau 7.7 :
Intention d'entreprendre et niveau d'instruction
|
Avez-vous l'intention de créer une
entreprise ?
|
Niveau d'instruction
|
Oui
|
Non
|
NSP/RDR
|
Total
|
Aucun
|
97,92%
|
0,00%
|
2,08%
|
100,00%
|
BEPC
|
97,47%
|
2,53%
|
0,00%
|
100,00%
|
Université
|
94,29%
|
5,71%
|
0,00%
|
100,00%
|
Primaire
|
93,62%
|
6,38%
|
0,00%
|
100,00%
|
Professionnel
|
93,62%
|
6,38%
|
0,00%
|
100,00%
|
Baccalauréat
|
92,68%
|
4,88%
|
2,44%
|
100,00%
|
Total
|
94,77%
|
4,60%
|
0,63%
|
100,00%
|
Source : Enquête sur la création
d'entreprises par les jeunes de Conakry
Nous expliquons cette situation par les conditions
d'employabilité qui prévalent dans le pays. L'accès des
jeunes à l'emploi devient de plus en plus compliqué. Les offres
d'emploi exigent des diplômes et une expérience professionnelle de
plus en plus élevés. Se lancer dans une carrière
entrepreneuriale devient dès lors l'unique choix qui s'offre à
eux. Il devient dès lors plus facile de comprendre pourquoi ils veulent
tous créer des entreprises.
Section 2 : Obstacles
au développement de la culture entrepreneuriale et de
l'entrepreneurship
Les résultats de notre étude ont mis en exergue
trois principaux facteurs qui entravent le passage des jeunes à l'acte
entrepreneurial. Il s'agit de la complexité du processus
entrepreneurialproposé, de l'existence de goulots d'étranglement
entre la culture et l'acte entrepreneurial et de l'inadaptation des politiques
d'appui à l'entrepreneuriat. Chacun de ces facteurs est
développé dans les trois sous-sections suivantes.
Sous-section 1 : Processus
entrepreneurial en cause
Au regard de l'analyse des résultats, il est ressorti
que l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les
jeunes de Conakry en matière d'entrepreneuriat est l'appréhension
et la maîtrise du processus de création d'entreprises. Certains
jeunes n'ont aucune connaissance des différentes étapes de ce
processus ou en ont une image faussée. D'autres jeunes quant à
eux trouvent que le processus de création d'entreprises est complexe.
Ce manque d'informations, cette vision faussée de
l'entrepreneuriat et cette probable complexité du processus
entrepreneurial influencent négativement l'attitude que les jeunes ont
de l'entrepreneuriat et constituent des obstacles au passage à l'acte
entrepreneurial. Cela explique la préférence de certains pour le
travail salarial qui paraît moins compliqué au détriment de
l'entrepreneuriat.
Le même constat ressort de l'analyse des entretiens que
nous avons effectués auprès des structures d'aides à la
création d'entreprises. Celles-ci mettent l'accent sur le fait que les
jeunes qui prétendent vouloir se lancer dans une carrière
entrepreneuriale ne savent rien de ce qu'est l'entrepreneuriat. Ils en ont une
vision tordue. Ils confondent l'entrepreneuriat et l'humanitaire. Leur
première rencontre avec un responsable de l'une de ces structures leur
ouvre les yeux sur ce qu'est l'entrepreneuriat et ce qui les attend en se
lançant dans cette dynamique. La conséquence : ils trouvent
compliqué de continuer et rebroussent chemin.
Si le processus entrepreneurial constitue une barrière
à l'entrée, il faut dès lors s'interroger sur ce qui fait
de lui une démarche complexe. Cette analyse combinée au profil et
à la vision des jeunes permettrait de rectifier le tir afin de rendre
plus facile, du point de vue des jeunes, ce processus.
Le coeur du processus traditionnel de création
d'entreprises est le fameux `'business plan''. Il est
généralement exigé par les structures d'aide à la
création d'entreprises à ceux qui souhaitent recevoir d'eux un
financement. L'analyse du projet et la décision de financement ou non
dépendent en large mesure de la qualité de ce document. La
rentabilité prévisionnelle présentée dans le
business plan devient ainsi le critère de réussite potentiel de
la future entreprise.
Cet outil s'est greffé au domaine entrepreneurial
depuis les années « 70 » et est devenu l'un
des incontournables. Les organismes tierces d'aide à la création
d'entreprises (institutions d'appui à l'entrepreneuriat et
établissements financiers) en ont fait une condition pour accompagner
(financer) les porteurs de projets d'entreprises (Filion, Ananou, et Schmitt,
2012).
Le problème avec cette exigence est que les jeunes,
très souvent, ne sont pas capables de constituer un business plan ou du
moins ne savent pas ce que c'est et à quoi il sert. Nos investigations
ont montré que 72.73% des jeunes en général ne sont pas
capables de constituer un business plan. 72.55% d'entreprises
créées par des jeunes n'en ont pas eu besoin pour se
créer. Ceux qui ont rédigé un business plan pour
démarrer se sont fait aider dans 78.57% des cas par une tierce personne
à la rédaction.
Nos résultats confirment les paroles de Claude Ananou
qui traite de la notion de business plan en introduction à son cours de
démarrage d'entreprises. Il met l'accent sur le fait que 95% des projets
entrepreneuriaux ne sont pas dus à un plan d'affaires. Sur les 5% qui
démarrent avec un, seulement 3% le suivent et parmi ces 3%, seulement 1%
estime utile de l'avoir fait (Ananou, 2016).
Ces raisons évoquées ci-haut et d'autres qui ne
sont pas traitées ici ont amené des chercheurs en entrepreneuriat
à réfléchir sérieusement sur la véritable
utilité du business plan. Ils finissent par conclure qu'il n'est
finalement pas très utile dans la création d'une entreprise et
peut même constituer un facteur de blocage (Chirita, Masson, et Ananou,
2012).
Plusieurs raisons ont été avancées par
les chercheurs en entrepreneuriat pour expliquer l'inutilité de la
rédaction d'un plan d'affaires au cours du processus de création
d'une entreprise. La perte de temps liée à sa rédaction,
les contraintes quant au suivi du contenu, l'usage qu'en font les financeurs,
l'écart entre sa logique et la logique entrepreneuriale sont quelques
points mis en avant pour soutenir leur raisonnement.
Une étude réalisée auprès
d'entrepreneurs canadiens a montré que la rédaction du business
plan fait perdre énormément de temps aux créateurs
d'entreprises et surtout aux jeunes. En moyenne, les jeunes de 18 à 24
ans mettent 141 jours pour le faire et ceux de 25 à 35 ans 98 jours
contre 35 jours pour les entrepreneurs qui ont au-delà de 35 ans
(Borges, Filion, et Simard, 2010). Ce temps perdu pourrait être
utilisé à d'autres activités allant dans le sens de la
création proprement dite. La rédaction d'un plan d'affaires dans
un processus de création est contre-productive.
En plus de cette considération, aucun organisme d'appui
à l'entrepreneuriat ne décide de financer un projet
entrepreneurial en se basant uniquement sur la présentation d'un
business plan par le porteur de projet. Le business plan leur sert souvent de
filtre car il démontre la capacité du porteur de projet à
structurer ses idées en y mettant une certaine cohérence.Mais
rien n'indique qu'un bon structurant d'idées soit de facto à
même de s'adapter aux opportunités et aux conditions changeantes
du monde de l'entrepreneuriat (Cohen et Ananou, 2007).
Une autre analyse est le fait que la logique du business plan
est étrangère au milieu entrepreneurial (Filion, Ananou, et
Schmitt, 2012). C'est une transposition de la logique de la planification qui
n'a normalement rien à avoir avec le processus de création
d'entreprises. Il constitue un facteur qui retarde les entrepreneurs dans la
mise en place de leur projet et constitue un obstacle à leur
désir d'entreprendre (Chirita, Masson, et Ananou, 2012).
La logique de rationalisation qui se cache derrière le
business plan est propre à la gestion des entreprises. Cette logique
s'oppose ou du moins est différente de la logique entrepreneuriale qui
ressort de l'émotionnel. Les caractéristiques que des chercheurs
associent souvent aux entrepreneurs sont plutôt d'ordre émotionnel
que rationnel.
Le courage, la créativité, l'innovation,
l'intuition, la persévérance, etc. sont des traits de
caractère qui ne relèvent pas de la sphère de la
rationalité (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012). Créer une
entreprise est un acte de géniteur et non d'éleveur. Un
géniteur crée et un éleveur gère. Le gestionnaire
est celui qui a plus besoin de cette rationalité. Le business plan
relève de la gestion et non de la création d'entreprises(Ananou,
2016).
Pour Siomy (2016), la logique rationnelle met un faussé
entre l'individu et la création d'entreprises. Les entrepreneurs sont
conscients d'une chose : la possibilité de perdre. Cette
sensibilité à la perte diffère selon que l'individu soit
plus rationnel ou émotionnel. Les rationnels ont une sensibilité
élevée à la perte tandis que les émotionnels en ont
une moins élevée. Plus le quotient rationnel d'un individu est
élevé, moins il désire se lancer dans l'entrepreneuriat
(activité comportant une part de risque). Plus son quotient
émotionnel l'emporte sur le rationnel, plus s'accroit son désir
d'entreprendre.
Une dernière analyse est que le plan d'affaires est un
outil qui fait de la création d'entreprises un processus linéaire
et par conséquent manquant de flexibilité. Se proposant faire une
prévision des dépenses et des recettes financières, il
prétend rationnaliser le futur en se basant sur des informations qui
découlent du passé et du présent. Cependant, le futur est
caractérisé par l'incertitude. Des mutations peuvent se produire
et affectées les prévisions. Dans de telles conditions, ces
prévisions tombent à l'eau (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).
Sous-section 2 : Passage
à l'acte entrepreneurial : goulots d'étranglement
L'entrepreneuriat ou la création d'entreprises
crée de l'emploi et de la richesse pour les nations. Il faut cependant
souligner que personne n'est prédestiné à entreprendre ou
non. Le phénomène entrepreneurial n'est pas inscrit sur le code
génétique des humains (Firlas, 2012).
La création d'entreprises est intimement liée au
développement de la culture entrepreneuriale. Siomy (2007) expliquait
que la prospérité des entreprises dépend de la mise en
place de conditions-cadres favorables conséquentes.
Les conditions-cadres de l'éclosion de la
vitalité entrepreneuriale résident dans le développement
de la culture entrepreneuriale ou de l'esprit d'entrepreneurial. Ce
développement entraine nécessairement la création
d'entreprises. Ruel (2006) cité par Siomy (2007) résumait cela en
indiquant que la culture entrepreneuriale permet aux entrepreneurs de
naître et favorise le développement de l'entrepreneurship (la
création d'entreprises).
Pour Fortin (2002) c'est l'intensité entrepreneuriale
qui permet de mesurer la culture entrepreneuriale, tandis que la
vitalité, elle, mesure l'entrepreneurship. La vitalité
entrepreneuriale correspond à une augmentation quantitative et
qualitative d'entreprises, d'emplois et d'entrepreneurs à un moment
donné. L'intensité entrepreneuriale quant à elle, est la
mesure à un moment donné de la culture entrepreneuriale.
Vue sous cet angle, la culture entrepreneuriale se traduirait
en deux réalités, le désir (l'intention) d'entreprendre et
le passage à l'acte de création. À la limite des deux, la
croyance en la possibilité de passer à l'action dès la
première occasion.
Les jeunes guinéens ont une vision positive de
l'entrepreneuriat. Une proportion non négligeable des sondés
préfère créer une entreprise que d'être
employé. Ils traduisent cette volonté en préférant
pour la plupart choisir l'entrepreneuriat comme le meilleur choix de
carrière et première option dès que les moyens financiers
seront à leur disposition.
Cependant, il faut noter qu'avoir une opinion positive de
l'entrepreneuriat ne détermine pas de facto que l'on dispose d'une
culture entrepreneuriale développée. Comme nous l'avons
développé plus haut, la culture entrepreneuriale et
l'entrepreneuriat se mesurent respectivement à travers
l'intensité et la vitalité entrepreneuriales (Siomy, 2007).
Pour déterminer qu'une couche de la population dispose
d'une forte culture entrepreneuriale, il faut voir au-delà de l'opinion
positive qu'elle a de l'entrepreneuriat et intégrer à l'analyse
de cette opinion, la dimension du passage à l'action
entrepreneuriale.
Analyser sous cet angle, il faut reconnaître que les
jeunes de Conakry ont à la fois une opinion positive de
l'entrepreneuriat et désirent ardemment créer leur entreprise
à la première occasion. À cette envie de créer une
entreprise se greffe une autre dimension très importante dans le
développement de la culture entrepreneuriale. Il s'agit de l'état
d'esprit développé par le futur entrepreneur. S'il veut
créer une entreprise et qu'il se fixe un objectif à court terme
de passage à l'action, il y a de fortes chances que son idée se
matérialise.
La quasi-totalité des jeunes qui se sont
prêtés à nos questions pensent pouvoir créer leurs
entreprises d'ici les cinq prochaines années. Cette volonté
accrue de passer à l'action est en partie tributaire de l'influence de
l'environnement immédiat des jeunes. Comme le soutient Jaziri (2009),
l'origine sociale est l'un des facteurs déclencheurs de l'envie
entrepreneuriale.
Cependant, bien qu'animés d'un fort désir de
créer et ayant une vision positive de l'entrepreneuriat, certains
facteurs limitent le passage des jeunes à l'acte entrepreneurial. En
réalité, une bonne partie d'entre eux ne parvient pas à
faire de leur envie de créer une véritable création
(Borges, Filion, et Simard, 2010).
Le manque de motivation suffisante, l'absence de moyens
financiers, la complexité du processus de création d'entreprises,
le manque d'expérience et/ou de qualifications amènent plus d'un
jeune guinéen à penser ne jamais pouvoir devenir entrepreneur. La
nature de l'entreprise créée par les jeunes, les
difficultés à avoir des clients, le développement des
produits/services, le manque de compétences en gestion d'entreprise et
les difficultés à appréhender le processus de
création sont autant d'obstacles que les jeunes créateurs doivent
surmonter pour créer et faire vivre leurs entreprises.
Contrairement aux entrepreneurs les plus âgés,
les jeunes qui désirent entreprendre et ceux qui sont déjà
dans les affaires ciblent principalement le secteur tertiaire qui ne
nécessite pas un investissement important et, est à ce titre
généralement moins porteurs : dans la prestation de services
par exemple où le chiffre d'affaires est généralement
insignifiant. Ils préfèrent ce domaine car ils n'ont souvent pas
accès à des ressources importantes (Borges, Filion, et Simard,
2010) pour se lancer dans un secteur à gros investissement et
générant plus de flux financiers.
Bénéficier d'un accompagnement contribue
à la réussite de certains entrepreneurs. En effet, les
entreprises qui bénéficient d'un accompagnement pendant leur
création sont plus durables que les autres. Cet accompagnement a un
effet positif sur le développement et la rentabilité d'une jeune
entreprise (Leger-Jarniou, 2008b).
En Guinée, il existe des structures d'accompagnement
à la création d'entreprises. Grâce à sa
collaboration avec ses partenaires (institutions internationales et les
établissements financiers), le gouvernement guinéen a
réussi à mettre en place des projets/programmes d'appui à
l'entrepreneuriat jeune. Ces projets/programmes visent à réduire
le chômage des jeunes. Nonobstant cela, le nombre de jeunes sans-emploi
reste fortement élevé.
Cela s'explique par le fait que la création ou la mise
en place des programmes et des fonds financiers pour appuyer l'entrepreneuriat
ne conduit pas automatiquement les jeunes à s'y engager ''(Dougnon et
al., 2013). Dans la réalité, les jeunes ne font, en
général, pas recours à ces structures (Leger-Jarniou,
2008b) ou le font très rarement.
Ce non-recours qui s'explique par le fait qu'ils ne sont pas
informés de l'existence de telles structures, les pousse à
considérer le processus d'accès à l'accompagnement
complexe, en plus de manquer confiance aux structures d'aide à la
création.
Les jeunes interviewés pendant nos investigations
reprochent aux structures étatiques d'aide à la création
d'entreprises le manque de sérieux dans leur travail. Ils sont en
conséquence pessimistes pour ce qui est de la réussite des
programmes/projets d'appui à l'entrepreneuriat jeune en Guinée.
Les structures d'appui à l'entrepreneuriat jeune quant à elles
reprochent aux jeunes porteurs de projets d'un manque de
persévérance, de vision, de courage et ne comprennent pas ce que
signifie se lancer dans la dynamique entrepreneuriale.
Nous retiendrons que, de par leurs déclarations, les
jeunes de Conakry souhaitent se réaliser à travers
l'entrepreneuriat et le considèrent comme leur option prioritaire.
Malgré cela, le constat est que peu de jeunes passent à l'action.
La nature de leurs entreprises qui sont généralement de petites
tailles, évoluant dans un secteur à faible investissement et
rentabilité pour la plupart, employant moins de personnes et manquant
d'innovation et de créativité empêche le
développement et conduit à l'échec des entreprises
créées par les jeunes à la différence de celles
créées par leurs ainés.
Sous-section 3 : Politique
d'appui à l'entrepreneuriat en cause
L'éclosion entrepreneuriale est en grande partie
liée au développement d'une culture d'autonomie, la culture
entrepreneuriale. Il faut dès lors mettre en place une politique de
développement de cette culture qui à son tour favorisera la
création d'entreprises.
Toutes les nations du monde ont compris que la solution au
problème de chômage est l'auto-emploi à travers la
création d'entreprises. Chacune d'elles est en train de mettre en oeuvre
des initiatives allant dans le sens du développement entrepreneurial.
Plusieurs programmes/projets s'inscrivent dans cette dynamique. Pour la
plupart, ces programmes visent des jeunes et des femmes.
Pour le cas spécifique de la Guinée, deux
initiatives ont particulièrement attiré notre attention. Il
s'agit du Fonds National pour l'Insertion des Jeunes (FONIJ) et du projet
`'Booster les Compétences pour l'Employabilité des Jeunes''
(BOCEJ). Le premier est un fonds de crédit revolving destiné
à financer les projets de jeunes. Quant au second, il consiste en un
vaste programme visant à accroître les chances des jeunes à
décrocher un emploi. L'une des composantes de ce projet -
Éducation pour l'emploi - comporte un volet exclusivement destiné
à la promotion des initiatives entrepreneuriales.
En plus de ces structures étatiques, ces derniers temps
nous assistons à la floraison des structures d'accompagnement. Les
entreprises de coaching, les incubateurs, les établissements financiers
proposant des services adaptés aux besoins d'entrepreneurs sont autant
d'institutions ayant pour vocation d'aider les jeunes à transformer leur
désir d'entreprendre en véritable création.
Nonobstant cette augmentation du nombre de structures
d'accompagnement et les encouragements des pouvoirs publics, les porteurs de
projets ne font pas recours à leurs services ou pire encore les refusent
(Leger-Jarniou, 2008b).
La politique d'appui à l'entrepreneuriat joue un
rôle très important dans le développement entrepreneurial.
Une politique mal adaptée entraine des effets pervers. Ce sur quoi se
concentrent les initiatives de développement de la création
d'entreprises détermine les résultats auxquels elles aboutissent.
Généralement, ces initiatives se concentrent plus sur la
création d'entreprises et négligent ou n'ont pas conscience du
développement de la culture entrepreneuriale (Fortin, 2002; Siomy,
2007).
Cette politique traditionnelle du développement de la
culture entrepreneuriale et de la création d'entreprises
encouragée par certains pays font que ceux-ci ont des économies
caractérisées par l'importation qui surplombe l'exportation, la
quasi-totalité des biens qui y sont consommés sont
importés, et le degré de dépendance à
l'égard de l'étranger est quasi entier. Pourtant, le pouvoir
d'influence d'un acteur dans une relation dépend avant tout de son
potentiel d'autonomie(Siomy, 2007). Les pays qui vivent dans la
dépendance ne peuvent avoir un potentiel d'influence signifiant dans
l'économie mondiale, par conséquent toujours à la
traîne.
Quand on analyse la dynamique entrepreneuriale (culture
entrepreneuriale et création d'entreprises), nous pouvons faire une
analogie très instructive. La culture entrepreneuriale peut être
comparée à un arbre et la création d'entreprises aux
fruits. Pour avoir des fruits, il faut nécessairement porter l'attention
sur l'arbre. Les fruits viennent naturellement d'eux-mêmes. C'est ainsi
dire que la culture entrepreneuriale est la cause de la création
d'entreprises et inversement, la création d'entreprises est la
conséquence de la culture entrepreneuriale. Investir sur la
création d'entreprises et non la culture entrepreneuriale se solde par
un échec des entreprises créées (Fortin, 2002; Siomy,
2007). Comprenons que le secteur de l'entrepreneuriat en est un qui
s'autofinance. Il n'a besoin que de se trouver dans de conditions-cadres pour
porter ses fruits(Ruel, 2006; Siomy, 2007)
Du point de vue de l'OCDE20(*)(2004), la culture entrepreneuriale est un facteur qui
contribue à la construction d'une société
entrepreneuriale. Elle est en quelque sorte un déterminant important des
préférences en matière de carrière et contribue
à faire évoluer les mentalités face à une
série de valeurs entrepreneuriales.
Il devient dès lors important de s'intéresser de
près à ce qu'est la culture entrepreneuriale et sa contribution
au développement entrepreneurial. Ruel (2005) la définit comme un
ensemble de valeurs, d'attitudes et de messages qui font que l'on décide
de se lancer dans une carrière entrepreneuriale. Siomy (2007), reprenant
Stace (2000), explique pour sa part que la culture entrepreneuriale
détermine significativement l'habileté d'une nation à
prospérer.
Bien qu'il soit évident que la culture joue un
très grand rôle dans le développement entrepreneurial, il
faut par ailleurs tenir compte de ce que tout phénomène visant
à transformer la culture n'est pas facile à mettre en place.
Certaines cultures que l'on peut qualifier `'d'entrepreneucidaire''
peuvent empêcher le développement de la culture
entrepreneuriale.
Pour résoudre les difficultés liées au
développement entrepreneurial, il faut faire la promotion d'une
politique holistique favorable au développement, non pas seulement de la
création d'entreprises, mais de la culture entrepreneuriale. Cela
sous-entend que cette politique ne doit pas être la
spécialité et l'exclusivité d'un individu ou d'une
structure spécifique. Il faut l'implication de tous les acteurs à
différents niveaux.
Le premier niveau qui se doit de promouvoir
l'épanouissement de la culture entrepreneuriale chez les jeunes est la
famille. Elle constitue son environnement immédiat et la première
instance de sa socialisation. Il apprend et intériorise les
manières de faire, de penser, d'agir, bref la culture
développée dans sa famille. Celle-ci peut donc contribuer dans
une grande mesure à l'adoption de la culture d'autonomie. Cependant, le
processus de développement de la culture entrepreneuriale chez un
individu à l'instar de tout phénomène relevant du culturel
doit se faire adopter à très bas âge pour faciliter son
application et son succès (Fortin, 2002; Siomy, 2007). Cela dit, la
politique holistique d'appui à l'émergence de la culture
entrepreneuriale doit prendre en compte cette sphère
sociétale.
En plus de la famille, les autres membres d'une
société peuvent contribuer à l'émergence de la
culture entrepreneuriale. Ruel (2005) expliquait à ce propos que quand
la famille et le milieu accordent de la valeur à la création
d'entreprises en incitant les jeunes et les adultes à se lancer dans
l'entrepreneuriat, ils contribuent au développement de la culture
entrepreneuriale qui à son tour se concrétisera en
création d'entreprises.
L'entrepreneur est forgé par son milieu. Il n'est pas
la résultante d'une génération spontanée (Fortin,
2002). Le milieu doit être favorable à l'émergence de la
culture entrepreneuriale. Un milieu qui prône et encourage la
dépendance n'est pas propice à l'émergence d'une
génération d'entrepreneurs. La plupart de ceux qui souhaitent se
lancer en entrepreneuriat sont entourés d'entrepreneurs et/ou y ont
été encouragés par leur milieu.
Pour mettre en exergue le rôle que peut jouer le milieu
dans la construction d'une société entrepreneuriale,Ruel (2006)
déclare :
[...] toute société peut être
comparée à un jardin où croissent des arbres qui porteront
des fruits, et les fruits récoltés dépendront des
espèces d'arbres qui auront été plantés. La
richesse et la beauté d'un jardin dépendent souvent de la
variété d'arbres et de fleurs que l'on y retrouve. Il en est de
même de la richesse d'une société qui peut être
associée à sa diversité culturelle. Et s'il est une
culture qui peut être commune à de nombreuses autres cultures tout
en leur permettant de s'épanouir, de se développer : c'est
bien la culture entrepreneuriale. Cette culture permet aux entrepreneurs de
naître et à l'entrepreneurship de se développer.
Siomy (2007) ajoute que c'est le milieu qui produit
l'entrepreneur, mais ce sont les individus, les acteurs du terroir qui
bâtissent le milieu idéal à l'entrepreneur.
L'un des facteurs qui limitent le développement de la
culture entrepreneuriale réside dans le système éducatif
courant dans la plupart des pays qui ne font pas la promotion d'une politique
holistique d'autonomie. Le système est fait de sorte qu'il amène
moins ses apprenants à poser des actes entrepreneuriaux (Filion,
1999).
De leurs objectifs, les systèmes éducatifs ne
cherchent pas à développer la création d'entreprises et
l'activité indépendante, ils visent plutôt à
façonner les individus pour les mettre aux services des grandes
entreprises et la fonction publique
· · · · ·(Fayolle, 2005). Au lieu de
former des créateurs d'emplois, ils forment des chercheurs d'emploi.
Cette logique va en droite ligne avec le développement, non d'une
culture entrepreneuriale mais de celle de la dépendance.
La culture entrepreneuriale et la création
d'entreprises ne sont généralement pas intégrées
dans les programmes d'enseignement scolaire et académique. Les cours
d'entrepreneuriat et de création d'entreprises sont plutôt
considérés comme des sujets à part ou des modules de
formation hors programme à traiter dans un cadre particulier. Cela fait
que peu sont ceux qui découvrent ces enseignements (Siomy, 2007). La
plupart de ceux qui ont suivi des cours en entrepreneuriat ou en
création d'entreprises ne les ont suivis que dans un cadre hors
programme estudiantin ou scolaire.
Les méthodes et les enseignements
développés se caractérisent par une approche
linéaire de la relation entre le présent et le futur. Le projet
d'entreprise et ses composantes, comme les études de marché ou le
plan de financement sont très ancrés dans cette logique.
Étant donné que le présent est contraignant, si l'on
transpose le présent et le passé dans le futur, le projet
entrepreneurial risque d'être limité par ces contraintes avant
d'avoir commencé (Filion, Ananou, et Schmitt, 2012).
Nous retenons que l'un des facteurs principaux qui limitent le
développement d'une culture entrepreneuriale chez les jeunes
guinéens en général et ceux de Conakry en particulier est
l'absence d'une politique holistique d'appui au développement
entrepreneurial impliquant tous les acteurs à tous les niveaux. Les
politiques appliquées se concentrent uniquement à l'appui
à la création d'entreprises au lieu du développement de la
culture entrepreneuriale préalable et qui est déterminant en
matière de création d'entreprises. Les institutions d'appui
à l'entrepreneuriat pour jeune mettent ces derniers dans un processus
qui limitent ou retardent leur passage à l'action.
CONCLUSION
Cette recherche portant sur la création
d'entreprises en Guinée : cas des jeunes de Conakry
visait à répondre à la question suivante : qu'est-ce
qui empêche le passage des jeunes de Conakry à l'acte
entrepreneurial ?L'idée derrière cette question vient d'une
double observation. D'un côté, le gouvernement guinéen,
préoccupé par la situation de chômage des jeunes a pris des
initiatives pour les amener à faire face à leurs problèmes
en s'auto-employant. De l'autre côté, la situation des jeunes
guinéens, loin de s'améliorer, s'aggrave de mal en pire. Cela
amène à explorer deux pistes, et c'est ce que nous avons fait,
analyser la stratégie utilisée pour inciter les jeunes à
l'entrepreneuriat et étudier le comportement des jeunes face à
l'entrepreneuriat.
Pour guider notre réflexion durant cette recherche,
nous sommes partis d'une hypothèse multidimensionnelle. L'objectif
étant d'arriver à une meilleure compréhension du
phénomène. Nous avions présumé que l'inadaptation
des politiques de promotion de l'entrepreneuriat jeune contribue à la
complexité du processus entrepreneurial qui, à son tour, a un
effet à la baisse sur la culture entrepreneuriale et handicape le
passage des jeunes de Conakry à l'acte entrepreneurial.
Nous avons également opté pour une
démarche scientifique de recherche au contenu mixte. Nous avons eu
recours à des techniques quantitatives et qualitatives. Nos
données proviennent de sources diverses. Certaines données
viennent des jeunes eux-mêmes. Nous les avons classés en deux (2)
catégories. La première catégorie était
composée de jeunes n'ayant aucune expérience entrepreneuriale et
la seconde était constituée de jeunes créateurs
d'entreprises. Les autres informations proviennent des structures d'appui
à l'entrepreneuriat jeune. L'intérêt deprocéder
ainsi était de réunir un maximum d'informations en vue de faire
une confrontation nécessaire à une compréhension plus
affinée.
Suite à nos analyses, nous sommes arrivés
à certains résultats qui sont évoqués plus haut.
Nous en faisons un petit condensé à présent.
Il ressort de nos données que les jeunes de Conakry
sont animés d'un fort désir d'entreprendre. Plus de la
moitié d'entre eux ont une vision positive de l'entrepreneuriat,
souhaitent créer une entreprise et pensent pouvoir le faire dans les
prochains cinq ans. Ce désir entrepreneurial très
développé dépend en large mesure de l'influence de
l'environnement des jeunes. Ils sont nombreux, ceux qui déclarent avoir
été encouragés à se lancer dans le monde
entrepreneurial par un proche, un ami, un mentor. La plupart de ceux qui
préfèrent se lancer déclarent avoir au moins un membre de
leur famille qui est ou a été entrepreneur. La réussite
des entreprises créées par ces proches parents subjugue plus d'un
jeune et rend attrayant le monde entrepreneurial pour eux.
Mais très malheureusement, ce fort désir
d'entreprendre des jeunes ne se concrétise pas dans la plupart des cas
en création d'entreprises. Les jeunes ont souvent une mauvaise
interprétation du projet entrepreneurial. À la découverte
de ce qu'il signifie, beaucoup de jeunes abandonnent le chemin. Cette situation
est liée à plusieurs facteurs. Le manque de financement de
l'investissement de leur projet, le manque de confiance en soi, la
complexité du processus entrepreneurial qui leur est proposé en
sont des exemples. Quant à ceux qui parviennent à passer ce cap,
ils se buttent à d'autres problèmes. Il s'agit notamment des
difficultés à trouver des clients pour ses produits/services, la
faible rentabilité de l'entreprise, la non croissance de
l'entreprise.
En plus, les entreprises créées par les jeunes
évoluent dans des secteurs qui ne nécessitent pas un
investissement important. Le corollaire à cela est qu'une telle
entreprise ne réalise généralement pas un chiffre
d'affaires important. Elle ne permet donc pas à son propriétaire
de s'épanouir et de combler son besoin d'accomplissement.
En ce qui concerne les politiques d'appui à
l'entrepreneuriat des jeunes, il faut retenir qu'elles ne sont pas de nature
holistique. Il n'y a que quelques institutions qui s'en occupent. Les
politiques appliquées se concentrent uniquement sur la création
d'entreprises au lieu du développement de la culture entrepreneuriale
qui est un préalable et le fondement même du développement
entrepreneurial. La stratégie utilisée est aussi traditionnelle.
Elles mettent les jeunes dans un processus qu'ils ne maitrisent pas ou qu'ils
ont du mal à maîtriser et qui est complexe. Cela limite ou retarde
leur passage à l'action. Certains finissent même par se lasser et
se décourager.
Cette recherche, bien que poursuivant des objectifs ambitieux
et prenant en compte plusieurs dimensions de l'étude en entrepreneuriat,
peut être complétée par des recherches similaires et
complémentaires. Les résultats que nous avons obtenus nous ont
amené à réfléchir sur d'autres pistes de recherche.
Nous entrevoyons faire des recherches sur les thématiques
suivantes :
- Le rôle des établissements académiques
et scolaires dans le développement d'une culture entrepreneuriale chez
les jeunes ;
- La contribution des établissements financiers dans la
constitution d'une société entrepreneuriale ;
- Les créateurs d'entreprises et le processus
entrepreneurial : le rôle du business plan.
À l'instar de toute recherche, notre étude
comporte certaines limites qui ne remettent toutefois pas en question les
résultats obtenus.Nous aurions pu mieux meubler cette recherche en y
intégrant des données sur les statistiques de création
d'entreprises par les jeunes au cours de ces dix (10) dernières
années. Des contraintes liées à l'indisponibilité
de telles informations ou difficilement accessibles ont limité une
interprétation plus approfondie du phénomène.
Une faible représentation des structures d'aide
à la création d'entreprisesparmi les interviewés a
également limité l'obtention d'informations divergentes qui
auraient pu être très intéressantes dans l'analyse de la
politique d'aide à la création d'entreprises.
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PNUD. 2015. « Fonds de crédit revolving pour
l'entreprenariat jeunesse (Foniké) ». Le PNUD en
Guinée. juillet 18.
http://www.gn.undp.org/content/guinea/fr/home/operations/projects/poverty_reduction/fonds-de-credit-revolving-pour-l-entreprenariat-jeunesse-fonike.html.
Riverin, Nathaly, et Natasha, Jean. 2004.
« L'entrepreneuriat chez les jeunes du Québec ».
Cahiers de recherche. HEC Montréal: Chaire d'entrepreneuriat Rogers-J-A
Bombardier.
Ruel, Claude. 2005. « Rendez-vous entrepreneurial de
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------. 2006. « Rendez-vous entrepreneurial de la
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Sammut, Sylvie. 2008. Variétés des formes
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------. 2016. Le Kaléidoscope de l'accompagnement
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Université de Montpellier.
Siomy, Mory. 2007. « Développement des
compétences des leaders en promotion de la culture entrepreneuriale et
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Francophonie ». Thèse de doctorat, Québec:
Université de Laval.
------. 2016. « Cours d'entrepreneurship
1 ». Communication de cours présenté à Master en
management de projets Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest -
Unité Université à Conakry, Conakry.
SPSRP. 2013. « Document de stratégie de
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of Entrepreneurship Research ». ResearchGate 3 (janvier).
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Vulliez, Christian. 2013. Les jeunes et l'emploi?:
L'obligation de reconstruire. Paris: Eyrolles.
Annexes
Annexes 1 : Outils de
collecte
Appendice 1 : Questionnaire destiné aux jeunes
sans expérience entrepreneuriale
N°
|
Libellé de la question
|
Notez le code
|
Filtres/Observations
|
000
|
Introduction
Bonjour Monsieur/Madame/Mademoiselle. Je collecte des
données dans le cadre de mon mémoire de master qui porte sur la
création d'entreprises par les jeunes de Conakry. Je souhaite avoir
votre avis sur un certain nombre de questions. Vos réponses seront bien
entendu gardées confidentielles et aucun lien ne sera fait entre vous et
les informations que vous me fournirez. Pouvons-nous à présent
commencer ?
|
Ok
|
|
001
|
Enquêteur: Notez la commune dans laquelle se
déroule l'interview
1= Kaloum ; 2= Dixinn ; 3= Matam ; 4=
Matoto ; 5= Ratoma
|
/___/
|
|
I. INTENTION ENTREPRENEURIALE
|
002
|
À votre avis, quel est le meilleur choix de
carrière pour un jeune ?
1= Créer une entreprise ; 2= Être
employé au sein d'une entreprise ; 3= Être fonctionnaire de
l'État ; 4= Travailler au sein d'une institution
internationale ; 5= Travailler au sein d'une organisation non
gouvernementale nationale ; 6= Autres, préciser
|
/___/
|
|
003
|
Si vous aviez les moyens, pour laquelle de ces deux
opportunités opteriez-vous ?
1= Financer mes études ; 2= Créer
mon entreprise
|
/___/
|
|
004
|
Que pensez-vous de cette affirmation ? ''Dans les cinq
années qui suivent je créerai mon entreprise''.
1= Fortement d'accord ; 2= Assez d'accord ;
3= D'accord ; 4= Plutôt en désaccord ; 5= Fortement en
désaccord
|
/___/
|
|
005
|
Avez-vous l'intention de créer une entreprise un
jour?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
006
|
Si vous aviez les moyens de créer une entreprise, le
feriez-vous?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
007
|
Dans quel secteur en particulier aimeriez-vous créer
votre entreprise?
1= Commerce ; 2= Industrie ; 3= Service
à la personne ; 4=Éducation ; 5= Prestation de
service ; 6= Autres, à préciser
|
/___/
|
|
008
|
Pourquoi investiriez-vous dans ce domaine particulier ?
1= C'est ce que j'ai étudié ; 2=
J'ai une expérience dans ce domaine ; 3= Je trouve que c'est un
domaine rentable ; 4= Des gens m'ont suggéré ce domaine en
particulier ; 5= Autres à préciser
|
/___//___//___//___/
/___/
_______________
|
|
II. FACTEURS DE MOTIVATION ET DE DÉMOTIVATION A
LA CRÉATION D'ENTREPRISE
|
009
|
Pourquoi créeriez-vous une entreprise ?
1= Pour être indépendant (autonome) ;
2= Pour se lancer un défi/réaliser un rêve ; 3=
S'épanouir/Gagner plus d'argent ; 4= Pour imiter un proche ;
5= Par contrainte ; 6= Répondre à un besoin non satisfait
sur le marché ; 7= Autres à préciser
|
/___//___//___//___/
/___//___//___/
_________________
|
|
010
|
L'un de vos proches est-il ou a-t-il été
propriétaire d'entreprise ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
011
|
Avez-vous travaillez quelques temps avec lui ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
012
|
Gardez-vous un bon souvenir de son entreprise ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
013
|
L'un de vos parents (proches), de vos enseignants, ami(e)s,
bref de vos modèles vous a-t-il une fois encouragé à
l'entrepreneuriat?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
014
|
Dans votre entourage, l'entrepreneuriat est-il
généralement encouragé ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
015
|
Avez-vous auparavant géré une entreprise ou une
organisation sociale ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
016
|
À votre avis, quelles sont les compétences et les
qualités indispensables à un chef d'entreprise ?
1= Avoir l'art de gérer les ressources
humaines ; 2= Être organisé ; 3= Etre
créatif/innovant ; 4= Aimer prendre le risque ; 5= Avoir des
compétences administratives et financières ; 6= Avoir un
diplôme ; 7= Autres à préciser
|
/___//___//___//___/
/___//___//___/
_________________
|
|
017
|
Estimez-vous disposer quelques-unes de ces compétences
ou qualités ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
018
|
Lesquelles de ces compétences estimez-vous disposer ?
1= Avoir l'art de gérer les ressources
humaines ; 2= Être organisé ; 3= Être
créatif/innovant ; 4= Aimer prendre le risque ; 5= Avoir des
compétences administratives et financières ; 6= Avoir un
diplôme ; 7= Autres à préciser
|
/___//___//___//___/
/___//___//___/
_________________
|
|
019
|
Pourquoi ne voulez-vous pas vous lancer dans la dynamique
entrepreneuriale ?
1= Cela demande trop d'argent ; 2= C'est trop
risqué ; 3= C'est très compliqué ; 3= C'est
moins intéressant que le salariat ; 4= Ce n'est pas très
rentable ; 5= J'ai de très mauvais exemples en matière
d'entrepreneuriat en tête ; 6= Autres à
préciser
|
/___//___//___//___/
/___//___/
_________________
|
|
020
|
À votre avis, qu'est ce qui pourrait constituer le
principal obstacle pour un jeune qui souhaite se lancer dans la dynamique
entrepreneuriale ?
1= Manque de moyens financiers ; 2= Absence de
compétence managériale ; 3= Manque de réseau
relationnel solide ; 4= Absence d'accompagnement ; 5= Autres à
préciser
|
/___//___//___//___/
/___//___/
_________________
|
|
021
|
Est-ce probable que quelqu'un (un membre de votre famille par
exemple) vous aide à financer la création de votre entreprise
?
1= Fortement probable ; 2= Assez probable ;
3= Probable ; 4= Plutôt improbable ; 5= Fortement
improbable
|
/___/
|
|
022
|
Savez-vous qu'il existe un dispositif mis en place pour aider
les jeunes porteurs de projets d'entreprises ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
023
|
Pourquoi malgré que vous ayez connaissance de
l'existence de ce dispositif ne saisissez-vous pas cette opportunité
?
1= Le processus est trop compliqué ; 2= Je
trouve que c'est juste du bluff ; 3= Les conditions d'accès
à ce dispositif ne sont pas profitable pour moi ; 4= Rien de
particulier/Je n'aime pas seulement m'y engager ; 5= Autres à
préciser
|
/___//___//___//___/
/___/
_________________
|
|
024
|
Savez-vous constituer un plan d'affaires ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
.
|
025
|
Connaissez-vous les différentes étapes du
processus de création d'entreprise?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR
|
/___/
|
|
026
|
Avez-vous participé à une formation en
création et/ou gestion des entreprises ?
1= Oui, j'ai suivi un cours ou un module sur la
création ou la gestion d'entreprise ; 2= Oui, lors d'une
conférence, d'un colloque ou d'un atelier de formation ; 3= Oui,
j'ai suivi une formation aboutissant à un diplôme en
entrepreneuriat ou en création d'entreprise ; 4= Oui, lors d'un
concours ou d'un salon en entrepreneuriat ; 5= Oui, autres à
préciser ; 6= Non
|
/___//___//___//___/
/___/
_________________
|
|
III. PROFIL SOCIO DÉMOGRAPHIQUE
|
027
|
Sexe
1= Homme ; 2= Femme
|
/___/
|
|
028
|
Quel est votre âge ?
|
...........
|
|
029
|
Quelle est votre situation matrimoniale ?
1= Marié(e) ; 2= Célibataire ;
Divorcé(e)/Séparé(e) ; 4= Veuf(ve) ; 5=
Concubinage.
|
/___/
|
|
030
|
Quel est le diplôme le plus élevé que vous
avez obtenu ?
1= Aucun ; 2= Primaire ; 3= BEPC ; 4=
Baccalauréat ; 5= Université ; 6= Professionnel ;
7= Autodidacte.
|
/___/
|
|
031
|
À quel groupe ethnique appartenez-vous ?
1= Soussou ; 2= Peul ; 3=
Malinké ; 4= Guerzé ; 5= Konianké ; 6=
Toma ; 7= Kissi ; 8= Autres, à préciser.
|
/___/
____________________
|
|
032
|
À quelle confession religieuse appartenez-vous ?
1= Islam ; 2= Catholique ; 3=
Protestantisme ; 4= Témoins de Jéhovah ; 5=
Animisme ; 6= Bahaïe ; 7= Sans religion, 8= Autres, à
préciser
|
/___/
____________________
|
|
Appendice 2 : Questionnaire destiné aux jeunes
créateurs d'entreprises
N°
|
Libellé de la question
|
Notez le code
|
Filtres/Observations
|
001
|
Enquêteur notez la commune
1= Kaloum ; 2= Dixin ; 3= Matam ; 4=
Matoto ; 5= Ratoma ;
|
/___/
|
|
002
|
Vous êtes ?
1= Propriétaire de cette
entreprise ? ; 2= Employé de cette entreprise ;
|
/___/
|
|
|
PROFIL DES ENTREPRISES CRÉÉES PAR LES
JEUNES
|
003
|
Quelle est la nature de votre entreprise ?
1= Individuelle ; 2= Collective ;
|
/___/
|
|
004
|
Dans quel secteur évolue-t-elle ?
1= Industrie ; 2= Commerce ; 3= Education ; 4=
Prestation de service ; 5= Service à la personne ; 6=
Autres.....
|
/___/
|
|
005
|
Votre entreprise existe depuis combien
d'années ?
|
......................
|
|
006
|
Il y a combien d'employé dans votre entreprise?
|
....................
|
|
007
|
Votre entreprise est -elle enregistré au RCCM ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
008
|
Quelle est le statut juridique de votre entreprise ?
1= Aucun ; 2= SARL ; 3= EURL ; 4=
S.A ; 5= Autres...
|
/___/
|
|
009
|
A combien s'élevait le montant de l'investissement des
immobilisations de votre entreprise (Lire) ?
1= Moins de 10 millions ; 2= 11-20 millions ; 3=
21-30 millions ; 4= 31-40 millions ; 5= 41-50 millions ; 6=
51-60 millions ; 7= 61-70 million ; 8= 81-90 millions ; 9=
91-100 millions ; 10= Plus de 100 millions.
|
/___/
|
|
|
PROCESSUS DE CRÉATION D'ENTREPRISES
|
010
|
Y a-t-il d'autres entreprises dans le même secteur
géographique que vous et qui offrent les mêmes biens et service
que la vôtre ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
011
|
Aviez-vous connaissance de leur existence avant de lancer votre
entreprise ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
012
|
Pourquoi malgré que vous aviez connaissance de leur
existence, vous avez qu'à même lancé votre entreprise dans
le même secteur ?
1= Chacun à sa chance dans les affaires ; 2= La
qualité de mes produit/service dépasse la leur ; 3= Il y
avait toujours une demande très élevé non satisfaite sur
le marché ; 4= Autres.
|
/___//___//___//___/
|
|
013
|
Comment avez-vous obtenu le financement de l'investissement des
immobilisations de votre entreprise? (Plusieurs réponses possibles).
1= Fonds propres ; 2= Aide des parents/proches; 3=
Emprunt auprès d'une banque ; 4= Emprunt à travers une
structure d'aide à la création d'entreprise ; 5= Emprunt
auprès d'une tierce personne ; 6= Autres.
|
/___//___//___//___//___//___/
_______________________
|
|
014
|
Avez-vous constitué un business plan de votre entreprise
?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
015
|
Savez-vous constituer un Business Plan?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
016
|
Quelqu'un vous a-t-il aidé à la rédaction de
votre Business plan ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
017
|
Pourquoi n'avez-vous pas constitué un dossier de
Business Plan ?
1= Je ne sais pas ce que c'est; 2=
C'est trop compliqué de le faire; 3= Il n'y avait personne pour m'aider;
4=Je trouve que ce n'est pas nécessaire ; 5= Je ne voulais
simplement pas le faire ; 6= Autres ; 7= NSP/RDR
|
/___/ /___/ /___/ /___//___//___//___/
________________________
|
|
DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR LES JEUNES
CRÉATEURS D'ENTREPRISES
|
018
|
Connaissez-vous les différentes étapes du
processus de création d'entreprise ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
019
|
Combien avez-vous réalisé comme chiffre d'affaire
l'année dernière?
1= Moins de 5 millions ; 2= 5-10 millions ; 3=
11-20 millions ; 4= 21-30 millions ; 5= 31-40 millions ; 6=
41-50 millions ; 7= Plus de 50 millions ; 8= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
020
|
En faisant la différence entre vos recettes et vos
dépenses, trouvez-vous que votre entreprise fait:
1= Des bénéfices ? ; 2= Des pertes ?
; 3= Ni bénéfice, ni pertes ? ; 4= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
021
|
Faites-vous un bilan régulier de votre entreprise ?
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
022
|
A quelle fréquence faites-vous le bilan ?
1= Chaque jour ; 2= Par semaine; 3= Par
Mois ; 4= Par trimestre ; 6= Chaque 6 mois ; 7= Par an ; 8=
NSP/RDR.
|
/___/
|
|
023
|
Quelles sont les difficultés que vous-avez
rencontrées pendant la création de votre entreprise ? (Plusieurs
réponses possibles)
1= Manque de financement ; 2= Difficulté de
trouver un local ; 3= Obtention des documents légaux ; 4=
Autres à préciser.
|
/___//___//___//___/
_____________________
|
|
024
|
Exerciez-vous un autre emploi avant celui-ci ?
1= Oui, 2= Non
|
/___/
|
|
025
|
Êtes-vous actuellement employé au sein d'une autre
entreprise ?
1= Oui, 2= Non
|
/___/
|
|
026
|
Combien de temps y avez-vous travaillé ? (en
année)
|
.......................
|
|
027
|
Qu'est-ce qui vous a poussé à créer votre
propre entreprise ? (Plusieurs réponses possibles)
1= Pour être indépendant (autonome) ;
2= Pour se lancer un défi/réaliser un rêve ; 3=
S'épanouir/Gagner plus d'argent ; 4= Pour imiter un proche ;
5= Par contrainte ; 6= Répondre à un besoin non satisfait
sur le marché ; 7= Autres.
|
/___//___//___//___/
/___//___//___/
________________________
|
|
028
|
Qu'est-ce qui vous a poussé à investir dans ce
domaine particulier ? (Plusieurs réponses possibles)
1= C'est ce que j'ai étudié ; 2=
J'ai une expérience dans ce domaine ; 3= Je trouve que c'est un
domaine rentable ; 4= Des gens m'ont suggéré ce domaine
particulier ; 5= Autres.
|
/___//___//___/
/___//___/
___________________
|
|
029
|
Avez-vous participé à une formation en
création d'entreprise ?
1=Non ; 2= OUI, j'ai suivi un cours ou un module
portant sur la création ou la gestion d'entreprises ; 3= OUI, J'ai
suivi une formation aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat ou
en création d'entreprise ; 4= OUI, lors d'un concours ou salon de
création d'entreprise ; 5= OUI, lors d'une conférence, d'un
séminaire, d'un colloque ou d'un atelier de formation sur la
création ou la gestion des entreprises ; 8= Oui autres, à
préciser.
|
/___/
_______________________
|
|
030
|
Q036. L'un de vos proches est-il ou a-t-il été
propriétaire d'entreprises.
1= Oui ; 2= Non ; 3= NSP/RDR.
|
/___/
|
|
|
PROFIL SOCIODEMOGRAPHIQUE
|
031
|
Enquêteur, indiquez le sexe du répondant
1= Homme ; 2= Femme.
|
/___/
|
|
032
|
Quel est votre âge ? (en année)
|
........................
|
|
033
|
Quelle est votre situation matrimoniale. ?
1= Marié(e) ; 2= Célibataire ;
3= Séparé(e)/Divorcé(e) ; 4= Veuf(ve) ; 5=
Concubinage.
|
/___/
|
|
034
|
Quel est le diplôme le plus élevé que
vous-avez obtenu ?
1= Aucun ; 2= Primaire ; 3= BEPC ; 4=
Baccalauréat ; 5= Professionnel ; 6= Université ;
7=Alphabétisation.
|
/___/
|
|
035
|
À quel groupe ethnique appartenez-vous ?
1= Soussou ; 2= Peul ; 3=
Malinké ; 4= Kpèlè ; 5= Konianké ;
5= Toma ; 6= Kissi ; 7= Autres.
|
/___/
_________________
|
|
036
|
À quelle confession religieuse appartenez-vous ?
1= Islam ; 2= Catholique ; 3=
Protestantisme ; 4= Témoins de Jéhovah ; 5=
Animisme ; 6= Ba-haïe ; 7= Sans religion ;
8=Autres
|
/___/
_____________________
|
|
Appendice 3 : Guide d'entretien destiné aux
structures d'aide à la création d'entreprise
Date de l'interview : ____/_____/2016
Début de l'entretien : _______________ Fin
de l'entretien : _______________
Durée de l'entretien :
__________________
Catégorie de l'institution interviewée
Centre de formalité des entreprises (CFE)
Incubateur d'entreprise (IE)
Structure étatique d'aide à la
création d'entreprise (SEACE)
Établissement financier (EF)
Nom de l'institution interviewée :
_________________________________________
______________________________________________________________________
Données à collecter
1. Parlez-nous des services que vous proposez au public. Qui
sont vos cibles privilégiées ?
2. Parlez-nous de l'aide que vous apportez aux
créateurs d'entreprise ? (ne pas poser cette question aux
établissements financiers)
3. Quels sont les produits/services bancaires que vous
proposez aux créateurs d'entreprise ? (uniquement aux
établissements financiers)
4. Il y a-t-il un (produit/service) qui soit exclusivement
destiné aux jeunes porteurs de projets d'entreprise ? Si Oui,
parlez-nous-en ? (uniquement aux établissements financiers et
aux incubateurs).
5. Quelle est la nature de l'aide que vous apportez aux
porteurs de projets d'entreprise ? (si l'aide comporte une partie
financière, demandez à l'interviewé de préciser le
montant maximum de l'aide. S'il s'agit d'un établissement financier,
demandez uniquement le montant maximum du prêt et cherchez à
savoir si l'établissement fournit un accompagnement autre que le
financement sous forme de prêt).
6. Quelles sont les conditions d'accès à cette
aide ? (Pour les établissements financiers, il serait
préférable de parler des conditions d'accès aux
prêts à savoir : les garanties, le taux du prêt, les
assurances, etc. Lorsque l'interviewé cite plusieurs conditions,
demandez-lui de vous dire quelle est la condition la plus déterminante
sans laquelle l'accompagnement est impossible.)
7. Si l'institution apporte une aide autre que le financement
(tels que la formation, le réseautage, la levée de fonds, la
structuration technique du projet, etc.), demandez combien de temps dure cet
accompagnement.
8. Aux structures qui accordent des prêts financiers aux
créateurs d'entreprises demandez l'échéance de
remboursement du prêt (le nombre de tranche et la fréquence de
paiement par tranche).
9. Demandez quelle est la forme de l'accompagnement (est-il
payant ou gratuit ?).
10. Combien de jeunes porteurs de projets ont
sollicités un accompagnement auprès de l'institution ?
Combien en ont bénéficié ?
11. Si certains n'ont pas été accompagnés
(ou n'en ont pas bénéficié), demandez les raisons.
12. Que diriez-vous, en termes de succès ou
échec, des entrepreneurs que vous avez accompagnez (ou qui ont obtenu un
prêt auprès de votre établissement) jusqu'à nos
jours ?
13. Quelles stratégies de communication utilisez-vous
pour faire la promotion des services que vous proposez aux
entrepreneurs ?
14. Quelles sont les lacunes que vous constatez sur les
projets de jeunes qui souhaitent bénéficier un accompagnement
auprès de votre institution ?
15. À votre avis, quel est la clé du
succès entrepreneurial.
Merci de votre collaboration !
Appendice 4 : Grille
d'analyse des données qualitatives
VARIABLE
|
THÈMES ABORDÉS
|
CITATIONS ILLUSTRATIVES
|
CONVERGENCES
|
DIVERGENCES
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexes 2 : Description de
quelques outils de traitement des données
Appendice 1 : Application de référencement
bibliographique
Nous avons recouru à l'application bibliographique
Zotero Standalone pour générer nos références
bibliographiques. Son aperçu se présente de la façon
suivante :
Le processus comprenait trois principales étapes. Nous
avons au préalable fait une collecte et un référencement
des ouvrages que nous avons consultés tout en indiquant le type de
document, le titre, l'auteur, la date, la maison d'édition, etc. en
fonction de la nature des documents. Ensuite, puisque notre application
(Zotero) communiquait avec notre traitement de texte (Word 2013) grâce
à un connecteur installé (zotero connector), nous avons
procédé à la citation des documents en utilisant les
commandes du menu Zotero.
Le format bibliographique utilité est le style
Chicago manual of style 16th edition (author-date).
Les références bibliographiques sont
automatiquement générées dès que l'on clique sur la
commande Insert Bibliographydu menu d'extension Zotero.
Appendice 2 : Application pour la conception des
questionnaires électroniques (Kobo ToolBox
Il est possible de visualiser le questionnaire en ligne. Cela
donne accès à l'affichage suivant :
Appendice 3 : Collecte des données sur smartphone
& application KoBo Enum
Les questionnaires ont été
intégrés dans des smartphones équipés de
l'application KoBoEnum. Une fois lancée, l'application présente
les différentes questions selon les différents affichages
ci-dessous.
Appendice 4 : Application pour la synchronisation des
données (KoBo Sync)
L'application programmée sous java (KoBo Post
Processor) nous a permis d'agréger les données collectées
à partir de smartphones différents puis les convertir en format
CSV (command separated value) exploitable sous d'autres logiciels d'analyse des
données.
Appendice 5 : Applications de traitement statistique
(Excel et SPSS)
Le fichier converti au format CSV à l'aide de KoBo Post
Processor (KoBo Sync) a été importé dans le logiciel SPSS
20 pour être exploité et manipulé sous plusieurs autres
applications. Le processus d'importation comporte six étapes. Les
fenêtres ci-dessous indiquent ces étapes l'une après
l'autre.
Il est ensuite possible d'exporter les données vers un
autre tableur. Excel 2013 a été le tableur utilisé pour
épurer et analyser les données puis représenter
graphiquement les tableaux d'analyse.
Les données brutes sous Excel se présentent sous
la forme suivante.
Après épuration, des données prennent la
forme représentée dans le tableau ci-dessous.
Les tableaux d'analyse ont été effectués
à partir de la technique du tableau croisé dynamique pour les
variables qualitatives et à partir des options de l'utilitaire d'analyse
pour les données quantitatives.
* 1Université Catholique
de l'Afrique de l'Ouest - Unité Universitaire à Conakry.
* 2 Bureau International du
Travail.
* 3 Conférence des
Nations-Unies sur le Commerce et le Développement.
* 4 Centre de Vigie et de
Recherche sur la Culture Entrepreneuriale.
* 5 Banque Internationale pour
la Reconstruction et le Développement.
* 6 Perspectives
Économiques en Afrique.
* 7 Secrétariat Permanent
de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté.
* 8 Programme des Nations Unis
pour le Développement.
* 9Chambre de Commerce et
d'Industrie.
* 10Kuhn et Meyer
(2008)définissent le concept paradigme comme un ensemble de convictions
partagées par un groupe scientifique considéré à un
moment donné de l'histoire. Cette conviction est défendue par ce
groupe de toute menace et de toute atteinte par le rejet de tout
élément hétérogène.Jaziri (2009)explique que
le concept de paradigme pourrait se définir en entrepreneuriat comme
l'ensemble des règles admises comme des « normes »
par la communauté des chercheurs en entrepreneuriat, à un moment
donné pour délimiter et problématiser les
« faits » qu'elle juge dignes d'étude.
* 11 Institut de Recherche et
Documentation en Économie de la Santé.
* 12Application
téléchargeable sur
www.zotero.org
* 13Voir la trame de la grille
en annexes.
* 14Application Web
(plate-forme) développée par Harvard Humanitarian Initiative
(HHI) utilisable sur
www.kobotoolbox.org.
* 15Application pour Android
disponible sur Mobogenie (Mobile market).
* 16Application Java
développée par Harvard Humanitarian Initiative (HHI).
* 17Logiciel de la suite
bureautique des logiciels développés par Microsoft
Corporation.
* 18 Ministère des
Affaires Étrangères et Développement.
* 19 Institut National de la
Statistique.
* 20 Organisation de
Coopération et de Développement Économiques.
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