EPIGRAPHE
« Lorsque tu ne sais pas où tu vas,
regarde d'où tu viens » Proverbe africain
« Lorsque tu vas au marigot et que quelqu'un te
lave le dos, tu peux au moins te frotter le ventre » Proverbe
africain
« Si la démocratie était une
baguette magique, les occidentaux la cacheraient jalousement afin de
résoudre tous leurs problèmes » NZENZE EGBONENE
David
LES ABREVIATIONS
B.C.E. : Banque Centrale Européenne
B.M. : Banque Mondiale
C.E. : Commission Européenne
C.N.T. : Conseil National de Transition
EPRDF: Ethiopian Peoples Revolutionary Democratic
Front
Etc. : Et cetera (et le reste)
F.M.I. : Fonds Monétaire International
M.O.N.U.S.CO. : Mission de l'Organisation des Nations
Unies pour la Stabilisation du Congo
O.M.C: Organisation Mondiale du Commerce
O.N.U. : Organisation des Nations Unies
O.T.A.N. : Organisation du Traité de l'Atlantique
Nord
R.D.C. : République Démocratique du
Congo
R.F.I. : Radio France Internationale
U.E: Union Européenne
U.R.S.S. : Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
U.S.D.: United States Dollar (Dollar des États-Unis)
0. INTRODUCTION GENERALE
1. Etat de la question
Même si la problématique est posée de
façon pertinente, il est recommandé de vérifier les
résultats des recherches antérieures ainsi que toute la
documentation sur la théorie qui pourraient se rapporter au thème
sous examen1(*).
A cet effet, la rédaction du présent travail
n'est pas un fait hasardeux, il est le fruit d'une lecture objective des
travaux relatifs à la démocratie en Afrique subsaharienne en
général et au Congo(RDC) en particulier. Parmi lesquels nous
citons :
FILIP REYNTJENS, dans son article intitulé «
Coopération : qui perd ? Qui gagne ? L'échec d'une
génération », cet auteur constate que le souci de
démocratisation a déstabilisé de nombreux pays d'Afrique
[...]. De ce fait, il aboutit à la conclusion selon laquelle, il ne faut
pas chercher à imposer le modèle occidental de la
démocratie. Le problème de l'Afrique, c'est de découvrir
quel modèle serait opérant »2(*).
Quant à MBADU
KIA MANGUEDI CHARLES, dans son ouvrage intitulé : Le propos
d'une démocratie africaine : de l'arithmétique à
l'éthique sur le livre de NGOMA BINDA, une démocratie
libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique. Cet auteur remarque que
presque partout on réclame l'avènement de la démocratie.
Les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe veillent et grondent,
conditionnant l'aide au développement à l'instauration de la
démocratie, à la bonne gouvernance, au respect des droits de
l'homme. Pour ces raisons, la question que l'on oublie souvent, dit-il, et que
l'on devrait absolument se poser, est : Quelle démocratie ?
Les intentions américano-européennes sont-elles
sincères ? Ne risquons-nous pas de tomber dans le même
piège que lors des indépendances ? Car en
réalité, aucune conscience droite ne peut comprendre que les
puissances revendiquent la démocratie et qu'en même temps elles
s'adonnent intensément à l'entreprise d'esclavage, de
colonisation, de néo-colonisation, d'oppression politique et
d'exploitation économique, de financement des guerres et
rébellions diverses3(*).
Pour sa part, ZAHIR FARES,
dans son ouvrage intitulé : Afrique et démocratie. Espoir et
illusions, estime que l'Afrique est un continent de tous les accueils, de
toutes les fraternités, et qui, docilement, a toujours accepté
les modèles qu'on lui propose. Modèle de développement
autocentré, modèle de démocratie, programme d'ajustement
structurel, programme de promotion des exportations, développement du
secteur d'Etat, priorité au secteur privé ;
l'énumération de toutes les mesures mises en oeuvre depuis trente
ans serait fastidieuse. Pour finir, cet auteur pense que si la
démocratie est la reconnaissance du droit des peuples à
gérer librement leurs affaires, il revient à l'Afrique d'apporter
librement sa contribution à l'enrichissement de cette
idée4(*).
Et selon MPUNDU
JOSÉ, dans son ouvrage « Démocratie » cet
auteur trouve qu'aujourd'hui, on parle partout de la démocratie. Nous
entendons critiquer le gouvernement, le chef de l'Etat, les hommes politiques
de tout bord. Certaines choses que l'on dit sur la démocratie sont
contredites par les actes de ceux-là même qui tiennent ses
discours. Par exemple, on parle de démocratie et en même temps on
continue à imposer ses idées aux autres. Dans ce climat de
confusion, le processus semble être bloqué. Ainsi, dit-il, il nous
faut donc tous nous mettre à l'école de la démocratie.
Car, celle-ci est une question d'esprit et de mentalité avant
d'être une manière d'exercer le pouvoir politique et d'organiser
le pays. Il aboutit à la conclusion selon laquelle, le peuple ne doit
pas attendre qu'une société démocratique lui soit servie
comme un plat tout préparé par d'autres. L'avènement et la
réussite d'une société démocratique dépend
donc essentiellement de la prise de conscience que le peuple aura fait de ses
responsabilités5(*).
Fort de ce qui précède, nous avons
constaté que les auteurs cités ci-dessus parmi les centaines qui
ont abordé la problématique de la démocratie en Afrique,
ont abouti à la conclusion selon laquelle l'Afrique devrait
s'auto-approprier son modèle de démocratie.
En conséquence, en ce qui nous concerne, nous
abordons les faits relatifs toujours à la démocratie en Afrique
subsaharienne en général et en RDC en particulier. En effet,
contrairement aux autres, la présente étude essaie de proposer
aux africains en général et aux congolais en particulier la
démocratie consociative. C'est de cette façon que nous nous
démarquons de nos prédécesseurs.
2.
Problématique
La problématique désigne l'ensemble
d'idées qui spécifient la position du problème
suscité par le sujet d'étude6(*).
A un siècle de distance, l'Europe occidentale
continue de se présenter comme la pourvoyeuse des remèdes aux
maux et misères endurés par l'Afrique et les Africains. Et tout
cela en escamotant, mine de rien, son rôle de fournisseurs des
instruments de destruction de l'Afrique. A la fin du 19e
siècle, l'Europe se proclamait génitrice de la civilisation en
Afrique. Depuis la fin du 20e siècle, la marchandise que
l'Europe occidentale et ses alliés veulent vendre à tout prix
s'appelle la démocratie et le respect pour les droits de
l'Homme7(*).
Toutefois, pendant la colonisation la France et la Belgique ne faisaient
pas allusion aux principes démocratiques et ceux de droits de l'homme
parce qu'ils dirigeaient nos ancêtres en main de fer. Ils les
massacraient(en leur coupant les mains,...) et pillaient
systématiquement leurs richesses (caoutchouc, ivoire, cuivre,...). Et
après les indépendances des pays africains, les mêmes
occidentaux, pour leurs intérêts politico-économiques,
imposaient et soutenaient les régimes autocratiques brutaux clairement
refusés par les peuples africains (MOBUTU, HUSSIEN HABRE, BONGO OMAR,
...).
Paradoxalement, vers les années 1990, la France
prétexta : « L'Afrique ne se développe pas
parce qu'il n'y a pas de démocratie. Lorsque les pays africains auront
l'alternance au pouvoir, alors on verra le vrai décollage du
développement ». Voilà un ensemble de refrains de
mensonges venant de la part des occidentaux. L'objectif affiché est
celui de détourner l'attention des africains des vrais enjeux de la
souveraineté effective des pays africains. Et de continuer à
rester dans la position de subalterne de receveur des leçons qui devra
donc se prosterner pour savoir comment fonctionne cette prétendue
démocratie et surtout, comment réussir à s'y
conformer8(*).
Malgré tout cela, la plupart des pays de l'Afrique
subsaharienne ont repris mécaniquement le modèle Français.
En d'autres termes les Constitutions, les institutions politiques et les
régimes politiques sont calqués sur le modèle
Français.
En RDC, la Constitution du 18 février 2006 qui
définit l'organisation et fonctionnement du pays a été une
affaire internationale car, elle a été non seulement
rédigée à Liège(Belgique) par les
« experts » belges, français et quelques congolais,
mais selon le modèle français, sans une quelconque étude
de faisabilité, afin de savoir que la RDC est une société
pluriethnique. Et pourtant, nous disposons des hommes et femmes capables de
rédiger ce document en fonction de l'intérêt et des
réalités de leur société. En plus, suite à
l'inadaptabilité de cette « démocratie » et
l'immaturité politique de beaucoup de nos politiciens (incapables
d'innover), la démocratie est axée plus sur les élections,
celles-ci sont considérées comme une véritable guerre,
parce que la logique veut que « la majorité ou le gagnant
récupère tout » et « la minorité ou le
perdant perd tout ». Dans un tel contexte, la démocratie qui
devrait être un gage de développement devient source des conflits
et des divisions. A cet effet, les donneurs de leçons profitent de cette
occasion afin de montrer aux congolais comment fonctionne cette
démocratie dont ils sont architectes.
En prenant en compte tout ce qui précède,
nous nous sommes posés la question fondamentale suivante :
v L'Afrique subsaharienne précoloniale,
pratiquait-t-elle la démocratie?
De cette question, deux autres questions
spécifiques se posent :
v Existe-t-il un meilleur modèle de
démocratie applicable partout ?
v Quel modèle démocratique pour la RDC et
l'Afrique subsaharienne ?
3. Hypothèses
Selon PINTO et GRAWITZ, définissent
l'hypothèse comme une proposition des réponses aux questions que
l'on se pose de l'objet de la recherche formulé à des termes tels
que l'observation et analyse puissent fournir une réponse9(*).
Au regard de ce qui précède, nous
émettons les hypothèses suivantes:
La démocratie existerait en Afrique subsaharienne
précoloniale, bien que les ethnocentristes nous disent le contraire. En
réalité, la démocratie africaine ou, si l'on
préfère, la forme africaine traditionnelle de la
démocratie est décrite par les scientifiques comme communautaire.
Elle est caractérisée par deux éléments
essentiels : le premier est visible dans l'institution de la libre
discussion en commun de tous les problèmes importants de la
société ; le second est la gestion collégiale du
pouvoir suprême par un nombre de personnes minutieusement
sélectionnées en raison du degré de leur sagesse. Ces deux
traits fondamentaux contiennent les exigences de l'égalité, de la
justice et du partage ordonnées vers l'impératif de
solidarité. La démocratie africaine valorise le consensus au bout
de longues réflexions et discussions palabriques10(*). Et pour le cas de la
RDC, les sociétés congolaises précoloniales (Yaka, Fuliro,
Anamongo, Azandé, Pendé, etc.) inventaient naguère la
démocratie segmentaire11(*). En définitive, ce sont les colonisateurs
qui ont détruit ce modèle afin d'effacer dans les têtes des
africains les valeurs démocratiques qui n'autorisent pas l'esclavage
d'un peuple à un autre. De cette façon, il n'existerait pas un
meilleur modèle de démocratie applicable partout car, la
démocratie est naturellement liée à une histoire et
à une culture de chaque peuple. Dans le même esprit, la
démocratie à la française n'est pas forcement la
démocratie à la suissesse, à l'américaine, à
l'italienne, à la chinoise, etc.
Par conséquent, le modèle
démocratique pour la RDC et l'Afrique subsaharienne serait pour nous le
modèle consociatif. Celui-ci est un modèle de cohésion
sociale. Il est basé sur le dialogue, l'intégration et la
solidarité. Pour ces raisons, il est capable de prévenir ou de
gérer les conflits. En plus de ces éléments, il viendrait
atténuer les problèmes de la majorité et de l'opposition,
des vainqueurs et des vaincus.
4.
Méthode et techniques de recherche
4.1. Méthode
Selon M. GRAWITZ, la méthode est un ensemble
d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifie12(*).
Dans le cadre de notre étude, nous avons
opté pour la méthode historique.
La méthode historique est axée sur
l'histoire qui, sans être explicative par elle-même, rend possible
l'explication dans la mesure où : « d'une part, en
replaçant les institutions dans le milieu social où elles ont
pris naissance, parmi leurs « conditions d'existence ; et,
d'autre part, elle permet la comparaison »13(*).
En effet, cette
méthode nous permet d'analyser les documents et les faits historiques au
sujet de la démocratie en Afrique subsaharienne en général
et en RDC en particulier depuis son origine jusqu'à nos jours, de les
commenter, les interpréter et les critiquer afin de proposer une
solution adéquate pour l'Afrique subsaharienne.
4.2. Techniques
Les techniques sont des « outils utilisés
dans la collecte des informations (chiffrées ou non) qui devront, plus
tard, être soumises à l'interprétation et à
l'explication grâce aux méthodes »14(*).
En vue d'obtenir des informations recherchées,
nous avons recouru à la technique documentaire et de l'observation
directe.
4.2.1. Technique
documentaire
Dans cette technique, il faut signaler qu'il existe des
documents de diverse nature. A cet effet, celle-ci nous permet de consulter une
série des documents parmi lesquels : les ouvrages, les revues, les
notes de cours, les mémoires, les périodiques, les journaux et
les sites internet relatifs à la démocratie en Afrique
subsaharienne en général et au Congo(RDC) en particulier.
4.2.2. Technique d'observation
directe
Nous avons utilisé cette technique par le fait que
nous sommes nous-mêmes témoin oculaire de certaines
réalités qui gangrènent l'Afrique subsaharienne, telles
que la fragmentation lors des grands enjeux politiques, les conflits
postélectoraux, les contestations violentes et les guerres civiles qui
prouvent que la démocratie à l'occidentale n'est pas adaptable
aux réalités socioculturelles africaines.
5. Choix et
intérêt du sujet
5.1. Choix du sujet
La démocratie comme telle est un bon mode
d'organisation de la société. A cela, il faut ajouter que la
démocratie dépend d'une société à une autre
et d'un peuple à un autre. Au 21e siècle, l'Afrique
est devenue une poudrière suite à la démocratie dont
l'Occident est architecte. A cet effet, il est utile aujourd'hui de
réfléchir sur ce sujet d'actualité afin de pouvoir trouver
des alternatives constructives et raisonnables non seulement pour la RDC mais
aussi pour l'Afrique subsaharienne. C'est par ce souci que se justifie le choix
de notre sujet d'étude.
Ainsi, ce travail présente un triple
intérêt : scientifique, national et personnel.
5.2. Intérêt du
sujet
5.2.1 Intérêt scientifique
Cette étude vient appuyer les travaux de nos
prédécesseurs relatifs à la démocratie en Afrique
subsaharienne et au Congo(RDC) en particulier, en vue de permettre à
ceux qui viendront après nous de pouvoir comprendre l'une des raisons
majeures qui bloque le bon fonctionnement des institutions des Etats
Africains.
5.2.2. Intérêt
national
JULIUS NYERERE, l'un des rares chefs d'Etat a
posé des bases d'un régime démocratique dans un Etat
multiethnique(Tanzanie) souligne que : « la
démocratie doit régner partout, mais elle doit se faire
conformément à l'histoire, à la culture et au niveau de
développement de chaque pays »15(*). Dans le même ordre d'idées, la
démocratie à la chinoise n'est pas à l'américaine,
à la suissesse, à la grecque, à l'italienne, pour ne citer
que ces Etats. En vertu de cette logique, cette étude va permettre aux
congolais de maitriser non seulement la
« Démocratie », mais aussi les vrais enjeux
électoraux et ceux de la mondialisation.
5.2.3.
Intérêt personnel
Un scientifique est celui qui éclaire la
société sur un problème précis. A cet effet,
après avoir suivi attentivement les cours en rapport avec la
démocratie durant notre parcours universitaire et, observé
l'évolution de la démocratie en Afrique subsaharienne, il est
aujourd'hui indispensable de réfléchir sur
l'inadaptabilité de la démocratie à l'occidentale en
Afrique subsaharienne et au Congo(RDC) en particulier de manière
à pouvoir trouver des solutions durables quant à ce.
6. Délimitation du
sujet
Toute démarche scientifique procède
fatalement par un découpage de la réalité. Il n'est pas
possible d'étudier, de parcourir tous les éléments
influents jusqu'aux extrêmes limites de la terre et jusqu'au début
des temps16(*).
De cette façon, notre étude est
délimitée dans l'espace et dans le temps.
Ø Dans l'espace, notre étude a comme champ
d'action la RDC. Et, celle-ci est prise comme échantillon de l'Afrique
subsaharienne.
Ø Dans le temps, pour des raisons
d'efficacité, cette étude va de la période allant de 1990
à nos jours, période pendant laquelle la classe politique
congolaise continue toujours à être agitée à propos
des élections démocratiques.
7. Subdivision du sujet
Hormis l'introduction et la conclusion, cette étude
est repartie en quatre chapitres :
· Le premier porte sur le cadre conceptuel et
théorique ;
· Le deuxième parle de la démocratie en
Afrique subsaharienne précoloniale;
· Le troisième approche la démocratie
à l'occidentale et l'évalue ;
· Et enfin, le quatrième propose un
modèle de démocratie adaptable en RDC et en Afrique
subsaharienne.
CHAPITRE PREMIER : CONSIDERATIONS
GENERALES
Ce chapitre sur les
généralités est subdivisé en deux sections :
la première définit le concept de base utilisé dans cette
étude et la seconde porte sur la notion de la
démocratie.
Section 1.Définition
de concept
· Démocratie
Selon l'ancien président américain, ABRAHAM
LINCOLN, « la démocratie est le gouvernement du peuple par le
peuple et pour le peuple ». Toutefois, prenons seulement le cas de la
Grèce, parce qu'on dit : « Les Grecs ont
été parmi les premiers à poser, sinon à
résoudre, certains des problèmes essentiels que doit affronter
l'intelligence humaine »17(*). En effet, la dette extérieure publique de ce
pays est estimée à plus de 150% de son PIB. En d'autres termes,
le montant de la dette extérieure publique grecque est estimé
à plus de 300 milliards d'Euros, alors que son PIB est estimé
à plus de 170 milliards d'Euros. Sa dette extérieure publique
enveloppe toutes les dettes extérieures publiques de l'Afrique
subsaharienne. A ce stade, peut-on dire que le gouvernement grec est un
gouvernement du peuple ? Parce que nous constatons de plus en plus
l'ingérence permanente des créanciers internationaux (BCE, FMI,
CE,...) dans la politique intérieure de ce pays, notamment lors de
l'élection des gouvernants et de la formation du gouvernement.
ROBERT DAHL de son côté, définit la
démocratie à partir de huit critères18(*) qui sont : (i) le droit
de voter, (ii) le droit d'être élu, (iii) le droit pour un leader
politique d'entrer en compétition et de voter,(iv) des élections
libres et transparentes, (v) la liberté d'association, (vi) la
liberté d'expression,(vii) des sources d'information
diversifiées, (viii) des institutions qui permettent aux politiques
publiques d'être dépendantes des votes et d'autres expressions si
elles existent. Cependant, cette définition n'est pas riche, car elle
met plus l'accent sur les élections. Et pourtant, celles-ci ne font pas
nécessairement la démocratie, elles constituent néanmoins
un élément de la démocratie et non plus un aspect de
succès.
Prenons l'exemple d'un pays comme le Benin, ce pays
organise régulièrement (depuis 1991) les élections, mais
sa population vit toujours dans une misère accablante. En claire, le
but ultime de la démocratie est de créer les conditions propices
pour le développement socio-économique de la
société.
Pour OSMAN SAMANTAR, la démocratie est un
régime qui n'admet pas l'exploitation d'un peuple par un autre, un
régime qui donne à la démocratie politique un contenu
social, dans lequel les citoyens sont économiquement égaux et
assument le pouvoir19(*).
Dans le cadre de notre étude, cette définition est très
intéressante, car elle critique la démocratie par la règle
de la majorité qui divise souvent les africains. Dans cette
démocratie, il n'y a pas vraiment la solidarité, c'est plus
l'esprit capitaliste qui domine.
Et pour nous, la démocratie est
généralement l'aptitude d'un peuple à pouvoir s'organiser
de manière libre sur le plan politique, économique et social en
fonction de ses intérêts.
Section 2. Notions sur la
démocratie
Avant même d'être un système politique,
un mode d'organisation de la gestion du pouvoir, la démocratie n'a pas
été autre chose que l'effort permanent des êtres humains
pour s'organiser, se mettre ensemble pour atteindre un but commun. Ils le font
de plus en plus aujourd'hui au-delà de leur nation. Participer
librement, s'associer pour prendre part à l'organisation de la
communauté dans laquelle on vit est, sans doute, le premier fondement de
la démocratie. Cette participation peut prendre des formes
différentes selon les régions du monde, en fonction des
caractéristiques différentes de ces régions et de leurs
cultures20(*). Dans cette
même logique, la démocratie est à la fois fait et valeur.
En tant que fait, elle implique une organisation politique et des institutions
à travers lesquelles elle prend forme et révèle une pleine
signification. Mais, en tant que valeur, la démocratie est une
manière d'être, une culture qui n'est pas seulement celle de
l'élite de la société dans laquelle elle est
appelée à prendre corps et à s'exercer. Et de toute
façon, la culture «n'est pas l'objet de négoce
international ; elle ne se vend pas clefs en main?21(*).
§1. Argumentaire
négatif de la démocratie
La conception négative de la démocratie
tient, pour une large part, au statut habituellement assigné à ce
qu'on nomme "peuple?, la masse, comme couche sociale inférieure.
Considérée comme inculte, surtout dans une société
hautement analphabète, la masse non intelligente n'est point
jugée apte à conduire la destinée de tout un
peuple22(*). A cet effet,
beaucoup de penseurs ont critiqué ce fameux concept, parmi
lesquels : PLATON, JEAN JACQUES ROUSSEAU, JEAN PAUL POUGALA. En effet, la
démocratie, pour PLATON, est un système qui n'est pas basé
sur une longue préparation morale, scientifique et technique pour
accéder aux plus hautes fonctions. Seul le dévouement pour la
cause du peuple est la condition requise. Dans un Etat
démocratique, on se contente de vagues promesses sans chercher
à savoir si celui qui les formule est capable de les tenir. La
démocratie proclame d'éléments par nature
inégaux23(*). Il
est à peu près évident, dit-il, que la tyrannie vient de
la démocratie24(*).
Et JEAN JACQUES ROUREAU, pour sa part, est même allé très
loin dans ses exigences au point d'écrire que la démocratie est
« un régime qui convient mieux aux anges qu'aux
hommes ». De ce point de vue, découle l'idée selon
laquelle la démocratie est un idéal qui ne sera jamais atteint
par les Etats. A chaque fois qu'on s'y approche, les exigences des citoyens
éloignent l'horizon démocratique25(*).
Dans le même esprit, JEAN-PAUL POUGALA pense que la
démocratie n'existe pas parce que nulle part le peuple ne décide
quoique ce soit. Le seul fait de mettre son bulletin dans l'urne ne peut pas
signifier qu'on est dans le meilleur système possible. Le modèle
d'organisation de la société à l'occidentale qu'on a
désigné avec le terme de démocratie a
démontré ses limites au 21ème siècle,
avec le pouvoir d'argent qui a installé au trône du pouvoir
politique de véritables aventuriers sans foi ni loi capables de
déclencher des guerres pour de simples conflits postélectoraux et
des mouvements de mécontentement dans d'autres pays26(*).
§2. Argumentaire positif
de la démocratie
Cependant, une conception positive et actuelle de la
démocratie s'impose à partir du XVIIIe siècle. Plusieurs
facteurs y concourent. Il y a, d'abord, la philosophie des lumières qui
exalte les droits de l'individu, notamment l'égalité, la
liberté, la participation et la discussion par tous les citoyens des
problèmes de la cité. Ensuite, il faut citer les
découvertes scientifiques nouvelles qui apprennent à relativiser
les vérités et à écouter les particularités.
Enfin, il y a l'émergence des nouvelles théories sociales qui
proclament le libéralisme et le nationalisme27(*).
§3. Les types de
démocratie
De manière générale, il existe deux
types de démocratie dans le village planétaire : la
démocratie libérale et la démocratie sociale. Toutefois,
à côté de ces deux modèles nous ajoutons un
troisième type nommé la démocratie consociative. Celle-ci
est un modèle d'intégration et de solidarité. Il s'adapte
mieux aux sociétés pluriethniques.
3.1. La démocratie
libérale
La démocratie
libérale (Conception libérale) qui accorde une plus grande
importance à la limitation du pouvoir de l'Etat par la loi et la
reconnaissance des droits fondamentaux28(*).
Elle est une démocratie qui cherche à
résoudre l'antagonisme entre le pouvoir et la liberté ;
antagonisme tenant à l'existence d'une majorité s'imposant
à la minorité, cela au moyen de procédés divers de
conciliation et d'équilibre : reconnaissance aux individus de
droits opposables à l'Etat tel que liberté d'opposition,
aménagement de la structure de l'Etat de manière à limiter
le pouvoir politique29(*).
En effet, ce modèle est non seulement incompatible aux
sociétés pluriethniques africaines, suite à son principe
selon lequel c'est la majorité qui gouverne, mais il démontre
aussi ses limites là où il a été conçu. Il
suffit de tourner le regard vers l'Occident pour voir comment les occidentaux
posent des actes déplacés au nom de la démocratie.
Aujourd'hui en Occident, la politique ne commande presque rien, c'est l'argent
qui détermine tout.
3.2. La démocratie
sociale
Dans les pays communistes, la démocratie populaire
a été la version prédominante de l'idéale
démocratie. Les communistes appelaient généralement
à la dictature révolutionnaire du prolétariat30(*), le pouvoir procède
d'une volonté populaire dont l'orientation globale est
définitivement fixée par les exigences de la cité
socialiste. C'est un pouvoir dont l'inspiration, le programme et les plans,
arrêtés selon les impératifs de cette volonté
prépondérante, échappent à toute discussion parce
que l'aménagement de l'exercice de la puissance étatique est
monopolisé par la force politique qui s'est érigée en
maîtresse de l'Etat31(*). Ce modèle a vu le jour en Afrique
subsaharienne après les indépendances des pays africains mais il
n'a pas donné un résultat probant suite à son
caractère autarcique.
3.3. La démocratie
consociative
Le modèle consociatif est central
dans cette étude. Il est présenté ici comme une solution
ultime pour la construction démocratique dans une société
pluriethnique en Afrique subsaharienne et en RDC en particulier. Dans une
démocratie consociative, les tendances inhérentes à une
société plurale sont neutralisées par une attitude de
coopération des leaders qui représentent les différents
segments constitutifs de la société et des institutions qui
favorisent cette représentation. La coopération de l'élite
est la particularité principale de la démocratie
consociative32(*). Bref,
c'est un modèle d'intégration, de coopération et de
solidarité.
On retiendra donc que ce chapitre est articulé
autour de deux sections, dont la première a été relative
à la définition de concept de base afin d'apporter un
éclairage sur notre étude et, la seconde a été
consacrée à la notion de démocratie car, nous remarquons
qu'il y a une confusion dans la compréhension de ce concept.
CHAPITRE
DEUXIEME : L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE PRECOLONIALE ET LA
DEMOCRATIE
Ce chapitre sur l'Afrique noire
précoloniale et la démocratie est divisé en deux
sections : la première est axée sur la démocratie en
Afrique noire traditionnelle et la seconde s'attelle sur la démocratie
au royaume Kongo.
Section1. La
démocratie en Afrique noire traditionnelle
Certains auteurs pensent que : « ce
sont les grecs, somme toute, qui ont découvert non seulement la
démocratie, mais aussi la politique, l'art de parvenir à des
décisions grâce à la discussion
publique »33(*).
De nombreux faits inclinent à penser qu'à l'origine le pouvoir
royal, étant donné son caractère sacro-saint, était
absolu. L'idée que l'on se fait de la royauté en Afrique ne
permet pas d'imaginer qu'on ait songé à limiter à
l'origine, par un système constitutionnel quelconque, son
autorité34(*). On
parle souvent de la démocratie comme si elle était quelque chose
d'inconnu de l'africain, quelque chose qu'il faut par conséquent lui
apprendre35(*). Cependant,
comme forme de gouvernement, la démocratie existe dans le monde depuis
l'apparition des sociétés humaines. Des
études anthropologiques et historiques montrent qu'elle a existé,
sous une forme ou sous une autre, dans les sociétés africaines,
comme ailleurs dans le monde36(*).
En effet, en Afrique, on trouvait toutes les notions qui
font le contenu de la démocratie même comme celle entendue en
Occident : individu, personne humaine, personnalité juridique,
peuple, idée de Droit, droit subjectif, liberté, justice,
égalité. Ces notions sont peut-être conçues
différemment dans leurs interactions, mais existent37(*).
De ce fait, la démocratie en Afrique noire
traditionnelle était caractérisée par: la libre expression
de l'opinion publique, l'accord unanime dans l'intérêt de
l'unité du groupe et la personnalité du chef dont le rôle
est celui d'un médiateur plus que d'un dictateur. L'opinion publique est
souvent consultée par le moyen de réunions de la population ou de
ses délégués si la circonscription est trop étendue
avant toute décision qui engage les intérêts de la
communauté38(*).
WAMBA-DIA-WAMBA, a démontré qu'il était possible de voir
dans la palabre un des éléments centraux de la façon dont
la démocratie était exercée dans les villages. Un des
aspects centraux de la palabre est le fait que tout le monde peut participer et
que tout le monde a une connaissance parfaite des règles de
fonctionnement. Il démontre aussi comment cette pratique était
soumise à des tensions contradictoires, et que sa reproduction
automatique n'était pas toujours acquise d'avance39(*).
En un mot, la société d'Afrique
précoloniale était tout sauf une jungle. On y observait des
normes précises dont certaines avaient pour objectif de freiner
efficacement le pouvoir absolu du chef. Ceux qui avaient le pouvoir de le
choisir avaient également celui de le déposer40(*). Et donc, il ne s'agit pas ici
de rendre un hommage facile à l'Afrique précoloniale. Celle-ci,
on le sait, n'était ni un paradis, encore moins un enfer. C'était
tout simplement une société humaine avec ses succès et ses
travers41(*). Et il n'est
pas aussi question de retourner à l'ordre monarchique
pré-colonial, car le monde a déjà changé. Mais il
est question tout simplement de répondre à certains
ethnocentristes et de rappeler aux africains qu'il existait dans leurs
sociétés traditionnelles des caractéristiques
fondamentales de la démocratie qui pourront leur permettre à se
ressourcer en vue de poser des bases d'un modèle démocratique
stable en Afrique subsaharienne.
Section1.Cas de royaume
Kongo
Il est
difficile pour nous dans le cadre de cette étude de passer en revue tous
les royaumes et empires africains. A cet effet, nous avons choisi le royaume
Kongo comme référence, tout en sachant que d'autres royaumes et
empires africains pèsent sur l'histoire traditionnelle africaine. En
plus, nous savons que l'organisation du royaume Kongo n'était pas la
même avec d'autres royaumes africains mais elle était presque
voisine.
En effet, le royaume Kongo a une longue histoire, une
histoire intéressante, riche en leçons pour nous tous. Il est
classé parmi les pays les plus riches en préhistoire :
pierres taillées, grottes à dessins, pierres gravées. Son
histoire est basée sur de très nombreux documents à partir
de l'an 150042(*).
§1.Les fondements du
royaume
L'espace de la côte atlantique était
dominé, vers la fin du XIVe siècle, par trois centres
d'innovation politique, immédiatement au Nord et aux alentours du bas
fleuve, ainsi qu'en amont, davantage dans l'arrière-pays. Ces structures
primaires allaient se transformer en royaumes : Loango, Teke et Kongo. On
évoquera ici l'histoire de ce dernier royaume dont le nom allait
designer celui de l'ensemble du pays43(*). En effet, quand les portugais arrivèrent en
1482, il y avait déjà un siècle et demi environ que sur le
cours inférieur du Congo, un grand royaume s'était établi.
Les autochtones étaient de souche Ambundu. Leur ancêtre fondateur,
c'était NTUNU qui, à la tête des groupes
conquérants, descendit du Nord du Mayombe vers le Bas-Kongo (province du
Nsundi) qui servit de base pour une conquête rayonnante, surtout en
direction du Sud. Une alliance intervint entre le nouveau chef et le pontife
local Nsaku, grand guérisseur qui le débarrassa d'une maladie
nerveuse en l'aspergeant d'une eau lustrale avec une queue de buffle. Cette
alliance fut scellée par un mariage et la province du guérisseur,
le Mbata, fut incorporée au royaume. Le roi prit donc le titre de
Mani-kongo, ou seigneur du Kongo. Dans sa plus grande envergure aux XVe et XVIe
siècles, le royaume s'étendait du Bas-Kongo au Nord, au fleuve
Kwanza au Sud et de la rivière Kwango à l'Est, à la
Côte atlantique44(*).
§2.L'organisation
politique
Dès leur arrivée, les navigateurs portugais,
commandés par Diego cao, sont frappés par l'organisation du
royaume et son degré de culture45(*). Plus tard, des relations s'étaient
établies entre le Portugal et le royaume Kongo46(*). Celui-ci regorgeait quatre
principales castes47(*) :
Ø La caste dirigeante regroupait toute la noblesse
exerçant certaines fonctions particulières au sein du
royaume ; il s'agissait d'un groupement et non d'une assemblée
opérationnelle.
Ø Le conseil d'Etat était une
assemblée plus constitutionnelle que représentative. Il
était composé de 9 à 12 membres et avait de l'influence,
tant lors de l'élection d'un roi que sur les décisions politiques
que celui-ci pouvait prendre.
Ø Le corps administratif était le corps des
fonctionnaires qui comprenait trois catégories :
· les gouvernements des provinces et chefs des
villages ;
· les fonctionnaires de la cour et
· Les prêtres chargés du culte.
Ø La garde royale était l'instance
chargée de l'exécution des décisions royales. Elle
était composée des serviteurs du roi, souvent d'origine esclave.
En effet, la gestion du royaume revenait au roi et aux
nobles. Le roi en principe le maître incontesté du royaume ;
il représentait la force et la vitalité. De ce fait, il rendait
la justice en dernière instance, nommait et destituait les
fonctionnaires. Un code reprenant une série des principes de gestion du
royaume existait, pour aider le roi dans sa tache48(*). Il faisait les lois avec son
conseil, et on les proclamait sur les marchés49(*). Sa structure politique
centralisée, du moins au moment de sa splendeur, constitue une des
originalités de ce royaume, malgré cela, le Roi ne fait pas ce
qu'il veut. Son autorité est limitée et contrôlée
par son conseil ainsi que par la classe dirigeante. Il nomme des gouverneurs
dans les différentes provinces auxquels viennent rendre compte les chefs
de village50(*).
Le royaume était divisé en six provinces,
ces dernières en districts et districts en villages.
L'unité de base de la structure politique
était le village. A un niveau supérieur on trouvait des
districts dirigés par des fonctionnaires nommés par le roi ou par
un gouverneur de province, et qui pouvaient être mutés au
gré du souverain51(*).
La structure militaire du royaume était simple. Le
roi disposait d'une garde du corps permanente composée principalement
des soldats étrangers comme des Teke ou des Hum, qui, pensons-nous,
étaient des esclaves. A part cela, il n'y avait pas d'armée
permanente. En cas de guerre chaque fonctionnaire territorial en appelait aux
chefs de ses villages et tous les hommes valides étaient dirigés
vers des zones de concentration où l'armée se formait52(*).
2.1. L'élection
Il faut d'abord se rappeler que la monarchie au Kongo
était élective. Ce principe visait à dégager du
groupe des candidats éventuels une personnalité susceptible
d'exercer le pouvoir de manière effective53(*).Il n'y avait donc pas de clan
royal ce qui donnait lieu à une élection authentique du roi par
un collège électoral composé de neuf ou douze membres au
nombre desquels nous savons que se trouvaient le mani Kabunga, détenteur
du droit de veto, le mani Soyo et le mani Mbata54(*). Les deux derniers combinaient leur fonction
d'électeur avec celle de la gestion des provinces. Il s'agissait
également des rares régions sur lesquelles n'intervenaient
pratiquement pas des nominations royales55(*). Le roi élu était obligé de se
conformer pour sa manière de vivre aux règles prescrites par les
lois, et de suivre, dans tout ce qu'il fait, les mêmes usages que ses
pères56(*).
2.2. La gestion des
provinces
La gestion des provinces revenait aux
gouverneurs, élus par le peuple et confirmés ensuite par le roi.
Dans des situations spéciales, le roi nommait de manière directe
les gouverneurs. Et certains chefs de district étaient aussi
nommés directement par le roi, quoique leur territoire fût compris
dans celui d'une province57(*). Le royaume comptait six provinces :Nsundi,
Soyo, Mbamba, Mpangu, Mpenga et Mbata. Cette dernière, était la
plus grande et la plus riche, elle est la clé du royaume, son bouclier,
son épée, sa défense, son bastion devant l'ennemi. Elle
résiste en effet à toutes les rebellions qui éclatent aux
frontières ; ses habitants sont valeureux, toujours prêts
à porter les armes, à repousser les ennemis venant de l'Angola.
Chaque fois qu'il en est besoin, le roi recourt à eux pour
réprimer tout soulèvement dans d'autres provinces58(*).
§3.Les organisations
économiques
Le gouvernement tirait ses revenus des impôts et du
travail forcé. Le tribut se payait en toile de raphia, en ivoire et en
esclaves. A cela s'ajoutaient les droits de douane et les amendes judiciaires,
et aussi la pêcherie royale de l'île de Luanda. L'inspection des
finances incombait à plusieurs fonctionnaires : la mfutila, le mani
mpanza et le mani samba59(*). A l'époque, la structure économique
la plus pertinente était le marché. C'était l'instance par
excellence de polarisations des échanges qui ne cessaient de se
développer maintenant qu'une certaine stabilisation de la population
était assurée. Le marché s'est créé
précisément sur base de la nécessité d'acquisition
des biens qu'on n'était pas capable de fabriquer soi-même ou de
prélever dans son environnement immédiat. Il y eut d'abord des
marchés locaux. Ils furent ensuite complétés par des
marchés interrégionaux. La tenue du marché supposait
l'existence et le respect d'un règlement sécurisant à la
fois le marchand et l'acheteur. C'est là aussi que se promulguaient les
lois et que s'effectuaient les annonces60(*).
On se souviendra que ce chapitre a regorgé deux
sections. La première a illustré l'existence de la
démocratie en Afrique noire traditionnelle dans son ensemble et la
seconde a illustré l'existence de la démocratie au royaume Congo.
CHAPITRE TROISIEME : APPROCHER LA DEMOCRATIE A
L'OCCIDENTALE ET L'EVALUER
Ce chapitre est scindé en trois sections : la
première critique la démocratie à l'occidentale ; la
deuxième attaque les problèmes posés par la
démocratie occidentale en Afrique subsaharienne en général
et en RDC en particulier ; la troisième et la dernière quant
à elle, analyse l'attitude des dirigeants africains face à la
démocratie.
Section1. L'attitude des
pays occidentaux face à la démocratie
Dans notre quête d'une société
démocratique, il y a un risque de confusion entre la démocratie
de type occidental et la démocratie tout court. La démocratie
à l'occidentale est une chose. La démocratie en est une autre. Si
la première est une adaptation propre à l'occident de ce
patrimoine de l'humanité, la seconde est une valeur universelle61(*). Celle-ci est
fondée sur la liberté, la justice et
l'égalité ; il n'y a en ceci aucun doute ni
objection.
En effet, au cours de l'histoire, il est devenu de plus en
plus clair que la participation et l'avis de tous sont indispensables pour
pouvoir vivre ensemble et réunir des objectifs communs. Le
développement d'une communauté, d'une région, d'un pays,
d'un continent, ne peut valablement se faire que s'il repose sur la
volonté et la contribution de tous62(*). De ce point de vue, en 1945, après la
deuxième guerre mondiale qui a couté la vie à des millions
de personnes, les Etats se sont réunis afin de créer une
Organisation à vocation universelle dénommée Organisation
des Nations Unies(en sigle, ONU) dans le but de prendre des décisions de
manière consensuelle pour l'intérêt de tous les peuples du
monde, et de prévenir des nouveaux conflits mondiaux. Pour cela, article
2, alinéa 1, de la charte de cette organisation stipule
que : «L'Organisation est fondée sur le principe de
l'égalité souveraine de tous ses Membres »63(*). Pourtant, déjà
à ce niveau, le principe démocratique fonctionne très
imparfaitement. Les Etats-membres n'y jouissant pas d'une représentation
égalitaire de fait64(*), dans la mesure où, l'Organisation est
composée de six organes parmi lesquels l'assemblée
générale et le conseil de sécurité. Le premier
englobe tous les membres de l'Organisation (au moins 193), et le second
renferme quelques membres éternels(5) : les Etats-Unis, la France,
le Royaume-Uni(les pays très démocratiques), la Chine et la
Russie. Ces pays, se sont octroyés le droit de veto sans consulter qui
que ce soit, et dictent leur volonté à l'Assemblée
générale qui est le congrès du monde.
En conséquence, les membres permanents peuvent
décider d'intervenir là où ils le souhaitent sans
l'autorisation des Nations Unies, comme ils l'ont fait au Kosovo ou en
Irak ; on voit bien que cela n'entraîne aucune sanction officielle.
L'ordre international incarné par le conseil de sécurité
consacre le règne de la force, non du droit. On dit parfois, pour en
tirer orgueil, que ce nouvel ordre mondial met fin à la sacro-sainte
notion westphalienne de souveraineté des Etats, au
principe « charbonnier maître chez soi »,
autrement dit : chaque gouvernement fait ce qu'il veut chez lui, c'est lui
qui décide de ce qui est bien ou mal. Certainement imparfait, cet ordre
est cependant remplacé par un principe plus ancien encore, selon lequel
la force fait le droit et les puissants de ce monde peuvent imposer leur
volonté aux plus faibles : maintenant, c'est « même
charbonnier maitre partout » !65(*) Dans ce contexte, nous donnons raison à
l'ancien président français CHARLES DE GAULE qui
disait : « l'ONU est un gros machin »66(*).
L'année dernière, la RDC avait
renoncé au soutien des forces de la Mission de l'Organisation des
Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) dans la traque contre
les groupes armés et autres opérations. En plus, elle avait
demandé le départ progressif des casques bleus sur son sol. De
son côté, le conseil de sécurité, s'est
prononcé non seulement contre, mais a décidé aussi que,
les reconfigurations futures de la MONUSCO et son mandat seraient
conditionnées par les résultats sur terrain. Or, en 1960,
à propos de la mort de PATRICE LUMUMBA, FRANZ FANON écrivait?:
« L'ONU n'a jamais été capable de régler
valablement un seul des problèmes posés à la conscience de
l'homme par le colonialisme, et chaque fois qu'elle est intervenue,
c'était pour venir concrètement au secours de la puissance
colonialiste du pays oppresseur »67(*).
Par ailleurs, de quelle manière, au nom de la
« démocratie », (facteur de paix et gage de
développement) les occidentaux ont d'abord obligé à la
Côté d'Ivoire d'organiser les élections, dans un pays
coupé en deux par la guerre. Ensuite, après la crise
postélectorale, ils ont privilégié un camp plutôt
qu'un autre, c'est-à-dire ils ont envoyé les militaires
français et onusiens dans le but d'aller déloger LAURENT GBAGBO
de la résidence présidentielle en faveur d'ALASSANE OUATTARA. Au
lieu de résoudre ce conflit postélectoral de façon
pacifique, en recomptant par exemple les voix ou en établissant une
discussion objective comme ça se fait ailleurs. A titre illustratif, en
Afghanistan, en 2014, nous avons vu comment deux candidats (ABDULLAH ABDULLAH
et ASHRAF GHANI) se disputaient la victoire à l'élection
présidentielle au second tour. Et c'est à partir d'un dialogue
constructif que ces deux protagonistes se sont entendus, en signant l'accord de
gouvernement d'union nationale sans que les armes ne puissent parler comme en
Côte d'Ivoire. Par conséquent, comme dit AMINATA
TRAORÉ : « l'attaque de la résidence du
président LAURENT GBAGBO et son arrestation ne sont ni plus ni moins
qu'une illustration de ce que CHEIKH HAMIDOU KHAN appelle l'art de vaincre sans
avoir raison, qui est le propre de l'Occident »68(*).
Comment encore expliquer toujours au nom de la
« démocratie » l'OTAN avait détruit non
seulement la Lybie et tué MOUAMMAR KADHAFI mais elle a aussi
créé une insécurité permanente dans la bande
sahélo-saharienne ! Et, cette guerre aurait fait, selon les
estimations du président du (CNT), MOUSTAPHA ABDELJALIL, environ 20.000
morts, chiffre arrondi à 30.000 en octobre69(*). C'est
ça donc la démocratie et les droits de l'homme ? Comparons
aujourd'hui la Lybie « démocratique » et la Lybie
pendant l'époque de MOUAMMAR KADHAFI. La résultante est claire,
la Lybie actuelle « démocratique » est devenue
centre des terroristes, pays ingouvernable, les libyens sont devenus orphelins,
négligés et éparpillés. Certains tentent d'aller en
Europe, et cette dernière a tracé un mur pour les
empêcher ; et d'autres finissent leur course dans la
Méditerranée. Pourtant, avant l'intervention de l'OTAN, les
occidentaux étaient « humanistes », ils
prétextaient : « nous intervenons en Lybie au nom de la
démocratie afin de pouvoir protéger les civils ». A ce
sujet, nous nous posons quelques questions innocentes : Est-ce- qu'on peut
établir la démocratie par la voie des armes lourdes ? Les
pays qui ont bombardé la Lybie afin d'instaurer la prétendue
« démocratie » ne savent pas que la Lybie est
aujourd'hui ingouvernable ? Est-ce- qu'un pays démocratique peut
avoir deux gouvernements et deux parlements parallèles ? Comment
parler de la démocratie seulement à l'intérieur des
quelques Etats (surtout l'Afrique subsaharienne) au moment où certains
parmi eux n'ont pas droit au chapitre au conseil de
sécurité ?
Conséquemment, ceux qui veulent donner des
leçons à l'Afrique au sujet de la démocratie ne sont pas
mieux placés. S'ils se souciaient réellement des peuples
africains, ils devraient d'abord démocratiser le système de
Nations Unies, c'est-à-dire promouvoir le droit à la place de la
force. En d'autres termes, le mandat qu'ils ont confié au conseil de
sécurité de façon arbitraire pour leurs propres
intérêts, ils devraient le confier normalement à
l'assemblée générale (congrès du monde) pour
l'intérêt de tous les peuples du monde car, la devise de l'ONU
est « c'est votre monde ».
Et, les africains doivent savoir que les élections,
l'alternance, la liberté d'expression et le droit de l'Homme ne sont pas
des priorités majeures. Ce sont les termes que les occidentaux utilisent
pour montrer aux africains que ce sont eux qui les aiment plus, et non plus
leurs dirigeants. La priorité ultime est le droit au
développement, c'est ici où repose les vrais droits de l'Homme.
Puis, la construction d'un régime démocratique stable, la
stabilité des institutions et leur développement
économique et social ne viendront pas d'en haut. C'est le fruit d'un
travail raisonnable et responsable avec la patience et la confiance mutuelle.
Section2.Les
problèmes posés par la démocratie à l'occidentale
en Afrique subsaharienne
Au commencement était la « mission
civilisatrice » aux allures de conquête militaire. Puis vinrent
la « coopération au développement » avec ses
corollaires, l'endettement et l'ajustement structurel. Toutes ces politiques
ont été conçues par les occidentaux dans notre
intérêt, a-t-on toujours dit. Elles ont pourtant contribué
à notre perte, tout en enrichissant
l'Occident « chrétien » et
« humaniste ». Et nous voici maintenant, entrainés,
une fois de plus pour notre « plus grand bien », dans
l'ajustement démocratique70(*). Pour ce faire, ils ont élaboré un
critérium d'évaluation de la démocratie selon leurs
propres représentations, auquel doit répondre tout Etat pour
bénéficier de « l'aide au
développement ». Même si ce critérium n'est pas
toujours imposé à tous avec la même rigueur71(*)c'est-à-dire l'accent
est mis plus sur l'Afrique subsaharienne.
En effet, voici le début du nouveau
scénario : « Lorsque je dis démocratie,
lorsque je trace un chemin, lorsque je dis que c'est la seule façon de
parvenir à un équilibre au moment où apparaît la
nécessité d'une plus grande liberté, j'ai naturellement un
schéma tout prêt : système représentatif,
élections libres, multipartisme, liberté de la presse,
indépendance de la magistrature, refus de la
censure »72(*).Voilà le schéma dont nous disposons.
Ainsi parlait François Mitterrand au sommet de La Baule le 20 juin
199073(*). C'est là
un piège fondamental, un vrai, car il est surprenant que l'Occident, ne
comprenne pas, qu'il n'existe pas de «calendrier spécifique pour
mettre en place la démocratie?74(*). Cette thèse naît d'une révolte
face à un paradoxe cruel et cynique. L'histoire montre que depuis la
traite des nègres jusqu'au néocolonialisme, en passant par la
colonisation, l'Europe n'a jamais entendu accorder la démocratie
à l'Afrique, démocratie et liberté pour lesquelles elle a
elle-même fait des «révolutions? qui ont couté de
nombreux efforts et sacrifices ; démocratie et liberté
mêmes que le monde occidental valorise et clame, à la longueur des
journées, à travers l'éternel refrain quasi
unilatéral de «droits de l'homme?75(*).
En effet, pendant la colonisation et après les
indépendances des pays africains, les mêmes vendeurs d'illusions
savaient très bien que la démocratie et les droits de l'Homme
existent, mais, pour leurs intérêts politico-économiques,
ils ont foulé aux pieds tous les principes qui découlent de ces
deux fameux termes, car ils ont exploité inhumainement les africains et
soutenu des régimes dictatoriaux. Et d'emblée, ils montent une
nouvelle stratégie sans présenter aux africains le bilan de
précédents scénarios sur la
« civilisation » et la « coopération au
développement ». Quoi qu'il en soit, les chefs d'Etats
africains, incapables d'innover, n'avaient pas le choix, ils ont fait le pas
vers la démocratie par la règle de la majorité. Et
celle-ci comporte beaucoup de faiblesses dont la plus importante est le
fossé qu'elle crée aussitôt après les
élections entre76(*) les membres de la communauté. En fait, cette
démocratie veut qu'après les élections, le candidat qui
aurait au moins 51% de voix soit déclaré vainqueur, contre celui
qui aurait 49% de voix. Celui-là va gouverner seul, car le principe est
que « c'est la majorité qui gouverne » ou
« c'est la majorité qui prend tout », et celui-ci
est exclu de tout. Or les sociétés africaines sont
pluriethniques, par conséquent, au lieu que cette démocratie
amène la paix et le développement en Afrique subsaharienne, elle
amène par contre, un chapelet de conflits (contestation violente, guerre
civile, sécession, crise politique,...).
En plus de cela, partout en Afrique, qui dit
démocratie pense aussitôt création des partis politiques.
Naissent alors, comme issus d'une génération spontanée,
des communistes, des socialistes, des libéraux, des
sociaux-chrétiens, etc. En Europe, les partis politiques naissent des
préoccupations sociales ou des conflits que traversent les
sociétés. Les libéraux sont nés après avoir
milité contre l'ordre établi : la mainmise de
l'église sur l'Etat. Tout s'arrête là. En effet, nés
à partir de rien, ces partis politiques africains ne peuvent être
que des coquilles vides77(*). Par ailleurs, on assiste à des modifications
sans élan des constitutions, à des coups d'Etat, à des
simulacres élections qui amplifient la corruption, à une course
au mensonge, à des violences postélectorales, à un
dédoublement des institutions, à des problèmes
économiques très sérieux qui conduisent à la
misère de la population, à une instabilité politique.
En un mot, on assiste à des crises
socio-politico-économiques qui bloquent le bon fonctionnement des
institutions. Et à ce stade, ceux qui détiennent le stylo rouge,
interviennent pour donner des « solutions » aux
problèmes posés en Afrique, par les africains, avec les fameuses
expressions « le président reconnu par la communauté
internationale » (cas de la Côte d'Ivoire), « le
gouvernement reconnu par la communauté internationale »(cas de
la Lybie), « la communauté internationale ne reconnait pas ces
élections ou ces verdicts » (cas de Zimbabwe), « la
communauté internationale soutient les pays africains qui font preuve de
l'alternance et du respect des droits de l'homme » (cas du
Sénégal, du Benin, du Ghana,...).
On croit rêver, on a des exemples des pays avec
l'alternance au pouvoir comme le Sénégal, Bénin, Ghana,
Burundi sans que cela fasse de ces pays des champions de la croissance
économique ou même de la stabilité politique du pays,
devant d'autres comme l'Angola, l'Ethiopie, le Mozambique ou le tant
décrié Zimbabwe. Le Sénégal bat même le
record de pays d'où fuit la jeunesse pour chercher la chance
ailleurs78(*). D'autre
part, dans une perspective historique, ROOSEVELT, 32e
président des Etats Unis, a été élu quatre fois
(1932-1944), et personne n'en a fait un problème. La France de son
côté a connu tous les régimes, pris dans l'engrenage de
tous les vieux démons des privilèges et des rancoeurs
vengeurs : la Convention, le Directoire, le Consulat, l'Empire, la
Restauration, la Commune, etc.79(*). Et s'agissant de respect des droits
l'homme, quand on analyse ce discours, la première chose qui traverse
l'esprit est son caractère sélectif. L'occident s'indigne du
non-respect des droits de l'homme seulement dans le tiers-monde et plus
particulières en Afrique. Et l'indignation ne porte que sur les droits
civils et politiques. Mais un silence entoure les droits économiques,
sociaux et culturels ainsi que le droit au développement, qui sont
pourtant délibérément bafoués par l'ordre
économique mondial actuel80(*). Depuis plus de cinquante ans une
génération d'africains et d'hommes du tiers monde, de
façon plus large, sont confrontés à une situation qui
relève du scandale et peut-être de plus en plus de ce que l'on
pourrait appeler un crime contre l'humanité81(*).
En effet, les institutions internationales (BM, FMI, OMC)
« aident les Etats africains » à s'insérer
dans la globalisation de l'économie et à rentrer dans le
« cercle vertueux de l'investissement et de la
prospérité ». Pour pouvoir bénéficier de
cette assistance, les Etats africains doivent accepter l'ingérence de
ces institutions. Et comme conséquence, l'Etat a perdu ses fonctions
sociales et sa liberté d'agir pour le bien-être de ses citoyens.
Cet Etat semble aujourd'hui incapable de garantir une intégration
politique et sociale fondée sur le droit élémentaire
d'accès à une éducation de qualité, un
système de santé, un assainissement et, enfin à l'usufruit
du bien public. Comment répondre aux défis de la
démocratie si l'Etat doit, d'une part être fort pour appliquer les
exigences de la politique financière sous contrôle des grandes
organisations internationales mais si, d'autre part, il reste faible dans les
réponses qu'il apporte aux attentes de ses citoyens82(*) ? Comment la
démocratie peut-elle donner du travail quand des privatisations tous
azimuts constituent l'une des préoccupations majeures de la
« démocratisation », avec leur cortège de
licenciements massifs et d'exclusions ? Par quel miracle le droit à
l'alimentation peut-il être assuré quand l'Afrique doit rembourser
des dettes qui n'ont servi à rien sinon à enrichir ses dirigeants
et l'Occident ? Comment l'Afrique même démocratique peut-elle
satisfaire le droit au développement de ses populations, quand elle
cherche désespérément un rapport plus équitable
dans le commerce international ?83(*) Malgré tout cela, les africains ont droit
à la liberté d'expression et à la dignité humaine
seulement aujourd'hui ? C'est n'importe quoi !
Et donc, les occidentaux savent très bien que la
misère, l'ajustement structurel, système capitaliste et le reste,
peuvent bloquer facilement le bon fonctionnement de la démocratie
à la l'occidentale en Afrique subsaharienne, mais, continuent toujours
à serer l'étau pour que l'Afrique s'explose.
En RDC, les expériences de 2006 et celles de 2011
montrent que la démocratie à l'occidentale n'est pas la condition
de l'égalité naturelle des êtres humains. Au Congo, ce sont
les plus riches qui paient 50.000 dollars pour être élus
(candidats à l'élection présidentielle). Le rôle des
pauvres est réduit à élire les riches mais jamais à
être élus ni à représenter les leurs à
l'assemblée nationale (Parlement)84(*). Les mêmes élections ont amené au
pouvoir des personnes qui font de beaux discours et de belles promesses, des
boxeurs au parlement (Assemblée Nationale), des incompétents, des
corrupteurs et des corrompues, étant donné que plus de 70% de
citoyens sont illettrés ne connaissent rien sur le jeu du suffrage
universel. En d'autres termes, l'électeur ne sait pas vraiment pourquoi
il vote85(*). De plus, les
acteurs politiques discutent sans limite au sujet des élections (soit
sur les litiges des élections précédentes ou soit sur les
élections qui se pointent à l'horizon) pendant que les
problèmes vitaux de la communauté notamment
l'insécurité, la pauvreté et le chômage restent
intacts. Par conséquent, la démocratie qui devrait être
porteuse de paix et de développement, devient porteuse de multiples
conflits en RDC.
Aujourd'hui, le bilan de cette démocratie est
très mitigé car, au 21e siècle l'Afrique est le
seul continent qui fait le surplace au nom de la démocratie pendant que
sous d'autres cieux les autres sourient toujours au nom de la même
démocratie.
Section3. L'attitude des
dirigeants africains face à la démocratie
Tout n'est pas à mettre sur le dos de l'Occident,
ce dernier ne force pas les dirigeants africains à copier aveuglement la
démocratie à l'occidentale ; à tailler les
constitutions selon les individus ; à restreindre la
démocratie juste aux élections ; à gaspiller l'argent
des pauvres contribuables africains en vue d'organiser des simulacres
élections (à coup de milliards et au prix des milliers de
morts) ; à développer l'idée selon laquelle
« je ne peux pas organiser le scrutin pour
échouer » ; à pouvoir institutionnaliser la
corruption ; à aller s'endetter jusqu'au cou au nom de leurs
gouvernements dans le but de satisfaire leurs intérêts ;
à augmenter seulement leurs salaires au mépris de leurs
compatriotes ; à former des gouvernements selon les
affinités familiales ou relationnelles ; à voler l'argent de
l'Etat ; à distribuer les richesses nationales de façon
inégale ; à taxer ceux qui sont au pouvoir comme des
étrangers; à définir les adversaires politiques(opposants)
comme des perdants, des ennemis, qu'il faut à tout prix neutraliser,
diviser, arrêter, pousser à aller en exil ; à aller
comploter avec les ambassadeurs occidentaux en vue de préparer un coup
d'Etat ; à nier toute action gouvernementale, même si le
résultat prouve que c'est bien ; à faire des
déclarations déplacées sur R.F.I. contre le pouvoir en
place; à modifier à chaque échéance
électorale les constitutions afin de se maintenir au pouvoir au
mépris de la volonté du peuple.
En outre, en 2011, certains pays africains(le Gabon, le
Nigéria, l'Afrique du Sud,...) ont volontairement donné leurs
voix aux Nations Unies de manière à encourager l'OTAN d'aller
bombarder la Lybie, en vue de donner un acte barbare, une connotation
internationale. Et, pendant que les bombes pleuvaient sur Tripoli, les chefs
d'Etat Africains n'ont rien dit. L'Union Africaine était muette.
Certains comme ABDOULAYE WADE ont été courtisés pour jouer
un rôle qu'on ne pourrait imaginer : le Sénégal
reconnaît le CNT et son président Abdoulaye Wade se rend à
Benghazi, parade sous la protection des militaires Français et invite
KADHAFI à entendre la voix de son
« peuple »86(*)(les mercenaires) c'est-à-dire de quitter le
pouvoir. Tout ça c'est toujours
imposé par l'Occident ? La réponse est cent fois non !
Pire encore, les africains se jettent sans retenue dans
les bras de l'Occident pour sauver la démocratie mimétique, comme
le font déjà les soi-disant socialistes africains, les
démocrates autoproclamés87(*), en faisant appel à la
« communauté internationale » sur R.F.I. lorsqu'il y
a une crise postélectorale, un problème humanitaire, une
agression ou une occupation afin que cette entité vienne à leur
secours. Or, en réalité la communauté internationale
n'existe pas, elle est une coquille vide, un concept bidon et
dénué de sens. Pour nous, une vraie communauté
internationale est un ensemble de pays unis par la croyance en destin commun.
De cette façon, tous les pays membres de Nations Unies font partie de la
communauté internationale. Ce ne sont pas seulement quelques
Etats (cinq) membres éternels de conseil de sécurité.
L'Afrique est le seul continent qui, à chaque fois
qu'il y a un problème même simple (eau, électricité,
épidémie,...), fait appel à la
« communauté internationale », pendant que sous
d'autres cieux les gens travaillent de manière responsable,
créent des richesses, n'internationalisent pas tout, et font confiance
en eux-mêmes et à leurs institutions. Par conséquent, voici
comment l'Afrique subsaharienne est caricaturée : «
représentée par un homme squelettique, aux pieds nus ,
vêtus de lambeaux, les poignets sous menottes, les lèvres
cadenassées, les yeux bandés, le cou emprisonné par une
longue chaine solide que tire, à l'autre bout, un homme blanc (la
communauté internationale) détenant les grosses clés des
solutions à tous les problèmes de l'Afrique , un homme au long
nez sadique, amusé et rigolant de voir bientôt le nègre
tomber dans le gouffre creusé devant lui »88(*). Et donc, s'il est vrai que
l'Occident donne des injonctions démocratiques aux dirigeants africains,
il est faut de croire qu'il va jusqu'à leur imposer son modèle de
démocratie. Ce sont les intellectuels et dirigeants africains
eux-mêmes qui sont incapables de comprendre la réalité de
leurs sociétés et surtout de l'élucider dans sa relation
avec le passé et son cortège d'échecs89(*).
En nous résumant, il y a lieu de noter que, ce
chapitre est articulé autour de trois sections principales : la
première a critiqué la démocratie à
l'occidentale ; la deuxième a attaqué les problèmes
posés par la démocratie à l'occidentale en Afrique
subsaharienne; et la troisième et la dernière, a analysé
l'attitude des dirigeants africains face à la démocratie.
CHAPITRE QUATRIEME : LA DEMOCRATIE
CONSOCIATIVE COMME MODELE DE GESTION POLITIQUE POUR LA RDC ET L'AFRIQUE
SUBSAHARIENNE
Ce chapitre est présenté dans ce travail
comme une solution aux problèmes de la démocratie qui divisent du
jour au jour les africains. Il est constitué de six sections: la
première réfléchit sur le gouvernement de grande
coalition, la deuxième s'attelle sur le veto mutuel, la troisième
parle de la proportionnalité de représentation, la
quatrième se focalise sur l'autonomie segmentaire, la cinquième
évoque le dialogue et le compromis, et la sixième et la
dernière entame le suffrage indirect.
En RDC comme dans beaucoup de pays africains, les
priorités (la santé, l'éducation,
l'électricité, les routes, l'eau, la sécurité, les
élections,...), se bousculent. Tous ces secteurs clignotent en rouge.
Devant cet état des choses, certaines personnes pensent qu'on devrait
d'abord prioriser le secteur sécuritaire (l'armée, la police et
les services d'intelligence) car si le pays est en sécurité le
développement pourrait en suivre ; pour d'autres, on devrait
prioriser le secteur de la santé et de l'éducation parce que ces
deux secteurs constituent un passage obligé au
développement ; d'autres encore pensent qu'on devrait prioriser le
secteur de la justice (la justice sociale, l'égalité devant la
loi, etc.), car celle-ci élève une nation . Certes, toutes
ces analyses sont très pertinentes, étant donné qu'elles
sont basées sur le développement. Mais de notre
côté, tant que les problèmes de la démocratie ne
sont pas encore réglés, il serait difficile de penser à un
quelconque projet de développement, car c'est dans la démocratie
que tout s'organise.
Par conséquent, pour nous la priorité des
priorités est ni plus ni moins que de construire une vraie
démocratie qui mettra tout le monde à l'aise, et tout le reste
trouvera sans délais des solutions adéquates.
Par ailleurs, quand on se penche sur la
démocratisation de l'Afrique, une certitude s'impose à l'esprit.
Dans les années 1960 comme dans les années 1990, les dirigeants
africains n'ont pas vraiment pensé à construire leur propre
démocratie. Tout s'est passé comme si celle-ci était un
bien de consommation produit par les occidentaux et que les africains n'avaient
qu'à l'importer pour pouvoir en jouir à leur tour. Les hommes
politiques africains qui accèdent à la magistrature suprême
de leurs Etats sont conscients du problème. Mais personne ne semble
tirer la conclusion qui découle de ce constat. Manqueraient-ils
d'audace ? Seraient-ils colonisés au point qu'ils auraient peur
d'innover?90(*).
Pour ce qui précède, l'Afrique subsaharienne
en général et la RDC en particulier, devraient d'abord
s'approprier de leur modèle de démocratie inspiré par
leurs particularités socioculturelles qui dépassent les
élections, la majorité et l'opposition, et ensuite, l'adapter aux
réalités du monde moderne.
A cet effet, vu la complexité des relations
interethniques en Afrique subsaharienne, le modèle démocratique
qui répond mieux serait pour nous la démocratie consociative ou
organisation politique consociative. Celle-ci est un modèle de
cohésion sociale. Il est basé sur le dialogue,
l'intégration et la solidarité. Par ce fait, il est capable de
prévenir ou de gérer les conflits. En plus de ces
éléments, il viendrait atténuer les problèmes de la
majorité et de l'opposition, des vainqueurs et des vaincus qui bloquent
la construction d'un vrai régime démocratique stable en Afrique
subsaharienne en général et en RDC en particulier.
En fait, selon l'architecte de ce modèle, le
politiste AREND LIJPHART, la démocratie consociative regorge quatre
caractéristiques principales91(*) : un gouvernement de grande coalition, un veto
mutuel, la proportionnalité de représentation et l'autonomie
segmentaire. Et pour notre part, nous ajoutons deux autres
caractéristiques : le dialogue et le compromis et le suffrage
indirect.
Section 1. Un gouvernement
de grande coalition
La démocratie est aussi la manière
d'organiser les relations de pouvoir entre les hommes92(*). A cet effet, la
démocratie par la règle de la majorité ne s'adapte pas aux
sociétés pluriethniques africaines. Elle continue à
diviser les africains.
En effet, comme nous avons indiqué ci-haut, cette
démocratie veut qu'après les élections, le parti gagnant
récupère tout et le parti perdant est obligé d'attendre
les élections prochaines afin de se venger, s'il gagnerait ou de
recourir aux armes en vue de prendre le pouvoir par la force. Cette situation
plonge souvent la plupart des pays africains dans la confusion (contestation
violente, guerre civile, crise politique, dédoublement des
institutions,...). Et dans tout cela, le peuple ne se retrouve pas, ses besoins
sociaux (santé, éducation, logement, eau,
électricité, sécurité) sont abandonnés dans
le tiroir.
Par conséquent, les pays africains font soit le
recul ou soit le surplace au nom de la démocratie.
Pour ces raisons, l'Afrique subsaharienne en
général et la RDC en particulier devraient normalement
après les élections (au suffrage indirect) asseoir un
gouvernement de large union nationale, c'est-à-dire celui qui a
été sélectionné par les représentants du
peuple pour conduire la destinée du pays, devrait correctement former un
gouvernement qui prend en compte la représentation nationale, qui
intègre même ses adversaires politiques (selon le poids politique
de chacun), car ils ne sont pas des ennemis, tous sont des citoyens d'un
même pays. Concrètement, celui qui aurait au moins 51% de voix,
doit naturellement être chef de l'Etat, et nommerait à son tour
son principal adversaire politique (celui qui aurait 49% de voix) premier
ministre, puis tous deux formeraient un gouvernement de grande coalition en
vue de satisfaire toutes les tendances socio-politiques. Ceci pourrait
permettre aux africains d'assurer leur développement harmonieux et de
barrer la route aux impérialistes qui profitent habituellement des
conflits qui opposent les africains sur la démocratie afin de satisfaire
leurs intérêts.
On peut considérer la guerre en Ethiopie qui s'est
terminée en 1991 avec la chute du régime dictatorial de MENGISTU
et l'arrivée au pouvoir du mouvement « Ethiopian Peoples
Revolutionary Democratic Front » (EPRDF) qui avait mené une
longue lutte armée pour libérer le pays d'une dictature
sanguinaire. En mai 1991 l'EPRDF arrive au pouvoir par la force des armes et
forme un gouvernement de transition à base élargie qui comprend
l'ensemble des partis politiques du pays, y compris le parti de l'ancien
président déchu93(*).
Et en RDC, après la guerre de 1998 avec son
cortège de victimes, en termes de vies humaines, les belligérants
(le gouvernement de l'époque, l'opposition politique, les groupes
rebelles et la société civile) s'étaient réunis en
Afrique du Sud (en 2002-2003), dans le cadre de Dialogue inter-congolais en vue
d'harmoniser le climat politique. Et ce dialogue avait abouti à un
gouvernement consensuel dénommé le gouvernement de 1+4
c'est-à-dire un Président de la République secondé
par quatre Vice Présidents, jusqu'aux élections de 2006.
Section 2.Un veto mutuel
Selon le lexique de science politique, le veto est
défini comme une décision par laquelle une autorité peut
s'opposer à l'adoption ou à la promulgation d'une loi voulue par
d'autres autorités compétentes dans le domaine
législatif94(*).
Et s'agissant de notre contexte, il s'agit de s'opposer
contre la discrimination des ethnies minoritaires et des groupes les plus
modestes, et aussi contre les décisions non raisonnables visant à
satisfaire les intérêts de quelques individus au détriment
d'intérêts collectifs. Bref, le veto mutuel permet à X
à pouvoir contrôler Y, et celui-ci à pouvoir
contrôler celui-là afin d'asseoir la bonne gouvernance.
Section 3.La
proportionnalité de représentation
La représentation est un ensemble d'idées,
de principes et règles postulant que le gouvernement le plus juste et le
plus efficace repose sur la désignation, de façon
équilibrée, de représentants chargés de gouverner
au nom de tous. Le système représentatif moderne fait
néanmoins l'objet de critiques. Dans de nombreux pays, il ne permet pas
d'aboutir à une représentation équilibrée des
différentes composantes de la société : les
élus, largement professionnalisés, représentent les
catégories sociales supérieures ; les classes les plus
modestes, les femmes et les minorités ethniques et religieuses restent
souvent sous-représentées95(*). Par conséquent, nous assistons à des
violences ethniques, à des massacres des minorités, à une
injustice sociale, etc.
Face à cette situation, les africains en
général et les congolais en particulier devraient recourir
à la représentation proportionnelle car, elle vise à
représenter de manière équitable les différentes
catégories sociales(les minorités ethniques, linguistiques et
religieuses ; les femmes,...) dans la prise de décision.
Cependant, toute notion de minorité devrait
disparaître dans un régime véritablement
démocratique pour laisser la place à celle de reconnaissance et
de respect des droits de l'autre. Elément de base de la
société, l'individu n'est jamais une minorité. Le civisme
exige donc de reconnaître et de respecter les droits de l'individu en
tant que citoyen. Toutes les autres exigences découlent de cette
dernière96(*).
Section 4.l'autonomie
segmentaire
Ici, il est question de la mise en place d'une
décentralisation effective afin de promouvoir la libre administration
des provinces et des collectivités territoriales pour aboutir au
développement local.
Et la RDC offre un très bel exemple, bien que
l'expérience montre que c'est souvent qu'une déclaration
d'intention. La Constitution de la RDC promulguée en 2006 institue trois
niveaux d'exercice du pouvoir d'Etat : le pouvoir central et la province
ainsi qu'à l'intérieur de celle-ci, des entités
territoriales décentralisées. Elle introduit le
régionalisme politique comme forme d'Etat intermédiaire entre
l'Etat unitaire décentralisé et l'Etat fédéral. La
Constitution détermine le statut des provinces et des entités
territoriales décentralisées, procède à une
répartition des compétences ainsi qu'à un partage des
ressources entre le pouvoir central et les provinces et, de façon
significative, interdit formellement toute révision constitutionnelle
ayant pour objet ou pour effet de réduire les prérogatives des
provinces et des entités décentralisées97(*).
Section 5. Le dialogue et
le compromis
Dans une vraie démocratie, le dialogue est au coeur
de toute action politique car, il permet d'abord d'établir les vrais
problèmes qui opposent le « tu » et le
« je », et ensuite de dégager un compromis
salutaire. Et ce dernier n'est pas uniquement une pratique souhaitable dans le
domaine politique, mais aussi un principe essentiel du mode de vie
démocratique98(*).
Autrement dit, comme disait THOMAS LUHAKA LOSENJOLA : « le
dialogue constitue un meilleur lubrifiant politique pour régler tous
les problèmes » de la communauté afin d'aboutir au
compromis qui exprimerait la volonté de tous. Dans le même ordre
d'idées, LOBHO LWA DJUGUDJUGU, définit la démocratie comme
étant le moyen politique par lequel sont résolues les
contradictions sociales dans le respect de droits reconnus à chaque
citoyen99(*). Et il est
à signaler que les contradictions faisant partie de l'existence humaine,
il y a toujours plusieurs manières de les résoudre selon la
culture de la collectivité100(*).
En effet, dans la démocratie traditionnelle,
consensuelle, un libre débat était garanti entre les gens de la
communauté. Seulement, après l'arbre à palabres, un
consensus se dégage entre les groupements sociaux. Et l'unanimité
était ainsi faite en dépit de la diversité des points de
vue et non pas envers et contre les idées minoritaires. C'est la
principale raison pour laquelle dans ces sociétés
traditionnelles, la critique n'était pas tout à fait
tolérée après l'arbre à palabres ; le sujet
ayant déjà fait l'objet de discussions ouvertes. Un tel acte
était considéré comme une trahison. Ce qui justifierait
l'absence d'une opposition organisée à l'européenne dans
les traditions africaines101(*).
Ainsi, concrètement, nous proposons aux africains
ceci : au lieu d'appeler à chaque fois la
« communauté internationale » à leur secours
suite aux problèmes qui relèvent de la compétence
nationale (élaboration d'une nouvelle constitution, révision
constitutionnelle, choix d'un régime politique, choix d'une forme
d'Etat, choix d'un mode de scrutin, crise postélectorale, formation d'un
gouvernement, toute résolution qui engage la Nation), ils devraient
convoquer la communauté nationale au tour d'une table afin de les
résoudre car, tout n'est pas à internationaliser.
Section 6.Suffrage
indirect
Les élections organisées au suffrage
universel direct rencontrent beaucoup d'obstacles en Afrique subsaharienne,
parmi lesquels : le financement, l'analphabétisme et l'insuffisance
des infrastructures.
§1. Les élections
et le financement
En fait, les économies africaines sont
généralement sous-développées, en ce sens, elles
n'arrivent pas à satisfaire correctement les besoins fondamentaux de la
population (eau, électricité, santé, éducation et
sécurité), et dans ce registre, il faut ajouter le fameux
problème des élections au suffrage universel direct qui divise
souvent les classes politiques africaines, suite à son caractère
complexe et compliqué.
En effet, pour organiser des bonnes élections
(libres, démocratiques et transparentes) au suffrage universel direct,
il faudrait disposer des moyens (surtout financier) adéquats. Dans ces
conditions, la plupart des pays africains ne sont pas en mesure d'assurer de
telles dépenses, ils éprouvent des difficultés
énormes pour organiser ces élections dans le délai
prévu par la loi et dans un climat apaisé comme ça se
passe sous d'autres cieux. Prenons le cas de la RDC, le coût de cycle
électoral a été estimé à 1,2 milliards USD.
Par conséquent, ces élections sont plus
financées par les bailleurs de fonds (l'U.E, la France, le Canada, le
Royaume-Uni, etc.). Et ces derniers, recourent au principe selon lequel
« la main qui donne c'est celle qui domine ». On a, en
effet, remarqué que des élections financées par l'occident
en 2006, ont été l'occasion pour l'Union Européenne
d'afficher une attitude d'arrogance sévère, énervante et
humiliante qui rappelle la lourde dette politique et morale désormais
contractée par le Congo(RDC). Sans l'aide internationale occidentale,
fait-on savoir avec une violence langagière sans fards, les
élections n'auraient pas été organisées et, pire,
KABILA JOSEPH n'aurait pas été Président de la
République. Ainsi l'aide financière accordée par
l'Occident intéressée et conditionnée, rend l'Afrique
subsaharienne et la RD Congo presque esclave102(*).
§2. Les élections
et l'analphabétisme
Le deuxième obstacle que le suffrage universel
direct rencontre en Afrique subsaharienne est l'analphabétisme de la
population électrice. En effet, de bonnes élections supposent
aussi une bonne participation des citoyens concernés en termes de
connaissance des sujets de discussion, des candidats aux postes de pouvoirs,
d'engagement et d'accomplissement des actes relatifs aux élections.
Aucun choix n'est judicieux s'il n'est éclairé et fait en
connaissance de cause. Or, avec la dégradation constante de
l'enseignement en Afrique subsaharienne et en RDC en particulier, le nombre
d'analphabètes ne fait qu'accroître, à un rythme qui
inquiète. Comme conséquences : grand nombre de bulletins
blancs et nuls, des illettrés assistés par des quasi
lettrés103(*), la
manipulation, la fraude, le clientélisme, la corruption.
§3. Les élections
et les infrastructures de transport
La plupart des territoires africains ne sont pas bien
aménagés, c'est-à-dire il y a une insuffisance des
infrastructures de transport (les voies de communication : routes, rails,
ponts et aéroports) en Afrique subsaharienne. Assurément,
l'Afrique accuse un retard important sur le reste du monde, pour tous les
aspects des infrastructures (quantité, qualité, coût et
accès). En 1992, environ 17% des routes, des grandes routes de l'Afrique
subsaharienne étaient revêtues, mais en 1998, ce chiffre
était tombé à 12% note la Banque Mondiale(BM).
Aujourd'hui, plus de 80% des routes sans revêtement ne sont qu'en assez
bon état, et 85% des routes secondaires rurales sont en mauvais
état et ne peuvent pas être empruntées pendant la saison
des pluies104(*).
Conséquences, les irrégularités émaillent le
processus électoral : les kits électoraux(urnes, isoloirs,
bulletins de vote,...) sont fréquemment arrivés en retard dans
certaines contrées rurales, ceci fait que les mêmes
élections qui sont organisées aux centres urbains, selon la date
prévue par la loi électorale, sont organisées dans les
milieux ruraux en retard ; certains électeurs, surtout ceux qui
sont dans des zones rurales, sont obligés à faire de
kilomètres à pieds pour aller voter dans les centres
urbains ; le taux de participation aux élections est de plus en
plus réduit suite à la distance.
Eu égard au cortège d'élections
à coût des milliards, la non maitrise du jeu du suffrage universel
par beaucoup d'électeurs et l'insuffisance des infrastructures en
Afrique subsaharienne, nous proposons aux africains de recourir au suffrage
indirect (pour l'élection présidentielle). Car, la
représentation du « souverain primaire » ne passe
pas forcément par le suffrage universel. Celui-ci n'est pas en soi une
valeur démocratique comme en témoignent les
« démocratures ». Il s'inscrit dans une histoire,
celle des transformations économiques, sociales et culturelles relevant
du temps long105(*).
Et pour BOSONGO SAMY, ce scrutin présente les
avantages suivants106(*) :
ü La logistique n'est pas couteuse ;
ü Les opérations de vote faciles en un seul
point du pays : dans la capitale où se trouve le siège du
parlement qui est le palais du peuple ;
ü Les candidats n'ont plus à dépenser
beaucoup d'argents pour payer les témoins et pour battre campagne ni
à voyager à travers tout le pays;
ü Les électeurs sont des âmes averties
et peuvent, en âmes et conscience, par ricochet opérer un choix
responsable du président de la République (pour le cas de la RDC,
au lieu de millions d'électeurs, on peut aller aux élections avec
608 électeurs, c'est-à-dire 500 députés + 108
sénateurs) ;
ü Il n'y a pas vraiment de possibilité de
trucage, d'irrégularités ou de fraudes ;
ü Le même jour toutes les opérations de
vote peuvent se réaliser : vote proprement dit,
dépouillement des urnes, décompte des voix obtenues par candidat
et publication du résultat;
ü En cas de contentieux électoral, les
vérifications sont très faciles à réaliser.
Bref, ce mode de scrutin est moins cher et moins
conflictogène.
En somme, ce chapitre est articulé
autour de six sections: la première a réfléchi sur le
gouvernement de grande coalition, la deuxième s'est attelée sur
le veto mutuel, la troisième a parlé de la
proportionnalité de représentation, la quatrième s'est
focalisée sur l'autonomie segmentaire, la cinquième a
évoqué le dialogue et le compromis, et la sixième et la
dernière a entamé le suffrage indirect.
CONCLUSION GENERALE
A la fin de cette étude intitulée
Construire une démocratie consociative en Afrique subsaharienne. Cas
de la République Démocratique du Congo, il est important de
rappeler les différents points fondamentaux qui l'ont constitué.
En fait, la présente étude essaie de proposer aux africains en
général et aux congolais en particulier la démocratie
consociative. Car, nous estimons que celle-ci est adaptable aux
réalités socioculturelles africaines. Et en plus, elle est
capable de prévenir ou de gérer les conflits.
De ce fait, nous avons subdivisé ce travail en
quatre chapitres, à savoir :
v Le premier chapitre a porté sur le cadre
conceptuel et théorique. S'agissant de cadre conceptuel, nous avons
défini un seul concept clé : la démocratie. Pour
nous, la démocratie est généralement l'aptitude d'un
peuple à pouvoir s'organiser de manière libre sur le plan
politique, économique et social en fonction de ses
intérêts. Et en ce qui concerne le cadre théorique, il sied
de signaler qu'il existe deux types de démocratie dans le village
planétaire : la démocratie libérale et la
démocratie sociale. Toutefois, à côté de ces deux
modèles nous ajoutons un troisième type nommé la
démocratie consociative. Celle-ci est un modèle
d'intégration et de solidarité.
v Le deuxième chapitre a parlé de l'Afrique
subsaharienne précoloniale et la démocratie. En d'autres termes,
nous avons démontré dans ce chapitre l'existence de la
démocratie en Afrique subsaharienne précoloniale, en s'appuyant
sur le royaume Kongo. Dans ce royaume, la monarchie était
élective, c'est-à-dire le roi était élu par un
collège électoral composé de neuf ou douze membres parmi
lesquels : le mani Kabunga, le mani Soyo et le mani Mbata. Et ces derniers
disposaient aussi le pouvoir de le déposer. Ainsi, il existait un
véritable équilibre du pouvoir.
v Le troisième chapitre a approché la
démocratie à l'occidentale et l'a évalué. Dans ce
chapitre, nous avons d'abord critiqué l'attitude de certains pays
occidentaux dits démocratiques, notamment la France, les Etats-Unis et
le Royaume-Uni au sein de l'ONU. En effet, ces pays peuvent décider
d'intervenir là où ils le souhaitent au nom de la
démocratie et sans l'autorisation des Nations Unies, comme ils l'ont
fait en Irak, en Lybie, pour ne citer que ces pays. Ensuite, nous avons
attaqué les problèmes posés par cette démocratie en
Afrique subsaharienne. En fait, cette démocratie comporte beaucoup de
faiblesses dont la plus importante est le fossé qu'elle crée
aussitôt après les élections entre les membres de la
communauté. En réalité, cette démocratie veut
qu'après les élections, le candidat qui aurait au moins 51% de
voix soit déclaré vainqueur, contre celui qui aurait 49% de voix.
Celui-là va gouverner seul, et celui-ci est exclu de tout. Par
conséquent, nous assistons à un cycle de conflits. Et enfin,
nous avons critiqué aussi l'attitude des dirigeants africains face
à la démocratie. Véritablement, tout n'est pas à
mettre sur le dos de l'Occident, ce dernier ne force pas les dirigeants
africains à copier aveuglement la démocratie à
l'occidentale, à tailler les constitutions selon les individus, à
former des gouvernements selon les affinités familiales ou
relationnelles, etc. Ce sont les intellectuels et dirigeants africains
eux-mêmes qui sont incapables de construire une vraie démocratie
qui mettrait tout le monde à l'aise.
v Le quatrième et dernier chapitre, a
proposé un modèle de démocratie adaptable en RDC et en
Afrique subsaharienne. En effet, vu la complexité des relations
interethniques en Afrique subsaharienne, nous avons proposé aux
africains en général et aux congolais en particulier la
démocratie consociative. Celle-ci est un modèle de
cohésion sociale. Il est basé sur le dialogue,
l'intégration et la solidarité.
Et pour atteindre ces résultats, nous avons recouru
à la méthode historique. Celle-ci nous a permis d'analyser les
documents et les faits historiques au sujet de la démocratie en Afrique
subsaharienne en général et en RDC en particulier depuis son
origine jusqu'à nos jours, de les commenter, les interpréter et
les critiquer afin de proposer une solution adéquate pour l'Afrique
subsaharienne. A cette méthode, s'ajoute des techniques suivantes :
documentaire et de l'observation directe.
En effet, après toutes nos analyses, il se
dégage que la démocratie à l'occidentale n'est pas
adaptable aux sociétés pluriethniques africaines suite à
sa logique selon laquelle « c'est la majorité qui prend
tout ». En ce sens, nous avons pensé à la
démocratie consociative. Celle-ci est un modèle qui s'adapte
mieux aux réalités socioculturelles africaines, car elle est
basée sur l'arbre à palabre, l'intégration et
solidarité.
Pour y parvenir, la socialisation politique est le passage
obligé de la réussite de cette démocratie. Ceci pourrait
permettre au peuple de maitriser les vrais enjeux de la démocratie. Et
cette responsabilité revient aux partis politiques, à la
société civile, au gouvernement et aux médias
locaux.
Ainsi, nous savons tous que, ce qui est nouveau est
fréquemment méfié et critiqué par les autres, mais
les africains devraient avoir confiance en eux-mêmes, en leurs
institutions, en leurs dirigeants et à leur pays respectif, et non plus
aux cotations et aux leçons des autres. Parce que la construction d'une
vraie démocratie demande aussi la patience, la sagesse et la
détermination. Et à la fin du compte, ce processus prendra
toujours un plus bel élan.
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25. MOSSÉ, Histoire d'une
démocratie : Athènes, Editions du Seuil, Paris, 1971.
26. MPUNDU, J., Démocratie, Editions
L'Epiphanie, Kinshasa, 1991.
27. MUNCK, J., Kinkulu kia nsi eto a kongo (histoire
de l'ancien royaume du Kongo), Diocèse de Matadi, Matadi,
1971.
28. MWAYILA TSHIYEMBE, Quel est le meilleur
système politique pour la République Démocratique du
Congo : fédéralisme, régionalisme,
décentralisation ?, L'Harmattan, Paris, 2012.
29. N'GBANDA NZAMBO-KO-ATUMA, H., Afrique :
Démocratie piégée, éd. Equilibres aujourd'hui,
Condé-sur-Noireau, 1994.
30. NDAYWEL È NZIEM, I., Histoire
générale du Congo (de l'héritage ancien à la
République démocratique, Afrique Editions, Paris, 1998.
31. NDAYWEL È NZIEM, I., Nouvelle histoire du
Congo : Des origines à la République
démocratique, Afrique éditions, Kinshasa, 2008.
32. NGOMA BINDA, P., Participation politique,
IFEP et FKA, Kinshasa, 1995.
33. NGOMA-BINDA, P., La participation politique.
Ethique civique et politique pour une culture de paix, de démocratie et
de bonne gouvernance, deuxième édition, IFEP, Kinshasa,
2005.
34. NGOMA-BINDA, P., Une démocratie
libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique, L'Harmattan,
Paris, 2OO1.
35. NYERERE, J., Socialisme, démocratie et
unité africaine (La déclaration d'Arusha), Présence
africaine, Paris, 1960.
36. OBENGA, T., Afrique centrale
précoloniale : Documents d'histoire vivante, Présence
africaine, Paris, 1973.
37. PELRAS, S., La démocratie libérale
en procès, L'harmattan, Paris, 2006.
38. PINTO, R. et GRAWITZ, M., Méthode en
Sciences Sociales, Tome1, Dalloz, Paris, 1964.
39. ROUVIER, J., Les grandes idées
politiques : Des origines à J.-J. Rousseau, Bordas, Paris,
1973.
40. SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie de la
recherche scientifique(les ficelles de captage et les logiques d'analyse des
données), PUZ, Kinshasa, 2012.
41. SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie et
épistémologie de la recherche scientifique, PUZ, Kinshasa,
2013.
42. SHOMBA KINYAMBA, S., Méthodologie et
épistémologie de la recherche scientifique, PUZ, Kinshasa,
2014.
43. SHOMBA, K. et TSHUNDOLELA, G., Méthode de
la recherche scientifique, Ed. MES, Kinshasa, 2003.
44. STALON, JEAN-L., Construire une démocratie
consensuelle au Rwanda, L'Harmattan, Paris, 2002.
45. TODOROV, T., Les ennemis intimes de la
démocratie, Editions Robert Laffont, Paris, 2014.
46. VANSINA, Les anciens royaumes de la savane,
Université Lovanium, Kinshasa, 1965.
46. ZAHIR, F., Afrique et démocratie :
Espoir et illusions, L'Harmattan, Paris, 1992.
3. ARTICLES
1. CHEIKH ANTA DIOP, « L'Afrique noire
précoloniale », in Présence africaine, Tome2,
n°76, 1960.
2. DE GAULE, C., « La RDC victime d'une
conspiration internationale », in Le Potentiel,
n° 5836, Mardi 28 mai 2013.
3. JOAO DE MELO, J., « Gouvernance mondiale
de la démocratie et alternatives », in Congo-Afrique,
n°385, Mai 2004.
4. NGOMA-BINDA, P., « Elections en RD Congo
2006 et 2011. Bref regard comparatif et prospectif », in
Congo-Afrique, n°462, Février 2012.
5. OSMAN SAMANTAR, Y., « Comment on nous a
enseigné la démocratie », in Présence
africaine, 3e trimestre, n°38, 1961.
6. REYNTJENS,
F., « Coopération : Qui perd ? Qui gagne ?
L'Echec d'une génération », in Trends,
n°32, 8 août 1994.
4. Documents inédits
1. MITTERAND, F., Conférence de presse sur Radio
France Internationale le 20 juin 1990, à l'issue du sommet des chefs
d'Etats de France et d'Afrique à la Baule.
2. MODJAKALO, C., Les facteurs explicatifs des
avancés démocratiques en RDC 2002-2010, Mémoire de
licence, L2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2010.
3. MULAMBO MVULUYA, Questions spéciales de
sociologie politique, Cours de première licence, SPA, FSSAP, UNIKIN,
2013.
4. TSHIBWABWA, J., Aménagement du territoire, Cours
de deuxième licence, SPA, FSSAP, UNIKIN,
2015.
5. WEBOGRAPHIE
1.ANONYME, Majorité et minorité,
https://www.Kas_benin.de/.../Marite
Minorite .ht..., consulté 29 août 2015 à 15h
26'.
2. BOSONGO, S., « Suffrage universel direct
versus suffrage universel indirect »,
https://www.bcc-rdc.info/.../679-suffra-...,
consulté le 01 septembre 2015 à 13h 9'.
3. DIANGITUKWA, F.,
http://www.fweley.wordpress.com,
consulté le 30/12/2014 à 8h 52'.
4. MUTUME, G., « Construire un réseau routier
performant en Afrique »,
https://www. Un.org/ fr/ .../162 reg4f.htm,
consulté 03 septembre 2015 à 10h 35'.
5. POUGALA, J-P., « Une escroquerie
dénommée démocratie »,
http://www.pougala.org, [En ligne], mis en ligne le 07/12/2013,
consulté le 17/11/2014 à 14h 18'.
6. TRAORÉ, A., « Pour une Côte
d'Ivoire libre et indépendante »,
http ://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurent_gbagbo.htm...,
[En ligne] publié le 8 juin 2014, Consulté le 17 novembre 2014
à 10h 03'.
7. TRAORÉ, A., « Aminata
Traoré et Laurent Gbagbo »,
http://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurant_gbagbo.htm...,
[enligne], mis en ligne le 08 juin 2014, consulté le 17 novembre 2014
à 12h 05'.
8. TRAORÉ, T., « La gloire des
imposteurs : un livre à lire », http :
//www.makaila.over_blog.com/.../la_gloire_des_imposteurs_un_livre_a-lire.html,
[En ligne], mis en ligne le 25 février 2014, consulté le 17
novembre 2014 à 9h 17'.
TABLE DES
MATIERES
EPIGRAPHE
i
DEDICACE
ii
AVANT-PROPOS......................................................................................iii
LES
ABREVIATIONS...........................................................................................iv
0. INTRODUCTION GENERALE
1
1. Etat de la question
1
_Toc432260270
2. Problématique
3
3. Hypothèses
5
4. Méthode et techniques de
recherche
6
4.1. Méthode
6
_Toc432260278
4.2. Techniques
7
4.2.1. Technique
documentaire
7
4.2.2. Technique d'observation
directe
7
5. Choix et intérêt du
sujet
8
5.1. Choix du sujet
8
5.2. Intérêt du
sujet
8
5.2.1 Intérêt
scientifique
8
5.2.2. Intérêt
national
8
5.2.3. Intérêt
personnel
9
6. Délimitation du
sujet
9
7. Subdivision du sujet
9
Section 1.Définition de
concept
11
· Démocratie
11
Section 2. Notions sur la
démocratie
12
§1. Argumentaire négatif de
la démocratie
13
§2. Argumentaire positif de la
démocratie
14
§3. Les types de
démocratie
14
3.1. La démocratie
libérale
14
3.2. La démocratie
sociale
15
3.3. La démocratie
consociative
16
CHAPITRE DEUXIEME : L'AFRIQUE
SUBSAHARIENNE PRECOLONIALE ET LA DEMOCRATIE
17
Section1. La démocratie en
Afrique noire traditionnelle
17
Section1.Cas de royaume
Kongo
18
§1.Les fondements du
royaume
19
§2.L'organisation
politique
20
2.1. L'élection
21
2.2. La gestion des
provinces
22
§3.Les organisations
économiques
22
CHAPITRE TROISIEME: APPROCHER LA DEMOCRATIE A
L'OCCIDENTALE ET
L'EVALUER............................................................24
Section1.L'attitude des pays
occidentaux face à la démocratie
24
Section2.Les problèmes
posés par la démocratie à l'occidentale en Afrique
subsaharienne
28
Section3.L'attitude des dirigeants
africains face à la démocratie
33
CHAPITRE QUATRIEME: LA DEMOCRATIE CONSOCIATIVE COMME
MODELE DE GESTION POLITIQUE POUR LA RDC ET L'AFRIQUE
SUBSAHARIENNE....................................................................................................36
Section 1. Un gouvernement de grande
coalition
37
Section 2. Un veto
mutuel...........................................................................39
Section 3.La proportionnalité de
représentation
39
Section 4.l'autonomie
segmentaire
40
Section 5. Le dialogue et le
compromis
41
Section 6.Suffrage
indirect
42
§1. Les élections et le
financement
42
§2. Les élections et
l'analphabétisme
43
§3. Les élections et les
infrastructures de transport
43
CONCLUSION GENERALE
46
BIBLIOGRAPHIE
48
TABLE DES
MATIERES.............................................................................53
* 1 SHOMBA KINYAMBA, S.,
Méthodologie de la recherche scientifique(les ficelles de captage et
les logiques d'analyse des données), PUZ, Kinshasa, 2012, p.35.
* 2 REYNTJENS, F.,
cité par MOYOYO BITUMBA, T., « Coopération :
Qui perd ? Qui gagne ? L'Echec d'une
génération », in Trends, n°32, 8 août
1994, p.16.
* 3 MBADU KIA-MANGUEDI, C.,
Le propos d'une démocratie africaine : de l'arithmétique
à l'éthique sur le livre de NGOMA BINDA, une démocratie
libérale communautaire pour la RDC et l'Afrique, L'Harmattan,
Paris, 2OO1, p.331.
* 4 ZAHIR, F., Afrique et
démocratie : Espoir et illusions, L'Harmattan, Paris, 1992,
pp. 11-35.
* 5 MPUNDU, J.,
Démocratie, Editions L'Epiphanie, Kinshasa, 1991, p.3-3O.
* 6 SHOMBA, K. et
TSHUNDOLELA, G., Méthode de la recherche scientifique, Ed. MES,
Kinshasa, 2003, p.32.
* 7 DEPELCHIN, J.,
Démocratie néocoloniale ou deuxième
indépendance ?, L'Harmattan, Paris, 1992, p.128.
* 8 POUGALA, J-P.,
« Une escroquerie
dénommée démocratie »,
http://www.pougala.org, [En ligne], mis en ligne le 07/12/2013,
consulté le 17/11/2014 à 14h 18', p.1.
* 9 PINTO, R. et GRAWITZ, M.,
Méthode en Sciences Sociales, Tome1, Dalloz, Paris, 1964,
p.338.
* 10 NGOMA-BINDA,
P., Une démocratie libérale communautaire pour la RDC et
l'Afrique, L'Harmattan, Paris, 2OO1, p.110.
* 11 MWAYILA TSHIYEMBE,
Quel est le meilleur système politique pour la République
Démocratique du Congo : fédéralisme,
régionalisme, décentralisation ?, L'Harmattan, Paris,
2012, p.61.
* 12GRAWITZ, M.,
Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1970, p.20.
* 13 CUVILLIER, A.,
Manuel de sociologie, Tome1, PUF, Paris, 1967, pp. 288-289.
* 14 SHOMBA KINYAMBA, S.,
Méthodologie et épistémologie de la recherche
scientifique, PUZ, Kinshasa, 2013, p.54.
* 15MAYOYO BITUMBA, T.,
L'ajustement politique africain pour une démocratie endogène
au Congo-Kinshasa, L'Harmattan, Paris, 1999, .p.164.
* 16SHOMBA KINYAMBA, S.,
Méthodologie et épistémologie de la recherche
scientifique, PUZ, Kinshasa, 2014, p.34.
* 17 MOSSÉ,
Histoire d'une démocratie : Athènes, Editions du
Seuil, Paris, 1971, p.5.
* 18 STALON, JEAN-L.,
Construire une démocratie consensuelle au Rwanda, L'Harmattan,
Paris, 2002, p.17.
* 19 OSMAN SAMANTAR, Y.,
« Comment on nous a enseigné la démocratie »,
in Présence africaine, 3e trimestre, n°38, 1961,
p.116.
* 20MAPPA, S.,
Développer par la démocratie ? Injonctions occidentales
et exigences planétaires, Karthala, Paris, 1995, p.304.
* 21 DANIOUÉ, R.,
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L'Harmattan, Paris, 1997, p.109.
* 22NGOMA-BINDA, P., La
participation politique. Ethique civique et politique pour une culture de paix,
de démocratie et de bonne gouvernance, Deuxième
édition, IFEP, Kinshasa, 2005, p.158.
* 23 KIRONGOZI B.LIMBAYA,
S., Les malentendus de la démocratisation en Afrique
subsaharienne(Le paradoxe congolais), Sirius, Paris, 2010,
pp.126-127.
* 24 ROUVIER, J., Les
grandes idées politiques : Des origines à J.-J.
Rousseau, Bordas, Paris, 1973, p.81.
* 25DIANGITUKWA, F.,
http://www.fweley.wordpress.com,
consulté le 30/12/2014, p.2.
* 26POUGALA, J-P.,
op.cit., p.11.
* 27NGOMA-BINDA, P., La
participation politique, IFEP et FKA, Kinshasa, 1995, p.83.
* 28KABUYA-LUMUNA SANDO, C.,
Manuel de sociologie politique, PUK, Kinshasa, 2011, p.159.
* 29 MODJA KALO, C., Les
facteurs explicatifs des avancés démocratiques en RDC 2002-2010,
Mémoire de licence inédit, L2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2010, p.22.
* 30 DES LAURIERS, J.,
Idéologies, idéal démocratique et régimes
politiques, 2e trimètre, Editions du renouveau
pédagogique, Québec, 2005, p.103.
* 31 KUENGIENDA, M.,
Quelle démocratie pour l'Afrique ? Pouvoir, éthique et
gouvernance, L'Harmattan, Paris, 2007, p.4.
* 32 STALON, JEAN-L.,
op. cit., p.25.
* 33 PELRAS, S., La
démocratie libérale en procès, L'harmattan, Paris,
2006, p.9.
* 34 CHEIKH ANTA DIOP,
« L'Afrique noire précoloniale », Tome2, n°76,
in Présence africaine, n°76,1960, p.59.
* 35 NYERERE, J.,
Socialisme, démocratie et unité africaine (La
déclaration d'Arusha), Présence africaine, Paris, 1960,
p.29.
* 36 NGOMA-BINDA, P., La
participation politique. Ethique civique..., op. cit., p.158.
* 37N'GBANDA
NZAMBO-KO-ATUMA, H., cité par MUKULU NDUKU BENIS, P., Afrique :
Démocratie piégée, éd. Equilibres aujourd'hui,
Condé-sur-Noireau, 1994, pp.32-33.
* 38 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.161.
* 39 DEPELCHIN, J.,
op.cit., pp.132-133.
* 40 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.163.
* 41 Idem,
p.161.
* 42 MUNCK, J., Kinkulu
kia nsi eto a kongo (histoire de l'ancien royaume du Kongo),
Diocèse de Matadi, Matadi, 1971, p.3.
* 43 NDAYWEL È NZIEM,
I., Nouvelle histoire du Congo : Des origines à la
République démocratique, Afrique éditions, Kinshasa,
2008, p.132-133.
* 44 KI-ZERBO, J.,
Histoire de l'Afrique noire : d'hier à demain, Hatier,
Paris, 1972, p.182.
* 45 GREINDL, L.,
Introduction à l'histoire de l'Afrique noire : Des origines
à 1800, Tome 1, Du mont noir, Kinshasa-Lubumbashi, 1974, p.122.
* 46 DEWARD, G.,
Histoire du Congo : Evolution du pays et de ses habitants, H.
dessain, Paris, 1962, p.30.
* 47 NDAYWEL È NZIEM,
I., Histoire générale du Congo (de l'héritage ancien
à la République démocratique, Afrique Editions,
Paris, 1998, pp.95-96.
* 48 Idem, p.95.
* 49 CUVELIER, J.,
L'ancien-royaume du Congo. Fondation, découverte, première
évangélisation de l'ancien royaume de Congo. Règne du
grand roi affonso mvemba nzinga, Desclée de brouwer, Paris, 1946,
p.312.
* 50GREINDL, L.,
op.cit., pp.123-124.
* 51 VANSINA, Les
anciens royaumes de la savane, Université Lovanium, Kinshasa, 1965,
p.33-34.
* 52 Idem, p.35.
* 53 NDAYWEL È NZIEM,
I., Histoire générale..., op. cit., p.96.
* 54 VANSINA, op.
cit., p.34.
* 55 NDAYWELL È
NZIEM, I., Histoire générale..., op.cit.,
p.96.
* 56OBENGA, T., Afrique
centrale précoloniale : Documents d'histoire vivante,
Présence africaine, Paris, 1973, p.131.
* 57 CUVELIER, J.,
op.cit., p.298.
* 58 BAL, W., Le royaume
du Congo aux XVe et XVIe siècles (documents d'histoire), Editions
de l'Institut National d'Etudes Politiques, Léopold ville(Kinshasa),
1963, pp.20-21.
* 59 VANSINA, J.,
op.cit., p.35.
* 60NDAYWELL È NZIEM,
I., Histoire générale du Congo..., op.cit.,
pp.67-69.
* 61 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.160.
* 62 MAPPA, S.,
op.cit., p.304.
* 63 Charte des Nation Unies
du 26 juin 1946, p.2.
* 64 MEILLASSOUX, C.,
Identités et Démocratie. En Afrique et ailleurs...,
L'Harmattan, Paris, 1997, p.10.
* 65 TODOROV, T., Les
ennemis intimes de la démocratie, Editions Robert Laffont, Paris,
2014, pp.90-95.
* 66 DE GAULE,
C., « La RDC victime d'une conspiration
internationale », in Le Potentiel, n° 5836, Mardi 28
mai 2013, p.2.
*
67TRAORÉ,A., « Aminata Traoré et
Laurent Gbagbo »,
http://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurant_gbagbo.htm...,
[enligne], mis en ligne le 08 juin 2014, consulté le 17 novembre 2014
à 12h 05', p.4.
* 68TRAORÉ, A.,
« Pour une Côte d'Ivoire libre et
indépendante »,
http ://www.contrepoids_infos.blogspot.com/.../aminata_traore_et_laurent_gbagbo.htm...,
[En ligne] publié le 8 juin 2014, Consulté le 17 novembre 2014
à 10h 03', p.2.
* 69 TODOROV, T.,
op.cit., p.98.
* 70 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.105.
* 71 KIRONGOZI B.LIMBAYA,
S., op.cit., p.9.
* 72MITTERAND, F.,
cité par DANIOUÉ, R., Conférence de presse sur Radio
France Internationale le 20 juin 1990, à l'issue du sommet des chefs
d'Etats de France et d'Afrique à la Baule.
* 73 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.125.
* 74NGOMA-BINDA, P., La
démocratie libérale communautaire..., op.cit.,
p.102.
* 75 NGOMA BINDA, P., La
démocratie libérale communautaire..., op.cit.,
p.101.
* 76 KIBAL PWEY-M'PIAL, P.,
« La nouvelle démocratie directe(NDD): Théorie et
modalités de sa mise en oeuvre en République Démocratique
du Congo », in Congo-Afrique, n°477, Juillet-aout 2013,
p.488.
* 77MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.25-27.
* 78 POUGALA, J-P.,
op.cit., p.11.
* 79DANIOUÉ, R.,
op. cit., p.110.
* 80MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.113-114.
* 81 ZAHIR, F.,
op.cit., p.11.
* 82 JOAO DE MELO, J.,
« Gouvernance mondiale crise de la démocratie et
alternatives », in Congo-Afrique, n°385, Mai 2004,
pp.286-288.
* 83 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.114.
* 84 DIANGITUKWA, F.,
op.cit., p.2.
* 85 KOLM, C.S., Les
élections sont-elles la démocratie ?, Les
Éditions du cerf, Paris, 1977, p.105.
*
86TRAORÉ,T., « La gloire des imposteurs :
un livre à lire », http :
//www.makaila.over_blog.com/.../la_gloire_des_imposteurs_un_livre_a-lire.html,
[En ligne], mis en ligne le 25 février 2014, consulté le 17
novembre 2014 à 9h 17', p.1.
* 87 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., p.136.
* 88 NGOMA-BINDA, P., La
démocratie libérale communautaire..., op.cit.,
p.100.
* 89 MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., pp.135-136.
* 90MAYOYO BITUMBA, T.,
op.cit., pp.25-168.
* 91 LIJPHART, A.,
cité par STALON, JEAN-L., Democraty in plural society, Yale
University Press, New Haven, 1977, p.25.
* 92 DUPRAT, G.,
L'ignorance du peuple. Essais sur la démocratie, Presses
universitaires de France, Paris, 1998, p.1.
* 93 STALON, JEAN-L.,
op.cit., p.25.
* 94 Lexique de Science
Politique (vie et institutions politiques) 2e édition, Paris,
Dalloz, 2011, p.581.
* 95 Lexique de Science
Politique..., op.cit., pp.486-487.
* 96 ANONYME,
Majorité et minorité,
https://www.Kas_benin.de/.../Marite
Minorite .ht..., consulté 29 août 2015 à 15h 26',
p.2.
* 97 TSHIBWABWA, J.,
Aménagement du territoire, Cours de deuxième licence, SPA, FSSAP,
UNIKIN, 2015, p. 61.
* 98 HALLOWELL, J., Les
fondements de la démocratie : Nouveaux horizons, Les
éditions inter-nationales, Paris, 1970, p.47.
* 99 LOBHO LWA DJUGUDJUGU
cité par MUKWALA DINZILA, Troisième république au
Zaïre, Bibliothèque de scribe, Kinshasa, 1997, p.132.
* 100 LABANA, L.A., Le
conflit : Stratégies, prévention, gestion et modes de
résolution, Chaire Unesco, Kinshasa, 2007, p.34.
* 101 DANIOUÉ,
R., op. cit., p.151.
* 102 NGOMA-BINDA,
P., « Elections en RD Congo 2006 et 2011. Bref regard comparatif
et prospectif », in Congo-Afrique n°462 février
2012, p.123.
* 103 Idem,
p.124.
* 104MUTUME, G.,
« Construire un réseau routier performant en
Afrique »,
https://www. Un.org/ fr/ .../162 reg4f.htm,
consulté 03 septembre 2015 à 10h 35', p.1.
* 105MULAMBU MVULUYA,
Questions spéciales de sociologie politique, Cours de première
licence SPA, FSSAP, UNIKIN, 2013, pp.122-123.
* 106BOSONGO,
S., « Suffrage universel direct versus suffrage universel
indirect »,
https://www.bcc-rdc.info/.../679-suffra-...,
consulté le 01 septembre 2015 à 13 h 9', p.5.
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