VII. EVOLUTION ET PRONOSTIC
L'évolution de la schizophrénie est très
variable. La maladie débute généralement à
l'adolescence chez un sujet qui n'avait montré aucun trouble
jusque-là(29). La maladie évolue avec
(13):
· des périodes de perturbation où les
symptômes sont nombreux et intenses,
· et des périodes où les symptômes
sont soit absents soit présents mais mineurs.
Les périodes de déstabilisation sont souvent
provoquées par l'arrêt du traitement, mais les
évènements stressants de la vie peuvent aussi contribuer à
des rechutes. L'hospitalisation n'est cependant pas systématiquement
nécessaire. L'évolution est meilleure en cas de traitement
régulier. Par ailleurs, les symptômes sont différents d'un
patient à l'autre et peuvent changer au cours du temps chez un
même patient. Quatre aspects évolutifs particuliers de la maladie
sont décrits dans la littérature actuelle : les accès
délirant aigus répétés ; la baisse du
dynamisme ; les difficultés pour organiser ses idées ;
le retrait affectif : isolement, solitude(12, 13, 16).
Les accès délirants aigus surviennent presque
toujours après l'arrêt des traitements par neuroleptiques : c'est
la rechute. Les signes sont souvent les mêmes pour un même patient
lors des différents accès. Les premiers symptômes de la
rechute sont repérés : souvent par la famille, l'entourage ou les
soignants ; rarement par le patient « déjà dans
l'accès ». La reprise du traitement par neuroleptiques permet un
contrôle de l'accès. Une hospitalisation est parfois
nécessaire. Il faut savoir que les rechutes peuvent se manifester dans
les semaines voire parfois plusieurs mois après l'arrêt du
traitement. Les évènements de vie peuvent également
favoriser ou précipiter une rechute, d'autant qu'il s'agit
d'évènements dits de perte sociale : mariage d'un enfant,
décès d'un conjoint, ou d'un proche, mort d'un animal domestique,
retraite, mise en invalidité, perte d'un emploi, incorporation au
service national, etc. leur impact, quand ils existent, est habituellement
assez rapide, de l'ordre de trois semaines. Cette rechute et ses
conséquences peuvent être évitées dans la
majorité des cas par la prise régulière du traitement, ce
qui justifie parfois de privilégier une forme galénique à
action prolongée pour améliorer
l'observance(12,13).
Dans la DSM IV, est dit en rémission un sujet
(traité ou non) ayant des « antécédents de
schizophrénie mais ne présentant actuellement plus aucun signe de
la maladie ». La notionde rémission concerne ici
l'évolution de la maladie schizophrénique.La rémission
complète est décrite comme un « retour complet au
fonctionnement prémorbide » et il est précisé
que cette évolution est inhabituelle. Gardons cependant à
l'esprit que la guérison est quasi inexistante en ce qui concerne la
schizophrénie(6, 12).
Le suicide est un problème majeur de santé
publique, son taux chez les patients schizophrènes est dix fois plus
élevé que dans la population générale. Dans un
pourcentage important, le suicide a lieu après l'expérience aigue
; il résulte alors du vécu douloureux qu'engendre la maladie. La
majorité des suicides a lieu au cours d'une période de
vulnérabilité représentée par les premières
années d'évolution de la maladie. Les principaux facteurs de
risque sont soit traits favorisants (homme jeune, caucasien, souffrant d'une
forme schizo-affective ou paranoïde d'évolution chronique,
présentant des antécédents personnels et familiaux de
conduites suicidaires), soit psycho-dépendants (isolement social,
altération globale du fonctionnement, dépression et
désespoir, conduites adductives, effets secondaires des neuroleptiques).
Encore une fois ce fait souligne la nécessité des soins et du
suivi du patient(6, 12, 13).
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