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Mémoire de recherche appliquée
Présenté devant l'École de Commerce
Européenne pour l'obtention du
Diplôme de l'ECE
|
N° d'ordre:
La communication des alcooliers en France dans la
création d'une culture de marque après le bouleversement de la
loi Evin
Stephane DUMIOT
Dirigé par M. Luc DAHERON
Promotion 2014
ECE | Établissement reconnu par l'État |
Diplôme visé par l'État Groupe INSEEC
2
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION
|
5p.
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I.
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UNE COMMUNICATION REORIENTEE SUR LE PRODUIT
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10p.
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A- L'opportunité de la loi Evin
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10p.
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1- La contrainte Féconde
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10p.
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2- Les nouveaux publicitaires
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12p.
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3- « Ricard. Brisons la glace »
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14p.
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B- L'origine du produit
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18p.
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1- Le marketing de provenance
|
18p.
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2- Le marketing de provenance comme levier économique
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19p.
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3- La marque Jack Daniel's & Tennesse
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21p.
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C- L'histoire qui transmet un message
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24p.
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1- L'art de raconter des histoires
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24p.
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2- Faire partager l'histoire
|
25p.
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3- Les symboles et mythes implantés dans l'histoire
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26p.
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II.
|
LE DEVELOPPEMENT DE CULTURE DE MARQUE
|
30p.
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A- Et l'art dans tout ça ?
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30p.
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1- L'autorisation de mécénat de la loi Evin
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30p.
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2- L'art dans tous es aspect pour la création
artistique
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32p.
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3- La fondation Paul Ricard et ses projets
|
34p.
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B- La marque plus qu'une démarche de vente
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37p.
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1- L'expérience offerte par la marque
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37p.
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2- L'apport du Web
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40p.
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|
3- Jägermeister et son site international
|
43p.
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C- La marque comme relai d'information
|
46p.
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1- Le brand content
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46p.
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2- Pernod Absinthe supérieur
|
50p.
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3- Le marketing viral ou buzz marketing
|
51p.
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III. UNE CULTURE DE MARQUE RESPONSABLE 57p.
A- Un agent utile et responsable 57p.
1- Le brand utility 57p.
2- La prévention, le nouveau territoire de communication
60p.
3- Le développement durable 63p.
4- Heineken, « Brasser un avenir meilleur » 65p.
B- Le niveau de responsabilité des marques 68p.
1- Les nouveaux modes de consommation, les jeunes 68p.
2- Leurs rôles en tant qu'agent culturel 70p.
3- Quel avenir pour la responsabilité des alcooliers ?
73p.
CONCLUSION 75p.
BIBLIOGRAPHIE 79p.
WEBOGRAPHIE 80p.
ANNEXES 81p.
Annexe 1 : Extrait de la loi Evin 81p.
Annexe 2 : Affiche Gin Gordon's 86p.
Annexe 3 : Capture écran
Grimbergen.fr 87p.
Annexe 4 : Réalisation du projet de Co-création
88p.
Annexe 5 : Capture écran et wallpaper de Jägermeister
89p.
Annexe 6 : Le coffret édition limitée de l'absinthe
supérieur Pernod 90p.
Annexe 7 : Interview Anne-Cécile Ladegaillerie 90p.
Annexe 8 : Capture écran du site
Kronembourg.fr 93p.
Annexe 9 : Extrait Rapport du développement durable
Heineken 94p.
4
EXECUTIVE SUMMARY 95p.
5
INTRODUCTION
De nos jours la publicité fait partie de notre vie
quotidienne, et personne ne peut le démentir. Certaines études
démontrent qu'en moyenne une personne vivant dans une grande
agglomération voit environ 3000 annonces publicitaires par jour. Chaque
marque et produit essayent de se démarquer, avec plus ou moins de
succès, pour communiquer et entraîner des achats. Il en est de
même pour le marché des alcooliers, pourtant depuis la
promulgation de Loi Evin en 1991 la communication sur ce marché est
devenue très contraignante en France. Bien entendu tous les
publicitaires se posent toujours la question de savoir comment adapter leur
communication à la loi, cependant ce cadre légal est beaucoup
plus contraignant sur ce marché que pour beaucoup d'autre pays. Ces
contraintes légales ont pour but de limiter les dangers de l'alcool et
de l'alcoolisme sur le public, car la santé publique est et restera un
enjeu majeur dans notre société. C'est ainsi que les marques
d'alcools et de spiritueux ont développé une communication en
prenant compte de ces contraintes légales, faisant de ce secteur un
marché unique dans le monde de la publicité.
Ce débat entre la santé publique et l'alcool
n'est pas nouveau, il faut remonter au XIXème pour connaître les
prémices de ce combat. Tout commença par la loi Roussel en 1873
qui a été promulguée contre l'ivresse publique,
grâce à cette loi, cet acte est devenu un délit. Alors que
durant de longues années l'alcool n'avait jamais été
considéré comme dangereuse pour l'homme, au contraire certaines
religions européennes glorifiaient le vin (le sang du christ) pour
rapprocher l'homme du divin. De plus l'alcool donnait de la force et du courage
aux soldats partant à la bataille.
On peut même dire que jusqu'en 1920 l'alcool est
considéré comme un médicament, pouvant être
acheté en pharmacie. A cette époque « leur nom est
généralement celui de
6
l'apothicaire qui les fabrique et les commercialise
»1, les cibles à cette époque sont les personnes
malades, les vieillards... Très peu de ces alcooliers cherchent
réellement à vendre ce produit pour son goût,
exceptés les vins Désiles comme en témoigne le
comédien De Ferraud « Désiles, un vin délicieux (...)
il fait du bien aux faibles et ne fait pas de mal aux solides, au contraire
»
C'est Magnus Huss, docteur suédois qui va mettre en
avant la notion d'alcoolisme pour désigner les troubles engendrés
par l'abus d'alcool en 18492 avant que l'Association Nationale de
Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) officialise cette
notion. La révolution industrielle est pour beaucoup responsable de ce
fléau. Les frères PELLOUTIER ont écrit dans leur livre
1900 la vie ouvrière en France: « L'alcoolisme est propre
à notre époque, il est lié à la misère,
à l'excès de travail, à la mauvaise qualité des
alcools, c'est celui des ouvriers».
En 1915, voit apparaître la première forme de
contrainte légale avec la prohibition de l'Absynthe, ce qui ne ralentit
pas la progression des autres types d'alcool. Etant devenu banal et accessible,
l'alcool s'est aussi transformé en ennemi public. En 1950 on voit
apparaître les premières prises de conscience avec les premiers
cas d'alcoolémie déclarés comme maladie ainsi que
l'apparition des « cures de dégout »3.
Désormais interdit des stades et cantines, l'alcool a une mauvaise
image auprès du public français.
Certaines règles apparaissent dans les années
suivantes, dont plusieurs auront une importance sur le développement de
la communication de ce secteur et du marché en lui-- même. La loi
Barzach le 30 juillet 1987, va obliger les alcooliers à mettre un
certain message préventif dans la promotion de leur produit «Sachez
apprécier et consommer avec modération ». La très
populaire loi Evin (10 janvier 1991) reprend les lignes directrices d'une
directive européenne en ajoutant quelques éléments
spécifiques au territoire
1 « Quand l'alcool fait sa pub », Myriam
Tsikounas
2
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alcoolodépendance
3
http://deployezvosailes.free.fr/Alcoolisme/histoire.html
2
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alcoolodépendance
3
http://deployezvosailes.free.fr/Alcoolisme/histoire.html
7
français. Elle prévoit un certain nombre de
contraintes que les alcooliers devront dorénavant suivre comme une liste
limitative de supports pouvant véhiculer la publicité pour
l'alcool ainsi que les conditions géographiques, temporelles et
langagières de ces publicités4. Suite à
l'application de cette loi, il n'y a pas de publicité de boissons
alcoolisées dans la presse pour la jeunesse, la relation entre les
événements sportifs est devenue très
réglementé (peut--être seulement délivré sur
autorisation). Par la promulgation de cette loi le secteur, le marché
est unique dans son genre, surtout au point de vue de la communication.
Au début de l'annonce de la promulgation de cette loi,
de nombreux publicistes et alcooliers se sont inquiétés sur les
nouvelles campagnes publicitaires à venir et l'incident que cette loi
aura sur la vente d'alcool. Or durant les années suivants la
promulgation de la loi Evin, le territoire français a connu une forte
baisse de consommation. Permettant à la fois de légitimé
l'efficacité de cette loi et d'améliorer la santé publique
de notre société. Cette baisse de consommation à d'autre
part pousser les firmes d'alcools à se questionner et à
s'interroger pour essayer de trouver un moyen innovateur de toucher ce public
en restant dans ce cadre légal très strict. En d'autre terme il
fallait pousser la créativité à un autre niveau pour
pouvoir rester compétitif et « redorer » le blason de leurs
produits.
Ce manque d'engouement envers les marques, la mauvaise image
des boissons alcoolisées et l'arrivée d'Internet vont amener les
publicitaires travaillant dans ce secteur à penser différemment.
De plus durant l'application de cette loi de nombreux problèmes se sont
posés. C'est entre autre Internet est la nouvelle dimension en tant que
média qui va amener le pouvoir législatif français
à modifier la loi. L'élaboration d'une réforme de la loi
qui va entre autre permettre à Internet d'être parmi la liste
limitative de support médiatique pour les boissons
alcoolisées.
C'est une première pour la législation
française puisque jamais dans un texte législatif ou un
règlement français, l'interdiction était en fonction de la
publicité en ligne. De plus cette
4 Voir annexe 1
8
réforme va permettre de rehausser le niveau d'âge
à 18 ans pour acheter de l'alcool et d'interdire la pratique des «
Open-bars » comme le souligne l'article L. 3322-9:
« Sauf dans le cadre de fêtes etfoires
traditionnelles déclarées, ou de celles,
nouvelles, autorisées par le représentant de l'État
dans le département dans des conditions définies
par décret en Conseil d'État, ou lorsqu'il s'agit de
dégustations en vue de la vente au sens de l'article 1587 du code
civil, il est interdit d'offrir gratuitement à volonté des
boissons alcooliques dans un but commercial ou de les vendre à titre
principal contre une somme forfaitaire ».
Nous allons essayer de comprendre et de voir comment les
alcooliers ont réussi malgré ces différents obstacles
à faire de leur produit des objets à part entière de notre
territoire, parfois considéré comme fleuron de notre patrimoine
ou comme menace pour la société. Car tout le monde sait que ces
produits et leur communication sont un élément fort de notre
histoire.
La question la plus importante, est de savoir comment les
marques d'alcool ont-elles réussi à progresser sur le
marché alors que de plus en plus d'obstacles se formant sur leur chemin?
Dans la société hyper-consommatrice de nos jours, où
attirer l'attention est de plus en plus dur, comment les alcooliers ont
réussi à établir une connexion avec leur client toujours
en demande de plus d'originalité, de goût et de plaisir?
Nous avons donc recherché dans cette thèse quels
ont été et quels sont les moyens mis en place par les marques de
ce milieu pour créer une culture de marque, la cultiver et la rendre
durable, en répondant à cette question: Comment un
contexte légale défavorable a--t'il pu permettre à ces
produits (et donc par la même occasion leur marque) de devenir des
produits culturels importants de notre société?
Pour cette analyse, nous nous sommes appuyé sur de
nombreux supports de communication des marques d'alcool allant de l'affiche
presse au site internet tout en passant par les communiqués de presse.
Une analyse documentaire nous permettra aussi
9
de se fonder sur les anciennes thèses de ce sujet pour
pouvoir s'en servir de base. Nous avons donc, élaboré ce
mémoire en trois volets:
Le premier étant basé sur la nouvelle
communication mise en place à partir de la promulgation de la loi Evin.
Sur quels éléments les publicitaires allaient pouvoir se
réorienter, nous mettrons en avant la « contrainte
féconde » qui est nait de cette loi en basant la communication
sur deux points importants: l'origine et l'histoire du produit. Le fait de ne
plus pouvoir communiquer sur les effets de leurs produits va entraîner
une réorientation sur le produit en lui même par ces deux
points.
Dans un deuxième temps nous allons voir le
développement de la culture de marque que ces alcooliers mettent en
place. Cette dernière sera remplie par plusieurs éléments
comme la communication dans le sens d'un média, l'expérience avec
le marketing expérientiel et enfin l'art en général.
Pour enfin voir dans un dernier volet si il y a
création d'une culture de marque, comment celle--ci va vouloir devenir
plus qu'une simple entreprise. Voulant accéder aux rangs d'acteur
culturel voir même de leader culturel, mettant en avant un paradoxe
évident entre les responsabilités économiques de la marque
et celles due à un acteur culturel. Avec une perpétuelle remise
en doute des responsabilités que la marque va vouloir occuper.
Durant toute l'analyse nous nous somme permis de mettre
à part le vin et le champagne qui ne seront pas pris en compte dans
cette thèse. Ces deux produits étant complétement
différents tant au niveau de la cible que de la communication, il
paraît trop contraignant d'aborder ces produits en même temps que
les alcools forts. Nous avons décidé de nous concentrer sur les
alcools forts et la bière qui ont un marché semblable et une
communication similaire. Pour une meilleure cohérence de nos propos,
l'étude sera seulement portée sur le territoire
français.
10
I- UNE COMMUNICATION CIBLEE SUR LE
PRODUIT
A- L'opportunité de la loi Evin
1- La contrainte féconde
Comme nous l'avons expliqué dans l'introduction de
cette thèse, la promulgation de la loi Evin a créé une
incertitude dans le milieu des alcooliers. Les contraintes de cette loi sont
nombreuses et portent à la fois sur la surface de diffusion, les moyens
de dérivation, les ressources de l'expression et la
psychologie5. Autant dire que le langage du désir qui est
étroitement lié aux campagnes publicitaires de ces produits (et
d'autres) va devoir changer, ruser pour pouvoir être valable aux yeux de
la loi. Car « ce sont précisément ces liens
d'évocation, de suscitation et d'excitation de l'envie de
posséder et de consommer que le législateur a voulu
dénouer » explique P. BEUCLER et F. FAVREAU dans leur analyse.
La loi cherche à empêcher les marques à communiquer sur les
effets de l'alcool, enlever le côté désinhibant et
émancipateur que le consommateur associe à ce produit.
La première peur fut de mal interpréter la loi
et d'entraîner des campagnes publicitaires à des procès
contraignant et chers en frais. Le but des agences publicitaires responsables
de ce milieu est de maintenir un taux de reconnaissance, d'attribution et
d'agrément fort pour leurs clients (les alcooliers), tout en respectant
cette contrainte légale. On a pu voir apparaître deux notions qui
se relient. La notion de convoitise entrainant la consommation de l'alcool et
la possibilité d'évoquer cette consommation sans avoir recours
aux anciens modes d'ancrages. Nous allons démontrer plus tard dans
l'analyse qu'elles ont été ces anciens modes.
5 « La loi Evin dix ans après ou le contraste
de la contrainte féconde », Pascal Beucler et Fanny Favreau
11
Si nous regardons en arrière la communication des
alcooliers avant la loi Evin, nous pouvons facilement nous rendre compte que le
lexique verbal s'appauvrissait et qu'il en était de même pour
l'aspect visuel. La loi a finalement permis un enrichissement de ce secteur,
d'où la « contrainte féconde », concept
démontré par Pascal BEUCLER et Fanny Favreau dans « La loi
Evin dix ans après ou le paradoxe de la contrainte féconde
». Démontrant qu'avant la communication était simpliste sans
véritable enjeu, alors que dorénavant il y a un réel
défi a relever « C'est désormais au produit
lui--même d'être désirable ».
Pour comprendre cela il faut partir en arrière, l'avant
loi Evin. La communication était « une création sans
contrainte, sans surprise », basée entièrement sur les
effets de bien-être, de liberté de soi-même provenant de
l'alcool. Tous ces effets étaient transcrits par la chaleur,
l'intimité, ce qui est interdit par la loi maintenant. Le consommateur
était au centre du discours publicitaire, mis en scène dans des
récits euphorisants entrainant une idéalisation du produit. La
manière de communiquer la plus utilisée était de
présenter l'alcool comme un catalyseur permettant des relations sociales
en libérant le consommateur et l'émanciper d'une quelconque
retenue ou pression sociale. De plus les relations homme/femme sont elles aussi
perçues comme plus facile une fois l'alcool consommer, donnant un
attrait supplémentaire à ce type de produit. Comme on peut le
voir avec l'affiche « Gin Gordon's. Tout commence avec un G » voyant
une femme surprendre un homme qui boit du Gin à une terrasse d'un
bar6, ou encore avec certains slogan comme « Martini on the
rocks: La recette du plaisir ».
Aujourd'hui tout cela n'est plus toléré par la
loi, « on montre beaucoup moins les pouvoirs attribués à
l'alcool mais on les suggère d'autant plus et d'autant mieux
»7.Les scènes ne sont plus aussi brutes
qu'auparavant, le destinataire, bien qu'il soit visé, n'est plus
impliqué directement. On voit apparaître une complicité
entre le destinataire et le message, une sorte de connivence voit le jour. Le
texte n'est plus juste une superposition du visuel ou inversement, il y a une
réelle interaction entre ces deux aspects permettant aux
6 Voir annexe 2
7 « La loi Evin dix ans après ou le contraste
de la contrainte féconde », Pascal Beucler et Fanny Favreau
12
consommateurs un accomplissement lors de la lecture du
message. Nous allons démontrer cela avec le même exemple que
l'analyse de ces deux auteurs « Ricard. Brisons la glace », cependant
avant cela nous allons vous montrer les nouveaux procédés qui
sont apparus à la suite de cette loi permettant la « contrainte
féconde ».
2-- Les nouveaux procédés publicitaires
Avant la loi Evin, il y avait plusieurs procédés
de communication, le procédé de médiation, de sublimation,
de narration, d'implication et d'exaltation. Chacun amenant dans l'ordre une
symbolique de boire, une quête aspirationnelle, inscrivant le produit
dans un récit exemplaire, exploitant le principe de l'invitation ou
encore permettant une promesse festive. Ces différents moyens de
communication ne sont plus adéquats à la communication de boisson
alcoolisée de nos jours, mais cela a permis l'apparition de nouveau mode
d'expression.
Le procédé d'emphatisation, met l'accent sur
l'origine du produit et sa nature. Il est composé de deux sous
procédé l'extraction et la dislocation, permettant d'augmenter
l'identité et l'origine de la marque. Ce procédé s'est
amplifié avec la loi Evin car il permet une scénarisation d'un
retour aux sources, grâce à ce procédé le produit va
devenir l'emblème de la marque ou même l'univers entier de la
marque. D'un point de vue concret c'est une mise en avant du nom, de
l'étiquette du produit ou du produit en lui même. C'est une
accentuation sur l'origine du produit qui va entrainer un gage de la marque
envers ses consommateurs, « une caution à la marque ».
Comme le dit l'article sur le contraste de la contrainte
féconde.
On peut voir entre autre la marque « Hoegaarden »,
qui s'est servit de ce procédé pour l'une de ses campagnes radio.
La marque au nom difficilement prononçable, à choisit de faire de
l'une de ses faiblesses son atout principal. Etant donné que c'est une
bière blanche qui se veut rafraîchissante, ils ont mis en
scène quatre personnages du monde polaire (un ours, un esquimau,
l'abominable homme des neiges et un pingouin) dans leur spot « une
idée rafraîchissante pour bien dire Hoegaarden ». Se
servant, sur le ton de l'humour, des tonalités
13
de ces différents personnages pour prononcer le nom de
cette fameuse marque. C'est ainsi que la marque déjà connue dans
le monde entier a réussi à devenir la troisième marque de
bière préférée des Français8.
Alors que le procédé d'anecdotisation permet de
suggérer la consommation par des symboles. Etant donnée qu'il est
impossible de représenter le consommateur, qui était auparavant
le protagoniste de la plupart (si ce n'est toutes) des campagnes publicitaires
et qu'il ne peut en aucun cas être vu dans un cadre de consommation. Les
publicitaires ont du trouver un moyen d'éviter cette «
évocation directe » en employant ce procédé.
Ceux sont les lieux, le cadre et les symboles qui vont suggérer cette
consommation en invoquant un signe évocateur ou annonciateur de l'acte
de consommer. L'univers de la consommation est appelé par des valeurs
communes et partagées par les consommateurs cibles.
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D'autre part le procédé de substitution va
être, lui, utilisé pour substituer l'acte de boire au désir
de boire, le but étant toujours d'attirer la convoitise sur le produit.
Ce moyen permet une suggestion indirecte, que l'on retrouve dans la plupart de
ces procédés, mis en scène par les créations
publicitaires. Bailey's dans sa campagne «On en mangerait... » met en
évidence ce procédé de substitution, en faisant passer
l'acte de consommer par de la gourmandise en transformant son produit en glace,
comme vous pouvez le voir sur l'image a côté. Le désir y
est représenté en poussant à satisfaire ses besoins, c'est
la notion d'appétence qui a donc était utilisé dans cette
campagne.
Le procédé d'anthropomorphisation permet
d'utiliser la narration sans avoir recours à de véritable
personnage, c'est une personnification de certains éléments. Ces
nouveaux acteurs accèdent au statut de médiateur pour la marque
en se substituant à l'être humain narrateur. Ils adoptent les
comportements de la personne ou de l'animal (ou autre) qui est visé,
c'est une humanisation du produit.
8
http://www.houblon.net/spip.php?article290
14
Ensuite le procédé d'occultation vise à
améliorer le texte, qui doit passer d'un discours relationnel
basé sur le consommateur à un discours informatif axé sur
le produit. Le texte doit être entre autre moins explicite et examiner
d'autres champs sémantiques. Le discours va se diriger sur les
propriétés du produit, qu'elles soient réelles ou juste
supposées.
Et enfin le procédé de contiguïté
qui permet de lutter contre l'absence de personnage et des visuels de l'acte de
consommation, en utilisant une approche plus poétique ou encore ludique
concernant la consommation. L'association d'idée créée par
ce procédé permet d'exprimer le message à faire passer par
la campagne. Les énigmes ou rébus mis en scène dans ces
affiches entrainent un sentiment d'accomplissement et de jouissance une fois
que le consommateur a fait l'assemblage. Voici un tableau récapitulatif
des modifications de procédé:
|
Avant la Loi Evin
|
|
Après la loi Evin
|
·
|
Communication
|
·
|
Emphatisation
|
·
|
Médiation
|
·
|
Anecdotisation
|
·
|
Sublimation
|
·
|
Substitution
|
·
|
Narration
|
·
|
Anthropomorphisation
|
·
|
Implication
|
·
|
Occultation
|
·
|
Exaltation
|
·
|
Contiguïté
|
3- Ricard. Brisons la glace
La société Ricard a été
créée en 1932 par M. Paul RICARD qui a décidé de
donner son nom à cette boisson qu'il venait d'inventer. Une boisson
unique qui est composé d'anis, de réglisse et d'herbes de
Provence C'est en 1975 qu'il y a eu une fusion avec Pernod pour créer le
groupe mondialement connu Pernod-Ricard, leader mondial pour les spiritueux et
les
alcools blancs9. Déjà fort de leur
présence sur le marché européen et mondial après
leur fusion avec le groupe de Jean HERMAD (groupe Pernod), la marque s'est
retrouvé être un pionner dans la création publicitaire dans
le milieu. On peut entre autre voir sur le site du groupe (
http://pernod--
ricard.fr/20/accueil) la mise
en avant de leur slogan « Créateurs de convivialité »,
projetant le mot créateur au même niveau que la valeur la plus
ancienne et assimilé au groupe « la convivialité ». Ici
nous allons pour le moment nous intéresser plus particulièrement
à la campagne publicitaire « Ricard. Brison la glace »
affiché en 2000.
Premièrement nous avons choisi cette campagne car elle
a connu un franc succès auprès des consommateurs français
et qu'elle fait partie de ces campagnes qui ont mis en avant la renaissance de
la créativité des marques d'alcool après l'approbation de
la loi Evin. Son score d'impact étant nettement supérieur aux
normes du secteur, avec entre autre (selon nos sources) 56% des
interviewés se rappellent avoir vue la publicité contre seulement
43% en moyenne pour les autres campagnes de marques de boisson
alcoolisée et 38% des personnes reconnaissent clairement la marque
(contre 21% pour la norme du marché). En plus de ces chiffres les
rapports de reconnaissance et d'attribution sont eux aussi relativement
élevé comparé à la norme avec respectivement 66% et
46% sur le coeur de cible, les 18/34 ans10. Tous ces chiffres
démontrent bien que malgré les contraintes légales la
marque a réussit à augmenter la créativité pour en
faire l'un des ses point forts, c'est donc très clairement un exemple de
la contrainte féconde précédemment expliqué.
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15
9
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pernod_Ricard
10
http://www.strategies.fr/actualites/marques/r15090W/ricard--ne--laisse--pas--de--
glace.html
16
Nous allons nous servir des propos de Michael MEROLLI, chef de
groupe Ricard-Pacific chez Pernod-Ricard, interviewé par le site
http://www.strategies.fr,
pour expliquer le succès de cette campagne. Parlons dans un premier
temps du slogan « Brisons la glace » qui est selon M. MEROLLI une
signature très forte, au même niveau que le slogan « Un
Ricard sinon rien ». Qui a été lui même
l'emblème de la marque pendant des années et reste un slogan
monteur pour la marque vu l'emprise qu'il a eu sur les consommateurs. Ce slogan
met en avant le mode de consommation de cette boisson anisée, se buvant
avec un certain nombre de litres d'eau. Une stratégie qui a
été utilisée dans les campagnes précédentes
comme « Un volume de Ricard, cinq volumes d'eau » en 1991.
Néanmoins cette fois les annonceurs et la marque se sont
efforcées de suggérer ce mode de consommation d'une
manière plus abstraite avec l'image de la glace. La glace qui est de
l'eau sous une autre forme. Et enfin concernant le texte, l'expression «
briser la glace » est clairement un appel à la convivialité
et la camaraderie, les deux valeurs phares de cette marque et de ce produit.
Cependant nous allons voir que le message explicite en lui seul aurait pu
entrainer une confusion avec les contraintes légales, obligeant la
marque à se servir à la fois du texte et du visuel.
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Le visuel n'est pas seulement une superposition de
l'idée projetée par le texte mais un réel acteur
supplémentaire qui va aider à faire transmettre le message de
l'affiche. Comme nous
17
l'expliquions le rappel à l'expression « briser la
glace » aurait pu entrainer une intervention de la loi Evin allant
jusqu'à interdire la parution de cette campagne. Sauf que le visuel
mettant en scène une déclinaison en plusieurs aspects d'un
glaçon sur le point d'être brisé fait passer au
deuxième plan cette expression. Car l'image reproduit la situation de la
phrase (comme vous pouvez le voir ci-dessous), c'est donc un acte
suggéré. Il est donc autorisé par la loi Evin. De plus il
y a une réelle relation avec le consommateur créée par cet
effet de phrase sous-jacente ou d'idée en second plan. On peut aussi
voir que le rappel aux glaçons se voit visuellement avec l'encadrement
du texte « Brisons la glace » en rectangle, pouvant à la fois
rappeler les glaçons et les verres dans lesquels la lettre serait le
glaçon. Et dans d'autres visuels le texte n'est pas encadré mais
simplement d'une couleur froide (entre le blanc et bleu clair) rappelant encore
une fois les glaçons.
C'est cette liaison entre le visuel et le texte qui est
à prendre en compte dans cette campagne. La marque a voulu créer
un décalage entre le message à lire et le visuel à voir.
Cette corrélation entre les deux aspects permettent de mettre en avant
un acte de consommation sans pour autant qu'il soit visible. Par ce
procédé la marque fait passer le message qu'elle souhaite, tout
en respectant la loi Evin. Les couleurs relatives à cette campagne reste
elles aussi fidèles à la marque avec le jaune et le bleu en fond
de chaque affiche. Grâce à ce décalage la marque a pu
amener les deux éléments qu'elle souhaitait, la
sociabilité par le fait de suggérer l'acte de consommation sur
des tons de convivialité, la jaune entre autre. Et attirer la nouvelle
cible de cette marque, avec la métaphore des glaçons rappelant la
manière de boire certains autres types d'alcools tels que le whisky ou
le martini. Par ce procédé on voit bien un double ciblage du
message, comme le dit M. MEROLLI dans son interview: « Nous avons
également la volonté de positionner Ricard comme une marque haut
de gamme. Le produit est le plus cher du marché. Nous souhaitons attirer
la population plus portée à consommer du whisky ou du champagne
»
18
B- L'origine du produit
1- Le marketing de provenance
La loi Evin a laissé une véritable
opportunité de communiquer sur l'origine des boissons
alcoolisées. De nombreuses marques vont pouvoir ainsi utiliser le
marketing de provenance pour continuer à promouvoir leurs produits. La
définition de la provenance est expliqué dans « Le
marketing de provenance, Quand l'origine géographique valorise les
marques» de Serge-Henri Saint-Michel, le 20 mai 2003 : «La
provenance a été une histoire d'amour diffusant autour d'elle
valeurs et contenus objectifs et affectifs, permettant aux entreprises du
terroir de se différencier qualitativement»11.
Mettre en avant cette provenance de l'origine du produit
permet de transmettre des valeurs identitaires aux consommateurs sans que ces
valeurs soient directement transmises dans le message publicitaire. Alors
qu'avant il était possible d'énoncer les caractéristiques
gustatives ou d'assimiler les boissons alcoolisées à des
connotations positives. L'esprit de la fête, de la camaraderie et du
plaisir étant les connotations les plus sous-entendues.
Dans un monde complètement internationalisé,
beaucoup de publicitaires ont vu, grâce à ce mécanisme, une
possibilité de se différencier de mettre en avant son produit par
rapport à sa provenance, tout cela en respectant à la lettre la
loi Evin. Cette différenciation organisée par un retour aux
sources est très bénéfique pour un bon nombre de nos
produits français. Car en France l'alcool avant d'être l'ennemi de
la santé public, elle est aussi l'un de nos symboles comme par exemple
le Ricard de Marseille ou les bières dans le Nord de la France. Ces
produits venants de nos régions vont donc pouvoir mettre en avant se
savoir faire. Il en est de même pour les pays connus pour produire
certains types d'alcool (Russie, Ecosse) dont nous allons parler dans la
prochaine partie.
Il y a deux grands avantages à mettre en avant
l'origine des produits. La provenance par le biais du terroir est un facteur de
différenciation et un facteur de qualité « le terroir
renvoie donc à une localisation géographique, à des
traditions à une culture » comme l'écrit S-H.
Saint-Michel. En transmettant les valeurs de ce terroir, les alcooliers offrent
plus de repères
11
http://www.marketing-marketing.fr/pix/marketing-provenance.pdf
19
à leurs consommateurs. Ce qui peut simplifier l'acte
d'achat en créant un lien affectif avec ce dernier. Par exemple si vous
hésitez entre 2 bières et que l'une est originaire du Nord de la
France alors que l'autre marque de bière vient du Sud de la France.
Grâce au marketing de provenance vous allez (en général)
vous orienter sur la première étant donné que le terroir
du Nord est connu pour les bières et leur savoir-faire. C'est donc dans
ce cas là un gage de qualité.
Concernant la différenciation procurée par
l'origine du produit, elle a aussi un impact sur le consommateur. Ce retour
à l'origine s'explique en grande partie par la mondialisation de notre
société. De ce fait le local est revendiqué et même
prôné par de nombreuses marques (pas seulement les alcooliers). La
possibilité de rattacher un produit a un département, une
région ou tout simplement un territoire permet une meilleure
identification de ce produit et des valeurs qu'il transmet. Le consommateur va
se sentir plus proche de la marque, en créant un lien affectif la marque
souhaite avoir un lien particulier avec le client. C'est pour cela que cette
provenance est un véritable avantage économique que nous allons
vous démontrer dans la prochaine partie.
2- Le marketing de provenance comme levier
économique
De nombreux territoires sont connus pour leur savoir faire
dans la réalisation de boissons alcoolisées, l'Ecosse et
l'Irlande pour le Whisky, la Russie et la Pologne pour la vodka, la Belgique
pour la bière... Pour les marques produisant ces boissons dans ces
lieux, il est primordial de mettre en avant l'origine du produit qui va donner
une raison supplémentaire d'acheter leur produit, comme nous l'avons
expliqué précédemment. L'énonciation de ces
régions va rattacher certaines valeurs au produit, pour l'Irlande c'est
la camaraderie avec l'ambiance « bonne enfant ». C'est donc cette
culture injectée par l'origine qui va amener le consommateur à
faire confiance à la marque, lui permettant de se rassurer. Et par la
même occasion apporter un avantage économique à son
produit. Pour rassurer le consommateur il y a plusieurs composants à
prendre en compte sur son interprétation de l'origine du produit:
Objective
|
Ceux sont des éléments réels et concrets
qui peuvent être vérifiable.
|
Subjective
|
Touche plus le côté affectif du consommateur,
en mettant en avant le mode de vie que ce produit va lui apporter.
|
Projective
|
Va entrainer un sentiment d'appartenance à
l'achat.
|
Lors de l'élaboration de ce marketing de provenance,
l'objectif est de transmettre une identité géographique qui va
être symbolisé par le lieu d'origine. Cette identité va
être fédérateur pour les marques, répondant au
respect d'authenticité de leur produit.
Néanmoins l'argument de provenance peut-être
utilisé de plusieurs manières, pouvant aller jusqu'à une
modification du produit d'origine:
- Créer un produit qui transmet directement les atouts
de la provenance d'origine. C'est-à-dire que le produit va être
partout le même en prônant les effets de sa terre d'origine.
- Créer un produit qui va s'adapter suivant les
attentes des clients locaux (en général c'est par pays voir
même par continent). En réadaptant le produit au marché
local, les marques s'assurent une meilleure perforation du marché tout
en pouvant utiliser le marketing de provenance.
- Et enfin adapter son produit aux attentes locales seulement
superficiellement. L'inspiration relative à un lieu de production qui
n'est pas le sien. La bière « Desperados », qui est une
bière aromatisée à la Tequila, en est le parfait exemple.
Car sa communication basée sur le marketing de provenance lui donne une
origine Centre Américaine alors qu'elle est produite par la Brasserie
Fischer qui est une marque alsacienne12.
20
12
http://fr.wikipedia.org/wiki/Brasserie_Fischer#Desperados
21
Cependant malgré l'énonciation des effets
positifs entrainé par le marketing de provenance, il y a des risques
à l'utilisation de cette communication. Déjà
l'établissement de la zone de provenance, il faut qu'elle soit large
pour qu'il puisse y avoir plusieurs points d'entrée dans cette
communauté et des valeurs transmît par cette zone. Car si le
positionnement de la marque est trop ciblé et précis il ne
permettra pas d'évolution de la marque. Cependant si la zone est trop
large le sentiment d'appartenance et l'identification sera impossible pour le
consommateur. De plus au vu de l'efficacité de ce procédé,
cela peut entrainer une banalisation de la différence.
C'est-à-dire une trop grosse convergence des mêmes produits vers
les mêmes lieux de provenance, dans ce cas là on assistera
à une vampirisation du produit. Car le produit au lieu de se
différencier deviendra commun à ces concurrents, ce qui
entrainera une confusion dans l'esprit du consommateur car il ne pourra pas
s'identifier à un quelconque produit, l'effet de banalisation sera trop
fort. Et enfin il ne doit pas y avoir d'inadéquation entre les valeurs
de l'origine du produit et les valeurs perçues par les consommateurs.
3- La marque Jack Daniel's et le Tennesse
La marque Jack Daniel's a été créé
par Jasper Newton « jack » DANIEL, dans la ville de Lynchburg au
Tennessee. Selon le site de la marque (
http://www.jackdaniels.fr)
la distillerie a été obtenue lorsque ce dernier avait 20 ans.
Appartenant au groupe Brown-Forman Corporation depuis 1957, la marque est
reconnaissable dans le monde entier par sa bouteille particulière et son
étiquette imposante à l'instar à l'époque de ces
concurrents. Nous avons choisi d'utiliser cette marque car elle est toujours
distillée dans la petite ville de Lynchburg comptant seulement 5 740
habitants (dans le recensement de 2000). C'est en quoi la marque veille
à communiquer sur son origine.
Sur le site de la marque en plus de voir la légende de
M. Jack, nous pouvons tout au long de ce récit voir des rappels à
la provenance de ce produit, par le côté Western et vieille
Amérique représenté par certains symboles comme le
coffre-fort, l'ancienne maison en bois typiquement créé sur un
modèle des constructions du Far-west. Les traits des
différentes
22
images explicatives de l'histoire sont eux aussi des rappels
à la provenance ancienne de la marque. Par l'apparition des images en
encre on peut comprendre que l'on revit une époque où les gens
écrivaient à la plume (un autre symbole du Far-west). Ceci est
amplifié par l'image représentative d'un brevet de certificat
d'exploitation de la distillerie, encore une fois mise en image de la
provenance américaine et lointaine du produit.
D'autre part dans la rubrique légende on peut voir
juste à côté de cette histoire la provenance de ce whisky
à Lynchbrug Tennessee. Fort de sa provenance local cette marque à
réussit à se positionner localement pour entrainer ce sentiment
d'appartenance précédemment expliqué et un gage de
qualité par l'ancienneté. Pour cela Jack Daniel's a
utilisé plusieurs éléments. La présence de certains
détails de sa région qui font de son élaboration un
produit unique et impossible à copier. Comme l'eau de source « Cave
Spring » spéciale pour sa faible teneur en fer, ce qui va permettre
au produit d'être excellent13. Les fûts de chêne
blanc fabriqué à la main par des artisans donnent eux aussi un
aspect local et familial propre à la marque. La production de charbon de
bois au « Rickyard » apprécié pour son aspect unique vu
qu'il est en plein air, engendre un savoir-faire par la provenance. Et enfin
« Miss Mary Bobo » est représenté comme un symbole de
la région, démontrant la convivialité, la famille et la
tradition prônée par la marque. Tous ces symboles ont tous un
dénominateur commun, leur provenance du Tennessee et plus
particulièrement de Lynchbrug. La marque veut ainsi expliquer qu'il ne
pourrait pas y avoir d'autre endroit pour créer ce produit et que
grâce à cette origine ils sont les meilleurs (ils ont le meilleur
produit).
Comme nous l'avons appris au cours de nos recherches la
distillerie est la plus veille des Etats-Unis, elle est ainsi
répertoriée dans le patrimoine national historique du pays. Nous
voyons ainsi toute l'intelligence de la marque opérant par un marketing
de provenance sur différent niveau. D'abord plus ciblé au niveau
local pour se démarquer de ces compétiteurs locaux (ceux
résident aux Etats-Unis), avec l'exposition de sa ville d'origine. Puis
ensuite au niveau mondial par le Tennessee qui est connu à travers le
monde par son histoire et de multiples symboles. C'est ainsi que la marque a
fait le choix d'indiquer et de communiquer
13
http://www.jackdaniels.fr/legende/lynchburg/
23
en relation avec ces deux provenances, évitant ainsi
les risques précédemment démontré: un ciblage trop
précis pour la ville de Lynchburg aurait pu limiter la marque et la
référence seul au Tennessee n'aurait surement pas permis un
sentiment d'appartenance assez fort et un gage de qualité réel.
Comme par exemple, la marque communique une anecdote à propos de sa
provenance présentant le comté de Moore (lieu de la ville natal)
en tant que « Dry county ». N'ayant pas abrogé la prohibition
de l'alcool instauré par Franklin D. Roosevelt, il est possible de
produire de l'alcool mais il est impossible de le vendre. Ce qui
n'empêche pas pour autant la marque d'être un acteur important sur
le marché des spiritueux. Cette anecdote va entrainer un sentiment
d'appréciation envers ce terroir. Montrant encore une fois sa
différence par la provenance de son produit.
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Nous allons maintenant parler d'une campagne publicitaire de
la marque « It's not scotch. It's not a bourbon. It's a Jack»
affiché en 2010. Cette campagne est devenue le symbole de la marque
depuis quelques années, faisant de ce mot « Jack » le symbole
officieux de la marque. Déjà les symboles de réussite on
était repris par l'exposition de sa fameuse bouteille, son
étiquette noire, un look sombre reconnaissable entre tous. Mettant en
avant son origine, ce n'est pas un whisky, ce n'est pas un bourbon mais bien un
Tennesse whisky. Cette distinction est une mise en avant par la
différenciation, totalement du marketing de provenance. C'est d'autant
plus flagrant que certaines théories démontrent que malgré
la volonté de la marque d'être un Tennesse Whisky unique, son
procédé d'élaboration répond au même
critère que celui de la création d'un Bourbon14. Sur
le visuel de l'affiche on peut voir que la fameuse étiquette du produit
est coupé au moment de voir Tennessee Whisky et que ce terme est
seulement repris en petit caractère pour expliquer
14
http://monsieurmarcel.fr/histoires/jack--daniel_bourbon_whisky_tennessee/
24
son appellation. Ce n'est en aucun cas une simple
coïncidence mais belle et bien un acte volontaire, la bouteille prend la
place suffisant pour cacher ce détail et être quand même
reconnu par son aspect. La superposition du slogan et de la bouteille va faire
comprendre que la provenance de ce produit est dans ses gênes, son ADN.
La marque communique donc sur sa provenance sans pour autant la montrer
visuellement (du moins pas en grand si on ne prend pas en compte les petits
caractères).
C- L'histoire qui transmet un message
1- L'art de raconter des histoires
Une fois que la marque a pu implanter son origine, son point
de départ, elle peut ensuite élaborer une communication sur son
histoire en collaboration avec ce point de départ, répondant
à des questions comme: d'ou vient-elle? Comment est-elle arrivée
jusque là ? Et qu'elle va être son évolution? Par les
réponses à ces questions les alcooliers vont pouvoir nouer un
lien plus profond avec leurs consommateurs. Car les marques souhaitent avant
tout améliorer ce lien qui les unit, pour qu'il perdure. C'est pour cela
qu'elle raconte ces histoires permettant aux consommateurs de s'identifier
encore une fois à un récit concret. Durant l'explication de cette
partie nous allons prendre comme exemple la marque de bière Grimbergen,
pour voir en pratique comment les alcooliers utilisent cet
élément.
La pratique est connue depuis plusieurs années avec le
« brand content », que nous allons développer dans la
deuxième partie de ce mémoire. Cependant le Storytelling
instauré par Christian Salmon, chercheur au Centre de recherche sur les
arts et le langage du CNRS, dans son essai « Storytelling. La machine
à fabriquer les images et à formater les esprits »
sortis en 2007, où il décrit ce phénomène
comme « une arme de destruction massive ». Il met en
évidence, selon son opinion, que les masses citoyennes sont
manipulées. Démontrant que la totalité des comportements
et réponses d'un individu sont prédictibles, car ils
répondent aux communications des puissances directrices.
25
Si nous rapportons cette théorie à notre sujet,
nous pouvons nous rendre compte que le procédé de narration est
l'un des procédés éliminés par la loi Evin.
Néanmoins la prédominance du récit narratif à
poussé les alcooliers à contourner la loi en utilisant ce
procédé permettant l'implantation d'un récit. «
Le récit est un instrument de pouvoir »15, que les
marques souhaitent utiliser dans un but précis, celui de faire accepter
une sorte de croyance envers leur produit. Le Storytelling est réussit
lorsque le lecteur ne fait pas appel à la rationalité durant la
lecture du message.
Pour la marque Grimbergen, on peut voir qu'ils ont mis en
place ce Storytelling avec la création d'un récit sur « La
légende du Phoenix » qui est devenu le symbole de la marque.
Commençant par nommer toutes les caractéristiques propres du
Phoenix «longévité», « force infini », «
la promesse d'une nouvelle vie »16 qui vont pouvoir être
associer par la suite à leur produit. De plus tout ce récit est
raconté dans le style d'un comte avec l'ouverture d'un livre ancien
(Voir annexe 3), ce qui amplifie son aspect mythique. Les
caractéristiques de la bière ne sont jamais
évoquées, a part à la fin avec la phrase « une
bière au caractère unique ». C'est d'ailleurs la
première fois que l'on entend le mot bière durant toute la
vidéo. Le fond sonore de la vidéo sert aussi à parfaire
l'histoire fantastique qui est racontée avec une finalité plus
forte et qui fait monter le suspense jusqu'à la fin.
2- Faire partager l'histoire
Cependant nous nous sommes aperçu que le Storytelling
ne suffit plus, avec l'évolution des interactivités entre les
marques et leurs clients, il ne doit pas être un élément
unique mais être supporté. Il est nécessaire d'avoir une
histoire à laquelle le consommateur peut s'identifier comme nous l'avons
expliquée précédemment. Néanmoins le client veut
maintenant faire partie de cette histoire, se voir comme concepteur ou au
minimum avoir une relation interactif et pas seulement s'identifier à la
marque. Derrière cette hypothèse on peut voir que les marques
veulent une relation plus élaborée que l'acte d'achat en lui
même.
15 Storytelling. La machine à fabriquer les images et
à formater les esprits, Christian Salmon
16
http://www.grimbergen.fr/legende-du-phoenix
26
Dans cette optique, on a vu apparaître la notion de
« story-sharing » qui implique le consommateur en attendant un retour
participatif du lecteur, une fois le message lu. Comme nous l'avons
expliqué dans la partie marketing de provenance, les alcooliers vont
vouloir utiliser des éléments projectifs pour entrainer
l'appartenance à la marque du consommateur et permettre d'incorporer le
lecteur. Cette notion ne remplace pas le storytelling mais lui sert de support,
c'est un moyen de faire perdurer l'histoire.
Les outils de nos jours, tel qu'internet et les réseaux
sociaux permettent une communication plus directe avec les consommateurs. Il
est, de ce fait, facile d'avoir un échange plus libre. Les onglets
Facebook, les Likes, les pages Twitter sont tous aujourd'hui des
éléments à prendre en compte pour l'élaboration et
l'évolution du Storytelling des alcooliers. Nous allons nous
étendre sur l'apport du Web dans la deuxième partie de cette
analyse.
Si nous reprenons notre exemple avec la marque Grimbergen, on
peut s'apercevoir qu'en plus des récits mythiques du Phoenix ou de
l'abbaye, le site propose « Le Jeu des Territoires » aux visiteurs de
la page, permettant une interaction évolutive entre le consommateur et
la marque. Ce territoire des légendes met en avant des liens interactifs
et permet l'échange avec les autres participants. Par la même
occasion les joueurs deviennent ainsi les ambassadeurs de la marque. On est
bien dans une relation allant plus loin que le simple acte d'achat.
3- Les symboles et mythes implantés dans
l'histoire
L'objectif premier des marques est d'être immortelle, de
faire croire que le temps n'a pas d'effet pour eux. C'est ainsi qu'elles vont
vouloir s'inscrire dans les mythes que compte notre histoire, comme le Phoenix
pour reprendre l'exemple précédemment cité. Cet objectif
est encore plus important pour le marché des boissons alcoolisées
car la plupart des produits sont pluri-centenaire. Comme nous l'avons
démontré durant l'introduction l'alcool en général
fait partie intégrale de l'histoire de l'homme. En commençant
part Jésus lorsqu'il évoque le symbole du vin comme étant
son sang.
27
Nous allons encore une fois reprendre notre exemple de la
bière Grimbergen qui a recours à de nombreux symboles et mythes,
pour permettre aux consommateurs de s'identifier et de se projeter dans
l'histoire de la marque. Tout d'abord le Phoenix est le symbole de la marque
véhiculant l'image mythique de cet animal mystérieux. Avec son
pouvoir de renaître ce dernier offre à la marque et ses produits
une connotation immortelle, d'éternité et de
longévité. Par son intermédiaire les produits ont un gage
de qualité par leur longévité et leur aspect intemporel.
De plus la marque utilise un autre symbole avec son slogan Ardet nec
consumitur17, (elle brûle mais ne se consume pas).
L'utilisation de ce langage permet d'entrer un peu plus dans le mythe de
l'histoire de cette marque, d'amener de l'ancienneté à la marque.
Et enfin l'appropriation de l'histoire de l'abbaye par la marque entraîne
une confusion. L'abbaye de Grimbergen a été créée
en 1128, ce qui n'est pas le cas de la production de bière (1978) qui
est elle beaucoup moins ancienne. Par cette confusion la marque augmente encore
plus son aspect intemporel et amène un sentiment de « rassurance
» aux consommateurs. Cela renforce aussi le côté mythique
avec l'histoire de cette abbaye brulée plusieurs fois durant son
histoire néanmoins elle fut toujours rebâtit et elle est toujours
aujourd'hui occupée par des moines. Ces éléments sont mis
en avant dans la vidéo et dans le site démontrant que
malgré l'adversité la marque renaîtra toujours.
Ce n'est pas la seule marque à se servir de certains
symboles pour allonger l'histoire de sa marque. Corona par exemple a
utilisé deux éléments symboliques pour paraître
intemporel. D'abord la Couronne Royal qui est le logo de la marque, et le nom
en lui même « Corona » provenant de « Coronita »
littéralement « petite couronne »18. La marque a
toujours cultivé une certaine légende mystérieuse sur la
provenance de cette couronne, surtout pour savoir de quel modèle ils se
sont inspirés ? Augmentant un peu plus le mythe de la marque en elle--
même. Etant donné que la couronne représentant la
royauté, certaines valeurs vont décoller comme le pouvoir,
l'ancienneté ou encore l'héritage. Faire croire qu'en achetant ou
consommant ce produit le client fait partie d'une histoire qui le
dépasse bien plus que son histoire propre.
17
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grimbergen
18
http://fr.wikipedia.org/wiki/Corona_(bière)
28
D'autre part les marques vont vouloir « tromper » le
consommateur en entrainant une confusion entre le passé du type de
produit (vodka, bière, whisky) et la marque vendant ces types de
produit. Encore une fois l'exemple de Grimbergen, plus haut, démontre
parfaitement cette volonté de trouble entre le commencement des deux
histoires (celle du type de produit et celle de la marque). Ce sentiment
rassurant de légitimité, provenant de ces symboles, est
directement assimilé à ceux des produits vendus par la marque.
29
Pour conclure cette première partie on a pu expliquer
les opportunités laissées par la loi Evin. Les alcooliers ont
exploité le phénomène de la « contrainte
féconde » pour s'émanciper des anciennes attentes ordinaire
et de l'interdiction de la loi.
En repartant de la loi les alcooliers ont trouvé des
procédés pour communiquer tout en respectant la loi, en
communiquant sur l'origine et l'histoire du produit. Tout cela a
été mis en forme par un récit communiquer en tant que
Storytelling, et transmis par le storysharing. On a pu ainsi démontrer
la volonté réelle des marques de boisson alcoolisée de
vouloir étendre la relation vendeur-acheteur à un échange
supérieur au simple acte d'achat. Essayant dans un premier temps de
créer un univers propre à la marque pour ensuite transporter le
consommateur dans ce dernier auquel il s'identifie facilement via les valeurs
des symboles et des mythes projetés par la marque. Tout cela met en
avant l'envie des alcooliers de créer une culture de marque unique.
Cependant les éléments précédemment cités
sont des bases solides pour l'instaurer, ils peuvent être comparé
aux fondations d'une maison. Mais en aucun cas un moyen de le faire perdurer et
évoluer. En reprenant la métaphore de la maison, même si
vous avez les meilleures fondations possible il vous faut cependant continuer
votre travail de construction sur cette base fondatrice, il est en de
même pour la création d'une culture de marque.
D'autre part nous avons vu que les éléments
précédemment cités peuvent être compliqué
à mettre en place, avec entre autre le positionnement pour le marketing
de provenance ou l'élaboration du storytelling. La question est donc de
savoir comment les marques d'alcool vont-elles pouvoir amplifier le partage de
cette culture?
Nous savons en outre que malgré le nombre divers de
mythe, de symbole, d'origine les ressources vont s'épuiser, car c'est un
marché hautement compétitif avec un très forte
concurrence. De même pour l'aspect de différenciation du marketing
de provenance avec sa propagation dans ce secteur qui va entrainer une
banalisation du cet outil. Il faut avoir une approche de plus longue
durée, qu'importent. Comment ces marques vont cultiver l'image
culturelle qu'elles ont créée? Comment faire évoluer et
développer cette culture de marque avec le consommateur? Comment
définir les produits et les marques comme un univers réel et
entier, comme un mode de vie à part entier?
II - LE DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE
mot «société
|
»,
|
«fondation» ou de tout autre mot,
abréviation ou sigle caractérisant la nature
|
30
MARQUE
A- Et l'art dans tout ça ?
1- L'autorisation du mécénat de la loi
Evin
Nous allons maintenant démontrer comment les marques
vont pouvoir perdurer dans le temps. On a pu voir que certains alcooliers
utilisaient tous les procédés à leur disposition pour
améliorer la communication de leur produit. Et la solution la plus
rationnelle est d'améliorer le produit en lui-même. Or il est
presque impossible de changer les caractéristiques gustatives du produit
sans pour autant perdre son coeur de cible, à part dans des cas
particuliers impliquant un changement de stratégie ou vers une
évolution de la marque qui se veut différente que celle du chemin
qu'elle suivait auparavant. Donc lorsque l'on parle d'améliorer le
produit nous parlons seulement du point de vue visuel. Comme nous avons pu le
voir précédemment le visuel est très utile dans la
communication, la bouteille reconnaissable de Jack Daniel's, le logo du Phoenix
pour Grimbergen ont pour fonction, entre autre, d'attirer le client. Dans cette
partie nous allons nous attarder sur l'aspect visuel des campagnes
publicitaires des boissons alcoolisées et en quoi l'art, qui permet de
sublimer, le visuel va se révéler être un instrument
fondamental dans l'évolution de la culture de marque comme l'explique
Mondher Abdenadher, de Carat Culture « L'art préfigurant la
société, les entreprises ont tout intérêt à y
recourir en terme d'innovation ».
Nous allons d'abord reprendre la loi Evin pour voir les
possibilités qui s'offent aux marques d'alcools. L'Autorité de
Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) dans leur
recommandation de Juillet 2004 a écrit à propos du
mécénat:
« Dans le cas d'opérations de
mécénat faites au nom du producteur d'une boisson
alcoolisée, la mention de celui--ci est toujours accompagnée,
d'une manière clairement lisible et visible, du
31
juridique de l'entreprise, lorsque ce nom est aussi
utilisé parle producteur comme marque commerciale ou
dénomination d'une boisson alcoolisée. »19
L'art peut donc être utilisé sous quelques
contraintes légales, comme le mécénat par exemple,
beaucoup d'alcooliers vont vouloir utiliser ce moyen de communication. Nous
allons entre autre voir l'exemple, encore une fois, du Groupe Pernot--Ricard
qui est l'un des acteur ayant le plus compté sur l'art dans ce secteur,
en montrant que l'intérêt de la compagnie n'était pas
seulement économique. Mais de s'insérer dans l'art pour faire
partager cette partie de la culture humaine, donnant ainsi un rôle
d'agent culturel à la marque. C'est un rôle, comme nous allons le
voir plus tard dans notre analyse vers lequel la marque tend. Il paraît
donc important avant d'aller plus loin de définir le
mécénat en lui-- même. La loi Aillagon est relative au
mécénat, aux associations et aux fondations. On peut s'apercevoir
que la loi est plutôt récente, c'est une réforme
datée du 1er Aout 2003 pour changer la loi du 1er
Juillet 1901, avec pour but de promouvoir ce mécénat et les
avantages que cela apporte. Dans cette loi nous pouvons voir qu'il est
considéré comme action de mécénat d'une entreprise,
des dépenses engagées faite dans l'intérêt commun
pouvant ainsi entrainer un bénéfice fiscal. Donc outre la
volonté de communiquer il y a aussi un aspect économique dans
cette démarche. Cependant les contres partis et résultat positif
sur la marque ne doivent pas excéder plus de 25% de la somme investie au
départ. Nous n'allons cependant pas tenir compte de cet aspect
économique.
Néanmoins durant nos recherches nous nous sommes vite
aperçu que le mécénat traditionnel est en constante baisse
depuis des années et la crise économique de 2008 n'a pas
arrangé ce phénomène. Car en temps de crise il est
beaucoup plus dur pour une société de pouvoir justifier une
dépense dite « superflu » auprès de leur client ainsi
qu'auprès de leurs actionnaires. En outre, la liberté de
l'artiste et/ou la volonté de contrôle du mécène
sont parfois incompatibles avec une évolution constructive de l'art.
Nous nous sommes permis donc de nuancer cette hypothèse en
démontrant qu'aujourd'hui les marques d'alcools (et les autres)
cherchent à explorer de nouvelles voies moins traditionnelles dans le
milieu de l'art. Permettant de retransmettre la véritable envie de la
marque, d'être un
19
http://www.arpp--
pub.org/IMG/pdf/Alcool.pdf
32
acteur culturel et d'avoir ainsi une image en relation avec
celle qu'elle veut transmettre. Comme l'explique Marie Georges, cofondatrice de
l'agence-conseil en mécénat Trois Temps « les
entreprises ont l'obligation de passer d'un simple mécénat
d'image à un mécénat de valeurs »20
Aujourd'hui l'art n'est plus sacralisé, et seulement
réservé à une élite, les marques d'alcooliers
veulent suivre ce mouvement en permettant un libre accès au public.
En plus de ce développement du mécénat
« valorisant », nous allons aussi exposer les collaborations
artistiques des alcooliers avec différents artistes. Il peut-être
bénéfique pour les marques de collaborer avec des jeunes artistes
relayant une autre image de la marque. L'art est désormais ouvert
à un public beaucoup plus grand et important. Ce qui permet aux marques
d'avoir potentiellement plus de concept et d'opportunité de
collaboration qu'auparavant. Les jeunes artistes de rues peuvent être par
exemple un moyen d'expression reconnu pour les marques.
2- L'art dans tous ces aspects pour la création
artistique
« La publicité est (...) une grande source de
création artistique »21 Ce n'est donc pas nouveau qu'il
y est un rapport entre la création artistique et la publicité. Il
s'agit dans un premier temps de définir la création artistique,
selon le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), « la
création artistique est une façon de réussir le produit,
ne pouvant être ni démontrée scientifiquement ni même
décrite ». Cette image philosophique de la création
immatérielle n'est pas celle que vont suivre les publicistes pour les
campagnes publicitaires car contrairement à cette théorie ils
vont matérialiser cette création. Cependant la conclusion est la
même, il s'agit d'apporter une nouveauté au produit. Nous allons
donc plus décrire la création artistique comme la capacité
à mettre en place un concept nouveau, qui pourra être un objet ou
une solution attrayante22.
20
http://www.strategies.fr/etudes-tendances/tendances/123462W/2-10-4509/l-art-et-les-marques-convolent-en-secondes-noces.html
21 Brochnd Bernard, « Publicité et
Société » 1986
22 Définition de la création artistique :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Création_artistique
33
L'élément fondateur de cette collaboration
bénéfique est lorsqu'Andy Warhol a peint la bouteille Absolute
Vodka, permettant de dévoiler que l'art au service de la
publicité pouvait apporter bien plus que d'autre procédé
précédemment énuméré. De la même
manière que la marque Jack Daniel's le fait, cette marque va se
différencier par la forme particulière de sa bouteille. Sa
communication va s'axer entièrement sur la forme plus arrondie de cette
fameuse boisson et le détournement de sa bouteille. Par la suite la
marque va faire appel à de nombreuses collaborations pour
redéfinir l'aspect visuel de sa bouteille dans ces campagnes
publicitaires: Absolute Art ou encore Absolute Masterpiece. La marque ne
voulant pas s'arrêter seulement à la peinture mais voulant
épouser tous les aspects de l'art. On a pu aussi découvrir des
collaborations de la marque avec des thèmes plus variés comme le
cinéma (Absolute Marylin et Absolute Hitchcock) et même la musique
avec récemment la campagne « Encore Session » permettant
à la marque de s'associer avec le milieu de la musique
indépendante et des jeunes stars qui y évoluent. Il faut nuancer
cette dernière collaboration étant donné qu'elle est pour
le moment destiné seulement pour le marché américain et
que l'adaptation d'un projet en France poserait quelques difficultés
notamment au niveau de la loi Evin. Cependant certains se sont lancés
dans l'aventure, comme le « Ricard S.A. Live Music », qui depuis 1992
permet à de nombreux artistes et de fan de pouvoir partager leur amour
pour la musique. Encore une fois cette collaboration met en avant la
volonté des marques à vouloir dépasser le lien marketing
avec ces consommateurs.
En ayant un espace artistique les marques font partager leur
vision du monde et donc la vision de leur marque. Certains iront même
à dire qu'« On observe une évidente volonté de la
part des marques de s'associer à de la production de contenus
artistiques spécifiques »23. Faire participer un
artiste sur l'élaboration d'une campagne leur permet d'injecter un oeil
nouveau sur leur produit, une vision plus forte que le seul objectif de faire
consommer. L'ouverture aux artistes et au milieu de l'art leur permet aussi de
contourner la loi car grâce à cet élément
supplémentaire elles vont pouvoir faire passer leur message sans
être contraint par la loi en utilisant l'abstrait, l'illusion et tous les
autres procédés propres à l'art.
23 Albane Collon, directrice d'Evene Conseil dans
www.stratégies.fr
34
Pour reprendre la volonté des marques d'instaurer leur
univers dans le long terme en créant une culture de marque positive et
transmettant ces valeurs, on s'aperçoit que l'art est le parfait
élément, il est intemporel, en constante progression et il permet
de se réinventer à tout moment. Il remplit ainsi de nombreux
critères valorisants pour permet aux marques de boissons
alcoolisées de faire perdurer leur produit. Ces marques par une
collaboration sur certaines affiches comme Absolute ou par la totale conception
d'oeuvre artistique, comme nous allons le voir avec Pernod-- Ricard vont faire
participer l'imaginaire de l'individu. Ils vont pouvoir avoir un accès
et une connexion avec les consommateurs autre que sur leur premier domaine
d'activité. Installant par la même un lien plus fort car il sera
plus concret. C'est donc une culture de marque mise en scène par l'art
qui va être l'un des éléments pour rendre ce lien fort et
permanent.
3-- la Fondation Paul--Ricard et ses projets.
La fondation Paul--Ricard a été
créée sous l'impulsion du patron de la marque à
l'époque M. Paul RICARD, qui durant son existence a été
mécène. Tout d'abord il a commencé par sponsoriser des
événements sportifs comme la Formule 1 de 1971 à 1990 ou
encore il a monté le projet du Mondial La Marseillaise de
Pétanque. Cependant la loi Evin et la loi Barzach (1987) ont mis fin
à la possibilité de sponsorisation d'événement
sportif pour les marques d'alcools. Sachant qu'il était un
passionné de peinture et de littérature il décida de
dévouer sa fondation en faveur de l'art contemporain. La fondation est
aujourd'hui présidée par Philippe Savinel et dirigée par
Colette Barbier, défendant la création des jeunes artistes. Cette
fondation est un modèle dans le milieu car elle a reçu la
médaille de « Grand Mécène du Ministère de la
Culture ». La remise du Prix d'entreprise Ricard est surement le moment le
plus connu de la fondation, permettant à un jury de collectionneurs de
faire découvrir un artiste. L'oeuvre de l'artiste est ensuite offerte au
Centre Pompidou où elle est exposée parmi les oeuvres
permanents24. Cependant avant de rentrer dans l'analyse descriptive
de cette fondation, nous tenons d'abord à expliquer comment cette
fondation s'est délibérée de la contrainte de la loi Evin.
En effet l'appellation de cette dernière permet une superposition
24
http://www.fondation--entreprise--
ricard.com/fondation/presentation
35
des deux nominations entre l'entreprise Ricard et la marque
Ricard. On voit qu'il y a un flou entre l'intervention de la marque et celle de
l'entreprise, entrainant une confusion. Les dépenses faites par
l'entreprise dans ce secteur peuvent entrainer une amélioration de
l'image de marque de Ricard, alors qu'elles sont deux entités
différentes. Disposant d'un espace d'exposition, la fondation organise
un nombre relativement élevé d'exposition. Elle développe
un système de rencontre/conférence autour de débat libre
sur des thèmes variés comme « Entretiens sur
l'art», animés par Patrick Javault ou encore «
Poésie Plate--forme », dirigé par l'écrivain
Jérôme Mauche.
Ce lieu de rencontre met en avant le dialogue autour de l'art
et projette la fondation comme un lieu de liberté et d'amitié. Du
point de vue de la communication, nous pouvons voir que se sont les mêmes
valeurs prônées par la marque. On peut ainsi déduire que le
choix de rassembler les gens pour avoir un moment de détente, parlant de
sujet qui les intéressent n'est en rien un choix affectif et
généreux de la part de la marque mais une décision
réfléchie. La communication autour de la fondation va rebondir
sur la marque, entrainant ainsi un lien plus affectif que rationnel sur les
consommateurs.
Nous allons entre autre parler de l'élaboration du
projet Co-création, par Olaf BREUNING un artiste suisse vivant à
New-York. Cet artiste ne se limite pas seulement à un aspect de l'art,
mais à son ensemble, travaillant autant avec la photographie, la
sculpture ou encore la peinture. C'est ainsi qu'il veut un art accessible
à tous, ce qui correspond parfaitement avec la culture de marque de
Ricard notamment grâce à son slogan le plus connu « Un
Ricard, sinon rien ». Nous pouvons déjà voir que le
choix de l'artiste est un choix primordial pour représenter la marque,
au même titre que les égéries des marques d'autres secteurs
comme le sport ou les vêtements. Les valeurs ressenties par le public
à travers l'artiste doivent être celles de la marque car l'artiste
par cette collaboration devient l'ambassadeur de la marque. Le but de se projet
était la réalisation de la couverture du Rapport annuel de
Pernod-Ricard en laissant une totale liberté à l'artiste, comme
le fait l'entreprise depuis de nombreuses années. Le thème
Co-création étant aussi inspiré du rapport annuel on peut
voir qu'il y a plusieurs points d'impact entre la création artistique et
l'entreprise. Le projet était de faire participer 18 artistes
modèles ensemble pendant 3 jours dans le Centre Pompidou, chaque artiste
ayant un objet et une couleur attitré et laissant exprimer son
expression personnelle
36
sur une grande frasque de plusieurs mètres (voir Annexe
4). L'élaboration de cette oeuvre collective va permettre d'envoyer de
nombreux messages, « tout l'enjeu constituait à rapprocher ces
individus que je rencontrais pour la première fois »25
explique l'artiste. Nous pouvons voir que les paroles de l'artiste
peuvent être directement assimilées à la marque. Car les
valeurs prônées par Ricard sont la convivialité et la
camaraderie. Si nous reprenons la phrase en pensant que lorsque l'artiste parle
d'enjeu il s'agit du produit Ricard, on assiste à une superposition des
valeurs du projet et celles de la marque. Il y a la création d'un monde
à part entière de la marque. Ce phénomène et
d'autant plus flagrant dans les lignes suivantes de Olaf BREUNING lorsqu'il dit
« Puis de les confronter à mon univers ». Etant
donné qu'il y a une similitude apparente et mise en avant de l'univers
propre à l'artiste avec celui de la marque. On peut en déduire
que c'est la marque qui par son intervention dans la commande du projet cherche
à faire rentrer les artistes et le public dans son univers et sa culture
de marque.
Enfin durant toute l'analyse du message proposé par le
site de la fondation nous avons pu mettre en évidence la promotion des
similitudes de valeurs entre le projet, l'artiste et la marque.
Démontrant un véritable espace commun où la
convivialité est le maître mot. Par exemple pour décrire
l'expérience on a pu lire sur le site « 3 jours de
convivialité créative », ou encore « l'ADN de
Pernod Ricard ». Tout ceci s'inscrivant durablement dans la
projection d'un monde aux valeurs de la marque. L'expérience de ce
projet va donc contribuer à transmettre les valeurs de la marque via un
acte d'art et un projet original, via le mécénat, le groupe
Pernod--Ricard à réussit à partager sa culture et la
montrer au public français. Ce message transmis sur un secteur
complétement différent que son activité principale va
amener les consommateurs à découvrir la marque sur un angle
nouveaux alors que l'essentiel du message est exactement le même. C'est
ainsi que l'on peut voir qu'une diversification des moyens de communication
pouvant entrainer un lien affectif sur le coeur cible des clients et du public
en générale. Lorsque la publicité des alcooliers collabore
avec l'art l'objectif est de retransmettre une oeuvre d'art dans son affiche,
dissimuler le message publicitaire par cette création artistique.
25 Olaf Breuning
http://pernod--
ricard.fr/6987/presse/actualites--et--
communiques/news/co--creation--by--olaf--breuning
37
B- La marque plus qu'une démarche de vente
1- L'expérience offerte par la marque
Outre l'art dans toutes ses formes, les marques vont vouloir
donner une certaine image à leur produit en faisant vivre un
événement ou une expérience extraordinaire, toujours dans
le but de créer une culture de marque. L'expérience faisant
penser à un sentiment émotionnel positif, qui sera directement
récupéré au profil du produit de la marque. C'est pour
cela que nous allons maintenant voir le marketing expérientiel, il faut
savoir que cette notion est en opposition avec l'acte d'achat simple. C'est
à l'antipode d'une relation basée sur un moment marchand sans
continuité, ni désir de poursuite. Elle « met en
scène les valeurs associées à une marque en impliquant le
client final dans la mise en scène en elle-- même. Mise en
scène qui se matérialise par la théâtralisation du
point de vente. »26
Nous allons d'abord, très rapidement montrer, les
nuances qu'elle apporte par rapport au marketing traditionnel. Ce dernier se
veut baser sur l'activité principale de la marque, l'acte d'achat.
Mettant en avant soit les qualités gustatives du produit, soit l'apport
que le consommateur va pouvoir obtenir en achetant ce produit (parfois les
deux). Dans cet optique on peut voir que le consommateur va être une
personne rationnel prenant une décision en fonction du produit et des
qualités de ce dernier (prix, goûts, visuel). Dans le marketing
expérientiel ce n'est plus l'acte d'achat le moment principal mais
l'activité de consommation, faisant appel à tous les sens du
consommateur pour qu'il puisse vivre une expérience unique. Pour cela le
client doit être acteur de ce moment, permettant ainsi à son
côté émotionnel de prendre le dessus sur le
côté rationnel. L'expérience va devenir par la suite un
souvenir, si possible gravé à long terme dans sa mémoire.
Ayant vécu cela grâce à la marque, le consommateur ne
pensera pas ou peu aux autres facteurs précédemment cités
(prix, goût, visuel), le lien forgé durant cette expérience
doit être fort, voir indestructible. Le côté
émotionnel et plaisant ressenti durant l'expérience doit revenir
en mémoire à chaque fois que le consommateur voit ou parle du
produit.
Dans un monde contenant autant de message, créer
l'événement paraît être un parfait moyen d'amener le
public à écouter votre message tout en participant à une
expérience dite
26 Définition marketing expérientiel
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marketing_expérientiel
38
unique lui apportant réellement un plus. « Un
événement. C'est une façon de divertir le public de la
marque en question, une façon de le récompenser et de le
fidéliser »27, On voit aussi grâce à
cette phrase que la création d'un événement n'est pas
seulement dans l'optique de communiquer mais de la même manière
que l'expérience de marque de placer le consommateur au premier plan. En
lui faisant plaisir comme c'est indiqué dans cette phrase. A la
manière d'un « Buzz » chaque marque veut pouvoir marquer
l'esprit, est l'expérience semble adéquat. On a pu voir entre
autre le développement d'une communication qui découle
spécialement de ce phénomène avec la communication
événementielle. Véritable outil de communication
hors-média des temps modernes, représenté par la
propagation des agences d'événementielles en France et dans le
monde, elle a pour seul but de créer des événements pour
les marques. Créant des événements, les marques s'assurent
un engouement autour pouvant attirer le plus grand nombre de participant
possible.
Le marketing expérientiel veut répondre à
certaines demandes spécifiques du consommateur du XXIème
siècle. « Le consommateur n'est pas que consommateur; Le
consommateur agit à l'intérieur de situations; Le consommateur
est à la recherche de sens; La consommation ne se limite pas à
l'achat »28, décrit Vézina R. dans son
analyse. Pour répondre à cette demande de faire « vivre ses
achats », le marketing expérientiel s'est appuyé sur trois
piliers. D'abord la mise en scène qui doit à la fois attirer le
client et lui permettre de ressentir une stimulation pluri-sensorielle. Ensuite
la participation du public, car celle-ci doit être active voir même
centrale durant tout le long de l'expérience. C'est au consommateur que
la marque cherche à faire plaisir, cette participation doit être
simplifiée et même aidée durant toute l'expérience.
Et enfin l'histoire qui va, avec les deux autres piliers de ce
procédé, permettre d'enregistrer plus facilement les souvenirs
relatifs au moment de l'expérience. Une histoire bien organisée,
simple et assimilable va entrainer une grande performance de
l'expérience. Avec ces éléments l'offre proposée
n'est pas seulement un achat mais entièrement basé sur un
environnement et des sensations. Les émotions vécues vont
apporter une dimension supplémentaire au produit en lui-même.
27 Entretien avec un Publicitaire, sur le site
http://www.agentsdentretiens.fr
28 Vézina R. « Pour comprendre et analyser
l'expérience du consommateur »
39
La fameuse marque de bière irlandaise, Guinness et sa
campagne publicitaire de 2003 pour son produit Guinness Draught en est
le parfait exemple. Cette campagne intitulée « Guinness est une
expérience unique » met en avant de par son appellation la
promotion de l'expérience entrainé par la consommation du
produit.
« En Irlande et partout dans le monde, on va au pub
pour célébrer le rituel de la Guinness à la pression.
On admire le talent du serveur qui fait couler la bière dans ses pintes.
On regarde la mousse crémeuse qui monte doucement. Il faut savoir
patienter. Ce rituel, vous pouvez désormais le retrouver à
domicile: la Guinness Draught existe aussi en boîte. »29
Dans ce communiqué on voit que la marque essaye de
retranscrire les rituels de consommation de son produit, elle les pousse au
maximum. Le but étant de retrouver une expérience connue par
l'achat de ce produit, pour pouvoir ensuite le vivre chez soi. C'est ainsi que
l'expérience qu'elle soit événementielle ou faisant plus
recours à la « production d'expérience » entraine une
culture de marque qui restera en mémoire dans l'esprit des
consommateurs. Ayant ce sentiment durable en tête le client peut devenir
par la suite un ambassadeur de la marque et permettre une propagation de la
culture de la marque. Nous pouvons conclure que le marketing
expérientiel est une réponse logique devant le nombre
incalculable de message auquel l'individu est soumis, il ne peut en aucun cas
être attentif à tous « J'entends et j'oublie. Je vois et
je me souviens. Je fais et je comprends. » Disait le philosophe
chinois Confucius (551 à 479 av. J.--C.), pour montrer l'importance de
faire passer son message par un événement participatif. Certains
alcooliers vont compter sur le marketing expérientiel, alors que
d'autres vont préférer des éléments comme les
réseaux sociaux et internet pour entrainer une propagation de cette
expérience et de leur culture de marque. Elément que nous allons
développer dans la partie suivante.
29 Communiqué de Presse, Campagne 2003 « Guinness une
expérience unique »
40
2- L'apport du Web:
Nous allons maintenant parler d'un média qui n'avait
pas l'importance de l'époque de l'élaboration de la loi Evin :
Internet. De plus nous allons aussi nous attarder sur un sujet qui pourrait
à lui seul faire une partie de notre analyse, la communication par les
réseaux sociaux. Nous allons donc résumer les différents
courants et thèses sur ce domaine pour pouvoir ensuite démontrer
les réelles possibilités pour les alcooliers en France. Le
procès entre Heineken et l'association
ANPAA30, va mettre en évidence le flou
juridique due à Internet car jusqu'à Juillet 2009 aucune
réforme de la loi Evin avait incorporé ce média dans la
liste de média autorisé par la loi Evin. C'est en Septembre 2007
lorsque la plainte a été déposée par l'association
que le débat à commencer. Après deux verdicts en la
défaveur de la marque de bière hollandaise, ils ont du retirer
leur communication en payant 3 000€ d'amende par jour de retard et la
deuxième décision à entrainer une fermeture temporaire du
site français. Cette décision basée sur une
interprétation stricte de la loi a mis en évidence le vide
juridique sur ce média. Certains ont même étaient
consternés par le manque de logique et d'appréciation de la part
du juge « fortement préjudiciable et totalement
inadaptée à la réalité de la communication et des
échanges économiques d'aujourd'hui » relaté
Pascal SABRIE, Vice- Président de Heineken Entreprise France.
Après la réforme de 2009, le débat fut clos par
l'autorisation de la publicité sur Internet sous certaine condition:
« la publicité ne soit ni intrusive, ni interstitielle.
»31 Ces deux termes vont permettre une certaine
incertitude subjective de la loi, laissant une interprétation de la loi
aux différents acteurs.
Car, bien entendu, l'information et la communication sur ce
média sont devenues les deux objectifs majeurs des alcooliers, il s'agit
de savoir comment ce média va permettre une diffusion de la culture de
marque. Chose assez facile à expliquer par la définition propre
de ce mot « Internet est un système immense de
télécommunications informatiques développé au
niveau international, qui permet d'accéder à des données
de toutes sortes, textes, musique, vidéos, photos, grâce à
un codage universalisé »32. Cette divulgation de
l'information et ce
30 Agence Nationale de Prévention en Alcoologie et
Addictologie
31 Article 97 de la loi du 21 juillet 2009 à
l'alinéa 9°
32 Défintion « Internet », Larousse Edition
2012
41
partage est un réel atout pour les marques pouvant se
servir de tous les aspects précédemment cités pour marquer
d'une empreinte son univers de marque.
D'autre part Internet et les réseaux sociaux touchent
un public de plus en plus jeune, surtout pour le deuxième. Etant
donné que les marques ciblent cette clientèle et sont
confrontées à de nombreuses restrictions législatives de
la loi Evin, ce moyen de communication paraît parfait pour pouvoir
approcher cette tranche d'âge en créant un lien avec eux.
L'accès à l'information, à la recherche
est, grâce à cet outil, devenu très simplifié. Cette
simplification joue contre la loi Evin. Car elle va entrainer de nombreuses
complications, à l'heure du tout accessible comment est--il possible de
bloquer une diffusion d'information? Malgré le fait que les marques
d'alcools respectent la loi française, elles sont autorisées
à communiquer comme elles le souhaitent à travers le monde. Elles
ont beaucoup moins de restrictions juridiques dans les autres pays. On voit
donc apparaître pour les marques des campagnes publicitaires
spécialement pour la France alors que d'autres sont internationales.
Hors cette deuxième campagne peut facilement se retrouver face au public
français. La plupart des grandes marques ont un site en français
ainsi qu'un site en anglais, différencié par le « .fr »
contrairement au « .com », autrement dit en changeant seulement
quelques lettres le consommateur peut avoir accès à des campagnes
publicitaires qui seraient interdites en France.
En ce qui concerne les réseaux sociaux, Facebook et
Twitter sont les premiers visés car ils sont considérés
comme les plus connus en France et dans le monde. Comprendre en quoi ces
réseaux sociaux sont à la fois une promotion et un espace
dangereux pour les marques nous paraît important. Nous allons prendre
l'exemple récent du « jeu » : Neknomination, à la base
créé en Australie ce jeu est devenu en quelques jours un
véritable phénomène sur les réseaux sociaux. Le
principe étant de se mettre en scène en buvant un ou plusieurs
verres d'alcool dans un contexte particulier tout en se filmant. A la fin de la
vidéo la personne peut nommer 3 de ses amis qui ont un lapse de temps
pour réaliser la même performance. Ce « jeu » a eu des
conséquences extrêmes chez les jeunes du monde entier.
42
Néanmoins ce phénomène n'est pas à
mettre à la charge des marques d'alcools vu qu'elles n'ont pas
lancé celui--ci, mais que ceux sont leurs produits qui sont mis en
avant. Contre leur volonté pour la plupart car cela va engendrer une
image négative auprès d'une large partie du public. Si nous
prenons l'exemple de Facebook, les restrictions publicitaires pour les marques
d'alcools sont en adéquation avec celle du pays. Avec entre autre une
impossibilité de présenter ou cibler des femmes enceintes,
d'attirer à consommer des personnes plus jeunes à la tranches
d'âge du pays ou encore de présenter de façon positive les
effets de l'alcool.33. Les conditions générales
d'utilisation doivent respecter les lois locales et appliquer les
critères de ciblage en fonction de l'âge et du pays. Nous pouvons
entre autre voir qu'une publication tel que « Achetez de la
bière et du vin dans la boutique de boissons de Joe. » serait
acceptée, alors que: « Boire pour le plaisir de s'enivrer »
serait interdite.
Nous avons observé une politique de
réglementation plutôt adéquat de la part de ces
réseaux sociaux en respectant les différences légales des
pays. Ce qui développer chez les marques un manque d'audacité et
de créativité sur ce média. Cela se ressent par une action
simple, avec la fermeture de l'accès à leur « murs
»34 empêchant ainsi l'interactivité des
utilisateurs. Ce que nous entendons par cette dernière phrase, c'est que
les alcooliers laissent pour la plupart leur mur fermé empêchant
une réponse directe du client par la peur de la mauvaise
publicité ou du « bad buzz ». Car de nombreux
témoignages positifs n'auront jamais le même effet qu'un
témoignage négatif, l'impact du dernier sera nettement plus fort
ayant des conséquences désastreuses sur une marque et son image.
Cette peur s'applique aussi sur la créativité au niveau des
applications propres aux réseaux sociaux. Ricard fut entre autre
condamné par rapport à l'application « Un Ricard. Des
rencontres ».
Ainsi nous pouvons conclure que l'intérêt premier
d'Internet qui est sa liberté d'expression et la libre circulation de
l'information ont été nuancé pour les marques d'alcools.
Ne pouvant pas avoir de contrôle sur l'information de nombreuses marques
se contentent seulement d'une participation minimaliste sur les réseaux
sociaux, Bacardi post seulement 5 messages par mois sur sa page35,
ce qui est relativement pauvre. Et en plus de se limiter
33 « Règles relatives aux produits et services
annoncés », sur le site de Facebook
34 Le mur Facebook est l'emplacement permettant de communiquer
avec les utilisateurs
35
http://marketingz.fr/contraintes--alcool--sur--facebook/
43
quantitativement les alcooliers se limitent qualitativement en
préférant limiter les risques d'intervention juridique. Ce n'est
donc pas Internet qui va être privilégié dans le partage
d'expérience ou de culture, du moins pas d'un point de vue interactif
mais seulement informel, avec une reprise des informations
présentées ou vues dans les autres supports médiatiques.
Néanmoins devant le nombre grandissant de membre dans ces réseaux
et de l'importance d'Internet, il est impossible pour les marques
d'éviter ce média. Et nous verrons dans une prochaine partie que
l'utilisation de certains messages comme le brand content va permettre
d'utiliser à bon escient cet outil. Nous allons maintenant voir sur un
cas particulier comment la communication d'expérience et d'Internet
peuvent cohabiter.
3- Jägermeister et son site international
Nous avons décidé de démontrer les deux
outils précédemment expliqués via l'étude du site
de Jägermeister. Qui a un seulement un site internet, donc cela même
communication pour tous les pays. Comme nous l'expliquions
précédemment les frontières sont friables sur ce
média et les obstacles juridiques de la loi Evin peuvent être
évités. La marque allemande à la liqueur aux 56 herbes
différentes est devenue au cours de ces dernières années
l'un des nouveaux acteurs les plus performant dans le secteur des alcooliers.
Entre autre au niveau des jeunes avec un taux de pénétration
très important. Inventé par Curt MAST en 1934, sa conception
garde toujours aujourd'hui une part de mystère. La marque a
réussit à devenir la boisson allemande la plus exportée
dans le monde, elle reprend aussi de nombreux procédé que nous
avons précédemment expliqué. Le logo est composé
d'un cerf surmonté d'une croix, rappelant l'histoire de Hubert de
Liège devenu selon les légendes Saint-Patron des chasseurs. La
marque a capitalisé sur son histoire mystique et remplie de symbole
(comme Grimbergen), ainsi que l'aspect visuel de sa bouteille (de la même
manière que Jack Daniel's) qui a était diffusé sur de
nombreux média comme le cinéma. Dans des scènes de
certains films cultes comme « Very Bad Trip » ou plus
récemment « 16 ans ou presque » on peut voir cette bouteille
verte facilement reconnaissable. Et enfin de par son appellation qui pouvait
être vue comme un point faible, de la même manière que la
marque Hoegaarden, c'est finalement avéré être un moyen de
différenciation et d'unicité autour de ce produit.
44
Cependant ce ne sont pas les seuls points sur lesquels la
marque s'est démarquée, ayant réussit à
créer sa propre culture de marque par les différents
éléments cités. La marque a décidé de surfer
sur un phénomène culturel pour parvenir à atteindre son
coeur de cible. En effet devant la progression de la « mixologie » et
le « binge drinking », deux notions que nous allons développer
plus loin dans cette analyse. La marque a pu profiter de la propagation d'un
cocktail en particulier, le JägerBomb (mélange entre du
Jägermeister et du Redbull). Cette boisson très
appréciée des jeunes consommateurs va permettre à la
marque de toucher sa cible, il est entre autre mis en avant dans son onglet
cocktail sur le site. Néanmoins pour récupérer l'attrait
de ce public sur sa boisson et le prolonger à la marque, une
intervention sur Internet est apparue comme une solution opportune.
En effet dès l'interface nous avons pu remarquer que la
marque s'adresse directement aux jeunes. Notamment avec le rappel du dock de
mac pour la présentation de ses onglets, ce n'est pas seulement pour
viser les personnes ayant un mac mais plus comme un symbole d'une
génération, la génération Apple. Dans cet
même optique lors du chargement de la page, la bouteille surgit
directement brisant le sol grâce à une animation 3D. Encore une
fois l'apparition de 3D mais en avant la cible jeune de cette communication.
L'ergonomie est aussi très élaborée, en comparaison aux
sites concurrents, avec des objets/onglets flottants, et un mode de navigation
originale (l'image suit la souris). Montrant un aspect jeune et dynamique de la
marque, avec un message unique: une marque bien dans son temps. Et enfin pour
finir sur cette interface nous avons pu nous rendre compte de la collaboration
avec le milieu de la musique dès l'ouverture de la page. D'une part par
un onglet spécialement réservé à ce sujet mais
aussi par la diffusion automatique de certains artistes. La marque ayant
toujours créé un lien fort avec le milieu du Rock et du
Métal, avec des artistes tels que Bound for Glory et leur chanson «
No more Jägermeister ! » ou encore Trolfest et leur morceau «
Der Jägermeister »36. Se servant de l'expression de cette
art pour faire partager sa culture jeune et rebelle. Ce côté
rebelle étant mis en avant par les choix graphiques du site de la marque
avec un fond très sombre et un éclairage ciblé sur la
bouteille.
36
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jägermeister#Histoire
45
Pour se rendre compte de l'utilité de ce site, la
marque a voulu rendre utile son site. Comme nous le disons dans
l'expérience de marque, l'intérêt du consommateur doit
être placé au premier plan. C'est dans la réalisation de
cet objectif que la marque a créé un espace de jeu permettant,
aux consommateurs de nos jours, qui est facilement distrait par son impatience
et sa perpétuelle envie de consommer, de passer un moment « relax
». Par la création de cet espace la marque entraine le client
à partager un moment en sa compagnie sans pour autant chercher à
lui vendre un produit, le but étant seulement d'aider l'individu
à se détendre en jouant au « Jagerball », qui est sans
prétention un simple flippeur sur internet. De plus, toujours dans
l'optique de rendre service à l'utilisateur un onglet «
téléchargement » et un autre « boutique » sont
à disposition. Le deuxième bien qu'utile n'est pas très
originale en soit, cependant il permet aux consommateurs de rentrer
entièrement dans l'univers de la marque avec un bon nombre de produits
dérivés. Faisant devenir l'acheteur en ambassadeur de la marque,
allant de la couette aux couleurs de la marque jusqu'au maillot de bain pour
les femmes, la marque espère viser un public acquis à sa culture
et le partager via son site. Alors que dans l'onglet
téléchargement nous avons retrouvé la volonté pour
la marque d'apporter un supplément à l'individu qui navigue sur
son site, une utilité. Visant toujours une cible jeune, sur cet onglet,
l'utilisateur a la possibilité de télécharger de nombreux
« wallpaper » et « screensaver »37 de
très bonne qualité graphique. Ils sont à l'effigie de la
marque mettant en avant ses symboles. Donc en plus « d'être
intéressant » en offrant un service différent de ces
concurrents, la marque rentre dans une optique « d'être
intéressé ». Chaque utilisateur qui
téléchargera ses images, qui achètera ses produits ou
partagera son temps passé à jouer sera un ambassadeur de la
marque, permettant un partage de la culture Jägermeister.
En outre pour chaque changement d'onglet ou pour chaque action
sur le site, la marque a toujours pensé à ajouter une animation.
Ces animations ne sont pas choisies au hasard mais en rapport avec les symboles
de la marque, pour l'onglet du téléchargement d'image nous
suivons le traçage des racines d'un arbre donnant à la bouteille
d'accueil un aspect d'arbre centenaire dans une forêt rappelant les
valeurs de la légende des Saint--Patron de la chasse.
37 Images pouvant être mis en fond d'écran ou image
de veille sur smartphone, ordinateur ou tablette.
46
Ou encore la cristallisation de la bouteille d'accueil (voir
annexe 5) lorsque l'utilisateur veut accéder aux différents
cocktails proposés par la marque. Rappelant ainsi que le produit se boit
froid et rappelant son origine allemande qui est connu pour être un pays
froid. On peut conclure que la marque Jägermeister a réussi
à rendre utile l'expérience de la navigation sur son site, au
contraire des organisations ordinaires de ces concurrents. En mettant en
scène un univers rythmé par la musique, donnant vie à des
éléments du décor grâce à l'ajout de
nombreuses animations et en ayant une navigation à plusieurs niveaux, la
marque à réussi à faire partager sa culture par son site
internet. Tout ceci agrémenté d'une forte communauté sur
les réseaux sociaux avec entre autre 3,3 millions de likes sur sa page
Facebook et une chaîne Youtube assez fournie en vidéo, elle a
ainsi été primée en 2010 par « Favourite Website
Award »38 pour la créativité mis en place dans
l'expérience de marque que ce site fait vivre. Il faut néanmoins
nuancer ce succès car le site est mondial et il n'est pas sous les
contraintes de la loi Evin. Par cet exemple nous voulions démontrer
comment il est facile pour l'utilisateur d'internet d'avoir accès
à un contenu qui pourrait être prohibé en France. Nous
allons maintenant voir comment les autres sites des marques d'alcools vont
utiliser cet outil pour devenir eux-mêmes un média à part
entière.
C- La marque, le relai d'information
1- Le brand content
Nous allons voir que « l'enjeu bien réel pour
la marque est de devenir éditrice de sa propre histoire
»39 et pour cela les marques font appel au Brand Content.
Ce terme anglais fait référence au contenu éditorial
projeté par l'entreprise dans la communication publicitaire. «
Brand is Trust », comme disait Steve Jobs, le créateur d'Apple qui
voyait la marque comme une protection des firmes et qui a réussi
à créer un brand content des plus solides sur le marché,
permettant à sa marque d'être parmi les entreprises les plus
reconnues au monde.
38
http://www.thefwa.com/site/brand-experience-jagermeister
39 Entretien A-C. LADEGAILLERIE, voir Annexe...
47
Comme nous l'expliquions avec l'expérience de marque,
dans une société super compétitive comme celle
d'aujourd'hui, les marques doivent sans cesse créer du contenu, de
l'information. Cependant ce contenu doit être informatif, ludique ou
divertissant, proposant aux consommateurs des conseils et des repères
par rapport à la marque. Autrefois ce contenu était relayé
par les médias, néanmoins nous allons voir dans l'optique d'une
création d'un univers de marque et de sa continuité, que les
alcooliers se sont déplacés pour être directement le
média parlant à leur clientèle et leur audimat.
S'inscrivant dans une démarche d'être plus qu'une
« simple » entreprise, le brand content va permettre de faire passer
la marque d'un support d'informatif à l'obtention et la promulgation
d'un véritable univers. Pour cela le brand content doit respecter
quelques conditions élémentaires. D'abord il est primordial qu'il
soit en ligne, sur internet. Comme nous l'avons vu précédemment
le partage sur cet outil est très important ainsi que
l'interactivité. Ce partage va être dupliquer par le
côté « transmédia » que le message de base devra
avoir, optimisant le partage de l'histoire et de l'expérience de marque.
Et enfin l'idée forte, le contenu doit être conçu avec une
énorme précaution, donnant un sens au message. Ce sens va
permettre de nourrir la propre culture en marche de la marque. Pour obtenir une
réelle utilité du contenu, les marques disposent d'une plus large
liberté d'expression car en tant que média, elles ne sont plus
restreintes à leur activité principale. L'objectif premier du
contenu doit être, comme l'expérience de marque, de
répondre à l'intérêt du consommateur en lui
apportant une réelle valeur ajoutée. En donnant un sens utile
à ce contenu, aidant le consommateur, le but va être de «
donner une réelle consistance à sa marque »40
Pour se faire le contenu peut--être de
différentes natures. Daniel BÔ et Matthieu GUEVEL dans une
vidéo41 regroupent les différentes possibilités
du brand content en trois grandes familles. D'abord le contenu qui est
considéré comme ludique et divertissant, que les alcooliers ne
pourront malheureusement pas utiliser à cause de la loi Evin. En effet
si le
40 Article de l'agence de communication Bleuacacia sur le brand
content.
41
https://www.youtube.com/watch?v=MZ9Ua1gAR8o
48
contenu de leur message est divertissant cela fait appel
à un aspect positif de la vie, or il est formellement interdit de lier
les marques d'alcools à un mode de vie festif ou positif. La
deuxième grande famille décrite par ces deux auteurs est le
contenu utile et pratique, regroupant les conseils aux consommateurs ou
n'importe quelle recommandation de consommation, cependant cela peut aussi
porter sur un sujet autre que la consommation d'alcool. Et enfin la
dernière famille réunissant l'informatif et les
découvertes, cette dernière famille va être la plus
utilisée par les alcooliers car facilement applicable à ce
domaine et elle permet une différenciation par rapport aux
concurrents.

Pyramide de valeur du contenu éditorial de Daniel
BÔ et Matthieu GUEVEL
Marque Média positionnement
éditorial, contenu pérenne
Communication du Contenu, incluant une référence
plus ou moins explicite à la marque/ produit, dans le cadre d'une
opération précise.
Relation commerciales enrichie en contenu
Message commercial classique
Par exemple au cours de nos recherches, nous avons pu
remarquer un nouveau concept développé par de nombreuses marques
d'alcools, la mixologie. Cet art du mélange est aujourd'hui omni
présent sur notre territoire et sur les sites internet des alcooliers,
étant donné que toutes les marques proposent un onglet cocktail.
Il y a donc création d'un contenu informatif et de découverte
permettant aux clients d'avoir accès à leur cocktail
préféré grâce à des vidéos
explicatives ou encore grâce à des recettes. La marque ne
communiquant pas dans son activité propre mais essaye de créer un
lieu propice à l'information utile pour ses consommateurs. Certains vont
même plus loin dans la diffusion de cette nouvelle mode, comme Cointreau
qui a mis en vente un pendentif contenant des
49
paillettes d'or comestibles, ainsi pas besoin d'être un
connaisseur en saveur et mélange d'alcool, en versant le contenu du
pendentif vous obtenez un résultat très « blin--bling
».42 Ce concept a même été poussé au
summum avec la création d'alliance de mélange de mets et de
cocktails « cocktail pairing » lors de soirée
événement. Certaines marques d'alcools comme Bombay Saphire ou
encore Grand Marnier développant le concept afin de permettre d'associer
son cocktail favori à un type de nourriture en parfaite
adéquation gustative. On voit bien que l'ajout d'acteur tel que les
aliments n'ont aucun intérêt dans l'activité de la marque
cependant pour la promulgation de sa culture de marque et l'efficacité
de son brand content il est déterminant de répondre à la
volonté du client. Dans ce cas, de savoir quoi déguster avec son
cocktail à la place de prendre du vin pendant son repas. On peut
cependant voir un intérêt économique pour les alcooliers
voulant remplacer le vin de table par leur propre produit
Autre aspect important du brand content, c'est la conception
de la cible qui change. En effet comme nous avons pu le remarquer c'est plus le
client vu en tant qu'individu, simple atome élémentaire de notre
société. Mais une personne qui est un personnage unique
composé d'une personnalité propre. En plaçant
l'intérêt de la personne en objectif crucial dans la
réalisation du contenu du brand content, la marque est sur les bonnes
bases pour pouvoir répondre à un réel besoin (autre que
celui de consommer des boissons alcoolisées), et ainsi attirer le
consommateur dans son univers.
On peut ainsi voir, comme l'explique Daniel BÔ, que
« l'enjeu de la pertinence des associations » est
l'élément fondateur d'un brand content utile permettant
d'affirmer sa propre culture de marque en se différenciant de la
concurrence. Car devant l'étendu des possibilités de contenu, il
ne faut pas que la marque s'éparpille et perde de la
crédibilité. D'autre part en aucun cas ce dernier doit être
vu comme un simple remplissage d'espace dans lequel le message serait
standardisé. Le côté émotif du contenu doit par la
suite créer une empreinte culturelle importante dans l'esprit du public.
Et enfin il faut garder un aspect rationnel dans cette analyse car bien que
l'intérêt du consommateur soit placer au centre, l'objectif
sous--jacent est de faire apprécier sa marque et donc de vendre. Comme
l'explique
42
http://madame.lefigaro.fr/art--de--vivre/mixologie--lart--melange--051107--10062
50
Olivier TEWFIK directeur du digital de l'agence Les Gaulois
« Le message n'est pas directement publicitaire même si
l'intention finale est toujours de vendre. »
2- Pernod Absinthe supérieur et la maison
Kitsuné : Is Leaving
Nous voulons mettre en avant cette conception d'un brand
content pour chaque marque, ainsi nous avons décidé de prendre
l'exemple de la marque Pernod Absinthe Supérieur. D'une part à
cause de la législation, étant donné que pendant de
nombreuses années ce type d'alcool ne pouvait pas être
commercialisé à cause d'une loi d'interdiction datant du 16 Mars
1915. C'est seulement le 18 Mai 2011 qu'une loi d'abrogation a
été officialisée en France rendant possible l'appellation
Absinthe. D'autre part cette boisson a reçu ses lettres de noblesse par
de nombreux littéraires célèbres et d'artiste qui l'ont
appréciée tel que Baudelaire par exemple, faisant parti du
patrimoine culturel de la France.
La Maison Kitsuné a collaboré avec la marque
d'alcool dans la réalisation de deux campagnes. Nous allons dans un
premier temps nous attarder sur le choix de cette collaboration. La maison
Kitsuné est très proche des milieux de la mode et de la musique,
ayant elle même son propre label. C'est une avant-gardiste dans le
domaine cherchant à représenter des artistes indépendants
ayant leur propre univers. C'est une marque très connue pour un groupe
culturel de notre société d'aujourd'hui, les « hipsters
»43. Ce choix paraît donc justifié pour renouer
avec son passé en étroite association avec le milieu
créatif et le milieu artistique. Le tout en ciblant une clientèle
leader représentant un nouveau mode de consommation et un nouveau mode
de vie. Outre la réalisation de la campagne sur le point de vue du
produit, où l'on assiste à la mise en valeur de la bouteille, la
reprise de symbole comme la « Fée verte » ou le renard.
Provenant, pour l'un de la boisson en elle-même et pour le second
étant le logo de la maison Kitsuné. C'est le message que la
marque a souhaité faire passer par cette communication. Nous allons
pouvoir attester qu'il s'agit bien d'une communication autour du brand content
permettant de partager cette culture.
43 Définition: Issu de la bourgeoisie ou de la classe
moyenne, le hipster est une version jeune, branché et hyper trendy du
bobo.
51
La maison Kitsuné avec la marque d'alcool et l'aide de
l'agence Forward a réalisé 5 documentaires de 13 min chacun. Ces
vidéos ont été réalisées par Léonce
BARBEZIEUX et Richard MINIER, mettant en scène le groupe de musique
Is Tropical au travers d'un voyage extraordinaire44. Cette
campagne intitulée Is leaving montre la culture underground de
certaines villes méconnues tel que Reykjavík en Islande. Le but
étant de faire partager cette culture « oubliée ». La
bouteille d'absinthe de cette marque représente la clé d'un
écosystème vidéographique et musical que l'on
découvre au cours de ce voyage à travers le monde (voir annexe
6). On voit ainsi que la volonté pour la marque est de faire
découvrir un autre aspect du monde, qui est moins connu auquel les gens
vont identifier la marque comme défenseur de la culture underground. Et
en essayant de remettre au goût du jour ces différentes villes
devenues oubliées, encore une fois on peut voir une relation avec la
situation de la marque qui par l'interdiction de vente a été
oublié par les consommateurs. C'est en effet par son brand content que
la marque veut réaliser un retour aux sources. En s'associant avec les
leaders culturel de notre époque (les « hipster ») la marque
veut redorer son image d'entreprise motivante et créative. Cependant
à cause de la loi Evin il serait impossible d'utiliser un message direct
pour l'expliquer. Par le brand content la marque Pernod réussit à
faire découvrir les individus sur ces villes et ces cultures
méconnues, tout cela dans un procédé ludique et
informatif. C'est bien un service que la marque rend aux consommateurs.
3- Le marketing viral ou le buzz marketing
Pour finir sur cette analyse, nous allons maintenant voir un
procédé très ancien qui a été relancé
par l'arrivée d'Internet, le marketing viral. Ce terme est la notion de
transmettre un message « de bouche-à-oreille », ce qui est
maintenant très facile avec Internet en générale.
Tupperware pendant les années 50 a fait de ce mode de communication son
atout avec la mise en place d'un système d'ambassadrice et de
parrainage, une personne faisait elle-même la promotion directe du
produit à son groupe d'amis dans le but de parrainer ces personnes avec
à la clé une récompense financière. On assiste donc
à un système de
44
http://frwrd.tv/portfolio_page/absinthe-kitsune-s2/
52
communication pyramidale. Il s'agit de réussir à
diffuser un message qui sera par la suite promu par les destinataires
d'origines entrainant un effet boule de neige et une propagation importante ou
non suivant le contenu. Ce message persuasif, de la même manière
que le brand content, doit être originale et créatif. Dans notre
explication nous n'allons pas prendre en compte les campagnes virales
basées sur l'obtention d'information pour créer une base de
données solide. Elle ne peut-être étudiée dans cette
analyse sans nous faire sortir de notre sujet.
Le marketing viral répond à une demande des
consommateurs, assommer par le nombre de message auquel ils sont
affectés dans notre société. « Le
bouche-à-oreille » paraît plus crédible que les
médias « traditionnels», cependant nous tenons à
démontrer que ce procédé n'est qu'un moyen de communiquer
et qu'il ne doit pas être vu dans un but seul mais dans un objectif
commun.
« Une approche viral gagne grandement en
efficacité quand elle est intégrée à une campagne
marketing plus globale, basée sur les autres médias traditionnels
comme la publicité en ligne, les relations presse,...
»45.
Il paraît logique d'implanter cette volonté de
faire le buzz à une stratégie globale permettant de mettre en
avant ce phénomène réalisé par le marketing viral,
comme l'ajoute M. Luc CARTON « l'utilisation d'autres média
contribuera alors à décupler l'effet du buzz ». De plus
ce mode de communication peut être réalisé sous plusieurs
formes comme les jeux/concours, les campagnes vidéo ou encore par
l'humour sous toutes ses formes. Ce dernier aspect devra être pris avec
des pincettes étant donné les contraintes législatives de
la loi Evin. Et enfin nous tenons à parler d'une notion en
corrélation avec le marketing viral, à savoir le marketing
tribal. Car dans ces deux procédés le ciblage est la base de la
bonne continuité de la communication. De plus en utilisant les
comportements sociaux de certains groupes de consommateurs (tribus) pour
promouvoir leur message le marketing viral se sert de cette notion pour
permettre une meilleure pénétration de son contenu.«Pour
réussir, cette forme de communication doit offrir gratuitement une
réelle valeur ajoutée: service, réduction de prix»,
explique Éric Hazan, senior manager chez Arthur D. Little avant
45 Luc CARTON, fondateur de eMarket Strategies
53
d'ajouter « Et exploiter des comportements communs,
un côté tribu. Le levier s'avère d'autant plus puissant que
la tribu est homogène et identifiée.»46
Dans le marketing viral l'un des exemples les plus connus est
et restera la campagne des années 2000 de Budweiser, la marque de
bière américaine ayant remporté un franc succès.
Encore une fois nous tenons à préciser que cette dernière
est une campagne américaine et non française. Elle n'est donc pas
soumise aux obligations de la loi Evin. La mise en scène et
l'originalité du produit sur un fond d'humour ont apportés une
notoriété énorme à la marque. A la base cette
campagne était seulement ciblée pour le public américain,
mettant en scène quatre jeunes américains au
téléphone, comprenant tous les stéréotypes des
buveurs de bière américain. Reprenant la phrase « What's up
? »47 qui va au fil de la discussion se transformer en «
wazzup » et pour finir en « Wazza ». Déjà nous
pouvons voir l'un des facteurs de succès du marketing viral, le ciblage.
En prenant les stéréotypes des buveurs américains, la
marque a amplifié sa cible, c'est-à-dire le public lambda.
Celui-ci ne va pas directement s'identifier à ces personnes mais prendre
cette représentation sous forme humoristique. Le ciblage est important
car il permet d'ancrer les prochaines personnes qui vont partager ce message,
si la cible n'adhère pas au message, elle ne va pas vouloir partager ce
contenu avec son entourage. Ensuite le choix du message, est lui aussi
intéressant car il respecte un autre aspect primordial de ce
procédé, une facilité de partage. C'est une phrase
commune, que tout le monde utilise tous les jours et très facile
à se rappeler. L'utilisation de ce mot sera une sorte d'expression
directement associé à la marque et faisant part
entièrement de sa culture. On peut ainsi voir que cette campagne a connu
un franc succès grâce à son originalité et sa
simplicité, car la campagne fut parodiée de nombreuse fois dans
un grand nombre de pays (autre que les Etats-Unis). Cette expression fut
même reprise dans de nombreux films. Dépassant ainsi les attentes
de la marque.
Dans cette analyse nous constatons que le marketing viral
n'est pas une science exacte mais plus un art. Il est difficile d'imaginer
exactement ces retombées. « Ne tournez plus votre
46
http://www.strategies.fr/etudes-tendances/dossiers/r17605/r17611W/le-marketing-viral-vous-guette.html
47 Traduction: « Comment ça va ? »
54
marketing vers n'importe qui! Transformez plutôt vos
idées en épidémies et invitez vos clients à faire
votre marketing à votre place.»48 Avec cette phrase
Seth GODIN met en évidence à la fois l'avantage de ce moyen de
communication, à savoir de faire communiquer ses clients pour vous. Mais
il montre aussi le constat instable de ce dernier avec l'utilisation du mot
« épidémie », le marketing viral étant
de nombreuses fois imager comme un virus. Facile à partager mais dur
à contrôler. Kim BROOKS co--fondatrice de CentralPath
Incorporation démontre qu'il peut y avoir un effet de surchauffe avec ce
procédé « Méfiez--vous de la puissance du
marketing viral ». Expliquant que son aspect incontrôlable peut
entrainer des retombés plus importante que prévu, qui pourront
par la suite mettre en difficulté l'entreprise. D'autre part
l'utilisation du terme « idée » est parfaitement choisi car
avec ce procédé il est primordial d'être créatif.
Contrairement à d'autre moyen communicatif il est inutile d'appliquer
une idée trouvée ailleurs en l'adaptant à votre produit.
Cela n'aura pas l'effet d'étonnement et ne suscitera aucun
intérêt pour le consommateur. Car il doit y avoir un
intérêt pour le consommateur, que se soit du divertissement, de
l'information ludique ou seulement informatif. On peut donc en conclure que ce
procédé s'inclut dans le développement d'une
stratégie de brand content impliquant le consommateur en premier.
Nous allons maintenant parler de la campagne « Le
16ème ciel » réalisé par l'agence Buzzman
et provenant de la marque de bière 1664, du groupe danois Calsberg. Le
principe est plutôt simple, c'est une vidéo mettant en
scène les pires excuses possible pour s'échapper du bureau
à l'heure de l'apéritif et de la création d'une page
Facebook « le 16ème ciel », qui est une page
appelé Excuse Generator. Testant les utilisateurs sur leur
inventivité pour créer des excuses. Bien que l'idée soit
ingénieuse et novatrice, il nous paraît important de relativiser
cette campagne au nombre de partage qu'elle a engendré. La
société ayant décidé de communiquer uniquement sur
les réseaux sociaux, et à la vue du nombre de Likes sur la page
elle n'est pas un réel succès49. Nous pouvons voir que
tous les aspects fondamentaux du marketing viral n'ont pas été
respectés (utilisation d'aucun autre moyen de communication, un ciblage
pas assez précis) et c'est pourquoi cette campagne ne fut pas un franc
succès.
48 Seth GODIN, dans son ouvrage Unleashing the Idea
Virus
49
https://www.facebook.com/le16emeciel/app_290069351063169
Et enfin nous allons finir cette analyse par le contre exemple
de la société Ricard, déjà citée dans cette
analyse, qui s'est retrouvée confrontée à la
législation française lors de sa tentative de marketing viral. La
campagne « Un Ricard. Des rencontres » a été
jugée par la Cour de Cassation en 2013 suite à la demande de
l'ANPAA :
« Attendu que la cour d'appel a constaté [...]
qu'une fois l'application téléchargée
par l'utilisateur, si ce dernier souhaitait « partager avec son
réseau d'amis Facebook » une recette, en cliquant sur le bouton
« partager sur mon mur », apparaissait sur son profil le
message suivant: « J'ai découvert la Rencontre # 20 Atomic
Ricard (ou # 92 Ricard Mango ou autre). Vous aussi récupérez
les Ricard Mix avec l'application Ricard Mix codes. Disponible
sur l'Appstore », d'une manière qu'elle a estimée
intempestive, inopinée et systématique; qu'ayant ainsi
caractérisé en quoi le fait que ce message soit relayé par
l'intervention d'un internaute à l'intention de son «
réseau d'amis » ne lui faisait pas perdre son caractère
publicitaire, elle lui a appliqué à juste titre les
dispositions des articles L. 3323--2 et suivants du code de la
santé publique. »50
Démontrant la créativité avec une
application permettant un partage efficace, un ciblage parfait avec les
réseaux sociaux en priorité ce qui est en adéquation avec
le jeune public. La campagne respectait les principes fondamentaux du marketing
viral mais ils n'ont pas pris en compte la loi Evin et son
interprétation, ce qui a entrainé cette confusion juridique et au
final la condamnation de la marque.
55
50 Extrait, Cass. Civ, 1re, 3 juillet 2013, pourvoi
n°12--22633, Ricard c/ ANPAA
56
Nous avons pu voir dans cette partie les différents
outils pour faire partager une culture de marque. Il nous a paru évident
que l'art a permis de mettre en avant cette culture propre à la marque.
Entre autre avec les résultats des nombreuses collaborations entre le
milieu artistique et les marques d'alcools. Cependant c'est bien le dialogue
autour de cet art, par le mécénat ou de développement
d'association en faveur de l'art qui va permettre à la marque de faire
partager son propre univers, permettant l'association de la marque à un
domaine autre que la sienne.
De plus devant cette recherche constante de sens et
d'émotion de la part de l'individu, la marque a du répondre
à la question de savoir comment épanouir son client?
L'expérience de marque étant une parfaite solution certains
alcooliers ont connus de véritable succès en permettant aussi
à leur consommateur de vivre et d'expérimenter des sensations
nouvelles. Développant ainsi un sentiment d'accomplissement qui va
être retransmis par la suite à la marque.
Néanmoins Internet a fait apparaître de
nombreuses problématiques pour les marques d'alcools. Son aspect
interactif a attiré les marques. En effet cela va entrainer deux
constats, les marques voulant toujours plus se rendre utile pour leurs
consommateurs ont mis en place avec le brand content de véritable
récit narratif dans lequel l'individu peut s'imprégner de toute
la culture de marque. Il en est de même pour les collaborations
artistiques et l'expérience de marque. Cependant le partage avec
Internet et les réseaux sociaux ne s'arrête pas aux
frontières du territoire français et il est, très
difficile de bloquer l'information. Alors que la loi Evin avait réussi
à contenir l'information avant, il paraît aujourd'hui impossible
de combattre ce partage. Or, comment les marques peuvent à la fois
prôner le partage de l'information en voulant se substituer au media tout
en respectant la loi Evin et limitant les problèmes liés à
Internet?
Nous allons voir, que le contenu doit être utile et
responsable. Pour permettre à la marque d'avoir unimpact sur la
société et atteindre le but ultime de leader culturel, en prenant
en charge leurs obligations et devoirs. Comment ces marques vont-elles
vendre des produits néfastes? Comment vont-elles réussir à
avoir un message crédible? Quel va être l'utilité des
responsabilités qui leurs seront donné?
57
II- UNE CULTURE DE MARQUE RESPONSABLE
A- La marque comme agent utile et responsable
1- Le brand utility
Après avoir vu les différents moyens de
créer du contenu et d'avoir ensuite vu comment les marques pouvaient
faire passer leur message pour qu'elle perdure dans le temps. Nous voulons
savoir quel va être le but d'être intemporel pour la marque ?
Comment ces marques d'alcool vont se servir de leur présence en tant que
media et agent culturel? La notion de brand utility va entrer en compte
à notre époque, fortes de leur message provenant du brand content
par exemple. Les marques vont devoir être utile à leur
consommateur au delà de leur fonction de base. Pour expliquer cette
notion nous allons reprendre l'exemple de M.Ingmar de LANGE et son guide pour
le développement du brand utility51, avec l'histoire du
boulanger vu à travers nos différentes époques de notre
société. Qui métaphorise les volontés des marques
de notre société. Au début étant un simple
boulanger il a une relation de confiance avec ces clients, leur
réservant une expérience personnalisée pour chacun, en
ayant un lien affectif fort. Néanmoins la révolution industrielle
va changer cela, se développant en entreprise plus importante le
boulanger ne va plus entretenir de relation privilégiée avec le
client en basant toute sa communication sur le coût et
l'efficacité de son service. Le produit qu'il crée va devenir sa
préoccupation principale. Alors qu'à notre époque,
où il faut se différencier et faire apprécier sa marque
devant la concurrence, le boulanger va essayer de recréer cette relation
de confiance qu'il a perdue, cependant la plupart du temps il va oublier de
prendre en compte un élément important de sa réussite
passé. Il demandait toujours « Que puis--je faire pour vous
aider ? En quoi je peux être utile ? ». Bien que cette
métaphore soit très simpliste, elle met en avant
l'intérêt du brand utility qui est d'être tout simplement
utile pour le consommateur.
51 A useful guide to brand utility,
http://fr.slideshare.net/idelange/a-useful-guide-to-the-brand-utility-3961712
58
Cependant, il nous paraît important de comprendre
d'où vient cette notion de devoir être utile pour la marque. Etre
utile va amener une propagation de la culture de marque, mais ce n'est pas
l'unique raison. Dans le monde d'aujourd'hui les alcooliers et les autres
marques sont obligés de réfléchir dans un système
global, mondial. Un système qui va entrainer la Responsabilité
Sociétale des Entreprises (RSE), elles ne peuvent plus dorénavant
penser seulement à leurs compagnies comme une simple entité mais
doivent penser comme étant un élément d'un ensemble
d'acteur. Cette notion est devenue très présente dans notre
société moderne. Alors que l'Etat français et les
organisations mondiales essayent de forcer les entreprises à prendre
conscience de cette nécessité. Avec entre autre une modification
de la norme ISO 26000 relatives à la Responsabilité
Sociétale des Entreprises et des Organisations ou encore la Commission
Européenne qui a mis en place un plan stratégique sur plusieurs
années pour développer cette notion52. Certains
alcooliers ont décidé de se servir de ces autres contraintes
légales pour axer la Responsabilité Sociétale des
Entreprises comme l'une des lignes directrices de leur communication.
C'est pour cela que les marques, quel qu'elles soient, ont des
responsabilités. La première responsabilité est, pour les
marques d'alcools, en relation avec leur activité et leur produit. Elles
ont en effet la responsabilité de préserver la santé
publique de leur consommateur. Comme nous avons pu le voir au début de
cette analyse, c'est la raison pour laquelle la loi Evin a été
créée, dans le but de prévenir des effets de l'alcool sur
la santé publique du territoire français. Nous allons
détailler plus précisément cette responsabilité
avec l'utilisation d'une communication autour de la prévention. D'autre
part la marque en tant qu'acteur de la société a un devoir envers
les générations futures concernant la planète. Cette
responsabilité est valable pour n'importe quelle entité sur
terre. C'est donc une responsabilité au niveau de l'environnement
durable que les alcooliers vont devoir faire face. Nous allons revenir plus
longuement sur ces nouvelles responsabilités spécifiques à
notre époque dans les parties suivantes de note analyse.
En outre, cette nécessité d'être utile ne
provient pas tout le temps d'une responsabilité de l'entreprise, du au
« devoir d'entité sociétale ». Cela peut être
aussi le cas pour rendre
52 Responsabilité
|
sociale des entreprises: une nouvelle stratégie de
l'UE pour la période 2011-
|
2014
59
service au consommateur, « Elles doivent d'autre part
jouer un rôle utile dans la vie des gens en réinventant leur
marketing par le service »53 C'est pour cela que certaines
théories parlent d'un passage au brand content au brand utility, les
deux notions vont se confondre afin que la deuxième prenne
entièrement le pas sur la première. L'utilité de la marque
d'alcool va être au profit d'un individu vue comme une personne,
même similitude que le brand content. Via une communication basée
sur le brand utility, les marques vont pouvoir passer outre les mots et prouver
par une réalisation concrète et des « actes ». Il faut
pour cela que ces réalisations soient a fort potentiel attractif
prouvant son utilité et ayant aussi un aspect surprenant et original.
Dans cet optique l'un des exemples les plus connus est le
Guinness World Record, de la brasserie irlandaise dont nous avons parlé
plus tôt dans cette analyse. Ce livre édité tous les ans
récapitulant tous les records mondiaux de prouesse humaine et
naturelle54, est devenu un phénomène culturelle
à lui tout seul. Donnant une notoriété supérieure
à cette marque de bière. Cette idée d'homologation des
recordes mondiaux, est avant tout le fruit du hasard. Cependant nous pouvons
nous apercevoir grâce à notre analyse qu'il répond à
tous les aspects du brand utility. Dans l'esprit d'un pub ou d'une brasserie,
lorsque les consommateurs viennent consommer ce breuvage pour passer un moment
conviviale. Il y a souvent au cours de cette dégustation le récit
des exploits de l'un ou de l'autre. Ce en quoi la marque a répondu en
créant un livre regroupant toutes ces performances, Guinness se rend
utile à son consommateur. De plus le côté multimédia
a permis une adhésion et une pénétration très
forte, avec un grand nombre de partage viral et d'exposition grâce aux
émissions télévisuelles dans de nombreux pays. Certaines
chaînes d'information française vont même partager
directement les records publiés par cette institution, comme par exemple
la chaîne BFMTV55. De plus avec l'outil et l'interaction
d'internet on a pu voir cette campagne perdurer d'année en année
offrant une visibilité planétaire à la marque.
53 Matthieu de Lesseux, Coprésident de DDB Paris
54
http://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_Guinness_des_records
55
http://www.bfmtv.com/diaporama/guinness--world--records--edition--2014--190/image--
3/
60
2- La prévention, le nouveau territoire de
communication
Nous allons parler plus en détail de la première
responsabilité des marques d'alcools, préoccupation
première de l'Etat, la santé publique. Cette notion a une
très grande importance dans la société française,
elle est ainsi présente dans le préambule de la constitution du
27 octobre 1946. C'est à cause ou grâce à cette notion que
les alcooliers ont dû élaborer tous les procédés
expliqués précédemment durant cette analyse et que
l'avènement de la loi Evin a vue le jour. La santé publique a
été définie par l'Organisation Mondiale de la Santé
en 1952 :
« La santé publique est la science et l'art de
prévenir les maladies, de prolonger la vie et d'améliorer la
santé et la vitalité mentale et physique des individus, par le
moyen d'une action collective concertée.»
Nous n'allons pas reprendre notre analyse au début en
repartant de la loi Evin, cependant nous allons nous intéresser à
une notion qui découle de la santé publique, la
prévention, permettant de démontrer une certaine limite de
consommation obligatoire de la part des marques. Poussant la marque vendeuse de
son produit à prévenir des effets de consommation d'alcool. Nous
allons encore partir de la définition faite par l'OMS pour voir comment
certains alcooliers ont réussi à faire de la prévention un
élément fondateur pour donner du sens à leur message.
"La prévention est l'ensemble des mesures visant à
éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies,
des accidents et des handicaps" a déclaré l'organisation en
194856. Concernant la loi française, étant
donné les nouveaux modes de consommation on a pu voir que
l'intérêt principal vise à protéger la population la
plus jeune de notre société. Le 10 mars 2009, l'Assemblée
Nationale a voté la proposition de la loi de la ministre de la
Santé de l'époque, Roselyne BACHELOT. Interdisant entre autre la
vente d'alcool auprès des jeunes de moins de 18 ans, la fin des
open-bars et la vente d'alcool dans les stations-services à partir d'une
certaine heure.
Néanmoins certaines marques ont décidé de
leur propre chef de s'impliquer d'avantage dans cette politique de
prévention. De faire de cette obligation leur responsabilité
et
56
http://fr.ap-hm.fr/sante-prevention/definition-concept
61
d'embrasser pleinement cette cause. Si nous restons dans notre
analyse nous pouvons voir que l'effet sur ces marques d'alcools plus
responsable va être important alors que l'objectif premier ne va pas
être forcément dans tous les cas atteint. C'est-à-dire que
des marques que nous avons précédemment étudiées,
telle que Jägermeister par exemple, vont mettre en place un onglet
d'éducation de la consommation. Cet onglet créé dans une
optique de prévention donne l'image souhaitée par la marque, une
marque responsable. Cependant certains détails montrent les
réelles intentions des alcooliers, sur la page d'accueil de cette
boisson l'onglet « drink responsability » est placé en haut
à gauche et contrairement aux autres onglet aucune animation ni mise en
valeur est mis en place sur ce lien. En outre une fois que l'utilisateur clique
sur le lien il est renvoyé sur un autre site moins ergonomique et plus
traditionnel. Le client comprend directement qu'il sort de l'univers de la
marque autant au sens propre qu'au sens figuré. On voit ainsi que la
marque cherche dans ce cas là, à se servir de cette
responsabilité pour se donner une façade responsable. Le message
ne va pas être réellement convaincant.
D'autre part, certaines marques décident aux contraires
d'être présentes sur la forme et le contenu de leur message
préventif. Pernod-Ricard travaillant en étroite collaboration
avec l'Institut de recherches Scientifiques sur les Boissons s'est rendu compte
de l'importance du rôle des parents dans la prévention des plus
jeunes populations. Ils ont donc lancé une organisation à but non
lucratif en Australie, DrinkWise aidant les parents à mieux encadrer
leurs enfants pour les premiers contacts avec l'alcool. Cette organisation sur
plusieurs étapes, campagnes vidéo, création d'un site
internet, ect... a montré de réelles améliorations sur le
territoire Australien avec 40 % d'entre eux qui ont modifié leur
comportement pour être de meilleurs modèles57. C'est un
projet qui a été approuvé par le gouvernement australien
comme étant « une initiative positive de l'industrie contre le
« binge drinking », constituant un bon exemple de collaboration
». Cependant nous allons voir que cela n'est pas forcément
applicable au territoire français, même si l'entreprise a
créé un site internet français58 dans la
même optique. Il est beaucoup moins évident de mettre en avant
cette
57
http://pernod-ricard.fr/504/la-rse/consommation-responsable/les-jeunes-et-l-alcool/les-parents-au-coeur-des-politiques-de-prevention
58
http://www.alcooletparents.com
62
nouvelle forme de prévention à la vue de la
législation française. La loi reste assez frileuse dans le faite
d'impliquer plus les vendeurs eux--mêmes dans une politique de
prévention, ainsi que la communication préventive des marques
d'alcool sera elle aussi soumise aux contrainte de la loi Evin. Alors qu'en
prenant l'exemple des autres pays comme l'Australie, on peut se rendre compte
qu'une bonne communication préventif doit être transmis
directement. Ce qui ne sera jamais le cas si ce message provient des marques
d'alcools. Il n'y aura en aucun cas la diffusion de spot publicitaire
préventif au nom de Kronenbourg ou Bacardi par exemple.
En France, un nouvel acteur est apparu dans cette optique,
l'association « Entreprise et Prévention » et son site
2340.fr. Ce fut une première européenne car cette organisation
regroupe les principales entreprises du secteur des bières et spiritueux
(ainsi que le secteur du vin). Qui veulent lutter contre la consommation
excessive et inappropriée de boisson alcoolisée. Nous voyons
ainsi un réel dévouement des marques d'alcools pour prendre en
compte cette prévention et essayer de l'améliorer, même en
dehors de leur contrainte. Ils ont définis cette association autour de 4
missions de base:
· Contribuer à la lutte contre la surconsommation
d'alcool et ses conséquences sanitaires et sociales
· Promouvoir l'autodiscipline de la profession en
matière promotionnelle et commerciale tout en appliquant les
législations en vigueur avec responsabilité,
· Assurer un rôle de concertation avec les
pouvoirs publics et les partenaires professionnels,
· Constituer une force de proposition en matière
de prévention auprès des pouvoirs publics.59
Cependant nous pouvons voir que la loi n'est pas
adaptée à voir ce type de nouvel acteur apparaître, vue que
l'une des campagnes phares de cette organisation fut avortée. La mise
59
http://www.preventionalcool.com/index.php?/entreprise--a--prevention/missions--et--
engagements/missions--et--engagements.html
63
en place du site www.2340.fr incitant les consommateurs de
boissons alcoolisées à se rendre sur ce site d'informations dans
le but de leur faire connaître leurs seuils de consommation. Ce site sert
donc de point de repère aux consommateurs, et les principaux producteurs
et alcooliers se permettaient d'ajouter la mention de ce site sur leur campagne
publicitaire. Or cela n'est en aucun cas demandé par la loi Evin et part
d'une réelle motivation d'utilité de l'alcoolier. L'Association
Nationale de Prévention de l'Alcoolisme s'est donc servie de la loi en
interdisant le message de prévention et la référence
à ce site sur les publicités des boissons alcoolisées.
Provoquant ainsi le mécontentement des marques responsables de ce site
comme en témoigne Alexis Capitant, Directeur général
d'Entreprise & Prévention: «Nous sommes consternés
par cette instrumentalisation de la loi qui n'a plus rien à voir avec la
lutte contre l'alcoolisme » avant d'ajouter « Dans un pays
où huit Français sur dix sont consommateurs et sont pour 80 % des
petits et moyens consommateurs, les priver de ce repère simple et
pratique pour minimiser le risque est incompréhensible
»60. Cependant si nous restons complétement
objectif, il faut comprendre qu'il paraît plutôt intriguant de
confier la prévention des risques à des acteurs qui fournissent
les produits entrainant ces risques.
3- La responsabilité de l'environnement
Maintenant que nous avons pu voir l'enjeu de la communication
autour de la prévention. Qui peut servir à la fois les marques en
tant que prétexte alors que d'autres vont essayer d'être
véritablement responsable. La deuxième responsabilité va
rencontrer le même problème, savoir si la marque va vouloir
prendre sa responsabilité en temps qu'acteur social ou vouloir seulement
se servir de cette dernière comme d'un prétexte pour se donner
bonne image. L'environnement est devenu plus qu'un simple sujet
d'actualité, mais une véritable préoccupation
planétaire. Montrant l'importance de chaque acteur et organisation
d'être concerné envers les autres et de ne pas avoir seulement une
logique égocentrique. Faisant partie de l'avènement du marketing
social, comme la notion de prévention, c'est
60
http://www.euronight.com/news-l-anpaa-fait-interdire-un-message-de-prevention-en-se-servant-de-la-loi-evin--
1100?PHPSESSID=329914f3bc89feb734c9815e3e3f5a36
64
dans le but de faire accepter ou dans notre cas changer le
comportement du public envers l'intérêt de la marque. Par ce
procédé la marque va « redorer son blason » en passant
de la compagnie avec la mauvaise image pour une marque qui est responsable
devant son public de ses actes et de ses produits. Encore une fois on voit
l'importance pour la marque d'être jugé convenablement par ses
consommateurs dans le but d'obtenir d'eux une confiance totale. Et qu'ils
acceptent d'eux--mêmes de faire partie prenante de la culture de marque
étant donné qu'elle leur sera utile.
Nous voulons en plus parler d'une deuxième notion qui
résulte de ce marketing social. En cherchant à promouvoir leur
RSE, les marques vont développer un marketing responsable en
matière de consommation. Il s'agit également de
concrétiser l'engagement des alcooliers à travers la publication
d'informations relatives aux politiques de communication et l'activité
environnementale des entreprises. Dans la réalisation de cet optique
certaines marques se montrent d'avantage que d'autres, le Group Calsberg entre
autre, a mis en place un « Code de conduite » concernant quatre
facteurs clés. D'abord ses achats avec ses fournisseurs qui sont
basés sur une performance économique en prenant en compte la RSE.
Avec entre autre une prise en compte du respect de l'environnement dans leur
programme intitulé « Approvisionnement responsable ». La
marque certifie que « 95% de nos fournisseurs ont signé cette
charte »61. Il y a aussi la prise en compte de la
conception des emballages de leurs produits qui ont un fort impact
environnemental. En essayant de Repenser, Réduire, Réutiliser et
Recycler l'alcoolier cherche à limiter cet impact. Elle utilise entre
autre un logiciel qui calcule l'impact environnemental de tous les
matériaux qu'elle utilise, Life Cycle Analysis (LCA). De plus lors de la
production de ces produits la marque utilise énormément d'eau et
d'énergie, elle a néanmoins reçut en 1998 la certification
ISO 14001 (norme environnementale) démontrant l'aspect écologique
de la brasserie. Avec entre autre « l'eau rejetée par la
basserie est traité et dépolluée à 98% »
comme il est expliqué sur leur site. Et l'utilisation du biogaz
pour permettre à cette brasserie de limiter son rejet en CO2 avec 20%
des besoins énergétiques fournis par ce dernier.
61
http://www.brasseries--
kronenbourg.com/Developpement--durable/Respect--
Nature/Pages/Eco--achats.aspx
65
Et enfin la distribution de leur produit, qui est elle aussi
soumise à un code de conduite. Le groupe est entre autre devenu membre
du Club Dementer62, qui promue une logistique respectant le
développement durable. Dans la réalisation de ce projet 80% de
leur flux logistique vers la grande distribution est fourni en transport
ferroviaire. Même leur parc de chariots élévateurs est
éco-responsable avec 92% des véhicules électriques ou Gaz
de Pétrole Liquéfié.
Nous pouvons ainsi voir que le groupe communique
énormément sur son activité responsable, essayant de
mettre en avant son respect envers les générations futures et sa
prise de conscience en avance par rapport à ces concurrentes.
Démontrant ainsi une stratégie de différenciation
renforçant son univers de marque utile et responsable envers les
générations futures. Néanmoins nous tenons à
préciser que cette concrétisation de résolutions
responsables peut porter à confusion pour le consommateur, devant le
nombre grandissant de différent code de conduite. Il est parfois
impossible de savoir la réelle concrétisation de ce code et de
son impact, les chiffres précédemment cités sont tous
provenant du site même du Groupe ce qui va nous amener à
relativiser leur impact. Les alcooliers et les entreprises pouvant facilement
manipuler les chiffres pour faire croire au public de leur bonne conscience.
4- Heineken, « Brasser un avenir meilleur »
La société Heineken est l'un des groupes les
plus connu dans le secteur des boissons alcoolisées. Etant donné
qu'en France il y a une forte compétition entre Kronenbourg, la marque
de bière précédemment cité et Heineken. Il nous a
parut intéressant de prendre cet exemple pour voir en quoi la marque se
détache de son concurrent principal pour construire une culture de
marque responsable en adéquation avec l'univers du groupe. La marque
d'origine néerlandaise fondée en 1873 est devenue au fil des
années une référence en la matière. Prenant le
brand utility comme élément de base de leur communication,
à partir duquel ils vont appliquer les différents
procédés expliqués lors de la première partie
62
http://www.club-demeter.fr
66
de notre analyse. La marque est arrivée en France en
1876 avec ses produits avant de s'implanter directement sur le territoire
français en 197063.
La marque a comme objectif prioritaire « d'être
aussi le brasseur et le distributeur le plus vert en France d'ici 2020 »,
comme il l'explique dans leur rapport développement durable 2012 de
la marque. Car « Etre un leader responsable, c'est savoir
développer notre position (...) tout en assumant pleinement nos
responsabilités aussi bien d'un point de vue social qu'environnemental
»64. On retrouve dans la communication directe de la
direction du groupe la prise en charge de certaines notions nommées plus
tôt comme « responsabilités », « social
» ou encore « environnemental».
Prouvant ainsi que la préoccupation de la marque est de se vouloir
utile pour la société autrement qu'en fournissant un
service. Pour cela la marque a prévu six approches
stratégiques:
+ Production et distribution responsables
+ Produits et services responsables
+ Des collaborateurs engagés
+ Des partenaires et consommateurs impliqués
+ Des actions de prévention
+ Des partenariats de prévention
Nous pouvons ainsi voir la prise en compte d'une autre notion
que nous avons expliqué dans cette partie, « prévention
». Cependant cette prévention est prise sur plusieurs
domaines, dont un qui peut surprendre, c'est au niveau interne que l'entreprise
elle-même se veut novatrice. En 2009 le lancement du projet «
Cool@Work » permet à une vingtaine de salarié de trouver des
actions de prévention en faveur de la consommation responsable pour les
employés de l'entreprise. Ils doivent améliorer la santé
au travail. Cette action de prévention va s'opérer sur plusieurs
étapes, avec d'abord l'élaboration du « Welcome Day »
qui est une petite session de sensibilisation à l'alcool lors de
l'arrivée de nouveaux salariés. Cette session peut-être
plus longue s'il s'agit d'un CDI. Ensuite en faisant appel à des
acteurs, des ateliers théâtres sont mis en place pour les
salariés dans des situations de
63
http://fr.wikipedia.org/wiki/Heineken
64 Pascal SABRIE, Président Heineken France
67
consommation responsable, cette opération s'appelle
« Bords de scènes ». Dans leur rapport de 2012, la marque
explique qu'environ « 944 personnes qui ont été
sensibilisées et formées,»65 par cette
méthode.
De plus on a pu remarquer que la marque a effectué un
pacte de développement durable en 2008, entrainant la création
d'un comité dévoué au aspect du développement
durable dans la création, production et la distribution de leur produit.
Ce comité a entre autre permis l'avènement de nombreux projets
comme celui expliqué précédemment, la création d'un
Charte éthique fournisseur (dans la même philosophie que le Code
de Conduite de Kronenbourg) ou encore la mise en place de la première
bouteille éco--conçue. Dans cette volonté de vouloir
prévenir de la consommation responsable, la marque a mis en place un
site web qui permet de jouer à un jeu « Ce soir, il conclut».
Dans l'optique de vouloir éduquer les jeunes sur les biens faits de la
dégustation de bière au contraire du « bringe drinking
». Cependant la marque ne s'arrête pas là, elle indique sur
ces emballages les seuils de consommations pour permettre au consommateur final
d'évaluer son taux d'ébriété. Et enfin pour leur
client, dans l'optique d'engager des partenariats et collaborations
participatives au débat de la prévention, la marque a
distribué plus de 87 000 éthylotests et 10 000 affiches
préventives sur les effets de la trop grande consommation de boisson
alcoolisée. Et enfin dans l'obtention d'une crédibilité
encore plus importante dans leur brand utility la marque a lancé une
campagne de marketing viral « Le jour appartient à ceux qui
boivent modérément» avec une vidéo qui a
été vue par plus de 2.9 millions de personnes. Cette
opération inscrite dans la campagne « Open your world » n'est
pas « normalement » accessible en France. Cependant devant
l'originalité du sujet traité, la vidéo a connu un
réel succès médiatique, de nombreux blog français
l'ont entre autre mise en avant.
Comme nous avons pu le voir la marque offre beaucoup de
solutions pour respecter sa responsabilité envers la consommation de ces
produits. Il en est de même envers sa responsabilité
environnementale comme nous avons pu le voir avec les six différentes
approches stratégique mise en place par Heineken. Nous n'allons pas
énumérer toutes les
65 « Rapport de Développement Durable, Brassons un
avenir meilleur », Heineken
68
avancées réalisées par la compagnie dans
ce domaine, car elles sont bien trop nombreuses et qu'elles n'ont pas de
véritable intérêt dans notre analyse. Outre les
progrès entre vue dans le rapport de la marque, c'est au niveau de la
mise en forme de ces données qu'il nous paraît important de nous
attarder. En effet l'intelligence de la marque se veut dans sa manière
de créer le brand utility, au lieu de montrer par des données des
améliorations concrètes. La marque se place dans l'avenir, avec
la mise en évidence que l'objectif premier est d'être le
distributeur et brasseur le plus vert de France. Car cette phrase sous-entend
qu'ils ne le sont pas pour le moment. On peut ainsi voir une incrustation dans
le temps de l'alcoolier entrainant la progression de sa marque. Cette notion
est d'autant plus flagrante dans les actions réalisées et non
réalisées par la marque66. Avec la visibilité
des projets qui ont pu être réalisé, ceux qui sont
seulement partiellement aboutis et ceux qui n'ont pas pu être mis en
place ou être évalué. Tout cela est bien entendu pour faire
naître chez les lecteurs une projection sur le future de la compagnie. On
voit donc parfaitement qu'avec cette analyse la marque essaye d'avoir un
message utile aux consommateurs, donnant un sens à leur univers de
marque et se servent de ce sens utile pour communiquer dessus et ainsi faire
perdurer leur culture de marque.
B- Le niveau de responsabilité des marques
1- Les nouveaux modes de consommation, les jeunes
Il est important de comprendre l'évolution de la
société qui a entrainé cette prise de conscience
permettant aux alcooliers d'embrasser les responsabilités du à
leurs nouveaux rôles. En effet aux cours de ces dernières
années la société a vu apparaître des nouveaux modes
de consommation. Nous allons dans cette partie nous intéresser plus
particulièrement aux modes de consommation des jeunes pour comprendre en
quoi les alcooliers ont décidé de baser une grande partie de leur
brand utility, voir même la totalité pour certains, sur ce segment
de la population.
66 Voir Annexe 9
69
C'est l'arrivée du « bringe drinking »
qui a alerté les autorités publiques et les
différents acteurs de la société comme les alcooliers et
les associations. Nous allons d'abord définir ce terme, «
bringe » peut-être traduis par le terme « bringue »
en français (car il s'agit d'une notion anglo-saxonne. Le principe est
simple, il suffit de boire dans un l'aspe de temps réduit le plus de
verres possibles. En générale les personnes consomment entre 5
à 6 verres en moins de 2h. C'est entre autre la familiarisation des
open-bars qui a amené ce nouveau mode de consommation en France, ainsi
que l'apparition des « Happy Hours », poussant les clients d'un bar
à consommer le plus rapidement possible d'une telle période de la
journée à une autre pour pouvoir bénéficier des
réductions et promotions. Bien que les Open bars ne soient plus
autorisés en France, le mode de consommation est maintenant ancré
chez les plus jeunes ainsi que chez les jeunes adultes. Ce
phénomène apparaît de plus en plus tôt chez les
jeunes de notre société comme peut en attester cette exemple
trouvé sur un article du Monde: « on est allés dans le
bois derrière le collège avec quatre bouteilles, on était
trois »67 dit une fille de seulement 16 ans.
Ce genre de pratique va avoir un fort impact sur la
santé publique de cette jeune génération et sur celle
à venir, si la pratique reste la même. "Le nombre
d'hospitalisations pour ivresse de mineurs de moins de quinze ans a
augmenté de 55 % entre 2004 et 2007", selon le député
socialiste Jean Mallot à l'Assemblée. Car il ne s'agit pas de
consommation quotidienne, du moins cette dernière n'est pas encore trop
importante, mais les épisodes d'ivresse et les alcoolisations
ponctuelles importantes qui inquiètent l'opinion publique. Toujours
selon le même article près de 53% des jeunes de 17 ans ont
déjà connus ces épisodes en 2011 contre seulement 46% en
2005. Il y a donc un constat clair, les jeunes boivent de plus en plus jeune et
de plus massivement que les générations passées.
En plus de la précocité de la consommation
d'alcool et la manière de boire provoqué par le « bringe
drinking », c'est les lieux de consommation qui sont aujourd'hui
complétement différent. Ils étaient coutume pour un jeune
homme de connaître ses premières expériences avec l'alcool
en famille, dans un lieu de confiance et de sérénité pour
l'individu, lors d'un repas familial. Aujourd'hui ce n'est plus le cas,
"Jusqu'ici, on était sur un mode latin, alcool à
67 « Génération Biture Express », LeMonde
par Sandrine CABUT et Pascale SANTI 28.05.2013
70
table; on va vers un mode proche de la Grande--Bretagne
avec des pratiques d'alcoolisation intense. On observe une
européanisation de la manière de boire"68. Due
à la société de consommation, les jeunes veulent consommer
les boissons alcoolisées de la même manière, avoir le plus
de sensation le plus rapidement possible « C'est tout tout de suite ou
rien »69.
Et enfin nous voulons finir notre analyse de la consommation
des jeunes, par un acteur qui a une place de plus en plus importante comme peut
en témoigner l'exemple de l'article dans « LeMonde ». La
consommation des jeunes femmes qui est en claire augmentation. Dans le service
du Centre Abadie par exemple il y a 70% des jeunes personnes admisses qui sont
des filles. On assiste à une différenciation de la part des
jeunes générations de notre société, avant boire de
l'alcool été due à un désir de gaieté, une
volonté de convivialité. Alors que de nos jours pour ces
générations « ce n'est pas pareil, on est cramé,
mort, déchiré, défoncé » explique une
jeune fille de 16 ans du Centre Adabie. Ici encore il y a un changement de
consommation car le but n'est plus du tout le même.
Or comme nous l'avons expliqué certaines marques
essayent de se détacher de ce mode de consommation, qui se veut plus
comme un moyen d'échapper à la réalité. Heineken
entre autre a mis en place un « Concours de Biérologie »
depuis quelques années permettant à la fois de faire partager son
savoir faire mais aussi d'éduquer les jeunes sur la dégustation
de leur produit et le plaisir que celui-ci peut apporter. Ce concours est
accessible seulement pour les étudiants en écoles
hôtelières montrant la volonté de la marque de cibler les
jeunes. Alors que d'un autre côté la plupart des marques d'alcool
mettent en avant leur « prémix » et les recettes de cocktails,
qui sont de véritables éléments de la « biture
express ».
2- Leurs rôles en tant qu'agent culturel
Ayant mis en avant les risques relatifs aux nouveaux modes de
consommation et l'impact des boissons alcoolisées sur les jeunes, il
nous paraît important de faire un point sur la
68 François BECK, responsable du département des
enquêtes à l'INPES
69 Docteur Xavier POMMEREAU, psychiatre au centre Abadie à
Bordeaux
71
culture de marque des alcooliers. Comme nous avons pu le voir
par notre analyse cette culture se veut être un ensemble de valeurs
permettant de faire découvrir et d'intégrer l'individu à
l'univers de marque. Tout cela en étant utile et responsable. La marque
en utilisant le développement de nombreux procédés comme
le brand content s'améliorant en brand utility, l'expérience de
marque ou l'appropriation de l'art. Elle va entrainer une mise en forme de son
contenu permettant un regroupement autour d'elle-même, de la part de ces
consommateurs. Nous avons pu entre autre voir que la marque Heineken, aux vues
de ces nombreuses interventions préventives et éducatives, va
être perçu comme une marque responsable et conviviale regroupant
tous ceux partageant ces mêmes valeurs. Ou encore la marque Havana Club
qui va, par sa provenance, devenir le symbole de la Havane et plus encore de
Cuba dans sa totalité.
« Elle puise dans son environnement culturel au sens
large (historique, géographique, artistique, sociétal...) les
fondements d'une identité la fois cohérente et en
perpétuelle adaptation ; par ses innovations, elle produit
elle--même des effets culturels, fait évoluer les modes de vie,
crée les tendances de demain».70
Les marques sont dans une nouvelle manière de penser,
en s'écartent de plus en plus de la vision centrée du produit.
Aujourd'hui ce même produit est dans un univers vivant et
évolutif, il faut donc que ce dernier évolue aussi et qu'il soit
vivant. On peut voir ce changement au niveau de la communication, comme
l'explique l'expert français des marques M. J-N Kapferer :
« Par ailleurs, sur le plan de la communication, on
assiste à un décloisonnement entre la culture commerciale (la
publicité), la culture populaire (pop culture) et la culture
institutionnelle (culture intellectuelle des élites) »
70 « Brand culture, développer le potentiel des
marques », Daniel BÔ
72
Tableau explicatif de Daniel BÔ
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Avant d'ajouter « Il en résulte que tout acte
de communication est avant tout culturel »71. Par cette
nouvelle communication les alcooliers sont obligatoirement
considérés comme des agents culturels. Pour être pris en
compte par le plus grand nombre d'individu en tant que tel, la marque doit
trouver son public générationnel en fonction de ses valeurs
d'origines. Car il faut éviter les tendances des
phénomènes de mode. Ce que nous entendons par cette appelation
tendance, c'est qu'une diversité culturelle trop grande pour la marque
qui va entrainer une perte de sa fonction d'agent culturel.
Néanmoins être un agent culturel n'est pas leur
but final, l'objectif global est de réussir à devenir un leader
culturel permettant ainsi aux personnes qui le suivent d'adhérer
pleinnement à ses valeurs et ses choix. Dépassant ainsi le seul
positionnement par rapport au produit de la marque et pouvant s'exprimer
pleinnement comme un acteur de notre société. C'est encore une
fois Daniel BÔ qui explique cette théorie dans son ouvrage sur le
brand culture:
« Si on considère la culture comme un ensemble de
discours, images, représentations qui guident les individus dans leur
vie, les marques sont sans conteste des agents culturels et ont vocation
à devenir des leaders culturels »
71« Les marques, capital de l'entreprise »,
Jean--Noël Kapferer
73
3- Quel avenir pour leur responsabilité des
alcooliers?
Une fois qu'il est assuré que la marque doit devenir un
agent culturel et après avoir démontré les
responsabilités que cette dernière devait prendre en compte, il
nous reste un dernier point à éclaircir, à savoir
où s'arrête la responsabilité des marques d'alcool? Dans
notre société ultra-protectrice il paraît inconcevable pour
les marques de rester indifférente par rapport au débat sur la
santé publique provoqué par leurs produits. Cependant un
problème nous est apparu évident au cours de cette analyse. Les
marques cherchant de plus en plus à créer un lien affectif fort
avec le consommateur, permettant la construction d'une relation durable. Il
paraît évident qu'en corrélation avec ce lien et sa force,
la consommation d'alcool va être elle aussi plus grande. C'est pour cela
qu'il est du devoir de la marque d'être responsable, en évitant
ainsi cette image de danger pour la santé publique.
On va voir s'opposer deux responsabilités, celle de la
marque que nous avons expliquée auparavant et celle du consommateur. La
responsabilité du consommateur est d'un point de vue
générale mise à part par les différents acteurs de
ce secteur. Les associations, de prévention entre autre, vont placer les
consommateurs en tant que victime manipulée par la communication des
alcooliers. Mettant en avant les nombreuses techniques publicitaire des marques
pour entrainer la consommation. Alors qu'en contre partie le contenu
préventif de ces marques ne montre pas une réelle volonté
de la responsabilité des marques. Le visuel et l'emplacement de ce
dernier ne sont pas mis en évidence sur la plupart des sites. Nous
pouvons ainsi élaborer un constat. Les marques ont l'obligation de
prendre part aux responsabilités qui sont les siennes, même si le
message n'est pas convaincant autant sur la forme que sur le fond. La
prévention et le développement durable qui sont leurs deux plus
grandes responsabilités doivent être évoqué dans
leur contenu de culture de marque. Ainsi les alcooliers pourront obtenir un
impact sur la société par la prise de conscience et leur
tentative de résolution.
Cette idée va être contre balancé par la
perte de crédibilité de leur message. En reprenant l'exemple
d'Heineken à force de pousser à la consommation responsable, la
marque peut renvoyer le message que la consommation est mauvaise et dans ce cas
la compréhension du
74
message par les individus ne sera pas de consommation du tout.
C'est donc dans la manière de faire passer leur message que
réside la limite de leur responsabilité. Il est primordial
d'importer par le brand culture un bon mode de vie poussant ainsi à une
consommation responsable. Il faut une prise de position forte et précise
de la marque, car plus la prise de position est cohérente et forte plus
l'impact en tant qu'acteur culturel va être fort, ce qui va les entrainer
à être des leaders culturels. Objectif qui est le leurs comme nous
l'avons vu précédemment.
75
CONCLUSION
Pour conclure cette analyse nous allons d'abord reprendre les
éléments fondateurs d'une culture de marque que nous avons
précédemment cité afin de découvrir comment les
alcooliers ont réussit malgré la loi Evin à créer
une relation de confiance avec leur consommateur. Comme nous avons entrepris
cette analyse sous trois différents aspect nous allons conclure en
respectant cette chronologie.
La loi Evin fut le réel événement pour
amener de la créativité dans un secteur qui était
auparavant pauvre dans le domaine communicatif. Grâce entre autre
à l'opportunité que la loi a laissé, en permettant de
pouvoir communiquer sur son origine qu'elle soit histoire, de lieux ou
même seulement symbolique. Le marketing de provenance ainsi que le
storytelling ont ainsi permis d'avoir de nombreux points d'entrées avec
les consommateurs. En transmettant à la fois des valeurs et des symboles
propres à la marque, auquel l'individu pouvait facilement
s'identifier.
Ensuite, en partant de notre société de
consommation les marques se sont rendus compte qu'une fois le lien
créé il fallait pouvoir le faire vivre. Le consommateur
d'aujourd'hui étant affamé de nouvelle expérience et
d'inattendu. Les produits sont devenus vivants, toujours en constante
évolution à l'image de la marque Absolute qui a réussit
grâce à ces collaborations artistiques à faire alimenter
son public par l'évolution de sa bouteille. La marque devenant ainsi
vendeuse mais aussi relayeuse d'information en se servant entre autre
d'internet pour asseoir sa position dans la société et
auprès de ses cibles.
Cette dernière notion de média va amener les
marques à repenser le contenu de leur message. Fort de leur rôle
d'agent culturel, elles vont se retrouver confronter à la
responsabilité de leur activité et de leur communication.
Permettant à la fois un décloisonnement de leur secteur
d'expression pouvant s'emparer de n'importe quel sujet dans
l'intérêt de leur consommateur. Ainsi la relation ne va pas
être correspondante seulement à un achat mais une relation
à long terme dans laquelle le consommateur se
76
sentira comme une partie intégrante de la marque
(devenant ainsi son ambassadeur). Néanmoins internet de par son apport
prolifique va mettre en péril cette relation de confiance. Montrant du
doigt un constat pours les marques voulant avoir un responsabilité de
plus en plus important auprès des individus, grâce à leur
rôle de leader culturel. Et la possibilité de faire facilement
partager des contenus irresponsable à la vue de la loi Evin comme nous
avons pu le voir dans bon nombre de nos exemples. Entrain ainsi une confusion
pour le lecteur qui pourra briser se lien de confiance et l'appartenance
à la marque. Il est en de même pour d'autres acteurs de notre
société ne souhaitant pas laisser la responsabilité de
prévention ou d'environnement durable aux marques, par peur de perte
d'authenticité du message par l'envie économique des marques. Qui
pourront facilement se servir des outils marketing cités dans cette
analyse pour donner le contenu qu'elles souhaitent à leur
consommateur.
De cette analyse nous avons élaboré quatre
constats importants qui pourront par la suite penser à
réfléchir sur l'avenir de se secteur sur le plan publicitaire.
Sur l'évolution sur lesquels les marques devront se positionner:
1) Tout d'abord, devant le franc succès de la
contrainte féconde entraîné par la loi Evin, les marques
ont communiqué sur leurs origines sous toutes les formes possibles.
Permettant de renouer avec les consommateurs sur des bases plus réelle.
Néanmoins cette prolifération d'un certain type de communication,
comme le marketing de provenance par exemple, a amené une banalisation
de celle-ci. Dans la société hyperconcurrentielle de nos jours
là moindre bonne idée va être reprise, et c'est devant ce
problème que les marques se retrouvent confrontées, surtout pour
les nouveaux arrivants. Les marques de vodka provenant des pays anciennement
soviétiques ou les whiskys provenant d'Ecosse sont une norme commune de
nos jours. L'individu ne va pas pouvoir s'apparenter à une marque par
rapport à une autre entraînant un désintérêt
pour celle-ci.
2)
77
D'autre part dans le but d'être un réel leader
culturel, nous allons voir un constat provenant du premier. L'obligation pour
les marques de se différencier de ses concurrents doit se faire par la
diversification de son activité. « L'alcool est
considéré comme le troisième facteur de risque de
morbidité »72, il faut pour cela pouvoir sortir de cette
image destructrice en montant une culture de marque alternative en dehors des
sentiers de l'alcool. Nous pouvons prendre l'exemple de Marlboro, une marque de
cigarette célèbre dans le monde entier, ayant les mêmes
problèmes d'image de marque dévastatrice que les alcooliers, voir
même plus important, par rapport à la santé publique. Cette
marque a décidé de lancer la marque Marlboro Classic, vendant des
vêtements pour homme et femme. La marque a réussit à sortir
de son activité tout en consolidant la culture de marque étant
donné que chaque client portant l'un de ces vêtements et un
ambassadeur du nom « Marlboro ».
3) Cela va mettre en évidence le deuxième
constat évident de cette analyse relatif aux responsabilités de
la marque. Car devant l'image bienveillante des marques de vouloir assoir leur
position dans la société en tant qu'agents culturels et de
leader, il paraît évident que le paradoxe de faire la promotion
d'un type produit et de vouloir en même temps de communiquer sur son
aspect nocif pour la santé est inconcevable. Due entre autre aux
objectifs compléments aux antipodes de ces deux notions confrontant
l'aspect économique et l'aspect social. Il faudra donc dans un futur
proche permettre une définition du taux d'intervention de ces marques
laissant à la fois la place à la marque de prendre en charge ces
responsabilités en tant que réelle acteur culturel et gardant
ainsi une cohésion avec sa volonté de perdurer son image de
marque. Tout en empêchant les marques de pervertir le contenu
préventif et responsable primordial pour les individus de la
société.
72 « L'alcool, toujours un facteur de risque majeur pour
la santé en France », 7 mai 2013, Institut de Veille
Sanitaire
78
4) Et enfin cette prise de responsabilité nous
amène à notre dernier constat devant le développement
d'internet. Mettant en évidence une obsolescence de la loi Evin qui
pourra aussi entraîne une chute d'adhésion des marques d'alcools
devant la discordance des propos et contenu placé sur ce média.
Le consommateur va se sentir perdu est trahis en voyant le manque
d'unité entre le message français et le contenu internationale
facilement accessible. Ce constat va devoir découler vers une
modification de la loi Evin, en plus des dernières réformes
relatives à internet, car il entraîne progressivement la fin de la
contrainte législative française. Il reste donc à savoir
si cela va tendre vers une unification de la loi Evin au niveau internationale
ou vers l'abandon progressif des contraintes nées de cette
dernière devant l'importance du média internet.
79
BIBLIOGRAPHIE
« La loi Evin dix ans après ou le contraste de la
contrainte féconde », Pascal Beucler et Fanny
Favreau
« Approche empirique de l'immersion dans
l'expérience de consommation : les opérations d'appropriation
», Recherche et applications en marketing, Antonella CARU et
Bernard COVA
« Brand culture, développer le potentiel des marques
», Daniel BÔ
« Le marketing peut sauver le monde... Quelle est votre
brand utility ? », Brieuc SAFFRE « Rapport de
Développement Durable, Brassons un avenir meilleur»,
Heineken
« L'alcool, toujours un facteur de risque majeur pour la
santé en France », 7 mai 2013, Institut de Veille Sanitaire
80
WEBOGRAPHIE
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page/absinthe--kitsune--s2/
http://www.developpementdurable.heinekenfrance.fr
http://www.who.int/fr/
81
ANNEXES
Annexe 1 : Extrait de la loi Evin relatif à la
publicité des
boissons
Article L3323-1 Modifié par LOI
n°2009-879 du 21 juillet 2009 - art. 96
Dans tous les débits de boissons, un étalage des
boissons non alcooliques mises en vente dans l'établissement est
obligatoire. L'étalage doit comprendre au moins dix bouteilles ou
récipients et présenter, dans la mesure où le débit
est approvisionné, un échantillon au moins de chaque
catégorie des boissons suivantes : a) Jus de fruits, jus de
légumes ; b) Boissons au jus de fruits gazéifiées ; c)
Sodas ; d) Limonades ; e) Sirops ; f) Eaux ordinaires gazéifiées
artificiellement ou non ; g) Eaux minérales gazeuses ou non. Cet
étalage, séparé de celui des autres boissons, doit
être installé en évidence dans les lieux où sont
servis les consommateurs. Si le débitant propose des boissons
alcooliques à prix réduits pendant une période restreinte,
il doit également proposer à prix réduit les boissons non
alcooliques susmentionnées.
Article L3323-2 Modifié par LOI
n°2009-879 du 21 juillet 2009 - art. 97 La propagande ou la
publicité, directe ou indirecte, en faveur des boissons alcooliques dont
la fabrication et la vente ne sont pas interdites sont autorisées
exclusivement :
1° Dans la presse écrite à l'exclusion des
publications destinées à la jeunesse,
82
définies au premier alinéa de l'article 1er de
la loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées
à la jeunesse ;
2° Par voie de radiodiffusion sonore pour les
catégories de radios et dans les tranches horaires
déterminées par décret en Conseil d'Etat ;
3° Sous forme d'affiches et d'enseignes ; sous forme
d'affichettes et d'objets à l'intérieur des lieux de vente
à caractère spécialisé, dans des conditions
définies par décret en Conseil d'Etat ;
4° Sous forme d'envoi par les producteurs, les
fabricants, les importateurs, les négociants, les concessionnaires ou
les entrepositaires, de messages, de circulaires commerciales, de catalogues et
de brochures, dès lors que ces documents ne comportent que les mentions
prévues à l'article L. 3323-4 et les conditions de vente des
produits qu'ils proposent ;
5° Par inscription sur les véhicules
utilisés pour les opérations normales de livraison des boissons,
dès lors que cette inscription ne comporte que la désignation des
produits ainsi que le nom et l'adresse du fabricant, des agents ou
dépositaires, à l'exclusion de toute autre indication ;
6° En faveur des fêtes et foires traditionnelles
consacrées à des boissons alcooliques locales et à
l'intérieur de celles-ci, dans des conditions définies par
décret ;
7° En faveur des musées, universités,
confréries ou stages d'initiation oenologique à caractère
traditionnel ainsi qu'en faveur de présentations et de
dégustations, dans des conditions définies par décret ;
83
8° Sous forme d'offre, à titre gratuit ou
onéreux, d'objets strictement réservés à la
consommation de boissons contenant de l'alcool, marqués à leurs
noms, par les producteurs et les fabricants de ces boissons, à
l'occasion de la vente directe de leurs produits aux consommateurs et aux
distributeurs ou à l'occasion de la visite touristique des lieux de
fabrication ;
9° Sur les services de communications en ligne à
l'exclusion de ceux qui, par leur caractère, leur présentation ou
leur objet, apparaissent comme principalement destinés à la
jeunesse, ainsi que ceux édités par des associations,
sociétés et fédérations sportives ou des ligues
professionnelles au sens du code du sport, sous réserve que la
propagande ou la publicité ne soit ni intrusive ni interstitielle.
Toute opération de parrainage est interdite lorsqu'elle
a pour objet ou pour effet la propagande ou la publicité, directe ou
indirecte, en faveur des boissons alcooliques.
Article L3323-3
Est considérée comme propagande ou
publicité indirecte la propagande ou publicité en faveur d'un
organisme, d'un service, d'une activité, d'un produit ou d'un article
autre qu'une boisson alcoolique qui, par son graphisme, sa présentation,
l'utilisation d'une dénomination, d'une marque, d'un emblème
publicitaire ou d'un autre signe distinctif, rappelle une boisson alcoolique.
Toutefois, ces dispositions ne sont pas applicables à la propagande ou
à la publicité en faveur d'un produit autre qu'une boisson
alcoolique qui a été mis sur le marché avant le 1er
janvier 1990 par une entreprise juridiquement ou
84
financièrement distincte de toute entreprise qui
fabrique, importe ou commercialise une boisson alcoolique.
Article L3323-4 Modifié par Loi
n°2005-157 du 23 février 2005 - art. 21 JORF 24 février
2005
La publicité autorisée pour les boissons
alcooliques est limitée à l'indication du degré volumique
d'alcool, de l'origine, de la dénomination, de la composition du
produit, du nom et de l'adresse du fabricant, des agents et des
dépositaires ainsi que du mode d'élaboration, des
modalités de vente et du mode de consommation du produit.
Cette publicité peut comporter des
références relatives aux terroirs de production, aux distinctions
obtenues, aux appellations d'origine telles que définies à
l'article L. 115-1 du code de la consommation ou aux indications
géographiques telles que définies dans les conventions et
traités internationaux régulièrement ratifiés. Elle
peut également comporter des références objectives
relatives à la couleur et aux caractéristiques olfactives et
gustatives du produit. Le conditionnement ne peut être reproduit que s'il
est conforme aux dispositions précédentes.
Toute publicité en faveur de boissons alcooliques,
à l'exception des circulaires commerciales destinées aux
personnes agissant à titre professionnel ou faisant l'objet d'envois
nominatifs ainsi que les affichettes, tarifs, menus ou objets à
l'intérieur des lieux de vente à caractère
spécialisé, doit être assortie d'un message de
caractère sanitaire précisant que l'abus d'alcool est dangereux
pour la santé.
85
Article L3323-5
Il est interdit de remettre, distribuer ou envoyer à
des mineurs des prospectus, buvards, protège-cahiers ou objets
quelconques nommant une boisson alcoolique, ou en vantant les mérites ou
portant la marque ou le nom du fabricant d'une telle boisson.
Article L3323-6 Modifié par Loi
n°2003-709 du 1 août 2003 - art. 23 JORF 2 août 2003
Le ou les initiateurs d'une opération de
mécénat peuvent faire connaître leur participation par la
voie exclusive de mentions écrites dans les documents diffusés
à l'occasion de cette opération ou libellées sur des
supports disposés à titre commémoratif à l'occasion
d'opérations d'enrichissement ou de restauration du patrimoine naturel
ou culturel.
86
Annexe 2 : Affiche Gin Gordon's

87
Annexe 3 : Capture écran du site Grimbergen


Annexe 4: Réalisation du Projet
Co-Création :


89
Annexe 5 : Capture écran des animations sur le
site
Jägermeister et des wallpapers:
90
Annexe 6: Le coffret de l'edition limitée de
l'absynthe
supérieur de Pernod.

Annexe 7: Interview Anne-Cécile Ladegaillerie,
fondatrice
de l'agence Mister Nice Guy & Fiction for Business.
Le digital a-t-il révolutionné la
communication des marques ?
Anne-Cécile Ladegaillerie : Bien
sûr. En effet, d'une posture purement descendante où les marques
s'adressaient à leurs consommateurs sans que ces derniers ne puissent
répondre directement, ni même dans certains cas, échapper
à l'exposition aux messages, le digital a inversé la tendance et
permis l'empowerment des consommateurs, qui se sont mis à
répondre aux marques, à donner leur avis sur elles, sans qu'on
les ait sollicités et sans que les marques au début sachent
comment traiter ces points de vue.
Le développement des réseaux sociaux, et
notamment de Facebook et Twitter permet désormais
91
à tout un chacun de donner son point de vue sur une
marque, un service, un produit. Avec un seul commentaire fort, on peut
détruire ou renforcer la réputation d'une marque.
Forcément les marques ne peuvent plus parler de la même
manière. Celles qui ont compris qu'elles validaient leur existence aussi
en fonction du nombre de « like » sur leur page Facebook, ont
établi des relations différentes fondées sur une posture
d'échange.
Tf : D'où l'importance de créer du
contenu de marque ou « brand content » ?
A.-C. L. : Oui d'une certaine façon le
brand content découle de cette nouvelle donne. Pour être «
liké », il faut créer des liens et cela passe par le fait de
raconter une / des histoires. Le terme de brand content est devenu un
mot-valise dans lequel on fait rentrer tout y compris des choses qui sont en
réalité soit de la publicité, soit de la promotion, mais
au-delà de ce débat sémantique et de catégorie,
l'enjeu bien réel pour la marque est de devenir l'éditrice de sa
propre histoire sur une variété de supports.
Tf : Côté consommateurs, les usages
semblent bel et bien ancrés, les réseaux sociaux en pole
position. 60% des internautes ont déjà participé à
un concours via un email de promotion, 30% ont déjà joué
à un jeu sur la page Facebook d'une marque. Est-ce que l'internaute est
plus disponible et réceptif à la communication de marque que le
téléspectateur ou l'auditeur de radio ?
A.-C. L. : La question n'est pas uniquement
celle de la réceptivité mais celle de la
réciprocité possible : le digital permet l'échange, la
réciprocité dans la communication, comme aucun autre media ou
support aujourd'hui. Ce que le brand content digital apporte en plus, c'est
l'interactivité : on peut jouer, passer du temps et installer une
connivence avec la marque, comme dans la chasse au chocolat imaginée par
Magnum et présentée dans l'étude.
Tf : Brand Content : ce terme BtoB, lorsqu'il est
expliqué aux internautes, semble plutôt les séduire : 61%
des sondés jugent utiles que les marques proposent via Internet des
contenus informatifs liés à leur activité, 68% trouvent
cela intéressant par exemple sur le thème de la beauté
(GetTheLook par L'Oréal) et des sports extrêmes (
RedBull.com).
Mais toutes les marques peuvent-elles devenir des médias d'information
comme les autres ?
A.-C. L. : Comme vous le faites très
justement remarquer le terme de brand content est utilisé par
92
les professionnels de la communication. Les internautes ne
sont pas forcément familiers du concept. Il est donc intéressant
de se concentrer sur l'intérêt de cet outil pour le consommateur
final de son point de vue a lui. Et là encore de reposer les objectifs
pour la marque. Les contenus de nature informative sont là pour
délivrer des conseils et permettre aux consommateurs de se
repérer dans les offres de marque, voire de bénéficier de
promotions. On est dans ce cas dans un registre que les consommateurs jugent
utile majoritairement. Je les différencierais des contenus dont
l'objectif est de créer du lien avec les audiences tout en nourrissant
la plateforme de marque, ce que Red Bull, cité dans votre étude a
très bien su faire par exemple. Dans ce second cas les consommateurs
deviennent des audiences et il faut les interroger non pas sur l'utilité
perçue pour eux mais pour le plaisir de spectateur qu'ils ont à
les consommer. Sur la question spécifique de savoir si une marque peut
devenir un media, il me semble qu'on assiste depuis quelques temps
déjà à une double mouvement : les marques cherchent
à devenir des medias là où les medias cherchent eux
à se construire comme des marques fortes. Après, à chacun
son métier.
De mon point de vue, plus que des media, les marques peuvent
surtout devenir éditrices de leur propre histoire. Et construire leur
légende, en ligne comme dans le monde réel, à la rencontre
de leurs consommateurs. J'ajouterais aussi que le fait de créer une
audience forte sur un sujet ne suffit pas à transformer
l'émetteur miraculeusement en media : pour prendre un exemple, je dirais
que la marque Tippex qui a réussi à développer un best
case avec sa saga en ligne de l'ours vue et partagée par des
millions d'internautes dans le monde entier, n'est pas pour autant devenue un
media.
Tf : Quelle est la recette d'un brand content
réussi selon vous ?
A.-C. L. : Un brand content réussi est
déjà celui qui est en ligne avec la plateforme de communication
de la marque, et non pas la base d'une stratégie de communication
bis. Il faut une idée forte qui fasse écho à un
insight consommateur. Enfin je pense que l'enjeu en conception est d'arriver
à développer des écritures réellement transmedia
pour maximiser l'expérience des consommateurs-spectateurs.
Annexe 8 : Capture d'écran du site de
Kronenbourg
94
Annexe 9 : Capture écran du Rapport sur le
développement
durable d'Heineken

95
RESUME / EXECUTIVE SUMMARY
La loi Evin fut un événement lors de son
approbation en France. Cette loi va bouleverser le secteur des boissons
alcoolisées et leur communication auprès de leurs clients. Comme
toute marque de notre époque ils ont pour objectif de créer une
culture de marque propre, la partager et la faire durer dans le temps. Nous
allons mettre en évidence que c'est obstacle c'est
révélé être « un mal pour un bien » pour
le secteur, qui avec les opportunités laissé par la loi va
valoriser certains outils de sa communication. Avec entre autre le marketing de
provenance, le storytelling, l'art, le marketing expérientielÉ
Cependant nous allons nous rendre compte que la
création de cette univers de marque n'est pas le point le plus
important, devant la multitude des outils à disposition des marques.
C'est le fait de rendre vivant et évolutif cet univers qui va être
compliqué par la contrainte législative. De plus dans notre
société d'aujourd'hui il est impossible pour les marques
d'entretenir seulement une relation basée sur l'acte d'achat. Les
marques se voulant être des acteurs culturels de la société
pour pouvoir perdurer éternellement dans cette dernière.
Certaines questions vont se poser, comment responsabiliser les marques en tant
qu'agent culturel ? Faut-il réellement attendre d'elles une implication
totale dans la défense de la santé publique ? Autant de question
auquel nous allons tenter de répondre.
The loi Evin had a huge impact on our society. This law will
change the alcohol industry and their communication with their customers. The
brand wanted and still want to create their own brand culture and to share it
during a long time. We will demonstrate that it's turned out for the best for
the sector, with opportunities offer by tools of communication like marketing
of origin, the storytelling, art, experiential marketing ...
However we realize that the creation of the brand culture is
not the most important point. It is the act of making a living may be
complicated by the french law. In our society it's impossible for brands to
maintain a relationship based only on the act of purchase. The brands wanting
to be a cultural actors in that society. Some questions will arise, how
empowering brands as cultural agent ? Should we really expect them to be fully
involved in the defense of public health? Many questions we will try to
answer.
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