Dedollarisation : enjeux, regard et perspectives( Télécharger le fichier original )par Espoir KAHENGA KALEMBO BUTALELE Université de Lubumbashi - Licence 2014 |
L'évaluation de ces quinze dernières années avant l'annonce de la dédollarisation par le gouvernement en 2012 conduit à un constat d'échec car le franc d'aujourd'hui ne vaut plus rien par rapport à celui que le pays avait introduit en Juin 1998. Pour bien appréhender cet échec, l'équivalent en francs congolais de cent mille dollars de 1998 ne représentait en janvier 2012 qu'à peine cinquante-trois cents d'un dollar américain. Une telle dépréciation monétaire a substantiellement aggravé la paupérisation de la population pendant la même période du fait de la stagnation des salaires en valeur nominale de la monnaie nationale. Tous les efforts gouvernementaux d'amélioration des conditions sociales des Congolais sont donc voués à l'échec tant que la monnaie nationale se déprécie dans de telles proportions (plus de 100 000 pour cent sur quinze ans), tandis que les salaires libellés en monnaie nationale n'augmentent que très peu (environ 5 pour cent par an).
SOURCE : Données Statistiques Condensées de la BCC, Avril 2014.III.3.2. UNE MONNAIE DEVENUE SANS VALEURNous affranchissant de la pratique d'exprimer le taux de change en termes de quantité de francs congolais nécessaires à l'achat ou à la vente d'un dollar américain, nous préfèrons ici formuler le taux de change en termes de quantité de dollars nécessaires à l'acquisition ou à la cession d'un franc congolais. C'est en suivant cette logique que l'interprétation du Tableau 2 ci-dessous révèle des vérités troublantes : « la monnaie congolaise, introduite en juin 1998, avait déjà perdu toute sa valeur trois ans plus tard, passant de 1,3 FC en juin 1998 à 940 FC pour 1 dollar en avril 2013. Depuis une dizaine d'années, elle ne s'est plus jamais relevée, expliquant ainsi le développement rapide de la dollarisation qui a atteint actuellement 90 à 95 pour cent de l'économie ».69(*) Tableau 2 : Taux de change Franc congolais /U.S. dollar entre 1998 et 2013
Source : The Economist Intelligence Unit Limited 2013. Dans de telles conditions, multiplier les efforts pour stabiliser une monnaie dont la valeur intrinsèque est nulle est tout à fait illusoire et ne favorise pas nécessairement l'amélioration du pouvoir d'achat de la population. Il confirme que la stabilité du cadre macro-économique ne signifie pas forcément l'amélioration des conditions de vie de la population. C'est surprenant que la Banque centrale cherche à assurer la continuité des politiques et de la gestion de ces quinze dernières années au vu d'une telle performance de la monnaie, commodité première dont elle s'occupe dans le cadre de ses missions constitutionnelles. A quoi sert la continuité dans la médiocrité ? La logique aurait voulu qu'on rompe avec le passé pour embarquer la banque centrale sur la voie d'une vision et d'une gestion différentes du passé. * 69 http://www.financialafrik.com/2013/07/06/pour-une-monnaie-nationale-credible-au-congo-dossier/ Consulté le 19 Août 2014 à 16 H 37'. |
|