UNIVERSITÉ GASTON BERGER DE SAINT- LOUIS
UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE
DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES
SECTION DROIT DE L'ENTREPRISE
MÉMOIRE DE MASTER II PRO
SUJET : LA GESTION DES RISQUES
BANCAIRES DANS LA ZONE UEMOA
Présentée par Sous la direction
de
Amadou L. Sall M. Mouhamadou Boye
Maitre-assistant
Année académique 2011 /
2012
2
DEDICACE
Je dédie ce mémoire de master deux à
principalement deux personnes que j'aime le plus au monde à savoir ma
mère et mon père.
Ma mère m'a était d'un très grand soutien
tout au long de ma vie. Elle a était toujours présente pour moi
dans les moments de bonheur comme dans les moments de souffrance et de
tristesse. En plus d'être une bonne mère elle a était une
bonne institutrice après les cours, je la remercie de m'avoir
donné une éducation de qualité. Je t'aime beaucoup maman
et je ne cesserais de te dire merci. « Yalla na nga fi yague té
wére » amine.
Quelqu'un que j'admire beaucoup et que je ne cesserais jamais
de remercier, mon père qui était l'homme le plus gentil, le plus
attentionné, le plus généreux que je connais. Il n'a
ménagé aucun effort pour que mes frères et moi ne
manquions de rien. Il était non seulement un bon père de famille
mais aussi un très grand homme qui a su me donner le meilleur
enseignement qu'un fils puisse obtenir de son père. Dieu nous l'a pris
trop tôt. Tu me manques Papa. Puisse Dieu t'accueillir dans son paradis
amine.
II
REMERCIEMENTS
Je ne peux m'empêcher de débuter les
remerciements par ma famille dont ma mère et mes frères Mamadou,
Jean et Babakar qui ont toujours été présents pour moi. Un
grand coucou aussi à Aida et Diéynaba à qui je souhaite
les bienvenus dans notre famille. Merci aussi à la famille Beye depuis
St Louis, la famille Fall depuis Guédiawaye et la famille Sall à
Dagana plus particulièrement mon oncle Abdoulaye Sall.
Je voudrais dire aussi un grand merci à une personne
qui me tient beaucoup à coeur, qui je considère comme la femme
que j'aime et qui n'a ménagé aucun effort pour la réussite
de mon travail, merci Fama Ndiaye.
Je ne pourrais jamais oublier ma deuxième famille, les
habitants du bloc b du Village K. Plus particulièrement If, Am, Fab,
Laye Terry, Ibou, Paco, Papa, Vito, Balla, Pierre, Bocar, Babs Le Beau,
Chatifa, Guissé, Papa Mamadou Cissé, Badou, Ramses, Marie, Baye
Mousse, mon voiz Pa Ali, Pape Tine, Ali Ba, Cheikhou, Gosso Gosso, Djibahir,
Nassir, Sherkane, Zo Chrameur, Mo, Zin, Nans, Masse, cheikh, Abo, Ouz et Rone.
Je ne pourrais aussi oublier de citer kizito Salifa Sané, Mor, Thier,
El. Ka, Abdou Ka, Ansou, Billy, Yama, Sokhou, Rokhaya, Amy Ndiaye, Fatima
Ba.
Merci aussi à tous mes amis d'enfance dont Aliou Fall,
khalifa, les deux Pape Fall Pape Sow Iba Séne, Issa Badiane, Adama Ba
etc.
Je fais une mention très spéciale à Pi
Diagne qui a toujours été présent pour moi. Je remercie
aussi Sano, Pape Moussa, Jules Samb, grand Bamba, Cherif, wa maf bi et tous mes
amis du Village L.
Je remercie aussi tous mes camarades de promo plus
particulièrement Coumba Coca ; Gnouma, Safy, Codou, Adji Kiné,
Yacine Faye, P.O.S, Soumaré, Albert, Fallou, Cheikh Dieye, Ndoye,
Bakhoum, Kha, Basse, Anne Gaye, Moha Seck, Guy, Dali, Cheikh Sadibou, Amya Ba,
et mon collègue etc.
Je dis un grand merci à tous mes professeurs, mention
spéciale à mon encadreur Mr Boye.
III
Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont
participé de près ou de loin à la réussite de ce
mémoire. Merci à tous
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
1
SOMMAIRE
SOMMAIRE 1
PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATONS 2
INTRODUCTION GENERALE: 4
CHAPITRE I: LA GESTION DU RISQUE DE CONTREPARTIE 9
Section I : L'évaluation et la couverture du risque de
contrepartie 9
Paragraphe I : L'évaluation du risque de contrepartie
10
Paragraphe II: La couverture du risque de contrepartie 15
Section II : Les garanties contre les risques de contreparties
20
Paragraphe I : Les suretés réelles et garanties
assimilables 21
Paragraphe II : Les suretés personnelles et suretés
dites économiques 25
CHAPITRE II : LA GESTION DES RISQUES DE MARCHE 31
Section I : La gestion du risque de taux d'intérêt
32
Paragraphe I : L'évaluation du risque de taux
d'intérêt 32
Paragraphe II : La couverture du risque de taux
d'intérêt 37
Section II : La gestion des risques de change et de position sur
action 46
Paragraphe I : La gestion du risque de change 46
Paragraphe II : La gestion du risque de position sur action 52
CONCLUSION GENERALE : 59
BIBLIOGRAPHIE 61
TABLE DES MATIERES 63
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
2
PRINCIPAUX SIGLES ET
ABREVIATONS
· Al : Alinéa
· Art : Article
· AUS : Acte uniforme sur les suretés
· BCEAO : Banque centrale des Etats de l'Afrique de
l'ouest
· Cass : Cour de cassation
· Cass com : Cour de cassation, chambre commerciale
· Cfa : Communautés françaises
d'Afrique
· Ch : Chambre
· Def : Définition
· FMI : Fond monétaire international
· IRB : Internal rating based
· JO : Journal officiel
· NI : Notation interne
· Obs : Observation
· OCDE : Organisation de coopération et
développement économique
· OHADA : Organisation pour l'harmonisation du droit des
affaires en
Afrique
· PIB : produit intérieur brute
· S : Suivant (s) ou suivante (s)
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
3
? UEMOA : Union économique et monétaire des Etats
de l'Afrique de l'ouest
? VAR : Value at risk
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA
Amadou Lampsar Sall
4
INTRODUCTION GENERALE:
Le système bancaire mondial est en pleine mutation
conséquence d'un développement fulgurant du nombre des banques et
établissements financiers. Ce nombre pléthorique
d'établissements de crédit est la cause d'une concurrence
acharnée entre les différents acteurs du secteur bancaire. Cette
lutte a favorisé des prises de risques énormes des institutions
bancaires afin de séduire la clientèle. Ces risques non
calculés peuvent avoir des conséquences néfastes sur le
secteur bancaire. On peut citer la crise de 2008 qui a entrainé la
faillite de plusieurs banques dont Léhman Brothers.
Dans un souci d'efficacité et de stabilité dans
le secteur en question, il importe de trouver un juste milieu en
évitant, diminuant ou anticipant sur les risques bancaires tout en
restant attrayant auprès de la clientèle. D'où l'objet de
la gestion des risques bancaires qui fera l'objet de notre mémoire.
La gestion doit s'attendre comme « l'action ou la
manière de gérer, d'administrer, de diriger, d'organiser quelque
chose1 ».
Le risque désigne «un danger bien
identifié, associé à l'occurrence à un
événement ou une série d'événements,
parfaitement descriptibles dont on ne sait pas s'ils vont se produire mais dont
on sait qu'ils sont susceptibles de se produire dans une situation exposante
2». Il faut comprendre par ici que le risque est une
exposition à un danger potentiel inhérent à une situation
ou une activité. Dans le cas d'espèce il s'agit de
l'activité bancaire.
Le risque bancaire doit être distingué du risque
système qui constitue des perturbations affectant gravement le
fonctionnement du système c'est-à-dire ses acteurs (banques et
établissements financiers), ses mécanismes de fonctionnement
(système de compensation, de règlement...) et ses
mécanismes réglementaires. Le risque système peut
cependant avoir une
1 Définition tirée du petit Larousse de
2009
2 Par/ Med Slim Ben Mahfoudh Malef Bilel/ IHEC
SFAX-HEC option finance 2007. Dans la catégorie : économie et
finance. H.TTP://www. Mémoire online.com/ sommaires/
économie-finance html.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
5
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
6
influence notable sur le système bancaire en ce qu'il
peut engendrer des faillites en chaine au sein du secteur.
Dans les risques bancaires nous pouvons relever les risques
financiers3 et ceux non financiers4. Seuls les premiers
seront pris en compte dans le cadre de notre travail en ce sens qu'ils
méritent une attention particulière du fait qu'ils sont les
causes principales des crises naissant dans le secteur bancaire.
Les risques financiers peuvent être regroupés en
quatre groupes d'inégale importance dont le risque de contrepartie ou
communément appelé le risque de crédit, le risque de
liquidité, le risque de solvabilité et les risques de
marché. Ces notions ont besoin d'être défini pour mieux
appréhender le sujet.
Le risque de crédit ou de contrepartie est le risque de
perte auquel la banque est exposée en cas de détérioration
ou de défaillance de la contrepartie. Dans cette situation soit le
débiteur ne paie pas soit il ne paie pas en intégralité
à l'échéance convenue. Ce risque sera étudié
avec plus de détails tout au long du mémoire.
Le risque de liquidé constitue un décalage entre
les sommes prêtées et les sommes disponibles qui ont
été constitués sous formes de dépôt lorsque
ces derniers sont insuffisants. Dans la situation donnée le terme des
emplois est toujours plus long que celui des ressources. Ce risque est souvent
dû au fait que des rumeurs circulent comme quoi que la banque n'est plus
solvable, dans ce cas les clients se ruent vers les guichets pour retirer les
fonds déposés par eux. La banque ne pourra pas ainsi faire face
à cette demande massive. Ce problème est cependant
réglé très rapidement par l'intervention du fond
monétaire international qu'on considère comme le préteur
en dernier ressort. Les risques de contrepartie et de liquidité sont des
risques inhérents à l'activité d'intermédiation
traditionnelle.
Le risque de solvabilité concerne la survie de la firme
bancaire et est la conséquence de manifestation d'un ou de plusieurs
risques qu'une banque n'a pas pu prévenir à temps. Ce type de
risque touchait souvent les établissements de crédit qui sont
dans la zone UEMOA du fait de leurs petites tailles et de la dotation de leurs
fonds propres qui était de moindre importance. C'est sans compter sur le
fait que des réglementations5 sont intervenues pour
3 Les risques de marché, de contrepartie, de
liquidité et de solvabilité.
4 Les risques de marges, risques réglementaires
et légaux et les risques opérationnels.
5 D'abord par la loi bancaire de 1990 mais aussi
après par la loi bancaire de 2008 portant réglementation bancaire
dans l'espace UEMOA.
mettre fin à cette situation en posant que les fonds
propres doivent faire l'objet d'augmentation dans la mesure où le risque
d'insolvabilité est important. Comme pour la gestion du risque de
liquidité, la gestion du risque d'insolvabilité revient à
calculer le ratio de Cooke6 qui a été institué
en 1998 par le comité de Bale, ou le ratio Mc Donough.
Les risques de marché sont les risques issus d'une
évaluation défavorable du prix d'un actif négocié
sur un marché. Ces risques sont au nombre de trois dont le risque de
taux7, le risque de change8 et le risque de position sur
action9.
Tout au long de ce mémoire nous nous contenterons
d'étudier les deux types de risques qui sont les plus récurrents
et qui méritent beaucoup plus d'attention, à savoir le risque de
contrepartie et les risques de marché dans leur
intégralité.
Dans la mesure où le Sénégal a
ratifié la convention de Bale II sur les risques bancaires, la
réglementation de l'UEMOA sera pris en compte de façon accessoire
à contrario des nouvelles dispositions de Bale II et dans une moindre
mesure la convention Bale I.
Les risques bancaires ont engendrés des crises sans
précédent au sein des banques et établissements
financiers. Ces crises ont naturellement eut un impact très
négatif sur l'économie mondiale. La crise la plus récente
qu'il y a lieu de relever est sans aucun doute la crise de 2008.
Cette crise a entrainé la disparition de grandes
banques dont Lehman Brothers, une banque d'investissement américaine.
Certaines ont été bradés comme la banque d'affaire
américaine Bear Stearn, d'autres mises sous tutelle, à savoir les
établissements américains de refinancement hypothécaire
Fannie Mae et Freddie Mac, d'autres encore furent l'objet de recapitalisation
par l'Etat dont le groupe financier franco-belge Dexia, le groupe
belgo-néerlandais de banque d'assurance Fortis, la banque allemande
spécialisée dans le crédit immobilier Hypo Real Estate,
enfin d'autres nationalisées à savoir les banques anglaises
Bradford et Bingley et Nortthern Rock en grande Bretagne10. Il
importe de savoir qu'en Royaume Uni un tel modèle de sauvetage
était imaginable il y a peu. Pendant cette période les prises de
risque étaient énormes de la part des banques et
6 Il sera étudié avec plus de
détails dans la partie consacrée à la gestion du risque de
crédit.
7 C'est issu de l'évolution à la hausse
ou à la baisse des taux d'intérêts attachés à
une créance ou une dette.
8 Il résulte d'une évaluation
défavorable du cours d'une devise dans laquelle la banque détient
une créance ou une dette.
9 Il est lié à l'évolution
défavorable du cours des actions figurant dans le portefeuille-titre
d'une banque.
10 Encyclopédia universalis 2010
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
7
établissement financiers. Ceci était dû au
fait de l'abondance de liquidité notée à partir des
années 2000 par les confortables excédents commerciaux des pays
émergents comme la Chine ou l'Inde. Sans oublié la forte
croissance de l'économie américaine et celles de grands pays
émergents devenus des locomotives de la croissance mondiale.
L'économie mondiale était stable, mais cette stabilité
cachait une grave crise. C'est dans ce sens qu'un célèbre
auteur11 parlait du « paradoxe de la tranquillité
».
Dans ce contexte les primes de risques exigées par les
investisseurs étaient en dessous de la norme. Il eut aussi le
défaut de payement d'une grande partie des Subprimes 12 dont
200 milliards de dollars de crédit, à noter aussi les 20
milliards de dollars capitalisation boursière américaine, ou aux
60 milliards de dollars d'actifs détenus par les ménages
américaines. La crise s'est propagée à cause du fait que
depuis les années 90 les banques ont changés leur façon de
gérer le risque, en effet elles gèrent les risques en les
transférant sur d'autres acteurs grâce aux opérations de
titrisation. Dans ce sens la crise s'est rapidement étendue à
presque toutes les grandes banques et établissement
financiers13.
La gestion des risques bancaires revêt une grande
importance au vu de ce qui a été dit plus haut. Une bonne gestion
peut permettre d'anticiper la défaillance de certains débiteurs
ou l'état défavorable du marché par rapport aux
créances et dettes détenues par les établissements de
crédit.
Il importe de se demander cependant comment gère-t-on
les risques bancaires dans l'espace UEMOA ?
Les risques bancaires doivent être
appréhendés différemment selon qu'il s'agit de risques de
contrepartie ou de marché. Le risque de contrepartie doit faire l'objet
d'une évaluation et le calcul de ratio pour la couverture du risque en
question et des garanties doivent être prises en cas de
défaillance du débiteur. Les risques de marché doivent
aussi faire l'objet d'une évaluation et ensuite suivie d'une couverture
de risques.
En ce qui concerne le risque de contrepartie son
évaluation sera différente selon qu'il s'agisse d'un simple
particulier ou d'une entreprise. En ce qui concerne la couverture du risque il
importe de se référer à deux approches à savoir
l'approche classique à savoir bale I et
11 Hyman Minsky théoricien de
l'instabilité financière inspiré par les travaux d'Irving
Fisher.
12 Ce sont des prêts hypothécaires
à haut risque que des banques et société financière
américaines ont accordé à des ménages pauvres,
souvent exclus du crédit bancaire.
13 Encyclopédia universalis 2010
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
8
l'approche découlant des nouvelles dispositions de Bale
II. Les garanties quant à elles font l'objet d'une subdivision entre les
suretés réelles et garanties assimilées et entre les
suretés personnelles et suretés dites économiques.
S'agissant des risques de marché, une section
entière sera consacrée au risque de taux qui est sans aucun doute
le type de risque de marché où les pertes sont plus notables. Ce
risque devra faire l'objet d'une évaluation et d'une couverture. Dans la
dernière section, le risque de change et le risque de position sur
action seront évaluées et gérées convenablement
afin d'éviter toute surprise qui pourrait mettre en péril les
intérêts de la banque ou de l'établissement financier.
A la lumière de ce qui précède nous nous
proposons d'étudier en premier lieu la gestion du risque de contrepartie
(chapitre I) et en second lieu la gestion des risques de marché
(chapitre II).
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA
Amadou Lampsar Sall
9
CHAPITRE I: LA GESTION DU
RISQUE DE CONTREPARTIE
Le risque de contrepartie est inhérent à
l'activité d'intermédiation bancaire. Il peut cependant
être encadré de telle sorte que l'établissement de
crédit anticipera ou évitera le défaut de contrepartie.
Il ressort de cet encadrement une certaine évaluation
et une couverture du risque. L'évaluation sera traitée
différemment selon que la banque est en face d'un particulier ou d'une
entreprise. La couverture de risque quant à elle fera l'objet d'un
calcul de ratio qui a été réglementé par les deux
conventions de Bale à savoir Bale I et Bale II. Ces deux conventions ont
instauré chacune singulièrement un type de calcul du ratio bien
spécifique. Ces deux méthodes de calcul seront traitées
différemment.
L'encadrement du risque de contrepartie exigera aussi des
banques et établissements financiers la prise de garanties pour se
prémunir de toute surprise entrainant la défaillance du
débiteur à l'arrivée du terme de la dette. Le droit de la
sureté va ainsi être un moyen de sécuriser les
crédits octroyés par les établissements teneurs de compte.
Les suretés feront l'objet d'une division, il sera question d'une part
des suretés réelles et garanties assimilables, d'autre part les
suretés personnelles et suretés dites économiques.
Dans ce sens une section(I) sera consacrée à
l'évaluation et à la couverture du risque de contrepartie, et
dans une autre section(II) il sera question des garanties contre le risque de
contrepartie.
Section I : L'évaluation et la couverture du
risque de contrepartie
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
10
Les banques et établissements financiers sont la
plupart du temps confrontés à des défauts de paiement. Ces
défauts de contrepartie doivent pouvoir être évités
avec une bonne évaluation du risque de contrepartie. Cette
évaluation à elle seule ne suffit pas à anéantir le
danger d'absence de contrepartie. Il est nécessaire d'y ajouter la
couverture de ce risque au cas où le débiteur ne paierait pas en
intégralité ou ne paierait pas correctement.
En clair une sous partie sera consacrée à
l'évaluation du risque de contrepartie (paragraphe I), et une autre sous
partie à la couverture du risque de contrepartie (paragraphe II).
Paragraphe I : L'évaluation du risque de
contrepartie
L'évaluation du risque de défaut de paiement
doit être distinguée selon qu'il est question d'un simple
particulier ou d'une entreprise. Ainsi nous allons traiter d'une part
l'évaluation du risque de contrepartie aux particuliers (A), d'autre
part l'évaluation du risque de contrepartie aux entreprises (B).
A- L'évaluation du risque de contrepartie aux
particuliers
L'évaluation du risque de contrepartie aux particuliers
met en présence l'existence de deux types d'approches à savoir
l'approche traditionnelle (1) et l'approche statistique (2) plus connu sous
l'appellation crédit scoring.
1- L'approche traditionnelle d'évaluation
Ce qui est pris en compte pour ce type d'analyse, c'est la
volonté et la capacité de l'emprunteur à rembourser son
prêt. Le préteur peut se baser aussi sur des motivations
personnelles pour ne pas accorder de prêt à un particulier. Dans
tous les cas les méthodes d'analyse du risque de crédit peuvent
être différentes selon qu'on est en face d'un crédit
à la consommation à court terme ou d'un crédit
immobilier.
Le crédit à la consommation à court terme
est dans la plupart des cas demandé afin de financer l'achat d'un bien
équipement déterminé ou même pour financer un besoin
que l'emprunteur n'a pas spécifié. Pour évaluer ce risque,
un certain nombre d'étapes doivent être respectées :
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
11
Il importe de prime abord de collecter les informations
nécessaires sur la crédibilité et la solvabilité de
l'emprunteur. Ensuite le crédit à octroyer doit
représenter un montant raisonnable, deux ou trois mois du revenu
général de l'emprunteur. Il est inconcevable de prêter une
somme que l'emprunteur ne pourra payer. Les revenus de l'emprunteur doivent
avoir un caractère récurent et il ne doit être ni
surendetté ni sujet aux incidents de paiements.
Le crédit à la consommation à long terme
requière le même type d'analyse que le crédit immobilier.
C'est presque la même démarche que le crédit à la
consommation à court terme, mais seulement il est adapté au cas
de crédit à long terme. En effet dans la situation
présente le montant du crédit est octroyé en fonction de
la valeur du bien immobilier financé. L'emprunteur doit avoir la
capacité de rembourser, ainsi il n'est pas souhaitable que les charges
de remboursement intérêt et amortissement de l'emprunt
dépasse 25 à 30% de ses revenus.
L'analyse traditionnelle est un peu subjective, mais c'est
sans compter sur l'existence d'un autre type d'analyse qui parait plus
efficace, c'est l'analyse statistique ou communément appelé
crédit scoring.
2- L'analyse statistique (crédit scoring).
Le scoring peut être définit comme «
l'utilisation des connaissances des résultats de remboursement et des
caractéristiques des prêts remboursés dans le passé
pour pronostiquer sur les résultats des futurs prêts
»14. Par exemple lorsqu'un micro préteur
décide de ne pas renouveler les prêts des clients qui ont des
arriérés supérieures à trente jours au cours des
prêts antérieurs. L'évaluation statistique désigne
« l'utilisation de connaissances quantitatives des résultats de
remboursements et des caractéristiques des prêts remboursés
dans le passé et enregistrés dans une base de données
électronique afin de pronostiquer les résultats de remboursement
des futurs prêts»15. L'évaluation statistique
suppose donc que le préteur a à sa disposition toutes les
informations nécessaires sur l'emprunteur. Toutes ces informations
doivent être retrouvées dans la base de données de la
banque ou de l'établissement financier. Ce qui va permettre à
l'établissement de crédit de créer une fiche
d'évaluation statistique de l'emprunteur. Il peut exister un
système de cotation à quatre niveaux :
14 Définition tirée de l'oeuvre les
vertus et faiblesse de l'évaluation statistique (crédit scoring)
en micro finance :
Mark Scheiner 24 septembre 2003.
15 Idem
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
12
Dans le premier niveau nous avons l'appellation «pas
risqué», ce qui signifie que ce type d'emprunteur est
accepté facilement et rapidement. Dans le deuxième niveau nous
retrouvons les emprunteurs de type « normal » qui sont
acceptés comme si le prêteur n'avait pas utilisé aucune
fiche d'évaluation statistique. En troisième lieu nous trouverons
l'emprunteur de type « risqué », dans ce cas il
convient de réajuster le montant à emprunter, le terme
prévu ou le nantissement requis comme garantie. Au dernier niveau, nous
retrouvons les emprunteurs de type « très risqué
» qui seront rejetés sans discussion ni réflexion.
L'analyse statistique comporte beaucoup d'avantages si on la
compare à l'analyste subjective ou traditionnelle.
D'abord elle quantifie le risque comme probabilité, par
exemple 4,5% de chance de présenter à un moment donné 30
jours ou plus d'arriérés. Ainsi à contrario de l'analyse
subjective qui n'est qu'un sentiment, l'analyse statistique est une
probabilité qui permet ainsi de chiffrer le risque. Ensuite l'analyse
statistique est cohérente, ce qui fait que deux personnes ayant les
mêmes caractéristiques auront les mêmes risques
estimés. Ce qui n'est pas le cas dans l'analyse subjective. Aussi le
procédé exact utilisé pour pronostiquer les risques avec
l'évaluation statistique est connu et peut être communiqué
à contrario de l'approche traditionnelle qui est un peu floue même
pour le prêteur. L'évaluation statistique tient compte d'un grand
nombre de facteurs qui ont une influence notoire sur la possibilité de
prêter ou de ne pas prêter. L'analyse subjective ne peut pas tenir
en compte plus de trente éléments. L'évaluation
statistique révèle les liens qui existent entre le risque et les
caractéristiques de l'emprunteur du prêt et du prêteur. Par
exemple il est avéré que les prêts des femmes sont moins en
retard que les prêts des hommes. Le crédit scoring réduit
le temps passé par l'agent de crédit au recouvrement. Ainsi quand
le prêteur est en face d'emprunteur de type risqué il peut
anticiper sur l'échéance de la dette par des visites chez
l'emprunteur afin de lui mettre la pression pour qu'il paie à
l'arrivé du terme. Ces visites ne seront pas nombreuses ou même
peuvent ne pas exister s'il s'agit d'un emprunteur de type non
risqué.
L'évaluation statistique connait quelques faiblesses
qui peuvent être négligées si on la compare à
l'analyse subjective.
Les contreparties des particuliers entrainent moins de
faillite que celles des entreprises du fait que les sommes prêtées
sont colossales. Il importe donc d'étudier l'évaluation du risque
de contrepartie aux entreprises.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA
Amadou Lampsar Sall
13
B- L'évaluation du risque de contrepartie aux
entreprises
La banque et l'établissement financier avant d'octroyer
des fonds sous forme de prêts aux entreprises, doivent savoir si cette
dernière est bien solvable. Afin de savoir si l'entreprise est solvable
ou pas, des éléments internes et externes de l'entreprise doivent
être prises en compte. Il sera question donc de l'étude des
données endogènes de l'entreprise (1) et l'étude des
données exogènes de l'entreprise (2).
1- L'étude des données endogènes de
l'entreprise
Dans le cadre de l'étude des données
endogènes, le premier élément qui doit entrer en ligne de
compte c'est le critère financier. Quelques calculs d'une grande
simplicité donneront une idée assez précise de la
capacité ou non d'une entreprise à rembourser sa dette à
l'échéance précisée par la société
emprunteuse. Ces calculs vont concerner entre autre différents
éléments dont :
Le chiffre d'affaire annuel qui désigne le total des
ventes de biens et services d'une entreprise sur un exercice comptable. C'est
un outil de comparaison très pratique entre entreprise d'un même
secteur.
Le niveau d'endettement actuel, cela concerne les dettes
à court et long terme que l'entreprise à contracter.
Le flux de trésorerie (cash-flow)16
généré, Nous pouvons le calculer en totalisant le solde de
la caisse, des comptes banques et chèques postaux.
La disponibilité ou encore trésorerie permet aux
banques ou établissements financiers de vérifier la
solvabilité de l'entreprise dans les semaines ou mois à venir. La
trésorerie doit se comprendre donc comme l'argent disponible en caisse
ou en banque. Les types de prêts qu'il importe d'étudier dans
cette situation ce sont ceux à court terme où il sera question de
savoir est-ce-que l'entreprise a encaissé suffisamment de recettes pour
rembourser les crédits. Le résultat financier : il exprime le
résultat réalisé par une entreprise en raison de sa
situation financière et des choix qu'elle a effectué en
matière de financement. Il ne prend en compte que les produits et
charges financiers.
Enfin le résultat d'exploitation qui est le
résultat réalisé par une entreprise à travers
l'exploitation habituelle de ses seuls facteurs de production. Il ne prend en
compte ni les produits et charges exceptionnels ni la participation des
salariés aux résultats de l'entreprise, ni les impôts sur
les bénéfices. Ces différents éléments
à caractère financier permettent de
16 C'est la différence des
encaissements (recettes) et des décaissements (dépenses)
engendrés par l'activité d'une organisation (définition
tiré de Wikipédia).
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
14
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
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15
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
16
mieux appréhender la situation financière de
l'entreprise, cependant il convient d'ajouter un autre élément
qui n'a pas un caractère financier, c'est la moralité des
dirigeants de l'entreprise qui doit être exemplaire et non entaché
d'un quelconque défaut. Dans ce sens il est de coutume de dire que
l'entreprise doit avoir une bonne image qui doit se refléter sur ses
dirigeants qui doivent avoir une certaine crédibilité.
Les données exogènes doivent aussi être
prise en compte afin de mesurer le risque d'un défaut de contrepartie du
à l'insolvabilité de l'entreprise.
2- L'étude des données exogènes de
l'entreprise
En ce qui concerne les données exogènes de
l'entreprise il y a lieu de prendre en compte certains éléments
dont l'implantation géographique, les considérations sur les
perspectives sectorielles et la situation macroéconomique de
l'entreprise.
La prise en compte de l'environnement de l'entreprise est
d'une importance capitale vu que cette dernière ne vit pas en autarcie.
Elle interagit avec un ensemble d'acteurs extérieurs (autres
entreprises, banques, assurances, Etats, la situation politique (stable ou
non), de la fiscalité de la localité en question, de la
réglementation). La qualité de son implantation et les
perspectives d'évolution dans le pays d'origine sont des données
essentielles avant de faire un prêt surtout à long terme. Pour
apprécier la qualité du contexte géographique d'une
entreprise, l'aide d'une agence de notation financière s'avère
d'une grande importance. Parmi les plus grandes agences de notation nous
pouvons citer Standard et Poor's17. Les assurances et les grandes
banques publient aussi des ratings où chaque pays se voit attribuer une
note en chiffre ou en lettre d'après une synthèse de
données jugées pertinentes. C'est dans ce sens qu'en 2011 sur
fond de tension entre les républicains et les démocrates, les
Etats Unis étaient dans l'impossibilité de sortir d'un blocage
financier, ce qui leurs a valu d'avoir une notation à la baisse car ce
pays possédait des dettes d'environ 98% de leur PIB ce qui en avait fait
l'un des pays les plus endettés au monde.
La banque ou l'établissement financier doit aussi
prendre en compte les considérations sur les perspectives sectorielles
pour prêter des fonds à une entreprise. En effet cette
dernière doit avoir une bonne santé économique, elle doit
être dans un secteur en pleine expansion. Les entreprises étant
dans un secteur d'activité en crise ne sont pas toujours enclines
à se faire prêter des sommes par les établissements de
crédit. Dans le cadre d'un crédit d'investissement
17 Filiale de Mc Graw-Hill qui publie des analyses
financières sur des actions et obligations
l'analyse repose sur les perspectives de l'activité
nouvelle engendrée par l'investissement, est ce qu'elle pourra
dégager une marge suffisante. Une analyse poussée d'un secteur
peut donner une idée sur les perspectives dans les années
à venir et permet d'affiner l'évaluation de toute entreprise qui
y exerce son activité.
La situation macroéconomique de l'entreprise fait
partie aussi des données capitales à savoir si elle exerce une
forte activité internationale. En effet les entreprises avec forte
activité internationale, tributaires de multiples marchés,
opérant des transactions sur plusieurs monnaies différentes, sont
particulièrement sensibles aux aléas de l'économie
mondiale ou même continentale et aux variations parfois brusques des taux
de change entre devise18.
L'évaluation du risque de défaut de contrepartie
est capitale mais insuffisante à elle seule, en effet il est impossible
de cerner en totalité un débiteur potentiel. Il est
nécessaire donc de couvrir ce risque de ne pas se faire payer à
l'arrivée de l'échéance de la dette.
Paragraphe II: La couverture du risque de contrepartie
La couverture du risque de contrepartie permet d'anticiper et
même d'anéantir une perte, pour l'établissement de
crédit, qui peut être due à la défaillance du
débiteur. Cette couverture passe par le calcul d'un ratio qui est
diffèrent d'après la réglementation qui est prise en
compte. Nous avons deux types de règlementation à
caractère international à savoir, d'une part les accords de Bale
I entrée en vigueur en 1988 et qui a fait entrer en ligne de compte le
Ratio de Cooke, d'autre part nous avons les accords de Bale II appliqué
en 2008 et qui a vu naitre un nouveau type de ratio à savoir Mc Donough
qui tient son nom du président en exercice pendant cette période
William Mc Donough. Ainsi il importe de traiter en premier lieu la couverture
de risque par le ratio de Cooke (A) et en deuxième lieu la couverture de
risque par le ratio Mc Donough(B).
A- La couverture de risque par le ratio de Cooke
Pour bien appréhender le ratio de Cooke il importe de
donner la signification du ratio de Cooke (1) et la portée du ratio de
Cooke (2).
1- La signification du ratio de Cooke
Ce ratio tient son appellation de Peter Cooke, un directeur de
la banque d'Angleterre qui avait été un des premiers à
proposer la création du comité de Bale et fut son premier
président19.
18 Article tiré de Wikipédia
19 Idem
La création de ce ratio est due à la faillite en
chaine de plusieurs banques dans les années 80(caisses d'épargnes
aux USA). Ces banques ont connu une augmentation fulgurante des prises de
risques, ce qui est lié à une méconnaissance de
l'utilisation des nouveaux types de produits financiers.
Le ratio Cooke impose aux établissements de
crédit des fonds propres qui s'élèvent à au moins
8% du montant de leur actif et engagement bilan et hors bilan avec une
pondération des coefficients des risques individuels. Le ratio Cooke
veut que les fonds propres effectifs soient supérieurs ou égaux
au fonds propres réglementaires exigés par la législation
bancaire de l'UEMOA. Cette contrainte réglementaire s'exprime sous la
forme d'un ratio de solvabilité qui rapporte les fonds propres effectifs
de la banque ou l'établissement financier au montant de ses actifs
pondérés par les coefficients de risques. En ce qui concerne la
pondération des actifs les créances sur les Etats de
l'OCDE20 seront pondérés jusqu'à 0%, 20% pour
les créances sur les banques et les collectivités locales de
L'OCDE, 50% sur les créances hypothécaires au logement ou
garanties par des opérations de crédit-bail en matière
immobilière et enfin 100% sur les crédits consenties aux agents
privés, c'est-à-dire les entreprises et les particuliers. En ce
qui nous concerne, ce sont les Etats de l'UEMOA qui doivent être pris en
compte pour les pondérations de 0% et 20%. Les pondérations
signifient en effet que tous les engagements pris par une banque ne sont pas
équivalents en termes de risques. Certains prêts sont plus
risqués que d'autres, ainsi prêter à un Etat est
considéré comme moins risqué que prêter à une
entreprise. Le ratio de Cooke veut que le bilan d'un établissement de
crédit soit sain et équilibré. Un bilan est sain et
équilibré si les engagements donnés c'est-à-dire
les postes de l'actif s'appuient sur des fonds propres correctement
proportionnés pour que la banque soit en mesure de faire face aux
risques exposés à l'occasion de son activité. Ainsi plus
les risques sont élevés, plus les fonds propres doivent
l'être.
La signification du ratio de Cooke traité il est question
maintenant de sa portée.
2- La portée du ratio de Cooke
Le ratio de Cooke a été créé afin
de couvrir le risque de non payement de la part d'un débiteur. Ainsi
elle devait permettre une meilleure adéquation des fonds propres par
rapport aux risques, de renforcer la solidité et la stabilité du
système bancaire et d'atténuer les inégalités
concurrentielles entre les banques. Certains de ses objectifs ont
été effectivement
20 Organisation de coopération et de
développement économique
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
17
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
18
atteint en ce que le ratio a permis une solidité du
système dans son ensemble, et à éviter des
défaillances inattendues des établissements teneurs de compte.
Cependant un bon nombre de faillite ont été noté au cours
des années 90. Les exigences en fonds propres instaurées en 1988
ont été un bon rempart contre l'instabilité
financière durant une période qui n'a pas véritablement
durée. Ainsi selon Hoggath et al (2002) le coût des crises
bancaires en termes d'activité perdue atteignait 15 à 20% du PIB.
Le ratio de Cooke avait de ce fait quelques lacunes. C'est dans ce sens que le
docteur Babacar Séne affirmait que « le caractère rigide
et forfaitaire du ratio, les estimations très approximatives des risques
ainsi que l'évolution des marchés ont rendu obsolète un
contrôle bancaire reposant uniquement sur des normes de fonds
propres21 ». D'après le professeur Pascal Hodonou
Dannon « face à l'évolution des risques de
crédit, le dispositif du ratio de Cooke a montré ses lacunes
liées à l'absence de relation entre les exigences de fonds
propres et le risque effectif des crédits à
l'économie22 ». En effet Bale I ne tient pas en
compte certains éléments qui paraissent pertinents pour la
couverture du risque de crédit. Il ne tient en compte ni les
différences de qualité des emprunteurs privés, puisque
virtuellement tous les prêts au secteur privé supportent des
charges en fonds propres correspondant à 8% des sommes
prêtées, quelle que soit la taille la maturité des
crédits, leur taille et la solidité financière de leur
bénéficiaires. Ni la réduction potentielle du risque
induite par la diversification du portefeuille, la prise de garantie ou
l'assurance-crédit. Aussi le ratio de Cooke ne permet pas de prendre en
compte les nombreuses évolutions technologiques qui ont eu lieu dans le
domaine de la finance, en plus il semble peut adapter aux risques effectivement
connus par les établissements de crédit. En définitif Bale
I n'incite pas assez les banques et établissements financier à
gérer ces risques avec un peu plus de prudence.
Les lacunes du ratio de Cooke font planer une menace
grandissante sur la stabilité du système financier. Les
établissements de crédits requièrent pour la couverture du
risque de contrepartie un ratio plus flexible et plus sensible. C'est dans ce
sens que le ratio Mac Donought sera créé afin de combler les
lacunes de Bale I.
B- La couverture du risque par le ratio Mc Donough
Comme le ratio de Cooke, il sera question pour le ratio Mc
Donough de la signification (1) et la portée (2) de ce dernier.
21 MSC banque et ingénierie financière
2010-2011.
22 Mécanismes internes de gouvernance bancaire
et risques financiers dans la zone UEMOA : une analyse économique par
les données de Panel.
1- La signification du ratio de Mc Donough
Le ratio Mc Donough tient son nom du président en
exercice du comité de Bale pendant le processus de l'accord, il s'agit
de William Mc Donough.
Le ratio Mc Donough se distingue du ratio Cooke par
l'application des trois piliers. Ces trois piliers se consolident mutuellement,
ce qui permet de contribuer à la sécurité et à la
solidité du système bancaire. Les trois piliers pour avoir leur
sens doivent être appliqués de manière rigoureuse et
simultanée avec une coopération des autorités de
contrôle.
Le premier pilier peut répondre à l'appellation
Exigences minimales des fonds propres. Ce que nous remarquons pour ce pilier
c'est que les procédures de mesure de risques de crédit sont plus
élaborées que le ratio de Cooke. Certains points restent
inchangés à savoir la définition des fonds propres et
l'exigence minimale de 8%. Cependant des pourcentages ont été
définis afin d'affecter le montant des fonds propres aux
différents risques. Ainsi 75% des fonds propres devront être
affectés au risque de contrepartie. Comme pour l'accord de 1988 les
actifs seront pondérés en fonction de leur risque. Il existe
trois méthodes pour mesurer le risque de crédit :
De prime abord nous avons l'approche standardisée qui
est une version actualisée de l'approche réglementaire actuelle.
Pour cette approche la classification est beaucoup plus fine et la notation
externe est prise en compte. Ensuite nous avons l'approche IRB23 qui
est une méthode de calcul basée sur des mesures internes des
probabilités de défaillance et des mesures externes des autres
paramètres du modèle. Pour finir nous pouvons citer l'approche
IRB avancé, la banque estime dans cette situation le taux de perte et
l'exposition au défaut et le traitement des garanties24.
Le deuxième pilier peut s'intituler processus de
surveillance prudentielle. Il vise à introduire davantage de
cohérence entre les différents risques pris par un
établissement de crédit et l'allocation des fonds propres au sein
de ce dernier. Pour ce pilier, il existe quatre principes fondamentaux qui
doivent être respectés. D'abord les établissements teneurs
de compte doivent disposer d'un système de mesure interne de
l'adéquation de leur fonds propres à leur profil de risque et
d'une stratégie de maintien de de cette adéquation. Ensuite les
autorités de contrôle doivent examiner ce système de mesure
et cette stratégie afin de s'assurer de leur conformité à
la réglementation. Les autorités de contrôle se doivent
d'imposer aux banques et
23 Internal rating based approach
24 Cours ENSAI de 3eme année, Thiery Roncalli
groupe de recherche opération crédit lyonnais.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
19
établissements financiers qu'ils aient à leur
disposition des fonds propres supérieurs à ceux fixés par
la réglementation. En ce qui concerne le dernier principe fondamental,
les banques ou établissements financier sous l'impulsion des
autorités de contrôle doivent éviter que leurs fonds
propres tombent en deçà du niveau prudent. Et si c'est
déjà le cas ils doivent corriger le niveau de ces fonds propres
sous peine de sanction.
Enfin le troisième pilier qui est la discipline du
marché. Ce pilier reflète l'importance capitale de l'information
financière. En effet le comité de Bale a défini un
ensemble d'information que les établissements de crédit devront
publier sur un rythme semestriel, par exemple touchant au champ d'application
du ratio (consolidation du niveau et la structure détaillée des
fonds propres ou même l'exposition au risque/ mode de gestion de
risque)25.
La signification du ratio Mc Donough étudié il
importe de parler maintenant de sa portée.
2- La portée du ratio Mc Donough
Le comité de Bale avait fixé certains objectifs
que le ratio de Mc Donough se devait de remplir. Chaque pilier s'accompagnait
d'un objectif bien précis. Le premier pilier doit permettre le calcul et
la couverture des risques par les fonds propres afin d'assurer une meilleure
stabilité du système financier avec un ratio mieux
proportionné aux risques. Le deuxième pilier permet de
vérifier l'adéquation des fonds propres de la banque ou
l'établissement financier sur la base de l'évaluation
complète des risques qu'elle encourt. Les exigences minimales des fonds
propres peuvent être revues à la hausse une fois que les
autorités de contrôle ont vérifié les
procédures internes d'affectation de ces fonds propres
réalisées par l'établissement de crédit. Avec le
troisième pilier une amélioration de la communication
financière sera notée, ce qui va permettre inéluctablement
de renforcer la discipline de marché, perçue comme un
complément à l'action des autorités de contrôle.
Selon Hamza Fékir « l'information financière est en
effet toujours une incitation à rationaliser la gestion des risques pour
traduire la nécessaire cohérence dans la démarche des
banques entre les systèmes de gestion interne, de même qu'en
communicant des informations détaillées sur tous les types de
risques, une banque permet à tous les autres acteurs du marché de
mieux analyser son profil de risque et l'adéquation de ses fonds
25 Présentation du nouvel accord de bale sur
les fonds propres par le professeur Hamza Fekir (doctorant en Sciences
Economiques - CEMF-LATEC : Centre d'Etudes Monétaires et
Financières -Laboratoire d'Analyse et de Techniques Economiques (CNRS) /
Université de Bourgogne (Dijon)).
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
20
propres, de même que l'utilisation des
méthodes avancées sera conditionné par la publication de
ces informations26 ».
Les nouvelles dispositions de Bale II peuvent sembler
cependant contraignantes en ce qu'elles nécessitent la mise en place de
procédures et d'outils informatiques précis et performants afin
de gérer au mieux les risques. Ensuite les autorités de
contrôle doivent procéder à l'analyse de nombreuses
données tant qualitatives que quantitatives transmises par
l'établissement de crédit. Ces contraintes font que l'application
de Bale II dans les pays de l'UEMOA semble poser des problèmes. A cela
s'ajoute aussi que les conditions d'exercices de l'activité bancaire
restent difficiles dans les pays de l'UEMOA ce qui ne favorise pas
l'application par ces pays du ratio Mc Donough. En effet le taux de
bancarisation dans ce secteur reste faible en ce que moins de 5% de la
population de ces huit pays disposent d'un compte bancaire selon la FMI (pour
le Sénégal on parle de 7%). Et c'est ainsi que selon Standard et
Poor les banques des pays de l'UEMOA n'ont pas encore mis en oeuvre les normes
de Bale II alors même que Bale III est en vigueur depuis décembre
2010. Malgré le fait que le ratio de Mc Donough est plus flexible et
plus sensible que le ratio de Cooke il reste que son application, dans les
banques et établissements financiers des pays de l'UEMOA, n'est toujours
pas effective.
Les établissements de crédit doivent
évaluer et couvrir les risques de défaillance de la part d'un
débiteur. Cependant cette évaluation et couverture n'est pas
seulement suffisant pour éliminer un risque entièrement.
Certaines créances vues leur nature risquée ont besoin d'une
prise de garantie de la part de l'établissement teneur de compte.
Section II : Les garanties contre les risques de
contreparties
Les garanties restent une condition essentielle de nombreux
crédits bancaires, plus spécialement à moyen et long
termes. En effet les crédits à blanc sont très
fréquents. Les établissements de crédit sont les
principaux utilisateurs du droit des suretés, ils suivent avec attention
ses évolutions et la profession bancaire ne manque pas de réagir
à toute modification législative susceptible de les affaiblir.
26 Idem
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
21
Nous pouvons relever plusieurs types de garanties ou plus
précisément de suretés contre les risques de contrepartie.
Selon l'article premier de l'acte uniforme portant organisation des
suretés du 15 décembre 2010, « Une sûreté
est l'affectation au bénéfice d'un créancier d'un bien,
d'un ensemble de biens ou d'un patrimoine afin de garantir l'exécution
d'une obligation ou d'un ensemble d'obligations, quelle que soit la nature
juridique de celles-ci et notamment qu'elles soient présentes ou
futures, déterminées ou déterminables, conditionnelles ou
inconditionnelles, et que leur montant soit fixe ou fluctuant ». Nous
remarquons d'après la lecture de cet article plusieurs types de
sureté, mais dans le cadre de notre étude nous allons distinguer
les suretés réelles et garanties assimilables (paragraphe I) et
les suretés personnelles et suretés dites économiques
(paragraphe II).
Paragraphe I : Les suretés réelles et
garanties assimilables
Les suretés réelles consistent « soit
dans le droit du créancier de se faire payer par
préférence sur le prix de réalisation d'un bien
affecté à la garantie de l'obligation de son débiteur,
soit dans le droit de recouvrer la libre disposition d'un bien dont il est
propriétaire à titre de garantie de cette
obligation27 ». A côté de ces suretés
réelles, notons l'existence des garanties assimilables ou plus
précisément la subrogation et les conventions concernant les
rangs de créances. Ce paragraphe comportera deux sous parties, en
premier lieu il faudra étudier la garantie de créances par les
suretés réelles (A) et en deuxième lieu la
sécurisation du crédit par les garanties assimilables aux
suretés réelles (B).
A- La garantie de créances par les
suretés réelles
Il faudra distinguer les suretés réelles
mobilières (1) des suretés immobilières (2).
1-les suretés réelles mobilières
L'article 50 de l'AUS détermine les suretés
réelles mobilières comme étant le droit de
rétention, la propriété retenue ou cédée
à titre de garantie, le gage, le nantissement et les privilèges.
Une classification s'impose pour bien appréhender les suretés
réelles mobilières. Nous devons distinguer les suretés
avec dépossession et les suretés sans dépossession. Les
premières ne seront pas étudiées dans le cadre de notre
travail en ce qu'elles sont utilisées très rarement par les
banquiers, ces derniers l'apprécient très
modérément contrairement aux
27 Art 4 al 2 AUS
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
22
suretés sans dépossession. Nous pouvons citer
parmi les suretés avec dépossession le gage
d'espèce28 qui est utilisé exceptionnellement par les
banquiers.
L'une des suretés très usitées pour
garantir les créances est sans aucun doute le gage29 sans
dépossession, nous pouvons même dire que les banquiers en sont les
principaux bénéficiaires. Ce type de sureté n'englobe que
le champ des biens corporels. Il existe d'autres types de sureté qui
sont sans dépossession mais qui concernent les meubles incorporels et
les espèces. Nous pouvons ainsi citer le nantissement de
créance30, la cession de créance en
garantie31, le nantissement de valeurs
mobilières32 et d'instruments financiers33 (les
valeurs mobilières ou autres titres de créances
négociables constitue une forme d'actif très utilisés pour
la garantie des créances.), le nantissement d'espèce ou plus
précisément le nantissement du solde d'un compte
d'espèce34, les nantissements spéciaux où l'on
retrouve, le nantissement de fonds de commerce35, le nantissement de
marché public36 le nantissement de police
d'assurance37 et pour finir le nantissement divers de biens
incorporels dont le nantissement de la marque.
Les banquiers utilisent aussi très souvent les
suretés réelles immobilières pour garantir leurs
créances.
28 Il repose sur la remise au créancier pour
le garantir de sa créance d'une somme d'argent que le créancier
ne restituera qu'en cas de complet paiement.
29 Art 92 AUS Le gage est le contrat par lequel le
constituant accorde à un créancier le droit de se faire payer par
préférence sur un bien meuble corporel ou un ensemble de biens
meubles corporels, présents ou futurs.
30 C'est un contrat par lequel un débiteur
remet un meuble incorporel à son créancier pour garantir sa
dette.
31 Art 80 al 1 Une créance détenue
sur un tiers peut être cédée à titre de garantie de
tout crédit consenti par une personne morale nationale ou
étrangère, faisant à titre de profession habituelle et
pour son compte des opérations de banque ou de crédit.
32 Les droits d'associés et valeurs
mobilières des sociétés commerciales et ceux cessibles de
toute autre personne morale assujettie à l'immatriculation au Registre
du Commerce et du Crédit Mobilier peuvent faire l'objet d'un
nantissement conventionnel ou judiciaire.
33 Ce sont des titres ou contrats dont certains sont
négociables, notamment en matière de bourse, certains
exclusivement utilisés pour anticiper une rentabilité ou risque.
Définition tirée de Wikipédia.
34 Il se matérialise par le blocage d'un compte
de provision. Il en découle pour les banquiers un certain nombre de
privilège. Ainsi notons une impossibilité aux tiers d'effectuer
une saisie arrêt sur le dit compte, les chèques
présentés au paiement sont rejetés et enfin seul les
banquiers disposent sur le compte même en cas de faillite du
titulaire.
35 Art 162 al 1Le nantissement du fonds de commerce
est la convention par laquelle le constituant affecte en garantie d'une
obligation, les éléments incorporels constitutifs du fonds de
commerce à savoir la clientèle et l'enseigne ou le nom
commercial.
36 C'est le contrat par lequel le titulaire d'un
marché où chaque sous-traitant admis au paiement direct remet
à son créancier l'exemplaire unique du marché qui lui est
délivré par la personne publique. Ensuite le créancier
notifie le nantissement au comptable assignataire de la personne publique qui
lui règle directement les sommes dues pour l'exécution du
marché (Marché
public.fr).
37 Il permet à son emprunteur de donner en
garantie son assurance vie. Ainsi le créancier couvre son risque de non
remboursement des capitaux empruntés (dico du net).
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
23
2- Les suretés réelles immobilières
Pour les prêts de longue durée les suretés
réelles immobilières sont les plus usitées surtout
l'hypothèque. « L'hypothèque est l'affectation d'un
immeuble déterminé ou déterminable appartenant au
constituant en garantie d'une ou plusieurs créances, présentes ou
futures à condition qu'elles soient déterminées ou
déterminables. Elle est légale, conventionnelle ou
judiciaire38 ». En effet les immeubles sont des valeurs
sures et qui plus ai ils sont très appréciés par les
banquiers. En plus l'hypothèque a beaucoup d'avantages pour le banquier,
ainsi elle peut être constituée par un tiers, personne physique ou
morale afin de garantir la dette d'autrui et ceci sans même être en
relation avec le financement de biens immobilier. L'hypothèque peut
aussi être constituée à tout moment et enfin elle offre
plus de souplesse en garantissant sous certaines conditions des dettes non
seulement présentes mais aussi futures. La promesse d'hypothèque
qui est une création de la pratique est aussi très usitée
par les banques. En général le débiteur est invité
à donner mandat à un tiers de consentir par acte authentique ou
sous seing privé l'hypothèque. La promesse d'hypothèque ne
pourra être considérée comme hypothèque si le mandat
est révoqué ou s'il survient un événement dû
au mandataire qui empêche ce dernier d'exécuter le mandat. Le seul
problème avec cette garantie c'est que la jurisprudence pour les
nullités de la période suspecte ne prend en compte que la
constitution de sureté réelle donc non le jour de la promesse.
Dans la pratique il est aussi utilisé un autre type de
sureté que l'on nomme antichrèse bail ou gage immobilier. Il
s'agit d'un cas où le propriétaire d'un bien immobilier en
cède la jouissance à un créancier afin de lui permettre
d'en percevoir les fruits jusqu'à ce que la valeur accumulée paye
la dette39. L'antichrèse bail présente un double
avantage, en effet il permet au créancier d'appréhender les
fruits d'immeuble, spécialement le flux de ses loyers, et de lui
conférer un droit de rétention sur l'immeuble en question. Le
créancier peut sans en perdre la possession, donner l'immeuble à
bail, soit à un tiers, soit au débiteur. Dans ce sens il est
consacré la jurisprudence qui fait du constituant de
l'antichrèse, un locataire de l'immeuble40. Le seul
bémol avec l'antichrèse bail c'est qu'il n'est pas
consacré par le droit OHADA à contrario du droit français.
Cependant sa consécration pourrait être très
intéressante pour les établissements de crédit des pays de
l'UEMOA s'ils pouvaient en bénéficier.
38 Art 190 AUS
39 Dictionnaire de droit privé de Serge
Braudo
40 Cass 2éme civ, 18 décembre 2002 : D.
2003, jur. 965 note Déléque
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
24
Il existe d'autres types de garanties que nous pouvons assimiler
aux suretés réelles.
B- La sécurisation du crédit par les
garanties assimilables aux suretés réelles
La banque peut se subroger dans les suretés et
privilèges d'un autre créancier (1), elle peut aussi signer les
conventions concernant les rangs de créances (2).
1- Subrogation dans les suretés et privilèges d'un
autre créancier
Nous pouvons citer deux types de privilèges, qui sont
consacré en droit OHADA comme étant des hypothèques
légales, d'abord il existe la subrogation sur les privilèges du
vendeur et enfin le privilège du prêteur de dénier.
Nous savons que le vendeur d'un immeuble, pour le paiement
à terme ou du solde du prix qui lui est dû, détient un
privilège sur le bien immobilier vendu. Dans le même sens une
banque qui octroie des sommes à une personne pour financer la partie du
prix payable à terme peut se faire subroger dans le
bénéfice du privilège ainsi inscrit à la
conservation des hypothèques. De ce fait la banque dispose non seulement
du droit de préférence et du droit de suite mais elle a aussi la
possibilité d'exercer l'action résolutoire plutôt que de
recourir à la saisie immobilière avec les mêmes effets tout
en évitant les concours avec d'autres créanciers.
Nous pouvons aussi inclure dans les suretés
réelles immobilières le privilège du prêteur de
deniers. Ce privilège se retrouve dans le cadre du financement par une
banque du prix d'acquisition d'un bien immobilier acheté par une
personne physique non commerçante. Ainsi le prêteur de deniers est
celui qui a fourni les sommes nécessaires pour l'acquisition d'un
immeuble. Cet acte doit être authentiquement constaté, par l'acte
d'emprunt qui prouve que la somme était destinée à cet
emploi et, par quittance du vendeur, que ce paiement a été fait
des deniers empruntés à la banque. Cette garantie est autonome et
peut être conférée indépendamment de la subrogation
dans les privilèges du vendeur. Notons cependant que le privilège
du prêteur de denier ne permet pas la résolution de la vente en
cas de défaut de paiement du débiteur. Ce privilège
à contrario du privilège de vendeur d'immeuble garantit à
la banque le principal du prêt mais aussi les intérêts
calculer au taux conventionnel. Pour le privilège du vendeur d'immeuble
il n'est garanti à la banque que le principal du prêt et aussi les
intérêts calculés au taux légal pendant seulement
trois années. Afin que les intérêts soient calculés
au taux conventionnel il est nécessaire de s'adonner à
l'inscription hypothécaire complémentaire. Le prêteur de
deniers pourra bénéficier d'une inscription en premier rang
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
25
sans concurrence, et ceci même si entre l'acte de vente
et la date d'inscription du privilège à la conservation des
hypothèques d'autres inscriptions ont eu lieu sous le même
bien41.
Nonobstant la subrogation sur les privilèges d'un autre
créancier, la banque ou l'établissement financier peut aussi
signer une convention concernant les rangs de créances.
2- Les conventions concernant les rangs de créances
L'hypothèque est un moyen sûr de se faire
rembourser si le débiteur est dans l'impossibilité de payer. En
effet le créancier hypothécaire dispose d'un droit de
préférence sur l'immeuble à vendre. Ce qui veux dire qu'il
sera le premier à être payer si l'immeuble sur lequel il a
constitué a été vendu. Cependant un problème peut
se posé s'il existe plusieurs créanciers qui ont une
hypothèque sur le même immeuble. Dans cette situation les
créanciers hypothécaires seront payés selon le rang qu'ils
occupent présentement. Le rang constitue un critère fondamental,
car il détermine l'ordre des priorités lors de la vente de
l'immeuble. Le rang dépend tout simplement des dates respectives
d'inscription des hypothèques. Le premier qui doit être
payé est celui qui a rempli en premier toutes les formalités
nécessaires pour l'inscription d'hypothèque sur l'immeuble et
ainsi de suite. Une exception peut être apportée à cette
règle en ce qu'il existe la convention de cession
d'antériorité.
La convention de cession d'antériorité est
l'hypothèse où plusieurs créanciers ayant inscrits une
hypothèque sur le même immeuble, le créancier
antérieurement inscrit cède son rang à un créancier
inscrit après lui. Mais pour que la cession d'antériorité
soit valable elle doit être inscrite en marge de l'inscription initiale.
Ainsi une banque avant de prêter des deniers à un débiteur,
peut exiger de ce dernier qu'il lui cède son rang d'inscription
d'hypothèque sur l'immeuble, par la convention de cession
d'antériorité.
Les suretés réelles ne sont pas les seules
garanties qu'une banque ou établissement financier peut prendre pour
éliminer totalement le risque de crédit. Il existe d'autres
suretés ayant aussi une grande importance pour la garantie de
crédits. Nous pouvons ainsi citer les suretés personnelles et les
suretés dites économiques.
Paragraphe II : Les suretés personnelles et
suretés dites économiques
Les deux types de sureté seront étudiés
successivement, ainsi il sera question de la garantie de créances par
les suretés personnelles (A) et de la garantie de créances par
les suretés dites économiques (B).
41 www.Démos.fr
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26
A- La garantie de créance par les suretés
personnelles
Les suretés personnelles résident dans
l'adjonction d'un patrimoine supplémentaire, si le débiteur ne
peut pas payer sa dette, un tiers, le garant le fera à sa place. Il
existe plusieurs types de suretés personnelles, mais la sureté
personnelle la plus usitée c'est le cautionnement, les autres
suretés personnelles jouent aussi un grand rôle quand il s'agit de
garantir une dette.
Il sera question donc d'une part de la sureté
personnelle par excellence : le cautionnement (1), d'autre part les autres
types de suretés personnelles (2).
1- La sureté personnelle par excellence : le
cautionnement
Le cautionnement est le plus courant des suretés
personnelles pour les garanties bancaires de tout type. Il peut être
définit comme « un contrat par lequel la caution s'engage,
envers le créancier qui accepte, à exécuter une obligation
présente ou future contractée par le débiteur, si celui-ci
n'y satisfait pas lui-même. Cet engagement peut être
contracté sans ordre du débiteur42 ». Dans
l'ancienne acte uniforme sur les suretés cet engagement pouvait se faire
non seulement sans ordre du débiteur, mais aussi sans que ce dernier en
ait eu connaissance. Le contrat de cautionnement doit respecter certaines
conditions pour être valables. Nous pouvons donner l'exemple du
consentement de la caution qui a été obtenue par dol, le contrat
ne sera pas valable. En effet la banque se doit d'informer la caution de la
situation économique du débiteur. Ainsi si la banque omet de
révéler à la caution que la situation du débiteur
est irrémédiablement compromise, le contrat sera
déclaré nul.
Les banques exigent le plus souvent aux actionnaires
dirigeants de société de se porter garant pour certains
prêts dont la société en question est
bénéficiaire. En effet l'actionnaire dirigeant signataire
(caution) s'engage vis-à-vis de la banque à payer ce qui est
dû à la place de la société défaillante,
ainsi ce premier engage ces bien personnelles même s'il s'agit d'une
société de capitaux. Ce type de cautionnement donné par
l'actionnaire dirigeant est le plus souvent commercial, il se voit de ce fait
engagé solidairement avec la société en question. Le
cautionnement sera considéré comme étant simple si
l'intérêt patrimonial de la caution n'est pas reconnu dans le
cadre de l'opération. Le grand problème avec le cautionnement
commercial, c'est le que l'actionnaire dirigeant engagé ne peut pas se
prévaloir du bénéfice de division43 et de
discussion44 sauf stipulation contraire. Ainsi si plusieurs
personnes ont
42 Art 13 AUS
43 Le bénéfice de division
est la procédure par laquelle en cas de cautionnement multiple,
l'une des cautions poursuivies pour le tout peut demander au juge que l'action
en paiement soit divisée entre toutes les cautions
(cofidéjusseurs) solvables au jour des poursuites (Définition
tiré de Wikipédia).
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27
consenti au cautionnement, la banque peut demander le payement
de l'intégralité de la dette à un seul actionnaire et non
pas au prorata. L'actionnaire qui aura déchargé la banque pourra
se retourner vers les autres cautions afin d'obtenir le paiement de leur part.
La banque peut ainsi aussi actionner la caution dès qu'un incident de
paiement se produit sans avoir au préalable épuisée ses
recours sur la société emprunteuse.
Il existe d'autres suretés personnelles à
côté du cautionnement.
2- Les autres types suretés personnelles
Il existe plusieurs autres types de suretés personnelles
à côté du cautionnement.
Nous pouvons débuter avec la garantie autonome qui est
un engagement par lequel le garant s'oblige, en considération d'une
obligation souscrite par un tiers, à verser une somme soit à
première demande, soit suivant des modalités convenues. Dans le
cadre de la garantie autonome, le garant ne garantit pas la dette en question
mais une personne. A contrario du cautionnement, le garant ne peut en aucun cas
opposer au banquier les exceptions du débiteur principal.
Il existe un type de sureté personnelle très
usité par les banques et établissements financiers, il s'agit de
l'assurance-crédit qui est une forme particulière d'assurance.
Elle est destinée à couvrir le risque de non payement à
l'échéance ou en cas d'insolvabilité du débiteur.
Dans le cas présent nous pouvons dire que c'est l'assurance qui se porte
garante. Un autre type d'assurance peut être prise par la banque pour
prévenir une défaillance d'un débiteur due à une
incapacité de travail ou son décès. Il s'agit de
l'assurance décès ou invalidé. La banque prêteuse
fait souscrire au bénéficiaire du crédit une police
d'assurance vie ou incapacité de travail, cette première sera
désignée comme bénéficiaire de l'assurance.
La lettre d'intention est aussi usitée par les banques.
C'est un engagement de faire ou de ne pas faire et qui a pour objet un soutien
apporté à un débiteur dans le cadre de l'exécution
de son obligation envers son créancier. Dans un arrêt rendu en
2011 par la cour de cassation française, la lettre dans laquelle le
souscripteur s'engage à faire en sorte que le débiteur respecte
son engagement envers le créancier crée une obligation pour le
souscripteur. Ce dernier doit verser à la banque les sommes dues par le
débiteur et ce d'autant plus qu'il s'était
44 Le bénéfice de discussion
est le droit accordé à la caution poursuivie en
exécution, d'exiger du créancier que les biens du débiteur
soient préalablement discutés, c'est-à-dire saisis et
vendus (définition tirée de Wikipédia).
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Lampsar Sall
28
engagé à mettre à disposition de sa
filiale ces fonds. Le souscripteur est investi d'une obligation de
résultat. Il est obligé de payer les sommes en cas de
défaillance du débiteur45.
Les établissements de crédit font aussi usage du
crédit documentaire dans le cadre des transactions internationales.
C'est une opération par laquelle un banquier intervenant sur l'ordre
d'un acheteur pour le règlement financier d'une opération
commerciale, promet de payer le vendeur contre la remise de document : ces
documents lui assurent un gage sur la marchandise constituant l'objet de la
transaction46.
Pour finir avec l'étude des suretés
personnelles, nous ne pouvons nous empêcher de parler de l'aval qui est
une technique utilisée moins fréquemment que les autres
suretés. Dans ce cas précis celui qui donne son aval, s'engage
à payer le porteur d'un effet de commerce ou d'un chèque, en
l'occurrence la banque en cas de non payement à
l'échéance.
Les suretés dites économiques ou
négatives ne peuvent être négligées pour la garantie
de crédit même si elles ont une moindre importance par rapport aux
autres types de suretés.
B- La garantie de créances par les
suretés dites économiques
Les suretés négatives sont définies comme
des clauses limitant la possibilité pour l'emprunteur de constituer une
sureté en faveur d'autres créancier sur un bien
déterminé ou même l'ensemble du patrimoine, ou même
d'aliéner le bien en question sans l'accord du stipulant. Ces
suretés sont très pratiques en ce qu'elles sont très
flexibles et moins couteuses que les suretés réelles et le
cautionnement vu que ces deniers sont obtenues à titre onéreux
par les banques. Les suretés dites économiques ou
négatives sont de deux types, d'abord nous pouvons citer la
sureté négative génératrice d'un droit de
véto (1) et enfin la sureté négative de droit de regard
(2).
1- La sureté négative génératrice
d'un droit de véto
Cette sureté consiste en l'engagement du
débiteur de ne pas faire sans l'aval du créancier certaines
opérations sur un bien déterminé, le plus souvent celui
dont le créancier à financer l'achat, ou même sur
l'ensemble du patrimoine. Ces opérations interdites peuvent être
entre autres, l'aliénation, la constitution de suretés, la
concession d'un bail, la location gérance etc. Il existe une condition
nécessaire pour que l'engagement du débiteur soit valable, en
effet l'engagement doit être limité dans le temps.
45
Cass. Com., 17 mai 2011
46 Christian Gavalda et Jean Stoufflet, droit
bancaire, institutions/comptes/opérations/services./ 6éme
édition
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
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29
Au cas où le débiteur outrepasse cette mesure,
il fera l'objet de sanctions. Ces sanctions peuvent être la condamnation
au paiement de dommages et intérêts par le débiteur, la
résolution du prêt, la déchéance du terme etc. Le
cocontractant du débiteur qui aurait coopéré à la
violation de l'engagement de ce dernier fera l'objet de sanction, s'il avait
connaissance de la sureté en question. Il devra réparer le
préjudice causé par le payement de dommages et
intérêts du cocontractant du débiteur au stipulant.
Cette sureté à certains inconvénients,
ainsi elle ne donne pas un droit particulier au stipulant. Elle ne donne ni un
droit de préférence ni un droit de suite au créancier sur
le bien en question. Elle ne vise qu'à maintenir un bien dans l'assiette
du gage général du créancier, ainsi elle n'est pas
véritablement considérée comme une vraie sureté.
L'autre inconvénient tient au fait qu'en pratique il n'existe pas de
publications de ce type de sureté ce qui la rend un peu inefficace.
Pour finir ce chapitre nous en arrivons à la sureté
négative génératrice d'un droit de regard.
2- La sureté négative génératrice
d'un droit de regard
Dans le cadre de cette sureté, le débiteur
s'engage à informer l'emprunteur des modifications de son patrimoine. Il
est donc question pour ce type de sureté une obligation d'information.
Comme pour le droit de véto, elle doit aussi être limitée
dans le temps sous peine de nullité. Et comme pour la sureté
génératrice d'un droit de véto, elle contient les
obligations classiques, ce qui suppose que les sanctions frapperaient juste le
débiteur.
Le risque de crédit est un très gros danger pour
les banques et établissements financier, il peut entrainer très
rapidement leur faillite. Mais ce risque peut être évité
avec une bonne évaluation. L'évaluation concerne les emprunts par
les particuliers et les entreprises. Pour évaluer le risque par les
particuliers, deux approches sont prévues : une approche traditionnelle
et l'analyse statistique ou crédit scoring. Le risque de défaut
de paiement par les entreprises peut être évalué par
l'étude des données endogènes et exogènes de
l'entreprise emprunteuse. L'évaluation à elle seule peut ne pas
être suffisante pour éliminer tout risque, une couverture doit
donc s'imposer. Cette couverture mettra en jeu deux techniques de calcul qui
concerne l'augmentation des fonds propres pour prévenir le risque de non
payement. La première technique de calcul est tirée de la
convention de Bale I entrée en vigueur en 1988, il s'agit du ratio de
Cooke qui a une signification et une portée. La deuxième
technique qui vient de Bale II est considéré comme plus efficace
et plus flexible que Bale I, il s'agit du ratio Mc Donough qui comporte une
signification et une portée. Une bonne évaluation et une
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
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30
couverture dans les règles est d'une grande importance
mais toujours insuffisant pour annihiler tout risque de contrepartie, il
s'impose de se prémunir contre ce risque par une prise de garantie. Les
garanties que l'établissement de crédit peut prendre sont soit
des suretés réelles et garanties assimilables ou des
suretés personnelles et suretés dites économiques ou
négatives. Nous distinguons dans les premières les suretés
réelles mobilières et les suretés réelles
immobilières. En ce qui concerne les garanties assimilables nous y
trouvons la subrogation dans les suretés et privilège d'un autre
créancier et les conventions concernant les rangs de créances.
Dans la deuxième catégorie de suretés nous distinguons
d'une part le cautionnement et les autres types de suretés personnelles,
d'autre part c'est-à-dire dans les suretés dites
économiques, les suretés négatives
génératrices d'un droit de véto et d'un droit de
regard.
Il existe d'autres types de risques qui frappent cependant
moins fréquemment les banques que le risque de contrepartie, ce sont les
risques de marché. C'est ce que nous allons étudier dans le
deuxième chapitre de notre travail.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA
Amadou Lampsar Sall
31
CHAPITRE II : LA GESTION DES
RISQUES DE MARCHE
Les risques de marchés méritent une attention
particulière en ce qu'ils constituent une vraie menace pour les banques
et établissements financiers. Pour tous les risques de marché, il
est nécessaire d'en faire une évaluation et une couverture. En ce
qui concerne leur couverture il existe deux méthodes qui peuvent
être utilisées, une méthode dite standard et une
méthode dite gestion interne des risques. La première
méthode est la plus usitée par les banques de la zone UEMOA du
fait que, l'utilisation de la deuxième méthode pose des
conditions très contraignantes surtout pour les banques de l'UEMOA qui
n'ont pas les moyens nécessaires pour y satisfaire. En ce qui concerne
les conditions d'utilisation de la deuxième méthode, la
première des conditions est l'autorisation explicite de
l'autorité de contrôle de la banque en question. Il existe sept
autres conditions qu'il importe de respecter. D'abord il est exigé,
certaines normes générales concernant l'adéquation du
système de gestion de risque, ensuite des critères qualitatifs
pour la suivie interne de l'utilisation des modèles, notamment par la
direction. Ensuite il importe de respecter, les principes directeurs
précisant un ensemble approprié de facteurs de risques
marché, des critères quantitatifs définissant
l'utilisation de paramètres statistique minimaux communs pour la mesure
du risque, des principes directeurs applicables aux simulations de crise. En ce
qui concerne les deux dernières conditions, il est exigé de la
banque en question, des procédures d'agreement pour la surveillance
externe de l'utilisation des modèles et enfin le respect des
règles pour les banques qui recourent à la fois des
modèles et à l'approche standard. Du fait des conditions
contraignantes de cette méthode, elle est peu utilisée par les
banques de l'UEMOA, ainsi nous allons nous contenter d'étudier seulement
la méthode standard.
Nous pouvons distingués trois types de risques de
marché : le risque de taux d'intérêt, le risque de change
et le risque de position sur action. A contrario des deux deniers types de
risques de marché recensés, le risque de taux
d'intérêt sera étudié en détail dans une
première section. En effet nous pouvons remarquer que dans les
établissements de crédit, le risque de
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
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32
taux d'intérêt frappe très
fréquemment ces derniers. Il mérite donc d'être
étudié avec de plus amples développements.
Ce deuxième chapitre portera donc d'une part sur la
gestion du risque de taux d'intérêt (section I), et d'autre part
sur la gestion des risques de change et de position sur action (section II).
Section I : La gestion du risque de taux
d'intérêt
Le risque de taux d'intérêt peut être
définit comme le risque que fait courir, au porteur d'une créance
ou à un emprunteur à taux fixe ou à taux variable,
l'évolution des taux d'intérêt entre la date de contraction
d'un engagement (préteur ou emprunteur) et la date du règlement
de la dette47. Pour les investisseurs, le risque de taux
d'intérêt est celui d'une dévalorisation du patrimoine et
d'une diminution des revenus du fait des fluctuations de taux
d'intérêt. A contrario du risque de taux d'intérêt
pour les investisseurs, celui pour les emprunteurs consiste à une
revalorisation du patrimoine et d'une augmentation des revenus du fait des
fluctuations de taux d'intérêt.
L'étude du risque de taux d'intérêt passe
nécessairement par l'évaluation du risque de taux
d'intérêt (paragraphe I) et la couverture du risque de taux
d'intérêt (paragraphe II).
Paragraphe I : L'évaluation du risque de taux
d'intérêt
Il y a lieu de distinguer plusieurs méthodes
d'évaluation du risque de taux d'intérêt, mais nous pouvons
les regrouper en deux groupes. D'une part nous pouvons parler de
l'évaluation du risque de taux d'intérêt par les impasses
(A), d'autre part les techniques d'évaluation en valeur de marché
(B).
A- L'évaluation du risque de taux
d'intérêt par les impasses
Il importe de prime abord de connaitre les manifestations du
risque de taux d'intérêt (1) avant d'aborder les impasses de taux
(2).
1- Les manifestations du risque de taux d'intérêt
Le risque de taux peut se manifester de plusieurs
façons, nous pouvons en recenser deux types.
47
Trader-finance.fr : lexique de
finance
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
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33
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
34
D'abord nous pouvons noter le décalage de volume et
d'échéance entre les ressources à taux fixe et les emplois
à taux fixe, ainsi que le décalage des dates de révision
des taux appliqués pour les éléments du bilan à
taux variable : cette technique est appelée répricing. Dans ce
cadre le risque se manifeste lorsqu'une banque ou établissement
financier refinançant un prêt à long terme à taux
fixe par un emprunt à taux variable fait face à une hausse
brutale des taux. Dans cette situation le risque sera d'autant plus
élevé que la proportion d'actif à taux fixe est importante
dans le bilan de la banque.
Enfin un décalage peut exister dans l'adossement des
emplois et ressources à taux variable indexés sur des taux de
marché diffèrent ou bien sur le même taux mais avec une
date de répricing diffèrent. Dans cette situation le risque se
manifeste lorsqu'un établissement teneur de compte refinance un
prêt à taux variable par des ressources à taux variables.
L'établissement est exposé aux évolutions du
différentiel de taux. Le différentiel entre les deux taux peut
changer de façon inattendue. Nous remarquons dans tous les cas, la
présence dans le bilan bancaire d'éléments de montants et
de conditions de rémunération différentes entre taux fixe
et taux variable ou entre taux variables à indexations non identiques.
Mais aussi dans tous les cas de manifestations du risque de taux
d'intérêt, nous constatons que, certains actifs bancaires sont
plus sensibles que d'autre aux modifications de taux d'intérêt et
cela en fonction de la dette à laquelle le taux qui leur est
attaché se modifie. C'est dans ce sens que les actifs seront
classés en fonction de la date à laquelle de nouvelles conditions
de rémunération seront déterminées.
Dans tous les cas nous pouvons distinguer deux positions de
taux correspondant à deux profils distinctes. La première
position se nomme position courte. Concernant cette position
l'établissement de crédit détient pour une
échéance donnée, moins d'actifs que de passifs sensibles
aux variations de taux. Ce qui signifie que cette position sera
défavorable en cas de hausse de taux d'intérêt et favorable
en cas de baisse de taux d'intérêt. A contrario de la position
courte, la position longue prend le sens opposé de cette
première. Dans ce cas la banque ou l'établissement financier
détient pour une échéance donnée, plus d'actifs que
de passifs sensibles aux variations. Ce qui sous-entend que la position sera
défavorable en cas baisse du taux d'intérêt, et favorable
en cas de hausse de taux d'intérêt.
Il importe maintenant d'étudier les impasses de taux
qui est une méthode d'évaluation du risque de taux
d'intérêt.
2- Les impasses de taux
L'impasse de taux peut être définie comme la
différence entre les actifs et les passifs à taux incertain sur
une période donnée. Nous pouvons distinguer les impasses en stock
des impasses en flux. Pour les premières ce sont les différences
entre les encours de l'actif et du passif à une date
déterminée. En ce qui concerne les impasses en flux, elles
représentent les variations des impasses en stock d'une période
à l'autre. Les impasses en taux peuvent être calculées en
stock ou en flux sur un bilan équilibré. Dans le cadre de notre
étude, nous nous contenterons de traiter les impasses de taux d'une
façon générale sans distinction du stock ou du flux.
Parler des impasses de taux revient à étudier le
profil d'échéance. Le profil d'échéance est un
tableau qui classe les actifs et les passifs selon la date à laquelle
les conditions de rémunération sont modifiées. Dans le
tableau en question il doit exister autant de classes d'échéances
que de dates de révisions de taux. Mais notons que le profil
d'échéance ne doit concerner que les opérations
susceptibles d'être sensibles aux variations de taux. De ce fait les
actifs sans stipulation de taux comme les dépôts à vue sont
ou, exclus du profil d'échéance si on considère que leurs
mouvements sont insensibles à la variation des taux ou au contraire,
pris en compte dans le cas inverse. Les fonds propres peuvent être
analysés comme des passifs à taux fixe selon le taux
suggéré par les actionnaires.
Le profil d'échéance permet de savoir le niveau
de risque que l'opération nous fait courir, ceci par un calcul de la
différence entre les actifs et les passifs dans chaque type de classe
d'échéance donnée.
Le profil d'échéance permet aussi de calculer un
ratio de sensibilité aux variations de taux qui pour chaque type
d'échéance est égal aux actifs sensibles aux variations de
taux sur les passifs sensibles aux variations de taux. Ainsi un ratio
égal à 1 indique pour l'échéance donnée un
parfait adossement des actifs et passifs. Mais s'il est supérieur
à 1 cela correspondra à une position longue, et à
contrario s'il est inférieur à 1, il s'agira d'une position
courte.
Le profil d'échéance permettra enfin de calculer
le coût d'une variation adverse des taux sur le marge
d'intérêt et de ce fait prévoir une variation
différente pour la rémunération des actifs et passifs.
Le calcul des impasses de taux connait cependant quelques
inconvénients. L'inconvénient majeur est qu'il est centré
sur la sensibilité des marges intérêts aux modifications de
taux et
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
35
qu'il ne tient pas compte des variations de valeurs des actifs
et passifs bancaires induites par des modifications de taux. Dans ce sens
d'autres techniques d'évaluation seront créées afin de
remédier à cet inconvénient, dont les techniques
d'évaluation en valeur de marché.
B- Les techniques d'évaluation en valeur de
marché
Il existe deux types de concepts usités pour mesurer le
risque de taux, d'abord nous pouvons parler de la duration et mesure du risque
de taux (1) et ensuite value at risque et mesure du risque de taux (2).
1- La duration et mesure du risque de taux
La duration permet de fournir une mesure de la maturité
réelle d'un actif financier48. Elle tient en compte des dates
et montants d'encaissement des flux, comme les intérêts, avant le
remboursement du principal. Ces différents éléments
peuvent permettre d'avoir un large aperçu sur la sensibilité de
la valeur d'un actif financier aux variations de taux
d'intérêt.
La duration peut correspondre à la valeur actuelle,
pondérée par la durée de tous les flux engendrés
par un actif financier ou encore à la maturité moyenne de tous
les flux, pondérée par leur valeur actuelle, engendrés par
cet actif. Notons que la duration est additive, ce qui signifie que pour son
calcul, il importera d'additionner la duration des différents actifs
pondérés par leur importance respective dans le total des actifs.
De la même façon se fera le calcul de la duration du passif. Nous
pouvons trouver à travers ces différents calculs l'écart
de duration du bilan bancaire. L'écart de duration du bilan bancaire
permet de faire ressortir trois cas de figures.
D'abord le premier cas de figure où il s'agit d'une
baisse de taux, nous notons que cette situation peut être favorable
à la banque ou établissement financier dont l'écart de
duration est positif. Ceci est dû au fait que l'actif s'apprécie
d'avantage que le passif.
En ce qui concerne le second cas de figure où il s'agit
de hausse de taux, elle sera favorable à contrario de la baisse de taux,
à la banque à écart de duration négative. Notons en
effet que dans cette situation l'actif se déprécie moins que le
passif.
Le dernier cas de figure est une situation où la
neutralité prime. L'écart de duration n'est ni positif ni
négatif, ce qui neutralise le risque de taux en ce que la valeur des
actifs et passifs
48 Il peut correspondre à des liquidités
; droit de recevoir des liquidités ou un autre actif financier ; droit
contractuel d'échanger des actifs financiers à des conditions
potentiellement favorables
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
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36
évolue dans les mêmes proportions. C'est dans ce
sens que nous parlons de l'immunisation contre le risque de taux.
Ce qu'il faut noter cependant pour la duration, c'est qu'elle
exige des mises à jour régulières car toute variation de
stock dans la structure modifie la duration.
Il existe un autre type d'évaluation à valeur de
marché à savoir le value at risque.
2- Value at risque et mesure de taux.
Cette technique d'évaluation a été
créée par la banque JP Morgan sous l'appellation risk metrics
dans les années 90. Elle s'est fixée comme objectifs de prime
abord de mesurer l'exposition aux risques de marché du portefeuille de
négociation49 d'une banque. Ensuite la législation
bancaire à décider de l'utiliser aux fins de surveillance de ces
risques. La technique de value at risque (VAR) a plusieurs rôles a
joué dont, la gestion des risques dans les établissements teneurs
de compte, la détermination du niveau de fonds propres capable de
couvrir le risque de taux d'intérêt.
Ce qu'il faut surtout retenir c'est que, la VAR permet de
savoir si le prix des actifs composant le portefeuille de négociation
baisse, quelles seront les pertes maximales que supportera
l'établissement de crédit. C'est en quantile d'une distribution
de profits et de pertes dans un temps considéré. Ce temps peut
être un horizon donné (20 jours par exemple), qui peut
correspondre au laps de temps nécessaire pour la vente des titres. Il
peut aussi correspondre à un intervalle de confiance
considéré. Nous constatons en général cet
intervalle se situe entre 90% et 99%. Dans cette période donnée
la banque ou l'établissement financier pourra estimer les pertes
maximales sur le portefeuille. Par exemple la VAR de portefeuille estimé
à 50 millions de francs CFA, à l'horizon de 20 jours avec un
intervalle de confiance de 90%, d'ici 20 jours le propriétaire du
portefeuille ne perdra pas plus de 50 millions dans 90% des cas. Cependant il
reste 10% des cas où, la perte peut être supérieure
à 50 millions, ce qui n'est pas du tout négligeable.
Pour pouvoir mettre en oeuvre cette technique,
l'établissement teneur de compte se doit de respecter certaines
exigences non négligeables. Ainsi la banque ou l'établissement
financier doit disposer de séries historiques suffisamment longues sur
le prix des actifs détenus dans le portefeuille, mais aussi sur les taux
constatés sur les marchés. Ceci étant
l'établissement de
49 Il peut s'entendre des positions sur instruments
financiers et produits de base détenues à des fins de
négociation ou dans le but de couvrir d'autres éléments du
portefeuille de négociation.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
37
crédit doit disposer de données indispensables
pour évaluer la volatilité ou la sensibilité d'un actif
financier. La banque doit procéder à un repérage des
positions qui sont détenues dans le portefeuille pour mettre en exergue
les variables des marchés aux quels les actifs sont sensibles.
Afin d'estimer le prix et taux futurs du marché, la
banque doit s'appuyer sur des hypothèses concernant la distribution de
probabilité de ces paramètres. De ce fait soit la distribution
suit une loi, soit elle reproduit des mouvements passés
constatés, soit elle reproduit des nombres au hasard.
L'évaluation effectuée, il importe de
procéder à la couverture du risque de taux
d'intérêt, ceci d'autant plus que cette première à
elle seule ne peut éliminer tout risque.
Paragraphe II : La couverture du risque de taux
d'intérêt
Parler de la couverture du risque de taux
d'intérêt revient à étudier les exigences en fonds
propres, qui sont une donnée non négligeable pour anéantir
ce risque. La convention de Bale a établi une réglementation
concernant les exigences en fonds propres afin de se prémunir contre le
risque de taux d'intérêt. Les fonds propres seront établis
suivant le type de risque de taux que nous avons en face. En effet il y a lieu
de distinguer trois niveau de risque de taux : d'abord nous pouvons citer le
risque spécifique relatif à chaque titre de créance,
ensuite il existe le risque général de marché et pour
finir les instruments dérivés sur taux
d'intérêt50.
Il sera donc question de prime abord de l'exigence de fonds
propres pour risque spécifique (A), en deuxième lieu nous
aborderons l'exigence de fonds propres pour risque général de
marché (B) et enfin pour terminer nous étudierons l'exigence de
fonds propres pour instruments dérivés sur taux
d'intérêt (C).
A- L'exigence de fonds propres pour risque
spécifique
Nous pouvons distinguer plusieurs types de risques
spécifiques, mais nous pourrons les distinguer selon qu'ils sont
relatifs ou non à l'émetteur. En somme nous nous proposons
d'étudier d'une part l'exigence de fonds propres pour risque
spécifique relatif à l'émetteur (1), d'autre part
l'exigence de fonds propres pour risque spécifique non relatif à
l'émetteur (2).
50 Ce sont les produits dérivés et
instruments de hors bilan sur taux d'intérêt du portefeuille de
négociation dont le prix est sensible aux variations de taux
d'intérêt.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
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38
1- L'exigence de fonds propres pour risque spécifique
relatif à l'émetteur
Il y a lieu de distinguer deux types d'émetteur, d'une
part l'émetteur peut être éligible d'autre part il peut ne
pas l'être.
Dans le premier cas nous pouvons distinguer les emprunts d'Etat
des titres éligibles.
Les emprunts d'Etat concernent toutes les formes de fonds
d'Etat y compris les obligations et bons de trésor ainsi que les
instruments à court terme. Nous pouvons aussi y inclure les emprunts des
collectivités locales qui bénéficient d'une
pondération de zéro. Notons que les autorités nationales
sont un peu réticentes à l'idée d'appliquer une
pondération de risque spécifique au titre de dette émises
par un gouvernement ayant une monnaie étrangère. Cependant ces
autorités nationales ont la possibilité de diminuer l'exigence de
fonds propres au titre de risque spécifique si le titre d'Etat est
libellé en monnaie locale et financé par la banque dans la
même monnaie. En ce qui concerne l'exigence au titre du risque
spécifique, elle peut variée selon l'évaluation du
crédit externe qui est faite par les agences de notation, et selon
l'échéance résiduelle de la dette. Ainsi les pourcentages
peuvent varier entre 0% et 12%.
S'agissant des titres éligibles, ils concernent les
titres de dettes émis par les agents du secteur public et les banques
multilatérales de développement. Il faut y inclure aussi les
titres notés de bonne qualité par au moins deux agences de
notations désigné par l'autorité nationale. Aussi les
titres notés de bonne qualité par une agence de notation et de
qualité supérieure par toute autre agence de notation
désigner par l'autorité nationale, mais sous réserve d'un
suivi prudentiel. Sont aussi éligibles les titres non notés mais
jugés de bonne qualité par la banque, mais à condition que
les titres soient côtés sur une place reconnue et sous
réserve de l'approbation de l'autorité de contrôle. Les
pourcentages concernant l'exigence de fonds propres peuvent tourner autour de
0,25% à 1,60% selon l'échéance résiduelle de la
dette.
Les titres émis par les émetteur
éligibles sont moins risqués que ceux des émetteurs non
éligibles. En effet les titres émis par un émetteur non
éligible sont assujettis à une exigence de fonds propres pour
risque spécifique égale à celle des titres d'entreprises
de qualité inférieure. Mais notons que chaque autorité
nationale à plein pouvoir pour appliquer une exigence pour risque plus
élevé et/ou refuser toute compensation avec les autres
catégories d'instruments de dette. Les pourcentages pour l'exigence de
fonds propres, pour risque spécifique relatif à un
émetteur non éligible, ne peuvent en aucun cas être
inférieurs à 8% et supérieures à 12%. Ceci
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
39
est dû au fait que les titres sont mal notés ou
non notés d'après l'évaluation du crédit
externe51.
L'exigence de fonds propres, peut être
appréhendée pour risque spécifique, non relatif à
l'émetteur.
2- L'exigence de fonds propres pour risque spécifique non
relatif à l'émetteur
L'exigence de fonds propres pour risque spécifique non
relatif à l'émetteur va concerner les risques spécifiques
sur titres de dettes non notés, et les risques spécifiques sur
positions couvertes par des dérivés de crédit.
Les titres de dettes non notés concernent les titres
éligibles sous réserve de l'approbation de l'autorité de
contrôle lorsque la banque concernée estime qu'ils ont une
qualité équivalente et que le débiteur ait émis des
titres côtés sur une place reconnue. Notons cependant que cet
état de fait concerne l'approche standard. S'agissant de l'approche
NI52 pour un portefeuille les titres non notés peuvent
être reconnus comme des titres éligibles selon deux conditions :
les équivalents à BBB- selon le système de notation
interne de la banque, dont l'autorité de contrôle a
confirmé qu'il répond aux critères d'agreement pour
l'approche NI. Ensuite le débiteur doit avoir émis des titres
côtés sur une place reconnue.
En ce qui concerne l'exigence de fonds propres au titre du
risque spécifique sur positions couvertes par des dérivés
de crédit, les positions longue et courte auront leur importance. En
effet lorsque les deux volets (long et court) évolue tout le temps en
sens opposé et à un degré globalement identique, une
reconnaissance intégrale de la protection est reconnue. Dans ce cas
l'exigence de fonds de propres ne sera nécessaire ni pour l'un ni pour
l'autre des deux volets de la position. Mais une compensation à hauteur
de 80% est recommandée si la valeur des deux volets évolue
toujours en sens opposé, mais à un degré identique.
Dans tous les cas où, la compensation partielle est
reconnue lorsque la valeur des deux volets est habituellement en sens
opposé, ou lorsque la valeur des deux volets évolue toujours en
sens opposé et à un degré globalement identique, il n'est
pas exigé d'additionner les exigences de fonds propres pour risque
spécifique se rapportant à chaque volet de la transaction. En
effet seul la plus élevé des deux exigences s'applique. Notons
cependant que dans tous les autres
51 Comité de Bale sur le contrôle
bancaire : convergence internationale de la mesure et des normes de fonds
propres, juin 2006.
52 Le titre de dette à une probabilité
de défaut à un an inférieur ou égale à la
probabilité de défaut à un an inférée de la
moyenne sur longue durée de la probabilité de défaut
à un an d'un titre noté BBB- ou plus par une agence de notation
reconnue.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
40
cas, une exigence de fonds propres pour risque
spécifique est calculé au regard de chacun des deux volets de la
position53.
Nous en arrivons au risque général de
marché pour lequel les positions longues et courtes sur
différents titres ou instrument peuvent se compenser.
B- L'exigence de fonds propres pour risque
général de marché
L'exigence de fonds propre pour risque général
de marché permet de saisir le risque de perte résultant des taux
d'intérêt de marché. Il existe deux méthodes de
couverture de ce risque : l'une est fondée sur l'échéance,
l'autre sur la duration. En ce qui concerne les deux méthodes,
l'exigence de fonds propres est la somme de quatre composantes. En premier lieu
nous pouvons citer la position nette courte ou longue de l'ensemble du
portefeuille de négociation. Ensuite nous avons une faible proportion
des positions équilibrées dans chaque tranche
d'échéance, c'est ce que nous nommons la non compensation
verticale. Ensuite nous pouvons parler d'une proportion plus
élevées des positions équilibrées entre les
différentes tranches, c'est ce que nous appelons la non compensation
horizontale. Enfin nous avons une exigence nette pour les positions sur option,
le cas échéant. Notons aussi que pour les deux méthodes il
est exigé l'utilisation pour chaque monnaie de tableaux
d'échéances séparés. L'exigence de fonds propres
doit nécessairement être calculée séparément
pour chacune des monnaies. L'addition devra se faire nécessairement sans
compensation entre des positions de signe opposé. Pour finir avec
l'étude générale des deux méthodes, il est
nécessaire de totaliser dans chaque tranche des positions nettes
individuelle pour obtenir un chiffre de position brute.
Il est nécessaire après avoir parlé du
cadre général des deux méthodes, d'étudier leur
spécificité. En somme il sera question de la méthode
fondée sur l'échéance (1) d'une part, et de la
méthode fondée sur la duration (2) d'autre part.
1- La méthode fondée sur
l'échéance
Avec cette méthode, les positions longues ou courtes
sur titres de créances et autres sources de risque de taux
d'intérêt sont classées dans un tableau comportant treize
tranches d'échéances. Pour les instruments à faible coupon
il s'agira d'un tableau comportant quinze tranches. Les instruments doivent
être ventilés en fonction de leur échéance
résiduelle s'ils sont à taux fixe et de leur
échéance à courir jusqu'à la plus proche date de
révision du taux
53 Comité de Bale sur le contrôle
bancaire : convergence internationale de la mesure et des normes de fonds
propres, juin 2006.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
41
s'ils sont à taux variable. Il y a lieu de distinguer
deux étapes pour le calcul de l'exigence de fonds propres pour risque
général de marché.
En ce qui concerne la première étape, il est
exigé à l'intérieur de chaque tranche
d'échéance, d'affecter les positions d'une pondération
visant à refléter leur sensibilité - prix aux
hypothèses de variation de taux d'intérêt. Les obligations
à coupon zéro et obligation à forte
décote54 doivent être réparties dans les
tranches d'échéance de la deuxième colonne.
Enfin s'agissant de la deuxième étape, il est
nécessaire au sein de chaque tranche de compenser les positions
pondérées longues et courtes afin d'obtenir une seule position
longue ou courte. Chaque tranche englobe des instruments et
échéances différents. A cet effet une exigence de fonds
propres de 10% destiné à traduire le risque de base et le risque
d'asymétrie est appliquée à la plus faible des positions
totales longue et courte. Par exemple si la somme des positions longues
pondérées dans une tranche est de 100 millions de francs CFA et
celle des positions pondérées courtes de 90 millions de francs
CFA, la compensation verticale pour cette tranche égale à 10% de
90 millions de francs CFA soit 9 millions de francs CFA.
Dans chaque tranche, deux séries de valeurs
pondérées seront produites : la position nette longue ou courte
et non la compensation verticale qui n'a aucun signe. La banque ou
l'établissement financier peur être autorisé à
utiliser la non compensation horizontale en deux phases : dans la
première phase nous remarquerons des positions nettes au sein de chaque
plage55 entre 0 à 1 an et entre 1 à 4 ans et 4 ans et
plus. Dans la seconde phase, il sera question de positions nettes des trois
plages. Les différentes positions pondérées dans chacune
des trois plages peuvent être compensées, mais à la seule
condition que la partie équilibrée soit assortie d'un facteur de
non compensation entrant dans l'exigence de fonds propres. La position nette
résiduelle dans chaque plage peut être reportée et
compensée contre des positions inverses dans d'autres plages, mais ce
sera sous réserve d'une seconde série de facteur de non
compensation. Cf. tableau ci-après.
54 Obligation ayant un coupon de moins 3%.
55 Ecart entre deux mesures, deux
possibilités
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
42
NON COMPENSATION HORIZONTALE
|
Plage
|
Tranche d'échéance
|
Au sein de la plage
|
Entre plage
adjacente
|
Entre les plages 1 et 3
|
Plage1
|
0-1 mois 1-3 mois 3-6 mois 6-12 mois
|
40%
|
40%
|
100%
|
Plage 2
|
1-2 ans 2-3 ans 3-4 ans 4-5 ans
|
30%
|
40%
|
40%
|
Plage 3
|
5-7 ans 7-10 ans 10-15 ans 15-20 ans > 20 ans
|
30%
|
40%
|
2- La méthode fondée sur la duration
Pour l'utilisation de cette méthode, il est
nécessaire de passer par quatre phases :
- D'abord il importe de faire le calcul entre la
sensibilité - prix de chaque instrument à une variation de taux
d'intérêt comprise entre 0,6 et 1,0 de pourcentage selon
l'échéance.
- Ensuite la mesure ainsi obtenue devra être
portée dans l'échelle à quinze tranches
d'échéance.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
43
- Les positions longues et courtes à l'intérieur
de chaque tranche doivent se voir appliquer un facteur de non compensation
verticale de 5% pour prendre en compte le risque de base.
- Enfin une compensation horizontale des positions nettes doit
être effectuée dans chaque tranche. Voir tableau suivant.
Méthode fondée sur la duration
:
tranches d'échéances et hypothèses
de variation de taux
|
|
Hypothèse de
variation de taux
|
|
Hypothèse de
variation de taux
|
Plage 1 = 1 mois 1-3 mois 3-6 mois 6-12 mois
Plage 2 1,0-1,9 an 1,9-2,8 ans 2,8-3,6 ans
|
1,00 1,00 1,00 1,00
0,90
0,80
0,75
|
Plage 3 3,6-4,3 ans 4,3-5,7 ans 5,7-7,3 ans
7,3-9,3 ans 9,3-10,6 ans 10,6-12 ans 12-20 ans > 20 ans
|
0,75 0,70 0,65 0,60 0,60 0,60 0,60 0,60
|
Il est question maintenant d'étudier les instruments
dérivé sur taux d'intérêt, ce qui va clôturer
cette section
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA
Amadou Lampsar Sall
44
C- L'exigence de fonds propres pour les instruments
dérivés sur taux d'intérêt
En parlant des instruments dérivés nous faisons
référence aux produits dérivés et instruments de
hors bilan sur taux du portefeuille dont le prix est sensible aux variations de
taux d'intérêt56.
Les instruments dérivés doivent
nécessairement être soumis aux exigences de fonds propres aussi
pour risque spécifique et pour risque général. Nous
pouvons donner l'exemple de calcul de deux types d'instruments
dérivés sur taux d'intérêt.
D'abord nous pouvons parler des contrats à termes dans
lesquels il est nécessaire de combiner une position longue et une
position courte sur un titre d'Etat notionnel. La durée de l'instrument
correspond à la période à courir jusqu'à la date de
livraison ou d'exercice du contrat, allongée le cas
échéant de la durée de vie du support.
Le swap57 est aussi un instrument
dérivé. Pour ce type d'instrument nous pouvons utiliser
indifféremment la position longue ou courte. Ainsi un swap de taux par
lequel une banque reçoit un intérêt variable et paie un
intérêt fixe est considéré comme une position longue
sur instrument à taux variable d'une échéance
correspondant à la prochaine date de révision et comme une
position courte sur instrument à taux fixe d'une durée
équivalent à la durée de vie résiduelle du
contrat.
Les instruments dérivés seront calculés
différemment selon qu'il est question de risque spécifique ou de
risque général de marché. S'agissant du risque
spécifique, il ne concerne que les contrats à terme des
marchés organisés référencés sur un titre de
créance ou indice représentatif d'un panier de tels titres. Pour
le risque général de marché, nous prenons en compte que
les contrats à terme des marchés organisés sur tous les
produits dérivés de la même façon qu'aux positions
au comptant, à la seule exception des positions parfaitement ou
quasiment équilibrées sur instruments identiques. CF tableau
suivant58.
56 Par exemple, contrats de taux à terme et
autres contrats à terme de gré à gré, contrats
à terme des marchés organisés sur obligations, swaps de
taux, swaps simultanés de taux et de devises ainsi que positions de
change à terme.
57 Accord réciproque de crédit entre
banques centrales.
58 Comité de Bale sur le contrôle
bancaire : convergence internationale de la mesure et des normes de fonds
propres, juin 2006.
45
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
Traitement des instruments dérivés sur
taux d'intérêt
|
Instruments
|
Exigence de
fonds propres
pour risques
spécifiques
|
Exigence de fonds propres pour risque général de
marché.
|
Contrat à terme des marchés
organisés
|
|
|
- sur titre d'État
|
oui
|
oui, sur les deux positions
|
- sur titre de dette de société
|
non
|
oui, sur les deux positions
|
- sur indice de taux
|
non
|
oui, sur les deux positions
|
Contrat à terme de gré à
gré
|
|
|
- sur titre d'État
|
oui
|
oui, sur les deux positions
|
- sur titre de dette de société
|
oui
|
oui, sur les deux positions
|
- sur indice de taux
|
non
|
oui, sur les deux positions
|
Taux à terme, swap
|
non
|
oui, sur les deux positions
|
Contrat à terme sur devises
|
non
|
oui, sur une position dans chaque monnaie
|
Option
|
|
Une des deux formules
|
- sur titre d'État
|
oui
|
a) disjoindre, en même temps que les positions de
couverture associées
|
|
|
- approche simplifiée
|
|
|
- analyse par scénario
|
|
|
- modèles internes
|
- sur titre de dette de société
|
Oui
|
b) exigence pour risque général de
|
|
46
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
- sur indice de taux
- contrat de taux à terme, swap
|
Non Non
|
marché déterminée selon la méthode
delta-plus (gamma et véga devant être affectés d'exigences
de fonds propres distinctes
|
La gestion du risque de taux d'intérêt ainsi
appréhendée nous en arrivons à l'étude des risques
de change et de position sur action, qui va clôturer ce chapitre sur les
risques de marché.
Section II : La gestion des risques de change et de
position sur action
Cette section sera subdivisée en deux grandes parties,
nous allons étudier d'une part, la gestion du risque de change
(paragraphe I), d'autre part la gestion du risque de position sur action
(paragraphe II).
Paragraphe I : La gestion du risque de change
Le risque de change concerne essentiellement les payables et
recevables en devises étrangères engendrés à la
suite d'un contrat, déjà signé ou à venir, de
l'établissement de crédit. Le risque va se manifester par la
fluctuation de la devise de façon défavorable à la banque
ou l'établissement financier et ainsi d'avoir à convertir pour
ces derniers la devise étrangère selon des conditions moins
favorables que ce qui a été prévu auparavant. Le risque de
change est réglementé par l'UEMOA dans son instruction
n°4/07/2011 RFE relative à la couverture du risque de change et du
risque de prix par les résidents sur les opérations commerciales
et financières avec l'extérieur. Selon cette instruction dans son
article 2, il n'y a que trois types de transactions autorisés à
savoir le contrat de change à sec de type forward c'est -à -dire
de gré à gré, les options de change et les swaps de change
et devise. En ce qui concerne les options de change elles ne peuvent porter que
sur deux opérations dont, l'achat d'une option d'achat de devises par le
résident auprès d'une banque intermédiaire
agréé établie dans l'UMOA ou auprès d'un
établissement de crédit étranger et l'achat d'une option
de vente de
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
47
devises par le résident auprès d'une banque
intermédiaire agréé établie dans l'UMOA ou
auprès d'un établissement de crédit étranger. Selon
l'article 4 de l'instruction précitée les transactions sur
instruments dérivés de change autorisés pourrons
s'effectuer entre deux devises étrangères ou entre le franc CFA
et une devise étrangère à l'exception de l'euro ou d'une
monnaie dont l'institut d'émission d'un compte opération
auprès du trésor public français.
A contrario du risque de crédit et du risque de taux
étudiés plus haut, il convient de faire pour le risque de change
non pas une évaluation et une couverture des risques mais juste la
couverture des risques par les différentes méthodes connues.
L'évaluation n'est pas si primordiale que pour les autres risques, dans
ce sens seul la couverture fera l'objet d'une étude. Les clauses
d'indexation sont des moyens efficaces de couvrir le risque de change. Mais
dans le cadre de notre travail ces clauses ne seront pas étudiées
car la majorité du risque est supportée par l'un des acteurs au
contrat faisant apparaitre ces clauses. Mais nous pouvons donner l'exemple de
quelques clauses59. Nous pouvons distinguer deux types de couverture
dont la couverture du risque de change par les dérivés de
crédit (A) et la couverture du risque de change par les exigences de
fonds propres (B), c'est qui fera l'objet de ce paragraphe.
A- La couverture du risque de change par les
dérivés de crédit
Les dérivés de crédit doivent faire
l'objet d'une identification, afin de mieux les cerner ensuite, de leur mise en
oeuvre. Il sera donc question de l'identification des dérivés de
crédit (1) et de la mise en oeuvre des dérivés de
crédit (2).
1- L'identification des dérivés de
crédit
Les dérivés de crédits sont des
instruments financiers apparus aux Etats Unis durant les années 90 et
plus connus sous le nom de produits ou instruments dérivatifs. Ces
dérivés de crédit permettent d'établir un profil de
gain et de perte liés à des actifs sous-jacents. Nous pouvons
distingués plusieurs types de crédits dérivatifs, dont les
contrats de forward, les contrats de futures sur change, les options et enfin
les swaps sur devises60.
Les forwards sur taux de change constituent un marché
qui s'est accru en réponse aux opérations des banques
commerciales et banques d'investissement, qui impliquaient de très
nombreuses interventions sur le marché des changes. Il importe de savoir
que le forward est
59 Clause d'adaptation des prix proportionnelle aux
fluctuations des cours de change, Clause d'indexation « tunnel »,
Clause d'indexation sur une devise ou un panier de devises, Clause de risque
partagé, Clauses multidevises et les Clause d'option de devises.
60 2007 Pearson Education France - Monnaie, banque et
marchés financiers, 8e édition
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
48
un contrat irrévocable entre deux parties
décidant qu'une transaction à l'avenir sera
réalisée à une date ultérieure fixée.
Les futures sur taux de change ont la particularité de
spécifier qu'un titre de dette fera l'objet d'une transaction future
entre deux parties à une date déterminée. Cette
définition pourrait aussi s'appliquer aux forwards. Mais à la
différence des forwards, les futures permettent de s'affranchir des
risques de liquidité et de défaut liés aux dits contrat de
forwards.
Les options quant à elles sont des contrats qui donnent
le droit à l'acheteur de l'option d'acheter ou de vendre un actif
sous-jacent à un prix spécifique pendant une période
considérée ou une date déterminée. Pour ce type de
contrat l'option n'existe que du côté de l'acheteur de l'option.
En effet le vendeur de l'option est obligé soit de vendre ou d'acheter
l'actif de sous-jacent, donc sa décision est irrévocable. Nous
pouvons distinguer deux types d'options à savoir l'option
américaine et l'option européenne. S'agissant de l'option
américaine, elle peut être exercée à n'importe quel
moment jusqu'à la date d'échéance du contrat en question.
En ce qui concerne l'option européenne elle ne peut être
exercée qu'à l'échéance de la dite contrat.
Les swaps en général imposent à deux
agents de s'échanger les flux financiers générés
par un actif qu'ils détiennent. Spécialement pour les swaps de
devise, ils impliquent un échange entre deux agents, en ce qui concerne
un flux financier libellé en une monnaie contre un autre flux financier
libellé dans une monnaie autre que la première. Plus
précisément les swaps de devises consistent « à
échanger des quantités de monnaie différentes, portant
intérêt, avec obligation réciproque de paiement des
intérêts et, éventuellement, de remboursement du principal.
Il suffira que deux sociétés de nationalité
différente se mettent d'accord pour exploiter leur avantage comparatif
en matière de conditions d'emprunts sur leur marché respectif
pour qu'elles obtiennent un avantage »61.
Les dérivés de crédit ainsi
identifiés, nous en arrivons à leur mise en oeuvre pour la
couverture du risque change.
61 Encyclopédie universalis 2010
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
49
2- La mise en oeuvre des dérivés de
crédit
Comme pour l'identification des dérivés de
crédit nous allons débuter avec les forwards sur taux de change
et ainsi de suite62.
Les forwards sur taux de change peuvent permettre une
couverture adéquate du risque de change. Il faudra distinguer selon que
la banque est dans une position longue ou courte. Mais dans tous les cas il
importe de prendre la position inverse afin de couvrir le risque. La conclusion
d'un forward, qui engage à vendre la somme du paiement dans un
délai déterminé au taux de change à terme, est
nécessaire. Ainsi à l'arrivée de la date indiquée
le forward aura assuré, les francs CFA seront échangés
contre des euros ou des dollars au taux de 1 pour 1. De ce fait la
dépréciation ou l'appréciation du taux de change n'aura
aucun impact sur le paiement de la créance. Les forwards peuvent
cependant avoir quelques inconvénients. Nous pouvons donner l'exemple du
montant minimal d'un forward qui ne doit pas être inférieur
à un million de dollars.
Pour couvrir son client, la banque doit acheter des contrats
en dollars ou en euros qui devront égaler le montant du contrat
originaire. Il s'agit en effet des futures sur devises qui doivent être
distinguées des forwards. Cette distinction peut se faire selon que le
montant est inférieur ou pas à un million de dollars. Mais si le
contrat est supérieur à un million le choix de l'une ou l'autre
stratégie dépendra des coûts des transactions. Ce qui
sous-entend que si la banque est active sur le marché des forwards, ce
sera le plus intéressant pour elle en terme de coût de
transaction, en revanche si elle utilise rarement ce marché, elle
préférera passée par le marché à terme
organisé et couvrir son client à l'aide des futures.
En ce qui concerne les options nous pouvons en distinguer
plusieurs types, mais il importe de savoir que les options sur futures sont les
plus usitées, surtout par ce qu'elles sont plus liquides que les autres.
Nous pouvons distinguer deux types de contrats d'options que les banques
utilisent le plus souvent, il s'agit du call63 et du
put64. Il faut savoir que plus une option possède un
prix d'exercice élevé, plus la prime65 est faible pour
un call, et plus elle est élevée pour un put et vice versa.
Ensuite plus la durée de vie de l'option est élevée, plus
la prime pour acheter une option (call ou put) est
élevée. Et enfin plus la volatilité du prix de
622007 Pearson Education France - Monnaie, banque et
marchés financiers, 8e édition
63 Contrat qui donne à son acheteur le droit
d'acheter le sous-jacent au prix d'exercice pendant une période de temps
bien indiquée.
64 Contrat qui donne le droit à son acheteur de
vendre l'actif sous-jacent au prix d'exercice pendant une période
donnée.
65 Prix d'achat du call ou du put imputable à
la banque.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
50
l'actif sous-jacent est élevée, plus la prime
pour acheter une option (call ou put) est
élevée. Même si la prime reste élevée pour la
banque, celle-ci en tire beaucoup d'avantages qui rendent négligeable ce
caractère élevé de la prime. Le détenteur de
l'option est toujours bénéficiaire s'il est avéré
que le prix de l'actif est incertain.
Enfin pour ce qui concerne les swaps sur taux de change, les
sommes obtenues sur le marché national de chaque intervenant doivent
être échangées. Le taux de change qui servira pour
l'échéance des dettes et les paiements des intérêts
doivent être fixé, et enfin il faudra prévoir les dettes
séparément des intérêts de remboursement du
principal.
Les dérivés de crédit permettent ainsi
aux banques de vendre le risque portant sur une créance tout en
conservant la propriété juridique de cette dernière. A
côté des dérivés de crédit il existe un autre
moyen de couvrir le risque de change, il s'agit des exigences en fonds
propres.
B- La couverture du risque de change par les exigences
de fonds propres
Pour couvrir le risque de change, il est nécessaire de
procéder par deux étapes : il faut en premier lieu
procéder à la mesure de la position dans une devise donnée
(1) et en deuxième lieu la mesure du risque de change sur l'ensemble des
positions en devises et sur or (2).
1- La mesure de la position dans une devise donnée
La position nette ouverte dans chaque monnaie est la somme de
plusieurs éléments dont : la position nette au
comptant66, la position nette à terme67, les
garanties dont l'activation future est certaine et qui seront probablement
irrécouvrable, le solde net des produits/charges futures non courus mais
déjà entièrement couverts, tout autre
élément représentant un gain ou une perte en devise et
enfin le portefeuille globale net d'options de change, pondéré
par une valeur approchée du coefficient delta. La mesure de la position
dans une devise implique un certain nombre de commentaire sur trois aspects
à savoir le traitement des intérêts ainsi que des autres
produits à recevoir et charges à payer, la mesure des positions
à terme sur devise et or et les procédures applicables aux
positions structurelles.
S'agissant du premier type d'aspect, doivent être
déclarés comme position : les intérêts courus, les
charges à payer, les intérêts attendus mais non acquis et
les charges attendues si leur montant est connu avec certitude et que les
banques ont procédé à leur couverture.
66 C'est le total des actifs moins total des passifs,
intérêts courus compris, dans la monnaie concernée
67 C'est-à-dire tous les montants à
recevoir moins les montants à payer en exécution des
opérations de change à terme, y compris les contrats à
terme des marchés organisés et le principal des swaps non inclus
dans la position au comptant.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
51
Pour le deuxième aspect qui concerne les positions
à terme sur devise et or, elles sont normalement évaluées
au cours de change courant du marché au comptant. Cependant les banques
qui fondent leur gestion comptable sur les valeurs nettes actualisées
utiliserons les écarts courants de taux d'intérêt pour
chaque position sur la base des taux d'intérêt courant avec une
évaluation aux taux et cours courant au comptant, aux fins de la mesure
de leur position à terme sur devises er sur or.
Enfin pour le dernier aspect, si une banque détient son
capital en monnaie nationale et parallèlement s'il dispose d'un
portefeuille d'actifs et de passif en devise parfaitement
équilibré, son ratio de couverture des actifs par les fonds
propres va se détériorer si la monnaie nationale se
déprécie. Cependant la conservation d'une position courte dans sa
monnaie, peut protéger son ratio de fonds propres, mais nous parlerons
de perte au cas où il sera question d'appréciation de la monnaie
locale. Ce qui est très bénéfique pour les pays de la zone
UEMOA étant donné que le francs CFA ne fait que se
déprécier et presque ne jamais s'apprécier.
Il existe une autre étape à franchir pour en
arriver à bout de l'exigence en fonds propres pour le risque de
change.
2- Mesure du risque de change sur l'ensemble des positions en
devises et sur or
Ils existent deux méthodes pour mesurer le risque de
change sur l'ensemble des positions en devises et sur or : il s'agit de la
méthode simplifiée qui est la plus usitée dans les pays de
l'UEMOA et le recours à des modèles internes tenant compte du
degré effectif du risque en fonction de la composition du portefeuille.
Seule la première méthode fera l'objet d'étude en ce que
la deuxième est peu usitée par les banques et
établissements financiers qui sévissent dans la zone UEMOA.
Selon cette méthode en effet, le montant nominal (ou
valeur actualisée nette) de la position nette sur chaque devise et sur
or est converti dans la monnaie de déclaration sur la base du cours au
comptant. Pour le calcul de la position nette ouverte globale il importe de
totaliser : la somme des positions courtes nettes ou celle des positions
longues nettes, le montant le plus élevé étant retenu,
ensuite la position nette sur or indépendamment du signe. L'exigence de
fonds propres va ainsi représenter 8% de la position nette ouverte
globale. Pour être plus précis nous pouvons affirmer que
l'exigence de fonds propres va correspondre à 8% du montant le plus
élevé de la position longue nette ou de la position courte nette
en devise, et position nette sur or. Cependant notons que certains
établissements teneurs de compte
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
52
peuvent, à la discrétion de leur autorité
de contrôle nationale, être exonérés des exigences de
fonds propres pour ces positions sous certaines conditions. Ces
établissements de crédit sont ceux qui opèrent sur devises
pour des volumes négligeables et qui ne prennent pas des positions de
change pour leur propre compte. Les positions qui peuvent faire l'objet
d'exonération doivent avoir un volume des opérations de change
(défini comme le montant le plus élevé entre la somme des
positions brutes longues et celle des positions brutes courtes, sur l'ensemble
des devises) ne dépassant pas 100 % des fonds propres éligibles.
Ensuite la position nette ouverte globale sus visée ne doit pas
dépasser les 2% des fonds propres éligibles.
Le risque de change est en effet un risque qui fait perdre aux
établissements de crédit beaucoup d'argent surtout si ces
derniers ne tiennent pas en compte avec rigueur les techniques de mesure de
couverture de risque établis par les experts de la profession bancaire
et le comité de Bâle. Il existe un autre type de risque qui est
craint par les établissements de crédit et qui a aussi fait
l'objet d'une réglementation, il s'agit du risque de position sur
action. Nous en arrivons ainsi au dernier paragraphe de ce mémoire.
Paragraphe II : La gestion du risque de position sur
action
Quand nous parlons de position sur action nous faisons
allusion aux positions longues et courtes sur tous les instruments dont le
comportement de marché est semblable à celui des actions. Devront
être prises en compte ainsi, les actions ordinaires, assorties ou non
d'un droit de vote, les titres de dettes convertibles au comportement identique
à celui des actions et les engagements d'acquisition ou de cessions
d'actions. Cependant il convient de noter que certaines actions ne sont pas
prises en compte, il en ait ainsi des actions prioritaires non convertibles qui
sont assujetties aux exigences de fonds propres pour risque de taux
d'intérêt.
Pour pouvoir appréhender convenablement le risque de
position sur action, il importe de traiter d'une part la présentation du
risque de position sur action (A), et d'autre part la couverture du risque de
position sur action (B).
A- La présentation du risque de position sur
action
Nous allons essayer de faire une présentation assez
précise des positions sur action. Ensuite une distinction sera
établie entre le risque spécifique et le risque
général de marché pour une bonne compréhension du
risque de position sur action. En somme, il sera question en premier lieu de la
présentation des différentes positions sur action (1), et en
second lieu de la distinction entre risque spécifique et risque
général de marché (2).
1- La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
53
La présentation des différentes positions sur
action
Nous pouvons commencer par les positions sur indices qui
peuvent être traitées au choix comme des instruments sur indices
ou réparties selon les actions concernées comme des positions
normales sur action.
En ce qui concerne les dérivés sur actions et
les positions hors bilan dont la valeur est influencée par les
modifications des cours sur actions, ils doivent être saisis dans le
système de mesure à la valeur de marché des instruments de
base effectifs ou fictifs.
Ensuite une compensation est admise pour les positions
équilibrées comme les positions de sens opposé,
c'est-à-dire les positions opposées sur dérivés ou
sur dérivés et instruments de base correspondants, d'actions ou
d'indices d'actions identiques.
S'agissant des contrats sur futures et forwards ils sont
traités d'une part comme une combinaison d'une position longue ou d'une
position courte sur une action, un panier d'actions ou un indice d'actions, et
d'autre part comme un emprunt d'Etat. Les positions sur actions sont saisies
à la valeur de marché et les positions sur paniers ou indices
d'actions sont saisies à la valeur de marché actuelle du
portefeuille fictif d'actions sous-jacentes.
Enfin en ce qui concerne les swaps d'actions ils sont
traités également comme une combinaison d'une position longue et
d'une position courte. Il peut s'agir soit d'une combinaison portant sur deux
positions sur actions, paniers ou indices d'actions, soit d'une combinaison
portant sur une position sur actions, panier ou indice d'actions
associée avec une position de taux
d'intérêt68.
La présentation des positions ainsi faite, il importe
maintenant de traiter de la distinction du risque spécifique et du
risque général de marché.
2- La distinction entre risque spécifique et risque
général de marché
Pour respecter les exigences en fonds propres pour risque de
position sur action, il est nécessaire de faire la distinction entre
risque spécifique et risque général de marché.
En ce qui concerne le risque spécifique il est
inhérent à la détention d'une position longue ou courte
sur une ligne d'action. Ainsi il peut être défini comme la
position de la banque ou établissement financier sur titre de
propriété c'est-à-dire la somme de toutes les positions
longues et de toutes les positions courtes. Plus précisément, il
s'agit de risque d'une variation du prix de l'instrument concerné sous
l'influence de facteurs liés à son émetteur ou dans le cas
d'instrument dérivé, à l'émetteur de l'instrument
sous-jacent. Pour ce type de risque, les
68 Journal officiel de l'union européenne du
21/09/2006 annexe 1 calcul des exigences de fonds propres pour risque de
position.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
54
données du marché dans son ensemble ne sont pas
prises en compte à contrario du risque général de
marché.
Le risque général de marché est
lié à la détention de positions longues ou courtes sur le
marché considéré dans son ensemble. Ce type de risque peut
être défini comme la position nette globale qui est
constituée par la différence entre la somme des positions longues
et celles des positions courtes. Les deux positions doivent être
calculées par marché ce qui sous-entend qu'une mesure
séparée doit être faite pour chaque marché national.
Pour être plus explicite en ce qui concerne le risque de position sur
action, le risque général de marché de marché doit
être compris comme le risque d'une variation du prix de l'instrument,
provoquée par une fluctuation du niveau des taux
d'intérêt69 ou par un mouvement général
du marché des actions non imputables à certaines
caractéristiques spécifiques des titres en
questions70.
La présentation des différentes positions sur
action ainsi que la distinction entre risque spécifique et risque
général de marché, vont nous nous permettre d'avoir une
porte d'entrée vers la couverture du risque de position sur action, qui
va clôturer ce dernier chapitre.
B- La couverture du risque de position sur action
Les exigences de fonds propres seront la seule méthode
utilisée pour couvrir ce risque. Il sera question de distinguer les
exigences de fonds propres pour risque spécifique et risque
général (1) et les exigences de fonds propres additionnelles
(2).
1- Les exigences de fonds propres pour risque
spécifique et risque général
Les exigences en fonds propres doivent être
appréhendées différemment selon que nous sommes en face
d'un risque spécifique ou d'un risque général. Mais dans
tous les cas, il est possible de compenser totalement les positions
équilibrées sur chaque action ou indice boursier identique, de
sorte que le calcul produit une position nette longue ou courte unique à
laquelle s'appliquent les exigences pour risque spécifique et risque
général de marché. Ainsi, un contrat à terme d'un
marché organisé sur une action donnée peut être
compensé par une position au comptant de sens opposé sur la
même action.
Les exigences de fonds propres pour risque spécifique
sont généralement à hauteur de 8%. Cependant si le
portefeuille est à la fois liquide et bien diversifié, les
exigences de fonds propres peuvent être de 4%. Ainsi les autorités
de contrôle de l'établissement de crédit sont libres de
déterminer les critères de liquidité et de diversification
des portefeuilles, s'il est tenu
69 Ceci dans le cas d'un titre de
créance négocié ou d'un instrument dérivé
sur un titre de créance négocié
70 Dans le cas d'action d'un
instrument dérivé sur action
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
55
compte de caractéristiques différentes des
marchés nationaux en termes de négociabilité et de
concentration.
En ce qui concerne les exigences de fonds propres pour risque
général de marché, c'est celui de droit commun et qui ne
change pas, c'est-à-dire 8%.
Les exigences de fonds propres pour risque spécifique
ou général s'appliquent aussi aux positions sur
dérivés, mais à la seule condition qu'elles soient
converties en position sur le notionnel-action.
Ainsi les contrats à terme71 sur titre de
propriété devraient être en principe déclarés
aux prix courants du marché. Les contrats à terme des
marchés organisés sur indice boursier doivent être
recensés à la valeur de marché du portefeuille notionnel
sous-jacent. Ensuite, nous remarquons aussi que pour les swaps il est
nécessaire de les traiter comme des positions notionnelles, par exemple,
un swap comportant réception d'un montant calculé sur la base de
la variation de valeur d'une action ou d'un indice boursier, d'une part, et
paiement d'un montant calculé en fonction d'un autre indice, d'autre
part, est traité comme position longue pour le premier volet et position
courte pour le second. Enfin les options sur actions et sur indice boursier
devront être soit disjointes en même que les sous-jacents, soit
incorporés dans la mesure du risque général de
marché72.
A côté des exigences en fonds propres pour
risques spécifique et général il existe des exigences en
fonds propres additionnelles.
2- Les exigences de fonds propres additionnelles
Outre les exigences de fonds propres pour risque
spécifique ou général, des exigences de fonds propres
additionnelles de 2% doivent être appliquées à la position
nette longue ou courte d'un contrat sur indice d'action diversifié.
L'application de ce taux de 2% est destinée à couvrir des
facteurs tels que le risque d'exécution. Les autorités nationales
de l'établissement de crédit en cause doivent veiller à
s'assurer que ce traitement de faveur est réservé aux indices
bien diversifiés et non, par exemple aux indices sectoriels.
Ce traitement de faveur s'applique aussi aux stratégies
d'arbitrage sur contrats à terme des marchés organisés et
aux stratégies d'arbitrage délibérés où un
contrat à terme d'un marché organisé sur indice boursier
large équilibre un panier d'actions.
71 Les contrats de gré à gré et
des marchés organisés
72 Comité de Bale sur le contrôle
bancaire : convergence internationale de la mesure et des normes de fonds
propres, juin 2006.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
56
Pour les premiers types de stratégies d'arbitrage, deux
cas peuvent se voir appliquer le traitement de faveur : lorsque la banque prend
des positions de sens opposé sur le même indice pour des dates
différentes ou sur des places différentes, et lorsque la banque a
des positions de sens opposé pour des contrats de même date sur
indices distincts mais similaires. Pour le deuxième cas
l'autorité de contrôle doit s'assurer que les deux indices
concernés ont suffisamment de composantes communes pour justifier la
compensation.
Pour les deuxièmes types de stratégies
d'arbitrage, deux conditions doivent être respectées :
l'opération doit être conclue expressément à des
fins d'arbitrage et faire l'objet de contrôle individuel, et enfin la
composition du panier doit représenter au moins 90% de l'indice sur la
base d'une répartition entre ses composantes notionnelles. L'exigence
minimale de fonds propres sera de 4%, en effet pour chaque volet nous
appliquerons le taux de 2% de sa valeur brute, ceci pour prendre en compte les
risques de divergences et d'exécution73.
Les risques de marché sont inhérents à
l'activité bancaire, dans ce sens une attention particulière leur
est attachée. Les risques de marchés sont exclusivement au nombre
de trois à savoir, le risque de taux d'intérêt qui est
somme toute le plus important des risques de marché du fait du gros
risque qu'il fait courir aux établissement de crédit, ensuite le
risque de change et le risque de position sur action.
Le risque de taux d'intérêt peut être
évalué par différentes méthodes, mais nous en avons
retenus essentiellement que trois dont, l'évaluation par les impasses de
taux de, par la duration et la value at risque. Cette évaluation est
cependant insuffisante, ce qui suppose qu'il est nécessaire de faire une
couverture de ce risque. Cette couverture implique de faire une distinction
entre risque spécifique et risque général où il est
exigé des fonds propres selon le type de risque. Cette couverture doit
aussi tenir en compte les instruments dérivés sur taux
d'intérêt qui requière une exigence en fonds propres
spéciale.
Le risque de change quant à lui impose de faire une
couverture bien spécifique pour atténuer les dangers de ce
risque. Une couverture par les dérivés de crédit est
nécessaire, mais aussi une couverture par les exigences en fonds
propres.
La gestion du risque de position sur action pour son
appréhension a besoin, d'une présentation des différentes
positions, et la distinction entre risque spécifique et risque
général. Cette présentation et cette distinction faites,
il est nécessaire de faire une couverture de ce risque par
73 Idem
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
57
les exigences en fonds propres pour risque spécifique
et risque général de marché et les exigences en fonds
propres additionnelles.
58
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA
Amadou Lampsar Sall
59
CONCLUSION GENERALE :
Les risques bancaires sont un fait non négligeable de
nos jours pour le système bancaire et financier. Ils ont entrainé
dans le passé et de nos jours des crises et des faillites sans
précédents dans le domaine bancaire. Ainsi de grandes banques et
établissements financiers ont disparu causant ainsi de gros dommages au
système bancaire mondial. Tous les risques bancaires n'ont pas les
mêmes degrés de virulence. En effet certains risques par rapport
à d'autres affectent beaucoup plus les établissements de
crédit. Il en est ainsi du risque de contrepartie qui à lui seul
à entrainer tant de faillites, de l'autre côté notons
l'existence des risques de marché qui sont aussi non
négligeables.
Le risque de contrepartie est un risque inhérent
à l'activité bancaire, il suppose la défaillance du
débiteur de la banque à l'arrivée de
l'échéance de paiement. Il peut être évité
suivant le respect de trois conditions cumulatives. D'abord il doit faire
l'objet d'une évaluation, d'une couverture et enfin d'une prise de
garantie.
L'évaluation est différente selon qu'il y a en
cause un simple particulier ou une entreprise. Quand il s'agit de
l'évaluation pour un particulier, il existe deux types de
méthodes d'évaluation à savoir la méthode
traditionnelle et le crédit scoring, qui est somme toute la plus
efficace des techniques d'évaluation. En ce qui concerne
l'évaluation du risque de contrepartie quand il est question des
entreprises, l'établissement de crédit doit se baser sur les
données exogènes et endogènes de l'entreprise en cause
avant de pouvoir octroyer un prêt à cette dernière.
A cette évaluation, il faut y ajouter une couverture de
risque. Les exigences en fonds propres constituent un meilleur moyen de couvrir
ce risque. Cependant les exigences en fonds propres peuvent être
différentes selon que nous utilisons la convention de Bale de 1988
encore appelé Bale I ou ratio de Cooke, ou la convention de Bale de 2008
que nous nommons Bale II ou ratio Mac Donought. Il importe de noter que Bale II
est plus efficace et plus souple d'application que Bale I. Cependant son
application dans la zone UEMOA n'est pas encore effective alors même que
Bale III a vu le jour.
La prise de garanties est la dernière condition
à respecter afin d'anéantir tout risque de contrepartie. Les
garanties que l'établissement de crédit peut prendre peuvent
être de plusieurs
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
60
sortes. A cet effet, il est nécessaire de distinguer
les suretés réelles et garanties assimilables des suretés
personnelles et suretés dites économiques ou négatives.
Les risques de marché ne doivent pas en effet
être négligés vu le danger qu'ils font courir aux
établissements teneur de compte. Nous pouvons distinguer trois types de
risques de marché à savoir le risque de taux
d'intérêt, qui est le plus important, le risque de change et le
risque de position sur action.
Le risque de taux d'intérêt peut être
combattu grâce à une évaluation efficace et une couverture
inspirée de la réglementation bancaire en vigueur. Nous pouvons
remarquer l'existence de trois types de techniques d'évaluation qui ne
sont pas forcément cumulatives. Il s'agit de l'évaluation par les
impasses, par la duration et par le value at risque. En ce qui concerne la
couverture du risque, les exigences en fonds propres sont mises en exergues. Il
faudra prendre en compte les exigences en fonds propres pour risque
spécifique, pour risque général et pour les instruments
dérivés sur taux d'intérêt.
Le risque de change connait différents types de
couverture dont la couverture par les dérivés de crédit
qui peuvent aussi être usités pour la couverture de taux
d'intérêt, et la couverture par les exigences en fonds propres.
Le risque de position sur action est un risque qui impose d'en
faire une identification très claire afin de lever tout
équivoque. Il importe de faire ainsi une présentation des
différentes positions, et la distinction entre risque spécifique
et risque général. Cette présentation et cette distinction
faites, il est nécessaire de faire une couverture de ce risque par les
exigences en fonds propres pour risque spécifique et risque
général de marché et les exigences en fonds propres
additionnelles.
Tous les types de risques qu'ils soient, de crédit ou
de marché, ne doivent être négligés sous peine de
l'avènement de graves crises et de faillites successives des
établissements de crédit comme ce fut le cas dans un passé
très récent. Les banques établissements financiers des
pays de la zone UEMOA se doivent de combler leur retard sur les banques des
pays développés afin de suivre les différentes
évolutions dans le secteur bancaire. En effet les établissements
de crédit de la zone UEMOA sont en proie à de gros risque de
crise dans le secteur bancaire du fait de l'ineffectivité de
l'application des dernières mises à jours en ce qui concerne la
convention de Bale, qui a été ériger pour faire face aux
différents types de risques bancaires dont le risque opérationnel
qui est de nos jours d'actualité.
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA
Amadou Lampsar Sall
61
BIBLIOGRAPHIE
1- Législation et réglementation
|
:
|
· Acte uniforme portant organisations des suretés du
15 décembre 2010
· Accord de Bale de 1988 portant création du ratio
de Cooke
· Accord de Bales de 2005 portant création du ratio
Mac Donough
· Instruction n° 04/07/2011 RFE relative à la
couverture du risque de change et du risque de prix par les résidents
sur les opérations commerciales et financières avec
l'extérieure
· Loi N° 2008-26 du 28 juillet portant
réglementation bancaire au Sénégal
2- Ouvrages :
· Christian Gavalda et Jean Stoufflet, droit
bancaire, institutions/comptes/opérations/services./ 6éme
édition.
· Les vertus et faiblesse de l'évaluation
statistique (crédit scoring) en micro finance : Mark Scheiner 24
septembre 2003.
3- Revues et mémoires
· Présentation du nouvel accord de Bale sur les
fonds propres, Hamza Fékir
· Mécanismes internes de gouvernance bancaire et
risques financiers dans la zone UEMOA : une analyse des données
économique du panél, P. Danon.
· Journal officiel de l'union européenne du
21/09/2006 annexe 1 calcul des exigences de fonds propres pour risque de
position.
·
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
62
Comité de Bale sur le contrôle bancaire :
convergence internationale de la mesure et des normes de fonds propres, juin
2006.
· Med Slim Ben Mahfoudh Malef Bilel/ IHEC SFAX-HEC option
finance 2007. Dans la catégorie : économie et finance.
H.TTP://www. Mémoire online.com/ sommaires/ économie-finance
html.
· Cours ENSAI de 3eme année, Thiery Roncalli groupe
de recherche opération crédit lyonnais.
4- Webographie
· WWW.BCEAO.int
· WWW.UEMOA.int
·
WWW.OHADA.com
·
http://fr.wikipedia.org
·
http://europa.eu
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
63
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 1
PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATONS 2
INTRODUCTION GENERALE: 4
CHAPITRE I: LA GESTION DU RISQUE DE CONTREPARTIE 9
Section I : L'évaluation et la couverture du risque de
contrepartie 9
Paragraphe I : L'évaluation du risque de contrepartie
10
A- L'évaluation du risque de contrepartie aux particuliers
10
1- L'approche traditionnelle d'évaluation 10
2- L'analyse statistique (crédit scoring). 11
A- L'évaluation du risque de contrepartie aux entreprises
13
1- L'étude des données endogènes de
l'entreprise 13
2- L'étude des données exogènes de
l'entreprise 14
Paragraphe II: La couverture du risque de contrepartie 15
A- La couverture de risque par le ratio de Cooke 15
1- La signification du ratio de Cooke 15
2- La portée du ratio de Cooke 16
B- La couverture du risque par le ratio Mc Donough 17
1- La signification du ratio de Mc Donough 18
2- La portée du ratio Mc Donough 19
Section II : Les garanties contre les risques de contreparties
20
Paragraphe I : Les suretés réelles et garanties
assimilables 21
A- La garantie de créances par les suretés
réelles 21
1-les suretés réelles mobilières 21
2- Les suretés réelles immobilières 23
64
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
B- La sécurisation du crédit par les garanties
assimilables aux suretés réelles 24
1- Subrogation dans les suretés et privilèges d'un
autre créancier 24
2- Les conventions concernant les rangs de créances 25
Paragraphe II : Les suretés personnelles et suretés
dites économiques 25
A- La garantie de créance par les suretés
personnelles 26
1- La sureté personnelle par excellence : le
cautionnement 26
2- Les autres types suretés personnelles 27
B- La garantie de créances par les suretés dites
économiques 28
1- La sureté négative génératrice
d'un droit de véto 28
2- La sureté négative génératrice
d'un droit de regard 29
CHAPITRE II : LA GESTION DES RISQUES DE MARCHE 31
Section I : La gestion du risque de taux d'intérêt
32
Paragraphe I : L'évaluation du risque de taux
d'intérêt 32
A- L'évaluation du risque de taux d'intérêt
par les impasses 32
1- Les manifestations du risque de taux d'intérêt
32
2- Les impasses de taux 34
B- Les techniques d'évaluation en valeur de marché
35
1- La duration et mesure du risque de taux 35
2- Value at risque et mesure de taux. 36
Paragraphe II : La couverture du risque de taux
d'intérêt 37
A- L'exigence de fonds propres pour risque spécifique
37
1- L'exigence de fonds propres pour risque spécifique
relatif à l'émetteur 38
2- L'exigence de fonds propres pour risque spécifique non
relatif à l'émetteur 39
B- L'exigence de fonds propres pour risque général
de marché 40
1- La méthode fondée sur l'échéance
40
2- La méthode fondée sur la duration 42
C- L'exigence de fonds propres pour les instruments
dérivés sur taux d'intérêt 44
Section II : La gestion des risques de change et de position sur
action 46
65
La gestion des risques bancaires dans l'espace UEMOA Amadou
Lampsar Sall
Paragraphe I : La gestion du risque de change 46
A- La couverture du risque de change par les
dérivés de crédit 47
1- L'identification des dérivés de crédit
47
2- La mise en oeuvre des dérivés de crédit
49
B- La couverture du risque de change par les exigences de fonds
propres 50
1- La mesure de la position dans une devise donnée 50
2- Mesure du risque de change sur l'ensemble des positions en
devises et sur or 51
Paragraphe II : La gestion du risque de position sur action 52
A- La présentation du risque de position sur action 52
1- La présentation des différentes positions sur
action 53
2- La distinction entre risque spécifique et risque
général de marché 53
B- La couverture du risque de position sur action 54
1- Les exigences de fonds propres pour risque spécifique
et risque général 54
2- Les exigences de fonds propres additionnelles 55
CONCLUSION GENERALE : 59
BIBLIOGRAPHIE 61
TABLE DES MATIERES 63
|